Les Filles Publiques sous la Terreur: D'après les rapports de la police secrète, des documents nouveaux et des pièces inédites tirées des Archives Nationales
LIVRE II
Le Palais-Égalité
ou le Jardin des Plaisirs
I
Du grand cardinal au prince régicide. — Palais, cirque, boutique, club. — La manifestation du roquet travesti. — Au soleil du 14 juillet. — « Attention! il y a des filles et des filous ou avis à nos frères des départements! »
On ne saurait rien rêver de plus étrange et de plus déconcertant que le destin du Palais-Royal. Dans ces galeries sonores, dans ce jardin désert et désolé, qui songe à évoquer le passé glorieux et tumultueux de ces bâtiments à la noble ordonnance, de ces portiques qui attestent ici la grâce française du siècle disparu?
Dressé face au Louvre, avec ses colonnades, ses murs armés de proues marines, — souvenirs de la Rochelle, — ses jardins, ses portiques, il était digne véritablement du cardinal qui l'édifiait à sa gloire. Et la France était là, mieux que dans le Louvre austère où se claquemurait la royauté.
Ces vers de Pierre Corneille, dans le Menteur, nous disent ce qu'était cette résidence ministérielle. Là, pour la première fois en France, Richelieu avait fait élever une salle de théâtre stable, avec des machineries jusqu'alors inconnues. C'est là que le 17 février 1673, Molière devait jouer pour la dernière fois la parade du Malade imaginaire. Moins d'un siècle plus tard, le théâtre brûlait, la flamme emportant dans son tourbillon le tréteau où râla le Comique. La nouvelle salle, bâtie par Moreau, ne devait pas connaître de longs destins. Le 8 juin 1781, l'Opéra où triomphait le chevalier Glück flambait. C'en était fini désormais des Muses tragiques au Palais-Cardinal ; le Palais-Royal n'allait plus abriter que des nymphes.[119]
[119] L. Augé de Lassus, vol. cit., p. 71.
Richelieu mourant l'avait légué, ce palais, à ce Louis XIII qu'il tint en tutelle et qu'il entraîna avec lui dans les froides ténèbres de la mort. Ce devait être, en 1692, le magnifique présent offert par Louis XIV à Monsieur, son frère, avec qui la famille d'Orléans allait entrer en maîtresse dans ces salons lourds d'or encore éclatant, ornés de peintures fraîches toujours dans l'austérité de leur mythologique théorie. Une fois encore le nom des bâtiments devait changer, au lendemain de Varennes, et proscrire le mot Royal au bénéfice de celui d'Orléans[120]. C'était désormais la demeure de celui qui, prince, allait du haut des bancs de la Convention faire tomber l'arrêt régicide sur le cou de Louis XVI.
[120] Prudhomme, Les Révolutions de Paris, no 102.
Si l'ombre du grand cardinal revenait en cette année 1789, avec quelle surprise indignée ne parcourerait-elle pas ces galeries, ces couloirs, témoins, autrefois, de son faste épiscopal?
Dans ce lieu grouillant, et déjà mal famé, reconnaîtrait-il ce Palais-Cardinal prostitué, avili, déshonoré où un cirque offre, dans le jardin, ses parades, et des marchands braillards leurs étalages dans les galeries?
Car il en est ainsi. Moyennant d'énormes redevances, le duc d'Orléans a consenti à cet envahissement de boutiquiers.
Quand il s'en est, un jour, à Versailles, au petit lever, ouvert au roi, Louis XVI lui a dit : « Vous allez donc tenir boutique, mon cousin? » Et, raillant, avec cette lourdeur un peu commune qui lui fut propre : « Sans doute, ne vous verra-t-on plus que le dimanche? »
C'est une plaisanterie qui touche peu le prince. Ses besoins sont énormes, son luxe quasi royal. Ses écuries lui ont coûté 300 000 livres[121], — il est vrai que l'argent a été fourni par son père, — ses collections de tableaux, de médailles, de camées ont absorbé des sommes folles ; aussi n'est-il pas fâché de tirer de gros revenus de ces galeries jusqu'alors abandonnées à quelques promeneurs privilégiés.
[121] « Reçu la somme de 100.000 livres pour solde et parfait payement des trois cent mille livres que M. le duc d'Orléans, notre très honoré père, s'était engagé de nous payer pour la construction de nos écuries rue Saint Thomas du Louvre » (1780). Catalogue d'autographes Etienne Charavay, janvier 1888, no 190.
Avec la boutique, le lupanar fait son entrée au Palais-Royal. On peut dire que le prince l'y encourage. Le comte d'Artois est un des fidèles du lieu. Il y promène la Duthé, sous prétexte de concerts d'amateurs, mais les filles publiques du Colysée ont bientôt plus d'attrait pour lui que la musique. Enfin, lui-même, le tenancier de cette énorme boutique où se trouve même la chair vénale, lui-même ne jouit-il pas de la plus détestable réputation de libertin qu'il soit possible d'imaginer? « Ses turpitudes à Berne (lors d'un de ses voyages) révoltaient jusqu'aux prostituées qui s'y abandonnaient, écrit Montgaillard ; il restait parfois cinq jours enfermé dans l'établissement de bains appelé La Matte et se livrait à tous les excès que peuvent enfanter le cœur le plus corrompu et l'imagination la plus dépravée. Paris retentissait journellement de ses débauches[122]. »
[122] Comte de Montgaillard, vol. cit., p. 79.
Aussi, dès les premiers troubles où le prince, par haine d'une cour qui lui est hostile et ne lui épargne aucun dédain, par haine surtout de Marie-Antoinette, son ennemie personnelle et qui l'accable de traits acérés, par haine enfin des Bourbons puisqu'il est Orléans, a joué un rôle occulte et efficace dans l'émeute ; dès cet instant, il n'aura d'amis que ce que la cour compte d'adversaires.
Le Petit Gautier donne la mesure des attaques royalistes dont il est l'objet. On ne doit pas s'étonner d'y lire :
Depuis quelque temps la santé de M. le duc d'Orléans devient très mauvaise. Ses pustules le font beaucoup souffrir. Vendredi dernier, Son Altesse passa une très mauvaise nuit. Il éprouva des démangeaisons au cou, et eut même un peu d'esquinancie ; mais on espère qu'il sera bientôt quitte de cette incommodité, par les soins du docteur Guillotin[123].
[123] Journal général de la cour et de la ville (connu sous le nom de Petit Gautier), 3 avril 1792.
Cette « guérison », il la connaîtra en 1793, alors que la charrette de Sanson le mènera, le 15 brumaire (6 novembre), place de la Révolution, et ce n'est qu'à cette dernière heure, à l'aspect de son palais où s'accroche l'écriteau : Propriété nationale, qu'il a un sourire de mépris pour cette canaille qu'il flatta. Au seuil des portes de fer du palais, la foule des prostituées peut regarder passer son cortège sans étonnement et sans joie. Elle n'a pas attendu cette heure pour régner en maîtresse dans les galeries et le jardin.
Le 15 septembre 1792, la Commune avait arrêté :
Sur la demande de Louis-Philippe Joseph, prince français ; le procureur de la Commune entendu ; le Conseil arrête :
I. — Louis-Philippe Joseph et sa postérité porteront désormais pour nom de famille : Egalité.
II. — Le jardin connu jusqu'à présent sous le nom de Palais-Royal s'appelera désormais : Jardin de la Révolution.
III. — Louis-Philippe-Joseph Egalité est autorisé à faire, soit sur les registres publics, soit dans les actes notariés, mention du présent arrêté ;
IV. — Le présent arrêté sera imprimé et affiché.
Philippe-Egalité a répondu :
Citoyens,
J'accepte avec une reconnaissance extrême le nom que la Commune de Paris vient de me donner ; elle ne pouvait en choisir un plus conforme à mes sentiments et à mes opinions. Je vous jure, citoyens, que je me rappelerai sans cesse les devoirs que ce nom m'impose et que je ne m'en écarterai jamais.
Je suis votre concitoyen,
L P Joseph Egalité
Le 16 brumaire a fait du Jardin de la Révolution le Jardin Egalité.
* *
C'est le cœur de Paris. Sur son mouvement se règle celui de la ville. Le mot d'ordre vient du Palais-Egalité ; l'insurrection aussi. Sous l'incendie du soleil de juillet, un jeune homme de Guise monte sur une chaise, bégayant, tremblant d'enthousiasme. Cette voix inconnue appelle aux armes et Paris prend les armes. Le siècle retentit encore de la chute de la Bastille. De ce jardin plein de poussière, de cris, de fureur civique, la jeune Révolution sort, de vertes feuilles à la main. De cette branche arrachée aux arbres du jardin de Richelieu, elle salue la ville et la ville est à elle. Temps de magie et de miracle! Qu'elle paraisse, les cheveux aux vents, cette jeune déesse, et le grand cœur de Paris bondira vers elle dans une allégresse sans pareille. Mais elle, elle n'oublie pas le jeune homme qui l'évoqua, la jeta, pantelante et éperdue, à cette foule secouée, elle le prend par la main, l'entraîne, le pousse à la guillotine et le hausse à l'histoire. A cette heure, Camille Desmoulins a incarné le plus tragique instant de la vie française. Quatre-vingt-quatorze peut l'oublier puisque les siècles s'en souviennent!
L'obscur demain a grouillé, raillé, vociféré, ici, dans ce Palais-Royal qui lui a été abandonné. En 89, on a promené sous les galeries de bois un roquet costumé en noble, chapeau sur le museau, épée aux flancs. A la queue, le chien traîne un écriteau et l'écriteau proclame, gouailleur et irrévérencieux : Je ne suis pas noble, mais je m'en fous! Et n'est-ce pas significatif dans ce lieu, dans cette propriété du prince qui jettera à l'oubli le blason d'Orléans pour prendre ce nom d'Egalité, nom hier sans histoire encore? A cela, le Palais l'a bien préparé. Nouvellistes, gazetiers, charlatans, badauds, tout ce qui piétine ici ne parle que de révolution, de réforme, de progrès, de liberté. Ici se sacrent les héros du jour, les Necker, et se traquent, pour être traînés aux gémonies populaires, les d'Epresmesnil. Cela prend forme dans le cabinet de cires de Curtius, sous les galeries. Des bustes perpétuent des images chères au cœur de la foule. Les curieux, les flâneurs s'y portent admirer la lourdeur un peu massive du Genevois chéri, le profil ennuyé et condescendant du maître du Palais. Au lendemain du coup de couteau de la jeune Normande illuminée, le masque tragique de Jean-Paul Marat y sera salué par une lamentation imprécatoire. Curtius est patriote ; il enverra, plus tard, des offrandes patriotiques de 220 livres à la Convention[124], il aura l'honneur de la raillerie royaliste. Quand paraîtra le Nouveau Dictionnaire français à l'usage de toutes les municipalités, des milices nationales et de tous les patriotes, composé par un aristocrate, dédié à l'Assemblée dite nationale, pour servir à l'histoire de la Révolution de France[125], un plaisant du même acabit se souviendra de la faveur du cabinet de Curtius pour publier le Supplément au Nouveau Dictionnaire français ou les bustes vivants du sieur Curtius distribués en appartements[126], Curtius, c'est une des attractions du Palais-Royal où cependant elles ne se comptent guère, que ce soient les « sérails » ou les tapis verts des salons hospitaliers.
[124] Séance de la Convention nationale du jeudi 27 juin 1793 ; présidence de Collot d'Herbois ; Archives parlementaires de 1787 à 1860, 1re série, tome LXVIII, p. 542 ; Archives nationales, carton C 257, chemise 519, pièce 14 ; Procès-verbaux de la Convention, tome XIV, p. 346.
[125] En France, d'une imprimerie aristocratique, et se trouve à Paris, au manège des Tuileries ; au Club des Jacobins ; à l'Hôtel de Ville ; chez le général Motier ; chez les présidents des districts ; dans les départements ; chez les quarante-quatre mille maires ; juin 1790, in-8, 72 pp. — Cette même année parut une nouvelle édition du pamphlet royaliste en 136 pp.
[126] De l'imprimerie du sieur Motier, et se trouve chez Mme Bailly, rue Trousse-Vache ; Paris, 1790, in-8, 32 pp.
Dans ce centre de l'activité parisienne, tout afflue. Aux yeux de la France et de l'Europe, Paris c'est le Palais-Royal. Point d'étranger qui n'arrive dans la capitale sans qu'aussitôt ses pas se dirigent vers cette foire. Car qu'est-ce, sinon une foire, ce vaste étal où tout se vend, où tout s'achète, où tout s'échange? Pour la politique, voici les libraires avec leurs pamphlets, leurs libelles, leurs livres du jour ; pour les gastronomes, voici les tables servies chez Very, Beauvilliers, les Frères Provençaux ; pour les libertins, voici le troupeau jacasseur des filles, la Volupté qui mène, par les galeries pleines de rumeurs, ses impudiques cortèges ; pour les joueurs, la promesse d'une « jolie société » que vous glissent les rabatteurs, les tables de trente-et-un, la roulette, les cartes sur un monceau d'or.
C'est la tentation parée, fardée, armée.
Bien peu y résistent. Ce n'est pas impunément que le cerveau est assailli par tous ces parfums de corps à moitié dévêtus, ces odeurs de chairs tièdes maquillées, ces fumets de cuisines béantes où flambent les foyers flanqués de volailles et de gibiers. La tête tourne bientôt parmi les cris des agioteurs spéculant sur les assignats ; les piaillements des « nymphes » disputant avec l'amateur de beautés de second choix ; les appels des bonimenteurs vantant la découverte du jour ; les hurlements des porteurs de journaux offrant la Liste des gagnants à la loterie de Dame Guillotine, ou croassant, au lendemain de l'exécution d'Hébert, le pamphlet ordurier que sont les Lettres bougrement patriotiques de la mère Duchêne! Et tout cela s'agite dans une fièvre, dans un besoin de bruit, de tapage, de scandale. Cela hurle, insinue, invective, promet, injurie, raccroche.
Sur le prix du pain dans les départemens ; sur
Si la chair de l'habitué de ces lieux est faible, que penser de celle de l'étranger que la renommée du Palais y attire? Pour le prévenir, le mettre eu garde, la municipalité n'a pas attendu l'apogée de la Terreur, les jours où la débauche sera au Palais-Egalité comme dans une forteresse, et en fera le lieu intenable d'une exhibition continuelle[127]. A l'annonce de la fédération de 1792, le Palais-Royal, ses filles, ses filous, ses croupiers ne se tiennent pas d'aise. De tous les départements arrivent les députés de province que des femmes assaillent aux barrières sous prétexte de leur offrir le bouquet de la bienvenue[128]. La municipalité a dû prendre un arrêté pour mettre fin à ce racolage non déguisé. C'est aussi l'instant où elle songe à crier, aux frères et amis des départements que le Palais-Royal attire : « Attention! il y a ici des filles et des filous! » Sans doute ne le dit-elle pas aussi crûment, mais il n'y a pas à s'y tromper. Qu'on lise l'affiche où elle placarde son arrêté à tous les coins de rue, et jamais meilleure description ne sera faite du Palais-Royal, et jamais plus virulent réquisitoire ne sera dressé contre « le jardin-lupanar où se tient le grand marché de la chair[129] ». C'est le texte dans son intégralité qu'il faut lire :
[127] Discours de M. le procureur général Dupin sur le luxe effréné des femmes ; séance du Sénat du jeudi 22 juin 1865 ; Paris, Dentu, 1865, in-8, p. 28. La même brochure contient le Rapport sur la prostitution, par M. Goulhot de Saint-Germain, sénateur. Une réponse à ces deux discours parut sous le titre de Vive le luxe, la comédie de Monsieur Dupignac, réponse à Monsieur Dupin par une grande dame et une petite dame ; Paris, chez tous les libraires, 1865, in-8, 47 pp. Une note manuscrite sur l'exemplaire que nous possédons, l'attribue à Hippolyte Barbou.
[128] Voir le fac-similé que nous donnons, page 119, de l'affiche de la municipalité de Paris à cette occasion. L'original faisait partie de la belle collection de documents et curiosités révolutionnaires de feu M. Paul Dablin.
[129] E. et J. de Goncourt, vol. cit., p. 223.
Le Conseil, craignant les pièges qui sont tendus sous vos pas ;
Au Palais-Royal, dans ce lieu qui fut le berceau de la Révolution, le rendez-vous constant des patriotes pendant longtemps ; dans ce lieu charmant où le plaisir va vous attirer, il existe des repaires affreux, où, sous l'espoir d'une fortune incertaine et balancée par la ruse, des brigands vous attirent ; où des femmes, se prostituant pour mieux servir leurs complices, vous enchaînent sous les verrous de trois épaisses grilles de fer, au milieu des poignards ; à chaque porte de ces tripots, où les malheureux étrangers, heureux encore de n'y pas perdre la vie, laissent sur une table à la merci des fripons qui l'entourent, leur fortune, des hommes gagés pour ce métier infâme se promènent et vous invitent à monter pour une jolie société.
On vous distribuera des cartes pour des concerts, pour des clubs ou des festins agréables. Rejetez, repoussez loin de vous ces appels dangereux.
Vos parents, vos épouses vous ont envoyés au milieu de nous pour célébrer la fête de la liberté conquise, pour vous préparer encore à la défendre ; que ces jours ne soient pas empoisonnés par des regrets.
Si les magistrats du peuple, malgré leurs efforts, ne peuvent détruire complètement ces cavernes affreuses, au moins ils auront rempli un devoir en vous les indiquant.
Les administrateurs de la police,
Perron, Vigner, Sergent, Panis.
Mais cet avertissement ne serait-il pas, comme tous les avertissements, inutile et vain? Pauvres petits papillons de province, étonnés et naïfs, vous viendrez ici vous brûler les ailes, vous meurtrir à jamais. Au fond de vos villages de France, perdus dans les montagnes, couchés dans les plaines, vous rapporterez un cœur désormais endolori, une illusion à jamais désespérée. Vos rêves paisibles d'autrefois, les cauchemars agités d'aujourd'hui les chasseront. Vous aurez, de ce palais damné et magnifique, emporté la vision du luxe, de la richesse et de la volupté, et vous n'aurez pas songé que, sur ce théâtre où la vie publique de Paris se montre en spectacle et rit à sa farce, tout est faux comme des paillons, que ce luxe cache la filouterie et que cette volupté masque la prostitution.
Telle la vie du Palais-Egalité, jardin de tous les plaisirs, se perpétuera sous les différents régimes. La chute de Robespierre et la défaite jacobine n'auront ici qu'un écho vite éteint, écho dont il ne restera que le couplet outrageant d'un gazetier, que des lèvres indifférentes fredonneront un jour ou une semaine parce qu'en se promenant, la badine d'incroyable entre les doigts, le jabot plissé largement étalé, il faut bien fredonner quelque chose, ce quelque chose fût-il, comme le dit Montgaillard, le « coup de pied de l'âne vicieux » au régime écroulé :
[130] Journal des Rieurs ou le Démocrite français, no 6, an III.
Ce couplet de Martainville aux lèvres, le Palais-Egalité sera prêt pour la pourriture de Directoire.
(Collection feu Paul Dablin.)
(Texte en annexe.)
Il faut nous arrêter au Palais-Egalité de la Terreur. Les filles, les joueurs et les gastronomes de l'époque suffiront à l'agrément et au pittoresque de ces pages. Avec les observateurs de l'esprit public, nous pouvons nous mêler à leur foule bariolée, tapageuse et enfiévrée. Mais, au seuil de cet enfer de la luxure digne d'un nouveau Dante, de ce paradis de la fille et de l'escroc, vous qui nous suivez, laissez ici toute pudeur.
(20 janvier 1793).