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Les historiettes de Tallemant des Réaux, tome cinquième: Mémoires pour servir à l'histoire du XVIIe siècle

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JOUEURS.

Un homme perdant chez la Blondeau, qui tenoit académie à la Place-Royale, tout d'un coup descend en bas, et revient avec une échelle, l'appuie contre la tapisserie, et, avec des ciseaux, se met à couper le nez à une reine Esther, qui y étoit, en disant: «Mordieu! il y a deux heures que ce chien de nez me porte malheur.» Un autre donna un écu à son laquais pour aller jurer cinq ou six bonnes fois pour lui.

La Chaisnée-Montmor, en jouant à la paume, jeta dans la grille, balles, corbillon, raquette, habits, et s'y jeta après.

Il y a vingt-six ou vingt-sept ans qu'un Espagnol, nommé Pimentel, escroqua tout l'argent du jeu par une fourberie bien préméditée: il acheta tout ce qu'il trouva de dez en Flandres, d'où ils viennent à Paris; puis il en fit faire une grande quantité, de façon qu'on ne remarquoit point la tromperie, et que ce n'étoit que par la suite du jeu, et par la connoissance qu'il en avoit lui seul, qu'on en pouvoit tirer avantage; après, par gens interposés, il fit acheter, en donnant un peu plus qu'ils ne valoient, tout ce qu'il y avoit de dez à Paris; les marchands en firent venir de Flandre. Ainsi voilà Paris tout plein de dez de Pimentel; il vient et gagne tout l'argent des joueurs. Il fait assez de libéralités, à la mode d'Espagne, à ceux qui les voyoient jouer [505]. Quand il fut à Venise, où il alla au sortir d'ici, il écrivit sa finesse, et se moqua fort de nos gens. A cette heure tout le monde apprend à piper, sous prétexte que ce n'est que pour se défendre des pipeurs.

Il y a eu autrefois à Paris une femme nommée madame Dreux [506], dont le mari étoit conseiller au Parlement; c'étoit une enragée de joueuse. Un jour ce pauvre homme ne trouva ni lit ni tapisserie dans la chambre de sa femme; elle avoit tout joué. Il se met en colère, et dit qu'il ne vouloit plus qu'elle jouât. Elle laisse passer deux jours, puis elle lui dit: «Est-ce tout de bon? car il y a deux jours que je n'ai joué, et je sèche, car je ne saurois vivre comme cela. Si vous ne voulez pas que je joue, il faut que je sorte de céans. Que me voulez-vous donner de pension?» Ils s'accordèrent; depuis elle s'en repentit tout à loisir.

Un conseiller au Parlement, nommé Dorat, celui chez qui les violons furent battus, a une femme qui est si ardente au jeu qu'elle fit tout sous elle, ne pouvant se résoudre à quitter; mais tout le monde la quitta.

Gallet, élu à Chinon, avoit fait un grand gain au jeu; c'est lui qui a bâti l'hôtel de Sully; il s'étoit retiré avec douze cent mille livres de gain. Comme il faisoit bâtir l'hôtel de Sully, dans la rue Saint-Antoine, le petit La Lande le vint trouver et lui dit: «Vous êtes un bon homme; vous pourriez bâtir votre maison aux dépens des joueurs, et vous payez vos ouvriers de vos belles pistoles de poids; venez un peu chez la Blondeau.» Il l'y entraîna. D'abord, par malheur pour lui, il gagna; cela l'engagea; puis la chance étant tournée, il perdit tout. Il a fait une grande trahison à sa fille; elle s'en fit religieuse, après avoir changé de religion. Il lui demanda ses pierreries, puis lui en rendit de fausses au lieu de vraies; il les perdit après.

Voyant la fortune changer, Gallet donna cent mille francs à garder à Habert-Montmor, maître des requêtes, sans en tirer aucune reconnoissance. Un jour, comme il n'avoit plus que cela, il va trouver Montmor, et lui demande dix mille livres de ce qu'il avoit à lui. «Moi, je n'ai rien à vous.—Hé! je vous entends bien, c'est que vous ne voulez pas me les donner de peur que je ne joue encore; mais je vous promets que je ne jouerai que cela.—Vous rêvez, dit l'autre, mon pauvre monsieur Gallet, votre perte vous a troublé la cervelle.» En un mot il nia tout franc d'avoir rien à lui.

Quand Montmor fut près d'expirer, il se confesse; point d'absolution s'il ne restitue. «Mais n'y auroit-il point d'invention?» Le confesseur fut assez sot pour lui dire qu'il faudroit que celui à qui appartenoient les cent mille livres les lui donnât de bon cœur. Montmor envoie quérir Gallet, qui croyoit déjà tenir son argent. Montmor presse Gallet de le lui donner, qu'aussi bien il ne tirera nulle utilité de sa damnation. Gallet fait ce qu'il peut pour le toucher. Rien. Voyant cela, il le livre à Satan, et, comme il s'échauffoit, Montmort appelle ses gens qu'il avoit fait retirer, car il ne vouloit pas de témoins, et leur dit: «Emmenez M. Gallet, il est fou.» Puis il mourut en cette belle disposition. Ce pauvre Gallet, quand il étoit riche, avoit toujours quelque remède dans le corps; depuis qu'il étoit gueux, il se portoit le mieux du monde [507].

MOURIOU.

Mouriou est d'Angers et y demeure, mais il est maître des comptes de la chambre de Nantes, et il va servir son semestre. Il fut amoureux, dix-huit ou vingt ans, de la femme qu'il a épousée en secondes noces. Un jour qu'ils se devoient marier, et qu'on étoit prêt d'aller au moustier, cette femme, appelée mademoiselle Liquet, dit que résolument il n'en seroit rien, qu'on avoit dit que cet homme avoit été bien avec elle, et qu'elle ne vouloit pas qu'on pût dire que c'étoit pour couvrir son honneur qu'elle l'épousoit, et par cette belle raison ne voulut point passer outre. Quelque temps après, un ami commun, qui vouloit faire ce mariage, manda au galant qu'il se trouvât un tel jour à La Barbottière, maison de mademoiselle Liquet; il s'y rendit en même temps que les autres. «Que venez-vous faire ici? lui dit-elle, je vous avois défendu de me voir; retournez-vous-en.» Il remonte à cheval, sans rien dire. Elle fut touchée de cette obéissance aveugle, et lui cria: «Descendez, descendez, si on ne vous peut donner une chambre, on vous mettra au grenier.» Le lendemain, on alla se promener à une maison; Mouriou étoit à cheval. Pour le faire mettre à la portière, auprès de sa maîtresse, cet ami, qui s'y étoit mis exprès, feignit que la tête lui tournoit, et il fit mettre notre homme en sa place. Mouriou conte des douceurs à la demoiselle. «Je vous défends, lui dit-elle, en haussant la voix, de me plus tenir de semblables discours.» Deux jours après, elle se met à compter avec son fermier, mais elle n'en pouvoit venir à bout. «Ma cousine, dit le mourant [508], car elle étoit proche parente de sa première femme, si vous vouliez, j'aurois bientôt fait ce compte-là?—Voyons, dit-elle, car vous faites fort l'habile homme.» Il eut bientôt fait le compte. «Allez, dit-elle, en lui prenant la main, puisque vous avez si bien fait ce compte-là, vous le ferez toute votre vie; allons-nous marier.» Dès le lendemain ils se firent épouser par un vicaire d'une chapelle qui est dans une île de la rivière de Loire, vis-à-vis de La Barbottière. On en fit ce couplet à Angers.

A la noce de Jeanne [509],

La belle Marion [510]

Avoit robe de panne,

Et l'abbé Du Buron [511],

Simonnet le notaire,

Et l'eunuque vicaire [512],

Et le louche Gérard,

Sont témoins du mystère,

Que firent au Bruhard [513],

Jeanne et son vieux penard [514].

Les Angevins sont mordants; ils avoient déjà fait un couplet contre le bâtiment que Mouriou avoit fait à la campagne.

Puisque ton architecture,

De lanterne a la figure,

Il faut par raison conclure

Qu'un lanternier [515] loge là;

Alleluia! Alleluia!

DUELS ET ACCOMMODEMENTS.

Il y avoit trois frères nommés Binau; ils avoient tous quelque attachement au maréchal de Saint-Luc; le plus jeune des trois avoit été nourri son page; c'étoit un fort brave garçon. Le second étoit brave aussi; mais c'étoit un enragé; il se mit en fantaisie de se battre contre son cadet, et, quoi que l'autre pût faire, il lui dit tant de fois que c'étoit un poltron, et qu'il falloit en désabuser le monde, que ce garçon se mit un jour en colère, et à la chaude se bat. Il désarma ce fou, et lui fit promettre de ne dire jamais à personne qu'ils se fussent battus, que cela étoit honteux. Ce diable l'alla conter à tout le monde.

A Metz, car l'aîné des trois, s'étant donné au cardinal de La Valette, y avoit attiré le deuxième, ce fou querelle mal à propos un brave homme, nommé La Fuye; l'aîné lui dit qu'il vouloit qu'il embrassât La Fuye; en effet, l'ayant trouvé dans la place, il les voulut faire embrasser; cet enragé avoit un bâton sous son manteau; et, comme La Fuye se baissoit, il lui en donna vingt coups. Binau se jette sur son frère, le foule aux pieds, et lui donne cent coups d'éperons par le visage et partout. Les autres, car ils n'étoient pas seuls, empêchèrent La Fuye de se venger. «Vous ne savez ce que vous faites, leur dit-il, et je me battrai contre vous tous.» En effet, il en appela quatre. Pour le fou, on le mit en prison, où il mourut depuis. Binau se mit en tous les devoirs imaginables; mais, quelque satisfaction qu'il fît, il fallut se battre contre La Fuye; son troisième frère le servoit qui y fut tué. La Fuye (c'étoit à coups de pistolets) donna dans le pommeau de la selle de Binau; Binau lui donna au travers du corps: aussitôt il chancelle et son cheval l'emportoit. Binau crioit: «La Fuye tourne, tourne, tu fuis.» Il tomba et en mourut le jour même, et dit que le seul déplaisir qu'il eût en mourant, c'étoit de ce qu'on avoit dit qu'il fuyoit. C'est être bien délicat.

En 1652, Guilleragues [516], jeune garçon de bonne famille de Bordeaux (il est dans la place de Sarrazin auprès du prince de Conti), pria un brave, nommé Richard, d'appeler pour lui le comte de Marennes qui lui avoit fait une niche. Richard lui dit: «Mon cher, il n'y a que quinze jours que je me fusse battu pour deux liards; mais à cette heure, j'ai cinq cents pistoles; je te prie, laisse-les moi manger, après nous nous battrons tant que tu voudras; mais voilà Pavillon, mon camarade, qui n'a pas un quart d'écu; adresse-toi à lui.» L'affaire fut accommodée.

Le baron d'Aspremont, de Champagne, se battit quasi trois fois pour un jour. Le matin, il avoit tué un homme, et fut blessé légèrement à la cuisse; à midi il se met à table chez M. d'Enghien, à qui il étoit: sa plaie l'incommodoit; il ne pouvoit manger; il s'amusoit à jeter des boulettes de pain à un de ses amis; il en donna par malheur d'une par le front de je ne sais quel brave, qui n'étoit que de ce jour-là dans la maison. Cet homme crut qu'on le mépriseroit s'il souffroit cela; il voulut s'en éclaircir. Aspremont lui répond qu'il ne donnoit d'éclaircissement que l'épée à la main. Ils vont au pré d'Auteuil; là il donne un coup dans le bras à l'autre, et le désarme. Au retour, le capitaine des gardes de M. d'Enghien cherchoit un second; il prend Aspremont; mais ils furent séparés comme ils alloient au rendez-vous.

Il y a eu un chevalier d'Andrieux qui, à trente ans, avoit tué en duel soixante-douze hommes, comme il dit une fois à un brave contre qui il se battoit; car l'autre lui ayant dit: «Chevalier, tu seras le dixième que j'aurai tué.—Et toi, dit-il, le soixante-douzième.» En effet, le chevalier le tua. Quelquefois il les faisoit renier Dieu, en leur promettant la vie, puis il les égorgeoit, et cela pour avoir le plaisir, disoit-il, de tuer l'âme et le corps. Un jour il poursuivoit une fille pour la violer, c'étoit dans un château; elle se jeta par la fenêtre et se tua. Il descend, et la trouvant encore chaude...... Cela me fait souvenir d'un homme de Tours qui avoit une femme fort travaillée du mal de mère, et quand cela lui prenoit, on couroit vite chercher le mari pour la soulager. Une fois on ne le trouva pas assez tôt; elle étoit morte quand il arriva. Hélas! ma pauvre femme, dit-il, il faut....... tandis que tu es encore chaude.» Et il fit comme le chevalier d'Andrieux. Ce galant homme étoit filou avec cela; il eut la tête coupée.

Conac, gentilhomme saintongeois, plein d'esprit et de cœur, étant un jour au bal, dans la foule, fut pressé par le comte de Montrevel, qui alors étoit bien jeune. Conac, poussé par-derrière, repousse du derrière aussi; Montrevel lui donne un soufflet. Conac, avec le plus grand sang-froid du monde, dit ce vers:

Pour une moindre injure on passe l'Achéron,

appelle Montrevel; mais Montrevel le tua.

Voici un duel bien extraordinaire. Le comte de Carney, grand duelliste, fut tué, il y a sept ans, en duel par-derrière, et fut bien tué, quoiqu'il se battît à pied, car à cheval c'est une autre affaire. Le chevalier de Birague et lui se battoient; ils n'avoient que des couteaux. Carney, fort adroit, n'y avoit point d'avantage; il court pour prendre une estocade [517]; Birague lui crie: «Tourne le visage, ou je te tue.» L'autre court toujours et alloit prendre l'estocade; Birague lui donne dans les reins, et le tue.

Voici un duel un peu moins sanglant: Régnier, le satirique, mal satisfait de Maynard, le vient appeler en duel, qu'il étoit encore au lit; Maynard en fut si surpris et si éperdu, qu'il ne pouvoit trouver par où mettre son haut-de-chausses. Il a avoué depuis qu'il fut trois heures à s'habiller. Durant ce temps-là, Maynard avertit le comte de Clermont-Lodève de les venir séparer quand ils seroient sur le pré. Les voilà au rendez-vous. Le comte s'étoit caché. Maynard alongeoit tant qu'il pouvoit; tantôt il soutenoit qu'une épée étoit plus courte que l'autre; il fut une heure à faire tirer ses bottes; les chaussons étoient trop étroits. Le comte rioit comme un fou. Enfin le comte paroît; Maynard pourtant ne put dissimuler, il dit à Régnier qu'il lui demandoit pardon; mais au comte il lui fit des reproches, et lui dit que pour peu qu'ils eussent été gens de cœur, ils eussent eu le loisir de se couper cent fois la gorge [518].

Ce comte, quand il a compagnie chez lui de gens qui lui plaisent, il les retient, ne les veut pas laisser partir, et ne les mène à la chasse que sur ses chevaux, de peur qu'ils ne s'en aillent; moi, je m'en irois avec son cheval.

Un maître des comptes de Paris s'en sauva bien mieux que Maynard. Il alloit un jour à Meudon à cheval; en passant par la plaine de Grenelle, trois hommes aussi, à cheval, l'abordent; ils lui disent qu'à sa mine ils ne doutent pas qu'il ne soit gentilhomme. Il n'osa pas dire que non. Ils lui dirent qu'un de leurs gens ayant manqué, ils le prioient de servir de second à l'un d'eux. Il ne refusa pas, ni n'accepta pas; mais ils l'emmenèrent. C'étoit pour se battre à pied. Quand ils furent tous descendus de cheval, il fit semblant d'aller pisser un peu à l'écart, puis il remonte vite sur sa bête, pique en leur criant: «A d'autres, à d'autres, Messieurs, je ne suis pas si dupe.» Il étoit bien monté, et eut gagné la ville avant que les autres fussent à cheval. Ils l'appelèrent mille fois poltron; mais il ne s'arrêta point pour cela. Pour faire le conte meilleur, on dit que le lendemain il conta son aventure à la Chambre, où il fut ordonné qu'à l'avenir, de peur de semblable accident, aucun maître des comptes ne se déguiseroit en gentilhomme.

Un gentilhomme huguenot, nommé Perponcher, qui est capitaine de Villiers-Cotterets sous le maréchal d'Estrées, commandant une fois les gendarmes de ce maréchal, dans un corps d'armée que M. d'Arpajon menoit en Lorraine, en je ne sais quelle bagarre qui arriva pour un logement, reçut d'un parent de M. d'Arpajon quelques coups de canne, dont on ne convenoit pas trop pourtant. Arpajon en voulut faire l'accommodement; mais, le jour que cela se devoit faire, Perponcher fit trouver dans le logis du général tous ses gendarmes avec des pistolets sous leurs casaques; et, quand on lui mit le bâton à la main, il en desserra une demi-douzaine de bons coups à celui qui lui faisoit satisfaction, et il n'en fut autre chose, car il étoit là le plus fort. On s'employa pour lui, et la chose demeura pour bille pareille [519].

Un gentilhomme mit le marché au poing à la femme d'un gentilhomme de ses amis. Cette femme fut assez sotte pour le dire à son mari; le mari fait appeler l'autre. On les accommoda en riant, et voici comme on s'y prit: «Un tel a mis le marché au poing à votre femme; vous le lui avez mis après à lui, chou pour chou, il faut s'embrasser.»

Une sœur de MM. Saintot, qui avoit été cajolée par d'assez honnêtes gens, fut mariée à un impertinent appelé Plevesendite: elle le méprisoit, et ils ne furent pas long-temps sans se quereller. Un jour il l'appela coquette, et elle l'appela cocu. Voilà bien de la rumeur au logis. Les parents, pour les remettre bien ensemble, s'avisèrent d'un expédient, et dirent qu'elle avoit cru que cocu étoit le masculin de coquette.

Un brave, dont on ne m'a su dire le nom, jouant seul à seul avec un autre, ils se querellèrent, et enfin il reçut un coup de bâton. L'offensé, qui étoit bien plus fort de corps que l'autre, va, ferme la porte au verrou, le prend (c'étoit l'hiver), le met dans le feu, et, le pied sur le ventre, il le faisoit griller. Le pauvre diable crioit les hauts cris. On veut y aller; on trouve la porte fermée; enfin on l'enfonce; l'agresseur avoit déjà la peau grillée. On les accommoda après cela facilement.

MADAME THOMAS.

Mademoiselle Thomas étoit femme d'un commis de Nouveau [520]; c'étoit une assez jolie personne, et fort coquette. Il y avoit furieusement de galants, soit garçons, soit gens mariés, autour d'elle: c'étoit une continuelle frérie [521] là-dedans. Les sottes femmes du quartier avoient leur part du poupelin [522], et n'en bougeoient. Cette femme avoit un frère qui, pour avoir donné un coup de poignard à son homme, avoit été fort en peine; mais son père, nommé Du Bois, secrétaire du Roi, et valet-de-chambre de la Reine, l'en avoit tiré et après l'avoit enfermé à Saint-Lazare. Mademoiselle Thomas avoit, au bout de quelque temps, obtenu qu'il sortiroit, et l'avoit pris chez elle. Il couchoit dans sa propre chambre, soit faute de logement, ou pour ce que vous verrez ensuite. Ce garçon et cette femme se promenoient à l'Arsenal trois et quatre heures de suite ensemble [523]; il étoit chagrin, et elle, après avoir bien ri, tout-à-coup disoit: «Ah! mon Dieu! voilà ma mélancolie qui me reprend.» Ils couchoient ensemble, et apparemment quelque confesseur avoit mis à cette femme la conscience en combustion.

Ce garçon devint tout sauvage, et un soir, après avoir parlé quelque temps au coin du feu à sa sœur, il lui donne deux coups de baïonnette, l'un dans la gorge, l'autre dans l'épaule, et, défaisant son pourpoint, il s'en donne après dans le cœur, et se jette sur un lit. La femme crie, mais foiblement. La servante accourt: on les trouve tous deux expirants. Le commissaire du quartier, qui étoit aussi un des galants de la dame, se trouva là par hasard, fit un procès-verbal, comme il falloit, pour étouffer l'affaire. Ils furent enterrés à Saint-Paul; mais le curé ne voulut jamais mettre le garçon qu'avec les morts-nés. La veille, cette femme disoit à tout le monde: «Je n'ai plus guère à vivre; donnez-moi un de profundis, quand je serai morte.» Et ce jour-là même elle avoit été deux heures à confesse.

On trouva dans la poche de ce garçon une lettre de quatre côtés adressante à sa sœur, où il disoit qu'il avoit été en Italie pour se défaire de sa passion, mais en vain. Il nommoit par leurs noms tous les galants de sa sœur, avouoit qu'il ne pouvoit souffrir qu'on la cajolât; et qu'encore qu'il eût eu toutes les privautés imaginables avec elle, et qu'il ne pût douter qu'elle ne l'aimât mieux qu'eux, il ne pouvoit pourtant supporter qu'elle se laissât galantiser, et qu'il étoit persuadé que c'étoit plutôt par coquetterie qu'autrement qu'elle vouloit qu'il ne vécût plus avec elle, comme par le passé; et, après avoir dit qu'il vouloit finir cette inquiétude, il concluoit: «Il faut, ma chère sœur, que nous mourions tous deux à la fois.»

BOUCHARD [524].

Bouchard étoit fils d'un apothicaire de Paris, dont la femme avoit un fils de son premier mari, nommé Hullon. Ce Hullon avoit un bon prieuré de huit mille livres de rente, en Languedoc, nommé Casson. Bouchard, jaloux de son frère, et espérant qu'il lui résigneroit son bénéfice, conseilla à son père de l'empoisonner d'un poison lent. Le père n'y voulut point entendre. Au bout de quelques années, Bouchard s'en va à Rome, où il se disoit seigneur de Fontenay, parce que son père avoit je ne sais quelle chaumière dans Fontenay-aux-Roses (à deux lieues de Paris). Il n'y fut pas plus tôt qu'il s'habille autrement que ne font les bénéficiers françois. Il étoit quasi à l'espagnole, et portoit souvent une lunette sur le nez, à la mode des Italiens, parce qu'il avoit la vue courte, et il se donna au cardinal Barbarin pour gentilhomme di belle lettere. Il étoit fort laid, fort noir, logé dans la chancellerie avec Montreuil [525] l'académicien, qui étoit au cardinal Antoine. Ils prirent un valet à eux deux. Ce valet se mit dans la tête que Bouchard étoit sorcier; il n'en avoit pas trop mal la mine, et disoit sans cesse à Montreuil qu'il ne le pouvoit souffrir. Enfin, un jour ce garçon, passant par Saint-Pierre, vit exorciser un prétendu possédé (cela se voit à toutes les fêtes en Italie); et, entendant que le prêtre, qui prononçoit du gosier, disoit: Spirito buciardo, au lieu de bugiardo [526], il prend sa course, et va dire à Montreuil qu'il avoit toujours bien cru que Bouchard étoit un sorcier, mais qu'il en étoit bien plus assuré que jamais, et qu'il ne vouloit plus demeurer avec cet homme. Il lui fallut donner congé.

Ce Bouchard se fit de l'Académie des Humoristes. Là on demanda un jour si la langue françoise étoit parvenue à un si haut point de perfection que l'italienne [527]. Il prit l'affirmative et s'offrit, pour le prouver, de traduire en françois la Conjuration de Fiesque, de Mascardi, le plus célèbre auteur de ce temps-là. Jamais notre pauvre langue avant M. de Vaugelas, qui parle pour elle dans la préface de ses Remarques [528], n'avoit trouvé que de méchants défenseurs. On imprima cette traduction chez Camusat qui n'en voulut pas croire ses amis [529].

Or, par modestie, ce M. Bouchard n'avoit pas voulu mettre son vrai nom; mais il se faisoit appeler Pyrostomo (Bouche-ard) dans les vers à sa louange qu'il avoit mis au-devant de son livre; c'étoit une véritable Panglossie, comme celle de Peiresc [530]; il y en avoit en toutes langues. C'est de lui que Balzac se moque sous le nom de Jean-Jacques dans ses Lettres familières à Chapelain.

Ce pauvre Bouchard marchanda tous les petits évêchés d'Italie l'un après l'autre, et ne fut pourtant jamais prélat. Il eut des coups de bâton pour s'être mêlé de dire quelque chose contre le maréchal d'Estrées, durant sa brouillerie avec le pape Urbain [531], et il mourut un an après. Il étoit en réputation de grand bugiarone.

GENS TAILLÉS.

Marsilly, père de l'abbé de Marsilly, dont nous parlerons dans les Mémoires de la Régence, avoit la pierre [532]. Il se résolut à se faire tailler; mais au lieu de se reposer devant l'opération, il alla tout le matin en grosses bottes, à son ordinaire, solliciter ses procès à cheval; il étoit naturellement chicaneur. Quand il fut de retour, il trouva qu'on l'attendoit. «Faut-il ôter mes bottes? dit-il (car il ne les quittoit jamais).—Pensez que oui, lui répondit-on.—Voilà bien des préparatifs; à quoi bon tout cela?» Il ne voulut jamais se laisser lier les bras. Quand l'opération fut faite: «Je ne sache; dit-il, personne qui, par plaisir, se laissât faire cela.» Le cinquième jour, il se creva de tripes; la fièvre le prend; le voilà bien mal. A force de lavements et de saignées, on le sauva. Jamais il ne dit autre raison, sinon: «J'avois envie de manger des tripes.»

Un vieux gentilhomme de Poitou, nommé le baron de Belet, s'étoit fait tailler, et avoit crié comme un diable. Les chirurgiens, comme il demanda s'il avoit bien crié, lui dirent que non. Il le crut, et manda à M. de Longueville, qui avoit envoyé demander de ses nouvelles, qu'il se portoit bien, et qu'il n'avoit point crié.

Collot [533] avoit taillé un gros moine. Au cinquième jour, la plaie se portant aussi bien qu'il se pouvoit pour le temps, ce frater a avis d'un bénéfice; il se fit faire un coussinet, qui avoit un trou à l'endroit de la plaie, et, assis comme une femme, il prend la poste, et s'en va à Rome. Le lendemain, Collot, allant pour panser son homme, voit le matelas de son lit sur la fenêtre. «Mon moine seroit-il mort?» dit-il. La garde lui conte l'histoire; il lève les épaules et dit: «Le pauvre homme sera mort ce soir.» A quatre mois de là, il trouve ce moine sur le Pont-Neuf qui le vint aborder; lui ne le reconnut point, parce qu'il le croyoit mort. Le moine lui dit qu'il s'étoit pansé tous les soirs, comme il avoit remarqué qu'on le pansoit, et qu'il avoit obtenu le bénéfice. «Ah! dit Collot, il n'y a qu'un moine qui puisse échapper d'une telle aventure.»

Le bonhomme Riolan [534], ce célèbre médecin, avoit déjà été taillé une fois, et quoiqu'il fût fort incommodé, il ne vouloit plus se faire tailler. Un jour sa femme fit cacher les chirurgiens, et comme le vieillard disoit: «Me voilà mieux; je pense que je supporterois bien l'opération. Je crois que je me ferois tailler si Collot étoit là» (il ne le croyoit pas si près). Collot sort. «Ah! je ne veux pas; ce sera pour une autre fois; je ne me suis point confessé; je renie chresme, baptême.» Le voilà à jurer. «Tout cela tombera sur nous, dit Collot; nous serons damnés pour vous; mais vous serez taillé.» Ils le lient et le taillent. Comme il se portoit assez bien, on lui dit: «Confessez-vous à cette heure, si vous voulez.—Voire, dit-il, je me porte trop bien pour cela.»

GRAND'AMOUR RÉCOMPENSÉE.

Un jeune homme natif de Stockolm prit querelle, à Stockolm même, avec un trompette du prince Charles, aujourd'hui roi de Suède [535], et le tua. Le voilà en prison dans le château; car, au Nord, il y a toujours une prison dans le palais du prince. Il est condamné à mort. Ce garçon étoit accordé avec une jeune veuve; elle le fut voir durant le terme qu'on donne aux condamnés pour dire adieu à leurs amis. Il lui dit que le seul regret qu'il avoit en mourant, c'étoit de ne l'avoir pas épousée; mais que s'il pouvoit obtenir de la Reine et d'elle de l'épouser et de consommer le mariage, il mourroit content. Elle y consentit, et sur l'heure, il présenta une requête aux juges, qui, après avoir fait faire une consultation par les théologiens, avec le consentement de la Reine, lui permirent de se marier. La Reine eut la curiosité de voir quelle contenance auroient ces deux mariés en une action si extraordinaire, et, par une fenêtre qui répondoit dans la prison, elle se mit à les considérer, et trouva que ce garçon avoit un visage aussi gai que s'il n'eût point dû mourir. Pour lui, il reconnut la Reine à cette fenêtre, et lui fit tous les remercîments dont il put s'aviser, de la bonté qu'elle avoit eue de lui accorder ce qu'il avoit demandé. La Reine, touchée de sa constance, lui donne encore quatre jours, par-dessus les huit que la loi donne. Ce garçon consomma le mariage, et le terme de l'exécution approchoit quand des ambassadeurs de Moscovie, étant sur le point d'avoir leur audience de congé, furent priés de demander la grâce de ce jeune homme, ou bien la demandèrent d'eux-mêmes, en remontrant à la Reine que leur prince, qui étoit jeune et galant, seroit ravi d'avoir sauvé la vie à un homme qui savoit si bien aimer, que sans doute il reconnoîtroit cette faveur, et qu'il en témoigneroit ses ressentiments à Sa Majesté. La Reine, qui avoit pitié de ce jeune homme, et qui n'osoit pourtant violer les lois, qui sont fort sévères contre les meurtriers, fut bien aise de dire qu'en bonne politique elle ne pouvoit refuser cette faveur aux ambassadeurs de Moscovie. Elle leur accorda donc la grâce de ce jeune homme, et eux l'en remercièrent à genoux, et en touchant du front la terre, qui est la plus grande marque de respect parmi eux.

VENGEANCE RAFFINÉE.

Deux gentilshommes de Normandie, dont je n'ai pu savoir le nom, étoient ennemis mortels. L'un d'eux tomba malade, et se vit bientôt à l'extrémité; l'autre, comme s'il eût cru qu'il y alloit de son honneur que cet homme mourût autrement que de sa main, se déguise en médecin, entre dans la chambre du malade (les valets crurent que c'étoit un médecin qu'on avoit mandé, ou qui devoit consulter avec le médecin ordinaire); cet homme donne diverses commissions aux gens du malade, et fait si bien qu'il demeure seul dans la chambre; alors il s'approche du lit, et dit à son ennemi: «Me connois-tu bien?—Ah! répondit l'autre, je te prie, laisse-moi mourir en paix.—Non, réplique le meurtrier, il faut mourir de ma main.» Et en disant cela, il lui donne cinq ou six coups de poignard, et le tue; puis il le couvre du drap, descend en bas, dit aux gens qu'ils eussent bien soin de faire ce qu'il avoit ordonné, que leur maître reposoit, qu'on ne lui fît point de bruit, et qu'il se porteroit mieux. «Pour moi, ajouta-t-il, je repasserai tantôt par ici.» Il monte à cheval et se sauve.

SUBTILITÉ,
PRÉSENCE ET ADRESSE DE CORPS ET D'ESPRIT.

Voici un conte que j'ai ouï faire de Rabelais. En retournant de Rome, l'évêque de Paris, de la maison Du Bellay, à qui Rabelais étoit, s'avisa de faire une grande malice à ce pauvre homme; c'étoit à Nice de Provence: il fait voler le soir tout l'argent à Rabelais, et à minuit tout le monde part et le laisse là à pied. Rabelais, bien embarrassé, se met à rêver, et trouve une belle invention pour se faire conduire à Paris. Il prend de la cendre, qu'il mêle avec du plâtre, puis en fait un petit paquet; il en mêle d'autre avec du charbon, et d'autre avec du sable et de la suie; il en fait trois paquets, met une étiquette à chacun, et les laisse sous le tapis de la table, puis s'en va à la messe. La servante, en faisant la chambre, trouve cela et le montre à son maître. Il y avoit sur ces paquets: Poudre pour empoisonner le Roi; puis, poudre pour empoisonner la Reine, poudre pour empoisonner M. le Dauphin, et à toutes il avoit mis qu'elles tuoient ceux qui les sentoient. L'hôte avertit le magistrat. Nice étoit alors au Roi; on conclut d'envoyer cet homme au Roi. On le prend, on le met sur un cheval; mais comme il ne se sentoit point coupable, il fit tant de contes par le chemin à ceux qui le conduisoient, qu'ils ne savoient quelle chère lui faire. L'évêque de Paris rendoit compte au Roi de son ambassade, quand ils entendirent une grande huée dans la cour du Louvre. «Voilà maître François! voilà maître François!» L'évêque met la tête à la fenêtre et voit Rabelais. Les députés de Nice présentent maître François, lié, au Roi. Je vous laisse à penser si on rit des bonnes gens de Nice, qui avoient si bien donné dans le panneau. Je donne ce conte pour tel qu'on me l'a donné [536].

On dit aussi que Rabelais refusa d'approcher du pape, et dit: «Puisqu'il a fait baiser ses pieds à mon maître, il me feroit baiser son cul.»

On dit que quelqu'un lui ayant demandé comment il feroit pour purger Pantagruel. «Darem illi, répondit-il, pillulas evangelicas

Il fit l'anagramme de Calvin, Calvinus, Lucianus; l'autre fit la sienne, Rabelesius, Rube-læsus [537]. Une dame lui disoit qu'il n'honoroit point les saints, qu'il ne les aimoit point. «J'ai raison, répondit-il, si vous entendez les sains, les gens en santé, je suis médecin; si les saints de paradis, ils guérissent les malades, et m'ôtent toute ma pratique.»

Le portrait qu'on voit de Rabelais n'est pas fait sur lui; on l'a fait à plaisir, à peu près comme on croyoit qu'il étoit.

Le cardinal Du Bellay régaloit un jour des gens de robe; il y avoit musique; il avoit ordonné à Rabelais de faire des paroles pour cela: il en fit dont la reprise étoit:

Et zeste, zeste aux chicaneurs [538].

Le duc de Florence écrivit à la feue Reine-mère: «Je vous envoie un excellent homme en son métier, qui a dit, en partant d'ici, que vous songeassiez une carte, et que ce seroit le dix de carreau.» Avant que de laisser lire la lettre à la Reine, cet homme, qui en étoit lui-même le porteur, pria la Reine de songer une carte; elle songea le dix de carreau. Gombauld y étoit, qui me l'a dit.

En même temps vint un jeune gentilhomme qui faisoit tenir bien haut, par les deux plus grands hommes de la compagnie, un cercle où à peine pouvoit-il passer, et prenant sa course de loin, il y passoit tout le corps comme une lame, et puis faisoit une cabriole.


Un orfèvre huguenot, allant à Charenton, rencontra dans la rue Saint-Antoine deux Corpus-Domini à la fois. L'un sortoit de Saint-Paul, l'autre y retournoit; on lui cria qu'il ôtât son chapeau; il alloit toujours son chemin; enfin un homme lui vint dire d'un ton furieux: «Adore ton Créateur.—Lequel est-ce?» dit l'orfèvre. Les autres demeurèrent si penauds de cette réponse, qu'ils ne lui surent plus rien dire [539].


Un garçon de Paris, dont je n'ai pu savoir le nom, couchoit avec la femme de son voisin, et ayant été obligé d'aller au lieu d'honneur, par compagnie, il gagna du mal, et en donna après à cette femme, sans savoir qu'il en eût lui-même, comme cela arrive assez souvent. Elle s'en aperçut de bonne heure, et lui dit qu'il trouvât quelque invention pour en donner à garder au mari. Ce garçon convie quelques-uns de ses amis à dîner chez lui; il invite aussi le mari de cette femme; il y avoit fait trouver des mignonnes, et en avertit une, qui étoit la plus jolie et la plus adroite, de faire toutes les choses imaginables pour obliger cet homme à la voir. Elle en vint à bout. Le soir, sa femme, qui avoit le mot, le caressa si bien qu'il fit le devoir conjugal. Il ne manqua pas de gagner le mal qu'elle avoit. Dès qu'elle s'en fut aperçue, elle lui fit un bruit du diable, et le pauvre mari confessa son délit, et demanda humblement pardon.


Un nommé Le Rude, maître d'hôtel du feu premier président Le Jay, Saint-Louis [540] étant ouvert, avertit les corbeaux de venir quérir sa femme, qu'il disoit avoir la peste, quoiqu'elle n'eût que la fièvre. On emporte cette femme; mais, contre son espérance, au bout de quelques jours, on la lui rapporta. Le mauvais air ne lui donna pas la peste. Il vouloit s'en défaire pour en épouser une autre qu'il entretenoit, et qui pourtant ne la valoit pas.


Un cordelier, qui avoit appris par cœur un sermon imprimé, fut prêcher dans un village. Le lendemain étoit encore fête; on le pria si instamment de demeurer, qu'il ne put s'en défendre. Cependant il falloit prêcher, et il ne savoit qu'un sermon. Que fait-il? Il dit: «Messieurs, il y a de bien méchantes gens dans cette paroisse; on a dit qu'il y avoit des hérésies dans le sermon que je vous fis hier; il n'y a rien de plus faux; et, pour vous le montrer, je m'en vais vous redire mon sermon d'un bout à l'autre.» Et il le répéta tout du long.


Un coupeur de bourse, comme le feu lieutenant criminel Tardieu [541] l'interrogeoit, ne put s'empêcher de lui voler dix écus que le greffier venoit de lui donner pour ses droits: il prit son temps comme le juge se tournoit pour parler à quelqu'un. On remmène ce voleur. Le lieutenant ne trouve plus son argent; il dit au greffier: «M'avez-vous pas donné tant?—Oui.—L'avez-vous repris?—Non.—Qu'est-il donc devenu?» Après avoir bien cherché, on dit, afin de n'avoir rien à se reprocher: «Il faut aller dans le cachot de cet homme, quoiqu'il n'y ait aucune apparence.» On y trouva l'argent dans la paille.


Le président de Jumerville [542] étoit un goguenard qui faisoit des malices à tout le monde; il se moquoit de tous ceux à qui on prenoit quelque chose. Pour le lui rendre, on suborna un filou, qui entreprit de lui voler sa propre robe de palais: c'étoit l'été. Ce drôle feint d'avoir un procès, et se rend insensiblement familier chez le président. Un soir, comme Monseigneur revenoit du Palais, il faisoit chaud, il voulut quitter sa robe pour se promener dans le jardin. «Holà! quelqu'un.» Il n'y avoit personne que le filou qui s'offrit à la prendre; le président la lui donne. Lui sort par les écuries et gagne au pied. Le lendemain, à la Tournelle, où il présidoit, faute de robe d'été, il vint avec sa robe d'hiver. «Que veut dire cela? Vous êtes-vous trouvé mal? Avez-vous eu froid?» Il fut contraint d'avouer la dette.


D'Ablancourt avoit un petit cheval rétif; on le donna à un petit laquais allemand pour aller chercher quelque chose à la ville [543]. Ce cheval n'alloit que quand on le menoit par la bride; l'Allemand monte dessus; le bidet va trois pas, et puis s'arrête. Que fait ce garçon? Il prend une fourche, car il ne vouloit pas aller à pied, et attache les rênes aux deux fourchons, puis il avance la fourche le plus qu'il peut entre les oreilles du cheval. Cette bête croyoit qu'on la menoit par la bride. Ainsi elle s'accoutuma à aller, et l'Allemand au retour en fit tout ce qu'il voulut.


Le président Fayet, père de madame de Barillon [544], étoit premier président de la première des Enquêtes; il fut prié par un homme de province, à qui il importoit d'être conseiller dans sa ville, de trouver moyen de le faire recevoir, quoiqu'il ne sût point de latin. Le président, qui étoit de ses amis, lui dit: «Laissez-moi faire: apprenez seulement à bien prononcer ce mot de latin quamquam, et présentez-vous à un tel jour.» Le président dit: «Messieurs, voilà un récipiendaire, mais nous n'avons pas le loisir.» Il le remet comme cela exprès cinq ou six fois; enfin il le fit venir un jour qu'il n'y avoit plus qu'un quart-d'heure à demeurer dans la chambre. «Messieurs, c'est le pauvre récipiendaire, qui attend il y a si long-temps. Si vous voulez, nous l'expédierons.» Cet homme entre, et dit hardiment: quamquam. «Allez, allez, dit le président; nous savons bien que vous avez appris du latin. Nous n'avons pas le loisir à cette heure; mais savez-vous de la pratique?» Or, l'autre en savoit assez, et répondit bien; ainsi il fut reçu.


Un gentilhomme, qui savoit que son rapporteur aimoit les femmes, va prendre une g...., la fait fort bien habiller et la mène solliciter, comme si c'eût été sa femme; après, elle y retourne plusieurs fois, le cavalier faisant le malade; le rapporteur la cajole, la presse, en a ce qu'il veut, et fait gagner le procès au gentilhomme, qui après lui découvrit la finesse. Cela me fait souvenir d'un conte. Le premier président Le Jay fut sollicité une fois par une jolie personne, qui feignoit que son mari étoit si jaloux, qu'en s'en allant, il lui avoit mis un brayer de fer [545]; cela enflamma le président; le brayer n'étoit pas si bien fermé qu'on ne le pût reculer, mais le bon homme y gagna une vache à lait. C'étoit une malice qu'on lui faisoit.


Un charretier avoit acheté le fumier de l'académie [546], et il l'alla quérir avec un vieux cheval, maigre, galeux et écorché; en un mot, de la plus pitoyable figure du monde. Les jeunes gens de l'académie se mirent à faire des méchancetés à cette pauvre bête. Le charretier dit à l'écuyer: «Je gage le prix du fumier (c'étoient cinquante livres) que je ferai faire à mon cheval ce que vous ne sauriez faire faire à pas un des vôtres.» Voilà la gageure faite. Le drôle fait monter l'escalier à sa bête, et la mène dans le grenier, puis la fait sauter par la fenêtre; le cheval ne valoit pas cent sous. «Eh bien! dit-il à l'écuyer, faites-en faire autant aux vôtres.» Ainsi il gagna la gageure.


Une demoiselle huguenote [547] étoit chargée d'une fille catholique, à qui elle ne pouvoit trouver de condition; elle s'avisa de dire à cette fille: «Allez-vous-en à Saint-Sulpice, à une telle heure; mettez-vous devant le grand autel, et faites bien la dolente; les dévotes ne manqueront pas de vous dire: Ma sœur, qu'avez-vous? Vous leur direz que vous êtes assistée par des huguenots qui tâchent à vous faire de leur religion, que vous priez Dieu et la Vierge de vous inspirer, que la religion de ces gens-là vous semble bien aussi bonne qu'une autre, et qu'ils sont si charitables.» Les dévotes ne manquèrent pas, et voyant cela, elles lui dirent: «Ah! ma sœur, qu'à cela ne tienne; on vous assistera.» Ils l'habillent et la mettent chez une personne bien riche.

FIN DU TOME CINQUIÈME.

NOTES:

[1] Célèbres financiers qui n'ont pas laissé une bonne réputation, témoin ce passage d'un libelle du temps: «Les Pugets qui se sont vantés d'avoir mangé en leur temps plus d'un million six cent mille livres; avoir entretenu toutes les belles g..... de Paris; jouy des plus relevées de France; joué ez plus dissolus berlans, académies et tripots; bauffré les plus friands morceaux; couru le bal, le ballet et le b....l partout; eux, Chariel, les Mont-Morts, Morans, Moreau, Almerats et telle drogue de gens, ont mené ensemblement la vie non pareille d'Antonius et de Cléopâtre.» (La Chasse aux larrons, ou Établissement de la chambre de justice, par Jean Bourgoing (1618), p. 27.)

[2] D'autres disent qu'il a porté les livrées chez madame de Beaufort; qu'ensuite il fut valet-de-chambre; et que, comme il étoit assez agréable parmi les femmes, il lui plut et lui servit à ses amourettes. (T.)

[3] Il est situé dans la vieille rue du Temple. (T.)

[4] On trouve quelques détails relatifs aux poursuites dirigées contre Étienne Du Puget par la Chambre de justice, dans le Trésor des Trésors de France volé à la couronne, présenté au roi Louis XIII, par Jean de Beaufort, Parisien; 1615, in-8o, p. 30.

[5] Ce doit être Claude Du Puget de La Serre, dont la fille, Isabelle-Eugénie Du Puget de La Serre, épousa Jean-François Désiré, prince de Nassau-Siegen. (Voyez Morery.)

[6] Il fut fait des cent gentilshommes qu'on remit sur pied pour l'entrée de la reine Marie de Médicis. (T.)

[7] Le bel ancêtre pour les princes de Nassau!

[8] Étienne Du Puget, évêque de Marseille, mort en 1668 (Morery). Il avoit été marié avec une demoiselle Hallé, fille d'un maître des comptes. Il la perdit en 1614. Malherbe a fait un beau sonnet pour servir d'épitaphe à cette dame Du Puget. (Poésies de Malherbe; Paris, Barbou, 1764, p. 206.)

[9] Augustin Potier de Blancmesnil, évêque de Beauvais, aumônier de la reine Anne d'Autriche, mort en 1650, eut un moment de crédit. «M. l'évêque de Beauvais, plus idiot que tous les idiots de votre connoissance, prit la figure de premier ministre, et il demanda, dès le premier jour, aux Hollandois, qu'ils se convertissent à la religion romaine s'ils vouloient demeurer dans l'alliance de la France. La Reine eut honte de cette momerie du ministre......., et elle se mit entre les mains du cardinal Mazarin.» (Mémoires du cardinal de Retz, deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France, t. 44, p. 146.)

[10] Abbaye de femmes. (T.)

[11] C'est un fief de Pommeuse. (T.)

[12] Quand le cardinal de Savoie salua la Reine, comme il mettoit le pied dans la chambre, il entendit:

Ah! qu'il est beau!

Il a fait sa barbe de nouveau.

Cela le surprit; la Reine se mit à rire, et lui dit: «C'est mon perroquet.» En effet, ce l'étoit. (T.)

[13] Duret de Chevry, président de la chambre des comptes de Paris. (Voyez son article, t. 1, p. 261.)

[14] Pierre Du Puget, seigneur de Montauron, des Carles et Caussidière, La Chevrette et La Marche, conseiller du Roi, premier président au bureau des finances de Montauban.

[15] C'étoit la cousine-germaine de Montauron, qui étoit le neveu de Puget de Pommeuse.

[16] Le père de Patru avoit une ferme près de Pommeuse. (T.)

[17] Dans Morery, on présente Louise Du Puget comme ayant été la première femme de Montauron.

[18] Corneille a dédié Cinna à Montauron, en 1639. Dans l'épître dédicatoire il le compare à Auguste, c'étoit le Mécène des gens de lettres. Fitelieu, qui s'intituloit en outre sieur de Rodolphe et du Montour, lui dédia la Contre-Mode (Paris, Louis de Heuqueville, in-12, 1642). Voici le commencement de l'épître dédicatoire: «Monsieur, ce premier essor de ma plume et de mon esprit dans Paris, quoique petit, rencontre de prime-abord un grand homme pour se faire connoître à sa faveur. Il recevra plus de vogue et d'autorité de votre nom que du peu de suffisance de celui qui vous l'offre, et pour combattre une erreur populaire qui vous fait l'auteur d'une Mode qu'il condamne, il publiera partout que vous aimez bien plus les contentemens de l'âme que les plaisirs du corps, etc.» Nous citons ce passage, parce qu'il prouve que Montauron étoit un homme à la mode; l'ouvrage, tout ridicule qu'il est, contient des détails singuliers sur les usages du temps.

[19] Le grand Condé.

[20] Gédéon Tallemant, maître des requêtes et intendant de justice en Languedoc.

[21] Elle s'appeloit Isabelle-Diane de Michel, et fut dame de La Marche. Il l'épousa en 1643, suivant Morery.

[22] C'est sans doutes d'après cette généalogie qu'a été fait l'article Puget dans le Dictionnaire de Morery. Il semble avoir été dicté à la complaisance des éditeurs par la famille des Pugets. A l'exception du père Anselme, il faut lire, avec précaution, presque tous les généalogistes.

[23] Jean Puget de La Serre, écrivain pitoyable, qui seroit oublié si Boileau ne l'avoit doté de l'immortalité du ridicule.

La Serre est un charmant auteur,

Ses vers sont d'un beau style et sa prose est coulante.

(Satire IIIe.)

Vous pourriez voir un temps vos écrits estimés

Courir de main en main par la ville semés;

Puis de là tout poudreux, ignorés sur la terre,

Suivre chez l'épicier Neuf-Germain et La Serre.

(Satire IXe.)

[24] La mère des trois Puget s'appeloit Isabeau Le Brun de La Serre. Cette parenté devoit venir de là.

[25] C'étoit une fille d'Étienne Du Puget. (Voyez plus haut l'article des Puget.)

[26] Expression empruntée de la langue italienne (da galant'uomo).

[27] C'étoit au mois de juin 1638. Voyez l'Histoire de l'Académie françoise, par Pellisson (Paris, 1730, t. 1, p. 86). L'hôtel de Mélusine devoit vraisemblablement son nom à un tableau de cette fée qui lui servoit d'enseigne.

[28] Voyez au t. 1 la note de la p. 400.

[29] On lit Souffran dans le manuscrit, mais c'est évidemment du père Suffren, confesseur de Marie de Médicis, que parle ici Tallemant. Ce religieux avoit obtenu de Louis XIII la permission de suivre la Reine-mère dans les Pays-Bas. (Voyez l'Histoire des confesseurs des rois, par Grégoire; Paris, 1824, p. 339.) La Reine, qui étoit Italienne, prononçoit vraisemblablement Souffran, et à la cour tout s'imite.

[30] Elle étoit fille de Turpin, procureur au Châtelet, et elle épousa Lévesque, procureur au Parlement. (Voyez l'Historiette de madame Lévesque, t. 3, p. 278.)

[31] Fête, repas que l'on donne aux dames.

[32] Sorte de pâtisserie très-délicate. (Dict. de Trévoux.)

[33] Gédéon Tallemant, maître des requêtes, intendant de Guyenne, de Languedoc et de Roussillon. Son portrait a été gravé in-4o, par Fresne.

[34] Chabot étoit un bien petit gentilhomme avant d'épouser mademoiselle de Rohan. (Voyez l'Historiette de mademoiselle de Rohan, t. 3, p. 59.)

[35] Jean Silhon, de l'Académie françoise, écrivain politique, auteur du Ministre d'État, etc., etc. Il mourut en 1667.

[36] Rampalle est un mauvais poète, dont Boileau a dit:

On ne lit guère plus Rampalle et Mesnardière.

(Art poétique, ch. IV.)

[37] Ce devoit être dans la rue des Tournelles, derrière la Place Royale. Le rempart étoit fort élevé, et empêchoit la vue; on ne commença à le planter et à le convertir en boulevards qu'en 1668; les plantations ne furent achevées jusqu'à la porte Saint-Honoré qu'en 1705.

[38] Josias de Soulas, sieur de Prine-Fosse, après avoir fait profession des armes dans le régiment des gardes-françoises de Louis XIII, se fit comédien sous le nom de Floridor. Il avoit une figure noble, une belle taille, un son de voix mâle sans cesser d'être pénétrant et affectueux. Il joignoit à ces avantages beaucoup d'esprit et une conduite exemplaire. (Voyez l'Histoire du Théâtre-François, par les frères Parfait, t. 8, p. 217.)

[39] Femme d'un conseiller au Parlement qui a beaucoup marqué dans les troubles de la Fronde. (Voyez t. 4, p. 14, l'Historiette de madame Coulon.)

[40] Gédéon Tallemant étoit fils de Gédéon Tallemant, trésorier de Navarre, oncle de l'auteur de ces Mémoires. (Voyez la Notice.)

[41] Vallon étoit lieutenant-général attaché à Gaston. Mademoiselle de Montpensier en a parlé fréquemment dans ses Mémoires.

[42] Livrée de couleur jaune-clair.

[43] Gilbert Filhet de La Curée, l'un des plus braves compagnons de Henri IV. Ce capitaine a été fort peu connu jusqu'à ces derniers temps. Ses beaux faits d'armes sont présentés avec le plus grand intérêt dans le Journal militaire de Henri IV, que M. le comte de Valory a publié d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, fonds de Béthune. (Paris, Firmin Didot, 1821, in-8o.)

[44] On a déjà indiqué le Recueil qui contient les poésies de Chandeville.

[45] Par le comte d'Harcourt, en 1640.

[46] C'étoit un garçon, fils d'un de ses commis, qui étoit assez né aux mathématiques. (T.)

[47] Merveilleux, admirable. (Expression empruntée de Rabelais.)

[48] En 1627.

[49] Ce fut Saugeon qui le mena voir la mère Angélique de Gadagne. (T.)—Saugeon étoit un gentilhomme saintongeois, dont Tallemant raconte les singulières aventures dans le chapitre des Amants de différentes espèces.

[50] Marie de Médicis.

[51] Mais j'ai appris qu'elle en payoit son galant, à qui elle donnoit deux mille livres; c'est le moine Bragelonne de Saint-Denis: elle l'eût fait coadjuteur de Tours si elle ne fût point morte. Elle gouvernoit madame de Brienne, et étoit bien avec la Reine. (T.)

[52] Singulière expression: un homme de numéros, un homme de chiffres, pour un homme fin et habile en affaires. On voit dans Trévoux qu'un homme qui entend le numéro est celui qui pénètre facilement dans le secret de toute affaire où il s'agit de compte ou de profit.

[53] Tallemant est, à ce que nous croyons, le premier qui ait parlé des ouvrages imprimés de son oncle La Leu et de Douet, le maître-d'hôtel. Ces petits renseignements bibliographiques seront recueillis, et feront connoître les auteurs de ces bizarreries oubliées.

[54] Corbie fut pris par les Espagnols en 1636. (Voyez les Mémoires de Montglat, deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France, t. 49, p. 128.)

[55] Au prêche.

[56] Le maréchal de Thémines s'appeloit Lauzières. Son fils aîné portoit le litre de marquis de Thémines, et son second fils Charles avoit conservé ce nom de famille.

[57] Où est à cette heure l'hôtel de l'Hospital. (T.)

[58] François de Montmorency-Bouteville, si célèbre par sa manie pour les duels, mis à mort le 21 juin 1627.

[59] Cette dame Saintot, qui eut pour Voiture une passion si malheureuse. (Voyez l'Historiette de Voiture, tome 2, page 272 de ces Mémoires.)

[60] Belle-fille de l'écuyer de madame de Retz. Elle épousa Pierre de Lalane. (Voyez son article à la suite de celui-ci.)

[61] Il ne passoit pas autrement pour bon catholique; il crut que d'aller communier au cardinal à sa première messe, le mettroit en bonne réputation, ou bien il crut que cela se devoit. Il y fut, et pas un parent n'y alla; cela sembla ridicule. (T.)—Cette note de Tallemant mérite qu'on s'y arrête un instant. On y voit que la famille de l'abbé de Retz affecta de ne pas assister à sa première messe.

[62] Louis Nublé, avocat au parlement de Paris. Il étoit l'ami de Ménage, qui lui a dédié ses Amænitatas juris civilis. Ce fut lui qui défendit Ménage devant le Parlement quand il y fut traduit pour ces vers de sa neuvième élégie latine, adressée au cardinal Mazarin:

Et puto tam viles despicis ipse togas,

Qui modò te rerum dominum venerantur, adorant;

Hi sunt sæpè tuum qui petiere caput.

Nublé, né à Amboise, est mort à Paris en 1686.

[63] Ahan (vieux mot), douleur.

[64] Ce village appartenoit à un parent de M. de Bellièvre, alors second président au mortier du Parlement de Paris. Notre intendant crut être obligé de lui en faire compliment; mais il fut si bon, qu'après avoir dicté la lettre à son secrétaire, il mit au bas qu'il le prioit de l'excuser s'il ne lui avoit pas écrit de sa main; que ce jour-là il lui avoit fallu faire une lettre pour M. le cardinal, etc. Il en nommoit je ne sais combien. M. de Bellièvre dit: «Il est vrai que voilà bien des lettres.»

(T.)

[65] Des balles de paume.

[66] Ce benêt avoit une sotte coutume de dire mes amis, au lieu de messieurs. Un bourgeois qui l'étoit allé voir seul, voyant qu'il disoit mes amis, se retourne et ne voit que son barbet. «Hé! coquin, lui dit-il, remercie donc monsieur.» (T.)

[67] Titon Du Tillet dit que madame de Lalane s'appeloit Gastelle Des Roches. (Parnasse françois, p. 331.)

[68] Madame de Lalane écrivoit des lettres spirituelles, et faisoit de jolis vers, s'il en faut croire Campion. (Voyez le Recueil de lettres qui peuvent servir à l'histoire, Rouen, 1657, p. 73.)

[69] Les poésies de Pierre de Lalane ont été recueillies par Saint-Marc, et publiées en 1759, avec celles de Montplaisir.

[70] Lalane n'est guère connu que par les poésies touchantes que lui inspira le regret de la perte de sa femme. Chapelain lui-même adoucit, en faveur de celle-ci, la rudesse de ses vers, et il lui fit cette épitaphe:

Vénus repose en ce tombeau

Du nom d'Amarante couverte,

Le monde a perdu dans sa perte

Ce qu'il eut jamais de plus beau.

Toutes les Grâces, de tristesse,

Sont mortes avec la Déesse;

Son fils voit encore le jour.

L'Amour reste encor de la belle:

Mais ce ne peut être l'Amour!

Il est aussi mort avec elle.

[71] Bernard Lesfargues, auteur de David, poème héroïque, dont Boileau a dit dans la neuvième satire:

Le David imprimé n'a point vu la lumière.

On ne sait pourquoi on dit dans la Biographie de M. Michaud, que Lesfargues étoit imprimeur.

[72] L'ouvrage est indiqué dans la Biographie universelle sous ce titre: Histoire d'Alexandre le Grand, tirée de Quinte-Curce et autres auteurs, 1639, in-8o.

[73] Les Oraisons de Cicéron contre Verrès, traduites en françois, 1640, in 4o.

[74] Germain Habert, abbé de Cérisy, poète assez distingué, membre de l'Académie françoise. Sa pièce principale est la Métamorphose des yeux de Philis en astres. (Voyez le Recueil de diverses poésies; Paris, Chamhoudry, 1651, première partie, p. 29.)

[75] Marin Cureau de La Chambre, médecin ordinaire du Roi, membre de l'Académie françoise, auteur du Caractère des Passions, ouvrage fort remarquable.

[76] Jacques Esprit, de l'Académie françoise. (Voyez la note de la p. 38 du t. 3.)

[77] Adomestiqua, il se familiarisa, expression empruntée du mot italien dimesticar'si.

[78] On ne trouve nulle part des détails aussi circonstanciés sur Lesfargues.

[79] François Tallemant, né vers 1620, membre de l'Académie françoise, mourut en 1693. Il étoit frère de l'auteur de ces Mémoires.

[80] On l'appeloit son inquiétude, comme on dit son excellence, (M. Daunou, dans la Biographie universelle.)

[81] L'auteur parle ici de saint Vincent de Paul. Il lui donne la qualité de Père, comme fondateur des Lazaristes, ou Pères de la mission.

[82] Ce ministre disoit une fois: «Mes frères, les proverbes sont véritables: qui a fait Normand a fait gourmand; qui a fait Gascon a fait larron (notez que c'étoit à Bordeaux); qui a fait Saintongeois a fait bavard, etc. Mais qui a fait Écossois a fait prompt et propre à toutes vertus.» (T.)

[83] Un diseur de fadaises, un homme qui ne termine rien de ce qu'il commence; qui, en parlant, n'arrive jamais au but qu'il se proposoit d'atteindre.

[84] C'est-à-dire Caillette; à La Rochelle on dit un Cail; il vouloit dire coiffé de sa fille; douze douzaines, c'est une grosse; quand elle sera grosse; le gendre à la Manon, c'est que ma mère avoit bien du soin du gendre de la fille du premier lit, et mon père disoit: «Que sera-ce donc du gendre à la Manon?» Ma sœur de Ruvigny s'appelle Marie. (T.)

[85] Une femme de Bordeaux disoit cela: «Ma sœur de Battagley a bon cœur.» Il vouloit dire que ma sœur avoit du cœur. (T.)

[86] Le prix des charges de conseiller au Parlement de Paris s'étoit beaucoup augmenté. Les financiers, dans la vue de s'élever, plaçoient leurs enfants dans les cours souveraines pour acquérir la noblesse, et le Parlement avoit d'ailleurs acquis, durant les troubles de la Fronde, une grande importance politique. On voit, dans les Mémoires de Coulanges, qu'en 1656 une charge de conseiller se vendit cinquante-cinq mille écus. (Mémoires de Coulanges; Paris, Blaise, 1820, p. 1.)

[87] La Foraine. La traite foraine étoit un impôt qui se levoit sur les marchandises qui entroient ou sortoient du royaume. En Languedoc on disoit simplement la Foraine. (Dict. de Trévoux.)

[88] On voit encore dans la rue de Charenton une porte d'entrée et les restes des pavillons qui marquoient les quatre angles de ce beau jardin. Du temps de Sauval, on appeloit ce lieu le jardin de Reilly ou la folie Rambouillet. «Dans ce jardin, dit-il, se trouvent des allées de toutes figures, et en quantité. Les unes forment des pattes d'oie, les autres des étoiles; quelques-unes sont bordées de palissades, d'autres d'arbres. La principale, qui est d'une longueur extraordinaire, conduit à une terrasse élevée sur le bord de la Seine; celles de traverse se vont perdre dans de petits bois, dans un labyrinthe et autres compartiments: toutes ensemble forment un réduit si agréable qu'on y vient en foule pour se divertir. Dans des jardins séparés se cultivent en toutes saisons un nombre infini de fruits, dont la saveur, la grosseur, ne satisfont pas seulement le goût et la vue, mais même sont si beaux et si excellents, que les plus grands seigneurs sont obligés de faire la cour au jardinier quand ils font de magnifiques festins; et même le Roi lui en envoie demander. En un mot, ou parle des fruits de Reilly comme de ceux des Hespérides; hormis que pour en avoir on ne court pas tant de hasards.» (Antiquités de Paris, t. 2, p. 288.) Il ne reste plus rien de toutes ces belles choses, des marais bien cultivés en ont pris la place; seulement la rue qui longe ce terrain en se dirigeant vers la rivière, porte le nom de rue de Rambouillet. On a déjà dit quelques mots de ce jardin dans une note du t. 3, p. 205.

[89] Mon père étoit encore à Bordeaux. (T.)

[90] Ce jardin est de près de trente arpens, et il coûte horriblement à faire et à entretenir. Il y a assez de bâtiments. (T.)

[91] Collet empesé, monté sur du carton. (Dictionnaire de Trévoux.)

[92] Saint-Simon, qui n'est pas louangeur, rend justice à Ruvigny. Ce gentilhomme huguenot, plein d'honneur et de probité, a été pendant très-long-temps le député de sa religion à la cour. A la révocation de l'édit de Nantes, le Roi lui offrit de rester en France, mais il n'accepta point, et il passa en Angleterre. (Mémoires de Saint-Simon, t. 1, p. 452; édition de 1829.)

[93] Ruvigny étoit rousseau et la Grossetière, gendre du premier lit, aussi. «Oh! dit l'abbé, je pense que toutes les bêtes fauves se viendront prendre céans.» (T.)

[94] Une petite Rambouillet qui est demeurée fort courte. (T.)

[95] Un sot parasite. (T.)

[96] On croit que Desmarets a pris d'elle le personnage d'Hespérie dans les Visionnaires, qui croit que tout le monde est amoureux d'elle. (T.)

[97] Elle étoit huguenote. (T.)

[98] J'ai ouï dire depuis que M. Du Vigean l'introduisant à l'hôtel de Liancourt, lui dit: «Faites comme vous me verrez faire,» et que M. Du Vigean ayant trouve là bien du beau monde, avec qui il étoit fort familier, s'étoit mis à genoux en les saluant; lui en fit autant. On en sourit; il s'en aperçut, et, tout déferré, s'alla asseoir sur un téorbe.

(T.)

[99] Gauthier de Costes, de La Calprenède, né au château de Tolgou, auprès de Sarlat. Il est mort en 1663.

[100] Elle a été imprimée en 1637, in-4o.

[101] De la conduite.

[102] Affiner quelqu'un, l'attraper, lui donner à ses dépens une leçon de finesse. Ce mot se prend encore dans ce sens en Bretagne et dans quelques autres provinces. (Dictionnaire de Trévoux.)

[103] Les tomes 11 et 12 de Cléopâtre portent la date de 1661. Nous en avons fait la vérification sur l'exemplaire de la Bibliothèque royale. Les autres volumes sont à toutes dates, 1662, 1656, 1657, ce qui montre que le libraire Guillaume de Luynes réimprimoit au besoin les volumes séparément. Il résulte de ce rapprochement que Tallemant écrivoit en 1662 cette partie de ses Mémoires.

[104] Deux romans de mademoiselle de Scudéry.

[105] La vervelle étoit un anneau ou une plaque que l'on attachoit à la patte de l'oiseau de proie; elle portoit l'empreinte des armes du seigneur auquel il appartenoit, ou tout autre signe de reconnoissance. (Dict. de Trévoux.)

[106] Voyez l'article de madame de Chezelle et de madame Boiste, à la suite de celui-ci.

[107] Ce n'est pas à dire que ce M. de Brac demeurât dans la rue de Braque, ni qu'il lui ait donné son nom. Cette rue, qui est entre les rues Sainte-Avoie et du Chaume, est ainsi nommée d'Arnoul de Bracque, qui, en 1348, y fit construire un hôpital et une chapelle. (Voyez Jaillot, Recherches sur la ville de Paris, quartier Sainte-Avoie, tome 3, page 27.)

[108] Les Capucins du Marais, rue d'Orléans et du Perche. C'est aujourd'hui la paroisse Saint-François.

[109] On appeloit ainsi les rubans qui se nouoient sur les jarretières.

[110] Savignac, un gentilhomme de Limosin qui a six pieds de haut, et Villiers Courtin, ex-capitaine aux gardes. (T.)

[111] Cette pièce est intitulée: Décret d'un cœur infidèle, suivi de l'état et inventaire des meubles du cœur volage, et l'ordre de la distribution qui en fut faite. Elle se trouve dans le Recueil des pièces en prose les plus agréables de ce temps; Paris, Sercy, 1661, t. 4, p. 263-273. Cet ouvrage étant assez rare, nous citerons ici quelques vers de cette pièce singulière:

On adjugea ses devoirs à Sylvie,

A la jeune Cloris les devoirs de sa vie,

A Philis ses tourments,

A la divine Iris ses mécontentements;

Amarillis reçut ses premières tendresses,

La folâtre Cléon ses trompeuses promesses.

On livra ses sanglots à la belle Cypris,

A Calixte sa foi qu'on estimoit sans prix.

Amarante eut ses pleurs,

Léonice ses plaintes,

Climène ses douleurs,

Arpalice ses feintes;

A bon marché Camille eut ses tristes ennuis.

Olympe, malgré soi, ses plus mauvaises nuits.

Lysimène arrêta ses sensibles atteintes;

Mélite racheta ses transports et ses craintes;

Clorinte eut ses désirs;

Bellice obtint enfin ses amoureux plaisirs;

Madonte par trois fois réclama sa constance:

Comme on n'en trouva point, elle eut l'indifférence;

Ismène s'empara de son discours poli;

Artémis eut le choix du tiède ou de l'oubli, etc.

[112] Cette expression paroît signifier que le mari n'étoit plus à la conversation, et que ses réponses ne cadroient plus avec ce qu'on disoit.

[113] On lit benestier très-distinctement au manuscrit.

[114] C'étoit sur l'air d'une chanson: Hélas, mon cœur, mes amours, etc.

(T.)

[115] Il y a eu dans cette famille un marquis et une marquise de La Douze-Lastours qui sont morts sur l'échafaud. Corbinelli écrivoit de Toulouse à Bussy-Rabutin, le 25 septembre 1669: «Nous avons dans les prisons de cette ville un furieux exemple d'une belle passion. Le marquis de La Douze fut accusé, il y a quelque temps, d'avoir empoisonné sa femme pour épouser la fille du président Pichon de Bordeaux. Celle-ci, dit-on, conspira avec le marquis la mort de la femme à qui elle a succédé. Vous saurez que cette dame, voyant son mari arrêté, se déguisa en homme pour venir lui donner des conseils, et pour concerter avec lui les moyens de se défendre. Le malheur voulut pour elle qu'elle fût découverte et arrêtée, et ce même malheur a fait trouver des conjectures très-fortes qu'elle a trempé au meurtre de la première femme. On les doit juger demain tous deux. C'est un des plus fameux procès qu'on ait encore vus.» On lit dans les Lettres de Bussy, t. 3. p. 174, édition de 1706, une Relation de la mort du marquis de La Douze. Il sembleroit en résulter qu'il a été condamné pour avoir assassiné son beau-frère, tandis qu'il auroit soutenu l'avoir tué en duel. La dame La Douze fut aussi exécutée; on a imprimé dans les Mémoires historiques sur la Bastille, 1789, t. 1, p. 71, le testament de mort de cette dame. L'original en est sous nos yeux. C'est une pièce si touchante que nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en la joignant ici:

«Mon enfant, on vient de prononcer mon arrêt de mort, et je n'y trouve rien de fâcheux que la crainte que j'ai qu'en mourant tu ne meures aussi par contre-coup. La mort m'est agréable d'un côté, parce que j'y trouve l'occasion d'en faire un sacrifice à Dieu, et me laisse de la douleur de l'autre, d'autant que je suis obligée d'abandonner la moitié de moi-même. Je n'ai plus de parole qu'à te dire adieu de ma bouche, et suis bien malheureuse de ne pouvoir joindre la tienne. Baise ces derniers caractères, et ainsi tu baiseras la main qui t'écrit et le cœur qui te parle. Adieu pour jamais. De ma prison, le vendredi 27 septembre 1669.

«La Douze Lastours.»

Cette dernière effusion d'une mère mourante est si noble et si pure, que l'on aime à croire que celle qui a tracé ces lignes étoit innocente. L'insertion de cette note, dans les Mémoires de Tallemant, a principalement pour objet d'appeler les recherches des curieux sur ce procès du marquis et de la marquise de La Douze.

[116] Président des comptes. (T.)

[117] C'est comme le maire. (T.)

[118] Pour se moquer du conseil de ville, il appelle Reims, du nom d'un petit village qui est tout contre. (T.)

[119] Tous ces lieux ont des ponts sur la rivière de Vesle. (T.)

[120] Gouverneur de Rocroy. (T.)

[121] Receveur des contributions pour M. le prince. (T.)

[122] Patrons de Reims. (T.)

[123] Madeleine-Claire de Lenoncourt, demoiselle de Marolles, mariée en 1649, à Louis-François de Brancas, depuis duc de Villars, mourut en 1661.

[124] Elle logea un temps chez madame d'Aumont, la veuve; elle est d'Angennes. Cette fille étoit si fière qu'elle appeloit une femme de soixante-dix ans ma cousine. Enfin la bonne femme aima mieux l'appeler mademoiselle, afin qu'elle l'appelât madame. (T.)

[125] On lit La Boulaye dans le manuscrit. C'est une erreur de Tallemant. Il entend sans doute parler d'Amaury Goyon, marquis de La Houssaye, qui, en 1629, avoit épousé une fille du duc de Bouillon. Il n'a été fait aucune mention de la troisième femme du duc de Bouillon La Marck dans l'Histoire généalogique de France, du père Anselme.

[126] Madame de La Mazelure, sœur ou belle-sœur de M. de Beuvron.

(T.)

[127] Julienne-Hippolyte d'Estrées, sœur de Gabrielle d'Estrées. Les lettres qui conféraient le titre de duc à Georges de Brancas, son mari, sont de 1627, enregistrées au Parlement de Provence en 1628, et confirmées en 1651, à une époque où ces sortes de faveurs s'accordoient avec plus de facilité.

[128] Un jour elle entra quasi toute nue dans la chambre d'une dame qui l'étoit venue voir, et lui dit: «Je viens de faire le plus agréable songe du monde; j'ai songé que M. de Marolles étoit mort, et que j'étois accouchée d'un garçon. Ce sont les deux choses du monde que je souhaite le plus.» (T.)

[129] Nous avons déjà dit que tout le faubourg étoit sous la juridiction du bailli de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

[130] Cette Guedreville est femme d'un maître des requêtes nommé Tierseau: elle est laide, mais elle fait ce qu'elle peut pour plaire. Ç'a été une des premières qui s'est avisée d'aller à la chasse à cheval, mais d'une sotte manière, point galamment du tout. Elle se mêle de faire du burlesque, et sa grande ambition est d'avoir des galants. On conte que, faisant semblant d'aller à la campagne trouver son mari, elle renvoya, dès Palaiseau, le carrosse d'une de ses amies, disant: «Celui de M. de Guedreville me viendra prendre.» Après elle s'habilla en homme avec sa demoiselle, et prit la poste pour aller voir un galant qui étoit malade je ne sais où. Au bout de quelques jours elle revient à Palaiseau, et mande à son mari qu'il lui envoie un carrosse, et le va trouver. Mais cet exercice violent et peu accoutumé lui causa une bonne maladie. Je ne voudrois pas assurer que cela fût bien vrai; mais voici pourquoi cette histoire-là s'est contée. On a vu cette femme malade dans ce temps là, et on savoit qu'elle avoit dit que, pour être plus tôt à Paris, à la mort de sa mère, qui mourut un peu après, elle avoit pris la poste pour arriver plus promptement; d'ailleurs elle est assez étourdie pour tout croire d'elle. (T.)

[131] Petit-Marais, fils de de Bar, ci-devant l'abbé de Bar. (T.)

[132] Tallemant ne dit pas quelle fut la cause de la condamnation de Saint-Ange. Seroit-ce pour magie? Il auroit eu les honneurs du bûcher. Il y a apparence qu'il fut condamné comme voleur de grands chemins.

[133] Duret de Chevry, président à la chambre des comptes. (Voyez son article, t. 1, p. 261.)

[134] Ce que nous appelons aujourd'hui la Bourse.

[135] Ce costume d'agent de change du XVIIe siècle mérite bien d'être remarqué. Il est vrai que Basin étoit atteint de folie.

[136] Tapisserie-verdure: on l'appeloit ainsi parce que le vert y dominoit.

[137] En 1645. (T.)

[138] C'étoit de faux soldats, à l'aide desquels des capitaines fripons complétaient leurs compagnies les jours de revue. Une ordonnance de 1668 condamnoit les passe-volants à être marqués à la joue d'une fleur de lys.

[139] La fourchette, en terme de guerre, étoit un bâton terminé par un fer fourchu, sur lequel on appuyoit le mousquet pour mieux ajuster.

[140] Le père de l'auteur des Mémoires. Il en a laissé lui-même dont le manuscrit inédit fait partie des archives du ministère des affaires étrangères.

[141] Il y a ici une lacune dans le manuscrit. Il y manque une feuille formant quatre pages.

[142] Charles Drélincourt, célèbre ministre de la religion réformée, né à Sedan en 1595, mourut en 1669.

[143] Le commencement de cet article manque dans le manuscrit.

[144] Il en avoit eu seize de son mariage avec une demoiselle Bolduc.

[145] Isaïe.

[146] On appelle ainsi chez les protestants les candidats qui se disposent à être reçus ministres.

[147] Aujourd'hui premier valet-de-chambre du Roi, et galant de madame de Beauvais. On dit qu'il est gentilhomme; on en fait cas. (T.)—Chamarande est mêlé dans toutes les intrigues de la jeunesse de Louis XIV.

[148] Charles, marquis Du Bellay, qualifié prince d'Yvetot dans Morery.

[149] On a prétendu que la terre d'Ivetot (ou Yvetot) avoit été érigée en royaume par Clotaire Ier, ou plutôt que ce prince avoit affranchi le seigneur de cette terre de tout devoir et hommage de vassal envers la couronne de France. Cette origine est fabuleuse; mais il est certain que plusieurs de nos rois, jusqu'à Henri IV, ont reconnu que les seigneurs et les habitants du bourg d'Yvetot étoient libres de tous devoirs et redevances envers eux. (Voyez le Traité de la Noblesse de La Roque, Rouen, 1710, page 111, et une Dissertation de l'abbé de Vertot, insérée en 1714 dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et Belles-Lettres.)

[150] La droite. (T.)

[151] Il y a quelques années de cela, les maréchaux de camp n'étoient pas si peu de chose qu'ils sont présentement. (T.)

[152] Hélène de Rieux, mariée en 1622.

[153] La maison de Rieux est une des plus anciennes de Bretagne, et l'on assure qu'elle n'a point de bâtardise. La duchesse de Bourgogne, bisaïeule de Charles X, descendoit en ligne directe de César de Vendôme, bâtard de Henri IV. C'est ce qui faisoit dire à Louis XV que, par les Babou, aïeux maternels de Gabrielle d'Estrées, il descendoit d'un notaire de Bourges. Il est certain qu'il y a des chapitres d'Allemagne dans lesquels, à cause de cette tache, les Bourbons n'auroient peut-être pas été admis.

[154] Des Bohémiennes.

[155] Cette dame étoit vraisemblablement parente de madame de La Troche, amie de madame de Sévigné, qui, en plaisantant, l'appeloit Trochanire.

[156] Il donna une fois à un astrologue un mémoire de ce qu'il vouloit qu'il mît dans son horoscope. Il y avoit, entre autres choses, qu'il étoit enclin aux beaux procédés. (T.)

[157] Catherine de Clèves, comtesse d'Eu, veuve de Henri de Lorraine, duc de Guise, dit le Balafré, tué à Blois, en décembre 1588. Elle mourut en 1633, âgée de quatre-vingt-cinq ans.

[158] Charles-Quint disoit: «Les François paroissent fous et ne le sont pas; les Espagnols paroissent sages et sont fous; les Portugais paroissent fous et le sont.» (T.)

[159] Il a toujours eu cette fantaisie. Je crois qu'il a voyagé. (T.)

[160] Ç'a toujours été une extravagante, une abandonnée, et une peu belle créature, car elle est louche. Sa méchante conduite a ruiné la maison de son mari: elle avoit soixante ans quand ceci arriva. (T.)

[161] Ornement de tête. C'était une chaîne de diamans, ou un fil de perles, dont on serroit les cheveux. (Dict. de Trévoux.)

[162] Autre extravagante; mais qui cédoit de beaucoup à l'autre en extravagance, aussi bien qu'en qualité. La maîtresse de la maison étoit pour le moins aussi ridicule que le reste et aussi fardée. (T.)

[163] Marie de Médicis mourut à Cologne le 3 juillet 1642.

[164] A cause du nom de Got, il affecte ces noms de rois Gots. (T.)

[165] La comtesse de Châteauroux.

[166] C'est un chaud lancier. Son plus grand exploit, c'est d'avoir été du Carrousel. (T.)—L'auteur parle ici des fêtes qui eurent lieu en 1612, à la Place-Royale, à l'occasion du mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche.

[167] Cela me fait souvenir du grand-père de M. de Noailles d'aujourd'hui. N'ayant pas été fait chevalier de l'ordre, je ne sais pour quelle raison, quoiqu'il le pût prétendre, de dépit il se retira en sa maison, et là, après s'être fait faire tous les ornements nécessaires pour cela, il se fit donner l'ordre du Saint-Esprit par son curé; il le portoit tandis qu'il étoit à la campagne, et il le quittoit quand il venoit à la cour. (T.)

[168] Gott, en allemand, signifie Dieu.

[169] Danseuse célèbre.

[170] L'auteur indique vraisemblablement ici MM. de Guitaud, de Bourgogne.

[171] Sa commission de président des enquêtes. Il n'y avoit que les présidences à mortier qui fussent des charges.

[172] Henri de Clermont d'Amboise, baron de Bussy, fut tué en duel à la Place-Royale de Paris, le 12 mai 1627, par François de Rosmadec, comte Des Chapelles.

[173] Voyez ci-dessus, p. 143 de ce volume.

[174] En 1652. (T.)

[175] Mademoiselle Gergeau épousa La Milletière. Voyez plus haut, p. 148 de ce volume.

[176] Claude de Malleville, de l'Académie françoise. Il a été secrétaire de Bassompierre. On ne se souvient guère que de son sonnet de la Belle Matineuse, qui ne mérite pas sa renommée.

[177] Ce qu'on appelle aujourd'hui l'ami de la maison, le meilleur ami du mari.

[178] Marie de Médicis.

[179] Frérie, ou plutôt frairie, partie de bonne chère et de débauche. La Fontaine dit dans sa fable du Loup et de la Cigogne:

Les loups mangent gloutonnement,

Un loup donc étant de frairie,

Se pressa, dit-on, tellement,

Qu'il en pensa perdre la vie, etc.

[180] La licence du tableau que nous supprimons montre que Deslyons, théologal de Senlis, avoit de justes motifs de chercher à réprimer les désordres auxquels le Phébé donnoit lieu. (Voy. les Discours ecclésiastiques sur le paganisme des rois de la Fève et du Roi-boit; Paris, 1664, et les Traités singuliers et nouveaux contre le paganisme du Roi-boit; Paris, 1670.)

[181] Tallemant auroit dû dire di mille franchi. Il désigne par cette expression de mépris les gentilshommes que le cardinal Mazarin avoit à sa solde, qui lui servoient de gardes, et auxquels il payoit mille francs de gages.

[182] Jean-François de La Guiche, seigneur de Saint-Geran, maréchal de France en 1619, mourut le 2 décembre 1632.

[183] Le maréchal de Saint-Geran épousa, en premières noces, Anne de Tournon, dame de La Palice; il la perdit en 1614.

[184] Marie-Gabrielle de La Guiche épousa, en 1614, Gilbert baron de Chazeron, gouverneur du Bourbonnois.

[185] Remariée avec Timoléon d'Épinay, marquis de Saint-Luc et maréchal de France, au mois de juin 1627, elle mourut le 27 janvier 1632, après une maladie de sept années, dit le Père Anselme.

[186] Elle s'appeloit Suzanne Aux Espaules, dame de Sainte-Marie-du-Mont; elle étoit veuve de Jean, seigneur de Longaunay.

[187] Le comte de Saint-Geran, fils du maréchal, épousa Suzanne de Longaunay, en 1619.

[188] C'étoit en 1640. (T.)

[189] C'est la mère de la comtesse Du Lude; elle est morte jeune. Son mari étoit un homme de qualité d'Anjou. (T.)—Jacqueline de La Guiche épousa, en 1632, le marquis de Bouillé, comte de Créance; elle est morte au mois de janvier 1651.

[190] La comtesse nie cela, et dit seulement qu'on envoya quérir cette femme, comme la plus habile; qu'elle fut fort malade; mais qu'en accouchant il lui prit une faiblesse. (T.)

[191] La comtesse de Saint-Geran dit que Saint-Maixent et madame de Bouillé, étant tous deux mariés, s'étoient donné l'un à l'autre des promesses de mariage. (T.)

[192] La petite-vérole l'a fort gâté. Depuis, sa mère en a eu bien soin; le père est mort endetté, et on a donné son gouvernement de Bourbonnois: cet homme avoit quelquefois quarante pages; c'étoit peu de chose.

[193] Elle dit que si, et qu'on avoit promis vingt mille écus à la Du Puys, laquelle s'est sauvée, de peur d'être pendue. (T.)

[194] Il y a eu deux arrêts du Parlement, l'un du 18 août 1657, et l'autre du 5 juin 1666. La comtesse de Saint-Geran gagna son procès, et Bernard de La Guiche, comte de Saint-Geran, son fils, par arrêt, succéda aux noms et armes de sa maison.

[195] Cette Suite du chapitre des bons mots ne fait pas partie du manuscrit des Mémoires. Elle est tirée d'un autre manuscrit autographe de Tallemant qui appartient à M. Monmerqué. On a choisi les traits les plus remarquables, et les autres ont été négligés. Les saillies de madame Cornuel sont placées à la suite sous une rubrique particulière.

[196] Claude Duval de Coupanville, abbé de La Victoire. (Voyez son Historiette, t. 2, p. 330.)

[197] Voyez l'Historiette de Des Barreaux, t. 3, p. 134.

[198] Gaston de France, duc d'Orléans.

[199] D'autres ont attribué cette repartie à madame Cornuel.

[200] Pierre de Montmaur, professeur de grec au Collége de France, et fameux parasite. Il a été l'objet des satires et des plaisanteries de beaucoup de savants. (Voyez l'Histoire de P. de Montmaur; La Haye, 1715, 2 vol. in-8o.)

[201] Le coadjuteur.

[202] Voyez l'Historiette de cette femme spirituelle, t. 4, p. 72. Ces Reparties sont, comme nous l'avons dit déjà, extraites d'un manuscrit de Tallemant, autre que celui de ses Historiettes, manuscrit également écrit de sa main, mais dans les dernières pages duquel l'écriture est si altérée qu'on doit les croire de sa vieillesse la plus avancée, si même ce ne sont des additions d'un des siens Lui ayant survécu.

[203] Elle disoit aussi de ce M. de Sainte-Foi, que son nom étoit comme celui des Blancs-Manteaux qui sont habillés de noir. (Lettre de madame de Sévigné, du 8 septembre 1680.)

[204] Ménage doit s'entendre ici dans le sens d'économie.

[205] Dans le siècle suivant on a prêté ce mot à madame Geoffrin.

[206] Ce mot a été cité par madame de Sévigné dans la lettre à sa fille, du 7 octobre 1676. Elle place seulement la scène chez Berryer, qu'on assuroit avoir été sergent au Mans.

[207] Le père Brotier rapporte ce mot dans ses Paroles mémorables, p. 85.

[208] Elle étoit femme du lieutenant-général de police.

[209] C'étoit le couvent des filles repenties.

[210] Le comte de Santena se retira à la Trappe, à cette époque-là. (Voyez la lettre de madame de Coulanges à son mari, du 23 juillet 1691, et la Relation de la vie et de la mort du comte de Santena, nommé frère Palémon; Bruxelles, F. Foppens, 1696.)

[211] M. de Fieubet, conseiller d'État, se retira en 1691 aux Camaldules de Gros-Bois, où il mourut en 1694. (Voyez la lettre de madame de Coulanges à madame de Sévigné, du 3 octobre 1694.)

[212] Ce mot fait souvenir de celui de madame de Sévigné à l'occasion des disputes sur la grâce. «Épaississez-moi un peu la religion qui s'évapore toute à force d'être subtilisée.» (Mémoires de Saint-Simon, t. 1, p. 466, édition de 1829.)

[213] Gagnée par le maréchal de Luxembourg, le 3 août 1692.

[214] Ce mot est rapporté par Corbinelli dans le Post-scriptum de la lettre de madame de Sévigné à sa fille, du 17 avril 1676.

[215] C'étoit en 1685, lorsque le chevalier de Chaumont fut envoyé à Siam avec l'abbé de Choisy. (Voyez le Journal du Voyage de Siam, par Choisy; Paris, 1687, in-12.)

[216] Tallemant a francisé le nom de Pallavicini, qui est celui d'une grande maison d'Italie.

[217] Jean-Antoine de Pardaillan de Gondrin. Il avoit épousé sa cousine, Anne-Marie de Saint-Lary, demeurée seule héritière de sa maison, aux noms et armes de laquelle Pardaillan fut substitué.

[218] Ce Termes est un franc Gascon; premièrement il a fait la fausse monnoie à une maison appelée La Motte-Bastille, proche de Choisy-Bellegarde. (T.)

[219] Tourpes est cadet d'Estrées, et Thémines est fils de la maréchale de ce nom. (T.)—Le marquis de Tourpes étoit Jean, comte d'Estrées, qui devint maréchal et vice-amiral de France.

[220] On a vu (t. 4, p. 186) dans l'Historiette de Souscarrière, dit chevalier de Bellegarde, et marquis de Montbrun, que cet intrigant fut reconnu pour être le fils naturel du duc de Bellegarde, et de Michelle ou Léonarde Aubin, ou Aubert. On ne sait pas le nom de la pâtissière, véritable mère du personnage; mais il sembleroit que, pour ne pas la compromettre vis-à-vis de son mari, on auroit non-seulement donné un père à Souscarrière, mais encore une mère, et que cette mère auroit été madame Aubert, celle-là même avec laquelle le duc avoit des relations depuis long-temps. Ce sont des roueries dignes de la Régence.

[221] Ce fait se passa le 10 août 1579. (Journal de Henri III, tome 45, p. 191 de la première série de la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France.) L'Étoile ne dit pas que la femme de Montsoreau ait aussi été tuée par son mari.

[222] Il s'agit ici d'un relais de chiens de chasse. Donner le relais, c'est lâcher les chiens; ce n'étoit rien moins que de faire courir la meute sur ces pauvres marchands.

[223] Des femmes qui fraudoient les gabelles, qui faisoient la contrebande du sel.

[224] Ce nom est incertain, il faut peut-être lire de Chambas; dans le doute, nous avons écrit ce nom comme il l'est dans la note du Journal de Henri III, au lieu déjà cité.

[225] Le château de Coulommiers, dont il n'existe plus rien, appartenoit au duc de Longueville. Madame de Lafayette a placé dans ce château plusieurs des scènes de son roman de la Princesse de Clèves.

[226] On faisoit un conte de lui quand on marqua les sous avec une fleur de lys pour les faire valoir cinq liards; il dit à une fille: «Eh bien! je vaux cinq sous à cette heure, quoique je ne m'appelle que Quatresous.—Oui, dit-elle; mais il faut auparavant vous donner la fleur de lys.» (T.)

[227] Louise-Marie de Gonzague, qui fut depuis reine de Pologne.

[228] Nicolas L'Hoste, secrétaire de Villeroy, qui, en 1604, disparut en emportant des dépêches. (Voyez les Œconomies royales de Sully, t. 5 de la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France, p. 156.)

[229] Isaac Arnauld, seigneur de Corbeville et de La Roche, fut fait intendant des finances en 1605. (Voyez les Mémoires d'Arnauld d'Andilly, dans la deuxième série de la Collection des Mémoires, tome 33, p. 320. Tallemant en a dit un mot plus haut, t. 2, p. 306.)

[230] C'est-à-dire que la voix de La Baroire amena un partage d'opinions, dans le sens opposé à celle du rapporteur. L'affaire étoit, ce cas échéant, présentée à une autre chambre, où le rapporteur soutenoit son avis, tandis que l'avis contraire y étoit défendu par le compartiteur.

[231] Pierre de Broussel, conseiller au Parlement, l'un des plus grands Frondeurs. L'arrestation de Broussel fut la cause des barricades de 1648.

[232] Pierre Van Mol, né à Anvers en 1580, mourut à Paris en 1650. C'est un élève de Rubens.

[233] Pierre Perrin, plus connu sous le nom de l'abbé Perrin, est un de ces mauvais poètes dont Boileau s'est tant moqué; son nom vivra cependant, car il a été le père de l'opéra en France. Il mourut en 1680. On ignoroit, jusqu'à présent, qu'il se fût marié.

[234] Sa maison fut pillée, mais on parvint à la préserver de l'incendie. (Histoire de Louis XIII, par Le Vassor, t. 5, p. 755, édition in-4o; Amsterdam, 1757.)

[235] Un édit rendoit les habitants des paroisses solidaires des paiements de la taille. Le peuple se révolta, et les rebelles prirent le nom de Nu-pieds, pour marquer l'excès de leur misère. Un placard affiché dans la Basse-Normandie appela le peuple aux armes, pour la défense et la franchise de la patrie oppressée des partisans et gabeleurs. Le Parlement de Rouen, soupçonné d'être favorable aux révoltés, fut interdit, et remplacé par une commission présidée par le chancelier Séguier. Une extrême dureté rétablit l'ordre. (Histoire du règne de Louis XIII, par le père Griffet; Paris, 1758, in-4o, tom. 3, p. 248 et suivantes.)

[236] De 1648. (T.)

[237] Ce nom est écrit Ectot, dans le père Anselme. On y voit (t. 5, p. 152) que ce titre étoit celui de Timoléon de Harcourt, second fils du marquis de Beuvron. La terre d'Ectot avoit été apportée dans cette maison par Renée d'Épinay Saint-Luc, fille du maréchal de Saint-Luc.

[238] Ils sont de la maison de Harcourt, une bonne maison de Normandie. (T.)

[239] Anne de Harcourt, morte sans alliance.

[240] Jean-Louis-François de Ris, seigneur de Charleval. On a de lui des poésies agréables éparses dans les Recueils du temps; elles ont été réunies par Saint-Marc, en 1759.

[241] En 1650. (T.)

[242] Il s'étoit battu contre La Feuillade, et l'avoit désarmé. (T.)

[243] Lâches, poltrons. (Dict. de Trévoux.)

[244] Bernard Potier, seigneur de Blérancourt, lieutenant-général de la cavalerie légère de France, marié à Charlotte de Vieux-Pont, dame d'Annebaut, morte en 1646.

[245] René Potier, duc de Tresmes.

[246] Pierre Bergeron, né à Paris.

[247] François Pyrard, voyageur françois. Il publia, en 1611, son Discours du Voyage des François aux Indes orientales, etc., un volume in-8o, dédié à la Reine régente.

[248] Cette édition, beaucoup plus ample, parut en 1615, en deux volumes in-8o.

[249] Vincent Le Blanc naquit à Marseille vers 1553. Il a voyagé pendant quarante-huit ans, et n'a rien publié de son vivant.

[250] Jean de Bethencourt, qui agissoit pour Robert de Braquemont, son beau-frère, découvrit, vers 1402, Lancerote, Fer et Fortavanture, qui font partie des Canaries. Il paroît que Bethencourt tint ces îles en fief de la couronne de Castille. C'est un point fort obscur qui n'a pas été éclairci par l'Histoire de la conquête des Canaries, publiée en 1630 par Galion de Bethencourt. (Voyez les Recherches sur les Voyages et les Découvertes des navigateurs normands, par M. Estancelin; Paris, 1832, p. 17 et 157.)

[251] Blérancourt est situé auprès de Noyon. (Voyez plus haut, tom. 4, p. 55.) Ce beau château a été gravé par Israel Silvestre.

[252] La selle à piquer est une selle propre au manége, dont les battes de devant et de derrière sont plus élevées, afin de tenir le cavalier plus ferme. (Dict. de Trévoux.)

[253] Le Pont-au-Double, derrière l'Hôtel-Dieu de Paris.

[254] Un hamac.

[255] Habert de Montmort.

[256] On lit au manuscrit la variante suivante: «Cousturier, avocat, banquier en cour de Rome, est un corsaire, mais parce qu'il a de la réputation, beaucoup de gens vont à lui; il ne dépense pas trois doubles; il a un million de bien, et il n'a point d'enfants. Il dit qu'il veut avoir la gloire de laisser deux millions, et tous les ans il constitue vingt-cinq mille écus.»

[257] Ce bel hôtel, qui est devenu une brasserie, porte encore le nom de Bretonvilliers. On sait que l'île Saint-Louis s'appeloit alors île Notre-Dame, parce que très-anciennement elle avoit appartenu aux évêques de Paris.

[258] Claude-Jean-Baptiste Lambert de Thorigny, président à la chambre des comptes.

[259] On appelle encore cette maison l'hôtel Lambert. La galerie et les appartements ont été peints par Le Sueur et par Le Brun, qui y ont rivalisé de talent. Beaucoup de chefs-d'œuvre qui l'embellissoient en ont été enlevés, et font aujourd'hui partie de la collection de France. (Voyez la description de cet hôtel dans les Antiquités de Paris de Sauval, t. 2, p. 222.)

[260] On a dit que Boulanger, fils de Boulanger Paranture, y vouloit aussi penser. (T.)

[261] Pierre d'Hozier, né à Marseille en 1592, mort à Paris en 1660.

[262] Voyez l'Historiette de Le Pailleur, au t. 3, p. 237.

[263] Ce ne sont pas les noms. Je les ai oubliés. (T.)

[264] Louis XIII.

[265] Pierre d'Hozier et ses successeurs sont cependant regardés comme des généalogistes consciencieux et sévères. Chérin a marché sur leurs traces; mais depuis La Chesnaye des Bois, que de gens complaisants se sont livrés à l'art héraldique!

[266] Tillières, beau-frère du maréchal de Bassompierre. (T.)

[267] Sarrasin, dans le Dulot vaincu, ou la Défaite des bouts-rimés, suppose, poétiquement, qu'il étoit fils de Le Herty, fou célèbre des Petites-Maisons, chanté par Colletet dans une de ses épigrammes. Voici le passage de Sarrasin:

Quand l'illustre Herty fut privé de la vie,

Dulot, son fils, pressé d'une plus noble envie

Que de veiller oisif proche de ses tisons,

Et borner son empire aux Petites-Maisons,

Tenta de renverser, par ses vers frénétiques,

Le trône glorieux des poèmes antiques, etc.

Voici l'épigramme de Colletet, que nous citons comme l'une des meilleures de son Recueil:

Pour L'Herty, fou sérieux des Petites-Maisons.

J'ai connu de grands personnages,

Je me suis trouvé chez les sages,

Où la philosophie abondoit en raisons;

Mais, ou je sens l'effet de ma raison blessée,

Ou la grande sagesse a quitté le Lycée,

Pour ne plus habiter qu'aux Petites-Maisons.

(Épigrammes de Colletet; Paris, 1653, p. 213.)

[268] Ce cantique est perdu. Il ne paroît pas avoir été imprimé.

[269] Sarrasin fait allusion au costume de Dulot, dans ces vers du second chant:

Soutane avance après: elle est noire, mais belle;

C'est du fameux Dulot la compagne fidelle, etc.

[270] Fosseuse prétend l'être. (T.)

[271] Le pauvre Dulot seroit oublié depuis long-temps, si Sarrasin n'avoit pas composé le Dulot vaincu. (Voyez la note du t. 4, p. 181.)

[272] Ce nom breton devroit s'écrire Kerver.

[273] François Le Coigneux de Bachaumont, conseiller-clerc au Parlement de Paris. Homme d'esprit, il a baptisé la Fronde, en comparant le Parlement aux écoliers qui, s'amusant à fronder dans les fossés de Paris, se séparent dès qu'ils aperçoivent le lieutenant-civil, et se réunissent de nouveau quand il est hors de vue. Bachaumont a eu part au joli Voyage publié sous le nom de Chapelle et le sien.

[274] Il devint fou après et fut amoureux de la Reine. (T.)

[275] On appeloit cadeau un repas qu'on donnoit hors de chez soi, et particulièrement à des dames. (Dict. de Trévoux.) Ce mot vieillissoit déjà, et cependant le Dictionnaire de l'Académie, édition de 1779, le donne encore dans le même sens.

[276] Quand D. Thadée mourut ici, on le montra sur son lit de parade. Le peuple disoit: «Allons voir le prince Perfat.—Voire, disoient les plus habiles, c'est le prince Profez.» (T.)—Thadée Barberin, prince de Palestine, préfet de Rome, mourut à Paris le 24 novembre 1647.

[277] Colletet fils a adressé à Kerver des couplets bachiques qui commencent ainsi:

Ça, cher ami Kerver,

Reprenons la bouteille, etc.

(Voyez les Poésies gaillardes, galantes et amoureuses de ce temps, in-12, sans date, p. 211.)

[278] Godefroi, comte d'Estrades, qui s'est rendu célèbre par ses négociations, fut fait maréchal de France en 1675.

[279] François d'Estrades fut nommé, en 1620, gouverneur du comte de Moret; il le fut ensuite du prince de Vendôme et de MM. de Nemours et d'Aumale.

[280] Cousine-germaine de Tallemant. (Voyez plus haut son article, page 39.)

[281] Madame d'Aiguillon y étoit allée comme parente; elle y avoit mené mademoiselle de Rambouillet, et Angélique étoit parente du marié. (T.)

[282] Le comte d'Estrades épousa, en 1637, Marie de Lallier Du Pin.

[283] Voyez l'Historiette de Des Yveteaux, t. 1, p. 214.

[284] Josias, comte de Rantzaw, maréchal de France, gouverneur de Dunkerque, etc., mourut à Paris, le 4 septembre 1650.

[285] Tallemant a écrit bien distinctement Montesquiou. Il tombe dans une erreur qui doit être rectifiée. La mère du maréchal d'Estrades étoit Suzanne de Secondat, de la famille qui a produit Montesquieu. Le père de Suzanne étoit Jean de Secondat, seigneur de Rocques, conseiller du Roi, trésorier de France, et général de ses finances en Guyenne, trisaïeul de l'auteur de l'Esprit des Lois. (Voyez le P. Anselme, t. 7, p. 600.) La terre de Montesquieu fut acquise par Jean de Secondat, maître-d'hôtel de Jeanne d'Albret, reine de Navarre, moyennant onze mille livres dont cette princesse lui avoit fait don. Henri IV l'érigea en baronie, en faveur de Jacob, fils de Jean, gentilhomme ordinaire de sa chambre.

[286] Antoine-Agésilan de Grossoles, marquis de Flamarens, tué au combat de Saint-Antoine, au mois de juillet 1652. Il avoit épousé Françoise Le Hardy de La Trousse, cousine-germaine de madame de Sévigné.

[287] Chapelain avoit été gouverneur du marquis de La Trousse.

[288] Charles de Montchal. On a de lui des Mémoires publiés en 1718.

[289] Un M. Robert, homme accommodé, en avoit fait de même et encore pis; car, outre tout cela, ses enfants et ses valets mangeoient tous en une même table, et chacun avoit sa portion congrue. (T.)

[290] Moustaches, cheveux qu'on laissoit croître. «Les femmes avoient des moustaches bouclées qui leur pendoient le long des joues jusque sur le sein. On faisoit la guerre aux servantes et aux bourgeoises, quand elles portoient des moustaches comme des demoiselles.» (Dict. de Trévoux.)

[291] On disoit alors lacunes, mais depuis long-temps on dit lagunes.

[292] Le manuscrit de Tallemant offre ici une variante que l'auteur a supprimée: «Saugeon, gentilhomme saintongeois, étoit amoureux et aimé de la sœur d'un de ses voisins avec qui il n'étoit pas bien. Un jour que Saugeon venoit de parler à sa maîtresse, le frère arrive, et sut ce qui s'étoit passé. En colère, il oblige sa sœur à monter en croupe derrière lui, en lui disant qu'il vouloit qu'elle vît châtier son amant en sa présence. Il eut bientôt attrapé Saugeon qui ne savoit pas qu'on courût après lui. Il lui crie de se défendre; Saugeon refuse de se battre; l'autre le presse; il fallut mettre l'épée à la main; il ne pouvoit se sauver, car il n'avoit qu'un bidet, et l'autre étoit monté à l'avantage. Ils se battent; le pauvre Saugeon lui porte un si grand coup qu'il le perce et tue sa maîtresse qui étoit derrière lui. Depuis cela il n'a ri jour de sa vie. Il se maria pourtant quelques années après.»

[293] Cette religieuse étoit madame de Gadagne, supérieure du couvent des Carmélites de Saint-Denis. (Voyez l'Historiette de La Leu, précédemment, p. 48.)

[294] Le petit Grammont étoit frère d'un président au Parlement de Toulouse. Il étoit attaché à la maison de Gaston, duc d'Orléans. (Voyez l'Historiette du petit Grammont, tome 4 de ces Mémoires, p. 363.)

[295] Il y avoit une maison. (T.)

[296] C'est Conrart qui qualifia ainsi Antoine Rambouillet de La Sablière. «Il faisoit, dit Richelet, de si jolis madrigaux, que M. Conrart lui donna, en qualité de secrétaire des Muses, des lettres de grand madrigalier françois.» (Voyez les plus belles Lettres françoises sur toutes sortes de sujets, tirées des meilleurs auteurs, par P. Richelet; Amsterdam, 1737, t. 1, note de la p. 4.)

[297] Cette dame dit quelquefois de bonnes choses: elle alla dire à madame de Longueville que, depuis la bataille de Lépante, il ne s'étoit rien fait de si beau que la bataille de Rocroi. (T.)

[298] Charles Cotin, aumônier du Roi, membre de l'Académie françoise, mort en 1682. Il est beaucoup plus connu par les satires de Boileau que par ses ouvrages, recherchés seulement par quelques curieux.

[299] Paul Scarron, né à Paris vers 1610, mort à Paris en 1660.

[300] Factum, ou Requête, ou tout ce qu'il vous plaira, par Paul Scarron, doyen des malades de France, etc., dans les Œuvres de Scarron; Paris, Bastien, 1786, t. 1, p. 119.

[301] Françoise de Plaix, seconde femme du père de Scarron.

[302] On donne ordinairement une autre cause à la maladie de Scarron. On a dit qu'à la suite d'une mascarade, au Mans, où il étoit chanoine, Scarron, poursuivi par la populace, se jeta dans les eaux glacées de la Sarthe, et qu'il y fut atteint d'une paralysie, dont il n'a jamais guéri. Dans l'Histoire de Scarron et de ses ouvrages, qui est en tête des Œuvres, il est dit qu'une lymphe âcre se jeta sur ses nerfs, et se joua de tout le savoir des médecins. (Voyez les Mémoires de madame de Maintenon, par La Beaumelle; Amsterdam, 1755, t. 1, p. 131.)

[303] Par amitié, tout gueux qu'il étoit, il avoit assisté Céleste de Palaiseau, fille de qualité qui perdit son procès contre Roger, qui lui avoit fait un enfant; il la logea jusqu'à ce qu'elle se fût retirée dans un couvent. (T.)—Segrais dit que Scarron avoit aimé cette demoiselle; elle s'étoit retirée dans le couvent de la Conception, où elle avoit placé les quarante mille livres à elle donnés par le gentilhomme qui l'avoit trompée. Ce couvent fit banqueroute, et Scarron retira chez lui mademoiselle de Palaiseau. (Mémoires anecdotes de Segrais, p. 148, édition de 1723.)

[304] L'abbé Girault étoit le valet-de-chambre et le factotum de Ménage. (Mémoires anecdotes de Segrais, p. 149; Lettre de madame de Sévigné à Ménage, du 1er octobre 1654, et plus haut, t. 4, p. 137 de ces Mémoires.)

[305] La demoiselle de compagnie de madame de La Vergne, mère de madame de Lafayette. Cette dame avoit épousé, en secondes noces, au mois de janvier 1651, le chevalier de Sévigné, oncle du mari de Marie de Rabutin-Chantal. (Muse historique de Loret, t. 2, p. 2.)

[306] Constans d'Aubigné, baron de Surimeau, en Poitou. Il se maria à La Rochelle sans le consentement de son père, au mois de septembre 1608, avec Anne Marchant, veuve de Jean Couraut, baron de Chatelaillon.

[307] D'Aubigné dit, dans ses Mémoires: «Ce misérable........ s'étant d'abord adonné au jeu et à l'ivrognerie à Sedan, où je l'avois envoyé aux Académies, et s'étant ensuite dégoûté de l'étude, acheva de se perdre entièrement dans les musicos d'Hollande, parmi les filles de joie. Ensuite, revenu qu'il fut en France, il se maria sans mon consentement à une malheureuse qu'il a depuis tuée.» (Mémoires de Théodore Agrippa d'Aubigné; Amsterdam, 1731, p. 212.)

[308] Françoise d'Aubigné, femme de Scarron, qui étoit destinée à jouer un si grand rôle sous le nom de Maintenon, naquit dans la prison de Niort, le 27 novembre 1635. Son père s'étoit remarié au mois de décembre 1627, avec Jeanne de Cardillac, fille du gouverneur du château Trompette. Les actes des deux mariages de Constans d'Aubigné, et l'acte de naissance de Françoise d'Aubigné ont été publiés à la suite des Mémoires de Maintenon, édition d'Amsterdam, 1756.

[309] Ce passage se trouve dans l'Épître dédicatoire du Recueil des Œuvres de Scarron, publié en 1645, in-4o. (Cette pièce a été réimprimée dans l'édition Bastien, t. 1, p. 149.) Louis Nublé, avocat distingué, étoit d'Amboise; il mourut à Paris en 1686. Voyez la note sur Nublé, t. 5 de ces Mémoires, p. 56.

[310] C'est-à-dire après l'avoir vue.

[311] On voit par là que l'auteur de l'Histoire de Scarron et de ses ouvrages, réimprimée en tête de l'édition Bastien, a été mal informé quand il a dit que Nublé devint acquéreur de la métairie de Scarron à un prix supérieur à l'estimation. L'action de Nublé n'en est pas moins belle, mais les parents de Scarron en empêchèrent l'effet, en exerçant le droit que leur donnoient les coutumes.

[312] Le brasier étoit un vaisseau de métal, large et plat, dans lequel on mettoit de la braise allumée. (Dict. de Trévoux.)

[313] Ce fait est inexact, outre qu'il seroit invraisemblable. Françoise d'Aubigné n'avoit que son frère pour parent de son nom.

[314] Fouquet, dit La Beaumelle, donna, en 1653, une pension de seize cents livres à Scarron, qui en a remercié son bienfaiteur dans des vers plus délicats qu'à lui semble n'appartenir.

Muses, ne pleurez plus l'absence du Mécène

Qui vous rendoit si doux les rivages de Seine.

Fouquet est revenu. . . . . . . . .

Notre changeante cour, seule arbitre des modes,

Traita les beaux esprits de pédants, d'incommodes,

Les beaux vers de chansons, les rimeurs d'artisans,

Et votre art méprisé n'ont plus de partisans.

Mais fûtes-vous jamais de Fouquet méprisées?

Entre ceux qui vous ont toujours favorisées,

Qui de fréquents bienfaits vous comble comme lui?

Il est de vos enfants l'espérance et l'appui;

Et quand ces malheureux, pressés de l'indigence,

Offrent leur marchandise à sa magnificence,

En la même monnoie il pourroit la payer,

Leur rendant vers pour vers et papier pour papier;

Car habile en votre art comme aux grandes affaires,

Il sait de votre mont les plus secrets mystères.

Mais qui de notre France exerce la bonté

Avec plus de largesse et moins de vanité?

Et ce n'est pas sans choix qu'il répand ce qu'il donne,

Il sait par le mérite estimer la personne;

Et peu dans le haut rang où sa vertu l'a mis,

Ont mieux que lui su faire et choisir des amis.

(Vers sur le retour de M. Fouquet, Œuvres, t. 7, p. 125.)

[315] Nous avons cherché inutilement ces Gazettes burlesques dans les Œuvres de Scarron. Madame de La Fayette s'est mariée en 1655.

[316] Nous ne savons pas quel ouvrage Scarron dédia à l'abbé de Retz dans les termes rapportés par Tallemant; mais l'épître dédicatoire du Roman-comique commence ainsi: A coadjuteur, c'est tout dire. Oui, monseigneur, votre nom seul porte avec soi tous les titres et tous les éloges que l'on peut donner aux personnes les plus illustres de notre siècle, etc.

[317] Tallemant confirme le récit de madame de Caylus: «Elle (madame de Scarron) passoit ses carêmes à manger un hareng au bout de la table, et se retiroit aussitôt dans sa chambre, parce qu'elle avoit compris qu'une conduite moins exacte et moins austère, à l'âge où elle étoit, feroit que la licence de cette jeunesse n'auroit plus de frein, et deviendroit préjudiciable à sa réputation.» (Souvenirs de madame de Caylus, dans la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France, deuxième série, t. 66, p. 365.)

[318] Tous les biographes placent la mort de Scarron au 14 octobre 1660; cette époque est douteuse. Segrais dit: «Scarron mourut au mois de juin 1660, pendant que j'étois au voyage du Roi pour son mariage, et je n'en avois rien su. La première chose que je fis à mon retour, ce fut de l'aller voir; mais quand j'arrivai devant sa porte, je vis qu'on emportoit de chez lui la chaise sur laquelle il étoit toujours assis, que l'on venoit de vendre à son inventaire.» (Mémoires anecdotes de Segrais, p. 150, édition de 1723.)

[319] On ne connoissoit pas cette circonstance. Cette dame Franquetot devoit être l'aïeule, ou la grand'tante de François de Franquetot, créé duc de Coigny en 1747.

[320] C'est-à-dire au couvent des Hospitalières, dans le cul-de-sac de ce nom, près de la Place-Royale.

[321] Tallemant commet ici une erreur. Il attribue à la maréchale d'Aumont des services qui furent rendus à madame Scarron par la maréchale d'Albret.

[322] Cette pension n'étoit que de deux mille livres.

[323] Georges de Scudéry, né au Havre vers 1601, mort à Paris le 14 mai 1667.

[324] Madelaine de Scudéry, née au Havre en 1607, morte à Paris en 1671.

[325] André de Brancas, seigneur de Villars, gouverneur du Havre, fut fait amiral par Henri IV, contre lequel il avoit défendu Rouen, en 1592.

[326] Ainsi Tallemant écrivoit ceci en 1658.

[327] Ligdamon et Lidias, ou la Ressemblance, tragi-comédie tirée de l'Astrée; Paris, 1631, in-8o.

[328] Le Trompeur puni, ou l'Histoire septentrionale, tragi-comédie, tirée de l'Astrée et de Polexandre; Paris, 1638, in-8o.

[329] Arminius, ou les Frères ennemis, tragi-comédie, Paris, 1643, in-4o.

[330] Philippe de Cospéan, évêque de Lizieux. (Voyez son article, t. 2, p. 338.)

[331] Jean Marot, père de Clément.

[332] Ce passage est difficile à concilier avec ce que dit Conrart. «Georges de Scudéry, gouverneur de Notre-Dame-de-la-Garde, et capitaine d'un vaisseau françois entretenu, s'est rendu célèbre par toute la France, etc.» Mémoires de Conrart, tom. 48, p. 254, de la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France.

[333] Christine de Suède.

[334] Elle s'appeloit Marie-Françoise de Martin-Vast. On a d'elle une correspondance avec Bussy-Rabutin, qui sembleroit devoir la faire juger avec plus d'indulgence que Tallemant ne le fait ici. Beauchamps, dans ses Recherches sur les Théâtres de France (Paris, 1735, t. 2, p. 105), parle favorablement de madame de Scudéry; il cite l'autorité de Segrais, mais il est douteux que ce dernier en ait parlé. Ce qu'il dit, p. 49 de ses Mémoires anecdotes, paroît devoir s'appliquer à mademoiselle de Scudéry, sœur de notre matamore de comédie.

[335] Nicolas de Bauquemare, seigneur de Bourdeny, étoit président aux requêtes du Palais à Paris. Il avoit épousé Élisabeth Servien, sœur aînée d'Antoinette Servien, duchesse de Saint-Aignan. (Voyez Morery, article Servien.)

[336] Comme Tallemant auroit appelé un âne, un mâche-chardons.

[337] L'Annibal, ou le Grand Annibal de Scudéry, ne paroît pas avoir été imprimé. Beauchamps a compris dans l'indication des pièces de théâtre de cet auteur: Annibal, tragédie, 1631. Le duc de La Vallière dit qu'on attribue à Scudéry une pièce sous ce titre. Ici se présente une difficulté assez grave. Scudéry est mort en 1667, l'année même de la représentation de l'Attila de P. Corneille; si l'anecdote est véritable, il faut qu'Annibal ait été joué en 1667, presque en même temps qu'Attila. Il ne faut pas s'arrêter du tout à la date donnée par Beauchamps.

[338] Au moment où Tallemant écrivoit, les ouvrages de madame de La Fayette n'existoient point; Zaïde et la Princesse de Clèves ne parurent, sous le nom de Segrais, que quelques années plus tard.

[339] Marie Du Puget de Montauron, femme de Gedéon Tallemant, maître des requêtes. (Voyez l'article de Montauron, père de madame Tallemant, t. 5, p. 18 de ces Mémoires.)

[340] Mademoiselle de Scudéry étoit fort laide et très-noire.

[341] Né dans la pourpre. (T.)

[342] François Tallemant, abbé du Val-Chrestien, frère de l'auteur. (Voyez plus haut son article, p. 65.)

[343] Il existe encore un échantillon de ces ridicules Chroniques. On trouve dans les manuscrits de Conrart, conservés à la bibliothèque de l'Arsenal, no 151, in-4o, la Journée des madrigaux, Fragment tiré des Chroniques du Samedi. La Monnoie déploroit la perte de cette pièce dans une note du Ménagiana (t. 2, p. 331 de l'édition de 1715). Il l'auroit moins regrettée s'il avoit pu lire cette fade Chronique.

[344] Le Recueil de ces portraits a été imprimé en petit nombre en 1659, et réimprimé par Sercy en 1662. On en a réuni les plus saillants dans le septième volume de l'édition des Mémoires de mademoiselle de Montpensier. (Londres, 1746, petit in-12.)

[345] En volant, en courant après; expression tirée de la chasse au vol.

[346] Marie-Éléonore de Rohan, abbesse de la Trinité de Caen, puis de Malnoue, sœur de la célèbre duchesse de Chevreuse.

[347] Le mariage du prince de Conti avec Anne-Marie Martinozzi, nièce du cardinal Mazarin. Ce mariage eut lieu au mois de février 1654.

[348] La préface des Œuvres de Sarrazin; Courbé, 1656.

[349] Sarrazin étoit aussi appelé Polyandre, dans la société de mademoiselle de Scudéry.

[350] Suzanne de Bruc, femme de Jacques de Rougé, seigneur Du Plessis-Bellière. Elle a été enveloppée dans la disgrâce du surintendant Fouquet. L'un des éditeurs a publié une lettre de cette dame dans une note des Mémoires de Conrart. (Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France, 2e série, t. 48, p. 259.)

[351] On l'appelle aussi la rue des Cocus. (T.)—Tallemant auroit dû nous dire le motif de cette burlesque dénomination.

[352] Pellisson, c'est Herminius. (T.)—On le désignoit aussi sous le nom d'Acante. (Voyez sur ces noms de roman la note de la p. 425 du tome 2.)

[353] Cette demoiselle Robineau étoit l'objet des attentions de Chapelain. Dans une lettre adressée à mademoiselle de Scudéry, le 14 juillet 1641, dont l'original appartient à M. Monmerqué, Chapelain parle avec un sentiment de jalousie de l'amitié de mademoiselle Robineau pour madame Arragonnais.

«Je ne vais jamais pour lui rendre mes devoirs, écrivoit-il, que je ne la trouve, ou aux champs en sa compagnie, ou sortie avec elle pour la promenade, ou pour quelque dévotion. Cela vous fera connoître, en passant, mademoiselle, qu'il n'y a pas grande intelligence entre nous, et que si, par hasard, il y avoit de l'affection, ce seroit tout d'un côté et rien de l'autre.» Dans une lettre du 25 avril 1653, dont la copie, de la main de Conrart, existe dans le manuscrit de l'Arsenal, no 1517, page 43, mademoiselle de Scudéry fait à Chapelain des reproches de ce qu'il a remercié mademoiselle Robineau d'oiseaux de paradis, dont il avoit l'obligation à madame Arragonnais. Cette dernière se nommoit Marie Le Gendre, et son mari Antoine. Leur fille Marie Arragonnais épousa Michel d'Aligre, conseiller au Parlement, fils d'Etienne d'Aligre, chancelier de France. La mère s'appeloit, dans cette société, la princesse Philoxène, et la fille Télamire.

[354] Jacqueline d'Arpajon, religieuse carmélite au couvent de la rue Saint-Jacques, à Paris.

[355] Tallemant désigne, par cette expression, la satire de Furetière, intitulée: Nouvelle allégorique, ou Histoire des derniers troubles arrivés au royaume d'Éloquence; Paris, 1658, in-8o. Le fond de cette allégorie est la guerre déclarée par Galimatias, assisté de Phébus, son fils aîné, à la reine Éloquence.

[356] Voici le passage qui contraria tant mademoiselle de Scudéry: «Mais surtout il y vint Sapho, illustre pucelle du Marais, aussi fameuse que celle d'Orléans pour le moins. Elle étoit des plus confidentes de la Reine, et celle qui recevoit le plus de ses faveurs. Son seul défaut étoit de se servir d'une demoiselle suivante fort poltronne, appelée Modestie, qui ne lui inspiroit que des conseils timides, ce qui l'empêchoit souvent de se produire. Elle lui étoit même infidèle, car elle lui déroboit tout ce qu'elle pouvoit de sa réputation. Mais enfin tant d'honnêtes gens épièrent cette suivante, qu'ils la convainquirent de tous ses larcins, dont pourtant elle se justifia en quelque façon, parce qu'elle lui fit voir que tout ce qu'elle lui avoit dérobé de sa gloire pendant plusieurs années, elle l'avoit fait profiter à gros intérêts, sur une banque fameuse de la ville d'Estime, dans le royaume de Tendre, dont elle offroit de lui faire la restitution.» (Nouvelle allégorique, p. 43.)

[357] Voyez sur cette cabale l'Historiette de Conrart, t. 2, p. 420.

[358] Ennemonde Servien épousa François Charron, marquis de Saint-Ange, premier maître-d'hôtel d'Anne d'Autriche.

[359] Ennemond Servien, frère du surintendant Servien, a été ambassadeur en Savoie depuis 1648 jusqu'en 1676.

[360] Justine de Bressac, fille d'un bailli de Valence.

[361] Ces Mémoires sont perdus, s'ils ont existé; ils nous auroient appris qui étoit cette dame de Villars; étoit-ce la mère du maréchal, ou étoit-elle de la maison de Braucas? C'est ce que les autres Mémoires du temps ne nous disent pas.

[362] C'étoit la mère de ce petit Beauchâteau, qui faisoit si facilement de mauvais vers; on a réuni ses petites Œuvres. insignifiantes, sous le titre de la Muse naissante, 1657, in-4o. Les portraits qui y sont joints font encore rechercher ce volume.

[363] Mademoiselle Hilaire, célèbre chanteuse du temps. (Voyez son Historiette, t. 4, p. 436.)

[364] Voyez plus haut, t. 4, p. 283.

[365] Antoine Boyer, seigneur de Sainte-Geneviève-des-Bois.

[366] Jacques Le Coigneux, président à mortier au Parlement, fut nommé à l'abbaye de Saint-Euverte d'Orléans, en 1630. Son frère Bachaumont lui succéda dans ce bénéfice, en 1645. C'est par erreur que, dans les Mémoires de Conrart, t. 48, p. 193 de la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France, on a écrit ce nom Saint-Envestre. (Voyez au t. 3, pages 103 et suivantes, l'Historiette du président Le Coigneux.)

[367] François-Jacques d'Amboise, comte d'Aubijoux, chambellan de Gaston, duc d'Orléans, mourut le dernier de son nom, sans avoir été marié, en 1656.

[368] Coulon, conseiller au Parlement, ardent frondeur. On a vu plus haut, t. 4, p. 14, l'Historiette de sa femme.

[369] Friponneries. Ce mot est très-distinctement écrit dans le manuscrit autographe. Il faut l'entendre dans le sens de pâtisseries et de friandises. On appeloit friponnes de petites boîtes de sapin remplies de pâte de coing, de cotignac d'Orléans. (Dictionnaire de Trévoux.)

[370] Ce Ligny étoit fils de Jean de Ligny, maître des requêtes, et de Charlotte Séguier, sœur du chancelier.

[371] Louise Boyer, duchesse de Noailles, dame d'atour de la reine Anne d'Autriche. Elle étoit sœur de la présidente Tambonneau, et de madame de Ligny.

[372] Le marquis de Flamarens, tué au combat de Saint-Antoine, au mois de juillet 1652.

[373] Le président Le Coigneux, le père, chancelier de Monsieur. Il entra dans toutes les intrigues de la reine Marie de Médicis et de Gaston d'Orléans, et perdit sa charge; mais il a fini par être rétabli dans ses biens et honneurs.

[374] Barbier, contrôleur-général des bois de l'Ile-de-France, et l'un des adjudicataires du palais et du domaine de la Reine Marguerite, sur le bord de la Seine, avoit obtenu la permission de construire un pont de bois qui a porté divers noms, mais qu'on appeloit plus communément le Pont-Rouge. Il étoit situé en face de la rue de Beaune. Emporté par les grandes eaux en 1689, il a été remplacé par le Pont-Royal.

[375] Voyez l'Historiette du président Le Coigneux, t. 3, p. 103 de ces Mémoires.

[376] Je me souviens que le mari disoit partout qu'il n'y avoit pas une femme au monde qui jouât si bien ni si heureusement; c'est qu'elle trompoit. (T.)

[377] Voyez plus haut, t. 3, p. 74, les détails du procès auquel donna lieu la naissance de Tancrède.

[378] François-Henri de Montmorenci-Bouteville, depuis duc et maréchal de Luxembourg.

[379] Gaspard de Coligny, duc de Châtillon, blessé mortellement à l'attache de Charenton, le 9 février 1649.

[380] On appeloit ainsi les jeunes seigneurs du parti des princes, parce qu'ils cherchoient à se rendre maîtres de l'État. Le passage de Tallement confirme ce que dit Voltaire sur l'origine de cette expression dans le chapitre du Siècle de Louis XIV, intitulé: Guerre civile. On a dit aussi que c'étoient les jeunes amis du duc Mazarin, grand-maître de l'artillerie de France, qui les premiers avoient été qualifiés de petits-maîtres. Mais ici l'expression est employée bien avant la mort du cardinal Mazarin, qui précéda l'élévation du duc de La Meilleraye à cette charge.

[381] Gaston, duc de Roquelaure, mourut en 1683. Ses bouffonneries l'ont rendu célèbre.

[382] Élisabeth-Angélique de Montmorenci, duchesse de Châtillon; elle se remaria au duc de Mecklembourg, et mourut en 1695.

[383] Expression empruntée de la langue italienne, qui semble fort extraordinaire dans la bouche d'un mari.

[384] Des prêts immenses avoient été faits au Roi, pour lesquels on avoit engagé plusieurs branches des revenus de l'État. La révocation des prêts ruina beaucoup de financiers. (Voyez les Mémoires du cardinal de Retz.)

[385] Il s'appeloit Michaud. Louis XIV et madame de Montespan ont plaisanté sur ce nom dans un couplet, déjà indiqué dans la note du t. 4, p. 248. Le voici:

Or, nous dites la Tambonne,

La Tambonne Tambonneau,

Pour l'appui de la couronne,

Qui fit le marquis Michaud?

Notre histoire peu sincère

A toujours pris soin de taire,

Qui fit le marquis Michaud,

A Tambonne Tambonneau.

Le marquis de Mortemart, père de madame de Montespan, passoit pour avoir eu des relations intimes avec la présidente, ce qui donna lieu à cet autre couplet satirique:

Mortemart, le faune,

Aime la Tambonneau;

Elle est un peu jaune,

Mais il n'est pas trop beau;

Dessus son c.l il pince,

En lui disant: «M'amour,

«A la cour,

«L'esprit est mince

Lorsqu'on n'agit pas comme le grand Saucourt.»

[386] Bavolette, jeune paysanne, dont le simple bavolet fait la coiffure.

[387] Le surintendant des finances.

[388] Elle l'avoit pointu. (T.)

[389] On lit Châtillon au manuscrit, mais ce doit être Chantilly.

[390] Elle crut que cela ne se sauroit point, car ce voyage pouvoit nuire à son mari. (T.)

[391] Jeannin de Castille, trésorier de l'Épargne.

[392] Cette petite fille avoit été trois mois chez Ninon, sans dire un mot; un jour quelqu'un parloit d'historiens, elle va dire: «Pour moi, j'aime fort Rodote.» (T.)

[393] L'orthographe habituelle est Talhouet.

[394] Ces trois mots, en caractères italiques, sont biffés au manuscrit autographe de Tallemant.

[395] Une huée, ou une chasse, ainsi appelée à cause des cris que poussent les rabatteurs pour obliger les loups ou les sangliers à se jeter du côté des chasseurs. (Dict. de Trévoux.)

[396] Auprès d'Auray, à quelques lieues de Vannes.

[397] La rue du Mûrier donne d'un côté dans la rue Saint-Victor, et de l'autre dans la rue Traversine.

[398] Voir l'Historiette de ce curé, brûlé vif comme sorcier, tome 4, page 354.

[399] Colletet (Guillaume), né en 1598, mort en 1659.

[400] A l'Académie, il dit naïvement: «Je ne connoissois point ce mot-là, mais je le trouve bon, puisque ces messieurs-là le connoissent.» (T.)

[401] Petit village, sur la route de Choisy à Versailles, à trois lieues de Paris.

[402] Sa première femme mourut en 1641; elle s'appeloit Marie Prunelle. Voici cette épitaphe faite à l'avance par son mari:

Quoiqu'un marbre taillé soit riche et précieux,

Un plus riche tombeau Brunelle a dû prétendre;

Sitôt que son esprit s'en alla dans les cieux,

Mon cœur fut le cercueil et l'urne de sa cendre.

(Epigrammes du sieur Colletet; Paris, 1653, in-12, p. 247, no 447.)

[403] Anne-Marie Schurmann, fille très-savante. Elle était de Cologne. On a d'elle Opuscula hebræa, græca, latina, gallica, prosaica et metrica; Leyde, 1648, in-8o. En voilà plus qu'il n'en faut pour mettre en fuite les Amours; aussi mademoiselle Schurmann mourut-elle sans avoir été mariée, à l'âge d'environ soixante et dix ans.

[404] Le fils de Colletet, poète encore plus médiocre que son père, s'appeloit François. C'est du fils que Despréaux a dit dans sa première satire:

Tandis que Colletet, crotté jusqu'à l'échine,

S'en va chercher son pain de cuisine en cuisine, etc.

[405] C'est le facile princeps des Latins. (T.)

[406] Parlant de ce fils, Colletet dit dans le Traité de la Poésie morale: «Depuis plus de trois longues et tristes années, l'Espagne triomphe d'une jeune liberté qui m'est si chère.» (T.) (Traité de la poésie morale et sententieuse, par le sieur Colletet; Paris, 1658. In-12, p. 196.) Colletet adressa à M. de Ville, qui retenoit son fils prisonnier au château de Percheresse, un madrigal dans lequel il ne fait pas preuve de modestie. En voici la fin:

Capitaine pour capitaine,

Et général pour général,

Par un flux et reflux fatal,

Se prennent librement et se rendent sans peine,

Mais les poètes ravissants

Nous sont de si rares présents,

Qu'à peine on en voit deux dans le siècle où nous sommes;

Et puis, si l'on doit croire aux oracles des cieux,

Mars ne veut pour captifs que les enfants des hommes,

Et les poètes sont de la race des dieux.

(Épigrammes de Colletet, p. 135.)

[407] Les Epigrammes de Colletet portent la date de 1653; ainsi cette partie des Mémoires de Tallemant, de même que le commencement, ont été écrits en 1657.

[408] Farceur célèbre du temps. (Voyez son Historiette, t. 3 p. 42.)

[409] L'abbé François Tallemant, frère de l'auteur des Mémoires.

[410] Voici ce passage bizarre: «Pour monter sur ce petit Parnasse de mes Muses, te dirai-je en riant que je n'ai eu besoin que des secours de mon faible bidet, et non point du puissant cheval Pégase, dont je ne me sers jamais que pour des courses plus longues et plus importantes?» (Avis au lecteur en tête des Epigrammes.)

[411] Cette épigramme, imitée de Clément Marot, est intitulée: Rencontre d'Amour et de la belle Claudine (page 178). On lit à la page 190 une autre pièce avec ce titre: Le Triomphe de ma belle et chère Claudine Le Nain. Tallemant paroît avoir confondu ces deux pièces.

[412] L'Histoire ou la Vie des poètes françois, par Colletet, existe en manuscrit dans la bibliothèque particulière du roi. C'est on ouvrage dont la publication donneroit des lumières sur une foule de points obscurs de notre histoire littéraire.

[413] Epigramme, page 9.

[415] Ibid. page 15. L'Hymne Sur la Conception se trouve dans les Poésies diverses de Colletet; Paris, Jean-Baptiste Loyson, 1656; in-12, page 455. Elle avoit déjà été imprimée dans les Divertissements du sieur Colletet, deuxième édition; Paris, 1633, in-8o.

[414] Colletet désigne par ce nom la rue des Bourdonnais. La maison de la Couronne d'Or, qu'on y voit encore aujourd'hui, s'appeloit alors les Grands Carneaux. (Voyez les Mémoires du P. Berthod, tome 48, p. 321 de la 2e série de la collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France.) Les six corps des marchands y tenoient leurs assemblées. On l'aura appelée rue des Carneaux à cause des créneaux de la maison gothique qui tomboient alors en ruine. Cette rue aboutit dans celle de la Féronnerie, fameuse par le crime de Ravaillac.

[416] Épigrammes, page 29. Cette pièce est suivie d'une imprécation contre la même rue des Carneaux, dont les premiers vers confirment ce qui est dit dans la note précédente. Les voici:

Vieux et lâches voisins d'une Ferronnerie,

Où l'enfer acheva sa dernière furie;

Bâtiments ruineux, détestables Carneaux,

Foudres des beaux lauriers et des nobles cerveaux.

[417] Épigrammes, p. 73.

[418] Ibid., p. 63.

[419] Ibid., p. 224.

[420] Ibid., p. 453.

[421] Ibid., p. 455.

[422] Épigrammes, p. 196. Les derniers mots de ce titre à M. Payen, etc., ne sont pas dans l'imprimé. Ils ont été ajoutés par Tallemant.

[423] Ibid., p. 7. La ville d'Aire fut reprise presque aussitôt par les Espagnols, en 1641.

[424] Dans l'épigramme intitulée: Sur mon Histoire des poètes, p. 13.

[425] Nous avons inutilement cherché cette pièce dans les Poésies de Colletet.

[426] Épigrammes, p. 471.

[427] Elle a quatre pieds en carré. (T.)

[428] Un grand mûrier dont il vendoit les mûres. (T.)

[429] Les allées sont de quatre pieds chacune. (T.)

[430] Tallemant cite ici de mémoire; il indique le vingt-cinquième sonnet des Amours de Claudine (Poésies diverses, p. 337), où on lit ces vers ridicules:

Son sein est mon Parnasse, où, sur sa double cime,

Je rève et je produis tant d'ouvrages divers,

Que de leur nouveauté j'entretiens l'univers

Et confirme par eux ma gloire légitime....

Comment la tête n'eût-elle pas tourné au pauvre Colletet, quand Heinsius lui écrivoit: Hæ tu profectò sapis, qui inter sororiantes Claudinæ papillas somniare mavis domi vigilans, et Masarum sacris operari per tam amœnos secessus, quam in molestis biverticis Parnassi senticetis dormire magna cum difficultate! Istis licet valvis inscribas, hac itur ad astra. Parnassum certe quin domi habeas negare jam non potes. (Epistola Nicolai Heinsii ad V. C. Gulielm. Colletelum, dans les Poésies diverses de Colletet, p. 308.)

[431] La pièce citée par Tallemant n'est pas dans les Épigrammes, mais à la p. 367 des Poésies diverses. Le premier vers y est différent:

Colletet, mon mari, seul objet de ma flamme, etc.

[432] Voyez aussi les Poésies diverses, p. 367. On y lit ainsi le second vers:

Nomment mes yeux doux et charmants.

[433] Gilles Boileau, frère aîné de Despréaux.

[434] Ces vers désabusèrent le public sur le talent de Claudine. Le mari eut la rare prévoyance de les faire au lit de mort, au nom de sa femme; Colletet mort, Claudine se tut: aussi, après l'avoir encensée, La Fontaine se vengea-t-il par des stances épigrammatiques:

Les oracles ont cessé;

Colletet est trépassé;

Dès qu'il eut la bouche close,

Sa femme ne dit plus rien;

Elle enterra vers et prose

Avec le pauvre chrétien.

[435] François Tallemant, frère de l'auteur.

[436] Catherine de Gonzague-Clèves, duchesse de Longueville, morte en 1629.

[437] Moïse Amyrault, né en 1596, mort en 1664. La Vie de François de La Noue, Leyde, 1661, in-4o, est le seul ouvrage de lui qu'on puisse consulter avec quelque fruit.

[438] C'est comme le Jarni-Cotton du père Cotton.

[439] Henri de Gondi, évêque de Paris, dit le cardinal de Retz, arrière-grand-oncle du coadjuteur.

[440] Le financier Rambouillet.

[441] Le bourreau de Paris. (T.)

[442] Comme s'il disoit que c'étoit une grande haridelle.

[443] Guy de Rieux, seigneur de Sourdéac, premier écuyer de Marie de Médicis, mourut en 1640. Il avoit épousé, en 1617, Louise de Vieux-Pont, baronne de Neufbourg, fille aînée et héritière de sa maison. Elle est morte en 1646. (Voyez Le père Anselme, tome 5, page 774.)

[444] Gaston, duc d'Orléans.

[445] Tallemant se trompe. C'étoit le père qui avoit épousé l'héritière de la maison de Neufbourg. Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac, baron de Neufbourg, épousa Hélène de Clère, fille du baron de Beaumets.

[446] Les Amours de Médée, ou la Toison d'or, de Pierre Corneille, sont une tragédie à machines, en scènes entremêlées de chant; ce n'est pas encore l'opéra, mais un genre intermédiaire. Tallemant dit que le marquis de Sourdéac et Corneille ne purent pas convenir du prix, et à l'entendre, la pièce ne fut pas représentée. Tallemant écrivoit ceci en 1658 ou 1659. La Toison d'or fut jouée avec un grand succès en 1660. «Dans ce temps-là (1660), le marquis de Sourdéac, de l'illustre maison de Rieux, à qui l'on est redevable de la perfection des machines propres aux opéras, fit connoître son génie par celles de la Toison d'or. Il fit représenter cette pièce dans son château de Neufbourg, en Normandie, et il prit le temps du mariage du Roi pour faire une réjouissance publique, dont il fit seul la dépense, et en régala la noblesse de la province. Outre ceux qui étoient nécessaires à l'exécution de ce dessein, qui furent entretenus plus de deux mois à Neufbourg à ses dépens, il logea et traita plus de cinq cents gentilshommes de la province, pendant plusieurs représentations que la troupe royale du Marais donna de cette pièce. Depuis il voulut bien en gratifier cette troupe qui la donna au public sur son théâtre, où le Roi, suivi de toute sa cour, le voulut voir, et Sa Majesté en fut très-satisfaite.» (Histoire de l'Opéra; Paris, 1753, in-8o, p. 23.) Le marquis de Sourdéac s'associa quelques années après avec l'abbé Perrin, et il fut un des fondateurs de l'opéra en France. «Il s'y ruina entièrement (dit Voltaire dans la préface de la Toison d'or), et mourut pauvre et malheureux pour avoir trop aimé les arts.»

[447] Cette croix, détruite par les huguenots, en 1562, fut rétablie par les soins de l'abbé Michel de Saint-Martin, au mois de mai 1651. (Origines de Caen, par Huet; Rouen, 1706, p. 114.)

[448] Marie-Éléonore de Rohan, abbesse de la Trinité de Caen, depuis abbesse de Malnoue.

[449] «Il avoit fait embellir, au mois d'avril 1653, le carrefour des Cordeliers, et au mois d'août de la même année celui du Bourg-l'Abbé, qui est devant la porte de Bayeux, des images de saint Michel et de saint Martin, ses patrons.» (Origines de Caen, p. 436.)

[450] Huet (Origines de Caen, p. 435), a donné une notice biographique sur Michel de Saint-Martin. C'est, dit-il, une figure à deux visages.

[451] Les réglements interdisoient aux ecclésiastiques l'usage des perruques quand ils s'en servoient par des motifs d'infirmités, il falloit que la tonsure demeurât visible. Cependant beaucoup d'entre eux la couvroient avec un morceau d'étoffe. On trouve dans l'Histoire des perruques de Thiers, des relations de procès relatifs à ce point de discipline qui, aujourd'hui, nous paroîtroient bien ridicules.

[452] «Il est ici défendu de courir, pour faciliter la digestion, quand on a mangé des macaronis.»

[453] Petites cases disposées autour d'un colombier, pour nicher les pigeons. (Dict. de Trévoux.)

[454] Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, maîtresse de Henri II.

[455] Louis Gouffier, duc de Roanès, né en 1575, mort en 1642.

[456] Antoine Du Verdier, seigneur de Vauprivas, mort en 1600. On ne le connoît guère aujourd'hui que par sa Bibliothèque françoise, dont Rigoley de Ruvigny a donné en 1772, une nouvelle édition où se trouve aussi la Bibliothèque de La Croix du Maine; on a aussi de lui ses Diverses Leçons. Il paroît qu'il avoit dans sa jeunesse composé des poésies qui sont perdues. Si elles ressembloient à l'ouvrage indiqué par Tallemant, on ne doit pas les regretter.

[457] Cette facétie a depuis été imitée par Bussy-Rabutin, dans le fameux livre d'Heures, auquel Boileau fait allusion dans ces vers de la huitième satire:

J'irois, par ma constance aux affronts endurci,

Me mettre au rang des saints qu'a célébrés Bussy.

[458] Le Pailleur demeuroit chez elle. (Voyez son article, t. 3 de ces Mémoires, p. 238.)

[459] Il est mort en 1653. (T.)

[460] C'étoit le père de Ninon de Lenclos. (Voyez l'Historiette de Ninon, t. 4 de ces Mémoires, p. 310.)

[461] La couronne fermée, surmontant l'écusson des armes, n'appartient qu'aux souverains et même aux empereurs. C'est seulement depuis Charles VII que nos rois la portent fermée sur leur écusson.

[462] Ces ornements symboliques étoient dans le goût du temps. On en voyoit autrefois un exemple remarquable sur la colonne de Catherine de Médicis, à l'hôtel de Soissons. On y avoit sculpté des couronnes, des fleurs de lys, des cornes d'abondance, des miroirs brisés, des lacs d'amour rompus, des C et des R entrelacés. (Antiquités de Paris de Sauval, t. 2, p. 218.) Ces ornements ont disparu quand on a restauré cette belle colonne, sur laquelle la Halle-au-Blé vient aujourd'hui s'appuyer.

[463] Il a déjà été question de cet abbé de Romilly dans L'Historiette de Sévigny, t. 4. p. 301. Conrart en parle aussi dans ses Mémoires, t. 48, p. 191 de la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France.

[464] Jacques d'Angennes, seigneur de Marville, né en 1606, chambellan de Gaston, duc d'Orléans.

[465] Charles d'Angennes, seigneur de La Loupe.

[466] Mademoiselle étoit fort jolie en sa petite jeunesse. (T).

[467] Elle s'appeloit Françoise de Pommereuil. Leur mariage eut lieu en 1630.

[468] On les appelle ainsi dans le pays. (T.)

[469] Nous avons vu la gravure d'un château de ce nom, situé en Bretagne. Elle est dans un Recueil de vues de châteaux et de plans de bataille conservé à la Bibliothèque de Sainte-Geneviève.

[470] Voyez sur madame de Montglas la note du t. 4, p. 223.

[471] Chevance, signifie les biens d'un homme et tout ce qu'il possède. (Glossaire du droit françois d'Eusèbe de Laurière; Paris, 1704, in 4o.)

[472] Isaac de La Peyrère, né en 1594, mort en 1676. Son livre des Préadamites a fait beaucoup de bruit. Il prétendoit qu'Adam n'étoit le père que des Israélites, et que la terre étoit habitée long-temps avant Adam.

[473] Lozières étoit un conseiller-clerc au Parlement de Paris, qui étoit parent de Tallemant. (Voyez plus haut, même volume, pag. 51.)

[474] L'abbé Tallemant, frère de l'auteur.

[475] Christine de Suède, à son voyage de 1658.

[476] Le surintendant des finances.

[477] Varicarville, ou Valiquerville, étoit un gentilhomme attaché à Gaston d'Orléans, qui entra dans la conspiration ourdie contre le cardinal de Richelieu avec Montrésor, Saint-Ibal et autres. (Voyez la Notice sur Montrésor, à la tête de ses Mémoires, t. 54, p. 221 de la seconde série de la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France.)

[478] Ce Frontenac étoit le père ou l'aïeul du gouverneur de Quebec, mort en 1699. (Voyez les Mémoires du duc de Saint-Simon, édition de 1829, t. 2, p. 298.)

[479] Quatre-vingt-quatre mille écus. (T.)

[480] Il y a ici de l'obscurité. Le sens de la phrase paroît être celui-ci: Frontenac est mort et a laissé une fille.

[481] Jean Varin, né à Liége en 1604, mourut en 1692.

[482] On commença à fabriquer les louis d'or en 1640, et les louis d'argent en 1641. (Traité historique des Monnoies de France, par Le Blanc; Amsterdam, 1692, in-4o, p. 296 et 297.)

[483] De trois cent mille livres. (T.)

[484] On trouve de grands détails sur cet événement dans une lettre de Guy-Patin du 22 décembre 1651. «Le 30 du mois de novembre passé, il arriva ici une chose bien étrange. M. Varin, qui a fait de si belle monnoie et de si belles médailles, avoit tout fraîchement marié une sienne belle-fille, âgée de vingt-cinq ans, moyennant vingt-cinq mille écus, à un correcteur des comptes, nommé Oulry, fils d'un riche marchand de marée. Il n'y avoit que dix jours qu'elle étoit épousée. On lui apporta un œuf frais pour son déjeûner; elle tira de la pochette de sa jupe une poudre qu'elle mit dans l'œuf, comme on y met d'ordinaire du sel; c'étoit du sublimé qu'elle avala ainsi dans l'œuf, dont elle mourut trois quarts d'heure après sans faire d'autre bruit, sinon qu'elle dit: «Il faut mourir, puisque l'avarice de mon père l'a voulu.» On dit que c'est du mécontentement qu'elle avoit d'avoir épousé un homme boiteux, bossu et écrouelleux. Elle mourut dans le logis de son mari, près des halles, et fut enterrée le lendemain sans grande cérémonie. Les femmes de la halle, qui sont les muettes de Paris, mais qui ne laissent pas de babiller plus que tout le reste du monde, disent que cette pauvre femme est morte vierge et martyre, et que son mari n'a jamais couché avec elle. Elle eut horreur de lui dès le soir de ses noces, en voyant quatre hommes occupés à le déshabiller, et à démonter son corps, comme à vis, et lui ôter une jambe d'acier qu'il avoit, et le reste du corps tout contrefait. Voyant ce bel appareil de noces, elle se mit à pleurer et se retira dans un cabinet, où elle demeura le reste de la nuit. Le lendemain ses parents ayant fait leur possible pour la remettre et la fléchir en quelque façon, sans en avoir rien pu obtenir, le mari, dont la présence étoit fort odieuse à cette nouvelle épouse, monta à cheval et s'en alla à Châlons, pour affaire d'importance, à ce qu'on dit. Néanmoins la vérité est qu'il n'a bougé de Paris, et que sa retraite n'a été que pour cacher l'imperfection de son corps. Enfin elle est morte, etc. (Lettres de Guy-Patin; Rotterdam, 1735, t. 1, p. 190.)

On ne sera sans doute pas fâché de trouver ici le passage dans lequel Loret raconte cet événement à sa manière.

Il faut....... que j'essaye

De vous dire une histoire vraye,

Mais histoire à causer chagrin;

C'est de la fille de Varin,

Lequel Varin, vêtu de soye,

Est officier de la Monnoye,

Et grand fabricateur encor

De louis tant d'argent que d'or.

Cette fille, jeune et jolie,

Par une incroyable folie,

L'autre jour la mort se donna

Dans un œuf qu'elle empoisonna.

On avoit fait le mariage

D'elle avec un certain visage

Qui, n'ayant aucun agrément,

Lui déplaisoit mortellement,

Et devint pour lui si rebelle

Qu'il ne pouvoit obtenir d'elle,

Tant son cœur étoit inhumain,

De seulement baiser sa main.

Or, cette rigueur tyrannique

Le rendit si mélancolique,

Et même on peut dire si fou,

Qu'il s'en alla on ne sait où,

Sans qu'on ait eu depuis nouvelle

De ce pauvre Jean de Nivelle.

Varin sa fille gourmanda,

La gronda, la réprimanda;

Or, soit que cette réprimande

Lui coûtât tristesse trop grande,

Ou que son cœur vînt à sentir

Un juste et cuisant repentir

De n'avoir pas été plus douce,

Le Ciel, qui souvent se courrouce

Quand douceur ni pitié l'on n'a,

Au désespoir l'abandonna,

Et la belle déconfortée,

De monsieur Belzébut tentée,

Par poison finit son destin

Et décéda jeudi matin.

(Loret, Muse historique. Lettre du 3 décembre 1651.)

[485] Paul d'Escoubleau, marquis d'Alluye et de Sourdis, épousa, en 1667, Benigne de Meaux Du Fouilloux, fille d'honneur de la Reine.

[486] Honorée de Glimes, fille de Geoffroi, comte de Grimbergues, veuve d'Albert-Maximilien de Hennin, comte de Bossu, épousa le duc de Guise, en 1641. Ce jeune seigneur s'étoit fait un jeu de cette galanterie, et il demanda la nullité de son mariage afin de pouvoir épouser mademoiselle de Pons. Marigny fait allusion à cette double circonstance dans sa lettre adressée à Gaston, duc d'Orléans, lorsqu'il dit: «Madame de Guise conserve soigneusement toutes les gentillesses de mademoiselle de Grimbergues... Faites trouver à M. de Guise que le roi d'Espagne demeure roi de Naples, et que madame de Guise demeure ce que mademoiselle de Pons ne sauroit l'empêcher d'être.» (Lettres de M. de Marigny; La Haye, Antoine La Faille (Elzevir), 1655, petit in-12, p. 8.)

[487] François de Jussac d'Ambleville, sieur de Saint-Preuil, maréchal de camp, gouverneur d'Arras, etc., décapité à Amiens, le 9 novembre 1641.

[488] Ce fait est consigné dans le Journal de Richelieu, sans que la Du Ryer y soit nommée. On y lit: «Une femme de Paris, qu'on dit avoir été autrefois son hôtesse, monta sur l'échafaud avec un drap mortuaire, dans lequel elle mit le corps et la tête; mais comme on alloit dévaler ledit corps, la tête étant retombée sur l'échafaud, elle la prit et la mit en sa robe; et étant descendue, elle la mit dans ledit drap, avec le corps qu'on mettoit dans un carrosse, etc.» (Journal du cardinal de Richelieu; Amsterdam, Abrah. Wolfgank, deuxième partie, page 187.)

[489] On a vu, dans l'article de madame de Champré (tom. 4, p. 53 et suivantes), que cette dame étoit loin d'être scrupuleuse. L'anecdote qu'on vient de lire étoit placée dans le manuscrit de Tallemant, au chapitre des Contes, naïvetés et bons mots; elle se rattache naturellement à l'Historiette de la Du Ryer.

[490] En 1652. (T.)

[491] François de Montholon, seigneur d'Aubervilliers, avocat au Parlement, garde-des-sceaux de France, par lettres du 6 septembre 1588. Il étoit fils du garde-des-sceaux de Montholon, décédé en 1543. Ce nom est écrit Montelon sur les anciens registres du Parlement.

[492] François de Montholon s'étoit rendu célèbre en 1522 et 1523 par ses plaidoyers pour le connétable Charles de Bourbon, contre Louise de Savoie, mère de François Ier. Ce prince, qui avoit entendu ses plaidoyers sans être vu, le désigna dès-lors pour être son avocat-général, mais il ne le revêtit de ses fonctions qu'en 1532. Pendant le procès du chancelier Poyet, en 1542, Montholon fut nommé garde-des-sceaux.

[493] Jean Cotereau, dans le Père Anselme, est qualifié seigneur de Maintenon, trésorier et surintendant-général des finances de France. Sa fille Isabeau Cotereau épousa, le 13 février 1526, Jacques d'Angennes, seigneur de Rambouillet, capitaine des gardes des rois François Ier, Henri II, François II et Charles IX. Elle apporta en mariage les seigneuries de Maintenon, de Meslay, de Nogent-le-Roi et de Montlouet. (Histoire généalogique de France, t. 2, p. 425.)

[494] Il s'agit ici d'un marquis de Moy; cette branche descendoit des ducs de Mercœur.

[495] Christine de France, fille de Henri IV, duchesse de Savoie.

[496] Claude Joly, alors curé de Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris, assista le cardinal Mazarin dans ses derniers moments. Il fut ensuite nommé successivement aux évêchés de Saint-Paul de Léon et d'Agen. On a de lui des prônes estimés. Il mourut à Agen en 1678.

[497] Marie Bonneau, veuve de Jean-Jacques de Beauharnais, seigneur de Miramion. Elle a fondé les filles de la Sainte-Famille, qui, réunies à celles de Sainte-Geneviève, furent appelées Miramionnes. Elle mourut au mois de mars 1696. «Pour madame de Miramion, cette mère de l'Église, écrivoit madame de Sévigné, le 29 mars 1696, ce sera une perte publique.»

[498] Bussy-Rabutin raconte cet événement dans ses Mémoires; il dit qu'il avoit été engagé par le confesseur de madame de Miramion à l'enlever; ce point a été vérifié sur le manuscrit de ces Mémoires qui a été décrit par M. Monmerqué dans sa Notice bibliographique des différentes éditions des lettres de madame de Sévigné; Paris, 1818, t. 1, p. 43. Ce manuscrit est de l'écriture du comte de Langhac, petit-fils de Bussy. Dans les Mémoires imprimés on a fait disparoître les traces du Père de la Mercy.

[499] C'étoit au Mont-Valérien.

[500] Bussy dit positivement qu'il y étoit, accompagné de son frère de Rabutin, et autres gentilshommes. (Voyez les Mémoires de Bussy Rabutin, Amsterdam, 1731, t. 1, p, 160.)

[501] «Nous traversâmes la plaine Saint-Denis, et nous entrâmes dans la forêt de Livry; comme la dame crioit fort, et que je crus que c'étoit la présence de sa belle-mère qui l'obligeoit d'en user ainsi, je fis mettre pied à terre dans le bois à cette belle-mère, et je ne laissai qu'une demoiselle avec la veuve dans le carrosse, et un laquais sur le derrière; mais la dame ne fit pas moins de bruit après cela, et je reconnus alors que je m'étois trompé.» (Ibid., p. 161.)

[502] Au château de Launay, près de Sens. C'étoit une commanderie de Malte que possédoit Hugues de Rabutin, grand-prieur de France, celui à l'occasion duquel madame de Sévigné écrivoit à son cousin, le 28 décembre 1681: «Cela me fait souvenir de ce que vous disoit votre oncle, le grand-prieur de France, en mourant.—Il disoit que j'ai l'attrition.—Il en parloit comme d'une crise.»

[503] Bussy avoit mis le duc d'Enghien dans ses intérêts.

[504] Mademoiselle de Miramion épousa le président de Nesmond. (Voyez les Mémoires de Conrart, deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France, t. 48, p. 271.)

[505] Ils appellent cela barato. (T.)

[506] Marie Fagnier, femme de Pierre Dreux, conseiller au Parlement de Rennes, père de Thomas Dreux, dont le fils est devenu grand-maître des cérémonies de France.

[507] Le récit de Tallemant des Réaux, sur la construction de l'hôtel de Sully est confirmé par Jaillot. On y voit qu'un sieur Mesmes Gallet acheta, en 1624, deux maisons, rue Saint-Antoine, pour y construire un hôtel qu'il ne put achever; que sa fortune s'étant dérangée, l'hôtel fut saisi réellement et vendu en novembre 1627, à Jean Habert (de Montmor), sieur Du Mesnil. Cette belle propriété passa ensuite en différentes mains, et elle fut enfin acquise par le duc de Sully, au mois de février 1634. (Recherches sur Paris, par Jaillot, quartier Saint-Antoine, p. 35.) Gallet doit sa triste célébrité à la mention que Regnier en a faite dans sa quatorzième satire:

Gallet a sa raison, et qui croira son dire,

Le hasard, pour le moins, lui promet un empire, etc.

On voit, par ce qui précède, que Gallet perdit sa fortune au jeu; mais ce n'est pas sur un coup de dé, comme M. de Saint-Surin l'avoit pensé, que Gallet perdit le bel hôtel qu'il avoit fait construire. (Voyez le Boileau de Blaise; Paris, 1821, note de la page 186 du tome 1.)

[508] L'amoureux transi.

[509] Elle s'appelle Jeanne, et il y avoit une chanson du Pont-Neuf qui commençoit comme cela. (T.)

[510] Fille de Mouriou. (T.)

[511] Son fils. (T.)

[512] Le prêtre étoit châtré.

[513] Nom de l'île. (T.)

[514] Il avoit soixante ans, et elle cinquante. (T.)

[515] Lanternier, homme qui ne sait pas prendre un parti, que la moindre difficulté arrête. (Dict. de Trévoux.)

[516] Le comte de La Vergne de Guilleragues, ambassadeur à Constantinople, en 1679. Il étoit habile courtisan. C'est à lui que Boileau adresse sa cinquième Épître, qui commence par ces vers:

Esprit né pour la cour et maître en l'art de plaire,

Guilleragues, qui sais et parler et te taire, etc.

[517] L'estocade étoit une longue épée. (Dict. de Trévoux.)

[518] Tallemant nous semble être le premier écrivain qui ait fait connoître cette anecdote. Les biographes de Régnier et de Maynard n'en font nulle mention.

[519] Expression empruntée au jeu de billard, comme on diroit à deux de jeu, sans aucun avantage l'un sur l'autre.

[520] Nouveau étoit surintendant des postes. (Voyez plus haut, tome 4, p. 323, et note 1 de la même page.)

[521] Frérie, ou frairie, bombance.

[522] Poupelin, espèce de gâteau d'une pâtisserie délicate. (Dict. de Trévoux.) Comme on diroit aujourd'hui que ces femmes avoient leur part du gâteau.

[523] Ils étoient dans ce quartier-là. (T.)

[524] Jean-Jacques Bouchard. Il se faisoit appeler de Fontenai de Sainte-Geneviève. Il est mort vers l'année 1640.

[525] Jean de Montreuil, de l'Académie françoise. Il étoit alors à Rome, auprès du marquis de Fontenay-Mareuil, en qualité de secrétaire d'ambassade. Il ne faut pas le confondre avec son frère Mathieu, le poète, que l'on pourroit appeler le madrigalier.

[526] Menteur, affronteur.

[527] Ces pauvres Humoristes se trompent bien. (T.)—Bouchard fait connoître cette circonstance dans l'épître dédicatoire de sa traduction. Notre langue étoit loin alors de ce que nos grands écrivains l'ont faite; mais l'irruption du mauvais goût qui nous envahit chaque jour de plus en plus, pourrait bien lui faire perdre tous les avantages qu'elle avoit conquis.

[528] La première édition des Remarques de Vaugelas sur la langue françoise est de 1647.

[529] L'ouvrage parut sous ce titre: La Conjuration du comte de Fiesque, traduite de l'italien du seigneur Mascardi, par le sieur de Fontenai Sainte-Geneviève, dédiée à monseigneur l'éminentissime cardinal duc de Richelieu, avec un Recueil de vers à la louange de son Éminence Ducale; à Paris, 1639, in-8o. Le volume porte au frontispice les armes du cardinal.

[530] Nicolas-Claude Fabre de Peiresc, conseiller au Parlement de Provence, l'un des hommes qui, au dix-septième siècle, ont fait faire le plus de progrès à la connoissance de l'antiquité et aux sciences naturelles. Il mourut le 24 juin 1637, et sa mort fut pleurée par une foule de savants. Bouchard prononça, à Rome, son éloge en latin, dans l'Académie des Humoristes. Cet hommage funèbre, accompagné de vers et de prose en quarante langues, fut imprimé au Vatican en 1638, sous le titre de Panglossia. La traduction de la Conjuration de Fiesque est précédée de vers en différentes langues, adressée au cardinal de Richelieu, dans lesquels l'éloge de Bouchard, sous le nom de Pyrostome, est fait si fréquemment, que sa vanité dut être satisfaite. Le discours de Bouchard a été réimprimé à la suite de la Vie de Peiresc, écrite en latin par Gassendi; La Haye, 1651, petit in-12.

[531] Cette brouillerie arriva en 1639. (Voyez L'Histoire de Louis XIII, par Le Vassor, t. 5, p. 649 et suivantes, édition in-4o de 1757.)

[532] Il étoit l'Argus de madame de Roquelaure. (T.)

[533] Philippe Collot, célèbre lilhotomiste, mourut en 1656. Son portrait a été gravé par Édelink.

[534] Jean Riolan, médecin célèbre, dont le père, aussi appelé Jean, avoit eu une grande réputation. On doit au fils la création du Jardin-des-Plantes médicinales, qui a pris tant d'accroissement sous le nom de Jardin du Roi.

[535] Charles-Gustave, dixième du nom, monta au trône de Suède, le 16 avril 1654, par l'effet de l'abdication de la reine Christine, sa cousine.

[536] C'est un vieux conte, toujours répété, et qu'on doit mettre au rang des fables. (Voyez la Notice sur Rabelais, dans l'édition variorum donné par M. Éloy Johanneau, p. 14.)

[537] Il sembleroit que rube est là comme contraction de rubigine; autrement seroit-ce une allusion à la couleur des cheveux de Rabelais?

[538] Il s'agit ici d'une fête donnée en France par le cardinal Du Bellay. Rabelais a donné le récit d'une fête magnifique qui eut lieu à Rome chez ce cardinal à l'occasion de la naissance d'un fils de Henri II, qui est mort en bas âge. (Voyez l'édition de Rabelais déjà citée, tome 8, page 377.)

[539] Nous avons déjà dit que Tallemant des Réaux était protestant.

[540] L'hôpital Saint-Louis, commencé sous Henri IV, et achevé sous Louis XIII, étoit destiné aux maladies épidémiques. Dans les temps ordinaires, il servoit de lieu de convalescence aux malades des autres hôpitaux, et si des maux contagieux venoient à se déclarer, on le consacroit uniquement à recevoir les gens qui en étoient atteints. (Recherches sur Paris, par Jaillot, t. 2, quartier Saint-Martin-des-Champs, page 35.)

[541] Ce lieutenant-criminel et sa femme furent assassinés dans leur maison, sur le quai des Orfèvres, le 24 août 1665, par les deux frères Touchet qui furent rompus vifs le 27 du même mois. Boileau, dans sa dixième satire, a immortalisé leur excessive avarice. Ce passage des Mémoires de Tallemant a été écrit vers l'année 1666; il a été ajouté par l'auteur à la marge de son manuscrit.

[542] Ce nom est incertain.

[543] A Vitry-le-François. (T.)

[544] Bonne Fayet, femme de Jean-Jacques de Barillon, président au Parlement de Paris.

[545] Brayer, bandage de fer. Il signifie ici le cadenas de jalousie.

[546] Académie; le manége où la jeunesse fait son cours d'équitation.

[547] Mademoiselle Justel. (T.)

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