Les mystères du peuple, Tome IV: Histoire d'une famille de prolétaires à travers les âges
Note H: Voir divers textes de Ghildes Saxonnes, dans les pièces justificatives relatives aux considérations sur l'Histoire de France (introduction aux récits des temps mérovingiens, par Augustin Thierry, vol. I, p. 1).
CHAPITRE III.
Note A: Voir la note H (chap. I) sur l'établissement et la vie du chef de bande et de ses leudes sur la terre conquise.
Note B: «... Le propriétaire d'un grand domaine, entouré de ses compagnons qui continuaient de vivre auprès de lui, des colons et des esclaves qui cultivaient ses terres, leur rendait la justice en qualité de chef de cette petite société; lui aussi tenait dans son domaine une sorte de mâhl où les causes étaient jugées, tantôt par lui seul, tantôt avec le concours de ses hommes libres.» (Guizot, Des Institutions politiques de la France, p. 179, cit.; Hulmann, Histoire de l'origine des ordres, p. 16-18.)
Note C: Voir la lettre précédant l'épisode de Rouan, le fait cité par Grégoire de Tours y est rapporté.
Note D: «Les grands propriétaires tenaient aussi une cour à l'instar des rois et pouvaient donner à leurs fidèles des charges de sénéchal, de maréchal, d'échanson, de chambellan.» (Lex alam., tit. LXXIX; Hulmann, et tous les monuments du temps, ap. Guizot, Institutions politiques, p. 144.)
Note E: Histoire des Moeurs et de la vie privée des Français, par Émile de la Bédollière, v. I, p. 219. (Nous ne saurions trop recommander à nos lecteurs cet excellent livre où la science est jointe à un vif et piquant intérêt; nous espérons que l'auteur achèvera une oeuvre si utile, car trois volumes seulement ont paru.)
Note F: Dès l'année 506 les conciles permettaient l'établissement de chapeles ou d'oratoires particuliers.«... Si quelqu'un veut avoir sur ses terres un oratoire autre que l'église de la paroisse, nous permettons et trouvons bon que dans les fêtes ordinaires on y fasse dire des messes pour la commodité des siens.» (Concile d'Agde, 506.)
Note G: Voir la lettre à laquelle renvoie la note C.
Note H: «... Lorsque l'accusateur, sur l'assignation de l'accusé, paraissait devant le mâhl, devant les juges, n'importe lesquels, comtes, rachimburgs, ahrimans, la culpabilité s'établissait de diverses manières; le recours au jugement de Dieu, par épreuve de l'eau bouillante, des fers chauds, etc., l'accusé arrivait suivi de ses conjurateurs qui venaient jurer qu'il n'avait pas fait ce qu'on lui imputait, l'offensé avait aussi les siens.» (Institutions politiques, Grab, t. VII.)
Note I: Selon plusieurs érudits ce préambule de la loi salique aurait été rédigé en Germanie au delà du Rhin, avant la conquête de la Gaule par les Franks.
Note J: Voir le Recueil de M. Pardessus contenant les anciennes rédactions de la loi salique, vol. I, p. 414.
Note K: Loi salique, t. XLV et suivants.
Note L: «... Le lendemain à son lever, Galeswinthe reçut le morganegiba (présent du matin) avec les cérémonies prescrites par les coutumes germaniques... En présence de témoins choisis, Hilperik prit dans sa main droite la main de sa nouvelle épouse, et de l'autre il jeta sur elle un brin de paille, etc., etc.» (Augustin Thierry, Récits mérovingiens, t. I, p. 354.)
Note M: Voir les citations sur les Institutions politiques et moeurs des Franks, vol. VII, tit. LXI.
Note N: On ne doit pas confondre avec les leudes ni avec les fidèles les antrustions, qui sont les personnes de toutes conditions placées sous la protection particulière et immédiate du roi. Le mot antrustio signifie qui est in truste, et le radical trustis répond à l'anglais trust, en français assurance, ainsi qu'à l'allemand trost, qui veut dire consolation, aide, protection. De sorte que par antrustio, ou par cette expression aussi souvent usitée, qui est in truste dominicâ, regali ou régis, on doit entendre un protégé du roi. Les antrustions du roi sont d'ailleurs les seuls dont il soit fait mention. Tous les antrustions étaient des fidèles, mais les fidèles n'étaient pas tous des antrustions. Marculf nous a donné la formule de l'acte par lequel le roi reçoit un de ses fidèles au nombre des antrustions. Cette formule, intitulée: De l'antrustion du Roi, a trop d'importance pour qu'on néglige de la reproduire ici. Elle peut se traduire de la manière suivante: «Il est juste que ceux qui nous promettent une foi inviolable soient placés sous notre protection. Et comme N., notre fidèle, par la faveur divine, est venu ici, dans notre palais, avec ses hommes libres, arimannia sua, et nous a juré, avec eux, en nos mains, assistance, trustem et fidélité, nous décrétons et ordonnons par le présent précepte, que ledit N. soit désormais compté au nombre des antrustions. Que celui donc qui aura l'audace de le tuer, sache qu'il sera condamné à payer 600 sous d'or pour son wirgelt.» Dans cette formule, le mot arimannia signifie, non pas proprement les hommes libres vivant dans la dépendance du récipiendaire, mais les hommes libres venus pour prêter serment avec lui, c'est-à-dire ses conjurateurs.L'antrustion jouissant, sous la protection royale, d'un wirgelt trois fois plus fort que celui du simple homme libre, avait pour sa sûreté personnelle trois fois plus de garantie que ce dernier. Cet avantage d'une composition triple lui était assuré non-seulement pour le cas de meurtre, mais encore pour toute espèce d'attentat ou d'injure contre sa personne. Les causes des antrustions étaient déférées, en dernier ressort, au tribunal du roi; mais il leur était interdit de porter témoignage les uns contre les autres.
Ce n'étaient pas les seuls hommes libres, c'étaient aussi des personnes plus ou moins engagées dans la dépendance d'autrui, que le roi prenait sous sa protection spéciale. Des femmes mêmes y étaient admises. (Guérard, Polyptique d'Irminon.)
Note O: «... Car auprès de Chram était aussi un certain Lion de Poitiers, violent aiguillon pour le pousser à tous les excès; bien digne de son nom, il déployait la cruauté d'un lion pour satisfaire à tous ses désirs; on prétend qu'un jour il osa dire que saint Martin et saint Martial, les confesseurs du Seigneur, n'avaient rien laissé au fisc qui vaille, etc.» (Grégoire de Tours, Histoire des Franks, liv. IV, chap. XVI.)
Note P: Imnachair et Spatachair étaient les premiers affidés du roi Chram; un jour il leur dit: «Allez et arrachez par force de l'église Firmin et Césarie, sa belle-mère. Chram résidait à Clermont, réunissant des personnes de vile condition, et dans la fougue de la jeunesse il les adoptait exclusivement pour amis et conseillers, leur livrait des filles de nobles et donnait même des diplômes pour les faire enlever de force.... L'évêque Cautin sortit un jour de la ville vivement affligé, craignant d'éprouver en route quelque accident, car le roi Chram lui faisait aussi des menaces.» (Grégoire de Tours, Histoire des Franks, liv. IV, chap. XIII.)
Note Q: Cependant Chram commettait toutes sortes de violences en Auvergne, et était toujours l'ennemi déclaré de l'évêque Cautin. En ce temps, Chram fut dangereusement malade, et ses cheveux tombèrent par suite d'une fièvre violente. (Grégoire de Tours, liv. IV, chap. XVI.)
Note R: Vie privée des Français, par E. de la Bédollière.
Note S: Des chevaux, des mules, des boeufs et divers genres de voitures, entretenus aux frais du fisc, faisaient le service ordinaire pour le transport des officiers et des messages publics, et en général de tout ce qui était expédié au nom du roi. Mais au défaut ou dans l'insuffisance de moyens ordinaires, les particuliers étaient requis, pour y suppléer, de fournir leurs animaux, tant de trait que de somme. Les voitures devaient être attelées de deux paires de boeufs, et la charge d'une voiture ne pouvait excéder quinze cents livres romaines. C'était cette espèce de transport public extraordinaire, mis à la charge des particuliers, qu'on désignait sous le nom d'angarie, lorsqu'il se faisait sur les grandes routes, et sous celui de parangarie s'il avait lieu par d'autres voies.Les charrois ou angaries se faisaient quelquefois pour des lieux assez éloignés; or, la loi des Bavarois porte que les colons et les serfs feront les angaries avec leurs voitures pour cinquante lieues de distance, mais qu'ils ne seront pas obligés d'aller plus loin. Cette limitation montre elle-même combien cette espèce de service était onéreux. Les officiers publics l'aggravaient encore en abusant, à cet égard, de leur autorité, et même en exigeant pour leur propre compte des angaries qui ne leur étaient pas dues. Aussi trouvons-nous dans les lois des dispositions contre cet abus: «Que le comte, le vicaire et l'intendant, dit la loi des Visigoths, se gardent bien d'aggraver à leur profit la condition des peuples, par des indictions, des exactions, des travaux et des angaries.» (Guérard, Polyptique d'Irminon.)
Note T: Sa gloire le roi Chram. (Grégoire de Tours, liv. IV, chap. XIX.)
Note U: Il faudrait nombrer vingt miracles pareils cités dans Grégoire de Tours, miracles effectués grâce à une connaissance locale de l'état atmosphérique.
Note V: Guérard (Polyptique de l'abbé Irminon), du tarif comparé de la composition des antrustions et des leudes, t. I, p. 346.
Note X: «Chram quittant Clermont vint à Poitiers; tandis qu'il y résidait avec toute la puissance d'un maître séduit par les conseils d'un méchant, il songeait à ourdir un complot contre son père... Chram retourna dans le Limousin et réduisit sous sa domination cette partie du royaume de son père... Plus tard le rusé Chram fit annoncer à ses frères, par un étranger, la mort de son père... Chram s'avança avec son armée jusqu'à Châlons-sur-Saône, ravageant tout sur son passage, etc. (Grégoire de Tours, Histoire des Franks, liv. IV, chap. XVI.)
Notes Y et Z: La fête des Kalendes (Kalendæ, festum Kalendarum) avait lieu au renouvellement de l'année, aux Kalendes de janvier. Cette fête, d'origine païenne, fut conservée par les chrétiens. On s'y livrait, avec une sorte de fureur, aux danses les plus obscènes: on y paraissait, en outre, ce qui était de nature à provoquer bien des excès, sous les déguisements les plus étranges. Les uns avaient des habits de femme, les autres étaient couvers du peaux de bêtes. L'Église essaya de réprimer les désordres des Kalendes: elle alla jusqu'à vouloir substituer à la fête annuelle des jeûnes et des prières. Elle ne réussit pas. (Voyez les textes accumulés dans Ducange.) Il y a plus: les laïques ayant peu à peu cessé de prendre part aux réjouissances du renouvellement de l'année, les évêques, les abbés, les prêtres, recueillirent, dans le sanctuaire, les traditions du paganisme et souvent ils célébrèrent dans leurs cathédrales ou leurs cloîtres, en y mêlant les jeux les plus burlesques et les plus immoraux, la fête des Kalendes. Seulement, cette fête avait changé de nom: elle était devenue la fête des Innocents ou des Fous. Elle tomba en désuétude à l'approche des temps modernes; elle ne devait pas survivre à la barbarie du moyen âge.Voyez Ducange, ad verbum KALENDÆ, Ed. Henschel.
Note AA: Vie privée des Français, par Émile de la Bédollière, vol. I, p. 249.
CHAPITRE IV.
Note A: Grégoire de Tours, Histoire des Franks, liv. IV, ch. XVII. On y trouvera les détails de cette curieuse vendange armée.
Note B: Recueil de Marculf.
Note C: Voir la note sur les Ghildes.
Notes D, E, F: Le roi Clotaire marchait comme un nouveau David allant combattre son fils Absalon, il s'écriait:--Seigneur, regarde-moi du haut du ciel et juge ma cause, car je suis indignement outragé par mon fils; vois et juge-nous avec équité et que ton jugement soit celui que tu prononças entre Absalon et son père David.--On combattit des deux côtés avec acharnement, Chram prit la fuite, il avait sur mer un vaisseau tout préparé; mais tandis qu'il voulait mettre en sûreté sa femme et ses filles, il fut surpris, saisi et enchaîné. Le roi Clotaire ordonna qu'il fût brûlé avec sa femme et ses filles; on les enferma dans la cabane d'un pauvre, et Chram, étendu sur un banc, fut étranglé avec un mouchoir; ensuite on mit le feu à la cabane, et ainsi sa femme et ses filles périrent avec lui. (Grégoire de Tours, Histoire des Franks, liv. IV, chap. XX.)
ÉPILOGUE.
LE MONASTERE DE CHAROLLES
ET LE PALAIS DE LA REINE BRUNEHAUT.
CHAPITRE PREMIER.
Notes A, B: Ch. LXVIII, De obedientia et humilitate, règle de Saint-Benoît.
Note C: Ch. LXIX, Que dans le monastère, nul n'ose en défendre un autre, règle de Saint-Benoît.
Note D: Sismondi, Histoire des Français.
Note E: «... Les moines sentirent la nécessité de recourir à quelque autre moyen; ils résistèrent ouvertement aux évêques, ils refusèrent d'obéir à ses injonctions, de le recevoir dans le monastère; plus d'une fois ils repoussèrent à main armée ses envoyés.... On traita; les moines promirent de rentrer dans l'ordre, de faire quelques présents à l'évêque s'il voulait s'engager à respecter désormais le monastère, à ne point piller leurs biens, à les laisser jouir en paix de leurs droits; l'évêque y consentit et donna au monastère une charte... Ces chartes devinrent si fréquentes (en raison des fréquentes agressions des évêques et des insurrections des moines), que l'on trouve la rédaction officielle de ces chartes dans les formules de Marculf.»... Quand nous arriverons à l'histoire des communes, vous verrez que les chartes qu'elles arrachèrent à leurs seigneurs semblent avoir été calquées sur ce modèle (ces chartes arrachées aux évêques par l'insurrection des moines).» (Guizot, Histoire de la Civilisation, t. I, p. 446-447.)
FIN DES NOTES DU QUATRIÈME VOLUME.
TABLE DU QUATRIÈME VOLUME.
La Garde du Poignard. Karadeuk le Bagaude et Ronan le Vagre.--Prologue.--Les Korrigans. (395-529).
L'auteur aux abonnés des Mystères du Peuple.
Chapitre premier. (De 529 à 615.) Le chant des Vagres et des Bagaudes.--Ronan et sa troupe.--La villa épiscopale.--L'évêque Cautin.--Le comte Neroweg et l'ermite laboureur.--Prix d'un fratricide.--La belle évêchesse.--Le souterrain des Thermes.--Les flammes de l'enfer.--L'attaque.--Odille, la petite esclave.--Ronan le Vagre.--Le jugement.--Prenons aux seigneurs, donnons au pauvre monde.--Départ de la villa épiscopale.
Chap. II. Un festin en Vagrerie.--Meurtres de Clotaire, nouveau roi d'Auvergne, et miracles faits en sa faveur.--La ronde des Vagres.--Karadeuk le Bagaude.--Loysik l'ermite.--Comment l'évêque Cautin est miraculeusement enlevé au ciel par des Séraphins et comment il descend fort promptement de l'empirée.--Le comte Neroweg et ses leudes.--Attaques des gorges d'Allange.
Chap. III. Le burg du comte Neroweg.--L'Ergastule, où sont retenus prisonniers Ronan le Vagre, Loysik, l'ermite laboureur, l'évêchesse et Odille.--Vie d'un seigneur frank et de ses leudes dans son château, vers le milieu du sixième siècle (558).--Le festin.--Le mâhl.--L'épreuve des fers brûlants et de l'eau froide.--L'appartement des femmes.--Godégisèle, cinquième épouse du comte Neroweg.--Ce qu'elle apprend du meurtre de Wisigarde, quatrième femme du comte.--L'enfer et le clerc.--Chram, fils de Clotaire, roi de France, arrive au burg du comte.--Suite de Chram ou truste royale.--Leudes campagnards et antrustions de cour.--Le Lion de Poitiers.--Imnachair et Spatachair.--Irrévérence de ces jeunes seigneurs à l'endroit du bienheureux évêque Cautin, qui confond ces incrédules par un nouveau miracle.--But de la visite de Chram au comte Neroweg.--Torture de Ronan et de Loysik destinés à périr le lendemain avec la belle évêchesse et la petite Odille.--Le bateleur et son ours.--Ce qu'il advient de la présence de cet homme et de cet ours dans le burg du comte.
Chap. IV. Ronan le Vagre revient en Bretagne accomplir le dernier voeu de son père Karadeuk.--Il retrouve Kervan, frère de son père.--Ce qui est advenu à Ronan le Vagre, avant et durant son voyage.
Karadeuk le Bagaude et Ronan le Vagre.--Épilogue.--Le Monastère de Charolles et le palais de la reine Brunehaut (560-615). Chapitre premier. La vallée de Charolles.--L'anniversaire.--Le monastère.--Une communauté laïque et une colonie libre au septième siècle.--Condition des moines et des colons.--Le bac.--L'archidiacre Salvien et Gondowald, chambellan de la reine Brunehaut.--La fête.--Les vieux Vagres.--Les prisonniers.--Départ de Loysik pour le château de la reine Brunehaut.
FIN DE LA TABLE DU QUATRIÈME VOLUME.
Paris.--Imprimerie de madame veuve Dondey-Dupré, rue Saint-Louis, 46, au Marais.
 Les Vagres. Mort aux Oppresseurs. Liberté aux Esclaves.
La petite Odille.
L'Ermite laboureur.
L'Epreuve des fers rouges.
Le Gynecée d'un seigneur frank.
Karadeuk le Bagaude.
La Plaine embrasée.
La mort du roi Chram et de sa famille.