Les poètes du peuple au XIXe siècle
Vierge au front inspiré;
Elle avait les doux noms de Laure et de Marie,
Nom charmant! nom sacré!
Comme vers un autel
Son âme virginale et l’âme de sa lyre
Montent ensemble au ciel.
. . . . . . . . . . . . . . .
La vie de Marie Laure a été trop courte pour que son talent put briller dans toute sa force et dans toute sa pureté. Le recueil de nouvelles en prose et de poésies qu’on a publié après sa mort est empreint d’un délicieux parfum de jeunesse et d’une originalité native qui décélait l’inspiration. C’est comme poète de la nature que Marie Laure figure dans cet ouvrage; poète spirituel et penseur, qui, s’il eût vécu plus longtemps, fût devenu sans doute un grand poète.
La pièce qui suit a été composée par Marie Laure, pendant le mois qui a précédé sa mort. Elle en écrivit les derniers vers quelques heures avant son agonie.
LES PREMIERS SOUVENIRS.
Croyant que mon vallon, là bas, c’était le monde,
Du toit aimé, le soir, je passais le vieux seuil,
Et ne comprenant pas ni la mort, ni le deuil,
Ni la souffrance au cœur s’attachant comme un lierre,
Je demandais pourquoi sous la rouge paupière
Des femmes qui passaient, le front voilé de noir,
Roulaient toujours des pleurs? Pourquoi j’avais pu voir
Près d’elles, au saint lieu, quand j’étais arrêtée,
Des sanglots soulever leur épaule voûtée?
Ma mère répondait que mon ange gardien
Me le dirait plus tard si je le priais bien;
Et plus tard je l’ai su... Ce ne fut pas mon ange
Qui vint me révéler tout ce mystère étrange
De mort, de deuil, de pleurs; mais je vis tant d’absents
Qui ne revenaient pas; je connus tant d’accents
Que je n’entendrai plus; tant d’âmes envolées
Mirent sur mon chemin tant de femmes voilées;
Tant de grands cœurs battaient qui ne tressaillent plus;
Hélas! et j’en sais tant dans la fosse reclus,
De ceux que nous perdons, lorsque la feuille tombe,
Qu’ainsi j’ai vu la mort et j’ai compris la tombe.
. . . . . . . . . . . . . . .
Pourtant on me sauva; dans mes belles vallées,
Je vis des jours brûlants et des nuits étoilées,
Et lorsque je marchai, dans mon premier sentier,
La première fleur fut la fleur de l’églantier,
Que ma main déroba. Durant plus d’une année,
Je courus par mes prés doucement étonnée,
Regardant la nature et devinant le beau
Comme mon cœur plus tard devina le tombeau.
. . . . . . . . . . . . . . .
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Il me souvient; je vis venir la poésie,
Soutenant d’une main sa coupe d’ambroisie,
Et de l’autre deux luths;—les posant devant moi,
«Tiens,» me dit-elle, «enfant, voici deux luths pour toi.
Quand le chagrin fuira de ta triste demeure,
La paix viendra vers toi,—ne fuirait-il qu’une heure.
Tu prendras ce vieux luth entouré d’oranger,
A la fleur virginale, au parfum étranger;
Sur lui tu peux chanter la riante ballade,
Rome, si tu l’as vue, ou Séville ou Grenade;
C’est le luth de la joie et des douces amours;
Ne va pas y chercher chagrins et mauvais jours.
Mais lorsque tu verras revenir la souffrance,
Faisant fuir de frayeur la paix et l’espérance,
Tu prendras l’autre luth, posé sur un cercueil;
Il est encore couvert de larmes et de deuil;
Sur lui chantons toujours quand la peine t’oppresse;
Tu pourras quelquefois affaiblir ta tristesse.
Pour la muse, attends-la, mais ne la poursuis pas;
Si tu la laisses libre elle suivra tes pas.
Adieu, garde longtemps ton âme forte et juste.»
(Ainsi m’avait parlé la poésie auguste.)
Que souvent j’égarais le luth de la gaîté,
Le délaissant toujours. Mais, un matin, joyeuse
Ou calme,—j’essayais la ballade amoureuse,
Lorsqu’on vint m’appeler auprès du saint vieillard,
L’aïeul agonisant, dont le blême regard
Sortait péniblement de paupières mi-closes,
Tombé dans le jardin près d’un buisson de roses;
Son teint était semblable aux suaires jaunis,
Et comme Dieu l’accorde à ses élus bénis;
La mort, lente à venir, sainte et mystérieuse,
Ferma l’œil sans regard de l’agonie affreuse.
MARIE CARPANTIER,
De la Flèche.
Quelle est cette frêle jeune fille, au teint pâle, aux longs cheveux blonds! Assise sur le sommet d’une colline, le front appuyé sur sa main, elle suit, d’un regard mélancolique, à travers les prairies, le Loir, dont le cours sinueux semble être l’image des méandres de sa pensée; puis, détachant ses yeux de ce spectacle magnétique, elle relève la tête et arrête sa vue sur les tours imposantes du collége militaire, bâti par le roi populaire, par le bon Henri, et sa pâleur s’efface, sa tristesse s’envole, car les rêves de son imagination, les pressentiments de son âme se dissipent au souvenir de cette éclatante mais douce et pure gloire qui, comme un baume bienfaisant, a rasséréné son cœur alarmé. Malheureuse jeune fille aux nobles pensées, aux instincts généreux, orpheline, sans parents, sans appui, tu n’as, pour défier l’avenir, que ta mère, pauvre veuve, avant le temps, d’un brave militaire; que ta mère énervée par la douleur.
L’enfant sentit bientôt, sous leur rosée amère
Sa raison s’épurer, son âme s’agrandir.
Nue et morne à ses yeux apparut l’existence;
Et, pour encourager sa mère à la souffrance,
Elle se hâta de souffrir.
Mais sur cette existence menacée par un sombre avenir luit tout d’un coup une vive lumière: la Bienveillance, sous les traits d’une femme poète[Q], éveille de nombreuses sympathies en faveur de la jeune muse abandonnée, attire sur elle l’attention de personnages puissants. Bientôt, grâce à cette intervention généreuse, la pauvre Marie, délivrée de ses noirs pressentiments, rassemble ses poésies, feuilles éparses qu’elle avait écrites sous de pénibles impressions, et, le cœur gros d’attendrissement et de reconnaissance, elle peut inscrire sur leur frontispice cette dédicace expansive:
Ce livre est la première, la seule richesse que je possède en ce monde; qu’ELLE[R] me laisse le lui offrir, ELLE qui a délivré mon âme de ses douloureuses préoccupations, en répandant la sécurité pour l’avenir et la douce quiétude du présent sur les vieux jours de ma mère bien aimée.
Les préludes sont empreints d’une tristesse maladive, apanage funeste de ces organisations délicates qui, à leur entrée dans la vie, sont si brutalement étreintes par la misère et la douleur qu’elles se croient fatalement appelées à subir ce double joug. On reconnaît la trace du malheur dans cette pièce touchante: Si je mourais!...
SI JE MOURAIS!...
les portes de la mort,» et j’ai cherché en vain le
reste de mes années.
Cantique d’Ézéchias.
Retombe à chaque instant sur mon âme oppressée;
Si je parle d’espoir, une vague terreur
Fait expirer les mots sur ma lèvre glacée,
Étouffe sous son poids les élans de mon cœur,
Et, boisson vénéneuse en ma coupe versée,
Transforme en cris d’effroi tous mes cris de bonheur!
Le jour ne s’éteint pas au lever de l’aurore;
Le soleil du matin resplendit jusqu’au soir:
Moi je naquis hier, et je n’ai, sur la terre,
Qu’à petits pas d’enfant commencé ma carrière;
J’ai de longs jours à vivre et de beaux cieux à voir!
Et puis, à mon berceau, pendant la nuit muette,
Ma mère a tant veillé! tant prié sur ma tête!
Tant demandé pour moi de joie à l’avenir!
Non, je ne mourrai pas! Quoi! fuir ma vieille mère!
Quoi! dévaster son ciel! quoi! triste et solitaire
L’abandonner! ma mère!... Oh! si j’allais mourir!...
Et que le soir lugubre, en longs habits de deuil,
S’avance tristement pour évoquer les ombres,
J’entends, j’entends les morts entr’ouvrir leur cercueil.
Je les vois, secouant leur funèbre poussière,
Se dresser lentement décharnés et sans bruit;
Et, muets, s’éloigner, couverts d’un long suaire
Que soulève à regret le souffle de la nuit.
Je crois entendre au loin leur voix mystérieuse
Gémir en m’appelant au pied d’un noir cyprès,
Et malgré moi revient cette pensée affreuse:
Si je mourais!... si je mourais!...
Vous par qui s’embellit ou s’attriste mon sort,
Venez fortifier mon faible cœur de femme;
Venez! délivrez-moi de ces rêves de mort!
Au bruit de vos chansons engourdissez mes peines;
Que vos voix, s’unissant dans un accord divin,
Pénètrent tous mes sens et glissent dans mes veines
Le désir de la joie et l’oubli du destin.
N’est-il plus sur les monts une fleur pour nos têtes?
Les lis, ainsi que moi, se sont-ils tous flétris?
Ah! venez! guidez-moi vers ces grottes muettes,
Je veux à leurs échos dire vos noms chéris!
Je veux, d’un pied léger, sur la verte colline
Bondir! et me bercer dans les vagues du ciel!
D’un air limpide et frais abreuver ma poitrine,
M’enivrer de parfums! m’enivrer de soleil!
Là, je vivrais, amis! car c’est la peur qui tue!
Oh! la peur, de ma vie a fait un long trépas.
Cette horreur de la mort, d’où m’est-elle venue?
Avant de vous aimer, je ne la craignais pas.
Aux appels suppliants des fils de la douleur;
Je croyais que pour eux, ange libérateur,
Des heureux d’ici-bas elle fuyait l’asile;
Et, dans mes jeux d’enfant, bien souvent immobile,
Je feignais d’être morte... Oh! je n’avais pas peur!
Ecoutez!... écoutez le bruit sourd des tombeaux!...
Sur l’horizon déjà des ombres se balancent....
Du jour! de la lumière! apportez des flambeaux!
Amis, entourez-moi! rapprochons-nous de l’âtre;
Chassons du noir sommeil les perfides appas!
Chantons de gais refrains jusqu’à l’aube bleuâtre.
. . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . .
Mais si la mort venait!... cachez-moi dans vos bras....
C’est peu après sa première nomination à un emploi honorable que mademoiselle Carpantier dut composer sa pièce intitulée Sur le côteau de Saint-Germain-du-Val, pendant la nuit. Le ton de cette pièce est bien différent de la précédente; on y respire l’allégement du cœur, la satisfaction intime, la sérénité, le calme après la tourmente. Nous en citerons une partie pour montrer ce jeune talent sous un autre jour.
SUR LE COTEAU DE SAINT-GERMAIN-DU-VAL,
Pendant la nuit.
. . . . . . . . . . . . . . .
Je vois, je vois d’ici ma cité bien aimée
Sommeiller, vaporeuse, au bord de l’horizon,
Comme un léger esquif que la brise embaumée
Endort sur l’Océan profond.
Sa ceinture de monts, ses ombrages en fleur,
Quels flots de souvenirs inondent ma mémoire!
O mon enfance! ô paix du cœur...
—Des secrets de la nuit témoins silencieux,—
Ces tours[S] aux fronts hautains qui, des nuages sombres,
Déchirent les flancs orageux.
Orgueil de mon pays, œuvre d’un roi chéri,
Ne voit-on pas planer une ombre protectrice?
L’ombre du magnanime Henri?
S’illumine aux clartés de la lampe des cieux;
Semblable au sentier d’or que parcourt, dans l’espace,
Un archange aux pieds lumineux.
Asile où je vécus du fruit de mon labeur;
Toi qui compris mes chants, qui protégeas ma vie;
Quel amour t’a voué mon cœur!
Pour ton ciel nuageux, pour tes monts verdoyants,
Et la vieille Italie, et la jeune Amérique,
Et l’Asie aux cieux flamboyants!
Athène et ses débris............
. . . . . . . . . . . . . . .
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Paris, ce vaniteux qui veut briller et plaire,
A mes yeux un instant sembla royal et beau;
Mais bientôt j’aperçus la fraude et la misère
Sous la pourpre de son manteau.
Où pas un œil ami ne s’arrêtait sur moi,
D’un lourd penser d’exil oppressaient ma pensée
Et me glaçaient d’un vain effroi.
Loin de ces inconnus je courais me cacher,
Pour songer doucement à ta fraîche vallée,
A tes bois, à ton vieux clocher.
Qui dort sombre et muet sur tes côteaux fleuris,
Et qui, puissant jadis, sous ton toit séculaire
Abrita le saint roi Louis.
Jamais tu n’eus pour moi ni fêtes ni plaisirs;
Mais le doux souvenir de ma mère chérie
Parfumait tous mes souvenirs.
Le destin, loin de toi, m’entraînait quelque jour,
Pour consoler mon cœur sur la terre étrangère,
Garde, ah! garde-moi ton amour!
Mon front de fiers lauriers ne s’est point ombragé;
La gloire me fait peur, le faste m’importune;
Je ne veux rien que ce que j’ai.
On le voit, la vie de mademoiselle Carpentier ne présente qu’une physionomie monotone; le grand événement qui l’a marquée a été son voyage à Paris. Mais nous disons tant mieux avec l’excellent M. Primrose[T], cet ami du foyer domestique, dont toutes les émigrations s’étaient bornées à passer, dans sa maison, de la chambre bleue à la chambre rose, et nous répéterions volontiers aussi, avec les voyageurs aux pays lointains, désenchantés, au retour, ces vers d’un charmant poète français, Léonard:
Dans cette course vagabonde!
Le bonheur ne court pas le monde;
Il faut vivre où l’on est heureux.
Comme Élise Moreau, comme Marie Laure, mademoiselle Carpantier doit presque tout à la nature. Ses dispositions précoces pour la poésie lui valurent les plus vives sympathies. L’étude vint ensuite les développer; mais ce fut l’étude individuelle, l’étude telle qu’elle a été pratiquée par nos poètes artisans, l’étude sans maître.
L’auteur des Préludes a composé son recueil de pièces assez différentes de forme, de ton, de couleur et de sentiment. La critique sévère y reprendra des alliances de mots et des rimes usées, et réclamera moins d’abondance et de facilité. Mais ce sont là des taches légères. Mademoiselle Carpentier excelle dans les tableaux sombres ou sauvages; son pinceau, tout viril alors, nous transporte par sa touche énergique et fière. Nous citerons, en ce genre, Une création de Satan, et surtout Indépendance, dont les cinq dernières strophes resteront dans la mémoire des littérateurs.
JOSEPH-LAFON LABATUT,
De Messine.
Quand l’homme plie sous l’adversité, il interroge le ciel de son passé pour y retrouver une étoile amie. Ce ciel est souvent couvert, mais pour Labatut ce ciel était clair et serein, et l’étoile amie y brillait d’un vif éclat. C’est que cet homme, ancien soldat, avait toute la chaleur d’âme de ses pareils; il croyait à la constance de l’amitié, parce qu’il l’éprouvait lui-même.
Lafon Labatut, originaire du Bugue, petite ville en Périgord, avait épousé à Messine, après beaucoup de traverses, une jeune sicilienne d’une éclatante beauté. Il revenait en France, sur un vaisseau de la marine anglaise, avec sa femme et Joseph, alors âgé de cinq ans; mais la jeune femme, atteinte de la peste, était morte à Gilbraltar.
Après ce coup terrible, il débarqua à Calais, avec son enfant qu’il traînait et portait tour à tour, et se dirigea vers Paris, où il espérait retrouver un ami d’enfance, M. Pelissier, qu’il savait occupé auprès de M. Raynouard, le secrétaire perpétuel de l’Académie française. Cette espérance qui l’avait soutenu pendant ce pénible voyage devait se réaliser; il rencontrait la fin de ses fatigues à Passy, dans la maison de campagne de l’auteur des Templiers.
Le pauvre soldat et son enfant, après quelques jours de repos, se mirent en marche pour leur pays. Labatut trouva sa mère morte, et son père ne tarda pas à la rejoindre. Lui-même succomba à ses chagrins peu d’années après.
La douceur et l’excellent naturel du petit Joseph, la précocité de son intelligence, sa gentillesse, ses saillies enfantines lui firent tour à tour des protecteurs et des amis. Il faut placer à leur tête une bonne veuve qui l’attira chez elle, le surveilla dans ses jeux, le combla de caresses et de bonbons, et lui apprit à lire. Le petit Joseph demanda ensuite qu’on lui enseignât l’écriture, mais la bonne dame, à son grand regret, ne put lui rendre ce bon office, son savoir n’allant pas jusque là. L’enfant ne se découragea pas, et, s’étant procuré des plumes, des crayons et du papier, il imita les caractères des titres des fables de son bon ami La Fontaine, et il se fit ainsi une écriture que la nécessité pouvait s’attribuer pour une bonne part.
A l’âge de neuf ans il entra chez un vieux curé de village, son parent, qui l’emmena dans son presbytère et en fit un enfant de chœur accompli. Quatre ans s’écoulèrent dans le calme et la douceur de la vie champêtre, mais ce calme et cette paix ne le rendaient pas heureux; Son sang sicilien, avide d’action, s’aigrissait dans ses veines; il rêvait, si jeune, sans que ses rêveries lui donnassent le secret des vagues aspirations qui le tourmentaient. C’est à cet état de son âme qu’il fait allusion dans ces vers du Presbytère:
Insensé que j’étais! souvent l’inquiétude
M’agitait vaguement dans cette solitude.
Pour la gloire et les arts, pour un frivole honneur
Je regrettais des jours usés dans le bonheur,
Et mes précoces mains d’une luisante argile
Formaient quelque grand homme ou quelque dieu fragile,
Et d’informes croquis mes blancs murs habités
D’un grossier muséum étalaient les beautés.
Surtout l’aveugle Homère et ses grandes merveilles,
De mon jeune repos faisaient d’ardentes veilles.
Hélas! quand j’ébauchais son image, comment
N’étais-je pas troublé d’un noir pressentiment!
Ainsi de l’arc-en-ciel l’enfance émerveillée
Court et pense l’atteindre en la plaine mouillée,
Et, dès que son ruban s’efface dans les cieux,
L’enfant surpris s’arrête et reste soucieux.
Un événement imprévu vint déchirer le voile qui couvrait son intelligence: un jour il avisa juché au haut d’une armoire, un vieux bouquin poudreux. Il le dénicha à l’instant. Ce bouquin était un poème sublime; c’était l’Iliade. Les scènes solennelles et pompeuses d’Homère, les luttes terribles de ses dieux et de ses héros s’emparèrent tout d’un coup de cette imagination flottante; aussi les murs du presbytère, tapissés par les dessins grandioses de Joseph, exécutés au charbon, devinrent-ils, en peu de jours, l’Illustration détaillée du plus beau poème de l’antiquité.
Joseph en était là lorsque vint à mourir le bon curé. Il fut appelé à Paris par M. Pelissier, ce fidèle ami de son père, qui voulait être aussi le sien, et lui tenir lieu de tous les protecteurs que la mort lui avait successivement enlevés.
M. Pelissier, sa famille et ses amis furent émerveillés des prodigieuses dispositions de Joseph pour le dessin. On fut curieux de savoir quel effet produirait sur lui la vue des chefs-d’œuvre des grands maîtres. On le conduisit au Musée du Louvre. L’impression fut grande, profonde. A la vue des tableaux de Rubens, «Rubens,» s’écriait-il avec exaltation, «ô Rubens! je veux être Rubens!»
Confié aux soins d’un dessinateur habile, M. Sudre, il fut bientôt assez fort pour entrer dans l’atelier de Gérard. Il apprenait en même temps l’art des écritures lithographiques, et, après quelques mois d’étude, il était en état de gagner quatre à cinq francs par jour. Un horrible malheur devait confondre la sollicitude de l’excellent M. Pelissier et enlever à Joseph le fruit de ses veilles et de ses travaux. Un soir il rentra de l’atelier, les yeux enflammés et sanglants. On ne tarda pas à s’apercevoir qu’une double taie obscurcissait sa vue. Il ne restait d’espoir que dans un traitement épouvantable. Le jeune artiste s’y soumit, mais son martyre fut inutile. Quand l’art est à bout, il se retourne vers la nature; on conseilla le climat méridional, et, quelques mois après, Labatut était complètement aveugle.
Il était dans la destinée de cet infortuné de faire naître autour de lui les plus vives sympathies. La sœur de la femme généreuse qui avait entouré son enfance de tant de soins vint reprendre cette œuvre de charité interrompue par la mort, et un jeune chirurgien qui lui avait prodigué les secours de son art, vint se joindre à elle pour lui donner, du moins, les prévenances et les consolations de l’amitié. Ce jeune chirurgien avait une petite fille qui, mieux que toute autre personne, réussissait à distraire et à récréer le pauvre aveugle par son innocent babil, ses naïves gentillesses et son naturel aimant et sensible. L’enfant préférait à tout la société de Labatut, qui lui racontait les plus belles histoires de la Bible, les épisodes les plus dramatiques de l’Iliade. Insensiblement Labatut comprit qu’il pouvait être utile, et il disposa ses récits de manière à développer l’intelligence de sa petite amie. Il n’était pas bien savant, mais il avait beaucoup de zèle; il répondait de son mieux à toutes les questions de l’enfant, et, en piquant sa curiosité, il parvint à lui inculquer le peu de science qu’il possédait. Cette petite fille avait une mémoire heureuse: elle récitait avec grâce, et sans se faire prier, les plus jolies fables de La Fontaine. Toute la ville était émerveillée du maître et de l’écolière.
Un père de famille vint alors prier Joseph de se charger de l’éducation de son fils. Joseph accepta, sans hésiter, ayant avisé à un expédient qui devait le rendre capable de s’acquitter convenablement de sa tâche. Dans sa combinaison ingénieuse, c’est l’élève qui fournira au maître les éléments divers de son enseignement; c’est dans ce but que le premier fera au second des lectures à haute voix sur tous les sujets. Ces morceaux épars des connaissances humaines qui, à une simple audition, se gravent indélébilement dans son vaste cerveau, Labatut parviendra à les rallier dans un tout par les fils imperceptibles qui les unissent l’un à l’autre; et, par la lucidité supérieure de son entendement, il se créera des méthodes simples et faciles, dont la clarté féconde lui sera démontrée par les progrès rapides de l’enfant confié à ses soins.
Bientôt l’instruction du jeune élève de Labatut fut si généralement connue que plusieurs jeunes gens vinrent lui demander des leçons. Les enseignements de l’aveugle leur furent aussi profitables, et ils achèvent aujourd’hui avec distinction leurs études universitaires.
Quand le monde extérieur, cette seconde vie du peintre, s’était complètement évanoui sous son regard éteint, Labatut était tombé dans un violent désespoir. Dans ses rêves, la nuit, dans ses rêveries, le jour, il appelait à grands cris la nature, la mère de son génie morte pour lui; il pleurait sur le soleil du midi—mort pour lui; sur les fleuves aux ondes argentées; sur les prairies émaillées de fleurs, sur les forêts ombreuses, sur toutes les merveilles de la création; enfin, tout cela confondu pêle-mêle dans un invariable horizon noir... O regrets amers! O douleurs poignantes! O insomnies cruelles!
Mais cette flamme de l’art qui ne trouvait plus d’issue pour se répandre au dehors aurait fini par le dévorer s’il n’eût compris qu’il fallait lui trouver un autre aliment. Ce fut pour soulager son âme ulcérée qu’il composa des pièces de vers sombres et navrantes, comme Ma Vision, Ce qui me reste, Un Fragment.
Quand le temps l’eut ramené à un état moins violent, il se plut à jeter un coup d’œil sur ses souvenirs d’enfance, sur ses attachements, sur ses sympathies. Quelle sensibilité, quelle grâce, quel charmant coloris dans les pièces qu’il créa sous cette disposition plus calme. Nous citerons de préférence celle qu’il adressa à sa mère.
MA MÈRE.
m’apparaître toutes les nuits.
Millevoye.
Des madones au bout de longs chemins en fleurs;
Un horizon qu’au loin dessine
Une mer où se joue un fidèle soleil:
Serait-ce mon berceau?—Tout s’efface.—Au réveil
Ma langue murmurait: Messine!
Gibraltar, roc sinistre, à mes songes hagards
Rappelle une pensée amère:
Une femme mourante et me tendant les bras,
Un char où je m’attache à l’essieu: c’est, hélas!
Tout le souvenir de ma mère.
Déjà toute en ses traits n’arrachait nul remord
A sa bouche sitôt pâlie:
Ses yeux à me quitter ne pouvaient consentir;
Puis elle les levait là-haut, comme un martyr
Peint par sa fervente Italie!
Tout prêt à se jeter sur le char du trépas,
Qui revient bruire en mon rêve,
C’était moi qui comptais à peine cinq printemps,
Tels que Dieu les dispense à ces bords éclatants,
D’où le vent du malheur m’enlève.
A fait de Gibraltar un cimetière étroit;
Triomphant sur la ville prise,
Il arbore au sommet des clochers et du fort
Son pavillon funèbre, épouvantail de mort,
Que secoue une infecte brise.
Des tentes çà et là s’ouvrant sur les hauteurs
A l’air moins chaud qu’on y respire;—
D’autres sur l’Océan sillonnant un chemin;—
Mon père, vieux soldat, m’entraînant par la main,
Monte en pleurant dans un navire;
Et le chant maternel qui m’endormit cessa,
Et la vague en courroux sur son sein me berça
Comme une marâtre qui gronde.
Ma mère! A chaque instant mes cris la demandaient;
Et les pleurs de mon père à mes pleurs répondaient;
Et le vaisseau fuyait sur l’onde.
Et dans le somme étrange où je croyais la voir,
Pauvre orphelin! j’allais l’attendre.
Mais à la vierge, avant, dont elle eut le doux nom,
Je récitais pour elle une ardente oraison
Dans son dialecte si tendre.
Mon père enfin m’apprit qu’aux cieux, à son côté,
Elle nous gardait une place;
Et mes regards, errant au monde merveilleux,
Du sentier qu’elle avait suivi dans les champs bleus,
Le long du jour cherchaient la trace.
L’Espagne encor s’éloigne avec le saint tombeau
Indifférent à cette terre;
Et toujours vers le sud tournant des yeux en pleurs,
Je vins en frissonnant traîner tant de douleurs
Parmi les brumes d’Angleterre.
Hâtive m’entraîna vers cet âge orageux
Où les passions brisent l’âme.
Les passions!—torrent par les revers glacé—
Toujours inaltérable en mon cœur ont laissé
Ce pâle visage de femme.
Et dans ces longs moments qu’en mes fiévreuses nuits
L’insomnie au repos dérobe,
Toujours je crois la voir qui, de ce char cruel,
S’envole, ange ineffable, et me ravit au ciel
Dans les pans d’azur de sa robe.
Mais ces admirables peintures n’étaient que l’écho fidèle de ses tristesses intérieures, et il voulut embrasser un plus vaste horizon, en dévoilant des impressions, des passions et des sentiments mieux appropriés aux dispositions de l’humanité dans ses conditions ordinaires. Parmi ces pièces où son talent se développe et s’élève très haut, nous citons la pièce suivante, l’Oiseau inconnu.
L’OISEAU INCONNU.
Qui, par longs intervalles,
Fais retentir au loin la gaîté de tes chants
En strophes matinales.
Jamais au premier âge
Tu ne vins sur mon front te choisir dans les bois,
Un balcon de feuillage.
Voix que le ciel inspire!
Mon cœur te connaît bien; et ne me rends-tu pas
Une larme, un sourire?
Dans les herbes nouvelles?
Dieu t’a fait un présent qui n’a point de pareil,
Ta musique et tes ailes.
Ni la vive alouette;
C’est un vague soupir, un talent méconnu
D’insouciant poète.
C’est la Vierge qui passe,
Se tourne, vous regarde et laisse au fond du cœur
Le parfum de sa trace.
Chanter jeune interprète;
Chaque printemps, plus vieux et plus triste toujours,
Je t’écoute et m’arrête.
D’harmonie et d’enfance,
Comme la fleur d’automne abandonne au zéphyr
Un doux reste d’essence.
Qui, par longs intervalles,
Fais retentir au loin la gaîté de tes chants
En strophes matinales.
La mauve ou la pervenche?
Ou ton frêle édifice aux caprices du vent
Flotte-t-il sur la branche?
Les festins de ta couche?
Portes-tu dans ton bec, à tes chers oisillons,
La bourdonnante mouche?
Où se hâte l’aurore?
Constant et résigné, braves-tu nos frimas,
Cher oiseau? Je l’ignore.
On sait tout quand on aime;
Pour un pauvre ignorant comme moi, c’est assez
Que tu sois un emblême.
Ma jeunesse ravie,
Qui chante quelques jours au printemps, puis se tait
Tout l’hiver de sa vie.
Une particularité remarquable c’est que Labatut n’écrit pas ses vers: il les compose dans le silence et se les récite à lui-même, comme pour endormir ses douleurs. Une autre circonstance non moins curieuse c’est que son incontestable habileté de la forme, il l’a acquise seul, puisqu’il fut son instituteur à lui-même depuis les règles de la grammaire et de la prosodie jusqu’aux délicatesses et aux artifices du langage poétique.
Labatut s’était fait une méthode d’enseignement surtout en vue de gagner son pain de chaque jour. Malheureusement sa santé affaiblie lui enleva cette ressource. C’est alors qu’un jeune officier, neveu de la bonne veuve dont nous avons parlé, pensa à recueillir les poésies du jeune aveugle et à les publier. Mais ce ne fut qu’après les plus vives instances que cet ami parvint à vaincre ses répugnances pour la publicité. Voici ce que Labatut écrivait à ce sujet à cet ami zélé:
«Vous le savez, ce n’est pas un vain désir de célébrité qui m’a fait céder à vos instances et consentir à livrer au public de mauvais vers que j’aurais voulu garder pour moi et pour quelques rares amis, qui sont bien obligés de supporter quelque chose.
»Si jusqu’à présent je m’étais toujours refusé à me faire imprimer, c’est que je trouvais un autre moyen de vivre; il me manque aujourd’hui, et il faut bien, malgré toutes mes répugnances et mes craintes, que je me décide à prendre ce dangereux parti.
Aussi, je l’avoûrai, n’est-ce pas sans regrets,
Sans cette pudeur fière, aux malheureux connue,
Que je livre aux regards mon âme toute nue.
»Mais il le faut, vous le voulez, et puisque c’est une dernière planche de salut, je vais encore m’y hasarder.»
L’épilogue par lequel Labatut termine son livre fait connaître le peu de foi qu’il avait dans le mérite de ses poésies et dans leurs succès.
ÉPILOGUE.
MALHERBE.
Que, sans postérité, votre père à grands pas
Vers le néant s’avance; et toi, précoce veuve,
Muse, qui dois me suivre en ma dernière épreuve,
Ainsi qu’au Malabar, cadavre sans pitié,
Le mari réclamait sa vivante moitié
Sur une couche où le feu brille;
Pauvres vers, pauvre muse, est-il vrai qu’aujourd’hui
Vous alliez, secouant au grand jour votre ennui,
Traîner ma dolente famille?
Les regards au soleil, vous perdre dans les cieux,
Et suivant le grand aigle aux sphères éternelles,
Y diriger l’essor de vos naissantes ailes?
Le soleil est trop loin!—Et puis, vous le savez,
Mes vers, je n’aime point l’éclat que vous bravez.
Qu’est-ce que votre amour espère?
A l’angle de la porte, aux bornes du chemin,
Irez-vous par le monde au loin tendre la main
Pour soutenir les jours d’un père?
Jaillissant tout à coup de mon cerveau qui luit
Vous sembliez courir dans ma longue crinière,
Ou dérober, brûlants, de mon étroite ornière,
Avec ce bruit de rhythme et de sonorité,
Avec ces vifs reflets qu’une âpre vérité
Revêt comme un brillant plumage.
Ma douleur se complaît à votre premier cri,
Et souvent à vos yeux la farouche a souri,
Vous voyant naître à son image.
Aussi, je l’avoûrai, n’est-ce point sans regrets,
Sans cette pudeur fière aux malheureux connue,
Que je livre aux regards mon âme toute nue;
Sanctuaire profond dont l’accès n’est permis
Qu’à notre ange charnel, qu’à de rares amis,
Gloire et soutiens de l’infortune,
Et qui, vivant, hélas! ou sous l’herbe étendus,
Nous entendent encore ou nous ont entendus
Dans l’ombre ou dans les clairs de lune.
Où le sort m’enleva famille, espoir, amours,
Et brisa sur l’écueil ma barque d’insulaire,
En cette région que nul soleil n’éclaire,
Vous avez sur mon front fait tomber quelques fleurs.
Mais la saison est froide, et les passants railleurs
Jetteront dans votre besace
Une pierre peut-être au lieu d’un pain pieux,
Au lieu d’un doux poisson le reptile odieux,
Au dard de flamme, au corps de glace;
Tel qu’un pauvre qui pleure et dévore un refus;
Et vous aurez perdu ce parfum de mystère
Qui charmait autrefois ma couche solitaire;
Tandis que vos pieds nus ne me rapporteront,
Tristes enfants trouvés, que la boue et l’affront,
Ou les épines que l’envie
Sème sur les sentiers de la postérité,
Pour ceux qui vont cherchant dans la célébrité
Le prix d’une orageuse vie.
Malgré ces tristes pressentiments, l’Académie française a décerné d’une voix unanime, un prix de quinze cents francs à ce jeune poète de la nature et du malheur.
TABLE.
FIN DE LA TABLE.
FOOTNOTES:
[A] Chacun veut acquérir des connaissances, mais de payer le salaire, tout le monde y répugne. Juvénal, Satire VII, vers 156.
[B] M. Clément Savatier, de Saumur.
[C] L’opinion de l’auteur sur J.-J. Rousseau est évidemment toute poétique. Il nomme fort improprement «l’ami du malheureux» un homme qui mettait ses enfants à l’hôpital et qui a violemment attaqué la religion catholique. (Note de l’auteur.)
[D] Démosthènes, fils d’un forgeron.—J.-B. Rousseau, cordonnier.—Rollin, coutelier.—Horace, affranchi.—Fléchier, faiseur de chandelles.—Molière, tapissier.—Franklin, pauvre artisan.—Quinault, boulanger.—J.-J. Rousseau, horloger. (Note de Gonzalle.)
[E] Cette opinion n’est pas nouvelle et elle n’en est pas plus solide: «Origène,» disent les philosophes, «témoigne que les premiers chrétiens faisaient peu de cas des temples et des autels. C’est, en effet, au milieu de l’univers qu’il faut adorer celui qu’on en croit l’auteur. Un autel de pierre, élevé sur une hauteur, au milieu d’un vaste horizon, serait plus auguste et plus digne de la majesté suprême que ces édifices dans lesquels sa puissance et sa grandeur paraissent resserrées entre quatre colonnes. Le peuple se familiarise avec la pompe et les cérémonies d’autant plus aisément que, étant pratiquées par ses semblables, elles sont plus proches de lui et moins propres à lui imposer; bientôt l’habitude les lui rend indifférentes. Si la synaxe ne se célébrait qu’une fois l’année et qu’on se rassemblât de divers endroits pour y assister, comme on faisait aux jeux olympiques, elle paraîtrait d’une tout autre importance. C’est le sort de toutes choses de devenir moins vénérables en devenant plus communes.»
On a répondu à ceci de la manière suivante: 1º Il est faux que la vue du ciel et d’un vaste horizon fasse plus d’impression sur le commun des hommes qu’un temple décemment orné. Le peuple est plus accoutumé à voir le ciel et la campagne qu’à voir des cérémonies pompeuses; il ne médite ni sur la marche des astres ni sur la magnificence de la nature. Le sacrifice offert au ciel, une fois l’année, sur une montagne, par l’empereur de la Chine, à la tête des grands de l’empire, est, sans doute, imposant; cependant il n’a pas empêché le peuple, les grands, et l’empereur lui-même de tomber dans le polythéisme et d’adorer des idoles dans les pagodes. C’est un fait devenu incontestable. Les Perses et les Chananéens offraient aussi des sacrifices sur les montagnes; ils n’en adoraient pas moins des marmousets sous des tentes. Aussi Dieu défendit ces sacrifices aux Israélites; il voulut qu’on lui dressât un tabernacle et ensuite un temple. Montesquieu observe très bien que tous les peuples qui n’ont pas de tentes sont sauvages et barbares.
2º Il est faux que les premiers chrétiens aient pensé comme les philosophes. Ils ne pouvaient avoir de temples lorsqu’ils étaient forcés de se cacher pour célébrer les saints mystères; mais ils bâtirent des églises, dès que cela leur fut permis, et elles furent démolies pendant la persécution de Dioclétien. Il y en avait certainement du temps d’Origène. Jamais les chrétiens n’ont tenu leurs assemblées en pleine campagne. (Gerbet, Dictionnaire théologique.)
[F] Les domestiques n’entrent pas ici.
[G] Pour qui me prenez-vous? Je ne sors pas.
[H] Le marinier Réfour, lors de l’inondation de Saumur, a donné la preuve que sous sa modeste blouse battait un cœur généreux; sa conduite a été au dessus de tous les éloges.
[I] MM. Fain et Thunot.
[J] M. Henri Barbet.
[K] Montagne près de Toulon.
[L] Parmi les divers systèmes d’échafaudage en usage dans le midi, il en est un dont les maçons se servent, qui consiste à suspendre par les deux bouts, avec des palans fixés sous les toits, de longues échelles qui reçoivent le nom de ponts. (Note de Poncy.)
[M] M. de Châteaubriand.
[N] La cascade à laquelle l’auteur s’adresse existe dans le parc du château de Châteauneuf sur Loire, appartenant à madame Eulalie Lebrun.
[O] Les amis de l’auteur, en donnant cette traduction, ont dû renoncer à faire du français élégant et châtié, leur but étant de laisser bien comprendre le faire simple, naïf, et surtout l’entrain du poète. Ils n’ont voulu, dans cette traduction, d’autre mérite que celui de ne pas chercher à en avoir; elle est presque toujours mot à mot; aussi espèrent-ils que, à l’aide de cette espèce de décalque, les personnes les plus étrangères à notre harmonieux idiome comprendront le texte facilement.
—C’est Pascal! répond Thomas.
—Bravo! vive Pascal! s’écrie la foule entière.
[Q] Madame Amable Tastu.
[R] Madame Tastu.
[S] Les tours du collége militaire de la Flèche, bâti en 1602 par Henri IV.
[T] Personnage principal du roman moral anglais intitulé le Vicaire de Wakefield, composé par le célèbre Goldsmith.