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Les Usages du Siècle : lettres, conseils pratiques, le Savoir-vivre

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The Project Gutenberg eBook of Les Usages du Siècle : lettres, conseils pratiques, le Savoir-vivre

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Title: Les Usages du Siècle : lettres, conseils pratiques, le Savoir-vivre

Release date: August 3, 2012 [eBook #40399]
Most recently updated: October 23, 2024

Language: French

Credits: Produced by Hélène de Mink and the Online Distributed
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*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LES USAGES DU SIÈCLE : LETTRES, CONSEILS PRATIQUES, LE SAVOIR-VIVRE ***

Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée. Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.

Les Usages
du Siècle

COULOMMIERS
Imprimerie Paul Brodard.

UNE PARISIENNE


Les Usages
du Siècle

Lettres—Conseils pratiques
Le Savoir-Vivre

deco

PARIS
A. DESLINIÈRES, ÉDITEUR
161, RUE DU FAUBOURG SAINT-DENIS


1895
Tous droits réservés.

Savoir-Vivre.

La Parisienne d'esprit et de goût qui a rédigé ce petit code de nos usages et de nos coutumes en cette fin de siècle, n'a ni la prétention de donner des leçons à ses contemporaines, ni celle de leur enseigner les notions du savoir-vivre.

Ces leçons, qu'on apprenait si difficilement aux gentilshommes de la cour de Louis XIV, nos enfants les savent aujourd'hui dès l'école, et l'éducation dans la famille est aussi généralement répandue que le bon sens dont discourut Descartes et que la civilité rêvée par Érasme.

Cependant en maintes circonstances un peu exceptionnelles, on se trouve soudain embarrassé. Au moment de jouer son rôle dans une des scènes tantôt tristes et tantôt gaies de notre vie, on hésite, on se demande si on aura la tenue correcte, l'attitude convenant aux circonstances; si on se conformera aux règles des convenances, si l'on ne froissera pas l'étiquette, si l'on ne commettra point quelque incorrection.

Sans doute lorsqu'on possède (et c'est, pour ainsi dire, le cas de tous les gens bien élevés), lorsqu'on est doué de cette qualité impalpable qui se nomme le tact, on peut affronter les situations les plus délicates.

Il n'en est pas moins vrai que tel ou tel événement fortuit vous transforme soudain en un témoin, en une marraine ou un parrain, en une demoiselle ou un garçon d'honneur et que ce sont là des emplois pour lesquels... on ne naît pas, auxquels rien ne nous a disposé, quelque parfaite qu'ait été notre éducation première.

Et ces usages particuliers changent, se transforment selon l'époque et la mode. Cette façon d'agir en telle circonstance était, il y a trente ans, parfaitement correcte, exquise même; aujourd'hui elle ferait sourire.

Mais toute affirmation a besoin d'une preuve, et de toutes les preuves littéraires, l'anecdote est la meilleure.

On a prétendu, d'une façon assez plaisante, que le prince de Talleyrand avait une échelle de proportion pour offrir aux convives qu'il recevait à sa table, leur part de tel ou tel plat.

C'était une échelle descendant depuis le titre de Duc jusqu'à la simple dénomination de Monsieur.

Il découpait lui-même et s'adressait à ses convives dans l'ordre suivant:

—Monsieur le duc, Votre Grâce me ferait-elle l'honneur d'accepter de ce bœuf?

—Mon prince (titre romain inférieur à celui de duc); aurai-je l'honneur de vous envoyer du bœuf?

—Monsieur le marquis, accordez-moi l'honneur de vous offrir du bœuf!

—Monsieur le comte, aurai-je le plaisir de vous envoyer du bœuf?

—Monsieur le baron, voulez-vous du bœuf?

Lorsqu'il arrivait au simple Monsieur, dit la légende (un peu arrangée sans nul doute), le diplomate frappait son assiette avec la main, fixait ses yeux sur ceux du dernier convive en lui criant:

—Bœuf?

Quoique certains grands personnages, si l'on en croyait les chroniques, aient imité ce singulier cérémonial, nous ne savons dans quelle maison hautaine on pourrait tenter de le ressusciter aujourd'hui.

Non, la politesse française a, Dieu merci, franchi le seuil de toutes les demeures, et de plus en plus rares sont les fonctionnaires ou les employés qui, sur notre douce terre, malmenaient traditionnellement l'infortuné public.

Il arrive même, chez nous, que les ouvreurs de portières sont uniformément gracieux.

En Allemagne, au contraire, les hommes qui, sur les chemins de fer, sont chargés du contrôle des billets, parlent aux voyageurs selon la «classe» occupée:

A ceux de Première, ils disent, en saluant avec beaucoup de déférence: Bitte die Herrschaft gefælligst die Billette vorzuzeigen, c'est-à-dire «que Leurs Seigneuries aient la bonté de montrer leurs billets!»

A ceux de Seconde, ils s'adressent plus sommairement: Billette, gefælligst, «Vos billets, s'il vous plaît»; enfin aux portières des wagons de 3e classe, ils grognent, en forme de commandement militaire: Billet'heraus! «Sortez billets!»

Ces nuances, ou plutôt ces brutalités, n'apparaissent plus en France qu'à de très rares exceptions.

Il est vrai qu'on a multiplié, je le répète, les traités de bonnes manières.

En l'an 1671, le gentilhomme Antoine de Courtin publiait (et ce n'était pas le premier ouvrage de ce genre) un Traité de la civilité qui se pratique en France parmi les honnestes gens, traité réédité, corrigé, augmenté avec approbation et privilège du Roy, et qui en l'année 1712 se vendait à Paris chez Louis Josse, à la Couronne d'épines, et chez Charles Robustel, au Palmier, deux boutiques voisines, dans la même rue Saint-Jacques.

Un peu plus tard, en 1749, parut la fameuse Civilité puérile et honneste, dressée par un missionnaire, avec des «préceptes et instructions pour apprendre à la jeunesse à se bien conduire dans les compagnies».

Que si on se reporte au temps de la parfaite gentilhommerie selon les classiques, c'est-à-dire à l'époque du Roi Soleil lui-même, on peut se convaincre aisément que ces maîtres laissaient encore beaucoup à désirer.

Le sieur de Courtin déclare, en effet, dans sa Préface, qu'il se trouve que son traité «est très utile non seulement aux personnes qui ont des enfants à élever et aux jeunes gens, mais encore à ceux-là même qui, bien qu'avancez en âge, ne sont pourtant pas assez instruits de la politesse et de l'honnêteté que l'on doit observer dans le commerce du monde».

Ce fut, plus tard et jusqu'à nos jours, une suite ininterrompue d'ouvrages du même genre qui se répandirent d'autant plus que chacun a la juste prétention de se conduire comme un gentilhomme.

La place nous manque pour énumérer les titres de tous ces livres, mais à travers la liste des noms de trois cents auteurs ayant colligé les «usages du monde» nous citerons parmi les prédécesseurs de notre Parisienne, Madame Emmeline Raymond, madame Tarbé, la fameuse comtesse de Bassanville, madame de Waddeville, madame d'Alq, mademoiselle de la Jonchère, madame Alice Vernon, madame Ermance Dufau, la baronne Staffe très estimée.

Sous des titres nécessairement enserrés dans le cercle étroit d'un même sujet, ces femmes instruites et distinguées ont consigné, avec les remarques des autres, leurs propres observations.

En ces dernières années, aux Usages du Monde de l'abbé Bourgeau (1864) précédé par Bescherelle aîné qui écrivit l'Usage du Monde, et suivi par l'homme (également du monde) qui produisit les Usages du Monde en 1880, on a vu paraître «Usages du Monde» de la baronne Staffe, à laquelle nous avons rendu justice.

Avouons qu'il était temps de s'occuper des Usages du Siècle. Ils auront peut-être le succès des anciens.

Cette succession, cette multiplication de livres pour ainsi dire semblables, a été en quelque sorte rendue nécessaire par la continuelle métamorphose des mondaines coutumes.

Ce sont ces transformations qui rendent nécessaire ce qu'on pourrait appeler «la tenue à jour» de nos usages modernes.

Si nos grands principes de politesse sont demeurés en quelque sorte immuables, les manières élégantes n'offrent, en revanche, que l'instabilité!

Elles vieillissent si vite que nous avons cru utile de dresser, pour ainsi parler, un catalogue des renseignements mondains.

Des phrases, non; des conseils, pas davantage, mais, selon l'expression depuis peu consacrée, des documents.

Tel est l'esprit de ce petit livre sans prétention où le lecteur est invité à chercher seulement le renseignement utile à tous.

Un Bibliophile.

Les Usages du Siècle

La demande en mariage.

La demande en mariage est l'événement le plus important de la vie. Point n'est besoin de digresser sur ce chapitre.—Des faits, des faits.

La règle stricte veut que le jeune homme qui a des «vues» sur une jeune fille s'ouvre de ses intentions à une tierce personne qui puisse le mettre en rapport avec la famille de celle qu'il désire pour femme.

Cette personne a un rôle très délicat, très scabreux à remplir; il lui faut pour cela beaucoup de tact.

Elle doit d'abord s'informer discrètement si la jeune fille n'est pas promise, quelle est sa dot, quels sont les désirs et les intentions des parents, si telle situation leur convient, si tel âge leur semble en rapport; en un mot, elle doit préparer les voies au candidat.

Lorsque ces précautions préliminaires sont prises, on doit arranger une entrevue, censément fortuite, entre le jeune homme et la jeune fille. Jadis c'était à l'Opéra-Comique; et la Dame Blanche a été un des premiers témoins de bien des fiançailles décidées en principe.

Mais, quel que soit le lieu choisi pour l'entrevue, la jeune fille ne doit se douter de rien, cela lui enlèverait ses moyens, l'empêcherait d'être naturelle. Cependant son attention sera fort en éveil malgré toutes les précautions et je l'engagerai à être tout bonnement elle-même, à ne pas faire de petites mines enfantines, ou naïves, genre bien usé à présent que les jeunes filles sont un peu élevées à l'américaine.

Est-ce un bien? Est-ce un mal? That is the question. Enfin c'est le siècle qui veut ça, paraît-il!

Une allure trop décidée, des goûts mondains trop montrés, peuvent être des obstacles sérieux pour le jeune homme qui cependant doit se méfier de sa première impression.

Il faut donc être très circonspect en pareille matière, ne pas dire définitivement «oui» ou «non» et demander une nouvelle entrevue; quel homme jeune, fût-il un grand philosophe, peut apprécier en quelques instants le caractère d'une jeune fille?

La meilleure façon d'avoir des renseignements est de s'adresser aux personnes connaissant la famille et la jeune fille depuis l'enfance.

Il est toujours pénible pour la tierce personne d'avoir à notifier un refus; elle doit l'entourer de toutes les délicatesses possibles.

J'engagerai tous les jeunes gens qui désirent se marier et qui ne sont pas poussés par une inclination réelle à bien s'informer de la dot, des «espérances», pour parler le vilain langage de notre siècle, avant de s'avancer. Car reculer sur une question d'argent est humiliant pour la jeune fille et... pas très beau pour le jeune homme.

Même, si la famille de la jeune fille refuse, elle doit offrir des remerciements à la tierce personne et des phrases de regrets polis au prétendant.

Il y a des personnes qui se plaisent à faire des mariages. Elles rendent souvent service aux familles qui n'ont pas beaucoup de relations, et il serait ingrat de leur en vouloir si leurs efforts n'aboutissaient pas.

Si donc vous intervenez, parlez franchement à la famille du jeune homme ou à lui-même s'il est orphelin, à la famille de la jeune fille, ou à son tuteur, jamais à elle-même, cela pourrait la gêner. En réunissant les jeunes gens dans un dîner, dans une soirée où il y a beaucoup d'autres jeunes couples, on peut espérer que la jeune personne ignorera l'intention.

Se trouvant avec des compagnes, elle peut penser que c'est pour l'une d'entre elles que le jeune homme est là et elle se doutera encore moins de quelque chose s'il y a plusieurs jeunes gens.

Après l'entrevue, on doit demander à la jeune fille ce qu'elle pense de «monsieur un tel»; si la réponse est favorable, on la transmettra à la tierce personne qui en fera part au jeune homme; celui-ci, si la jeune fille lui plaît, s'enquiert de suite de la situation, fait connaître la sienne et s'avance un peu plus: il demande à être présenté dans la famille de celle qu'il désire épouser, fait quelques visites pendant lesquelles les jeunes mariés en expectative peuvent s'étudier un peu, trop peu, hélas! car on est sur la défensive, mais cela est inévitable.

Si, après quelques visites, le jeune homme pense qu'il ne pourra pas trouver le bonheur dans cette union, il en fait part à l'intermédiaire, qui, aussi délicatement que possible, avertit la famille de la jeune personne; la même chose a lieu, lorsque c'est du côté de la femme que vient le refus. En tous cas, c'est fort désagréable pour la personne qui s'est entremise, et bien des brouilles mondaines sont venues de là.

Lorsque conformité de goûts, de fortune, de famille, semblent promettre un long avenir de bonheur, le prétendant ne doit pas tarder à faire connaître ses intentions définitives; s'il a son père, celui-ci se charge de la démarche près du père de la jeune fille; sa mère, en cas de mort du père (cette dernière s'adresse: non au père, mais à la mère de la jeune fille); son tuteur, s'il est orphelin et mineur; son oncle; la tierce personne; un ami intime ou lui-même.

La demande peut être faite par lettre ou de vive voix.

Les circonstances dictent les formules de demandes écrites.

Les refus doivent toujours être notifiés poliment; on donne pour prétexte des engagements antérieurs, la trop grande jeunesse de la jeune fille, sa santé délicate; ne jamais invoquer la question de position ou d'argent, si c'est elle qui motive le refus.

C'est le tuteur qui doit recevoir les propositions de mariage relatives à une orpheline.

S'il s'agit d'une veuve ou d'une orpheline majeure, on doit s'adresser franchement et directement à elle-même.

On peut à défaut de parents directs, tels que père, mère, grand-père, grand'mère, s'adresser à un frère, fût-il plus jeune, ou à une sœur aînée, mariée.

Pour faire une demande en mariage, qu'on soit l'intermédiaire ou le prétendant lui-même, une tenue très soignée est de rigueur, mais jamais l'habit et les gants blancs.

Quel que soit le résultat d'une demande, si elle a été faite par les intermédiaires, ceux-ci ont droit à des remerciements très affectueux.

Il est inutile de dire, qu'en cas d'échec, lesdits intermédiaires sont tenus au secret le plus absolu.

Il serait du plus mauvais goût de colporter partout une lettre de demande en mariage, qu'on ait un refus ou une acceptation.

Quelquefois, la jeune fille, bien disposée en faveur du candidat, demande à le connaître un peu plus, avant de donner une réponse définitive; le jeune homme doit se prêter de bonne grâce à cette sorte d'épreuve.

Il n'affectera pas un trop grand empressement et surtout, devant des tiers, rien ne doit faire soupçonner sa recherche.

Les parents de la jeune fille doivent faciliter des entrevues autant que le bon goût et la bienséance le permettent.

Si la demande doit être agréée, on le fait savoir au jeune homme par une tierce personne; celui-ci peut aussitôt formuler sa demande officielle, à laquelle on répond par une lettre d'acceptation qui se peut rédiger de la sorte:

Cher monsieur,

Nous sommes très honorés, ma femme et moi, de votre gracieuse demande.

Nous nous y attendions certes, puisque, avec une délicatesse qui nous a fait plaisir, vous aviez prié le meilleur ami de nos deux familles de pressentir nos intentions.

Votre position, votre situation nous convenant, il ne nous restait plus qu'à consulter la chère fille dont nous rêvons le bonheur et qui si tendrement, toujours, nous a récompensés de nos soins et de notre affection. Sa réponse ne vous est point défavorable.

Présentez-vous donc quand il vous plaira, et croyez, cher monsieur, à nos sentiments déjà très affectueux.

L.

On prend alors jour pour débattre à fond les questions d'intérêts; rien ne doit rester dans l'ombre, car si, pour une question d'argent, un mariage peut manquer, il est inutile de l'engager.

Si l'intermédiaire n'est pas un des amis intimes, il est ennuyeux de dire ce que l'on donne à sa fille, ce qui lui doit revenir, etc., etc.

Il y a là toute une gamme de nuances extrêmement délicates.

On peut faire traiter cette question par les notaires des deux familles.

Que ce soit un refus ou une acceptation qui résultent des démarches matrimoniales, on ne doit pas tarder à faire connaître la décision prise.

Une nouvelle insistance à un refus serait déplacée.

Pendant les pourparlers d'intérêts, la jeune fille et le prétendant doivent s'abstenir de toutes réflexions, ils ont leurs fondés de pouvoir. Une femme seule évite les débats d'argent.

Si, au cours des pourparlers, le prétendant se trouvait déçu dans ses espérances «pratiques» et qu'il voulût se retirer, il écrirait une lettre polie, prétextant un voyage, la maladie d'un parent, etc.; il n'accentuerait pas davantage le refus. Nous avons dit comment peuvent gracieusement se motiver ces refus.

Si, après avoir accepté un jeune homme, une jeune fille refusait, ses parents doivent chercher à la faire revenir sur sa détermination mais non la forcer; de même, lorsqu'elle s'éprend de quelqu'un qui ne convient pas à sa famille doit-on faire le possible pour lui démontrer ce qu'on a à reprocher au prétendant, mais les grands moyens n'ont jamais très bien réussi et le savoir-vivre, le bon sens les interdisent.

Il faut dépayser la jeune fille, la faire voyager, la distraire, et il est rare qu'un sentiment de cœur de vingt ans résiste à ce petit traitement.

Dans les mariages d'inclination, d'amour, je ne trouve nullement déplacé que le jeune homme s'adresse directement à la jeune fille dont il veut faire sa femme ou qu'il charge de ce soin sa mère ou son père, qui demanderont alors: «Mademoiselle ou ma chère enfant, selon le degré d'intimité, vous plairait-il de devenir notre fille?»

Si celle-ci est disposée à accepter, elle peut répondre au jeune homme ou à ses parents que si les siens acceptent elle ne dira pas non, ou même, si les parents du jeune homme lui sont connus depuis longtemps, elle peut simplement les embrasser sans répondre; c'est suffisamment éloquent.

Une grande franchise est, dans tous les cas, indispensable.

Agréé!

Enfin toutes les difficultés sont aplanies, la demande verbale ou écrite a été bien accueillie et il faudrait des motifs très graves pour rompre le projet d'union.

Le jeune homme écrit ou fait demander quel jour et à quelle heure il peut se présenter officiellement; on lui répond en lui fixant une date prochaine, le lendemain ou le surlendemain.

Le jour de la première entrevue officielle, le jeune homme doit envoyer un joli bouquet blanc rosé pour une jeune fille, de roses de couleurs pour une veuve; jamais de fleurs d'oranger dans le premier cas, jamais de fleurs trop sombres dans le second.

Inutile de mettre sa carte, on sait de reste d'où viennent les fleurs.

Ce bouquet (non dépouillé du papier qui l'enveloppe) doit être placé dans un vase, mis en évidence sur un meuble de la pièce où on doit recevoir le jeune homme.

Celui-ci, accompagné de son père ou de sa mère, seul s'il est orphelin, se présente à partir de trois heures, jamais avant, à la maison de celle qu'il peut dès lors considérer comme sa fiancée.

Celle-ci n'est jamais au salon à l'arrivée du jeune homme; les parents seuls sont présents; le père et la mère doivent tendre la main à la personne qui accompagne le fiancé et à lui-même, on échange de bonnes et cordiales paroles.

Après les premiers instants d'entretien qui sont toujours un peu gênants de part et d'autre, on fait venir la jeune fille. Celle-ci doit être simplement mais élégamment habillée; il faut un brin de coquetterie qui marque qu'elle s'est mise en frais pour son futur mari; elle peut avoir, dans les cheveux ou à son corsage, une fleur du bouquet envoyé le matin.

Elle doit sans fausse honte saluer la personne qui accompagne le jeune homme et celui-ci, leur tendre la main, selon le degré d'intimité qui règne entre les deux familles.

Le père ou la mère doivent l'embrasser, en la nommant «ma chère enfant».

Elle doit remercier du bouquet reçu; le jeune homme s'informera discrètement des fleurs qu'elle préfère.

A propos de bouquet, disons en passant que le bouquet quotidien n'est pas obligatoire, qu'il peut s'envoyer tous les deux jours ou même une fois par semaine.

Il doit être varié chaque fois, montrant ainsi le désir qu'a le jeune homme de plaire à sa future femme; un bouquet toujours le même semblerait une commande faite une fois pour toutes, comme une corvée dont on veut se débarrasser.

Cette première visite ne se prolonge pas; vingt à trente minutes sont suffisantes.

En se retirant le jeune homme baise la main de sa future belle-mère et de sa fiancée; il serait de mauvais goût d'embrasser la jeune fille à moins que maintes relations n'autorisent cette familiarité.

Je trouve fort joli un bouquet de myosotis et roses mousseuses.

Dans notre siècle d'innovations, on évite la monotonie en variant le bouquet; souvent ce sont maintenant d'élégantes gerbes lâches, nouées de rubans qui avivent et rehaussent les douces teintes des fleurs.

Le fugace présent emprunte, pour charmer les yeux, les formes les plus variées; bref, la fantaisie et l'ingéniosité ont beau jeu en pareille occurrence.

On offre des coussins tout en fleurs; l'initiale de la jeune fille en fleurs d'autre teinte; des coussins de roses avec initiale en tubéreuses, de petites lyres en camélias avec les cordes en cordonnets d'or, puis toute la série des paniers avec leurs formes exquises et bizarres. Nos fleuristes sont aujourd'hui de véritables artistes.

La bague de fiançailles.

Doit être apportée dès la troisième visite du fiancé; la jeune fille l'attend avec une certaine impatience, cette bague, image palpable de l'engagement qui la lie, en attendant l'anneau symbolique.

Dès la seconde visite, le jeune homme s'informera des goûts de la jeune fille et il lui apportera, à la visite suivante, ladite bague, qu'il passera à son doigt en lui baisant la main.

Il doit, auparavant, demander la permission à sa future belle-mère.

Lorsque le jeune homme est orphelin, il peut apporter la bague de sa mère.

La bague de fiançailles est généralement une perle, une émeraude, un saphir, une turquoise entourée de brillants; un brillant solitaire quelquefois.

Certaines personnes superstitieuses pensent que l'opale est un présage de malheur, c'est pourquoi on l'offre rarement.

Une des plus jolies à offrir est la bague jumelle si à la mode maintenant, deux cercles soudés l'un à l'autre et qui ont une perle et un brillant comme ornement; l'alliance du brillant et de la perle est emblématique: la perle, la jeune fille; le diamant, l'épouse.

Le jour de la remise de la bague, le jeune homme fera bien d'apporter un bouquet à sa future belle-mère.

La «Cour».

Lorsqu'un mariage est décidé, l'usage veut qu'on fixe la date des fiançailles; on donne à cette occasion soit une soirée, soit un dîner, et les deux familles s'entendent sur les invitations à faire; on ne convie guère que parents et amis intimes; les simples connaissances ne sont pas admises, mais si le mariage a été négocié par des tiers il ne faut pas manquer de les inviter et de les placer aux côtés des fiancés.

Les fiançailles sont annoncées au dessert.

Si c'est une soirée qu'on donne, l'annonce du grand événement est faite vers minuit.

Inutile de dire que le fiancé doit être d'une parfaite exactitude; s'il se faisait attendre, ce serait un absolu manque de savoir-vivre.

Le lendemain du dîner ou de la soirée, on doit écrire aux membres de la famille qui sont en province, afin de leur faire connaître la nouvelle.

Il faut fixer, à quelques jours près, la date du mariage le jour des fiançailles.

Huit jours après le dîner ou la soirée de fiançailles, les parents du jeune homme invitent à leur tour la jeune fille et sa famille; lorsque le prétendant est orphelin, inutile de dire qu'il ne rend aucun dîner, eût-il une maison montée; un veuf peut seul se permettre cela.

Pour ces dîners, les jeunes gens sont placés l'un près de l'autre, en face du père et de la mère de la fiancée; le père du jeune homme est auprès de la maîtresse de la maison, la mère auprès du maître de céans; s'il y a d'autres invités, on les groupe selon les âges, les positions, les sympathies.

Pour ces réunions, la fiancée doit être vêtue de teintes claires; les teintes rose pâle, bleu ciel, crème, ne sont pas l'uniforme des jeunes femmes. Les jeunes filles peuvent porter toutes les teintes.

L'habit n'est pas de mise dans un dîner de famille.

Pendant le temps de la «cour», octroyer aux fiancés une certaine latitude, sans toutefois les laisser livrés à eux-mêmes.

Il est bon de les laisser causer librement, sans qu'on puisse entendre ce qu'ils disent.

Les fiancés ne doivent jamais s'asseoir sur le même meuble, ils ne peuvent rester ensemble dans une pièce fermée; pourtant les convenances sont sauves s'ils sont en tête-à-tête dans une chambre dont la porte ouverte donne sur une autre pièce occupée par la mère ou des personnes de la famille.

Si le fiancé sort avec sa future et sa belle-mère en expectative, il doit offrir le bras à cette dernière; mais souvent, pour faire plaisir au jeune couple, celle-ci l'autorise à donner le bras à sa fiancée.

Les fiancés ne doivent s'appeler que monsieur et mademoiselle; seules les relations d'enfance autorisent l'emploi du prénom.

Le baiser sur le front est permis, mais la simple poignée de main est de meilleur goût, et même un cousin et une cousine qui s'embrassaient franchement lorsqu'ils n'étaient que parents, se bornent au shake-hand, lorsqu'ils deviennent fiancés.

Lorsqu'on a les entrevues d'affaires chez le notaire, on s'y rend séparément; mais le bon goût veut que le jeune homme et ses parents soient arrivés les premiers.

On tient, en général, les projets de mariage aussi secrets que possible, mais, lorsque la chose est bien et dûment officielle, la mère de la jeune fille accompagnée de celle-ci fait ses visites et annonce l'événement à toutes ses relations.

Le fiancé a, de droit, son couvert à la table de famille de la jeune fille; il est de bon goût de ne pas en user tous les jours.

Lorsqu'on se marie avec une veuve, la question n'est plus la même; on peut sortir seul avec elle, aller au théâtre et elle vous reçoit sans tierce personne.

Il n'y a pas de dîner de fiançailles; la bague est remise dans une simple visite.

Les bouquets sont moins de rigueur; on peut les remplacer par des plantes durables.

La veuve qui reçoit son fiancé doit éviter le noir et les teintes de demi-deuil dans ses toilettes.

Lorsque la mère du jeune homme reçoit dans son salon la fiancée de son fils, qu'elle soit veuve ou demoiselle, la formule de présentation à ses amis est stéréotypée; elle dira: Je vous présente mademoiselle X. ou madame X., ma future bru. Le ton doit être affectueux.

Certains traités de savoir-vivre interdisent à une jeune fille d'aller en soirée, au théâtre, pendant le temps de la cour; en outre, ils lui recommandent de ne pas danser plus de trois fois avec la même personne, si ce n'est avec son fiancé.

La mode a un peu changé ces coutumes.

Le jeune homme fera bien aussitôt de faire un tri dans ses relations; de préluder en quelque sorte à la vie sérieuse.

Le Contrat.

La signature du contrat se fait ordinairement quinze jours avant le mariage; le premier ban et les publications légales se font après; alors on est certain qu'une question d'intérêt ne viendra pas à la traverse des projets; les discussions d'intérêt ne doivent jamais avoir lieu devant les jeunes gens et ceux-ci doivent avoir l'air de les ignorer. Certaines personnes signent seulement le contrat trois ou quatre jours avant le mariage.

Le contrat se signe chez le notaire ou dans une soirée que donnent les parents de la jeune fille; quelquefois, c'est un dîner auquel on convie le notaire; on peut encore faire une grande réception de jour.

Voici le libellé des faire part pour une signature de contrat, si on le fait avec quelque solennité:

Monsieur et Madame L..... seront chez eux le 1er décembre 1894:

Signature du contrat.

La mode n'étant plus de faire une fête le jour du mariage, on profite de celui du contrat pour réunir ses amis.

Le cérémonial du contrat est le même dans tous les cas: qu'on aille chez le notaire, qu'il y ait dîner, soirée ou réception de jour.

L'on s'assied en cercle, les jeunes gens l'un à côté de l'autre, les parents, les témoins.

Le notaire se place devant une table.

Disons à ce propos qu'il y a des familles qui aiment avoir chacun leur notaire.

Le notaire lit le contrat, demande si on est bien d'accord et tend la plume au jeune homme; celui-ci signe, passe la plume à la fiancée, qui la passe ensuite à sa future belle-mère, celle-ci la transmet à la mère de la jeune fille, puis, dans le même ordre, aux deux futurs beaux-pères, enfin aux témoins, en suivant les préséances d'ordre et de parenté.

Si la signature du contrat a lieu dans une soirée, on passe dans une pièce séparée, puis on reporte le contrat dans le salon, on le pose sur une table, et il reste ouvert afin que toutes les personnes puissent signer si elles le désirent.

Si on désire avoir la signature de hauts personnages ou de parents âgés qui ne se dérangent pas, on leur porte le contrat à signer chez eux.

S'il y a un bal, la jeune fille l'ouvre avec son fiancé.

La jeune fille, s'il y a réception chez elle, porte une jolie toilette de nuance claire, décolletée, un peu «dame» déjà; toutefois elle ne mettra pas les bijoux de sa corbeille, qu'on doit lui avoir envoyée le matin; elle aura encore ses petits bijoux de jeune fille.

L'usage veut qu'elle offre lesdits bijoux en présent à ses jeunes amies. Celles-ci sont toujours reconnaissantes de cette attention.

Les Lettres de faire part d'un Mariage.

Ces lettres doivent être adressées le lendemain du contrat, si celui-ci précède de quinze jours la cérémonie; on peut aussi ne les envoyer qu'une huitaine avant.

Lorsque les grands-parents sont encore vivants, ils figurent toujours en première ligne pour annoncer le mariage.

On peut ne plus envoyer de double lettre de faire part, c'est-à-dire que le côté gauche appartient à la famille de la mariée, le côté droit à celle du marié.

Modèle d'une lettre où les grands-parents sont mentionnés.

Monsieur et Madame Albin, et Madame Dufresne, ont l'honneur de vous faire part du mariage de Mademoiselle Marguerite Dufresne, leur petite-fille et fille, avec Monsieur Gaston Calmette, capitaine au 18e dragons,

Et vous prient d'assister à la bénédiction nuptiale qui leur sera donnée, le mardi 20 novembre 1894, en l'église Notre-Dame des Victoires, à midi très précis.

Paris, le
202, rue Neuve-des-Petits-Champs.

Madame veuve Calmette, Monsieur et Madame Calmette ont l'honneur de vous faire part du mariage de Monsieur Gaston Calmette, capitaine au 18e dragons, leur petit-fils et fils, avec Mademoiselle Marguerite Dufresne,

Et vous prient d'assister à la bénédiction nuptiale qui leur sera donnée, le mardi 20 novembre 1894, en l'église Notre-Dame des Victoires, à midi très précis.

Paris, le
102, rue d'Amsterdam.

Lorsqu'une catholique épouse un protestant ou un israélite, la fin de la lettre se libelle ainsi:

Et vous prient d'assister à la bénédiction nuptiale qui leur sera donnée en l'église de... et au temple ou à la synagogue de.... rue de....

L'usage veut que ce soit la religion de la femme qui ait les honneurs.

Pour un orphelin:

Monsieur Louis T..... chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'Instruction publique, avocat à la Cour d'appel, a l'honneur de vous faire part de son mariage avec Mademoiselle Cécile D.....

Une veuve sans parents fait elle-même part de son mariage.

Voici un modèle de lettre que j'ai sous les yeux; il est timbré aux armes des deux familles.

M.

Vous êtes prié d'assister à la célébration du mariage entre Monsieur Gontran de J., vicomte de St-P., et de Mademoiselle Anne-Marie de B..., lequel aura lieu le 30 du présent mois de juin, en l'église de Saint-Pierre de Chaillot, à midi.

De la part: du colonel de B..., du marquis et de la marquise de St-P., aïeul, père et mère du fiancé; de la duchesse douairière de B..., du duc et de la duchesse de B..., aïeule, père et mère de la fiancée.

Une formule simple qu'on peut toujours employer est celle-ci:

Monsieur et Madame C..... ont l'honneur de vous faire part du mariage de leur fille Mathilde avec Monsieur Julien S...., etc.

Ou encore:

Monsieur le docteur L..... et Madame L..... ont l'honneur de vous faire part du mariage de Mademoiselle Marie L..... avec Monsieur Ferdinand D...., etc.

Si, après la messe, il y a lunch, on met, dans les lettres destinées aux personnages qu'on désire avoir à cette réunion, une carte portant cette mention:

Madame Y... (la mère de la mariée) recevra après la bénédiction nuptiale.

C'est toujours la mère ou la grand'mère de la mariée qui reçoit.

Un lunch doit toujours se donner chez la mère de la mariée; jamais au restaurant.

Les amis très intimes sont invités de vive voix ou par lettres autographes.

Ce qu'il faut éviter à tout prix, parce que cela frise un peu le ridicule, ce sont des indications de ce genre:

Monsieur X..., propriétaire!!! et Madame X... ont l'honneur, etc.

Ou encore:

Monsieur Z..., ancien négociant!!! et Madame Z... ont l'honneur.

Il est d'usage de ne mentionner que les décorations nationales.

Les personnes qui, pour une raison ou pour une autre, n'assistent pas à la bénédiction nuptiale, envoient dès le lendemain leurs cartes aux parents ou du jeune homme ou de la jeune fille selon qu'ils connaissent l'un ou l'autre; dans le cas où, seul, le jeune marié serait connu d'eux, c'est aux jeunes époux qu'il faut adresser sa carte.

Non seulement il y a les lettres d'invitation à la cérémonie; il y a aussi les lettres de faire part du mariage tout simplement et qui s'envoient huit jours après la cérémonie.

Ces dernières sont pour les personnes habitant la province et qu'on sait ne pas pouvoir assister au mariage; en voici le libellé:

Monsieur et Madame L..... ont l'honneur de vous faire part du mariage de Monsieur Edouard L..... leur fils, avec Mademoiselle Charlotte T.....

Paris, le
Rue de Chabrol, 117.

La même lettre pour les parents de la jeune fille.

Voici encore un modèle:

Le marquis et la marquise de C. M. ont l'honneur de vous annoncer que le mariage de leur fille Marie-Antoinette avec le baron de J. a été célébré le 15 de ce mois de décembre, 1893.

Disons, pour terminer le chapitre des «faire part» de mariage, qu'on ne doit oublier personne, fournisseurs, serviteurs, etc., enfin toutes les personnes avec lesquelles on est en relations.

Ces lettres, non cachetées, s'affranchissent à cinq centimes.

La Corbeille.

Corbeille, que de folies on commet en ton nom! dirais-je, parodiant un vers célèbre.

En effet, malheureusement, il est des jeunes filles qui considèrent la corbeille comme l'affaire principale, la plus considérable dans un mariage.

La corbeille est envoyée le matin ou la veille de la signature du contrat.

Il est à remarquer que, sauf la bagne de fiançailles, le futur ne donne pas de présents de valeur avant le contrat.

La corbeille dépend de la position et de la générosité du futur.

Elle n'est pas envoyée nécessairement dans une corbeille; c'est dans un coffret, un petit meuble, l'ancien coffre de mariage, si l'on veut (ce dernier a beaucoup de cachet). Depuis quelque temps, la vraie corbeille a fait sa réapparition; c'est une corbeille carrée en vannerie artistique, doublée de satin blanc; on dépose au fond les étoffes, les dentelles, puis les fourrures, les écrins à bijoux et, sur le tout, un gros bouquet de fleurs roses liées d'un lien de satin blanc ou d'un lien d'or; ce qui me fait toujours penser à cette vieille chanson bretonne:

Vous voilà donc liée,
Madame la mariée,
Avec un lien d'or
Qui n'délie qu'à la mort!

Il y a quelques années, on avait essayé d'offrir à la fiancée une somme plus ou moins importante, suivant la situation; mais cette importation américaine n'a pu prévaloir contre la vieille coutume française.

Si la fiancée a des frères et des sœurs, le futur joindra à la corbeille les présents qu'il leur destine.

Il n'est pas d'usage que la jeune fille fasse le moindre cadeau à son fiancé.

Si elle tient absolument à lui offrir quelque chose, qu'elle lui donne une garniture de boutons de chemise en perles fines ou l'unique et large bouton en or mat, que quelques élégants portent.

Le cachemire de l'Inde qui devait faire le fond de toute corbeille du temps de nos mères a cédé le pas à la jaquette de loutre.

On offre aussi quelques mètres de dentelle blanche; point à l'aiguille ou d'Angleterre;

Des dentelles noires;

Une garniture de fourrure, renard bleu, skungs, martre, au choix;

Quelques robes en pièce, robe de velours noir, de satin ou de moire de teinte claire, de brocart ancien;

Un éventail en plumes d'autruche noires ou blanches, montées sur écaille blonde, avec, sur le côté, les initiales de la jeune femme, c'est-à-dire l'initiale de son prénom et l'initiale de son nouveau nom, en brillants ou en or;

Une jumelle de théâtre;

Le livre de mariage, genre vieux missel;

Le porte-monnaie, le porte-cartes en ivoire avec appliques d'or émaillé, genre byzantin;

Une petite bourse remplie de pièces d'or neuves;

Des boutons d'oreilles en brillants (pas de pendeloques, de girandoles), une broche en brillants, un bracelet pareil, une rivière ou un rang de perles, un diadème ou une aigrette, la petite trousse en or que portent maintenant les dames; enfin, d'autres bijoux, si vous voulez, et des pierreries que la jeune épousée pourra faire monter à son gré.

Je parle ici d'une riche corbeille.

La montre n'y figure jamais, car en somme ce n'est pas un bijou, mais un objet d'utilité, et il est à supposer que la fiancée a sa montre de jeune fille.

Pour les corbeilles modestes, au contraire, la montre figure en première ligne.

Voici la composition d'une corbeille de ce genre:

Deux boutons d'oreilles en brillants ou en perles;

Une broche or, avec, au centre, un motif brillants et perles;

Un bracelet jonc en or ciselé;

Un éventail de satin noir monté sur nacre;

Une robe de faille noire;

Une coupe de dentelle blanche;

Un nécessaire de travail en argent;

Un manchon et un tour de cou en fourrure.

On met aussi dans la corbeille la pièce de mariage, vestige de l'antique usage.

La pièce de mariage est une médaille en or ou en argent; une des faces représente un sujet allégorique.

L'autre face porte les noms des deux conjoints et la date de la cérémonie.

Dans certaines campagnes, la femme reçoit encore de son mari une pièce d'argent, nouvellement frappée; elle la fait percer, la porte à son cou, suspendue par un ruban, ou bien à son chapelet, en guise de médaille.

Le Trousseau.

La jeune fille apporte toujours son trousseau, même si elle n'a pas de dot.

Son linge personnel est marqué à ses initiales de jeune fille; par exemple: Marie Durand, M. D., et le linge de table, de toilette, de maison, en un mot, est marqué aux deux initiales des noms de famille.

La toilette de la mariée est toujours fournie par ses parents.

Pour le trousseau, outre le solide linge classique, on doit faire un peu la part de la fantaisie et quelques objets en soie ou en batiste rose, bleu ciel, vert-nil, ne sont pas déplaisants.

La Question des Cadeaux.

Encore une question épineuse.

Disons, tout d'abord, que si le mariage s'est fait par l'intermédiaire d'une personne, le marié doit un présent à celui ou à celle qui a fait son bonheur!

Le marié donne une gratification aux domestiques des parents de la mariée, aux employés de la mairie, paie les actes notariés.

Tantôt c'est la famille de la jeune fille qui fait les frais du mariage religieux, des voitures, etc.; tantôt c'est celle du jeune homme (ce devrait être ainsi); en tous cas, les frais du dîner, du lunch, du bal, s'il y en a un, sont toujours à la charge des parents de la jeune fille.

Souvent on partage tous les frais entre les deux familles.

Les témoins, les parents, les amis donnent un présent à la jeune fille; c'est, en général, un cadeau collectif, une pièce de ménage, mais les parents offrent toujours les objets les plus intimes.

Variée est la liste des présents:

Toute la lyre de l'argenterie, depuis les petites cuillères jusqu'au surtout d'orfèvrerie, en passant par les plats et les réchauds;

Des glaces, des lampes sur pied, cave à liqueurs, paravent, meubles volants, garniture de cheminée, bronze, terres cuites, livres, antiquité, tableaux, etc., etc.

Pour les personnes de positions modestes, on fera bien de ne pas donner un cadeau qui détonnerait sur l'ensemble.

Lorsque les personnes qui font des cadeaux au jeune couple sont en relations, elles font bien de s'entendre afin de ne pas faire double emploi en offrant les mêmes présents.

La jeune fille offre d'ordinaire un cadeau à la bonne de ses parents ou à sa femme de chambre, si elle en a une; généralement, c'est une montre.

Le jeune marié doit également un présent à ses beaux-frères et belles-sœurs, s'il en a: ce sont, pour les enfants de beaux livres; pour les jeunes gens et les jeunes filles, des bijoux: épingles de cravate, boutons de manchettes, bagues, bracelets.

Pour entrer en ménage sous de favorables auspices on ne devrait pas oublier les pauvres.

L'exposition des présents.

Sur une table on doit placer les présents des amis, avec la carte qui y était jointe.

En écroulements, le linge de maison; en paquets attachés de faveurs roses, les objets du trousseau.

Sur un petit guéridon, les écrins ouverts où scintillent les diamants, les éventails entr'ouverts, les dentelles posées sur transparents, bleus pour les blanches, roses pour les noires; les soieries en éventail.

Il est certainement inutile de recommander à nos jeunes filles de ne pas faire de comparaisons avec la corbeille de telle ou telle amie mariée; de ne pas trop faire scintiller des joyaux devant des amies moins fortunées qu'elles.

Ces recommandations n'ont pas besoin d'être faites, tout dépend de la délicatesse du cœur, science qui ne s'apprend pas, qui est innée.

On remercie aussi chaleureusement le parent pauvre qui vous offre une veilleuse de porcelaine que le riche qui vous fait présent de vaisselle plate.

Un beau service de table en fine porcelaine avec les initiales est toujours bien reçu.

Formalités légales du mariage.

Certaines personnes prétendent et soutiennent, au nom de la loi, qu'il faut quinze ans et trois mois à une jeune fille pour se marier et dix-huit ans et trois mois à un jeune homme.

C'est une erreur.

Il faut quinze ans et dix-huit ans révolus; n'y eût-il qu'un jour en plus, cela suffit.

Lorsque deux jeunes gens veulent se marier, il faut qu'ils demandent ou fassent demander à la mairie, de procéder à la publication du mariage.

Il faut onze jours d'affiche avant de pouvoir célébrer le mariage; toutefois, on n'est pas forcé de se marier sitôt le délai écoulé: il faudrait une année entière de passée pour être contraint de refaire de nouvelles publications.

Si les parents, dont le consentement est nécessaire, habitent une autre commune que les enfants, il faut également des publications à leur municipalité.

Les publications portent les noms, prénoms, profession, domicile, la qualité de majeur ou de mineur, des futurs conjoints; mention est faite des noms, prénoms, profession des parents; on indique leur domicile ou le lieu de leur décès.

Il faut six mois d'habitation dans le même endroit; si ce laps de temps n'est pas accompli, les publications se font au domicile actuel et au précédent.

L'homme est considéré comme mineur jusqu'à vingt-cinq ans, la femme jusqu'à vingt et un an, et les publications devront être faites au domicile des pères et mères, aïeuls ou aïeules.

PIÈCES A PRODUIRE:

Extrait légalisé de l'acte de naissance des deux fiancés;

Acte de mariage des parents;

Acte de décès, en cas de mort, de l'un ou des deux parents;

Pour un militaire, la permission du ministre de la guerre;

La même permission est obligatoire pour les employés à la suite des armées.

A ce propos, disons que pour un militaire, vingt-cinq jours avant la cérémonie du mariage, les publications sont mises à l'ordre du jour du corps de l'armée selon le grade et l'emploi du futur; ce qui n'empêche pas les publications à son dernier domicile.

Il faut aussi le consentement des parents, lorsqu'ils sont absents;

Un certificat du médecin en cas de maladie et le consentement; un jugement en cas d'interdiction;

Pour un veuf ou une veuve, l'acte de décès du premier conjoint;

Le consentement des tuteurs pour les orphelins;

Pour un ou une divorcée, l'acte de divorce;

Même si l'on est veuve ou divorcée il faut le consentement des parents.

Peuvent faire opposition à un mariage sans dommages et intérêts:

1o Le conjoint d'un précédent mariage;

2o Les père et mère;

3o Les aïeuls et aïeules, lorsque les parents sont décédés, fous, ou interdits;

4o Dans le cas où le futur époux serait privé de ses facultés mentales ou s'il était sous la dépendance d'un conseil de famille ayant refusé son consentement, tout membre de la famille peut faire opposition.

Mais, en cas de trouble mental, l'opposant est forcé de provoquer l'interdiction dans les formes et dans les délais voulus et, si son opposition est rejetée, il peut être condamné à des dommages et intérêts.

Dans le cas de parenté tel que ceux de beau-frère et belle-sœur, oncle et mère, cousin et cousine, il faut faire une demande de dispense au chef de l'État; de même, pour pouvoir se marier avant quinze ans ou dix-huit ans.

Lorsque les mineurs n'ont plus d'ascendants directs, il faut le consentement du conseil de famille.

Dans le cas où il y aurait eu des sommations respectueuses de la part d'un des époux, il faut produire le procès-verbal de la remise de ces actes respectueux.

Enfin, dans le cas où ces actes seraient nécessaires, disons que la loi autorise un homme après vingt-cinq ans, et une fille après vingt et un, à faire signifier ces sommations, par un notaire, à l'ascendant qui refuse son consentement.

Il faut trois sommations, à un mois d'intervalle l'une de l'autre jusqu'à trente ans; passé cet âge, un seul acte suffit, mais on ne peut procéder à la célébration du mariage qu'un mois après la sommation.

En cas de dissentiment entre les parents ou entre les grands-parents, le consentement du père ou de l'aïeul suffit.

Il faut un certificat du notaire, en cas de contrat de mariage.

Pour l'homme, il faut le certificat qu'il a satisfait à la loi de recrutement.

Mariage à la mairie.

Il est d'usage maintenant que le mariage civil précède de quelques jours le mariage religieux.

Cette coutume offre plusieurs avantages et évite une trop grande hâte pour le jour de la cérémonie religieuse. Le marié, ses père et mère, la mariée avec les siens, plus quatre témoins, choisis bien entendu parmi les personnes dont le consentement n'est pas exigible, se rendent à la mairie, ensemble ou séparément.

Le bon goût veut que, des deux côtés, on envoie chercher ses témoins en voiture.

On marie de neuf heures du matin à cinq heures du soir.

On peut marier dans une demeure privée; dans ce cas, on laisse les portes grandes ouvertes; ce n'est que dans des circonstances exceptionnelles qu'on peut célébrer un mariage chez soi.

Si on veut se faire marier à un jour ou à une heure particuliers, il faut une autorisation du maire.

Les témoins sont généralement choisis parmi les parents proches ou les amis intimes.

Ils vont directement à la mairie, dans les voitures qu'on leur envoie.

On peut, sans faire une faute de savoir-vivre, leur donner simplement rendez-vous.

Inutile de dire qu'un témoin ne se fait jamais attendre.

Le futur, accompagné de ses parents, se rend au domicile de sa future.

La toilette, pour l'homme, est la toilette de ville habillée: pantalon gris, redingote, gants mi-clairs, chapeau haut de forme.

Pour la femme, une élégante toilette de dîner, teinte indécise souvent; pour la première fois, elle arbore la capote, ce chapeau de la femme mariée; elle ne porte pas ses diamants.

Pour l'hiver, je conseillerai une toilette velours bleu foncé, chapeau pareil, avec plumes ciel; ou une bengaline gris fer avec chapeau velours noir et plumes roses.

L'été, gardons-nous du rose, du ciel, du crème.

Une toilette de taffetas glacée, avec chapeau léger, sera préférable; gants biscuits.

Généralement les mères sont en noir ou en teintes très sombres.

Pour partir à la mairie, la jeune fille prend le bras de son père et monte avec lui et sa mère dans la première voiture; les deux dames occupent les places du fond.

Le marié monte avec sa famille dans l'autre voiture; il se place sur le devant.

La mariée fait son entrée à la mairie au bras de son père; le marié sort donnant le bras à sa mère; la mère de la jeune fille donne le bras au futur beau-père.

Le même ordre sera suivi pour aller à l'église.

Les futurs époux se placent l'un à côté de l'autre, la mariée à droite, devant la table municipale; les témoins de chaque côté, les parents derrière.

Lorsque les garçons de la mairie annoncent: Monsieur le maire, tout le monde doit se lever.

Sur la table sont placés le registre du mariage, le code et les pièces demandées par la loi.

Le maire donne lecture des actes, du chapitre VI du code civil relatif aux droits et devoirs respectifs des époux.

Puis, il demande à chacun des conjoints s'il prend l'autre pour époux.

On doit répondre: «Oui», tout simplement, et non pas: «Oui, monsieur.»

Sur la réponse affirmative des deux époux et sur celle des parents qui donnent leur consentement, le maire déclare les jeunes gens unis au nom de la loi.

Malgré le préjugé de la loi salique, c'est la mariée qui signe la première l'acte de mariage, elle tend ensuite la plume à son mari, qui lui dit: «Merci, madame», lui donnant le premier ce titre devenu le sien.

Les témoins signent ensuite.

Le mariage civil est gratuit.

Il y a un tronc pour les pauvres, et chacun y dépose son offrande.

Dans quelques mairies, on remet une bourse aux demoiselles d'honneur qui font une quête parmi les assistants.

Le marié donne aussi aux garçons de service.

L'on remet au mari un extrait de l'acte de mariage rédigé sur papier timbré et aussi un livret de famille.

Les nouveaux mariés sortent de la mairie au bras l'un de l'autre et montent en voiture avec le père et la mère de la jeune fille; le marié se place sur le devant avec son beau-père.

On donne souvent un dîner où seuls le marié, sa famille et les témoins sont invités.

Quelques personnes croient bien faire en mettant les jeunes époux à la place du maître et de la maîtresse de la maison; c'est une faute contre le bon goût; ils sont évidemment les personnages importants de la journée et doivent avoir les places d'honneur, c'est-à-dire, la mariée à la droite de son père et le marié à la droite de sa belle-mère, mais, sous aucun prétexte, ils ne prennent la place des maîtres de maison.

Le nom de «madame» ne doit être donné à la nouvelle mariée qu'après la célébration du mariage religieux.

Le marié se retire avec sa famille et les invités d'assez bonne heure; il serait indiscret de rester très longtemps.

Les formalités du mariage catholique.

L'église ne bénit pas de mariages pendant le carême jusqu'à l'octave de Pâques; non plus, entre le premier dimanche de l'Avent et la fête de l'Épiphanie.

Cependant, avec une dispense, on peut se marier pendant ces temps.

Il faut également une dispense pour les mariages entre parents.

Cette dispense s'obtient par l'entremise du curé de la paroisse moyennant une somme qui varie, selon le degré de parenté.

Les bans doivent être annoncés au prône, pendant trois dimanches consécutifs, aux paroisses des deux époux; on peut racheter deux bans et même trois bans; mais ce dernier rachat n'est admis que dans certains cas très graves.

Le prix de rachat des bans est fixé, selon les usages, par chaque paroisse.

Si on laisse écouler trois mois après la publication des bans, avant de célébrer le mariage, il faut les renouveler; dans certaines paroisses, on a six mois.

Pour pouvoir publier les bans à l'église, il faut un certificat de publication à la mairie.

Aucun ministre d'une religion n'a, en France, le droit de bénir une union, si elle n'a pas été célébrée devant l'officier de l'état civil.

En passant outre, il aurait d'abord une amende de 16 francs; et, en cas de récidive, il serait condamné la première fois à un emprisonnement, variant de un à cinq ans, la seconde fois, à la déportation.

Il faut donc faire déposer à la sacristie un certificat du mariage civil, avec le certificat de publication des bans dans les deux paroisses, les dispenses de l'évêque, en cas de mariage entre parents ou en temps prohibé; les extraits de baptême des deux époux, le certificat de première communion qui peut, à la rigueur, remplacer l'extrait de baptême; le billet de confession.

Si la cérémonie a lieu dans une église autre que la paroisse de l'un des mariés, le consentement des curés de ces églises est nécessaire, ou, en cas de refus de leur part, l'autorisation de l'évêque.

L'acte du précédent mariage et l'acte de décès de l'époux pour les veufs ou veuves qui se remarient, remplacent les certificats de baptême et de première communion.

Il faut aussi une dispense papale pour épouser une personne appartenant à une autre religion.

Il y a plusieurs classes pour le mariage religieux. Les premières classes voient le mariage célébré au maître-autel avec une plus ou moins grande profusion de fleurs, de lumière, de chants, de musique. Les autres classes sont pour la chapelle de la Sainte-Vierge, de Saint-Joseph et autres chapelles.

On s'entend à l'avance avec le prêtre qui représente le curé et la fabrique; on paye tous les frais: les gratifications aux employés de l'église et le prix des chaises sont compris dans ces frais.

A l'Autel.

Si l'on désire que la bénédiction nuptiale soit donnée par un prêtre étranger à la paroisse, il y a un arrangement à prendre: c'est alors le prêtre qui eût béni l'union qui dit la messe.

Le mariage religieux se célèbre toujours dans la matinée; dans quelques châteaux, chez les partisans des innovations, on voit des mariages qui sont célébrés à minuit. Je n'aime pas cela; la lumière du jour, le soleil me semblent indispensables.

Le marié et sa famille se rendent les premiers au domicile de la mariée.

Le marié apporte à sa femme le bouquet nuptial qui doit être entièrement blanc, mais non composé exclusivement de fleurs d'oranger; ce n'est plus le volumineux bouquet rond, entouré de papier découpé; c'est une gracieuse gerbe de moyenne grosseur, aux tiges flexibles; les tiges sont entourées d'un mouchoir de batiste garni de haute dentelle qui retombe en collerette autour des fleurs; un nœud de ruban de satin ou de moire blanc, à longs pans, attache le mouchoir, charmant cadeau pour la jeune femme.

Le marié doit envoyer prendre chez eux, en voiture, les témoins, les parents, les amis, les garçons d'honneur qui doivent former le cortège de la mariée.

Dans les mariages modestes, ces personnes se rendent à pied au domicile de la mariée.

Seuls, les garçons d'honneur vont toujours en voiture chercher leurs demoiselles d'honneur. Bien entendu, les jeunes personnes ne s'en vont jamais seules, avec leurs garçons d'honneur, fussent-elles deux; il leur faut toujours un chaperon.

Le matin de la cérémonie, le garçon d'honneur envoie à sa demoiselle d'honneur un bouquet ROSÉ et non pas blanc, entouré de dentelle et lié de ruban blanc; ce bouquet doit être plus petit que celui de la mariée.

A moins de relations étroites entre la famille du garçon d'honneur et celle de la demoiselle d'honneur, celui-ci ne doit pas envoyer le moindre présent. En cas d'intimité ou de parenté, il peut envoyer des gants, une jardinière, mais jamais de bijoux.

Le lendemain du mariage, le garçon d'honneur rend une visite à la famille de la demoiselle d'honneur.

On doit ne jamais prendre frère et sœur pour être garçon et demoiselle d'honneur; il faut intervertir l'ordre des familles.

Il n'est pas nécessaire d'être de la famille pour remplir ces fonctions.

Le nombre des demoiselles d'honneur est illimité, deux, quatre, six; en Angleterre, elles sont quelquefois douze, habillées de mêmes nuances claires formant un charmant escadron volant à la jeune épousée.

Toilette de la mariée.

Lorsquetout le monde est arrivé, le père de la mariée va chercher sa fille et la conduit au salon où la mère de la mariée reçoit ses invités.

La mariée doit porter une robe de satin, de brocart, de moire, de faille, de cachemire, de mousseline blanche; quelle que soit la valeur de l'étoffe, la façon doit être simple.

Les dessous de la mariée doivent être entièrement blancs; chemise de batiste ou de surah blanc, avec nœuds bébé en satin blanc, aux épaulettes, pantalon assorti; corset de faille ou de satin blanc, petit jupon assorti et grand jupon de satin, de faille, de nansouk, tout floconneux de multiples volants qui doivent soutenir la traîne; la robe à traîne ronde ou carrée peut être garnie dans le bas d'une draperie retenue par de minuscules piquets de fleurs d'oranger, ou tout unie. Le corsage et les manches, selon la mode de l'année où on se marie; un tout petit bouquet d'oranger au côté gauche du corsage; pas de brillants, pas de bijoux, à peine des perles aux oreilles.

Dans quelques mariages fastueux, on garnit la robe des dentelles de famille et la mariée a un voile de vieux point d'Angleterre ou de toute autre dentelle précieuse.

Les grosses couronnes qui casquaient si lourdement les fronts des mariées ne se portent plus à Paris; on préfère la petite couronne comtesse, posée très en arrière. Le piquet de côté en aigrette ou un tout petit semis de fleurs d'oranger est joli et à la mode.

Le voile se pose à la juive, à la mauresque, à l'espagnole, mais je préfère à la juive.

Bas de soie, souliers de satin blanc; gants longs en chevreau blanc.

Tout au plus, en fait de joyaux, un rang de perles.

Le marié porte le classique costume: souliers vernis, chaussettes de soie noire, pantalon noir, gilet noir, cravate de soie blanche, habit, gants blancs, claque.

Si le futur appartient à l'armée, il se marie en grand uniforme.

Les modes plus ou moins exotiques qui ont essayé de prévaloir contre le costume traditionnel n'ont pas réussi.

L'habit rouge que quelques sportsmen anglais ont adopté ferait en France assez mauvais effet.

De même quelques élégants chez nous ont vainement essayé de mettre à la mode la redingote longue et le pantalon gris, ce costume matrimonial n'a point été adopté.

Cortège.

Comme pour aller à la mairie, la mariée occupe la droite dans la première voiture à côté de sa mère; son père et sa sœur ou une jeune parente prennent place sur le devant.

Il va sans dire que, si la jeune fille est orpheline, la dame qui lui sert de mère a tous les honneurs.

Dans la seconde voiture monte le marié, à côté de sa mère; en face, son père et sa sœur s'il en a une, ou tout autre proche parent.

Si les demoiselles d'honneur ne sont pas dans les voitures des mariés, elles sont avec leur famille et leurs garçons d'honneur dans les voitures qui suivent immédiatement celle de la mariée; après viennent les témoins, puis, un peu à leur guise, les invités.

Les cochers, les serviteurs ont à leur boutonnière un très petit bouquet de fleurs d'oranger.

Lorsque la mariée descend de voiture, il doit y avoir, sous le porche de l'église, une femme de chambre avec des aiguilles enfilées, des épingles, de manière à pouvoir réparer toute avarie à la virginale toilette ou tout au moins arranger le voile, la traîne. C'est à ce moment que se forme le cortège.

Toujours la mariée doit laisser se former le cortège avant de descendre de voiture.

Au son d'une marche triomphale la mariée effectue son entrée au bras gauche de son père; dans le cas où il porterait l'épée, au bras droit.

Elle ne doit pas distribuer des signes de tête et des sourires de droite et de gauche; elle doit s'avancer d'un pas cadencé, les yeux baissés sans ostentation.

Le marié vient ensuite avec sa mère, puis la mère de la jeune femme avec le père du marié, les deux couples de garçons et de demoiselles d'honneur, les plus proches parents des deux familles, assortis d'âge et de goût autant que possible, le flot des amis et en serre-file les hommes qui n'ont pas de cavalières, chose qu'il faut éviter autant que possible.

Lorsque la jeune femme arrive à sa place, le suisse ou mieux le garçon d'honneur doit arranger son voile, sa traîne.

Au reste, pour être digne de cette fonction, enviée et pourtant difficile de garçon d'honneur, il faut payer de sa personne; non seulement le matin on doit aller chercher sa demoiselle d'honneur, mais encore les autres dames.

Au signal donné par le suisse d'un coup de hallebarde, tous les assistants se sont levés, ils se tournent à demi pour regarder le défilé.

Le père de la mariée la conduit à sa place; le prie-Dieu est à gauche, un cierge à poignée blanche brûle auprès; le marié est à droite avec ses témoins.

Il est à remarquer que les amis et invités du marié sont du côté droit, ceux de la mariée du côté gauche.

Les parents sont dans le chœur le plus près possible de leur enfant; les garçons d'honneur doivent placer les invités selon les rangs de parenté.

Le Cérémonial.

Le suisse et le bedeau indiquent aux assistants le moment où il faut se lever, s'agenouiller, s'asseoir.

A l'église, des parents peuvent remplir le rôle de témoins; il suffit donc d'en avoir deux, au lieu de quatre comme à la mairie.

La jeune mariée doit éviter de tourner la tête pour voir ce qui se passe derrière elle; le soin de son voile, de sa robe ne doit pas l'occuper.

Si, dans l'église où a lieu le mariage, on tend le poêle (bande d'étoffe) au-dessus de la tête des mariés, je recommande vivement au garçon d'honneur de faire attention à la coiffure de la mariée.

Les mariés sont assis pour écouter l'allocution du prêtre au sujet de leurs devoirs réciproques et des obligations qu'ils auront envers les enfants qui leur naîtront.

Pour la consécration du mariage le prêtre vient aux jeunes époux, qui se tiennent par la main droite (dégantée), et c'est ainsi qu'ils doivent répondre aux questions sacramentelles.

De même, lorsqu'ils s'agenouillent sur leurs prie-Dieu pour recevoir la bénédiction.

Le oui doit être articulé à mi-voix mais distinctement.

Lorsque les anneaux sont bénis, le prêtre les remet à l'époux; celui-ci passe l'alliance symbolique au quatrième doigt de la main dégantée de sa femme. Il serait logique que celle-ci passât de même la bague au doigt de son mari, mais c'est lui-même qui s'en charge.

Les mariés peuvent ensuite se reganter.

Tantôt on applique la pièce d'or ou d'argent à la cire du cierge que tiennent les époux pour aller baiser la patène, tantôt on la dépose dans le plat de vermeil que tient l'enfant de chœur.

Pour les quêtes dans l'église, faites par les garçons et les demoiselles d'honneur, il y a certaines nuances à observer.

Disons, à ce propos, que, si les garçons d'honneur sont de tout petits garçons et de toutes petites filles, et rien de plus charmant, on peut se livrer à la fantaisie pour les habiller.

Lorsqu'il s'agit de demoiselles pour de bon, elles devront éviter d'être en blanc, sauf les gants qui, ainsi que ceux des garçons d'honneur, doivent toujours être de cette couleur; la nuance paille ou crème n'est même pas admise. La bourse de quêteuse est faite en étoffe semblable à la robe avec petit bouquet d'oranger et nœud de ruban.

Passé trente ans pour les demoiselles et quarante ans pour les garçons, il n'est guère possible d'accepter ces fonctions.

Lorsque le suisse (pour le couple qui appartient au côté de la mariée) et le bedeau (pour celui qui appartient au côté du marié) viennent chercher les garçons et les demoiselles d'honneur pour la quête, ceux-ci doivent tout d'abord déposer leur offrande personnelle au fond de la bourse, puis la présenter au jeune couple, aux parents qui sont dans le chœur, enfin descendre dans la nef et s'arrêter devant chaque rang d'invités, qui à droite, qui à gauche.

Le garçon d'honneur tient de la main gauche le bouquet de sa compagne et son claque et il lui offre le poing droit fermé; la jeune fille y pose sa main gauche: cette main doit être maintenue à une certaine hauteur.

Cette position, très gracieuse, vous a un petit air moyen âge plus joli en vérité que l'attitude de jeunes gens marchant la main dans la main comme des enfants qui vont à l'école.

La jeune fille tend la bourse avec une grande discrétion; elle ne doit pas l'agiter violemment en façon d'appel aux pièces, surtout ne jamais jeter un coup d'œil dans l'intérieur, et son remerciement doit être également gracieux si elle a entrevu l'éclair d'un louis ou si elle a perçu le son d'une pièce de dix centimes.

Si l'une des demoiselles d'honneur a une récolte d'argent plus abondante que celle de sa compagne, il serait d'une grande inconvenance de faire sonner (c'est le mot) ce petit triomphe d'amour-propre devant celle qui a été moins favorisée.

Le rôle de garçon d'honneur est d'avoir l'œil à tout, de prévenir les désirs des dames, de faire danser toutes les invitées, s'il y a un bal.

Lorsque la cérémonie religieuse est terminée, la mariée, au bras de son beau-père et non à celui de son mari, passe à la sacristie; le jeune marié offre le bras à sa belle-mère, le père de la jeune fille à la mère du jeune homme.

Arrivé à la sacristie, après avoir signé sur le registre, le jeune couple ayant ses parents réciproques de chaque côté, attend le défilé, les félicitations et les baisers.

Le registre reste ouvert pour tous, mais on ne doit signer que si l'on vous en prie, à moins que vous soyez un très grand personnage et que votre signature ne soit un grand honneur.

Lorsque les derniers invités sont partis de la sacristie pour aller reprendre leur place à l'église, la mariée, au bras de son mari cette fois, et précédée du suisse, traverse l'église de nouveau aux sons de l'orgue.

Le marié monte avec sa femme, sa mère et son père dans une voiture, les deux femmes au fond, bien entendu.

Si le marié a une voiture, il part seul avec sa femme dans son coupé.

Mariage protestant.

On commence par aller à l'église, si l'un des deux conjoints est catholique, on peut n'aller qu'au temple ou à l'église, mais le savoir-vivre veut qu'on aille aux deux.

Les cérémonies sont les mêmes.

On n'exige en fait de pièces que le certificat du mariage civil.

Le prêtre catholique n'est jamais invité aux fêtes de mariage; le pasteur peut l'être.

Mariage israélite.

Lorsque la mariée juive sort de sa maison, on a la très jolie coutume de jeter des fleurs sur son passage.

Les hommes qui assistent à un mariage israélite gardent leur chapeau sur la tête à la synagogue.

La mariée fait son entrée à la synagogue, soutenue et comme traînée par ses deux témoins, qui lui tiennent les mains très élevées.

Elle monte les degrés du tabernacle et s'assied sous un vaste dais avec son mari, les parents, les témoins, les garçons et les demoiselles d'honneur.

Le rabbin, comme le prêtre, prononce un discours, reçoit le consentement des époux et celui des parents, puis le marié passe l'anneau au doigt de sa femme en disant qu'il la reconnaît pour sa légitime épouse devant l'Éternel, devant la loi de Moïse et de l'État.

Le rabbin bénit l'union, fait boire aux époux le vin consacré dans une même coupe qu'on jette ensuite par terre; lorsqu'elle se brise en beaucoup de morceaux, c'est signe de prospérité pour le jeune couple.

L'acte de mariage est lu à haute voix avant la signature.

Lorsque les Israélites appartiennent au rite portugais, la fiancée a brodé une écharpe qu'on place sur les épaules du marié; la mariée donne également au jeune marié le linceul dans lequel on l'ensevelira.

Le mariage russe est très poétique, le marié est couronné de fleurs, on lâche des colombes.

Autour d'un berceau.

Un petit personnage est né, fille ou garçon, lequel, après les soins d'usage, repose dans son berceau, tendu de rose pour la future mère de famille et de bleu pour le général ou l'avocat célèbre à peine éclos.

La nouvelle maman, gardée par sa mère ou par une parente, par sa domestique ou par une garde, selon les positions de fortune ou de convenances, ne doit recevoir, les neuf premiers jours, que des visites de quelques minutes, où à peine entré, après avoir embrassé l'accouchée, et s'être, suivant l'usage, extasié sur le bébé, il est de bon goût de se retirer.

Lorsqu'on n'est pas de la famille ou de la stricte intimité de la jeune femme, il est préférable d'aller demander des nouvelles et de remettre sa carte sur laquelle on a tracé quelques lignes affectueuses.

La déclaration de naissance doit être faite sous trois jours à la mairie de l'arrondissement par le père de l'enfant, et deux témoins français pouvant signer et étant domiciliés dans l'arrondissement où a eu lieu la naissance.

Lorsque le père est empêché de se rendre à la mairie, il doit donner une procuration; s'il était absent, la déclaration doit être faite par le médecin ou toute autre personne ayant assisté à la naissance.

Faute de faire sa déclaration dans les délais voulus, on peut avoir une peine correctionnelle variant de trois jours à six mois de prison et une amende variant de six à trois cents francs.

Le nouveau-né peut être porté à la mairie où l'officier de l'état civil constate son sexe, mais il est préférable d'attendre le médecin des naissances, qui vient à domicile, dans les vingt-quatre heures qui suivent la déclaration.

Une déclaration erronée rend passible des peines les plus graves.

Les prénoms doivent être indiqués dans l'ordre où l'on désire qu'ils restent.

Autant que possible, on donne à l'enfant trois prénoms au plus, à moins que, pour des raisons de famille, on ne lui en accorde quelques-uns en surcroît; mais cette longue énumération n'est plus guère usitée en France et semble réservée aux grands d'Espagne qui, dans les siècles passés, entassaient leurs appellations sur des monceaux de parchemin.

Les noms de fruits, de fleurs, les appellations grotesques sont interdits.

On donne généralement à l'enfant le prénom de son parrain si c'est un garçon, ou le prénom de sa marraine si c'est une fille; puis les prénoms de ses père et mère, ou ceux choisis par ces derniers.

Souvent aussi le goût de la maman domine et le prénom sous lequel le baby sera dénommé n'appartient à aucun membre de la famille; en ce cas, les prénoms des parrains et des marraines viennent en seconde ligne. Du reste, il est de bon goût, pour une marraine, de se récuser avec grâce de donner son prénom, s'il ne doit pas plaire à la maman.

Les prénoms bizarres, extraordinaires, sont généralement bannis par les familles.

L'élégance, pour les jeunes mamans, consiste à avoir une toilette de nuit très mousseuse, ornée de rubans bleus ou roses, selon, comme je l'ai dit, que le chérubin est un monsieur ou une demoiselle. L'oreiller sur lequel elle repose doit être orné de même; la robe de chambre des relevailles, les rubans de la layette également; mais, ceci n'est nullement obligatoire et rentre dans le domaine de dame Fantaisie. Il est bon de dire que presque toutes les femmes aiment assez ces menus usages qui ne sont pas bien coûteux et qui ornent la vie.

Pour passer de la chambre à coucher au salon et y faire séjourner l'enfant, on a d'exquis petits berceaux sans pieds, dénommés «Moïse».

On doit envoyer des billets de faire part à toutes les personnes avec lesquelles on est en relation.

La fantaisie est admise pour ces billets qui s'envoient quinze jours après la naissance.

Pour les amis intimes, la parenté, on prévient, dès le lendemain, par un mot écrit à la main.

Les billets se font sur de petites feuilles doubles ou sur des cartes unies ou dorées en genre parchemin.

On peut les envoyer sous enveloppe non cachetée; les initiales du baby au coin gauche.

Le papier peut être uni ou liseré de rose ou de bleu selon les cas; lorsqu'on a des armoiries, on les met; quelquefois aussi le monographe des parents.

On doit retourner une carte dans les deux jours qui suivent la réception du faire part ou, si l'on veut, une lettre de félicitations; cela dépend du degré d'intimité.

Une mode, nouvelle et bien gentille, est celle qui consiste à joindre à la lettre de faire part une carte minuscule cornée, avec le prénom du baby, c'est une politesse que le nouveau-né fait, d'ores et déjà, à toutes les personnes qui peuvent s'intéresser à son arrivée en ce monde.

Voici quelques modèles de billets de faire part.

Monsieur et Madame de B.... ont l'honneur (ou le plaisir) de vous faire part de la naissance de leur fils Pierre.

Paris, le 25 novembre 18   . 22, rue de l'Arbre-Sec.

Monsieur et Madame R. D.... vous font, avec joie, part de la naissance de leur fille Marguerite, qui est déjà sage et jolie.

J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai fait mon entrée en ce monde le 29 de ce mois de décembre et que ma petite maman et moi nous nous portons bien.

Marie D....

Nous avons le plaisir de vous annoncer la naissance d'un gros garçon, qui a reçu les noms de Lucien-Léon-Alfred et qui se porte à merveille.

Monsieur et Madame D....

Monsieur et Madame Louis D.... ont le plaisir de vous faire part de la naissance de leur fils, qui a reçu les prénoms de Raymond-Gontran.

Parrain: Monsieur Raymond D.....
Marraine: Madame D.....

J'ai la joie de vous annoncer mon heureuse arrivée en ce monde; j'espère y être heureuse et gâtée. Ma petite mère et moi nous nous portons à merveille et petit père est très content.

Laure-Cécile D....

Autant que possible, quand on va faire ses compliments, ne pas trouver de ressemblance entre le nouveau-né et tel ou tel ascendant. Savons-nous si le père ou la mère ne trouvent pas ces personnes-là affreuses?

A l'occasion d'une naissance, les parentes et les femmes de l'entourage font un cadeau au baby; ce sont souvent des objets confectionnés par elles-mêmes: bavoir élégant, une initiale discrètement brodée dans un coin; brassières, petits chaussons de laine rose ou bleue, bonnet mignon, voire même bracelet d'or avec une médaille où sont gravés les prénoms de l'enfant.

Cette mode de bracelets est assez abandonnée depuis quelques années.

Le père offre généralement un présent à la nouvelle maman; c'est presque toujours un bijou, objet durable, qui perpétue le souvenir de l'heureux événement.

Sur les fonts baptismaux.

J'engagerai toujours à faire célébrer le baptême six semaines ou deux mois après la naissance et non tout de suite, ainsi qu'on le faisait il y a quelque vingt ans.

La cérémonie ainsi reculée permet à la jeune maman d'y assister, d'être avec le chérubin l'héroïne de la fête et, de cette manière, l'inquiétude étant bannie, on peut être tout à la joie.

Les personnes pieuses qui craignent pour la vie future du baby doivent le faire ondoyer; mais, je le répète, le baptême étant la fête de famille par excellence, tout le monde doit y prendre part.

Les parrains et marraines doivent être désignés plusieurs mois à l'avance. On choisit généralement, pour le premier-né, la grand'mère maternelle comme marraine et le grand-père paternel comme parrain; pour le second bébé, c'est l'inverse, grand'mère paternelle et grand-père maternel.

Faute de ces très proches parents, on prend les frères et sœurs des époux.

Un frère ou une sœur peuvent très bien être parrain ou marraine de leur frère ou sœur.

L'Église exige l'âge de sept ans pour pouvoir être parrain ou marraine, mais, par faveur spéciale, elle admet quelquefois des enfants plus jeunes, à condition qu'ils aient des répondants.

On nomme, d'ancien temps, «compère et commère» le parrain et la marraine.

Il importe, pour s'assurer un parrainage, de s'y prendre longtemps à l'avance.

Lorsque le compère et la commère ne se connaissent pas, il est bon de les présenter l'un à l'autre avant la cérémonie.

Pour le baptême, les prénoms donnés à l'enfant doivent être inscrits dans le même ordre qu'à la mairie.

Si la marraine ne connaît ni le parrain ni sa famille, un tiers est nécessaire, lorsque, le jour du baptême, celui-ci va chercher sa commère en voiture ou à pied, pour l'accompagner au domicile de l'enfant.

Quelques jours avant la cérémonie, la marraine envoie la robe, le bonnet, la pelisse, le chapeau que portera l'enfant. Elle peut n'envoyer que deux de ces objets, chapeau et pelisse, ou robe et bonnet.

L'élégance diffère suivant les moyens.

Pour mon fils, voilà ce que sa très aimable marraine a donné: robe de mousseline à tablier d'entre-deux de valenciennes, sur une robe de soie bleu pâle faisant transparent; petit bonnet tout en entre-deux de valenciennes et de plumetis sur nansouk avec grosse ruche de valenciennes et d'étroites coques de ruban comète en satin crème; pelisse en cachemire crème, brodée au passé d'une guirlande de fleurs; effilé de soie crème tout autour, doublure en satin crème, piquée; capote de satin crème avec la même broderie qu'à la pelisse, garniture de plumes crème.

Les robes de piqué, les pelisses à carreaux, les capelines en laine peuvent également s'offrir.

Le parrain, suivant ses ressources, offre à son ou à sa filleule tous les petits ustensiles à son usage: poêlon à bouillie, petite tasse, coquetier, petite cuillère, petite assiette, hochet, timbale, rond de serviette en argent, en vermeil, même en or, ou un seul de ces objets, ou même un simple hochet en ivoire, en os.

Une robe, une pelisse, une capeline confortable, en couleur, quelques menus objets utiles font le plus grand plaisir aux parents.

Dans la semaine qui précède le baptême, le parrain doit envoyer à la marraine les boîtes de dragées et un bibelot quelconque.

Il y a vingt ans, le présent était classique: c'était invariablement une boîte à gants contenant six ou douze paires de gants. Il fallait donc demander la pointure de la dame, les nuances qu'elle préférait, etc., etc. Maintenant la mode a renversé cet usage, et on peut offrir indifféremment un bronze, une jardinière avec des fleurs, un éventail et même, si le degré d'intimité est grand, un bijou.

Les père et mère de l'enfant doivent, de leur côté, commander des boîtes de baptême; l'usage veut que le parrain et la marraine leur en offrent chacun une.

Les boîtes de baptême sont en papier rose ou bleu; on en fait aujourd'hui d'adorablement jolies: boîte avec le prénom de l'enfant et la date de sa naissance estampés en relief or ou argent, ou les deux mélangés; avec les initiales entrelacées en givré or ou argent avec le nom en diamanté; avec aquarelle représentant un amour peignant le nom du nouveau-né sur une boîte de baptême; avec un cortège XVIe siècle, violoneux en tête, parrain et marraine, qui sont un marquis et une marquise falbalatés, jetant les dragées à un peuple de marmots qui se bousculent; ou bien des anges posant dans un berceau un petit enfant; une cloche, laissant tomber le baby, si le baptême se trouve au temps pascal.

On peut aussi offrir en place de boîte un sac de moire ou de satin à la marraine et à la jeune maman; en tous cas, elles doivent recevoir toutes les deux un bouquet.

Le parrain a la charge des cadeaux à la marraine, à la garde, aux domestiques, à l'enfant de chœur, au curé.

La pièce de cinq, dix ou vingt francs qu'on offre au prêtre doit être placée dans une boîte de dragées, de même pour les autres personnes, sauf pour l'enfant de chœur auquel on donne un ou deux francs de la main à la main.

Pour la garde et la nourrice, on peut varier entre cinq et vingt francs.

Pour les domestiques, c'est cinq francs, généralement.

Le jour du baptême, le parrain va prendre la marraine chez elle en voiture ou à pied et l'amène chez les parents de l'enfant.

Si c'est en voiture, la maman et la nourrice portant l'enfant monteront dans cette voiture pour aller à l'église; elles occuperont toutes les deux les places du fond; le parrain et la marraine sur le devant.

On doit s'entendre à l'avance avec le curé pour le jour et l'heure de la cérémonie. Pour l'entrée à l'église, c'est la personne qui porte l'enfant qui ouvre la marche.

Le parrain est placé à droite de la personne qui tient l'enfant, la marraine à gauche.

Le Pater et le Credo qui sont demandés doivent être récités en français; le cierge est tenu ensemble, de la main droite, par le parrain et la marraine.

Il ne faut jamais répondre: «oui, monsieur», mais, oui, tout simplement.

Le parrain et la marraine mettent leurs mains droites dégantées sur la tête de l'enfant en même temps que le prêtre.

Après la cérémonie du baptême, on se rend à la sacristie pour signer l'acte.

A la sortie, mais moins fréquemment qu'autrefois, le parrain et la marraine jettent des dragées et quelques pièces de monnaie aux gamins assemblés.

Au dîner de baptême, le parrain et la marraine occupent les places du maître et de la maîtresse de la maison.

Le dîner doit être servi avec cérémonie; des dragées doivent figurer au dessert.

Jamais la nourrice ne doit y assister; à la fin du repas, ou plutôt au commencement, il arrive que l'on fait circuler de main en main le héros de la fête lequel, généralement, désapprouve fort cette façon d'aller et le témoigne par des cris perçants.

Un mois après le baptême, si la marraine est mariée, son mari doit inviter à dîner le parrain et les parents de l'enfant.

En cas de nécessité on peut demander un prêtre pour que le baptême ait lieu à domicile.

Les usages sont les mêmes pour le baptême protestant, sauf en ce qui touche la cérémonie du baptême qui est, comme tout le cérémonial de ce culte, réduite à sa plus simple expression.

Comme chez les chrétiens, l'enfant israélite a un parrain et une marraine.

Le premier jour de sabbat (c'est-à-dire le samedi), le père qui a eu un garçon doit porter une offrande à la synagogue.

Dans les deux cas, il y a réunion de parents et d'amis à la maison et le rabbin ou, à son défaut, le père, appelle solennellement les bénédictions du dieu d'Abraham et de Jacob, sur le nouveau-né.

Parrainages.

Si on acceptait à la lettre les devoirs de parrain et marraine, il ne s'agirait de rien moins que de remplacer le père et la mère pour toutes choses, en cas de mort.

Sans être aussi rigoriste, nous devons penser que l'enfant tenu par nous sur les fonts du baptême ne peut, ne saurait être un étranger pour nous.

On doit lui faire un cadeau au jour de l'an, à sa première communion, à ses succès d'examens, à son mariage, à sa première épaulette, enfin, un souvenir, quelque minime qu'il soit, à tous les événements importants de sa vie, que, du reste, ledit filleul doit annoncer, par lettre ou par visite, à ses parrain et marraine.

Tout au moins deux fois l'an, il doit aller les voir ou leur écrire.

Si les parrain et marraine sont des parents, cette qualité ne prévaudra pas, et il est de meilleur goût de dire «grand-père» que parrain à son aïeul; de même pour ses oncles et tantes, frères et sœurs.

La position du parrain et de la marraine est-elle très supérieure à celle du filleul, celui-ci doit garder une certaine réserve, ne jamais s'imposer et écrire dans les termes les plus respectueux; ne pas dire simplement: mon cher parrain, ou ma chère marraine, mais bien monsieur et cher parrain, madame et chère marraine.

La Nourrice.

Combien vétilleux le choix d'une bonne nourrice, celle qui, si malheureusement vous ne nourrissez pas, vous remplacera auprès de votre enfant, cueillera son premier sourire, apaisera ses premiers cris, sera presque sa mère en un mot.

On doit s'occuper du choix d'une nourrice un mois avant l'événement; il faut recourir au médecin qui, lui, ne se laissera pas tromper par les apparences.

Autant que possible n'envoyez pas votre enfant en nourrice à la campagne, réduisez-vous à tous les sacrifices pour le garder auprès de vous.

Pour notre nourrice contentons-nous du costume classique, la robe plate très ample, la vaste pèlerine dans laquelle on peut envelopper l'enfant entièrement, le petit bonnet, les deux épingles, la couronne de larges rubans, aux bouts flottants sur les talons et le tablier blanc orné d'une dentelle ou d'une broderie tout autour.

A la première dent de l'enfant, il est d'usage de donner un cadeau à la nounou.

Si vous le pouvez, il est préférable de faire déjeuner et dîner la nourrice à votre table; vous éviterez ainsi bien des dérangements au baby, dérangements souvent causés par un fruit ou une crudité mangés subrepticement par nounou.

La boisson de celle-ci doit être de la bière, du vin et de l'eau d'orge.

Si vous sortez avec votre nourrice, faites-lui toujours prendre la droite; en voiture, elle doit occuper le fond, de préférence à une jeune fille ou à un jeune garçon.

Il est de très mauvais genre de faire monter une nourrice près du cocher, qu'on ait son équipage ou qu'on aille en fiacre.

Pendant les premières semaines qui suivent la naissance, on fera bien de porter les enfants, qui ne sont encore que de petits paquets vivants, sur un coussin de plumes et de crin, recouvert de satinette bleue ou rose, de mousseline ou de tulle brodé.

Le coussin tient chaud et n'échauffe pas l'enfant auquel il faut donner une position normale; ne pas le coucher et le porter toujours du même côté, en variant chaque jour.

Le savoir-vivre des tout petits est une science qu'il faut leur apprendre dès le berceau et toutes les mamans devraient y veiller et empêcher, dès le principe, Bébé de sucer son pouce, parce qu'il y a à craindre la déformation «de la bouchette et du petit pouce».

De concession en concession, pour avoir la paix, faibles mères que nous sommes, nous laissons faire de grosses sottises à nos chers enfants, et plus tard ce sont des cris et des larmes puis des corrections lorsqu'il faut faire des êtres civilisés de ces petits bonshommes et de ces petites bonnes femmes qu'on eût pu, dès le berceau, éduquer pour ainsi dire en gentlemen ou en ladies du maillot.

La première enfance.

Jusqu'à sept ans, un enfant ne dîne pas à table, lorsqu'il y a du monde, ceci est conforme au système de nursery de nos voisins d'outre-Manche, dont nous n'avons point à médire, à condition de pouvoir faire autrement et d'installer, s'il nous plaît, le baby dans son petit fauteuil.

Et en effet, ces mignons ne sont-ils pas, pour nous autres mères, les plus grands personnages du monde?

On me fera quelques observations au nom du décorum et de la propreté.

On enfreint parfois quelques règles, et des meilleures. Que la mère qui n'a point péché me jette la première pierre.

Pour la propreté, si vous craignez le renversement de la timbale ou les mouchetures de bouillie sur la nappe blanche, ayez la précaution de placer devant le petit un carré de toile cirée: de cette façon l'accident sera vite réparé.

Une remarque assez curieuse à faire, c'est que, avant de savoir parler, l'enfant sait frapper, et le père et la mère, idolâtres et ravis, baisent le petit poing rose et se font gloire de la vigueur du coup porté.

Que de fois avons-nous entendu dire: Donne un coup, un grand coup pour faire voir comme tu es fort. Et l'enfant de s'escrimer.

Aussi plus tard, lorsqu'on voudra lui faire perdre cette sotte et déplorable habitude, aura-t-on toutes les peines du monde.

Certains trouvent aussi très amusant d'entendre la bouche fraîche de bébé prononcer des mots risqués.

Etonnons-nous donc que bébé, inconscient mais triomphant, emmagasine dans son petit cerveau, déjà très subtil, qu'il peut être impertinent sans danger pour lui!

Aucune de nous ne pense qu'il est bon d'avoir toujours la mine sévère et grondeuse que nos ancêtres prenaient envers leurs enfants, qu'il nous faut exiger le «vous» cérémonieux en place du bon tutoiement; cela regarde au reste chaque mère de famille; mais on s'accorde à reconnaître que la grande familiarité entre les parents et les enfants, la camaraderie, en un mot, est plus nuisible qu'on ne le croit, elle porte atteinte au respect et par conséquent à l'esprit de famille.

Vers sept ans.

Dès la prime enfance, il faut habituer l'enfant à être propre, lui faire essuyer sa petite bouche, ne pas rire quand il a «des moustaches» en chocolat, exiger qu'il replie sa serviette et qu'il aille se laver les mains avant de s'asseoir à table, ne pas y mettre les coudes, ne pas parler la bouche pleine, et ne pas porter la main au plat.

Lorsque les enfants savent réciter des fables à peu près, ou fredonner une chansonnette, il n'est plus guère admis de leur demander au dessert la preuve de leur talent.

Cela ennuie presque toujours les personnes étrangères, et ce n'est que par excès de politesse qu'elles vous le demanderont, sachant bien vous faire plaisir.

Il faut interdire aux enfants d'être impertinents avec les domestiques; une parole polie est aussi vite prononcée qu'une malhonnêteté.

Un enfant doit toujours se baisser vivement et ramasser l'objet que son père, sa mère ou un de ses parents a laissé tomber, mettre un coussin sous les pieds de la grand'mère, aller chercher le journal ou les lunettes du grand-père, apaiser par une grimace ou une caresse petit frère ou petite sœur qui pleure (les marmots préfèrent généralement la grimace), rapporter une fleur à sa petite mère, un bonbon ou un gâteau à ses frères et sœurs, s'il en a et s'il est allé déjeuner ou goûter en ville; enfin, avoir ces infiniment petites prévenances qui ouatent l'existence et font voir qu'on est bien élevé.

Les enfants, lorsqu'ils sont grondés, ne doivent pas raisonner, répliquer.

Il faut de bonne heure habituer les enfants à être polis entre eux et à éviter les taquineries. Comme l'a dit Victor Hugo, «la taquinerie est la méchanceté des bons».

Ne laissons pas les enfants se trahir entre eux, rapporter, même si nous désirons savoir quelque chose; rien de plus vil que l'espion.

Faisons-leur ranger leurs jouets, leurs objets personnels; qu'ils ne s'habituent pas à être servis; qui sait ce que l'avenir leur réserve?

La petite fille.

La fille est la petite amie de la maman, bien plus que le garçon que l'éducation, le tempérament, les besoins d'exercices physiques éloignent davantage de la maison.

Il faut donc faire de sa fille une compagne, l'initier de bonne heure aux infiniment petits et aux grands devoirs de la femme.

Moins charmantes que les autres sont les petites filles raisonneuses, faisant avec un imperturbable aplomb des réflexions au-dessus de leur âge.

L'essence même de la femme, il faut le reconnaître, est un peu futile. O mères, prenons-y garde!

Mettons tôt une aiguille dans les mains de la future femme, faisons-lui recoudre un bouton, raccommoder une déchirure à l'habit de son frère, intéressons-la aux soins du ménage, faisons-lui faire la cuisine dans de petits ustensiles qui seront joujoux pour elle, mais qui l'initieront aux mystères du ménage; enfin préludons de bonne heure à la mettre en état de diriger «le royaume de la femme».

Une petite fille entrant dans un salon avec sa mère doit aller embrasser la maîtresse de la maison et faire un gentil salut général; de même en s'en allant.

Jamais une fillette ne doit rester au salon au jour de sa mère.

Elle vient dire bonjour, si on la demande, et s'en retourne de suite.

Si une petite fille reçoit des leçons d'un professeur homme, n'eût-elle que quatre ou cinq ans, il est de la plus élémentaire bienséance que sa mère, ou sa bonne, soit en tiers.

Ce qui s'applique à la petite fille doit être de plus de rigueur encore pour la jeune fille.

Le petit garçon.

L'éducation virile doit être donnée par le mari, mais, à son défaut, la mère doit se masculiniser un peu et savoir faire réciter au jeune homme le De viris ou le Selectæ.

Habituez de bonne heure le jeune garçon à être poli, prévenant pour les dames.

L'éducation américaine a son bon côté pour les jeunes garçons qui ne peuvent pas être surveillés comme les filles.

Il faut leur laisser un peu d'initiative, ne pas trop les élever dans les jupons de la maman, les laisser faire quelques courses seuls, les rendre «débrouillards» en un mot.

Plus que jamais, en notre terrible temps de struggle for life, l'homme doit savoir se tirer d'affaire, et ce n'est pas en gardant son fils claustré au logis qu'on en fera un lutteur pour l'avenir.

Mais si le petit garçon doit être un peu indépendant, il ne faut pas qu'il fasse montre d'un sans-gêne déplorable. Chaque mère en sait autant que moi sur ce chapitre.

Un de mes petits amis, un jour dînant en ville pour la première fois, fut présenté à la marquise de C... et au docteur V.... Alors, l'enfant leur tendant la main, dit avec une désinvolture adorable: «Enchanté de faire votre connaissance»!

Un jeune garçon doit offrir de lui-même le bras à une petite fille ou même à une dame, lorsque celle-ci manque de cavalier pour passer du salon à la salle à manger.

S'il dîne à table, il ne doit se mêler que très discrètement à la conversation, et surtout ne pas l'émailler du jargon collégial.

Si sa mère est assez bonne pour lui faire réciter ses leçons, il doit chercher à ne pas transformer en supplice ce peu récréatif exercice.

Les mensonges au sujet des places, des devoirs sont odieux et méprisables.

L'homme qui ment est un fléau. Le mot: «Parole d'honneur», doit être sacré; défendons à nos fils de le dire à propos de rien.

Il faut que l'honneur soit la grande leçon de conduite des hommes même en herbe, et qu'ils s'habituent à le respecter profondément.

Précepteurs et professeurs.

Les parents doivent toujours parler avec respect du professeur et ne pas supporter que les enfants le raillent ou s'en moquent.

Si le professeur ou la maîtresse donne une punition à l'enfant, il faut se garder de la lever, car son autorité serait diminuée.

Au jour de l'an, il est bon de donner un souvenir au professeur qui, pendant de longs mois, s'évertue à faire entrer dans les petites cervelles les éléments de syntaxe, de grammaire ou les hauts faits d'Alexandre le Grand.

Ce souvenir peut être un portefeuille, un porte-monnaie, un parapluie, une canne, une garniture de bureau, une épingle de cravate, des mouchoirs, une petite broche, un manchon, un sac à main; cela dépend de la position et des moyens qu'on a.

Souvent les professeurs, homme ou femme, sont besogneux et la valeur de l'objet, en argent, leur ferait plus de plaisir; si on sait cela, on peut bien offrir la somme qu'on eût consacrée à l'achat d'un bibelot. Mais il faut bien se garder de leur donner de la main à la main, comme le salaire d'un domestique; on doit mettre ladite somme dans une petite boîte de fantaisie, un porte-monnaie ou, tout au moins, une enveloppe fermée.

Il ne faut pas croire qu'en payant régulièrement un professeur et en lui offrant un souvenir au jour de l'an, on soit quitte envers lui; il faut encore lui témoigner beaucoup d'égards et de politesse. Il peut arriver que les maîtres soient en faute; ils ne sont ni impeccables ni infaillibles; mais on doit se garder de les blâmer devant les enfants; pour cela on doit les prendre à part.

Les enfants doivent aller au-devant de leur professeur, le débarrasser de son parapluie, etc., surtout ne jamais le recevoir assis.

Au départ, ils doivent le reconduire jusqu'à la porte de l'appartement ou de la maison.

Ne pas les interrompre, rire ou se moquer pendant qu'ils parlent.

Avec leurs camarades, ils ne doivent pas relever les ridicules des maîtres (qui n'en a pas?), encore moins les affubler de sobriquets: tout cela est du dernier mauvais goût.

Si vous invitez un professeur de chant ou de musique à dîner ou à passer la soirée, ne lui demandez pas de jouer ou de chanter quelque chose; cela aurait l'air de lui faire payer l'hospitalité.

Lorsque les enfants sont externes dans un collège, ils ne sont pas tenus à faire une visite le jour de l'an; étant demi-pensionnaires, ils doivent la faire, seuls, ou accompagnés du père ou de la mère.

Pensionnaires, cette visite est obligatoire pour l'enfant et pour les parents.

Pour les filles, la mère doit faire une visite; le père vient ou envoie sa carte.

Les professeurs qui donnent des répétitions à domicile peuvent simplement envoyer leur carte; les parents de l'élève renvoient la leur.

La grande politesse du professeur doit être l'exactitude. Il lui faut aussi une grande modération dans ses expressions, se tenir en garde contre la familiarité et contre l'excès de sévérité.

Étant en voyage, un enfant doit écrire au moins une fois à un professeur.

Lorsque vous avez un précepteur ou une institutrice à demeure et que l'élève et le maître dînent ou déjeunent seuls ensemble, ce dernier doit avoir le plus d'honneur et être servi le premier, il a le droit d'attendre toutes les marques de respect qu'on doit aux parents.

A la table de famille ou dans un dîner en ville où le professeur est convié avec son élève, il est servi après les autres, mais avant l'enfant.

En voiture, le professeur est placé devant avec l'enfant.

Lorsque les enfants ne paraissent pas aux grands dîners, les professeurs mangent avec eux, à part.

La chambre de celui qui fait l'éducation d'un enfant doit être contiguë à la sienne.

Catéchisme et première Communion.

L'acte important de la jeunesse, celui dont on garde au fond du cœur le souvenir embaumé. Étape fleurie où, dégagé des limbes de l'enfance, on risque les premiers pas conscients sur la route de la vie, qu'on voit alors prismée de rose et de bleu et qui, souvent marâtre, vous flagelle si cruellement! Mais, au moment de la première communion, on est heureux et on a coutume de dire: «Le plus beau jour de la vie». Donc pour ce jour solennel où la petite âme a recouvré la blancheur baptismale, il faut une fête de famille qui le grave dans l'esprit du jeune néophyte.

C'est généralement un dîner où on réunit parents et amis; je ne conseillerai pas de donner une soirée; emmener l'enfant au théâtre serait de la plus haute inconvenance.

L'entourer de trop de petits camarades est également à éviter; j'ai vu une fois un enfant, très recueilli le matin, qui, au contact de ses jeunes camarades, s'était peu à peu dissipé et qui terminait cette belle journée par un pugilat en règle!

Pareil accident n'est pas à craindre avec les jeunes filles, mais il y a un autre écueil à éviter, celui de la coquetterie: elles pourraient faire admirer à leurs amies les présents, les bijoux qu'on leur a donnés, et l'on en a vu qui essayaient des effets de robe longue!

La première communion se fait, généralement, entre onze et douze ans.

L'instruction du catéchisme est obligatoire pendant deux années, un an de petit catéchisme, une fois par semaine, un an de grand catéchisme, deux fois par semaine.

L'acte de baptême est la seule pièce à produire.

On peut avoir gratuitement cet acte à la paroisse où l'enfant a été baptisé; l'usage veut qu'on donne un franc ou deux à l'employé de la sacristie, bedeau ou suisse, qui vous le remet.

Si l'enfant fait son éducation chez lui, sa mère ou une personne de confiance doit le conduire au catéchisme, l'attendre et le ramener; si, au contraire, l'enfant est au collège ou à la pension, ce sont les chefs d'institution qui sont chargés de ce soin.

Voici le costume pour un petit garçon:

Une chemise de batiste à plastron uni ou à petits plis.

Cravate lavallière en soie blanche ou nœud tout fait en satin blanc.

Chaussettes de fil ou de soie, blanches, bottines vernies; costume en fin drap noir, forme veste, ou, si l'enfant est dans un collège ou dans une institution, l'uniforme de ladite maison.

Brassard en faille ou en moire blanche; gants de peau blancs, chapeau anglais ou casquette d'uniforme.

La toilette de la petite fille est plus compliquée, pourtant elle ne doit jamais se départir d'une simplicité élégante.

Chemise, pantalon de batiste avec ou sans nœuds de soie blanche; bas de soie ou de fil d'Écosse blanc, souliers de satin ou de chevreau blanc, corset blanc, jupon blanc amidonné un peu raide; robe de dessous en soie blanche ou en percaline glacée; robe de dessus en mousseline blanche bien fine; grand ourlet surmonté de cinq, sept, neuf ou onze petits plis lingerie; corsage tout plissé avec les manches que réclame la mode ou bien froncé à la vierge, avec les mêmes manches; ruche de mousseline de soie au cou, aux manches, ceinture molle en surah, dont on fait le nœud soi-même; petit bonnet de mousseline à ruche de tulle illusion; voile de mousseline retenu par de minuscules épingles à tête de perle fine.

Dans certains pays, le voile est remplacé par une couronne de fleurs blanches qui est cent fois plus jolie, mais il faut se conformer à l'usage de sa paroisse.

Une aumônière genre «Marguerite de Faust» en surah blanc, attachée à la ceinture, est préférable au petit sac passé au bras, qui embarrasse et qu'on risque de perdre. Gants de peau blancs, mousquetaires, ne strangulant pas le poignet; cierge uni. Comme boucles d'oreilles, une perle vissée à l'oreille.

Garçon et fille ont chacun un chapelet passé au bras gauche, assez souvent; maintenant ce sont des chapelets en grenat, en lapis-lazuli, en agate, montés en or ou en argent.

Pour le livre, on se conforme aux usages de la paroisse qui recommande soit un paroissien, soit un manuel de catéchisme.

Le paroissien est ou en ivoire, ou en nacre, en cuir de Russie ou en maroquin.

Les communiants offrent à leurs amis des images plus ou moins belles qu'on nomme «souvenirs de première communion», qu'ils portent eux-mêmes aux intimes et que leurs parents envoient, sous enveloppe cachetée, aux personnes qui sont en rapports moins directs avec la famille; celles-ci doivent renvoyer une carte aux parents, avec un mot affectueux pour l'enfant.

Ces images peuvent être en simple papier avec les emblèmes eucharistiques, en parchemin genre byzantin ou en gélatine avec derrière les mots suivants: Souvenir de la première communion de...... célébrée le....

On fait aussi des images au revers desquelles sont simplement gravés des versets de la Bible ou de belles pensées. Il est de bon goût de faire le lendemain une visite au prêtre qui a préparé l'enfant et de lui porter un cadeau.

Cet usage n'est nullement de rigueur à Paris.

A la campagne, on ne pourrait y manquer sous aucun prétexte; on peut offrir un bronze de piété, un volume rare ou même un objet de mobilier.

Voici une liste de cadeaux qu'on peut offrir à un petit garçon, ou à une petite fille; j'engage seulement les personnes qui les donnent à ne les apporter que le lendemain si ce sont des bijoux, afin que le tic tac de la première montre ou le chatoiement des premiers joyaux n'éveillent pas dans le cœur des jeunes néophytes des pensées peu en rapport avec l'acte qu'ils viennent d'accomplir:

—Statuettes en vieil argent, livres de piété, crucifix, porte-monnaie en écaille, en cuir de Russie ou en maroquin écrasé avec les initiales entrelacées en or, en argent, ou frappées; comme pour le livre de messe, le portefeuille assorti.

—Une épingle de cravate en or et perle, une garniture de boutons de chemise en or mat, une montre, une chaîne, des boucles d'oreilles, bracelet, rang de perles, bagues; pour les cadeaux plus modestes, signet avec agneau pascal en argent, petite croix en or émaillé, médaille avec peinture sur ivoire, bénitier, crayon ou porte-plume en or, argent ou nickel, dé argent ou or, mouchoir de soie blanche.

Le matin de la première communion, l'enfant doit demander la bénédiction de ses parents.

On n'invite pas au dîner le prêtre qui a préparé l'enfant; du reste, si on le faisait, il devrait refuser, car ayant eu tout un troupeau de petits fidèles, il ne peut faire une exception qui blesserait les autres.

Il ne doit pas y avoir de soirée après le dîner.

Les visites de première communion doivent se faire dans les trois jours, l'enfant revêtu de son costume, et la mère en toilette de cérémonie.

Le père n'est pas forcé, à Paris, de faire ces visites; dans certains pays, sa présence est obligatoire.

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