Les Usages du Siècle : lettres, conseils pratiques, le Savoir-vivre
Les audiences.
Lorsqu'on sollicite une audience du Président de la République française, il faut la lui adresser directement, sous enveloppe non affranchie, Monsieur le Président ayant droit à la franchise illimitée.
Cependant la poste pourrait exiger l'affranchissement si l'on mettait sur l'adresse Monsieur Félix Faure, Président de la République, au lieu de Monsieur le Président.
Mais la poste se garde, en ce cas, d'exiger le timbre et observe, sur ce point, l'esprit et non la règle de la loi.
Lorsqu'on sollicite une audience d'un ministre, il faut adresser sous enveloppe affranchie sa demande par la poste. La réponse est envoyée en franchise.
Le jour de l'audience, les hommes doivent être en redingote, gants mi-foncés; les femmes en toilette de demi-cérémonie.
On salue en entrant dans le salon et en arrivant près du chef de l'État ou près du Ministre.
Si nous avons une note à écrire, il faut se déganter.
En pays étranger la demande d'audience au souverain doit être adressée au grand chambellan, qu'on appelle Monseigneur et Votre Excellence. La lettre doit être mise à la poste sans timbre.
Les toilettes doivent être élégantes sans excentricité; pour les femmes, jamais de manchon ni d'ombrelle.
Pour les hommes, l'habit noir est de rigueur, en un mot la tenue de soirée, sauf les gants, qui doivent être de demi-teinte. En s'approchant du souverain, on fait trois saluts, séparés par quelques pas chacun.
On doit attendre que le souverain vous adresse la parole.
La réponse doit être: Oui, non, Sire; Oui, non, Madame, pour une reine.
Le mot Majesté serait contraire à l'étiquette.
On doit parler à la troisième personne et dire: Sa Majesté voudra-t-elle me faire la grâce....
C'est un manque d'étiquette que de dire: J'ai l'honneur de présenter à Votre Majesté...; on doit dire tout simplement: Je présente au Roi....
Il faut se retirer à reculons, car jamais on ne tourne le dos à un souverain.
Il faut être d'une exactitude militaire lorsqu'on a obtenu une audience.
Il y a une tenue spéciale pour les audiences papales.
Les femmes doivent être vêtues de noir, sans chapeau, avoir un grand voile blanc ou noir, les gants blancs; mais, à moins de cas extraordinaires, il est bien rare qu'elles obtiennent une audience particulière du Saint Père.
Causeries.
Une maîtresse de maison ne doit jamais laisser entamer le chapitre politique ou religion dans son salon.
Chacun sait quelles locutions sont à éviter: les «vous savez», «alors», «dites», «hein», «vous pensez bien», sont depuis longtemps au panier du mauvais goût.
Dire que madame une telle est une femme du monde ne veut rien dire.
Ne prenons jamais la parole en même temps qu'une autre personne, cela fait un duo fort désagréable.
Si quelqu'un hésite en parlant, de grâce, n'achevons pas ses phrases. A l'occasion, par charité, soufflons le mot cherché.
Tâchons d'éviter au début d'une conversation des variations sur le temps qu'il fera demain.
En parlant de nos fils, disons «mes garçons» «mes fils» et non «mes gamins».
En parlant de nos filles, «ma fille» et non «mademoiselle».
Ce mode d'appellation n'est permis qu'envers les domestiques. On dira: Servez le chocolat de mademoiselle; ou, si vous avez plusieurs filles: Servez le chocolat de mademoiselle Jeanne.
Un homme dit: «ma femme» ou «madame un tel»; ce n'est qu'aux domestiques qu'il dira «madame» tout court. Une femme dit: «mon mari», elle ne dira jamais le nom de famille tout court, et «monsieur» est réservé pour les domestiques.
Ne demandons pas des nouvelles de «madame» mais bien de «madame un tel».
Non plus: «Comment vont ces demoiselles?» mais: «Comment vont mesdemoiselles vos filles? Comment vont vos garçons, vos fils, messieurs vos fils?» selon le degré d'intimité.
On ne doit pas dire «monsieur, madame» à chaque instant dans la conversation; nous devons aussi éviter de prononcer le nom de famille en parlant à la personne:
«Oui, madame D.....»;
«Certainement, monsieur C.....»
Lorsqu'un homme en parlant à une femme lui rappelle qu'il l'a rencontrée en voyage ou en promenade il doit dire: «Lorsque j'ai eu l'honneur de vous rencontrer.»
Une dame dira: «Le plaisir de vous rencontrer.»
Entre deux femmes le mot plaisir remplace toujours celui d'honneur, à moins que la personne à laquelle on parle ne soit très âgée et d'une position très supérieure.
Ne nous avisons pas de dire: «Nous deux mon mari», mais: «Mon mari et moi.»
Ne disons pas: «J'ai eu l'avantage de voir telle personne», ni: «A l'avantage, au plaisir de vous revoir.»
A moins d'une très grande intimité, on ne doit pas désigner les personnes par leur prénom.
A plusieurs personnes réunies ne disons pas: «Comment vont vos santés?» Chacun a la sienne.
N'entamons pas une conversation sur nos affaires personnelles qui n'intéresseraient personne.
Pour «faire du genre», ne plaçons pas à tout propos des mots étrangers, encore moins des citations latines ou grecques.
La contradiction doit être évitée, car alors les conversations prennent un caractère d'acrimonie fort désagréable pour ceux qui écoutent.
Les liaisons dans les phrases doivent se faire, mais sans trop de préciosité.
L'imparfait du subjonctif, si régulier qu'il soit, est tout à fait démodé, presque hors d'usage, il faut l'éviter. Vous entendez-vous disant à un domestique: Il faudrait que vous époussetassiez le salon.
Nul ne doit demander des renseignements sur la fortune, la position des personnes avec lesquelles on se rencontre chez un ami commun; une interview à ce sujet est très déplacée.
On peut supprimer «monsieur» devant le nom d'un homme illustre, vivant ou mort. Les la peuvent se placer devant le nom des danseuses, des cantatrices: «la Krauss», «la Taglioni». Les peut se placer devant les noms des grands seigneurs: «Les Montmorency».
Parler d'âge est l'un des points que le savoir-vivre réprime le plus énergiquement.
Parler d'âge devant des vieillards, c'est leur faire souvenir qu'ils n'ont plus longtemps à vivre; devant une femme, c'est lui faire penser à son déclin. Les hommes éprouvent la même répugnance que les femmes à entendre parler d'âge et non toujours pour des raisons de coquetterie, mais parce que beaucoup d'emplois constituent à un certain âge une situation brillante et le contraire, à un autre.
Il faut éviter la plaisanterie, les moqueries.
Quand on démêle de mauvais motifs dans les éloges, presque toujours exagérés, prodigués à des personnes qui ne sont pas là, si le savoir-vivre défend qu'on les réfute, il permet du moins de laisser tomber à plat la conversation du méchant personnage.
On n'est pas forcé de dire du mal de son prochain ou des banalités; les sujets de conversations abondent: les arts, la littérature, la pièce en vogue, l'invention récente, sont des thèmes agréables à effleurer. Notez que je dis «effleurer» et non creuser à fond, ce qui deviendrait fastidieux.
On ne dit pas qu'on offre, qu'on souhaite, qu'on présente le bonjour. Bonjour, tout simplement, suffit.
Les pronoms elle, lui ne se diront pas en parlant d'une personne présente ou absente. Présente, on dira: Madame m'a raconté cela; absente: Madame Denis m'a raconté cela.
Nous ne devons parler ni trop haut, ni trop bas.
En fait de toilette, ne donnons pas notre avis dogmatiquement, Mesdames; notre goût n'est peut-être pas le bon, chacun a le sien, et est libre de s'habiller à sa guise.
Faisons attention au sens des mots compagnie et société. Ainsi ne disons pas que nous avons rencontré «monsieur un tel» en société, mais bien en compagnie de; aller en campagne, pour aller à la campagne; sur, pour aigre; rester à la ville, pour demeurer à la ville; mauvais genre, pour mauvais goût; partir en voyage, pour partir faire un voyage; ils ont voiture, pour ils ont une voiture; la marquise a ouvert ses salons, pour reçoit.
On pourrait multiplier ces avis; mais ils sont contenus dans des ouvrages spéciaux et nous n'avons pas ici la prétention de donner des leçons.
La conversation, ainsi que le style, dépend de l'instruction et de l'éducation qu'on possède; mais elle ne vaut que par trois qualités reçues avec la vie, le cœur, l'esprit, le tact.
N'interrompons jamais une conversation et, qu'elle soit aussi ennuyeuse que possible, ayons l'air de l'écouter avec intérêt.
Ne retenons pas quelqu'un par la main en lui parlant.
Plaçons un mot à l'occasion, mais ne parlons pas trop vite; mieux vaut un mutisme presque complet que prononcer sans interruption des phrases plus ou moins banales.
Il faut garder et défendre ses opinions, si elles sont ou si on les croit raisonnables; sans acrimonie toutefois, car la discussion ne convainc jamais personne.
Si on nous démontre, clair comme le jour, que nous avons tort, ne nous obstinons pas et rendons-nous à l'évidence.
La bicyclette.
A ses admirateurs et ses détracteurs.
Comme elle est fort en vogue et que je ne veux froisser personne, je m'abstiens de donner mon avis.
Le costume de bicycliste, aussi bien pour les hommes que pour les femmes qui pratiquent ce sport, doit être éloigné des excentricités fantaisistes.
Il y a deux genres de costumes, celui zouave avec la culotte bouffante et celui avec la petite jupe; je préfère ce dernier.
Les mollets nus, si ce n'est pour les très jeunes garçons, sont de mauvais goût.
Certaines personnes montant en tandem voudraient savoir si la place de la femme est devant ou derrière.
Elle est tout indiquée derrière: lorsque la femme monte en croupe, n'est-ce pas la même chose?
On ne doit pas dire monter en bicyclette, mais bien monter à bicyclette.
Le duel.
Il est telles injures qu'on appelle sanglantes parce qu'en réalité elles demandent du sang; il y a des insultes que la justice humaine est impuissante à venger et il suffit au reste qu'on s'adresse d'abord à un tribunal pour que toute autre réparation puisse être refusée.
Oui, il peut s'agir de telle ou telle offense qui vraiment mérite qu'on risque sa vie pour la laver; et c'est là l'honneur, et nul ne doit reculer si on a tenté de le salir.
L'homme en réalité a inventé le duel pour en appeler à un jugement divin.
Aller sur le pré, c'est faire acte de gentilhomme, d'homme comme il faut, mais la gentilhommerie dans le duel n'existe que si tous les auteurs de ce drame sans fiction sont bien pénétrés du rôle qu'ils ont à remplir.
Il a toujours été reconnu, Dieu merci! que l'honneur est une chose sacrée, et, selon le gentilhomme de Châteauvillard depuis de si longues années bon juge en cette matière, chacun est exposé à cette dure nécessité de risquer sa vie pour venger une offense, une injure. C'est donc une affaire assez importante pour qu'elle soit d'avance réglée selon les formes voulues par la délicatesse et le droit.
Des exemples sans cesse renaissants ont prouvé la nécessité de l'établir d'une manière formelle, afin d'éviter des fautes pouvant compromettre l'existence d'un ami, des assassinats que l'on croit devoir passer sous silence pour ne pas donner aux familles le déshonneur d'une récrimination. Ce droit est la sauvegarde de tous; s'il est enfreint, le sang d'une victime peut crier vengeance.
Nous renvoyons nos lecteurs que cela pourrait intéresser au Nouveau Code du Duel publié il y a peu d'années par le comte du Verger Saint-Thomas.
Il est utile de connaître ces règles du duel, car un grand nombre de personnes honorables allèguent leur inexpérience, quand leur influence morale pourrait être utile, soit pour arranger une affaire d'honneur, soit pour en rendre les conséquences moins désastreuses.
On doit pouvoir servir de témoin à son ami, puisque ni un père, ni un frère, ni un fils, ni même un parent au premier degré ne peut être témoin de son parent, ni contre son parent.
Il faut que l'on puisse intervenir utilement et selon les règles particulières qui se sont établies et perpétuées, car les témoins sont responsables de tous les faits relatifs au duel auquel ils ont assisté.
Résumons donc ces règles brièvement.
Le procès-verbal doit être aussi court que possible. Il ne doit contenir que la simple et unique relation des faits, sans appréciation ni discussion, ni épithète peu déférente pour aucune des parties.
Son style doit être bref, concis, très correct, de manière à éviter toute expression dont le sens pourrait être contesté ou bien donner lieu à équivoque.
Ceci établi, cette pièce se divise en deux parties.
Première partie.—1o Indiquer l'année, le mois, le jour, l'heure, le lieu de la réunion des soussignés réunis pour examiner le différend ou la querelle entre MM. tel et tel.
2o Les motifs de la querelle ayant été constatés et les faits reconnus exacts d'un commun accord et comme suit. (Indiquer les motifs et les faits.)
3o Après une discussion tendant à proposer ces arrangements satisfaisants et honorables pour les deux parties, tout arrangement ayant été reconnu impossible (ou bien rejeté par)....
4o Les soussignés ont reconnu la rencontre inévitable et les conditions en ont été établies comme suit:
(Indiquer les conditions, le jour, l'heure, le lieu du rendez-vous.)
Les conditions ci-dessus mentionnées ont été soumises aux parties et ratifiées et acceptées par elles, avec promesse de s'y conformer suivant les lois de l'honneur.
En foi de quoi, etc.....
(Indiquer le lieu, le jour, le mois, l'heure, l'année.)
Signature des témoins.
| Les témoins de M. M*** | Les témoins de M. N*** |
| A. | C. |
| B. | D. |
Deuxième partie.—La rencontre déterminée par la première partie du présent procès-verbal a eu lieu au jour, à l'heure, au lieu indiqués.
Après 10 minutes de combat, M. M*** ayant reçu une blessure.... (Indiquer la nature et l'importance de la blessure.)
Les témoins soussignés ont déclaré l'honneur satisfait.
(Indiquer si les adversaires se sont réconciliés.)
En foi de quoi, etc.
(Indiquer le lieu, l'heure, le jour, le mois, l'année.)
Signature des témoins.
| Les témoins de M. M*** | Les témoins de M. N*** |
| A. | C. |
| B. | D. |
Observations.—Dans la réunion des témoins, si les témoins d'un champion déclarent qu'ils refusent en vertu d'une question préalable (indiquer les motifs), les témoins en dressent procès-verbal et, bien entendu, le procès-verbal n'est alors composé que d'une seule partie.
Si les témoins jugent à propos de suspendre la séance pour prendre de nouvelles informations, ils doivent l'indiquer, ou désigner l'heure de l'interruption et ensuite l'heure de la reprise, et pour le reste suivant le parag. 2.
Si les témoins tombent d'accord sur un projet d'arrangement, ils l'indiquent au parag. 3 en en détaillant les conditions et en faisant connaître s'il est accepté ou refusé par les parties ou par l'une d'elles.
Si après quelque temps les témoins jugent convenable de faire reposer les champions, ils doivent le mentionner en déterminant le temps du repos accordé.
S'ils jugent à propos de faire terminer le combat, les champions s'étant battus bravement, l'indiquer. En cas de refus de la part de l'un des champions, ou de la part de tous les deux, le mentionner.
Si la blessure reçue n'est pas assez sérieuse, suivant la gravité de l'affaire ou les conditions établies, les témoins doivent le déclarer et motiver ainsi la continuation du combat.
Si pendant le combat les témoins remarquent quelque irrégularité, violation des règles du duel ou des conditions établies, ils doivent faire cesser le combat et dresser procès-verbal suivant les prescriptions du chapitre IV.
Au delà de la vie.
Les coutumes du deuil.
Aussitôt le décès, on doit fermer les yeux du mort, étendre ses membres avant le refroidissement.
La loi défend de déranger le corps.
On fait la toilette du défunt, on le change de linge, on l'enveloppe dans le drap qui lui servira de linceul, en ayant soin de laisser le visage découvert; on allonge les membres avant que la rigidité cadavérique ne s'y oppose.
Les catholiques mettent un crucifix sur la poitrine du défunt, plus une branche de buis; sur une petite table recouverte d'une serviette blanche, on pose un crucifix et deux bougies allumées; puis de l'eau bénite dans une soucoupe avec un rameau de buis, afin que les personnes qui viennent visiter le mort puissent jeter sur lui l'eau sainte.
On doit veiller le mort nuit et jour; un fauteuil est placé auprès du lit pour le veilleur; souvent, on charge de ce soin deux religieuses.
On doit éteindre le feu, quelle que soit la saison; certains médecins s'opposent à cela, craignant que l'intensité du froid n'empêche un retour à la vie.
La toilette du défunt est toujours faite soigneusement, de tous temps on a paré les morts, et les fleurs ont toujours joué un grand rôle dans les cérémonies funèbres.
Les bouquets, les couronnes se mettent sur le lit, jamais dans des vases.
Il est utile de dire que le parfum des fleurs hâte la décomposition du corps.
Chez les Romains et chez les Grecs, les pavots, emblèmes du sommeil, couronnaient les morts; les vierges avaient des guirlandes de roses sauvages mêlées à leur chevelure éparse.
Les parents et les amis font en général une visite au mort, voulant revoir une dernière fois celui qui va disparaître pour jamais.
Le savoir-vivre veut qu'on envoie des gerbes de fleurs, des couronnes funéraires, seul présent qu'on puisse faire. Si on ne veut pas de fleurs naturelles qui durent trop peu, qu'on prenne des fleurs artificielles bien fines.
On doit aller à la mairie de son arrondissement faire la déclaration du décès.
Le médecin de l'état civil vient faire la visite; cette visite ne peut avoir lieu avant que six heures se soient écoulées depuis le décès; elle doit être faite dans les vingt-quatre heures, à moins qu'on ne réclame la mise en bière d'urgence, auquel cas le médecin vient de suite, et on en réfère au commissaire de police.
L'on doit présenter au médecin les ordonnances et lui donner tous les renseignements qu'il demande; si la mort est naturelle et qu'il juge que rien n'empêche de procéder à l'inhumation, il en prévient la famille.
Dans le cas où le médecin remarquerait quelque chose d'anormal, il doit faire un rapport au commissaire de police.
Depuis peu, dans les cas de mort causés par des maladies infectieuses, le médecin doit signaler ces maladies, sous peine d'amende.
Après la visite du médecin de l'état civil, un parent ou un ami doit retourner à la mairie avec deux témoins patentés pour faire dresser l'acte de décès.
Il faut déclarer les nom, prénoms, âge, profession et domicile du défunt et les nom, prénoms, âge, profession du conjoint, fût-il également défunt.
Pour le service funèbre, mieux vaut selon nous s'adresser à une de ces maisons spéciales qui, moyennant un prix fixé d'avance, s'occupent de tout et vous débarrassent des soucis matériels si pénibles en ces tristes moments; on vous envoie les lettres timbrées, vous n'avez plus qu'à mettre les adresses.
Disons à ce propos qu'un livre d'adresses devrait toujours exister dans chaque famille; on le trouve fort utile dans les circonstances tristes ou gaies.
On doit envoyer des lettres de faire part à tous ses amis et connaissances, ainsi qu'aux fournisseurs.
Si le défunt appartenait à l'armée, ou s'il a quelques titres aux honneurs militaires, on prévient l'état-major de la place, en indiquant l'heure des funérailles; des soldats rendent au mort lesdits honneurs.
Les décorations du défunt sont posées sur la bière; de même cordons, épée, épaulettes, armes; toque; rochet et étole, si le mort est membre du clergé.
On éloigne les enfants des maisons mortuaires, où l'usage exige qu'on parle très bas.
Si on veut transporter le corps soit dans un autre cimetière que celui de l'arrondissement, soit dans une autre ville, on doit demander la permission au maire, lequel la demande au préfet.
Les amis se réunissent à la maison mortuaire sitôt le corps exposé. Dans ces tristes circonstances, les paroles sont inutiles et les phrases banales doivent être soigneusement évitées; elles agacent et irritent le chagrin.
Une simple poignée de main, un mot ami, un baiser, selon le degré d'intimité, sont les seules manifestations qu'on doive se permettre pour montrer qu'on s'associe à la douleur des parents.
Les femmes ne sont pas forcées d'aller à la maison mortuaire; elles peuvent se rendre directement à l'église.
On met un registre chez la concierge, à Paris, et dans une pièce en bas, en province; chaque assistant vient signer.
Tous les parents du mort doivent être en grand deuil.
On expose le corps sous la porte et les domestiques en deuil, avec nœuds de crêpe, sont rangés autour du cercueil avec des religieuses, ou une garde.
Les bouquets tout blancs sont réservés aux enfants et aux jeunes filles.
On ferme les volets de la pièce où on reçoit les invités.
Lorsque le maître des cérémonies annonce le départ, on se met en route; ce sont les proches parents du défunt qui viennent après le corbillard.
La tenue officielle était autrefois l'habit noir et la cravate blanche ou la redingote; maintenant, pourvu qu'on soit en deuil, il n'y a plus de règle stricte.
Les invités hommes viennent après les parents; ceux-ci doivent tenir le chapeau à la main: en cas de grand froid ou d'excessive chaleur, ils peuvent fort bien se couvrir, sitôt les premiers pas faits; cependant, lorsque le corps est descendu du corbillard, tout le monde se découvre.
Les femmes viennent après les hommes.
Si un domestique a à porter sur un coussin les insignes du mort, il marche avant les parents, immédiatement après le maître des cérémonies.
Si le défunt est officier, son cheval, couvert d'une housse noire, est tenu en main; la voiture du mort suit également, lanternes allumées et crêpées.
L'usage veut maintenant que les femme, filles, mère du défunt assistent à l'enterrement; je trouve cela cruel, car, sous prétexte de rendre les derniers devoirs, on impose une vraie torture à une poignante douleur.
Les hommes vont bien jusqu'au bout, objectera-t-on: soit, mais ils sont moins nerveux, plus capables de résister au chagrin.
Enfin, je voudrais qu'on revînt à la coutume ancienne qui faisait rester les veuves, les mères, les filles au logis avec quelques amies dévouées.
A l'église, les hommes se placent du côté droit, les femmes du côté gauche; dans le cas où il y aurait trop d'hommes, les femmes devraient abandonner la nef et se réfugier dans les bas côtés.
Le cérémonial des funérailles varie suivant les climats, les coutumes.
Dans certains pays, le mort est porté à visage découvert; dans d'autres, il est placé sur une civière. En Bretagne, un peu partout, il y a des coutumes locales fort curieuses.
Chez les Indiens, on met un petit vase rempli d'eau et un petit sac de grains auprès du mort.
Parler pendant un enterrement, se retourner est souverainement inconvenant.
On ne peut exiger des simples assistants qu'ils soient vêtus de deuil, mais une femme qui assisterait à des obsèques avec plumes roses au chapeau, ou un homme avec pardessus mastic, manquerait totalement de savoir-vivre.
Lorsqu'on va faire l'aspersion d'eau sainte sur le catafalque, on offre le goupillon avec un léger salut de la tête à la personne qui vient immédiatement après vous; celle-ci remercie de même, aucune parole ne doit être échangée.
A Paris, la cérémonie religieuse terminée, les parents qui mènent le deuil (je parle des hommes bien entendu) se mettent au bas de l'église; là les invités, qu'ils aillent au cimetière ou non, viennent leur serrer la main.
La même cérémonie se renouvelle au cimetière, après la mise en terre.
Si le défunt ou la défunte n'a pas de parents proches, c'est un ami qui mène la cérémonie et qui reçoit les salutations des invités.
Lorsqu'il y a des voitures de deuil pour aller au cimetière, les femmes montent dedans; les hommes suivent à pied.
Lorsqu'il y a les cordons du poêle à tenir, on choisit les quatre personnages les plus importants de l'assistance pour cela.
Avant, à Paris, dans la classe ouvrière, on faisait porter les cordons du poêle ou les coins du drap par de petits garçons gantés de blanc, ou par de petites filles, avec robe et voile blancs.
Cette poétique coutume s'est conservée dans certaines villes du Nord.
Si le chef de l'État a envoyé un représentant, celui-ci passe dans le cortège avant la famille; de même sa voiture suit immédiatement celle du mort.
Les députations précèdent aussi les parents.
On n'est pas tenu d'aller jusqu'au cimetière; les parents et les amis intimes y sont seuls forcés.
Il faut l'autorisation de la famille pour pouvoir prononcer un discours au cimetière.
Ce discours ne doit pas être trop long.
Aucun applaudissement ne peut l'accueillir; on doit observer un grand recueillement.
On peut faire reconduire les assistants par les voitures de deuil; dans ce cas, les personnes ainsi reconduites donnent un pourboire au cocher.
Chez les protestants, la cérémonie funèbre a lieu à domicile, dans la chambre où le défunt est exposé.
Il y a beaucoup de lumières et des fleurs seulement sur le cercueil.
Certaines sectes protestantes interdisent les fleurs, même pour les jeunes filles.
Arrivé au cimetière, le pasteur prononce un discours.
Chez les Israélites, il existe une société pour les inhumations. On prévient la société, qui envoie des gardes pour veiller le mort; on le lave, selon les prescriptions de la loi judaïque.
Le jour de l'enterrement, le rabbin vient avec des enfants de chœur prendre le défunt pour le conduire au cimetière; là, il dit des prières et fait un discours.
Il est dit des prières pendant huit jours et les proches parents mâles du défunt y assistent.
Pendant tout le cours de la cérémonie, les assistants gardent le chapeau sur la tête.
Lorsqu'on emmène un corps pour l'inhumer dans un autre pays, il est d'usage que la famille fasse célébrer un nouveau service funèbre et qu'elle y assiste.
Pendant le temps qu'un mort est dans une maison, les repas sont des plus sommaires; la table n'est pas dressée comme de coutume.
Les religieuses ou les gardiens du corps doivent manger à part.
Chez les Israélites, l'usage veut qu'après la mort d'un proche les hommes soient un mois sans se raser.
Le mot deuil signifie douleur.
En effet, ces crêpes noirs, signes extérieurs de la douleur, sont d'une tristesse lugubre, et lorsque dans la rue on rencontre une femme long voilée, la pensée s'attriste au souvenir des deuils d'êtres chers, enlevés par la «noire voleuse».
Les deuils maintenant sont bien moins rigoureux qu'auparavant.
Ainsi le châle noir en pointe qui était obligatoire pendant un an pour la veuve, n'est plus porté que six semaines, et pour les autres deuils on ne l'arbore plus que le jour de la cérémonie funèbre. Il est remplacé par des manteaux longs, de formes diverses, garnis de crêpe anglais.
Je parle pour Paris et les grandes villes; dans certains pays, il est d'anciens usages toujours en vigueur.
Le deuil avait autrefois des longueurs exagérées; ce n'est que sous le Régent et par ordre de la duchesse de Berry qu'il fut réduit de moitié.
Dans l'ancien temps, on portait un deuil de père à la mort du fils aîné.
Pour les tout petits enfants, le deuil se porte en blanc avec ceinture noire.
Les collégiens portent un crêpe au bras gauche.
Les ecclésiastiques portent un crêpe au chapeau, mais ils y adjoignent souvent le crêpe au bras gauche, comme les officiers qui, en outre, portent un nœud de crêpe à la garde de leur épée.
A ce propos, disons que le seul crêpe à l'épée est porté pour un deuil public.
Dans les grandes maisons, les domestiques portent le deuil aussi longtemps que les maîtres; dans les petites maisons, où il n'y a qu'une bonne, on se contente de lui interdire les couleurs criardes, voyantes.
Toute personne faisant partie d'un cortège de noce doit laisser le grand deuil pour ce jour.
Mieux vaut pourtant s'abstenir d'y paraître, à moins qu'une proche parenté ne vous y oblige.
Lorsqu'un deuil atteint les futurs époux quelques jours avant le mariage et qu'on ne peut reculer la cérémonie, on la célèbre sans éclat; pas de fleurs, pas de lumières, sauf les douze cierges réglementaires allumés; il n'y a pas de garçon d'honneur, ni de demoiselle d'honneur; les orgues sont muettes et la messe dite à une heure matinale.
L'usage veut que le veuf ou la veuve qui se remarient avant l'expiration du deuil quittent ce deuil le jour du mariage et le reprennent dès le lendemain. Ce cas est extrêmement rare.
Cette coutume n'est heureusement pas suivie, car l'homme peut se remarier un mois après la mort de sa femme et la femme dix mois après la mort de son mari.
On voit des hommes avec des pardessus mastic porter une large bande de drap noir au bras gauche, en signe de deuil; c'est peu distingué.
Quelques familles catholiques, s'autorisant de ce que l'Église ne célèbre qu'une messe d'ange pour les enfants décédés avant sept ans, ne portent pas le deuil avant cet âge.
L'on ne prend pas le deuil d'un enfant mort quelques jours après sa naissance et l'on peut se dispenser d'envoyer des lettres de faire part.
Le savoir-vivre voudrait que les artistes ne parussent pas en public pendant les quinze premiers jours de grand deuil.
Cet usage est difficile à observer.
Le deuil de veuve devrait, d'après les codes du savoir-vivre, durer deux années pleines, mais on ne le porte généralement que dix-huit mois: six mois de grand deuil, six mois de deuil en soie noire et six mois de demi-deuil.
On peut même ne le porter qu'un an et six semaines.
A Paris, les solitaires aux oreilles se reportent au bout de six semaines, sous prétexte que le diamant est deuil.
Il y a des villes du Midi où la veuve est forcée de porter de l'indienne noire, rayée blanc, pendant six semaines; elle prend ensuite la robe de laine noire.
Voici ce qui se porte d'ordinaire pour les six premiers mois:
Robe de laine unie (le cachemire de préférence) ou garnie de larges biais de crêpe; le châle noir, mis en pointe pendant six semaines; après, long manteau garni de crêpe anglais; chapeau de crêpe anglais avec long voile, également en crêpe anglais, tombant sur le visage, pendant six semaines; ensuite, on porte le voile rejeté en arrière et une voilette en tulle noir uni, avec bordure de crêpe anglais; gants de soie ou de laine, bas de fil ou de laine noire, au bout de trois mois; gants de Suède noirs; bijoux de bois durci.
On porte maintenant de petits dépassants blancs sous le chapeau.
En Angleterre, le deuil est porté avec un chapeau de crêpe et des roses rouges.
Il fut un temps où le deuil était porté en blanc, dans notre pays.
En Chine, le deuil se porte en jaune et les avis mortuaires sont écrits sur papier jaune.
Le deuil de veuf se porte un an; on le prolonge un peu.
Au bout de six mois, la grenadine, la gaze, les étoffes légères font leur apparition; on peut sortir avec un petit manteau; le voile est plus court.
Je lis, avec stupéfaction, dans un traité de savoir-vivre, qu'on peut porter ses diamants pendant le deuil si on a soin de les recouvrir de crêpe, les boucles d'oreilles exceptées.
Les bottines et les souliers en chevreau glacé, les gants en chevreau glacé, pareillement, ou en soie noire, les broderies de jais.
Ensuite vient l'ère du blanc et noir, puis, graduellement, le gris, le mauve, le lilas, le violet, les dentelles blanches.
Eviter d'arborer du rouge ou du rose immédiatement en sortant du deuil.
Une femme qui a perdu son mari fait abandonner la livrée à son cocher pendant toute la durée du deuil. Il doit être vêtu de noir, avec cocarde de crêpe au chapeau.
Les cartes de visite sont lisérées de noir. On ne met pas dessus: Madame veuve H...., ou: Madame Vve L....; on ne prend le titre de veuve que dans les actes notariés. On n'écrit pas à la veuve en lui donnant ce titre.
De même en la présentant, on ne dira pas: Madame veuve une telle.
Lorsqu'on parlera d'elle, on dira: Madame X., qui est devenue veuve; ou, mieux: qui a perdu son mari.
Le grand genre veut qu'on dise pour une femme veuve titrée, qui a un fils: Madame la baronne douairière de.....
Les époux, même séparés judiciairement, doivent porter les deuils qui les atteignent réciproquement.
A plus forte raison pour les ménages unis; on porte le deuil de ses beaux-parents aussi rigoureusement que des siens propres.
Les parents ne sont pas astreints à porter le deuil de leurs enfants et petits-enfants, mais nul ne s'en dispense, car, pour n'être pas obligatoire, c'est le deuil le plus cruel et je ne sache pas que mère ayant perdu son fils reporte de sitôt les couleurs gaies.
Les oncles et tantes peuvent se dispenser de porter le deuil de leurs neveux et nièces; hors Paris, cela ne peut guère se faire.
Le deuil de grand-père et grand'mère: six mois.
Frère et sœur: six mois.
Beau-frère et belle-sœur: six mois.
Oncle et tante: trois mois.
Cousin germain: six semaines (ne se porte généralement pas).
On signale dans les traités de deuil ceux de tuteur, de parrain, de marraine, comme devant durer trois mois, mais je n'en ai jamais vu porter, pas plus que ceux de cousin issu de germain, qu'on porte à trois semaines, et celui d'oncle à la mode de Bretagne, qu'on cote onze jours.
Un parent qu'on n'a pas mentionné dans une lettre de faire part de décès, peut ne pas porter le deuil; mais cette petite vengeance est mesquine.
Ceux qui héritent d'une somme importante venant d'un étranger feraient bien de prendre le deuil. A propos des enterrements, j'ai omis de dire que, une dizaine de jours après, des cartes, mentionnant les proches parents du défunt, devaient être envoyées à ceux qui ont assisté aux obsèques. Voici comment ces cartes se libellent:
Monsieur Gérout
Madame Simon, née Gérout
Mesdemoiselles Blanche et Suzanne Gérout
Les deuils d'amis ne se portent pas et pourtant souvent ils vous sont plus pénibles que ceux de parents indifférents.
Pendant la première moitié du deuil, on se prive de tous plaisirs, de toutes distractions; on peut, après, reprendre sa vie ordinaire en graduant intelligemment les nuances; ainsi on peut fort bien se faire voir au Théâtre-Français et il serait de mauvais goût d'être aperçu dans un théâtre de genre léger.
Les lettres de décès.
Pour les lettres de mort il y a deux genres, comme pour celles de mariage; d'abord les lettres d'invitation à la cérémonie mortuaire, puis les simples lettres de faire part, pour les personnes habitant très loin et qu'on n'envoie qu'une quinzaine de jours après le décès.
Le savoir-vivre voudrait qu'on n'énumérât pas les titres des parents faisant part, mais on ne les omet jamais, et «chevalier de la Légion d'honneur» figure toujours en bonne place.
Par exemple, aller chercher les très lointaines alliances qui peuvent vous faire honneur est condamnable.
Pour le défunt, tous ses titres, toutes ses qualités doivent être énumérés.
Les amis intimes doivent être avisés verbalement ou par lettre de la mort de la personne.
Dans les lettres de faire part, les femmes figurent et les parents énoncent tous leurs titres.
On répond à cette lettre par une carte de visite ou par une courte lettre.
Lorsqu'on ne peut assister à un enterrement, on doit envoyer sa carte avec quelques mots mentionnant l'empêchement.
Les lettres de décès s'adressent sous bande ou seulement pliées.
Les visites de condoléance.
Les visites de condoléance devraient se faire dans les quinze jours qui suivent l'enterrement et non dans les six semaines, ainsi que l'indiquent certains traités de savoir-vivre.
Je trouve qu'on ne peut marquer trop d'empressement envers ceux qui sont dans le chagrin et les amis intimes ne devraient pas connaître les limites de temps.
Si on vous dit que l'on n'est pas visible, il serait de mauvais goût d'insister.
S'habiller en tenue de gala pour faire une visite de condoléance n'est pas possible.
On doit avoir une tenue grave.
Les enfants ne doivent jamais être emmenés dans ces sortes de visites.
Il faut rester peu de temps et ne jamais parler du défunt le premier, mais on doit écouter tout ce qui nous en est dit avec grande attention.
Les visites sont épineuses à rendre, il ne faut pas trop insister sur la perte éprouvée, et ne pas la passer sous silence; ne pas entamer de conversations légères avec les personnes qui peuvent se trouver là.
Les personnes en deuil ne rendent les visites que six semaines après. Dans le Nord, on avait coutume d'envoyer des images de deuil avec les nom, prénoms, âge, qualités du défunt et des versets de la Bible; je ne sais si cette coutume existe encore.
Lorsque vous habitez la campagne et que des personnes se sont dérangées pour venir de loin rendre les derniers devoirs à votre parent, vous ne pouvez les renvoyer à jeun, mais tout luxe, tout superflu, toute bonne chère doivent être bannis de ces tristes repas, qui ne se prolongent jamais.
Le vin ordinaire y est seul servi.
Les proches parents n'y assistent pas: c'est un ami ou un parent éloigné qui doit présider.
Les fleurs.
Les fleurs que nous offrons aux êtres aimés que nous avons perdus, les divines filles de la terre, ces fées odorantes, ont pris droit de cité chez nous; on en trouve dans tous les logis, depuis le modeste bouquet de violettes d'une Jenny l'ouvrière jusqu'à la superbe orchidée d'une duchesse. Des plantes bien solides, sont les aspidistras; presque sans soins, arrosées par-ci par-là d'un peu d'eau, elles peuvent vivre durant plusieurs années, et si elles ne sont pas très jolies, elles donnent toujours de la verdure.
Le caoutchouc, vilain selon moi, n'est plus en vogue.
Les araucarias tiennent le record de l'élégance; aussi on les enrubanne comme des conscrits.
Rien de plus joli que cette délicate verdure où on enlace des rubans: rubans de satin jaune et rouge, couleurs espagnoles, dont les tons chauds relèvent la teinte du feuillage; on fait passer les rubans en mirliton et, à la base et au sommet, on forme deux nœuds à pans.
Les teintes pompadour, ciel et rose, le mauve, le crevette, le vert-nil sont des couleurs à prendre; le grenat blanc, le bleu marine ne sont pas si charmants.
Il est tant de variétés de fleurs et de plantes qu'on ne saurait les énumérer.
Les fougères encadrent joliment le pied des palmiers et les palmiers eux-mêmes sont ravissants posés derrière une statue de marbre ou de terre cuite; leurs larges feuilles en éventail font ressortir à merveille une œuvre d'art et le plus modeste bronze acquiert du relief par le voisinage d'une plante.
Les palmiers phénix font très bien dans les encoignures.
Les camélias garnissent les grandes vasques de Chine.
Les bruyères remplissent les jardinières basses.
La mode n'est plus de faire pousser les oignons de jacinthes ou de tulipes; je le regrette, car c'était un vrai plaisir de suivre, jour par jour, l'éclosion de cette première fleur au parfum si doux et si pénétrant à la fois.
Les toutes petites plantes grasses remplissent les toutes petites jardinières, japoneries, vieux sèvres, cristal, semées çà et là dans un salon.
Lorsqu'on vous offre un bouquet, votre premier soin doit être de le «délacer», c'est-à-dire de le débarrasser de la ficelle, des brins qui le serrent et le gênent, puis vous cassez les tiges.
Notez que je dis casser et non couper; en coupant, la section, très nette, se cicatrice et empêche la fraîcheur de l'eau de revivifier les fleurs, tandis qu'en cassant, l'effet se produit.
Les bouquets ronds ne se font plus guère; ce sont maintenant des gerbes lâches, souples et flexibles, où il entre moins de fleurs et qui sont bien plus parantes et jolies.
Pourquoi laisser au salon, au boudoir le bouquet de fleurs? Placez-le donc sur la table, au déjeuner, au dîner, tout le monde en aura la joie.
La matière du vase importe peu, qu'il soit en grès vulgaire, en cristal de roche, en émail cloisonné, pourvu que la forme en soit élégante.
Je respecte tellement les fleurs, je les aime si fort, qu'il m'arrive de les caresser d'un effleurement discret, aussi bien la rose de Noël douce et rosée que la giroflée de muraille, ce lilas du pauvre.
Pour les petits bouquets, il est des vases à cinq places qui forment un gentil milieu de table.
Rien de joli comme une branche de lilas blanc avec un feuillage d'un vert tendre, dans un cornet de cristal rose.
Les anémones doubles déployant et reployant leurs corolles, semblables à des collerettes finement plissées, sont des fleurs bien économiques, eu égard à leur durée: un bouquet peut, avec quelques soins, exister huit jours; c'est long, pour une vie de fleur.
Le houx, aux rouges baies, scintillantes comme des perles de corail d'un collier d'Italienne, avec son feuillage piquant, ayant l'air d'être verni, fait de jolies corbeilles et dure longtemps; on ne le met pas dans l'eau, on le pique dans du sable humide.
Le gui, si en vogue depuis quelques années, est appelé porte-bonheur par les petits marchands qui le crient dans les rues: est-ce parce qu'il nous vient des druides?
Quoi qu'il en soit, ses baies, d'un blanc cireux, sont admirées et la branche de gui, coutume anglaise, se suspend, en compagnie de la branche de houx, au lustre du salon, vers le temps de Noël.
Pour les dîners de Noël, les réveillons, on voile discrètement la lumière de la suspension par des entrelacements de gui et de houx; l'effet est fort joli.
Lorsqu'on a un arbre de Noël à faire et qu'on n'y veut suspendre que des présents légers tels que: éventails, dentelles, bijoux, fleurs, une forte branche de houx peut très bien remplacer le sapin légendaire.
Des fleurs ravissantes sont les chrysanthèmes, avec leurs teintes irréelles et leurs échevèlements fantastiques; en sachant marier les nuances, on obtient des effets imprévus, d'une richesse de coloris inouïe.
Pour les très grosses plantes, on a des vasques en porcelaine du Japon ou des bacs en chêne, cerclés de nickel.
On peut, pour les grandes gerbes de fleurs coupées, se servir des lotus japonais, qu'on emploie comme porte-parapluie; les tiges y sont à l'aise et trempent largement.
Les fleurs des champs sont en vogue et le bleuet fleurit plus d'une boutonnière d'élégant.
Pour les fleurs à la boutonnière que les hommes ont coutume de mettre à leur revers d'habit, il existe de petits tubes, qu'on remplit d'eau; la tige de la fleur y trempe et se tient ainsi fraîche toute une soirée.
Les fleurs, pour boutonnière du soir, sont toujours le camélia et le gardénia.
Si une femme a un bouquet à mettre au corsage, elle doit le placer au côté gauche de la ceinture, ou à l'encolure de la robe, au côté gauche du cou et non au milieu de la poitrine.
Les bouquets de fleurs qu'on trouve à sa place dans certains dîners doivent avoir les tiges enveloppées de papier d'argent.
Pour un dîner de noce, une légère guirlande de fleurs d'oranger courant sur la nappe est fort joli.
La mode des tables entièrement recouvertes de fleurs se répand un peu partout; à la campagne, il est si aisé et si peu coûteux de le faire qu'on aurait tort de ne pas suivre cette jolie et poétique innovation.
Pour un dîner de première communion, les fleurs qui ornent la table doivent être blanches.
La décoration florale pour un évêque doit être violette, à l'exclusion des pensées qui sont fleurs de deuil.
Pour un cardinal, les fleurs rouges.
Conseils pratiques.
Instruction des enfants et des jeunes gens.
Ayant énuméré simplement nos coutumes françaises, nous croyons utile de consigner ici les principaux renseignements relatifs à l'instruction et des jeunes gens et des enfants.
Grave question pour laquelle toutes les réflexions sont nécessaires, mais les conseils inutiles, parce que tout dépend de la situation qu'on occupe et des ressources que l'on a.
Nous nous contenterons donc d'une simple liste des établissements où s'instruit et se forme notre jeunesse.
Instruction primaire.—Instruction secondaire.—Instruction supérieure.
Instruction primaire.—Le père, tuteur ou personne ayant garde de l'enfant doit, quinze jours avant la rentrée des classes, faire savoir au maire s'il fait donner l'instruction dans une école publique ou privée.—Dans ce dernier cas, il faut indiquer l'école choisie.
Si l'on envoie l'enfant à l'école, voici où l'enseignement primaire public se donne:
1o Dans les écoles maternelles et les classes enfantines.—Dans les écoles maternelles, les enfants sont reçus de deux à six ans.—L'enfant est reçu sur la présentation d'un billet d'admission signé par le maire, et un certificat du médecin légalisé constatant qu'il n'a pas de maladie contagieuse et est vacciné.—Dans les classes enfantines, l'enfant est reçu de 4 à 7 ans.
2o Écoles primaires élémentaires.—Cette instruction comprend:
- L'enseignement moral et civique;
- Lecture, écriture;
- Langue française;
- Calcul;
- Histoire et géographie;
- Leçons de choses;
- Éléments du dessin et du chant.
- Pour les filles: Travaux à l'aiguille.
- Pour les garçons: Exercices militaires.
Cette instruction est obligatoire pour tout Français et gratuite. Pour faire inscrire l'enfant dans une école, en faire la demande au maire sur papier timbré à 60 cent.—L'enfant y reste jusqu'à treize ans au plus, pour passer son certificat d'études primaires élémentaires.—Les épreuves sont les suivantes:
Pour l'écrit:
- 1o Une dictée d'orthographe (15 lignes au plus);
- 2o Deux questions d'arithmétique;
- 3o Une rédaction française du genre simple.
- N. B.—Les épreuves écrites sont éliminatoires.
Pour l'oral:
- 1o Lecture française expliquée;
- 2o Questions d'histoire et de géographie.
Pour être reçu, il faut obtenir au moins un total de 30 points pour les garçons, de 35 pour les filles.
Il existe enfin des écoles primaires supérieures qui comportent deux années d'études. Il faut pour y être inscrit justifier du certificat d'études primaires. (Voir pour plus de renseignements le programme des écoles primaires supérieures.) Le prix de la pension varie de 400 à 500 francs; celui de la demi-pension, de 250 à 300 francs.
Enseignement secondaire.—Peut être donné de deux façons, en suivant soit l'enseignement classique, soit l'enseignement moderne.
Enseignement classique.—Se donne dans les lycées ou collèges à partir de la sixième. L'élève suit la division de grammaire jusqu'en troisième, puis la division supérieure jusqu'en rhétorique; arrivé à la fin de cette classe, il doit passer la première partie du baccalauréat, dont voici le programme:
| Minimum à obtenir. | ||||
| Écrit. | — | Discours français | 10 | points |
| — | Version latine | 10 | — | |
| Oral. | — | Français: explication des principaux auteurs, Racine, Corneille, etc. | 10 | — |
| — | Latin: traduction et explication à livre ouvert d'un texte | 10 | — | |
| — | Grec: traduction et explication à livre ouvert d'un texte | 10 | — | |
| — | Histoire: de 1610 à 1789 et géographie de la France | 10 | — | |
| — | Allemand: traduction d'un texte et conversation | 20 | — | |
| — | Mathématiques, arithmétique, géométrie, algèbre (jusqu'aux équations du 2e degré), cosmographie | 10 | — | |
| ———— | ||||
| Total | 90 | points. | ||
Après ce premier examen passé, l'élève doit choisir entre trois voies, soit la philosophie, soit les mathématiques, soit les sciences naturelles.
| Philosophie. | ||||
|---|---|---|---|---|
| Minimum à obtenir. | ||||
| Écrit. | — | Dissertation française | 20 | points |
| Oral. | — | Explication d'auteurs philosophiques français, grecs ou latins et interrogations | 10 | — |
| — | Histoire: De 1789 jusqu'au 1er juillet précédant l'année de l'examen | 10 | — | |
| — | Sciences naturelles, physiques et chimiques | 20 | — | |
| ———— | ||||
| Total | 60 | points. | ||
| Mathématiques. | ||||
| Écrit. | — | Problèmes de mathématiques, question de cours.—Problème de physique | 20 | — |
| Oral. | — | Philosophie | 10 | — |
| — | Histoire: comme pour la philosophie | 10 | — | |
| — | Mathématiques | 10 | — | |
| — | Physique et chimie | 20 | — | |
| ———— | ||||
| Total | 70 | points. | ||
Sciences naturelles.
Pour suivre ces études il faut aller à la Faculté des sciences. Voici le programme: physique, chimie, botanique, zoologie, travaux pratiques sur toutes ces matières.
Les formalités à remplir pour l'inscription sont les suivantes: Présenter sur papier timbré à 60 cent. la demande légalisée par le maire d'être inscrit, avec l'autorisation des parents si le candidat est mineur et avec un extrait de l'acte de naissance.—Pour la 2e partie, y ajouter le certificat d'admission à la 1re partie. Et payer les droits suivants:
| Pour la première partie: | ||
|---|---|---|
| Droits d'examen | 30 | francs |
| Certificat | 10 | — |
| ———— | ||
| Total | 40 | francs. |
| Pour la deuxième partie: | ||
| Droit d'examen | 30 | francs |
| Diplôme | 50 | — |
| ———— | ||
| Total | 80 | francs. |
Enseignement moderne.—Tend à se répandre de plus en plus, mais n'ouvre que peu de carrières. Les matières sont les suivantes: français, mathématiques, physique et chimie, sciences naturelles, langue anglaise, langue allemande, philosophie, littérature, études sur les auteurs grecs et latins. Les examens se passent à la fin de la seconde et de la première moderne.—On trouve l'enseignement moderne à Saint-Louis, à Voltaire, à Montaigne, à Michelet.
Écoles du Gouvernement.
St-Cyr.
École militaire spéciale de St-Cyr, située à St-Cyr-l'École (Seine-et-Oise).
Cette école est destinée à fournir des officiers pour l'armée de terre. Jadis l'on pouvait, après ses deux années passées à St-Cyr et une année de service comme officier, donner sa démission, mais il est aujourd'hui fortement question d'imposer aux élèves de contracter un engagement de dix ans.
Pour être admis à prendre part au concours d'entrée, il faut:
Avoir de dix-sept à vingt et un ans;
Être apte au service;
Enfin posséder un baccalauréat.
Il est nécessaire de se faire inscrire avant le 15 avril à la préfecture du département où l'on étudie; les épreuves écrites commencent vers le mois de juin dans 26 grandes villes. Ces épreuves sont éliminatoires.
L'élève, une fois ces épreuves subies, est admissible; il doit ensuite passer les examens oraux du premier degré pour être admissible. Les examens oraux du second degré forment concours.
Compositions écrites:
- Composition française;
- Thème et version allemandes;
- Composition de mathématiques;
- Calcul logarithmique;
- Tracé d'une épure de géométrie descriptive;
- Dessin d'après la bosse;
- Copie ombrée d'un paysage;
- Dessin topographique d'une carte au 1/200 000.
Épreuves orales:
- Géométrie;
- Algèbre;
- Géométrie descriptive;
- Trigonométrie rectiligne;
- Mécanique;
- Physique;
- Cosmographie;
- Géographie;
- Histoire;
- Épreuves physiques—équitation, gymnastique, escrime.
Le prix de la pension est de 1000 fr., celui du trousseau de 600 à 700 fr.
Le nombre des bourses et demi-bourses est illimité.
École Navale.
En rade de Brest.—Le Borda.
Prépare les officiers de marine; on n'exige pas le baccalauréat pour y entrer. La durée des études y est de deux ans, après lesquels l'élève sort aspirant de seconde classe qui correspond au grade de sous-lieutenant; le programme est à peu près le même qu'à St-Cyr.
Pour entrer sur le vaisseau-école, en rade de Brest, dit «Le Borda», les candidats doivent justifier, par la production de leur acte de naissance, qu'ils sont Français et ont eu quatorze ans au moins, ou dix-huit ans au plus le premier jour de l'an de l'année du concours; présenter un certificat du médecin déclarant qu'ils ont été vaccinés ou qu'ils ont eu la petite vérole et qu'ils n'ont pas d'infirmités les rendant impropres au service.
Le prix de la pension est de 700 francs par an; le trousseau est d'une valeur d'environ 1000 francs.
Les candidats doivent se faire inscrire du 1er au 25 avril à la préfecture du département où ils ont leur domicile.
Ils sont examinés dans le chef-lieu d'examen le plus voisin de ce domicile ou, à leur choix, au collège où ils ont fait leur éducation.
Les épreuves comprennent un examen oral et des compositions écrites dont les matières sont indiquées par un programme spécial. Elles commencent à Paris dans les premiers jours de juin et sont annoncées dans le Journal officiel. Pour concourir au grade d'aide-médecin de marine, il faut être Français, âgé de dix-huit ans au moins, vingt-cinq ans au plus, être apte au service de la marine, justifier de deux années d'études médicales, avoir satisfait à la loi du recrutement.
Les candidats peuvent s'inscrire au secrétariat du conseil de santé des ports de Brest, Rochefort, Toulon.
École des Ponts et Chaussées.
Rue des Saints-Pères, no 28.
Son but est de former des élèves nécessaires au corps des ingénieurs des ponts et chaussés. Son programme est le suivant: la mécanique, l'architecture, les mathématiques appliquées, la géologie, le droit administratif, l'anglais, l'allemand, l'économie politique, etc.
École Polytechnique.
Rue Descartes, 41.
Forme des ingénieurs et des officiers d'artillerie et de génie. Le programme est à peu près semblable à celui de St-Cyr, sauf pour les mathématiques où il est beaucoup plus développé: toutes les mathématiques spéciales y sont en effet comprises—le système d'admission est le même, l'oral est à deux degrés—aucun baccalauréat n'est exigé, mais sa possession donne un avantage de 50 points. La durée des études est de deux ans.
École centrale des Arts et Manufactures.
Forme des ingénieurs civils. Le programme est semblable pour les mathématiques à celui de Polytechnique, beaucoup moins chargé pour le reste, la durée des études y est de trois ans—des examens éliminatoires sont passés tous les trois mois: c'est la plus difficile entre toutes les écoles du gouvernement.
École Normale supérieure.
Rue d'Ulm.
Sciences.—Pour la partie mathématique elle est semblable à celle de Centrale.—Physique et chimie, histoire, version latine, philosophie, anglais ou allemand.
Lettres.—Latin, grec, français, histoire, géographie, prosodie, métrique, etc.
Pour s'y présenter il faut être bachelier complet; beaucoup de jeunes gens sont d'ailleurs licenciés ès lettres ou ès sciences avant leur entrée dans cette école. On y forme des professeurs pour les lycées du gouvernement.
Sorbonne.
On peut aussi y préparer la licence, le doctorat, l'agrégation. On y fait un grand nombre de cours parmi lesquels le candidat peut choisir. Pour les connaître, consulter les affiches placées dans la salle des Pas-Perdus de la Sorbonne ou dans le grand vestibule.
Les sciences et les lettres y vont de pair; les cours sont publics, mais la plupart des conférences sont réservées aux étudiants.
Droit.
La durée des études y est de trois ans pour la licence, de cinq pour le doctorat; le baccalauréat est exigé sauf pour le certificat. La licence suffit pour être avocat. Les matières étudiées sont les suivantes: droit pénal, droit civil, droit romain, code de procédure, civile, criminelle, économie politique, histoire du droit.
Le doctorat en droit permet de ne faire qu'un an de service militaire.
Éducation physique.
Un professeur de l'Université de Princeton (Amérique) disait: «Je préfère voir manquer à mes élèves une classe qu'une partie de foot-ball». Sans aller aussi loin, il faut dire que l'éducation physique n'est pas moins utile que l'éducation de l'esprit. Les anciens les faisaient marcher de pair. Après avoir été longtemps négligés en France les sports ont repris une grande importance. Voici les principaux:
Sports athlétiques.—Une seule Union, l'Union des Sociétés Françaises de sports athlétiques, 229, rue Saint-Honoré. Elle compte 139 sociétés. Elle est reconnue par les Sociétés de l'étranger. Les principales sociétés sont: le Stade Français, deux fois victorieux d'équipes anglaises de foot-ball, depuis deux ans club champion; l'Union athlétique du Ier arrondissement, le Racing Club, etc.
Sports pratiqués.—Le foot-ball. Jeu d'origine française mais transformé par les Anglais. Se joue avec un ballon de cuir. (Pour plus de renseignements, voir le livre de M. Saint-Chaffray intitulé Le foot-ball.)
La course à pied.—Le meilleur des sports et le moins coûteux à notre avis. Quatre sortes principales de courses:
La course de haies sur 110 mètres avec 10 haies;
La course de vitesse sur 100 ou 150 mètres;
La course mixte sur 400 mètres, la course de fond à partir de 1500 mètres et le cross-country ou course à travers champs.
Sport vélocipédique.—Sport excellent mais beaucoup plus coûteux que les précédents: nécessite non seulement la machine mais la piste. Les principales pistes ou vélodromes sont: le vélodrome de l'Est, le vélodrome Buffalo, le vélodrome de la Seine, le vélodrome d'Hiver; enfin pour les jeunes amateurs le vélodrome de Courbevoie, qui appartient au Stade français et à l'Association vélocipédique internationale.
Sport nautique.—Un peu démodé à cause de la lenteur de l'apprentissage; se pratique soit dans le bassin d'Asnières, soit dans celui de Joinville-le-Pont.
Tels sont les sports les plus importants. Il faut citer aussi la paume, le tennis, le patin, etc., mais ces sports ne sont pas aussi pratiqués que les précédents.
L'épée et le fleuret méritent une mention spéciale, mais leur apprentissage est long; d'ailleurs ils ne développent pas suffisamment l'homme.
La gymnastique enfin. Un peu moins en usage mais toujours excellente.
Je terminerai cet exposé rapide par quelques conseils sur l'entraînement. Les voici:
Boire le moins possible d'alcool.—Ne manger que des viandes rôties.—Ne pas fumer.—Faire chaque matin un quart d'heure d'haltères.—Beaucoup d'hydrothérapie.—En cas de fatigue, se frictionner avec la composition suivante:
- 50 gr. d'huile camphrée;
- 16 gr. d'essence de térébenthine;
- 5 gr. d'alcool camphrée.
Modèles de lettres.
Nous avons, à travers les chapitres qui précèdent, conseillé quelques formules épistolaires.
En voici d'autres qui peuvent être utiles; nous les transcrivons sans aucune prétention. Chacun, aujourd'hui, doit savoir et sait écrire; mais la consultation d'un «modèle» peut éviter un embarras ou une perte de temps.
Lettre de demande en mariage d'un monsieur d'un certain âge à une dame.
Madame,
Les quelques visites que j'ai eu l'honneur de vous rendre m'ont permis d'apprécier toutes vos qualités, et d'acquérir la certitude que vous possédez au plus haut degré toutes celles qu'il faut pour rendre la vie d'intérieur on ne peut plus agréable.
Soyez bien persuadée, chère Madame, que de mon côté tous mes efforts tendront à vous donner le plus grand bien-être possible, et j'espère que mes soins et mon attachement seront pour vous un dédommagement à la grande estime et à l'affection que vous voudrez bien me témoigner aujourd'hui.
J'ai donc l'honneur, bien chère Madame, de vous demander l'insigne bonheur de joindre ma vie à la vôtre par les liens du mariage.
En attendant une réponse favorable, veuillez agréer l'expression de mes sentiments respectueux.
Votre tout dévoué.
Acceptation de cette demande.
Monsieur,
Je suis très flattée de la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser. Je crois aussi avoir découvert chez vous de précieuses qualités, et je n'hésite pas à vous assurer que de mon côté tous mes efforts tendront à rendre la vie commune aussi agréable que possible.
En attendant votre prochaine visite, veuillez agréer, Monsieur, mes bien sincères amitiés.
Refus à cette demande.
Monsieur,
J'ai été très sensible à tous les bons sentiments que vous manifestez à mon égard, dans votre aimable lettre; mais, à mon bien grand regret, je ne puis donner suite à la proposition que vous me faites; l'état de ma santé d'un côté, et ma situation de fortune d'un autre élèvent entre nous un obstacle absolu.
Encore une fois, Monsieur, veuillez croire à tous mes regrets, et agréez mes meilleurs sentiments.
Lettre de jour de l'an d'un filleul ou d'une filleule, à son parrain ou à sa marraine.
Mon bien cher Parrain (ou Ma bien chère Marraine),
Le renouvellement de l'année me donne l'occasion de vous faire connaître une fois de plus tous les souhaits que je forme pour vous. Vous m'avez donné tant de preuves d'affection, que je serais bien ingrat de vous oublier; mon cœur est assez grand pour vous réserver une bonne place, et mon bonheur est complet si je vous sais en
bonne santé. Aussi croyez bien que je fais, tous les jours, les vœux les plus sincères pour votre bonheur.
En attendant l'heureux moment où il me sera permis de vous dire tout cela de vive voix, et de vous embrasser, recevez, cher Parrain (ou chère Marraine), les meilleurs et les plus affectueux compliments de votre tout dévoué filleul (ou toute dévouée filleule).
Lettre d'un fils ou neveu, à son père ou à son oncle, pour lui annoncer son succès à un examen.
Cher Père (ou cher Oncle),
Je suis heureux de vous annoncer que je viens de subir avec succès les épreuves de mon examen. Ce m'est une bien grande joie de vous donner ainsi une preuve de ma reconnaissance, pour tous les dévouements que vous m'avez témoignés, tous les sacrifices que vous avez faits pour moi; j espère plus tard vous donner des marques plus sérieuses de l'affection que j'ai pour vous, et soyez certain que maintenant, comme avant, tous mes efforts tendront à me rendre digne du nom que je porte.
En attendant, croyez à l'affection sincère de votre tout dévoué fils (ou neveu), qui vous embrasse mille fois de tout cœur.
Lettre pour féliciter un parent, un ami, de l'obtention d'une marque distinctive quelconque (brevet, diplôme, décoration, etc.).
J'ai été bien heureux, mon cher.......... d'apprendre votre nomination au grade de...... Certes personne ne méritait plus que vous cette marque honorifique; les services que vous avez rendus, le dévouement absolu que vous avez toujours montré, et enfin votre travail opiniâtre, plaident en votre faveur; mais néanmoins, eu égard aux compétiteurs, et à la faveur accordée à certains, au détriment des autres, il est très beau de ne devoir qu'à son mérite personnel (l'avancement ou la faveur accordée), et c'est votre cas.
C'est donc, je le répète, avec bonheur que nous joignons nos félicitations sincères, et tous nos compliments, à ceux de tous vos amis.
Nous espérons avoir le plaisir de vous voir très prochainement; en attendant, recevez, cher Monsieur, l'expression de notre profonde considération et de nos plus dévoués sentiments.
Lettre de faire part de la naissance d'un fils ou d'une fille.
Cher Ami,
C'est avec la plus grande joie que je viens t'annoncer la naissance de notre petite bien-aimée Jeannette.
Inutile de te dire que nous la trouvons très belle; elle est tout le portrait de son père; je crois même qu'il m'a déjà semblé reconnaître qu'elle aurait, tout comme sa bonne mère, un excellent caractère. En un mot elle est parfaite.
La joie que j'éprouve en t'écrivant m'empêche de t'en dire plus long; espérant bien me dédommager à notre première entrevue, je termine en te disant tout simplement: La mère et l'enfant vont bien.
Nos affectueux compliments.
Lettre d'une petite fille à sa grand'mère pour lui souhaiter sa fête.
Ma bonne Grand'Mère,
Chaque année, je vois arriver avec la plus grande joie cet heureux jour. Si j'étais près de toi, je serais beaucoup plus heureuse; mais ne crains rien, ma bien chère bonne maman, la distance qui nous sépare ne fait que rendre plus vive l'affection que j'ai pour toi, et de loin comme de près, sois bien persuadée que tous mes vœux et tous mes souhaits sont pour toi; que je demande à Dieu tous les jours qu'il veuille bien te conserver en bonne santé, et surtout te faire vivre assez longtemps pour que tu puisses voir ta petite Alice grande personne et capable à son tour de te rendre tous les soins et toutes les bontés que tu n'as jamais cessé de lui prodiguer.
Adieu, ma bien chère bonne maman, soigne-toi bien, et pense à ta petite-fille qui, elle, ne t'oublie pas et t'envoie mille baisers.
Lettre d'invitation à une distribution de prix.
(Une famille à une autre.)
Chers Amis,
Samedi 28 courant, doit avoir lieu au collège la distribution des prix. Vous n'ignorez pas sans doute que cette solennité doit être présidée par monsieur le général de division X....., notre cousin. Je compte sur quelques succès pour mon fils, et ne vous cache point que je vous verrais assister avec bonheur à cette fête; j'aurai soin de vous faire réserver quelques fauteuils pour vous et vos amis.
Veuillez agréer, chers amis, l'expression de nos meilleurs sentiments.
Lettre d'invitation à dîner.
Nous serions bien honorés, madame X. et moi, de vous avoir à dîner jeudi prochain, 17 courant; voici déjà longtemps que nous n'avons eu le grand plaisir de vous recevoir; aussi comptons-nous bien que rien ne vous empêchera d'être des nôtres, et sauf avis contraire de votre part votre couvert sera mis.
Notre petite Jeanne se propose de vous faire entendre, après dîner, sa dernière création au piano; c'est un bien grand morceau!
Madame X. se joint à moi, pour vous envoyer ses salutations amicales.
Lettre de refus à une invitation à dîner.
Chers Amis,
Nous sommes désolés de ne pouvoir accepter votre aimable invitation du 17 courant. En outre d'une indisposition de mon mari, légère, Dieu merci, nous venons de perdre tout dernièrement une proche parente.
Croyez à tous nos regrets, et veuillez, je vous prie, nous croire toujours vos meilleurs amis.
Agréez l'expression de nos meilleurs sentiments.
Lettre d'un jeune soldat à ses parents.
Mes bien chers Parents,
Quelques jours à peine de séparation me suffisent pour établir la différence entre ma vie actuelle et celle que je menais au milieu de vous. Certes mon intention n'est pas de me plaindre; je suis fier et heureux de remplir mon devoir, mais je n'en constate pas moins la dureté du service militaire, surtout si je la compare à l'existence de famille.
D'ailleurs une année est bien vite passée, et j'ai déjà deux mois de service. Quoique bien éloigné de vous, mon cœur est resté au milieu de ma chère famille; je ne cesse de penser à vous, et de faire des vœux pour votre bonne santé.
Vous trouverez ma lettre un peu courte, mais nous travaillons beaucoup, et n'avons que bien peu de loisir. J'attends prochainement mes galons de caporal, et pense bien que vous ne m'oublierez pas ce jour-là.
Je termine en vous envoyant l'assurance de tout mon attachement, et les meilleurs baisers de
Votre fils tout dévoué.
Lettre de reconnaissance d'un malade à son médecin.
Monsieur,
Permettez-moi de vous adresser quelques lignes de remerciements, à vous, mon cher docteur, qui venez de me rendre à la vie en terrassant complètement le mal affreux dont je souffrais depuis si longtemps. Le dévouement que vous m'avez témoigné, les soins incessants que vous m'avez donnés, lorsque tant d'autres m'avaient pour ainsi dire abandonné, et enfin votre incontesté savoir, vous ont fait sortir vainqueur de la terrible lutte que vous aviez engagée contre la maladie qui m'accablait.
C'est une nouvelle vie qui commence pour moi, et c'est bien à vous seul que je la dois; aussi longue qu'elle puisse être, je ne vous oublierai jamais, et ne saurais trop vous témoigner ma reconnaissance.
Encore une fois, merci pour moi et pour ma famille.
Veuillez recevoir l'assurance de la parfaite considération et des meilleurs sentiments de votre tout dévoué.
Communication d'un baptême.
Une mère à son amie.
Chère Madame,
Enfin l'heureux jour que j'attendais avec impatience vient d'arriver; jusqu'à aujourd'hui, soit les maladies, soit le mauvais temps, nous avaient retardé pour porter sur les fonts baptismaux notre bien-aimée petite Jeannette, mais maintenant, grâce à Dieu, et notre bon docteur aidant, toutes les difficultés sont surmontées, et la cérémonie du baptême aura lieu jeudi prochain à dix heures, à Notre-Dame. Je compte bien que vous me ferez l'amitié d'y assister, et en attendant l'heureux plaisir de vous voir, nous vous envoyons, mon mari et moi, nos meilleures salutations.
Lettre de communication de la mort d'un parent.
Chère Parente,
C'est avec la désolation dans le cœur, les larmes dans les yeux, que je viens vous annoncer une bien triste nouvelle: notre pauvre tante est décédée hier soir vers onze heures. Depuis quelques jours elle gardait le lit, atteinte d'une bronchite, qui sans nous donner des inquiétudes, nous tourmentait beaucoup; le docteur qui la soignait, et qui a été très dévoué pour elle, ne s'attendait pas à un si rapide dénouement; hier quelques instants avant sa mort elle a tous voulu nous voir autour d'elle, nous a tous embrassés, et sans aucune souffrance, elle s'est doucement éteinte dans les bras de mon pauvre mari.
Nous sommes tous dans la désolation, c'est une perte irréparable pour nous.
Excusez-moi, chère dame, de ne pas vous en dire plus long, et veuillez agréer l'expression de nos meilleurs sentiments.
Lettre d'invitation à concourir à une œuvre de bienfaisance.
Chère Madame,
Samedi prochain a lieu la première réunion des dames patronnesses de l'Œuvre de la Crèche. Nous n'avons pas encore le bonheur de vous compter parmi nous, mais d'ores et déjà je vous inscris sur nos listes, ayant la certitude que vous voudrez bien nous honorer de votre présence à cette réunion.
Vous savez qu'il s'agit de créer dans les montagnes d'Auvergne, c'est-à-dire au bon air, un sanatorium, pour les petits nouveau-nés abandonnés.
En vous remerciant en mon nom, et au nom de l'Œuvre, agréez mes salutations empressées.
Lettre de remerciements pour l'envoi d'un cadeau.
Chère Madame et amie,
Je suis vraiment confuse de toutes les attentions que vous voulez bien me témoigner; mais, franchement, permettez-moi de vous dire que vous faites trop bien les choses; un simple cadeau aurait suffi, et vous me faites parvenir un don vraiment princier. L'estime et l'amitié que j'ai pour vous sont sans limites vous le savez, chère Madame, et certes je suis heureuse de trouver l'occasion de vous le dire; mais je ne pourrai jamais vous rendre qu'une faible partie de toutes vos bonnes attentions. Quoi qu'il en soit, laissez-moi me compter au nombre de vos meilleures amies, et croyez-moi votre toute affectueuse et toute dévouée.
Lettre d'un jeune homme à une mère pour lui demander sa fille en mariage.
Madame,
J'ose espérer, tout d'abord, que vous voudrez bien m'excuser d'oser vous écrire ces quelques lignes. Les bonnes visites que vous m'avez autorisé à vous faire m'ont permis d'apprécier votre charmante fille. J'ai constaté qu'à une grande bonté, qu'elle tient certainement de vous, elle joignait toutes les qualités de la femme d'intérieur, en un mot je la trouve parfaite, et serais au comble du bonheur si vous vouliez bien me permettre de devenir votre gendre.
De mon côté, soyez assurée que tous mes efforts tendront à lui rendre la vie agréable, et j'ose espérer que mes soins, mon attachement et mon affection pour elle, vous seront une sûre garantie de son bonheur.
J'ai donc l'honneur, Madame, de vous demander la main de mademoiselle votre fille.
En attendant votre favorable réponse, veuillez croire aux meilleurs sentiments de votre tout dévoué.
Lettre de refus d'une demande en mariage.
(D'un père à un jeune homme).
Monsieur,
Ma femme et moi avons été très flattés de recevoir votre lettre, dans laquelle vous nous faites l'honneur de nous demander la main de notre fille.
A notre grand regret, nous ne pouvons vous donner satisfaction. Notre fille n'est pas encore décidée à se marier; elle est du reste encore bien jeune, et semble ne vouloir jamais quitter sa bonne mère. Croyez bien, monsieur, qu'il nous aurait été très agréable de vous avoir pour gendre; depuis longtemps votre famille est unie à la nôtre par une amitié indissoluble, mais madame X. et moi avons décidé de respecter les volontés de notre enfant.
Encore une fois, monsieur, croyez à tous nos regrets, et recevez nos salutations empressées.
Lettre d'un fiancé à une fiancée.
Mademoiselle,
J'ai appris que vous deviez vous rendre, jeudi prochain, à l'Œuvre de la Sainte-Enfance. Je serais très désireux de vous y accompagner, et de joindre ma modeste offrande à la vôtre.
Espérant bien que madame votre mère voudra bien m'autoriser à le faire, j'aurai l'honneur de me présenter chez vos parents, jeudi prochain, et de conduire madame votre mère et vous rue de Vaugirard, au siège de l'Œuvre.
Veuillez agréer, Mademoiselle, l'assurance de mes sentiments les plus dévoués.
Lettre de remerciements à un curé qui a préparé un enfant à sa première communion.
Monsieur le Curé,
Permettez à une mère de venir vous remercier de tous les bons soins, de toutes les attentions que vous n'avez cessé de prodiguer à notre bien cher enfant pendant toute la durée de sa préparation à la première communion.
Grâce à vous, notre fils se trouve en état de se présenter à la Sainte-Table, avec conscience de ce qu'il fait; sa conduite est vraiment exemplaire, et ce nous est un bien grand bonheur de venir vous féliciter de ce résultat.
Encore une fois, monsieur et vénérable abbé, agréez-en tous nos remerciements les plus sincères, et veuillez croire aux sentiments respectueux de votre dévouée servante.
Lettre de reproche, à un jeune homme, à une jeune fille, sur la légèreté de sa conduite.
Ma chère Lucienne,
Lors de ma dernière visite, tu m'avais fait de bien belles promesses que tu n'as pas tenues, hélas! Je suis donc obligée aujourd'hui de venir te les rappeler. Ta conduite un peu légère donne un libre cours à de méchants propos sur ton compte, et cela m'afflige profondément. Tu sais que je tiens à toi, comme à une sœur, que tout ce qui te touche m'intéresse, aussi je viens aujourd'hui t'engager sérieusement à suivre une autre ligne de conduite; abandonne les quelques amies qui t'entourent et te nuisent par leurs mauvais conseils et leur réputation, bien connue d'ailleurs, de personnes peu sérieuses: viens te réfugier chez ceux qui sont tout prêts à te tendre les bras et à t'aider dans ce mauvais moment. Tu dois songer avant tout à ta position, que tu compromets, je le crains sérieusement.
J'espère que je serai plus écoutée cette fois, et que ta raison, ton intelligence et l'amitié que tu me portes seront de puissants auxiliaires à sortir de la mauvaise voie où tu t'es engagée.
Ton amie, qui malgré tout t'envoie ses meilleures amitiés.
Lettre pour congédier un précepteur, une institutrice.
Mademoiselle,
Nous devons rentrer à Paris dans un mois seulement, mais j'ai le regret de vous prévenir que je laisse Marguerite au couvent de B.... où j'ai été élevée.
Je suis obligée, comme vous le savez, Mademoiselle, d'aller beaucoup dans le monde et je ne veux pas laisser mon enfant aux mains des domestiques.
Je vous remercie, néanmoins, des bons soins que vous avez prodigués à ma fillette et des progrès sérieux qu'elle a faits pendant les deux ans que je vous l'ai confiée. Aussitôt de retour, je vous recommanderai à ma cousine Jeanne, qui est toute disposée à vous confier sa petite Lucie.
Recevez, Mademoiselle, avec tous mes regrets, l'assurance de mon entier dévouement.
Lettre à un ami, pour le féliciter de sa nomination de Député.
Mon bien cher Ami,
Enfin, te voilà député! Tu vas siéger à la Chambre; te voilà quelqu'un, futur ministre et, qui sait, peut-être un jour Président de la République française!
J'ai lu ton programme, et si tu tiens tous les engagements que tu prends, tes électeurs n'auront pas à se plaindre de t'avoir choisi. Que de travail, pour mener à bien toutes les réformes que tu as en vue! Que de belles innovations! Je crains que, malheureusement, tu ne sois pas compris de la généralité, car tes idées sont d'un ordre bien élevé.
Je souhaite que la carrière politique ne soit pas trop épineuse pour toi, et que les nombreuses difficultés que tu auras à vaincre, et les inimitiés que tu vas sans doute te créer ne soient pas un obstacle à la ligne de conduite que tu vas suivre, et ne te découragent pas.
J'espère ne pas être oublié lorsque ton tour viendra de parler à la Chambre; je suis très désireux de t'entendre, et tu ne me refuseras pas cette satisfaction.
Demain, si tu es libre, nous déjeunerons ensemble pour fêter ta nomination; nous profiterons de l'occasion pour porter un toast à tes électeurs.
Toutes mes salutations.
Lettre pour consoler un ami qui a perdu sa place.
Mon cher Paul,
Votre lettre d'hier m'a bien affligé, et je prends bien part à votre peine. Il ne faut pas vous décourager ainsi; tout n'est pas perdu comme vous le pensez. Certes, la perte de cet emploi très lucratif doit vous causer un certain dommage; mais avec vos capacités et votre intelligence, vous ne tarderez pas à trouver une autre situation, où vous serez apprécié comme vous le méritez; vous savez d'ailleurs que tous vos amis sont disposés et tout prêts à vous aider de tout leur pouvoir.
Quant à moi, j'emploierai toute mon influence à vous être utile et je compte bien avoir un prompt et heureux résultat.
Courage donc, et venez me voir bientôt, pour que je puisse me mettre immédiatement en campagne.
D'ici là, je vous envoie mes amitiés sincères.
Lettre de rupture avec un ami.
Monsieur,
Je croyais avoir en vous un ami sûr, et je pensais pouvoir m'attendre à plus de reconnaissance de votre part. Je ne me reproche pas ce que j'ai fait pour vous, mais ce qui m'afflige profondément, c'est votre ingratitude, et votre manque total de bonne foi à mon égard.
Je crois, monsieur, qu'il vaudra mieux à l'avenir nous abstenir l'un et l'autre de nous revoir; brisons donc cette amitié sur laquelle j'avais fondé quelques bons projets pour nous deux, et que j'abandonne avec un serrement de cœur.
Adieu, monsieur.
Lettre pour demander des renseignements sur un domestique.
Madame,
Il y a quinze jours, une femme de chambre, Julie B..., quittait votre service, munie d'assez bons certificats, qu'elle m'a montrés. Bien qu'assez élogieux, je les trouve insuffisants sur un point capital.
Si vous me le permettez, Madame, je me rendrai chez vous demain à une heure, afin que vous me donniez de vive voix les indications dont j'ai absolument besoin avant de me décider à prendre cette femme à mon service.
Si l'heure et le jour ne vous convenaient point, je vous prie, Madame, de me le faire savoir, et je me tiendrai à votre disposition.
Veuillez m'excuser, Madame, et agréer l'expression de mes meilleurs sentiments.
Emplois.
Pour entrer à la Banque de France.
Dans cet établissement on occupe des femmes.
Pour y entrer on doit faire une demande que l'on fait autant que possible appuyer par un personnage influent.
Il y a un examen à subir sur l'écriture, l'orthographe, le calcul.
L'âge minimum est dix-huit ans, l'âge maximum trente-cinq ans.
Pour les hommes, demander le programme d'examen.
Il y a l'atelier d'imprimerie, où il faut une année d'apprentissage comme brocheuse.
Pour entrer à la Société générale.
- La nationalité française est exigée.
- Age minimum: dix-huit ans.
- Age maximum: trente ans.
- Il faut un certificat de bonne vie et mœurs.
- La demande doit être apostillée par des personnages influents.
- Il y a un examen à passer en écriture, arithmétique, orthographe, etc.
- Si on a le brevet élémentaire, on peut être dispensé de l'examen.
Pour être admis au Crédit lyonnais.
La même chose que pour la Société générale.
Pour être admis au chemin de fer.
- Il est absolument exigé, pour les femmes, d'être fille, femme ou veuve d'employé.
- Il y a un examen:
- Une dictée (sans faute);
- Les quatre règles d'arithmétique faites en un délai maximum de 15 minutes;
- Une très belle écriture.
- Même si l'on a le brevet d'instituteur ou d'institutrice, il faut subir l'examen.
Pour entrer au Crédit foncier.
- L'admission se fait au concours par voie d'examen.
- Age minimum: seize ans.
- Age maximum: trente-cinq ans.
- Il faut être Français ou naturalisé.
- La demande doit être accompagnée de:
- Extraits authentiques des actes de l'état civil;
- Extrait du casier judiciaire;
- Certificat de bonne vie et mœurs;
- Certificats émanant des différentes maisons ou établissements où on a été employé.
- Il y a un examen écrit sur:
- L'orthographe;
- Le style;
- L'écriture.
Les concours ont lieu en janvier et en juillet.
Pour être déclaré admissible, il faut obtenir la note passable pour chaque partie du programme et pour l'ensemble 12 points sur le maximum 20 points.
Il y a quelquefois cinq et six ans entre les examens; cela dépend des vacances qui se produisent et du nombre des surnuméraires.
Pour être admis aux postes et télégraphes, téléphones, caisses d'épargne.
- L'âge minimum est de dix-huit ans.
- L'âge maximum de vingt-cinq ans pour les dames.
- Les hommes peuvent être admis après vingt-cinq ans; on déduit leurs années de service militaire.
On doit produire:
- 1o Demande d'emploi sur papier timbré;
- 2o Un extrait légalisé de l'acte de naissance;
- 3o Un certificat de bonne vie et mœurs, constatant aussi la nationalité française;
- 4o Un extrait du casier judiciaire;
- 5o Un état authentique indiquant la nature, la durée et les motifs de la cessation des services des mari, père ou frère des candidats, car il faut être de famille d'employé pour être admises à passer d'emblée l'examen.
Les autres candidats ne sont acceptés qu'en cas d'insuffisance du recrutement.
Il faut subir les épreuves suivantes:
- 1o Une dictée, sur papier non réglé;
- 2o Exercice graphique, la même page recopiée à main posée; Formation d'un état ou tableau pareil à un modèle donné;
- 3o Rédaction d'une lettre ou note sur un sujet donné;
- 4o Arithmétique: les 4 premières règles, le système métrique; problèmes avec détail des opérations;
- 5o Géographie de la France et notions générales sur les cinq parties du monde. On demande en outre aux jeunes gens la physique et la chimie.
Le stage est obligatoire et n'est pas rétribué.
Le personnel féminin des caisses d'épargne se prend dans l'administration des postes.
Les mots qu'on cite.
Combien de mots sont cités sans qu'on en connaisse exactement l'origine, ou du moins on l'a oubliée.
Il faudrait tout un volume pour commenter les locutions courantes; nous nous contenterons de quelques exemples.
Délices de Capoue.
Veut dire une accalmie morale, mêlée de jouissances et de plaisirs où le corps et l'esprit s'amollissent.
Annibal, après la bataille de Cannes, vint prendre ses quartiers d'hiver à Capoue, capitale de la Campanie, ville de plaisirs par excellence. Les historiens attribuent au séjour des soldats d'Annibal dans les délices de Capoue, la cause du salut de Rome.
Égérie.
Égérie signifie une femme dont on prend les conseils, dont on suit les avis, surtout en politique.
Numa Pompilius, voulant assurer le respect de ses institutions, persuada aux Romains qu'il recevait les inspirations de la nymphe Égérie, visible pour lui seul au fond d'un bois.
On voit encore près de Rome les ruines de la fontaine Égérie, entre la voie Appienne et la voie Latine.
Épée de Damoclès.
Veut dire péril constamment prêt à éclater.
Damoclès, courtisan de Denys l'Ancien, le flattait outre mesure et exaltait son bonheur.
Celui-ci résolut de donner une leçon à l'obséquieux personnage et l'invita à un repas splendide où Damoclès reçut les honneurs royaux. Coiffé du diadème, il prit place à la table du festin, couché sur le propre lit de Denys; mais levant tout à coup les yeux, il aperçut une épée suspendue au-dessus de sa tête par un crin de cheval. Le flatteur se leva éperdu et supplia son souverain de mettre un terme à son éphémère royauté.
Et moi, suis-je sur un lit de roses?
Se dit à quelqu'un qui se plaint de ses soucis devant une autre qui a les siens.
Guatimozin, dernier empereur du Mexique, tomba aux mains de Fernand Cortez. Il fut mis sur un lit de charbons ardents, le corps enduit d'huile, afin qu'il révélât la cachette des trésors de Mexico. Son premier ministre, également mis à la torture, suppliait son maître du regard, de lui permettre de révéler le secret. Mais celui-ci répondit à cette demande muette: «Et moi, suis-je donc sur un lit de roses?»
Et pourtant elle tourne!
Quelque chose dont on est sûr et qu'on ne peut démontrer clairement et qu'on vous conteste.
Galilée, astronome italien, avait la croyance de Copernic au sujet du mouvement de la terre et était en contradiction avec Ptolémée.
On le mit à la torture et on le condamna à la prison perpétuelle, s'il ne confessait pas ses erreurs. Vaincu, il abjura sur l'évangile. Mais, après, frappant du pied, il s'écriait: Elle tourne, pourtant!
La flèche du Parthe.
Trait malin décoché en dernier lieu; méchanceté dite en s'en allant.
Les Parthes, cavaliers renommés, avaient l'habitude dans les combats de simuler une fuite et de lancer, par-dessus l'épaule, une flèche à leurs poursuivants; leur retraite était plus redoutable qu'une attaque.
Fourches Caudines.
Concession d'argent, d'honneur, arrachée aux personnes qui sont à votre discrétion.
Les Samnites, vainqueurs des Romains, voulurent humilier leur orgueil et, près de Caudium, firent défiler l'armée sous trois fourches enchevêtrées; les consuls passèrent également, mais les sénateurs s'y refusèrent, firent combattre de nouveau, et les Samnites furent vaincus.
Hippocrate dit oui et Galien dit non.
Médecins grec et romain qui furent en contradiction de système, quoique tous deux fort savants.
De nos jours, on dit le docteur Tant-Pis et le docteur Tant-Mieux.
Cette phrase s'explique d'elle-même.
Hippocrate refusant les présents d'Artaxercès.
Signifie repousser des présents dont on soupçonne le but intéressé, et ce, malgré votre intérêt propre.
Hippocrate, médecin philosophe, fut appelé par Artaxercès pour s'opposer aux ravages d'une épidémie dans l'armée.
On lui offrit pour ce des présents.
Hippocrate répondit que l'honneur lui défendait d'accepter de l'argent des ennemis de sa patrie et de les secourir.
Honni soit qui mal y pense.
Signifie que l'on défie l'opinion au sujet d'un fait d'apparence équivoque et qui peut être malignement interprété.
Le roi d'Angleterre, Édouard III, donnait un bal en l'honneur de la comtesse de Salisbury; celle-ci, en dansant, laissa tomber sa jarretière qui était bleue; le roi la ramassa, et la comtesse se vit en butte aux sourires équivoques des courtisans: «Honni soit qui mal y pense, messieurs, s'écria Édouard. Vous qui riez, vous serez peut-être très honorés d'en porter une semblable.»
Et, dès le lendemain, l'Ordre de la Jarretière fut institué.
Il y a des juges à Berlin.
Phrase que l'on emploie lorsque la force veut primer le droit.
Le roi de Prusse convoitait un moulin qui le gênait pour un point de vue, et, malgré les offres les plus séduisantes, le propriétaire refusait de le lui vendre. Lors le monarque irrité dit au meunier récalcitrant qu'il aurait le droit de s'adjuger ledit moulin, sans autre forme de procès.
«Oui, répondit le propriétaire, si nous n'avions pas de juges à Berlin.»
Le monarque fut désarmé et le meunier garda son bien.
La jolie pièce de vers d'Andrieux, le Meunier Sans-Souci, raconte cette histoire tout au long.
J'ai perdu ma journée.
Un jour passé sans faire quelque chose à laquelle on est accoutumé.
Titus, surnommé «les délices du genre humain», s'écriait qu'il avait perdu sa journée, lorsque l'occasion de faire du bien ne s'était pas présentée.
J'ai trouvé!
Se dit communément «Eurêka».
Exclamation poussée par Archimède lorsqu'il trouva la règle du principe hydrostatique qui enseigne que tout corps plongé dans l'eau perd, de son poids, le poids du volume d'eau qu'il déplace.
Se dit lorsque, après de longues recherches, on trouve soudainement la solution qu'on poursuit.
J'avais pourtant quelque chose là!
Regret d'être empêché par la fatalité, une circonstance indépendante, de faire quelque chose dont on sent qu'on se serait tiré à son honneur.
André Chénier, jeune poète, avait célébré en vers la liberté; mais, en voyant les excès commis en ce nom, il les blâma également en vers énergiques. Dénoncé comme suspect, il fut conduit à l'échafaud et il s'écria en se frappant le front: «J'avais pourtant quelque chose là»!
Lamentations de Jérémie.
Tourner tout à la tristesse, se plaindre de tout.
Jérémie, un des quatre grands prophètes, assis sur les ruines de Jérusalem, exhala les plaintes qui sont des pages admirables et que l'Église répète encore pendant la semaine sainte.
Pauvre comme Job.
Personne se trouvant subitement dénuée de tout après avoir été dans l'opulence et qui se résigne à son sort sans murmurer.
Un patriarche, du nom de Job, homme juste et craignant Dieu, possédait des troupeaux immenses, une famille, de beaux enfants. Les Arabes enlevèrent ses troupeaux, et ses enfants furent ensevelis sous leur maison, renversée par le vent du désert; puis, le patriarche se vit couvert de plaies hideuses, sa femme l'insulta et ses amis le délaissèrent.
C'est un Judas!
Un ami qui vous trahit, personnifie un homme hypocrite et traître. Judas, disciple du Christ, vendit son maître pour trente deniers.
Laissez faire, laissez passer.
Politique ou conduite ayant un rôle passif, n'intervenant jamais, laissant tout faire.
Quisnaz, médecin, chirurgien, agronome, sous Louis XIV, imposa l'abolition des corvées, laissa la libre circulation aux grains, la suppression des douanes et dit: «Laissez faire, laissez passer.»
Comme on le voit, cette phrase a perdu entièrement son sens primitif.
La lettre tue, mais l'esprit vivifie.
Cet axiome, qu'on applique si fréquemment, veut dire qu'il ne faut pas, dans l'interprétation d'une loi, d'un précepte, voir seulement le sens littéral, mais chercher l'intention, le sens caché.
Saint Paul, dans son épître aux Corinthiens, dit: «C'est Dieu qui nous a rendus capables d'être les ministres de la nouvelle alliance, non dans la lettre, mais dans l'esprit; car la lettre tue, mais l'esprit reste.»
La parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensée.
La paternité de ce mot a été attribuée à Talleyrand, mais Campistron, Voltaire, Harel ont exprimé la même pensée en termes qui diffèrent peu, ils sont donc aussi les pères de cette triste vérité.
L'argent n'a pas d'odeur.
Qu'importe la source, pourvu qu'on ait le profit.
Encore une maxime tristement mise en pratique de nos jours.
Vespasien succédant à Vitellius trouva les finances de l'État dans un tel désordre, qu'il mit des impôts même sur les urinoirs publics (qu'on appelle depuis vespasiennes). Sachant que, dans Rome, on raillait un peu l'argent provenant d'une telle source, il répondit: «Qu'importe, l'argent n'a pas d'odeur.»
Laver son linge sale en famille.
Les ennuis domestiques, les querelles doivent être gardés entre soi et non étalés aux yeux de tous.
Mot de Napoléon dans un discours très familier, adressé aux députés le 1er janvier 1814, au sujet de ce qu'avait dit M. Raynouard sur le compte du maréchal Masséna.
Léviathan.
Veut dire quelque chose d'énorme, de monstrueux.
Léviathan est un monstre de l'Écriture Sainte.
C'est le nom que les Anglais ont donné au navire le plus grand qui ait été construit.
Un Mécène.
Celui qui protège les artistes, surtout les lettrés, qui leur adoucit le chemin.
Mécène, favori d'Auguste, protégea les sciences, les gens de lettres; Virgile et Horace lui dédièrent l'un ses Géorgiques, l'autre ses Odes.
Mettre la lumière sous le boisseau.
Veut dire qu'il ne faut pas garder pour soi la science, la vérité, et qu'il faut contribuer de toutes ses forces à éclairer les masses.
Parole de Jésus-Christ dans la parabole du Semeur:
Allume-t-on la lampe pour la mettre sous le boisseau?
Le veau d'or.
Le peuple hébreu ne voyant pas revenir Moïse de la montagne où il demeura quarante jours, et imbu des idées idolâtres des Égyptiens, demanda une idole à Aaron; celui-ci eut la faiblesse de consentir et, avec les bijoux des femmes qu'il fondit, fit un veau d'or que le peuple adora.
Moïse, de retour, pris d'une sainte colère, renversa le veau d'or, le réduisit en poudre.
Ce mot signifie maintenant ceux qui n'estiment que la fortune et les gens riches.
Montagne de Mahomet.
Aller au-devant d'une personne qui ne vient pas à vous; faire les premiers pas pour obtenir une chose.
Mahomet avait assemblé un grand concours de peuple, afin, avait-il dit, de faire venir une montagne à lui. Il l'appelle, la montagne reste immobile, naturellement, et le prophète s'écria: «Montagne, puisque tu ne veux pas venir à Mahomet, Mahomet ira à toi.»
Ce ton fut tel que le peuple tint le prodige pour accompli.
Nemrod.
Chasseur infatigable, très adroit.
Nemrod, petit-fils de Cham, passe pour avoir fondé Babylone.
L'Écriture le nomme un «grand chasseur devant le Seigneur».
L'œuf de Christophe Colomb.
Signifie une chose simple que personne n'a pu faire et qu'on trouve très facile étant faite.
Colomb, détracté par les jaloux qui trouvaient après coup la découverte de l'Amérique toute simple, donna une leçon aux envieux.
Se trouvant dans un festin, il prit un œuf et proposa de le faire tenir debout sur la pointe; tous essayèrent et nul ne réussit.
Alors, Colomb saisissant l'œuf, le frappe légèrement sur son assiette et l'œuf tint en équilibre.
—Ce n'était pas difficile, s'écria-t-on.
—Oui, mais il fallait le trouver, répondit Colomb avec un sourire moqueur.
Paris vaut bien une messe.
Chose qui mérite des concessions.
Henri IV abjura le protestantisme pour embrasser le christianisme, qui était plus propre à ses intérêts, le 25 juillet 1593.
«Paris vaut bien une messe, dit-il; ma foi, j'ai fait le saut périlleux.»
Je m'en lave les mains.
Signifie qu'on ne se croit pas responsable des affaires où on a été mêlé.
Ponce Pilate, gouverneur de Judée, convaincu de l'innocence de Jésus-Christ, voulut éluder la sentence de mort, mais le peuple le força d'abandonner Jésus à la rage de ses bourreaux; alors Ponce Pilate se fit apporter de l'eau et se lavant les mains dit: «Je suis innocent de la mort de ce juste».
C'est un Pindare!
Se dit des poètes qui sans avoir le talent du poète lyrique en ont l'emphase, les phrases ampoulées.
Pindarien se prend toujours au sens ironique.
Le pli d'une feuille de rose le gêne.
Sybaris, ville de Laconie, célèbre par la mollesse de ses habitants; un d'entre eux, nommé Sminiride, se plaignit d'une insomnie parce qu'une des feuilles de roses dont son lit était jonché, s'était repliée.
Quart d'heure de Rabelais.
Instant où on doit payer; signifie aussi moment fâcheux et désagréable.
Rabelais, n'ayant plus d'argent pour payer son écot dans une hôtellerie de Lyon et pas d'argent pour rentrer à Paris, disposa dans sa chambre de petits paquets sur lesquels il écrivit le mot poison et les noms des membres de la famille royale; dénoncé, arrêté, conduit à Paris, il fit ainsi le voyage sans bourse délier.
C'est un quatre-vingt-treize.
Un bouleversement général.
Se rapporte à la grande Révolution.
La queue du chien d'Alcibiade.
Certaine chose extravagante, faite pour être remarquée.
Alcibiade, jeune Athénien, aimait à étonner ses concitoyens par ses excentricités; il avait un chien qui valait un peu plus de 6000 francs de notre monnaie et lui coupa la queue, afin que ce fait devînt le sujet de conversation des Athéniens.
Rendez à César ce qui appartient à César.
En langue ordinaire: chacun son dû.
Réponse de Jésus-Christ aux Hérodiens qui lui demandaient s'il était permis de payer le tribut à César. Jésus demanda à voir la pièce, on lui présenta un denier, et voyant l'effigie de l'empereur, il répondit: Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu.
Le ruisseau de la rue du Bac.
Signifie attachement pour le lieu où l'on est né; vient de ce qu'on aime mieux son pays natal, quelque laid qu'il puisse être, qu'un autre pays plus beau.
Mme de Staël, dans sa splendide résidence de Coppet, regrettait toujours le petit ruisseau de la rue du Bac, rue où elle habitait à Paris.
C'est une Saint-Barthélemy.
Exécution générale, collective.
On emploie souvent ce terme pour dire un grand carnage de gibier.
L'origine de ce mot est le massacre des huguenots qui eut lieu à Paris le 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy, à deux heures du matin, d'après les ordres de Charles IX, poussé par sa mère, Catherine de Médicis.
Trouver son chemin de Damas.
Veut dire une illumination soudaine qui transforme nos idées.
Saint Paul, de son nom Saul, fut un des plus ardents persécuteurs des premiers chrétiens. Un jour sur la route de Damas, à la suite d'un prodige, il se convertit et devint un apôtre fervent du christianisme.
Je suis comme saint Thomas.
Celui qui ne veut pas croire sans preuve.
Saint Thomas, disciple du Christ, disait qu'il ne croirait à la résurrection de Jésus que s'il voyait sur ses membres la trace des clous et s'il mettait les doigts dans ses plaies.
Or, huit jours après, le Christ apparut à ses apôtres et dit à Thomas de sonder ses plaies.
Celui-ci, convaincu, répondit: «Vous êtes mon Seigneur et mon Dieu.»
Lors, Jésus dit: «Tu as cru parce que tu as vu; heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru.»
Ouvrir le temple de Janus, fermer le temple de Janus.
Veut dire commencer la guerre, faire la paix.
Temple fondé à Rome par Numa, ouvert pendant la guerre, fermé pendant la paix.
Terre promise.
Chose à laquelle on aspire depuis longtemps.
Les Hébreux furent conduits par Moïse, qui les délivra de la captivité d'Égypte, à la conquête de la terre promise; mais, sans cesse en révolte, ils errèrent quarante ans dans le désert, sans pouvoir entrer dans cette terre de délices; enfin Josué les y introduisit.
Thébaïde.
Solitude où on vit retiré du monde.
Retraite favorite.
La Thébaïde, division de l'ancienne Égypte, avait des déserts où se réfugièrent un grand nombre de chrétiens pour fuir les persécutions, ou pour vivre de la vie ascétique.
TABLE ALPHABÉTIQUE
- Bague (fiançailles, etc.), 10
- Bals (Cendrillon), 146
- — (conseils pour les), 148
- — (déguisés), 147
- — (d'enfants), 146
- — (de noces), 77
- — (grands), 132
- — (invités), 135
- — (orchestre), 134
- — (toilettes de), 132
- Banquets (protocole), 126
- Baptême (cadeaux), 52
- Bicyclette, 238
- Billets (de loterie), 219
- Banquets (mariage, etc.), 76
- Bras à offrir (différentes opinions),105
- Buffets, 138
- Cadeaux (baptême, communion, étrennes, mariage, etc.), 198
- Canne, 213
- Cartes (de visite; les formules), 156
- Causeries, 234
- Cérémonial, 40
- Ceux qui nous servent, 190
- Chapeaux (chapitre des), 211
- Charité (ventes de), 218
- Chasse (costume de), 125
- — (repas de), 125
- Communion (catéchisme et première), 69
- — (cadeaux de), 71
- — (costumes de), 70
- Conseils pratiques, 262
- Contrat de mariage, 14
- Corbeille (la), 20
- Cortèges (baptême, mariage, etc.) 39
- Cotillon (accessoires), 141
- — (figures), 141
- — (nouveautés), 143
- Cour (la), 77
- Coutumes (vieilles), 128
- Couvert, 96
- Décès (formalités), 244
- — (lettres de), 255
- Découper (celui qui découpe et celui qui sert), 112
- Déjeuner, 130
- Deuil (toilette de), 246
- — (usages), 243
- Diner (après le), 117
- — (de cérémonie), 88
- — (de demi-cérémonie), 92
- — (intimes), 93
- — (de noces), 76
- Duel (formalités), 239
- — (procès-verbaux), 240
- Écoles (les différentes), 263
- — (du gouvernement), 266
- — (primaires), 263
- Éducation (des enfants), 64
- — (des jeunes gens), 66
- — (physique), 272
- — (la femme de bon ton), 173
- — (l'homme bien élevé), 175
- Église (à l'autel), 221
- Élégances, 215
- Emplois, 287
- Enfants (première enfance), 59
- — (savoir-vivre des petits), 60
- — (vers sept ans), 60
- Enterrements (usages), 246
- Étrennes, 198
- Éventail, 214
- Exposition des présents, 25
- Faim (l'heure de la), 101
- Fiançailles, 11
- Fille (petite), 62
- Filleuls (devoirs) voir Parrainages, 56
- Five o'clock tea, 122
- Fleurs, 258
- Fonts baptismaux, 51
- Formules, 227
- Funérailles, 243
- Instruction (primaire, etc), 262
- Invitations (acceptation), 84
- — (cartes), 82
- — (lettres), 83
- — (refus), 84
- Lettres (modèles de lettres pour les principales circonstances), 274
- Locutions connues (historique), 290
- Loterie (des billets de), 219
- Lunch, 76
- Mariage (annonce du), 16
- — (cadeaux de), 24
- — (catholique), 33
- — (civil), 30
- — (contrat), 14
- — (demande en), 1
- — (d'une demoiselle âgée), 74
- — (demoiselle d'honneur), 35 et suiv.
- — (formalités), 27
- — (garçon d'honneur), 35 et suiv.
- — (israélites), 44
- — (lettres de part du), 16
- — (protestant), 44
- Mariage (second), 73
- Marraines, 52
- Médecin (le), 183
- Ménage (les coulisses du), 95
- Ménage (couvert), 96
- Menus, 89
- Mots (les) qu'on cite, 290
- Naissance (la), 46
- — (billets de part), 48
- — (déclaration), 46
- — (toilette), 48
- Noces d'argent, 74
- Noces d'or, 75
- Nourrice (la), 57
- Papier à lettres, 222
- Parapluie, 213
- Parrainages, 56
- Politesse (dans la rue), 201
- Précepteurs et Professeurs, 66
- Prêtre (le), 182
- Quêtes (les), 42
- Recevoir (la façon de), 195
- Réceptions (les), 163
- Repas (champêtres), 215
- — (de chasse), 125
- Repas (exceptionnels), 119
- — (de Pâques), 121
- — (de funérailles), 126
- — (pique-nique), 216
- — (réveillon), 120
- — (Rois), 119
- Restaurant (au), 205
- Salut (le), 171
- Savoir-vivre (le), V
- Service (le), 98
- Shake hand, 203
- Soupers, 138
- Spectacle (au), 206
TABLE DES CHAPITRES
| Savoir-vivre | V |
| La demande en mariage | 1 |
| Agréé | 7 |
| Bague des fiançailles | 10 |
| Le contrat | 14 |
| Les lettres de faire part d'un mariage | 16 |
| La corbeille | 20 |
| La question des cadeaux | 24 |
| Formalités légales du mariage | 27 |
| Mariage à la mairie | 30 |
| Formalités du mariage catholique | 33 |
| A l'autel | 35 |
| Toilette de la mariée | 37 |
| Cortège (mariage) | 39 |
| Cérémonial (mariage) | 41 |
| Autour du berceau | 46 |
| Sur les fonts baptismaux | 51 |
| Parrainages | 56 |
| La nourrice | 57 |
| La première enfance | 59 |
| La petite fille | 62 |
| Le petit garçon | 64 |
| Précepteur et professeur | 66 |
| Catéchisme et première communion | 69 |
| Second mariage | 73 |
| Dîner de noces | 76 |
| Les voyages de noces | 78 |
| Les visites de noces | 80 |
| Les invitations à dîner.—Les repas | 81 |
| Le dîner.—Habituels usages | 87 |
| Les grands dîners | 88 |
| Dîners de demi-cérémonie | 92 |
| Dîners intimes | 93 |
| Coulisses du ménage | 95 |
| Le service | 98 |
| L'heure de la faim | 101 |
| L'ananas | 104 |
| La question du bras | 105 |
| A table | 108 |
| Celui qui découpe et celui qui sert | 113 |
| Après le dîner | 117 |
| Les repas exceptionnels | 119 |
| Five o'clock tea | 122 |
| Les vieilles coutumes françaises | 128 |
| Les déjeuners | 130 |
| Les bals | 131 |
| Buffets.—Soupers | 138 |
| Cotillon | 141 |
| Garden parties | 149 |
| Soirées | 151 |
| L'accompagnateur et celui qui tourne les pages | 152 |
| Le jeu | 154 |
| La carte de visite | 156 |
| Les visites | 160 |
| Le jour de réception | 163 |
| Le salut | 171 |
| La femme de bon ton | 173 |
| L'homme bien élevé | 175 |
| Le jeune homme | 178 |
| La jeune fille | 180 |
| Le prêtre | 182 |
| Le médecin | 183 |
| Les petits jeux | 185 |
| Ceux qui nous servent | 190 |
| La façon de recevoir | 195 |
| Cadeaux d'étrennes | 198 |
| La politesse dans la rue | 201 |
| Shake-hand | 203 |
| Au restaurant | 205 |
| Au spectacle | 206 |
| Le chapitre des chapeaux | 211 |
| Canne, parapluie, éventail | 213 |
| Élégances | 215 |
| Ventes de charité | 218 |
| A l'église | 221 |
| Notre correspondance | 222 |
| Les audiences | 232 |
| Causeries | 234 |
| La bicyclette | 238 |
| Le duel | 239 |
| Au delà de la vie. Les coutumes du deuil | 243 |
| Les lettres de décès | 255 |
| Les visites de condoléance | 256 |
| Les fleurs | 258 |
| Conseils pratiques (instruction des enfants et des jeunes gens) | 262 |
| Emplois | 287 |
| Les mots qu'on cite | 290 |
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