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Mémoires de Madame la Duchesse de Tourzel, tome premier: Gouvernante des enfants de France pendant les années 1789 à 1795

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NOTES:

1 Le duc de Croy-Havré, père de madame de Tourzel, avait trois sœurs: 1o Marie-Louise-Josephe, née le 22 février 1714, qui avait épousé le comte de Tane, gentilhomme piémontais; 2o Marie-Anne-Charlotte, née le 12 mai 1717, qui avait été mariée le 1er avril 1737 à Joachim-Antoine Ximenès, marquis d'Arizza, grand d'Espagne; 3o Pauline-Josephe, qui se fit religieuse.

2 Le marquis de Tourzel était fils de Marguerite-Henriette Desmaretz, fille du maréchal de Maillebois: en premières noces son père avait épousé Charlotte-Antoinette de Gontaut, fille du maréchal de Biron; elle mourut en 1740, laissant quatre enfants: 1o Ursule, née en 1754, qui épousa Louis-François-René, comte de Virieu; 2o Judith, qui épousa, en 1755, Anne-Joachim-Annibal, comte de Rochemore; 3o Gabrielle-Louise-Geneviève; 4o Marie-Louise.

Le marquis de Tourzel eut un frère, le comte de Montsoreau, qui eut deux filles: l'une épousa le duc de Blacas; l'autre, le comte Auguste de la Ferronnays.

3 Mourut sans enfants.

4 Elle eut un fils, Camille, et une fille, Virginie, depuis duchesse de Mortemart.

5 Elle eut deux filles: Philippine, comtesse d'Imécourt; Antoinette, comtesse de Cossé, et un fils, Charles de Sainte-Aldegonde.

6 Elle eut une fille, la comtesse de Villefranche, et un fils, le comte Hector de Béarn.

7 Souvenirs de quarante ans, première édition, 1861, page 32.

8 Charles-Louis-Yves du Bouchet de Sourches eut, de son mariage avec mademoiselle Augustine de Pons, dernière du nom, qu'il épousa en 1796 (et qui a laissé, elle aussi, quelques pages très-intéressantes sur la Terreur), cinq enfants: Auguste, duchesse des Cars; Léonie, duchesse de Lorges; Hélène, comtesse d'Hunolstein; Roger, mort en bas âge, et Olivier, duc de Tourzel. Ce dernier épousa Anastasie de Crussol d'Uzès, dont il eut un fils qui mourut à l'âge de huit ans. Son père lui survécut fort peu, et, à sa mort, les papiers de la famille de Tourzel, ainsi que les précieux souvenirs de la captivité de la famille royale, passèrent à madame la duchesse des Cars, morte en 1870. Le manuscrit original de ces Mémoires est devenu de cette façon la propriété de M. le duc des Cars, petit-fils de madame de Tourzel. Il possède aussi le très-intéressant portrait reproduit en tête de ce volume. Ce portrait, commandé au peintre Kouarski par la reine Marie-Antoinette, pour la gouvernante des Enfants de France, comme témoignage de reconnaissance de son dévouement, fut interrompu par la journée du 10 août et est resté dans l'état où la révolution l'a surpris.

9 Le corps est placé sous le mur extérieur de l'église, dans le cimetière dont elle est entourée, de façon que la bonne duchesse, comme l'appelaient les habitants, repose au milieu d'eux. C'est de ce côté que se trouve l'inscription française, que nous donnons ici; l'inscription latine est dans l'église.

ICI REPOSE
L.E.F.F.A.M.J. DE CROY
DUCHESSE DE TOURZEL
GOUVERNANTE DES ENFANTS DE FRANCE

COURAGEUSE DANS L'ADVERSITÉ
FIDÈLE A DIEU ET AU ROI
VÉRITABLE MÈRE DES PAUVRES
ELLE A PASSÉ EN FAISANT LE BIEN
VÉNÉRÉE DE TOUS
ARDEMMENT AIMÉE DE SES ENFANTS
ELLE MOURUT A L'AGE DE 82 ANS
QU'ELLE REPOSE EN PAIX.

10 Ce scélérat s'appelait Jourdan, et figura depuis dans les diverses scènes de carnage de la Révolution, et nommément dans les massacres d'Avignon, comme nous le dirons en son lieu.

11 M. Miomendre de Sainte-Marie est mort en émigration, et je ne l'ai pas vu depuis cette horrible journée. M. de Beaurepaire venait faire sa cour au Roi et à la Reine aussi souvent qu'il le put sans danger. M. le Dauphin voulut le voir dans mon appartement, et le fit prier d'y venir dès qu'il le sut à Paris. Il se jeta dans ses bras, l'embrassa, et lui dit: «Que je vous ai d'obligation d'avoir sauvé maman!» Puis se tournant de mon côté: «Madame, dit cet aimable enfant, je vous prie de lui donner à dîner; je descends de bonne heure, et je le verrai plus longtemps.»

12 Les deux gardes du corps tués à Versailles, le matin du 6 octobre, et dont les têtes furent portées sur des piques, se nommaient MM. des Huttes et de Varicourt. Ce dernier était frère d'un curé de Gex, député à l'Assemblée nationale, qui se conduisit très-bien, et de madame de Villette, appelée par Voltaire belle et bonne.

13 Madame la princesse de Chimay, fille du maréchal de Fitz-James, était une personne d'un vrai mérite. Sa conduite distinguée, sa douceur et sa vertu la firent aimer et estimer généralement; et, quand elle quitta la cour, elle fut non-seulement regrettée des personnes de sa société, mais encore de toutes celles qui avaient des rapports avec elle dans la place qu'elle occupait.

14 Ce ne fut point à Paris, mais en entrant dans les rues de Versailles, et dans un endroit appelé les Quatre-Bornes, que furent massacrés le duc de Brissac et les autres prisonniers d'Orléans. Cette ville, qui était excellente, avait donné plus d'une fois à M. de Brissac les moyens de se sauver de sa prison; mais il s'y refusa toujours, dans la crainte de compromettre notre malheureux souverain. On lui renouvela les instances qui lui en avaient été faites, lorsque l'emprisonnement du Roi au Temple ne rendait plus sa sortie susceptible des mêmes inconvénients. Mais pénétré de la crainte d'augmenter la rage des ennemis de Sa Majesté, il préféra courir pour sa propre personne des dangers qu'il ne pouvait se dissimuler, et mourut avec un courage digne de son nom et une fermeté peu commune.

15 Il était Breton et avait puisé dans sa famille le courage et la générosité qu'il montra dans cette circonstance. Son père et la plus grande partie de sa famille furent victimes de leur attachement à la royauté sous la Terreur, en 1795.

16 M. Pascalis fut victime de son courage dans les horreurs qui se commirent en 1791; il fut un des premiers que massacrèrent les scélérats qui désolèrent ces contrées, en lui reprochant la fermeté et la noblesse de sa conduite lors de la destruction des Parlements.

17 M. Duport du Tertre, ancien avocat au Parlement, était devenu électeur, officier municipal et administrateur de la police. M. de Lessart était un ancien maître des requêtes, et M. Du Portail, militaire, avait servi sous M. de la Fayette dans la guerre d'Amérique.

18 On m'a assuré, sans que je puisse cependant en répondre, que les ministres avaient intercepté la réponse du Pape, et ne l'avaient pas voulu donner au Roi pour pouvoir obtenir plus facilement la sanction d'un décret auquel ils attachaient tant de prix.

19 Je ne puis passer sous silence le reproche que me font M. de Bouillé, dans ses Mémoires, et M. Royou, dans son Histoire de France, lorsqu'ils prétendent que l'opiniâtreté que j'ai mise à suivre Mgr le Dauphin dans le voyage de Varennes a empêché le Roi de prendre dans sa voiture un militaire distingué. La Reine, qui fut la seule qui me fit part de ce voyage, ne m'a jamais dit qu'il en fût question, et ne me parla que de l'obstacle de ma santé. Je n'aurais certainement pas insisté si elle m'eût témoigné un pareil désir. J'avais d'ailleurs la ressource de prendre la place d'une des deux femmes qui accompagnaient la famille royale dans la voiture de suite. En pareil cas, l'attachement ne consulte ni les convenances ni les droits, et j'aurais alors concilié le devoir que m'imposait ma place, de ne jamais quitter Mgr le Dauphin, avec le désir que Leurs Majestés auraient manifesté de se faire accompagner par une personne dont les services eussent pu leur être plus utiles que les miens.

20 Georges, député de la ville de Varennes, vint présenter à l'Assemblée Leblanc et Poucin, qui avaient arrêté la voiture du Roi et menacé de tirer dessus. Ils en furent parfaitement accueillis; et l'abbé Grégoire, qui la présidait en ce moment, les assura que Varennes serait à jamais célèbre, et que les Français reconnaissants se rallieraient tous autour de ses murs, si jamais elle se trouvait attaquée.

21 La conduite de M. de Goguelas étonna tout le monde. C'était un homme grand, froid, réfléchi, et que l'on pouvait supposer capable de modérer l'esprit impétueux et irréfléchi du duc de Choiseul. Personne ne put concevoir les raisons qui l'empêchèrent de le détourner d'un parti aussi dangereux que celui qu'il prit au Pont-de-Sommevel, ou tout au moins de n'avoir pas trouvé quelque moyen d'en faire avertir le Roi, dans le cas où un accident aurait retardé son voyage, accident qui ne fut malheureusement que trop vrai. Mais ce qui est impardonnable et ce qu'on ne concevra jamais, c'est d'avoir osé prendre sur soi, comme paraît l'avoir fait M. de Choiseul, de faire dire aux officiers qui étaient dans le secret du voyage qu'il était manqué, sans en avoir la certitude absolue.

22 Un motif bien noble engagea M. de Dampierre à s'exposer aux dangers qui lui coûtèrent la vie. Il voulut prouver au Roi que la nation était loin de partager les sentiments des misérables qui entouraient sa voiture, et que ses malheurs ne portaient aucune atteinte aux sentiments de ses fidèles sujets, toujours prêts à se sacrifier pour lui prouver leur respect et leur attachement.

23 M. de Cazotte était fils de M. de Cazotte, homme aimable, littérateur agréable, et tellement connu pour son attachement au Roi et à la famille royale, qu'il fut incarcéré à l'Abbaye après le 10 août, et destiné à être une des victimes du massacre projeté. Le courage, la présence d'esprit et la tendresse filiale d'Élisabeth Cazotte, sa fille, qui s'était enfermée avec lui, firent une telle impression sur les assassins de cette prison, qu'ils les mirent tous deux en liberté. Mais, arrêté de nouveau deux jours après sa sortie de l'Abbaye, par l'ordre des scélérats qui composaient le tribunal du 10 août, ils lui firent subir le même sort qu'à MM. de Bachmann et de La Porte, victimés dans la place du Carrousel, en face du château des Tuileries. M. de Cazotte émigra après la mort de son père, servit avec distinction dans le régiment Loyal émigrants, fit partie des malheureuses expéditions de Quiberon et de l'île Dieu, et ne rentra en France, ayant toujours servi dans les armées, qu'en 1802, après le licenciement du régiment d'artillerie dans lequel il servait. Rempli d'esprit et de probité, héritier des sentiments de son père, dont toute la fortune a été confisquée, il n'a, pour élever sa nombreuse famille, qu'un revenu bien modique. Mais, uniquement occupé de ses devoirs, il jouit de l'estime de toutes les personnes à portée d'apprécier ses qualités et ses vertus. Il m'a dit, depuis, que la garde nationale d'Épernay avait été chassée par les factieux, et que ce fut à la tête de celle de Pierry qu'il arriva à Épernay, et qu'étant sûr des gens qu'il amenait, il espérait s'en servir utilement.

24 M. de Briges partit de Paris dès qu'il eut appris le départ du Roi, et ayant eu quelques données pour croire que ce prince avait pris la route de Châlons, il se rendait dans cette ville lorsque M. de Romeuf y entrait de son côté. Il y fut mis en état d'arrestation, et n'en sortit qu'après l'acceptation de la Constitution. Il était un des plus fidèles serviteurs du Roi, et périt à la funeste expédition de Quiberon en 1795.

TABLE DU TOME PREMIER.

CHAPITRE PREMIER.

(1789)

Séjour à Versailles.—Journées des 5 et 6 octobre.—Établissement du Roi à Paris.—Continuation de la fermentation existant dans cette ville.—Conduite du Roi à l'égard des Parlements de Rouen et de Metz.—Arrestation de diverses personnes.1

CHAPITRE II.

(1790)

Jour de l'an.—Démarche de la Chambre des vacations du Parlement de Bretagne.—Procès de M. de Besenval.—Essai pour réunir le côté droit et le parti modéré de l'Assemblée.—Démarche du Roi à l'Assemblée, le 4 février, et discours de ce prince.—Troubles dans les provinces.—Commencement d'insurrection parmi les troupes.—Mort de M. de Favras.—Décret pour assurer la tranquillité des provinces.—Députation des commerçants du royaume.—Commencement d'insurrection à Saint-Domingue.—Autorité que s'attribuent les districts.—L'Assemblée usurpe tous les pouvoirs et ne laisse au Roi aucune autorité.—Mort de l'empereur Joseph II.—Enquêtes du Châtelet et de la Commune sur les journées des 5 et 6 octobre.—Belles réponses de la Reine à ce sujet. 44

CHAPITRE III.

(1790)

Première communion de Madame.—Formation de plusieurs fédérations dans diverses provinces du royaume.—Désordre des finances.—Vente des biens et Constitution civile du clergé.—Suppression de tous les tribunaux du royaume.—Dénonciations continuelles et protection accordée aux dénonciateurs.—Institution des juges.—Troubles dans le royaume.—Discussion sur le droit de paix et de guerre.—Décret rendu à ce sujet.83

CHAPITRE IV.

(1790)

Continuation des troubles dans le royaume et décret rendu à ce sujet.—Liste civile décrétée par l'Assemblée.—Voyage de Saint-Cloud.—Suppression de la noblesse.—Désorganisation de l'armée.—Troubles excités à Avignon pour opérer la réunion du Comtat à la France.—Pétitions incendiaires accueillies à l'Assemblée.—Protection accordée aux factieux dans les diverses provinces du royaume.102

CHAPITRE V.

(14 juillet 1790)

La fédération.133

CHAPITRE VI.

(1790)

Arrestations, dénonciations et décrets désorganisateurs.—Continuation des mesures pour anéantir l'autorité royale.—Des meurtres et des désordres dans les diverses parties du royaume.152

CHAPITRE VII.

(1790)

Affaire de Nancy.—Retraite de M. Necker.—Camp de Jalès.—Nouvelle émission d'assignats.172

CHAPITRE VIII.

(1790)

Procédure sur les événements des 5 et 6 octobre.—Conduite de l'Assemblée à ce sujet.—Insubordination de la flotte de Brest.—Démission de M. d'Albert de Rioms.—Nouvelle dénonciation des ministres.—Démission de M. de la Luzerne.—Protestations énergiques des divers Parlements contre les atteintes portées à l'autorité royale.—Troubles de la Martinique.—Incertitude du Roi pour s'éloigner de Paris.—Son retour dans cette capitale.—Démission des ministres et leur remplacement.—Continuation des troubles.187

CHAPITRE IX.

(1791)

Constitution civile du clergé.—Serment exigé à ce sujet.—Refus de la plupart de ses membres.—Persécutions qu'il excite.—Remplacement des évêques et des curés.—Formation de divers clubs tant à Paris que dans les provinces.—Troubles dans les provinces du Midi.—Essai d'un club monarchique dont les démagogues ne voulurent jamais souffrir l'établissement.215

CHAPITRE X.

(1791)

Départ de Mesdames. Insurrection provoquée à cette occasion.—Nouveaux moyens employés pour échauffer le peuple et diminuer le respect dû à la Majesté Royale.—Nouvelles suppressions de l'Assemblée.—Journée du 28 février.—Mort de Mirabeau.240

CHAPITRE XI.

(1791)

Décret sur la responsabilité des ministres.—Violences exercées contre les catholiques.—Arrêté des départements à ce sujet.—Insurrection dirigée contre le château pour mettre obstacle au voyage que le Roi voulait faire à Saint-Cloud.—Fausses démarches du Roi par le conseil de ses ministres.—Insultes faites à ce prince.—Éloignement forcé de ses plus fidèles serviteurs.—Continuation des mesures violentes de l'Assemblée, qui ne garde plus aucune mesure.—Rétractation de l'abbé Raynal.—Le Roi pense sérieusement à quitter Paris.266

CHAPITRE XII.

(21 juin 1791)

Voyage de Varennes301

CHAPITRE XIII.

(1791)

Déclaration demandée au Roi et à la Reine relativement au voyage de Varennes.—Les ministres obtiennent le désaveu de sa protestation en quittant Paris.—Lettre de M. de Bouillé à l'Assemblée.—Délibérations des comités relativement au Roi et au gouvernement à établir en France.—Protestations du côté droit contre les actes attentatoires à l'autorité royale.—Moyens employés pour échauffer le peuple.—Décret pour obliger M. le prince de Condé et les autres émigrés à rentrer en France.—Autre décret relatif aux personnes qui avaient accompagné le Roi, et suspension des fonctions royales jusqu'à l'acceptation de la Constitution.—Démarches du roi d'Espagne et des autres princes de l'Europe.—Lettre de M. de Montmorin aux ambassadeurs et ministres dans les différentes cours.—Abolition de tout titre et décoration.—Démarches des deux partis pour engager le Roi à accepter ou à refuser la Constitution.—Lettres des princes pour en appuyer le refus.—Le Roi accepte la Constitution et va en personne le déclarer à l'Assemblée.—Décrets par lesquels elle termine sa session.350

FIN DE LA TABLE DU TOME PREMIER.

Paris. Typographie de E. Plon et Cie, rue Garancière, 8.

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