Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse (1/9)
CORRESPONDANCE ET DOCUMENTS
RELATIFS AU LIVRE TROISIÈME
MARMONT À BONAPARTE.
«Alexandrie, 2 octobre 1798.
«J'ai eu, mon cher général, une entrevue avec le capitaine de la caravelle turque; il est intimement convaincu de l'amitié de la Porte pour nous, il ne croit à aucune hostilité, et il prétend que la marine turque qui est devant le port d'Alexandrie a été ramassée dans les îles de l'Archipel par les Anglais, et se trouve aujourd'hui sous leur oppression.
«Il a dit à un officier qu'il avait reçu la nouvelle de la sensation que notre entrée ici avait faite à Constantinople; que d'abord elle avait été fâcheuse; mais que, la note officielle étant parvenue, l'opinion avait changé, et que le Grand Seigneur avait expédié partout des petits bâtiments pour ordonner d'avoir des égards pour les Français; qu'il avait envoyé un bâtiment à Alexandrie pour vous porter des témoignages de bienveillance et d'amitié; que le bâtiment avait été pris par les Anglais et n'avait pu communiquer. Effectivement, on vous a rendu compte qu'il y a environ deux mois un petit bâtiment turc vint pour entrer dans le port; mais, chassé et arrêté par une frégate anglaise, il resta deux jours à Aboukir. Le capitaine de la caravelle envoya à celui qui le commandait des rafraîchissements; les Anglais les prirent, les portèrent à bord, mais empêchèrent que le canot ne communiquât.
«Il ajoutait que le Grand Seigneur, las de ne recevoir aucune nouvelle d'Alexandrie, d'entendre constamment les calomnies des Anglais, envoyait le capitan-pacha avec une division de trois vaisseaux et de plusieurs bâtiments légers, pour voir par lui-même ce qui se passait, et donner de nouvelles assurances d'amitié; qu'il était parti il y a déjà quelque temps, et qu'il l'attendait sous trois ou quatre jours; que, si à son approche on avait des inquiétudes sur la conduite qu'il garderait, il proposait de laisser en otage ses enfants, et d'aller lui-même en parlementaire annoncer au capitan-pacha la manière distinguée dont nous avions traité tout ce qui appartenait au Grand Seigneur.
«Il nous redit hier mot pour mot les mêmes choses, mais cela seulement comme bruit qu'il avait entendu et comme sa conviction particulière; pour se dispenser probablement de nous faire connaître par quelle voie ces nouvelles lui étaient parvenues.
«Je lui fis observer que, puisque le capitan-pacha venait avec des intentions amies, les Anglais mettraient sans doute obstacle à son entrée, et qu'alors nous serions privés de recevoir les témoignages éclatants qu'il nous promettait par l'envoi du hatti chérif. Il ne put pas concevoir cette difficulté, et la fierté ottomane ne put admettre que les Anglais osassent encourir l'indignation de la Porte, en faisant injure à un grand de l'empire.
«Le capitaine de la caravelle paraît, au reste, un homme loyal; tout ce qu'il fait, tout ce qu'il dit, a le caractère de la vérité; il peut être trompé, mais n'est pas trompeur.
«Après avoir canonné quatre jours sans succès, les ennemis se sont lassés. J'ai ordonné quelques travaux que je crois utiles pour couvrir le fort, et pour donner refuge à la légion nautique, si des forces supérieures venaient à effectuer un débarquement. J'ai fait bien armer les batteries, et je ne crois pas qu'avec le secours de troupes qu'en cas de besoin j'y conduirais il puisse y avoir quelque chose à craindre.»
MENOU À MARMONT.
«Rosette, 21 octobre 1798.
«Vous êtes un homme d'or, mon cher général, vous êtes un des véritables créateurs de l'Égypte. Vous naviguez avec deux cents bâtiments sur un canal qui était jugé impraticable; vous fertilisez les campagnes arides de Damanhour et de l'Élowa; vous alimentez Alexandrie, etc., etc.
«Pour moi, vous êtes d'une amabilité parfaite, puisque vous prenez autant de soin de mes canons. Je prie Dieu, Mahomet, tous les saints du paradis et de l'alcoran, pour que la mesure que vous proposez soit adoptée. Car, quant à la réussite, j'en suis convaincu, d'après ce que vous me mandez. Recevez tous mes remercîments de votre obligeance; je vous aime et embrasse de tout mon coeur. Vale et ama.»
MARMONT À BONAPARTE.
«Alexandrie, 28 octobre 1798.
«Je viens de recevoir, mon cher général, votre lettre du 2 brumaire. Nous avons été vivement affectés des événements arrivés au Caire, et particulièrement de la perte de Dupuis et de Sulkowski. L'exemple terrible que vous avez donné préviendra sans doute de nouveaux malheurs et assurera notre tranquillité.
«Les ennemis paraissent ne plus s'occuper d'Alexandrie. Ils ont réuni une partie de leurs forces vis-à-vis d'Aboukir; ils ont canonné le fort depuis quatre jours, mais inutilement et sans produire d'autre effet que la mort d'un seul homme.
«L'ennemi, hier, a paru vouloir débarquer à une lieue d'Aboukir; on a canonné vigoureusement ses chaloupes, qui, à ce qu'on estime, portaient environ huit cents hommes. Une seule est arrivée à terre, et n'y est pas restée deux minutes; puis elles se sont éloignées.
«Si les Anglais veulent entreprendre quelque chose aujourd'hui, ils ne réussiront pas davantage. Le renfort que j'y ai envoyé fera merveille au physique et au moral.
«Le transport de l'artillerie que vous demandez est suspendu pour le moment. On emploiera le peu de chevaux qui sont ici à ce travail lorsque les circonstances auront changé, et je ne crois pas qu'il faille attendre longtemps.
«Je ne sais si vous avez des données sur les bâtiments turcs qui sont ici près, mais je suis bien impatient de fixer mon opinion sur ceux qui les montent. Jamais un bâtiment turc ne s'approche d'une de nos batteries sans être suivi d'un vaisseau anglais, et la promptitude avec laquelle ils sont arrivés ne pourrait-elle faire penser que ce n'est point une expédition venant de Constantinople, mais quelques bâtiments en croisière ou de Rhodes, ramassés par les Anglais? Si nous sommes assez heureux pour que les ennemis essayent encore de descendre, nous ferons des prisonniers, et nous saurons à quoi nous en tenir.»
MARMONT À MENOU.
«Alexandrie, 12 novembre 1798.
«J'attache le plus grand prix, mon cher général, aux témoignages de confiance que vous voulez bien me donner, et personne plus que moi n'en sent la valeur. Vous m'imposez l'obligation précieuse de les mériter, et je suis prêt à tout faire pour y parvenir.
«L'amitié avec laquelle vous me traitez m'autorise, mon cher général, à vous ouvrir mon coeur, et je crois pouvoir vous dire tout ce que je pense. Vous connaissez mieux que personne ma position, et vous savez que dans l'ordre des choses le destin de mes jours sera déterminé par les événements qui auront lieu d'ici à quelque temps. Si des opérations militaires doivent avoir pour théâtre l'Égypte, rien au monde ne pourrait me décider à retourner en France. Je sacrifierais ma vie et mon bonheur futur pour sauver ma gloire et mériter l'estime publique. Mais, si nous sommes destinés à être bientôt dans une paix profonde, si enfin l'honneur me permet de partir, je ferai tout au monde pour en obtenir la permission. Vous voyez, mon général, que ce n'est point l'erreur d'une passion légère qui me conduit, c'est un calcul plus sage, et le désir de prévenir des désordres domestiques qui me prépareraient des tourments éternels, qui me dirige. Je veux fixer la paix, la tranquillité et la confiance dans ma maison, et me préparer pour tous les âges un bonheur durable.--Si le général en chef me donne le commandement que votre bienveillance sollicite pour moi, ne croyez pas que je risque d'être oublié longtemps ici, et de perdre l'occasion de profiter des circonstances favorables qui peuvent se présenter.--Bonaparte me donne trop de témoignages d'amitié pour la révoquer en doute. Je crois être certain qu'il comptera pour quelque chose mon bonheur et mes vrais intérêts. Mais, mon cher général, vous connaissez les hommes, et vous savez combien il est utile de solliciter soi-même ce que l'on désire. N'est-il donc pas à craindre que les difficultés se multiplient pour moi si l'on me place ici? Je suis franc dans ce moment comme je le suis toujours. Je crois que j'y pourrais être utile, qu'en peu de temps peut-être même j'y remonterais la machine, et que mon désir de bien faire, mon zèle et vos conseils suppléeraient à ce qui me manque. Mais vous voyez ma position, assurez-moi votre appui, mon cher général, pour obtenir mon changement, lorsque vous ne me croirez plus nécessaire ici, si le général en chef me donne le commandement d'Alexandrie. Lorsqu'il n'y aura plus de danger, lorsqu'on ne pourra plus prévoir d'opération militaire, lorsque tout sera organisé, que votre amitié si franche me tende une main secourable, et je me consacre avec le plus grand plaisir à tous les travaux qui se préparent, et que vous dirigerez.
«Pardon, mon cher général, si je vous ai entretenu si longtemps de mes intérêts, mais vos bontés m'ont inspiré de la confiance, et cette confiance, mon abandon.»
MENOU À MARMONT.
«Rosette, 15 novembre 1798.
«INSTRUCTION ENVOYÉE AU COMMANDANT D'ALEXANDRIE.
«S'il se présente une ou deux frégates turques pour entrer dans le port d'Alexandrie, le général commandant les laissera entrer.
«S'il se présentait un plus grand nombre de bâtiments de guerre turcs pour entrer dans le port d'Alexandrie, le général fera connaître à celui qui les commande qu'il est nécessaire de faire part de sa demande aux chefs supérieurs: on devra même l'engager à envoyer quelqu'un au Caire, au général en chef.
«Si le commandant turc persistait à vouloir entrer avec un nombre de bâtiments qui excéderait celui de deux avant d'avoir la réponse du Caire, le général emploiera la force pour l'en empêcher.
«Si une escadre turque vient croiser devant le port, et qu'elle communique directement avec le général, celui-ci prendra d'elle toute espèce d'informations et lui fera toute espèce d'honnêtetés.
«Si cette escadre, ou tout autre commandant turc, ne voulait communiquer que par des parlementaires anglais, le général fera connaître à ces commandants turcs combien cette mesure est indécente et contraire à la dignité du Grand Seigneur; le général les engagera à communiquer directement avec lui, sans intermédiaire anglais, et il fera connaître à ces commandants qu'il regardera comme nulles toutes les lettres qui, relativement aux Turcs, lui viendraient par des parlementaires anglais.
«Si ces pourparlers avaient lieu, il faudrait employer mesure, circonspection, politesse et fermeté.»
MENOU À MARMONT
«Rosette, 15 novembre 1798.
«Mon cher général, ne parlons plus de devoirs entre nous; ne parlons que d'amitié: je compte sur la vôtre comme vous pouvez compter sur la mienne.
«Je suis extrêmement sensible à la confiance que vous me témoignez; soyez assuré que j'en sens tout le prix et que je ferai tout ce qui dépendra de moi pour y répondre.
«Mon cher général, l'estime publique vous appartient depuis longtemps, et la gloire que vous avez acquise partout où vous avez servi est un capital que vous ne perdrez jamais et qui ne fera que s'augmenter.
«Je sens combien vous devez désirer de retourner en France. Le général en chef, qui vous aime, qui vous estime, et qui depuis longtemps a des liaisons particulières avec vous, est certainement, à cet égard, du même avis que vous et moi, et vous donnera toutes les facilités qui pourront se concilier avec les circonstances et avec les besoins que la chose publique et lui ont toujours d'un homme tel que vous. Quant à moi, mon cher général, je ferai aussi entendre ma faible voix au général en chef pour tout ce qui peut vous être agréable, mais la vôtre seule suffirait. Vous êtes dans ce moment d'une utilité majeure à Alexandrie; vous seul pouvez donner à cette ville et aux troupes le ton qui convient. Je l'ai demandé au général en chef, j'espère qu'il me l'accordera; ne vous y opposez pas, et je vous donne ma parole d'honneur, mon cher général, que vous n'y resterez que le temps nécessaire pour mettre tout en ordre et pour montrer aux Anglo-Turcs un homme fait sous tous les rapports, soit pour leur en imposer, soit pour traiter avec eux.
«Je vous répète que ce n'est que momentané, et que vous ne vous fixerez à Alexandrie qu'autant de temps que la difficulté des circonstances vous promettra de la gloire à acquérir. Si, dans les événements qui vont se succéder rapidement dans ce pays-ci; si, dans les négociations qui, dans mon opinion (peut-être erronée), vont s'ouvrir, il se présentait une occasion d'aller en France porter quelque dépêche importante, ou pour envoyer au Directoire un homme qui, sous tous les rapports, servît parfaitement bien la chose publique, dressons toutes nos batteries, mon cher général, pour que vous en soyez chargé. Mais, au reste, vous connaissez mieux que moi le général en chef: vous êtes pour ainsi dire son frère d'armes; il sait que, quand il vous charge de quelque mission importante, c'est un second lui-même qui exécute.
«Je joins ici des instructions qu'il vient de m'envoyer. Je veux, en attendant que l'affaire du commandement soit arrangée, que vous soyez instruit de tout et que vous concouriez à tout; je le mande au général Mauscourt, en lui marquant que c'est mon intention formelle.
«Adieu, mon cher général, comptez à tout jamais sur ma franche amitié. Vale et ama. Pressez la construction des ouvrages.»
BONAPARTE À MARMONT.
«Au Caire, 29 novembre 1798.
«L'état-major vous donne l'ordre, citoyen général, de prendre le commandement de la place d'Alexandrie. Je fais venir le général Mauscourt au Caire parce que j'ai appris que, le 24, il a envoyé un parlementaire aux Anglais sans m'en rendre compte, et que, d'ailleurs, sa lettre à l'amiral anglais n'était pas digne de la nation. Je vous répète ici l'ordre que j'ai donné de ne pas envoyer un seul parlementaire aux Anglais sans mon ordre. Qu'on ne leur demande rien. J'ai accoutumé les officiers qui sont sous mes ordres à accorder des grâces, et non à en recevoir.
«J'ai appris que les Anglais avaient fait quatorze prisonniers à la quatrième d'infanterie légère. Il est extrêmement surprenant que je n'en aie rien su.
«Secouez les administrations; mettez de l'ordre dans cette grande garnison, et faites que l'on s'aperçoive du changement de commandant.
«Écrivez-moi souvent et dans le plus grand détail.
«Je savais depuis trois jours la nouvelle que vous m'avez écrite des lettres reçues de Saint-Jean-d'Acre.
«Renvoyez d'Alexandrie tous les hommes isolés qui devraient être à l'armée. Ayez soin que personne ne s'en aille qu'il n'ait ses passe-ports en règle. Que ceux qui s'en vont n'emmènent pas de domestiques avec eux, surtout d'hommes ayant moins de trente ans, et qu'ils n'emportent point de fusils.
«Je vous salue.»
BONAPARTE À MARMONT.
«Au Caire, 2 décembre 1798.
«Vous ferez réunir chez vous, citoyen général, dans le plus grand secret, le contre-amiral Perrée, le chef de division Dumanoir, le capitaine Barré. Vous leur ferez part de la présente lettre; vous leur ferez les questions suivantes, et vous dresserez un procès-verbal de la réponse qu'ils feront, que vous signerez avec eux.
PREMIÈRE QUESTION.
«Si la première division de l'escadre sortait, pourrait-elle, après une croisière, rentrer malgré la croisière actuelle des Anglais, soit dans le port neuf, soit dans le port vieux?
DEUXIÈME QUESTION.
«Si le Guillaume Tell paraissait avec le Généreux, le Dégo, l'Athénien et les trois vaisseaux vénitiens que nous avons laissés à Toulon, et qui sont actuellement réunis à Malte, la croisière anglaise serait obligée de se sauver. Se charge-t-on de faire entrer l'escadre du général Villeneuve dans le port?
TROISIÈME QUESTION.
«Si la première division sortait, pour favoriser sa rentrée, malgré la croisière anglaise, ne serait-il pas utile, indépendamment du fanal que j'ai ordonné qu'on allumât au phare, d'établir un nouveau fanal sur la tour du Marabout? Y aurait-il quelque autre précaution à prendre?
«Si dans la solution de ces trois questions il y avait des opinions différentes, vous ferez mettre sur le procès-verbal les opinions de chacun.
«Je vous ordonne qu'il n'y ait à cette conférence que vous quatre. Vous commencerez par leur recommander le plus grand secret.
«Après que le conseil aura répondu à ces trois questions et que le procès-verbal sera clos, vous poserez cette question:
«Si l'escadre du contre-amiral Villeneuve partait le 15 frimaire de Malte, de quelle manière s'apercevrait-on de son arrivée à la hauteur de la croisière; quel secours les forces navales actuelles du port pourraient-elles lui procurer, et de quel ordre aurait besoin le contre-amiral Perrée pour se croire suffisamment autorisé à sortir?
«Combien de temps faudrait-il pour jeter les bouées, pour désigner la passe?
«Les frégates la Muiron et la Carrère, le vaisseau le Causse seraient-ils dans le cas de sortir?
«Après quoi, vous poserez cette autre question:
«Les frégates la Junon, l'Alceste, la Courageuse, la Muiron, la Carrère; les vaisseaux le Causse, le Dubois, renforcés chacun par une bonne garnison de l'armée de terre et de tous les matelots européens qui existent à Alexandrie, seraient-ils dans le cas d'attaquer la croisière anglaise si elle était composée de deux vaisseaux et d'une frégate?
«Vous me ferez passer le procès-verbal de cette séance dans le plus court délai.»
MARMONT À BONAPARTE.
«Alexandrie, 4 décembre 1798.
«J'ai reçu hier, mon cher général, votre lettre du 9, par laquelle vous me donnez le commandement d'Alexandrie. Je vous remercie de ce nouveau témoignage de confiance. Je ferai tout pour justifier votre choix, et, si le zèle le plus constant et l'activité la plus soutenue suffisent, j'espère m'acquitter d'une manière satisfaisante de la tâche que vous m'avez imposée: elle ne me paraît pénible que parce qu'elle m'éloigne de vous.
«Le général Mauscourt a été vivement affecté de son rappel, et des motifs exprimés dans l'ordre qu'il a reçu. J'ai cherché à le rassurer, à le calmer, et j'y suis parvenu. Il a presque cru que vous attaquiez son honneur et sa probité, et il voulait à toute force faire mettre les scellés sur ses papiers. Je l'en ai dissuadé, et je lui ai promis de vous écrire pour attester près de vous, non la bonté de son administration, mais la pureté de ses intentions. Il compte partir dans deux jours pour se rendre à vos ordres.
«Je prends le commandement d'Alexandrie dans des circonstances difficiles. Il se consomme journellement ici (la ration n'étant que d'une livre) quatre-vingt-quinze quintaux de blé, et il n'existe en magasin, aujourd'hui, que cinq cents quintaux. Nous n'avons de vivres que pour environ cinq jours.
«Le général Menou a imposé, sur Damanhour, une contribution de deux mille quintaux de blé, de cinq cents d'orge, de cinq cents de fèves, qui doivent être versés à Alexandrie. Nous serions bien riches si tout cela y était arrivé; mais nous avons pour tout moyen de transport quatorze malheureux chameaux, et, au compte que je viens de faire, cent chameaux portant du blé de Damanhour à Alexandrie pourraient à peine suffire à la consommation journalière. Il faut donc réunir plusieurs moyens.
«Je fais chercher, sur le lac Madieh, une passe pour aller le plus près d'Alexandrie, au point le plus près de Rosette. On n'aurait plus alors qu'un transport par terre de trois lieues du côté de Rosette, et de deux lieues du côté d'Alexandrie; et les chameaux, retournant chaque jour à leur gîte, n'ayant plus la dangereuse passe d'Aboukir à traverser, seraient susceptibles d'un plus grand travail. L'officier que j'ai envoyé pour ce travail sera, j'espère, de retour ici dans deux jours.
«Ce moyen n'exige pas moins une grande quantité de chameaux. Je ne vois qu'une manière de se les procurer. Les Arabes en ont beaucoup, et, comme ils nous craignent, ils se tiennent toujours enfoncés dans les déserts. Ils éprouvent aujourd'hui une perte très-considérable: les pâturages des bords du canal, qui, les autres années, faisaient leur richesse, sont déserts maintenant et ne servent à personne. J'espère les décider à envoyer ici des otages pour obtenir la liberté d'amener leurs troupeaux dans ces environs. Alors nous aurions à notre disposition, et à bas prix, un grand nombre de chameaux, qui, avant que la navigation du lac soit en activité, apporteraient quelques charges de Damanhour.
«Le général Perrée, le citoyen Dumanoir, et tous les marins, pensent qu'il est possible, pendant le temps de l'absence de la lune, de faire venir de Rosette des djermes. Je l'ai mandé au général Menou, qui n'a pas cru devoir risquer le blé qu'elles contiendraient. Je lui propose, par ce courrier, de nous envoyer deux djermes chargées de paille. Cette paille nous sera très-précieuse, et, si elle est prise, la perte ne sera pas considérable. Si elles arrivent, on pourra en envoyer d'autres chargées de blé.
«Enfin, mon général, d'ici à dix jours, j'espère avoir organisé un transport de blé qui excédera la consommation.
«J'emprunterai aux habitants du blé, que nous leur rendrons en nature quand nous en serons pourvus.»
MARMONT À BONAPARTE.
«Alexandrie, 6 décembre 1798.
«Le général Menou vous a sans doute rendu compte, mon cher général, du départ de tous les bâtiments à pavillon rouge; trois vaisseaux anglais seulement sont à notre vue: deux croisent devant Alexandrie, un à Aboukir, mouillé.
«Je crois maintenant les transports par mer possibles: nous allons l'essayer. Dût-il y avoir quelque danger, il faudrait encore y avoir recours, car nos besoins sont pressants: nous sommes sans blé, nous n'en avons plus que pour demain, et il faut renoncer à l'idée d'approvisionner Alexandrie par des caravanes. Cent cinquante chameaux marchant continuellement pourraient à peine suffire à la consommation journalière.
«Les rapports que j'ai eus sur la navigation du lac sont satisfaisants: les deux points d'embarquement seront, l'un à une lieue et demie d'Alexandrie, et l'autre à quatre lieues de Rosette. Ainsi nos transports par terre seront diminués; mais cette navigation ne peut pas être mise en activité sur-le-champ: il faut donc employer la navigation extérieure, qui j'espère, sera heureuse, et pourvoira à nos besoins. J'envoie, à cet effet, à Rosette, un officier de marine et deux aspirants intelligents capables de conduire les djermes.
«Les agences en chef des différents services n'ont rien envoyé depuis longtemps aux agents d'Alexandrie; en conséquence, personne n'a un sou: il est difficile que la machine aille. Le divan fournit, en attendant, de la paille, du bois pour la consommation journalière de la garnison, et de la viande pour les hôpitaux. Ces ressources seront bientôt épuisées, et je n'y compte que pour très-peu de temps; aussi vais-je chercher à me pourvoir ailleurs.
«Il est dû à la garnison d'Alexandrie les mois de vendémiaire et de brumaire, tandis que la première décade de frimaire est payée à l'armée.
«Les travaux du génie sont sans activité, parce qu'on n'a encore rien donné sur l'ordonnance de vingt mille francs que vous avez fait délivrer.
«J'ai emprunté quinze cents quintaux de blé au divan pour pourvoir à la subsistance de quinze jours. J'espère que d'ici à ce temps-là, s'il nous arrive quelque argent et que nous profitions bien de la circonstance, nous serons dans l'abondance; et alors je rendrai en nature, ainsi que j'ai promis, quinze cents quintaux.
«Le divan ne marchait pas; je lui ai adjoint, pour le stimuler un peu, le capitaine Arnaud, qui est bien capable d'en tirer parti. Le divan s'assemblera tous les deux jours; le capitaine Arnaud me représentera. Dans les cas extraordinaires, je le convoquerai chez moi.
«Je vais chercher à faire venir du bois par Aboukir.»
MARMONT À BONAPARTE.
«Alexandrie, 24 décembre 1798.
«J'espère, mon cher général, que nous avons vaincu le mal, et que, si la peste reparaît, elle ne fera pas de grands ravages. Nous n'avons, depuis ma dernière lettre, qu'un seul accident de peste: un tailleur français avait sa boutique remplie de vieilleries; il est tombé malade et est mort. Nous avons pris toutes les précautions que la prudence nous a suggérées pour empêcher la propagation de la maladie, et nous en avons senti les bons effets.
«Les vents constamment contraires ont empêché les djermes chargées de blé d'arriver de Rosette ici, de manière que nous finissons aujourd'hui de consommer l'emprunt de blé que j'ai fait il y a quinze jours. Il a fallu encore avoir recours au divan. J'ai trouvé en lui beaucoup de bonne volonté, et il a été convenu qu'un négociant serait chargé de nous fournir chaque jour cent quintaux de blé. Le divan fera les fonds nécessaires s'il en est besoin, et, dans tous les cas, demeure responsable du prix de ce blé. J'ai pris le double engagement près du divan, et comme commandant à Alexandrie, et comme particulier, de le lui faire payer, c'est-à-dire que je lui rendrai, quand nos blés seront arrivés, la quantité qui représentera la somme d'argent qui aura été dépensée. Ainsi nos besoins sont pourvus pour le moment.
«Comme les vents peuvent être encore longtemps contraires, j'ai dû penser aux transports intérieurs. Je me suis adressé aux Arabes qui environnent Alexandrie; j'ai à peu près la certitude d'obtenir d'eux cent cinquante à deux cents chameaux, qui apporteront le blé à Alexandrie, et qui seront payés en nature à raison d'un tiers de la charge, c'est-à-dire que le transport de deux ardebs, pesant huit cent quarante livres, ne nous coûtera qu'un ardeb pris à Rosette, dont la valeur est de trois piastres, ce qui est très-bon marché.
«Dans deux jours la navigation du lac sera en activité. Le premier objet sera de m'approvisionner en fourrage; j'en ai, depuis six jours, fait faire un gros magasin sur le bord du lac, près de l'Élowa, et, là, cinquante bateaux iront le prendre pour l'apporter ici, ou au moins à l'extrémité du lac, près d'Alexandrie.
«Depuis longtemps les envois de Damanhour sont suspendus. J'attribue ce retard aux difficultés locales que le pays présente à un Français. Je crois que le meilleur moyen pour ramener ici l'abondance, pour faire facilement et promptement acquitter la contribution de Damanhour, enfin pour profiter de toutes les ressources qu'offre ce pays, qui doit être considéré comme le grenier d'Alexandrie, serait d'étendre jusqu'à Damanhour le commandement du shériff d'Alexandrie. Il nous est extrêmement utile; il le serait bien davantage s'il avait, pour pourvoir à nos besoins, un pays riche et peuplé; et personne n'en tirerait un plus grand parti que lui, parce qu'il joindrait alors à l'estime qu'on a pour lui les moyens que donne l'autorité. L'unité de commandement ne serait pas blessée, puisqu'il ne ferait qu'exécuter les ordres du général Menou.
«J'ai trouvé un Arabe dont je suis sûr et qui partira demain pour Derne. Quatre jours après, j'en ferai partir un autre: ils porteront tous deux des lettres à un négociant et à un juif qui y fait les affaires des Français. On pourrait, à telle fin que de raison, se servir de ce moyen-là pour envoyer une lettre jusqu'à Tripoli, car il y va souvent des bateaux.
«J'ai l'état, bâtiment par bâtiment, des matelots du convoi: le nombre s'en élève à quinze cent trente-cinq, y compris les capitaines. Il me paraît, d'après cela, difficile de vous en envoyer huit cents. Demain nous prendrons tout ce qui peut remplir votre but et nous vous l'enverrons. Quant aux Napolitains, dont les bâtiments ont été brûlés, une centaine s'est réfugiée sur les vaisseaux de guerre. Nous les aurons quand nous voudrons; mais ils sont en quarantaine.
«Je vous remercie de la défense que vous avez faite de recevoir en payement du vin les billets de la caisse du Caire; il en était déjà arrivé pour soixante mille francs.»
MARMONT À BONAPARTE.
«Alexandrie, 22 janvier 1799.
«Nos maux s'aggravent chaque jour, mon cher général, nos pertes augmentent à chaque instant: la journée d'avant-hier nous a coûté dix-sept hommes morts; celle d'hier à peu près autant. Notre position est vraiment déplorable. Je n'exagère pas nos malheurs; mais, si on ne vient promptement à notre secours, ils seront bientôt à leur comble. Le mécontentement des troupes est extrême et tel, que je puis raisonnablement craindre une insurrection; si elle arrive, je saurai ou tout ramener à l'ordre ou succomber; mais qu'on ne nous abandonne pas; et ces malheurs-là seront prévenus. Tout est ici six fois plus cher qu'à Paris, et il n'y a qu'une très-petite partie de la garnison qui ait reçu le mois de vendémiaire; la misère est donc excessive, et les troupes disent hautement qu'on ne les paye pas, parce qu'on espère bientôt les voir périr. Ajoutez à cela la lecture des ordres du jour, qui leur annonce que l'armée est payée régulièrement, et qui leur fait croire que l'argent destiné pour eux est distrait par les autorités immédiates qui les commandent. La ration, d'ailleurs, n'est que d'une livre de pain, à cause de la disette extrême de blé que nous éprouvons; il ne nous reste plus de bois, et voyez si le mécontentement des soldats n'est pas fondé.
«J'ai fait part de toutes mes inquiétudes et de tous mes chagrins au général Menou, et je n'ai obtenu que des phrases de consolation. Ce n'est qu'à regret que je vous fais une peinture aussi triste; mais je ne puis m'adresser qu'à vous pour obtenir un remède, le général Menou n'en trouvant pas. J'ose, espérer, d'ailleurs, que vous m'estimez assez pour croire que le récit que je vous fais est littéralement vrai.
«Vous avez réuni le commandement des trois provinces, afin que la ville d'Alexandrie, qui ne peut pas exister par elle-même, reçût de l'argent et des subsistances de Rosette; vos intentions ne sont pas remplies. Le général Menou s'isole, et le miri des provinces de Rosette et de Bahiré, qui pourrait servir à payer ici les troupes, est employé à tout autre usage. Un négociant d'ici vient de m'assurer à l'instant que son correspondant vient de lui écrire que le général Menou venait de faire rembourser six mille talaris, formant le tiers d'une contribution qui a été payée par la province de Rosette, il y a quelques mois. Et quel moment le général Menou choisit-il pour cela? celui où nous manquons de tout, et où la terre, la marine, les soldats et les administrations, sont dans une égale misère!
«Le commandement que vous m'avez donné de la province de Bahiré me donnerait quelques moyens pour faciliter nos transports, si la quarantaine ne mettait obstacle à tout; mais je ne puis disposer de rien; le général Menou a donné ses ordres à l'adjudant général le Turcq; ainsi ce commandement est illusoire.
«Le général Menou vient d'ordonner que les caravanes ne partiraient de Rosette que tous les cinq jours; ainsi c'est lorsque nous avons le plus besoin de secours que les communications deviennent plus rares.
«Le général Menou vient de défendre, sous les peines les plus graves, à qui que ce soit, de se joindre aux caravanes. Ainsi trois ou quatre cents âmes, qui, sous la protection du détachement français, nous apportaient régulièrement ici des subsistances, n'osant pas marcher seuls à cause des Arabes, né viendront plus, et nous faisons par là un pas vers la famine.
«Nous n'avons pas reçu de Rosette, depuis trois semaines, un grain de blé, et nous en avons tout juste pour quarante-huit heures.
«Il a été impossible de vendre ici la plus petite quantité de vin; personne n'est venu en acheter; et cela me paraît tout simple. Voici le parti que j'ai pris. J'ai forcé les habitants à l'acheter, le divan s'y est refusé formellement. Après avoir tourné la question de toutes les manières, sans avoir pu le décider, je lui ai signifié que je me chargeais de tous les détails, qu'il y aurait sans doute moins de justice dans les répartitions, parce que j'avais des connaissances locales moins exactes qu'eux, mais que mon but serait rempli et que j'aurais de l'argent. J'ai pris ensuite le nom des quinze négociants turcs les plus riches, et leur ai fait signifier que je ne connaissais qu'eux et qu'ils eussent à fournir, sous deux fois vingt-quatre heures, la portion des musulmans. Le divan, qui a senti sa faute, m'a envoyé demander pardon de s'être ainsi refusé à mes demandes, et s'en est lui-même chargé; j'ai cru indispensable de diminuer de vingt-cinq mille livres les cent cinquante mille livres portées dans mon arrêté; il m'eût été impossible de porter le vin à trois livres; je l'ai mis à cinquante sous.
«Ces cent vingt-cinq mille livres serviront à payer un mois à la garnison; la marine vingt-cinq mille, le génie huit à dix mille, l'artillerie deux mille; il ne restera plus rien. Vous voyez que les secours que je vous demande au commencement de cette lettre n'en sont pas moins pressants.
«Le médecin Valdony, que vous m'avez annoncé, n'est pas arrivé, je crois même qu'il n'est pas parti.
«Nous n'avons plus de chirurgiens pour nos hôpitaux; je vous demande avec la plus vive instance de nous en faire envoyer.
«Le commissaire des guerres Renaud est mort, le commissaire Michaud est en quarantaine; le service ici est entre les mains du commissaire adjoint de Damanhour; il est incapable de mener une machine aussi vaste, et d'ailleurs il est nécessaire dans sa province; je vous demande de nous en faire envoyer un.
«La commission sanitaire fait tout ce qu'elle peut; je lui ai adjoint deux capitaines de bâtiments marchands, afin de l'aider dans ses pénibles travaux.
«J'attends votre réponse à ma lettre du 26, afin de savoir si je dois envoyer à Damanhour les marins dont je vous ai parlé.
«La caravelle serait partie ce matin si un vaisseau anglais n'était paru.
«Je n'ai reçu qu'hier votre arrêté du 22 nivôse; je vais le mettre à exécution; les alléges sont prêtes.»
BONAPARTE À MARMONT.
«Au Caire, 5 février 1799.
«Puisqu'il est impossible que la caravelle parte de nuit, puisqu'elle ne peut pas profiter du moment où les Anglais sont loin pour sortir, qu'elle sorte lorsqu'elle voudra, et le plus tôt possible.
«Je vous salue.»
MARMONT À BONAPARTE.
«Rosette, 23 février 1799.
«Nos maux augmentaient, mon cher général, et je ne voyais aucun moyen de leur apporter de remède, tant qu'Alexandrie resterait dans l'oubli où cette ville est depuis longtemps. J'ai pris le parti de venir passer quarante-huit heures ici. J'ai respecté les lois sanitaires, et me suis campé hors la ville. Le général Menou m'a remis le commandement. J'ai sur-le-champ fait un emprunt de cent vingt mille francs, hypothéqué sur les rentrées de l'arrondissement. La moitié sera payée ce soir, et je l'emporterai avec moi. Le reste me suivra de près. Je payerai avec cet emprunt la première quinzaine de frimaire aux troupes. Je donnerai une vingtaine de mille francs à la marine, et je donnerai assez d'argent au génie pour pousser vigoureusement les travaux, qui depuis longtemps déjà sont suspendus.
«C'est la perspective qu'offrent les événements que l'on peut présumer qui m'a décidé à venir trouver le général Menou, et de lui demander ou de me donner des secours, ou de me remettre le commandement que vous m'avez confié. Votre absence me rend personnellement responsable de tout ce qui doit être fait, et j'ai été effrayé en pensant qu'en restant encore quelque temps dans la même sécurité la ville d'Alexandrie ne serait pas capable de la résistance qu'il est nécessaire qu'elle oppose.
«J'ai donc cru devoir mettre de côté les considérations particulières, au risque même de déplaire au général Menou. J'ai cru indispensable de tout sacrifier aux besoins pressants de la place d'Alexandrie. J'ai pensé surtout qu'il fallait faire arriver promptement les fortifications à un terme qui donnât quelque confiance; et je crois pouvoir atteindre ce but; mais il fallait de la prévoyance; et, si j'eusse attendu encore quelque temps, je crains bien qu'il n'eût été trop tard.
«J'ai donc fait ce que j'ai cru devoir faire, et ce que vos derniers ordres m'ont autorisé à faire. J'ai pensé exclusivement à préparer la défense d'Alexandrie, à laquelle mon honneur aujourd'hui est lié. Le général Menou m'a parfaitement reçu et a paru me céder sans peine le commandement. Il part sous peu de jours pour le Caire. Il sent, mon général, l'impossibilité d'envoyer un bataillon à Damanhour. Les quatre qui font la garnison ne forment en tout que quatre cent quatre-vingts fusiliers pour le service. Jugez, je vous prie, s'il est possible de diminuer ce nombre.
«Le général Menou me laisse donc la légion nautique, moins un détachement qui partira avec lui. Je vais l'envoyer à Ramanieh, afin de mettre à même le chef de brigade Lefebvre de s'établir de nouveau à Damanhour. Je vais avec ce secours presser la rentrée des contributions. Malgré tous mes efforts, elles ne s'élèveront jamais à la hauteur des dépenses fixes de l'arrondissement. Je vous enverrai par le premier courrier le tableau des différences.
«La peste va bien à Alexandrie; les accidents sont devenus moins fréquents, et le nombre des morts moins considérable: nos hôpitaux ne perdent pas plus de trois à quatre hommes par jour.
«Les Anglais sont toujours en présence. Ils ont suspendu depuis quelques jours leur bombardement.»
FIN DU TOME PREMIER.
TABLE DES MATIÈRES
Avis de l'éditeur.
LIVRE PREMIER.--1774-1797.
Naissance de Marmont (1774).--Sa famille.--Ses premières années.--Premières relations avec Bonaparte (1792).--Admission à l'école d'artillerie.--Foy.--Duroc.--Premières amours.
Admission au 1er régiment d'artillerie.--Lieutenant (1793).--Camp de Tournoux.--Premier combat.--Siége de Toulon.--Bonaparte à Toulon.--Carteaux.--Dugommier.--Du Teil.--Junot.--Attaque du Petit-Gilbraltar (17 décembre 1793).--Pillage de Toulon.--Massacres.--Anecdotes.--Oneille (1794).
Situation intérieure de la France.--La terreur.--9 thermidor.--Bonaparte accusé.--Son opinion sur le 9 thermidor.--Projet d'une expédition maritime contre la Toscane.--Bonaparte quitte l'armée d'Italie.--Siége de Mayence (1795).--Retraite de l'armée française.
Pichegru.--Desaix.--15 vendémiaire.--Barras.--Marmont aide de camp du général Bonaparte.--Madame Tallien.--Bal des victimes.--Directoire.--Dumerbion.--Kellermann.--Bataille de Loano (23 novembre 1795).--Schérer.--Hiver de 1795 à 1796 à Paris.--Mariage de Bonaparte.
CORRESPONDANCE DU LIVRE PREMIER.
Lettre de Marmont à son père, du camp de Saint-Ours.
------------------à sa mère, du camp de Saint-Ours.
Lettre de Marmont à son père, de Certamussa.
------------------à sa mère, de Saint-Paul.
------------------à son père, de Toulon.
Rapport original de la prise de Toulon au président de la Convention nationale.
Ordre du jour du général Dugommier.
Lettre de Marmont à sa mère, du fort de la Montagne.
------------------à son père, du fort de la Montagne.
------------------à sa mère, en rade.
------------------à son père, à bord du brick l'Amitié.
------------------à sa mère, de Toulon.
------------------à son père, de Strasbourg.
------------------à sa mère, d'Ober-Ingelheim.
------------------à son père, d'Ober-Ingelheim.
------------------à sa mère, d'Ober-Ingelheim.
------------------à son père, d'Ober-Ingelheim.
------------------à son père, d'Ober-Ingelheim.
------------------à sa mère.
LIVRE DEUXIÈME.--1797-1798.
Masséna.--Augereau.--Serrurier.--Laharpe.--Stengel.--Berthier.--Montenotte (11 avril 1796).--Dego.--Mondovi.--Cherasco.--Mission de Junot et de Murat.
Passage du Pô (16 et 17 mai).--Lodi.--Milan.--Pavie.--Borghetto.--Valleggio: création des guides.--Vérone.--Mantoue investie.--Emplacement de l'armée française.--Anecdotes.--Madame Bonaparte.--Armistice avec le roi de Naples.--Surprise du château Ubin.
Siège de Mantoue.--Lonato (3 août 1796).--Anecdote.--Castiglione (5 août).--Roveredo.--Trente.--Lavis.--Bassano.--Cerea.--Deux Castelli.--Saint-Georges.--Marmont envoyé à Paris.--Arcole (17 novembre) .--Les deux drapeaux.--Réflexions sur les opérations de Wurmser.--Rivoli (15 janvier 1797).--La Favorite (17 janvier).--Capitulation de Mantoue (2 février).
Expédition contre le pape Pie VI.--Trait de présence d'esprit de Lannes.--Prise d'Ancône.--Singulière défense de la garnison.--Monge et Berthollet.--Tolentino.--Pie VI.--Rome.--L'armée française entre dans les États héréditaires (10 mars 1797).--Tagliamento (16 mars).--Joubert dans le Tyrol.--Neumarck (13 avril).--Mission de Marmont auprès de l'archiduc Charles.
Armistice de Leoben (avril 1797).--Causes des premières ouvertures faites par Bonaparte.--Traité préliminaire de paix avec l'Autriche (19 avril).--Réponse de M. Vincent à Bonaparte.--Troubles de Bergame (12 mai).--Venise se déclare contre la France.--Mission de Junot.--Le général Baraguey-d'Hilliers marche sur Venise.--Entrée des Français dans la ville.--Création de la République transpadane.--Alliance avec la Sardaigne.
18 fructidor.--Pauline Bonaparte.--Leclerc.--Négociation de Passeriano.--Le comte de Cobentzel.--Clarke.--Anecdote.--Madame Bonaparte à Venise.--Desaix à Passeriano.--Première idée sur l'Égypte.--Existence de Bonaparte en Italie.--L'armée du Rhin confiée à Augereau.--Paix de Campo-Formio (17 octobre 1797).--Dandolo.--Anecdotes.--Voyage de Milan à Radstadt et de Radstadt à Paris.
CORRESPONDANCE DU LIVRE DEUXIÈME.
Lettre de Marmont à son père, de Cairo.
------------------à son père, de Cherasco.
------------------à sa mère, de Crémone.
------------------à son père, de Milan.
------------------à son père, de Peschiera.
------------------à sa mère, de Milan.
------------------à son père.
------------------à son père, de Bassano.
------------------à son père, de Castiglione.
------------------à son père, de Brescia.
------------------à son père, de Vérone.
------------------à sa mère, de Milan.
------------------à son père, de Goritz.
LIVRE TROISIÈME.--1798-1799.
Retour du général Bonaparte à Paris.--Sa conduite politique.--Situation intérieure de la France.--Première idée d'une descente en Angleterre.--Bonaparte, nommé général en chef de l'armée d'Angleterre, reconnaît l'impossibilité d'effectuer une descente.--Mariage de Marmont.
Projet arrêté d'une grande expédition en Égypte.--Moyen par lequel on se procure de l'argent.--Départ de Toulon (19 mai 1798).--Anecdote.--Réflexions sur l'expédition d'Égypte.--Malte.--Alexandrie (1er juillet).--Les mameluks.--Mourad-Bey.--Ibrahim-Bey.--L'armée française d'Égypte.--Marche sur le Caire.--Les savants.--Ramanieh (13 juillet).--Le Nil.
Premier engagement avec les mameluks.--Combat de la flottille.--Chébréiss.--Camp de Ouardan (19 juillet).--Embabéh.--Pyramides.--Pêche aux mameluks.--Entrée au Caire.--Mécontentement de l'armée.--Expédition contre Ibrahim.--Aboukir (1er août).--Paroles de Bonaparte en apprenant ce désastre.
Mission confiée au général Marmont.--Excursion malheureuse dans le Delta.--Le canal du Calidi.--Influence des vents.--Apparition d'une flotte anglo-turque à Alexandrie (26 octobre 1798).--Dilapidations.--Le général Mauscourt.--Marmont nommé commandant d'Alexandrie.--Menou.--Son singulier caractère.--Peste.--Réflexions sur cette maladie.--Bombardement sans effet contre Alexandrie.--Idris-Bey et M. Beauchamp.--Arnault.--Triste situation des Français à Alexandrie.
CORRESPONDANCE DU LIVRE TROISIÈME.
Lettre de Marmont à Bonaparte, d'Alexandrie.
-------de Menou à Marmont, de Rosette.
-------de Marmont à Bonaparte, d'Alexandrie.
------------------à Menou, d'Alexandrie.
-------de Menou à Marmont, de Rosette.
------------------à Marmont, de Rosette.
-------de Bonaparte à Marmont, du Caire.
------------------à Marmont, du Caire.
-------de Marmont à Bonaparte, d'Alexandrie.
------------------à Bonaparte, d'Alexandrie.
------------------à Bonaparte, d'Alexandrie.
------------------à Bonaparte, d'Alexandrie.
-------de Bonaparte à Marmont, du Caire.
-------de Marmont à Bonaparte, de Rosette.
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU TOME PREMIER.