Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse (2/9)
CORRESPONDANCE ET DOCUMENTS
RELATIFS AU LIVRE NEUVIÈME
BERTHIER À MARMONT.
«Braun, le 8 décembre 1805.
«L'Empereur ordonne, monsieur le général Marmont, que vous preniez le commandement de la Styrie, et que vous y cantonniez votre corps d'armée de la manière la plus avantageuse pendant le cours de l'armistice. Vous ferez fournir les subsistances, les fourrages et tout ce qui sera nécessaire à votre troupe par la province que vous occuperez. Vous ferez les dispositions nécessaires pour refaire vos troupes et les mettre le plus promptement possible en état de faire la guerre. Envoyez-moi le plus tôt que vous pourrez l'état des cantonnements que vous aurez choisis.»
BERTHIER À MARMONT.
«Schoenbrunn, le 14 décembre 1805.
«L'Empereur désire, monsieur le général Marmont, que votre correspondance avec moi soit plus détaillée; que vous me fassiez connaître le rapport de tous vos espions; car il est de la dernière importance que je sache tout ce qui se passe dans le pays que vous occupez, ainsi que tout ce qu'on peut connaître de la position et des mouvements de l'ennemi.
«Correspondez avec le maréchal Ney et avec le maréchal Masséna.
«Tout en laissant reposer vos troupes, occupez-vous de les mettre promptement en état de rentrer en campagne; car, de vous à moi, il est probable que nous reprendrons incessamment les hostilités.»
BERTHIER À MARMONT.
«Schoenbrunn, le 16 décembre 1805.
«L'Empereur, général, me charge de vous demander où est le dépôt des deux cents caissons que vous lui avez écrit avoir dans votre commandement.
«Sa Majesté désire que vous rédigiez un mémoire sur la citadelle de Grätz. Combien de canons faudrait-il pour l'armer? Y a-t-il de l'eau, des bâtiments? Combien d'hommes peut-elle contenir? Pourrait-on y loger les dépôts, y établir des fours, des magasins de vivres, un arsenal pour les munitions, enfin des emplacements pour y déposer les bagages d'un corps d'armée de trente à quarante mille hommes? Combien il faudrait d'hommes pour la défendre?
«Si la citadelle de Grätz peut remplir l'objet dont je viens de vous parler, vous devez la faire armer et approvisionner de suite, et même y mettre un hôpital. L'opinion de l'Empereur est que, dans le genre de guerre que nous faisons, les hôpitaux de maladies graves ne peuvent sans inconvénient être placés de manière à les laisser prendre à l'ennemi.
«Vous vous êtes déjà trouvé dans le cas, général, où cette citadelle pouvait être utile, comme sagement vous l'avez fait en vous portant sur Vienne en manoeuvrant de manière à ce que le prince Charles ne pût s'y porter avant vous.
«Faites connaître si la citadelle de Grätz, sous les rapports dont il est question ci-dessus, peut, dans douze ou quinze jours de travail, servir à garder les magasins et les bagages d'un corps d'armée de trente à quarante mille hommes pendant huit à dix jours, étant défendue par trois ou quatre cents hommes, temps nécessaire pour que l'armée qui agirait pût venir prendre sa position.
«L'Empereur désire encore que vous fassiez reconnaître et prendre tous les renseignements pour avoir l'itinéraire bien exact de la route que devrait suivre une armée de trente à quarante mille hommes pour se rendre de Grätz à Pesth. Vous devez faire connaître l'étendue, la nature de la route, les défilés, les ravins, enfin la position que pourrait prendre l'armée. Vous m'enverrez le plus promptement possible ce travail, afin que je le mette sous les yeux de l'Empereur.»
BERTHIER À MARMONT.
«Schoenbrunn, le 18 décembre 1805.
«Je vous préviens, général, que je viens de donner l'ordre au général Dumonceau de partir demain de Vienne avec sa division pour se rendre à Neustadt et rentrer dans le corps d'armée que vous commandez.
«L'intention de l'Empereur, général, est que vous teniez une division à Bruck, de manière à vous porter le plus rapidement possible à Neustadt au secours du général Dumonceau, qui s'y trouvera, et dans le cas où il y aurait lieu.
«Je donne l'ordre à M. le maréchal Masséna d'envoyer une division de dragons à Marbourg et une division de cuirassiers à Cilli. L'intention de l'Empereur est que vous preniez les mesures nécessaires pour leur nourriture. Vous en préviendrez M. le maréchal Masséna.»
«P. S. Vous devez garder la frontière d'armistice depuis Neustadt jusqu'à Neubourg.»
BERTHIER À MARMONT.
«Schoenbrunn, le 28 décembre 1805.
«Vous avez vu par ma lettre d'hier, général, que la paix est signée.
«L'intention de l'Empereur est que, avec vos deux divisions françaises, vous preniez possession du Frioul et de la ligne de l'Isonzo, en attendant de nouveaux ordres. Mais, avant de vous y rendre, Sa Majesté ordonne que vous occupiez le comté de Grätz, Trieste et la Carniole, jusqu'à ce que la division française qui doit occuper la Dalmatie et l'Istrie en soit en possession.
«Par le traité de paix, les Autrichiens ont deux mois pour rendre la Dalmatie et l'Istrie; mais le moyen d'avoir ces deux provinces tout de suite, ce serait d'occuper Grätz, Trieste et la Carniole avec beaucoup de troupes pendant le mois que nous avons pour évacuer cette partie, et en disant aux Autrichiens que nous évacuerions sur-le-champ ces pays, qui leur tiennent tant à coeur, parce que cela gêne leur commerce, au moment où eux-mêmes évacueraient la Dalmatie et l'Istrie.
«Je joins ici les articles du traité de paix qui concernent l'évacuation respective des pays qu'on doit rendre.»
BERTHIER À MARMONT.
«Schoenbrunn, le 31 décembre 1805.
«L'Empereur, général, a donné des ordres directs au général Songis pour évacuer beaucoup d'artillerie sur Palmanova.
«Il paraît que vous vous trouvez contrarié par le départ de l'artillerie batave.
«Vous ne devez renvoyer de chevaux bataves que ce qui sera strictement nécessaire pour mener l'artillerie: s'il y a des chevaux haut-le-pied, gardez-les, et nous en compterons ensuite avec la République batave.
«Employez sur-le-champ tous les chevaux de votre artillerie, tous ceux que vous pourrez avoir par réquisition pour faire sortir le plus tôt possible de la Styrie l'artillerie et les fusils envoyés par le général Songis (quand je dis les fusils, il n'y aura aucun embarras à leur égard, puisqu'ils vont par la voie du commerce). Pour vous donner plus de temps, je n'ai point encore fait l'échange des ratifications: il n'aura lieu que demain. Ainsi calculez que vous aurez encore dix jours pour évacuer la Styrie; mais vous ne devez commencer aucun mouvement sans un ordre de moi.
«C'est dans la Carinthie et à Trieste que je vous laisserai, jusqu'au moment où les Autrichiens nous auront cédé la Dalmatie et l'Istrie: vous recevrez une instruction à cet égard demain ou après.
«Il résulte du traité que les troupes françaises doivent évacuer la Styrie dix jours après l'échange des ratifications, et que nous devons évacuer, dans deux mois, la Carinthie et la Carniole pour la partie occupée par vos troupes ou par celles du maréchal Masséna; et le maréchal Masséna n'aura sûrement pas fait évacuer Trieste que ses troupes n'aient été relevées par les vôtres. Écrivez-lui à cet égard.
«Ma précédente lettre n'était pas claire, n'ayant pas encore vu le traité; mais celle-ci vous met au fait.
«En résumé, quand vous aurez reçu l'ordre d'évacuer toute la Styrie, vous mettrez vos troupes dans la partie de la Carniole et de Carinthie que nous occupons, et surtout à Trieste, afin de gêner tellement les Autrichiens, qu'ils nous proposent de nous mettre en possession de l'Istrie et de la Dalmatie avant les deux mois de rigueur, et alors je consentirai à évacuer la Carniole et la Carinthie du même jour où ils céderont l'Istrie et la Dalmatie; mais, dans ce moment, il est question de faire promptement traverser la Styrie à l'artillerie que vous envoie le général Songis.»
BERTHIER À MARMONT.
«Lintz, le 26 janvier 1806.
«Je reçois, général, par M. le colonel Axamitouski, votre lettre du 18 janvier seulement aujourd'hui 25. Le retard que les plénipotentiaires ont mis à me faire connaître que l'intention de l'empereur d'Allemagne serait de rendre la Dalmatie plus tôt si nous évacuons la Haute-Autriche rend cette mesure sans effet, puisque M. de Lichtenstein me propose de nous remettre la Dalmatie et l'Istrie le 10 février, si nous évacuons à cette époque la Haute-Autriche, Trieste, etc. Vous verrez, par la copie de la note ci-jointe, ma réponse; si les plénipotentiaires approuvent quelque chose, vous en serez prévenu par le général Andréossi.
«Le général Lauriston et les troupes d'Italie devant prendre possession de la Dalmatie, vous n'aurez rien à faire à cet égard.
«Je vous recommande, général, de correspondre journellement avec moi par la poste, et, quand vous le jugerez nécessaire, par des officiers. Mon quartier général sera à Munich le 1er février.»
BERTHIER À MARMONT.
«Lintz, le 28 janvier 1806.
«Général, je vous autorise, dans le cas où les Autrichiens auraient remis à l'armée française, le 10 février, l'Istrie, la Dalmatie, les bouches de Cattaro, les îles vénitiennes et toutes les villes et forts qu'elles renferment, à évacuer Trieste, Goritz et tout ce que vous occupez des États de l'empereur d'Allemagne, c'est-à-dire à commencer votre mouvement le jour où vous apprendrez officiellement, par les commissaires Bellegarde et Lauriston, que nos troupes occupent l'Istrie, la Dalmatie, les îles vénitiennes, les places et forts qu'elles renferment, et les bouches de Cattaro. Alors vous vous rendrez en Italie avec vos deux divisions françaises, et vous prendrez possession du Frioul et de la ligne de l'Isonzo. Vous aurez soin de m'instruire de votre marche et des positions que vous occuperez.
«Si cela a lieu, je présume que vous pourriez partir vers le 10 février.»
LE PRINCE EUGÈNE À MARMONT.
«Vérone, le 30 janvier 1806.
«J'ai reçu, monsieur le général, votre lettre du 26 janvier. Le général Molitor est parti pour prendre possession de la Dalmatie: le général Seras partira sous peu de jours pour occuper l'Istrie. Il est probable que vous ne tarderez pas à faire votre mouvement sur l'Italie; cependant je présume que vous attendrez peut-être l'avis du général Lauriston à cet effet. Quant à l'officier que vous me recommandez, je lui porte depuis longtemps des sentiments d'amitié; ainsi je compte l'employer au service du royaume d'Italie: j'attendrai pour cela votre arrivée, ne pouvant dans le moment même lui donner une place.
«Je vous renouvelle, monsieur le général, l'assurance de mes sentiments distingués.»
BERTHIER À MARMONT.
«Munich, le 5 février 1806.
«Je ne vois point d'inconvénient, général, à ce que, du moment où vous serez instruit officiellement par le commissaire de Sa Majesté, le général Lauriston, que nos troupes sont en possession de l'Istrie et de la Dalmatie, vous évacuiez Trieste, le comté de Goritz et toute la partie des États de l'empereur d'Allemagne où vous avez des troupes, pour entrer dans le Frioul. Mais, comme je vous l'ai mandé, vous aurez soin d'avoir une avant-garde à Monfalcone et d'occuper Udine, afin de faciliter votre communication avec l'Istrie et la Dalmatie.
«J'aurais désiré que vous eussiez joint au travail que vous m'avez envoyé pour la Légion d'honneur les pièces à l'appui, c'est-à-dire les demandes faites par les corps, ces états devant être annexés au travail général.»
«P.S. Du moment que vous serez dans le pays vénitien, vous devrez rendre compte des ordres que vous recevrez de moi à Son Altesse le prince Eugène Napoléon; mais, comme je vous le dis, occupez Monfalcone et Udine.
«J'ai des nouvelles de l'Empereur du 30. Sa Majesté se portait bien.
«J'évacuerai successivement les États d'Autriche, aux termes fixés par le traité: du reste, rien de nouveau.»
BERTHIER À MARMONT.
«Munich, le 10 février 1806.
«Je ne puis qu'approuver, général, toutes les mesures que vous avez prises pour hâter la remise de la Dalmatie et de l'Istrie; tout ce que vous avez fait à cet égard est conforme aux intentions de l'Empereur: vous devez être dans ce moment dans le Frioul vénitien, en occupant Udine et Monfalcone.
«J'ai fait connaître à l'Empereur le désir que vous avez d'être employé d'une manière active, et de trouver les occasions de déployer et votre zèle et vos talents; mais, général, toutes les dispositions de Sa Majesté tiennent tellement à la marche politique des affaires, qu'on ne peut rien prévoir, et c'est quand l'occasion se présente à l'Empereur, et au moment où on s'y attend le moins, qu'il donne les marques les plus éclatantes de sa confiance.»
LE PRINCE EUGÈNE À MARMONT.
«Milan, le 26 février 1806.
«Je vous préviens, monsieur le général Marmont, que Sa Majesté, par sa lettre du 11 février, me prévient que vous faites partie de l'armée d'Italie, avec le corps sous vos ordres; votre quartier général doit être à Udine, et le projet de cantonnement que vous m'avez envoyé cadre avec les intentions de l'Empereur, qui tient également à conserver à Monfalcone un bataillon et un escadron. L'intention formelle de Sa Majesté est qu'aucune troupe autrichienne, aucun soldat, aucun officier, ne passe l'Isonzo. Comme il y a, le long de l'Isonzo, quelques villes ou villages appartenant aux Autrichiens, vous en ferez prendre possession avant qu'aucune troupe autrichienne arrive; il serait même nécessaire d'y envoyer sur-le-champ des postes, soit d'infanterie ou de cavalerie; seulement pour le premier moment, car il faudra des postes de cavalerie partout, d'après les ordres de Sa Majesté, qui tient tellement à cette occupation et conservation de cette limite, dans toute son intégrité, qu'elle me rend responsable, ainsi que vous, de l'exécution stricte de ses ordres à cet égard. En un mot, la limite du royaume d'Italie est l'Isonzo, et de plus Monfalcone; et, s'il y a des réclamations, vous tiendrez ferme; vous pouvez répondre que c'est par ordre de Sa Majesté, qui s'en entendra avec l'empereur d'Autriche.
«Je vous adresse cette lettre par mon aide de camp, le chef d'escadron Delacroix; vous voudrez bien, par son retour, me faire part des dispositions que vous aurez prises, afin que je puisse en rendre compte sur-le-champ à Sa Majesté, qui exige une réponse prompte à cet égard.
«Dans le cas où vous ne seriez pas encore dans le cas de faire passer l'Isonzo à quelques-unes de vos troupes, je vous prie de faire le projet des détachements pour les différentes villes ou villages autrichiens sur la rive droite de l'Isonzo; et je donne des ordres à mon aide de camp pour faire exécuter les vôtres à ce sujet par le 15e régiment de chasseurs, qui est à Udine.
«Je vous serais obligé de m'envoyer l'état exact des possessions autrichiennes sur la rive droite de l'Isonzo.»
LE GÉNÉRAL MOLITOR À MARMONT.
«Macarsca, le 8 mars 1806.
«Les Autrichiens m'ont cédé la majeure partie des places et ports de la Dalmatie dans le désarmement le plus complet. Non-seulement ils en ont évacué leurs munitions, mais même les munitions ex-vénitiennes, qui, aux termes du traité de paix, appartenaient au royaume d'Italie. Ce qui pourra vous surprendre davantage, c'est qu'après avoir vaincu des difficultés dont aucun pays du monde n'offre d'exemples pour porter mes troupes en Albanie, et être parvenu aux frontières de Raguse, les troupes autrichiennes, l'élite du régiment de Thurn, sans avoir été attaquées, sans avoir manqué de vivres, sans avoir été inquiétées par les habitants de leurs garnisons (qui nous attendaient à bras ouverts), sans avoir tiré un coup de fusil enfin, ont reçu l'ordre de céder et ont cédé le 5 de ce mois aux troupes russes toutes les places des bouches de Cattaro, dont la principale était en état de soutenir un siége avec moins de troupes qu'elle n'en contenait.
«Le prince Eugène m'ayant interdit de commencer aucune hostilité, je m'empresse de rendre compte à Son Altesse de toutes ces circonstances; elles vous confirmeront sans doute, mon général, dans la nécessité de garder Trieste et la Carniole, pourvu que ces provinces soient encore en votre pouvoir.
«Veuillez bien agréer l'assurance de la très-haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être,» etc.
EXTRAIT DUNE LETTRE DE S. M. L'EMPEREUR
À S. A. I. LE VICE-ROI.
«13 mars 1806.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
«Écrivez à Marmont qu'il fasse des reconnaissances depuis Palmanova jusqu'à Cividale et Caporetto. J'ai perdu de vue les localités que j'ai cependant bien connues; mais, autant que je puis m'en souvenir, du moment qu'on sort de Goritz et qu'on a monté la vallée de l'isonzo, il devient impossible de se porter sur Udine. Il n'y a aueun chemin de voitures. Ainsi, dans toute la vallée de l'Isonzo, on ne peut arriver à Udine que par Caporetto, par le grand chemin de Cividale, qui part d'Isonzo, c'est-à-dire par Osopo, et enfin par Gradisca, c'est-à-dire par Palmanova. S'il en était ainsi, mon intention serait d'avoir, sur le chemin d'Udine à Caporetto, une place forte. Il faut donc que Marmont fasse la reconnaissance du pays et qu'il choisisse le lieu. Ce n'est point une place de dépôt. Ce serait une place qui renfermerait tout le système défensif à établir dans la vallée; mais, pour cela, il faut des localités faites exprès. S'il était impossible de trouver un site qui fermât la vallée qui conduit de Caporetto à Cividale, alors un simple fort dans une belle position, le plus près possible de la frontière ennemie, pourrait suffire. Ce fort, maîtrisant la grande route, gênerait toujours d'autant les opérations de l'ennemi, les surveillerait et servirait de magasin naturel aux corps qui seraient placés pour défendre le débouché de Caporetto. Il serait nécessaire de reconnaître la Chiusa vénitienne, qui se trouve située entre la Ponteba et Osopo. Existe-t-elle? est-elle en bon état? Que faut-il faire pour la mettre dans le cas de fermer tout à fait la vallée et de servir d'avant-poste à Osopo? . . . . . . . . . . . . . . . . . .»
LE PRINCE EUGÈNE À MARMONT.
«Milan, le 18 mars 1806.
«Je vous envoie, monsieur le colonel général, l'extrait d'une lettre de Sa Majesté l'Empereur et roi, en date du 13 de ce mois. Elle désire que ses ordres soient remplis le plus tôt possible. Il sera nécessaire que vous fassiez un mémoire bien détaillé sur l'objet des demandes de Sa Majesté, et vous me l'adresserez pour que je le lui transmette, conformément à ses ordres.
«Je serais bien aise, monsieur le colonel général, que vous profitiez de votre séjour à Udine pour surveiller les travaux qui ont été ordonnés à Palmanova et Osopo. Vous m'enverriez, chaque semaine, un petit rapport sur ces travaux, auxquels Sa Majesté met beaucoup de prix, et je trouverais ainsi l'occasion de multiplier mes rapports avec vous. Sur ce, monsieur le colonel général, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.»
BERTHIER À MARMONT.
«Munich, le 17 avril 1806.
«Je profite, général, d'un courrier que M. la Bouillerie me demande pour envoyer à votre corps d'armée pour faire exécuter un ordre de l'Empereur que lui transmet le ministre du Trésor public, ainsi que vous la verrez par la lettre ci-incluse.
«Je saisis cette occasion, mon cher Marmont, pour vous inviter à m'écrire toutes les semaines par la poste, par Vérone et Trente, et à me donner des détails, tant sur votre position que sur votre corps d'armée; car vous n'êtes que détaché sous les ordres du vice-roi, et vous faites toujours partie de la grande armée. D'ailleurs, mon cher Marmont, l'amitié que j'ai pour vous me rend précieuse votre correspondance.
«Je viens de recevoir un courrier de M. de la Rochefoucauld, relativement à nos affaires avec la cour de Vienne. À la fin de sa lettre est le paragraphe suivant: voyez si ce que l'on dit est fondé.
«Les différents décasteres sont effrayés des rapports qu'ils reçoivent sur les propos que les agents autrichiens attribuent à l'état-major du général Marmont et aux généraux qui composent son armée. Ces propos annoncent la prochaine entrée de nos troupes dans la Carniole. Je ne vous fais part,» etc.
«C'est à vous seul, mon cher général, à juger si cela a quelque fondement. Nous sommes à la vérité sur nos gardes; je conserve Braunau. Nous gardons nos positions, mais nous ne sommes point en guerre.»
BERTHIER À MARMONT.
«Munich, le 22 avril 1806.
«Une note que je reçois de M. de la Rochefoucauld, général, m'oblige à vous expédier de nouveau un de mes courriers.
«Il me demande: 1° Le général Marmont a-t-il l'ordre d'occuper la partie des États héréditaires autrichiens situés entre l'ancienne frontière et la rive droite de l'Isonzo?
«2° Les intentions de Sa Majesté Impériale et Royale sont-elles que l'on frappe de réquisitions ce pays?
«J'ai dû provisoirement répondre que je ne savais pas que vous eussiez l'ordre d'occuper les pays appartenant à l'Autriche, sur la rive droite de l'Isonzo.
«Vous verrez, par la copie de trois lettres que je vous envoie, que l'on continue à faire des réquisitions sur le territoire autrichien, ce que le cabinet de Vienne réclame comme une contravention à l'article 22 du traité de paix.
«Je vous prie, général, de me faire connaître les ordres que vous pourriez avoir reçus de l'Empereur directement, et qui seraient contraires aux dispositions du traité: je vous demanderai également quelques détails sur votre position à l'égard du territoire autrichien et de la ligne militaire que vous devez occuper conformément au traité.
«Les trois lettres dont je vous envoie copie prouveraient que l'on frappe encore des réquisitions sur le territoire autrichien, ce qui est évidemment contraire au traité. Je vous prie de me donner des éclaircissements sur cet objet, afin que je puisse répondre à M. de la Rochefoucauld.»
LE PRINCE EUGÈNE À MARMONT.
«Varèze, le 2 juillet 1806.
«Vous aurez sans doute été prévenu que le général Lauriston, attaqué par des forces supérieures, a cru devoir se renfermer dans Raguse. Le général Molitor marche pour tourner l'ennemi, et j'envoie de l'Istrie par mer le 60e régiment. En conséquence, vous voudrez bien envoyer en Istrie le 18e régiment d'infanterie légère, en gardant son dépôt et les hommes qui ne sont point à l'école de bataillon à Pardenone, où se trouve en ce moment le régiment. Aussitôt que les événements deviendront plus tranquilles de ce côté, ce régiment vous rentrera probablement.
«Je rends compte du présent ordre à Sa Majesté.
«Sur ce, monsieur le colonel général, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.»
LE PRINCE EUGÈNE À MARMONT.
«Monza, le 12 juillet 1806.
«Je m'empresse de vous adresser, monsieur le général Marmont, avec une lettre de Sa Majesté, la copie d'un décret qui vous nomme général en chef de l'armée de Dalmatie. L'intention de Sa Majesté est que vous partiez vingt-quatre heures après la réception de sa lettre. Votre premier soin sera de dégager le général Lauriston. Vous vous ferez suivre par deux bons bataillons de guerre du 18e régiment d'infanterie légère, et, si vous le jugez convenable, par deux bataillons d'un autre régiment. Je dis si vous le jugez convenable, car vous allez avoir à Zara le 60e régiment, qui est porté à trois bataillons, mais qui, d'après les ordres de Sa Majesté, doit être réduit à deux bataillons de guerre, et les troisième et quatrième bataillons doivent être renvoyés en Istrie. Le troisième bataillon de dépôt du 18e régiment d'infanterie légère reviendra dans le Frioul. Vous emmènerez avec vous votre chef d'état-major, votre général d'artillerie, votre commissaire ordonnateur en chef. Il y a en Dalmatie un général du génie, mais vous ferez bien d'emmener le colonel qui commande en ce moment le génie du deuxième corps sous vos ordres, et deux officiers du génie. Vous pourrez emmener, si vous le jugez nécessaire, deux officiers supérieurs d'artillerie et quatre capitaines en second; vous pouvez emmener une compagnie de canonniers au grand complet et six ou huit pièces de campagne. Je vous engage à les prendre des calibres de six, et obus de cinq pouces six lignes. Ce sont les calibres que vous trouverez en Dalmatie. Vous emmènerez vos différents chefs de service, et surtout ce qui concerne les hôpitaux et beaucoup d'infirmiers. Il faut que les troupes que vous emmènerez aient, s'il est possible, trois paires de souliers par homme; le cuir et la toile manquent en Dalmatie. Sa Majesté désire que vous pressiez le plus possible ce mouvement. Vous allez donc avoir, en sus de ce que le général Molitor avait en Dalmatie, deux bons bataillons de guerre du 60e régiment, deux bataillons de guerre du 18e léger, un des chasseurs brescians, deux bataillons de la garde italienne, qui sont en marche, et enfin, si vous le jugez convenable, deux autres bataillons. Cependant l'intention bien formelle de Sa Majesté est que, lors de votre arrivée à Zara, si vous apprenez que Raguse a été dégagé par le général Molitor, alors vous devez renvoyer ces deux derniers bataillons. Vous verrez, d'après la copie des instructions que vous enverra l'état-major général, et que j'avais donnée par ordre de l'Empereur, que les deux bataillons de la garde et les chasseurs brescians sont destinés pour le corps d'armée du général Lauriston. Sa Majesté ne me dit pas que vous devez emmener des généraux, parce qu'elle sait qu'il y en a beaucoup en Dalmatie; cependant vous pouvez emmener avec vous un général de division ou un général de brigade, suivant que vous le jugerez convenable.
«Sa Majesté ayant nommé le général Lauriston gouverneur de l'Albanie et de Raguse, et ne m'en parlant pas dans sa dernière lettre, il continue à ne pas faire partie de l'armée de Dalmatie. Cependant, pour le bien du service, il est indispensable que vous correspondiez ensemble.
«Vous voudrez bien me faire envoyer, avant votre départ, par votre chef d'état-major, l'état de situation bien détaillé du corps d'armée que vous laissez dans le Frioul.
«Le chef d'état-major général vous adressera la situation des troupes en Dalmatie.»
FIN DU TOME DEUXIÈME.
TABLE DES MATIÈRES
Expédition de Syrie.--Conférence avec le général Menou.--Alexandrie fortifiée.--Flottille envoyée au corps expéditionnaire en Syrie--Conséquences de l'insuccès à Saint-Jean-d'Acre.
Les pestiférés et les prisonniers.--Insurrection dans la province de Bahiré.--Flotte turque à Aboukir (12 juillet 1799).--Bonaparte à Alexandrie (22 juillet).--Bataille d'Aboukir (25 juillet).
Le général en chef prend la résolution de rentrer en France.--Son départ.--M. Blanc.--Navigation dangereuse.--Débarquement à Fréjus.--Anecdote.--Bonaparte se rend à Paris (octobre 1799).
CORRESPONDANCE DU LIVRE QUATRIÈME.
Berthier à Marmont, de Gaza.
Marmont à Bonaparte, d'Alexandrie.
Berthier à Marmont, de Jaffa.
-- -- de Saint-Jean-d'Acre.
Marmont à Bonaparte, d'Alexandrie.
-- -- d'Alexandrie.
-- -- d'Alexandrie.
-- -- d'Alexandrie.
-- -- d'Alexandrie.
-- -- d'Alexandrie.
-- -- d'Alexandrie.
-- -- d'Alexandrie.
Bonaparte à Paris.--Les directeurs.--18 brumaire.--Consulat.--Mesures administratives.--1800. Campagne d'Italie.--Réunion de l'armée de réserve à Dijon.--Situation des armées française et autrichienne.
Passage du Saint-Bernard.--Le fort de Bard.--Difficultés immenses.--Entrée à Milan.--Passage du Pô.--Les troupes françaises sur les bords de la Bormida.--Desaix.--Novi.--Bataille de Marengo (14 juin 1800).--Charge de Kellermann.
Réflexions sur cette bataille.--Mort de Desaix et de Kléber.--Égypte.--Conséquences de la victoire de Marengo.--Desaix.--Armistice d'Alexandrie (16 juin).
Masséna commande l'armée d'Italie.--Fête du 14 juillet à Paris.--Brune remplace Masséna.--Reprise des hostilités.--Campagne de 1800 à 1801 en Italie.--Retraite des Autrichiens.--Passage du Mincio (26 décembre).--Davoust et Brune.--L'armée sur l'Adige (31 décembre 1800).--Entrée à Vérone.
Macdonald débouche du Splügen.--Armistice de Trévise.--Visite au général en chef.--Le colonel Sébastiani.--Démolition des places fortes.--Fénestrelles.--Mantoue.--Paix de Lunéville.--Davoust.
Retour de Marmont à Paris.--Rétablissement du culte catholique (1802).--Le Code civil.--Institution de la Légion d'honneur.--Marmont inspecteur général d'artillerie.--Message du roi d'Angleterre.--Déclaration de guerre.--Distribution de l'armée sur les côtes.--L'Américain Fulton.--Polémique concernant les bateaux plats.
Stratégie navale.--Villeneuve et Calder.--Confiance de l'Empereur dans le succès de l'expédition en Angleterre.--Entretien d'Augsbourg.--Le général Foy.--Marmont au camp d'Utrecht.
Le général Victor en Hollande.--Le Directoire batave.--Inspection générale.--Établissement du camp.--Conditions locales.--Pichegru.--Érection de l'Empire.--Nomination des maréchaux.--Pourquoi est-il maréchal?
Retour au camp.--Facilités.--Choix de l'emplacement.--État sanitaire.--Instruction des troupes.--Grand concours d'étrangers.--Députation des magistrats d'Amsterdam.--Fêtes.--Marmontberg.--Conditions des mouvements d'armée.
Quartiers d'hiver.--Couronnement de l'Empereur.--Plus rien de grand à faire.--Joseph Bonaparte.--Le vilain titre de roi.--Affaire des marchandises anglaises.--Mauvais vouloir du Directoire hollandais.--Il est remplacé par le grand pensionnaire.
Visite des provinces.--État physique de la Hollande.--Les digues.--Leur conservation.--Leur forme.--Visite dans l'île de Valcheren et de Gorée.--Accidents des digues.--Inondations des fleuves.--Activité des habitants contre leurs ravages.--Remèdes indiqués.
Voyage dans la Nord-Hollande.--Retour au camp.--Sa levée.--Préparatifs d'embarquement.--Nouvelle du combat d'Ortegal.--L'armée débarque.--Elle est dirigée sur le Rhin.
CORRESPONDANCE DU LIVRE SEPTIÈME.
Le ministre de la guerre à Marmont, de Paris.
-- -- de Paris.
-- -- de Paris.
Le grand chancelier de la Légion d'honneur à Marmont, de Paris.
L'ambassadeur de Sémonville à Marmont, de la Haye.
Le ministre de la guerre à Marmont, de Paris.
-- -- de Paris.
M. de Sémonville à Marmont, de la Haye.
-- -- de la Haye.
-- -- de la Haye.
Berthier à Marmont, de Paris.
-- -- de Boulogne.
-- -- de Boulogne.
-- -- de Boulogne.
-- -- de Boulogne.
L'armée dirigée sur Mayence.--Le capitaine Leclerc et l'électeur de Bavière.--Arrivée à Wurtzbourg.--Le territoire d'Anspach.--L'armée autrichienne.--Détails.--Mack.--L'esprit et le caractère.--Disposition de l'armée.--Obstination de Mack.--Combat de Wertingen: Lannes et Murat--Ney au pont de Gunzbourg.
L'Empereur à Augsbourg.--Position de Pfuld.--L'ennemi cerné.--L'archiduc Ferdinand.--Description de la place d'Ulm.--Les nouvelles fourches.--Valeur comparée des troupes françaises et étrangères.--L'armée sur l'Inn.
Marmont dirigé sur Lambach, sur Steyer.--Une partie de l'armée sur la rive gauche du Danube, à Passau.--Combat d'Amstetten.--Mortier à Dürrenstein.--Marmont à Leoben à la rencontre de l'armée de l'archiduc Charles.--Bataille de Caldiero: Masséna contre l'archiduc.
Marche de Marmont en Styrie.--Le capitaine Onakten.--Le capitaine Testot-Ferry: brillant fait d'armes.--Incertitudes sur la direction de l'archiduc Charles.
Marmont prend position à Gratz.--Sécurité de l'Empereur à l'égard de l'archiduc Charles.--Le hasard, la bravoure, la présence d'esprit, et le pont du Thabor: Lannes et Murat.
La surprise du pont décide la direction de la campagne.--Bataille d'Austerlitz.--Les sacs russes.--Retraite de Marmont sur Vienne. L'armistice.
CORRESPONDANCE DU LIVRE HUITIÈME.
Berthier à Marmont, de Paris.
-- -- de Paris.
-- -- de Paris.
-- -- de Strasbourg.
-- -- d'Ettlingen.
-- -- de Donauwert.
-- -- de Donauwert.
-- -- d'Augsbourg.
-- -- d'Oberfullen.
-- -- de Munich.
-- -- de Braunau.
-- -- de Laynbach.
-- -- de Lintz.
Marmont à Grätz jusqu'à la paix.--Masséna en Illyrie.--Le fort de Grätz.--Coup d'oeil sur la campagne qui vient de finir.--Conséquences de la violation du territoire prussien: détails.--Grätz.--Ordre d'occuper le Frioul.--Les Autrichiens livrent Cattaro aux Russes.
Séjour à Trieste.--Mort du père de Marmont.--Les faux illyriennes.--Les enclaves du Frioul.--Les Fourlous parlent languedocien.--Le corps d'armée de Marmont à Monfalcone et à Sacile.
Trombe de Palmanova.--Système de défense de la frontière italienne contre l'invasion des Allemands.--Forts à Malborghetto, à Caporetto, à Canale.--Le coffre-fort d'Osopo.--Visite à Udine et à Milan.
Eugène Beauharnais.--Passion de Marmont pour l'Italie.--Perspicacité des Italiens.--Les conscrits parisiens.--Laurislon en Dalmatie.--Il prend possession de Raguse.--Le Monténégro: son organisation.
Le système constitutionnel se soulève contre Lauriston.--Description de la place de Raguse.--Lauriston assiégé.--Molitor et Marmont viennent à son secours.--Étonnement de Lauriston.--Molitor obligé de s'arrêter à la porte.
Le général Thiars; anecdote.--Dandolo à Zara: son importance affectée.--Fêtes et visites à madame Dandolo.
CORRESPONDANCE DU LIVRE NEUVIÈME.
Berthier à Marmont, de Braun.
-- -- de Schoenbrunn.
-- -- de Schoenbrunn.
-- -- de Schoenbrunn.
-- -- de Schoenbrunn.
-- -- de Schoenbrunn.
-- -- de Lintz.
-- -- de Lintz.
Le prince Eugène à Marmont, de Vérone.
Berthier à Marmont, de Munich.
-- -- de Munich.
Le prince Eugène à Marmont, de Milan.
Le général Molitor à Marmont, de Macarsa.
Extrait d'une lettre de S. M. l'Empereur à S. A. I. le vice-roi.
Le prince Eugène à Marmont, de Milan.
Berthier à Marmont, de Munich.
-- -- de Munich.
Le prince Eugène à Marmont, de Varèze.
-- -- de Monza.
FIN DE LA TABLE DES MATIERES DU TOME DEUXIÈME.