Nos frères farouches : $b Ragotte, Les Philippe
III
LUCIENNE
Il faut que Ragotte s’achète un bonnet de dame qu’elle ne mettra que le jour de la noce. Son Paul se mariera-t-il à temps pour que le bonnet puisse servir encore ?
Le gendre, Marius, vient demain pour la première fois. Va-t-il coucher ?
— Conseillez-moi, madame, dit-elle à Gloriette. Je ferai tout ce que vous voudrez. Quand je ne saurai plus, je vous demanderai. Vous me servirez de mère.
Ragotte trouve enfin ce qu’elle fera à Marius pour son dîner :
Après la soupe, elle cassera des œufs.
Elle lui prépare aussi un bonnet de coton.
— On n’est pas à la ville, dit-elle, avec son petit orgueil modeste ; moi non plus, je ne serais pas embarrassée de bien faire, si j’avais tout ce qu’il faut.
RAGOTTE
Oh ! les parents de ton futur ne vont pas venir, c’est trop loin.
LUCIENNE
Tu crois ça, toi ! parce que tu n’oses pas monter en chemin de fer, tu t’imagines que les autres ont peur de se déranger. Tâche plutôt de retourner ton bas de laine. Dans le pays de Marius, ils font la noce trois jours !
Et Lucienne ne cesse de jeter des choses dans les jambes de Ragotte.
— Tu n’es pas capable de cirer mes souliers, jamais tu ne me réveilleras à l’heure !
— Lucienne a tort, dit Gloriette à Philippe, de parler durement à sa mère.
— Ma foi ! madame, répond Philippe, je ne dis rien parce qu’elle ne me dit rien ! Si elle me parlait comme ça, à moi, j’aurais vite fait de la rembarrer !
— Je lui passe tout, dit Ragotte, parce qu’elle va s’en aller, comme l’autre.
— Quel autre ?… Ah !
— Jamais mon petit Joseph ne me faisait d’affront ; il était trop bien montré par ses maîtres. Un jour qu’il avait faim d’un œuf cuit dans la cendre, je lui sers l’œuf sur notre petite table. Il le mange et met les coquilles comme il faut, à côté de lui, et il veut ramasser les mies de pain par terre. Je lui dis : « Laisse donc ! ne te salis pas les mains. Ton frère et ta sœur ne prennent point les mêmes précautions, et ce n’est pas près que tu sois aussi malpropre qu’eux ! »
Mais Ragotte se précipite : Voilà une corbeille d’œufs et la farine pour les brioches !
— Ce qu’ils nous font trotter, dit-elle, ces deux saloperies !
C’est ainsi qu’elle appelle les fiancés.
La famille de Marius Carol arrive du Midi, le père, la mère et un frère soldat, lequel rapporte des manœuvres une colique qui n’est pas dans une musette.
Ils ont voyagé toute la nuit et personne ne les attendait à la gare.
Philippe comptait sur Lucienne qui comptait sur le Paul qui n’y pensait plus.
Les Carol sont chargés de paquets. On ne s’élance pas pour les débarrasser. Ragotte est assise dans un coin de la cour et plume des poulets. Philippe cloue des draps et du feuillage aux murs de la grange où se fera la noce.
— Philippe, dis-je, c’est peut-être le moment de saluer votre nouvelle famille !
— Oui, monsieur.
— Dérangez-vous ! Allez donc !
Il faut que je le pousse et que je lui prenne son marteau des mains. Ragotte se décide à se lever.
Le Centre et le Midi s’abordent et mêlent leurs accents.
M. Carol corrige un peu le sien, mais Philippe garde son patois de tous les jours.
M. Carol est habillé à la mode de son pays. Le gilet laisse voir une ceinture de flanelle bleue. Sous un large feutre, il a le port sans modestie de là-bas. Il appartient aux ponts et chaussées. Mme Carol peut passer pour une Arlésienne, à cause de son bonnet. Par comparaison, les Philippe semblent ternes. La vieille culotte de Philippe reste ouverte. Ragotte se tient comme une pauvre servante effarée.
— Ah ! moi, dit Philippe, je retourne à mon travail.
Les Carol demeurent plantés au milieu de la cour.
Venant du Midi, ils ont apporté un panier de raisin. Ragotte l’expose tout de suite au soleil, sur un banc. Les guêpes ne tardent pas à bourdonner. Ragotte, les mains croisées, médite et se demande si elle ne devrait pas écarter un journal dessus.
— Vous avez toute la peine, monsieur Philippe, vous plaît-il qu’on vous aide ?
La surprise empêche Philippe de répondre. Ce monsieur saurait-il planter un clou ?
Le soldat a une idée : deux guirlandes, parties des quatre coins, se croiseraient sous les voûtes de la grange ! Mais c’est une idée que nous avons eue déjà, Philippe et moi. Aucun succès. Silence.
M. Carol insiste et offre encore un coup de main.
— Pas besoin, dit Philippe.
— Allez plutôt faire un tour, dis-je, voir le jardin.
Ils répondent : « Ce sera très joli, cette grange ! » et ils s’éloignent.
— Nous sommes un peu dépaysés, avoue M. Carol. Quand on ne connaît pas l’endroit !
Mme Carol ne sait où se tenir. Elle répète, parmi les casseroles et les volailles de Ragotte :
— Je vous gêne, je vous gêne !
— Oh ! je ne fais pas attention à vous, dit Ragotte.
— Ma bru a l’air doux, dit M. Carol à Gloriette.
Ce n’est pas le moment de soutenir le contraire.
— Elle fera de Marius ce qu’elle voudra, ajoute M. Carol. Ce n’est pas un homme qu’elle épouse, mais un « moutonne ».
Ragotte ne leur a rien préparé. Elle pensait qu’ils ne devaient manger que le jour de la noce.
— Ils ne se connaissent seulement pas, dans leur famille, dit Philippe. Les enfants disent vous au père et à la mère !
Marius pouvait choisir là-bas entre dix demoiselles qui avaient toutes une position, et l’une d’elles possédait plus de vingt mille francs ! Mais Marius a préféré Lucienne pauvre.
M. et Mme Carol n’ont pas fait d’objection.
— Épouse-la, petit !
— Lucienne est une fille raisonnable et ordonnée, dit Gloriette.
— Et honnête, dis-je.
— N’est-ce pas ? dit Mme Carol, inquiète.
— Oui, madame.
— Écoute, dit Mme Carol à M. Carol, monsieur affirme que Lucienne est honnête.
— Ah !
— Très honnête, à fond, dans tous les sens.
— Combien a-t-elle fait de places ?
— Cinq ou six.
— Et vous croyez que…?
— J’en suis sûr, dis-je, comme si je le savais.
— Où est leur maison ? me demandent M. et Mme Carol.
— La maison des Philippe ? c’est la nôtre. Vous voyez qu’ils vivent chez nous, ils y sont installés.
— Ils ont une maison à eux ?
— Non.
— Une maison natale, de famille ; on a une maison.
— Ils en avaient une, elle est vendue.
— Tiens !
— Elle était toute petite et vieille ; elle tombait. Ils l’ont vendue plus cher qu’elle ne valait, à un voisin riche. Une belle occasion !
— Où habiteront-ils plus tard, une fois vieux ?
— Encore chez nous.
— Et si vous leur manquiez ?
— Ce n’est pas probable.
— C’est possible.
— A notre mort ?
— Pardon !… s’ils vous quittaient de force, d’eux-mêmes ?
— Dame ! ils chercheraient ailleurs. On trouve toujours de quoi se loger.
— Pas de maison à eux ! répète M. Carol.
— C’est drôle ! dit Mme Carol.
Ils se regardent, un peu humiliés et dédaigneux ; car ils possèdent, là-bas, maison à eux, cheval et voiture, avec une vigne, et ils vendent même du vin aux amis.
Leur grand air ne trouble point Philippe.
— Supposons, m’explique-t-il, que je sois allé chez eux ! Moi aussi, je me serais nippé pour l’occasion, et j’aurais dit, comme ces gens-là, que nous sommes propriétaires. Mais je ne crois pas ce qu’ils racontent, et je suis à peu près sûr qu’ils n’ont rien.
Et il refuse de savoir le nom de leur pays.
PHILIPPE
Nous viendrons vous voir samedi.
LE CURÉ
Quelle cérémonie désirez-vous ?
PHILIPPE
Ce n’est pas la peine de dépenser tant d’argent !
LE CURÉ
Je ne dis jamais de messe le samedi. Je ne peux que vous donner une bénédiction.
PHILIPPE
Oh ! ça suffit bien ?
LE CURÉ
Ça suffit. Il y a une bénédiction de trente francs et une autre de neuf francs et quelques centimes.
PHILIPPE
J’aime mieux celle de neuf francs.
MONSIEUR LE CURÉ
Et quelques centimes. Elle sera aussi bonne.
— Ce qui m’embête le plus, dit Philippe, c’est de prendre Lucienne par l’aile pour la mener à la mairie. Mais je la lâcherai sur la route jusqu’à l’église. Deux kilomètres, ah ! non ! Elle marchera bien toute seule.
Le jour du mariage, dès cinq heures du matin, il passe sa chemise propre et travaille aux préparatifs.
C’est dans l’écurie de Jaunette que Ragotte se débarbouille et met son bonnet noir neuf.
Le parrain de la mariée porte au côté gauche un énorme bouquet blanc, avec de larges rubans qui volent.
Le Midi n’en revient pas. Il n’a jamais rien vu de plus ridicule.
— On me paierait cinquante francs, me dit M. Carol, que je ne voudrais pas être à la place de cet homme !
— Il serait bien fier ! me dit Philippe.
Alexandrine, l’aînée des sœurs de Ragotte, n’est pas venue ; on espérait encore la trouver au banc familial de l’église. Point. Il paraît qu’il fallait, selon la mode, lui faire deux visites, la première pour annoncer le mariage, la deuxième pour fixer la date.
— C’est vrai que je lui ai manqué, dit Ragotte, soumise. Mais elle croit que je suis libre de mon corps. Elle cherche toujours des manières et on ne peut pas la décrotter.
Le violoneux les attend à la sortie de la messe et, tout de suite, il se met à jouer le même air sur ces paroles différentes :
« Le marié dit :
— Je la tiens ! je la tiens ! je la tiens !
La mariée dit :
— Il est pris, il est pris, l’hébété ! »
Sans compter les douzaines de brioches, il y a deux sortes de galettes : la galette aux bretelles, qui se compose de semoule et de bandes de croûte croisées par-dessus, comme des bretelles, et la galette aux herbes, dite au mal de jambe.
Par dépit, les Carol s’amusent entre eux, et un mot de là-bas, qu’ils prononcent avec l’accent, les fait éclater de rire.
Le musicien n’a qu’un œil et qu’une dent ; ce n’est pas compliqué.
Il passe pour avoir gagné plus de cent mille francs avec son violon.
Il ne change d’air que s’il change de place.
Quand il ne joue pas, il mange. Il parle peu et méprise les danseurs, sauf moi qui ai dû danser beaucoup dans ma jeunesse.
— Vous devez être musicien, dit-il.
— Non.
— Oh ! ça se voit.
— Vous trouvez ? Peut-être.
Mais non ! Mais non ! Toujours mentir !
Le branle.
Deux jeunes hommes, fariniers au moulin, qui ne sont pas de la noce, dansent une espèce de bourrée, moins tapageuse que la vraie et qu’on appelle le branle.
C’est grave et lent. Ce doit être ancien comme la plus vieille maison du village. Ils dansent avec des sabots. On écoute le son fin du bois sur le carrelage et les sabots caressent du nez la brique rouge. Les deux hommes dansent presque sur place et ne sourient pas. C’est plutôt une occupation qu’un plaisir ; par moments, on dirait des prêtres. Gloriette s’approche du plus jeune et lui dit de ne pas fumer à cause des robes des jeunes filles. Il jette sa cigarette et continue, les mains derrière le dos. Son vis-à-vis, plus lourd, plisse le front, comme si vraiment il travaillait de la tête. Ils se sentent, sous les regards, une fierté pudique. Bientôt, ils disparaissent et ne tardent pas à revenir. Ils ont cru convenable de s’acheter chacun une paire d’espadrilles.
Ce n’est plus ça du tout.
Le lendemain de la noce, on attend les mariés pour s’asseoir à table.
— C’est Lucienne qui nous a mis en retard, dit Marius.
— Naturellement, dit-elle, toujours de ma faute !
En signe de victoire, Marius porte le chapeau sur l’oreille.
— Préférez-vous, Lucienne, hier à aujourd’hui, ou aujourd’hui à hier ?
— Ça m’est égal, je me trouvais bien hier, je me trouve bien aujourd’hui.
Marius dévore, le nez dans son assiette, et ne dit mot.
Qu’est-ce qu’il se demande ?
Mélanie, une des sœurs de Ragotte, étant de noce le premier jour, sa petite fille garde la vache et n’en est que le lendemain.
Elle arrive toute joyeuse, dans sa toilette fraîche.
— A mon tour ! s’écrie-t-elle, à mon tour !
Mais la noce est finie, et si la petite, dont les yeux brillent, se bourre de bons restes, il faut qu’elle s’amuse toute seule à une table de grandes personnes déjà éteintes.
Le garçon d’honneur fait, pour la cuisinière, une quête dans une assiette, puis il laisse tomber l’assiette et la casse. Le nombre de morceaux indique le nombre d’années que la demoiselle d’honneur doit attendre pour se marier.
Comme Lucienne a vingt-quatre ans et qu’on lui demande tout bas l’âge de cette demoiselle d’honneur, elle répond, le plus haut qu’elle peut :
— Trente ans !
Ragotte aussi danse, oh ! pas le jour, non, le lendemain de la noce.
Elle a été, autrefois, une bonne danseuse. Elle dansait toute seule, sur la route, jusqu’à en perdre ses chaussons, et, de retour à la maison, elle était battue ! messieurs, qu’elle était battue !
C’est Michel qui la tire par le bras et la décide.
Aussitôt, on fait cercle pour voir Ragotte danser une bourrée au mariage de sa fille ; on regarde, silencieux comme à l’instant le plus grave d’une cérémonie. Ragotte relève un peu sa jupe du bout des doigts. Les jambes ne fléchissent guère, les pieds quittent à peine le sol ; le corps ne se balance pas ; seule, la tête s’incline à droite et à gauche.
Ragotte, très pâle, sourit d’abord. Tout à coup, elle s’arrête, laisse Michel en plan et s’éloigne, courbée, comme si sa tête se cachait. Nous devinons ce qu’elle a. Elle vient de se rappeler subitement la mort du petit Joseph. Elle pleure de chagrin et de repentir et nous tourne longtemps le dos.
Les Carol finissent par se trouver mal à l’aise.
Ils partent ce soir, avant la dislocation de la noce.
La Chalude leur dit :
— Quoi ! vous partez si tôt ?
— Eh oui ! on ne nous regarde pas !
Le Midi s’en va un peu vite, ce qui ne l’empêche pas d’être ému.
M. Carol s’avance vers Gloriette, la main tendue.
— Mais nous vous accompagnons jusqu’à la gare !
— Ça ne fait rien, madame, je veux vous dire quelques mots à cette place ! Je tiens à vous remercier de votre accueil, de vos…
Il ne trouve plus, il pleure, il ne se reprend que pour nous faire promettre d’aller les voir.
— Une dépêche, dit-il, et nous serons à la gare ! avec le cheval. Et soyez tranquille, il connaît le chemin !
Nous avons beau promettre, il nous invite encore. J’affirme que nous irons, et, tout de suite inquiet, il rectifie :
— Oh ! ce n’est pas aussi bien là-bas qu’ici, mais nous vous recevrons de notre mieux. Et vous, monsieur Philippe, je vous invite également ; il faudra venir.
— Je ne dis pas non.
Le train va partir. On voit, collée à la vitre, la joue de Mme Carol qui pleure comme si la pluie tombait dans le wagon. Ils agitent des mouchoirs : Adieu ! adieu !
— Ma foi, ce n’est pas trop tôt, répond Philippe.
Il est mécontent.
Il juge que le beau-père n’a pas été convenable. M. Carol avait promis, par lettre, de payer la moitié des frais. Le jour du mariage, il fait dire par Lucienne qu’il paiera sa part, celle de sa femme et celle du soldat. L’heure venue de régler, il demande une note. Comme elle n’est pas prête, il offre cinquante francs.
— Ça ne faisait pas mon compte, me dit Philippe.
— Mais vous les avez pris.
— Oui.
— En disant : « C’est trop ! »
— Je voulais même lui rendre sur son billet de cinquante francs.
— Pourquoi ? puisque vous dites qu’il vous devait davantage.
— Précisément ! Je lui disais : « C’est trop ! » parce que je voulais lui montrer que ce n’était pas assez.
— Ça me paraît bien délicat, Philippe.
— Enfin, voilà ce que je voulais.
RAGOTTE
Je suis bien contente, ma Lucienne, que tu sois établie. Quand l’ennui me prendra, j’irai vers toi, à Paris.
LUCIENNE
Ne te mets pas cette idée-là dans la tête ! Reste où tu es. A Paris, tu ne serais pas capable de gagner ta vie !… C’est tout ce que tu me donnes ?
RAGOTTE
Je t’ai donné six cuillers, six fourchettes et six assiettes.
LUCIENNE
Donne-moi encore des assiettes.
RAGOTTE
Je ne peux pas.
LUCIENNE
Oh ! ce que tu es intéressée !
RAGOTTE
Et le Paul !
PAUL
Oui, et moi ! Qu’est-ce qu’il me restera pour ma part ? Si tu veux tout prendre, je vas bien t’arrêter !
Le Paul surveille en effet les caisses et Philippe, qui les cloue, s’écrie :
— Qu’on ne m’apporte plus rien ! je ne les déclouerai pas !
Lucienne boude.
— Soignez votre caractère, lui dit Gloriette.
— Mon caractère est bon, dit Lucienne, pincée.
— C’est votre avis, monsieur Marius ?
— Oh ! répond Marius, je n’ai pas encore regardé.
— Ah ! que le temps me dure, dit Philippe. Depuis ce matin, clouer leurs caisses, et les haricots de votre jardin qui attendent !
— D’un côté, dit-il, ça me fait de la peine de voir Lucienne partir, mais, de l’autre, je n’en suis pas fâché !
Ragotte dit doucement à Lucienne :
— Tu as beau être mariée, ce n’est pas une raison pour te mettre en colère.
— Personne ne se connaît, lui dit-elle, tant que les caractères ne sont pas l’un devant l’autre, et il faut toujours en rabattre.
— Tu vas sentir, Lucienne, le pou te piquer derrière l’oreille ! Il n’y a rien de mieux qu’un homme pour tenir une femme droite ! J’en ai vu que le mariage a bien réduites.
— Un mariage, ce n’est pas comme un marché de bœufs !
Au moment de l’adieu, Philippe dit tout de même à Marius et à Lucienne :
— Comme vous n’êtes pas riches, on pourra vous envoyer, à l’automne, un sac de pommes de terre.
— Tu feras bien ! dit Lucienne.
Les Philippe ont reçu, au premier jour de l’an, une carte des jeunes mariés, ce qu’on appelle une carte de visite, avec les noms imprimés au milieu :
Monsieur et Madame Marius Carol.
Pas un mot de plus, mais c’était assez, et Ragotte a dit :
— Il ne leur manque rien !