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Portraits littéraires, Tome II

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.... Frangatur potius legum veneranda potestas

Quam tot congestos noctesque diesque labores

Hauserit una dies, supremaque jussa Senatus!

La vente se fit pourtant, bien qu'avec de certains accommodements peut-être. Naudé en racheta pour sa part tous les livres de médecine, et il paraît qu'il y eut des prête-noms du cardinal qui en sauvèrent d'autres séries tout entières. Du moins M. Petit-Radel a beaucoup insisté sur ces rachats concertés qu'il démontre avec chaleur, comme si son amour-propre d'administrateur et d'héritier y était intéressé. Quoi qu'il en soit, le coup était porté pour l'auteur même; l'intégrité et l'honneur de l'oeuvre unique avaient péri. «On vend toujours ici la bibliothèque de ce rouge tyran, écrit Guy Patin (30 janvier 1652); seize mille volumes en sont déjà sortis; il n'en reste plus que vingt-quatre mille. Tout Paris y va comme à la procession: j'ai si peu de loisir que je n'y puis aller, joint que le bibliothécaire qui l'avoit dressée, mon ami de trente-cinq ans, m'est si cher, que je ne puis voir cette dissolution et destruction.....» Il fallait que Guy Patin aimât bien fort Naudé pour s'attendrir à l'endroit d'une disgrâce arrivée au Mazarin.

Un malheur ne vient jamais seul; Naudé en eut un autre en ces années. Étant autrefois à Rome, il avait été consulté et avait donné son avis sur des manuscrits de l'Imitation de Jésus-Christ que les bénédictins revendiquaient pour un moine de leur Ordre, Gersen; il n'était pas de leur avis, et avait jugé les manuscrits quelque peu falsifiés. Son témoignage en resta là et sommeilla quelque temps. Mais bientôt les chanoines réguliers de Saint-Augustin, qui revendiquaient l'Imitation pour Akempis, c'est-à-dire pour leur saint, comme les bénédictins pour le leur, introduisirent l'autorité, et l'acte de Naudé dans la discussion. Il y intervint lui-même par de nouveaux écrits publics. Courier, avec son fameux pâté sur le manuscrit de Longus, sut ce que c'est que d'avoir affaire à des pédants antiquaires et chambellans; Naudé, si prudent, si modéré, apprit bientôt à ses dépens ce que c'est que d'avoir affaire à des pédants, de plus théologiens, surtout à un Ordre tout entier et à des moines. Quand on est sage, règle générale, il ne faut jamais se mettre sans nécessité telles gens à robe noire à ses trousses. Si je l'osais, j'en donnerais le conseil même aujourd'hui encore à mes brillants amis. Du temps de Naudé, on en vint d'emblée aux injures. Il y avait dès lors un Dom Robert Quatremaire (notait-il pas de la famille de M. Etienne Quatremère?) qui en disait. Naudé eut le tort d'y céder et d'y répondre. Tout cela se passait à propos du plus clément et du plus miséricordieux des livres, autour de l'Imitation. Ajoutez que, dans cette querelle de Naudé et de Dom Quatremaire, on ne savait pas très-bien le français de part et d'autre, ou du moins on ne savait que le vieux français; les injures en étaient d'autant plus grosses. Il en résulta même des méprises singulières. Naudé, s'en prenant à un bénédictin italien, le Père Cajetan, qui était petit et assez contrefait, l'avait appelé rabougri; les bénédictins de Saint-Maur ne se rendirent pas bien compte du terme, et le confondirent avec un bien plus grave qui a quelque rapport de son. Ces vénérables religieux en demandèrent réparation en justice comme d'une appellation infâme. La naïveté prêta à rire. Naudé lui-même porta plainte en diffamation devant le Parlement; on a son factum (Raisons péremptoires, etc., 1651); je le voudrais supprimer pour son honneur. Sur ce terrain-là, il n'a pas son esprit habituel: ce n'est plus qu'un savant du XVIe siècle en colère. Il prit pourtant occasion de sa défense pour dresser une liste et kyrielle, comme il les aime, de toutes les falsifications, corruptions de pièces, tricheries, qu'on imputait aux bénédictins dans les divers âges. En poussant cette pointe, il a, sous air pédantesque, sa double malice cachée, et il infirme plus de choses ecclésiastiques qu'il ne fait semblant. On assure qu'il eut alors les rieurs de son côté; mais il dut être au fond mécontent de lui-même: le philosophe en lui avait fait une faute.252

Note 252: (retour) On peut voir, si l'on veut, sur cette sotte et désagréable affaire, la Bibliothèque critique de Richard Simon, tome Ier, et aussi le tome Ier, des Ouvrages posthumes de Mabillon. Dom Thuillier, bénédictin, y prend une revanche sur Naudé.

La seconde Fronde lui laissait peu d'espoir de recouvrer sa condition première; il accepta d'honorables propositions de la reine Christine, et partit pour la cour de Stockholm, où il fut bibliothécaire durant quelques mois. Cette cour était devenue sur la fin un guêpier de savants qui s'y jouaient des tours; Naudé n'y tint guère. Il était d'ailleurs à l'âge où l'on ne recommence plus. Il revenait de là, dégoûté de sa tentative, rappelé sans doute aussi par le mal du pays et par la perspective de jours meilleurs après les troubles civils apaisés, lorsqu'il fut pris de maladie et mourut en route, à Abbeville, le 29 juillet 1633, avant d'avoir pu revoir et embrasser ses amis. Il fut amèrement regretté de tous, particulièrement de Guy Patin, qui ne parle jamais de son bon et cher ami M. Naudé qu'avec un attendrissement bien rare en cette caustique nature, et qui les honore tous deux: «Je pleure incessamment jour et nuit M. Naudé. Oh! la grande perte que j'ai faite en la personne d'un tel ami! Je pense que j'en mourrai, si Dieu ne m'aide (25 novembre 1653).»—Les érudits composèrent à l'envi des vers latins sur la mort du confrère qui les avait si libéralement servis. On peut trouver cependant qu'il ne lui a pas été fait de funérailles suffisantes: on'n'a pas recueilli ses oeuvres complètes; il n'a pas été solennellement enseveli. Mort en 1653, du même âge que le siècle, il n'en représentait que la première moitié, au moment où la seconde, si glorieuse et si contraire, allait éclater. Les Provinciales parurent six années seulement après le Mascurat, et donnèrent le signal: la face du mondé littéraire fut renouvelée. Naudé rentra vite, pour n'en plus sortir, dans l'ombre de ces bibliothèques qu'il avait tant aimées et qui allaient être son tombeau. On imprima de lui un volume de lettres latines criblé de fautes. On rédigea le Naudoeana, ou extrait de ses conversations, criblé de bévues également. Il n'eut pas d'éditeur pieux. Son article manque au Dictionnaire de Bayle, ce plus direct héritier de son esprit. Lui qui a tant songé à sauver les autres de l'oubli, il est de ceux, et des plus regrettables, qui sont en train de sombrer dans le grand naufrage. Ses livres ont, à mes yeux, déjà la valeur de manuscrits, en ce sens que, selon toute probabilité, ils ne seront jamais réimprimés. Quelques curieux les recherchent; on les lit peu, on les consulte çà et là. Tel est le lot de presque tous, de quelques-uns même des plus dignes. Qu'y faire? la vie presse, la marche commande, il n'y a plus moyen de tout embrasser; et nous-même ici, qui avons tâché d'exprimer du moins l'esprit de Naudé, et de redemander, d'arracher sa physionomie vraie à ses oeuvres éparses, ce n'est, pour ainsi dire, qu'en courant que nous avons pu lui rendre cet hommage.

1er Décembre 1843.




APPENDICE

A L'ARTICLE SUR JOSEPH DE MAISTRE, Page 446.

Nous extrayons du numéro de la Revue des Deux Mondes, 1er octobre 1843, les quelques pages suivantes qui complètent ou appuient notre premier travail.

I.—NOTICE SUR M. GUY-MARIE DEPLACE, SUIVIE DE SEPT LETTRES INÉDITES DU COMTE JOSEPH DE MAISTRE, par M. F.-Z. Collombet.

II.—SOIRÉES DE ROTHAVAL, OU RÉFLEXIONS SUR LES INTEMPÉRANCES PHILOSOPHIQUES DU COMTE JOSEPH DE MAISTRE (Lyon, 1843).

Dans l'article sur Joseph de Maistre, inséré le 1er août dernier, il a été parlé d'un savant de Lyon, respectable et modeste, auquel l'illustre auteur du Pape avait accordé toute sa confiance sans l'avoir jamais vu, qu'il aimait à consulter sur ses ouvrages, et dont, bien souvent, il suivit docilement les avis. Cet homme de bien et de bon conseil, que nous ne nommions pas, venait précisément de mourir le 16 juillet dernier, et aujourd'hui un écrivain lyonnais, bien connu par ses utiles et honorables travaux, M. Collombet, nous donne une biographie de M. Deplace, c'était le nom du correspondant de M. de Maistre. Les pièces qui y sont produites montrent surabondamment que nous n'avions rien exagéré, et elles ajoutent encore des traits précieux à l'intime connaissance que nous avons essayé de donner du célèbre écrivain.

Disons pourtant d'abord que M. Déplace, né à Roanne en 1772, était de ces hommes qui, pour n'avoir jamais voulu quitter le second ou même le troisième rang, n'en apportent que plus de dévouement et de services à la cause qu'ils ont embrassée. Celle de M. Deplace était la cause même, il faut le dire, des doctrines monarchiques et religieuses, entendues comme le faisaient les Bonald et ces chefs premiers du parti: il y demeura fidèle jusqu'au dernier jour. Il appartenait à cette génération que la Révolution avait saisie dans sa fleur et décimée, mais qui se releva en 1800 pour restaurer la société par l'autel. Il fonda une maison d'éducation, forma beaucoup d'élèves, et écrivit des brochures ou des articles de journaux sous le voile de l'anonyme et seulement pour satisfaire à ce qu'il croyait vrai. Il avait défendu contre la critique d'Hoffman des Débats le beau poëme des Martyrs, et plus tard, en 1826, il attaqua M. de Chateaubriand pour son discours sur la liberté de la presse. M. Deplace prêtait souvent sa plume aux idées et aux ouvrages de ses amis; pour lui, il ne chercha jamais les succès d'amour-propre, et je ne saurais mieux le comparer qu'à ces militaires dévoués qui aiment à vieillir dans les honneurs obscurs de quelque légion: c'est le major ou le lieutenant-colonel d'autrefois, cheville ouvrière du corps, et qui ne donnait pas son nom au régiment. On lui attribue la rédaction des Mémoires du général Canuel, et même celle du Voyage à Jérusalem du Père de Géramb. Mais son vrai titre, celui qui l'honorera toujours, est la confiance que lui avait accordée M. de Maistre, et la déférence, aujourd'hui bien constatée, que l'éminent écrivain témoignait pour ses décisions.

L'extrait de correspondance qu'on publie porte sur le livre du Pape et sur celui de l'Église gallicane, qui en formait primitivement la cinquième partie et que l'auteur avait fini par en détacher. L'avant-propos préliminaire en tête du Pape est de M. Deplace: «Mais que dites-vous, monsieur, de l'idée qui m'est venue de voir à la tête du livre un petit avant-propos de vous? Il me semble qu'il introduirait fort bien le livre dans le monde, et qu'il ne ressemblerait point du tout à ces fades avis d'éditeur fabriqués par l'auteur même, et qui font mal au coeur. Le vôtre serait piquant parce qu'il serait vrai. Vous diriez qu'une confiance illimitée a mis entre vos mains l'ouvrage d'un auteur que vous ne connaissez pas, ce qui est vrai. En évitant tout éloge chargé, qui ne conviendrait ni à vous ni à moi, vous pourriez seulement recommander ses vues et les peines qu'il a prises pour ne pas être trivial dans un sujet usé, etc., etc. Enfin, monsieur, voyez si cette idée vous plaît: je n'y tiens qu'autant qu'elle vous agréera pleinement.»

Et dans cette même lettre datée de Turin, 19 décembre 1819, on lit: «On ne saurait rien ajouter, monsieur, à la sagesse de toutes les observations que vous m'avez adressées, et j'y ai fait droit d'une manière qui a dû vous satisfaire, car toutes ont obtenu des efforts qui ont produit des améliorations sensibles sur chaque point. Quel service n'avez-vous pas rendu au feu pape Honorius, en me chicanant un peu sur sa personne? En vérité l'ouvrage est à vous autant qu'à moi, et je vous dois tout, puisque sans vous jamais il n'aurait vu le jour, du moins à son honneur.» M. de Maistre revient à tout propos sur cette obligation, et d'une manière trop formelle pour qu'on n'y voie qu'un remercîment de civilité obligée. Il va, dans une de ses lettres (18 septembre 1820), après avoir parlé des arrangements pris avec le libraire, jusqu'à offrir à M. Deplace, avec toute la délicatesse dont il est capable, un coupon dans le prix qui lui est dû: «Si j'y voyais le moindre danger, certainement, monsieur, je ne m'aviserais pas de manquer à un mérite aussi distingué que le vôtre, et à un caractère dont je fais tant de cas, en vous faisant une proposition déplacée; mais, je vous le répète, vous êtes au pied de la lettre co-propriétaire de l'ouvrage, et en cette qualité vous devez être co-partageant du prix....» M. Deplace refuse, comme on le pense bien, et d'une manière qui ne permet pas d'insister; mais les termes mêmes de l'offre peuvent donner la mesure de l'obligation, telle que l'estimait M. de Maistre.

En supposant qu'il se l'exagérât un peu, qu'il accordât à son judicieux et savant correspondant un peu trop de valeur et d'action, on aime à voir cette part si largement faite à la critique et au conseil par un esprit si éminent et qui s'est donné pour impérieux. Tant de gens, qui passent plutôt pour éclectiques que pour absolus, se font tous les jours si grosse, sous nos yeux, la part du lion, quia nominor leo, que c'est plaisir de trouver M. de Maistre à ce point libéral et modeste. M. Deplace avait un sens droit, une instruction ecclésiastique et théologique fort étendue; il savait avec précision l'état des esprits et des opinions en France sur ces matières ardentes; il pouvait donner de bons renseignements à l'éloquent étranger, et tempérer sa fougue là où elle aurait trop choqué, même les amis: motos componere fluctus. Quant à écrire de pareille encre et à colorer avec l'imagination, il ne l'aurait pas su; mais il y a deux rôles: on a trop supprimé, dans ces derniers temps, le second.

Il faudrait pourtant y revenir. C'est pour avoir supprimé ce second rôle, celui du conseiller, du critique sincère et de l'homme de goût à consulter, c'est pour avoir réformé, comme inutiles, l'Aristarque, le Quintilius et le Fontanes, que l'école des modernes novateurs n'a évité aucun de ses défauts. Il y a là-dessus d'excellentes et simples vérités à redire; j'espère en reparler à loisir quelque jour. Qu'est-il arrivé, et que voyons-nous en effet? On a lu ses oeuvres nouvellement écloses à ses amis ou soi-disant tels, pour être admiré, pour être applaudi, non pour prendre avis et se corriger; on a posé en principe commode que c'était assez de se corriger d'un ouvrage dans le suivant. M. de Chateaubriand et M. de Maistre n'ont pas fait ainsi: le premier, dans les jeunes oeuvres qui ont d'abord fondé sa gloire, a beaucoup dû (et il l'a proclamé assez souvent) a Fontanes, à Joubert, à un petit cercle d'amis choisis qu'il osait consulter avec ouverture, et qui, plus d'une fois, lui ont fait refaire ce qu'on admire à jamais comme les plus accomplis témoignages d'une telle muse. Mais ceci demanderait toute une étude et une considération à part: l'admirable docilité de l'un, la courageuse franchise des autres, offriraient un tableau déjà antique, et prêteraient une dernière lumière aux préceptes consacrés. Aujourd'hui c'est M. de Maistre qui vient y joindre à l'improviste son autorité d'écrivain auquel, certes, la verve n'a pas manqué. Non-seulement pour le fond et pour les faits, mais pour la forme, il s'inquiétait, il était prêt sans cesse à retoucher, à rendre plus solide et plus vrai ce qui, dans une première version, n'était qu'éblouissant. On sait la phrase finale du Pape, dans laquelle il est fait allusion au mot de Michel-Ange parlant du Panthéon: Je le mettrai en l'air. «Quinze siècles, écrit M. de Maistre, avaient passé sur la Ville sainte lorsque le génie chrétien, jusqu'à la fin vainqueur du paganisme, osa porter le Panthéon dans les airs, pour n'en faire que la couronne de son temple fameux, le centre de l'unité catholique, le chef-d'oeuvre de l'art humain, etc., etc.» Cette phrase pompeuse et spécieuse, symbolique, comme nous les aimons tant, n'avait pas échappé au coup d'oeil sérieux de M. Déplace, et on voit qu'elle tourmentait un peu l'auteur, qui craignait bien d'y avoir introduit une lueur de pensée fausse: «Car certainement, disait-il, le Panthéon est bien à sa place, et nullement en l'air.»—Et il propose diverses leçons, mais je n'insiste que sur l'inquiétude.

Nous avions dit que plusieurs passages relatifs à Bossuet avaient été adoucis sur le conseil de M. Deplace; une lettre de M. de Maistre au curé de Saint-Nizier (22 juin 1819) en fait foi: «J'ai toujours prévu que votre ami appuierait particulièrement la main sur ce livre V (qui est devenu l'ouvrage sur l'Église gallicane). Je ferai tous les changements possibles, mais probablement moins qu'il ne voudrait. A l'égard de Bossuet, en particulier, je ne refuserai pas d'affaiblir tout ce qui n'affaiblira pas ma cause. Sur la Défense de la Déclaration, je céderai peu, car, ce livre étant un des plus dangereux qu'on ait publiés dans ce genre, je doute qu'on l'ait encore attaqué aussi vigoureusement que je l'ai fait. Et pourquoi, je vous prie, affaiblir ce plaidoyer? Je n'ignore pas l'espèce de monarchie qu'on accorde en France à Bossuet, mais c'est une raison de l'attaquer plus fortement. Au reste, monsieur l'abbé, nous verrons. Si M. Deplace est longtemps malade ou convalescent, je relirai moi-même ce ce livre, et je ne manquerai pas de faire disparaître tout ce qui pourrait choquer. J'excepte de ma rébellion l'article du jansénisme. Il faut ôter aux jansénistes le plaisir de leur donner Bossuet: Quanquam o...!»

Ces concessions ne se faisaient pas toujours, comme on voit, sans quelques escarmouches. On retrouve dans ces petits débats toute la vivacité et tout le mordant de ce libre esprit; ainsi dans une lettre à M. Deplace, du 28 septembre 1818: «Je reprends quelques-unes de vos idées à mesure qu'elles me viennent. Dans une de vos précédentes lettres, vous m'exhortiez à ne pas me gêner sur les opinions, mais à respecter les personnes. Soyez bien persuadé, monsieur, que ceci est une illusion française. Nous en avons tous, et vous m'avez trouvé assez docile en général pour n'être pas scandalisé si je vous dis qu'on n'a rien fait contre les opinions, tant qu'on n'a pas attaqué les personnes.253 Je ne dis pas cependant que, dans ce genre comme dans un autre, il n'y ait beaucoup de vérité dans le proverbe: A tout seigneur tout honneur, ajoutons seulement sans esclavage.

Note 253: (retour) Si c'était une illusion française, de respecter les personnes en attaquant les choses, il faut reconnaître qu'elle s'est bien évanouie depuis peu.

Or il est très-certain que vous avez fait en France une douzaine d'apothéoses au moyen desquelles il n'y a plus moyen de raisonner. En faisant descendre tous ces dieux de leurs piédestaux pour les déclarer simplement grands hommes, on ne leur fait, je crois, aucun tort, et l'on vous rend un grand service...» Et il ajoutait en post-scriptum: «Je laisse subsister tout exprès quelques phrases impertinentes sur les myopes. Il en faut (j'entends de l'impertinence) dans certains ouvrages, comme du poivre dans les ragoûts.» Ceci rentre tout à fait dans la manière originale et propre, dans l'entrain de ce grand jouteur, qui disait encore qu'un peu d'exagération est le mensonge des honnêtes gens.—A un certain endroit, dans le portrait de quelque hérétique, il avait lâché le mot polisson; prenant lui-même les devants et courant après: «C'est un mot que j'ai mis là uniquement pour tenter votre goût, écrivait-il. Vous ne m'en avez rien dit; cependant des personnes en qui je dois avoir confiance prétendent qu'il ne passera pas, et je le crois de même.» Mais, de ces mots-là, quelques-uns ont passé par manière d'essai, pour tenter notre goût aussi, à nous lecteurs français, lecteurs de Paris: nous voilà bien prévenus.

Enfin, pour épuiser tout ce que cette curieuse petite publication de M. Collombet nous apporte de nouveau sur M. de Maistre, nous citerons ce passage de lettre sur l'effet que le livre du Pape produisit à Rome; nous avions déjà dit que l'auteur allait plus loin en bien des cas que certains Romains n'auraient voulu: «(11 décembre 1820.) A Rome on n'a point compris cet ouvrage au premier coup d'oeil, écrit M. de Maistre; mais la seconde lecture m'a été tout à fait favorable. Ils sont fort ébahis de ce nouveau système et ont peine à comprendre comment on peut proposer à Rome de nouvelles vues sur le pape: cependant il faut bien en venir là.» Il faut bien! Combien de ces voeux impérieux, de ces desiderata de M. de Maistre, restent ouverts et encore plus inachevés que ceux de Bacon, qui l'ont tant courroucé!

LES SOIRÉES DE ROTHAVAL, nouvellement publiées à Lyon, ne sont pas un pur hommage à M. de Maistre, comme l'écrit de M. Collombet; ces deux somptueux volumes in-8°, de polémique et de discussion polie, ont pour objet de faire contre-partie et contre-poids aux Soirées de Saint-Pétersbourg, à ce beau livre de philosophie élevée et variée duquel l'auteur écrivait: «Les Soirées sont mon ouvrage chéri; j'y ai versé ma tête: ainsi, monsieur, vous y verrez peu de chose peut-être, mais au moins tout ce que je sais.»—Rothaval est un petit hameau dans le département du Rhône, probablement le séjour de l'auteur en été. Le titre de Soirées n'indique point d'ailleurs ici de conversations ni d'entretiens; l'auteur est seul, il parle seul et ne soutient son tête-à-tête qu'avec l'adversaire qu'il réfute, et avec ses propres notes et remarques qu'il compile. On peut trouver qu'il a mis du temps à cette réfutation: «Quand le livre de M. Joseph de Maistre parut, j'étais, dit-il, occupé d'un grand travail que je ne pouvais interrompre: je me bornai à recueillir quelques notes, et ce sont ces notes que, devenu plus libre, je me sujs décidé à présenter à mon lecteur en leur donnant plus d'étendue.» Les Soirées de Saint-Pétersbourg ont paru en 1821; vingt ans et plus d'intervalle entre l'ouvrage et sa réfutation, c'est un peu moins de temps que n'en mit le Père Daniel à réfuter les Provinciales. Nous ne saurions rien, de l'auteur anonyme des Soirées de Rothaval, sinon, qu'il nous semble un esprit droit, scrupuleux et lent, un homme religieux et instruit; mais une petite brochure publiée en 1839, et qui a pour titre: M. le comte Joseph de Maistre et le Bourreau, nous indique M. Nolhac, membre associé de l'Académie de Lyon, qui avait lu dès lors dans une séance publique un chapitre détaché de son ouvrage. Il avait choisi un chapitre à effet, et nous préférons, pour notre compte, la couleur du livre à celle de l'échantillon. Le plus grand reproche qu'on puisse adresser au réfutateur de M. de Maistre, c'est qu'il n'embrasse nulle part l'étendue de son sujet, et qu'il ne le domine du coup d'oeil à aucun moment; il suit pas à pas son auteur, et distribue à chaque propos les pièces diverses et notes qu'il a recueillies. Le journaliste Le Clerc, parlant un jour de Passerat et des commentaires un peu prolixes de ce savant sur Properce, je crois, ou sur tout autre poëte, dit qu'on voit bien que Passerat avait ramassé dans ses tiroirs toutes sortes de remarques, et qu'en publiant il n'a pas voulu perdre ses amas. On pourrait dire la même chose de l'ermite de Rothaval: il a voulu ne rien perdre et tout employer. Les auteurs et les autorités les plus disparates se trouvent comme rangés en bataille et sur la même ligne; M. Ancelot, par exemple, y figurera pour six vers de Marie de Brabant, non loin de M. Damiron et des Védams. En revanche, on doit au patient collecteur, en le feuilletant, de voir passer sous ses yeux quantité de textes dont quelques-uns nouveaux, assez intéressants et qui ont trait de plus ou moins loin aux doctrines critiquées. Plus d'une fois il a cherché à rétablir au complet, et dans un sens différent, des citations que de Maistre tirait à lui; cette discussion positive a de l'utilité. J'appliquerai donc volontiers à ces notes ce qu'on a dit du volume d'épigrammes: Sunt bona, sunt quaedam...., et je pardonne à toutes en faveur de quelques-unes.

Si l'on demandait à l'auteur des conclusions un peu générales, on les trouverait singulièrement disproportionnées à l'appareil qu'il déploie: «J'ai montré, dit-il en finissant, M. Joseph de Maistre injuste dans sa critique et dépassant presque toujours le but qu'il voulait atteindre, parce que, pour ne suivre que les inspirations de la raison, il lui aurait fallu avoir dans l'esprit plus de calme qu'il n'en Avait.»—Ce sont là des truisms, comme disent les Anglais, et il semble que le réfutateur ait voulu infliger cette pénitence à l'impatient et paradoxal de Maistre, de ne pas les lui ménager. A lire les dernières pages des Soirées de Rothaval, je crois voir un homme qui a entendu durant plus de deux heures une discussion vive, animée, étincelante de saillies et même d'invectives, soutenue par le plus intrépide des contradicteurs, et qui, prenant son voisin sous le bras, l'emmène dans l'embrasure d'une croisée, pour lui dire à voix basse: «Vous allez peut-être me juger bien hardi, mais je trouve que cet homme va un peu loin.»—L'épigraphe qui devrait se lire en toutes lettres au frontispice des écrits de M. de Maistre est assurément celle-ci: A bon entendeur salut! L'honorable écrivain dont nous parlons ne s'en est pas assez pénétré; il y aurait, matière à le narguer là-dessus. Pourtant quand je parcours ses judicieuses réserves sur Bacon, sur Locke en particulier, si foulé aux pieds par de Maistre, une remarque en sens contraire me vient plutôt à l'esprit, et si j'ai eu tort de l'omettre dans les articles consacrés à l'illustre écrivain, elle trouvera place ici en correctif essentiel et en post-scriptum. De nos jours, les esprits aristocratiques n'ont pas manqué, qui ont cherché à exclure de leur sphère d'intelligence ceux qui n'étaient pas censés capables d'y atteindre: de Maistre, par nature et de race, était ainsi; les doctrinaires, les esprits distingués qu'on a qualifiés de ce nom, ont pris également sur ce ton les choses, et par nature aussi, ou par système et mot d'ordre d'école, ils n'ont pas moins voulu marquer la limite distincte entre eux et le commun des entendements. Il entend, il comprend, était le mot de passe, faute de quoi on était exclu à jamais de la sphère supérieure des belles et fines pensées. Eh bien! non: nul esprit, si élevé qu'il se sente, n'a ce droit de se montrer insolent avec les autres esprits, si bourgeois que ceux-ci puissent paraître, pourvu qu'ils soient bien conformés. Ces humbles allures, un peu pesantes, conduisent pourtant par d'autres chemins; les objections que le simple bon sens et la réflexion soulèvent, dans ces questions premières, demeurent encore les difficultés définitives et insolubles. Les esprits de feu, les esprits subtils et rapides, vont plus vite; ils franchissent les intervalles, ils ne s'arrêtent qu'au rêve et à la chimère, si toutefois ils daignent s'y arrêter; mais, après tout, il est un moment d'épuisement où il faut revenir; on retombe toujours, on tourne dans un certain cercle, autour d'un petit nombre de solutions qui se tiennent en présence et en échec depuis le commencement. On a coutume de s'étonner que l'esprit humain soit si infini dans ses combinaisons et ses portées; j'avouerai bien bas que je m'étonne souvent qu'il le soit si peu.




APPENDICE

A L'ARTICLE SUR GABRIEL NAUDÉ, PAGE 497.

J'ai pensé qu'il était bon de donner ici tout l'extrait de la lettre de Naudé à Peiresc, où il est question de Campanella.—Naudé commence sa lettre par des compliments et des excuses à Peiresc et parle de diverses commissions; puis il ajoute:

«Je viens tout maintenant de recevoir lettre de Paris de M. Gaffarel qui me parle entre autres choses de l'affaire de C. (Campanella); mais si la lettre que je lui écrivis il y a environ quinze jours ou trois semaines ne lui donne ouverture et occasion de travailler autrement, je ne pense pas qu'il soit bastant pour terminer le différend, car il ne m'écrit rien autre chose, sinon que le Père proteste de n'avoir rien dit à mon désavantage et qu'il veut mourir mon serviteur et ami, qui sont les caquets desquels il m'a repu jusqu'à cette heure, et desquels je ne puis en aucune façon demeurer satisfait; et s'il ne m'écrit de sa propre main de s'être licencié légèrement ou par inadvertance de certaines paroles et imputations contre moi, lesquelles il voudroit n'être point dites, et proteste maintenant qu'elles ne me doivent ni peuvent préjudicier en aucune façon, je suis résolu, sous votre bon consentement néanmoins, de ne pas endurer une telle calomnie sans m'en ressentir. Ceux qui ont le plus de pouvoir à le persuader sont MM. Diodati et Gaffarelli, auxquels je voudrois vous prier d'écrire confidemment que vous avez entendu parler des différends qui se passent entre lui et moi, et que, sachant assurément que le Père m'a donné juste sujet de me plaindre de lui, vous les priez de le réduire et persuader à me donner quelque satisfaction par lettre de sa propre main, conçue en telle sorte qu'il montre au moins d'avoir regret de m'avoir offensé à tort et légèrement contre tant de services que je lui avois rendus. Je crois que si vous voulez prendre la peine de traiter cet accord de la sorte, il vous réussira. Je me résous d'autant plus volontiers que je ne voudrois pas, par ma rupture avec lui, vous engager à en faire autant de votre côté, comme il semble que vous m'écriviez de vouloir faire. Mais je vous proteste, monsieur, que, telle satisfaction que me donne ledit Père, je ne le tiendrai jamais pour autre que pour un homme plus étourdi qu'une mouche, et moins sensé ès-affaires du monde qu'un enfant; et si d'aventure il s'obstine de ne vouloir entendre à tant de voies d'accord que je lui fais présenter par mes amis en rongeant mon frein le plus qu'il m'est possible, et qu'il veuille toujours persister en ses menteries ordinaires et en ses impostures, j'en ferai une telle vengeance à l'avenir que, s'il a évité les justes ressentiments du maître du palais de Rome en s'enfuyant à Paris sous prétexte d'être poursuivi des Espagnols qui ne pensoient pas à lui, il n'évitera pas pourtant les miens. Au reste, je fusse toujours demeuré dans la promesse que je vous avois faite de mépriser les médisances qu'il vous avoit faites de moi, si trois ou quatre mois après je n'eusse reçu nouvel avis de Paris et de la part de M. de La Motte254 que je vous nomme confidemment, et depuis encore par la bouche du Père Le Duc, minime, qu'il continuoit tous les jours à vomir son venin contre moi; après quoi je vous avoue que la patience m'est échappée, mais non pas néanmoins que j'aie encore rien écrit contre ledit Père, sinon en général à ceux que je croyois le pouvoir remettre en bon chemin; ce qui néanmoins n'a servi de rien jusqu'à cette heure, à cause de son orgueil insupportable: et Dieu veuille que vous ne soyez pas le quatrième de ses bienfaiteurs qui éprouviez son étrange ingratitude! Je ne saurois mieux le comparer qu'à un charlatan sur un théâtre. Il chiarle255 puissamment, il ment effrontément, il débite des bagatelles à la populace; mais avec tout cela c'est un fol enragé, un imposteur, un menteur, un superbe, un impatient, un ingrat, un philosophe masqué qui n'a jamais su ce que c'étoit de faire le bien ni de dire la vérité. J'ai regret d'y avoir été attrapé par les persuasions de M. Diodati, mais j'ai encore plus de regrets qu'il vous en soit arrivé de même, et que vous lui ayez fait tant d'honneurs et de caresses; car je pénètre quasi que, depuis la lettre que vous lui écrivîtes de M. Gassendi, il a commencé de ne vous pas épargner. Mais si ce que l'on m'écrit de Paris est véritable, j'espère qu'il en portera bientôt la peine, parce que l'on dit qu'il n'est plus caressé que de M. Diodati, lequel encore beaucoup de ses amis tâchent de désabuser; et il fait tous les jours tant de sottises que l'on ne l'estime déjà plus bon à rien. Je ne sais si vous avez su que l'on lui avoit retardé le payement de ses gages, à cause qu'il s'étoit couvert impudemment devant le Cardinal et toute la Cour, sans que l'on lui en eût fait signe, et que M. le maréchal d'Estrées dit publiquement à Rome que ce n'est qu'un pédant, et qu'il s'étoit voulu mêler de lui donner une instruction, à laquelle il n'y avoit ne sel ni sauge, ne rime ni raison. Je suis tellement animé contre la méchanceté de cet homme, laquelle je connois mieux que homme du monde, pour l'avoir expérimenté sur moi et vu pratiquer en tant d'autres occasions, que je ne me lasserois jamais d'en médire. C'est pourquoi je vous prie, monsieur, de pardonner si je vous en parle si longtemps: Ipse est catharma, carcinoma, fex, excrementum,—de tous les hommes de lettres auxquels il fait honte et déshonneur...»

Note 254: (retour) La Mothe-Le-Vayer.
Note 255: (retour) Ciarla, en italien, d'où charlatan.

Le reste de la lettre est sur d'autres sujets; elle est datée de «Riète, ce 30 juin 1636.» On y peut joindre cette note que Guy Patin écrivait vers le même temps dans son Index ou Journal:

«1635.—Le 19 mai, un samedi après midi, ai visité aux Jacobins réformés du faubourg Saint-Honoré un Père italien, réputé fort savant homme, nommé Campanella, avec lequel j'ai parlé de disputes plus de deux heures. De quo vere possum afïirmare quod Petrarcha quondam de Roma: Multa suorum debet mendociis. Il sait beaucoup de choses, mais superficiellement: Multa quidem scit, sed non multum

J'ai cru qu'il n'était pas inutile, dans un temps où l'on est en train d'exagérer sur Campanella, de faire connaître cette opinion secrète de Naudé et du monde de Naudé. Puisque leur témoignage extérieur est souvent invoqué en l'honneur du philosophe calabrois, il était juste qu'on eût le témoignage intime et confidentiel.




Je mets de mes pensées où je puis, et à chaque édition nouvelle d'un ouvrage j'en profite comme d'un convoi qui part pour envoyer au public, à mes amis et même à mes ennemis (dussent-ils se servir de cette clé comme d'une arme, selon leur usage) quelques mots qu'il m'importe de dire sur moi-même et sur ce que j'écris. Voici une de ces remarques qui porte sur l'ensemble de mon oeuvre critique:

«J'ai beaucoup écrit, on écrira sur moi, on fera ma biographie, et les critiques chercheront à se rendre compte de mes ouvrages fort différents; je veux leur épargner une partie de la peine et leur abréger la besogne, en expliquant ma vie littéraire telle que je l'ai entendue et pratiquée.

J'ai mené assez volontiers ma vie littéraire avec ensemble et activité, selon le terrain et l'heure, avec tactique en un mot, comme on fait pour la guerre, et je la divise en campagnes.—Je ne parle ici que de ma critique.

De 1824 à 1827, au Globe; ce ne sont que des essais sans importance: je ne suis pas encore officier supérieur, j'apprends mon métier.

En 1828, j'entame ma première campagne, toute romantique, par mon Ronsard et mon Tableau du seizième Siècle.

En 1829, je fais ma campagne critique à la Revue de Paris; toute romantique également.

En 1831, et pendant près de dix-sept ans, je fais ma critique de Revue des Deux Mondes, une longue campagne, avec de la polémique de temps en temps et beaucoup de portraits analytiques et descriptifs;—une guerre savante, manoeuvrière, mais un peu neutre, encore plus défensive et conservatrice qu'agressive. (Les Portraits littéraires, pour la plupart, et les Portraits contemporains en sont sortis.)

Cette longue suite d'opérations critiques est coupée par mon expédition de Lausanne en 1837-1838, où je fais Port-Royal et le bâtis entièrement, sauf à ne le publier qu'avec lenteur. C'est ma première campagne comme professeur.

En 1848, je fais ma campagne de Liège (de Sambre-et-Meuse, comme me le disait Quinet assez gaîment), ma seconde comme professeur: de là sortent Chateaubriand et son Groupe, publié plus tard.

En 1849, j'entreprends ma campagne des lundis au Constitutionnel, trois années, et je la continue un peu moins vivement depuis, au Moniteur, pendant huit années.

Elle est coupée par ma tentative de professorat au Collège de France, une triste campagne où je suis empêché, dès le début, par la violence matérielle: il en sort pourtant mon Étude sur Virgile.

Je répare cette campagne manquée, par quatre années de professorat à l'École normale; mais ç'a été une entreprise toute à huis clos, quoique très-active. Je n'en ai rien tiré jusqu'ici (ou très-peu) pour le public.

Je recommence, en septembre 1861, plus activement que jamais, une campagne de lundis au Constitutionnel, en tâchant de donner à celle-ci un caractère un peu différent de l'ancienne.—En Avant: un dernier coup de collier; en Avant!

Toutes ces campagnes et expéditions littéraires veulent être jugées en elles-mêmes et comme formant des touts différents.»


FIN DU SECOND VOLUME.




TABLE DES MATIÈRES

DU SECOND VOLUME

Molière

Delille

Bernardin de Saint-Pierre

Mémoires du général La Fayette

M. de Fontanes

M. Joubert

Léonard

Aloïsius Bertrand

Le comte de Ségur

Joseph de Maistre

Gabriel Naudé

Appendice sur Joseph de Maistre

Appendice sur Gabriel Naudé

Un mot sur moi-même

FIN DE LA TABLE.




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