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Traité élémentaire de la peinture,: avec 58 figures d'après les dessins originaux de Le Poussin, dont 34 en taille-douce

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The Project Gutenberg eBook of Traité élémentaire de la peinture,

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Title: Traité élémentaire de la peinture,

Author: da Vinci Leonardo

Illustrator: Nicolas Poussin

Release date: April 26, 2011 [eBook #35971]

Language: French

Credits: Produced by Claudine Corbasson and the Online Distributed
Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was
produced from images generously made available by The
Internet Archive/American Libraries.)

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE LA PEINTURE, ***

Au lecteur

TRAITÉ

ÉLÉMENTAIRE

DE LA PEINTURE,

PAR    LÉONARD DE VINCI;

Avec 58 figures d'après les dessins originaux
de le Poussin, dont 34 en taille-douce.

Nouvelle Édition, revue, corrigée et augmentée de la Vie de l'Auteur.


A PARIS,

Chez Deterville, Libraire, rue du Battoir,
no. 16.

AN XI—1803.


PRÉFACE.

Léonard de Vinci a toujours été regardé comme le plus savant dans toutes les parties de la Peinture; c'étoit le sentiment du célèbre Poussin, qui avoit si fort étudié les principes et les règles de son art, et il a souvent avoué à ses amis qu'il avoit tiré des ouvrages de Léonard les connoissances qu'il avoit acquises. Après cela ne doit-on pas être surpris que le Traité de Léonard de Vinci sur la Peinture n'ait paru pour la première fois qu'en 1651? Les Italiens, qui sont si jaloux de la gloire de leur nation, l'avoient entre les mains, et il seroit encore enseveli dans la poussière de quelque cabinet, si les François ne l'avoient fait imprimer; il le fut en 1651, en italien et en françois. M. Du Frêne joignit à l'édition italienne qu'il en fit, la Vie de Léonard qu'il avoit composée en italien: celle que je donne en françois n'en est, pour ainsi dire, que la traduction: j'y ai seulement ajouté ce qui se trouve sur Léonard dans Vasari, dans Félibien, et dans ceux qui ont écrit sur la Vie et les Ouvrages des Peintres. J'ai tiré beaucoup de choses d'un manuscrit qui m'a été prêté par un curieux: ce sont des Mémoires en italien pour servir à l'histoire de Léonard de Vinci. L'auteur de ces Mémoires est le père Mazzenta, barnabite Milanois, qui a eu entre les mains les papiers de Léonard, c'est-à-dire, les Traités qu'il a composés, et les dessins qu'il a faits.

Les figures de l'édition que je donne au public sont gravées d'après les dessins originaux du Poussin, qui sont à la fin du manuscrit dont je viens de parler.

J'ai cru que ces figures ne dévoient être qu'au simple trait; on en voit mieux le contour; des dessins finis auroient rendu le livre plus cher, et n'auroient été d'aucun secours; ils ne sont nécessaires que lorsqu'il faut donner du relief aux figures, ou lorsqu'on veut exprimer par la gravure la diminution des teintes, la nature des corps qu'on représente, et la qualité des étoffes qui forment les draperies; et je n'ai donné des dessins finis qu'en ces occasions.

On doit regarder cette édition comme une réimpression de la version en françois que M. de Chambray avoit donnée en 1651, du Traité de la Peinture de Léonard de Vinci: j'avoue cependant que j'ai été obligé d'y changer beaucoup de choses; il y a plus de soixante-dix ans qu'elle est faite, et en bien des endroits elle ne seroit pas aujourd'hui supportable. D'ailleurs, soit méprise de la part de l'Auteur de la Traduction, soit inadvertance de la part de l'Imprimeur, il y a quelquefois dans la version en françois de 1651, des choses différentes de ce qui est dans l'original italien, et ces différences établissent des choses fausses et contraires à la pensée et au dessein de Léonard de Vinci.


LA VIE
DE
LÉONARD DE VINCI.

Léonard de Vinci naquit au château de Vinci, situé dans le Val d'Arno, assez près et au-dessous de Florence. Son père, Pierre de Vinci, qui étoit peu favorisé de la fortune, l'ayant vu souvent dessiner lorsqu'il n'étoit encore qu'enfant, résolut d'aider l'inclination qu'il avoit pour la Peinture; il le mena à Florence, et le mit sous la conduite d'André Verocchio, son ami, qui avoit quelque réputation parmi les Peintres de Florence. André promit d'élever avec soin et de former son nouveau disciple, et il y fut engagé autant à cause des belles dispositions qu'il remarqua dans le jeune Léonard, que par l'amitié qu'il avoit pour son père. En effet, Léonard faisoit déjà paroître une vivacité et une politesse fort au-dessus de son âge et de sa naissance. Il trouva chez son maître de quoi contenter la forte inclination qu'il avoit pour tous les arts qui dépendent du dessin; car André n'étoit pas seulement peintre, il étoit aussi sculpteur, architecte, graveur et orfèvre. Léonard profita si bien des leçons de Verocchio, et fit de si grands progrès sous sa conduite, qu'il le surpassa lui-même.

Cela parut, pour la première fois, dans un tableau du Baptême de Notre-Seigneur, qu'André avoit entrepris pour les religieux de Valombreuse, qui sont hors de la ville de Florence; il voulut que son élève l'aidât à le faire, et il lui donna à peindre la figure d'un ange qui tient des draperies; mais il s'en repentit bientôt, car la figure que Léonard avoit peinte effaçoit toutes celles du tableau. André en eut tant de chagrin, que, quittant dès-lors la palette et les couleurs, il ne se mêla plus de peinture.

Léonard crut alors n'avoir plus besoin de maître; il sortit de chez André et se mit à travailler seul; il fit quantité de tableaux qu'on voit à Florence. Il fit aussi, pour le roi de Portugal, un carton pour des tapisseries où il avoit représenté Adam et Eve dans le paradis terrestre; le paysage étoit d'une grande beauté, et les moindres parties en étoient finies avec beaucoup de soin. Son père lui demanda dans le même temps un tableau pour un de ses amis du bourg de Vinci; Léonard résolut de faire quelque chose d'extraordinaire; pour cela il représenta les animaux dont on a le plus d'horreur; il les agroupa si bien et les mit dans des attitudes si bizarres, que je ne crois pas que la tête de Méduse, dont les poètes ont tant parlé, eut des effets plus surprenans, tant on étoit effrayé en voyant le tableau de Léonard. Son père qui comprit qu'une aussi belle pièce n'étoit pas un présent à faire à un homme de la campagne, vendit ce tableau à des marchands, desquels le duc de Milan l'acheta trois cents florins. Léonard fit ensuite deux tableaux qui sont fort estimés. Dans le premier il a représenté une Vierge; ce tableau est d'une grande beauté: on y voit un vase plein d'eau dans lequel il y a des fleurs; le Peintre y a répandu, par des reflets, une foible couleur rouge que la lumière en tombant sur les fleurs porte sur l'eau. Clément VII a eu ce tableau.

Le second est un dessin qu'il fit pour Antoine Segni son ami; il y a représenté Neptune sur un char traîné par des chevaux marins, entourés de tritons et de divinités de la mer. Le ciel paroît rempli de nuages que les vents poussent de tous côtés, les flots sont agités et la mer est en furie. Ce dessin est tout-à-fait dans le goût et le caractère de Léonard, car il avoit l'esprit vaste et l'imagination vive; et quoiqu'il sût bien que la justesse des proportions est la source de la véritable beauté, il aimoit à la folie les choses extraordinaires et bizarres: de sorte que s'il rencontroit par hasard quelqu'un qui eût quelque chose de ridicule ou d'affreux dans son air et dans ses manières, il le suivoit jusqu'à ce qu'il eût l'imagination bien remplie de l'objet qu'il considéroit; alors il se retiroit chez lui, et en faisoit une esquisse. Paul Lomazzo, dans son Traité de la Peinture, dit qu'Aurelo Lovino avoit un livre de Dessins de la main de Léonard, qui étoient tous dans ce goût-là. Ce caractère se remarque dans un tableau de Léonard qui est chez le roi. Il y a peint deux cavaliers qui combattent, et dont l'un veut arracher un drapeau à l'autre; la colère et la rage sont si bien peintes sur le visage des deux combattans, l'air paroît si agité, les draperies sont jetées d'une manière si irrégulière, mais cependant si convenable au sujet, qu'on est saisi d'horreur en voyant ce tableau, comme si la chose se passoit en effet devant les yeux. Je ne parle point d'un tableau où il peignit la tête de Méduse, ni d'un autre où il représente l'Adoration des Rois, parce qu'il ne les a point finis, quoiqu'il y ait de belles têtes dans le dernier; mais il avoit l'esprit si vif, qu'il a commencé beaucoup d'ouvrages qu'il n'a point achevés. Il avoit d'ailleurs une si haute idée de la Peinture, et une si grande connoissance de toutes les parties de cet art, que malgré son feu et sa vivacité, il lui falloit beaucoup de temps pour finir ses ouvrages.

Jamais Peintre n'a peut-être mieux su la théorie de son art que Léonard. Il étoit savant dans l'anatomie, il avoit bien étudié l'optique et la géométrie; il faisoit continuellement des observations sur tout ce que la nature présente aux yeux. Tant d'études et tant de réflexions lui acquirent toutes les connoissances qu'un grand Peintre peut avoir, et en firent le plus savant qui ait été dans cet art. Il ne se contenta pas néanmoins de ces connoissances; comme il avoit un esprit universel et du goût pour tous les beaux-arts, il les apprit tous, et y excella. Il étoit bon architecte, sculpteur habile, intelligent dans les mécaniques: il avoit la voix belle, savoit la musique, et chantoit fort bien. S'il avoit vécu dans les temps fabuleux, les Grecs auroient sans doute publié qu'il étoit fils d'Apollon, le dieu des Beaux-Arts; ils n'auroient pas manqué d'appuyer leur opinion sur ce que Léonard faisoit bien des vers, et qu'il avoit lui seul tous les talens que les enfans et les disciples d'Apollon partageoient entre eux. Il ne reste qu'un seul Sonnet de Léonard, que voici; ses autres poésies se sont perdues.

SONETTO MORALE.

Chi non può quel che vuol, quel che può voglia,
Che quel che non si può folle è volere.
Adunque saggio è l'huomo da tenere,
Che da quel che non può suo voler toglia.

Pero ch'ogni diletto nostro e doglia
Stà insi e no saper voler potere,
Adunque quel sol può che co'l dovere
Ne trahe la ragion fuor di sua soglia.

Ne sempre è da voler quel che l'huom puote,
Spesso par dolce quel che torna amaro.
Piansi già quel ch'io volsi poi ch'io l'hebbi,

Adunque tu, Lettor, di queste note,
S'a te vuoi esset buono, e a gl'altri caro,
Vogli semper poter quel che tu debbi.

Ce qui doit surprendre davantage, c'est que Léonard se plaisoit à des exercices qui paroissent fort éloignés de son art; il manioit bien un cheval et se plaisoit à paroître bien monté; il faisoit fort bien des armes, et l'on ne voyoit guère de son temps de cavalier qui eût meilleur air que lui. Tant de belles qualités, jointes à des manières fort polies, une conversation charmante, un ton de voix agréable, en faisoient un homme des plus accomplis: on recherchoit avec empressement sa conversation, et on ne se lassoit jamais de l'entendre.

Je crois aussi que tant d'exercices différens qui partageoient son temps, l'ont empêché de finir plusieurs de ses ouvrages, autant que son humeur prompte et vive, et que son habileté même, qui ne lui permettoit pas de se contenter du médiocre.

La réputation de Léonard se répandit bientôt dans toute l'Italie, où il étoit regardé comme le premier homme de son siècle, pour la connoissance des beaux-arts. Le duc de Milan, Louis Sforce, surnommé le More, le fit venir à la cour, et lui donna 500 écus de pension. Ce prince, qui venoit d'établir une académie d'Architecture, voulut que Léonard y entrât, et ce fut le plus grand bien que le duc pût faire à cette société. Léonard en bannit les manières gothiques que les architectes de l'ancienne académie, établie cent ans auparavant sous Michelino, conservoient encore, et il ramena tout aux règles du bon goût, que les Grecs et les Romains avoient si heureusement mises en pratique.

Ce fut alors que le duc Louis le More forma le dessein de faire un nouveau canal pour conduire de l'eau à Milan: Léonard fut chargé de l'exécution de ce projet, et il s'en acquitta avec un succès qui surpassa tout ce qu'on pouvoit attendre. Ce canal est celui qu'on appelle le Canal de Mortesana; sa longueur est de plus de deux cents milles; il passe par la Valteline et par la vallée de Chiavenna, portant jusques sous les murs de Milan les eaux de l'Adda, et avec elles la fertilité dans les campagnes et l'abondance dans la ville, par le commerce du Pô et de la mer.

Léonard eut bien d'autres difficultés à vaincre en faisant ce canal, que celles qu'on avoit rencontrées en travaillant à l'ancien canal qui porte les eaux du Tesin de l'autre côté de la ville, et qui avoit été fait deux cents ans auparavant, du temps de la République; mais malgré tous les obstacles, il trouva moyen de faire monter et descendre des bateaux par-dessus les montagnes et dans les vallées.

Pour exécuter son dessein, Léonard s'étoit retiré à Vaverola, où messieurs Melzi avoient une maison; il y avoit passé quelques années occupé de l'étude de la philosophie et des mathématiques, et il s'étoit fort appliqué aux parties qui pouvoient lui donner des lumières sur l'ouvrage qu'il entreprenoit. A l'étude de la philosophie, il joignit les recherches de l'antiquité et de l'histoire: en l'étudiant il remarqua comment les Ptolomées avoient conduit l'eau du Nil en différens endroits de l'Égypte, et de quelle manière Trajan établit un grand commerce à Nicomédie, en rendant navigables les lacs et les rivières qui sont entre cette ville et la mer.

Après que Léonard eut travaillé pour la commodité de la ville de Milan, il s'occupa par les ordres du duc à l'embellir et à l'orner de ses peintures. Le prince lui proposa de faire un tableau de la Cène de Notre-Seigneur pour le réfectoire des Dominicains de Notre-Dame de la Grace. Léonard se surpassa lui-même dans cet ouvrage, où l'on voit toutes les beautés de son art répandues d'une manière qui surprend; le dessin est grand et correct, l'expression belle et noble, le coloris charmant et précieux, les airs de têtes y sont bien variés: on admire sur-tout les têtes des deux saints Jacques; car celle du Christ n'est point achevée. Léonard avoit une si haute idée de l'humanité sainte, qu'il crut ne pouvoir jamais exprimer l'idée qu'il s'en étoit formée.

Lorsque Léonard travailloit à ce tableau, le prieur du couvent des Dominicains lui faisoit souvent des plaintes de ce qu'il ne le finissoit point, et il osa même en parler au duc, qui fit venir Léonard, et lui demanda où en étoit son ouvrage. Léonard dit au prince qu'il ne lui restoit plus que deux têtes à faire, celle du Sauveur et celle de Judas; qu'il ne comptoit point finir celle du Christ, parce qu'il ne croyoit point pouvoir exprimer avec le pinceau les perfections de son humanité; mais que celle de Judas, il la finiroit bientôt, parce que pour exprimer le caractère de l'avarice, il n'avoit qu'à représenter le prieur des Dominicains, qui récompensoit si mal la peine qu'il prenoit à finir ce tableau.

Cet ouvrage a toujours été regardé comme le plus beau qui soit sorti des mains de Léonard. Le moment qu'il a choisi de l'histoire qu'il a peinte, est celui où Jésus-Christ déclare à ses Apôtres qu'un d'eux le trahira: les sentimens qui durent naître dans l'ame des Apôtres, sont bien représentés, et les expressions de douleur, de crainte, d'inquiétude, sont admirables: on remarque dans Judas tous les traits qui peuvent faire connoître un scélérat et un homme dévoué au crime: aussi l'expression étoit de toutes les parties de la Peinture celle dans laquelle excelloit Léonard.

François Ier trouva ce tableau si beau lorsqu'il le vit à Milan, qu'il voulut l'avoir, et le faire porter en France; mais cela ne put se faire, parce que cette histoire est peinte sur un mur, et occupe un espace de plus de trente pieds en hauteur et en largeur. On croit que la copie de ce tableau, qui se voit à Paris à S. Germain-l'Auxerrois, a été faite par ordre de François Ier. Lomazzo, disciple de Léonard, en a fait aussi une copie en grand: elle est à Milan, à S. Barnabé. Ces deux copies donneront dans la suite aux Peintres et aux curieux une idée des beautés de l'original: car il est aujourd'hui entièrement gâté, Léonard l'ayant peint à l'huile sur un mur qui n'étoit pas bien sec, et dont l'humidité a effacé les couleurs. On voit, dans le même réfectoire des Dominicains, un tableau où Léonard a peint le duc Louis le More, et la duchesse Béatrix sa femme: ces deux figures sont à genoux; d'un côté on voit leurs enfans, et de l'autre un Christ à la croix. Il peignit encore environ dans le même temps une Nativité de Notre-Seigneur pour le duc Louis: elle est aujourd'hui dans le cabinet de l'Empereur.

Il ne faut pas s'étonner que les tableaux de Léonard fussent si estimés et si recherchés, il leur donnoit beaucoup de force par une étude particulière qu'il avoit faite de l'anatomie; et pour connoître à fond cette partie de la Peinture, si nécessaire à ceux qui veulent dessiner correctement, il avoit eu souvent des conférences avec Marc-Antoine de la Tour, professeur d'anatomie à Pavie, et qui écrivoit sur l'anatomie. Il fit même un livre entier de Dessins, rempli de figures dessinées d'après le naturel, que François Melzi, son disciple, a eu; et un autre pour Gentil Borromée, maître d'armes: ce livre ne contenoit que des combats d'hommes à pied et à cheval, et Léonard avoit eu soin d'y donner des exemples de toutes les règles de l'art, et de les réduire pour ainsi dire en pratique dans les combats qu'il avoit représentés. Il composa aussi divers Traités pour les Peintres de l'académie de Milan, dont il étoit directeur; et ce fut par ses soins et par ses études qu'elle devint bientôt florissante. Après la mort de Léonard, ses ouvrages furent abandonnés, et demeurèrent long-temps chez messieurs Melzi, dans leur maison de Vaverola, et ensuite ils furent dispersés de tous côtés, comme je le dirai dans la suite.

Léonard de Vinci se retiroit souvent à Vaverola chez messieurs Melzi, pour étudier plus tranquillement, sans être interrompu par les visites de ses amis et par les soins de l'académie; et ce fut durant le séjour de plusieurs années qu'il y fit, qu'il composa la plupart de ses ouvrages. Mais les guerres d'Italie troublèrent son repos, et ruinèrent l'académie de Milan. Tous les Peintres que Léonard avoit formés ont si bien imité sa manière, qu'on prend souvent leurs ouvrages pour ceux de Léonard même; ils se dissipèrent après la défaite du duc Louis le More, l'an 1500, qui fut amené prisonnier en France, où il mourut au château de Loches.

L'Italie entière profita de cette disgrace; car les disciples de Léonard, qui étoient eux-mêmes fort habiles, se répandirent de tous côtés. Il avoit formé des Peintres, des Sculpteurs, des Architectes, des Graveurs, qui savoient fort bien tailler le cristal et toutes sortes de pierres précieuses, des ouvriers fort entendus dans la fonte des métaux. On vit sortir de l'École de Milan, François Melzi, César Sesto, gentilhomme Milanois, Bernard Lovino, André Salaino, Marc-Uggioni, Antoine Boltraffio, Gobbo, très-bon Peintre et habile Sculpteur, Bernazzano, excellent paysagiste, Paul Lomazzo et plusieurs autres. Sesto et Lovino, sont ceux qui ont eu le plus de réputation, mais Lomazzo les auroit surpassé tous, s'il n'avoit perdu la vue à la fleur de son âge: depuis cet accident, ne pouvant plus travailler de peinture, il composa des Livres des leçons qu'il avoit reçues de Léonard, et il les propose comme un modèle accompli à ceux qui veulent exceller dans la peinture. Annibal Fontana, qui savoit si bien polir le marbre, et tailler les pierres précieuses, avouoit que ce qu'il savoit, il l'avoit appris de Léonard.

Dès le commencement de la guerre du Milanois, et avant la défaite du duc Louis, Léonard étoit venu à Milan; les principaux de la ville le prièrent de faire quelque chose pour l'entrée du roi Louis XII; il y consentit, et fit une machine fort curieuse; c'étoit un lion dont le corps étoit rempli de ressorts, par le moyen desquels cet automate s'avança au-devant du roi dans la salle du palais, puis s'étant dressé sur ses pieds de derrière, il ouvrit son estomac et fit voir un écusson rempli de fleurs de lis. Lomazzo s'est trompé quand il a dit que cela avoit été fait pour François Ier, car ce prince ne vint à Milan qu'en 1515, et Léonard étoit alors à Rome.

Les troubles du Milanois obligèrent Léonard de se retirer à Florence; rien ne l'attachoit plus à Milan, le duc Louis son protecteur étoit mort, et l'académie de Milan s'étoit dissipée. Florence jouissoit du repos nécessaire pour faire fleurir les beaux arts. La magnificence des Médicis, et le bon goût des principaux de la ville, engagèrent Léonard encore plus que l'amour de la patrie à s'y retirer. Le premier ouvrage qu'il y fit, fut un dessin de tableau pour le grand autel de l'Annonciade: on y voyoit une Vierge avec le petit Jésus, sainte Anne et saint Jean. Toute la ville de Florence vit ce dessin, et l'admira. Léonard, quelques années après, le porta en France, et François Ier vouloit qu'il le mît en couleur. Mais le tableau qu'il peignit avec plus de soin et d'amour, fut le portrait de Lise, appelée communément la Joconde, du nom de François Joconde son époux. François Ier voulut avoir ce portrait, et il en donna quatre mille écus: on le voit aujourd'hui dans le cabinet du roi. On dit que Léonard employa quatre ans entiers à finir cet ouvrage, et que pendant qu'il peignoit cette dame, il y avoit toujours auprès d'elle des personnes qui chantoient ou qui jouoient de quelque instrument pour la divertir, et l'empêcher de faire paroître une certaine mélancolie où l'on ne manque guère de tomber quand on est sans action. Léonard fit encore le portrait d'une marquise de Mantoue, qui a été apporté en France, et celui de la fille d'Améric Benci; c'étoit une jeune enfant d'une beauté charmante. Cette Flore qui a un air si noble et si gracieux, fut achevée en ce temps-là: elle est aujourd'hui à Paris.

L'an 1503, ceux de Florence voulurent faire peindre au palais la salle du Conseil, et Léonard fut chargé par un décret de la conduite de l'ouvrage; il l'avoit déjà fort avancé d'un côté de la salle, lorsqu'il s'apperçut que ses couleurs ne tenoient point, et qu'elles se détachoient de la muraille à mesure qu'elles séchoient. Michel Ange peignoit en concurrence de Léonard un autre côté de la salle, quoiqu'il n'eut encore que vingt-neuf ans; il étoit savant, et avoit déjà acquis une grande réputation; il prétendoit même l'emporter sur Léonard qui étoit âgé de plus de soixante ans: chacun avoit ses amis, qui, bien loin de les raccommoder, les aigrirent tellement l'un contre l'autre, en donnant la préférence à celui pour qui ils se déclaroient, que Léonard et Michel Ange en devinrent ennemis. Raphaël fut le seul qui sut profiter des démêlés de ces deux grands hommes, la réputation de Léonard l'avoit fait venir à Florence; il fut surpris en voyant ses ouvrages, et quitta bientôt la manière sèche et dure de Pierre Pérugin son maître, pour donner à ses ouvrages cette douceur et cette tendresse que les Italiens appellent Morbidezza, en quoi il a surpassé tous les Peintres.

Léonard travailla toujours à Florence jusqu'en 1513; ce qu'il fit de plus considérable, fut un tableau d'une Vierge avec le petit Jésus, et un autre où il a représenté la tête de saint Jean-Baptiste; le premier est chez les Botti, et le second chez Camille Albizzi.

Léonard n'avoit point encore vu Rome, l'avènement de Léon X au pontificat, lui donna occasion d'y aller, pour présenter ses respects au nouveau Pape, et il auroit été estimé dans cette ville autant qu'il le méritoit, sans une aventure bizarre qui l'empêcha d'y travailler. Léon X, en qui la magnificence et l'amour des beaux arts étoient des qualités héréditaires, résolut d'employer Léonard, qui se mit aussi-tôt à distiller des huiles, et à préparer des vernis pour couvrir ses tableaux: le Pape en ayant été informé, dit qu'il ne falloit rien attendre d'un homme qui songeoit à finir ses ouvrages avant de les avoir commencés. Vasari, zélé partisan de Michel Ange, dit qu'on donna encore à Rome bien d'autres mortifications à Léonard, par les discours injurieux qu'on répandoit contre lui, et par la préférence qu'on donnoit en tout à Michel Ange. Ainsi Rome ne sut point profiter des talens de Léonard, qui se rebuta enfin, et qui se voyant appelé par François Ier, passa en France, où il trouva dans la bonté de ce prince de quoi se dédommager des chagrins qu'il avoit reçus à Rome. Il avoit plus de soixante et dix ans quand il entreprit le voyage; mais l'honneur de servir un si grand roi, le soutenoit et sembloit lui donner des forces. La cour étoit à Fontainebleau, lorsque Léonard alla saluer le roi; ce prince lui fit mille caresses, et lui donna toujours des marques d'estime et de bonté, quoiqu'il ne pût guère l'employer à cause de son grand âge. Il y a apparence que les fatigues du voyage et le changement de climat contribuèrent à la maladie dont Léonard mourut; il languit durant quelques mois à Fontainebleau, pendant lesquels le roi lui fit l'honneur de l'aller voir plusieurs fois. Il arriva un jour que ce prince y étant allé, Léonard voulut s'avancer et s'asseoir sur son lit, pour remercier le roi; dans ce moment il lui prit une foiblesse qui l'emporta: il expira entre les bras du roi, qui avoit bien voulu le soutenir pour le soulager.

Léonard de Vinci mourut âgé de plus de soixante et quinze ans, regretté de ceux qui aimoient les beaux arts, et honoré de l'estime d'un grand roi. Jamais il n'y eut d'homme en qui la nature eut répandu plus libéralement tous ses dons, car il avoit toutes les qualités d'esprit et de corps qui peuvent faire un homme accompli. Il étoit beau et bien fait, sa force étoit surprenante, il faisoit bien tous les exercices du corps; mais les talens de son esprit étoient encore au-dessus des autres qualités qu'il avoit. Il joignoit la douceur et la politesse des mœurs à une force et une grande élévation d'esprit, une vivacité surprenante à une grande application à l'étude, une érudition assez grande à une conversation agréable. Léonard de Vinci ne voulut point se marier pour travailler avec plus de liberté: sur quoi un de ses amis disoit qu'il n'avoit point voulu avoir d'autre épouse que la Peinture, ni d'autres enfans que les ouvrages qu'il faisoit. Au sortir de sa jeunesse il laissa croître ses cheveux et sa barbe, de sorte qu'il ressembloit à quelque vieux Druide, ou à un solitaire de la Thébaïde.

La plus grande partie des tableaux de Léonard sont à Florence chez le Grand-Duc, ou en France; il s'en trouve plusieurs en différens pays, chez les princes et chez les curieux. Outre ceux dont j'ai parlé, Lomazzo dit qu'il fit un tableau de la Conception de la sainte Vierge pour l'église de Saint François de Milan. On en voit en France plusieurs qui sont certainement de lui; comme la Vierge avec sainte Anne et le petit Jésus, qui étoit au palais Cardinal; une Hérodiade d'une grande beauté, qui étoit chez le cardinal de Richelieu; un tableau de la Vierge, avec le petit Jésus, saint Jean et un Ange; un autre tableau de la Vierge, qu'avoit eu le marquis de Sourdis. M. de Charmois avoit un tableau de la Vierge avec le petit Jésus, Ste Anne et S. Michel; et un autre où Léonard avoit peint Joseph qui fuit, et que la femme de Putifar veut arrêter; la douceur et la modestie de l'un, et l'impudence de l'autre étoient admirablement bien représentées.

Pour ce qui est des ouvrages que Léonard avoit composés, et des dessins qu'il avoit faits, ceux qui les ont réunis les conservent sans en vouloir faire part au public. Après la mort de Léonard on les mit en treize volumes, ils étoient écrits à rebours comme les livres hébraïques, et d'un caractère fort menu, apparemment afin que toute sorte de personnes ne pussent pas les lire. Voici quel a été le sort de ces précieux restes des études de Léonard.

Lelio Gavardi d'Asola, prévôt de Saint-Zenon de Pavie, et proche parent des Manuces, étoit professeur d'Humanités; il avoit appris les belles-lettres à messieurs Melzi, et cela lui avoit donné occasion d'aller souvent à leur maison de campagne: il y trouva les treize volumes des ouvrages de Léonard, qu'il demanda; on les lui donna, et il les porta à Florence, dans l'espérance d'en tirer beaucoup d'argent du Grand-Duc; mais ce prince étant venu à mourir, Gavardi porta ses livres à Pise, où il rencontra Ambroise Mazzenta, gentilhomme du Milanois, qui lui fit scrupule d'avoir tiré les papiers de Léonard de messieurs Melzi, qui n'en connoissoient pas le prix. Gavardi, touché de ce qu'on lui avoit dit, rendit à Horace Melzi, chef de sa maison, les livres de Léonard. Comme Melzi étoit un fort bon homme, il reconnut l'attention que Mazzenta avoit eu à lui faire plaisir, et lui fit présent des treize volumes des papiers de Léonard. Ils restèrent chez les Mazzenta, qui parloient par-tout du présent qu'on leur avoit fait. Alors Pompée Leoni, statuaire du roi d'Espagne, fit connoître à Melzi ce que valoient les papiers et les dessins de Léonard; il lui fit espérer des charges dans Milan, s'il pouvoit les retirer pour les donner au roi d'Espagne. L'envie de s'avancer et de s'enrichir fit sur l'esprit de Melzi des impressions que l'amour de la vertu et des beaux arts n'y avoit point faites; il court chez les Mazzenta, et à force de prières il en obtint sept volumes. Des six autres, le cardinal Borromée en eut un, qui est aujourd'hui dans la bibliothèque Ambrosienne. Ambroise Figgini en eut un, qui a passé à Hercule Bianchi son héritier. Le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, en eut un, et Pompée Leoni les trois autres, que Cleodore Calchi son héritier a vendu au seigneur Galeas Lonato.

Parmi les papiers de Léonard, il y avoit des Dessins et des Traités: les Traités dont on a connoissance sont ceux qui suivent:

Un Traité de la nature, de l'équilibre, et du mouvement de l'eau; cet ouvrage est rempli de dessins de machines pour conduire, élever et soutenir les eaux. Ce fut l'entreprise du canal de Mortesana, qui lui donna occasion de le composer.

Un Traité d'anatomie, dont j'ai parlé; cet ouvrage étoit accompagné d'une grande quantité de dessins, faits avec beaucoup de soin. Léonard en parle au Chapitre XXII de la Peinture.

Un Traité d'anatomie et de figures de chevaux; Léonard les dessinoit bien, et en faisoit de fort beaux modèles: il avoit fait ce Traité pour servir à ceux qui veulent peindre des batailles et des combats. Vasari, Borghini, Lomazzo en parlent.

Un Traité de la perspective, divisé en plusieurs livres; c'est apparemment celui dont Lomazzo parle dans le Chapitre IV. Léonard donne dans ce Traité des règles pour représenter des figures plus grandes que le naturel.

Un Traité de la lumière et des ombres, qui est aujourd'hui dans la bibliothèque Ambrosienne; c'est un volume couvert de velours rouge, que le sieur Mazzenta donna au cardinal Borromée. Léonard y traite son sujet en philosophe, en mathématicien et en peintre; il en parle au Chapitre CCLXXVIII du Traité de la Peinture. Cet ouvrage doit être d'une grande beauté, car Léonard étoit admirable dans cette partie de la Peinture; et il entendoit si bien les effets de la lumière et des couleurs, qu'il représente les choses avec un caractère de vérité qu'on ne remarque point dans les tableaux des autres Peintres.

Léonard promet dans son Traité de la Peinture, deux autres ouvrages; l'un est un Traité du mouvement des corps, l'autre est un Traité de l'équilibre des corps. On peut voir les Chapitres CXII, CXXVIII et CCLXVIII du Traité de la Peinture.

C'est ce Traité qu'on donne ici en françois. Un Peintre du Milanois, passant par Florence, avoit dit à Vasari en lui montrant cet ouvrage, qu'il le feroit imprimer à Rome; mais il ne tint pas parole. Ce que les Italiens n'ont pas voulu faire pour la perfection de la Peinture, les François l'ont fait en mettant au jour ce beau Traité de Léonard de Vinci en italien, après avoir consulté et confronté plusieurs manuscrits. M. de Charmois, qui avoit une si grande connoissance des Beaux-Arts, l'a traduit en françois: c'est la version que je donne ici, mais plus correcte qu'elle n'a paru la première fois. On peut juger par la lecture de ce Traité, de l'avantage qu'on retireroit, si les princes et les curieux qui ont les autres ouvrages de Léonard de Vinci, les donnoient au Public.


TABLE DES CHAPITRES.

CHAPITRE

Page

Chap. I. Quelle est la première étude que doit faire un jeune Peintre.

1

Chap. II. A quelle sorte d'étude un jeune Peintre se doit principalement appliquer.

2

Chap. III. De la méthode qu'il faut donner aux jeunes gens pour apprendre à peindre.

ibid.

Chap. IV. Comment on connoît l'inclination qu'on a pour la Peinture, quoiqu'on n'y ait point de disposition.

4

Chap. V. Qu'un Peintre doit être universel, et ne se point borner à une seule chose.

ibid.

Chap. VI. De quelle manière un jeune Peintre doit se comporter dans ses études.

5

Chap. VII. De la manière d'étudier.

ibid.

Chap. VIII. Ce que doit faire un Peintre qui veut être universel.

6

Chap. IX. Avis sur le même sujet.

ibid.

Chap. X. Comment un Peintre se doit rendre universel.

7

Chap. XI. Comment on connoît le progrès qu'on fait dans la Peinture.

8

Chap. XII. De la manière d'apprendre à dessiner.

9

Chap. XIII. Comment il faut esquisser les compositions d'histoires, et les figures.

ibid.

Chap. XIV. Qu'il faut corriger les fautes dans ses ouvrages, quand on les découvre.

10

Chap. XV. Du jugement qu'on doit porter de ses propres ouvrages.

11

Chap. XVI. Moyen d'exciter l'esprit et l'imagination à inventer plusieurs choses.

ibid.

Chap. XVII. Qu'il est utile de repasser durant la nuit dans son esprit les choses qu'on a étudiées.

12

Chap. XVIII. Qu'il faut s'accoutumer à travailler avec patience, et à finir ce que l'on fait, devant que de prendre une manière prompte et hardie.

13

Chap. XIX. Qu'un Peintre doit souhaiter d'apprendre les différens jugemens qu'on fait de ses ouvrages.

14

Chap. XX. Qu'un Peintre ne doit pas tellement se fier aux idées qu'il s'est formé des choses, qu'il néglige de voir le naturel.

ibid.

Chap. XXI. De la variété des proportions dans les figures.

15

Chap. XXII. Comment on peut être universel.

ibid.

Chap. XXIII. De ceux qui s'adonnent à la pratique avant que d'avoir appris la théorie.

16

Chap. XXIV. Qu'il ne faut pas qu'un Peintre en imite servilement un autre.

17

Chap. XXV. Comment il faut dessiner d'après le naturel.

ibid.

Chap. XXVI. Remarque sur les jours et sur les ombres.

18

Chap. XXVII. De quel côté il faut prendre le jour et à quelle hauteur on doit prendre son point de lumière, pour dessiner d'après le naturel.

ibid.

Chap. XXVIII. Des jours et des ombres qu'il faut donner aux figures qu'on dessine d'après les bosses et les figures de relief.

19

Chap. XXIX. Quel jour il faut prendre pour travailler d'après le naturel, ou d'après la bosse.

21

Chap. XXX. Comment il faut dessiner le nu.

22

Chap. XXXI. De la manière de dessiner d'après la bosse, ou d'après le naturel.

23

Chap. XXXII. Manière de dessiner un paysage d'après le naturel, ou de faire un plan exact de quelque campagne.

ibid.

Chap. XXXIII. Comment il faut dessiner les paysages.

24

Chap. XXXIV. Comment il faut dessiner à la lumière de la chandelle.

ibid.

Chap. XXXV. De quelle manière on pourra peindre une tête, et lui donner de la grace avec les ombres et les lumières convenables.

25

Chap. XXXVI. Quelle lumière on doit choisir pour peindre les portraits, et généralement toutes les carnations.

26

Chap. XXXVII. Comment un Peintre doit voir et dessiner les figures qu'il veut faire entrer dans la composition d'une histoire.

ibid.

Chap. XXXVIII. Moyen pour dessiner avec justesse d'après le naturel quelque figure que ce soit.

27

Chap. XXXIX. Mesure ou division d'une statue.

ibid.

Chap. XL. Comment un Peintre se doit placer à l'égard du jour qui éclaire son modèle.

28

Chap. XLI. Quelle lumière est avantageuse pour faire paroître les objets.

ibid.

Chap. XLII. D'où vient que les peintres se trompent souvent dans le jugement qu'ils font de la beauté des parties du corps, et de la justesse de leurs proportions.

29

Chap. XLIII. Qu'il est nécessaire de savoir l'anatomie, et de connoître l'assemblage des parties de l'homme.

30

Chap. XLIV. Du défaut de ressemblance et de répétition dans un même tableau.

ibid.

Chap. XLV. Ce qu'un Peintre doit faire pour ne se point tromper dans le choix qu'il fait d'un modèle.

31

Chap. XLVI. De la faute que font les Peintres qui font entrer dans la composition d'un tableau des figures qu'ils ont dessinées à une lumière différente de celle dont ils supposent que leur tableau est éclairé.

32

Chap. XLVII. Division de la Peinture.

33

Chap. XLVIII. Division du dessin.

ibid.

Chap. XLIX. De la proportion des membres.

ibid.

Chap. L. Du mouvement et de l'expression des figures.

34

Chap. LI. Qu'il faut éviter la dureté des contours.

35

Chap. LII. Que les défauts ne sont pas si remarquables dans les petites choses que dans les grandes.

36

Chap. LIII. D'où vient que les choses peintes ne peuvent jamais avoir le même relief que les choses naturelles.

37

Chap. LIV. Qu'il faut éviter de peindre divers tableaux d'histoire l'un sur l'autre dans une même façade.

39

Chap. LV. De quelle lumière un Peintre se doit servir pour donner à ses figures un plus grand relief.

41

Chap. LVI. Lequel est plus excellent et plus nécessaire de savoir donner les jours et les ombres aux figures, ou de les bien contourner.

42

Chap. LVII. De quelle sorte il faut étudier.

ibid.

Chap. LVIII. Remarque sur l'expression et sur les attitudes.

43

Chap. LIX. Que la Peinture ne doit être vue que d'un seul endroit.

ibid.

Chap. LX. Remarque sur les ombres.

44

Chap. LXI. Comment il faut représenter les petits enfans.

ibid.

Chap. LXII. Comment on doit représenter les vieillards.

45

Chap. LXIII. Comment on doit représenter les vieilles.

ibid.

Chap. LXIV. Comment on doit peindre les femmes.

ibid.

Chap. LXV. Comment on doit représenter une nuit.

46

Chap. LXVI. Comment il faut représenter une tempête.

47

Chap. LXVII. Comme on doit représenter aujourd'hui une bataille.

50

Chap. LXVIII. Comment il faut peindre un lointain.

55

Chap. LXIX. Que l'air qui est près de la terre, doit paroître plus éclairé que celui qui en est loin.

56

Chap. LXX. Comment on peut donner un grand relief aux figures, et faire qu'elles se détachent du fond du tableau.

57

Chap. LXXI. Comment on doit représenter la grandeur des objets que l'on peint.

58

Chap. LXXII. Quelles choses doivent être plus finies, et quelles choses doivent l'être moins.

60

Chap. LXXIII. Que les figures séparées ne doivent point paroître se toucher et être jointes ensemble.

ibid.

Chap. LXXIV. Si le jour se doit prendre en face ou de côté, et lequel des deux donne plus de grace.

61

Chap. LXXV. De la réverbération, ou des reflets de lumière.

62

Chap. LXXVI. Des endroits où la lumière ne peut être réfléchie.

ibid.

Chap. LXXVII. Des reflets.

63

Chap. LXXVIII. Des reflets de lumière qui sont portés sur des ombres.

64

Chap. LXXIX. Des endroits où les reflets de lumière paroissent davantage, et de ceux où ils paroissent moins.

65

Chap. LXXX. Quelle partie du reflet doit être plus claire.

ibid.

Chap. LXXXI. Des reflets du coloris de la carnation.

67

Chap. LXXXII. En quels endroits les reflets sont plus sensibles.

68

Chap. LXXXIII. Des reflets doubles et triples.

ibid.

Chap. LXXXIV. Que la couleur d'un reflet n'est pas simple, mais mêlée de deux ou de plusieurs couleurs.

70

Chap. LXXXV. Que les reflets sont rarement de la couleur du corps d'où ils partent, ou de la couleur du corps où ils sont portés.

71

Chap. LXXXVI. En quel endroit un reflet est plus éclatant et plus sensible.

72

Chap. LXXXVII. Des couleurs réfléchies.

73

Chap. LXXXVIII. Des termes de reflets, ou de la projection des lumières réfléchies.

74

Chap. LXXXIX. De la position des figures.

ibid.

Chap. XC. Comment on peut apprendre à bien agroupper les figures dans un tableau d'histoire.

75

Chap. XCI. Quelle proportion il faut donner à la hauteur de la première figure d'un tableau d'histoire.

76

Chap. XCII. Du relief des figures qui entrent dans la composition d'une histoire.

77

Chap. XCIII. Du raccourcissement des figures d'un tableau.

78

Chap. XCIV. De la diversité des figures dans une histoire.

78

Chap. XCV. Comment il faut étudier les mouvemens du corps humain.

79

Chap. XCVI. De quelle sorte il faut étudier la composition des histoires, et y travailler.

81

Chap. XCVII. De la variété nécessaire dans les histoires.

82

Chap. XCVIII. Qu'il faut dans les histoires éviter la ressemblance des visages, et diversifier les airs de tête.

83

Chap. XCIX. Comment il faut assortir les couleurs, pour qu'elles se donnent de la grace les unes aux autres.

84

Chap. C. Comment on peut rendre les couleurs vives et belles.

85

Chap. CI. De la couleur que doivent avoir les ombres des couleurs.

86

Chap. CII. De la variété qui se remarque dans les couleurs, selon qu'elles sont plus éloignées ou plus proches.

ibid.

Chap. CIII. A quelle distance de la vue les couleurs des choses se perdent entièrement.

87

Chap. CIV. De la couleur de l'ombre du blanc.

88

Chap. CV. Quelle couleur produit l'ombre la plus obscure et la plus noire.

ibid.

Chap. CVI. De la couleur qui ne reçoit point de variété (c'est-à-dire, qui paroît toujours de même force sans altération) quoique placée en un air plus ou moins épais, ou en diverses distances.

89

Chap. CVII. De la perspective des couleurs.

93

Chap. CVIII. Comment il se pourra faire qu'une couleur ne reçoive aucune altération, étant placée en divers lieux où l'air sera différent.

95

Chap. CIX. Si des couleurs différentes peuvent perdre également leurs teintes quand elles sont dans l'obscurité ou dans l'ombre.

96

Chap. CX. Pourquoi on ne peut distinguer la couleur et la figure des corps qui sont dans un lieu qui paroît n'être point éclairé, quoiqu'il le soit.

97

Chap. CXI. Qu'aucune chose ne montre point sa véritable couleur, si elle n'est éclairée d'une autre couleur semblable.

98

Chap. CXII. Que les couleurs reçoivent quelques changemens par l'opposition du champ sur lequel elles sont.

99

Chap. CXIII. Du changement des couleurs transparentes couchées sur d'autres couleurs, et du mélange des couleurs.

ibid.

Chap. CXIV. Du degré de teinte où chaque couleur paroît davantage.

100

Chap. CXV. Que toute couleur qui n'a point de lustre, est plus belle dans ses parties éclairées que dans les ombres.

101

Chap. CXVI. De l'apparence des couleurs.

102

Chap. CXVII. Quelle partie de la couleur doit être plus belle.

ibid.

Chap. CXVIII. Que ce qu'il y a de plus beau dans une couleur doit être placé dans les lumières.

103

Chap. CXIX. De la couleur verte qui se fait de rouille de cuivre, et qu'on appelle vert-de-gris.

ibid.

Chap. CXX. Comment on peut augmenter la beauté du vert-de-gris.

104

Chap. CXXI. Du mélange des couleurs l'une avec l'autre.

105

Chap. CXXII. De la surface des corps qui ne sont pas lumineux.

107

Chap. CXXIII. Quelle est la superficie plus propre à recevoir les couleurs.

107

Chap. CXXIV. Quelle partie d'un corps participe davantage à la couleur de son objet, c'est-à-dire, du corps qui l'éclaire.

108

Chap. CXXV. En quel endroit la superficie des corps paroîtra d'une plus belle couleur.

109

Chap. CXXVI. De la carnation des têtes.

ibid.

Chap. CXXVII. Manière de dessiner d'après la bosse, et d'apprêter du papier propre pour cela.

110

Chap. CXXVIII. Des changemens qui se remarquent dans une couleur, selon qu'elle est ou plus ou moins éloignée de l'œil.

ibid.

Chap. CXXIX. De la verdure qui paroît à la campagne.

111

Chap. CXXX. Quelle verdure tirera plus sur le bleu.

ibid.

Chap. CXXXI. Quelle est celle de toutes les superficies qui montre moins sa véritable couleur.

112

Chap. CXXXII. Quel corps laisse mieux voir sa couleur véritable et naturelle.

ibid.

Chap. CXXXIII. De la lumière des paysages.

113

Chap. CXXXIV. De la perspective aérienne, et de la diminution des couleurs causée par une grande distance.

ibid.

Chap. CXXXV. Des objets qui paroissent à la campagne dans l'eau comme dans un miroir, et premièrement de l'air.

115

Chap. CXXXVI. De la diminution des couleurs, causée par quelque corps qui est entre elles et l'œil.

116

Chap. CXXXVII. Du champ ou du fond qui convient à chaque ombre et à chaque lumière.

ibid.

Chap. CXXXVIII. Quel remède il faut apporter lorsque le blanc sert de champ à un autre blanc, ou qu'une couleur obscure sert de fond à une autre qui est aussi obscure.

117

Chap. CXXXIX. De l'effet des couleurs qui servent de champ au blanc.

ibid.

Chap. CXL. Du champ des figures.

118

Chap. CXLI. Des fonds convenables aux choses peintes.

119

Chap. CXLII. De ceux qui peignant une campagne donnent aux objets plus éloignés une teinte plus obscure.

120

Chap. CXLIII. Des couleurs des choses qui sont éloignées de l'œil.

ibid.

Chap. CXLIV. Des degrés de teintes dans la Peinture.

121

Chap. CXLV. Des changemens qui arrivent aux couleurs de l'eau de la mer, selon les divers aspects d'où elle est vue.

122

Chap. CXLVI. Des effets des différentes couleurs opposées les unes aux autres.

123

Chap. CXLVII. De la couleur des ombres de tous les corps.

ibid.

Chap. CXLVIII. De la diminution des couleurs dans les lieux obscurs.

124

Chap. CXLIX. De la perspective des couleurs.

ibid.

Chap. CL. Des couleurs.

125

Chap. CLI. D'où vient à l'air la couleur d'azur.

ibid.

Chap. CLII. Des couleurs.

126

Chap. CLIII. Des couleurs qui sont dans l'ombre.

ibid.

Chap. CLIV. Du champ des figures des corps peints.

127

Chap. CLV. Pourquoi le blanc n'est point compté entre les couleurs.

128

Chap. CLVI. Des couleurs.

129

Chap. CLVII. Des couleurs des lumières incidentes et réfléchies.

130

Chap. CLVIII. Des couleurs des ombres.

131

Chap. CLIX. Des choses peintes dans un champ clair, et en quelles occasions cela fait bien en peinture.

132

Chap. CLX. Du champ des figures.

133

Chap. CLXI. Des couleurs qui sont produites par le mélange des autres couleurs.

134

Chap. CLXII. Des couleurs.

135

Chap. CLXIII. De la couleur des montagnes.

138

Chap. CLXIV. Comment un Peintre doit mettre en pratique la perspective des couleurs.

139

Chap. CLXV. De la perspective aérienne.

140

Chap. CLXVI. Des mouvemens du corps de l'homme, des changemens qui y arrivent, et des proportions des membres.

142

Chap. CLXVII. Des changemens de mesures qui arrivent au corps de l'homme depuis sa naissance jusqu'à ce qu'il ait la hauteur naturelle qu'il doit avoir.

ibid.

Chap. CLXVIII. Que les petits enfans ont les jointures des membres toutes contraires à celles des hommes, en ce qui regarde la grosseur.

143

Chap. CLXIX. De la différence des mesures entre les petits enfans et les hommes faits.

144

Chap. CLXX. Des jointures des doigts.

145

Chap. CLXXI. De l'emboîtement des épaules, et de leurs jointures.

ibid.

Chap. CLXXII. Des mouvemens des épaules.

146

Chap. CLXXIII. Des mesures universelles des corps.

ibid.

Chap. CLXXIV. Des mesures du corps humain et des plis des membres.

147

Chap. CLXXV. De la proportion des membres.

148

Chap. CLXXVI. De la jointure des mains avec les bras.

149

Chap. CLXXVII. Des jointures des pieds, de leur renflement, et de leur diminution.

150

Chap. CLXXVIII. Des membres qui diminuent quand ils se plient, et qui croissent quand ils s'étendent.

ibid.

Chap. CLXXIX. Des membres qui grossissent dans leur jointure quand ils sont pliés.

151

Chap. CLXXX. Des membres nus des hommes.

ibid.

Chap. CLXXXI. Des mouvemens violens des membres de l'homme.

ibid.

Chap. CLXXXII. Du mouvement de l'homme.

152

Chap. CLXXXIII. Des attitudes et des mouvemens du corps, et de ses membres.

154

Chap. CLXXXIV. Des jointures des membres.

156

Chap. CLXXXV. De la proportion des membres de l'homme.

157

Chap. CLXXXVI. Des mouvemens des membres de l'homme.

ibid.

Chap. CLXXXVII. Du mouvement des parties du visage.

158

Chap. CLXXXVIII. Observations pour dessiner les portraits.

159

Chap. CLXXXIX. Moyen de retenir les traits d'un homme, et de faire son portrait, quoiqu'on ne l'ait vu qu'une seule fois.

161

Chap. CXC. Moyen pour se souvenir de la forme d'un visage.

162

Chap. CXCI. De la beauté des visages.

163

Chap. CXCII. De la position et de l'équilibre des figures.

164

Chap. CXCIII. Que les mouvemens qu'on attribue aux figures, doivent exprimer leurs actions, et les sentimens qu'on suppose qu'elles ont.

164

Chap. CXCIV. De la manière de toucher les muscles sur les membres nus.

165

Chap. CXCV. Du mouvement et de la course de l'homme et des autres animaux.

ibid.

Chap. CXCVI. De la différence de hauteur d'épaules qui se remarque dans les figures dans les différentes actions qu'elles font.

166

Chap. CXCVII. Objection.

ibid.

Chap. CXCVIII. Comment un homme qui retire son bras étendu, change l'équilibre qu'il avoit quand son bras étoit étendu.

167

Chap. CXCIX. De l'homme, et des autres animaux, lesquels dans leurs mouvemens lents, n'ont pas le centre de gravité beaucoup éloigné du centre de leur soutien.

168

Chap. CC. De l'homme qui porte un fardeau sur ses épaules.

ibid.

Chap. CCI. De l'équilibre du corps de l'homme, lorsqu'il est sur ses pieds.

169

Chap. CCII. De l'homme qui marche.

170

Chap. CCIII. De l'équilibre du poids de quelque animal que ce soit pendant qu'il demeure arrêté sur ses jambes.

ibid.

Chap. CCIV. Des plis et des détours que fait l'homme dans les mouvemens de ses membres.

ibid.

Chap. CCV. Des plis des membres.

171

Chap. CCVI. De l'équilibre ou du contrepoids du corps.

ibid.

Chap. CCVII. Du mouvement de l'homme.

172

Chap. CCVIII. Du mouvement qui est produit par la perte de l'équilibre.

173

Chap. CCIX. De l'équilibre des figures.

173

Chap. CCX. De la bonne grace des membres.

174

Chap. CCXI. De la liberté des membres, et de leur facilité à se mouvoir.

175

Chap. CCXII. D'une figure seule hors de la composition d'une histoire.

177

Chap. CCXIII. Quelles sont les principales et les plus importantes choses qu'il faut observer dans une figure.

178

Chap. CCXIV. Que l'équilibre d'un poids doit se trouver sur le centre, ou plutôt autour du centre de la gravité des corps.

ibid.

Chap. CCXV. De la figure qui doit remuer ou élever quelque poids.

179

Chap. CCXVI. De l'attitude des hommes.

ibid.

Chap. CCXVII. Différences d'attitudes.

ibid.

Chap. CCXVIII. Des attitudes des figures.

180

Chap. CCXIX. Des actions de ceux qui se trouvent présens à quelque accident considérable.

181

Chap. CCXX. De la manière de peindre le nu.

182

Chap. CCXXI. D'où vient que les muscles sont gros et courts.

ibid.

Chap. CCXXII. Que les personnes grasses n'ont pas de gros muscles.

183

Chap. CCXXIII. Quels sont les muscles qui disparoissent selon les divers mouvemens de l'homme.

ibid.

Chap. CCXXIV. Des muscles.

184

Chap. CCXXV. Que le nu où l'on verra distinctement tous les muscles, ne doit point faire de mouvement.

185

Chap. CCXXVI. Que dans les figures nues il ne faut pas que tous les muscles soient entièrement et également marqués.

ibid.

Chap. CCXXVII. De l'extension et du raccourcissement des muscles.

186

Chap. CCXXVIII. En quelle partie du corps de l'homme se trouve un ligament sans muscle.

ibid.

Chap. CCXXIX. Des huit osselets qui sont au milieu des ligamens, en diverses jointures du corps de l'homme.

187

Chap. CCXXX. Du muscle qui est entre les mamelles et le petit ventre.

188

Chap. CCXXXI. De la plus grande contorsion que le corps de l'homme puisse faire en se tournant en arrière.

189

Chap. CCXXXII. Combien un bras se peut approcher de l'autre bras derrière le dos.

ibid.

Chap. CCXXXIII. De la disposition des membres de l'homme, qui se prépare à frapper de toute sa force.

190

Chap. CCXXXIV. De la force composée de l'homme, et premièrement de celle des bras.

191

Chap. CCXXXV. En quelle action l'homme a plus de force, ou lorsqu'il tire à soi ou lorsqu'il pousse.

192

Chap. CCXXXVI. Des membres plians, et de ce que fait la chair autour de la jointure où ils se plient.

193

Chap. CCXXXVII. Si l'on peut tourner la jambe sans tourner aussi la cuisse.

194

Chap. CCXXXVIII. Des plis de la chair.

195

Chap. CCXXXIX. Du mouvement simple de l'homme.

196

Chap. CCXL. Du mouvement composé.

ibid.

Chap. CCXLI. Des mouvemens propres du sujet, et qui conviennent à l'intention et aux actions des figures.

197

Chap. CCXLII. Du mouvement des figures.

ibid.

Chap. CCXLIII. Des actions et des gestes qu'on fait quand on montre quelque chose.

198

Chap. CCXLIV. De la variété des visages.

199

Chap. CCXLV. Des mouvemens convenables à l'intention de la figure qui agit.

ibid.

Chap. CCXLVI. Comment les actions de l'esprit et les sentimens de l'ame font agir le corps par des mouvemens faciles et commodes au premier degré.

200

Chap. CCXLVII. Du mouvement qui part de l'esprit à la vue d'un objet qu'on a devant les yeux.

201

Chap. CCXLVIII. Des mouvemens communs.

ibid.

Chap. CCXLIX. Du mouvement des animaux.

202

Chap. CCL. Que chaque membre doit être proportionné à tout le corps dont il fait partie.

ibid.

Chap. CCLI. De l'observation des bienséances.

203

Chap. CCLII. Du mélange des figures selon leur âge et leur condition.

204

Chap. CCLIII. Du caractère des hommes qui doivent entrer dans la composition de chaque histoire.

ibid.

Chap. CCLIV. Comment il faut représenter une personne qui parle à plusieurs autres.

205

Chap. CCLV. Comment il faut représenter une personne qui est fort en colère.

207

Chap. CCLVI. Comment on peut peindre un désespéré.

207

Chap. CCLVII. Des mouvemens qu'on fait en riant et en pleurant, et de leur différence.

208

Chap. CCLVIII. De la position des figures d'enfans et de vieillards.

209

Chap. CCLIX. De la position des figures de femmes et de jeunes gens.

ibid.

Chap. CCLX. De ceux qui sautent.

210

Chap. CCLXI. De l'homme qui veut jeter quelque chose bien loin avec beaucoup d'impétuosité.

211

Chap. CCLXII. Pourquoi celui qui veut tirer quelque chose de terre en se retirant, ou l'y ficher, hausse la jambe opposée à la main qui agit, et la tient pliée.

212

Chap. CCLXIII. De l'équilibre des corps qui se tiennent en repos sans se mouvoir.

ibid.

Chap. CCLXIV. De l'homme qui est debout sur ses pieds, et qui se soutient davantage sur l'un que sur l'autre.

213

Chap. CCLXV. De la position des figures.

214

Chap. CCLXVI. De l'équilibre de l'homme qui s'arrête sur ses pieds.

215

Chap. CCLXVII. Du mouvement local plus ou moins vîte.

216

Chap. CCLXVIII. Des animaux à quatre pieds, et comment ils marchent.

ibid.

Chap. CCLXIX. Du rapport et de la correspondance qui est entre une moitié de la grosseur du corps de l'homme et l'autre moitié.

217

Chap. CCLXX. Comment il se trouve trois mouvemens dans les sauts que l'homme fait en haut.

ibid.

Chap. CCLXXI. Qu'il est impossible de retenir tous les aspects et tous les changemens des membres qui sont en mouvement.

218

Chap. CCLXXII. De la bonne pratique qu'un Peintre doit tâcher d'acquérir.

219

Chap. CCLXXIII. Du jugement qu'un Peintre fait de ses ouvrages et de ceux des autres.

ibid.

Chap. CCLXXIV. Comment un Peintre doit examiner lui-même son propre ouvrage, et en porter son jugement.

220

Chap. CCLXXV. De l'usage qu'on doit faire d'un miroir en peignant.

221

Chap. CCLXXVI. Quelle peinture est la plus parfaite.

223

Chap. CCLXXVII. Quel doit être le premier objet et la principale intention d'un Peintre.

224

Chap. CCLXXVIII. Quel est le plus important dans la Peinture de savoir donner les ombres à propos, ou de savoir dessiner correctement.

ibid.

Chap. CCLXXIX. Comment on doit donner le jour aux figures.

225

Chap. CCLXXX. En quel lieu doit être placé celui qui regarde une peinture.

227

Chap. CCLXXXI. A quelle hauteur on doit mettre le point de vue.

228

Chap. CCLXXXII. Qu'il est contre la raison de faire les petites figures trop finies.

228

Chap. CCLXXXIII. Quel champ un Peintre doit donner à ses figures.

229

Chap. CCLXXXIV. Des ombres et des jours, et en particulier des ombres des carnations.

230

Chap. CCLXXXV. De la représentation d'un lieu champêtre.

231

Chap. CCLXXXVI. Comment on doit composer un animal feint et chimérique.

ibid.

Chap. CCLXXXVII. Ce qu'il faut faire pour que les visages aient du relief et de la grace.

232

Chap. CCLXXXVIII. Ce qu'il faut faire pour détacher et faire sortir les figures hors de leur champ.

234

Chap. CCLXXXIX. De la différence des lumières selon leur diverse position.

ibid.

Chap. CCXC. Qu'il faut garder les proportions jusques dans les moindres parties d'un tableau.

235

Chap. CCXCI. Des termes ou extrémités des corps qu'on appelle profilures ou contours.

236

Chap. CCXCII. Effet de l'éloignement des objets par rapport au dessin.

ibid.

Chap. CCXCIII. Effet de l'éloignement des objets, par rapport au coloris.

237

Chap. CCXCIV. De la nature des contours des corps sur les autres corps.

ibid.

Chap. CCXCV. Des figures qui marchent contre le vent.

238

Chap. CCXCVI. De la fenêtre par où vient le jour sur la figure.

238

Chap. CCXCVII. Pourquoi après avoir mesuré un visage et l'avoir peint de la grandeur même de sa mesure, il paroît plus grand que le naturel.

239

Chap. CCXCVIII. Si la superficie de tout corps opaque participe à la couleur de son objet.

240

Chap. CCXCIX. Du mouvement des animaux et de leur course.

242

Chap. CCC. Faire qu'une figure paroisse avoir quarante brasses de haut dans un espace de vingt brasses, et qu'elle ait ses membres proportionnés et se tienne droite.

244

Chap. CCCI. Dessiner sur un mur de douze brasses une figure qui paroisse avoir vingt-quatre brasses de hauteur.

245

Chap. CCCII. Avertissement touchant les lumières et les ombres.

246

Chap. CCCIII. Comment il faut répandre sur les corps la lumière universelle de l'air.

248

Chap. CCCIV. De la convenance du fond des tableaux avec les figures peintes dessus, et premièrement des superficies plates d'une couleur uniforme.

249

Chap. CCCV. De la différence qu'il y a par rapport à la peinture entre une superficie et un corps solide.

250

Chap. CCCVI. En peinture la première chose qui commence à disparoître est la partie du corps laquelle a moins de densité.

251

Chap. CCCVII. D'où vient qu'une même campagne paroît quelquefois plus grande ou plus petite qu'elle n'est en effet.

252

Chap. CCCVIII. Diverses observations sur la perspective et sur les couleurs.

253

Chap. CCCIX. Des villes et des autres choses qui sont vues dans un air épais.

254

Chap. CCCX. Des rayons du soleil qui passent entre différens nuages.

256

Chap. CCCXI. Des choses que l'œil voit confusément au-dessous de lui, mêlées parmi un brouillard et dans un air épais.

ibid.

Chap. CCCXII. Des bâtimens vus au travers d'un air épais.

257

Chap. CCCXIII. Des choses qui se voient de loin.

ibid.

Chap. CCCXIV. De quelle sorte paroît une ville dans un air épais.

258

Chap. CCCXV. Des termes ou extrémités inférieures des corps éloignés.

ibid.

Chap. CCCXVI. Des choses qu'on voit de loin.

260

Chap. CCCXVII. De l'azur dont les paysages paroissent colorés dans le lointain.

ibid.

Chap. CCCXVIII. Quelles sont les parties des corps qui commencent les premières à disparoître dans l'éloignement.

261

Chap. CCCXIX. Pourquoi à mesure que les objets s'éloignent de l'œil ils deviennent moins connoissables.

262

Chap. CCCXX. Pourquoi les visages vus de loin paroissent obscurs.

ibid.

Chap. CCCXXI. Dans les objets qui s'éloignent de l'œil, quelles parties disparoissent les premières, et quelles autres parties disparoissent les dernières.

263

Chap. CCCXXII. De la perspective linéale.

264

Chap. CCCXXIII. Des corps qui sont vus dans un brouillard.

265

Chap. CCCXXIV. De la hauteur des édifices qui sont vus dans un brouillard.

266

Chap. CCCXXV. Des villes et autres semblables édifices qu'on voit sur le soir ou vers le matin, au travers d'un brouillard.

267

Chap. CCCXXVI. Pourquoi les objets plus élevés sont plus obscurs dans l'éloignement que les autres qui sont plus bas, quoique le brouillard soit uniforme et également épais.

ibid.

Chap. CCCXXVII. Des ombres qui se remarquent dans les corps qu'on voit de loin.

268

Chap. CCCXXVIII. Pourquoi sur la fin du jour les ombres des corps produites sur un mur blanc sont de couleur bleue.

270

Chap. CCCXXIX. En quel endroit la fumée paroît plus claire.

271

Chap. CCCXXX. De la poussière.

272

Chap. CCCXXXI. De la fumée.

ibid.

Chap. CCCXXXII. Divers préceptes touchant la Peinture.

273

Chap. CCCXXXIII. Une chose peinte qu'on suppose à une certaine distance ne paroît jamais si éloignée qu'une chose réelle qui est à cette distance, quoiqu'elles viennent toutes deux à l'œil sous la même ouverture d'angle.

282

Chap. CCCXXXIV. Du champ des tableaux.

283

Chap. CCCXXXV. Du jugement qu'on doit faire des ouvrages d'un Peintre.

284

Chap. CCCXXXVI. Du relief des figures qui sont éloignées de l'œil.

285

Chap. CCCXXXVII. Des contours des membres du côté du jour.

286

Chap. CCCXXXVIII. Des termes ou extrémités des corps.

ibid.

Chap. CCCXXXIX. De la carnation et des figures éloignées de l'œil.

287

Chap. CCCXL. Divers préceptes de la Peinture.

288

Chap. CCCXLI. Pourquoi les choses imitées parfaitement d'après le naturel, ne paroissent pas avoir le même relief que le naturel.

290

Chap. CCCXLII. De la manière de faire paroître les choses comme en saillie et détachées de leur champ, c'est-à-dire, du lieu où elles sont peintes.

292

Chap. CCCXLIII. Quel jour donne plus de grace aux figures.

293

Chap. CCCXLIV. Que dans les paysages il faut avoir égard aux différens climats et aux qualités des lieux que l'on représente.

ibid.

Chap. CCCXLV. Ce qu'il faut observer dans la représentation des quatre saisons de l'année, selon qu'elles sont plus ou moins avancées.

294

Chap. CCCXLVI. De la manière de peindre ce qui arrive lorsqu'il y a du vent.

295

Chap. CCCXLVII. Du commencement d'une pluie.

ibid.

Chap. CCCXLVIII. De l'ombre des ponts sur la surface de l'eau qui est au-dessous.

296

Chap. CCCXLIX. Usage de la perspective dans la Peinture.

297

Chap. CCCL. De l'équilibre des figures.

ibid.

Chap. CCCLI. Pratique pour ébaucher une statue.

298

Chap. CCCLII. Comment on peut faire une peinture qui sera presque éternelle et paroîtra toujours fraîche.

299

Chap. CCCLIII. Manière d'appliquer les couleurs sur la toile.

300

Chap. CCCLIV. Usage de la perspective dans la Peinture.

302

Chap. CCCLV. De l'effet de la distance des objets.

303

Chap. CCCLVI. De l'affoiblissement des couleurs et de la diminution apparente des corps.

ibid.

Chap. CCCLVII. Des corps transparens qui sont entre l'œil et son objet.

ibid.

Chap. CCCLVIII. Des draperies qui couvrent les figures, et de la manière de jeter les plis.

304

Chap. CCCLIX. De la nature et de la variété des plis des draperies.

306

Chap. CCCLX. Comment on doit ajuster les plis des draperies.

ibid.

Chap. CCCLXI. Comment on doit ajuster les plis des draperies.

308

Chap. CCCLXII. Des plis des draperies des membres qui sont vus en raccourci.

309

Chap. CCCLXIII. De quelle sorte l'œil voit les plis des draperies qui sont autour des membres du corps de l'homme.

ibid.

Chap. CCCLXIV. Des plis des draperies.

310

Chap. CCCLXV. De l'horizon qui paroît dans l'eau.

311

FIN DE LA TABLE DES CHAPITRES.


CHAPITRE PREMIER.

Quelle est la première étude que doit faire un jeune Peintre.

La perspective est la première chose qu'un jeune Peintre doit apprendre pour savoir mettre chaque chose à sa place, et pour lui donner la juste mesure qu'elle doit avoir dans le lieu où elle est: ensuite il choisira un bon maître qui lui fasse connoître les beaux contours des figures, et de qui il puisse prendre une bonne manière de dessiner. Après cela il verra le naturel, pour se confirmer par des exemples sensibles dans tout ce que les leçons qu'on lui aura données et les études qu'il aura faites, lui auront appris: enfin il emploiera quelque temps à considérer les ouvrages des grands maîtres et à les imiter, afin d'acquérir la pratique de peindre et d'exécuter avec succès tout ce qu'il entreprendra.

CHAPITRE II.

A quelle sorte d'étude un jeune Peintre se doit principalement appliquer.

Les jeunes gens qui veulent faire un grand progrès dans la science qui apprend à imiter et à représenter tous les ouvrages de la nature, doivent s'appliquer principalement à bien dessiner, et à donner les lumières et les ombres à leurs figures, selon le jour qu'elles reçoivent et le lieu où elles sont placées.

CHAPITRE III.

De la méthode qu'il faut donner aux jeunes gens pour apprendre à peindre.

Nous connoissons clairement que de toutes les opérations naturelles, il n'y en a point de plus prompte que la vue; elle découvre en un instant une infinité d'objets, mais elle ne les voit que confusément, et elle n'en peut discerner plus d'un à la fois. Par exemple, si on regarde d'un coup-d'œil une feuille de papier écrite, on verra bien incontinent qu'elle est remplie de diverses lettres; mais on ne pourra connoître dans ce moment-là quelles sont ces lettres, ni savoir ce qu'elles veulent dire: de sorte que pour l'apprendre, il est absolument nécessaire de les considérer l'une après l'autre, et d'en former des mots et des phrases. De même encore, si l'on veut monter au haut de quelque bâtiment, il faut y aller de degré en degré, autrement il ne sera pas possible d'y arriver. Ainsi, quand la nature a donné à quelqu'un de l'inclination et des dispositions pour la Peinture, s'il veut apprendre à bien représenter les choses, il doit commencer par dessiner leurs parties en détail et les prendre par ordre, sans passer à la seconde avant que d'avoir bien entendu et pratiqué la première; car autrement on perd tout son temps, ou du moins on n'avance guères. De plus, il faut remarquer qu'on doit s'attacher à travailler avec patience et à finir ce que l'on fait, devant que de se faire une manière prompte et hardie de dessiner et de peindre.

CHAPITRE IV.

Comment on connoît l'inclination qu'on a pour la Peinture, quoiqu'on n'y ait point de disposition.

On voit beaucoup de personnes qui ont un grand desir d'apprendre le dessin et qui l'aiment passionnément, mais qui n'y ont aucune disposition naturelle: cela se peut connoître dans les enfans qui dessinent tout à la hâte et au simple trait, sans finir jamais aucune chose avec les ombres.

CHAPITRE V.

Qu'un Peintre doit être universel, et ne se point borner à une seule chose.

Ce n'est pas être fort habile homme parmi les Peintres, que de ne réussir qu'à une chose; comme à bien faire le nud, à peindre une tête ou les draperies, à représenter des animaux, ou des paysages, ou d'autres choses particulières; car il n'y a point d'esprit si grossier qui ne puisse avec le temps, en s'appliquant à une seule chose et la mettant continuellement en pratique, venir à bout de la bien faire.

CHAPITRE VI.

De quelle manière un jeune Peintre doit se comporter dans ses études.

L'esprit d'un Peintre doit agir continuellement, et faire autant de raisonnemens et de réflexions, qu'il rencontre de figures et d'objets dignes d'être remarqués: il doit même s'arrêter, pour les voir mieux, et les considérer avec plus d'attention, et ensuite former des règles générales de ce qu'il a remarqué sur les lumières et les ombres, le lieu et les circonstances où sont les objets.

CHAPITRE VII.

De la manière d'étudier.

Etudiez premièrement la théorie devant que d'en venir à la pratique, qui est un effet de la science. Un Peintre doit étudier avec ordre et avec méthode. Il ne doit rien voir de ce qui mérite d'être remarqué, qu'il n'en fasse quelque esquisse pour s'en souvenir, et il aura soin d'observer dans les membres de l'homme et des animaux, leurs contours et leurs jointures.

CHAPITRE VIII.

Ce que doit faire un Peintre qui veut être universel.

Un Peintre doit être universel. Il faut qu'il étudie tout ce qu'il rencontre, c'est-à-dire, qu'il le considère attentivement, et que par de sérieuses réflexions, il cherche la raison de ce qu'il voit; mais il ne doit s'attacher qu'à ce qu'il y a de plus excellent et de plus parfait dans chaque chose. Ainsi, comme un miroir représente tous les objets avec leurs couleurs et leurs caractères particuliers, l'imagination d'un Peintre accoutumé à réfléchir, lui représentera sans peine tout ce qu'il y a de plus beau dans la nature.

CHAPITRE IX.

Avis sur le même sujet.

Si un Peintre n'aime également toutes les parties de la peinture, il ne pourra jamais être universel: par exemple, si quelqu'un ne se plaît point aux paysages, s'il croit que c'est trop peu de chose pour mériter qu'on s'y applique, il sera toujours au-dessous des grands Peintres. Boticello, notre ami, avoit ce défaut; il disoit quelquefois qu'il ne falloit que jeter contre un mur une palette remplie de diverses couleurs, et que le mélange bizarre de ces couleurs représenteroit infailliblement un paysage.

Il est bien vrai que si on regarde attentivement une muraille couverte de poussière, et qu'on veuille y découvrir quelque chose, on s'imaginera voir des figures qui ressemblent à des têtes d'hommes, ou à des animaux, ou qui représentent des batailles, des rochers, des mers, des nuages, des bosquets, et mille autres choses semblables: il en est à-peu-près de ces murailles salies par la poussière, comme du son des cloches, auxquelles on fait dire tout ce que l'on veut. Ces murailles peuvent bien échauffer l'imagination, et faire inventer quelque chose, mais elles n'apprennent point à finir ce qu'elles font inventer. On l'a vu dans le Peintre dont je viens de parler, qui fut toute sa vie un très-mauvais paysagiste.

CHAPITRE X.

Comment un Peintre se doit rendre universel.

Un Peintre qui veut paroître universel, et plaire à plusieurs personnes de différens goûts, doit faire entrer dans la composition d'un même tableau, des choses dont quelques-unes soient touchées d'ombres très-fortes, et quelques autres touchées d'ombres plus douces; mais il faut qu'on connoisse la raison qu'il a eue d'en user ainsi, et qu'on voie pourquoi il a mis cette variété dans les jours et les ombres des différentes parties de son tableau.

CHAPITRE XI.

Comment on connoît le progrès qu'on fait dans la Peinture.

Un Peintre qui n'a presque point de doutes dans les études qu'il fait, n'avance guères dans son art. Quand tout paroît aisé, c'est une marque infaillible que l'ouvrier est peu habile, et que l'ouvrage est au-dessus de sa portée: mais lorsqu'un Peintre, par la force et par l'étendue de son esprit, connoît toute la difficulté de son ouvrage, alors il le rend plus parfait de jour en jour à mesure qu'il fait de nouvelles réflexions, à moins que quelque raison ne l'oblige de le finir en peu de temps.

CHAPITRE XII.

De la manière d'apprendre à dessiner.

Un élève doit premièrement s'accoutumer la main à copier les dessins des bons maîtres, et à les imiter parfaitement, et quand il en a acquis l'habitude, il faut que, suivant le conseil de celui qui le conduit, il dessine d'après des bosses qui soient de bon goût, selon la méthode que je donnerai pour les figures de relief.

CHAPITRE XIII.

Comment il faut esquisser les compositions d'histoires, et les figures.

Il faut faire promptement et légèrement la première esquisse d'une histoire, sans s'arrêter beaucoup à former les membres et à finir les figures, ayant seulement égard à la justesse de leur position sur le plan, après quoi le Peintre ayant arrêté l'ordonnance de son tableau, il pourra les finir à loisir quand il lui plaira.

CHAPITRE XIV.

Qu'il faut corriger les fautes dans ses ouvrages, quand on les découvre.

Lorsque vous découvrirez quelques fautes dans vos ouvrages, ou qu'on vous y en fera remarquer, corrigez-les aussi-tôt, de peur qu'exposant vos tableaux aux yeux du public, au lieu de vous faire estimer, vous ne fassiez connoître votre ignorance; et ne dites point qu'à la première occasion vous réparerez la perte que vous avez faite de votre réputation: car il n'en est pas de la Peinture comme de la musique, qui passe en un instant, et qui meurt, pour ainsi dire, aussi-tôt qu'elle est produite; mais un tableau dure long-temps après qu'on l'a fait, et le vôtre seroit un témoin qui vous reprocheroit continuellement votre ignorance. N'alléguez pas non plus pour excuse votre pauvreté, qui ne vous permet pas d'étudier et de vous rendre habile: l'étude de la vertu sert de nourriture au corps aussi-bien qu'à l'ame. Combien a-t-on vu de philosophes, qui, étant nés au milieu des richesses, les ont abandonnées, de peur qu'elles ne les détournassent de l'étude et de la vertu!

CHAPITRE XV.

Du jugement qu'on doit porter de ses propres ouvrages.

Il n'y a rien plus sujet à se tromper que l'homme, dans l'estime qu'il a pour ses ouvrages et dans le jugement qu'il en porte. La critique de ses ennemis lui sert plus que l'approbation et les louanges que lui donnent ses amis; ils ne sont qu'une même chose avec lui; et comme il se trompe lui-même, ils peuvent aussi le tromper par complaisance, sans y penser.

CHAPITRE XVI.

Moyen d'exciter l'esprit et l'imagination à inventer plusieurs choses.

Je ne ferai point difficulté de mettre ici parmi les préceptes que je donne, une nouvelle manière d'inventer; c'est peu de chose en apparence, et peut-être passera-t-elle pour ridicule: néanmoins elle peut beaucoup servir à ouvrir l'esprit, et à le rendre fécond en inventions. Voici ce que c'est. Si vous regardez quelque vieille muraille couverte de poussière, ou les figures bizarres de certaines pierres jaspées, vous y verrez des choses fort semblables à ce qui entre dans la composition des tableaux; comme des paysages, des batailles, des nuages, des attitudes hardies, des airs de tête extraordinaires, des draperies, et beaucoup d'autres choses pareilles. Cet amas de tant d'objets est d'un grand secours à l'esprit; il lui fournit quantité de dessins, et des sujets tout nouveaux.

CHAPITRE XVII.

Qu'il est utile de repasser durant la nuit dans son esprit les choses qu'on a étudiées.

J'ai encore éprouvé qu'il est fort utile, lorsqu'on est au lit, dans le silence de la nuit, de rappeler les idées des choses qu'on a étudiées et dessinées, de retracer les contours des figures qui demandent plus de réflexion et d'application; par ce moyen, on rend les images des objets plus vives, on fortifie et on conserve plus long-temps l'impression qu'elles ont faite.

CHAPITRE XVIII.

Qu'il faut s'accoutumer à travailler avec patience, et à finir ce que l'on fait, devant que de prendre une manière prompte et hardie.

Si vous voulez profiter beaucoup et faire de bonnes études, ayez soin de ne dessiner jamais à la hâte ni à la légère. A l'égard des lumières, considérez bien quelles parties sont éclairées du jour le plus grand; et entre les ombres, remarquez celles qui sont les plus fortes, comment elles se mêlent ensemble, et en quelle quantité, les comparant l'une avec l'autre. Pour ce qui est des contours, observez bien vers quelle partie ils doivent tourner, et entre leurs termes, quelle quantité il s'y rencontre d'ombre et de lumière, et où elles sont plus ou moins fortes, plus larges et plus étroites; et sur-tout ayez soin que vos ombres et vos lumières ne soient point tranchées, mais qu'elles se noient ensemble, et se perdent insensiblement comme la fumée; et lorsque vous vous serez fait une habitude de cette manière exacte de dessiner, vous acquerrez tout d'un coup et sans peine, la facilité des praticiens.

CHAPITRE XIX.

Qu'un Peintre doit souhaiter d'apprendre les différens jugemens qu'on fait de ses ouvrages.

C'est une maxime certaine qu'un Peintre, lorsqu'il travaille au dessin ou à la peinture, ne doit jamais refuser d'entendre les différens sentimens qu'on a de son ouvrage; il doit même en être bien aise, pour en profiter; car, quoiqu'un homme ne soit pas peintre, il sait cependant bien quelle est la forme d'un homme; il verra bien s'il est bossu ou boiteux, s'il a la jambe trop grosse, la main trop grande, ou quelque autre défaut semblable. Pourquoi donc les hommes ne remarqueroient-ils pas des défauts dans les ouvrages de l'art, puisqu'ils en remarquent dans ceux de la nature?

CHAPITRE XX.

Qu'un Peintre ne doit pas tellement se fier aux idées qu'il s'est formées des choses, qu'il néglige de voir le naturel.

C'est une présomption ridicule de croire qu'on peut se ressouvenir de tout ce qu'on a vu dans la nature; la mémoire n'a ni assez de force, ni assez d'étendue pour cela; ainsi, le plus sûr est de travailler, autant que l'on peut, d'après le naturel.

CHAPITRE XXI.

De la variété des proportions dans les figures.

Un Peintre doit faire tous ses efforts pour se rendre universel, parce que, s'il ne fait bien qu'une seule chose, il ne se fera jamais beaucoup estimer. Il y en a, par exemple, qui s'appliquent à bien dessiner le nud; mais c'est toujours avec les mêmes proportions, sans y mettre jamais de variété: cependant il se peut faire qu'un homme soit bien proportionné, soit qu'il soit gros et court, soit qu'il ait le corps délié, soit qu'il ait la taille médiocre, soit enfin qu'elle soit haute et avantageuse. Ceux qui n'ont point d'égard à cette diversité de proportions, semblent former toutes leurs figures dans le même moule: ce qui est fort blâmable.

CHAPITRE XXII.

Comment on peut être universel.

Un Peintre savant dans la théorie de son art, peut, sans beaucoup de difficulté, devenir universel, parce que les animaux terrestres ont tous cette ressemblance et cette conformité de membres, qu'ils sont toujours composés de muscles, de nerfs et d'os, et ils ne diffèrent qu'en longueur ou en grosseur, comme on verra dans les démonstrations de l'anatomie. Pour ce qui est des animaux aquatiques, parmi lesquels il y a une grande quantité d'espèces différentes, je ne conseillerai point au Peintre de s'y amuser.

CHAPITRE XXIII.

De ceux qui s'adonnent à la pratique avant que d'avoir appris la théorie.

Ceux qui s'abandonnent à une pratique prompte et légère avant que d'avoir appris la théorie, ou l'art de finir leurs figures, ressemblent à des matelots qui se mettent en mer sur un vaisseau qui n'a ni gouvernail ni boussole: ils ne savent quelle route ils doivent tenir. La pratique doit toujours être fondée sur une bonne théorie, dont la perspective est le guide et la porte; car sans elle on ne sauroit réussir en aucune chose dans la peinture, ni dans les autres arts qui dépendent du dessin.

CHAPITRE XXIV.

Qu'il ne faut pas qu'un Peintre en imite servilement un autre.

Un Peintre ne doit jamais s'attacher servilement à la manière d'un autre Peintre, parce qu'il ne doit pas représenter les ouvrages des hommes, mais ceux de la nature; laquelle est d'ailleurs si abondante et si féconde en ses productions, qu'on doit plutôt recourir à elle-même qu'aux Peintres qui ne sont que ses disciples, et qui donnent toujours des idées de la nature moins belles, moins vives, et moins variées que celles qu'elle en donne elle-même, quand elle se présente à nos yeux.

CHAPITRE XXV.

Comment il faut dessiner d'après le naturel.

Quand vous voulez dessiner d'après le naturel, soyez éloigné de l'objet que vous imitez trois fois autant qu'il est grand; et prenez bien garde, en dessinant, à chaque trait que vous formez, d'observer par tout le corps de votre modèle, quelles parties se rencontrent sous la ligne principale ou perpendiculaire.

CHAPITRE XXVI.

Remarque sur les jours et sur les ombres.

Lorsque vous dessinerez, remarquez bien que les ombres des objets ne sont pas toujours simples et unies, et qu'outre la principale, il y en a encore d'autres qu'on n'apperçoit presque point, parce qu'elles sont comme une fumée ou une vapeur légère répandue sur la principale ombre: remarquez aussi que ses différentes ombres ne se portent pas toutes du même côté. L'expérience montre ce que je dis à ceux qui veulent l'observer, et la perspective en donne la raison, lorsqu'elle nous apprend que les globes ou les corps convexes reçoivent autant de différentes lumières et de différentes ombres, qu'il y a de différens corps qui les environnent.

CHAPITRE XXVII.

De quel côté il faut prendre le jour, et à quelle hauteur on doit prendre son point de lumière, pour dessiner d'après le naturel.

Le vrai jour pour travailler d'après le naturel, doit être prix du côté du septentrion, afin qu'il ne change point: mais si votre chambre étoit percée au midi, ayez des chassis huilés aux fenêtres, afin que par ce moyen la lumière du soleil, qui y sera durant presque toute la journée, étant adoucie, se répande également par-tout sans aucun changement sensible. La hauteur de la lumière doit être prise de telle sorte, que la longueur de la projection des ombres de chaque corps sur le plan, soit égale à leur hauteur.

CHAPITRE XXVIII.

Des jours et des ombres qu'il faut donner aux figures qu'on dessine d'après les bosses et les figures de relief.

Pour bien représenter les figures de quelque corps que ce soit, il faut leur donner des lumières convenables au jour qu'elles reçoivent et au lieu où elles sont représentées; c'est-à-dire, que si vous supposez qu'elles sont à la campagne et au grand air, le soleil étant couvert, elles doivent être environnées d'une lumière presque universelle; mais si le soleil éclaire ces figures, il faut que leurs ombres soient fort obscures, en comparaison des autres parties qui reçoivent le jour, et toutes les ombres, tant primitives que dérivées, auront leurs extrémités nettes et tranchées, et ces ombres doivent être accompagnées de peu de lumière, parce que l'air qui donne par réflexion à ces figures le peu de lumière qu'elles reçoivent de ce côté là, communique en même temps sa teinte à la partie qu'il regarde, et affoiblit la lumière qu'il envoie, en y mêlant sa couleur d'azur. Ce que je viens de dire se voit tous les jours aux objets blancs, dont la partie qui est éclairée du soleil, montre qu'elle participe à la couleur de cet astre; mais cela paroît encore davantage lorsque le soleil se couche entre des nuages qu'il éclaire de ses rayons, et qu'un rouge vif et éclatant fait paroître tout enflammés; car alors ces nuages teignent et colorent de leur rouge tout ce qui prend sa lumière d'eux, et l'autre partie des corps qui n'est point tournée du côté de ces nuages paroît obscure et teinte de l'azur de l'air. Alors si quelqu'un voit cet objet si diversement éclairé, il s'imagine qu'il est de deux couleurs. C'est donc une maxime constante, fondée sur ce qu'on sait de la nature et de la cause de ces ombres et de ces lumières, que pour les bien représenter il faut qu'elles participent à leur origine, et qu'elles en tiennent quelque chose, sans quoi l'on n'imiteroit qu'imparfaitement la nature.

Mais si vous supposez que la figure que vous représentez est dans une chambre peu éclairée, et que vous la voyiez de dehors, étant placée sur la ligne par où vient le jour, il faudra que cette figure ait des ombres fort douces, et soyez sûr qu'elle aura beaucoup de grace, et qu'elle fera honneur au Peintre, parce qu'elle aura beaucoup de relief, quoique les ombres en soient fort douces, sur-tout du côté que la chambre est le plus éclairée, car les ombres y sont presque insensibles. J'apporterai la raison de ceci dans la suite.

CHAPITRE XXIX.

Quel jour il faut prendre pour travailler d'après le naturel ou d'après la bosse.

La lumière qui est tranchée par les ombres avec trop de dureté, fait un très-mauvais effet: de sorte que pour éviter cet inconvénient, si vous faites vos figures en pleine campagne, il ne leur faut pas donner un jour de soleil, mais feindre un temps couvert, et faire paroître quelques nuages transparens entre le soleil et vos figures, enfin qu'étant éclairées plus foiblement, l'extrémité de leurs ombres se mêle insensiblement avec la lumière et s'y perde.

CHAPITRE XXX.

Comment il faut dessiner le nud.

Lorsque vous dessinerez le nud, donnez toujours à votre figure entière tout son contour, puis vous choisirez la partie qui vous plaira davantage; et après lui avoir donné une belle proportion avec les autres, vous travaillerez à la bien finir; car autrement vous n'apprendrez jamais à bien mettre ensemble tous les membres. Enfin, pour donner de la grace à vos figures, observez de ne point tourner la tête d'une figure du même côté que l'estomac, et de ne point donner au bras et à la jambe de mouvement qui les porte du même côté; et si la tête se tourne vers l'épaule droite, faites qu'elle penche un peu du côté gauche, et si l'estomac avance en dehors, faites que la tête se tournant au côté gauche, les parties du côté droit soient plus hautes que celles du gauche.

CHAPITRE XXXI.

De la manière de dessiner d'après la bosse, ou d'après le naturel.

Celui qui dessine d'après des figures en bosse ou de relief, doit se placer de telle sorte, que son œil soit au niveau de celui de la figure qu'il imite.

CHAPITRE XXXII.

Manière de dessiner un paysage d'après le naturel, ou de faire un plan exact de quelque campagne.

Ayez un carreau de verre bien droit, de la grandeur d'une demi-feuille de grand papier, et le posez bien à plomb et ferme entre votre vue et la chose que vous voulez dessiner, puis éloignez-vous du verre à la distance des deux tiers de votre bras, c'est-à-dire, d'environ un pied et demi, et par le moyen de quelque instrument, tenez votre tête si ferme, qu'elle ne puisse recevoir aucun mouvement; après, couvrez-vous un œil ou le fermez, et avec la pointe d'un pinceau ou d'un crayon, marquez sur le verre ce que vous verrez au travers, et contretirez au jour sur du papier ce qui est tracé sur le verre; enfin calquez ce dessin qui est sur le papier, pour en tirer un autre plus net sur un nouveau papier, vous pourrez mettre en couleur ce dernier dessein, si vous voulez; mais ne manquez pas d'y observer la perspective aérienne.

CHAPITRE XXXIII.

Comment il faut dessiner les paysages.

Les paysages doivent être peints de manière que les arbres soient demi-éclairés et demi-ombrés; mais le meilleur temps qu'on puisse prendre pour y travailler, est quand le soleil se trouve à moitié couvert de nuages; car alors les arbres reçoivent d'un côté une lumière universelle de l'air, et de l'autre une ombre universelle de la terre, et les parties de ces arbres sont d'autant plus sombres, qu'elles sont plus près de terre.

CHAPITRE XXXIV.

Comment il faut dessiner à la lumière de la chandelle.

Quand vous n'aurez point d'autre lumière que celle dont on se sert la nuit, il faudra que vous mettiez entre la lumière et la figure que vous imitez un chassis de toile, ou bien de papier huilé, ou même un papier tout simple sans être huilé, pourvu qu'il soit foible et fin; les ombres étant adoucies par ce moyen là, ne paroîtront point tranchées d'une manière trop dure.

CHAPITRE XXXV.

De quelle manière on pourra peindre une tête, et lui donner de la grace avec les ombres et les lumières convenables.

La force des jours et des ombres donne beaucoup de grace au visage des personnes qui sont assises à l'entrée d'un lieu obscur; tout le monde sera frappé en les voyant, si les lumières et les ombres y sont bien distribuées; mais les connoisseurs pénétreront plus avant que les autres, et ils remarqueront que le côté du visage qui est ombré, est encore obscurci par l'ombre du lieu vers lequel il est tourné, et que le côté qui est éclairé reçoit encore de l'éclat de l'air dont la lumière est répandue par-tout, ce qui fait que les ombres sont presque insensibles de ce côté là. C'est cette augmentation de lumière et d'ombre qui donne aux figures, et un grand relief, et une grande beauté.

CHAPITRE XXXVI.

Quelle lumière on doit choisir pour peindre les portraits, et généralement toutes les carnations.

Il faut pour cela avoir une chambre exposée à l'air et découverte, et dont les murailles auront été mises en couleur de carnation. Le temps qu'il faut prendre pour peindre, c'est l'été, lorsque le soleil est couvert de nuages légers; mais si l'on craint qu'il ne se découvre, il faut que la muraille de la chambre soit tellement élevée du côté du midi, que les rayons du soleil ne puissent donner sur la muraille qui est du côté du septentrion; car, par leurs reflets, ils feroient de faux jours, et gâteroient les ombres.

CHAPITRE XXXVII.

Comment un Peintre doit voir et dessiner les figures qu'il veut faire entrer dans la composition d'une histoire.

Il faut qu'un Peintre considère toujours dans le lieu où son tableau doit être posé, la hauteur du plan sur lequel il veut placer les figures, et tout ce qui doit entrer dans la composition de son tableau, et qu'ensuite la hauteur de sa vue se trouve autant au-dessous de la chose qu'il dessine, que le lieu où son tableau sera exposé est plus élevé que l'œil de celui qui le regardera. Sans cette attention un tableau sera plein de fautes, et fera un fort mauvais effet.

CHAPITRE XXXVIII.

Moyen pour dessiner avec justesse, d'après le naturel, quelque figure que ce soit.

Il faut tenir de la main un fil avec un plomb suspendu pour voir les parties qui se rencontrent sur une même ligne perpendiculaire.

CHAPITRE XXXIX.

Mesure ou division d'une statue.

Divisez la tête en douze degrés, et chaque degré en douze points, chaque point en douze minutes, et les minutes en secondes, et ainsi de suite, jusqu'à ce que vous ayez trouvé une mesure égale aux plus petites parties de votre figure.

CHAPITRE XL.

Comment un Peintre se doit placer à l'égard du jour qui éclaire son modèle.

Que A B soit la fenêtre par où vient le jour, et M le centre de la lumière. Je dis que le Peintre sera bien placé en quelque endroit qu'il se mette, pourvu que son œil se trouve entre la partie ombrée de son modèle et celle qui est éclairée, et il trouvera ce lieu en se mettant entre le point M et le point du modèle où il cesse d'être éclairé et où il commence à être ombré.

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