Variétés Historiques et Littéraires (04/10): Recueil de pièces volantes rares et curieuses en prose et en vers
Les Differents des Chapons et des Coqs touchant l'alliance des Poules, avec la conclusion d'yceux.
A Paris, chez Pierre Chevalier, au Mont Sainct-Hilaire, en la cour d'Albret.
In-8.
Jadis, quand les bestes parloient, les unes se contentoient de leur sexe, et les autres se faschoient des retranchements du leur. Les Chapons, à quy de jeunesse on avoit coupé la crette, soit ou pour rendre leur voix plus fine et delicatte, ou pour les rendre plus seurs gardiens des poulles, poussez de quelque reste de leur premice nature, ou sollicitez des imitations des Coqs, voulurent faire alliance avec les Poulles; mais, comme ordinairement nous sommes plustost conduits de l'œil de nostre contentement que de celuy de nostre proffit, les poulles, quy les voyoient sans crette, faisant fort peu d'estime de leurs belles plumes, ne vouloient de leur association. Les unes, plus scrupuleuses, desiroient des tesmoings[295] à leur alliance; les autres, moins subtilisées, se contentoient de la parade; toutefois le temps, quy nous faict desdaigner une mesme viande et apprendre des nouvelles fausses, faict souvent naistre des repentirs à celles quy ne voyoient point croistre la creste à leur allié, et que veritablement et d'effect elles mangeoient leurs poissons sans sauce. Ce repentir engendre des regrets, ces regrets engendrent des plaintes, et ces plaintes engendrent des controverses.
Mais, comme elles en estoient en ces termes, les Chapons eurent quelque divorce avec les Coqs, touchant la primauté. Les Coqs, fondez en bonnes raisons, demandoient la preeminence, et les Chapons, orgueilliz de quelque vanité, ne vouloient estre seconds qu'à eux-mesmes. Ils vindrent premierement aux reproches, et puis aux coups; mais les Coqs, comme en mespris des Chapons, faisoient monstre de leurs crestes, disant que cela leur devoit faire bonne honte et peur tout ensemble. Les Chapons, se sentant chatouillez de si près, commencèrent à drapper les Coqs, disant que ce qu'ils jugeoient l'ornement de leurs testes estoit la defformité de leur sexe, et qu'on leur en avoit faict une synderèze[296] pour embellir cette laideur, et qu'ils en estoient mieux venuz auprès des Poulles, leurs becs estans moins rudes. Les Coqs, en contr'echange, les voulant toucher au vif, amenèrent les Poulles en tesmoignage pour decider cette querelle. Les plus novices remirent cela au conseil des plus experimentées, tant pour s'instruire de chose qu'importe leur felicité que pour n'estre deceues à l'election de l'un ou l'autre party.
Les Coqs, resolus à leur accusation, et les Chapons à leurs defences, receurent volontairement les Poulles pour arbitres de leur cause. Les Chapons en avoient une pour leur advocate quy avoit assez de babie, mais trop peu de constance pour maintenir leur cause bonne; les Coqs en avoient une quy alleguoit tant d'experience pour preuve qu'elle confondoit les bastardes raisons des Chapons, disant qu'elle aimeroit autant estre associée à une poulie, que ses beccades auroient autant de suc, et que, la creste leur manquant, ils avoient quelque autre chose de manque quy servoit de joyau à la feste, et qu'elle estoit deliberée, selon sa coustume, de couver au moins une fois l'an, et qu'elle vouloit un Coq quy put servir de targue[297] à ses poussins et resister aux ruyneuses escarmouches du mylan; et qu'elles avoient prins telle habitude d'estre esveillées trois fois la nuict des chants de son Coq, qu'à peine pourroit-elle dormir six ou sept nuicts entières auprès d'un Chapon quy ne chantoit que peu souvent, encore avec si peu d'harmonie qu'il donnoit plustot de la fascherie que du contentement; et que le matin le Coq relevoit sa creste comme plein de courage et d'envie de continuer tel resveil, où le Chapon, les aisles baissées, tesmoingnoit sa pusillanimité; enfin, que les Chapons ne sont bons qu'à commencer une alliance où les Coqs la peuvent achever par effect.
L'advocate des Chapons alleguoit quelques subterfuges, non tant pour preuve de sa cause que pour preuve de sa suffisance. Toutes ces echappatoires ne peuvent renverser le droict des Coqs, car elle-mesme, rangée à la raison, tourne sa casaque, et, recognoissant l'injustice, les invite à quelque appointement par des propos desguysez, desquels elle en sçavoit assez. Si les Chapons ne chantoyent que peu souvent, cela leur apportait du repos, et que, les Coqs, au contraire, par mauvaise habitude, inquietoyent leur tranquillité, et que c'estoit des allarmes plus convenables à la guerre qu'en la paix; et, si le matin ils n'estoyent si rodomonds, cela tesmoingnoit leur bonté naturelle de ne faire aux poulles non plus que les poulles à eux, et que, si elles ne couvoyent, qu'elles n'estoyent assujetties aussy de chercher la nourriture à une suitte de poulets quy leur rongnoient les ongles de si près qu'à peine pouvoient-elles gratter, et outre tout cela, n'en faisant point esclore, elles n'en voyoient point ravir.
Ces discours avoient quelque apparence d'aimer les Chapons; mais, quant à l'intention, elle passoit au party des Coqs. Comme, à la verité, elle sçavoit bien que les resveils des Coqs ne se faisoyent qu'à leur advantage et pour les faire après dormir de meilleur courage, et qu'elles ne pouvoyent couver qu'elles ne receussent pour une heure de mal un siècle de contentement, et qu'après un certain temps les poulets cherchoyent leur vie eux-mêmes, puis leur en faisoient part, que cela leur apportera plus de commodité que de fascherie; au reste, que telles allarmes n'estoyent jamais sanglantes; que la guerre en estoit plus desirable, pour estre plus tost d'amytié que de hayne.
Tout enfin debatu, les Coqs payent les espices, et les Chapons condamnez par arretz incapables de l'alliance des poulles; et si quelqu'un trop outrecuidement les acostoit, qu'il faudroit qu'il amenast deux tesmoings au jeu quy fussent valables et suffisants, voire d'aage competant; que les poulles ny les poulets n'y seroyent pas receuz pour juges, ains seullement les Coqs les plus experimentés; et si quelqu'un se laisse corrompre par grain ou autre moyen, seroit condamné à une amende arbitraire.
Les Chapons, quy avoyent jusqu'icy fait la morgue aux Coqs, cognoissant qu'à faute de crestes ils avoient l'air ridez et presque endurciz de vieillesse, ne servoyent plus que de Jocriz[298], tant à taster qu'à mener les poulles pisser; ils regrettent leur jeunesse, quy couvroit aucunement leur perte, disant:
C'est donc à ce coup que nous serons le jouet du monde et que les Coqs se feront gloire de nostre honte! Helas! falloit-il estre banniz en temps de nostre prosperité, et la fortune nous devoit-elle eslever au sommet de sa roue pour après nous rabattre à ses pieds! Le ciel nous devoit-il donner tant de piaffe pour nous faire recevoir un tel affront! Avoit-il permis nostre advancement pour rechercher notre ruine? Nous avoit-il embelli le plumage pour estre si peu desirables? Helas! creste, quel tort t'avons-nous faict, pour nous pourchasser ce blasme? Malheureuses sont les mains quy sont cause de ce defaut! Quel proffit recevons-nous d'une voix desliée, puisqu'elle est plus tost cause de nostre exil que de nostre reception? Quy prendrons-nous pour tesmoings, puis que les crestes nous les refusent? Et combien que nous n'ayons faict une longue alliance, si nous ne monstrons deux tesmoings, ou du moins un quy ait de la creance; et si nous avons mal usé de la jeunesse, elle sera relevée à nostre dommage et confusion. Que ne pouvons-nous emprunter une creste de ces Coqs quy en ont de surplus! Mais, bien qu'ils soient tant affreux en nostre endroit, nous ne nous en pourrons servir, non plus qu'ils peuvent s'en passer; au moins, creste, ne nous rends pas si ridez, afin que, cachant ta synderèze, nous soyons admis au moings pour quelque temps à l'association des poulles.
Bienheureux sont les coqs, les chapons malheureux[299].
Les chapons font l'amour, les coqs ont la puissance.
Mais pourquoy n'ont-ils pas aussy bien la puissance
De prendre sur autruy ce qu'on vient prendre d'eux?
Recit en vers et en prose de la farce des Precieuses.
A Anvers, chez Guillaume Colles.
MDCLX.
In-12[300].
Si j'estois assez heureuse pour estre connue de tous ceux qui liront le Recit des Precieuses, je ne serois pas obligée de leur protester que l'on l'a imprimé sans mon consentement, et même sans que je l'aye sceu; mais, comme la douleur que cet accident m'a causée et les efforts que j'ay faits pour l'empescher sont des choses dont le public est assez mal informé, j'ay cru à propos de l'advertir que cette lettre fut ecrite à une personne de qualité qui m'avoit demandé cette marque de mon obeyssance dans un temps où je n'avois pas encore veu sur le théâtre les Précieuses, de sorte qu'elle n'est faite que sur le rapport d'autruy, et je croy qu'il est aisé de connoître cette verité par l'ordre que je tiens dans mon Recit, car il est un peu differend de celuy de cette farce. Cette seule circonstance sembloit suffire pour sauver ma lettre de la presse; mais monsieur de Luynes en a autrement ordonné, et, malgré des projets plus raisonnables, me voilà, puisqu'il plaist à Dieu, imprimée par une bagatelle[301]. Ceste adventure est asseurement fort fascheuse pour une personne de mon humeur; mais il ne tiendra qu'au public de m'en consoler, non pas en m'accordant son approbation (car j'aurois mauvaise opinion de lui s'il la donnoit à si peu de chose), mais en se persuadant que je n'ay appris l'impression de ma lettre que dans un temps où il n'estoit plus en mon pouvoir de l'empescher. J'espère cette justice de luy, et le prie de croire que, si mon age[302] et ma façon d'agir lui estoient connus, il jugeroit plus favorablement de moy que ceste lettre ne semble le meriter.
Recit en vers et en prose de la Farce des Precieuses.
Madame,
Je ne pretends pas vous donner une bien grande marque de mon esprit en vous envoyant ce recit des Precieuses, mais au moins ay-je lieu de croire que vous le recevrez comme un tesmoignage de la promptitude avec laquelle je vous obeis, puisque je n'en receus ordre de vous que hier au soir, et que je l'execute ce matin. Le peu de temps que votre impatience m'a donné doit tous obliger à souffrir les fautes qui sont dans cet ouvrage, et j'auray l'avantage de les voir toutes effacées par la gloire qu'il y a de vous obeyr promptement. Je croy mesme que c'est par cette raison que je n'ose vous faire un plus long discours. Imaginez-vous donc, Madame, que vous voyez un vieillard vestu comme les paladins françois[303] et poly comme un habitant de la Gaule celtique[304],
Qui d'un sevère et grave ton
Demande à la jeune soubrette
De deux filles de grand renom:
Que font vos maitresses, fillette?
Cette fille, qui sçait bien comment se pratique la civilité, fait une profonde reverence au bonhomme et lui respond humblement:
Elles sont là haut dans leur chambre
Qui font des mouches et du fard,
Des parfums de civette et d'ambre
Et de la pommade de lard[305].
Comme ces sortes d'occupations n'etoient pas trop en usage du temps du bonhomme, il fut extremement etonné de la reponse de la soubrette, et regretta le temps où les femmes portoient des escofions[306] au lieu de perruques, et des pantouffles au lieu de patins;
Où les parfums estoient de fine marjolaine,
Le fard de claire eau de fontaine;
Où le talque[307] et le pied de veau
N'approchoient jamais du museau;
Où la pommade de la belle
Estoit du pur suif de chandelle.
Enfin, Madame, il fit mille imprecations contre les ajustements superflus, et fit promptement appeler ces filles pour leur temoigner son ressentiment. Venez, Magdelon et Cathos[308], leur dit-il, que je vous apprenne à vivre. A ces noms de Magdelon et de Cathos, ces deux filles firent trois pas en arrière, et la plus precieuse des deux luy repliqua en ces termes:
Bon Dieu! ces terribles paroles
Gasteroient le plus beau romant.
Que vous parlez vulgairement!
Que ne hantez-vous les ecolles,
Et vous apprendrez dans ces lieux
Que nous voulons des noms qui soient plus precieux.
Pour moy, je m'appelle Climène,
Et ma cousine, Philimène[309].
Vous jugez bien, Madame, que ce changement de noms vulgaires en noms du monde precieux ne pleurent pas à l'ancien Gaulois; aussi s'en mit-il fort en colère contre nos dames, et, après les avoir excitées à vivre comme le reste du monde et à ne pas se tirer du commun par des manies si ridicules, il les advertit qu'il viendroit à l'instant deux hommes les veoir qui leur faisoient l'honneur de les rechercher. Et en effet, Madame, peu de temps après la sortie de ce vieillard, il vint deux gallands offrir leurs services aux demoiselles; il me semble mesme qu'ils s'en acquittoient assez bien. Mais aussi je ne suis pas precieuse, et je l'ay connu par la manière dont ces deux illustres filles receurent nos protestants: elles baaillèrent mille fois; elles demandèrent autant quelle heure il estoit, et elles donnèrent enfin tant de marques du peu de plaisir qu'elles prenoient dans la compagnie de ces adventuriers qu'ils furent contraints de se retirer très mal satisfaits de la reception qu'on leur avoit faitte et fort résolus de s'en vanger (comme vous le verrez par la suite[310]). Si tost qu'ils furent sortis, nos precieuses se regardèrent l'une l'autre, et Philimène, rompant la première le silence, s'ecria avec toutes les marques d'un grand etonnement:
Quoy! ces gens nous offrent leurs vœux!
Ha! ma chère, quels amoureux!
Ils parlent sans affeteries,
Ils ont des jambes degarnies,
Une indigence de rubans,
Des chapeaux desarmez de plumes,
Et ne sçavent pas les coustumes
Qu'on pratique à present au pays des Romants.
Comme elle achevoit cette plainte, le bonhomme revint pour leur tesmoigner son mecontentement de la reception qu'elles avoient faite aux deux gallands. Mais, bon Dieu, à qui s'adressoit-il?
Comment! s'ecria Philimène;
Pour qui nous prennent ces amants,
De nous compter ainsi leur peine?
Est-ce ainsi que l'on fait l'amour dans les romants?
Voyez-vous, mon oncle, poursuivit-elle, voilà ma cousine qui vous dira comme moy qu'il ne faut pas aller ainsy de plein pied au mariage.—Et voulez-vous qu'on aille au concubinage? interrompit le vieillard irrité.—Non sans doute, mon père, repliqua Climène; mais il ne faut pas aussi prendre le romant par la queue. Et que seroit-ce si l'illustre Cyrus epousoit Mandane dès la première année, et l'amoureux Aronce la belle Clélie? Il n'y auroit donc ny adventures, ny combats! Voyez-vous, mon père, il faut prendre un cœur par les formes, et, si vous voulez m'escouter, je m'en vais vous apprendre comme on aime dans les belles manières.
Reigles de l'amour.
I.
Premierement, les grandes passions
Naissent presque toujours des inclinations;
Certain charme secret que l'on ne peut comprendre
Se glisse dans les cœurs sans qu'on sçache comment,
Par l'ordre du destin; l'on s'en laisse surprendre,
Et sans autre raison l'on s'aime en un moment.
II.
Pour aider à la sympathie
Le hazard bien souvent se met de la partie.
On se rencontre au Cours, au temple[311], dans un bal:
C'est là que du romant on commence l'histoire
Et que les traits d'un œil fatal
Remportent sur un cœur une illustre victoire.
Puis on cherche l'occasion
De visiter la demoiselle:
On la trouve encore plus belle
Et l'on sent augmenter ainsi la passion.
Lors on cherit la solitude,
L'on ne repose plus la nuit,
L'on hait le tumulte et le bruit,
Sans savoir le sujet de son inquietude.
IV.
On s'apperçoit enfin que cest esloignement,
Loin de le soulager, augmente le tourment;
Lors on cherche l'objet pour qui le cœur souspire.
On ne porte que ses couleurs;
On a le cœur touché de toutes ses douleurs,
Et ses moindres mespris font souffrir le martyre.
V.
Puis on declare son amour,
Et, dans cette grande journée,
Il se faut retirer dans une sombre allée,
Rougir et paslir tour à tour,
Sentir des frissons, des allarmes,
Et dire, en repandant des larmes,
A mots entre couppez: Helas! je meurs pour vous.
VI.
Ce temeraire adveu met la dame en colère;
Elle quitte l'amant, luy defend de la voir.
Luy, que ce procedé reduit au desespoir,
Veut servir par la mort le vœu de sa misère.
Arrestez, luy dit-il, objet rempli d'apas!
Puisque vous prononcez l'arrest de mon trepas,
Je vous veux obeyr; mais aprenez, cruelle,
Que vous perdez dedans ce jour
L'adorateur le plus fidelle
Qui jamais ait senty le pouvoir de l'amour.
VII.
Une ame se trouve attendrie
Par ces ardens soupirs et ces tendres discours;
On se fait un effort pour lui rendre la vie,
De ce torrent de pleurs on fait cesser le cours,
Et d'un charmant objet la puissance suprême
Rappelle du trepas par un seul: Je vous aime.
Voilà comme il faut aimer, poursuit cette sçavante fille, et ce sont des reigles dont en bonne galanterie l'on ne peut jamais se dispenser. Le père fut si espouventé de ces nouvelles maximes qu'il s'enfuit, en protestant qu'il estoit bien aisé d'aimer du temps qu'il faisoit l'amour à sa femme, et que ces filles estoient folles avec leurs reigles. Sitost qu'il fut sorty, la suivante vint dire à ses maistresses qu'un laquais demandoit à leur parler. Si vous pouviez concevoir, Madame, combien ce mot de laquais est rude pour des oreilles precieuses, nos heroïnes vous feroient pitié. Elles firent un grand cry, et, regardant cette petite creature avec mepris: Mal-aprise! luy dirent-elles, ne sçavez-vous pas que cet officier se nomme un necessaire? La reprimande faite, le necessaire entra, qui dit aux Precieuses que le marquis de Mascarille, son maistre, envoyoit sçavoir s'il ne les incommoderoit point de les venir voir. L'offre etoit trop agreable à nos dames pour la refuser; aussi l'acceptèrent-elles de grand cœur, et, sur la permission qu'elles en donnèrent, le marquis entra, dans un equipage si plaisant que j'ay cru ne vous pas deplaire en vous en faisant la description[312]. Imaginez-vous donc, Madame, que sa perruque estoit si grande qu'elle balayoit la place à chaque fois qu'il faisoit la reverence, et son chapeau si petit qu'il estoit aisé de juger que le marquis le portoit bien plus souvent dans la main que sur la teste; son rabat se pouvoit appeler un honneste peignoir, et ses canons sembloient n'estre faits que pour servir de cache aux enfants qui jouent à la clinemusette. Et en verité, Madame, je ne crois pas que les tentes des jeunes Messagettes[313] soient plus spacieuses que ces honorables canons. Un brandon de galands luy sortoit de sa poche comme d'une corne d'abondance, et ses souliers estoient si couverts de rubans qu'il ne m'est pas possible de vous dire s'ils estoient de roussy de vache d'Angleterre ou de marroquin; du moins sçay-je bien qu'ils avoient un demy-pied de haut, et que j'estois fort en peine de sçavoir comment des tallons si hauts[314] et si delicas pouvoient porter le corps du marquis, ses rubans, ses canons et sa poudre. Jugez de l'importance du personnage sur cette figure, et me dispensez, s'il vous plaist, de vous en dire davantage; aussi bien faut-il que je passe au plus plaisant endroit de la pièce, et que je vous dise la conversation que notre Precieux et nos Precieuses eurent ensemble:
Dialogue de Mascarille,
de Philimène et de Climène.
Climène.
L'odeur de votre poudre est des plus agreables,
Et votre propreté des plus inimitables.
Mascarille.
Ah! je m'inscris en faux; vous voulez me railler:
A peine ay-je eu le temps de pouvoir m'habiller.
Que dites-vous pourtant de ceste garniture?
La trouvez-vous congrüante à l'habit?
Climène.
C'est Perdrigeon tout pur.
Que monsieur a d'esprit!
L'esprit mesme paroist jusque dans la parure.
Mascarille.
Ma foy, sans vanité, je croy l'entendre un peu.
Madame, trouvez-vous ces canons du vulgaire?
Ils ont du moins un quart de plus qu'à l'ordinaire;
Et, si nous connoissons le beau couleur de feu,
Que dites-vous du mien?
Philimène.
Tout ce qu'on en peut dire.
Climène.
Il est du dernier beau; sans mentir, je l'admire.
Mascarille.
Ahy! ahy! ahy! ahy!
Philimène.
Hé bon Dieu! qu'avez-vous?
Vous trouvez-vous point mal?
Mascarille.
Non, mais je crains vos coups.
Frappez plus doucement, Mesdames, je vous prie.
Vos yeux n'entendent pas la moindre raillerie.
Quoy, sur mon pauvre cœur toutes deux à la fois!
Il n'en falloit point tant pour le mettre aux abois.
Ne l'assassinez plus, divines meutrières.
Ma chère, qu'il sçait bien les galantes manières!
Philimène.
Ah! c'est un Amilcar, ma chère, assurement[315].
Mascarille.
Aimez-vous l'enjoué?
Philimène.
Ouy, mais terriblement.
Mascarille.
Ma foy, j'en suis ravy, car c'est mon caractère;
On m'appelle Amilcar aussy pour l'ordinaire.
A propos d'Amilcar, voyez-vous quelque auteur?
Climène.
Nous ne jouissons pas encor de ce bonheur,
Mais on nous a promis les belles compagnies
Des autheurs des poesies choisies.
Mascarille.
Ah! je vous en veux amener:
Je les ay tous les jours à ma table à dîner;
C'est moy seul qui vous puis donner leur connoissance.
Mais ils n'ont jamais fait de pièces d'importance.
J'aime pourtant assez le rondeau, le sonnet;
J'y trouve de l'esprit, et lis un bon portrait
Avec quelque plaisir. Et vous, que vous en semble?
Climène.
Lorsque vous le voudrez nous en lirons ensemble;
Mais ce n'est pas mon goust, et je m'y connois mal,
Ou vous aimeriez mieux lire un beau madrigal.
Mascarille.
Vous avez le goust fin. Nous nous meslons d'en faire.
Je vous en veux lire un qui vous pourra bien plaire:
Il est joly, sans vanité,
Et dans le caractère tendre.
Nous autres gens de qualité
Nous savons tout sans rien apprendre.
Vous allez en juger, ecoutez seulement.
Madrigal de Mascarille.
Ho! ho! je n'y prenois pas garde:
Alors que sans songer à mal je vous regarde,
Vostre œil en tapinois me derobe mon cœur.
O voleur! ô voleur! ô voleur! ô voleur[316]!
Ma chère, il est poussé dans le dernier galant,
Il est du dernier fin, il est inimitable,
Dans le dernier touchant; je le trouve admirable.
Il m'emporte l'esprit............
Et ces voleurs, les trouvez-vous plaisans?
Ce mot de tapinois?
Climène.
Tout est juste, à mon sens.
Aux meilleurs madrigaux il peut faire la nique,
Et ce ho! ho! ho! ho! vaut mieux qu'un poeme epique.
Mascarille.
Puisque cet impromptu vous donne du plaisir,
J'en vay faire un pour vous tout à loisir:
Le madrigal me donne peu de peine,
Et mon genie est tel pour ces vers inegaux
Que j'ai traduit en madrigaux,
En un mois l'histoire romaine.
Si les vers ne me coustoient pas davantage à faire qu'au marquis de Mascarille, je vous dirois, dans ce genre d'ecrire, tous les applaudissements que les Precieuses donnoient au Precieux. Mais, Madame, mon antousiasme commence à me quitter, et je suis d'advis de vous dire en prose qu'il vint un certain vicomte remplir la ruelle des Precieuses, qui se trouva le meilleur des amis du marquis: ils se firent mille carresses, ils dancèrent ensemble, ils cajollèrent les dames; mais enfin leurs divertissements furent interrompus par l'arrivée des amants mal traittez, qui malheureusement etoient les maîtres des Precieux. Vous jugez bien de la douleur que cet accident causa, et la honte des Precieuses lors qu'elles se virent ainsi bernées. Suffit que la farce finit de cette sorte, et que je finis aussi ma longue lettre, en vous protestant que je suis avec tout le respect imaginable,
Madame,
Votre très humble et très obeyssante servante,
Histoire miraculeuse de trois soldats punis diviniment pour les forfaits, violences, irreverences et indignités par eux commises avec blasphèmes execrables contre l'image de monsieur saint Antoine, à Soulcy, près Chastillon-sur-Seine, le 21 jour de juin dernier passé (1576).
Troyes, Nicolas Nuce. In-8.
L'an mil cinq cens soixante et seize, le vingt-uniesme jour de juin, Monsieur frère du roy[317] estant à Chastillon-sur-Seine, et la garde de son infanterie logée au village de Soulcy, distant d'une lieue ou environ du dict Chastillon, trois soldats de la dicte infanterie, oysifs, estans près l'eglise du dict lieu, au devant de laquelle y avoit une grande image de saint Antoine eslevée en pierre, après plusieurs propos scandaleux par eux tenuz de la dicte image par derision, l'armèrent d'un morion et d'une hallebarde, luy disans ces mots avec grands et execrables blasphèmes: Si tu as de la puissance, monstre la presentement contre nous, et te defends. Et, ce disans, ruèrent plusieurs coups des armes qu'ils avoient sur la dicte image; de quoy non contents, l'un d'eux tira contre icelle image deux ou trois harquebuzades, de l'une desquelles fut frappée icelle image en la face, entre la lèvre basse et le menton, et au mesme instant le dict soldat, s'escriant à haute voix, dist ces mots: Je brusle, et tomba mort en terre, en la face duquel et au mesme endroit que la dicte arquebuzade avoit atteint ladicte image, apparut le feu qui le bruloit au dedans de la bouche, qui encore continuait après sa mort.
Le second desdits soldats s'estant pareillement escrié par plusieurs fois qu'il brusloit, pensant eviter ce tourment par eaue, se seroit precipité dedans une rivière proche du dict lieu, où incontinent il auroit esté suffoqué et noyé.
Le tiers, voyant la persecution de ses deux compagnons, tomba esvanouy en la place, et fust porté en un logis proche du dict lieu, saisy d'une fiebvre chaude et si violente que ce fut chose admirable à ceulx qui le voyoient, entre lesquels aucuns des dictes troupes, ses parents et amis, catholiques, eurent soudain recours à l'eglise, et, ayant recouvert un prestre, firent chanter une messe devant la dicte image, à laquelle un peuple infiny assistant, tant soldatz que habitants du dict lieu, se meirent en devotion et firent tous unaniment prières à Dieu pour ce pauvre miserable; et, après la dicte messe celebrée et autres prières et ceremonies faictes, allèrent vers le patient, où, ayant esté dictes aultres prières et oraisons, le dict prestre luy baillant de l'eaue beniste, soudain iceluy patient revint à soy, et, recognoissant sa faute, tendant les mains sus, crioit misericorde à Dieu, accusant sa faute, avec humble requeste aux assistans d'orer et interceder pour luy; ce qui fut faict, et par la grace de Dieu reduict en sa première convalescence, comme il est encore aujourd'hui. Cest acte veritable, et tesmoigné par plus de trois mille personnes, donne exemple à toutes personnes vivans soubs la crainte de Dieu et en l'obeissance de son eglise de venerer et honorer les images des saincts, lesquelles, combien qu'elles ne soient ce qu'elles representent et que de soy n'ayent divinité, sinon en tant qu'elles sont dediées et consacrées à Dieu, en memoire du saint qu'elles representent, toutefois servent de memoire et advertissement, non seulement pour imiter les bonnes œuvres des glorieux saints, desquels la vie vertueuse a esté agreable à Dieu, mais aussi pour prier iceux saints d'estre intercesseurs vers Dieu pour nous; et aussi que le mepris et contemnement d'icelles images ne peut estre sans grande offense, à cause de la dicte representation, ainsi que les histoires ecclesiastiques declarent; dont la vindicte est reservée à la puissance de Dieu.
Le fantastique repentir des mal mariez.
S. l. n. d. In-8[318].
Si tu te plains que ta femme est trop bonne
L'ayant gardée trois semaines en tout,
Attens un an, et tu perdras à coup
L'occasion de t'en plaindre à personne.
Mais, si elle est malicieuse et fière,
Par bon conseil, ne l'en estime moins:
Je prouveray tousjours par bons tesmoins
Que la meschante est bonne mesnagère.
Si par nature elle est opiniastre,
Commande-luy toute chose à rebours,
Et tu seras servy suivant le cours
De ton dessein, sans frapper ny sans battre.
Si au bourbier menteur elle se plonge,
Croy le rebours de ce qu'elle dira,
Et tu verras qu'elle te servira
De verité, pensant dire mensonge.
Si elle dort la grasse matinée,
C'est ton profit, d'autant qu'elle n'a pas
Tel appetit quand ce vient au repas,
Et son dormir luy vault demy-disnée.
Si elle faict la malade par mine,
Va luy percer la veine doucement,
Droict au milieu, et tu verras comment
Tel esguillon luy porte medecine.
Si elle est vieille ou malade sans cesse,
Tu la sçauras sage contregarder,
Attendant mieux, et si pourras garder
Pour un besoin la fleur de ta jeunesse.
Si tu te plains que ta femme se passe
De faire enfans, par faute d'un seul point,
Sois patient: mieux vaut ne s'en voir point
Que d'en avoir qui font honte à leur race.
Mais, si tu dis que la charge te presse
D'enfans petits, dont la teste te deult,
Ne te soucie, il n'en a pas qui veut:
Ils t'aideront à vivre en ta vieillesse.
Si quelquefois du vin elle se donne,
Cela luy faict sa malice vomir;
C'est un potus[319] qui la faict endormir;
Femme qui dort ne faict mal à personne.
Si le ciclope a tasché son visage
D'une laideur qui ne se peut oster,
C'est pour du jeu d'amour te desgouter:
Qui moins le suit est reputé pour sage.
D'autre costé, ne sortant de ses bornes
En beaux habits, la blancheur de son taint
Ne te fera de jalousie attaint,
Ains te rendra franc de porter les cornes.
Si bien parée elle feint l'amiable[320]
Sortant dehors, je te diray pourquoy
C'est pour complaire à autruy plus qu'à toy,
Veu qu'au logis elle ressemble un diable.
Si tu me dis que toujours elle grongne,
C'est pour tenir en crainte sa maison;
Il m'est advis qu'elle a quelque raison,
Veu qu'en grongnant elle fait sa besongne.
Si elle est brave et superbe sans honte,
Tel le dira aujourd'huy et demain:
Bonjour, Monsieur, le bonnet en la main,
Qui paravant de toy ne faisoit conte.
Si, gracieuse en tenant bonne geste,
Au decouvert son beau sein elle a mis,
C'est qu'elle veut donner à tes amis
Opinion très bonne de son reste.
Mais, si elle a joué son pucellage,
N'en sonne mot: celui qui l'a gaigné
Perdant le sien, libre t'a espargné
Un grand travail; c'est autant d'avantage.
Si elle faict à tes amis service
De corps et biens, par liberalité,
Elle vaut plus que tu n'as merité:
Elle n'est point subjecte à l'avarice.
L'avarice est un vice miserable;
L'on voit souvent qu'un faquin usurier
Va choisissant tel pour son heritier
Qui le voudroit voir mort sur une table.
L'avare encore à un pourceau ressemble,
Duquel jamais honnesteté ne sort
Pendant qu'il vit; mais, depuis qu'il est mort,
Tous les voisins en font grand' chère ensemble.
Si tu me dis qu'elle est insatiable,
Ne se pouvant d'aucun gain contenter,
Après sa mort tu te pourras venter
D'avoir trouvé le butin amiable.
Si tu te plains qu'elle a mauvaise teste,
Il m'est avis que tu te fais grand tort:
Elle en fera le vinaigre plus fort;
Au demeurant elle est sage et honneste.
Si elle court et souvent se pourmeine
Par cy, par là, n'a-elle pas raison?
C'est pour laisser la paix en ta maison:
Quand elle y est, trop de bruit elle y mène.
Si tu la dis mauvaise mesnagère,
N'espargnant rien pour faire un hoschepot[321],
Elle s'adonne à escumer le pot:
Vive tousjours la bonne cuisinière!
Si elle a faict voler son mariage
En gros estat et dissolutions,
Tu l'as permis par vaine ambition:
C'est pour te rendre en tes vieux jours plus sage.
Si ta femme est de pauvre parentage,
N'en sois fasché, car le riche apparent,
Prompt au mespris de son pauvre parent,
Ne luy sert plus que d'un fascheux ombrage.
Socrates fut homme plein de science,
Qui, se voyant de sa femme outragé,
Ne la voulut battre comme enragé,
Mais fut contrainct de prendre patience.
FIN.
Dixain[322].
Souvent flateurs de la bende se tiennent,
Disant: Monsieur, très bien est vostre dit,
Et par flateurs ces gens bendez maintiennent
Parmy les grands la force du credit.
Le bon conseil a donc est interdit,
Car il ne veut en ce point se bender,
Craignant enfin devant Dieu l'amender,
Dont luy seclus[323] les bandez de fallace
Craignant le sort; mais, après desbender,
Dieu remettra le bon conseil en grace.
Le reconfort des femmes qui se plaignent de l'absence et deffaut de leur mary.
Si ton mary çà et là se pourmeine
Pour changer d'air, n'en ayez pensement:
Il faict cela pour ton soulagement
Et pour dispos te relever de peine.
Mais, s'il y prend chose que dire il n'ose,
Pour avoir, sot, en eau trouble pesché,
Le voilà bien puny de son peché!
Laisse-le à part, sa santé se repose.
S'il a perdu en son aage d'enfance
Un grain des siens, tu n'y prens pas plaisir,
Tu m'entens bien; mais il vaut mieux choisir
Un bon tesmoing que deux sans souvenance.
Si ton mary va son argent despendre
A la taverne, il a quelques raisons:
On ne despend pas tant à la maison,
Et l'ordinaire en est quelque peu moindre.
Si tous les jours comme insencé il crie,
Tempestatif, cholère, sans repos,
Faisant mestier de battre à tous propos,
Endure tout: bien ayme qui chastie.
Si, chargé d'ans, il s'accoustume au jeusne,
Ne pouvant plus à la chasse trotter,
Tu sais qu'il faut vieillesse supporter;
Sois patiente: après le vieil un jeune.
Si à pourvoir sa maison il ne pense,
En temps et lieu, de charbon et de bois,
Tu n'en mettras pas tant à chasque fois
En ton fouyer, pour eviter despense.
Si tu pretens l'accuser d'avarice,
D'autant qu'il veut son argent espargner,
C'est qu'il a eu de peine à le gaigner;
Ne t'en soucie: espargner n'est pas vice.
Si, soupçonneux, il n'a ny goust ny grace,
Ne s'esmouvant pour gay te caresser,
De ses faveurs il te convient passer.
Repose-toy, tu en seras plus grasse.
Si à jouer son argent il s'adonne,
Il a desir de riche devenir;
Mais il ne veut jamais se souvenir
Que l'homme droict ne fait tort à personne.
S'il est parfois chagrin et fantastique,
Il doit avoir quelque perfection
Pour contre-poids de l'imperfection:
L'homme d'esprit est souvent lunatique.
Si de bonne heure en soudaine manière
Il a son bien et le tien despendu,
N'en fais semblant, tu n'as pas tout perdu:
Tu t'es aidée à en faire grande chère.
Si par excès l'humeur froid le tourmente,
Pour aller doux il laisse le courir,
Ne te pouvant au besoin secourir:
Femme d'honneur de bien peu se contente.
S'il ne faict cas d'ouir ta remonstrance,
Voulant tousjours à sa teste obeir,
Si mal luy vient, ne te veuille esbahir:
Conseil de femme est meilleur qu'on ne pense.
S'il a esté forgé du costé gauche,
Et toy lignée à rebours de raison,
Vous n'aurez point de bruit en la maison;
Quant à ce poinct, vous vivrez sans reproche.
Quand un homme mal plaisant le resveille,
Luy demandant quelque debte payer,
S'il est faché, ne t'en veuille esmayer[324]:
Faute d'argent est douleur non pareille[325]!
S'il va faignant une folle simplesse
En tems et lieu, il n'y a nul danger;
Asseure-toy que, pour s'advantager,
Il convertit sa folie en sagesse.
Si sous son ongle un glus tirant s'amasse[326],
Tu mangeras du gibier appresté,
Car par malheur l'homme au droict arresté
Ne prend plus rien s'il ne va à la chasse.
S'il est un sot superbe sans doctrine,
Voilà le train des jeunes maintenant,
Il parviendra, mais qu'il soit souvenant
De parler peu et tenir bonne mine.
Mais, s'il dispute, il tombera en friche.
Pauvrette, helas! de quoy te fasches-tu?
Tout le sçavoir n'y sert pas d'un festu,
Il gaignera moyennant qu'il soit riche.
Si bien pensant[327] il s'adonne à l'estude,
Il pincera (sans rire) l'argent et l'or;
Tu garderas la clef de son thresor,
Prenant repos sans grand'sollicitude.
S'il est soldat et amy de la guerre,
Par son respect on te respectera.
A son retour, brave, il t'apportera
Quelque joyau venant d'estrange terre.
Si quelquefois le rheume le tourmente,
Tel humeur vient ses poulmons arrouser,
Ce rheume peut à la mort s'opposer,
Coupant chemin à une fièvre ardente.
S'il est vexé d'une morne[328] paresse,
Il s'en ira de bonne heure coucher:
Tu ne craindras qu'il te vienne empescher
Le doux effect d'une libre promesse.
Si, impudent, sans mesure il se prise,
Entrant partout comme un audacieux,
Laisse-luy faire, il n'en vaudra que mieux:
A telles gens fortune favorise.
Si, affronteur, il vante sa richesse,
Il te fera tousjours brave marcher;
Quand il s'ira par contrainte cacher,
Tu demeureras du bien d'autruy maistresse.
Si à mal faire hardy il se dispose,
N'estant jamais d'aucun bien desireux,
Pense qu'il n'est homme si malheureux
Qui, employé, ne serve à quelque chose.
Fin.
Quatrains[329].
J'ai attendu, pour avoir mieux,
A m'enrichir sur mes ans vieux;
Par Juppiter, moy, mes enfans,
Vous pouvez voir fort triumphans.
Puis que je suis où pretendois,
De Juppiter conduicts les droicts:
J'ay d'amis plus que d'ennemis,
Les escus sont mes bons amis.
M'apporte qui voudra l'escu,
Au jeu d'amour tout despendu.
Le grand procez de la querelle des femmes du faux-bourg Saint-Germain avec les filles du faux-bourg de Mont-marte sur l'arrivée du regiment des Gardes[330]. Avec l'arrest des commères du faux-bourg Saint-Marceau, intervenu en la dicte cause.
A Paris, imprimé de jour et se vendent en plain midy.
M.DC.XXIII.
In-8.
L'envie apporte de grands maux parmy la société humaine; c'est une furie qui est embrassée indifferemment de tout le monde et qui se laisse tirer à un chacun par la queue, comme le diable d'argent qu'a fait peindre le curé de Mille-Monts[331] sur son almanach.
Tout ne se mène que par l'envie; c'est le ressort de nos affaires; l'envie nous engendre: car, si une femme n'avoit point d'envie de multiplier sa race, elle n'engendreroit jamais; l'envie nous nourrit et alimente: car, si l'on n'avoit envie de manger, en vain la nature nous auroit donné des dents; et l'envie nous fait mourir, et toutefois elle ne meurt jamais[332].
C'est ceste envie qui a esté cause de ce grand, ce difficile, cet authentique, superliquoquentieux et estrange procez intervenu entre les filles du faux-bourg de Montmarte et les femmes du faux-bourg Sainct-Germain, que nous avons aujourd'huy sur le bureau, et ce à mesme temps qu'elles ont veu arriver le regiment des Gardes: procès solemnel, procès qui doit être jugé en robbe jaune, procès où il ne faut point mander huictaine d'advis; procès qui sera jugé sur le champ, comme appert par l'histoire; procès où les despens seront plus chers que le fonds dont il s'agit; procès où il fera bon avoir des espices[333], car plusieurs y seront poivrés; en fin, c'est un procès dont on n'a jamais ouy parler, et le peut-on nommer le procès des procès.
Le mercredy qui estoit le jour dont la veille et le jeudy estoient distants de deux fois vingt-quatre heures, à laquelle journée arrivèrent à grand foule, le tambour sonnant et les enseignes desployées, les soldats des Gardes tant désirés à Paris, s'assemblèrent dans le fauxbourg Sainct-Germain grande quantité de femmes, soy disant coureuses[334], vagabondes, regratteuses de, etc., le tout en très bel ordre, le cul devant et les mains derrière, les talons usez[335], la chemise retroussée à l'endroit des manches, une serviette sous le bras (car c'est maintenant la coustume), les quelles, après avons generallement desploré la triste fortune dont elles avoient esté agitées pendant l'absence de l'armée et durant le froid de l'hiver, que les bleds estoient couppez, une des plus vieilles se leva, le front ridé et la chemise entre les jambes: C'est assez, dit-elle, c'est assez pleurer; toujours le vent de bise ne sifle et ne descoche ses froidures; après l'hyver vient le prin-temps. C'est trop semer, il nous faut recueillir: voicy l'autonne arrivé; nous l'avons plustost trouvé que le prin-temps. Courage! nostre gaignage est revenu. Nous avons doresnavant force besongnes; si nous ne pouvons travailler de la pointe et que nostre esguille soit rompue, nous travaillerons du cul. Je disois tousjours bien que ces malheurs ne dureroient pas long-temps, et qu'enfin nous trouverions le moyen de gagner nostre vie. Il n'y a icy qu'une chose qui nous peut donner du doubte: peut estre que les filles du faux-bourg de Montmarte[336] ou celles du faux-bourg Sainct-Victor[337] voudront avoir part au gasteau; car on m'a donné advis l'autre jour qu'il y avoit un grand nombre de nostre compaignie qui y estoient allées louer des chambres (car, pour les boutiques, elles les portent tousjours quant à elles). Si cela est, c'est un grand procez que nous allons avoir sur les bras, et, à vray dire, il nous faudra toutes en cecy contribuer.
—Mamie, luy fit une jeune guillerette qui a le visage assez frais, mais qui a le cul chaud, nous ne devons craindre de ce costé-là. Voicy la foire qui vient: nous aurons toute la marchandise, la chalandise, les marchands et les chalans, et le pis sera que nous ne pourrons trouver de trous assez pour les mettre; et puis, de toute antiquité, ce faux-bourg n'a-il point cette prerogative par dessus les autres que d'estre le repertorium des meilleures pièces de Paris? C'est le siége et la demeure ordinaire de Venus, le palais authentique de la verolle, l'antichambre des chancres, le cabinet des chaudes pisses, l'estude ordinaire de la cristaline, l'estable des poulains, l'escurie des morfondus, le retrait des coupeurs de bourses et le séjour des maquereaux; personne, pour qualité excellente qu'il aye, ne nous peut oster les advantages.
—Vous dites vray, dit une petite camuse qui est arrivée fraischement de l'armée: mais vous ne parlés pas des coups d'espée ny des coups de baston que nous recevrons si nous envoyons quelque pauvre diable au royaume de Suède.—Il ne faut pas craindre de ce costé, respondit une petite brunette qui s'en mesle depuis huict jours: j'ay cinq ou six laquais de nostre costé, et puis si quelqu'un est attrappé à ce jeu, et qu'il prenne l'as de trèfle pour celuy de pique, c'est sa faute: il n'a qu'à se servir d'une lunette d'Holande[338], et regarder droit au but.
—Mais parlons un peu de nostre gaignage, respondit une vieille qui avoit fait son temps. Pour moy, je demeure auprès de Sainct-Supplice; mais jusques icy mes chalans ordinaires ne m'ont pas abandonné. Si les filles du faux-bourg de Montmarte veulent causer, nous soustiendrons l'effort et l'assaut. Pour moy ny mes compaignes, nous ne nous rendrons jamais; je me coucheray plus tost que de me rendre. Si d'adventure on regarde au nombre, nous sommes en plus grande quantité qu'elles; nous en fournirons toujours six contre une.
—Je vous diray, ma mère, fit une grande Jaqueline qui avoit demeuré durant les troubles au faux-bourg de Montmartre, on y fait quelquefois des profits; mais pour le jourd'huy le mestier est bravé: nous avons beau coudre et filer, à peine gaignons-nous le louage de nos chambres; c'est la cause pourquoy je me suis releguée en ce cartier, pour voir si la fortune ne me sera point plus favorable durant la foire[339].—Le temps des foires! fait une rieuse: c'est le temps des vendanges; en toute l'année, on ne sçauroit trouver foire à meilleur marché.—Nous ne sommes pas icy pour rire, ma cousine, fit une courtisanne à la mode; il nous faut adviser à nous deffendre: car, comme j'alois hier à la porte Sainct-Anthoine avec les autres, j'entendis sourdement dire à trois ou quatre bonnes gens que les filles du faux-bourg Momtmarte avoient envie de nous adjourner, et, à faute de comparoistre, qu'on nous jugeroit par contumace.
Ainsi qu'elle achevoit ces mots, voicy une vieille hipocondriaque de damoiselle, du quel le né estoit une vraye goutière qui incessamment couloit (à ce que porte l'histoire), laquelle, ayant levé son masque à demy pourry, salue l'assistance à la mode des femmes, le cul ouvert et la bouche fermée. Je suis très joyeuse (dit elle) de vous trouver en ce lieu: car je croy qu'il estoit impossible d'aggreger toutes les coureuses du faux-bourg Sainct-Germain en un corps, pour la quantité. Toutefois, puisque vous vous estes rencontrées si à propos, je suis venu icy vous apporter un adjournement personnel, pour vous voir estre condamnées à vous desister et debouter de l'esperance que vous avez conceue de faire vos jours gras avec les nouveaux venus. Nos pretensions sont que cela nous appartient, et que, c'est nostre droict; lequel perdre, ce serait renverser tous nos statuts, et nos priviléges tant anciens que modernes.
Le jour de l'assignation sera sabmedy prochain, par devant les commères du faux-bourg Sainct-Marceau, où celuy qui aura le droit le conservera au mieux qu'il pourra.
Ceste harangue estonna de prim'abord la compaignie. Une bossue, qui avoit esté autrefois regrateuse de parchemin, va dire: Mais, Madamoiselle, vostre ajournement est-il fait à domicile? A quelle heure faites-vous vos affaires?—Ma mie (fit l'autre), j'ay gardé la coustume: je suis femme d'un sergent de Sainct-Lazare; ce n'est pas d'aujourd'huy que je dresse des committimus[340], en l'absence de mon mary; il y a longtemps assez que je sçavois comment il faut donner une assignation. Soignez seulement à l'heure que je vous donne.
Une grande hacquenée à toute selle se lève debout: Et bien, voilà bien parlé! mercy de ma vie! ouy nous irons. Craignés-vous que nous n'osions comparoistre? Si nous n'y pouvons aller de front, nous irons de cul et de teste.
Le jour venu, il fallut comparoistre. Jamais en ma vie je n'avois veu tant d'avant-coureuses pour un jour; il n'y avoit coin, trou, rue ne destour, qui ne fust remplie de ceste racaille.
Pleust à Dieu que la rivière des Gobelins qui vient de Gentilly se fust desbordée comme jadis[341]! elle eut fait un grand bien pour Paris. Il ne me souvient plus bonnement du lieu où se faisoit l'assemblée; toutefois, c'estoit entre la porte Sainct-Jacques et celle Sainct-Victor, ce me semble. La plus effrontée entre, et avec elle quatre ou cinq des putains, je veux dire deputés du faux-bourg Sainct-Germain, parlant pour le corps et aggrégé dudit faux-bourg, qui attendoit dans la rue.
Mes dames, dit-elle, je prens icy le fait et cause de mes compaignes du faux-bourg Sainct-Germain, qui ont un grand procez contre les caqueteuses du faux-bourg de Montmartre, soi-disant seules devoir avoir part à l'allegresse commune que chacun a receu du retour de l'armée. Je soustiens que cela est faux, nonobstant quelque respect qu'on puisse admettre, et le prouve parce qu'il y a tantost un an que nous sommes sans besongnes. Nostre cheminée n'a pas esté ramonée comme elle souloit; nous avons apresté le corps de garde: le regiment estant venu, nous demandons qu'il y entre. Secundo, si nostre moulin, par la longue absence du meusnier, venoit à demeurer oisif, et que les meules, faute de mouvement, vinssent à s'enrouiller, quel desastre y auroit-il en la nature! Quel changement et quelle metamorphose! Nous sommes en un temps que tout se corrompt si on n'y soigne. Conclusion: nous vous demandons que vous ayez à vous deporter sur les lieux, visiter et revoir les logis de l'une et l'autre partie, voir les commoditez, et illec nous juger sur-le-champ et nous assigner à qui doit demeurer le droict.
Celle qui presidoit va dire: Par la vertu nobis! s'il y a quelque droit, je ne le veux donner ny à l'un ny à l'autre; j'aime mieux le garder pour moy. Seroit-il raisonnable que vous fussiez le singe et nous les levrettes? Vous vous serviriez donc de nous pour attirer les chataignes hors du feu[342]! Il n'en ira pas ainsi. Mais où est vostre partie? Parlez bas, appelez procureurs. Où est le greffier? Il est allé regratter le parchemin. Voilà sans doute. Et donc ma commère, est-ce vous dont est question? Elle parloit à l'adventure pour les filles du faux-bourg Montmartre, qui, voulant paroistre de jour, s'estoit armé la teste d'un vieux haillon qu'elle avoit fait blanchir depuis peu.
—Madame, excusez-moy: nous avons maintenant tant de besongnes que je n'avois peu venir à l'heure; toutefois, je crois avoir aussi bon droit que nos parties: il est icy question d'une realité. Nous demandons que seules nous ayons le pouvoir et la puissance de participer aux bonnes graces de nos serviteurs anciens qui sont revenus de l'armée; personne ne nous peut oster ce droict; nous en pretendons de bonnes et belles alliances.
La harangue achevée, on entendit un bruit sourd parmy la chambre, ainsi que seroit le siflement de sept ou huict tripières quant elles vont à la chaudière chercher leurs trippes.
La consultation faite de part et d'autre, les advis donnés, les sentences recueillies, celle qui devoit donner l'arrest deffinitif se va planter sur la bouche d'un retrait qui estoit dans la chambre, faute de siége, et prononça ces mots:
Sentence et arrest des Commères du faux-bourg Saint-Marceau.
Attendu que c'est une question de droict, et qu'en cecy plusieurs femmes, tant de Paris que des faux-bourgs, y pourroient estre interessées; que, d'autre part, on ne peut plumer la poulle si nous n'y sommes presentes; après avoir le tout veu, releu, corrigé et augmenté, comme appert par nos registres, contumaces, sentences, renvois, appels, etc., nous voulons que les parties soyent absous et contents chacun endroit soy, et ne pourront les dites sus nommées s'injurier; vivront, traffiqueront et se tiendront paisibles; nous reservant toutefois une coppie de l'execution de ceste sentence, afin que chacun cognoisse et soit notoire à tous que nous ne voulons pas tellement donner le droict à nos voisins que nous ne le gardions pour nous-mesmes.
Ainsi a esté fait, dit, donné, executé, etc. Habe chabini chabeas.
Fait le lendemain de la veille du jour que dessus.
Fin.
Absent de ma Philis, toute chose me fasche;
Mes biens sont sans plaisir et mes maux sans relasche;
Mes sens n'ont plus de sens, et, privez de discours,
Me font voir leurs objects quasi tout à rebours;
Allant dedans la Cour, revenant dans les villes,
Je trouve les plus sots mieux que les plus habiles,
La cour sans mal contans, le Perou sans escus,
La faveur sans envie, et Paris sans coqus;
Les princes sont vallets, et les vallets sont princes;
Que comme les chevaux on barde les provinces;
Qu'il n'est auprès du roy que des gens bien hardis;
Que Théophile va tout droit en paradis[344];
Qu'on ne prend en l'estat pour despecher affaires
Que de saint Innocent les fameux secrétaires[345];
Le president du Vair est marchant de pourceaux[346];
Vautray est chancelier[347], Marais garde des sceaux[348];
Pour gouverner Monsieur, et en faire un chef-d'œuvre,
On envoye querir le bon marquis de Cœuvre[349];
Les Juifs prennent la croix et preschent Jesus-Christ,
Et que le tiers estat porte le Saint-Esprit;
Monsieur fait ce qu'il veut, et que la royne mère,
Sur la foi du Guisar se veut mettre en colère;
L'empereur Ferdinand aime le Palatin[350];
Le duc de Montbazon ne parle que latin[351];
Pontchartrain court un cerf[352], et Castille la bague[353];
Rien de si bien disant que madame d'Entrague[354];
Que Bassompierre fait l'amour sans dire mot;
L'evesque de Luçon est un pauvre idiot[355];
Barbier est en faveur[356]; et messieurs de Luynes,
Tous les jours au lever du marquis de Themines[357],
Qui font venir en cour le bon duc de Bouillon
Pour estre gouverneur du comte de Soisson[358];
Que le due d'Espernon, renonceant à ses forces[359],
Vient en Cour sur la foy du colonel des Corses[360],
Et que la royne mère adore Marcillac[361],
Comme Pocelay[362] le marquis de Rouillac;
Le cardinal de Retz explique l'Escriture[363],
Et que le duc d'Usez dit la bonne aventure[364];
Madame de Sourdis fait des chastes leçons;
Son fils le cardinal n'aime plus les garçons[365].
L'abbé de Saint-Victor a la barbe razée,
Et le duc de Nemours a la teste frisée[366];
Que, pour déniaiser Modène et Deagens[367],
Chalais et Saint-Brisson sont deux propres agens;
Le baron de Rabat[368] est enfant legitime,
Et le père Joseph est grand joueur de prime[369];
Que le duc de Rohan est un fascheux jaloux,
Et que monsieur le Grand est accablé de poux[370];
On ne fait plus l'amour au quay de la Tournelle;
Madame de Monglas[371] a la gorge fort belle;
Que Maillezay n'est plus importun ny cocquet;
Qu'on souffre sans ennuy son malheureux caquet;
Que le baron d'Anthon rentre dans Angoulesme;
Le comte de Grandmont a le visage blesme;
Sainct-Luc n'est plus roman[372]; Crequy n'est plus caigneux;
Liencourt est bigot[373], et Bonneuil est hargneux[374];
Despesses ne sait plus ni le temps ni l'histoire[375];
Le comte de Limours a fort bonne mémoire;
Le comte de Chombert est homme de loisir[376];
Le comte de Carmaing[377] n'aime plus son plaisir;
Garon est en collère parmi les atheistes[378];
Servin[379] et du Montier se sont mis Jésuites[380];
Que le prince Lorrain a soing de son honneur;
Chaudebonne[381] de gueux est venu grand seigneur,
Ne porte plus le dueil, et sa muse bottée
Hay les habillemens, et marche sans espée;
Vitry, le mareschal, n'a plus de vanité[382];
Et Zamet a perdu sa noire gravité[383];
Comminges[384] et Botru ont perdu la parole,
Et le père Berulle a gaigné la verolle;
Que Rochefort[385] s'estonne et demande à Pattot
Pourquoy monsieur le prince aime tant Hocquetot[386];
Que les princes du sang ont la paralysie;
Le marquis de Sablé redouble sa phtisie[387];
Le marquis de Mosny[388] est homme de raison;
Moisset homme de foi, l'argent hors de saison[389];
Les princes souverains sont des joueurs de farces,
Et que le père Arnoul[390] entretient mille garces;
Boulanger est soldat, et que les favoris
Ne bougent des festins des bourgeois de Paris;
Rien de si genereux que le comte de Brayne[391];
Que le comte de Fiesque est un tireur de leine[392];
Le comte de Brissac grand abbateur de bois,
Curson ne parle plus de la maison de Foix;
Le marquis colonnel sera toujours poltron,
Comme fut son grand père et le duc d'Espernon[393].
Philis, le deplaisir d'une fascheuse absence
Estouffe en mon esprit l'entière cognoissance,
Monstrant la verité contraire à la raison;
Aussi l'extravagance en est la guerison;
Puisqu'il faut posseder celle qui me possède,
La cause de mon mal en est le seul remède.
Le Monstre à trois testes[394]
Ceste lasche et traistre fortune,
Fille du vent et de la mer,
Qui ne fut jamais qu'importune,
Aux gens que l'on doit estimer,
Qui met au plus haut de la roue
Ce qu'elle tire de la boue,
Et puis les laisse choir à bas,
Qui fait, aveugle en son elite,
Que la faveur et le merite
Vont toujours d'un contraire pas;
Ce monstre pour qui les victimes
Sont aujourd'huy sur les autels,
Qui volle les droits legitimes
Des vœux deubs aux grands immortels;
Il ne faut point que l'on s'estonne,
Si, par colère, je luy donne
La qualité de monstre icy.
Les raisons y sont toutes prestes:
Dites-moy, puisqu'il a trois testes,
Le peux-je pas nommer ainsi?
C'est elle enfin qui nostre haine
A voulu prendre pour object;
Son humeur orgueilleuse et vaine
Nous en donne assez le suject.
Quel prodige, au temps où nous sommes,
Que les plus bas d'entre les hommes
Aillent de pair avec les dieux,
Lors que sur des oiseaux de proye[395],
Ainsi que le mignon de Troye,
Ils sont montez dedans les cieux?
Quelle honte à ce grand empire,
Jadis si fort et si puissant,
Qu'il se promettoit tout en pire,
De vaincre celui du Croissant,
D'estre captif sous un Cerbère,
Sans qu'un des siens se delibère
De l'affronter comme autrefois;
Qu'il ne se trouve plus d'Hercule
Et que tout le monde recule
Au moindre echo de ses abois?
O fortune, ô nostre ennemie!
C'est toy qui cause ces malheurs.
O France! tu es endormie,
Pour ne point sentir tes douleurs.
O! démon soigneux des coronnes,
Qui, jour et nuict, les environnes
De légions pour les garder,
Souffriras-tu ceste insolence?
Vois-tu pas que sa violence
Voudroit desjà te gourmander?
C'est un hydre espouvantable,
A qui, quand on coupe le chef,
Icy la chose est veritable,
Il en naist plusieurs de rechief.
C'est la peste des monarchies;
On ne les peut dire affranchies
Tant qu'elles portent ces gens-là.
C'est la ruine des provinces,
Et le coupe-gorge des princes,
Qui, sots, endurent tout cela.
Grand monarque, dont la vaillance
Ne trouva jamais rien de fort,
Qui vivez en la bienveillance
Malgré les siècles de la mort,
Hé! que direz-vous à ceste heure,
Si de la celeste demeure
Vous voyez avec passion
Ce qui se fait en nostre monde,
Où tout se gouverne et se fonde
Sur les pas de l'ambition?
Mais une ambition de vice,
Sous qui l'honneur est abattu,
Et qui ne gage à son service
Aucun amy de la vertu,
Une ambition si supreme
Que la hauteur d'un diadème
Est basse aux yeux de son desir;
Une ambition tyranique,
Qui du moyen le plus inique,
Tire nos maux et son plaisir.
Depuis que ce coup parricide,
Qui vous tuant nous blessa tous,
Feit trop cognoistre qu'un Alcide
Pouvoit mourir comme un de nous,
Nous avons tousjours veu la France
Assubjettie à la souffrance
De ces races de champignons,
Qui, sans prendre garde à leur estre,
Pensent bien obliger leur maistre,
De se dire ses compagnons.
Le Cocq-à l'asne ou le pot aux roses adressé aux financiers.
M.DC.XXIII.
In-8.
J'aime le roy, j'ayme les princes;
Je me desplais dans les provinces
Trop esloignées de la court.
Il fait bon, pour le temps qui court,
S'entremettre dans les affaires;
Les intendants, les secrétaires,
Les financiers, les partizants,
Les gens d'estat, les courtizants,
Sont ceux maintenant qu'on destine
A conquerir la Valtoline[396];
Ils ont destourné les malheurs
Que trainoit la guerre passée
Par la paix qu'ils en ont tracée,
Et sont disposez maintenant
A payer force argent comptant
Au roy pour faire le voyage;
Mesmes rencontrant Spinola[397],
Ils l'obligeront au hola;
Et, nous asseurant les salines,
Fourniront aux places voisines,
Pourveu que leurs commissions,
Leurs brevets et leurs pensions
Leurs soient remis, rentrants en grace,
Chassans les nommez en leur place;
Ainsi purgez de leur larcins,
Ils esloigneront les mutins,
Qui vont affligeant nostre France,
Et qui nous font vivre d'advance.
On en voit dans les parlements;
Les conseillers, les presidents,
S'esmeuvent souvent en collère.
Et puis on courtise la mère[398],
Affin de pouvoir parvenir
Au but de son doux souvenir;
Par ce moyen, gaignant la fille,
Un conart en a dans la quille,
Les pistolles entrent partout,
Rien n'est à l'espreuve à ce bout
Affin d'empescher un divorce.
Mon Dieu! que j'en vois d'empeschez
A confesser tous leurs pechez,
Où le caresme nous convie,
Feignant d'amander nostre vie!
De Picardie et de de Brouage,
Chacun est du conseil secret;
On est vain, on fait le discret,
On murmure un mot à l'oreille;
Monsieur ne veut pas qu'on l'esveille;
On a pacquets de tous costez;
On vient de veoir leurs majestez,
Et souvent, dans les galleries,
On s'arreste aux tapisseries,
Ou bien auprès du cabinet,
Feignant estre au conseil secret,
Trompant ainsi la populace,
Qui croit qu'au conseil ils ont place[399].
Qu'il est de conseillers d'estat,
A simple fraize ou bas rabat,
Qui maintenant, portant calotte,
Voudroient bien mettre à la pallotte!
Le roy s'en trouve bien servy;
Chasque prince a son favory;
Jupiter avoit Ganimède.
Verres cassez sont sans remède,
Et bref, pour le faire plus court,
Il n'est que de suivre la court.
En la cour la noblesse abonde:
C'est le paradis de ce monde.
Traduction d'une lettre envoyée à la royne d'Angleterre par son ambassadeur, surprise près le Moüy par la garnison du Havre de grace, 15 juin 1591.
A Lyon, par Jean Pillehotte, libraire de la saincte Union.
1591.
Avec permission[400].
In-8.
Madame, Vostre Majesté a esté advertie par le milord de Rochestre de ce qui s'est passé en France jusques à son departement de Dièpe, où il me laissa auprès du roy vostre bon frère. Depuis ce temps-là, l'evesque de Rome, favorisant le party des rebelles, qui soutiennent sa marmite, a envoyé un nonce au duc de Mayenne avec des bulles d'excommunication contre tous Estats[401], qui ont faict lever la teste aux ligueurs plus que jamais, et neantmoins beaucoup advancé les affaires de nostre religion, car tous les subjets du roy qui se disent catholiques le pressoyent de se declarer tel; et, pour maintenir son estat, il eust enfin esté contraint d'idolatrer avec eux et aller à la messe, n'eust eté que ces fantastiques bulles et excommunications imaginaires l'ont remis en son chemin. Le roy a de bons officiers en ses parlemens qui ont donné des arrests directement contre la puissance papale[402], à la suscitation et poursuitte des papistes mesme, qui commencent à se recognoistre. J'espère (contre l'opinion que j'en avoye) que Dieu fera reluire l'evangile en ce royaume de France, de long-temps enchanté par les sorceleries papistiques. Madame, vous en verrez la racine morte plus tost que n'eussiez osé esperer. L'on est après pour abattre du tout le pouvoir et credit papal par la creation d'un patriarche, à quoy s'accordent ceux de l'une et de l'autre religion; c'est tout ce que nous pouvions desirer. Il se trouve encores parmi nous quelques bigots, lesquels sont remarquez comme seditieux; mais on les rangera à la raison par belles promesses, desquelles Vostre Majesté ne s'estonnera.
Louviers a esté surpris, et l'evesque d'Evreux, l'un des plus factieux ligueurs, envoyé à Tours, où il ne fait pas trop beau pour ceste prestraille[403]. Je poursuis sourdement à ce que l'on luy face son procès, car telles gens que luy sont dangereux par trop; je croy que la justice ne s'y espargnera. En tout ce qui concerne l'Église de Christ, les affaires de France succèdent merveilleusement bien. Le roi d'Espaigne, ancien ennemy de Vostre Majesté et de la couronne de France, nous trouble d'autre costé, car il envoye quantité d'argent et de gens, conduits par le duc de Parme[404], ausquels le roy de France ne sçauroit resister sans le secours que je lui ay promis de vostre part, suivant la charge que j'avois de Vostre Majesté. Le duc de Mercœur l'attend au passage[405]; mais le prince de Dombres[406] luy taillera tant de besongne et donnera-on si bon escorte aux nostres, qu'ils passeront dessus le ventre de leurs ennemys. Le prince de Piedmond, avec peu de suitte, est allé en Espagne pour tirer argent, affin de guerroyer noz confrères de Genève[407]; ils seront secourus de leurs voisins, si l'on y entreprend.
L'indisposition du roy nous a donné à penser; mais, graces à Dieu, il est hors de danger. Le millord Giffort luy a faict toucher dix mil angelots, qui ont aussi tost esté employez aux frais de la guerre[408], et despensez en moins d'un jour. Les finances et les munitions de guerre manquent; faute d'argent, l'on ne peut tirer secours d'Allemagne pour l'année présente. Le duc de Saxe s'est montré fort froid en la cause de Dieu; les Venitiens nous paissent de parolles; la charité est refroidie de tous costez. Les fidelles de la France n'espèrent rien que de Vostre Majesté, qui commandera, s'il luy plait, à voz troupes de s'advancer sans aucun retardement; ce ne vous sera peu d'honneur, Madame, d'avoir marché par dessus le basilic romain et remis l'Eglise gallicane au chemin de verité. Quant à moy, je m'estimeray à jamais bien heureux d'avoir ce bonheur que de vous servir d'ambassadeur en une si bonne occasion. Le roy ne peust estre secouru du Turc, lequel a tenu tel compte des lettres de Vostre Majesté, que sans le Sophy, qui le moleste, il eust envoyé bonne compagnie pour veoir la France[409]. Les Venitiens ont faict faux bon de ce costé-là, ce qui a d'autant reculé les affaires; le roy neantmoins est après pour renouveller la ligue avec le dit Turc, en esperance d'en tirer beaucoup de faveur: je ne sçay ce qui en adviendra. L'on craignoit que les rebelles ne fissent un roy, ce qui ne nous eust de rien servy; mais la remise des estats qui estoyent convoquez au mois de may nous laissera encor quelque temps libre pour pourvoir à l'ayse aux affaires. Je n'escris rien à Vostre Majesté de celuy qui vous porte ceste lettre, parce que j'espère, et m'en asseure, que vous sçavez d'ailleurs que moy qu'il n'a perdu temps pendant qu'il a esté par deçà, et qu'il m'a rendu fort bon compte de ce que je luy ay baillé entre les mains; il dira particulierement à Vostre Majesté l'occasion qui nous esmeut de haster le secours.
Madame,
Je supplie le Createur vous donner en parfaicte santé très longue et très heureuse vie. A Caen, ce XV juin mil cinq cens quatre vingtz et onze.
Vostre très humble et très obeyssant serviteur et subject,
Remonstrance aux femmes et filles de la France. Extrait du Prophète Esaye, au chapitre III de sa prophetie.
Femmes, filles de France, escoutez la tempeste
Dont le ciel esclatant menace vostre teste,
Et, s'il y a encores lieu de conversion,
Quittez vos vanités et vos bobances folles,
C'est à vous qu'Esaye adresse ces parolles,
Si vous estes au moins des filles de Sion.
Bourgeoises de Salem[410] au superbe parage
Qui marchez le col droict, l'œil brillant et volage,
Et les pieds fretillans maniez par compas,
Comme le baladin quand la harpe fredonne,
Ou le jeune poulain que l'escuyer fassonne,
Les cordes au jarret, aux ambles et au pas,
Voicy que le grand Dieu vous mande par ma bouche:
La teigne rongera, dict-il, jusqu'à la souche,
Ces rameaux esgarez de vos perruques d'or;
Et, de vostre poictrine allongeant l'ouverture,
Je mettray tout à nud, jusque soubs la ceinture,
Vostre honte au soleil, s'il vous en reste encor.
Le temps, le temps viendra, changement bien estrange!
Qu'on vous verra trotter pieds deschaux par la fange,
Pour ces grands eschaffaulx de patins hault montez;
Et lors, sous vos lassis à mille fenestrages[411],
Raiseuls et poincts couppés[412], et tous vos clairs ouvrages,
Ne se boufferont plus vos gros seins eshontez.
Je vous arracheray de la teste pelée
Ces lunettes d'esmail à l'oreille emperlée[413],
Qui vous font rayonner le front de toutes parts;
Je rompray vos estuis, vos boettes, vos fioles;
Et la cendre et les pleurs, dont serez toutes molles,
Seront vos eaux de nafe[414], vos poudres et vos fards.
L'or qui vous roule èsbras en cent tours de chaisnettes,
Et qui volle sur vous en mille papillettes[415],
Chassé par la cadène[416], à Babel s'enfuira;
Vos atours les suivront, et vos pendans d'oreilles,
Et ce qui à Thamar vous faict sembler pareilles:
Vostre laydeur pour masque assez vous suffira.
Bourrelets, affiquets, et toutes ces machines
A ceindre vostre poil et le mettre en crespines,
Seront pour le vieux fer et pour le vieux drapeau;
Et, pour l'assortiment de tant d'habits si braves,
A grand'peine aurez-vous, miserables esclaves,
Un lambeau deschiré qui vous couvre la peau.
Ces mantelets garnis d'un pied de broderie,
Bourses et espingliers, flambans de pierreries,
Seront pour le butin des soldats triomphans;
Et ces miroirs polis, dont la trompeuse glace
Brusle si sottement vos cœurs de vostre face,
Serviront de jouets à leurs petits enfans.
Ces cofrets diaprez et ces fatras de chambre,
Toilettes et peignoirs, soufflant le musq et l'ambre,
Couvre-chefs de fin lin, dentelés alentour,
Et ces coiffes de nuict faictes en diadesme,
Orgueil demesuré! s'en yront tout de mesme:
Auriez-vous plus la nuict de faveur que le jour?
Somme, au lieu de parfums, vous aurez pour escorte
L'horrible puanteur d'une charogne morte;
Pour ces beaux ceinturons qui vous serrent les reins,
Le ventre desbraillé comme pauvres bargères;
Vous suivrez le bagaige à grands coups d'estrivières,
L'injure et le mespris des goujards[417] inhumains.
Ces tresses, par surtout, sources de vos detresses,
Qui m'ont tant irrité, trouveront des maistresses
Qui, râclant jusqu'au test[418], m'en sçauront bien venger;
Ces robes à plain fonds à gros bouffons et manches
Ne feroient qu'entrapper[419] et vos bras et vos hanches:
Un sac, pour bien courir, vous sera plus leger.
Ce visage poupin, qui met en jalousie
Le lis accompaigné de la fleur cramoisie,
Si bien contregardé, si frais, si en bon poinct,
Sera plus laid qu'un More à la couleur tannée,
Plus ridé qu'une peau seiche à la cheminée,
Et plus rouillé qu'un pot que l'on n'escure point.
Bref, le hasle abattra la fleur de la jeunesse,
Et, pour tant de muguets qui vous faisoient caresse,
Brigans à qui auroit le bonheur d'estre à vous,
Je jure en mon courroux, ce sera bien de grace
Si à sept d'entre vous, pour en avoir la race,
Le barbare relasche un captif pour espoux.
FIN DU TOME IV.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
- Pages
- 1 Brief discours de la reformation des mariages. 5
- 2 Les jeux de la cour. 17
- 3 Songe. 23
- 4 Le tableau des ambitieux de la cour, nouvellement tracé par maistre Guillaume à son retour de l'autre monde. 33
- 5 Lettre d'ecorniflerie et declaration de ceux qui n'en doivent jouir. 47
- 6 L'estrange ruse d'un filou habillé en femme, ayant duppé un jeune homme d'assez bon lieu soubs apparence de mariage. 59
- 7 Le passe-port des bons beuveurs. 69
- 8 Factum du procez d'entre messire Jean et dame Renée. 75
- 9 Le purgatoire des hommes mariez, avec les peines et les tourmentz qu'ils endurent incessamment au subject de la malice et mechanceté des femmes. 81
- 10 Memoire touchant la seigneurie du Pré-aux-Clercs, appartenant à l'Université de Paris, pour servir d'instruction à ceux qui doivent entrer dans les charges de l'Université. 87
- 11 Histoire horrible et effroyable d'un homme plus qu'enragé qui a esgorgé et mangé sept enfans dans la ville de Chaalons en Champagne. Ensemble l'execution memorable qui s'en est ensuivie. 217
- 12 L'entrée de Gaultier Garguille en l'autre monde, poème satyrique. 221
- 13 Les estrennes du Gros Guillaume à Perrine, presentées aux dames de Paris et aux amateurs de la vertu. 229
- 14 La lettre consolatoire escripte par le general de la compagnie des Crocheteurs de France à ses confrères, sur son restablissement au dessus de la Samaritaine du Pont-Neuf, narratifve des causes de son absence et voyages pendant icelle. 235
- 15 Les plaisantes ephemerides et pronostications très certaines pour six années. 247
- 16 Epitaphe du petit chien Lyco-phagos, par Courtault, son conculinaire et successeur en charge d'office, à toutes les legions des chiens academiques, par Vincent Denis, Perigordien. 255
- 17 La grande cruauté et tirannie exercée par Mustapha, nouvellement empereur de Turquie, à l'endroit des ambassadeurs chrestiens, tant de France, d'Espaigne et d'Angleterre. Ensemble tout ce qui s'est passé au tourment par luy exercé à l'endroit de son nepveu, lui ayant fait crever les yeux. 273
- 18 Le different des Chapons et des Coqs touchant l'alliance des Poulles, avec la conclusion d'yceux. 277
- 19 Recit en vers et en prose de la farce des Precieuses. 285
- 20 Histoire miraculeuse de trois soldats punis divinement pour les forfaits, violences, irreverences et indignités par eux commises avec blasphèmes execrables contre l'image de monsieur saint Antoine, à Soulcy, près Chastillon-sur-Seine, le 21e jour de juin dernier passé (1576). 307
- 21 Le fantastique repentir des mal mariez. 311
- 22 Le grand procez de la querelle des femmes du faux-bourg Saint-Germain avec les filles du faux-bourg de Montmartre, sur l'arrivée du regiment des Gardes. Avec l'arrest des commères du faux-bourg Saint-Marceau intervenu en ladicte cause. 323
- 23 Les contre-veritez de la court, avec le dragon à trois testes. 335
- 24 Le coq-à-l'asne, ou le pot aux roses, adressé aux financiers. 349
- 25 Traduction d'une lettre envoyée à la reine d'Angleterre par son ambassadeur, surprise près le Moüy par la garnison du Havre de Grâce, 15 juin 1521. 353
- 26 Remonstrance aux femmes et filles de la France. Extrait du prophète Esaye, au chapitre III de ses propheties. 361