← Retour

Variétés Historiques et Littéraires (06/10): Recueil de piéces volantes rares et curieuses en prose et en vers

16px
100%

1: Cette enseigne de Jean Brunet, qui d'ailleurs est un libraire peu connu, mentionné par La Caille seulement pour deux ouvrages sans importance parus en 1614 et en 1631, mérite d'être remarquée. Elle nous est une nouvelle preuve que le nom de chiffre étoit spécial aux nombres écrits à la manière des Arabes, et servoit à les distinguer de ceux qu'on écrivoit en caractères romains. Plus tard, ceux-ci furent eux-mêmes appelés chiffres. Ce fut un contre-sens qui nous conduisit à un pléonasme, puisque alors, pour faire la distinction, il fallut dire chiffres arabes, en ajoutant l'adjectif parasite au substantif d'origine orientale, qui suffisoit si bien auparavant.

2: En effet, si j'en juge par la nomenclature que fait Lemaire, dans son Histoire d'Orléans, des inondations de la Loire aux derniers siècles, ces sinistres étoient encore plus fréquents que de nos jours, et chaque fois aussi terribles que ceux dont nous avons vu les désastres. De 1527 à 1641, c'est-à-dire dans un intervalle d'un peu plus de cent ans, il n'en compte pas moins de onze, savoir: au mois de mai 1527, en novembre 1542, en mai 1548, en mai 1567, en 1572, en 1586, en 1588, en 1608, puis encore en mai 1628 (c'étoit le mois fatal), une inondation qui mit en danger de sa personne le cardinal de Richelieu revenant par eau du siége de la Rochelle (V. le Mercure françois à cette date); enfin une dernière en janvier 1641; et toutes, je le répète, avoient les plus désastreuses proportions: les levées crevées, le val submergé, etc. Lemaire, qui ne s'occupe que de l'Orléanois, ne mentionne pas l'inondation dont les ravages font le sujet de la pièce que nous reproduisons. Ils avoient été circonscrits, à ce qu'il paroît, dans les pays de la Haute-Loire, où ces sinistres étoient plus multipliés encore que dans les contrées d'aval.

3: Les inondations de l'Allier ont toujours été plus fréquentes encore que celles de la Loire, mais aussi moins désastreuses, par la raison que les eaux de l'Allier ne charrient pas du sable comme la Loire, mais une terre légère, qui, bien loin de stériliser le sol, s'y attache, dit Expilly, et l'engraisse. C'est ce qu'on appelle chambonnage dans le pays. La Loire, dans ses débordements simples, porte aussi avec elle cette vase fécondante qu'on nomme lage ou laye dans l'Orléanois. «En 1588, dit Lemaire, Loire deborda, dont les vins furent nommés layeux à la vendange.»

4: Petite poche, pochette. On sait que les Anglois en ont fait leur mot budget, qui n'eut pas d'abord un autre sens. Ils nous l'ont renvoyé avec l'acception politique qu'ils lui avoient donnée dans le Parlement, et en l'accueillant nous avons cru faire l'hospitalité à un étranger. Il est vrai qu'avec son nouveau sens et la forme nouvelle que lui avoit donnée la prononciation anglaise il étoit devenu bien méconnoissable. Bien peu de gens comprennent que l'expression ouverture du budget, qui revient tous les ans dans les discussions parlementaires, signifie simplement ouverture de la bougette, de la poche. C'est, en effet, le moment où celle du contribuable s'ouvre pour se vider, celle du gouvernement pour s'emplir. On lit à ce sujet un très curieux et très piquant article dans le Mercure, floréal an IX, p. 280.

5: On sait que tous ces parages étoient peuplés de calvinistes fervents. Le terrible siége de Sancerre, en 1574, l'a suffisamment prouvé.

6: On ne s'occupa même pas alors de détourner la colère du fléau. Il fallut encore quatre inondations, celle de 1641, qui rompit les levées, et où l'on vit la Loire se réunir au Loiret, comme cela étoit arrivé le 28 mai 1567; celles de 1649 et de 1651, dont souffrirent surtout les vallées de l'Anjou, pour qu'on s'ingéniât enfin de prendre des mesures. Le 24 mai 1651 fut rendu un arrêt du conseil pour le rétablissement des turcies et levées de la Basse-Loire (Ordonnances de Louis XIV, t. III, fol. 320). Cent ans après seulement nous trouvons ces levées en bon état, depuis Angers jusqu'à Nevers, et aussi sur tout le cours de l'Allier jusqu'à Vichy. V. Traité de la police, t. IV, liv. VI, tit. 13, ch. 5.

7: On ne distinguoit pas alors les arquebusiers des artificiers, et M. de Paulmy nous en donne ainsi la raison: «On appeloit, dit-il, les arquebusiers artificiers, non qu'ils fissent et vendissent de la poudre, mais parceque toutes les armes à feu qu'ils fabriquoient étoient appelées du mot général artifice.» (Mélanges tirés d'une grande Bibliothèque, Hh., p. 5.) La vente de la poudre, et surtout celle de pièces d'artifices, furent toutefois un monopole des artificiers, qui s'étoient pourvus de provisions de la cour, et qui par là avoient le droit, comme ici le sieur Jumeau, de prendre le titre d'artificier du roi. On leur accordoit ce titre, «avec faculté de faire saisir par le bailli de l'Arsenal toutes espèces d'artifices qui se trouveroient chez les merciers et autres particuliers qui s'ingéreroient d'en faire et d'en vendre». (Guide des corps des marchands, 1766, in-12, p. 160.) En outre de ces artificiers du roi, il y avoit celui de l'Hôtel-de-Ville, qui étoit aux gages de la ville de Paris, avec lettres «qui étoient marques de sa charge». Il devoit, dans les occasions de réjouissance, faire tous les feux de la ville, tels que, par exemple, le feu de la Saint-Jean, que le roi devoit venir allumer lui-même. Louis XIII alluma celui de 1620.

8: C'est ainsi qu'on appeloit alors et qu'on auroit toujours dû nommer la rue Tiquetonne, puisqu'en effet elle eut pour parrain, au XIVe siècle, le riche boulanger Rogier Quiquetonne.

9: Les feux d'artifice étoient en effet fort à la mode alors. On se les permettoit même dans les couvents lorsqu'il s'agissoit de cérémonies un peu importantes, telles que canonisations de saints ou de saintes. Les fêtes de la canonisation de sainte Thérèse furent pour les carmes l'occasion de réjouissances de cette espèce. V. notre édit. des Caquets de l'Accouchée, p. 48-49, note, et Dreux du Radier, Récréations historiques, t. 2, p. 183.

10: Louis XIII étoit né le 29 septembre, jour de Saint-Côme.—Le feu d'artifice du sieur Jumeau, préparé pour célébrer l'heureux événement de la paix survenue entre le roi et les princes après l'assassinat du maréchal d'Ancre, avoit été ajourné jusqu'à l'anniversaire de la naissance de Louis XIII par suite des voyages du roi à Rouen et dans le centre de la France.

11: Pendant tout ce règne et le suivant, ces inventions se perfectionnèrent encore. Lors de la naissance de Louis XIV, il y eut, par exemple, des feux d'artifice qui éclipsèrent tout ce qu'on avoit vu jusque alors. «Les jésuites, outre près de mille flambeaux dont ils tapissèrent leurs murs les 5 et 6, firent, le 7 dudit mois de septembre, un ingénieux feu d'artifice dans leurs cours, qu'un dauphin alluma entre plus de deux mille autres lumières qui éclairoient un ballet et comedie, sur le mesme sujet, representés par leurs escoliers.» (Cérémonial françois, t. 2, p. 214.)—C'est un nommé Carême qui, à la fin du XVIIe siècle, excelloit dans ce genre de merveilles pyrotechniques. «Carême, lit-on dans le Livre commode des adresses, au chapitre des Passe-temps et menus plaisirs, se rend célèbre par les feux d'artifice figurés, coloriés.»

12: Les feux d'artifice étoient tirés, au XVIIe siècle, soit sur des bateaux en pleine Seine, comme celui dont l'ambassadeur d'Espagne donna le spectacle aux Parisiens en 1722, à l'occasion de l'arrivée de l'infante, et qui fut disposé avec beaucoup d'art entre le Pont-Royal et le Pont-Neuf (V. Journal de Marais, Rev. rétrosp., 30 nov. 1836, p. 182), soit sur la Pont-Neuf même. C'est là que fut tiré celui des fêtes de la naissance de Louis XIV, qui inspira ces vers de Saint-Amant:

Au milieu du Pont-Neuf,
Près du cheval de bronze,
Depuis huit jusqu'à neuf,
Depuis dix jusqu'à onze,
On fit un si grand feu qu'on eut grand'peine
De sauver la Samaritaine
Et d'empêcher de brûler la Seine.

Voy. aussi le Journal de Barbier, t. 2, p. 138, 241, 304.—Sous Louis XIII, les particuliers qui vouloient se donner ce divertissement se rendoient dans l'île Notre-Dame (île Saint-Louis), à peu près inhabitée, et y tiraient leurs feux d'artifice. Une fusée lancée de là par un jeune garçon, pendant les fêtes de la Saint-Jean de cette même année 1618, tomba sur un bateau du port au Foin, qui prit feu, et qui, s'en allant à la dérive, incendiant les autres bateaux, faillit embraser le pont. (Mercure françois, 1618, p. 25.)

13: Piédestal ne s'écrivit d'abord pas autrement.

14: Ceci nous fait souvenir du feu d'artifice du Menteur (acte 1er, sc. 5), qui, selon la mode du temps, auroit aussi été tiré sur la rivière:

Après qu'on eut mangé, mille et mille fusées
S'élançant dans les airs, ou droites ou croisées,
Firent un nouveau jour, d'où tant de serpenteaux
D'un déluge de flamme attaquèrent les eaux,
Qu'on crut que, pour leur faire une plus rude guerre,
Tout l'élément du feu tombait du ciel en terre.

15: Cette pièce, très rare, a été analysée dans une relation du siége de la Rochelle reproduite, d'après l'édition du temps, par les Archives curieuses, 2e série, t. 3, p. 111-113.—Un autre Mémoire sur le même sujet parut alors sous le titre de Mémoire très particulier de la despence qui a esté faicte dans la ville de la Rochelle, avec le prix et qualité des viandes qui ont esté excessivement vendues en ladite ville, depuis le commencement du mois d'octobre jusqu'à sa réduction. A Paris, chez Charles Hulpeau, sur le pont Sainct-Michel, à l'Ancre double, et à sa boutique dans la grand salle du Palais, 1638, avec permission; in-8. Il existe entre les deux pièces, pour quelques détails de l'étrange tarif qu'elles donnent l'une et l'autre, des différences que nous signalerons au passage.

16: Ceci prouveroit que les Rochellois fabriquèrent une monnoie ayant cours dans leur ville pendant le siége, comme cela s'est très souvent pratiqué. Les pièces en sont, à ce qu'il paroît, devenues très rares, car Tobiesen Duby et M. Cartier ne les mentionnent pas dans leurs curieux travaux sur les Monnoies obsidionales et de nécessité.

17: Dans le Mémoire très particulier la pinte de vin n'est portée qu'à 3 livres, mais sans doute d'après la mesure de Paris, qui alors eût été moindre que celle de la Rochelle.

18: Dans le Mémoire très particulier la livre de peau de bœuf est portée à 7 livres, encore ne dit-on pas, comme ici, qu'elle fût apprêtée.

19: On disoit alors indifféremment cassonnade ou castonnade, et les deux mots passoient pour aussi françois l'un que l'autre. Ménage même préféroit le dernier, mais il manquoit en cela à ses devoirs d'étymologiste, puisqu'en effet, le mot venant des casses ou caisses, dans lesquelles ce sucre brut venoit du Brésil, c'est bien certainement cassonnade qu'il faut dire. L'auteur des Bagolins, comédie imprimée à Amsterdam, en avoit déjà décidé ainsi en 1703. Bagolin, l'amant ridicule, faisant une déclaration à sa maîtresse, lui adresse ces vers:

Beau miel très savoureux, que doit lescher mon ame,
Doux beure qui se va tout foudre par ma flamme,
Luisant sucre candy, cassonnade d'amour,
Cresme de la beauté, tarte sortant du four,
Regardez un amant qui devient confiture.

20: Article porté à 10 sols dans le Mémoire très particulier.

21: 30 sols seulement d'après l'autre Mémoire.

22: Var.: 4 livres.

23: On ne trouve pas dans le Mémoire très particulier le prix du raifort, mais, en échange, celui d'une rave, 8 sols.

24: On ne trouve pas ici le détail de tout ce qu'on mangeoit à la Rochelle pendant le siége: les chats et les rats entroient dans le menu, et les puissants parmi les assiégés, voire M. de Rohan et sa mère, devoient se contenter de ce régal. On le sait par les Mémoires de Feuquières. Ceux de Pontis donnent d'autres détails plus navrants. Ils parlent, entre autres, d'un hôtelier qui «pendant huit jours s'étoit tiré du sang et l'avoit fricassé pour en nourrir son pauvre enfant».

25: Chaque coin de rue avoit alors son savetier, qui étoit le grand causeur, le grand gabeur, le gazetier de tout le voisinage. On connoît cette jolie épigramme de d'Aceilly:

Le savetier de notre coin
Rit, chante et boit sans aucun soin.
Nulle affaire ne l'importune.
Pourvu qu'il ait un cuir entier,
Il se moque de la fortune
Et se rit de tout le quartier.

26: C'est à peu près le vers du Menteur:

Les gens que vous tuez se portent assez bien.

27: Le luxe des panaches étoit une des grandes dépenses des courtisans. Une plume d'un demi-quart d'écu étoit du dernier misérable. Le Mascarille des Précieuses (scène 10) se vante que chaque brin des siennes lui coûte un louis d'or.—Les panaches se portaient surtout à l'armée, ce qui fait dire par du Lorens, dans une de ses Satyres, 1624, in-8, p. 60:

Si la guerre n'étoit un moyen de voler,
Sans ailes ni sans plume on n'y voudrait aller.

28: Comme les Espagnols, grands mangeurs d'escargots et d'oignons, et que toutes les caricatures du temps nous représentent largement pourvus de ces denrées. V. Musée de la Caricature, premières livraisons.

29: On connoît ce passage de la Luciade où Lucius, changé en âne, retrouve sa forme humaine après avoir mangé une couronne de roses. V. la traduction de P. L. Courier, Œuvres, édit. du Panthéon littéraire, p. 135.

30: On n'est pas bien d'accord sur l'origine de cette locution proverbiale. Il se pourroit qu'elle vînt de l'anecdote dont nous avons déjà parlé (t. 5, p. 186), et qui nous montre François Ier se décidant tout à coup à substituer la langue françoise à la langue latine dans les tribunaux, parce-qu'un seigneur que la cour avoit debouté (debotaverat) avoit cru être débotté par elle. Cette importante mesure auroit, en effet, été prise ainsi à propos de bottes. M. Quitard pense cependant que cette expression est plus ancienne. Il dit l'avoir retrouvée dans un livre antérieur au règne de François Ier, avec une note marginale qui en attribuoit l'origine aux exactions que les Anglois, maîtres de la France, commettoient contre les paysans, jusque là qu'ils prélevoient de fortes dîmes et de grosses sommes pour leurs souliers et leurs bottes. (Quitard, Dictionnaire des Proverbes, p. 163-164.)

31: C'est ce que G. Naudé, dans le Mascurat, in-4, p. 187, appelle des chapeaux en pot à beurre.

32: Sur ces moustaches ou cheveux tombant sur les côtés de la perruque, V. le t. 3, p. 243.—Celles qu'on appeloit cadenettes devoient leur nom à l'un des frères de Luynes, Honoré d'Albert, seigneur de Cadenet. Ménage nous l'avoit appris depuis long-temps; les Historiettes de Tallemant nous l'ont confirmé. V. édit. P. Paris, t. 1, p. 399.

33: Sur ces diverses formes de chapeaux, voir le Satyrique de cour, dans notre t. 3, p. 245.

34: C'étoit la prononciation à la mode, due à l'imitation de l'accent efféminé des Italiens. «On n'ose plus, dit Henry Estienne dans son Dialogue du nouveau langage françois italianizé, Paris, 1579, on n'ose plus écrire françois, françoise, sous peine d'être appelé pédant.» Courval Sonnet, qui avoit vu les progrès de cette mauvaise prononciation, et qui la trouvoit tout à fait triomphante sous Louis XIII, à l'époque même où parut la pièce que nous reproduisons, s'en explique ainsi dans une de ses satyres:

Bref, que dirai-je plus? Il faut dire il allèt,
Je crès, françès, anglès, il disèt, il parlèt.

C'est donc inutilement que les doctes, Pasquier en tête, avoient proscrit cet accent exotique. «Le courtisan aux mots douillets, écrivoit-il dans sa quatrième lettre à Ramus, nous couchera de ces paroles: «reyne (au lieu de royne), allèt, tenèt, menèt ... Ni vous, ni moi, je m'asseure, ne prononcerons, et moins encore écrirons, ces mots de reyne, allèt, menèt.» V. Lettres de Pasquier, in-fol., t. 2, p. 46, 57-58.

35: On sait que le landit étoit la foire qui se tenoit à Saint-Denis dans la dernière quinzaine de juin.

36: V. le Satyrique de cour, dans notre t. 3, p. 248, note.

37: Cette poudre, dont nous avons déjà parlé, t. 3, p. 253, note, resta long-temps en faveur pour la toilette des hommes comme pour celle des femmes, surtout pour les perruques:

Le matin y met de l'ambre,
De la pommade, de l'iris,
Des poudres du nom de Cypris,
Qui s'attachent à la pommade.

Vers à la Fronde sur la mode des hommes, présentés aux curieux du temps..., 1650, in-4.

«Diane, lit-on dans le Francion, édit. de 1663, p. 267, se plaignit à sa servante de ce qu'il y avoit eu quelque gueux qui avoit fait de l'ordure dedans son banc. Ce fut cela qui l'en fit sortir; mais la poudre de Cypre dont vous étiez couvert vous empescha de sentir une si mauvaise odeur.»

38: Ce qui donne raison à ce joli distique de Martial dans l'une de ses épigrammes (liv. 2, épigr. 12):

Hoc mihi suspectum est, quod oles bene, Posthume, semper.
Posthume, non bene olet, qui bene semper olet.

39: V. notre t. 3, p, 257-258.

40: C'est, comme on sait, le vieux proverbe latin qui se trouve dans les Mimes de Publius Syrus: Vino vendibili hedera non opus est.

41: C'est aujourd'hui le quai de la Mégisserie. Aux derniers siècles, on lui donnoit aussi le nom de quai de la Ferraille, qu'il devoit aux ferronniers dont il est ici question. Vers la fin du règne de Louis XV, ils en furent éloignés en vertu d'une ordonnance de police que le chevalier de Piis formuloit ainsi, avec une richesse de rimes sans égale:

Enjoignons aux vieux ferailleurs
De vendre leur vieux fer ailleurs.

42: «N'est-ce pas, dit Hortensius, faisant, au liv. 10 du Francion, «l'oraison démonstrative» des bottes, n'est-ce pas grand avantage, si l'on veut aller se promener, que de paroistre chevalier, estant seulement botté, encore que l'on n'ait point de cheval, d'autant que ceux qui vous voient s'imaginent qu'un laquais tient vostre monture plus loin? Aussi un estranger s'estonnoit-il un jour où il pouvoit croistre en France assez de foin et d'avoine pour nourrir les chevaux de tant d'hommes qu'il voyoit bottez à Paris; mais l'on le guerit de son ignorance, luy remontrant que les chevaux de ceux qu'il avoit veus ne coustoient guère à entretenir.»

43: «Car, dit encore l'Hortensius du Francion, il n'y a rien de plus commode pour espargner les bas de soye, à qui les crottes font une guerre continuelle, principalement dedans Paris, qui, à cause de sa boue, fut appelé Lutèce. N'y a-t-il pas un adage qui dit que verolle de Rouen et crotte de Paris ne s'en vont jamais qu'avec la pièce?» C'est en effet l'abondance continuelle des boues dans Paris qui avoit amené cet usage des bottes, devenu si général. «Ceux d'entre nous, dit le commissaire La Mare, qui ont vu le commencement du règne de Sa Majesté (Louis XIV), se souviennent encore que les rues de Paris étoient si remplies de fange que la nécessité avoit introduit l'usage de ne sortir qu'en bottes.» (Traité de la police, t. 1, p. 560.)

44: «C'est, dit encore l'Hortensius de Francion dans sa fameuse oraison à propos de bottes, c'est une nécessité aux braves hommes d'en porter s'ils veulent paroistre ce qu'ils sont, et à beaucoup d'autres s'ils veulent paroistre ce qu'ils ne sont pas. Si l'on est vêtu de noir, l'on vous prend pour un bourgeois; si l'on est vêtu de couleur, l'on vous prend pour un joueur de violon ou pour un bateleur, spécialement si l'on a un bas de soye de couleur différente; mais arrière ces opinions quand l'on a des bottes, qui enrichissent toutes sortes de vêtements!»

45: Dans l'école, le quatrième mode de syllogisme de la seconde figure s'appeloit syllogisme en barôco, et il méritoit à tous égards d'être l'origine de notre mot baroque.

46: C'est-à-dire avec des flocques ou des houppes.

47: Artus Désiré, cet étrange écrivain, ce pamphlétaire du catholicisme, qui devança par ses virulents libelles les sermons des prédicateurs de la Ligue. Si les quelques détails qu'on donne ici sur lui sont vrais, ce sont à peu près les seuls que l'on ait sur sa vie. V. l'abbé d'Artigny, Mémoires, t. 2, p. 49.

48: C'est-à-dire bon aux coups de poings, aux rudes horions, comme le frère Jean de Rabelais.

49: Ce cabaret, dont nous avons déjà parlé, t. 1, p. 195, se trouvoit près le Châtelet. V. les Visions admirables du pèlerin du Parnasse, et l'analyse curieuse que Nodier a faite de ce livre, Bullet. du Biblioph., août 1835, p. 10.

50: Ce Herpinot étoit un joueur de farces qui avoit son échafaud aux halles, vers la pointe Saint-Eustache, comme Jean de Pont-Alais avoit eu le sien avant lui. Ses farces étoient au gros sel et de haulte gresse, comme on en pourra juger par cette pièce, écrite sous son nom, ce qui n'empêchoit pas que, par ironie ou par antiphrase, on n'appelât Herpinot le Caton des halles. V. Leber, Recherches d'un homme grave sur un farceur, p. 13-14, et le Catalogue de la Bibliotheque, no 2623.

51: Ces initiales ne cachent-elles pas le nom d'un certain de La Porte, comédien de Bourges, qui écrivoit alors des pièces du genre de celle-ci, et même des pasquils satiriques. L'Estoille (édit. Champollion, t. 2, p. 448) en cite un de lui contre les jésuites que M. du Puy lui avoit recommandé, et dont il donne ainsi le titre: Prologue de La Porte, comédien de Bourges. Il le trouva mal basti et gauffé, c'est-à-dire écrit dans ce gof parisien, dans ce langage des halles que Catherine de Médicis aimoit tant et parloit si bien, selon le Scaligerana, et que plus d'une phrase de cette pièce reproduit dans toute sa pureté. Ce de La Porte, comédien, d'après quelques détails contenus dans ce qui va suivre, auroit joué aux halles sous le nom d'Adenot, et y auroit précédé Herpinot, pour lequel il écrit ici. Ces étrennes même pourroient bien n'être qu'une adresse du prédécesseur recommandant son successeur à ses pratiques.

52: Chanson qui fut alors très célèbre. Il est fait allusion à l'héroïne, fille unique et de bonne maison, dans ce vers d'une des satyres de du Lorens (1624, in-8, p. 127):

Et fût-il fils unique, ainsi que Godinette?

53: C'est ce qui arriva justement au dernier siècle à la nièce de messire Agnan, curé d'un bourg de Sologne. Une poularde, glissée par une main traîtresse entre les draps de son lit trop peu fréquenté, et qu'on n'eût pas retrouvée dans ce lieu désert si, au bout de huit jours, la poularde prudente n'eût elle-même révélé sa présence à tous les odorats, trahit tout à coup le secret des nuits de la nièce pudibonde. Il y eut à ce propos bien des commérages dans la province. Bérenger, censeur royal, en fit un conte en vers qui souleva beaucoup de scandale, et qui fut cause qu'il perdit sa place, et que le Journal polyptique, dont le 114e numéro l'avoit publié, fut interdit. (V. Mém. secrets, 1786, t. 33, p. 267, et 34, p. 11). Ce même Bérenger, qui fut professeur de rhétorique au collége d'Orléans, et qui mourut en 1822 inspecteur de l'Académie de Lyon, a donné, entre autres compilations, le fameux recueil la Morale en action. Il a oublié d'y réimprimer son conte.

54: Ce nom de Turlupin, qui finit par être le surnom d'un fameux farceur du XVIIe siècle immortalisé par Boileau, avoit d'abord servi à désigner des gens d'une toute autre espèce: c'étoient des hérétiques du XIVe siècle, dont la religion consistoit à mener par les campagnes et par les villes la vie des cyniques anciens, en pleine impudence et nudité: Cynicorum sectam suscitantes, lit-on dans la chronologie de Genebrard, de nuditate pudendorum et de publico coitu. On les appeloit turlupins parcequ'ils n'habitoient que des lieux dignes d'être le refuge des loups: quod ea tantum habitarent loca quæ lupis exposita erant. Ils osèrent venir à Paris en 1372 et tâcher de s'y établir. Charles V, selon Robert Gaguin et du Tillet, les fit saisir, et on les brûla, eux, leurs livres et leurs meubles, près de la porte Saint-Honoré, sur le marché aux Pourceaux. Leur secte avoit la prétention de s'appeler la fraternité des pauvres, et c'est à cause d'eux qu'avoit été fait ce proverbe, bien justifié par leur nudité: C'est un enfant de Turlupin, malheureux de nature. Quelquefois, au lieu de Turlupin, on disoit Tureluton, comme dans le 82e rondeau de Roger de Collerye (V. l'excellente édition de M. Ch. d'Héricault, p. 230):

Les enfants de Tureluton
Je suis, malheureux de nature,
Qui serche sa bonne adventure
Ainsi qu'un povre valeton, etc.

Celui qui prend la parole dans cette harangue est bien un descendant de la race souffreteuse des Turlupins. Il s'en montre digne par ses plaintes, et quelquefois aussi par son cynisme.—L'édition de 1615, que nous reproduisons, n'est pas la première de cette pièce. Il avoit dû y en avoir une autre dans les premiers mois de 1612, alors qu'il étoit question des préliminaires du mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche. Les détails qu'on rencontrera plus loin en sont la preuve.

55: Sur ce mot, dont l'usage commençoit alors, voir notre t. V, p. 328.

56: C'étoit toujours le nom du peuple, consacré même par les ordonnances royales. Il en est une de François Ier du 23 septembre 1523, publiée dans le Bulletin des sciences historiques du baron de Férussac d'après l'original conservé aux Archives (t. 16, p. 354-360), par laquelle expresse défense est faite aux «avanturiers, vagabonds, oiseux, etc., de baptre, mutiler, chasser et mettre le Bonhomme hors de sa maison»; car l'on étoit alors au temps où, comme dit Des Periers (69e Nouv.), les soudards vivoient sur le bonhomme.

57: L'année dernière, ante annum. On se rappelle le vers de Villon:

Mais où sont les roses d'antan.

58: L'origine du dicton: Il crie comme l'anguille de Melun, avant qu'on ne l'écorche, n'est pas bien certaine; seulement, l'on n'en est plus à croire qu'il s'agit d'un nommé Languille, natif de Melun, etc. Je vous fais grâce de l'histoire. Ce qu'il y a de plus probable, c'est qu'il ne faut voir là qu'une allusion au cri des marchandes de poissons, vendant toutes fraîches, avant de les écorcher, les anguilles si renommées de Melun. Anguille de Melun, avant qu'on ne l'écorche! crioient-elles de leur plus forte voix; et il n'en fallut pas davantage pour que le peuple imaginât son dicton. Le cri dont je viens de parler se retrouve presque textuellement dans: le Coq à l'asne et chanson sur ce qui s'est passé en France puis la mort de Henry de Valois, etc., 1590, in-8:

.... On oit crier
Les anguilles de Melun,
Suivant le dire commun,
Sans qu'on parle d'escorchier.

59: C'est Roger Bontemps, vieux type de joyeuseté qui existoit bien avant l'époque où l'on a cru le retrouver personnifié dans la personne de Roger de Collerye. Il figuroit dans les farces et moralités avec un costume particulier, comme on en a la preuve par la Moralité de l'homme pécheur, où il est dit que Franc-Arbitre paroît habillé en Roger Bontemps. (Hist. du Théâtre françois, par les frères Parfait, t. 3, p. 89.) Cet habit sans doute étoit rouge, la couleur joyeuse par excellence, et c'est de là qu'étoit venu probablement, aussi bien que de la figure rubiconde du personnage, le surnom de Rouge, bientôt devenu Rouger ou Roger, qu'on avoit donné à Bontemps. C'est l'avis de Pasquier (Recherches de la France, liv. 8, ch. 62), et celui aussi d'Henri Estienne, qui dit dans ses Deux dialogues du nouveau langage françois italianizé, etc. (Dialogue 2e, p. 599): «Nous appelons volontiers un pourceau, ou un gros pourceau, un gros homme qui est de la confrairie de saint Pansard et de l'abbaye de Roger Bon Temps ou Rouge Bontemps, comme aucuns estiment qu'il faut dire.» Voy. sur ce type une curieuse note de M. de Montaiglon, Anciennes poésies, t. 4, p. 122.

60: C'est une vieille plaisanterie d'où pourroit bien être restée l'expression: avoir un chat dans la gorge.

61: C'est-à-dire l'année des grands pains.

62: Vente faite par force, sub hasta, comme les exécutions militaires.

63: Petit sac de toile goudronnée rempli de bonne poudre qui servoit d'amorce pour les mines.

64: C'est-à-dire vivement, en droite ligne. Erre, d'où est venu le mot errement, encore employé dans ce sens: suivre les errements de quelqu'un, signifioit route, chemin. «Il se sauvoit belle erre sur une jument arabesque», dit Montaigne (Essais, Paris, 1789, t. 3, p. 164), et Marot dans sa 7e complainte:

Salut ne gist au tombeau, ny en terre;
Le bon chrestien au ciel ira grant'erre,
Fut le sien corps en la rue enterré.

65: Il s'agit ici de ces industriels de toutes sortes qui exploitoient les passants sur le Pont-Neuf, et dont les plus nombreux, qu'on appeloit capons, avoient pour industrie d'attirer dans une partie de jeu le premier niais qui leur tomboit sous la main, de perdre un peu d'abord pour gagner tout ensuite. Nous avons déjà vu une partie de ce genre (V. t. 3, p. 273). Le nom de marchands de chair humaine qu'on donne ici à ces drôles nous feroit penser qu'ils exerçoient aussi déjà le métier de racoleurs, qui, au XVIIIe siècle, rendoit le passage du Pont-Neuf et le voisinage des fours du quai de la Ferraille si dangereux pour les Nicaise de la province. V. le Tableau de Paris de Mercier, ch. 50, et le Supplément aux Essais sur Paris, par Saint-Foix neveu, t. 1, p. 170.

66: Nous trouvons dans les Dames galantes de Brantôme, Discours 2, édit. Garnier, p. 171, l'histoire d'une grande dame qui s'enamoura de cette manière «d'un grand cordonnier, estrangement proportionné».

67: L'auteur croit ici ce qu'on croyoit de son temps, que le nom l'écu-sol venoit non pas a solido, mais a sole, et que cette monnoie étoit la même que les anciens écus au soleil de Louis XI et de Charles VIII: c'est une erreur. L'écu-sol est le sol d'or, et on l'appeloit ainsi à cause du peu de différence qu'il y avoit comme poids et comme valeur entre lui et les premiers écus d'or. Toutes les constitutions de rente, au XVIe siècle, se faisoient encore en écus sols d'or. Ils devoient peser deux deniers quinze grains. V. le Tite-Live de Vigenère, t. 1, p. 1501.

68: Pointilleuse, querelleuse. Le mot riotte s'employoit encore couramment au lieu de disputes, débats, en plein XVIIe siècle. «Il est vrai, écrit Mme de Sévigné à Bussy le 21 avril 1670, qu'il est surprenant de voir qu'ayant de l'agrément l'un pour l'autre et un bon fonds, il arrive de temps en temps des riottes entre nous deux.» Saint-Simon, dans ses notes sur le Journal de Dangeau, écrit aussi (29 août 1717): «Les riottes, les petites intrigues, les déplorables galanteries, pour en parler modestement, de cette cour de Mme la duchesse de Berry, n'ont que trop fait de bruit dans le monde, tant que Dieu l'y a laissée.»

69: Il y a ici une allusion très peu claire à la réputation qu'ont les autruches de digérer tout ce qu'elles ont avalé, fût-ce des cailloux ou du fer.

70: Le poète Bibus, dont les misérables aventures sont racontées dans une pièce du Recueil de pièces en prose les plus agréables de ce temps, etc., Ch. de Sercy (1661, in-12), en avoit eu le courage. Il avoit vécu pendant plusieurs jours de ses dents, arrachées une à une par un opérateur du Pont-Neuf.

71: Ecraser. «Ez ungs, dit Rabelais (liv. 1, ch. 27), escarbouilloyt la cervelle, ez aultres rompoyt bras et jambes.»

72: Alors, en vertu de l'ancienne coutume, l'on confisquoit les biens de ceux qui s'étoient suicidés, l'on traînoit leur corps sur la claie et on l'attachoit à une fourche. (V. Somme rurale, liv. 2, tit. 34; et Beaumanoir, Coutumes du Beauvoisis, ch. 69.) On lit dans le Compte de recettes et dépenses de la ville d'Arras, année 1498, dont Monteil possédoit le manuscrit, un article relatif à une de ces exécutions faites sur le cadavre des suicidés: «Au dit Mathieu Leroux, varlet du guet..... LVIII solz, VIII deniers, quant Jehan Cabou, barbier, se désespéra en la maison de la Rosée de fer, et qui feust traîné à la justice et mis à une fourche de bois.» Montesquieu, dans la 76e de ses lettres persanes, s'indigne de ces cruautés, encore en pleine vigueur au XVIIIe siècle, contre les suicidés, et qui, écrit-il, «les faisoient mourir, pour ainsi dire, une seconde fois.»

73: Il s'agit ici, non pas de l'hôpital de la Charité, mais de la maison de la Charité chrestienne fondée rue de Lourcine, en 1578, par Nicolas Houel, pour servir d'asile aux soldats estropiés. Henri III ne prit pas seulement sous sa protection cet établissement, qui étoit en germe ce que fut plus tard, sous Louis XIV, la magnifique fondation des Invalides; il fit de la maison du philanthrope Houel le chef-lieu d'un ordre militaire dont tout officier ou soldat glorieusement blessé dans les armées du roi faisoit de droit partie. Cet ordre avoit pour insigne une croix brodée sur le côté gauche du manteau, avec ces mots à l'entour, en broderie d'or: «Pour avoir fidellement servy.» Cette fondation de Henri III est de 1589; Henri IV la confirma par une ordonnance de 1597, décidant que, dans la maison de la Charité chrestienne, «seroient reçus, pansés et médicamentés (ainsy que les pauvres honteux de Paris) les pauvres gentilshommes ou soldats blessés pendant les guerres.»—Un passage de la satire 11e de Régnier, que personne n'a compris parceque tout le monde a voulu voir dans l'hospice de la Charité qui y est nommé l'hôpital de la rue Jacob, fait ainsi allusion à ces Invalides du temps de Henri IV. Le poète parle de Macette et de ses compagnes. Or, dit-il,

Or j'ignore en quel champ d'honneur et de vertu,
Ou dessoubs quels drapeaux elles ont combattu,
Si c'estoit mal de sainct ou de fiebvre quartaine;
Mais je sçais bien qu'il n'est soldat ni capitaine,
Soit de gens de cheval, ou soit de gens de pié,
Qui dans la Charité soit plus estropié.

En 1606, quand la peste visita Paris, c'est dans cette maison qu'on voulut transporter les malades; mais elle fut trouvée trop petite, et c'est alors que la fondation de l'hospice Saint-Louis fut résolue (Piganiol, t. 4, p. 74). L'hospice de Nicolas Houel avoit en effet des proportions si restreintes qu'en 1611, la population venant à y augmenter, on se décida, non pas à l'agrandir, mais à le faire évacuer. Toutes les dispositions prises par Henri IV furent annulées, et l'on se contenta de distribuer aux invalides une somme de 2,400 fr., pour les aider à retourner chez eux. Pendant la Fronde, Bicêtre leur avoit été donné pour asile. V. Moreau, Bibliogr. des Mazarin., t. 3, p. 91.—Ce qu'on lit ici donneroit à penser que les bâtiments de Houel furent, après leur départ, destinés à servir de refuge aux pauvres non valides, et devinrent le siége d'une juridiction qui avoit droit de faire saisir par ses agents tout mendiant qui vagueroit par les rues.—Il existe sur cette maison, et sur sa première destination, une très curieuse pièce: Advertissement et déclaration de l'institution de la maison de la Charité chrestienne establie ès fauxbourgs Saint-Marcel par l'authorité du roy, 1578. Ensemble plusieurs sainctes exhortations, par Nic. Houel, premier inventeur de la ditte maison et gouverneur d'icelle. Paris, P. Chevillot, 1580, in-8.

74: Sur ces réceptions dans la confrérie des filous, V. t. 5, p. 349. Sur la justice que les filous, surtout ceux du Port au Foin, exerçoient entre eux contre quiconque de la corporation avoit forfait à ses statuts, V. aussi L'Estoille, édit. Champollion, t. 2, p. 531, 533.

75: Montaigne dit avoir vu un phénomène de cette espèce. «Je viens de veoir chez moi, dit-il (Essais, liv. 1, ch. 12), un petit homme natif de Nantes, nay sans bras, qui a si bien façonné ses pieds au service que luy debvoient les mains, qu'ils en ont, à la vérité, à demy oublié leur service naturel.» L'Estoille l'avoit vu à Paris en février 1586. Il en parle sous cette date dans son Journal.

76: Sur ces aveugles, qui, bien qu'hébergés dans une maison royale, mendioient tout le jour par les rues de Paris, V. notre édit. des Caquets de l'Accouchée, p. 199.

77: V., sur ce qu'on appeloit enseignes de pierreries, une note de notre t. 2, p. 90.

78: V., plus haut, notre première note.—Les fiançailles du roi, représenté à Madrid par le duc d'Usséda, furent célébrées le 18 octobre 1612. Louis XIII n'alla pas chercher Anne d'Autriche jusqu'aux Pyrénées, comme il paroît qu'on en avoit d'abord eu le projet; il s'arrêta à Bordeaux, où la jeune reine fit son entrée solennelle le 29 novembre.

79: Les Italiens à la dévotion du marquis d'Ancre, qui occupoient alors tous les emplois.

80: Le mot bienfaisance n'étoit pas encore fait. Balzac le créa, mais l'abbé de Saint-Pierre, qui fit sa fortune, passe pour l'avoir trouvé.

81: C'est-à-dire mis au rebut, comme on faisoit des pièces d'argent démonétisées. C'étoit une locution très en usage. Quand, sous ce même règne, on fit une première recherche de la noblesse, ce fut l'expression dont on se servit pour les gentilshommes que cet examen frappa de discrédit. Claveret fit à cette occasion une très curieuse comédie en cinq actes, en vers: L'Escuyer, on les Faux nobles mis au billon, 1629, in-8.

82: Charlatans, vendeurs de thériaque, la grande panacée. On les appeloit aussi triacleurs.

Tous ces beaux suffisans dont la cour est semée
Ne sont que triacleurs et vendeurs de fumée.

Regnier, sat. XIII, v. 230.

83: Président et lieutenant général en la sénéchaussée et siége présidial de Clermont en Auvergne, qui vint à Paris en qualité de député de sa province aux états-généraux de 1614, et y soutint avec une ferme éloquence les droits du tiers-état contre la noblesse et le clergé. C'est à ce sujet qu'il fit paroître sa Chronologie des états généraux, où il prouva que le tiers avoit toujours eu entrée aux Etats, séance et voix délibérative.

84: C'est-à-dire Irlandois en passage. Ces gueux catholiques, chassés de leur île par les persécutions, avoient infesté Paris pendant tout le temps de l'occupation espagnole. On sait par d'Aubigné comment ils se blottissoient dans les cavités du Pont-Neuf, inachevé, et comment, la nuit venue, ils tiroient par les jambes et précipitoient dans l'eau les passants qui leur refusoient leur bourse pour aumône. C'étoient de dévotes gens pourtant, ne demandant qu'à être canonisés. «Si l'on fait, dit d'Aubigné, quelque difficulté de les sanctifier, il faut avoir égard s'ils présupposoient ne faire mal qu'à des hérétiques.» (Hist. univ., liv. 5, ch. 15.) En 1606, on fit raffle de tous ceux qui se trouvoient encore à Paris, on les entassa sur des bateaux et on les mit hors de France. (L'Estoille, édit. Champollion, t. 2, p. 398.) C'est à François Miron qu'on dut cette exécution. La ville lui en fut très reconnoissante. (Félibien, Preuves, t. 2, p. 34, 35.)

85: Autre député des états qui prit vigoureusement les intérêts du tiers, et demanda à grands cris les réformes. Il est parlé de lui, ainsi que du sieur Estienne, qui le soutenoit, dans le Financier à Messieurs des Estats, p. 29.

86: Dans le curieux petit livret que nous venons de citer, il est aussi parlé (p. 9) de l'abus criant des pensions, dont la somme augmentoit tous les jours, et qui, après avoir absorbé le trésor du feu roi, mis en dépôt à la Bastille, consumoient toutes les ressources de l'impôt.

87: Sorte de droit de paulette que payoient chaque année les détenteurs d'office pour conserver leur charge à leur succession. On s'étoit fait une belle ressource par la création de cet impôt: «Les thrésoriers des parties casuelles, lit-on dans le Financier (p. 9), ont avancé quatre cent mille livres sur l'espérance du droit annuel.»

88: C'est dans la grande salle du couvent des Augustins que les états-généraux de 1614 tinrent leurs séances.

89: Vendre par adjudication en justice.

90: Beaufort et Juvigny faisoient alors courir des Mémoires contre le corps des financiers, dont ils avoient fait long-temps partie. On accusoit leurs plaintes d'être intéressées. «Si vous saviez pourquoi Juvigny et Beaufort vous en parlent (de la chambre de justice), vous ne les escouteriez point..... La part qu'ils ont eue aux deux cent mil livres ordonnez aux denonciateurs qui ont trahy leurs maistres et falsifié tant d'acquits et rooles a esté trop petite pour eux; ils en veulent manger encores.» (Le Financier, p. 11.)

91: C'est le livret que nous venons de citer.

92: La première chose demandée aux Etats de 1614 fut la suppression de la paulette; mais on ne s'entendit pas sur cette proposition entre la noblesse, qui l'avoit pourtant faite, et le tiers, qui en auroit eu les profits. La cour prit occasion de ces débats pour demander la surséance. On n'y revint plus, et le droit de paulette fut conservé.

93: Petit droit qui, avec les épices, constituoit les honoraires de la magistrature et de la bazoche. Les mots pot-de-vin et épingles sont restés comme termes de marché.

94: Tout ce qui, dans cette pièce, a rapport aux finances en général, et par conséquent la première partie tout entière, n'est, sauf quelques légères différences, que la reproduction d'une autre du même genre ayant ce titre: Traité du revenu et despense de France, de l'année 1607. Cette dernière pièce a été publiée dans la Revue rétrospective, 1re série, t. 4, p. 159-186, d'après une copie manuscrite conservée à la Bibliothèque impériale, collection du Puy, vol. 89, fol. 243. Le texte en est bien préférable à celui de la pièce que nous donnons. Nous en tirerons parti pour des corrections, que nous ferons toutes avec le plus grand soin, mais sans pourtant prendre la peine de les indiquer l'une après l'autre.—Quoique cette pièce porte la date de 1622, c'est le budget de 1620 qui s'y trouve détaillé, comme on le verra plus loin.

95: C'est le verbe finer, dont on trouve un exemple avec ce sens dans un rondeau de Victor Brodeau:

Au bon vieux temps que l'amour par bouquets
Se demenoit, et par joyeux caquets,
La femme estoit trop sotte ou trop peu fine;
Le Temps depuis, qui tout fine et affine,
Lui a montré à faire ses acquets.

Finer se prit aussi pour fournir, selon le P. Labbe dans ses Etymologies des mots françois, au mot Fin, et enfin dans le sens de payer, financer, exemple ces vers du 49e psaume de Théodore de Bèze:

Car le rachat de leur ame est trop cher
Pour en finer.....

La Mothe Le Vayer, dans son Traité de l'institution du prince, est aussi d'avis que finance est un dérivé du verbe finer, pris dans le sens de finir, terminer. «De là vient, dit-il, que finance est la même chose que le vieux mot chevance, parce qu'avec l'argent on finit et on achève les choses les plus difficiles.»

96: Ce prélèvement du huitième, toujours en vigueur, n'avoit pas empêché un second impôt de dix sols sur chaque muid de vin, que la ville avoit établi en 1601 pour la réparation des fontaines de Paris, et que Henri IV maintint pour en employer les fonds à l'achèvement du Pont-Neuf, et ensuite à la réparation des quais. V. Félibien, Hist. de Paris, t. 5, p. 483, et notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 24, note.—En 1607, d'après la pièce donnée par la Revue rétrospective, cet impôt pour le pont de Paris, ainsi qu'il y est désigné, grevoit la généralité de Paris de 15,500 livres.

97: Jean déclara que, dans les pays de langue d'oïl, une aide de douze deniers pour livre seroit levée et perçue sur toutes les marchandises vendues, du cinquième sur le sel et du treizième sur le vin et autres breuvages, jusqu'à la perfection et entérinement de la paix, ce qui veut dire jusqu'à l'entier paiement de sa rançon. (Secousse, Recueil des ordonn. des rois de France, t. 3, p. XCI, et 433, 441.)—V. aussi, dans les Mélanges de littérature et d'histoire de la Société des bibliophiles françois, Paris, 1850, in-8, p. 145-191, le savant travail de M. L. Dessales, Rançon du roi Jean.

98: Cette phrase manque dans la pièce donnée par la Revue rétrospective.

99: C'est-à-dire 149. La pièce de 1607 donne le même chiffre. En additionnant toutefois les nombres qui suivent, on trouve un total de 162 élections au lieu de 149; mais c'est bien ce dernier chiffre qui est le véritable. On l'obtient en rétablissant, d'après l'état de 1607, trois des nombres qui sont fautifs ici, en marquant pour la généralité de Bourges 5 élections au lieu de 9, pour celle de Moulins 7 au lieu de 8, et enfin 21 pour celle de Rouen au lieu de 29.

100: Ce total est encore fautif. L'addition, mieux faite, donne seulement 23,159 paroisses. Dans la pièce de 1607, où le calcul n'est pas meilleur, on en trouve 23,140. Le Pouillé général compte 30,419 cures; ajoutez, toujours d'après son évaluation, 18,537 chapelles, 1500 abbayes, 2812 prieurés, 931 maladreries, 80 chapitres ayant église, et vous arrivez à un total de 44,279 clochers, ce qui est bien loin des dix-sept cent mille dont il est parlé dans le Calcul et dénombrement de la valeur et du royaume de France, par Jacques Cœur (Collection universelle des mémoires particuliers relatifs à l'histoire de France, 1785, in-8, t. 9). De ce nombre «il rescindoit, y est-il dit, pour pays gastés ou autrement, sept cent mille, et par ainsi demeuroit ung million de clochiers, et à prendre sur chacun clochier, le fort portant le feuble, vingt livres tournois par an pour toutes aides, tailles, impositions et huitième, se monte en somme par chacun an vingt millions, qui satisferont à ce qui s'en suit, etc ...» Dans un article de l'Esprit des journaux (août 1786, p. 106, note) l'on a fait voir tout ce qu'il y a d'exagération dans ces chiffres, auxquels M. de Chateaubriand (Analyse raisonnée de l'hist. de France, édit. Didot, in-12, p. 134), et après lui beaucoup d'autres, se sont pourtant laissé prendre. «Il est bien évident, lisons-nous donc dans l'Esprit des journaux, que l'argentier de Charles VII se trompe ici ... Mais l'erreur ne doit pas lui être attribuée: le copistes doivent avoir supprimé ou ajouté des zéros aux chiffres. Ainsi, en supposant qu'il n'y avoit, de son temps, que dix-sept mille clochers en France, comme il est clair qu'il l'avoit calculé, en en rescindant sept mille gastés par les guerres, et en mettant deux mille livres tournois au lieu de vingt, ses calculs sont justes.»

101: Ou bîllos. Ce sont les droits et impositions du vingtième, onzième ou quatrième sur le vin, qui étoient levés dans cette province par le roi, par les seigneurs ou par les villes.

102: Cette phrase, tout à fait incompréhensible, doit être ainsi rétablie, d'après la pièce de 1607: «Pour celle de Bourgogne, elle n'a aucune recette particulière que celle de Bresse, Bugey et Vivonnay, qui ont été annexées depuis neuf ans par l'échange du marquisat de Saluces.»

103: A la suite de cette phrase se trouve celle-ci, dans le Traité du revenu et despense de 1607: «La Normandie a aussi une forme d'estats; mais c'est, à parler proprement, une forme, ou plutôt une ombre, au prix des dix autres.»

104: «Qui est en tout, lit-on dans la pièce de 1607, cent quatre-vingt-dix-sept trésoriers de France», ce qui fait par conséquent le même nombre.

105: «Ces officiers, dit P. Bonfons en ses Antiquitez de Paris (Paris, 1608, p. 342), feurent appelez esleuz, parce que, de fait, ils estoient esleuz et choisis en chacun diocèse et evesché pour faire des levées et receptes des deniers des aydes, ou bien pour autant qu'ils estoyent esleuz et deputez des trois estats pour garder les ditz deniers.» Mais dès le temps de Louis XI ce nom d'élu n'avait plus de sens, car ces magistrats étoient toujours les mêmes et des mêmes familles. D'électives ces charges étoient devenues héréditaires. (Michelet, Hist. de France, t. 6, p. 66.—V. aussi une note de notre édit. du Roman bourgeois, p. 262.)

106: L'évaluation du nombre des élus, porté à 1300 dans l'Etat de 1607, se rapproche davantage de la vérité. En mettant, en effet, 9 élus pour chacune des 149 élections, on arrive au chiffre de 1341.

107: Dans la pièce de 1607, il est parlé d'une troisième espèce de tailles: «L'autre mixte, comme la plupart, pour ce qu'elle s'impose selon les personnes et leurs biens, en quelque part qu'ils soient assis.»

108: «Cette année sera 1607», lit-on dans la pièce reproduite par la Revue rétrospective; mais on comprend que celle-ci, qui donne le budget de 1622, ne pouvoit répéter la même phrase. Ici, du reste, les deux pièces, qui jusqu'à présent n'avoient été que la reproduction l'une de l'autre, cessent de se suivre et deviennent presque complétement différentes.

109: On trouve quelques détails de plus dans la pièce de 1607: «Mais, y est-il dit, comme Sa Majesté voit que, du premier de ces deux moyens (les tailles), les charges qui se paient premièrement aux élections, puis aux généralités, déduites, il ne lui en revient pas la moitié, ainsi seulement quelque quatre millions cinq cent tant de mille livres, et comme des unes et des autres formes, qui montent à près de quatre millions d'écus, les charges déduites, il ne revient guère plus de huit millions de livres, elle a toujours été contrainte de lever une crue extraordinaire, qui s'appelle grande crue, ou autrement crue des garnisons, laquelle fut diminuée à la naissance de Monseigneur le dauphin (1601) d'environ quinze mille livres.»

110: Dans la généralité de Paris, d'après l'Etat de 1607, on percevoit pour la crue du prévôt des marchands 61,000 livres, pour les postes près de 5,000, pour le taillon de la gendarmerie 166,000, ce qui, avec quelques autres contributions dont j'omets le détail, élevoit pour cette généralité le taux de la taille ordinaire à 922,000 livres.

111: En 1607, cet état s'étoit élevé à 4,534,000 livres.

112: Ce total n'est pas encore exact; il faut lire 4,711,020 liv.

113: Dans la pièce de 1607, on lit seulement «ils font le département des sommes y contenues par les paroisses, ajoutant ordinairement à l'année précédente», ce qui est plus naturel, car, en matière d'impôt, rien de plus commun qu'une augmentation, rien de plus rare qu'une diminution.

114: C'est, sauf cent francs, la somme portée aussi sur l'état de 1607. Toutes les autres diffèrent plus ou moins, si ce n'est pour ce qui se percevoit dans les généralités de Limoges, de Bourges, de Moulins, de Bordeaux, de Dijon, où la recette de l'épargne ne varie pas.

115: Total fautif encore. L'addition exacte des sommes qui précèdent donne 9,590,800.

116: «Et les collecteurs le peuple», est-il fort justement ajouté dans la pièce de 1607.

117: Le premier bail général des aides avoit été fait en 1604 pour 500,000 livres seulement. En 1607, comme on le voit par l'Etat souvent cité, et en 1622, comme on en a la preuve ici, les sommes perçues à ce titre montoient déjà à 1,500,000 livres; en 1649, d'après l'Etat général du revenu, elles atteignoient 3,549,712 livres, et la proportion alloit toujours croissant. «Le bail a si bien haussé, lisons-nous dans le Détail de la France, pièce de la fin du XVIIe siècle, que les aides sont à 19 millions ou environ aujourd'hui.» (Archives curieuses, 2e série, t. 12, p. 193.)

118: Droits perçus sur les vaisseaux marchands du port de Bordeaux à qui l'on donnoit pour sauvegarde un convoi de vaisseaux de guerre. En 1649, d'après l'Etat général du revenu pour cette année-là, la ferme du convoi de Bordeaux rapportoit deux millions trois cent mille livres.

119: La traite foraine, l'une des cinq grosses fermes, étoit un droit levé sur toutes les marchandises qui entroient dans le royaume ou qui en sortoient. L'établissement de la traite d'Anjou, dont il est parlé ici, des bureaux d'Ingrandes, Montluçon et autres lieux qui ne sont pas sur les frontières, étoit alors une chose toute nouvelle.

120: «De la ferme des cartes et tarotz, lit-on dans l'Etat de 1607, à savoir 15 deniers par jeu de cartes qui se consomment au royaume, n'y a aucunes charges, 3,000 livres.» C'étoit surtout à Rouen un grand commerce, qui s'augmenta beaucoup encore pendant tout le XVIIe siècle. En 1695, Rouen fournissoit de cartes à jouer toute l'Europe, et même les colonies espagnoles d'Amérique. (Archives curieuses, 2e série, t. 12, p. 230.)

121: Sous Henri III, le revenu étoit de 32 millions; sous Henri IV, de 35; Richelieu le doubla, et il alla croissant jusqu'en 1660, puis baissa. (Le détail de la France, Archiv. cur., 2e série.)

122: Ils ne se montoient qu'à 270,000 en 1607.

123: Sous Henri IV, d'après l'état de 1607, la dépense de la vénerie montoit à 51,000 fr. Malgré le goût de Louis XIII pour les oiseaux de chasse, la somme qu'il y employoit en 1620 ne dépasse pas celle qui se trouve, pour le même objet, portée au budget de son père.

124: On ne trouve en 1597 que 21,000 fr. pour les cent gentilshommes. C'est qu'alors Sully veilloit à ce qu'on ne vît pas renaître les dilapidations du règne précédent, et «cette effrenée quantité d'officiers qui detruisoient tous les revenus du roi». (Œconom. royales, coll. Petitot, t. 3, p. 17.)

125: C'est Gaston, qui ne fut fait que plus tard duc d'Orléans. Il avoit porté le titre qu'on lui donne ici dès sa naissance, en 1610. La rue d'Anjou-Dauphine, dont la construction est de la même date, lui doit son nom.

126: Elles n'étoient portées que pour 2,063,729 sur l'état de 1607. L'augmentation qu'on trouve ici, et bien mieux encore le détail qu'on trouvera plus loin, expliquent les plaintes contenues dans maint pasquil du temps, notamment dans la pièce que nous avons donnée avant celle-ci, Turlupin le souffreteux. On y trouve aussi la preuve de ce qu'a dit Richelieu sur les dilapidations commencées avec la régence de Marie de Médicis, et forcément continuées même après la mort du marquis d'Ancre: «Les présents que la reine fit aux grands au commencement de sa régence étourdirent bien la grosse faim de leur avarice et de leur ambition, mais elle ne fut pas pour cela éteinte. Il falloit toujours faire de même si l'on vouloit les contenter. De continuer à leur faire des gratifications semblables à celles qu'ils avoient reçues, c'étoit chose impossible. L'épargne et les coffres de la Bastille avoient été épuisés, et quand on l'eût pu faire, encore n'eût-il pas été suffisant.» (Mémoires de Richelieu, liv. 5.)

127: Ce subside, dont je ne connois ni l'origine ni l'objet, avoit été diminué d'un million depuis 1607.

128: La somme manque ici, mais on sait par l'état de 1607 qu'elle étoit de 100,000 livres.

129: De Mercœur.

130: Cette dette n'est pas sur l'état de 1607, où les autres figurent.

131: Sur ce produit, l'une des principales richesses de nos provinces méridionales, V. notre t. 3, p. 110-111.

132: «Dès l'année 1608», lit-on dans l'Etat de 1607, dont, sauf cette variante, tout ce paragraphe est la reproduction.

133: Un état manuscrit des dépenses particulières de Louis XIII pour 1641, pièce fort intéressante, que M. Vallet de Viriville a publiée presque entièrement dans le Cabinet de lecture (10 juillet 1837), d'après la copie possédée par la bibliothèque Sainte-Geneviève, dans le recueil coté Z, 378, in-4, contient aussi l'état général des gages, appoinctemens et pensions que le roy veult et ordonne estre payées par le tresorier de son espargne aux princes, princesses, dames, officiers de la couronne, seigneurs du conseil, gouverneurs des provinces, gentilshommes et aultres ... On y trouve M. le Prince, comme ici, en première ligne, mais pour une pension plus forte: cent cinquante mille livres. De plus, son fils, le duc d'Anguien (sic), en a une de 100 mille.

134: En 1641, il n'a plus que 26,000 livres, y compris ses appointements de gouverneur de Normandie.

135: Frère du duc de Guise. On avoit acheté sa fidélité à la cause du roi par cette pension et d'autres avantages. V. Lettres de Richelieu (documents inédits), t. 1, p. 462, 475.

136: En 1641, Richelieu ayant fait en sorte qu'il fût moins à craindre qu'en 1622, on ne lui donnoit plus que 3,000 livres de pension, plus 10,000 «à cause de la protection de Sedan».

137: En 1641, il n'a plus que 8,000 livres.

138: C'est le duc de Montmorency qui avoit alors la charge d'amiral. Richelieu la supprima en 1627; il la remplaça par celle de grand maître de la navigation, qu'il prit pour lui.

139: Celui dont la déroute au Pont-de-Cé est si fameuse. Leclerc, (Hist. de Richelieu, 1694, in-8, p. 63.)

140: Urbain de Laval, maréchal de France, mort en 1629.

141: Henri de Schomberg, alors superintendant des finances.

142: Le duc de Lesdiguières.

143: Grand veneur de France. En 1641, il ne touche plus que 10,000 livres. V. sur lui notre t. 5, p. 291.

144: Le duc de Luynes, alors connétable en effet.

145: Les deux frères de Luynes. V. sur eux les Caquets de l'Accouchée, passim.

146: Le duc de Roannez.

147: Celui qui eut une si belle part à la déroute du duc de Retz au Pont-de-Cé. V. le Baron de Fæneste, liv. 4, chap. 2.

148: Le duc de Bellegarde, grand écuyer de France. En 1641, il n'a plus que 10,000 livres, et encore est-ce comme conseiller d'Etat. Richelieu, on le voit, avoit réduit tous les favoris, et Bellegarde l'avoit été plus qu'aucun, à la portion congrue.

149: On appeloit M. le Grand le maître de la grande écurie du roi, et M. le Premier celui qui commandoit à la petite.

150: François de La Rochefoucauld, père de l'auteur des Maximes, fait en 1612 maître de la garde-robe par le maréchal d'Ancre, et duc et pair en 1622 par Louis XIII.

151: Le baron de Termes, frère du duc de Bellegarde. Il mourut cette même année, 1621, le 22 juillet, d'une blessure qu'il avoit reçue au siége de Clérac.

152: Antoine de Roquelaure, maréchal de France, mort en 1626.

153: Scipion Sardini, financier anobli. V. sur lui et sur sa maison le t. 5, p. 221.

154: Le duc de Sully. Ce grand ennemi des pensions ne laissoit pas, comme on voit, que d'en toucher une assez bonne, sans préjudice de celle dont étoit gratifié son fils, le marquis de Rosny, qui suit ici la sienne.

155: François Annibal d'Estrées, marquis de Cœuvres, se rendit fameux dans les ambassades. Il étoit frère de Gabrielle. V. les Caquets de l'Accouchée, p. 149.

156: Charles-Louis, comte de Fiesque, qui joua un rôle dans la Fronde parmi les conseillers de Gaston. Sa femme, Gilone d'Harcourt, figure dans l'Histoire amoureuse des Gaules.

157: En 1641, il est l'un des trois premiers gentilshommes de la chambre du roi, et reçoit en cette qualité 6,000 livres. Son marquisat devint duché-pairie en 1650. On l'appeloit le beau Mortemart. V. t. 5, p. 154.

158: En 1641, il n'a plus que 2,000 livres de pension, et nous le trouvons perdu parmi les 400 pensionnaires environ que la pièce du recueil de la Bibliothèque Sainte-Geneviève comprend sous le titre de Cour.

159: Balzac d'Entraigues ou d'Antragues, ancien gouverneur d'Orléans, père de la marquise de Verneuil. Il vivoit retiré dans sa terre de Malesherbes, où Henri IV l'avoit exilé après la découverte de sa conspiration avec l'Espagne. Il est étrange que Louis XIII pensionne un tel homme.

160: Fils du chancelier de France sous Henri III et sous Henri IV, auteur des Mémoires si célèbres.

161: Maréchal de France, gendre de M. de Lesdiguières.

162: Nous ne le trouvons nommé que dans les Contreveritez de la cour. V. notre t. 4, p. 342. C'étoit, à ce qu'il paroît, un grand fou.

163: Le même qui plus tard accompagna le duc de Guise dans son expédition de Naples, et fut l'un de ceux qui le servirent le mieux. V. Collect. Petitot, 2e série, t. 56, p. 181.

164: Il ne nous est connu que comme agent de Sully pour une mission qu'il lui donna à Moulins. V. Œconom. royales, édit. Petitot, t. 7, p. 407.

165: Gille de Souvray, marquis de Courtanvaulx, maréchal de France, gouverneur de Louis XIII. Il fut tué dans une affaire près d'Arras. V. Mém. de Monglat, Coll. Petitot, 2e série, t. 49, p. 276.

166: Il étoit en 1641 premier gentilhomme de la chambre et recevoit 6,000 livres.

167: Fils de Villeroy, l'un de ceux qui travaillèrent le plus à faire chasser Sully du ministère.

168: Antoine d'Aumont, fort jeune alors. Il devint maréchal de France sous Louis XIV.

169: Gouverneur d'Orléans. Sa femme recevoit encore en 1641 une pension de 6,000 livres.

170: Très brave officier, qui servoit comme mestre de camp au siége de Gravelines, en 1652, et y fut tué.

171: M. de Razilly étoit un voyageur revenu depuis 1613 des îles d'Amérique, d'où il avoit ramené toute une famille de sauvages, dont il est longuement parlé dans les lettres de Malherbe à Peiresc. V. p. 258, etc.

172: Le même que Saint-Amant appelle

Des bons escuyers la source.

Il tenoit à Paris une académie d'équitation. L'abbé Arnauld, qui travailloit à son académie en 1634, fait de lui les plus grands éloges. Cinq-Mars prit aussi de ses leçons, ainsi que le duc d'Enghien, «et, dit l'abbé, c'est, je crois, la plus forte preuve qu'on puisse donner de l'estime dans laquelle estoit cet excellent maistre». (Mém. de l'abbé Arnauld, Collect. Petitot, 2e série, t. 34, p. 130, 134, 135.)

173: Il avoit été maréchal de camp sous Henri IV. C'est lui qui, lors de la panique de 1636, conseilla d'attaquer Corbie, jurant de le reprendre en quinze jours. On se trouva bien d'avoir suivi son conseil.

174: On le récompensoit là sans doute d'avoir été l'un des ennemis du maréchal d'Ancre et d'avoir failli être tué par ses bravi. V. Collect. Petitot, t. 21 bis, p. 236.

175: Le voyageur de Mout, qui découvrit pour nous, avec Champlain, les côtes de l'Acadie. V. sur lui t. 3, p. 165, note.

176: Le marquis d'Estissac, dont il est parlé dans les Mémoires de Mme de Motteville à propos de sa prise de possession de La Rochelle, où il demeura fidèle au roi. C'est aussi lui qui chassa de Marennes les gens du comte de Dognon. V. Mém. de Monglat, Collect. Petitot, 2e série, t. 50, p. 395.

177: Il fut quelque temps l'un des premiers valets de chambre de la garde-robe; mais, étant accusé de vouloir mettre de la mésintelligence entre le roi et sa mère, il fut contraint à se retirer.

178: En 1641, le sieur de Grammont, «fils naturel de M. le prince de Conti», n'est porté que pour 2,000 livres.

179: Sur l'état de 1641 le médecin Ribère ne se trouve plus, mais il y en a six autres à sa place: Bonnard, premier medecin du roy, pour 12,000 livres de gages; Seguin, premier medecin de la reyne, pour 6,000; Guillemeau, medecin ordinaire du roy, pour 2,400; Citoye, medecin du roy (il étoit aussi, comme on sait, celui du cardinal de Richelieu), touchoit 2,000 livrés «pour sa pention», et non pour ses gages; enfin Le Teillier, médecin du roy, touchoit 1,200 livres.—Ce qui nous étonne, c'est de ne pas voir ici le nom d'Hérouard, qui devoit être pourtant, en 1621, attaché à la personne du roi, d'après ce que dit Tallemant (édit. in-12, t. 3, p. 62): «J'oubliois que son médecin Hérouard a fait plusieurs volumes de tout ce que le roi a fait, qui commencent depuis l'heure de sa naissance jusqu'au siége de La Rochelle, où vous ne voyez rien, sinon à quelle heure il se réveilla, déjeuna, cracha, pissa, etc.» Ce singulier manuscrit a été indiqué par le P. Lelong dans sa Bibliothèque de la France, t. 2, no 21,448. Il porte ce titre: La Ludovicotrophie, ou Journal de toutes les actions et de la santé de Louis, dauphin de France, qui fut ensuite le roi Louis XIII, depuis le moment de sa naissance jusqu'au 29 janvier 1628, par Jehan Hérouard, premier médecin du prince. Il paraîtroit qu'Amelot de la Houssaye avoit eu connoissance de ce journal, quand il écrivit, ne se trompant que sur le nom du médecin: «Bouvard, médecin de Louis XIII, lui fit prendre en un an 215 médecines et 212 lavements, et le fit saigner 47 fois.» (Mémoires historiques, t. 2, p. 193-194.) Ce Journal est aujourd'hui parmi les manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal, in-4, no 184.

180: Ne seroit-ce pas Dubois, l'un des premiers valets de chambre du roi, de qui l'on a le Mémoire fidèle des choses qui se sont passées à la mort de Louis XIII, etc., publié d'abord à Amsterdam (Curiosités historiques, 1759, t. 2, p. 44), puis par MM. Michaud et Poujoulat, qui ne rappellent pas sa première publication dans leur nouvelle collection de Mémoires, 1re série, t. 11, p. 523.

181: Dans l'état de 1641, l'on ne retrouve plus ces trois derniers emplois, qui indiquent qu'en 1621 Louis XIII, qui n'avoit que 20 ans, apprenoit encore l'écriture, la paulme et les armes. On y trouve en revanche: Jacques Le Vasseur, trompette du roy, porté pour 400 livres; Jacques Abraham, oiseleur et siffleur de linottes, pour 200; le petit fourbisseur, pour 600; Boccan, maître à danser de la reyne, pour 800, et le sieur Dupré, saulteur, pour la même somme. En 1659, d'après l'Estat général des officiers, domesticques et commensaux de Sa Majesté ..., tiré des Mémoires de M. de Saintot, par le sieur de La Marinière, Paris, 1660, in-8, l'on apprend que le maître à danser du jeune roi (Louis XIV) recevoit 2,000 livres, son maître de dessin 1,500, tandis que celui qui lui montroit l'écriture n'en avoit que 300.

182: Il fut plus tard lieutenant-colonel du régiment des gardes et grand maréchal des logis. En 1641 il avoit cette dernière charge et recevoit 2,000 livres, plus 4,000 auxquelles il avoit droit «pour la pention qu'avoient ses prédécesseurs et qu'il avoit acheptée avec sa charge.» Le premier, selon Mme de Nemours, il démêla les bonnes qualités de Louis XIV. (Collect. Petitot, 2e série, t. 34, p. 305.)

183: C'est lui qui, au siége de Montpellier, en 1622, eut une querelle avec M. de Marillac pour une sentinelle de sa compagnie que celui-ci avoit frappée. V., à cette date, les Mémoires de Puységur.

184: Personne alors n'occupoit cette haute charge: Luynes se l'étoit réservée. C'est lui qui tenoit les sceaux et qui, par conséquent, touchoit aussi les appointements. Après sa mort, le président du Vair, dont le nom suit, fut fait chancelier, mais mourut lui-même après un très court exercice.

185: C'étoit Nicolas de Verdun. V. sur lui les Caquets de l'Accouchée, p. 143-144.

186: Jérôme de Hacqueville. Il fut premier président en 1627, après la mort de M. de Verdun, et mourut lui-même l'année suivante.

187: Le sieur de Villautrais, que sa fortune de partisan avoit porté au Conseil d'Etat. V. les Caquets de l'Accouchée, p. 365.

188: Meri de Vic, sieur d'Ermenonville, qui fut chancelier de France après du Vair, et mourut l'année qui suivit son entrée en charge.

189: Claude de Bullion, qui mourut en 1640 surintendant des finances.

190: Celui dont la femme fit tant parler et pour laquelle on composa la fameuse chanson des Feuillantines.

191: Fils de l'ancien premier président. Il devint lui-même procureur général, et mourut en 1671.

192: Le président Chevalier, dont il est parlé dans les Caquets de l'Accouchée, p. 27.

193: Au lieu de Durier, ne faut-il pas lire Duret, sieur de Chevry? Il avoit été secrétaire de Sully et étoit devenu président de la chambre des comptes. V. t. 4, p. 156.

194: Il n'étoit que conseiller au Parlement sous Henri IV. L'on a de lui de très curieux Mémoires mss. qui se trouvent à la Bibliothèque impériale, no 9821-3.

195: Fameux trésorier de l'épargne. V. Tallemant, édit. in-12, t. 8, p. 116, et notre édit. des Caquets de l'Accouchée, p. 39, note.

196: Paul Phelypeaux de Pontchartrain. Il mourut cette même année 1621.

197: Remi Phelypeaux d'Herbault, mort en 1629.

198: C'étoit alors Nicolas de Bellièvre, qui mourut en 1650.

199: Louis Servin, mort en 1626.

200: Cardin le Bret, mort en 1654.

201: Le comte de Sault. Il figure en 1641 parmi les premiers gentilshommes de la chambre, et reçoit en cette qualité 6,000 livres.

202: Lisez Antoine de Loménie, qui fut en effet secrétaire d'Etat jusqu'en 1638, année de sa mort.

203: Elle faisoit beaucoup parler d'elle alors à cause de son commerce avec M. de Bellegarde. V. t. 5, p. 155.

204: C'est la même qui, en 1631, prit parti avec la princesse de Conti et le duc d'Orléans contre le cardinal et fut exilée.

205: Henriette d'Entragues, dont les amours avec Henri IV sont si connus. Elle mourut en 1633. Il est curieux de voir ici le fils pensionner la maîtresse de son père.

206: Encore une maîtresse de Henri IV pensionnée par son fils. C'est Jacqueline de Beuil, comtesse de Moret, qui eut du roi, en 1607, ce comte de Moret tué à la bataille de Castelnaudary, en 1632.

207: Charlotte des Essars, comtesse de Romorantin. C'est encore une des maîtresses de Henri IV, qui en eut deux filles, l'abbesse de Fontevrault et l'abbesse de Chelles. Elle mourut en 1651, femme du maréchal de l'Hospital. Nous ne la trouvons pas sur l'Etat de 1641, mais nous y trouvons sa fille, l'abbesse de Fontevrault, pour 3,600.

208: En 1641 nous ne trouvons qu'une demoiselle de Rohan, portée pour 6,000 livres.

209: Auparavant marquise de Créqui, et mère du maréchal de ce nom. Le comte de Sault, dont il a été parlé plus haut, étoit son fils d'un second lit. Bullion avoit été son amant et lui devoit sa faveur. V. Tallem., édit. in-12, t. 3, p. 5-6.

210: Diane d'Estrées, sœur de Gabrielle et seconde femme de Jean de Montluc, sieur de Balagny, maréchal de France. Elle avoit une détestable réputation et la méritoit. V. t. 5, p. 155.

211: Henri IV l'avoit aimée sans succès. Il l'attacha à la personne de Marie de Médicis lors de son mariage avec cette princesse. C'est l'une des rares honnêtes femmes que nous trouvons dans cette liste de dames ayant pension de Louis XIII, dit le chaste.

212: En 1641, c'est la nourrice du dauphin qui touche une pension, mais de beaucoup moins forte: «A la demoiselle de la Giraudière, première nourrice de M. le Dauphin ..., 1,200 livres.»

213: C'est la folle en titre d'office dont nous avons déjà si souvent parlé. V. notamment Caquets de l'Accouchée, p. 168, 261. Ogier, dans son Apologie pour Balzac, p. 100, parle de Mathurine comme d'une folle à gages. Ce livre parut en 1627, et Ogier dit qu'elle étoit morte alors.

214: Même note pour maître Guillaume, qui se trouvoit être le fou de Louis XIII comme il avoit été celui de Henri IV. V. pour lui les Caquets de l'Accouchée, p. 263, etc. Dans le Lunatique à maître Guillaume, l'une des nombreuses pièces qui furent faites sous le nom de ce fol ou à son sujet, il est parlé de sa pension, ainsi que de celle de Mathurine: «Tu fais bien de ne pas aimer les réformés, dit l'auteur à maître Guillaume ... car s'ils étoient crus ... on retrancheroit les fols et les bouffons ... Eh! pauvre Mathurine, pauvre Angoulevant, pauvre maître Guillaume, et tous tant que vous êtes de fous à chaperon et sans chaperon, où seroient désormais vos pensions?»

215: Les gouverneurs des fous de cour étoient eux-mêmes des bouffons, témoins ceux qu'on avoit donnés pour maîtres à Thoni, fou de Henri II et de Charles IX: l'un s'appeloit Gui, l'autre La Farce. Il est parlé de celui-ci, dont nous ne venons, bien entendu, de dire que le surnom, dans une pièce qui se trouvoit parmi les archives de M. le baron de Joursanvault, et que le Catalogue (1re partie, p. 64, no 447) analyse ainsi: «Louis de la Proue, dit La Farce, gouverneur de Thouyn (c'est le vrai nom de Toni), fou du roy, va avec ledit Thouyn trouver le duc de Lorraine de la part du roi.» (1560.)

216: Nous ne connoissons ce livre que par l'exemplaire qui se trouve à la bibliothèque de l'Arsenal. Il eut pourtant deux éditions; la seconde, très augmentée, se trouve aussi, mais sans titre, à la même bibliothèque. Une série de huitains adressés aux arquebusiers en est la pièce la plus curieuse; elle nous a beaucoup servi pour l'annotation des quatrains que nous donnons ici.

217: L'arsenal particulier du roi étoit à Fontainebleau, dans la partie du château qu'on appeloit le pavillon des armes. Une des chambres de ce pavillon avoit servi de prison au maréchal de Biron.

218: Pour comprendre cette épithète de chauve qu'il donne à l'Occasion, après avoir dit tout à l'heure qu'il eût dû la prendre aux cheveux, il faut se souvenir d'une épigramme célèbre de l'Anthologie sur une statue de cette déesse la représentant avec une longue chevelure sur le devant de la tête et aucun cheveu par derrière.

219: Ces armes que Poumerol offre ici au roi n'ont pas été conservées, que je sache. Je ne connois comme ayant pu appartenir à Louis XIII qu'un mousquet à mèche à double détente, ayant sur la plaque de couche les armes de France et de Navarre; puis un autre portant la date de 1627, avec le nom de Jean Simonin, à Lunéville; enfin un autre encore, daté de 1616, signé sur le canon: D. Jumeau. Ce Jumeau est le même que nous avons trouvé dans la pièce du Feu royal, avec le titre d'arquebusier ordinaire de Sa Majesté. (V. plus haut, p. 13 et suiv.)

220: C'est-à-dire sur le bois (fustis), sur l'affût. Le mousquet de Jean Simonin, de Lunéville, dont il est parlé dans la note précédente, porte ainsi sur le bois des ornements sculptés d'un beau travail.

221: Les arquebuses à rouet avoient succédé aux arquebuses à mèche. Leur mécanisme étoit le plus parfait qu'on eût encore trouvé pour la batterie des armes à feu. Il consistoit en une roue d'acier placée à la culasse de l'arquebuse ou du mousquet, et qui, mise en mouvement par la détente d'un ressort, alloit dans sa rotation frapper à coups redoublés sur une platine à silex.

222: Dans les huitains qui se trouvent dans la seconde édition de ses poésies, Poumerol dit, entre autres choses, à ses confrères les arquebusiers:

Je leur conseille aussi d'user
De fer d'Espagne en leur boutique,
Afin de ne point abuser
De leur art ni de leur pratique.
Le bon fer et le bon charbon,
L'acier, le soin, l'expérience
Et de l'ouvrier la patience,
Est ce qui rend l'ouvrage bon.

223: Il dit encore dans ses huitains:

Un bon acier entre deux fers,
Comme le bois dans son escorce,
Soudé par des maistres experts,
Augmente d'un canon la force.

224: C'est vers 1630 seulement qu'on avoit substitué au mouvement du rouet contre la platine à silex le simple choc de la pierre à feu ou fusil: de là le nom nouveau de ces sortes de mousquets. Les vers de Poumerol sont de 1631: il y parle donc d'une chose toute récente. Aussi, plus loin, les appellera-t-il ces fusils nouveaux. (V. Marolle, la Chasse au fusil, 1788, p. 47.)

225: Il dit dans ses huitains:

En outre, pour estre subtils
A couper le bois des montures,
Il faut avoir de bons outils
Pour en bien faire les jointures,
Et que tous les fers agencez
Dans du cormier rouge et durable
Soient d'un lustre presque semblable
A des diamans enchassez.

226: C'étoit le petit plomb avec lequel on tiroit sur le menu gibier.

227: Dans l'armée, on étoit de l'avis de Poumerol: aussi fut-on long-temps avant d'y admettre le fusil. C'est en 1670 seulement qu'on l'adopta comme arme de guerre, après lui avoir fait subir quelques modifications réglées par l'ordonnance du 6 février de cette année-là, et qui ont rendu son mécanisme à peu près semblable, sauf la légèreté, à celui qui est encore en usage. L'année suivante fut créé le régiment des fusiliers, qui devoit son nom à l'arme spéciale dont chaque homme étoit muni. En 1692, l'usage s'en étendit à tous les régiments. L'ordonnance du 12 décembre détermina le nombre d'hommes qui en porteroient dans chaque compagnie. Malheureusement, c'étoit un nombre très restreint; il n'y en avoit que quatre pour les compagnies ordinaires et dix pour celles des gardes. Les autres avoient le mousquet à rouet ou la pique. En 1703, rien n'étoit changé; Villars se plaignoit encore de ce qu'il y eût dans son armée trop peu d'hommes armés de fusils; le tiers des bataillons en manquoit alors. «Au siége de Kehl, écrit-il à Chamillart, ceux qui descendoient la tranchée étoient obligés d'en laisser la plus grande partie pour ceux qui la montoient.» (Mémoires de Villars, Collect. Michaud et Poujoulat, p. 199.)

228: A cette époque, la batterie étoit souvent ciselée, soit en forme de coq tenant la pierre dans son bec, soit en forme de chien la tenant dans la gueule; les deux mots, employés tous deux par notre poète, sont donc identiques. La dernière de ces deux représentations, qui offroit plus de garantie de force, ayant été employée plus souvent, le mot de chien survécut à celui du coq, et on sait qu'il est encore en usage, malgré l'abandon de toute figure.

229: C'est-à-dire Mars. Enyo est le nom grec de Bellone.

230: Libre, sans gêne. On disoit plus ordinairement à délivre.

231: Les Sirènes, filles d'Acheloüs.

232: On sait que les huîtres perlières dont l'écaille fournit la nacre se pêchaient alors exclusivement dans le golfe Persique.

233: Du latin incomptus, en désordre. Je ne connois pas d'usage plus ancien du mot incompatible. Il étoit encore si nouveau au milieu du XVIIe siècle dans le sens qu'il a gardé, que M. Sainte-Beuve (Revue des Deux-Mondes, 1er janv. 1848, p. 3) s'étonne de le trouver dans les œuvres du chevalier de Méré, et le recommande à l'Académie pour son Dictionnaire historique, si jamais il arrive jusqu'à l'I. Malheureusement personne ne peut en répondre, et ce n'est pas surtout le cas de dire: Qui vivra verra.

234: V., sur ces prétentions des bourgeoises, une pièce de notre t. 1, Le bruit qui court de l'épousée.

235: On trouve dans les fragments du Voyage de Locke en France, de 1675 à 1679, donnés par la Revue de Paris, t. 14, un passage sur l'état des paysans qu'on peut rapprocher de celui-ci. «J'ai, dit Locke, p. 75, causé long-temps avec un paysan, qui m'a dit qu'il avoit trois enfants en bas âge, et que pour nourrir sa femme, lui-même et ses enfants, il gagnoit sept sous par jour. Là-dessus il falloit payer la taille, le loyer de la cabane, et vivre, non seulement pendant les jours ouvrables, mais les dimanches et jours fériés, jours où l'on ne travailloit pas. La maison de ce malheureux, ou plutôt la hutte misérable où sa famille étoit entassée, ne se composoit que d'une seule chambre à une seule porte, sans fenêtre ni cheminée, découverte par le haut et de l'aspect le plus affreux. Il louoit ce taudis douze écus par an, plus quatre livres pour la taille. Quelques jours auparavant, le collecteur avoit enlevé les ustensiles du ménage, la poêle à frire et la marmite. Pour nourriture ordinaire, ces pauvres gens n'ont que du pain de seigle et d'avoine et de l'eau, rarement de la viande.» Ailleurs, p. 15, il avoit dit, après une visite faite aux galères de Marseille: «Les galériens ont meilleure mine que les paysans.»

236: Saluer, tirer le bonnet. On lit dans Regnier, satire 8, vers 175:

Voyant un président qu'il étoit nécessaire
D'estre toujours après ces messieurs bonneter.

237: «Nos pères disoient, lit-on dans le recueil de pièces contre le connétable de Luynes (p. 295), tenir au petit pot, pour tenir dans un état modeste.» On avoit aussi le proverbe pour les gens d'un état contraire: «La soupe du grand pot, et des friands le pot pourry.» (La Mesengère, Dict. des prov., 1re édit., p. 313.)

238: C'est en effet une aventure qui fit alors beaucoup de bruit. Nous en connaissons un autre récit sous ce titre: Relation remarquable de ce qui s'est passé au mariage de Mademoiselle (Tout lui faut) avec M. (Qui donne), et comme il s'y est pris pour connoître le caractère de sa femme la nuit de ses noces. C'est, sauf la forme, tout à fait la même histoire.

239: Nous avons déjà rencontré ce nom de Passart; il est bon de nous expliquer à ce sujet. C'est le masque derrière lequel se cachoit l'abbé Chérier, «gros rejoui, dit Piron, qui n'avoit de bréviaire que la bouteille, et d'autre bénéfice que la censure de la police. On n'a de lui, c'est toujours Piron qui parle, que les Approbations des sottises sans nombre de son temps, sous le nom factice de Passart. A sa mort, ce bel emploi, bon pour ses pareils, fut donné au celèbre auteur de Rhadamiste.» Au sujet de cette succession, Piron fit une épigramme à laquelle les lignes que nous venons de citer servent de commentaire. Voici l'épigramme:

Dieu des vers, sous ton pavillon
Qu'on vogue bien à la male heure!
Pour placer le grand Crebillon,
Il faut que le gros Cherier meure.
Quelle place! Pour moi, j'en pleure.
Examiner avec degout
Nos rogatons de bout en bout!
Du moins l'autre (en paix soit sa cendre)
Approuvoit ou reprouvoit tout
Sans lire ou sans y rien entendre.

Œuvres complètes d'Alexis Piron, édit. Rigoley de Juvigny, in-8, t. 7, p. 240.

En disant qu'on n'avoit de l'abbé Chérier que ses approbations de censeur, Piron s'est trompé. Il a écrit dans le burlesque; il a été l'un des successeurs du comte de Cramail, l'un des devanciers de M. de Bièvre. Ainsi, en 1725, il donna l'Homme inconnu, ou les Equivoques de la langue, dédiées à Bacha Bilboquet. A la page 53 de leur 2e volume d'avril 1775, les auteurs de la Bibliothèque des Romans reproduisent cette bouffonnerie, et donnent, comme préface, des détails sur Chérier: «Nous savons de quelques gens qui l'ont connu que c'étoit un plaisant de profession et de caractère, mais souvent fort agréable. Il fit imprimer son Homme inconnu, à la suite d'un Ana de sa façon intitulé Polissonniana, qui est un excellent extrait des bonnes ou mauvaises plaisanteries connues avant le temps où il écrivoit. Comme pendant 90 ans le goût avoit eu le temps de se perfectionner, l'Homme inconnu vaut mieux que le Courtisan grotesque

240: Cette pièce se trouve à la suite de celle qui a pour titre Catéchisme des courtisans (Cologne, 1668, pet. in-12), et que nous avons reproduite dans notre tome 5, p. 75-95.

241: Celui dont parle Chicaneau (les Plaideurs, act. I, sc. 6):

Un grand homme sec, là, qui me sert de témoin,
Et qui jure pour moi lorsque j'en ai besoin,

est de la même race.

242: Tartufe, à ce qu'il paroît, étoit de Normandie.

243: Sepulcrum dealbatum. C'est ainsi que le Christ désignoit les Pharisiens: «beaux au dehors et pleins de pourriture au dedans».

244: M. Pluquet, dans ses Contes populaires et proverbes, in-8, p. 116, cite le dicton normand:

Domfront, ville de malheure,
Pris à midi, pendu à une heure.

245: On avoit douté de l'existence de cette charge au moins singulière. L'édit qui la supprime convaincra les plus sceptiques. Il en étoit d'ailleurs parlé déjà dans le Traité des droits (t. 1, p. 530), où nous trouvons mentionnés auprès de deux porte-chaises d'affaires—le nom de cet emploi en dit assez—un capitaine des levrettes de la chambre, ayant 2,466 livres de gage. Chaque porte-chaise n'en avoit que 800. La charge supprimée ici devoit dater de Louis XIII, qui avoit mis à la mode les petits levriers d'Angleterre pour la chasse du lapin. Sélincourt, dans son Parfait chasseur (1683), parle de ceux que ce prince avoit fait dresser et qu'il lançoit dans la petite garenne placée au bout du jardin des Tuileries. Je ne sais qui fut alors capitaine des levrettes, mais, comme on le voit, sa charge lui survécut; elle se multiplia même: car, lorsqu'on créa les maisons du comte de Provence et du comte d'Artois, par édits des mois d'avril 1771 et octobre 1773, on les pourvut l'un et l'autre d'un capitaine des levrettes, aux gages de 1,000 livres, tandis que le maître de mathématiques n'en avoit que 200, et le premier peintre 600!

246: Les levriers de Champagne passoient pour être les plus vigoureux et les plus vites du monde, comme dit Sélincourt. On les employoit pour la grande chasse, comme les levriers d'Angleterre pour la petite.

247: Nous avons déjà parlé de cette maison et dit à quel patriarche elle devoit son nom (V. t. 3, p. 51, et Jaillot, Recherches sur Paris, quartier de la Place Maubert, p. 97). En l'année 1561, elle n'appartenoit plus depuis cent cinquante ans environ au patriarche d'Alexandrie. Etienne Carrage, conseiller au Parlement, la tenoit par succession de Thibault Carrache, bourgeois de Paris, et l'avoit louée à Ange de Caule, marchand Lucquois, qui lui-même la prêtoit ou la donnoit à bail aux calvinistes. Leurs assemblées, tolérées en vertu du récent édit de pacification, s'y tenoient, ainsi qu'à Popincourt.

248: L'un des plus ardents parmi les ministres calvinistes. Partout on le trouvoit prêchant et répandant la religion nouvelle, qui «auparavant je ne diray pas harrassée, écrit Pasquier, ains terrassée, commença de lever les cornes et se lever au milieu de nous d'une furieuse insolence. Nous la vismes, continue-t-il, estre preschée non en lieux sombres et escartez, ains à huis ouvert en la maison de la comtesse de Senigant dans cette ville de Paris, et du mesme temps par le ministre Malo, dans les fossez du faubourg St-Jacques, comme s'il eût voulu escheller la ville, et depuis, par jours alternatifs, au Patriarche et à Popincourt, par le mesme Malo et La Rivière, ministres.» (Lettres de Pasquier, liv. 15, lettre 19.)

249: Pendant long-temps les ministres n'avoient eu permission de prêcher que les jours ouvrables. On craignoit, dit Pasquier, «que, si les jours de feste ils preschoient pendant que le peuple chommoit, ce n'eust esté faire ouverture à nouvelle sedition»; ce qui arriva justement, comme on le voit ici: car la requête qu'ils firent pour être autorisés à prêcher les dimanches et jours de fête, en remontrant que la moitié de leurs ouailles, «affamée de la parole de Dieu», ne pouvoit être à la fois au travail et à leur sermon, ayant été «enterinée vers la feste de Noël», les troubles qu'on craignoit ne se firent pas attendre. M. de la Roche-sur-Yon «avoit resisté fortement»; mais, quand de guerre lasse il eut quitté le gouvernement de Paris, le maréchal de Montmorency, son successeur, avoit accordé la permission si long-temps refusée.

250: «Ceux de la religion, dit Pasquier (Lettres, liv. 4, lettre 13), estoient assistez du guet et des prevosts des mareschaux, pour garder qu'on ne leur mesfit. Ceux-ci, ajoute-t-il, se mirent de la partie.» Rouge-Aureille, le prévôt, étoit d'ailleurs de lui-même fort bien porté pour les religionnaires. Peu de jours auparavant, il avoit, sans en être trop prié, mis la main sur frère Jean de Hans, qui dans ses prédications «faisoit rage de maltraiter» les réformés, et il l'avoit mené lié et garotté à St-Germain, où le peuple l'étoit allé chercher pour le ramener en triomphe à Paris. Enfin Rouge-Aureille et le chevalier du guet, dont il sera parlé tout à l'heure, penchoient certainement pour le parti de la religion, et on les vit là, dit Pasquier, «faire espaule contre l'authorité du Parlement». (Liv. 15, lettre 19.)

251: Gabaston, «vaillant soldat», dit Pasquier, avoit été mis à la tête du guet de soixante hommes, qui, lors de la promotion du maréchal de Montmorency au gouvernement de Paris, avoit été créé «tant pour la sûreté de la personne du maréchal que pour garentir la ville de sédition.» Nous avons déjà dit que, comme Rouge-Aureille, il favorisoit le parti des religionnaires. Il le paya cher: après s'être par là grandement attiré la haine du peuple, il finit par être mis en jugement et décapité. (Pasquier, Recherches de la France, liv. III, en. 45.)

252: «Le battu a payé l'amende, dit Pasquier, dont le cœur en saigne: les gens de Gabatton et Rouge-Aureille ont mené par troupe prisonniers les catholics, comme autheurs de cette sédition, nuls des autres. Les bourgeois de Paris en crient, disant que l'on les a taillez pour payer les gages de ce nouveau guet à leur ruine.» (Liv. IV, lettre 13.)

253: L'affaire n'en resta pas là: requeste fut adressée au Parlement par les Catholiques «afin de leur estre faict droict sur les meurdres, emprisonnement, vols de chapes, calices et ornemens de l'église.» Juges sont nommés, l'un M. Gayant, conseiller catholique, l'autre M. Fumée, conseiller de la Religion; mais les catholiques récusèrent le huguenot, et les Huguenots le catholique. On mit tout le monde d'accord en lacérant la requête et en ne donnant pas suite au procès. Les catholiques arrêtés furent relâchés; mais, comme il falloit que quelques uns payassent pour tous, deux religionnaires, Cage père et fils, chefs, ou, comme dit Pasquier, «confanoniers de l'entreprise», qui avoient été assez tardivement «pris au corps», furent gardés, puis pendus, en même temps que, comme nous l'avons dit, l'on décapitoit Gabatton. (Pasquier, Recherches, liv. III, ch. 45, et Lettres, IV, 13.)

254: Les assemblées au Patriarche furent bientôt suspendues, comme on le verra plus loin. Le prêche fut fermé, ainsi que l'église sa voisine. «L'église St-Médard, écrit Pasquier quelque temps après l'émeute, chôme aujourd'hui, sans que l'on y fasse le service divin, comme ayant été profanée; pour éviter à pareil inconvénient on a enjoint aux ministres de se choisir autre lieu que le Patriarche.» (Liv. IV, lettre 13.) Quand on rouvrit l'église, il y eut une procession, composée de tout le clergé de Ste-Geneviève et des cours souveraines, qui vint en grande pompe à St-Médard. (Jaillot, Quartier de la Place Maubert, p. 99.)

255: Jacques Canage, qui étoit propriétaire de la maison, déclara qu'il l'abandonnoit aux pauvres. (Jaillot, Ibid.)

256: Il s'agit du vol qui eut lieu à la sainte Chapelle dans la nuit du 10 mai 1575, et dont on accusa Catherine de Médicis, «de quoi, dit l'Estoille, la ville fut toute troublée ... La commune opinion étoit qu'on l'avoit envoyée en Italie pour gage d'une grande somme de deniers, du consentement tacite de la reine mère.» (Journal de l'Estoile, Coll. Petitot, 1re série, t. 45, p. 115.) «Mais, dit encore L'Estoille (Ibid., p. 132), le 15 d'avril de l'année suivante, jour de Pâques fleuries, le Roi fit publier aux prônes de toutes les paroisses de Paris qu'il avoit fait faire une croix de nouveau, semblable à celle qu'on avoit dérobée l'année précédente, et qu'en icelle il avoit fait enchasser une partie d'une grande pièce de la vraie croix gardée au tresor de la sainte chapelle, et pour que dans la semaine sainte chacun l'allât baiser et adorer, comme de coutume; de quoi le peuple de Paris fut fort joyeux et content.» A ce propos, Sablier, qui rapporte le fait dans ses Variétés amusantes (1765, in-8, t. 1, p. 25), ajoute: «Il me paroît que le peuple étoit bien simple d'en croire Henri III et Catherine.» Je suis bien de son avis.

257: En cette même année parut un petit livre ayant pour titre: Les sorcelleries de Henri de Valois et les oblations qu'il faisoit au diable dans le bois de Vincennes, avec la figure des demons d'argent doré ausquels il faisoit ses offrandes, et lesquels se voyent encore en cette ville; Didier-Millot, près la porte St-Jacques, 1589. Ce livret a été réimprimé dans les Preuves du Journal de l'Estoille, t. III, p. 369 et suiv. Il y est dit de Henri III et de d'Epernon: «Lesquels quasi publiquement faisoient profession de la sorcellerie»; puis encore, qu'en outre des deux figures, on trouva «une peau d'enfant, laquelle etoit courroyée, et sur icelle y avoit aussi plusieurs mots de sorcellerie et divers caractères, dont l'intelligence n'est requise aux catholiques».

258: Ce nom doit être une altération de celui de Tervagan ou Tarvagan, fameux démon d'origine orientale, dont il est parlé au 99e vers du conte de La Fontaine, la Fiancée du roi de Garbe. V., pour de plus longs renseignements, notre petit volume, Un prétendant portugais au XVIe siècle, à la suite duquel se trouve une étude sur l'Origine portugaise de la Fiancée du Roi de Garbe, p. 118-119.

259: Il y a ici une allusion aux prétentions de M. d'Epernon, qui, bien que simple cadet de La Valette (v. la 17e épitre de Busbecq à l'empereur Maximilien), et même, à en croire les ligueurs, fils d'un pauvre porte-paniers (Avertiss. des cathol. anglois, 1590, feuill. 28), se disoit de l'ancienne famille de Nogaret. «M. d'Espernon dit qu'il est sorti des Nogaret, lit-on dans le Scaligerana, 1667, in-12, p. 75; il se trompe: le père de son grand père, qui estoit son bisaïeul, estoit notaire; La Valette estoit son nom. Monsieur du Bartas avoit encore beaucoup d'instruments du notaire La Valette, d'où est descendu d'Epernon.»

260: Ce fameux libelle, dirigé surtout contre Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, et, en passant, contre Mme de Maintenon et l'Académie françoise, est d'un auteur encore inconnu. Barbier (Dict. des Anonymes, no 2,405) l'attribue, d'après l'auteur de la Bastille dévoilée (9e livraison, p. 76, note), à François de la Bretonnière, bénédictin défroqué, réfugié en Hollande, où il faisoit la Gazette sous le nom de La Fond. C'est là qu'il auroit écrit ce pamphlet. Un juif, qui étoit de ses amis et qu'on acheta, l'auroit livré, toujours d'après l'auteur de la Bastille dévoilée, aux agents de la police françoise, et La Bretonnière seroit venu expier son libelle par trente ans de captivité dans la cage de fer du Mont Saint-Michel. Nodier, qui en avoit possédé un des rares exemplaires, vendu 21 fr. à sa première vente, en 1827, et 118 à la seconde, en 1830, et qui, en dernier lieu, n'en possédoit plus qu'une copie manuscrite, s'en tenoit, comme Barbier, à ce qu'avoit dit l'auteur de la Bastille. Il attribuoit le Cochon mitré à Fr. de La Bretonnière (Description raisonnée d'une jolie collection de livres, p. 419, no 1027). Le Ducatiana le met au contraire sur le compte d'un nommé Chavigny, sans dire ce qui autorise son opinion. Ainsi, à ce sujet rien de certain, sinon peut-être que tout le monde s'est trompé. C'est l'avis de M. Leber: «Il y a, dit-il dans son livre sur l'Etat réel de la Presse et des Pamphlets depuis François Ier jusqu'à Louis XIV (p. 111), beaucoup d'erreurs dans ce qu'on a écrit sur l'auteur de cette infamie et sur sa punition.» Dans le Catalogue de sa Bibliothèque (t. 2, p. 324, no 4478), M. Leber avoit déjà parlé de ces erreurs, et, de plus, il les avoit prouvées, en faisant voir que tout le roman qui se lit dans la note de la Bastille dévoilée est un emprunt fait à la Musique du Diable, ou le Mercure galant dévalisé (Paris, 1711, in-12, p. 60). Tout s'y trouve en effet raconté de la bouche même de l'auteur du Cochon mitré. Il n'oublie rien que de dire son nom. C'est dans la note de la Bastille dévoilée que La Bretonnière est nommé pour la première fois, et, sans doute, fort gratuitement. M. Leber argue de la date de 1711, qui est celle de la Musique du Diable, que l'auteur du Cochon ne dut pas rester trente ans en prison, puisqu'on le donne pour mort dans ce livre, et puisque le Cochon mitré, cause de son emprisonnement, avoit paru en 1688.—Ce pamphlet eut dans l'origine deux éditions, qui se suivirent de près, et qui sont aujourd'hui aussi rares l'une que l'autre. Celle qui semble être la première a pour titre: Le Cochon mitré, dialogue, Paris, chez le Cochon (sans date). C'est un petit in-8 de 32 pages, y compris le titre et la gravure du cochon. L'exemplaire vendu deux fois chez Nodier étoit de cette édition. Elle dut paroître vers le mois de juillet 1688, c'est-à-dire peu de temps après la mort de Furetière, qui avoit eu lieu le 14 mai, et qui, d'après ce qu'on lit aux premières pages, devoit être encore toute récente. L'autre édition, que M. Brunet, dans le Manuel, croit au contraire être l'originale, n'indique pas de lieu d'impression et porte la date de 1689. C'est un in-12 de 28 pages. Il paroîtroit que l'une des deux avoit été subrepticement imprimée à Reims, à deux pas du palais qu'habitoit le prélat vilipendé. M. Brissart-Binet, à qui nous devons plusieurs des renseignements qui précèdent, tenoit de M. Hédouin de Pons-Ludon une anecdote qui le feroit croire. La voici telle que M. Hédouin la racontoit d'après une tradition de famille: «Lorsque quelques chanoines de Reims firent contre Maurice Le Tellier un libelle intitulé: Le Cochon mitré, imprimé chez Godard, que l'archevêque avoit tiré deux fois de la Bastille, l'imprimeur fut appelé chez Maurice Le Tellier, qui lui reprocha son ingratitude. «Monseigneur, dit l'ouvrier, ce qui m'a engagé à l'imprimer, c'est que l'ouvrage est bien fait.—Eh bien! reprit le prélat, envoyez-m'en un exemplaire.» Puis, après l'avoir lu: «Je n'ai pas, dit-il, tous les défauts qu'on m'y suppose, mais qu'on en mette deux exemplaires dans ma bibliothèque.»—En 1850, M. Chenu a donné une édition du Cochon mitré à 110 exemplaires.

261: Furetière étoit, comme on sait, abbé de Chalivoy; je ne sache pas qu'il fût en passe d'un évêché quand il mourut.

262: Nous avons déjà dit qu'il mourut le 14 mai 1688. Il avoit 68 ans.

263: Bruit, vacarme. On trouve dans Montaigne (liv. 3, chap. 10) l'expression: un tabut de valets.

264: On sait que Balzac étoit de la plus solennelle vanité. Un jour, après avoir été malade d'un gros rhume, il vint faire sa cour à Richelieu, qui lui demanda s'il se portoit mieux: «Eh! monseigneur, dit Bautru, qui étoit là, comment voulez-vous qu'il se guérisse? Il ne parle que de lui-même, et à chaque fois il met le chapeau à la main: cela entretient son rhume.»

265: Sa femme. Il lui donne là le nom que portoit la petite levrette de sa chienne de sœur.

266: Le maréchal d'Albret alloit souvent chez Scarron, surtout lorsqu'il fut marié, et l'on sait qu'après la mort du poète cul-de-jatte, sa femme n'eut pas d'abord d'autre asile que l'hôtel d'Albret.

267: Scarron revient souvent dans ses vers sur ce titre de: Malade de la Reine, sous lequel il s'étoit fait pensionner par Anne d'Autriche. C'est surtout dans sa requeste à la reine pour avoir un logement, en outre de sa pension, qu'il en a parlé avec esprit ...

.....Votre malade exerce
Sa charge avec intégrité
Pour servir Votre Majesté.
Depuis peu l'os la peau lui perce.
Tous les jours s'accroît son tourment;
Mais il le souffre gaiement,
Il fait sa gloire de sa peine,
Et l'on peut jurer sûrement
Qu'aucun officier de la reine
Ne la sert si fidellement.

268: C'est-à-dire, marche de front, va de compagnie, comme deux chevaux qui traînent une voiture. Montaigne dit de La Boétie: «Nos âmes ont charrié si uniement ensemble.» (Liv. 1, ch. 27.)

269: C'est en 1672, après la mort du chancelier Séguier, qui l'avoit long-temps logée dans son hôtel, que l'Académie fut établie au Louvre par Louis XIV, «au même endroit, dit Perrault, où se tenoit le conseil lorsque Sa Majesté y logeoit». (Mémoires de Ch. Perrault, Avignon, 1759, in-12, p. 134.)

270: On fait débiter ici à Furetière, presque mot pour mot, un fragment du second de ses factum contre quelques uns de l'Académie (Amsterdam, 1688, in-12, p. 46).

271: Voici le titre de cette épigramme, dans les Œuvres de Scarron, Paris, 1752, in-12, t. 1, p. 82: Contre une chicaneuse qui juroit de manger jusqu'à sa chemise en plaidant contre Scarron.

272: «Afin, dit Perrault, d'engager davantage les académiciens à être assidus aux assemblées, il (le roi) établit qu'il leur seroit donné quarante jetons par chaque jour qu'ils s'assembleroient, afin qu'il y en eût un pour chacun, en cas qu'ils s'y trouvassent tous (ce qui jamais n'est arrivé), ou plutôt pour être partagés entre ceux qui s'y trouveroient, et que, s'il se rencontroit quelques jettons qui ne pussent pas être partagés, ils accroîtroient à la distribution de l'assemblée suivante. Ces jettons ont d'un côté la face du roi, avec ces mots: Louis le Grand, et de l'autre côté une couronne de lauriers, avec ces mots: A l'immortalité; et autour: Protecteur de l'Académie françoise.» Les académiciens assidus, dont un jeton récompensoit chaque fois l'assiduité intéressée, reçurent le nom de jettoniers, qui s'emploie encore. C'est Corneille qui créa le mot, du moins à en croire Furetière, dans ce passage de son Troisième factum (p. 32-33), où, comme toujours, il trouve moyen de se répandre en invectives contre La Fontaine. «Si en général, dit-il, j'ai appelé les jettonniers ceux qui sont assidus à l'Académie pour vaquer aux travaux du Dictionnaire, je n'ai pu trouver de nom plus propre et plus significatif pour les distinguer des académiciens illustres par leur qualité et par leurs mérites...., qui n'ont aucune part à cet ouvrage et qui ne se trouvent qu'aux assemblées solennelles des réceptions. Encore n'ai-je pas la gloire de l'invention de ce titre; elle est due au grand Corneille, qui en a été le parrain, et qui donna un billet d'exclusion au sieur de La Fontaine parcequ'il le jugeoit dangereux aux jettons, sur le fondement que c'est un miserable qu'on nourrit par charité et qui en a besoin pour subsister. On ne peut pécher après l'exemple d'un si grand homme, et son autorité est de tel poids que tous les confrères ont suivi son exemple et se traitent les uns les autres de jettonniers, selon qu'ils affectent plus ou moins d'être assidus et de se trouver avant que l'heure sonne, pour participer à cette distribution.»

273: Nous ne l'avons trouvée ni dans l'édition la plus complète des œuvres de Scarron, ni dans aucun recueil de vers et de chansons. Le refrain, qui fut très populaire, se lit seulement à la fin de ce couplet du Recueil de Maurepas (t. 3, p. 513).

Le pauvre comte de Guiche
Trousse ses quilles et son sac;
Il faudra bien qu'il deniche
De chez la nymphe Brissac.
Il a gâté son affaire
Pour n'avoir jamais su faire
Ce que fait et que defend
L'ancien prelat de Rouen.

274: Fils d'Achille de Harlay, marquis de Champvallon, qui, en effet, avant d'occuper le siége archiépiscopal de Paris, avoit occupé celui de Rouen. C'étoit le plus beau prelat de France. On lui appliquoit ce vers de Virgile:

Formosi pecoris custos, formosior ipse.

C'est encore de lui qu'on disoit, à cause de ses galanteries: «Il est plus berger que pasteur.» Il mourut en 1675. On l'avoit appelé Harlay-Quint, parcequ'il étoit le cinquième archevêque de Paris. (V. Recueil de Maurepas, t. 4, p. 28-29.)

275:

Notre archevesque de Paris,
Quoique tout jeune, a des foiblesses.
De crainte d'en être surpris,
Il a retranché ses maîtresses:
De quatre qu'il eut autrefois,
Ce prelat n'en a plus que trois.

(Recueil Maurepas, t. 4, p. 3.)

276: V., sur ce proverbe, notre t. 2, p. 284, note.

277: Guillaume Le Boux, qui eut le courage de prêcher à Paris pendant la Fronde touchant l'obéissance qu'on devoit au roi, ce qui lui valut, en 1658, l'évêché d'Acqs, et non pas celui d'Agde, comme il sera dit plus loin, et plus tard, en 1667, celui de Périgueux. Il avoit été, comme Mascaron, prêtre de l'Oratoire. Il mourut le 6 août 1693.

278: D'après l'auteur de la Vie abrégée de Guillaume Le Boux, qui se trouve en tête de ses Sermons (Rouen, 1766, in-12, 2 vol.), ce ne seroit pas lui, mais l'un de ses amis, qui auroit fait au roi cette requête par calembour. Godeau en a fait une semblable quand, pour obtenir le siége de Grasse, il avoit dit à Richelieu: «Monseigneur, je vous demande Grasse.» Ce qui lui fut accordé.

279: Dès 1671 on prévoyoit bien que Mascaron ne resteroit pas à Tulle,

Bien que tout evesché soit bon,
Tulle est trop peu pour Mascaron.
Il n'en demeurera pas là.
Alleluia.

(Recueil de Maurepas, t. 3, p. 419.)

280:

Mascaron s'enflamme,
Etant près d'une dame;
Mascaron s'enflamme,
La voulant approcher;
Tout plein de zèle
Dans sa ruelle
Luy dit: Ma belle,
Pour bien prescher,
Un predicateur doit toucher.

(Recueil de Maurepas, t. 3, p. 341.)

281: César d'Estrée, abbé de Saint-Germain-des-Prés, qui, en 1674, avoit quitté l'évêché de Laon et avoit été fait cardinal.

282: François Emmanuel de Bonne, comte (et non pas duc) de Sault. Il étoit fils du duc de Lesdiguières. Quand Mme de Cœuvres accoucha, il y eut, vu ses multiples galanteries, grande confusion dans les attributions de paternité. Le mari fut le seul à qui on ne pensa pas. Quant au comte de Sault, on ne l'avoit pas oublié:

Ce n'est point au bourgeois Michaut (Tambonneau)
L'enfant que Cœuvre a mis au monde,
Encor moins au comte de Sault,
Puisqu'on dit qu'elle n'est pas blonde.
A qui donc la donnerons-nous,
Ne pouvant être à son epoux?

(Chansonnier Maurepas, t. 3, p. 439.)

283: François Annibal, comte d'Estrées, frère du cardinal, et grand-père du marquis de Cœuvres, qui s'appeloit comme lui François Annibal.

284: Le maréchal d'Estrées, à qui l'on prête ces belles paroles, étoit neveu de Gabrielle, de qui venoit toute la grandeur de sa maison.

285: C'est ce que dit Ch. Beys pour clore le 5e acte de ses Illustres fous:

La plus courte folie est toujours la meilleure.

286: Il vous a été dit tout à l'heure que la marquise de Cœuvres étoit fille de M. de Lionne.

287: Cette aventure se répandit, et fit, on le croira de reste, un grand scandale. Mme de Lionne avoit été en tout cela la corruptrice de sa fille. «Sa sorte de malhonnêteté, écrit Mme de Sévigné (2 août 1671) étoit une infamie si scandaleuse, qu'il y a long-temps que je l'avois chassée du nombre des mères.» V. aussi Supplément de Bussy, lettre à Mme de Montmorency, 30 juin 1671. Mme de Lionne, avant de se mettre de moitié dans les amours de sa fille et du comte de Sault, avoit déjà partagé avec elle M. de Béthune et le duc de Longueville. On lui fait dire, s'adressant au duc, dans une chanson du temps (Recueil de Maurepas, t. 3, p. 457):

Pourquoy vous enfuyez-vous?
Si vous cherchez ma fille,
Profités du rendez-vous.
Mais accordons-nous:
Faisons cocu mon epoux,
Et puis je la laisse à vous.
Je suis mère facile;
Profitez du rendez-vous.

En note, on a mis: «Non seulement Mme de Lionne étoit débauchée, mais elle pratiquoit des plaisirs à sa fille.»—Une autre chanson (Ibid., p. 464-65) parle, sans rien omettre du scandale, de la parfaite entente de la mère et de la fille dans cette communauté d'amant:

Quand à sa fille on alloit,
Il falloit
Que la mère prît son droit;
Puis elle disoit: Ma mie,
Je t'en reponds sur ma vie.
Pour aiguiser l'appetit,
Le deduit
Se passoit au même lit,
Entre Bethune et la mère,
Sault et la jeune commère.

288: D'après la chanson que je viens de citer, ce ne seroit pas le cardinal d'Estrées qui auroit trahi Mme de Cœuvres, mais son propre frère, l'abbé de Lionne, qui étoit tombé amoureux d'elle, et qu'elle avoit repoussé:

Enfin son frère l'abbé,
Echauffé
Un matin s'est presenté.
Ne lui voulant rien permettre,
Il se saisit de ses lettres.
Son père il en regala.
En parla,
De cecy et de cela.
Là finit la patience
D'un des grands cocus de France.

289: «Quoique le mari (M. de Lionne), écrit encore Mme de Sévigné (19 août 1671), fût accoutumé à sa propre disgrâce, il ne l'étoit pas à celle de son gendre, et c'est ce qui l'a fait éclater, car vous savez bien l'humeur complaisante et même serviable de la mère.» Mme de Lionne reçut ordre du roi de se rendre à Angers. «Tous les jeunes gens de la cour ont pris part à sa disgrâce, dit Mme de Sévigné (2 août 1671); elle ne verra point sa fille; on lui a ôté tous ses gens. Voilà les amants bien écartés.»

290: La mort ne laissa pas d'ailleurs à M. de Lionne le temps de faire expier à sa fille le scandale de sa conduite. Il mourut le 1er septembre. Le chagrin qu'il conçut de tout ce qui venoit de se passer fut, dit-on, pour beaucoup dans sa mort. Sa femme l'avoit pourtant, de longue date, accoutumé à de pareilles affaires, et lui-même s'en vengeoit en détail depuis bien long-temps.

291: Le cardinal d'Estrées fut en effet envoyé à Rome par le roi pour la paix de Clément IX et l'affaire de la Régale.

292: Pierre de Bonzi, fait cardinal en février 1672, et qui mourut archevêque de Narbonne, à l'âge de soixante-treize ans. Il eut surtout des intrigues avec Mlle de Gevaudan, qui devint plus tard la fameuse marquise de Ganges. (Recueil de Maurepas, t. 6, p. 131, et t. 7, p. 339.)

293: Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne, abbé de Cluny, grand aumônier de France, connu sous le nom de cardinal de Bouillon. Il n'étoit plus à la cour alors, il étoit en exil au château de Paray-le-Monial. (V. lettre de Mme de Sévigné, 28 octobre 1688.)

294: Guillaume de Furstemberg, évêque de Strasbourg, fait cardinal le 2 septembre 1686. Deux ans après, il avoit été élu coadjuteur de Cologne, grâce à l'influence de la France. Le pape lui refusa ses bulles, et Louis XIV, mécontent, fit occuper Cologne par ses troupes. Guillaume de Furstemberg étoit aussi abbé de Saint-Germain-des-Prés. C'est là qu'il mourut, le 10 avril 1704. Une des rues bâties en 1699 sur le terrain de l'abbaye lui doit son nom.

295: Charles Maurice Le Tellier, que la haute faveur de Louvois, son frère, avoit fait nommer coadjuteur de Reims lorsqu'il n'avoit encore que vingt-sept ans! (Mém. de Choisy, Collect. Petitot, 2e série, t. 63, p. 458; Saint-Simon, 1re édit., t. 2, p. 279.)

296: Une anecdote racontée dans l'Almanach littéraire de 1793 fait allusion au reproche que Mazarin adressoit sans cesse à La Feuillade. En 1655, au siége de Landrecies, il avoit été blessé d'un coup de mousquet à la tête. Les chirurgiens, en lui appliquant le premier appareil, lui dirent que c'étoit grave, car on voyoit la cervelle: «Ah! parbleu, si c'est ainsi, prenez-en un peu et envoyez-le sur un linge au cardinal, qui me dit cent fois le jour que je n'en ai point:

O messieurs, la bonne nouvelle!
A ce diable de Mazarin,
Qui pretend que j'en ai besoin,
Envoyons-en une parcelle.»

297: Il alloit toujours en grand équipage et grand train. C'est à lui qu'arriva sur la route de Saint-Germain cette aventure si bien racontée par Mme de Sévigné: Le carrosse de Monseigneur passant sur le corps d'un pauvre homme et de son cheval, puis versant du choc, tandis que l'homme et le cheval se relèvent et décampent au galop. «Il croit bien être grand seigneur, dit la marquise, mais ses gens le croient encore plus que lui.» (Lettre du 5 février 1674.)

298: Le portrait que fait de lui Saint-Simon (Mémoires, 1re édit., t. 2, p. 85) nous le représente bien plutôt comme un colonel de dragons que comme un prélat.

299: C'est ce qu'on dit dans un couplet qui fut fait lorsque Louvois se chargea de l'administration des haras:

Louvois n'aura pas d'embarras
A faire valoir ses haras,
S'il prend pour etalon son frère:
Lère là, lère lan lère.

(Recueil Maurepas, t. 6, p. 443.)

300: Il ne parvint pas à être fait cardinal. Louvois le désiroit fort, mais le roi Jacques refusa son appui et l'affaire manqua. Louvois en garda rancune au roi d'Angleterre, et, lorsqu'il eut été détrôné, il s'opposa long-temps à ce que le roi lui vînt en aide. Seignelay étoit d'un avis contraire, disant qu'il étoit de la dignité de la France de lui faire rendre sa couronne. Ce fut la cause d'une brouille entre les deux ministres.

301: On étoit en effet au plus mal avec le pape Innocent XI, qui, en 1687, avoit profité de la mort de notre ambassadeur à Rome pour abolir les franchises dont jouissoit le représentant de la France. Louis XIV vit là un acte d'hostilité et y répondit en se saisissant d'Avignon et en s'assurant de la personne du nonce.

302: La duchesse d'Aumont étoit l'aînée et la plus belle des trois filles du maréchal de La Mothe.

303: Il étoit fils d'un premier mariage du duc d'Aumont avec Madeleine Le Tellier, sœur de Louvois et de l'archevêque de Reims, et, par conséquent, neveu de l'un et de l'autre.

304: Voir la note précédente.

305: Cette affaire scandaleuse est aussi racontée dans la France galante, ou Histoire amoureuse de la Cour (Cologne, P. Marteau, 1695, in-12, p. 416-417). Saint-Simon ne dit rien contre les mœurs de Mme d'Aumont, et c'est étrange de la part d'un médisant comme lui, qui là n'avoit pas à inventer, comme il fit souvent, mais qu'à écouter seulement ce qui se disoit et se chantoit partout. Voici, par exemple, un couplet du Recueil Maurepas (t. 7, p. 37):

Seras-tu toujours eprise
De toutes sortes de gens?
A ton âge, est-on de mise?
D'Aumont, quitte les galants.
—Je ne sçaurois.
—Quitte au moins les gens d'eglise.
—J'en mourrois.

Les Clérambault ont mis en note: «La duchesse d'Aumont étoit dévote de profession, et, comme elle avoit toujours eu quelque directeur en affection, qu'étant fort vive, elle étoit souvent avec lui et en parloit sans cesse, on avoit toujours médit d'elle et de ses directeurs. Les deux plus fameux qu'elle eut jusqu'à cette présente année 1691 étoient le P. Gaillard, jésuite, qu'elle quitta pour un père de l'Oratoire appelé le P. de La Roche. Mais, ce qui avoit encore plus que tout cela donné lieu à la médisance, c'est que Charles-Maurice Le Tellier, archevêque duc de Reims, pair de France et prélat très décrié du côté de la continence, avoit été très long-temps amoureux d'elle. Cette passion avoit d'autant plus fait de bruit que, la duchesse d'Aumont ayant aigri contre elle, quelques années auparavant, le marquis de Villequier, son beau-fils, celui-ci parloit publiquement contre le commerce de sa belle-mère avec l'archevêque de Reims. Le public renchérit encore là-dessus et n'épargna pas les directeurs, et peut-être avoit-il raison, car il faut toujours se défier des femmes, et surtout des dévotes.»

306: Elle étoit née, comme Villequier, du mariage du duc d'Aumont avec Madeleine Le Tellier. Comme Mme d'Aumont, sa belle-mère, elle avoit les apparences de la vertu, mais les apparences seules.

La Crequi veut faire
La dame d'honneur,
Une mine austère,
Un air de hauteur:
Ce sont là les preuves
Que l'on a de sa vertu,
Lanturlu.

(Recueil Maurepas, t. 7, p. 403.)

307: «Son amitié pour sa nièce, la marquise de Créqui, alla jusqu'au scandale, dit Saint-Simon (t. 8, p. 126). Il lui avoit donné une maison toute meublée et lui légua deux millions.» V. aussi la France galante, p. 295-385, 394, 414-415.

Un homme d'Eglise
Du soir au matin
Lui fait en chemise
Lire l'Aretin, etc...

(Recueil Maurepas, t. 7, p. 405.)

Crequi, belle marquise,
Avec votre air coquet,
Vous seriez bien de mise
Si votre oncle n'eût fait:
Flon, flon, larira dondaine, etc.

(Recueil Maurepas, t. 6, p, 59.)

308: Louvois et son frère avoient souvent ensemble de ces conversations d'affaires de famille. En voici une très vivement résumée dans un couplet:

Maurice disoit à Louvois:
Mon frère, vous n'êtes pas sage;
De quatre enfans que je vous vois
Vous negligez l'avantage.
Louvois repond avec soupirs:
Il faut moderer ses desirs.
Barbezieux réglera l'Etat,
Soucré remplacera Turenne,
L'abbé vise au cardinalat;
Pour Courtenvaux, j'en suis en peine;
Il est sot et de mauvais air:
Nous n'en ferons qu'un duc et pair.

309: Il s'adressoit bien: Louis XIV n'avoit jamais aimé l'archevêque de Reims.

310: Si sa passion n'en eût pas souffert, l'archevêque n'eût pas vu là une bien terrible disgrâce. Il habitoit Reims de bon cœur: «Assez resident chaque année, dit Saint-Simon (t. 8, p. 126); gouvernant et visitant son diocèse, qui étoit le mieux reglé du royaume, et pourvu d'excellents sujets de tous genres, qu'il savoit choisir et s'attacher.»

311: Nous trouvons cette pièce dans le Chansonnier Maurepas (t. 3, p. 45), où elle a pour titre: La difformité de la réforme des saints. Elle existe avec celui qu'elle porte ici dans le recueil intitulé: Le tableau de la vie et du gouvernement de messieurs les cardinaux Richelieu et Mazarin et de Monsieur Colbert, représenté en diverses satyres et poésies ingenieuses.... (Cologne, P. Marteau, 1694, in-12, p. 214-218). La pièce qui précède celle-là, dans le même recueil, traite aussi de ce sujet. Elle a pour titre: Lettre en vers libres à un amy, en 1666, sur le retranchement des festes par M. Perefixe, archevêque de Paris. Il y est dit à la fin: «L'auteur de ce poème n'est pas M. Le Petit, car il estoit dejà brûlé en ce temps-là.» Et on lit en note, à la page 203: «C'estoit M. Colbert qui pressoit cette affaire pour faire travailler les gens.» Pareille mesure ne nous étonne pas de la part du laborieux ministre. Louis XIV, pourtant, s'attribue tout l'honneur de celle-ci dans ses Memoires (Paris, 1806, in-8, 1re partie, p. 277-278): «J'observai, dit-il, que le grand nombre des festes, qui s'etoient de temps en temps augmentées dans l'Eglise, faisoit un prejudice considérable aux ouvriers, non seulement en ce qu'ils ne gagnoient rien ces jours-là, mais en ce qu'ils y despensoient souvent plus qu'ils ne gagnoient dans tous les autres. Car enfin c'étoit une chose manifeste que ces jours, lesquels, suivant l'intention de ceux qui les ont établis, auroient dû être employés en prières et en actions pieuses, ne servoient plus aux gens de cette qualité que d'une occasion de debauche, dans laquelle ils consumoient incessamment tout le fruit de leur travail. C'est pourquoi je crus qu'il etoit ensemble et du bien des particuliers, et de l'avantage du public, et du service de Dieu même, d'en diminuer le nombre autant qu'il se pourroit; et, faisant entendre ma pensée à l'archevêque de Paris, je l'excitai, comme pasteur de la capitale de mon royaume, à donner en cela l'exemple à ses confrères de ce qu'il croiroit pouvoir être fait, ce qui fut par lui bientôt après executé de la manière que je l'avois jugé raisonnable.»

312: Il datoit de l'année précédente. Voy. t. 5, p. 84.

313: Des stances sur le même sujet, qui se trouvent dans le Recueil de Maurepas (t. 3, p. 17-20), parlent aussi de la suppression de la fête de saint Thomas. Ce patron, dont le nom étoit écrit en rouge sur les almanachs, comme celui de tous les saints dont on chômoit la fête, ne fut plus à l'avenir écrit qu'en noir; ce qui fait dire:

Dans cette commune disgrace
Tout le monde plaint saint Thomas,
Et nous le verrons, quoi qu'il fasse,
En changer de couleur sur tous les almanachs.

314: Les fêtes d'évangélistes avoient en effet été supprimées. On lit dans les stances que je viens de citer:

Saint Luc, fidèle evangeliste,
Saint Marc, faisant même metier,
Ne se verront plus sur la liste.

315: La fête des Innocents, qui se célébroit le 28 décembre, avoit aussi été retranchée. Nous lisons dans les stances déjà citées, où il est fait allusion à la suppression des auvents de maisons, «qui, avançant trop dans les rues, obscurcissoient le dedans des boutiques et empêchoient, la nuit, la clarté des lanternes», suppression qui fut ordonnée en même temps que le retranchement des fêtes:

Les festes supprimer, retrancher les auvents
Est une police nouvelle;
Pour moy, je la tiens criminelle,
D'attaquer sans pitié les petits Innocents.

316: Nous lisons dans les stances citées tout à l'heure:

Du bienheureux monsieur saint Roch,
Qui nous preservoit de la peste,
On a pendu la feste au croc,
Et, cet esté dernier, il joua de son reste.

317: Célèbres médecins de l'époque. Le dernier eut un fils qui se ruina en expériences de physique. C'est ce fils que Boileau nomme dans sa 10e satire, v. 433:

D'un nouveau microscope on doit, en sa présence,
Tantôt, chez d'Alenci, faire l'expérience.

Dans le Chansonnier Maurepas, au lieu des deux premiers qui sont nommés ici, l'on trouve Coladon et Lelarge.

318: Cette fontaine se trouve dans l'Auxois, au bourg d'Alise, qu'on appelle aussi Sainte-Reine, à cause de la sainte qui y fut martyrisée, et aux mérites de laquelle étoit attribuée la vertu de cette eau minérale, très efficace contre toute espèce de galle.

319: Ce retranchement des fêtes fut une mesure qui n'eut pas long-temps son exécution, ou qui ne diminua pas assez le nombre des chômages. En 1678, quand parut le 8e livre de ses fables, La Fontaine pouvoit encore faire dire par le savetier au financier:

. . . . . Le mal est que toujours
(Et sans cela nos gains seroient assez honnêtes),
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
Qu'il faut chômer; on nous ruine en fêtes;
L'une fait tort à l'autre, et monsieur le curé
De quelque nouveau saint charge toujours son prône.

Voltaire, devenu agriculteur, voulut aussi restituer au travail ces jours voués à l'oisiveté et à la débauche sous prétexte de religion. Il en écrivit nettement au pape: «Ma destinée, lit-on dans sa lettre du 21 juin 1661 à d'Argental, est de bafouer Rome et de la faire servir à mes petites volontés ... Je fais donc une belle requête au Saint-Père, je demande.... une belle bulle pour moi tout seul, portant permission de cultiver la terre les jours de fête sans être damné. Mon évêque est un sot qui n'a pas voulu donner au petit pays de Gex la permission que je demande, et cette abominable coutume de s'enivrer en l'honneur des saints au lieu de labourer subsiste encore dans bien des diocèses. Le roi devroit, je ne dis pas permettre les travaux champêtres ces jours-là, mais les ordonner. C'est un reste de notre ancienne barbarie de laisser cette grande partie de l'économie de l'Etat entre les mains des prêtres. M. de Courteilles vient de faire une belle action en fesant rendre un arrêt du conseil pour le desséchement des marais. Il devrait bien en rendre un qui ordonnât aux sujets du roi de faire croître du blé le jour de saint Simon et de saint Jude tout comme un autre jour. Nous sommes la fable et la risée des nations étrangères, sur terre et sur mer; les paysans du canton de Berne, mes voisins, se moquent de moi, qui ne puis labourer mon champ que trois fois, tandis qu'ils labourent quatre fois le leur. Je rougis de m'adresser à un évêque de Rome, et non pas à un ministre de France, pour faire le bien de l'Etat.»

320: Ce mot de Pont-Breton, dont nous n'avons pu parvenir à trouver l'étymologie, servoit à désigner une espèce de petites chansons satiriques alors fort à la mode. L'air sur lequel ces chansons couroient s'étoit d'abord seul appelé ainsi; par suite la chanson elle-même en avoit pris le nom. L'on en a la preuve par le Chansonnier Maurepas (t. 1, p. 383), qui, reproduisant un couplet contre la princesse de Conti, dit qu'il se chantoit sur l'air des Ponts-Bretons; et par un passage de Tallemant (édit. in-12, t. 1, p. 113), où certain couplet de Voiture ayant la même coupe que celui du recueil de Maurepas est appelé un Pont-Breton. Voiture a lui-même attesté la popularité de ces sortes de chansons: «Nous chantâmes en chemin, écrit-il au cardinal de La Valette, une infinité de sçavans, de petits doigts, de bons soins, de Pons-Bretons.» (Œuvres, Paris, 1713, in-8, t. 1, p. 24.) Des chansons satiriques le nom passa aux pasquils faits dans le même esprit, soit en vers, comme le livret rarissime qui a pour titre Les Ponts-Bretons (1624, pet. in-8), soit en prose, comme la pièce reproduite ici; soit en prose et en vers, comme le petit volume, non moins rare, vendu à la dernière vente Nodier: Le Passe-partout des Ponts-Bretons, corrigé et augmenté de toutes les plus belles pièces (1624). Ce n'est qu'un libelle diffamatoire, dit Nodier dans une note (Description raisonnée d'une jolie collection de livres, p. 233, no 586), et nous comprenons par là, comme par ce que nous savions déjà des Ponts-Bretons, qu'on dût craindre fort de se voir la proie de leur scandaleuse popularité. C'est ce que redoute surtout la pauvre Erothée dans sa Lettre à Néogame. Cette dernière pièce est de 1624, comme celle que nous donnons ici, comme presque toutes les autres où figurent les Ponts-Bretons. Ce fut, à ce qu'il paroît, l'époque de leur grande vogue. Dix ans après, elle avoit tout à fait cessé et l'on n'en parloit plus que comme d'une chose surannée. Nous lisons dans Le Doux entretien des bonnes compagnies (Paris, Guignard, 1634, in-12), chanson 14e, Le Caquet des femmes:

Les Ponts-Bretons charmèrent
Autrefois nos esprits,
Les petits doigts gaignèrent
Bientôt après le prix:
Mais maintenant on les blasme
De n'être pas curieux.
Quand les femmes sont ensemble,
Leur caquet vaut beaucoup mieux.

321: On sait que Boileau-Puimorin, frère de Despréaux, lorsqu'il étoit chez le greffier leur beau-frère, savoit se soustraire à l'ennui de ces dictées nocturnes et se donner le moyen de dormir entre les lignes: «M. Dangois, étant obligé de passer la nuit à dresser le dispositif d'un arrêt, le dictoit à M. Puimorin, et M. Puimorin écrivoit si promptement que M. Dongois étoit étonné que ce jeune homme eût tant de dispositions pour la pratique. Après avoir dicté pendant deux heures, il voulut lire l'arrêt, et trouva que le jeune Puimorin n'avoit écrit que le dernier mot de chaque phrase.» (Note de Racine le fils sur la lettre de son père à Boileau du 6 août 1693.)

322: C'est-à-dire assez fins et rusés pour attraper un chat, un minon.

323: Volte-face.

324: C'est, par conséquent, la rue Jean-Robert.

325: C'est dans Rabelais (liv. 3, ch. 4) que nous trouvons pour la première fois cette expression, si bien reprise par La Fontaine, liv. 4, fable 5.

326: La Croix de fer étoit un cabaret situé rue Saint-Denis, près de Saint-Leu. On peut lire dans les poésies de Colletet un sonnet sur un dîner à la Croix de fer, et consulter aussi les poésies de Jean de Schelandre. Il ne faut pas confondre cette maison avec celle qui avoit la même enseigne rue de La Harpe, et derrière laquelle se trouvoient les restes des Thermes de Julien.

327: Les chandelles. Mot du dictionnaire des Précieuses: «Inutile, ostez le superflu de l'ardent.» C'est ainsi, selon Somaize, qu'on disoit: «Laquais, mouchez la chandelle.» Par une rencontre singulière, le même mot se retrouve avec le même sens dans une autre langue factice, mais d'une autre espèce, dans l'argot. (Francisque Michel, Etudes de philologie comparée sur l'argot, p. 15.)

328: Jeu de mots sur le nom d'un procureur de ce temps-là.

329: Dispute.

330: Dans le sens de quidam.

331: C'est-à-dire quoique ces procureurs aient chacun une mule qu'ils montent souvent, ce qui, pour les gens de cette sorte, est une marque d'opulence, ils ne laissent pas de traiter chichement leurs clercs.

332: Cette rue, qui aboutissoit à celle des Bourdonnais, a disparu dans ces derniers temps. Elle devoit son nom sans doute aux lavandières, qui affluoient dans ce quartier, et desquelles l'une des rues voisines tient sa dénomination. Les procureurs qui logeoient rue des Mauvaises-Paroles n'étoient pas pour la faire débaptiser, et je croirois presque que son premier nom de rue de Mauvais-Conseil venoit d'eux.

333: «Démon qu'on s'imagine venir coucher avec les femmes et en abuser.» (Dict. de Trévoux.)

334: Le trésor, qui avoit été long-temps au Temple, puis au Louvre, puis dans une des tours du Palais, étoit à la Bastille au temps de Henri IV et de Louis XIII. Quand le premier mourut, il avoit «quinze millions huit cent soixante et dix mille livres d'argent comptant dans les chambres voûtées, coffres et caques estant en la Bastille, outre dix millions qu'on en avoit tirez pour bailler au trésorier de l'espargne.» (Mémoires de Sully, 4e part., ch. 51.) Cet argent ne dura guère: V. notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 54, note. La richesse du trésor de la Bastille n'en resta pas moins proverbiale, comme on le voit ici, et comme le prouve ce passage de la 13e satire de Regnier (vers 259):

Prenez-moi ces abbez, ces fils de financiers,
Dont, depuis cinquante ans, les pères usuriers,
Volant à toutes mains, ont mis en leur famille
Plus d'argent que le roi n'en a dans la Bastille.

335: Vieux mot qui se disoit pour entremetteur. «Le connestable de Saint-Pol, dit Commynes (liv. 3, ch. 8), vouloit toujours estre moyenneur de ce mariage.» Chapelain l'emploie aussi dans son excellente traduction de Guzman d'Alpharache (2e partie, liv. 3): «Sa bonne amie, la moyenneuse de leurs plaisirs secrets.»

336: On sait dans quel sens il se prend toujours. Aussi Mme Des Houlières a-t-elle écrit:

Jean, que dire de Jean? C'est un terrible nom,
Que jamais n'accompagne une épithète honnête.

337: Les chambrières se plaignoient souvent du peu de libéralité des clercs, témoin celle qu'on fait parler dans les couplets suivants:

Aussi bien n'ai-je aucun profit,
Si ce n'est des savattes;
Nostre maistre clerc est si vilain!
Fariron lanla, fariron lan lein.

Nostre maistre clerc est si vilain!
Aga, ma pauvre fille!
Il ne m'a encor rien donné,
Fariron, etc.

Il ne m'a encor rien donné,
Et si je le décrotte
Et lui empèze ses rabats.
Fariron, etc.

(Le Doux entretien des bonnes compagnies, 1634, chanson 57.)

338: Ou caignarde, qui signifie chienne en argot. On disoit aussi caigne: «Passez, passez, ordes caignes que vous estes.» (Les cent Nouvelles nouvelles, 28e nouv.)

339: Le sort des clercs de procureur, chez leur patron, ne s'étoit pas amélioré à la fin du XVIIIe siècle. Collin d'Harleville, qui en avoit pâti, en a fait la description piteuse et sommaire dans cette pièce monorime qu'il intitule: la Bonne Journée, et à la suite de laquelle il écrivit en note: «Cette petite folie est à peu près le seul fruit que j'aie retiré de quatre à cinq ans de cléricature:

Un pauvre clerc du Parlement,
Arraché du lit brusquement
Comme il dormoit profondément,
Gagne l'étude tristement,
Y griffonne un appointement
Qu'il ose interrompre un moment
Pour déjeuner sommairement.
En revanche, écrit longuement,
Dîne à trois heures sobrement,
Sort au dessert discrètement,
Reprend la plume promptement
Jusqu'à dix heures... seulement.
Lors va souper légèrement;
Puis au sixième lestement
Grimpe, et se couche froidement
Dans un lit fait Dieu sait comment!
Dort, et n'est heureux qu'en dormant...
Ah! pauvre clerc du Parlement!

340: Ces deux vers se lisoient sans doute sur une tombe, ou bien peut-être faisoient-ils partie de l'inscription qui se trouvoit au dessus de la voûte construite par Nicolas Flamel du côté de la rue de la Lingerie, et dont les dernières traces disparurent lors de la démolition des charniers, en 1786. (G. Peignot, Recherches sur les Danses des morts, p. 85.)

341: Astrée est mise là pour Thémis, avec laquelle on la confondoit souvent. Elle étoit déesse de la justice au siècle d'or, Thémis ne l'a été qu'au siècle de fer.

342: De l'italien ciarlare, bavarder. Nous ne connoissons pas d'autre exemple de ce verbe charlater, dont le mot charlatan, qui est si bien resté, est tout simplement le participe. Il a formé lui-même le verbe charlataner, qui se trouve dans le Dictionnaire des trois langues d'Oudin, et que Mercier tenta de rajeunir, mais qui pourtant ne vaut pas l'autre.

343: Sur ce mot, dans ce sens, V. Fr. Michel, Etudes de philologie sur l'argot, p. 430.

344: La rue des Trois-Portes, de même que celles du Plâtre et des Anglois, dont il vient d'être parlé, est voisine de la place Maubert; elle y aboutit même. C'est chez un des procureurs, alors assez nombreux, de ce quartier, que Voltaire fut quelque temps clerc en 1714. Il se nommoit maître Alain; il avoit son étude, non pas rue Perdue, comme l'ont dit l'abbé Duvernet et Lepan, mais près les degrés de la place Maubert, dans cette partie de la place qui va de la rue de la Bûcherie à la rue Galande, et qui s'appeloit alors rue Pavée-Saint-Bernard. C'est Voltaire qui nous donne lui-même cette adresse dans ses lettres à Mlle Dunoyer du 20 janvier et du 10 février 1714. Thiriot étoit clerc dans la même étude; c'est là que Voltaire se lia d'amitié avec lui.

345: Tout bon ivrogne étoit de la société du Cordon rouge, tout fin gourmand de la société du Cordon bleu. On devine par là d'où vient le nom donné encore aux habiles cuisinières.

346: Il paroît décidément que cette pauvre rue Quincampoix avoit les maris trompés en partage. Tallemant, ayant eu à la nommer dans son historiette de Scudéry, met en note: «On l'appelle aussi la rue des Cocus.» (Edit. in-12, t. 9, p. 146.) On la surnommoit encore rue des Mauvaises-Paroles. V. notre édit. des Caquets de l'Accouchée, p. 11.

347: Allusion au conte du Faiseur d'oreilles, que la 3e des Cent Nouvelles nouvelles et le 11e des Contes de des Périers avoient popularisé bien avant La Fontaine.

348: Sur les indemnités que le père supposé de l'enfant devoit payer à la servante engrossée, V. notre t. 1, p. 319-320, note.

349: Le capitaine Picotin étoit sans doute un de ces aventuriers qui, pendant le chômage des guerres, alloient se mettre au service des petits Etats étrangers, notamment à celui des princes d'Italie, et leur prêtoient leurs secours mercenaires dans les querelles qu'ils avoient entre eux. Ainsi, c'est en France, que l'Italie du XVIIe siècle, bien différente de ce qu'elle étoit aux époques antérieures, se recrutoit de condottieri. Les financiers italiens, alors si nombreux à Paris, se chargeoient pour l'ordinaire de ces embauchements. Malherbe nous parle d'une affaire de cette espèce que le banquier Cenami, dont il a été question dans notre tome 3, p. 174, avoit ainsi montée pour le duc de Lucques: «Sennamy (sic) ayant fait offrir à MM. de Lucques de leur mener et nourrir, durant leur guerre contre le duc de Modène, trois cents hommes de pied, ils lui ont donné commission.» (Lettre de Malherbe à Peiresc du 14 septembre 1613.) On finit par s'inquiéter à la cour de ces enrôlements, qui appauvrissoient la France de soldats. Louis XIII les défendit par les lettres-patentes du 22 septembre 1614, que nous avons déjà citées (t. 5, p. 217). C'est avant cette date que le capitaine Picotin avoit dû servir le duc de Savoie. Tout me donne à penser, en effet, que l'expédition pour laquelle il lui avoit mené sa compagnie est celle du Montferrat et de Mantoue, vers le milieu de 1613. Malherbe, dans sa lettre du 4 juin, appelle cette guerre «la chaleur du foie de M. de Savoie», sans doute parcequ'il s'y étoit jeté en affamé qui va tout dévorer; mais, la France, l'Espagne et les Vénitiens s'étant mis de la partie, il fallut bien qu'il se calmât et fît la paix. Le renvoi des compagnies mercenaires dut suivre de près. De là la plainte du capitaine Picotin.

350: Le paysan. V. plus haut, p. 53, note, et, sur les ravages des soldats dans les campagnes, notre t. 5, p. 215, note.

351: C'est-à-dire sans semelle aux souliers, et par conséquent nu-pieds, comme les premiers chrétiens.

352: L'Escurial.

353: Ces projets d'expédition du sultan Achmet 1er contre Malte n'eurent pas de suite.

354: Toute expédition contre le Turc étoit très populaire en France; V. t. 5, p. 212. A la fin du règne de Louis XIII, ce fut un empressement général pour aller au secours de Candie, assiégée par l'armée ottomane. La chanson Allons à Candie, allons, couroit partout. Annibal Gantez, à qui Louis XIII avoit commandé une messe, ne manqua pas de faire chanter son Kyrie eleison sur l'air de la belliqueuse chanson. Il étoit sûr d'être ainsi populaire et à la mode du premier coup.

355: «O que trois et quatre fois heureulx sont ceulx qui plantent choulx!... car ils en ont toujours en terre ung pied; l'aultre n'en est pas loing.» (Pantagruel, liv. 4, ch. 18.)

356: Gargantua, chap. 37, Comment Gargantua, soy peignant, faisoit tomber de ses cheveulx des boulets d'artillerie.

357: C'est-à-dire tendre une main pour demander l'aumône.

358: Il n'est fait mention de ce poète que dans le curieux ouvrage de M. Aug. Bernard, Les d'Urfé, 1839, in-8, p. 113. Il y est nommé Gagnieu. M. Bernard le cite comme figurant au nombre des Forésiens qui ont fait précéder de quelques petites pièces louangeuse les volume manuscrit d'Anne d'Urfé que possède la Bibliothèque Impériale (Suppl. franç., no 183). Gagnieu, selon M. Bernard, étoit sans doute l'avocat du Roi «qui figura dans le conseil anti-nemouriste tenu à Montbrison en décembre 1592, chez Louis Berthaud. Son sonnet autographe se trouve aussi dans le gros volume manuscrit d'Anne.»

359: Le favorisant. C'est le participe du verbe bien-heurer, qui se prenoit souvent dans le sens de favoriser, témoin ce passage d'Estienne Pasquier (Recherches, liv. 4, lettre 5): «Cette dame Raison, dont Dieu a voulu bien heurer les hommes.»

360: Fortune. C'est le même mot que finance, qui est seul resté. V. plus haut, p. 86, note.

361: La planète de Mercure étoit celle de l'inconstance. D'après Albert le Grand, dans ses Secrets admirables, c'est de là que venoient les maladies, les pertes, les dettes, enfin toutes sortes de maux. Aussi Molière fait-il dire par Mercure, dans le prologue d'Amphitryon:

... Je me sens par ma planète
A la malice un peu porté.

Joignez à cela que le vif-argent étoit la substance sur laquelle opéroient surtout les alchimistes, et vous comprendrez qu'on les mette ici sous l'invocation de Mercure. Dans le Traicté faict par le roi Charles IX avec Jean des Gallans, sieur de Pezerolles, promettant au dict seigneur roi de transmuer tous metaux imparfaicts en fin or et argent (5 nov. 1567), il est dit: «Promet le dict sieur de Pezerolles que dedans six mois après la datte de ces presentes que la matière par lui declarée aura esté mise en sa decoction et dans les vases à ce requis et en tel nombre qu'il plaît à sa majesté, qu'il monstrera la première preuve de transmutation de la dicte matière en mercure mortifié ou vivifié, et dans quatre mois après qu'il montrera aussi une seconde preuve de la dicte matière qui fera transmutation de metal imparfaict en or et argent, etc.» (Biblioth. imp., mss. du Puy, vol. 86, fol. 172.)

362: C'étoit le plus fort de la besogne des alchimistes, que pour cela l'on appeloit souffleurs encore à la fin du XVIIe siècle. Écoutez le Crispin des Folies amoureuses (act. 1, sc. 5):

Il ne s'en est fallu qu'un degré de chaleur
Pour être de mon temps le plus heureux souffleur.

363: C'est la fable d'Ésope, l'Astrologue, reprise, comme on sait, par La Fontaine, liv. 2, fable 13. «Je sçais bon gré, dit Montaigne (Essais, liv. 2, chap. 12) à la garse milésienne qui, voyant le philosophe Thalès s'amuser continuellement à la contemplation de la voulte celeste et tenir toujours les yeux eslevez contremont, lui mit en son passage quelque chose à le faire bruncher, pour l'advertir qu'il seroit temps d'amuser son pensement aux choses qui estoient dans les nues quand il auroit pourveu à celles qui estoyent à ses pieds.» Montaigne cite ensuite ce vers que Cicéron, De divinat., liv. 2, chap. 13, dirige contre Démocrite:

Quod est ante pedes nemo spectat, cœli scrutantur plagas.

D'après une anecdocte que raconte le Menagiana (Collect. des Ana, t. 1, p. 78), il paroîtroit que ce qui fait le sujet de ces fables arriva un jour réellement.

364: Sans doute faut-il lire braquamasque, ce qui seroit alors un dérivé de braque, mot qui, surtout dans le Midi, s'emploie pour fou, insensé.

365: C'est-à-dire au vol. C'étoit le mot en usage, comme on le sait par ce passage de Marot, dans son Epitre au Roy pour avoir esté desrobé:

Car votre argent, trop debonnaire prince,
Sans point de faute est subject à la pince.

366: On est encore persuadé dans quelques villes de province qu'en gardant les morceaux de pain bénit qui se distribuent le dimanche à l'église, on se donne un préservatif contre les maléfices. Aussi a-t-on bien soin de les laisser religieusement moisir dans le fond de quelque tiroir.

367: Cette herbe étoit née, disent les poètes, de la bave tombée de la triple gueule de Cerbère, quand Hercule lui étreignit fortement le gosier et l'arracha des enfers. (Ovide, Metamorph., liv. 7; Pline, liv. 27, ch. 3.)

368: Sur les épices donnés aux juges pour honoraires, voir t. 2, p. 179.

369: C'est le mot allemand flasche, bouteille; flacon en est le dérivé. Au XIIe siècle, le peuple disoit déjà flaische, d'après un manuscrit cité par Noël et Carpentier dans leur Dictionn. étymolog., t. 1, p. 598: «Dous vesselez pleins de vin ki del pople sont appeleit flaisches

370: Targe, bouclier.

371: Comme ces pauvres gentilhommes de Beauce qui, dit Rabelais, «desjeunent de baisler et s'en trouvent fort bien, et n'en crachent que mieux». (Liv. 1, ch. 17.) Oudin dit aussi: «Gentilhomme de Beauce, qui vend ses chiens pour avoir du pain.» (Curiosités françoises, p. 249.)

372: Une négociation étoit commencée avec les princes mécontents, et la reine mère ne s'arrêtoit à Tours que pour gagner du temps et se rallier peu à peu ceux qui l'avoient abandonnée pour le prince de Condé.

373: Son fauteuil s'étoit trouvé heureusement placé sur une poutre qui tint ferme. (Mém. de Bassompierre, Collect. Petitot, 9e série, t. 20, p. 97.)

374: Neveu du duc d'Épernon. V. son Historiette dans Tallemant, édit. in-12, t. 9, et notre t. 4, p. 339.

375: V. sur lui plus haut, p. 118, note.

376: Il est dit dans l'Abrégé chronologique de l'Histoire de France, pour faire suite à Mézeray, 1727, in-12, t. 1, p. 180, que la reine mère s'empressa d'envoyer visiter tous les blessés, excepté M. d'Épernon. «Cette indifférence de Marie de Médicis à son égard, jointe à quelques autres sujets de mécontentement, l'obligea de quitter la cour, pour prévenir une disgrâce plus déclarée.»

377: Bassompierre fut du nombre, quoi qu'en ait dit M. Chalmel dans son Histoire de Touraine, t. 2, p. 448. «Je tombai, dit-il lui-même dans ses Mémoires, avec vingt-sept autres personnes ... Je fus blessé à l'épaule et à la cuisse, et eus deux des petites côtes enfoncées, dont je me suis senti depuis long-temps.» (Collect. Petitot, 7e série, t. 20, p. 97.)

378: Cet événement se passa dans l'hôtel bâti un siècle auparavant par Babou de la Bourdaisière, et qui étoit devenu l'hôtel des gouverneurs. (Chalmel, Hist. de Touraine, t. 2, p. 448.) Cette maison, qui servit depuis de prison, a été démolie. Elle étoit située dans la rue qui porte aujourd'hui le nom de Colbert.

379: Cette cause est du genre de celle que perdit si piteusement le marquis de Langey en 1659. Il ne manque, pour qu'elle soit de tout point semblable, que l'épreuve du congrès. Picot n'alla pas jusque là, mais le marquis la subit, sans toutefois parvenir à s'exécuter un peu virilement. Le scandale qui en résulta fut cause «qu'on abolit pour jamais l'épreuve du congrès, comme chose odieuse et incertaine». (Faits des causes célèbres, 1769, in-12, p. 43.)

380: L'official. Le mariage étant à cette époque regardé comme un sacrement bien plus que comme un contrat civil, les procès pour cause d'impuissance étoient portés devant l'official, qui étoit un magistrat ecclésiastique.

381: C'étoit bien ce que soutenoit aussi le marquis de Langey. Une fois on le prit au mot, et il en fut pour sa courte honte, «La femme, par grâce, dit Tallemant, accorda au mari toute une nuit. Les experts étoient auprès du feu. Ce pauvre homme se crevoit de noix confites. A tout bout de champ, il disoit: «Venez, venez»; mais on trouvoit toujours blanque. La femelle rioit et disoit: «Ne vous hâtez point tant, je le connois bien.» Ces experts disent qu'ils n'ont jamais tant ri ni moins dormi que cette nuit-là ...» (Historiettes, 2e édit., t. 10, p. 200.)

382: Ces vers sont des débris mutilés et intervertis de la satire X de Juvenal, v. 204-217.

383: Picot en appela-t-il? Je ne sais. Le marquis y alla plus bravement. «Au bout d'un an et demi, dit Tallemant, Langey prit des lettres en forme de requête civile pour faire ôter de l'arrêt la défense de se marier; mais le chancelier le rebuta en disant: A-t-il recouvré de nouvelles pièces? Sa seconde femme eut sept enfants. Il trouva qu'il y avoit là plus de preuves qu'il n'en falloit pour faire casser le premier arrêt. Il actionna donc M. de Boesse, devenu le second mari de sa première femme. Il perdit encore.

384: Cette mazarinade se trouve avec le titre qu'elle porte ici dans le Tableau de la vie et du gouvernement de messieurs les cardinaux Richelieu et Mazarin, etc.; Cologne, P. Marteau, 1694, in-12, p. 286-289. On la trouve imprimée à part sous le titre de l'Illustre barbe D. C. en vers burlesques (S. l. n. d.), 4 pages, et sous celui-ci: Poème sur la barbe du prem. presid.; Bruxelles, 1649, 6 pages.—La barbe de Mathieu Molé étoit, en effet, très fameuse; le surnom par lequel on le désignoit souvent lui en étoit venu. «Le visage de la cour, dit Larroque, se moque de la braverie (Châteauneuf) et du chien au grand collier (Seguier), disant que la Grand'Barbe (Molé) ne fait le philosophe ni l'homme d'Etat, et que le vent lui souffle du derrière.» (Cité par M. Moreau, Bibliographie des Mazarinades, t. 1, p. 9.)

385: Il faut, sans doute, reconnoître ici l'auditeur des comptes Le Boulanger, qui, frappé de plusieurs coups de baïonnette comme il sortoit de l'Hôtel-de-Ville, lors de la grande émeute de 1652, mourut peu de jours après. (Mém. de Conrart, Collect. Petitot, 2e série, t. 48, p. 151.) Ceci nous donneroit à peu près la date de cette pièce.

386: M. Moreau conclut avec raison de ce vers que cette mazarinade, comme bien d'autres, se répandoit par copies manuscrites.

387: Il est longuement parlé de ce voleur, l'un des plus fameux qu'il y eût au commencement du règne de Louis XIII, dans l'Inventaire général de l'histoire des larrons, liv. 2, ch. 7. «Ses compagnons, y est-il dit, ne l'appeloient que le Bohêmien, car il savoit toutes les règles du picaro, et il n'y avoit jour où il n'inventât de nouvelles souplesses pour les attraper.» Gouriet a aussi parlé de lui dans son livre: Personnages célèbres dans les rues de Paris, t. 2, p. 43-44, et nous connoissons une autre pièce ayant pour titre: La prise du capitaine Carfour, un des insignes et signalés voleurs qui soient en France, arresté prisonnier ès environs de Fontainebleau, avec un abrégé de sa vie et quelques tours qu'il a faits ès environs et dedans la ville de Paris, Paris, Jean Martin, 1622, in-8. Nous aurons à la citer dans les notes de celle-ci.

388: Massacreurs. Sur le verbe accravanter, V. t. 3, p. 230.

389: C'est ce qui est dit dans le passage de l'Inventaire de l'histoire générale des larrons cité dans notre première note.

390: C'est le premier nom qu'on donna aux voleurs allant par bandes. Celui de bandit vint après. Des Périers parle, dans ses contes, d'un certain Cambaire, fameux bandoulier des environs de Toulouse, qui, comme Carrefour, avoit d'abord été bon soldat et s'étoit même acquis le «renom de vaillant et hardy capitaine», et qui, les guerres finies, s'étoit rendu «par depit et necessité bandoulier des montaignes et environs». (Nouvelles de Des Périers, p. 279, Bibliothèque elzevirienne.)

391: Les troubles de la régence de Marie de Médicis durant les années 1616 et 1617.

392: Pendant que le duc de Nevers, l'un des rebelles, tenoit en échec l'armée du roi devant Rethel, sa femme se préparoit à une vive résistance dans le Nivernois. De Nevers, où elle s'étoit surtout fortifiée, elle organisoit la défense, amassant des troupes, de l'argent, des munitions de guerre, et mettant dans son parti tous les gentilshommes de la province. On voit que tous les alliés lui étoient bons, puisqu'elle recherche ici l'aide du brigand Carrefour.

393: C'étoit une milice très décriée, où ceux qui servoient étoient moins soldats que bandits. D'Aubigné fait du mot carabinage un synonyme de félonie (Baron de Fæneste, liv. 3, ch. 23), et l'on sait que Pechon de Ruby l'a glissé dans le titre de son petit livre sur les matoiseries soldatesques et autres. Le Duchat veut reconnoître dans ces carabins les soldats calabriens qui, en 1465, servoient dans l'armée des princes ligués contre Louis XI, et dont, selon la chronique scandaleuse, on faisoit déjà si peu de cas alors. Il en fut pris vingt-quatre, qui, menés sur le marché de Paris, y furent vendus sur le pied de 6 sous 6 deniers parisis la pièce. Tavannes, dans ses Mémoires (Coll. Michaud, p. 74), veut, au contraire, que le mot carabin soit un souvenir des croisades et vienne de carra (soldat) et bei (du Seigneur). Au XVIIe siècle, on appeloit par moquerie les chirurgiens carabins de Saint-Côme: V. Théophraste au cabaret, p. 19. Il ne reste plus que la première moitié de cette locution railleuse. C'est, avec le nom de la carabine, arme dont ils se servoient, tout ce qui survit des anciens carabins.

394: M. de Nevers étoit gouverneur de Champagne, et il en avoit mis les principales villes de son parti.

395: Ceci donneroit à penser qu'il étoit le chef de la bande des Manteaux rouges, dont nous avons déjà parlé souvent. V. t. 1, p. 198; t. 5, p. 194. «Il ne s'arrestoit jamais en un lieu, lit-on dans le petit livret sur sa prise; on l'a recogneu desguisé assez souvent dans Paris, qui s'enquestoit si on ne parloit pas de luy.»

396: Ce fait se trouve aussi raconté dans la Prise du capitaine Carrefour, etc.

397: Il y a en effet entre eux de grands points de ressemblance. V., sur Guillery, notre t. 1, p. 289, et le Journal de L'Estoille, fin septembre 1608.

398: Dans la Prise du capitaine Carfour, etc., son arrestation est racontée tout autrement. C'est dans un cabaret des environs de Fontainebleau qu'on l'auroit saisi, après une rixe avec un gentilhomme languedocien qui se faisoit gloire d'appartenir au roi, et à qui le bandit auroit répliqué que lui, Carrefour, n'appartenoit qu'à lui-même. On en seroit venu aux mains, et Carrefour, saisi par les gens de la suite du Languedocien, puis reconnu par un des paysans accouru au bruit, auroit été livré à la justice. Le récit donné ici a plus de vraisemblance et doit être le seul vrai.

399: La paix venoit de se faire avec les calvinistes. Un édit de pacification avoit été rendu à Paris et enregistré par le Parlement. C'étoit le cinquième qu'eussent obtenu les huguenots, et l'on pouvoit craindre qu'il n'eût pas de plus longs effets que les autres.

400: La bourse. V., sur ce mot, p. 9.

401: On lit dans la Complainte des pauvres catholiques de la France et principalement de Paris, sur les cruautés et rançons qu'on leur a fait esprouver (Recueil de L'Estoille):

Le Paysan.

Je parleray du camp
Et des cruaultés grandes
Des huguenots meschans
Qui vont avec leurs bandes.
Ils viennent dans nos granges,
Aussi dans nos maisons,
En prenant, chose estrange!
Chevaux, bœufs et moutons.

Encor, n'estant content
D'avoir nos biens et bestes,
Nous lie et nous mettant,
Nous bandent yeux et testes,
Nous battent et nous moleste,
Jurant et blasphemant:
«Faut que rançon tu paye,
Cent escus tout comptant.»

402: C'est ainsi, après les guerres, qu'on vit un peu plus tard paroître Guillery et sa bande. Ils se jetoient sur les marchands, qui, la paix étant signée, croyoient pouvoir aller en toute sécurité par les chemins. Selon L'Estoille (fin sept. 1608), «ils avoient pris pour devise, qu'ils avoient affichée en plusieurs arbres des grands chemins: Paix aux gentilshommes! la mort aux prevosts et archers, et la bourse aux marchands! ce qu'ils ont réellement executé maintes fois, ayant tué tous les prevôts et archers qui etoient tombés entre leurs mains et devalisé les marchands.»

403: Beaucoup de gens de village qui s'étoient faits soldats ne vouloient plus, la paix faite, retourner aux champs. L'épée, à ce qu'ils pensoient, les avoit faits nobles, et, avec le travail, ils redeviendroient vilains comme devant. Il est parlé dans le Paysan françois, p. 10, de plus d'un «qui avoit changé son coultre en une espée, et sa vache en une arcbuze, et se faisoient appeler l'un monsieur du Ruisseau, l'autre de la Planche, du Buisson, et tels autres surnoms et lettres de seigneurie de guerre, indices de leur première vacation».

404: Se cachent.

405: Voir l'avant-dernière note.

406: La prière du Paysan françois à Henri IV, au sujet de la paix, n'est pas moins vive que celle de ce soldat. «C'est donc la paix, dit-il, p. 8, que je viens non pas vous demander, car nous l'avons, mais recommander, afin qu'elle soit longue en durée, profonde en repos, large en estendue; que ces charrues que vous voiez à vos pieds, par le moien des quelles vous et vostre peuple mangez du pain; ces houes par l'employ des quelles vous beuvez du vin, soient longuement et continuellement mises en action, sans estre converties et appliquées à autres usages qu'à ceux pour les quels elles ont esté charronnées et forgées. Prou de temps a passé au quel ces coultres ont esté esmoulus en épieux, ces socs en hallebardes; un autre est venu, par le bonheur et justice de vos armes, auquel ces mesmes espieux et hallebardes doivent retourner en socs et en besches.»

407: On appeloit feinte le demi-ton. Isis est l'un des meilleurs opéras de Quinault et de Lulli. Il fut joué en 1667, ce qui peut donner à peu près la date de cette pièce.

408: Cette locution, dont il reste encore quelque chose dans le plus bas langage, se trouve déjà dans Rabelais, liv. 2, chap. 16, et dans le Baron de Fæneste, liv. 4, chap. 18.

409: C'est-à-dire faire les rétifs, regimber contre le plaisir. Estienne Pasquier s'est servi de cette expression dans le Pourparler de la loy, et l'on trouve retiveté pour humeur rétive dans la XVe des Sérées de G. Bouchet.

410: Peut-être faut-il lire Faret. Ce qui me le feroit croire, c'est que nous trouverons plus loin un autre des amis de Saint-Amant, Gilot.

411: Je ne sais ce que signifie ce mot. Il a rapport, sans doute, aux dyonysiaques ou anthesterides, fêtes de Bacchus-Antheus.

412: C'est de lui que Saint-Amant a dit dans sa pièce de la Vigne:

Vray Gilot, roy de la desbauche.

(Œuvres de Saint-Amant, édit. elzevirienne, t. 1, p. 169.)

Il le nomme aussi dans une chanson à boire, ibid., p. 181.

Chargement de la publicité...