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Chroniques de J. Froissart, tome 05/13 : $b 1356-1360 (Depuis les préliminaires de la bataille de Poitiers jusqu'à l'expédition d'Édouard III en Champagne et dans l'Ile de France)

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NOTES

CHAPITRE LXXVIII.

[1] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, ch. XCXIV, p. 195 à 203. Ici commence, d’après le témoignage de Froissart lui-même (t. I de cette édition, p. 210), la partie vraiment originale de son œuvre historique; notre chroniqueur cesse d’emprunter la plupart des faits qu’il raconte à Jean le Bel son devancier, il les doit désormais en grande partie à ses propres enquêtes et à ses informations personnelles.—Nous demandons la permission d’insérer ici l’analyse de trois documents qui nous paraissent offrir un intérêt capital au point de vue des conséquences sociales du désastre de Poitiers. Cette défaite, comme celle de Crécy, obligea un grand nombre de seigneurs, qui avaient été faits prisonniers, à affranchir leurs serfs pour se procurer de l’argent. Par acte daté de Paris en décembre 1357, Charles, aîné fils et lieutenant du roi, confirme gratuitement les lettres d’affranchissement accordées le vendredi 27 janv. 1357 (n. st.) par Jean de Champlay écuyer, seigneur de Charmoy, à divers hommes et femmes, y dénommés, ses serfs, demeurant à Charmoy et à Bassou (Yonne, arr. et c. Joigny) moyennant une certaine somme d’argent une fois payée et une rente annuelle de 12 deniers parisis, lesquelles lettres d’affranchissement avaient été ratifiées par messire Gui de Valery, chevalier, seigneur de Champlay, frère du dit Jean: «Comme il soit ainsi que le dit suppliant et le dit seigneur de Chanloy son frère, qui tous jours ont servi nostre dit seigneur et nous ès guerres et derrenierement à Poitiers, où il ont touz deux esté pris et mis à très grant et excessive raençon par les ennemis, si comme il nous a esté souffisamment relaté, ne puissent paier la ditte raençon, et aussi plusieurs creanciers à qui il est tenuz et obligiez, sanz faire vile distraccion de ses biens; et pour ce ycellui escuier ait fait certain traittié et acort aveucques ses diz hommes et femmes de la condicion dessus ditte....» Arch. nat., sect. hist., JJ89, no 43.—Le 4 mars 1358 (n. st.), Ancel, sire de Pommolain (auj. Pont-Molin, hameau de Coulommiers, Seine-et-Marne), fait prisonnier ainsi qu’un de ses fils à la bataille de Poitiers et n’ayant pas de quoi payer sa rançon sans déshériter lui et ses dix ou onze enfants, affranchit ou esbonna (abonna), moyennant 120 florins d’or à l’écu du coing et aloi du roi Jean, Guiot du Vivier, dit du Bois, son serf, Marguerite, femme de Guiot, et leurs enfants. JJ114, no 98.—Par acte daté de Fontaine-du-Houx (auj. château de Bézu-la-Forêt, Eure, arr. les Andelys, c. Lyons-la-Forêt), en juin 1357, Charles, aîné fils du roi de France et son lieutenant, duc de Normandie, autorise Normand de Beauvilliers, écuyer, fils aîné de Jouin de Beauvilliers, à mettre en liberté moyennant finance, tant en son nom qu’au nom de ses frères et sœurs, cinq de ses serfs taillables «.... cum ipse, in ultimo exercitu domini genitoris nostri prope Pictavis existente, tanquam fidelis serviens ipsi genitori nostro per suos et nostros inimicos captus et magne pecunie summe, causa redempcionis, positus extiterit, quam quidem pecunie summam de omnibus bonis suis mobilibus solvere non posset.» JJ85, no 139, fo 64.

[2] Le roi Jean séjourna à Chartres depuis le dimanche 28 août jusqu’aux premiers jours de septembre 1356. De Chartres sont datés divers priviléges accordés le 28 août aux habitants de Castelnaudary (JJ89, no 93), d’Avignonet (JJ89, no 131), de Carbonne (JJ89, no 94), de Fanjeaux (JJ89, no 95), de Montgiscard (JJ89, no 96), du Mas-Saintes-Puelles (JJ89, no 298), localités que les Anglais avaient ravagées et en partie brûlées à la fin de 1355 et au commencement de 1356. (t. IV de cette édition, sommaire, p. LIX à LXIV). D’autres actes sont datés de Chartres le mardi 30 août (JJ84, nos 673 et 699) et en septembre (JJ89, no 316).

[3] Les Anglais avaient pris de nuit et par escalade la cité de Périgueux au commencement de 1356 (Ordonn., t. III, p. 55). Voilà pourquoi la chronique anonyme d’un moine de Malmesbury, qui nous a conservé l’itinéraire jour par jour de l’armée anglaise, donne Brantôme comme première étape. D’après cette chronique, le prince de Galles était à Brantôme (Dordogne, arr. Périgueux) le 9 août; le 12, à Rochechouart; le 13, à la Péruze (Charente, arr. Confolens, c. Chabanais); le 14 et le 15 à Lesterps (Charente, arr. et c. Confolens); le 16, à Bellac; le 19, à Lussac (Lussac-les-Églises, Haute-Vienne, arr. Bellac, c. Saint-Sulpice-les-Feuilles); le 20, à Saint-Benoît-du-Sault (Indre, arr. le Blanc); le 21, à Argenton (Argenton-sur-Creuse, Indre, arr. Châteauroux); le 21 et le 22, à Châteauroux et au Bourg-Dieu (auj. Déols, Indre, arr. et c. Châteauroux).—Le prince de Galles dit, dans une lettre adressée de Bordeaux le 20 octobre 1356 à l’évêque de Worcester (publiée par Buchon, Froissart, éd. du Panthéon, t. I, p. 354, en note), qu’il commença à chevaucher vers les parties de France «la veille de la translation saint Thomas de Canterbire», c’est-à-dire le mercredi 6 juillet 1356. D’un autre côté, Barthélemi de Burghersh, dans sa lettre à Jean Montagu, publiée par M. Coxe (The life of black prince, notes, p. 369 et 370), raconte que «le prince se parti de Burdeux l’endemayn de saynt Johan en auguste l’an de Nostre Seignur M.CCC.LVI.»

[4] Par acte daté de Paris en février 1358 (n. st.), Charles, aîné fils et lieutenant du roi de France, accorda des lettres d’amortissement pour 30 livres de rente annuelle sises à Dampierre et achetées de son amé et féal messire Philippe de Prie, cher, à ses amés et féaux les doyen et chapitre de l’église de Bourges «attentis dampnis et gravaminibus in ipsorum ecclesie terra ac eorum hominibus factis et illatis tam per exercitum principis Wallie quam per alios Anglicos, qui eciam nonnulla castra seu fortalicia in diocesi et partibus Bituricensibus et circumvicinis de facto occuparunt, attentis eciam miseriis et expensis per eosdem decanum et capitulum pro dictorum castrorum seu fortaliciorum redemptione et alias pro guerris presentibus multipliciter factis....» JJ89, no 57.

[5] D’après la chronique anonyme d’un moine de Malmesbury, le prince de Galles fut devant Issoudun du 24 au 26 août.

[6] Cher, arr. Bourges. D’après la chronique déjà citée, le prince de Galles fut le 28 août devant le château de la Ferté appartenant au vicomte de Thouars et devant Vierzon, le jour même où Jean Chandos et James Audley mirent le feu à Aubigny (Cher, arr. Sancerre). Le samedi 19 octobre 1359, Jean Chabot, bourgeois de Vierzon, affranchit, avec l’agrément de Hutin de Vermeilles, chevalier, seigneur de Vierzon, Martin Prevostel, homme serf et de condition servile, taillable haut et bas à la volonté du dit bourgeois, qui demeurait à Vierzon «tempore quo princeps Vallie et alii inimici domini regis et regni Francie incurrerunt et invaserunt Biturriam et maxime dictam villam Virsionis, in qua quidem villa predicta et terra predictus Martinus habebat omnia bona sua et ipsa ibidem amiserit....» JJ90, no 406.

[7] Romorantin, aujourd’hui chef-lieu d’arrondissement du département de Loir-et-Cher, est situé sur la Saudre, affluent de la rive droite du Cher, un peu au nord-ouest de Vierzon, qui est sur le Cher. D’après la chronique du moine de Malmesbury, le siége fut mis devant Romorantin les mardi 30 et mercredi 31 août à la suite d’un combat victorieux livré le lundi 29 au sire de Craon et à Boucicaut. Le jeudi 1er septembre, trois assauts furent donnés par le comte de Suffolk, Barthélemi de Burghersh et un baron de Gascogne. Les vendredi 2 et samedi 3 septembre, le feu grégeois fut mis au donjon. Les assiégés, manquant de vin et d’eau pour éteindre l’incendie, capitulèrent. Le prince de Galles se reposa le dimanche 4 à Romorantin. Robert de Avesbury dit (éd. d’Oxford, 1720, p. 255) que la ville et le château de Romorantin furent emportés d’assaut quinze jours avant la bataille de Poitiers et qu’on fit prisonniers environ 80 gens d’armes, entre autres le sire de Craon et Boucicaut; le chroniqueur anglais ajoute que près de 120 hommes d’armes français s’étaient fait prendre dans l’escarmouche qui avait précédé le siége de Romorantin.

[8] Le 5 juillet 1356, Jean le Maingre, dit Boucicaut, était à Poitiers où il donnait quittance des gages à lui dus pour la défense du château. Catalogue Joursanvault, t. I, p. 5, no 27.

[9] Le roi Jean était à Meung-sur-Loire (Loiret, arr. Orléans, un peu au sud-ouest de cette ville) le jeudi 8 septembre: Datum Magduni super Ligerim octava die mensis septembris anno Domini 1356. Per regem, presente domino marescallo d’Odeneham. P. Blanchet. JJ84, no 598. Tandis que le roi de France était encore sur la rive droite de la Loire, son adversaire le prince de Galles se tenait sur la rive gauche de ce fleuve, qu’il essayait en vain de franchir, à Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher, arr. Blois, c. Montrichard, un peu en aval de Blois) où, d’après la chronique déjà citée du moine de Malmesbury, il séjourna du mercredi 7 au samedi 10 septembre. Le roi de France qui, comme nous l’avons établi plus haut, était à Meung le 9, arriva sans doute à Blois le 10 pour y passer la Loire, car le 11 le prince de Galles franchit précipitamment le Cher ainsi que l’Indre et vint coucher à Montbazon (Indre-et-Loire, arr. Tours, sur la rive gauche de l’Indre); il y reçut le 12 la visite du cardinal de Périgord, qui venait s’interposer comme médiateur entre les belligérants; il apprit en même temps que le roi de France s’avançait à marches forcées et que le dauphin était à Tours.

[10] Il faut dire, à l’honneur du roi Jean, que des mesures avaient été prises, dès les premiers mois de 1356, pour mettre Tours en état de défense. En mars de cette année, Jean mandait à son bailli de Tours de nommer, après en avoir délibéré avec le conseil de la ville, 6 élus chargés de pourvoir aux travaux des fortifications, en leur donnant pouvoir de lever des tailles, impositions et collectes sur tous les habitants de la ville et de la châtellenie, de quelque condition qu’ils soient, et de frapper les réfractaires d’une amende qui ne dépassera pas 60 sous. JJ118, no 176.

[11] Jean était le mardi 13 septembre à Loches sur Indre, où il rendit deux ordonnances sur les monnaies (Ordonn., t. III, p. 84 et 85). Nous apprenons par la chronique du moine de Malmeslmry que le même jour le prince de Galles, menacé d’être débordé par son aile gauche et enveloppé, traversa Sainte-Maure (Sainte-Maure-de-Touraine, Indre-et-Loire, arr. Chinon, à l’ouest de Loches) et vint coucher à la Haye-sur-Creuse (auj. la Haye-Descartes, Indre-et-Loire, arr. Loches, sur la rive droite de la Creuse, un peu en amont de son confluent avec la Vienne).

[12] Jean, qui était à Loches le mardi 13, dut arriver le lendemain soir mercredi 14 à la Haye, où le prince de Galles l’avait précédé seulement de 24 heures. La Haye est sur la Creuse, et non sur la Vienne, comme le dit par erreur Froissart (p. 246).

[13] Vienne, arr. Montmorillon, sur la rive droite de la Vienne, à 10 lieues au sud de la Haye, à 7 lieues au sud de Châtellerault, à 5 lieues à l’est de Poitiers.

[14] Lorsque Jean arriva à Chauvigny le jeudi soir 15 septembre, il laissait en effet les Anglais derrière lui sur sa droite, puisque nous savons par le moine de Malmesbury que le prince de Galles séjourna à Châtellerault du mercredi 14 au vendredi 16 septembre. Comment Jean, dont l’armée dut suivre la vallée de la Vienne en remontant par la rive droite le cours de cette rivière, pour se rendre de la Haye à Chauvigny, put-il passer si près de Châtellerault sans apercevoir les Anglais? Craignit-il de tenter le passage de la Vienne en présence de l’ennemi campé sur la rive gauche?

[15] L’immobilité du prince de Galles à Châtellerault pendant trois jours, du mercredi 14 au vendredi soir 16 septembre, prouve qu’il se savait devancé et débordé sur sa gauche par l’armée française à laquelle il voulut laisser le temps de s’écouler avant de reprendre lui-même sa marche en avant. Le mouvement de l’armée française dans la journée du vendredi prouvait que le roi Jean, croyant Poitiers menacé par les Anglais, avait voulu le couvrir. Le prince de Galles prit aussitôt ses mesures pour mettre cette erreur à profit en essayant de s’échapper par la gauche de son adversaire. Dans la nuit du vendredi 16 au samedi 17, il fit passer tout son charroi, et le samedi 17, dès la pointe du jour, il se porta lui-même en avant dans la direction de Chauvigny en remontant la Vienne par la rive gauche. C’est alors que ses éclaireurs rencontrèrent l’arrière-garde française sur la route qui va de Chauvigny à Poitiers, en un lieu dit la Chaboterie marqué sur la carte de Cassini. Les Français eurent le dessous dans cette escarmouche où, selon Robert de Avesbury (p. 255), environ 240 hommes d’armes furent tués ou pris et où les comtes d’Auxerre, de Joigny et le maréchal de Bourgogne restèrent entre les mains des vainqueurs; mais cet engagement, en révélant au roi Jean la véritable position des Anglais, rendait la bataille inévitable. Les Grandes Chroniques disent (t. VI, p. 31) que ce fut le comte de Sancerre, et non le comte d’Auxerre, qui fut pris avec le comte de Joigny.

[16] L’endroit, dit Maupertuis jusqu’à la fin du quinzième siècle, qui s’appelle aujourd’hui la Cardinerie, est situé dans la commune de Nouaillé (Vienne, arr. Poitiers, c. la Villedieu, à deux lieues au sud-est de Poitiers). Ce changement de nom, d’après les renseignements qu’a bien voulu nous fournir notre savant confrère M. Redet, provient de la concession faite par le commandeur de Beauvoir à Richard Delyé, dit Cardin, le 31 janvier 1495 (n. st.) de terres sises au lieu appelé Maupertuis (Archives de la Vienne, fonds de la commanderie de Beauvoir). De nombreux lieux-dits rappellent encore la bataille de 1356. Tout près de la Cardinerie (Maupertuis), un endroit dit Champ-de-la-Bataille fait partie de la pièce des Grimaudières sise sur la commune de Saint-Benoît (Vienne, arr. et c. Poitiers). Le prince de Galles campé sur des hauteurs alors couvertes de vignes et hérissées de haies épaisses, ayant derrière lui et à sa gauche le ravin assez profond du Miausson, appuyait sa droite aux bois et à l’abbaye de Nouaillé; il avait devant lui la plaine qui s’étend de la Cardinerie (Maupertuis) vers Beauvoir et que traverse une voie romaine. «Commissum est prælium, disaient en 1720 les auteurs du Gallia Christiana (t. II, col. 1243) in extrema parte saltus Nobiliacensis (bois de Nouaillé), ubi etiamnum Anglorum castra fossis munita cernere est.» V. la dissertation, accompagnée d’une carte, publiée par le capitaine F. Vinet à la suite de l’ouvrage intitulé Bertrand du Guesclin et son époque, de Jamison, traduit par J. Baissac, in-8o, 1866, p. 575 à 578. On peut consulter encore les ouvrages suivants:

Annales d’Aquitaine, par Jean Bouchet, Poitiers, Abraham Monnin, 1644, in-4o, p. 200.

—Essai de dissertation touchant la situation du Campus vocladensis, dans Dissertations sur l’histoire ecclésiastique et civile de Paris, par l’abbé Lebeuf, 1739-1743, 3 vol. in-12, t. I, p. 304 à 338.

Archæologia britannica, vol. I, p. 213; mémoire lu le 24 janvier 1754 à la Société des Antiquaires de Londres, par le docteur Lyttleton, doyen d’Exeter.

Affiches du Poitou, feuille hebdomadaire publiée de 1773 à 1790, in-4o, 1774, p. 187.

Abrégé de l’histoire du Poitou, par Thibaudeau, Poitiers, 1783, 6 vol. in-12, t. II, p. 247.

Vies des grands capitaines, par Mazas, t. III, p. 112 à 141.

Revue anglo-française, publiée à Poitiers par M. de la Fontenelle de Vaudoré, de 1833 à 1841, 7 vol. in-8o; t. V, p. 99, 106, 108, 194, 204, 206.

Essai sur l’ancien Poitou, par Joseph Guérinière, Poitiers, 1836, 2 vol. gr. in-8o, t. I, p. 534.

—Campagne du prince de Galles dans le Languedoc, l’Aquitaine et la France, terminée par la bataille de Poitiers; dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, t. VIII, 1841, p. 75.

Life of Edward the black prince; chronique rimée du héraut Chandos sur les faits d’armes du prince de Galles, publiée par M. Coxe pour le Roxburgh-Club; in-4o de I-XII et 1-399 pages. M. Francisque Michel a bien voulu nous communiquer un exemplaire de cette importante publication, fort rare, même en Angleterre; cet exemplaire est probablement le seul qui existe en France.

Bataille de Maupertuis, par M. Saint-Hippolyte; dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, t. XI (1844), avec carte.

Bulletin de la Société d’Agriculture de Poitiers, in-8o, t. I, p. 27 et t. II, p. 361.

Chroniques de Froissart publiées par M. Kervyn de Lettenhove, t. V, p. 526.

[17] Le dimanche 18 juillet, l’armée française était campée près de Poitiers, comme l’atteste la date suivante d’un acte émané du roi Jean: «Datum in exercitu nostro prope Pictavis die decima octava septembris, anno Domini 1356. Per regem, episcopo Lingonensi (Guillaume de Poitiers) presente.» JJ84, no 635.

[18] Le rédacteur des Grandes Chroniques (t. VI, p. 32) et le héraut Chandos, dans son poëme sur la bataille de Poitiers publié par M. Coxe (p. 72 à 82, vers 1046 à 1189), indiquent aussi cet ordre de bataille.

[19] Eustache de Ribemont est ce chevalier auquel Édouard III avait décerné le chapelet de bravoure à la suite du combat livré sous les murs de Calais, dans la nuit du 31 décembre 1349 au 1er janvier 1350. (t. IV de cette édition, sommaire, p. XXXIII et XXXIV). Il fut tué à Poitiers ainsi que Jean de Landas et Guichard de Beaujeu; Guichard d’Angle fut grièvement blessé.

[20] L’incontestable supériorité militaire des Anglais au quatorzième siècle résidait surtout dans l’adresse, le bon outillage et la proportion numérique de leurs archers par rapport au reste de leurs troupes. Dès le 30 janvier 1356, Édouard III mandait à ses vicomtes de faire fabriquer 5600 arcs blancs et 11400 gerbes de flèches dont moitié devra être prête et rendue à la Tour de Londres à Pâques (24 avril) et l’autre moitié dans la quinzaine de la Trinité (1re quinzaine de juin) 1356. Rymer, vol. III, p. 322.

[21] Le héraut Chandos passe sous silence cet incident, mais il rapporte (p. 88, v. 1280 à 1299) l’altercation qui s’éleva entre Jean de Clermont, partisan de l’immobilité, et Arnoul d’Audrehem qui assurait que les Anglais essayaient de fuir et voulait les attaquer. «La pointe de votre lance ne viendra pas au cul de mon cheval,» avait dit Jean de Clermont impatienté. Le brave maréchal se fit tuer, en effet, au premier choc.

[22] En février 1361, le châtelain d’Emposte (Amposta, Catalogne, prov. Lerida) était Jean Ferdinand de Heredia, grand prieur de Saint-Gilles, qui fut chargé par le pape Innocent VI de traiter avec les brigands des Compagnies maîtres du Pont-Saint-Esprit. Dom Vaissette, Hist. du Languedoc, t. IV, p. 311, 576 et 577.

[23] Le témoignage du héraut Chandos vient confirmer celui de Froissart relativement à l’ordre de bataille de l’armée anglaise (p. 82 à 86, v. 1200 à 1259). Seulement, d’après Chandos, cette armée fut attaquée sur ses derrières au moment même où elle se mettait en mesure de passer le Miausson et où l’avant-garde, commandée par le comte de Warwick, était déjà de l’autre côté de cette rivière. Les passages suivants, qui mettent ce fait hors de doute, doivent être cités textuellement. Le prince de Galles dit au comte de Warwick:

Primers, passerés le passage
Et garderés nostre cariage,
Je chevacherai après vous (v. 1222 à 1224).

Et plus loin:

Et li prince se desloga,
A chivacher se chimina,
Car celui jour ne quidoit pas
Combatre, je ne vous mente pas (v. 1268 à 1271).

Aussi, le héraut Chandos a bien soin de faire remarquer que ce fut l’arrière-garde, placée sous les ordres du comte de Salisbury, qui eut à soutenir le choc des maréchaux de France et de leurs 300 chevaliers d’élite et qui les mit en déroute. Il ajoute que cette déconfiture eut lieu:

Devant qe poist estre tournée
L’avauntgarde et repassée,
Car jà fuist outre la rivère (le Miausson).
(V. 1374 à 1376.)

[24] L’armée anglaise occupait le plateau de la Cardinerie (alors Maupertuis) sur la rive droite du Miausson entre cette rivière et la voie romaine de Poitiers à Limoges. L’étroit chemin dont il s’agit ici est le chemin rural, allant du hameau des Minières à celui des Bordes, qui traverse le plateau de la Cardinerie dans sa largeur, qui par conséquent coupait en deux la position des Anglais.

[25] «Par conseil», dit Froissart. La version des Grandes Chroniques relativement à ce départ du champ de bataille du dauphin et des princes ses frères est la même que celle de notre chroniqueur (t. VI, p. 33 et 34): «Et de la dite besoigne l’en fist retraire le duc de Normendie, ainsné fils du roy, le duc d’Anjou et le conte de Poitiers ses frères et le duc d’Orleans, frère du dit roy.» Charles, dauphin, né à Vincennes le 21 janvier 1337, n’avait pas encore 20 ans. Le comte d’Armagnac, alors lieutenant du roi en Languedoc, dans une lettre en provençal, datée de Moissac le 1er octobre 1356 et adressée aux habitants des villes de son gouvernement, que dom Vaissette (Hist. du Languedoc, t. IV, p. 288) a signalée le premier et dont Ménard a donné le texte d’après l’original conservé aux Archives municipales de Nîmes (Hist. de Nismes, t. II (1751), Preuves, p. 182), le comte d’Armagnac confirme la version des Grandes Chroniques: «Cars amis, ab la plus grant tristor et dolor de cor que avenir nos pogues, vos faut assaber que dilhus ac VIII jorns que lo rey Mossenhor se combatet ab lo princep de Gualas; et aychi cum a Dio a plagut a suffrir, lo rey Mossenhor es estat desconfit e es pres cum lo melhor cavalier que fos le jorn de sa part, e es naffrat el vizatge de doas plaguas. Mossenhor Phelip son dernier filh es pres ab lhuy. Mossenhor lo duc de Normandia et mossenhor d’Anjo et de Peito et mossenhor le duc d’Orlhes, de comandamen del rey Mossenhor, se so salvatz; et lo princep es o sera dins III jorns à Bordeus, e mena lo rey Mossenhor ab lhuy e son dig filh et d’autres preyos....»

[26] Par acte daté de Londres le 15 novembre 1356, Édouard, prince de Galles, donna en viager à son amé et féal chevalier Jean Chandos «pro bono et gratuito servitio in partibus Vasconiæ et præcipue in bello de Peyters» deux parts de son manoir de Kirketon in Lyndeseye (auj. Kirton ou Kirktown dans le comté de Lincoln près de Lindsey) à la condition de lui apporter chaque année une rose rouge à la fête de la Nativité-Saint-Jean-Baptiste (24 juin). Rymer, vol. III, p. 343.

[27] La liste des morts de Poitiers, donnée par Froissart, est à la fois très-incomplète et très-inexacte. Le défaut d’espace nous permet de citer seulement Pierre I du nom, duc de Bourbon, comte de Clermont et de la Marche, Gautier, duc d’Athènes, connétable de France, Renaud Chauveau, évêque de Châlons, André de Chauvigny, vicomte de Brosse et le vicomte de Rochechouart. V. les listes données par Robert de Avesbury (éd. de 1720, p. 252 et 253) et à la suite d’une lettre du prince de Galles à l’évêque de Worcester en date du 20 octobre 1356; cette dernière liste a été reproduite par Buchon (Froissart, éd. du Panthéon, t. I, p. 355, en note). V. aussi la nomenclature des chevaliers et écuyers enterrés aux Frères Mineurs et aux Frères Prêcheurs de Poitiers publiée par Bouchet (Annales d’Aquitaine, p. 202 à 205) et reproduite ainsi que les listes précédentes dans les notes de l’édition de Buchon. V. enfin René de Belleval, La Grande Guerre, Paris, 1862, in-8o, p. 172 à 177.

[28] La liste des prisonniers, donnée par Froissart, est comme celle des morts incomplète et inexacte. Les principaux grands feudataires, ou grands officiers, pris avec le roi Jean et Philippe son plus jeune fils, étaient: Jacques de Bourbon I du nom, comte de Ponthieu et de la Marche, prisonnier de Jean de Grailly captal de Buch (Rymer, vol. III, p. 346); Jean d’Artois, comte d’Eu; Charles d’Artois, comte de Longueville; Charles de Trie, comte de Dammartin, prisonnier du comte de Salisbury (JJ116, no 115); Henri, sire de Joinville, comte de Vaudemont du chef de sa mère; Louis II, comte d’Étampes; Jean de Chalon, III du nom, comte d’Auxerre et de Tonnerre; Jean III, comte de Sancerre; Jean de Noyers, comte de Joigny; Robert II, comte de Roucy; Jean VI, comte de Vendôme; Bernard, comte de Ventadour. Jean II du nom, vicomte de Melun, comte de Trancarville; Jean, comte de Nassau; Jean, comte de Saarbruck; le comte de Nidau, en tout 16 comtes, 13 français, 3 allemands; Aymeri IX, vicomte de Narbonne; Guillaume de Melun, archevêque de Sens, prisonnier pour un quart de Robert de Clynton qui vendit ce quart à Édouard III 1000 livres (Rymer, vol. III, p. 399); Arnoul d’Audrehem, maréchal de France; le vicomte de Beaumont. V., outre les listes dont il a été question plus haut et qui ont été reproduites par Buchon, René de Belleval, ouvrage cité, p. 170 à 180.

[29] Froissart dit (p. 51, 278) que Bercler est «un moult biel chastiel seant sus le rivière de Saverne, en le marce de Galles». Berkeley est en effet situé sur la rive gauche de la Savern, près de son embouchure dans le canal de Bristol qui forme la limite sud-est du pays de Galles.

[30] Nous identifions Ellènes, que notre chroniqueur dit être le nom d’un écuyer et par suite d’un fief picard, avec Allaines, Somme, arr. et c. Péronne.

[31] Mignaloux-Beauvoir, Vienne, arr. Poitiers, c. Saint-Julien-l’Ars.

[32] Renaud, sire de Pons, de Blaye et de Ribérac, est mentionné comme mort à Poitiers dans un acte de Charles, duc de Normandie, daté de Paris en avril 1357. JJ85, no 128.

[33] Le 21 novembre 1356, à la requête de Jeanne de Vergy, dame de Montfort et de Savoisy, veuve de Geoffroi de Charny, Charles fils aîné du roi de France, confirma une donation faite par son père au dit Geoffroi au mois de juillet précédent; et cette confirmation est accordée en faveur de Geoffroi de Charny, fils mineur du dit Geoffroi «tué à la bataille livrée dernièrement près de Poitiers». JJ84, no 671.

[34] Denis de Saint-Omer, sire de Morbecque, se fit délivrer des lettres patentes datées de Westminster le 20 décembre 1357 (Rymer, vol. III, p. 385) où le roi d’Angleterre constate que c’est bien à Denis que le roi de France s’est rendu et a baillé sa foi le jour de la bataille de Poitiers. Denis de Morbecque avait été secondé dans cette glorieuse capture par Enguerrand de Beaulincourt son cousin.

[35] Sir James Touchet, baron Audley, descendait d’une famille normande fixée en Angleterre après la conquête.

[36] La bataille de Poitiers se livra en effet un lundi, mais ce lundi tomba en 1356 le 19 septembre, non le 20, d’après la leçon la moins fautive, celle du ms. d’Amiens (p. 284), ni le 21, d’après la leçon des mss. de la première rédaction revisée (p. 60), ni le 22, d’après la leçon des mss. de la première rédaction proprement dite (p. 284). Jean le Bel avait commis une erreur en sens inverse en fixant cette bataille au lendemain de la Saint-Lambert, c’est-à-dire au 18 septembre. (Chron., t. II, p. 200). Entre autres documents authentiques qui nous donnent la date exacte de la défaite du roi Jean, il convient d’en citer un qui nous a été signalé par notre confrère M. Molinier: c’est une lettre datée de Paris le 27 septembre 1356 et adressée, sous forme de circulaire, par les Gens du Conseil du roi de France à l’évêque d’Alby au sujet de la bataille livrée à Poitiers huit jours auparavant, le lundi 19 septembre (Bibl. nat., dép. des mss., fonds Baluze, t. 87, fo 183).

[37] Froissart dit que le prince de Galles acheta de ceux qui les avaient capturés les prisonniers les plus notables. Nous voyons en effet que le vainqueur de Poitiers paya 25 000 écus d’or vieux au captal de Buch et à six autres Gascons en échange de Jacques de Bourbon. Rymer, vol. III, p. 346.

[38] Il reste de ce butin un manuscrit de la Bible hystoriaus trouvé avec quelques autres ouvrages dans la tente du roi Jean et conservé aujourd’hui au British Museum, fonds du roi, DII, no 19; on y lit la mention suivante: «Cest livre fut pris ove le roy de Fraunce à la bataille de Peyters; et le boun count de Saresbirs (Salisbury), William Montague, le achata pur cent marsz et le dona à sa compaigne Elizabeth la bone countesse, qe Dieux assoile!» M. Delisle a démontré (Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions, année 1867, in-8o, p. 262 à 266) qu’un manuscrit des Miracles de Notre-Dame, qui appartient aujourd’hui au séminaire de Soissons, avait été pris aussi par les Anglais sur le champ de bataille dans la tente du roi Jean.

[39] Un registre de l’hôtel de ville de Poitiers mentionne ce souper, devenu historique grâce au récit de Froissart, que le vainqueur offrit à son royal prisonnier au château de Savigny-l’Evesquault appartenant à l’évêque de Poitiers (auj. Savigny, hameau de 300 h. de la commune de Saint-Julien-l’Ars, Vienne, arr. Poitiers, à une lieue à l’est de la Cardinerie (Maupertuis) et de Beauvoir).

[40] Les quatre écuyers de James Audley étaient du comté de Chester. Walter Woodland avait porté la bannière du prince de Galles (Rymer, vol. III, p. 359); Jean, sire de Maignelay, dit Tristan, qui tenait celle du duc de Normandie, fut fait prisonnier (JJ89, no 160; JJ91, no 499).

[41] Nous devons à la chronique anonyme du moine de Malmesbury l’itinéraire suivi par les Anglais à leur retour de Poitiers à Bordeaux. Le mardi 20 septembre à midi, le prince de Galles arriva à la Roche-de-Gençay (Vienne, arr. Civray) et y passa la journée du lendemain; le jeudi 22, il logea à Couhé (Vienne, arr. Civray); le 23, à Ruffec; le 24, à Champagne-Mouton (Charente, arr. Confolens); le dimanche 25 à la Rochefoucauld (Charente, arr. Angoulême); le 26, à Bors (Bors-de-Montmoreau, Charente, arr. Barbezieux, c. Montmoreau); le 27, à Saint-Aulaye (Dordogne, arr. Ribérac); le 28, à Saint-Antoine (Saint-Antoine-de-l’Isle ou du Pizon, Gironde, arr. Libourne, c. Coutras); le 30, sur les bords de la Dordogne. Le 2 octobre, le prince s’arrêta à Libourne, pendant qu’on préparait à Bordeaux le logement du roi de France.

[42] Le procès intenté par cet écuyer, dont le nom est écrit Bernard de Troie dans Rymer, à Denis de Morbecque, durait encore le 13 janvier 1360. V. Rymer, vol. III, p. 467.

[43] Dès la fin de 1356, Henri, duc de Lancastre, s’était emparé des forteresses de Bois-de-Maine (auj. château de Rennes-en-Grenouille, Mayenne, arr. Mayenne, c. Lassay), de Domfront, de Messei (Orne, arr. Domfront), de Condé (Condé-sur-Sarthe, Orne, arr. et c. Alençon) et de la tour de Villiers. JJ85, nos 105, 184; JJ119, no 84.—Les intéressés rachetèrent ces forteresses au vainqueur moyennant 20 000 florins d’or qui n’étaient pas encore entièrement payés en 1366 (Arch. nat., sect. jud., accord du 10 avril 1366 qui nous a été signalé par M. Fagniez). Le 8 août 1356, le roi d’Angleterre avait nommé Henri, duc de Lancastre, son très-cher cousin, lieutenant et capitaine au duché de Bretagne (Rymer, vol. III, p. 335), et le 30 octobre suivant Philippe de Navarre, comte de Longueville, sire de Cassel, son féal et très-cher cousin, lieutenant et capitaine au duché de Normandie. Rymer, vol. III, p. 342.

CHAPITRE LXXIX.

[44] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, p. 205 à 213.

[45] Ces sentiments se font jour dans une complainte en vers conservée au deuxième registre capitulaire de Notre-Dame de Paris, commençant en septembre 1356, finissant en janvier 1361 (Archives nationales, sect. hist., fonds de Notre-Dame, LL 209 A, fo 183). Entre les séances du 4 et du 7 octobre 1359 ont été transcrites plusieurs pièces plus anciennes et entre autres la complainte dont nous parlons, relative à la bataille de Poitiers, qui doit avoir été composée à la fin de 1356 ou au commencement de 1357 et qui paraît être l’œuvre d’un chanoine ou d’un clerc de la cathédrale (voir dans la Bibliothèque de l’École des Chartes 3e série, t. II, p. 257 à 263, un article de M. Charles de Beaurepaire qui le premier a publié ce curieux document). L’auteur de ce petit poëme attribue la déroute de l’armée française à la trahison de la noblesse dont il flétrit énergiquement le luxe et les vices; il fait des vœux pour la délivrance du roi Jean dont il célèbre la vaillance, et il espère que le souverain, avec l’aide du peuple, désigné sous le sobriquet de Jacques Bonhomme, parviendra à triompher de ses ennemis. V. un fac-simile du document original dans le Musée des Archives nationales, Paris, 1872, in-4o, p. 212 et 213.

[46] Dès leur première réunion à Paris le 17 octobre 1356, les États avaient demandé: 1o la délivrance du roi de Navarre; 2o la destitution des principaux membres du conseil du roi et du dauphin; 3o l’établissement d’un nouveau conseil entièrement pris dans le sein des États eux-mêmes. Licenciés le 2 novembre suivant par le dauphin, puis rappelés le 5 février 1357, ils réclament de nouveau, dans la séance du 3 mars, par l’organe de Robert le Coq, évêque de Laon, en même temps que la destitution de vingt-deux hauts fonctionnaires et la suspension de tous les officiers du royaume, la création d’un grand conseil de réformateurs généraux nommés par les États qui ordonneront souverainement de la guerre et des finances; dès le vendredi 10 mars, ils organisent ce grand conseil tiré de leur sein et qui concentre en ses mains tous les pouvoirs. Ce conseil n’était pas composé de 36 membres, comme le dit Froissart, mais seulement de 34 dont 11 appartenaient au clergé, 6 à la noblesse et dont 17 représentaient la bourgeoisie. M. Douet d’Arcq a publié leurs noms (Bibl. de l’École des Chartes, t. II, p. 382 et 383) qui se trouvent au dos d’un rouleau conservé au dép. des mss. de la Bibliothèque nationale. Par acte daté du Louvre lez Paris le 8 mars 1357 (n. st.), Charles, lieutenant du roi, nomma réformateurs généraux par tout le royaume ses amés les évêques de Nevers (Bertrand de Fumel), de Meaux (Philippe de Vitry, le traducteur d’Ovide, mort en juin 1361), et de Thérouanne (Gilles Aycelin de Montagu), maître Jean de Gonnelieu, doyen de Cambrai, maître Robert de Corbie; messire Mahieu, sire de Moucy, messire Jean de Conflans, maréchal de Champagne, chevaliers; Colard le Caucheteur, bourgeois d’Abbeville, Jean Godart, bourgeois de Paris (JJ89, no 150). Ces réformateurs se contentèrent d’imposer aux fonctionnaires convaincus de concussion des amendes pécuniaires (JJ89, nos 150, 319).

[47] Le combat où périt Godefroi de Harcourt eut lieu au mois de novembre 1356. M. Delisle a établi le premier, d’après une chronique inédite (Bibl. nat., mss., fonds français, no 4987, fo 61), que l’action, engagée sur la chaussée qui traverse les marais de Brévands (Manche, arr. Saint-Lô, c. Carentan, entre les embouchures de la Taute et de la Vire), en un lieu dit Cocbour, se termina près des gués de Saint-Clément (Calvados, arr. Bayeux, c. Isigny), non loin de l’endroit où Amauri de Meulan, lieutenant du dauphin Charles en Normandie, avait été battu et fait prisonnier peu de temps auparavant (JJ84, no 710). Le même savant a prouvé aussi que Robert de Clermont et le Baudrain de la Heuse, maréchaux de Normandie, et non Raoul de Renneval, commandaient les forces françaises. V. Delisle, Hist. du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte, p. 92 à 108; Preuves, p. 142 et 143.

[48] Godefroi de Harcourt n’avait pas vendu, il avait légué, le 18 juillet 1356, au roi d’Angleterre son immense fortune territoriale dont il avait juré de frustrer son neveu Louis de Harcourt (Rymer, vol. III, p. 332). M. Delisle n’a pas trouvé mention dans les actes de ce Jean de l’Isle, auquel Édouard aurait confié, d’après Froissart, la garde du château de Saint-Sauveur; Pierre Pigache remplissait ces fonctions dès le 7 février 1357. Ibid., p. 111.

[49] Le prince de Galles et le roi Jean s’embarquèrent le mardi 11 avril 1357 à Bordeaux, où une trêve avait été conclue entre la France et l’Angleterre le 23 mars précédent; cette trêve devait durer deux ans (Rymer, vol. III, p. 348 à 351). Nous avons un acte du roi Jean daté de Bordeaux le 25 mars 1357 (n. st.). JJ84, no 801.

[50] Le prince et son prisonnier débarquèrent en Angleterre le jeudi 4 mai (Grandes Chroniques, t. VI, p. 58), probablement à Plymouth, selon la version des chroniqueurs anglais, qui pourraient bien avoir raison contre Froissart; car, dans l’ordre que le roi d’Angleterre expédia le 20 mars pour faire tout préparer sur la route de son fils et du roi son prisonnier, il est dit qu’ils devaient arriver à Plymouth (Rymer, vol. III, p. 348). Le mercredi 24 mai, ils firent leur entrée dans Londres où il était accouru une si grande foule pour les voir passer que le cortége, qui avait traversé à neuf heures du matin le pont de Londres, arriva au palais de Westminster à midi seulement.

[51] Nous avons en effet plusieurs actes émanés du roi Jean pendant les quatre premiers mois de son séjour en Angleterre, qui sont datés de Londres en août (JJ86, no 416); l’un de ces actes fut passé dans cette ville le 11 septembre 1357 (JJ89, no 247). Un acte passé le 7 juillet 1358 en présence du roi de France est daté du manoir de Savoie ès faubourgs de Londres (Rymer, vol. III, p. 401 et 402). L’hôtel de Savoie, résidence de Henri duc de Lancastre, était situé au sud du Strand, à côté de la rue qui a reçu dans ces derniers temps le nom de Wellington-Street. Il ne reste de ce grand palais que la chapelle, naguère reconstruite aux frais du gouvernement sur l’emplacement de l’ancienne détruite par un incendie en 1864.

[52] On connaît un acte du roi Jean daté du château de Windsor en octobre 1357 (JJ89, no 220).

[53] Il y a, comme l’a fait remarquer Dacier, trois erreurs capitales dans le peu de mots que dit Froissart, concernant cette trêve: 1o elle fut conclue, non en Angleterre, mais à Bordeaux, le 23 mars 1357, dix-neuf jours avant le départ du prince de Galles et du roi Jean pour l’Angleterre; 2o elle devait durer depuis le jour de Pâques (9 avril 1357) jusques à deux ans (21 avril 1359), et non jusqu’à la Saint-Jean-Baptiste; 3o Philippe de Navarre et les héritiers du comte de Montfort y étaient expressément compris; il convient d’ajouter toutefois qu’ils ne voulurent en tenir aucun compte, et c’est ce qui a pu induire Froissart en erreur sur ce dernier point.

[54] Ce traité fut signé à Berwick le 3 octobre 1357. Rymer, vol. III, p. 372 à 374.

[55] Henri, duc de Lancastre, n’ayant pu parvenir au commencement de septembre 1356 à opérer sa jonction par les Ponts-de-Cé avec le prince de Galles, mit le siége devant Rennes. Ce siége, qui suivit immédiatement le désastre de Poitiers et qui dura neuf mois, du 2 octobre 1356 au 5 juillet 1357, est le pendant du siége de Calais après la défaite de Crécy; une si longue et si honorable défense releva un peu les courages du côté des vaincus. Charles de Blois, alors prisonnier sur parole du roi d’Angleterre, se tint pendant toute la durée du siége à la cour du dauphin (Morice, Preuves, t. 1, col. 1513; JJ89, no 276; JJ85, no 115; JJ89, no 312). Le duc de Normandie envoya, dès le mois de décembre 1356, Thibaud, sire de Rochefort, au secours des assiégés (Morice, Preuves, t. 1, col. 1512 à 1514). En dépit de la trêve conclue à Bordeaux le 23 mars 1357, Lancastre ne voulait pas lever le siége de Rennes; il fallut deux lettres du roi d’Angleterre, la première en date du 28 avril, la seconde du 4 juillet 1357 (Rymer, vol. III, p. 353 et 359), pour vaincre la résistance de son lieutenant, qui n’en obligea pas moins les habitants de la ville assiégée, quoi qu’en aient dit des historiens bretons plus patriotes que véridiques, à se racheter et à payer au vainqueur une contribution de guerre considérable (Morice, Preuves, t. I, col. 1522).—Dans les premiers mois de 1357, Charles dauphin avait chargé Guillaume de Craon, son lieutenant en Anjou, Maine, Poitou et Touraine, d’inquiéter le duc de Lancastre et d’obliger les Anglais à lever le siége de Rennes (JJ89, nos 37 et 127). C’est alors seulement que Bertrand du Guesclin pénétra dans l’intérieur de la place, car, comme le dit Cuvelier dans son poëme (v. 1080 et 1081):

Mais Bertran du Guesclin se fu ès bois boutez,
A tamps n’y pot venir qui n’i pot estre entrez.

[56] Le bourg, la cité et le château d’Évreux avaient été conquis par le roi Jean au commencement de juin 1356. Voy. t. IV de cette édition, Sommaire, p. LXVIII, note 246.

[57] Nous ignorons si ce fut la ruse de guerre, prêtée par Froissart à Guillaume de Gauville, qui remit les Navarrais en possession du château d’Évreux, mais la date que notre chroniqueur assigne à cet événement est certainement fausse. En février 1358 (n. st.), Évreux appartenait encore au régent, qui délivrait des lettres de rémission à Guillaume de la Goderie, demeurant à Évreux, dont le valet avait acheté pour les garnisons anglaises des forteresses voisines de cette ville «anneaux et chapeaux de bièvre et les plumes....» JJ89, no 83.—On lit, d’un autre côté, dans les Grandes Chroniques (t. VI, p. 108), qu’au mois de mai 1358 Jean de Meudon, châtelain d’Évreux pour le roi de France, mit le feu à la ville d’Évreux, ce dont le roi de Navarre fut très-irrité. Le château d’Évreux avait été livré par trahison aux Navarrais avant le mois de septembre 1358, date de deux donations faites par le régent à Guillaume de Tronchevillier, chevalier, et Robinet Boulart, écuyer, des biens confisqués de Pierre du Bosc-Renoult et de Guillaume Houvet, écuyers, complices de la trahison du chastel d’Evreux à nos ennemis en ceste presente année (JJ87, nos 78 et 79). Froissart raconte que Guillaume de Gauville, pour apprivoiser encore plus sûrement le châtelain, lui parla d’une descente en Angleterre que devaient faire les Danois alliés de la France. Il y eut en effet, en 1358 et 1359, des négociations actives avec Valdemar III, roi de Danemark, qui aboutirent à un projet de descente des Danois en Angleterre pour la délivrance du roi Jean, dont le texte a été publié par M. Germain (Mémoires de la Société archéologique de Montpellier, t. IV, p. 409 à 434). Voy. aussi le rapport de M. Delisle, Revue des Sociétés savantes, année 1866, 4e série, iv, 33.

[58] Le travail du baron de Zurlauben sur ce chef de compagnies (Hist. de l’Académie des Inscriptions, t. XXV, p. 153 à 168) n’est qu’un essai fort incomplet. Le savant baron répète, après Baluze, qu’Arnaud apparaît pour la première fois dans l’histoire à la bataille de Poitiers, tandis que nous avons plusieurs actes, antérieurs à cette date, qui le mentionnent: le premier, de février 1354 (n. st.), où le roi Jean assigne 200 livres de rente à Arnaud de Cervole, écuyer, en récompense de la part qu’il a prise au recouvrement des châteaux de Montravel, de Sainte-Foy près Bergerac (auj. Sainte-Foy-des-Vignes, hameau de Gineste, Dordogne, arr. Bergerac, c. Laforce), du Fleix (Dordogne, arr. Bergerac, c. Laforce), de Guitres (Gironde, arr. Libourne), et donne en outre au dit écuyer son château de Châteauneuf-sur-Charente (Charente, arr. Cognac), JJ82, no 93;—l’autre, du 27 août de la même année, où le roi de France accorde des lettres de rémission à Arnaud de Cervole, écuyer, qui, avec l’aide de Pierre de Cervole, chevalier, et de neuf autres complices, avait occupé après l’assassinat du connétable Charles d’Espagne les châteaux de Cognac, de Jarnac et de Merpins en Saintonge et avait fait mettre à mort vingt-sept de ses soudoyers en garnison dans lesdits châteaux, qui avaient volé blés, vins et draps aux habitants de Saint-Laurent (Saint-Laurent-de-Cognac, Charente, arr. et c. Cognac). JJ82, no 613.

[59] Au moyen âge, il arriva parfois qu’un archiprêtré fut inféodé, au temporel, à un laïque. Dom Vaissete dit (Hist. du Languedoc, t. IV, p. 292) qu’Arnaud possédait l’archiprêtré de Vezzins; mais où était situé cet archiprêtré? C’est ce que personne n’a encore établi jusqu’à ce jour. On lit dans Rymer (vol. III, p. 350) que les rois de France et d’Angleterre, en concluant à Bordeaux la trêve du 23 mars 1357, établirent l’un des quatre gardiens de cette trêve dans la vicomté de Limoges et en Berry, pour la partie du roi de France, «Mgr Arnaud de Servole, archiprestre de Velines.» Vélines (Dordogne, arr. Bergerac) donnait en effet jadis son nom à l’un des archiprêtrés du diocèse de Périgueux. Voy. le Dictionnaire topographique de la Dordogne, par le vicomte de Gourgues, Paris, 1873, in-4o, p. 335.

[60] On lit dans la seconde vie d’Innocent VI: «Mense julio (1357) miles quidam gasco, dictus Archipresbyter, collecta societate, intravit Provinciam, et plurima damna fecit et strages; propter quæ, tota curia romana stupefacta, papa, data pecunia, pro qua se Provinciales obligaverunt, ipsum abire fecit, et transitum per Avinionem concessit. Sed interim papa stipendiarios multos tenuit, civitatemque muris et portis ac fossatis munivit; ad quæ omnes clerici in curia romana degentes contribuere cogebantur.» (Bal., Vitæ pap. Aven., t. I, p. 350). On sait que les fortifications dont il est question dans ces dernières lignes subsistent encore. Cf. Léon Ménard, Hist. de Nismes, t. II, p. 182, et Preuves, p. 201.

[61] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, p. 215 et 216. Froissart reproduit ici à peu près littéralement le texte du chanoine de Liége. Le roi de Navarre, détenu au château d’Arleux, recouvra la liberté le mercredi 8 novembre 1357, grâce aux menées de Robert le Coq, qui avait fait demander à plusieurs reprises sa délivrance par les États, et à la complicité de Jean de Picquigny, gouverneur d’Artois, qui l’arracha par surprise de sa prison. La mise en liberté de Charles le Mauvais est certainement la faute la plus grave, nous dirions presque le plus grand crime qu’on puisse reprocher à Robert le Coq et à Étienne Marcel; car c’est le roi de Navarre qui, à peine délivré, fit occuper entre le 13 et le 25 décembre 1357, les environs de Paris par les compagnies anglo-navarraises cantonnées jusque-là sur les confins de la Bretagne et de la Normandie (Gr. Chron., t. VI, p. 71 à 73). Ces brigands étaient si bien aux ordres du roi de Navarre qu’on s’adressait à ce dernier plutôt qu’au dauphin pour obtenir des sauf-conduits, quand on voulait voyager de Paris à un point quelconque du royaume. Nous avons un de ces sauf-conduits accordé à deux chevaliers et daté de Paris le 12 mars 1358 (n. st.). Ibid., p. 96 et 97.

[62] Le 25 décembre 1358, Griffith ou Griffon de Galles quitta Montebourg en basse Normandie, où il avait longtemps tenu garnison, et vint occuper la forteresse de Becoiseau en Brie (auj. château de Mortcerf, Seine-et-Marne, arr. Coulommiers, c. Rozoy-en-Brie). JJ90, no 57.

[63] St-Arnoult-en-Yveline, Seine-et-Oise, arr. Rambouillet, c. Dourdan.

[64] Eure-et-Loir, arr. Chartres, c. Maintenon.

[65] Eure-et-Loir, arr. Châteaudun. Bonneval et le pays chartrain furent ravagés dès le mois de janvier 1357 par Philippe de Navarre qui fit une chevauchée de ce côté à la tête de huit cents hommes. Gr. Chron., t. VI, p. 52.

[66] Cloyes-sur-le-Loir, Eure-et-Loir, arr. Châteaudun.

[67] Les ennemis d’entre Paris et Chartres s’emparèrent d’Étampes, le mardi 16 janvier 1358, le jour même où se célébrait à Paris le mariage de Louis, comte d’Étampes, avec Jeanne d’Eu, veuve de Gautier duc d’Athènes tué à Poitiers, sœur du connétable Raoul d’Eu décapité à l’hôtel de Nesle (Gr. Chron., t. VI, p. 81). Dans les premiers mois de 1360, le comte d’Étampes emprunta 1000 moutons d’or à Guillaume Marcel, changeur à Paris, «pour la raençon du pais d’Estampes à paier aux Anglois», à raison de 400 moutons d’intérêt pour six semaines; il donna en gage son chapeau d’or du prix de 200 moutons. JJ91, no 399.

[68] Auj. Arpajon, Seine-et-Oise, arr. Corbeil. Le lundi 12 mars 1358 (Gr. Chron., t. VI, p. 95), la ville de Châtres (Arpajon) fut occupée et pillée par la garnison anglo-navarraise d’Épernon dont l’Anglais James Pipes était capitaine. James Pipes prenait le titre de lieutenant du roi de Navarre (Ibid., p. 108 et 109).

[69] Seine-et-Oise, arr. Corbeil, c. Arpajon. C’est à Montlhéry que les Anglo-navarrais de la garnison d’Épernon emmenèrent les prisonniers faits le lundi 12 mars 1358 au sac de Châtres (Arpajon). Gr. Chron., t. VI, p. 95.

[70] Seine-et-Marne, arr. Fontainebleau, c. la Chapelle-la-Reine.

[71] Seine-et-Oise, arr. Étampes.

[72] Seine-et-Marne, arr. Fontainebleau. Ce fut le 15 avril 1358 que les ennemis, qui étaient à Épernon, prirent et pillèrent Château-Landon. JJ90, nos 272, 421 et 422.

[73] Louis de Beaumont était capitaine pour le roi de France de la ville de Montargis en août 1358. JJ86, no 238.

[74] Yèvre-le-Châtel, Loiret, arr. et c. Pithiviers.

[75] Robert de Knolles ou Knolles avait fait ses premières armes en Bretagne dans la guerre de Montfort contre Charles de Blois. Dès avant le 10 juillet 1355, le roi d’Angleterre avait donné à ce partisan le château du Fougeray (le Grand-Fougeray, Ille-et-Vilaine, arr. Redon). Voy. Rymer, vol. III, p. 307, 312, 480, 485.—Jean le Bel dit (t. II, p. 216), qu’il était de basse extraction, Allemand d’origine et «parmentier de draps» avant de se faire brigand et soudoyer à pied; il fut promu chevalier au sac d’Auxerre le dimanche 10 mars 1359.

CHAPITRE LXXX.

[76] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. XCIX à CII, p. 216 à 229.

[77] Quoi qu’en dise Froissart, qui reproduit ici littéralement le texte de Jean le Bel, l’homme qui gouvernait alors la France n’était pas Marcel, mais bien Robert le Coq, évêque de Laon, l’âme damnée de Charles le Mauvais, dont ce prélat avait fait réclamer la délivrance par les États généraux, dès leur première session, en octobre 1356. Exilé dans son évêché par le dauphin qu’il trahissait, vers le 15 août 1357 (Gr. Chron., t. VI, p. 60), l’évêque de Laon était parvenu à rentrer en grâce dans les premiers jours d’octobre, et il fit réunir de nouveau à Paris les États le mardi 7 novembre (Ibid., p. 61 et 62). Le lendemain, le roi de Navarre était arraché par surprise de sa prison d’Arleux; et bientôt l’on forçait le dauphin à délivrer à l’ennemi mortel de son père et du royaume un sauf-conduit pour venir à Paris. L’âme de toute cette intrigue avait été Robert le Coq, qui avait pris pour instruments Jean de Picquigny et Étienne Marcel. Les Grandes Chroniques de France, écrites pour cette époque sous l’inspiration de Charles V, le disent expressément: «Et lors au conseil du dit monseigneur le duc estoit principal et souverain maistre le dit evesque de Laon, qui les choses dessus dites avoit toutes preparées et faites...» Cf. Ibid., p. 66. Vers la Chandeleur (2 février) 1358, Robert le Coq avait essayé de profiter de sa haute position dans les conseils du dauphin, au moment même où il trahissait le plus ce jeune prince au profit du roi de Navarre, pour obtenir le chapeau de cardinal; et le duc de Normandie avait député à Avignon un clerc nommé Jean d’Aubeviller, dit Toussaint, né à Montdidier, compatriote et l’un des serviteurs de l’évêque de Laon, pour négocier cette affaire auprès de la cour pontificale. JJ90, no 17.

[78] Le prévôt des marchands fit prendre à ses partisans des chaperons mi-partis de rouge et de pers (bleu), qui étaient les couleurs de la commune de Paris, dans la première semaine de janvier 1358 (Gr. Chron., t. VI, p. 73). A l’instigation de Robert le Coq, originaire de Montdidier, et de Jean de Picquigny, les bourgeois d’Amiens, de Laon et de quelques autres villes, qui prirent parti pour les Parisiens, endossèrent aussi des chaperons à ces couleurs. La livrée du roi de Navarre était de drap vert et camelin (couleur de chameau, gris-roux); celle du prévôt, de drap vermeil et azur. JJ86, no 266, fo 89.

[79] Robert de Clermont et le Baudrain de la Heuse, tous les deux maréchaux de Normandie, avaient livré en novembre 1356 le combat où périt Godefroi de Harcourt. Robert avait été nommé gardien des trêves en Normandie le 23 mars 1357 (Rymer, vol. III, p. 349, 350). Le 20 août 1357, le dauphin établit Robert de Clermont son capitaine ès bailliages de Caen et de Cotentin; le 11 septembre suivant, Robert était au Pont-Audemer avec le Baudrain de la Heuse (la Roque, Hist. de la maison de Harcourt, t. IV, p. 1882), et il prit part au siége de Honfleur sous le gouvernement de Louis de Harcourt, vicomte de Châtellerault (Anselme, t. VI, p. 54 et 55). Le 24 janvier 1358, Robert de Clermont avait arraché de l’église Saint-Merry, où il s’était réfugié, Perrin Marc, meurtrier de Jean Baillet trésorier du duc de Normandie (Gr. Chron., t. VI, p. 82).—Jean de Conflans, maréchal de Champagne, avait quitté le parti des États généraux après avoir été un de leurs commissaires élus. Depuis le mois de septembre 1357 jusqu’au 22 février 1358, jour où il fut massacré, Jean de Conflans figure parmi les principaux conseillers du dauphin (JJ86, no 42; JJ87, nos 34, 35).

[80] La substitution de Regnault d’Acy à Simon de Bucy est une heureuse correction apportée au texte primitif par les mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22, qui contiennent l’interpolation relative au rôle de Pépin des Essarts dans la révolution du 31 juillet 1358 (cf. p. 97, 314). Regnault d’Acy, qui avait passé le détroit avec maître Étienne de Paris et Jean de Champeaux à la fin d’août 1357 (Rymer, vol. III, p. 368), était sans doute un de ceux qui rapportèrent d’Angleterre, le 27 janvier 1358, les bases d’un traité de paix projeté entre Jean et Édouard.

[81] Arleux ou Arleux-du-Nord, Nord, arr. Douai. Froissart a reproduit une erreur de Jean le Bel (Chron., t. II, p. 217) en plaçant la délivrance du roi de Navarre après l’assassinat des maréchaux. Le roi de Navarre sortit de sa prison d’Arleux dans la nuit du mardi 7 au mercredi 8 novembre 1357 (Gr. Chron., t. VI, p. 63; JJ86, no 331; JJ89, no 289), tandis que Regnault d’Acy et les maréchaux de Champagne et de Normandie furent massacrés trois mois plus tard, le jeudi 22 février 1358 (Gr. Chron., t. VI, p. 86 à 88; JJ86, no 203).

[82] Le roi de Navarre avait eu soin de se préparer un auditoire favorable en arrachant à la faiblesse du dauphin, le 9 et le 15 décembre 1357, la mise en liberté de tous les criminels détenus tant au Châtelet que dans les autres prisons de Paris, y compris celles de l’abbé de Saint-Germain des Prés. JJ89, nos 254 et 288; Secousse, Preuves, p. 64, 65, 68 à 70.

[83] Froissart s’est trompé (p. 99) en plaçant la Jacquerie peu après la délivrance du roi de Navarre, qui, comme nous venons de le voir, sortit de prison dans la nuit du 8 au 9 novembre 1357, tandis que la Jacquerie éclata six mois plus tard, le lundi après la Pentecôte, 21 mai 1358, selon les Grandes Chroniques de France et la Chronique de Jean le Bel (t. II, p. 219 à 223); Froissart a emprunté à ce dernier chroniqueur presque tout ce qu’il dit de la Jacquerie. V. notre Histoire de la Jacquerie, Paris, 1859, 1 vol. in-8.

[84] Guillaume Cale, roi des Jacques, n’était pas de Clermont, mais de Mello (Oise, arr. Senlis, c. Creil).

[85] Cet engagement, qui est décrit fort au long dans une chronique que nous avons publiée (Chronique des quatre premiers Valois, Paris, 1862, in-8, p. 73 à 75), se livra dès la fin de mai si, comme l’affirme la chronique déjà citée (p. 76), et celle de Jean de Venette (éd. de Geraud, t. II, p. 265 et 267), il est antérieur à l’attaque de Senlis par les nobles qui eut lieu «le jour de la beneisçon derrain passée» (dimanche, fête de la Trinité, 27 mai 1358). JJ86, no 421.

[86] Le dauphin, qui prit le titre de régent le mercredi 14 mars 1358, quitta Paris deux mois avant le commencement de la Jacquerie; le dernier acte daté de cette ville que nous connaissions, est du 21 mars (JJ86, no 8). Le 25 (Gr. Chron., t. VI, p. 99) et le 28 mars (JJ86, no 58), il était à Senlis.

[87] Il est probable, quoique les chroniqueurs du temps n’en aient rien dit, que le régent et le roi de Navarre eurent ensemble un rendez-vous en vue d’une entente commune pour combattre les Jacques, car nous avons découvert trois actes émanés du régent en personne et datés de Clermont en Beauvaisis, en mai 1358 (JJ86, nos 44, 528 et 529).

[88] V. sur ces travaux de fortification ce que dit Jean de Venette, éd. de Geraud, t. II, p. 257, 258.

[89] L’attaque du Marché de Meaux eut lieu le samedi 9 juin (JJ86, nos 211, 274; Gr. Chron., t. VI, p. 113 à 115), le jour même où le régent, qui avait quitté Meaux au commencement de ce mois, arriva a Sens (Gr. Chron., t. VI, p. 112; JJ86, nos 264, 463), après avoir passé le 7 à Montereau-Faut-Yonne (JJ86, no 128). Les Parisiens étaient commandés par Pierre Gilles, épicier à Paris en la grande rue Saint-Denis, mais originaire de Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault, arr. Montpellier, c. Aniane): «un trahidor que avia nom Peyre Gili, de San Guilhem del Desert, que era de la part del dich rey de Navarra, devia aver los bens dels marchans de Montpellier e dels autres de Lengua d’Oc». Le petit thalamus de Montpellier, 1840, in-4o, p. 353.

[90] Gaston, III du nom, comte de Foix, vicomte de Béarn, surnommé Phœbus, succéda à Gaston II, son père, en 1343, et mourut en octobre 1391. Anselme, t. III, p. 349.

[91] Jean de Grailly, III du nom, captal de Buch, fils de Jean de Grailly, II du nom, et de Blanche de Foix, cousin germain, par sa mère, de Gaston Phœbus (Anselme, t. III, p. 370). Le comte de Foix et le captal étaient tous les deux attachés au parti de l’Angleterre (Rymer, vol. III, p. 278, 305). Le captal s’était distingué à Poitiers; mais la trêve conclue à Bordeaux le 23 mars 1357, avait fait aux partisans ou alliés de l’Angleterre des loisirs que le comte et le captal employaient, selon la mode du temps, à guerroyer contre les païens de la Prusse.

[92] Le régent, après avoir séjourné à Sens du samedi 9 au vendredi 15 juin, quitta cette ville dans la journée du 15 pour aller à Provins, d’où il se rendit à Château-Thierry, à la Ferté-Milon, à Gandelu (Aisne, arr. Château-Thierry, c. Neuilly-Saint-Front) et aux environs de Meaux, pour faire la chasse aux Jacques et les anéantir (JJ86, no 146; Gr. Chron., t. VI, p. 117, 119). Il était en marche pour venir assiéger Paris et datait un acte en nostre ost de Chelles (Seine-et-Marne, arr. Meaux, c. Lagny) le 23 juin (JJ86, nos 139, 140; Gr. Chron., t. VI, p. 119); il arriva au pont de Charenton le jeudi 28 juin (JJ90, no 436), et son armée, forte de trente mille chevaux, était campée le lendemain 29 entre ce pont et le bois de Vincennes (Gr. Chron., p. 119; Mém. de la Sorbonne, 1869, p. 237).

[93] Le roi de Navarre vint à Paris et fut élu capitaine de cette ville le vendredi 15 juin (Gr. Chron., t. VI, p. 115 et 116).

[94] Le roi de Navarre, qui était parti de Paris le vendredi 22 juin pour faire une tentative contre Senlis (Gr. Chron., p. 118; JJ86, no 460), s’établit à Saint-Denis au retour de cette expédition dans les derniers jours de juin (Gr. Chron., p. 119, 120).

[95] Par l’entremise de la reine Jeanne d’Évreux, veuve de Charles IV, dit le Bel, roi de France et de Navarre, dont elle avait été la troisième femme et tante de Charles le Mauvais, des conférences se tinrent pour la paix, l’une le dimanche 8 juillet, près de Saint-Antoine; l’autre fut entamée le samedi 14 du même mois et terminée par un accord le jeudi 19, sur un pont de bateaux que le régent avait fait construire entre les Carrières près Charenton où il était logé et Vitry (Gr. Chron., t. VI, p. 120 à 127; Mém. de la Sorbonne, 1869, p. 237 à 239). Marcel, à qui cet accord enlevait sa dernière espérance, adressa alors aux communes de Picardie et de Flandre la fameuse lettre en date du 11 juillet, que M. Kervyn de Lettenhove a publiée le premier d’après l’original conservé aux Archives d’Ypres. Voy. l’édition des Chroniques de Froissart publiée sous les auspices de l’Académie de Belgique, t. VI, p. 466 à 472.

[96] Cette rixe eut lieu le samedi 21 juillet. Voy. Gr. Chron., t. VI, p. 128 et 129.

[97] Marcel fit mettre en liberté ces prisonniers le vendredi 27 juillet, et cette mesure acheva de le ruiner dans l’esprit des Parisiens. Ibid., p. 131.

[98] Cette expédition se fit dans l’après-midi du dimanche 22 juillet, le lendemain du massacre des gens d’armes anglo-navarrais; le roi de Navarre y prit part bien à contre-cœur: il conduisait avec Marcel la colonne qui sortit par la porte Saint-Denis, et fit semblant d’opérer du côté de Montmartre.

[99] «Par un raffinement de perfidie, dit M. Perrens (Étienne Marcel, 1860, p. 299), on affectait de nommer ces mercenaires Anglais.»—Et plus loin (p. 300): «L’idée vint aux ennemis du prévôt d’appeler Anglais des hommes d’armes qui ne l’étaient pas.» Cette assertion est démentie, non-seulement par les chroniques contemporaines, mais encore ce qui est plus grave, par plusieurs actes du temps. Il est certain que des gens d’armes, Anglais de nation, comme leurs noms l’attestent, tenaient garnison à Creil et à Saint-Cloud dès le mois de juillet 1358. Par acte donné à Paris le 1er septembre 1358, Charles régent accorda des lettres de rémission à Jean de Lens, chirurgien clerc, qui, ayant tué à Saint-Denis un soudoyer navarrais nommé Jacquemin Vincent, aurait été mis à mort si un écuyer anglais de la garnison de Saint-Cloud, nommé Charues Sefelc, que Jean de Lens avait en cure, n’avait demandé au roi de Navarre le dit chirurgien pour en faire sa volonté, et ne l’avait emmené avec lui à Saint-Cloud, «et là trouva nostre amé et feal chevalier et mareschal Rigaut de Fontaines, qui prison estoit d’un des Anglois qui au dit lieu estoient en garnison, et lequel encharga secretement au dit cirurgien à venir par devers nous pour nous venir dire certaines nouvelles du couvine de noz ennemiz, lequel y vint et nous trouva à Meaulz, où nous estions....» JJ86, no 389.—Vers le 13 juillet 1358, Guillaume Chipay, Henry Houst et Jean Travers, tous Anglais de la garnison de Creil, occupèrent Poissy et prirent d’assaut la forteresse d’Argenteuil. JJ90, no 351.

[100] La seconde rédaction, représentée par le manuscrit d’Amiens (p. 334), ne nomme que Jean Maillart, qui est aussi seul cité par Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 229). Les mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22 (p. 337, 338) substituent Pepin des Essarts et Jean de Charny comme chefs du parti du régent à Jean et à Simon Maillart, tout en faisant jouer un rôle très-notable à Jean Maillart dans le mouvement populaire qui amena la chute et la mort de Marcel. Dans un mémoire lu le 28 avril 1778, en séance publique de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Dacier s’était efforcé de prouver que la gloire de la révolution du 31 juillet 1358 est due, non à Jean Maillart, mais aux deux chevaliers Pepin des Essarts et Jean de Charny (Mém. de l’Académie des Inscriptions, t. XLIII, p. 563). M. Lacabane entreprit, en 1840, de réfuter Dacier (Bibl. de l’École des Chartes, t. I, p. 79 à 98). La conclusion de son très-savant travail est qu’à Jean Maillart et au peuple de Paris revient la principale part dans la révolution du 31 juillet 1358, et que Pepin des Essarts n’y a joué qu’un rôle secondaire (p. 97). M. Lacabane a tout à fait raison contre Dacier en ce qui concerne Jean de Charny; mais nous croyons que Pepin des Essarts, comme chef du parti jusque-là plus ou moins occulte du régent, et Jean Maillart, en se ralliant à ce parti avec éclat et en y entraînant ses amis après avoir été l’un des principaux adhérents de Marcel, jouèrent l’un et l’autre un rôle bien distinct, mais également marquant, également actif dans la révolution du 31 juillet 1358. Sur cette question, aucun témoignage ne saurait égaler l’autorité des Grandes Chroniques de France écrites sous l’inspiration de Charles V lui-même; or, les Grandes Chroniques (t. VI, p. 132) reconnaissent l’initiative distincte de Jean Maillart et de Pepin des Essarts, et placent ces deux personnages sur la même ligne. Ainsi fait le régent au lendemain même de la révolution du 31 juillet, lorsqu’il accorde des lettres de rémission en août 1358 à Hennequin le Flamand (JJ76, no 196), à Nicolas le Flamand (JJ86, no 209), «present messire Pepin des Essars, Jehan Maillart et plusieurs autres,» à Pierre de Lagny (JJ86, no 206), «pour contemplacion de nos amez et feaulx chevalier et conseillier messire Pepin des Essars et Jehan Maillart», lorsqu’il avait donné avant le 28 février 1359 (n. st.) les maisons de Robin du Castel sises à Paris «à messire Jehan de la Rivière, à messire Pepin des Essars, chevaliers, nos chambellans, et à Martin des Essars, escuier de cuisine du roy» (JJ90, no 49), lorsqu’il donne en août 1358 tous les biens confisqués de Guillaume Lefèvre à son amé et féal Jacquet des Essars, son huissier d’armes, «pour contemplacion de nostre amé et feal messire Pepin des Essars, chevalier». JJ86, no 197. Que devient en présence de ces textes l’assertion suivante (p. 91) de M. Lacabane: «Si la part que Pepin des Essars prit à cette révolution était aussi grande que le prétend M. Dacier, n’en eût-il pas été récompensé par le régent, et ne trouverions-nous pas encore aujourd’hui dans le Trésor des Chartes ou dans les autres collections du temps quelque pièce émanée de ce prince et qui nous ferait connaître les motifs et la nature même de cette récompense? Or, toutes mes recherches à ce sujet ont été infructueuses, et je puis presque affirmer qu’aucun témoignage de ce genre n’a jamais existé NI POUR LUI ni surtout pour le chevalier Jean de Charny....»—Que dire à plus forte raison de ces phrases de M. Kervyn de Lettenhove: «Où retrouver messire Pepin des Essarts, si ce n’est dans Philippe des Essarts? Le prénom de Pepin était-il une abréviation de celui de Philippe? N’y a-t-il ici qu’un sobriquet que sa petite taille aurait expliqué? Froissart parle ailleurs de messire Pepin de Werre. Ne s’appelait-il pas aussi Philippe?» Œuvres de Froissart, Chroniques, Introduction, IIe et IIIe parties (1873), p. 95.

[101] Froissart attribue la révolution du 31 juillet à l’inspiration divine (p. 115, 334, 337); le rédacteur des Grandes Chroniques (t. VI, p. 131), «à Dieu qui tout voit, qui vouloit la dite ville sauver.» Dans ce dernier ouvrage, dont le témoignage a une importance exceptionnelle, comme aussi dans une lettre confidentielle du régent au comte de Savoie, dont il sera question plus loin, on ne dit ou on ne laisse entendre nulle part que cette révolution eût été concertée à l’avance entre le régent et Jean Maillart et Pepin des Essarts qui s’en firent les chefs. Quelques jours seulement avant le 31 juillet, le duc de Normandie traitait encore Jean Maillart comme un rebelle et confisquait ses biens qu’il donnait au comte de Porcien (JJ86, no 151). Si, comme on l’a prétendu, cet acte n’était qu’une fiction, si la révolution qui renversa Marcel avait été concertée entre ses chefs et le régent, n’est-il pas évident que celui-ci aurait dû se tenir le plus près possible du théâtre des événements pour en profiter? Eh bien! le duc de Normandie fit tout le contraire. Dès le vendredi 20 juillet, il leva son camp du pont de Charenton pour aller au Val-la-Comtesse; et le lendemain de la mort de Marcel, c’est-à-dire le mercredi 1er août, il n’était pas au pont de Charenton, comme Froissart le dit par erreur, mais à Meaux d’où il a daté plusieurs actes (JJ86, no 192; JJ90, no 107). Dans la lettre qu’il adressa le vendredi 31 août 1358 à Amé VI, comte de Savoie, son beau-frère (Amé, surnommé le Vert, avait épousé en août 1355 Bonne de Bourbon, sœur de Jeanne de Bourbon, duchesse de Normandie), dans cette lettre, dis-je, publiée pour la première fois par M. Combes (Mémoires lus à la Sorbonne par divers savants, année 1869, p. 236 à 242), le régent affirme aussi qu’il était à Meaux le jour où s’accomplit la révolution qui renversa Marcel: «Et tantost après la dite delivrance (des gens d’armes anglais mis en prison par les bourgeois de Paris), nous estans toujours à Meaulx, fu traictié entre le dit roy (de Navarre), le dit prevost des marchans et autres traitres que, le mardi au soir dernier jour de juillet dernier passé (31 juillet), icelli roy et les dis Anglois entreroient en la dite ville par nuit.... Et, ces choses faites, le dit peuple et nos bons amis et subgiés de Paris envoièrent par devers nous a Meaulx». Le régent ne fit son entrée à Paris que le jeudi 2 août (JJ86, no 431; Gr. Chron., t. VI., p. 134). V. Bibliothèque de l’École des Chartes, t. XVIII (1856-1857), p. 415 à 426; t. XXI (1859-1860), p. 73 à 92, 241 à 282; Revue critique, no du 2 août 1873, p. 82 à 87.

CHAPITRE LXXXI

[102] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, p. 229 à 233, 236 à 243.

[103] Marcel avait été tué le mardi 31 juillet. Dès le lendemain mercredi 1er août, le roi de Navarre concluait avec les Anglais un traité d’alliance, rapporté par erreur dans Rymer (vol. III, p. 228) au 1er août 1351, mais auquel Secousse a restitué le premier avec beaucoup de sagacité sa véritable date (Hist. de Charles le Mauvais, p. 318, note 1). Ce traité, qui était de la part du roi d’Angleterre une violation aussi déloyale que flagrante de la trêve de Bordeaux, reconnaissait les droits d’Édouard III sur le royaume de France en même temps qu’il assurait au roi de Navarre le comté de Champagne et de Brie. Il y avait une réserve relative au duché de Normandie, au comté de Guines et au bailliage d’Amiens; les deux rois devaient décider de la possession de ces provinces à leur première entrevue. Les plénipotentiaires du roi de Navarre qui signèrent ce traité étaient Martin Henriquez, Jean et Robert de Picquigny, Pierre de Saquainville, Jean de Fricamps et Jean Ramirez. Les négociations préparatoires d’un acte aussi important purent-elles avoir lieu sans qu’il en transpirât quelque chose dans Paris, et n’eurent-elles pas une certaine influence sur la révolution du 31 juillet? Quoi qu’il en soit, le contenu du traité du 1er août montre le but où le roi de Navarre voulait entraîner la France et permet de juger en parfaite connaissance de cause la politique dont Marcel se faisait l’instrument. Pour prouver que ce traité est bien daté, non du 1er août 1351, comme Rymer l’a imprimé par une faute de lecture, mais du 1er août 1358, il suffit de citer la phrase suivante: «Et ceuls qui à present tienent places ès parties de Normandie et d’ailleurs, les tendront et garderont jusques à tant que les deux seigneurs aient ordené et acordé, except les pons et places de Poissy et de Saint Clou et de toutes autres forteresces et places qui ont esté prinses et occupées depuis que le dit roy de Navarre manda les genz d’Engleterre derreiner a venir devers lui....» Le 1er août 1351, le roi de Navarre était dans les bonnes grâces du roi Jean qui lui avait fait épouser sa fille et l’avait institué son lieutenant général dans le Languedoc; de plus, les Anglais n’étaient ni à Poissy ni à Saint-Cloud, tandis qu’ils occupaient au contraire ces forteresses, comme on l’a vu plus haut (p. XXXII, note 2), le 1er août 1358.

[104] Le château de Melun fut occupé par trois cents hommes d’armes navarrais le samedi 4 août 1358, le lendemain du défi porté par le roi de Navarre au régent; les Navarrais s’emparèrent le lendemain du quartier de la ville situé sur la rive gauche de la Seine, du côté du Gâtinais comprenant les paroisses de Saint-Ambroise et de Saint-Étienne; le quartier situé sur la rive droite, du côté de la Brie, où se trouve la paroisse de Saint-Aspais, resta seul français. JJ86, nos 219, 505, 458, 469, 257, 461, 407, 475, 478, 479, 486.

[105] Le roi de Navarre était à Mantes le 9 août 1358, jour où il envoya à Paris une lettre close adressée à maître Jean Danet, chanoine de la Sainte-Chapelle (JJ86, no 595). Le samedi 11 août, il attaqua l’église fortifiée de Notre-Dame de Pontoise défendue par un bourgeois nommé Pierre Boyvin, capitaine de la garnison (JJ86, no 228). Voyez sur l’occupation de Mantes par les Navarrais: JJ87, no 346; JJ90, nos 224, 432.

[106] Seine-et-Oise, arr. Versailles. En octobre 1358, Charles régent accorda des lettres de rémission aux habitants d’Ableiges (Seine-et-Oise, arr. Pontoise, c. Marines), de Santeuil (Seine-et-Oise, arr. Pontoise, c. Marines), de Sagy (ibid.), de Courtemanche (Courdimanche, Seine-et-Oise, arr. et c. Pontoise), de Puiseux (ibid.), de Villeneuve-Saint-Martin (auj. hameau d’Ableiges), de Courcelles (Seine-et-Oise, arr. Pontoise, c. Marines), de Cergy (Seine-et-Oise, arr. et c. Pontoise), de Montgeroult (Seine-et-Oise, arr. Pontoise, c. Marines), et de Boissy (Boissy-l’Aillerie, arr. et c. Pontoise), en la prévôté de Pontoise, qui s’étaient rançonnés aux Navarrais de Meulan. JJ86, nos 484 et 485.—JJ90, no 161.

[107] Seine-Inférieure, arr. Dieppe. Le comté d’Eu appartenait à Jean d’Artois, du chef de sa femme Isabelle de Melun, comtesse de Dreux. JJ90, no 153.

[108] Saint-Valery-sur-Somme, Somme, arr. Abbeville, sur la rive gauche et près de l’embouchure de la Somme. Saint-Valery-sur-Somme fut pris peu avant le mois d’octobre 1358, date de lettres de rémission accordées par le régent aux maire et échevins d’Abbeville qui avaient mis à mort sans jugement régulier un bourgeois de leur ville nommé Godin le Canoine, accusé d’avoir voulu livrer par trahison, moyennant 3000 écus d’or du coin du roi Jean, Abbeville aux ennemis. «.... Cum nuper, dum NOVISSIME dicti domini genitoris ac nostri inimici ad partes Picardie accessissent, ac villam et castrum Sancti Wallerici, a dicta villa Abbatisville per quatuor leucas duntaxat distantia, accepissent....» JJ86, no 473; JJ90, no 386.

[109] Oise, arr. Senlis, sur la rive gauche de l’Oise. Creil était occupé dès le mois de juillet 1358 par les Anglo-navarrais. Nous avons recueilli quinze pièces inédites sur l’occupation de Creil. JJ86, no 481; JJ90, nos 214, 127, 184, 201, 82, 385, 388, 407; JJ105, no 362; JJ108, no 17; JJ112, no 155; JJ106, no 203.—C’est pour résister aux Anglo-navarrais de Creil que les habitants de Longueil-Sainte-Marie (Oise, arr. Compiègne, c. Estrées-Saint-Denis) et des environs de Compiègne s’organisèrent sous la direction d’un simple paysan qui fut le véritable héros de ces tristes guerres. Jean de Venette a raconté en quelques pages inspirées les exploits de ce paysan (éd. de Geraud, t. II, p. 288 à 293) qu’il appelle Guillelmus de Alaudis, ce que Geraud (Ibid., p. XLII) et à son exemple tous nos historiens ont traduit par Guillaume l’Alouette ou aux Alouettes. Nous avons eu la bonne fortune de découvrir un document authentique qui restitue à cet obscur héros la forme exacte de son nom, en même temps qu’il confirme l’éloquent récit de Jean de Venette. Le capitaine de Longueil, celui qui le premier arma avec succès les paysans pour la défense du sol envahi s’appelait Guillaume l’Aloue. Voici, en effet, ce qu’on lit dans des lettres de rémission accordées par Charles V en avril 1376 à Henri Stadieu de Wagicourt (auj. hameau d’Allonne, Oise, arr. et c. Beauvais): «.... Comme jà piecà au temps des grans guerres, descors et discensions qui estoient ou pais de Beauvoisin et environ, le dit suppliant se feust mis pour nous servir soubz le gouvernement de Guillaume l’Aloe, faisant guerre à l’aide des bonnes genz du pais aus ennemis estanz ou dit pais, pour l’onneur et prouffit de nous lors regent le royaume; ausquelx ennemis par lui et les siens fu porté très grant dommaige en plusieurs lieux, tant à Longueil Sainte Marie comme ailleurs....» JJ108, no 350, fo 197.

[110] Oise, arr. Clermont, c. Breteuil, un peu au sud-ouest de Montdidier. JJ90, nos 400, 617; JJ105, nos 226, 541; JJ114, no 87.

[111] La forteresse de Mauconseil était située dans les environs de Noyon (Oise, arr. Compiègne). JJ90, nos 137, 159; JJ115, no 250.

[112] Gilles de Lorris, promu à l’évêché de Noyon en février 1352, mort le 27 novembre 1388 (Gallia Christiana, t. IX, col. 1017), était fils de Robert de Lorris favori du roi Jean; il avait fait fortifier Noyon en juin 1358 (JJ88, no 87).

[113] Ourscamps-le-Petit, auj. château de la commune de Larbroye, Oise, arr. Compiègne, c. Noyon.

[114] Oise, arr. Compiègne, c. Noyon.

[115] Gilles de Lorris, qui avait été acheté par le roi d’Angleterre, s’engagea, par lettres datées de Boulogne le 22 octobre 1360 (Rymer, vol. III, p. 512), à payer à Édouard pour sa rançon 9000 écus d’or du coin du roi Jean, 50 marcs d’argent de Paris ouvrés et un bon coursier du prix de 100 moutons d’or. Jean, comte de Tancarville, vicomte de Melun, chambellan de France et de Normandie, et Robert de Lorris, seigneur d’Ermenonville, chevalier, se portèrent caution pour ledit évêque du payement de cette somme. Toutefois nous voyons, par un accord conclu à Noyon en mai 1360 entre l’évêque et son chapitre au sujet d’une grange sise à Ercheux (Somme, arr. Montdidier, c. Roye) près la résidence épiscopale dont le chapitre réclamait la restauration aux frais de l’évêque, que Gilles de Lorris avait été déjà mis en liberté à cette date. «Et nos episcopus dicebamus et proponebamus destructionem et granorum levationem factas fuisse tempore quo nos detinebamur prisonarius in carceribus inimicorum....» JJ88, no 118.

[116] Froissart commet une erreur (p. 125, 344), en rapportant, d’après Jean le Bel (t. II, p. 251), la défaite de Mauconseil au mardi après la Notre-Dame mi-août, qui, ajoute Froissart, fut un samedi. En 1358, la Notre-Dame ou l’Assomption ne tomba pas un samedi, mais un mercredi. L’affaire de Mauconseil eut lieu, non le mardi 21 août, mais le jeudi 23 août 1358. Gr. Chron., t. VI, p. 138.—JJ86, no 376; JJ97, no 358; JJ90, no 46.

[117] Abbaye d’hommes de l’ordre de Cîteaux au diocèse de Noyon. Le nom de cette abbaye est resté à la commune de Chiry-Ourscamps (Oise, arr. Compiègne, c. Ribecourt) où l’on en voit encore les ruines.

[118] Vailly-sur-Aisne, Aisne, arr. Soissons. Cette forteresse, située aux environs de Soissons, un peu à l’est de cette ville, commandait le cours moyen de l’Aisne; elle fut occupée par les Anglo-navarrais de septembre 1358 à la fin de 1359. Nous avons recueilli huit pièces inédites relatives à cette occupation. JJ90, nos 111, 130, 165, 166, 174, 275, 296, 484.

[119] Le 24 août 1358, le régent avait établi son très-cher et très-amé cousin Gui de Châtillon, comte de Saint-Pol, lieutenant du roi ès parties de Picardie et de Beauvaisis (JJ90, no 46).

[120] Ce coup de main de Jean de Picquigny contre Amiens fut tenté le dimanche 16 septembre 1358. Nous avons recueilli vingt pièces, la plupart inédites, relatives aux acteurs et aux incidents de cette affaire. JJ90, nos 99, 66, 46, 169, 167, 498, 81; JJ86, nos 604 bis, 620; JJ90, nos 44, 92; JJ86, no 602; JJ90, nos 53, 87; JJ86, no 610; JJ90, nos 113, 168, 170, 394, 403, 541. Cf. Gr. Chron., t. VI, p. 140.

[121] Abbaye d’hommes de l’ordre de Cîteaux au diocèse d’Amiens (auj. couvent et château de la commune de Crouy, Somme, arr. Amiens, c. Picquigny). Cet abbé, dont le nom ne figure pas sur la liste des abbés du Gard donnée par le Gallia Christiana (t. X, col. 1332) serait-il le même que «maistre Guillaume le Mareschal, justicié pour ses demerites» dont une maison sise à Amiens en la rue de Coquerel fut confisquée et donnée par le régent à Jean Maniart le 3 mars 1359? JJ90, no 87.

[122] Le complot de Laon, ourdi sans doute à l’instigation de Robert le Coq, alors réfugié auprès du roi de Navarre, dut coincider avec la tentative de Jean de Picquigny contre Amiens, car une des pièces qui se rapporte à ce complot est datée du mois d’octobre 1358 (JJ86, no 446). Les chefs du complot étaient Colard dit Boine, autrement de Coulgis (hameau de Marchais, Aisne, arr. Château-Thierry, c. Condé-en-Brie), clerc marié, qui avait été l’un des commissaires généraux élus par les États en 1357 (JJ86, no 446), Robert de Lusaut (JJ86, no 559), Guillaume, dit Mauvinet, clerc tonsuré (JJ90, no 212), un chanoine de Laon nommé Oudart du Lointel (JJ90, no 475). Ils furent exécutés, et la tête de Colard de Coulgis était encore suspendue au bout d’une lance au-dessus d’une des portes de Laon en février 1359 (JJ90, no 14). Toutefois, le régent accorda des lettres de rémission à Gobert de Coulgis, bachelier ès lois, fils de Colard (JJ90, no 35) et à maître Raoul d’Ailly, familier de Robert le Coq qui l’avait fait nommer conseiller du roi et maître en la Chambre des Comptes à Paris, lequel Raoul avait été mis en prison par le sire de Coucy au château de Saint-Gobain (JJ86, no 514).

[123] Le château de Clermont fut pris le lundi 18 novembre 1359 par le captal de Buch, cousin et ami du roi de Navarre, à la faveur ou au moins pendant la durée d’un sauf-conduit que le régent, à la prière de Charles le Mauvais, avait accordé au dit captal (Gr. Chron., t. VI, p. 164, 165).

[124] En 1374 «Bernard de la Salle, à grant compagnie d’Anglois, estoit logié à Chalomo» en Bourgogne (Chalmoux, Saône-et-Loire, arr. Charolles, c. Bourbon-Lancy) JJ112, no 263.

[125] Robert Knolles s’empara de Châteauneuf-sur-Loire (Loiret, arr. Orléans, sur la rive droite de la Loire) en octobre 1358 (Gr. Chron., t. VI, p. 142; JJ90, nos 48, 389). Knolles chevaucha ensuite en Puisaye, où il occupa Malicorne (Yonne, arr. Joigny, c. Charny). On peut voir au sujet de l’occupation de cette dernière forteresse JJ90, nos 51, 155, 566; JJ107, no 169.

[126] Auxerre, entouré de tous les côtés dès la fin de 1358 de forteresses occupées par les Anglais, telles que Ligny-le-Châtel à l’est, la Motte Joceran et Malicorne à l’ouest, Regennes, la Motte de Champlost, Champlay et Aix-en-Othe au nord, Auxerre, dis-je, fut pris et saccagé le dimanche 10 mars 1359 par Robert Knolles, qui avait concentré à Regennes (auj. commune d’Appoigny, à deux lieues au nord d’Auxerre) toutes les garnisons anglaises des environs pour opérer ce coup de main. Les vainqueurs n’évacuèrent la ville que le mardi 30 avril suivant, moyennant une rançon de 40 000 moutons et de 40 000 perles du prix de 10 000 moutons et à condition qu’on leur engagerait les joyaux de l’église Saint-Germain-d’Auxerre jusqu’au parfait payement de la dite rançon. Le 10 avril 1370, Robert Knolles, sire de Derval et de Rougé, par remords de conscience et en considération du pape Urbain V, fit remise aux habitants d’Auxerre des 40 000 florins d’or au mouton qu’il avait levés jadis pour le rachat du feu, du glaive et du pillage de la dite ville, cité et faubourgs d’Auxerre (Mém. pour l’Histoire d’Auxerre, éd. Quantin et Challe, t. IV, p. 194).

[127] Le château de Beaufort était situé sur le territoire de la commune actuelle de Montmorency (Aube, arr. Arcis-sur-Aube, c. Chavanges). La seigneurie de Beaufort avait passé en 1269 dans la maison de Lancastre par suite du mariage de Blanche d’Artois, veuve de Henri le Gros, dernier comte de Champagne, avec Edmond de Lancastre, frère d’Édouard Ier, roi d’Angleterre. Après que le Montmorency de l’Ile-de-France eut été érigé en duché d’Enghien au profit du prince de Condé et en souvenir de l’Enghien du Hainaut (Belgique, prov. Hainaut, à 31 kil. de Mons), Charles-François-Frédéric de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry, qui avait acheté la terre de Beaufort, devenue un duché en 1597, du duc de Vendôme et de Beaufort, arrière-petit-fils de Gabrielle d’Estrées, fit ériger cette terre en duché-pairie sous le nom de Beaufort-Montmorency en mai 1688 et octobre 1689. C’est ainsi que le nom de Montmorency est seul resté dans l’usage moderne pour désigner le Beaufort du moyen âge (Arch. nat., t. 144, no 4; Musée des Archives, 1867, p. 535, 536).

[128] Marne, arr. Reims, c. Ville-en-Tardenois. Le château de Rosnay, qui commandait la route de Soissons à Reims, était déjà occupé par les Anglo-navarrais le 11 novembre 1358 lorsque le régent nomma Jean de Fismes capitaine de la tour et de la ville de Fismes (Marne, arr. Reims). Cette forteresse était redevenue française avant le mois de mars 1360. JJ90, no 484.

[129] Marne, arr. et c. Sainte-Menehould.

[130] Sainte-Menehould (auj. chef-lieu d’arr. de la Marne), sur l’Aisne, commandait le cours supérieur de cette rivière. Dès la fin de 1356, Cibuef de Chaponnières avait voulu livrer cette forteresse aux Anglais (JJ84, no 627). Jean de Rueil, gardien du château pour le roi de France (JJ91, no 226), fit abattre un four situé rue de Lanche ès faubourgs de Sainte-Menehould et appartenant aux religieux bénédictins de Moiremont (Marne, arr. et c. Sainte-Menehould), dans la crainte que les ennemis ne vinssent l’occuper. JJ90, no 553.

[131] Eustache tirait son nom de la seigneurie d’Auberchicourt, aujourd’hui chef-lieu de canton du dép. du Nord, situé sur la rivière d’Escaillon, dans l’arr. et à 12 kil. de Douai.

[132] JJ92, no 255.

[133] Pont-sur-Seine ou Pont-le-Roi (Aube, arr. et c. Nogent-sur-Seine), un peu à l’est de Nogent-sur-Seine près du confluent de la Seine et de l’Aube. Il est fait mention de l’occupation de Pont-sur-Seine par les Anglais dans un arrêt du 23 décembre 1359 (Arch. nat., sect. jud., X2a6, fo 438). Jean de Segur, qui est mentionné dans plusieurs actes comme capitaine de Pont-sur-Seine (JJ90, nos 521-630; JJ112, no 253), occupa sans doute cette forteresse en mai 1359 après l’évacuation de Saint-Valery.

[134] Marne, arr. et c. Épernay. JJ97, no 189.

[135] Marne, arr. Épernay, c. Montmort. Les Anglo-navarrais occupaient aussi la forteresse du parc de Lachy (Marne, arr. Épernay, c. Sézanne). JJ89, no 479; JJ107, no 104.

[136] Aisne, arr. Château-Thierry, c. Fère-en-Tardenois, au sud-est de Soissons. Cette forteresse fut occupée depuis la fin de 1358; les ennemis l’avaient évacuée avant le mois de mars 1360. Nous avons recueili six pièces inédites relatives à cette occupation (JJ90, nos 208, 215, 216, 220, 221, 484).

[137] Marne, arr. Épernay, c. Dormans. La forteresse de Troissy, située sur la rive gauche de la Marne, commandait la route de Château-Thierry à Épernay. Nous pouvons signaler cinq pièces inédites relatives à l’occupation de Troissy par les Anglo-navarrais depuis la fin de 1359 jusqu’au commencement de 1360. JJ90, nos 286, 435; JJ97, no 189; JJ107, no 104; JJ109, no 243.

[138] Aube, arr. Arcis-sur-Aube, c. Méry-sur-Seine. Le seigneur de Plancy tenait alors garnison dans un autre de ses châteaux nommé Praslin (Aube, arr. Bar-sur-Seine, c. Chaource). JJ90, no 530.

[139] Haute-Marne, arr. Langres, c. Prauthoy. Le dimanche 28 juillet 1353, Jean de Chauffourt (Haute-Marne, arr. Langres, c. Montigny-le-Roi), chevalier, et Thibaud son frère envahirent et pillèrent Langres aux cris de: «Guyenne! Guyenne! Angleterre! Ville gagnée!» JJ82, no 216.—Vers 1359, Guillaume de Poitiers, évêque de Langres, fit décapiter plusieurs de ses vassaux «pour ce qu’il avoient traictié avec Guillempot, capitaine d’une route de genz d’armes de compaignie, de lui bailler et faire avoir le chastel de Montsaujon qui est de l’evesque de Langres.» JJ114, no 194.

[140] Vailly-sur-Aisne, Aisne, arr. Soissons. Voy. plus haut, p. XXXIX, note 118. Pont-Arcy (Aisne, arr. Soissons, c. Vailly) et Courlandon (Marne, arr. Reims, c. Fismes) étaient aussi à la même époque au pouvoir des ennemis. JJ90, no 484; JJ97, no 581.

[141] Aisne, arr. Laon, c. Neufchâtel-sur-Aisne. Froissart a emprunté ce récit à Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 238). Voyez sur l’occupation de Roucy JJ88, no 112.

[142] Aisne, arr. Laon, c. Marle.

[143] Aisne, arr. Laon.

[144] Aisne, arr. Laon, c. Anizy-le-Château.

[145] D’après Froissart, dont le récit a été adopté par tous les historiens (Secousse, Hist. de Charles le Mauvais, p. 361 à 367; Anselme, t. VI, p. 166; Sismondi, t. X, p. 546 et 547; H. Martin, t. V (1839), p. 573; Garnier, Bibl. de l’École des Chartes, t. XIII, p. 32 et 33), Robert, sire de Fiennes, connétable de France et le comte de Saint-Pol auraient tenu siége devant Saint-Valery depuis le mois d’août 1358 jusqu’au carême (mars-avril) 1359. Ce siége de sept mois n’est qu’une fable qui ne résiste pas à l’examen des actes du temps. Saint-Valery ne devait pas être investi par les Français dès le mois d’août 1358, puisque, vers le 25 décembre de cette année, on faisait à Abbeville une garde très-sévère «... pour garder le pas de la revière de Somme au lés devers Saint Valery....» JJ90, no 213.—Quant à la présence du connétable de France à ce siége, les actes établissent que Robert, sire de Fiennes, dit Moreau, était à Paris en août (JJ86, no 334), en octobre (JJ87, no 99), à Crécy-en-Brie en novembre (JJ231, no 14), à Paris le 6 décembre (JJ90, no 171; JJ86, no 587), à Saint-Quentin le 22 décembre (JJ89, no 436) 1358; à Tournay où il réprima une émeute le 4 janvier (JJ88, nos 57, 92), à Arras le 27 février (JJ90, no 393), enfin à Saint-Omer le 15 mars (JJ90, no 417) 1359. D’ailleurs, c’est seulement le 6 décembre 1358 que le sire de Fiennes avait été nommé lieutenant du roi et du régent en Picardie, Vermandois et Beauvaisis (JJ90, no 171).—Quant à Gui de Châtillon, comte de Saint-Pol, nommé le 24 août 1358 lieutenant du roi et du régent ès parties de Picardie et de Beauvaisis (JJ90, no 46), il était à Amiens le 21 septembre (JJ90, no 99), le 2 octobre (JJ90, no 66), le 3 octobre (JJ90, no 46), le 10 novembre (JJ90, no 169), à Arras le 23 novembre (JJ90, no 167), enfin à Saint-Pol le 28 décembre (JJ90, no 498) 1358.—Nous avons découvert trois actes, émanés de Robert, sire de Fiennes, connétable de France, lieutenant du roi et du régent ès parties de Picardie, de Vermandois et de Beauvaisis, datés «en l’ost devant Saint-Valery» le 1er (JJ88, no 110), le 10 (JJ90, no 179) et le 17 (JJ90, no 311) avril 1359. Un autre acte du sire de Fiennes est daté de Ham en Vermandois le 29 avril 1359 (JJ90, no 120). Du rapprochement de tous ces faits on peut conclure avec certitude que Saint-Valery fut assiégé par les Français et évacué par les Anglo-navarrais entre le 15 mars et le 29 avril 1359.

[146] Somme, arr. Abbeville, c. Ailly-le-Haut-Clocher, sur la rive droite de la Somme, entre Abbeville et Amiens. Avant de tenir garnison à Creil, Jean de Picquigny s’était emparé du château de Long et l’avait occupé quelque temps. En mai 1360, Charles régent accorda des lettres de rémission à Thomas du Pont de Remi, curé de Rivières au diocèse d’Amiens (auj. hameau de Longpré-Les-Corps-Saints, Somme, arr. Abbeville, c. Hallencourt), qui avait servi Jean de Picquigny comme chapelain de l’hôpital de Long. JJ90, no 554.

[147] Auj. hameau de 76 hab. de la commune du Haucourt, Aisne, arr. Saint-Quentin, c. le Catelet, un peu au nord de Saint-Quentin.

[148] Auj. hameau de 643 hab. de la commune de Pontru, Aisne, arr. Saint-Quentin, c. Vermand, à la source de l’Omignon, affluent de la rive droite de la Somme et un peu à l’ouest de Fonsomme où cette dernière rivière prend sa source.

[149] Bohain-en-Vermandois, Aisne, arr. Saint-Quentin.

[150] Vailly-sur-Aisne, Aisne, arr. Soissons.

[151] Auj. Notre-Dame-de-Liesse, Aisne, arr. Laon, c. Sissonne, un peu au nord-est de Laon. Lience, du latin Lientia, est l’ancienne et bonne forme de ce nom de lieu; Liesse n’est qu’une corruption amenée par une certaine similitude de Lience avec liesse (lætitia, joie) et consacrée à la longue par la piété plus fervente que soucieuse de l’étymologie des nombreux pèlerins qui depuis le quinzième siècle ont fréquenté ce célèbre sanctuaire. La forme Leesse, Liesse, apparaît pour la première fois dans un texte de 1411. Matton, Dictionnaire topographique de l’Aisne, Paris, 1871, in-4o, p. 151.

[152] Froissart dit (p. 144, 147) que Robert Knolles faisait partie de cette expédition; c’est une erreur que notre chroniqueur a corrigée dans le manuscrit d’Amiens ou seconde rédaction. La chevauchée de Philippe de Navarre en Picardie et en Vermandois eut lieu dans la seconde quinzaine d’avril; or, Robert Knolles, qui, comme nous l’avons vu, avait pris Auxerre le dimanche 10 mars 1359, resta dans sa nouvelle conquête tout le mois d’avril suivant (Gr. Chron., t. VI, p. 150) et ne quitta l’Auxerrois pour retourner à Châteauneuf-sur-Loire que le dernier jour d’avril ou dans les deux premiers jours de mai (Ibid., p. 151).

[153] Aisne, arr. Laon. Jean le Bel (Chroniques, t. II, p. 238, 239), que suit ici Froissart, dit que Sissonne fut pris peu après Pâques (21 avril) 1359. Par acte daté du Louvre en octobre 1359, Charles, régent, accorda des lettres de rémission aux habitants de la paroisse de Pourvais et du secours, c’est assavoir Pourvais (Prouvais, Aisne, arr. Laon, c. Neufchâtel) et Pourviser (Proviseux-et-Plesnoy, Aisne, arr. Laon, c. Neufchâtel), qui s’étaient rançonnés à 6 tonneaux d’avoine et à 4 ânées de bled aux ennemis des forteresses de Sissonne et de Roucy. JJ90, no 316.

[154] Jean le Bel, à qui Froissart emprunte ces détails, ajoute: «Encores y estoit il (Robert II, comte de Roucy), quant cil escript fut fait, l’an LIX ou moys de mayChroniques, t. II, p. 239.—D’après la chronique inédite de Jean de Noyal (Aisne, arr. Vervins, c. Guise), abbé de Saint-Vincent de Laon (Bibl. nat., dép. des mss., fonds français, no 10 138, fo 170 vo), ce combat fut livré entre Sevigny (auj. Sevigny-Waleppe, Ardennes, arr. Rethel, c. Château-Porcien, au nord-est de Roucy) et la Val le Roy (abbaye marquée sur la carte de Cassini entre Sevigny-Waleppe au nord et Saint-Quentin-le-Petit au sud).

[155] Le mariage fut célébré à Wingham, dans le comté de Kent, le 29 septembre 1360.

[156] Froissart dit (p. 160 et 161) que le duc de Normandie ne vint pas en personne au siége de Melun, et il ajoute que les deux capitaines du château pour le roi de Navarre étaient James Pipes et Jean Carbonnel. Ces deux erreurs ont été corrigées dans les manuscrits A 8, 9, 15 à 17, qui contiennent l’interpolation relative à Pepin des Essarts (p. 370). La présence du régent au siége de Melun est attestée par un grand nombre d’actes, datés de cette ville, qui contiennent la formule: par monseigneur le regent, actes rendus le 19 juin (JJ90, no 187), le 23 juin (JJ90, no 199), le 26 juin (JJ87, no 351), en nostre host de Melun au mois de juillet (JJ90, no 374), le 26 juillet (JJ90, no 219) 1359. D’un autre côté, Martin Henriquez et le Bascon de Mareuil sont mentionnés comme capitaines de Melun pour le roi de Navarre dans des lettres de rémission accordées par le régent en décembre 1358 au capitaine et aux habitants de la Ferté-Alais (Seine-et-Oise, arr. Étampes), qui s’étaient rançonnés aux Navarrais de Melun moyennant 500 deniers d’or au mouton, 50 queues de vin et 50 queues d’avoine, d’orge ou de froment (JJ86, no 505). Le siége de Melun, qui dura depuis le 18 juin jusqu’au mercredi 31 juillet 1359, nécessita un grand déploiement d’artillerie. Dès le 17 juin, l’Hermite de Bachevilier, capitaine de Saint-Maur et de la Queue-en-Brie, donnait quittance à Jean de Lyons de 20 000 carreaux, de 10 000 viretons, de 18 falots, de 600 tourteaux et de deux grans canons garniz de poudre et de charbon et de plommées (Bibl. nat., Titres scellés, vol. IX, fo 483; Bibl. de l’École des Chartes, t. VI, p. 52). Du Guesclin était au siége de Melun (JJ87, nos 349, 350), où il se retrouva en face du Bascon de Mareuil, qui lui avait donné une si chaude alerte en attaquant de nuit Pontorson le 17 février 1358 (JJ87, no 90). C’est alors aussi que la dame d’Andrezel refusa de sauter par-dessus un bâton malgré l’invitation de son mari. Ménagier de Paris, éd. Pichon, t. I, p. 148 à 153.

[157] Ce traité de paix fut conclu, non à Vernon, comme le dit Froissart par erreur (p. 162, 371), mais à Pontoise le mercredi 21 août 1358. Grandes Chroniques, t. VI, p. 155 à 160; Secousse, Preuves, p. 154 à 159.

[158] Froissart commet une erreur en appelant ce capitaine Thomas d’Agworth (p. 163, 371); c’est Thomas de Holland, qui avait été nommé capitaine de Saint-Sauveur dès le 10 octobre 1358, et qui remplit ces fonctions jusqu’à la donation de cette seigneurie faite par Édouard à Jean Chandos entre le 8 mai et le 24 octobre 1360. Delisle, Hist. de Saint-Sauveur, p. 112, 113.

[159] Le mariage de Jean, VI du nom, comte de Harcourt, auquel Froissart (p. 63) donne à tort le prénom de Guillaume, avec Catherine de Bourbon, sœur de Jeanne de Bourbon, duchesse de Normandie, fut célébré au Louvre le lundi 14 octobre 1359. Grandes Chroniques, t. VI, p. 164.

CHAPITRE LXXXII

[160] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, p. 239 à 246.

[161] Cette trêve, conclue le 23 mars 1357, prorogée pour deux ans à partir du jour de Pâques (9 avril) suivant, expira sans doute à Pâques 21 avril 1359. Rymer, vol. III, p. 348 à 351.

[162] Henri II de Poitiers (1354-25 août 1370).

[163] Marne, arr., et c. Sainte-Menehould. Jean le Bel, dont la Chronique est la source où Froissart a puisé ces détails, dit que le château de Hans fut pris vers la Saint-Jean (24 juin) 1359, et que le capitaine nommé Jacques Senak offrit 16 000 écus pour sa rançon. Chron., t. II, p. 240.

[164] La veille de la fête Saint-Jean-Baptiste tomba, en 1359, le dimanche 23 juin. Jean le Bel donne une date moins précise; il dit seulement que la défaite d’Eustache eut lieu dans la même semaine que la prise de Hans (Ibid., p. 240, 241). On trouve des détails fort curieux sur le combat de Nogent-sur-Seine dans une donation, en date du 13 juin 1363, d’une maison sise à Laon, à François d’Aunoy, huissier du Parlement (JJ92, no 255, fo 76 vo). A la suite de cette affaire, Robert, sire de Fiennes, connétable de France, qui était au siége de Melun, se rendit à Troyes, où il accorda, le 11 juillet 1359, des lettres de rémission à Pierre de la Capelle, maire de Hesdin (JJ90, no 328).

[165] Pont-sur-Seine ou Pont-le-Roi, Aube, arr. et c. Nogent-sur-Seine.

[166] Torcy-le-Grand, Aube, arr. et c. Arcis-sur-Aube.

[167] Aisne, arr. Château-Thierry, c. Fère-en-Tardenois.

[168] Méry-sur-Seine, Aube, arr. Arcis-sur-Aube.

[169] Aube, arr. Arcis-sur-Aube, c. Méry-sur-Seine.

[170] Jean de Segur n’était pas capitaine de Nogent, comme Froissart le dit par erreur (p. 174), mais de Pont-sur-Seine. JJ90, nos 521, 630.

[171] Aube, arr. Bar-sur-Seine, c. Mussy-sur-Seine.

[172] Jean de Picquigny mourut en mai ou juin 1359, car à la fin d’avril il prenait part à la chevauchée de Philippe de Navarre à travers la Picardie et le Vermandois; d’un autre côté, il est mentionné comme mort dans des lettres de rémission datées de Melun et accordées en juillet 1359 par le régent à messire Henri le Vasseur, curé de Fluy (Somme, arr. Amiens, c. Molliens-Vidame). JJ90, no 214.—Froissart dit (p. 175) que Jean de Picquigny trépassa au château de la Hérelle; mais on voit par des lettres de rémission octroyées en mai 1360 a Thomas du Pont de Remi, curé de Rivières, qui avait séjourné avec le dit Jean à Long, puis à Creil, que ce seigneur mourut à Évreux «.... et depuis alla avec le dit chevalier à Évreux où il demoura en sa compaignie jusques à tant que il trespassa....» JJ90, no 554.

[173] Froissart a emprunté cette légende, comme celle de la mort de Jean de Picquigny, à Jean le Bel. Cf. Chron., t. II, p. 241, 242.

[174] Le château de Mauconseil fut racheté et rasé par les bourgeois de Noyon, dans les premiers mois de 1359. Cf. Cont. de G. de Nangis, éd. Geraud, t. II, p. 283.

[175] Froissart répète ici (p. 177) l’erreur qu’il avait déjà commise plus haut, en disant que Jean de Segur était capitaine de Nogent-sur-Seine: il commet une seconde erreur en rapportant à l’année 1359 le massacre de ce chef de Compagnies, qui eut lieu le samedi 4 avril 1360. Par acte daté de Paris en avril 1360, Charles régent accorda des lettres de rémission à ses amés les bourgeois et habitants de Troyes en Champagne «.... Comme, le samedi veille de la Resurrection Nostre Seigneur derrain passée (samedi 4 avril 1360), Jehan de Segure, nagaires capitaine de Pons sur Saine, ennemi et malveillant du royaume, de la couronne de France, de monseigneur et de nous, feust alez, emprès la ditte ville de Troies et eust fait assavoir à nostre amé et feal conseillier l’evesque de Troies (Henri de Poitiers), capitaine de la ditte ville de par monseigneur et nous, que il avoit grant volenté de parler à lui et de estre et devenir bon François et de lui exposer et dire plusieurs choses honorables et proufitables pour monseigneur, nous et le dit pais; lequel capitaine envoya le maistre de son hostel querir aus champs le dit Segure et l’amena en son hostel où il disnoit, senz le faire assavoir au conseil de la ville ne aus diz habitanz, ne la cause pour quoy il estoit venuz. Lequel Jehan de Segure parla au dit capitaine moult longuement après disner et s’offry à estre bon François, si comme on dit, et fu veu publiquement au dit hostel. Et si tost comme il fu venu à la cognoissance du menu commun de la ditte ville, tant ceulx qui estoient venuz du plat pays comme autres, qui bien le cognoissoient et que il avoit desers, il furent moult esmeuz. Et ceulx qui avoient la garde des portes pour la journée les firent fermer par telle manière que le dit capitaine, quant il senty l’effroy, ne le pot mettre hors de la ditte ville, mais escouvint qu’il le ramenast en son hostel, où il le cuida sauver pour ce qu’il estoit là venuz à sa seurté et à son sauf conduit. Et illeuc s’asembla si grant multitude de genz armez que la ditte maison fu environnée de toutes pars. Et crioient touz à haute voys les paroles qui s’ensuivent ou semblables: «Où est li lerres, traitres du roy nostre sire et de monseigneur le regent, qui a le pays ars et gasté, ravies noz fames et filles et ycelles violées et a tant de peuple mis à mort que ce est senz nombre? Il convient qu’il muire; et vous mesmes morrez, se vous ne nous le rendez.» Après lesquelles paroles, pour ce que le dit capitaine ne leur vouloit rendre, il rompirent les huis du dit hostel et entrèrent dedens. Finablement, le dit Jehan de Segure, cuidant eschiver les perilz de la mort, sailly par une fenestre dehors enmy la voye, et illeuc fu tantost tuez et mis à mort par le dit commun. Et aussi fu mis à mort en l’ostel du dit capitaine, l’un des varlez du dit Segure, qui estoit portier de la ditte forteresse de Pons, si comme on dit, et avoit touz jours esté anglois et traitres de la couronne de France et nez de la ville d’Evreux. Et un autre varlet du dit Segure fu pris par ceulx qui faisoient la garde et depuis par nostre justice executez pour ses demerites....» JJ90, no 521. On voit par d’autres lettres de rémission, en date du 10 juillet 1360, que Jean Bonnet, de Troyes, Étienne et Thibaud de Mesnil-Lettre frères, écuyers, avaient été les principaux chefs de ce mouvement populaire (JJ90, no 630). A la requête de l’évêque de Troyes, le régent nomma des commissaires pour juger les coupables; on imposa des amendes à ceux qui pouvaient les payer; les autres furent condamnés au dernier supplice. JJ89, nos 413, 414.

[176] M. Lecointre-Dupont a retrouvé chez un parcheminier de Poitiers et publié le projet complet de ce traité, daté de Londres, le 24 mars 1359; ce projet assurait au roi d’Angleterre la possession de la Normandie, de la Touraine, du Maine, de l’Anjou, du Ponthieu et de Boulogne, la suzeraineté de la Bretagne, sans compter une rançon de quatre millions d’écus d’or, c’est-à-dire un million de plus que ne portera le traité de Brétigny. (Revue anglo-française, t. I, p. 388 à 405.)

[177] Jean le Bel, qui a fourni à Froissart ce récit de la reprise de Roucy par les Français (Chron., t. II, p. 242, 243), dit que Frank Hennequin était «un povre garchon d’Alemaigne». On trouvera des détails curieux sur l’occupation de Roucy par les Compagnies dans JJ88, no 112. D’après la chronique de Jean de Noyal, abbé de Saint-Vincent de Laon (Bibl. nat., dép. des mss., fonds français, no 10138, fo 170), Frank Hennequin était capitaine de Sissonne.

[178] Maison forte située sur le territoire de Villeseneux, Marne, arr. Châlons-sur-Marne, c. Vertus, et encore marquée sur la carte de Cassini (communication de M. Auguste Longnon).

[179] Ardennes, arr. Vouziers.

[180] Aisne, arr. Château-Thierry, c. Neuilly-Saint-Front.

[181] Ardennes, arr. et c. Sedan.

[182] Le Chesne, Ardennes, arr. Vouziers.

[183] Meuse, arr. Bar-le-Duc, c. Montiers-sur-Saulx.

[184] Aisne, arr. Laon.

[185] Marne, arr. Châlons-sur-Marne.

[186] Une charte du mois d’août 1359 mentionne les exactions de Brocard de Fénétrange et de ses gens d’armes à Vassy. Par acte daté de Paris en août 1359, en présence du seigneur de Hangest, Charles régent transporta dans le ressort de la prévôté de Bar-sur-Aube les religieux, abbé et couvent de Montiérender (Haute-Marne, arr. Vassy) au bailliage de Chaumont, auparavant placés dans le ressort des prévôtés de Vassy, de Rosnay et de Chaumont «verumptamen ad presens villa de Ronneyo (Rosnay-l’Hôpital, Aube, arr. Bar-sur-Aube, c. Brienne), per inimicos destructa, penitus inhabitabilis est effecta. Villa vero de Waiseyo (Vassy) tradita est Brocardo de Fenestrangiis, militi, cujus gentes, pretextu dicte tradicionis, nedum superioratum vel ressortum et gardiam predictas, verum eciam juridicionem domanariam dictorum religiosorum usurpare et exercere et omnes redditus eorumdem religiosorum percipere et levare nituntur et de facto usurpant et levant, ipsosque religiosos et eorum subditos taliter oppresserunt et predati fuerunt eorum bona quod dicti religiosi dictum suum monasterium, et eorum subditi terram suam, terrore mortis reliquerunt, dampna et oppressiones hujus modi sustinere nequentes, ut dicunt....» JJ90, no 229.

[187] Robert Knolles quitta Auxerre le dernier jour d’avril 1359 pour retourner à Châteauneuf-sur-Loire; le jeudi 2 mai il prit Châtillon-sur-Loing (Gr. Chron., t. VI, p. 151). La chevauchée du célèbre partisan en Auvergne doit sans doute être placée après son retour à Château-neuf-sur-Loire; les Anglais avaient déjà fait invasion dans cette province à la date du 29 juin (Ménard, Hist. de Nismes, t. II, Preuves, p. 190). Nous voyons, par un mandement de Jean, comte de Poitiers et de Mâcon, au bailli d’Auvergne, en date du 20 novembre 1359, que les habitants de Riom dépensèrent 736 écus d’or et mirent sur pied 30 hommes d’armes «.... en ceste presente année, quant les ennemis du royaume furent entrés dans le pais d’Auvergne,... chusques à tant que les dis ennemis vuydarent le dit pais....» Bibl. nat., dép. des mss., Quittances, t. XI, no 894.

CHAPITRE LXXXIII

[188] Cf. Jean le Bel, Chroniques, t. II, chap. CIV à CVIII, p. 245 à 268.

[189] La trêve conclue à Bordeaux le 23 mars 1357 entre les rois de France et d’Angleterre avait pris fin en avril 1359, et toutes les négociations entamées en vue de rétablir la paix étaient restées sans résultat. Aussi, dès le 4 août 1359, Édouard III, par divers mandements adressés de Westminster dans les divers comtés et vicomtés de son royaume, donnait l’ordre de réunir à Sandwich avant la fête de l’Assomption (15 août 1359) 910 archers à cheval choisis en vue de son prochain passage en France (Rymer, vol. III, p. 440 et 441); le 12 août, il lançait une déclaration de guerre à son adversaire de France sous forme de lettre adressée à l’archevêque de Canterbury, primat d’Angleterre, pour lui demander des prières: de rege super tractatibus pro pace deluso inaniter, de guerra resumpta et de orando (Rymer, vol. III, p. 442). Ce fut cette rupture des négociations avec l’Angleterre qui détermina surtout le régent à traiter avec le roi de Navarre et à signer le 21 août 1359 la paix de Pontoise.

[190] Pas-de-Calais, arr. Arras, c. Vimy. Abbaye de l’ordre de Saint-Augustin au diocèse d’Arras, à 9 kil. au nord de cette ville; il reste de cette abbaye, bâtie sur une colline escarpée de 120 mètres, deux tours à six étages qui dominent tout le pays environnant.

[191] Le 18 octobre 1359, il y eut une panique à Amiens, où l’on disait que le duc de Lancastre n’était qu’à trois ou quatre lieues de cette ville, dont le régent avait confié la garde à Raoul de Renneval et au sire de Campremy. Par acte daté de Paris en janvier 1360 (n. st.), Charles, régent, accorda des lettres de rémission à ses bien amés Fremin Andeluye, son écuyer d’écurie, Jacques Andeluie, frère de Fremin, son panetier, Fremin Guinaut, Raoul de Fricamps, Guy Pin, Colart du Bosquel, Colart le Rat, Fremin de Prousel, Andrieu du Buscoy et à plusieurs autres, ses bons et loyaux sujets de sa bonne ville d’Amiens, qui avaient mis à mort Pierre Rousseaux soupçonné de trahison «comme nagaires, ou jour Saint Luc (vendredi 18 octobre 1359) darrain passé, eust esté ordené en la ditte ville par le maieur et eschevins d’icelle que aucune personne bourgoise, forain ne habitant, n’issist hors ne autres n’y entrast, pour cause de ce que le duc de Lancastre et noz ennemis estoient à trois ou quatre lieues près de la ditte ville sur la rivière de Somme; et avecques ce estoit rapporté et mandé de plusieurs nobles, tant par messire Raoul de Rainneval comme par le seigneur de Campremy, que les dessus diz ennemis avoient intencion d’aler assaillir la ditte ville....» JJ90, no 405.

[192] Somme, arr. Péronne.

[193] Le régent rend hommage à la belle résistance des habitants de Bray-sur-Somme dans deux chartes que nous sommes heureux de signaler et qui sont de véritables titres de gloire pour cette localité. Par acte daté de Paris en janvier 1360 (n. st.), Charles régent autorise ses bien amés les habitants de Bray sur Somme à convertir leur marais en terre gaignable et havable ou en prés: «comme après ce que le roy d’Engleterre, le prince de Gales et le duc de Lencloistre furent descendus derrain ou royaume à grant quantité de gens, ennemis de nostre dit seigneur, de nous et du dit royaume, pour ycelui grever et dommagier, en eulx traiant ès parties de Picardie, il feust venu à la cognoissance des diz maire, eschevins et communauté que le dit duc de Lencloistre et grant partie de genz du dit roi d’Engleterre en sa compaignie se ordonoient et entendoient à traire vers la ditte ville de Bray et ou pais d’environ. Et pour ce, au plus tost qu’il peurent, se mistrent en arroy et en ordenance et retindrent grant quantité de genz d’armes, arbalestriers et archiers, à leurs gaiges et despenz, pour garder et deffendre la ditte ville et pour resister de tout leur povoir contre la puissance des diz ennemis. Lequel duc de Lencloistre et ceulx de sa compaignie, venus devant la ditte ville, firent et donnèrent à ycelle et à ceulx qui dedens estoient plusieurs grans griefs et crueulx assaux et envaissemens par plusieurs journées et intervalles. Lesquels maire, eschevins et communauté, à l’aide de Dieu et des dittes gens d’armes, arbalestriers et archiers, obvièrent et resistèrent aus diz ennemis par tele manière que il s’en departirent et alèrent. Et fu la ditte ville et les bonnes gens qui y estoient garantis pour lors d’estre perilliés, exilliés et gastés par les diz ennemis; mais toutevoies, pour cause des diz assauz et envaissemenz, nonobstant la deffense et resistence des dittes gens d’armes et des diz supplians, yceulx supplians ont esté grandement domagiez en leurs biens par les diz ennemis, tant en la forteresce de leur ville, en leurs molins qui ont estés ars et gastés, comme autrement.» (JJ90, no 438). Par d’autres lettres de même date que les précédentes, Charles régent amortit en faveur de ses amés les habitants de Bray-sur-Somme 40 livres parisis de rente annuelle et perpétuelle qui doivent être affectées à la fondation d’une chapelle en l’honneur de Dieu, de sa benoite mère et du glorieux confesseur Mgr saint Nicolas, en exécution d’un vœu fait par les dits habitants, lorsque leur ville fut dernièrement assiégée par les Anglais. JJ90, no 439.

[194] Cerisy-Gailly, Somme, arr. Péronne, c. Bray-sur-Somme.

[195] Abbaye d’hommes de l’ordre de Prémontré au diocèse de Boulogne. L’abbaye de Licques, dont une partie de l’église et des bâtiments modernes subsiste encore, était située sur le territoire de la commune de ce nom (Pas-de-Calais, arr. Boulogne, c. Guines), à la lisière d’une forêt, à 12 kil. au sud de Guines et à 25 kil. à l’est de Boulogne.

[196] Édouard III ne s’embarqua pas à Dover, mais à Sandwich (petit port du comté de Kent, un peu au nord de Dover et à l’est de Canterbury) où il était dès le 14 octobre et où il resta jusqu’au 28 de ce mois. Rymer, vol. III, p. 451 à 453.

[197] Édouard III débarqua à Calais le mercredi 30 octobre; et comme ce mois a 31 jours, la date donnée par Froissart est parfaitement exacte. Ibid., p. 453.

[198] Pas-de-Calais, arr. Arras.

[199] Beaumetz-lez-Cambrai, Pas-de-Calais, arr. Arras, c. Bertincourt.

[200] Pierre IV d’André promu en 1347, mort le 13 septembre 1368.

[201] Abbaye de Bénédictins au diocèse de Cambrai. L’emplacement qu’occupait cette abbaye est aujourd’hui compris, en partie du moins, dans le territoire de la commune d’Oisy (Aisne, arr. Vervins, c. Wassigny). Cette abbaye était placée juste au point d’intersection des routes du Nouvion au Cateau et à Cambrai et de Guise à Landrecies, au Quesnoy et à Valenciennes.

[202] Baudouin de Lens, sire d’Annequin (Pas-de-Calais, arr. Béthune, c. Cambrin), institué en 1358 maître des arbalétriers, après la mort de Robert, sire de Houdetot, mena en 1359 cent hommes d’armes en Picardie où il fut établi capitaine du château de Presles avec neuf écuyers (Anselme, t. VIII, p. 28). Le 15 février 1360 (n. st.), Simon de Baigneux, vicomte de Rouen, donna quittance à Jean le Villain de 30 écus d’or pour la dépense de Baudouin d’Annequin, chevalier, maître des arbalétriers, qui était allé par l’ordre du régent abattre la forteresse de Saint-Germain-sous-Cailly (Seine-Inférieure, arr. Rouen, c. Clères). Bibl. nat., dép. des mss., Quittances, t. XI, no 921.

[203] Édouard III arriva devant Reims le mercredi 4 décembre 1359. Varin, Archives administratives de la ville de Reims, t. III, note 1, d’après les Mémoires de Rogier, fo 109.

[204] Les Anglais levèrent le siége de Reims le dimanche 11 janvier à minuit. V. Grandes Chroniques, édit. in-12, t. VI, p. 167; Mémoires de Rogier, fo 109 vo.

[205] Abbaye de Bénédictins au diocèse de Reims, située sur le territoire de la commune de Verzy, Marne, arr. Reims, à 16 kil. au sud-est de cette ville, sur la montagne de Reims, au-dessus de la plaine de Vesle.

[206] Abbaye de Bénédictins au diocèse de Reims, qui a donné son nom à la commune de Saint-Thierry, Marne, arr. Reims, c. Bourgogne, à 8 kil. au nord de Reims. D’après les Grandes Chroniques, le prince de Galles était logé à Villedomange (Marne, arr. Reims, c. Ville-en-Tardenois), à 9 kil. au sud-ouest de Reims; c’étaient les comtes de Richmond et de Northampton qui étaient campés à Saint-Thierry. Le duc de Lancastre était établi à Brimont (Marne, arr. Reims, c. Bourgogne), à 10 kil. au nord de Reims. Enfin le maréchal d’Angleterre et Jean de Beauchamp étaient à Betheny (Marne, arr. et c. Reims), à 4 kil. au nord-est de Reims. Grandes Chroniques, t. VI, p. 166 et Mémoires de Rogier, fo 109 vo.

[207] Varin a publié, d’après une pièce conservée aux archives municipales de Reims, la belle lettre adressée par le régent le 26 décembre 1359 aux Rémois, pour les engager à repousser vigoureusement les Anglais qui «se sont venuz logier plus près de la ditte ville qu’il n’ont esté et sont maintenant tous environ ycelle», et leur annoncer qu’il envoie une seconde fois à leur secours le connétable Robert de Fiennes qui était allé une première fois jusqu’à Troyes d’où le régent l’avait rappelé «pour aucunes grans besoignes touchans très grandement l’oneur et l’estat de monseigneur, de nous et du royaume.» Arch. adm. de Reims, t. III, p. 156 à 159.

[208] Jean III de Craon, promu en décembre 1355, mort le 26 mars 1373.

[209] Ce n’est pas Jean de Châtillon, comte de Porcien (voy. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 111), c’est Gaucher de Châtillon qui était capitaine de Reims dès le mois de mars 1359 (JJ90, no 85); il occupait encore ce poste pendant le siége de cette ville par les Anglais, et son principal auxiliaire était Gaucher de Lor, comme le prouve la curieuse pièce suivante qui paraît avoir échappé aux recherches de Varin. Par acte daté de Paris en mars 1360 (n. st.) et sur le rapport de ses amés et féaux messire Gaucher de Châtillon, capitaine de la ville de Reims, de messire Gaucher de Lor et des échevins et élus sur le gouvernement de la dite ville, Charles régent accorda des lettres de rémission à Roger et Jean de Bourich, père et fils, ainsi qu’à Pierre de Bantuel, leur cousin, habitants de Reims, qui, à la suite d’une querelle au jeu de dés, avaient blessé mortellement un habitant de Reims nommé Jean de Saint-Gobain «comme les diz père et filz aient bien et loyaument servi nostre dit seigneur, nous et la ditte ville en la compaignie du dit capitaine ou de ses genz et de noz bons subgiez de Reins, tant en la prise et aux assaus des chasteaulx de Marueil, de Sissonne et de Roucy ès quiex lieux noz ennemis estoient logiez dont eulx ont esté deboutez et mis hors par force, comme en venant pardevers nous, de par les diz capitaines, eschevins et autres habitants de la ditte ville, en message par plusieurs fois, ou temps que les ennemis estoient à siège devant ycelle, paravant et depuis, pour nous certefier de l’estat des diz ville et ennemis: durant lequel siège les diz capitaine et habitanz ne pouvoient trouver personne convenable qui vousist entrepenre à venir devers nous adoncques, si comme eulx nous ont escript et affermé par leurs dittes lettres closes....» JJ90, no 495.

[210] Auj. hameau de la commune de Bouconville, Aisne, arr. Laon, c. Craonne.

[211] Nord, arr. Avesnes, c. Trélon. Le nom de cette seigneurie est écrit Ennore (p. 212, l. 16).

[212] Aisne, arr. Laon, c. Neufchâtel.

[213] Ardennes, arr. et c. Mézières.

[214] Ardennes, arr. et c. Sedan.

[215] Ardennes, arr. Sedan.

[216] Ardennes, arr. Vouziers.

[217] Marne, arr. Sainte-Menehould, c. Ville-sur-Tourbe. Knyghton fixe la prise de Cernay-en-Dormois au mardi 31 décembre 1359.

[218] Auger de Montaut, sire de Mussidan, était châtelain de Blaye le 5 avril 1356. Archives de la Gironde, t. XII, p. 12 à 14.

[219] Froissart se trompe lorsqu’il affirme que la guerre ouverte se ralluma en décembre 1359 entre le régent et le roi de Navarre, et lorsqu’il ajoute que Charles le Mauvais envoya un défi au duc de Normandie. Ce qui est vrai, c’est que le roi de Navarre qui, depuis la paix conclue à Pontoise le 21 août précédent, avait rendu plusieurs fois visite au régent, qui avait assisté notamment au mariage de Jean, comte de Harcourt, et de Catherine de Bourbon, célébré à Paris le lundi 14 octobre, n’en fit pas moins une guerre couverte au duc de Normandie à partir du mois de novembre. Le premier acte de cette guerre couverte fut la prise par escalade du château de Clermont en Beauvaisis, opérée le lundi 18 novembre par Jean de Grailly, captal de Buch, partisan dévoué du roi de Navarre aussi bien que du roi d’Angleterre. Le second fait, plus grave encore que le premier, qui amena, non, comme le dit Froissart, une déclaration de guerre, mais la rupture de toutes relations personnelles et courtoises entre les deux princes, ce fut la découverte d’un complot tramé au mois de décembre par un certain nombre de bourgeois de Paris, dont Martin Pisdoe était le chef, pour renverser le régent (JJ90, nos 20 à 32). Martin Pisdoe fut exécuté le lundi 30 décembre (JJ90, no 369). La déposition de Jean le Chavenacier est accablante pour le roi de Navarre. «Jehan, avait dit Martin, ces choses se pourront bien faire, car nous aurons de nostre alience plusieurs des genz de monseigneur de Navarre.» JJ90, no 382. Le régent, qui avait bien assez à faire de repousser l’invasion d’Édouard, remit à une époque plus favorable la vengeance de ses griefs contre Charles le Mauvais.

[220] Cet écuyer, que Froissart appelle Wautre Obstrate, est nommé Gautier Strael dans des lettres de rémission que Charles V lui octroya à Paris en octobre 1368 (JJ99, no 416; Secousse, Preuves, p. 295 et 296). Les gens d’armes de la garnison de Rolleboise sont qualifiés Anglais dans un acte daté du mois d’août 1364. JJ96, no 258, fo 86.

[221] Seine-et-Oise, arr. Mantes, c. Bonnières. Le château ou plutôt la tour de Rolleboise, dont les murs, d’après Jean de Venette, avaient plus de neuf pieds d’épaisseur, située entre Mantes et Bonnières sur une hauteur qui domine la Seine, fut occupée par Gautier Strael depuis la fin de 1359 jusques vers Pâques (13 avril) 1365. Après l’avoir occupée au nom du roi d’Angleterre jusqu’à la conclusion du traité de Bretigny, et plus tard au nom du roi de Navarre, tant que ce dernier fut en guerre avec la France, mais en réalité pour son propre compte, Gautier consentit à l’évacuer en avril 1365 moyennant le payement d’une somme considérable, et Charles V la fit aussitôt démolir de fond en comble par les paysans des environs. Jean de Venette dit qu’il n’avait pas vu sans un certain sentiment de terreur les imposants débris de cette tour qui jonchaient la terre. Chron. du contin. de G. de Nangis, éd. Geraud, t. II, p. 357 et 358.

[222] G. de Jauche, sire de Gommegnies (Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy).

[223] Ardennes, arr. Rethel, c. Novion-Porcien. D’après Froissart (p. 220 et 409), l’escarmouche de Herbigny eut lieu vers le 25 décembre 1359.

[224] Mathieu II du nom, seigneur de Roye et de Germigny, mentionné pour la première fois sur les rôles des guerres en 1343, otage en Angleterre pour la rançon du roi Jean de 1360 à 1374, mort en 1380 et enterré dans l’église de l’abbaye de Longpont (Aisne, arr. Soissons, c. Villers-Cotterets). Anselme, t. VIII, p. 9.

[225] Le Rosoy en Triérache de Froissart ne peut s’appliquer qu’à Rozay, aujourd’hui hameau de la commune de Barzy, Aisne, arr. Vervins, c. le Nouvion.

[226] Mathieu de Roye, II du nom, dit le Flament, seigneur du Plessis-de-Roye (Oise, arr. Compiègne, c. Lassigny), cousin de Mathieu seigneur de Roye, maître des arbalétriers de France de 1347 à 1349, mort en janvier 1381 et enterré comme son cousin à l’abbaye de Longpont. Anselme, t. VIII, p. 6.

[227] Aisne, arr. Laon.

[228] Enguerrand VII du nom, sire de Coucy, comte de Soissons et de Marle, seigneur de la Fère, d’Oisy et de Ham, était alors sous la tutelle de sa mère Catherine d’Autriche. Anselme, VIII, p. 542 et 545.

[229] Marne, arr. Reims, c. Bourgogne, à quatre lieues au nord-ouest de Reims, à la limite des départements de l’Aisne et de la Marne. Suivant Knyghton, le siége de Cormicy commença le 20 décembre 1359 et dura jusqu’au jour de l’Épiphanie (mardi 6 janvier 1360), que la place fut emportée. Par acte daté de Paris en mars 1365 (n. st.), Charles V accorda des lettres de rémission à Ludet Guerry de Cormissy, accusé d’avoir volé un muid de sel. «.... environ la Purification Nostre Dame l’an LIX (dimanche 2 février 1360), après ce que le roy d’Angleterre se fu parti de environ Reins et que ses gens eurent pris le chastel et ville de Cormisy, pillé et emporté les biens qui estoient en ycelle ville....» JJ98, no 186, fo 56 vo.

[230] Le siége de Reims, commencé le 4 décembre 1359, levé le 11 janvier 1360, avait duré trente-neuf jours ou cinq semaines et demie environ.

[231] Aube, arr. Arcis-sur-Aube, au nord-ouest de Troyes.

[232] Yonne, arr. Auxerre, sur la route de Troyes à Auxerre, au confluent de l’Armançon et de l’Armance, au nord-ouest de Tonnerre. Les Anglais prirent certainement la ville de Saint-Florentin, quoi qu’en dise Froissart, puisque Charles V, confirmant en mai 1376 la donation d’une motte vague faite en janvier 1359 aux habitants de cette ville, pour y reconstruire leur église paroissiale, dit que les lettres de cette donation «furent perdues et arses à la prinse de nostre ditte ville qui fu arse et destruicte par noz ennemis (JJ109, no 11, fo 10 vo).» Si quelque chose résista, ce fut le château, grâce aux travaux de fortification exécutés avec tant de prévoyance par le régent et un désintéressement si patriotique par les habitants pendant le cours de l’année 1359. Le régent accorda à Paris en janvier 1359 (n. st.) des lettres de rémission aux habitants de Saint-Florentin qui, «pour ce que la clausure de la ditte ville de Saint-Florentin, laquelle les habitanz d’icelle ont empris de cloure de foussez et de paleiz, n’est pas encore parfaite» ont obtenu, moyennant 89 florins d’or au mouton et plus, trêves jusqu’à Pâques 1359 de nos ennemis: «Comme noz ennemis aient nagaires pris et tiennent cinq forteresses environ noz chastel et ville de Saint Florentin en Champaigne, c’est assavoir la Moute de Chamlost (Champlost, Yonne, arr. Joigny, c. Brienon), qui est en une lieue; Laigni le Chastel (Ligny-le-Châtel, Yonne, arr. Auxerre), qui est à deux lieues; Regennes (auj. hameau de la commune d’Appoigny, Yonne, arr. et c. Auxerre, près de la rive gauche de l’Yonne), Chanlay (Champlay, Yonne, arr. et c. Joigny), et Ays en Otte (Aix-en-Othe, Aube, arr. Troyes), qui sont chascun à cinq lieues près de la ditte ville de Saint Florentin, et courent, pillent, gastent et raençonnent chascun jour tout le pais.» JJ86, no 553, fo 201.—Nous voyons, par une autre charte, aussi datée de Paris en janvier 1359 (n. st.), que le capitaine du château de Saint-Florentin avait fait abattre l’église paroissiale, le prieuré, l’Hôtel-Dieu et la maladrerie, situés dans les faubourgs, ainsi que l’église de Mgr saint Florentin, sise en dedans des fortifications devant le château, afin que les ennemis ne s’y pussent loger et tenir. JJ86, no 554.

[233] Yonne, arr. Auxerre, c. Ligny-le-Châtel. Autrefois siége d’une abbaye, l’une des quatre filles de Cîteaux, fondée en 1114 et placée sous la garde des comtes de Tonnerre. Ce curieux épisode du passage des Anglais à Pontigny n’est fourni que par trois manuscrits, cotés A 15 à 17 dans notre classement (v. p. 414 et 415), et n’a été relevé que dans notre édition. Seulement, l’auteur de cette intercalation se trompe en plaçant l’abbaye de Pontigny sur l’Armançon; ce beau monastère était situé sur la rive gauche du Serain ou plutôt du Senin, ainsi qu’on a appelé jusqu’à la fin du dernier siècle cet affluent de la rive droite de l’Yonne. En quittant Saint-Florentin, le gros de l’armée anglaise suivit la vallée du Serain et remonta le cours de cette rivière, puisque Froissart mentionne plus loin le passage d’Édouard à Noyers et à Guillon; la mention d’une halte des Anglais à l’abbaye de Pontigny, donnée par les trois manuscrits cités plus haut, n’a donc rien que de très-vraisemblable.

[234] Froissart a dit plus haut que ce même Baudouin d’Annequin, capitaine de Saint-Quentin, avait été fait prisonnier par Barthélemi de Burghersh, à la fin de novembre 1359; il est douteux qu’il eût déjà recouvré sa liberté et fût capitaine du château de Tonnerre à la fin de janvier ou en février 1360. D’après un titre qu’a connu le père Anselme, Baudouin fut envoyé au mois de janvier 1361 (n. st.) en Anjou, Poitou et Saintonge pour traiter de la délivrance d’un nommé Barthelemy Bronas (sans doute Barthélemi Burghersh, dont le nom est souvent écrit Bruwes), chevalier anglais (Anselme, t. VIII, p. 28). Froissart n’aurait-il pas pris le change, lorsqu’il a raconté que Baudouin d’Annequin fut pris près de Saint-Quentin par Barthélemi Burghersh? Ne serait-ce pas, au contraire, Baudouin qui aurait fait prisonnier Barthélemi?

[235] Robert, sire de Fiennes, connétable de France, était à Auxerre le 1er décembre 1359, jour où il conclut une convention avec Jean de Delton et Danquin de Hatton, capitaines anglais de Regennes et de la Motte de Champlay, pour l’évacuation de ces forteresses et leur rasement moyennant le payement de 26 000 florins d’or ou moutons (Rymer, vol. III, p. 461 et 462). Le roi d’Angleterre, qui venait de recommencer les hostilités contre la France et qui assiégeait Reims, lorsque la nouvelle de cette convention dut lui parvenir, refusa sans doute de la ratifier, car nous voyons par un de ses mandements, adressé de Calais le 26 octobre 1360 à Nicol de Tamworth, que ce chevalier anglais était encore à cette date capitaine de Regennes où il détenait Jacques Wyn (Ibid., p. 545). Deux jours après, le 28 octobre, Édouard donnait l’ordre d’évacuer Regennes et la Motte de Champlay (Ibid., p. 546). Enfin, le 12 avril 1364, à la requête de Jean de Dalton et de Danquin de Hatton, le roi anglais visa et exemplifia la convention du 1er décembre 1359 (Ibid., p. 729 et 730). Jean, sire de Hangest, dit Rabache, est mentionné comme capitaine d’Auxerre en 1360 dans des lettres de rémission octroyées le 14 juin 1364 à Jean, sire de Maligny (JJ96, no 359, fo 128 vo). Vers la Chandeleur (2 février) 1360, on faisait le guet et l’arrièreguet aux eschiffles des remparts d’Auxerre (JJ90, no 502). Par acte daté de Paris en décembre 1360, Jean, roi de France, restitua au comte d’Auxerre la ville de ce nom «comme, par la deffaute et coulpe des bourgoiz et habitanz de la ville d’Auceurre, la ditte ville ait esté nagaires perdue et destruitte par Robert Canole et ses complices, ennemis de nostre dit royaume, pour ce que les diz bourgoiz et habitanz, qui par leurs grans avarices, orgueil et malvais gouvernement, vouldrent de euls garder la ditte ville, boutèrent et mistrent hors d’icelle partie de plusieurs gentiz hommes qui par avant longue pièce estoient venuz en la ditte ville en la compaignie de feu Guillaume de Chalon, filz de nostre très chier et féal cousin et conseillier le conte d’Aucerre (Jean de Chalon, III du nom) bouteillier de France, pour la ditte ville et tout le pais garder et deffendre et resister aus diz ennemis de tout leurs povoirs; et pour ce que, après ce que la ditte ville fu ainsi perdue, nostre cousin le sire de Fiennes, connestable de France, entra en ycelle, la garda et empara de rechiez, le dit connestable et plusieurs autres dient la ditte ville et ses appartenances estre à nous acquise, nous ait fait supplier le dit conte, comme il ait touz jours amé et servi loyalment et continuelment nous et nos predecesseurs roys de France, et ait esté longuement prisonnier en Engleterre où il a moult fraié et despendu du sien à cause de sa ditte prise et li convient encore pour très grant et excessive raençon....» JJ89, no 429.

[236] Noyers ou Noyers-sur-Serein, Yonne, arr. Tonnerre.

[237] Froissart veut sans doute parler ici de Jean de Noyers, comte de Joigny, qui avait en effet été fait prisonnier à la bataille de Poitiers (Rymer, vol. III, p. 539). Après la mort de Miles VI du nom, seigneur de Noyers et de Vendeuvre arrivée en septembre 1350, le comte de Joigny, fils aîné, et Eudes de Grancey, gendre de Miles VI, s’étaient emparés de la seigneurie de Noyers au mépris des droits de Miles VIII du nom, sire de Noyers et de Montcornet, petit-fils de Miles VI, qui obtint arrêt contre ses oncles en 1364. Anselme, t. VI, p. 652.

[238] Yonne, arr. Avallon, c. Guillon, sur le Serain, au sud de Noyers.

[239] Yonne, arr. Avallon, sur le Serain, au sud de Montréal.

[240] Noyers, Montréal et Guillon sont situés sur une rivière nommée aujourd’hui par corruption Serain. La forme latine de ce nom était au neuvième siècle Sedena, au douzième siècle Saina et Seduna; la forme française a été Senein ou Cenin jusqu’à ces derniers temps. Sellette est une mauvaise forme où Froissart a peut-être été induit, parce qu’une rivière du Hainaut porte ce nom.

[241] Flavigny-sur-Ozerain, Côte-d’Or, arr. Semur, à l’est de Guillon.

[242] Ce traité dont le texte est dans Rymer (vol. III, p. 473 et 474), fut donné à Guillon en Bourgogne sous le grand sceau du roi d’Angleterre le 10 mars 1360 (n. st.). Édouard s’engageait à rendre Flavigny et à tenir la Bourgogne en paix pendant trois ans moyennant le payement de deux cent mille deniers d’or au mouton payables, 50 000 comptant, 50 000 le 22 juin, 50 000 le 25 décembre 1360, 50 000 enfin le 28 mars 1361. Les évêques de Chalon et d’Autun, quatorze abbés, les cités et bonnes villes de Chalon, d’Autun, de Dijon, de Beaune, de Semur, de Montbar et de Châtillon-sur-Seine, quinze nobles et sept bourgeois de Bourgogne se portaient garants du payement de cette somme. L’un de ces sept bourgeois, encore obscur en 1360, allait bientôt devenir l’un des plus grands personnages du quatorzième siècle: c’était Hugues Aubriot, le futur prévôt de Paris du roi Charles V. Quatre jours seulement après la conclusion de ce traité, le 14 mars, un certain nombre de seigneurs picards et normands, conduits par Jean de Neuville, faisaient une descente en Angleterre où ils prenaient, saccageaient et brûlaient Winchelsea (JJ105, no 535; Contin. de Nangis, éd. Geraud, t. II, p. 298, 299; ms. no 4987, fo 77 vo. Voyez surtout le t. XI des Quittances conservées au dép. des mss. de la Bibl. nat. et classées chronologiquement; elles nous donnent tous les détails d’armement relatifs à cette expédition préparée au clos des galées de Rouen et à Leure par le Baudrain de la Heuse, amiral de France (no 916) et Étienne du Moustier, capitaine de Leure).

[243] Le rédacteur des Grandes Chroniques (t. VI, p. 168) dit qu’Édouard passa l’Yonne à Coulanges (Yonne, arr. Auxerre). Coulanges est en effet en aval de Clamecy.

[244] Yonne, arr. Avallon. Froissart paraît croire que Vezelay est sur l’Yonne, tandis qu’il est sur la Cure, affluent de la rive droite de l’Yonne. Kon dessous Vosselay (p. 227, 418) est peut-être une mauvaise leçon pour Coulanges sous Vezelay.

[245] Seine, arr. et c. Sceaux.

[246] Meuse, arr. Montmédy.

[247] Ardennes, arr. Vouziers. Le Chesne Pouilleux de Froissart est devenu dans la terminologie administrative le Chesne Populeux.

[248] Aisne, arr. Laon, c. Sissonne.

[249] Aisne, arr. Laon, c. Marle.

[250] Ardennes, arr. Vouziers. La forteresse d’Attigny, située sur l’Aisne, commandait le cours moyen de cette rivière dont une autre forteresse, également occupée par Eustache, celle d’Autry (Ardennes, arr. Vouziers, c. Monthois) commandait le cours supérieur. Eustache d’Auberchicourt faisait la guerre de partisan comme on exercerait la plus lucrative des industries. Ainsi, le 19 mai 1360, Louis de Male délivra commission pour imposer sur les habitants du comté de Rethel la somme de 25 000 deniers d’or qu’ils avaient promis de donner à Eustache d’Auberchicourt pour retirer de ses mains les forteresses de Manre (Ardennes, arr. Vouziers, c. Monthois) et d’Attigny (Arch. dép. du Nord, 1er reg. des Chartes, fo 174 vo). Un mois plus tard, le 16 juin 1360, par contrat passé devant Pierre et Thomassin de Cusy, notaires jurés à Sainte-Menehould, noble homme messire Eustache d’Auberchicourt, chevalier, vendit à haut et puissant prince monseigneur Robert, duc de Bar, marquis du Pont, moyennant 7 000 florins d’or au mouton et 1000 florins par-dessus le marché, qui devaient être remis à messire Courageux de Mauny et à messire Gui de Nevill, chevaliers, la forteresse d’Autry «laquelle li avoit esté donnée par haut et puissant prince son très chier seigneur le roy d’Angleterre, comme terre acquise et conquestée par armes....» Cet acte de vente stipule que tous les approvisionnements entassés à Autry seront livrés au duc de Bar. «Et aussi seront et doient estre au dit monseigneur le duc toutes les finances et raençons que les villes et li pais ont fait par devers le dit monseigneur Eustace et ses genz, qui sont deues et à avenir, tant de vivres comme de deniers; et li baillera et li a le dit messire Eustace promis à baillier touz les papiers, lettres et seurtés qu’il a et puet avoir sur les dittes raençons....» Le régent ratifia cette vente à Compiègne en juillet 1360 (JJ88, no 11). Un paladin aussi pratique qu’Eustache d’Auberchicourt était un fort beau parti. Aussi, le voyons-nous cette même année 1360, le 29 septembre, épouser à Wingham, dans le comté de Kent, la propre nièce de la reine d’Angleterre, Elisabeth de Juliers, veuve du comte de Kent. Coxe, The Life of Black Prince, notes, p. 367.

[251] Bagnols-sur-Cèze, Gard, arr. Uzès.

[252] Les premières prophéties de Jean de la Roche Taillade, qui avait étudié cinq ans à l’université de Toulouse et appartenait à l’ordre des Frères Mineurs de la province d’Aquitaine et de la maison de Rodez, sont datées de la prison du pape Clément VI, dite du Soudan, à Avignon, au mois de novembre 1349 (Bibl. nat., fonds latin, no 3598). D’autres ouvrages de cet illuminé, qui s’occupait aussi de médecine et d’alchimie, sont conservés à la même bibliothèque, fonds latin, sous les nos 7151, 7167, 7371, 11200 et 11202. M. Kervyn de Lettenhove, dans une savante note de son édition des Chroniques de Froissart (t. VI, p. 493 à 495), indique un certain nombre de manuscrits des ouvrages de Jean de la Roche Taillade conservés à Bruges, à Cambridge, à Oxford, à Mayence, à Rome et à Bâle.

[253] Seine-et-Oise, arr. Corbeil, c. Arpajon, au sud de Bourg-la-Reine. D’après les Grandes Chroniques de France (t. VI, p. 169), Édouard vint loger en l’hôtel de Chanteloup (auj. château de la commune de Saint-Germain-lés-Arpajon), entre Montlhéry et Châtres (Arpajon), le mardi 31 mars; il était encore à Chanteloup le lundi 6 avril, jour où il confia à Jean Chandos la garde de son château de la Fretty et de la Tour Saint-Christophe en Normandie (Rymer, vol. III, p. 480). Des négociations, qui furent entamées le vendredi saint 3 avril à la maladrerie de Longjumeau, restèrent sans résultat. Le mardi 7 avril, Édouard s’approcha plus près de Paris et vint loger à Châtillon près Montrouge, tandis que les autres corps de son armée s’établissaient à Issy, à Vanves, à Vaugirard, à Gentilly et à Cachan. Si l’on veut savoir comment le régent et par suite le rédacteur des Grandes Chroniques a pu être si bien renseigné jour par jour sur les mouvements de l’armée ennemie, on n’a qu’à lire la pièce suivante où l’on reconnaît l’esprit pratique et nullement chevaleresque du futur Charles V. Par acte daté de Paris le 13 avril 1360, Charles régent accorda des lettres de naturalisation et de bourgeoisie parisienne à son amé Jean Cope, originaire d’Angleterre, «et de nouvel, pour le temps que le roy d’Angleterre a esté près de nostre bonne ville de Paris, le dit Jehan, qui bien savoit et scet parler le langaige d’Angleterre, ait exposé et mis en avanture son corps, sa vie et sa chevance pour nous faire certains services qu’il nous a faiz au grant proufit de monseigneur, de nous et du royaume, pour lesquiex nous nous reputons et devons reputer pour grandement tenuz à lui; nous, pour les causes dessus dittes et plusieurs autres qui à ce nous ont meu et doivent mouvoir, voulans au dit Jehan Cope, comme à celui qui bien l’a desservi, faire grace especial qui soit à lui et aus siens honnorable et prouffitable, si que les autres de sa nativité et d’autres nacions estranges, qui sauront la ditte grace à lui faite, doient, à l’exemple de lui, eulx efforcier de eulx loyaument porter envers monseigneur et nous....» JJ90, no 510.

[254] L’armée anglaise était campée entre Arpajon (Châtres) et Montlhéry. Arpajon fut alors le théâtre d’un des faits les plus atroces de cette épouvantable guerre. Jean de Venette dit (Contin. de G. de Nangis, éd. de Geraud, t. II, p. 304 à 306) qu’un noble, capitaine de l’église de ce village, y fit mettre le feu et y brûla environ neuf cents personnes, parce que les paysans des environs, réfugiés dans cette église convertie en forteresse, se voyant abandonnés par la garnison chargée de les garder, et ne pouvant tenir plus longtemps, menaçaient de se rendre aux Anglais. Des lettres de rémission, que Geraud n’a pas connues, nous font connaître le nom de ce capitaine, qui est qualifié écuyer et qui s’appelait Philippe de Villebon. La conduite de ce capitaine fut d’autant plus infâme que les malheureux habitants d’Arpajon avaient résisté pendant plus d’une semaine à tous les assauts des Anglais. «.... Et quia postquam idem rex et ejus gentes steterant per septem dies ante fortalicium predictum, illud hostiliter et viriliter invadendo....» Elle fut d’autant plus lâche que Philippe, avant de mettre le feu à l’église, avait séparé son sort de celui des habitants confiés à sa garde et avait mis sa personne et celle de ses compagnons en sûreté dans des guérites. «.... Dum ipse Philippus et nonnulli alii socii sui secum erant superius in dicto fortalicio ad garitas....» Pendant que tous ces pauvres paysans périssaient dans les flammes allumées par Philippe de Villebon et où les Anglais repoussaient ceux qui essayaient d’y échapper, leur capitaine se tenait «subtus votas seu columpnas turris dicti monasterii....», et il ne sortit de sa cachette que vers minuit, non sans avoir tué un de ses hommes qui se trouva sur son passage et qu’il avait pris pour un Anglais. Le régent n’en accorda pas moins à Philippe de Villebon des lettres de rémission, d’où nous avons tiré ces détails qui confirment le récit de Jean de Venette, lettres que le roi Jean renouvela et confirma en février 1361 (n. st.). JJ89, no 458, fo 203.—Les habitants de Boissy-sous-Saint-Yon en la châtellenie de Montlhéry (Seine-et-Oise, arr. Rambouillet, c. Dourdan) et de Toury en Beauce (Eure-et-Loir, arr. Chartres, c. Janville) soutinrent aussi des siéges contre les envahisseurs dans leurs églises transformées en forteresses. JJ90, no 637.

[255] Mss. B 4, 3, fo 169 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 70 (lacune).

[256] Ms. B 3, fo 183 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 70 vo et ms. B 4: «en Humainne.» Mauvaise leçon.

[257] Mss. B 4, 3, fo 170 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 71 vo (lacune).

[258] Mss. B 4, 3, fo 172.—Ms. B 1, t. II, fo 73 vo (lacune).

[259] Mss. B 4, 3, fo 172.—Ms. B 1, t. II (lacune).

[260] Mss. B 4, 3, fo 172 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 74: «samedi.» Mauvaise leçon.

[261] Mss. B 4, 3, fo 173.—Ms. B 1, t. II, fo 74 vo (lacune).

[262] Ms. B 4, fo 173.—Ms. B 1, t. II. fo 75 (lacune).

[263] Mss. B 4, 3, fo 173.—Ms. B 1, t. II, fo 75 (lacune).

[264] Mss. B 4, 3, fo 173 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 75 vo (lacune).

[265] Ms. B 4, fo 173 vo: «ferons».—Ms. B 3, fo 187 vo: «ferons nous volentiers, au plaisir et o l’aide de Dieu».—Ms. B 1, t. II, fo 76: «verons.»

[266] Mss. B 4, 3, fo 174.—Ms. B 1, t. II, fo 76 (lacune).

[267] Ms. B (lacune).

[268] Mss. B 3, 4, fo 189.—Ms. B 1, t. II, fo 76 (lacune).

[269] Mss. B 4, 3, fo 176.—Ms. B 1, t. II, fo 79 (lacune).

[270] Mss. B 4, 3, fo 176.—Ms. B 1, t. II, fo 79 vo (lacune).

[271] Mss. B 4, 3, fo 176 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 80 vo (lacune).

[272] Mss. B 4, 3, fo 177.—Ms. B 1, t. II, fo 81 (lacune).

[273] Mss. B: «espessie.» Mauvaise leçon.

[274] Mss. B 4, 3, fo 179 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 84 vo (lacune).

[275] Ms. B 4, fo 180.—Ms. B 3, fo 194: «cil».—Ms. B 1, t. II, fo 85 vo (lacune).

[276] Ms. B 4, fo 180 et B 3.—Ms. B 1, t. II, fo 86 (lacune).

[277] Mss. B 4, fo 180 vo et B 3, fo 194: «choisir».

[278] Mss. B 4, fo 181 et B 3, fo 194 vo: «Qui estes vous?»

[279] Mss. B 4, 3, fo 181.—Ms. B 1, t. II, fo 87 vo (lacune).

[280] Mss. B 4, 3, fo 182.—Ms. B 1, t. II, fo 88 vo (lacune).

[281] Mss. B 4, 3, fo 182.—Ms. B 1, t. II, fo 89 (lacune).

[282] Mss. B 4, 3, fo 183.—Ms. B 1, t. II, fo 90 (lacune).

[283] Mss. B 4, 3, fo 183.—Ms. B 1, t. II, fo 90 vo (lacune).

[284] Ms. B 4, fo 183 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 91 (lacune).

[285] Ms. B 4, fo 184.—Ms. B 3, fo 198: «la Normendie.»

[286] Mss. B 4, 3, fo 185.—Ms. B 1, t. II, fo 93: «quatre.» Mauvaise leçon.

[287] Ms. B 4, fo 185.—Ms. B 3, fo 198 vo: «ses gens qui n’estoient pas grant nombre.»—Ms. B 1, t. II, fo 93 (lacune).

[288] Mss. B 1 et 4: «d’Evreuses.»—Ms. B 3 (lacune).

[289] Ms. B 4, fo 185 vo.—Mss. B 1, t. II, fo 94 et B 3, fo 199 (lacune).

[290] Mss. B 4, 3, fo 185 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 94 (lacune).

[291] Mss. B 4, 3, fo 186.—Ms. B 1, t. II, fo 94 vo (lacune).

[292] Mss. B 4, 3, fo 186 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 95 vo (lacune).

[293] Ms. B 3, fo 200 vo.—Mss. B 1, t. II, fo 96 et B 4, fo 187: «Clocestre.» Mauvaise leçon.

[294] Mss. B 4, 3, fo 187.—Ms. B 1, t. II, fo 96 (lacune).

[295] Ms. B 4, fo 187 vo.—Ms. B 3, fo 201: «alors».—Ms. B 1, t. II, fo 97 (lacune).

[296] Mss. B 4, 3, fo 188.—Ms. B 1, t. II, fo 97 vo (lacune).

[297] Mss. B 1 à 4 (lacune).

[298] Mss. B 1 à 4: «feroit.»

[299] Mss. B 4, 3, fo 188.—Ms. B 1, t. II, fo 98 (lacune).

[300] Mss. B 4, 3, fo 188 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 98 (lacune).

[301] Ms. B 4, fo 188 vo.—Mss. B 1, t. II, fo 98 et B 3 (lacune).

[302] Ms. B 4, fo 188 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 98 vo: «ont.»

[303] Ms. B 4, fo 188 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 98 vo: «renteroit.»

[304] Mss. B 4, 3, fo 188 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 98 vo (lacune).

[305] Ms. B 4, fo 189.—Ms. B 1, t. II, fo 98 vo: «chevaliers.»

[306] Mss. B 4, 3, fo 188.—Ms. B 1, t. II, fo 99 (lacune).

[307] Ms. B 4, fo 189 vo.—Mss. B 1, t. II, fo 99 vo et B 3 (lacune).

[308] Ms. B 4, fo 189 vo.—Mss. B 1, t. II, fo 99 vo et B 3 (lacune).

[309] Mss. B 4, 3, fo 190.—Ms. B 1, t. II, fo 100 vo (lacune).

[310] Mss. B 4, 3, fo 190.—Ms. B 1, t. II, fo 100 vo (lacune).

[311] Ms. B 4, fo 190 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 101: «ce.»

[312] Mss. B 4, 3, fo 191.—Ms. B 1, t. II, fo 101 vo (lacune).

[313] Mss. B 4, 3, fo 191.—Ms. B 1, t. II, fo 101 vo (lacune).

[314] Mss. B 4, 3, fo 192 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 103 vo (lacune).

[315] Mss. B 4, 3, fo 192 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 103 vo (lacune).

[316] Mss. B 4, 3, fo 192 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 104 (lacune).

[317] Mss. B 4, 3, fo 173.—Ms. B 1, t. II, fo 104 vo (lacune).

[318] Mss. B 4, 3, fo 193 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 105 (lacune).

[319] Mss. B 4, 3, fo 194.—Ms. B 1, t. II, fo 106 (lacune).

[320] Mss. B 4, 3, fo 195.—Ms. B 1, t. II, fo 107 vo (lacune).

[321] Ms. B 4, fo 195.—Mss. B 1, t. II, fo 107 vo et B 3 (lacune).

[322] Mss. B 4, 3, fo 196 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 109 vo (lacune).

[323] Mss. B 4, 3, fo 197.—Ms. B 1, t. II, fo 110 vo: «de delà.»

[324] Mss. B 4, 3, fo 197.—Ms. B 1, t. II, fo 110 vo (lacune).

[325] Mss. B 4, 3, fo 197 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 111: «mois.»

[326] Mss. B 4, 3, fo 197 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 111 vo (lacune).

[327] Mss. B 4, 3, fo 197 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 111 vo (lacune).

[328] Mss. B 4, 3, fo 198.—Ms. B 1, t. II, fo 111 vo (lacune).

[329] Mss. B 4, 3, fo 193.—Ms. B 1, t. II, fo 112 (lacune).

[330] Mss. B 4, 3, fo 198.—Ms. B 1, t. II, fo 112 vo (lacune).

[331] Mss. B 4, 3, fo 198.—Ms. B 1, t. II, fo 112 vo (lacune).

[332] Ms. B 4, fo 199: «entendre.»

[333] Ms. B 4, fo 199 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 114 (lacune).

[334] Mss. B 4, 3, fo 199 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 114 vo (lacune).

[335] Mss. B 4, 3, fo 200.—Ms. B 1, t. II, fo 115 (lacune).

[336] Mss. B 4, 3, fo 200 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 115 vo (lacune).

[337] Mss. B 1, t. II, fo 118 vo, B 4, fo 202, B 3, fo 216 vo: «Sainne.»

[338] Mss. B 4, 3, fo 202.—Ms. B 1, t. II, fo 118 vo (lacune).

[339] Mss. B 4, 3, fo 202 vo et 203.—Ms. B 1, t. II, fo 119 vo (lacune).

[340] Ms. B 4, fo 203.—Ms. B 1, t. II, fo 119 vo (lacune).

[341] Mss. B 3, 4, fo 203 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 120 vo (lacune).

[342] Mss. B 4, 3, fo 203 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 120 vo (lacune).

[343] Mss. B 4, 3, fo 203 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 120 vo (lacune).

[344] Mss. B 4, 3, fo 205.—Ms. B 1, t. II, fo 123: «l’euist.»

[345] Mss. B 4, 3, fo 206.—Ms. B 1, t. II, fo 124 (lacune).

[346] Mss. B 4, 3, fo 207 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 126 vo (lacune).

[347] Ms. B 4, fo 209.—Ms. B 1, t. II, fo 128 vo (lacune).

[348] Mss. B 4, 3, fo 209.—Ms. B 1, t. II, fo 129 (lacune).

[349] Mss. B 4, 3, fo 210 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 131 (lacune).

[350] Mss. B 4, 3, fo 211.—Ms. B 1, t. II, fo 132 (lacune).

[351] Ms. A 7, fo 216 vo.—Mss. B 1, 3, 4 (lacune).

[352] Mss. B 4, 3, fo 213.—Ms. B 1, t. II, fo 134 vo: «tenoit.»

[353] Ms. B 4, fo 213: «aucuns.»—Ms. B 3, fo 227: «presque.»

[354] Mss. B 1 et B 4: «que.»

[355] Mss. B 4, 3, fo 213 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 135: «rivière.»

[356] Ms. A 7, fo 218.—Mss. B 1, 3, 4 (lacune).

[357] Ms. B 4, fo 213 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 135 vo (lacune).

[358] Mss. B 4, 3, fo 214.—Ms. B 1, fo 135 vo (lacune).

[359] Mss. B 4, 3, fo 214.—Ms. B 1, fo 135 vo (lacune).

[360] Mss. B 4, 3, fo 214.—Ms. B 1, t. II, fo 136: «chevaliers.»

[361] Ms. B 4, fo 214 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 136 vo (lacune).

[362] Mss. B 4, 3, fo 215.—Ms. B 1, t. II, fo 137 (lacune).

[363] Mss. B 4, 3, fo 216.—Ms. B 1, t. II, fo 139 (lacune).

[364] Mss. B 4, 3, fo 216 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 139 vo (lacune).

[365] Ms. B 3.—Mss. B 2, t. II, fo 140 vo, B 4, fo 217, B 3 fo 230 vo (lacune).

[366] Mss. B 4, 3, fo 217 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 141 (lacune).

[367] Mss. B 4, 3, fo 218.—Ms. B 1, t. II, fo 142 (lacune).

[368] Mss. B 4, 3, fo 218 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 142 (lacune).

[369] Mss. B 4, 3, fo 219.—Ms. B 1, t. II, fo 143 vo (lacune).

[370] Mss. B 4, 3, fo 219 vo.—Ms. B 1, t. II, fo 144 (lacune).

[371] Ms. A 15, fo 206 vo.—Mss. A 8, 9: ot. Mauvaise leçon.

[372] Après: Aisne, on lit dans le ms.: et qui. Mauvaise leçon.

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