Chroniques de J. Froissart, tome 05/13 : $b 1356-1360 (Depuis les préliminaires de la bataille de Poitiers jusqu'à l'expédition d'Édouard III en Champagne et dans l'Ile de France)
P. 106, l. 9: avant.—Le ms. B 6 ajoute: Oncques depuis il n’eurent vollenté de retourner celle part. Che biau serviche firent ly conte de Fois et le capitauls de Beus à la duchesse de Normendie. Ossy ches coumuns de Paris estoient vuidiet et party et n’avoient trouvé ne prouvost ne aultres qui leur euist dit chest malfait; ne ossy de leur follie il ne furent point corigiet à leur retour. Fo 571.
P. 106, l. 11: desoustrainne.—Mss. A 8, 9: desordonnée.
P. 106, l. 16: de.—Le ms. A 29 ajoute: bons.
§ 417. P. 106, l. 19: Assés tost.—Ms. d’Amiens: Assés tost apriès celle avenue, li dus de Normendie assambla tous les nobles gentils hommes qu’il peut avoir, tant dou royaumme que de l’empire, parmy leurs saudées payans, et s’en vint assegier Paris par deviers Saint Anthonne, et avoit bien cinq mil armures de fier. Si estoient touttes ses gens logies à Saint Mor et as autres villes et villettez environ, et li dus se tenoit au pont à Charenton. Et prendoient ses gens fourraiges et pourveanches de vivres et quanqu’il trouvoient aval le pays, et ardirent bien deux cens villiaux pour mieux castiier et destruire ces meschans gens. Et couroient souvent cez gens d’armes devant Paris; et n’en osoit nulz yssir, pour le doubtanche dou ducq.
D’autre part, li prevos des marchans, qui se tenoit en le haynne et yndination dou dit duc de Normendie, tenoit à amour ce qu’il pooit le dit roy de Navare et son consseil et le coummunaulté de Paris, et faisoit de jour et de nuit ouvrer à le fremeté de Paris; et tenoit laiens grant fuison de gens d’armes navarois et englèz, archiers et autres gens, pour estre plus asseur contre ceux qui les guerioient.
Et se logoit adonc li rois de Navare à Saint Denis, ossi qui retenoit grant fuison de gens d’armes. Fo 110.
P. 106, l. 22 et 23: troi mil.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: sept mille.—Ms. A 29: mille lances de bonne estoffe.—Ms. B 6: cinq mille, que chevaliers, que escuiers. Fo 572.
P. 106, l. 26: à Paris.—Ms. A 29: aux portes et barrières de Paris.
P. 107, l. 1: castiier.—Ms. A 29: dompter et endomager.
P. 107, l. 2 et 3: fortefiie.... destruite.—Ms. A 29: de portes, de tours, de murs et de bons fossés, ainsi qu’elle estoit, sans nul deport elle eust à celle foys esté destruite et rasée, tant estoit le duc de Normandie animé et courroucé sur les Parisiens.
P. 107, l. 4: issir.—Ms. A 29: saillir n’entrer.
P. 107, l. 5: qui.—Le ms. A 29 ajoute: jour et nuyt.
P. 107, l. 8 et 9: sentoit.—Le ms. A 29 ajoute: grandement.
P. 107, l. 13: ouvrer.—Le ms. A 29 ajoute: de la maçonnerie et fossoyer pour.
P. 107, l. 15: compagnons.—Le ms. A 29 ajoute: et planté de bons arbalestriers et paveschers.
P. 107, l. 18 et 19: telz que.... linage.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: telz que messire Pepin des Essars, messire Jehan de Charny, chevaliers, et pluseurs autres bonnes gens. Fo 186.
P. 107, l. 20: grandement.—Les mss. A 8, 9 ajoutent: de.
P. 107, l. 20: duch.—Les mss. A 8, 9 ajoutent: de Normandie.
P. 107, l. 23: gens.—Les mss. A 8, 9 ajoutent: et.
P. 108, l. 1: peut.—Le ms. A 29 ajoute: à tout son arroy.
P. 108, l. 3: saus.—Mss. A 8, 9: solz.—Ms. A 29: soudées.
P. 108, l. 8: riens.—Ms. A 29: si petit non.
§ 418. P. 108, l. 10: Entre ces deux.—Ms. d’Amiens: De quoy il avint que li dus de Normendie, qui estoit à Charenton, manda [au roy de Navarre] quel cose il penssoit et qu’il volloit faire. Li message, qui furent envoiiet de par le duc au roy de Navare, parlèrent si bellement et si courtoisement au dit roy, que li roys de Navare s’en vint en l’ost dou duc et s’escuza bellement et humblement envers lui; et eult en couvent, par serment et par foy, qu’il demouroit dallez lui à bien et à mal de celle emprise. Et fu là entr’iaux li pès faite et confremmée entre les deux seigneurs, parmy tant que chil de Paris amenderoient le despit qu’il avoient fait au ducq de tuer ses chevaliers en se presenche ou palais à Paris, et ossi le meffait que fait avoient chil qui avoient estet à l’asaut dou Markiet de Miaux, à l’ordounnanche de quatre arbitrez, desquelx li roys de Navarre devoit estre cinquimes et souverains. Et avoecq chou, li dis dus devoit eslire douze hommes dedens lez bourgois de Paris qui devoient y estre justiciés et corrigiéz par le regart et jugement dez pers de France: si ques, sus le fianche de cest accord, li dus de Normendie dounna à ses gens d’armes congiet, mès mies ne rentra dedens Paris; car il avoit juret que jammais n’y renteroit jusquez adonc qu’il aroit par deviers lui le prouvost dez marchans et lez douze qu’il devoit eslire. Si s’en revint à Miaux, où la duçoise sa femme estoit, si comme vous avés oy, et li roys de Navarre à Saint Denis, qui souvent estoit visetés dou prouvost des marchans et de chiaux de sa secte. Fo 110 vo.
P. 108, l. 18: à.—Mss. A 8, 9: près de.
P. 108, l. 22: Robert de Clermont et le mareschal de Campagne.—Mss. A 15 à 17: Jehan de Cleremont, le mareschal de Champaingne. Fo 204 vo.
P. 108, l. 23: le mareschal de Campagne.—Mss. A 18, 19: Robert de Champaigne. Fo 218 vo.
P. 108, l. 24: Symon de Bussi.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: Regnault d’Acy. Fo 186.
P. 108, l. 26 et 27: eut en couvent.—Mss. A 8, 9: promist.
P. 109, l. 24: li dus.—Les mss. A 8, 9 ajoutent: de Normandie.
P. 109, l. 24: Paris.—Le ms. A 29 ajoute: pour cause que le prevost des marchans et ses alliés avoient moult grandement villené et injurié le dit duc en sa chambre au pallais et occis ses deux mareschaulx.
§ 419. P. 109, l. 25: Li prevos.—Ms. d’Amiens: Assés tost après, s’esmut ungs mautalens entre les saudoiiers englèz et ciaux de Paris, que li prevos avoit retenus à ses gaiges, pour garder le cité contre le ducq, si comme vous avés oy chy dessus. Et adonc se porta si malement li debas pour les Englès, qu’il en y eut bien soissante tués sus les rues, et furent chil tout liet et tout ewireux qui peurent escapper. Et en fist adonc li prouvos des marchans, en l’aïe de chiaux de Paris, bien prendre cent et cinquante, et mettre en diviers lieux en prison; et dist as coummuns qui ochir les volloient, que il les ochiroit et feroit tous morir de male mort. Mais dedens deux jours apriès, quant la cose fu ung peu rappaisie, il leur fist voie et lez delivra de nuit, et les mist hors de Paris. Liquel Englès l’endemain se requeillièrent enssamble, et grant fuison d’autres compaignons qui se boutèrent en leur conroi, et deffiièrent chiaux de Paris et coummenchièrent à courir jusques as barrièrez de Paris, et à ocir et decopper gens, et à ardoir maissons et villiaux entours Paris. Fo 110 vo.
P. 110, l. 3: trois.—Le ms. A 29 ajoute: mareschaux.
P. 110, l. 4: Paris.—Le ms. A 29 ajoute: ou plain conseil du duc de Normandie et tout au plus près de luy.
P. 110, l. 10: secte.—Mss. A 8, 9: aliance.
P. 110, l. 14: Certes.—Mss. A 8, 9: Chiers.
P. 110, l. 19: se il besongne.—Ms. A 29: si aucun grant besoing vous sourt.
P. 111, l. 12: mors.—Le ms. B 6 ajoute: sur ung samedy. Fo 574.
P. 111, l. 13: soixante.—Ms. B 6: quarante. Fo 574.
P. 111, l. 17: en trois portes.—Ces mots manquent dans A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22.—Ms. A 29: en troys des portes de Paris.
P. 111, l. 17: cent et cinquante.—Ms. B 6: deux cens.
P. 111, l. 18: prison.—Les mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22 ajoutent: au Louvre.
P. 111, l. 21: Paris.—Le ms. A 29 ajoute: pensant que l’endemain ils s’en feroyent justice.
P. 111, l. 23: delivrer.—Le ms. A 29 ajoute: et partir à tout leurs bagues de Paris.
P. 111, l. 30: uns sages.—Ms. A 29: comme sage et subtil.
P. 111, l. 31: adonc oster.—Ms. A 29: chevir pour celle foys.
P. 112, l. 4: trois cens.—Ms. B 6: quatre cens. Fo 575.
P. 112, l. 10 et 11: en estoit demandés et par derrière encoupés.—Mss. A 3, 11 à 14: en estoit en derrière encolpé.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: en estoit cause et consentant.
P. 112, l. 11: encoupés.—Le ms. B 6 ajoute: Ches nouvelles vinrent au duc de Normendie comment ly Parisiens estoient triboulés par ches Englès et Navarois. Desquelles nouvelles le duc de Normendie et son consail furent tout joieulx, car par celle voie poroient il bien venir à leur entente. Sy se faindy le duc de Normendie de non yauls guerrier sy fort que il avoit fait par avant. Fo 575.
§ 420. P. 112, l. 12: Quant cil de Paris.--Ms. d’Amiens: Quant chil de Paris se virent enssi herriiet de ces Englès, si furent tout foursenet et requissent au prouvost des marchans que il vosist faire armer une partie de le coummunauté de Paris et mettre hors as camps, car il volloient aller combattre ces Englès qui se tenoient à Saint Clo et là environ. Li prevos leur acorda volentiers, et dist que il ysteroit avoecq yaux pour mieux besongnier, et yssirent un jour de Paris yaux bien vingt deux cens. Quant il furent as camps, il entendirent que chil Englès qui les guerioient, estoient devers Saint Clo; si se avisèrent que il se partiroient en deux parties et prenderoient deux chemins, affin que chil Englèz ne leur pewissent escapper. Si se ordonnèrent enssi et se devoient retourner et rencontrer à un certain lieu, assés priés de Saint Clo. Si se deseverèrent li ung de l’autre, et en prist li prevost des marchans le menre partie. Si tourniièrent ces deux batailles ce meysme jour entour Monmartre, et ne trouvèrent nulle aventure. Toutteffois, li prouvos des marchans, qui estoit nesis d’estre sour les camps et riens faire, rentra en Paris par le porte Saint Martin très remontière.
Li autre bataille, qui cheminèrent plus avant, se tinrent tout le jour sour les camps, et au viespre il s’en revenoient tout hodet et tout lasset, li uns se bachinet en se main; li autres le portoit en unez besaches; li tiers traienoit son planchon ou portoit sen espée à eskierpe; et devoient rentrer en Paris par le porte Saint Hounouré. Si trouvèrent de rencontre ces Englèz ou fons d’un chemin, qui estoient bien quatre cens, c’uns c’aultrez, qui tantost les escriièrent et se ferirent entre yaux. Chil, qui soudainenment se virent assailli, ne tinrent point de conroy, mès coummenchièrent à fuir, chacuns qui mieux mieux, par tropiaux enssi que brebis, et chil Englès lez sieuvoient de prièz, qui les tuoient à vollenté. Là en y eut, sus mains d’une lieuwe de terre, ochis plus de sept cens, et chil furent tout euwireux qui peurent escapper et rentrer en Paris; et dura li cache jusques dedens les barrierrez de Paris. De ceste avenue fu trop durement blaméz li prevos dez marchans de le coumunauté de Paris, et dissent que il lez avoit trahis. Encorres à l’endemain, avint que li proïme et li amit de chiaux qui mort estoient, yssirent de Paris pour yaux aller requerre à kars et à karettez et les corps ensepvelir; mès li Englès avoient mis une embusche sur les camps, et en tuèrent et mehaignièrent de rechiés plus de six vingt.
En tel tourble et en tel meschief et en tel pestilence estoient escheu chil de Paris, et ne se savoient de qui garder. Et vous di qu’il vivoient et estoient nuit et jour en grans souppechons, car li roys de Navarre se refroidoit d’iaux aidier, pour le cause de le pès qu’il avoit juret à son serourge le ducq de Normendie, et pour l’outraige ossi qu’il avoient fait des saudoiiers englès qu’il avoient ochis, et si les avoit mis et envoiiés à leur priierre dedens Paris. Si n’en volloit mies avoir le haynne enviers leurs compaignons, mès consentoit bien que chil de Paris fuissent castiiet, afin qu’il amendaissent plus grandement ce fourfet. D’autre part, li dus de Normendie le souffroit assés, pour tant que li prouvos des marchans avoit encorres le gouvernement de chiaux de Paris; et leur mandoit bien et segnefioit que nulle pès ne leur tenroit jusques à tant que douze hommes de Paris, lesquelx qu’il vorroit eslire, il aroit à sa volenté, mors ou emprisonnés deviers lui.
Vous devés savoir que li prouvos des marchans et chil qui se sentoient fourfet deviers le duch et en se haynne, n’estoient mies bien aise. Si veoient il bien, tout consideret et ymaginet, que ceste cose ne pooit longement demourer en tel estat, car il estoient hay dou duc et n’en pooient issir fors par le mort. Et li coummuns coummenchoit jà fort à murmurer sus yaux. Et disoient li ung à l’autre, par rues et par quarfours où il s’asambloient, que il valloit mieux que douze hommes le comparassent, que li noble chités de Paris fust perdue ne perrie. Fos 110 vo et 111.
P. 112, l. 19: vingt deux cens.—Mss. A 20 à 22: douze cens.—Le ms. A 29 ajoute: bien armés et embastonnés et en belle ordonnance.—Ms. B 6: plus de vingt mille hommes. Fo 576.
P. 112, l. 28: batailles.—Mss. A 8, 9: parties.
P. 113, l. 2: nesis.—Mss. A 8, 9: ennuiez.
P. 113, l. 3: remontière.—Mss. A 8, 9: remontée.—Ms. A 29: haute nonne.
P. 113, l. 13: hodé.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: travailliez et ennuiez.
P. 113, l. 14: en unes besaces.—Mss. A 8, 9: à son col.
P. 113, l. 14: tanison.—Mss. A 8, 9: lascheté et ennuy.
P. 113, l. 15: eskerpe.—Mss. A 8, 9: escharpe.
P. 113, l. 19: quatre cens.—Ms. B 6: cinq cens. Fo 576.
P. 113, l. 19: sorte.—Les mss. A 8, 9 ajoutent: et d’un accort.
P. 113, l. 21: trop.—Les mss. A 8, 9 ajoutent: durement et.
P. 113, l. 26 et 27: ensi que bestes.—Ms. A 29: comme pouvres bestes.
P. 113, l. 27: que mieulz mieulz.—Mss. A 8, 9: qui mieulx povoient.
P. 113, l. 28: sept cens.—Ms. A 29: huit cens.—Ms. B 6: quinze cens. Fo 576.
P. 113, l. 29: poursuivi.—Mss. A 8, 9: tous chaciez.
P. 113, l. 30: blasmez.—Ms. A 29: escharni.
P. 114, l. 5 et 6: plus de six vingt.—Ms. B 6: bien deux cens. Ensy aloit de pis en pis, dont le duc de Normendie n’estoit pas courouchiés. Fo 577.
P. 114, l. 14: Paris.—Le ms. A 29 ajoute: pour garder la cité à l’encontre des Normans.
P. 114, l. 18: le gouvrenement.—Le ms. A 29 ajoute: et l’administration de la communauté et de toute la cité.
P. 114, l. 29: secte.—Mss. A 8, 9: sorte et aliance.
P. 114, l. 29: les.—Mss. A 8, 9: le.
P. 114, l. 30: enfourmé.—Le ms. A 29 ajoute: ne nul remède il n’i savoyent mettre, si le dissimuloyent et passoyent à leur plus bel.
§ 421. P. 115, l. 1: Li prevos.—Ms. d’Amiens: Si eurent li prevos des marchans et cil de sa secte pluisseurs ymaginations et conssaux enssamble coumment il en poroient yssir. Si regardèrent qu’il valloit mieux qu’il demoraissent en vie et en prosperité dou leur et de leurs amis que ce qu’il fuissent destruit. Si tretiièrent deviers ces Englès, qui estoient annemit à le coummunauté de Paris, et deviers aucuns dou consseil le roy de Navare. Et se porta certains traitiés et acors, secretement fais et pourparléz, que li prouvos des marchans et chil de sa secte devoient une nuit ouvrir les portes de Paris et laissier entrer ens ces gens d’armes englès et autres; et devoient courir et rober toutte le chité, et ochir hommes et femmes sans pité et sans merchy, excepté chiaux et celles qui demouroient ès hostelx et ès maisons où ungs signes de croie, telz qu’il devisèrent, devoit estre fais et escrips.
Celle propre nuit que ce devoit avenir, espira et esvilla Dieux aucuns bourgois de Paris qui estoient de l’acord dou ducq, et s’armèrent tout quoiement en leurs maisons et fissent armer leurs amis, et furent bien deux cens d’une sorte, desquelz ungs bourgois de Paris, qui s’appelloit Jehans Maillars, estoit chiés. Si s’en vint li dis Jehans, bien acompaigniés et tous ahastis, à le porte Saint Anthonne, et trouva là le dit prevost des marchans: che fu environ l’eure de mienuit. Se li demanda Jehans Maillars qu’il queroit là à ceste heure, et l’amist tantost de trayson, et li dist qu’il n’y estoit pour nul bien. Li prevost l’en desmenti et dist que si estoit. Tant montèrent les parolles entre yaux deux que Jehans Maillars escria: «A le mort au traiteur!» Et tantost qu’il eult dit ce mot, cil qui estoient dallés lui saillirent avant et ferirent à lui et à ses gens. Si fu là li dis prevos tués et huit hommes de se mesnie. Puis coururent li dis bourgois à leur compaignie par le ville, querant ciaux qui estoient de l’acord le dit prouvost, et en tuèrent pluisseurs qui ne se laissoient prendre, et emprisonnèrent bien soixante qu’il missent en prison en Castelet, à Paris.
L’endemain au matin, la chité de Paris fu moult esmeue, che fu bien raisons; et s’asambla toutte li coumunaulté ou marchiet as halles. Là recorda et remoustra Jehans Maillars, voiant tout le peuple, en quel estat il avoit, le nuit passée, trouvet le prouvost dessus dit et se route, et pourquoy il l’avoit ochis et emprisounnés lez autres, et quel cose chil qui estoient en Castellet, avoient confesset et coumment celle propre nuit li Englès et li Navarois devoient entrer en Paris sus le comfort dou dit prouvost, et tout mettre à l’espée sans remède et sans merchy, hommes et femmes, excepté chiaux qui estoient de le secte le dit prouvost.
Ces parolles oyes, tous li peupples fu moult esmervilliés, et loèrent Dieu de le grace qu’il leur avoit fait. Là fu adviset et conssilliet de coummun acord c’on manderoit le dit duc, leur seigneur, qui estoit au pont de Charenton. Si envoiièrent chil de Paris siis bourgois des plus souffissans et des mieux advisés, liquel montèrent tantost à cheval et s’en vinrent deviers le ducq au pont à Charenton. Si le trouvèrent, le duc d’Orliiens, son oncle, dalléz lui, le seigneur de Saint Venant, monseigneur de Rainneval, monseigneur Raoul de Couchy, monseigneur Ernoul d’Audrehen et pluisseurs autres chevaliers. Se li recordèrent tout l’affaire, si comme vous avés devant oy, et li priièrent en hummelité qu’il volsist venir à Paris, et que li bourgois avoient grant desir de lui veoir et avoir dalléz yaux, et obeir dou tout à lui, enssi c’à leur seigneur.
De ces parolles fu li dus tous joieaus et encorres plus des nouvelles. Si se parti dou pont à Charenton à tout son arroy, et s’en vint à Paris où il fu moult grandement honnourés et festiiés, et touttes les rues jonchées et parées à l’encontre de sa venue. Si pardounna li dus tantost de bonne vollenté l’entreprise que fait avoient de le mort le prouvost des marchans et de chiaux de son accord.
Si remanda li dus la duçoise sa femme, qui estoit à Miaux, et touttes les autres dammes et dammoiselles qui adonc estoient avoecq lui: se vinrent à Paris et y furent bien festiées et bien conjoïes. Si furent justiciet et mis à fin en pluisseurs mannierres tout chil qui estoient emprisonnet en Castelet, qui avoient estet de le partie le prevost des marchans. Depuis se tint li dus de Normendie tout à pès dedens Paris et sans nulle souppechon.
En ce tamps, se deffist li sièges de devant Rennes, qui avoit duret priès d’un an entier; et retourna li dus de Lancastre en Engleterre et touttes ses gens d’armes.
Et messires Carles de Blois envoya ses deux filx, Jehan et Ghuy, en Engleterre, hostagier pour lui, tant qu’il ewist paiiet sa raenchon. Si les rechupt li roys englès liement ou nom de leur père, et les mist en garde par deviers un très bon chevalier loyaul et preudomme, qui s’appelloit messires Rogiers de Biaucamp, et damme Sebille sa femme: cil furent garde des deux enffans dessus diz moult long tamps, si comme vous orés avant en l’istoire.
Or revenrons au roy Charlons de Navarre, qui se tenoit à che donc à Saint Denis, et messires Phelippes ses frères, et pluisseur chevalier et escuier navarois, englès, pickars et de pluisseurs pays, au jour et à l’eure que li prevos des marchans fu tués. Fo 111.
P. 115, l. 1 à 24: Li prevos.... Paris.—Ms. B 6: Or avint que le prouvost des marchans, qui moult se doubtoit des Parisiens et ossy chil de sa secte, et que en la fin le dus ne les tenist à se vollenté, avisèrent que il renderoient et deliveroient la bonne chité de Paris as Navarois de nuit: par quoy chil de qui il se doubtoient seroient corrigiet et pugnit et metteroient tout le leur hors à sauveté, car cheste chose ne povoit longement durer que il ne leur mesvenist par aulcune aventure, et jà en avoient yl oït murmurer sur yauls. Sy se retrairent devers monseigneur Jehan de Pikegni et le conseil du roy de Navare tout secretement à faire leur emprise, et ordonnèrent coment de nuit ly Navarois enteroient ens Paris par le porte Saint Anthoine. Fo 577.
P. 115, l. 1 et 2: de sa secte.—Mss. A 8, 9: de son aliance et accort.
P. 115, l. 5: Normendie.—Le ms. A 29 ajoute: qui mandoit generalement à tous ceux de Paris que nulle paix ne leur tiendroit jusques à tant que douze hommes de Paris, lesquels qu’il voudroit eslire, luy fussent livrés pour en faire et ordonner du tout à son plaisir.
P. 115, l. 13: certains.—Les mss. A 8, 9 ajoutent: trettiés et.
P. 115, l. 15 à 24: estre.... Paris.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: tous prests et ordonnez entre la porte Saint Honnouré et la porte Saint Anthoine tellement que, à heure de mienuit, Anglois et Navarrois devoient tous d’une sorte y venir si pourveus que pour courir et destruire Paris, et les devoient trouver toutes ouvertes. Et ne devoient les dis coureurs deporter homme ne femme, de quelque conversacion qu’ilz feussent, mais tous mettre à l’espée, exceptez aucuns que les ennemis devoient congnoistre par les signes qui seroient mis à leurs huis et fenestres. Fo 188.
P. 115, l. 21 à 23: de quel.... cognoistre.—Mss. A 2, 11 à 14, 18, 19: de quelque estat qu’il feussent, mais tout mettre à l’espée où un signe que les amis avoient (Mss. A 18, 19: devoient congnoistre) entre eulx....
P. 115, l. 25: que ce devoit avenir.—Mss. A 18, 19: que Dieu ne voult ceste chose avenir.
P. 115, l. 25: espira.—Mss. A: inspira.
P. 115, l. 26: esvilla.—Ms. B 6: resvilla. Fo 577.
P. 115, l. 27 et 28 à p. 118, l. 20: Normendie.... recorder.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: desquelz messire Pepin des Essars et messire Jehan de Charny se faisoient chiefs. Et furent yceulx par inspiracion divine, ainsy le doit on supposer, enformez que Paris devoit estre courue et destruite. Tantost ilz s’armèrent et firent armer tous ceulx de leur costé, et revelèrent secretement ces nouvelles en pluseurs lieux, pour avoir plus de confortans.
Or s’en vint le dit messire Pepin et pluseurs autres, bien pourveus d’armeures et de bons compaignons. Et prist le dit messire Pepin la banière de France, en criant: «Au roy et au duc!» Et les suivoit le peuple. Et vindrent à la porte Saint Anthoine où ilz trouvèrent le prevost des marchans qui tenoit les clefs de la porte en ses mains.
Là estoit Jehan Maillart qui, pour ce jour, avoit eu debat au prevost des marchans et à Josseran de Mascon et s’estoit mis avecques ceulx de la partie du duc de Normandie. Et illecques fut le dit prevost des marchans forment arguez, assaillis et deboutez. Et y avoit si grant noise et criée du peuple qui là estoit, que l’en ne pouvoit riens entendre. Et disoient: «A mort, à mort, tuez, tuez ce prevost des marchans et ses aliez, car ilz sont traitres!»
Là ot entr’eulx grant hutin. Et le prevost des marchans, qui estoit sur les degrez de la bastide Saint Anthoine, s’en feust voulentiers fuy, s’il eust peu; mais il fu si hastez que il ne pot. Car messire Jehan de Charny le feri d’une hache en la teste et l’abati à terre; et puis fut feru de maistre Pierre Fouace et autres qui ne le laissièrent jusques à tant que il fut occis et six de ceulx qui estoient de sa secte, entre lesquelz estoient Phelippe Gaiffart, Jehan de Lisle, Jehan Poiret, Simon le Paonnier et Gille Marcel. Et pluseurs autres traitres furent pris et envoiez en prison. Et puis commencèrent à courir et à cerchier parmi les rues de Paris, et mirent la ville en bonne ordenance, et firent grant gait toute nuit.
Vous devez savoir que, sitost que le prevost des marchans et les autres dessus nommez furent mors et pris, ainsi que vous avez oy, et fut le mardi derrenier jour de juillet l’an mil trois cens cinquante huit, après disner, messages partirent de Paris très hastivement pour porter ces nouvelles à monseigneur le duc de Normendie qui estoit à Meaulx, lequel en fut très grandement resjoui, et non sans cause. Si se ordonna pour venir à Paris. Mais avant sa venue, Josseran de Mascon, qui estoit tresorier du roy de Navarre, et Charles Toussac, eschevin de Paris, lesquelz avoient esté prins avecques les autres, furent excecutez et orent les testes copées en la place de Grève, pour ce qu’ilz estoient traitres et de la secte du prevost des marchans. Et le corps du dit prevost et de ceulx qui avecques lui avoient esté tuez, furent atrainez en la court de l’eglise de Sainte Katherine du Val des Escolliers. Et, tous nuz, ainsi qu’ilz estoient, furent estendus devant la croix de la dicte court où ilz furent longuement, afin que chascun les peust veoir qui veoir les vouldroit, et après furent gettez en la rivière de Saine.
Le duc de Normandie, qui avoit envoiez à Paris de ses gens, [et[371]] grant foison de gens d’armes pour reconforter la ville et aidier à la deffendre contre les Anglois et Navarrois qui estoient environ et y faisoient guerre, se parti de Meaulx où il estoit et s’en vint hastivement à Paris à noble et grant compaignie de gens d’armes. Et fut receus en la bonne ville de Paris de toutes gens à grant joye, et descendi pour lors au Louvre.
Là estoit Jehan Maillart delez lui, qui grandement estoit en sa grace et en son amour; et, au voir dire, il l’avoit bien acquis, si comme vous avez oy cy dessus recorder, combien que par avant il feust de l’aliance au prevost des marchans, si comme l’en disoit. Fo 188.
P. 115, l. 32: armer.—Ms. B 6: tout leur linage et bien trois cens bourgois de Paris ens esquels il avoient grant fianche, et puis en allèrent à tout grans fallos et torses deviers la porte Saint Anthoine. Fo 578.
P. 116, l. 20: trahites.—Ms. A 29: Estienne.
P. 116, l. 29: six.—Ms. B 6: dix huit. Fo 578.
P. 116, l. 30: prison.—Le ms. A 29 ajoute: Quant Jehan Maillart eut ainsi exploitté sur le prevost des marchans et sur aucuns de ses complices, il se saisit des clefs de la porte Sainct Anthoine que le prevost tenoit encores en ses poings, depuis qu’il fut occis, voire si estroittement que à peine on les luy povoit oster, et les pendit à son ceinct.
P. 117, l. 3 à 11: si les.... mesfet.—Ms. A 29: Adonc Jehan Maillart les arraisonna, leur demandant qu’ils queroyent là à celle heure et qui les y avoit envoyés. Ils respondirent qu’ils estoyent là commis à garder la porte de par le prevost des marchans, qui avoit la charge et la garde de Paris, et que tantost il devoit là venir. «Par mon serment, dict Jehan Maillart, il n’a talent d’y venir, car veez, ci l’en a bien gardé.» Adonc il leur monstra sa hache encores toute rouge et teincte de sang.
Quant les traistres virent et entendirent que ce dict est, ils furent tous esbahis, si ne sçeurent que penser, fors que leur maistre estoit mort, et eurent grant doubte de leur vie; car là entour veoyent tant de peuple assemblé contre eux que leur deffense n’auroit lieu. Lors leur dist Jehan Maillart: «Vous estes tous de la bande du prevost: si vous fay tous prisonniers, de par le roy nostre sire et la communauté de Paris.» Et ainsi furent tous encoulpés de trahison et prins, et excusance qu’ils en fissent, ne leur proufita riens. Là furent tous ceulx de la secte du prevost saisis et loyés estroittement comme traistres, et menés en fortes prisons en divers lieux; et ceux qui ne se laissoyent prendre doucement, estoyent tantost occis et assommés sans quelque merci.
Celle nuict mesme, aussi en furent prins en leurs licts et maisons plus de soixante, qui tous furent encoulpés de la trahison et du mesme faict dont le prevost des marchans estoit mort; car ceulx qui prins estoyent, confessoyent à tous costés plainement tout le faict. L’endemain au matin, Jehan Maillart fit assembler le plus grant partie de la communauté de Paris au marché des Halles. Là monta sur un echaffaut et remonstra generallement la cause pourquoy il avoyt tué le prevost des marchans. Puis furent jugés à mort, par le conseil des preudhommes de Paris, tous ceux qui estoyent attaincts d’avoir esté de la secte du prevost; si furent tous executés en divers tourments de mort.
P. 117, l. 8: soixante.—Ms. B. 6: quarante de l’amisté et de la secte du dit prouvost lesquels, à l’endemain, on leur coppa les testes comme traites. Fo 578.
§ 422. P. 118, l. 30: Quant li rois.—Ms. d’Amiens: Quant li roys de Navare sceut le verité de le mort le prouvost des marchans, son grant amy, et de chiaux de sa secte, si fu durement tourblés et courouchiés en deux manierres: l’une, pour tant que li prouvos li estoit mout favourablez et amis, et l’avoit aidiet à delivrer de prison et trouvet toudis plains de grant avis et de bon consseil; l’autre raison si estoit telle, qui mout li touchoit à sen onneur, que, par la mort dou dit prouvost et de chiaux de sa secte, li faummes courroit coumunement que, par son enhort et son pourcach, il volloit trahir le duc de Normendie, son serorge, et chiaux de Paris, laquel cose li estoit à son grant blasme et ne faisoit mie à souffrir ne à demourer enssi. Ce li emfourmoit ses consseils: si ques li roys Charles de Navare, comme homs moult ymaginatis, eut pluisseurs considerations et conssaux sus ces raisons, et ne pooit nullement veoir ne trouver qu’il ne deffiast et gueriast le duc de Normendie et le royaumme de France. Si le fist deffiier, de par lui et en son nom, et se parti de Saint Denis et s’en vint à Meslun sus Sainne, où la roynne Blanche, sa soer, estoit. Si se saisi de le ville et dou castel, et retint partout saudoiiers, gens d’armes et compaignons, Gascons, Englès et Espagnolx, Prouvenchiaux, Alemans, Haynuiers, Flamens, Braibenchons et touttez mannierrez de gens qui volloient yestre de son accord. Si en eult ossi pluisseurs ou royaumme de Franche, qui furent de son accord à gueriier le duc de Normendie et le pays; et venoient touttes mannierres de gens deviers lui, pour mieux pillier et gaegnier. Car li royaummes de Franche estoit adonc si gras, si riches et si plains de tous biens, que tout compaignon aventureus s’i traioient vollentiers pour pourfiter.
Si coummencha li rois de Navarre et ses gens, que on appelloit Navarrois, à gueriier le royaumme de Franche tellement que oncques il ne fu si grevés ne si essilliés de par les Englès, qu’il fu par les Navarois. Si coummenchièrent à ardoir et à essillier tout le pays d’entours Paris, et à desrober partout quanqu’il trouvoient, sans deport, à estudiier et à soutillier, à prendre castiaux, villes et fortrèces, les uns par eschiellement, les autres par tretiez et par pourchach de chiaux meysmes qui demoroient ens ès fors, dont li gentilz hommes de France avoient tués leurs amis. S’en fu tantost li noblez et li bons pays dou royaumme de Franche si raemplis de tous lés que nulx n’y osoit aller, venir, yssir, ne chevauchier, fors que pour ardoir et pour pillier. Et se tenoit li roys de Navarre à Mellun sur Sainne, à grant fuisson de gens d’armes; et couroient en Brie, en Gastinois, en Campaingne, et faisoient dou pays et des gens auques leurs vollentés.
D’autre part, messires Phelippez de Navare se tenoit à Mantez sur Sainne, desous Paris; et couroient ses gens en Normendie bien avant, en Biauvoisis et jusques as portes de Paris. A l’autre lés, ravoient li Navarois pris le bonne ville de Cray et l’avoient durement fortefiie; et en estoit cappittainne ungs chevaliers navarrois, bons hommez d’armes durement, qui s’appelloit messires Fourdrigais, et tenoit desoubz lui bien cinq cens combatans. Et estoient chil tout mestre de le rivierre d’Oise et d’Esne, et prissent le castiel de Mauconseil à deux lieuwez de Noyon, où nulx ne demoroit adonc; et en fissent une grant et grosse garnisson qui si constraindoit chiaux de Noyon, que nulx n’osoit yssir hors. Encorrez fu pris en ce tamps li fors castiaux de le Herelle, dont li Navarois fissent une très grant garnisson. Assés tost apriès, vint li captaus de Beus en Franche, à le priière dou roy de Navare son cousin, et à ses gages, et prist par eskiellement le fort castel de Clermont en Biauvoisis.
Ces quatre fortrèches constraindoient si le pays de Picardie, de Biauvoisis, de Franche, de Vermendois, que nulx n’osoit yssir de se maison; et n’estoit chevaliers ne escuiers, ne comtes ne dus, qui alast au devant. Et estoient chil de Paris si comme assis, car touttes les rivierres desoubz et deseure, dont li bien et les pourveanches leur devoient venir, estoient prises et saisies, et li Navarois mestres et souverains.
En ce tamps, fu pris par les Navarrois li fors castiaux de Saint Walery en Pontieu, qui trop durement greva et adamaga le pays de là environ; et en estoient cappittainne messire Guillaumme Bonnemare, un chevalier navarois, et Jehan de Segure, apert homme et hardit as armes mallement. Et avoient chil bien cinq cens compaignons desoubz yaux, et couroient tout le pays de là environ, parmy le comfort de chiaux de le garnisson d’Eu qui se tenoit navaroise; et pilloient et roboient tout le Vismeu et le comté d’Eu et jusques as portes de Dièpe, et tout le Pontieu et environ Abbeville et jusquez à Amiens, et assamblèrent si grant avoir que sans nombre. Fo 111 vo.
P. 118, l. 30: Navare.—Le ms. A 29 ajoute: qui se tenoit à Sainct Denis, et monseigneur Philippe de Navarre son frère, à tout grosse compagnie de gens d’armes, Angloys, Navarroys et autres.
P. 119, l. 1: secte.—Mss. A 8, 9: aliance.
P. 119, l. 20: toute.—Le ms. A 29 ajoute: sauf l’abbaye qu’ils reservèrent, et chargèrent leur pillage sur chars et charrettes et tout emportèrent.
P. 119, l. 21: Et.... Sainne.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: Et envoia gens d’armes le dit roy de Navarre à Melun sur Saynne.—Le ms. B 6 ajoute: une bonne ville et forte en Brie et en Gastinois, qui estoit douaire de la royne Blanche se seur. Fo 579.
P. 119, l. 28: Hasbegnons.—Mss. A 8, 9: Espaignols.—Mss. A 23 à 29: Behaignons.—Le ms. B 6 ajoute: Flamens, Franchois.
P. 120, l. 15: present.—Le ms. A 29 ajoute: quant il eurent sis sept jours.
P. 120, l. 16: Cray.—Mss. A 8, 9: Creel.
P. 120, l. 17: le Herielle.—Mss. A 8, 9: la Harelle.
P. 120, l. 22: en.... restoré.—Mss. A 8, 9: en avant cent ans ne furent reparez ne restorez.
P. 120, l. 29: Segure.—Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19: Segre.
P. 121, l. 1: Abbeville.—Le ms. A 29 ajoute: et tout le Vimeu, toute la comté d’Aumalle, tout le Cayeu.
P. 121, l. 1: le marine.—Mss. A 8, 9: la riviere de Somme.
P. 121, l. 1 et 2: jusques ens ès portes.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: jusques.
P. 121, l. 9: trente.—Ms. A 29: vingt cinq ou trente.
P. 121, l. 18: Fourdrigais.—Ms. B 6: Foudrigas. Fo 580.
P. 121, l. 20: Paris.—Mss. A 3, 7, 18, 19: Noion.
P. 121, l. 29: combatans.—Le ms. A 29 ajoute: tous routtiers.
P. 121, l. 30: Rabigos.—Mss. B 6, A 8, 9: Radigos. Fo 580.
P. 121, l. 30: de Duri.—Ms. B 6: de Bury.
P. 121, l. 30: de Duri, Richars Frankelins.—Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19, 29: de Durichars, Franquelin.
P. 121, l. 31: Hanekins.—Ms. B 6: Hannek.
P. 122, l. 3: toutes les sepmainnes.—Ms. A 29: tous les mois.
P. 122, l. 6: ennemis.—Le ms. B 6 ajoute: D’autre part, à Pons sur Saine, se tenoient aultre Navarrois desquelz messire Ustasses d’Aubrechicourt estoit capitaine, lequelz tenoit tout le pays de Campaigne, durement chiaus de le chité de Troies et ranchonnoit tout le pais, ne nulz n’aloit au devant. Fo 580.
P. 122, l. 6: gens.—Le ms. A 29 ajoute: et par leurs cruautés et tirannies.
P. 122, l. 7: et à tries.—Ces mots manquent dans A 8, 9.
P. 122, l. 7 et 8: ne les labouroit ne ouvroit.—Mss. A 8, 9: ne les osoit labourer ne ouvrer.
§ 423. P. 122, l. 10: Quant li dus.—Ms. d’Amiens: Quant li dus de Normendie, qui se tenoit à Paris, entendi que ces gens d’armes essilloient le pays sus le comfort dou roy de Navarre et qu’il monteplioient de jour en jour, il envoya par touttes les cités et les bonnes villes de Pikardie et de Vermendois, que chacune chité et seloncq se quantité, li envoyast une somme de gens d’armes à piet et à cheval, pour contrester contre les Navarois qui li essilloient son pays. Les citéz et les bonnes villes le fissent vollentiers et li envoiièrent gens d’armes et arbalestriers, seloncq ce qu’il estoient puissans. Si se traissent premierement par devant Mauconseil, pour ce qu’il leur sambla que c’estoit li fors plus legiers à prendre, et qui plus herioit chiaux de Noyon, et le bon pays de Vermendois. Si furent cappittainne de touttez ces gens d’armes et coumugnes li evesques de Noyon qui estoit filx à messire Robert de Loris, messires Raoulx de Couchy, messires Raoulx de Raineval, li sires de Canny et li sires de Roye. Et avoient avoecq yaux pluisseurs chevaliers et escuiers de Vermendois et de là environ, et assegièrent Mauconsseil assés estroitement, et y livrèrent pluisseurs assaux, et constraindirent moult chyaux qui le gardoient et deffendoient.
Quant li compaignon qui dedens estoient, se virent enssi apressé de ces seigneurs de Franche, et que longement ne se pooient tenir qu’il ne fuissent pris et desconffi, si mandèrent leur povreté et signefiièrent à monseigneur Jehan de Pikegni, qui se tenoit adonc à le Herielle et à qui touttes ces fortrèces obeyssoient, en depriant qu’il fuissent comforté et secourut hasteement, ou autrement il les couvenoit rendre à meschief. Quant messires Jehans de Pikegny entendi ces nouvelles, si se hasta d’iaux secourir et assambla ung jour tous chiaux des fors, et firent tant qu’il furent bien mil lanches de bons combatans. Si chevauchièrent ces gens de nuit et vinrent sus une ajournée devant Mauconsseil et se ferirent soudainnement en l’ost des Franchois, qui de ce point ne se gardoient et qui dormoient à petit ghet comme tout aseuret. Si escriièrent li Navarrois leur cri et coummenchièrent à tuer et à decopper gens, et à abattre tentes et trés et à faire ung grant esparssin; car li Franchois furent pris si sour un piet qu’il n’eurent loisir d’iaux armer ne requeillier, mès se missent à le fuite, chacuns qui mieux mieux, deviers le chité de Noyon, et li Navarois apriès.
Là eult grant bataille et dur hustin, et moult de gens mors entre Noyon et Oskans et entre Noyon et le Pont l’Evesque et tout là entours; et gisoient li mors et li navret à fous et à mons par les camps. Et y perdirent chil de Tournay trop grossement, car il y estoient alet en grant estoffe et yaux bien sept cens, mès il furent priès tous mors ou tout pris. Et furent pris li evesques de Noyon, messires Raoulx de Couchy, li sires de Canni et si doy fil, et pluisseurs bons chevaliers et escuiers de là environ, et dura li cache jusquez ens ès portez de Noyon. Ceste bataille fu l’an de grace mil trois cens cinquante huit, le mardi apriès le feste en my aoust, c’on dist le Nostre Dame.
P. 122, l. 11: essilloient.—Mss. A 8, 9: exilloient.
P. 122, l. 18 et 19: une somme.—Mss. A 8, 9: un nombre.
P. 122, l. 23: villes.—Le ms. B 6 ajoute: et par especial cil de Tournay y envoièrent bien cinq cens saudoiers moult bien abilliés. Fo 582.
P. 122, l. 30: herioit.—Mss. A 8, 9: grevoit.
P. 122, l. 30: constraindoit.—Mss. A 8, 9: contraingnoit.—Ms. A 7: constraingnoit. Fo 200.
P. 123, l. 7: environ.—Ms. B 6: Et avoit devant Mauconseil plus de quinze cens hommes, que uns, que aultres. Fo 582.
P. 123, l. 12: malement.—Mss. A 8, 9: durement.
P. 123, l. 24: Cray.—Mss. A 8, 9: Creel.
P. 123, l. 30: mil lances de bons combatans.—Ms. B 6: bien quinze cens combatans, tout d’eslite. Fo 582.
P. 124, l. 2: loing.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: devant lui.
P. 124, l. 6: Saint Jorge! Navare!—Mss. A: leur cry.
P. 124, l. 8: et à faire un grant esparsin.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: à grant exploit.
P. 124, l. 14: Oskans.—Mss. A 8, 9: Ourcans l’Abbaye.
P. 124, l. 16: à fous et à mons.—Mss. A 8, 9: à monceaulx.
P. 124, l. 27: Raoulz de Couci.—Ces mots manquent dans les mss. A 1 à 6, 8, 9, 11 à 22.
P. 124, l. 28 et 29: et si.... Rouvroy.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: et les deux filz au Borgne de Rouvroy.
P. 124, l. 31: escuiers.—Ms. B 6: et y eult plus de seize cens prisonniers. Fo 583.
P. 124, l. 31 et 32: quinze cens et plus.—Ms. B 6: plus de quatre mille. Fo 582.
P. 125, l. 5 et 6: paraidièrent.... desconfiture.—Ms. A 29: parardirent la bonne abbaye d’Oquans et aidièrent à parfaire la desconfiture.
§ 424. P. 125, l. 10: Ceste desconfiture.—Ms. d’Amiens: Ceste desconfiture enorgilli et amonta si les Navarois et leurs routtes qu’il cevauchoient par tout le pays à leur vollenté; car il conquissent là grant avoir et pluisseurs bons prisonniers qu’il ranchounnèrent bien et fort: dont il furent si rice et si puissant que touttes mannierrez de gens estraigniers s’en venoient deviers yaux et s’enboutoient de leurs routtez pour plus pillier et gaegnier. Si fissent cil de Mauconsseil, après ceste bataille, assés plus de maux que devant, car il ardirent et violèrent la belle et le bonne abbeie d’Orkans, dont ce fu dammaigez; et rançonnèrent tout le pays environ yaux, à bleds, à vins et as autres pourveanches pour leurs chevaux. Et aloient de l’un à l’autre jewer et esbattre sans peril et sans rencontre, et ne trouvoient nullui dez seigneurs ne des bonnes villez qui leur destournast ne qui chief en fesist; ains regardoit chacune cité et chacune ville fremmée pour lui, et laissoient le plat pays rober et pillier sans deffensce, ensi que vous avés oy.
Et tousjours se doubtoient de trayson li nobles des coumunez, et li coumun dez gentilx hommez. Pour quoy li noble et li gentil homme dou royaumme ne s’osoient faire chief ne riens entreprendre pour yaux; car, se il leur mesavenist en aucune mannierre, tantost on les amesist de traison. Encorrez disoient assés lez coummunautez des villez et chitéz qui furent devant Mauconsseil, que li gentil homme les avoient tray, et c’estoient cil qui le plus y avoient perdu. Enssi estoient gentil et vilain dou royaumme de France enchantéz et enfantouméz li ung pour l’autre. Et meysmement li dus de Normendie et si frère et leurs onclez li dus d’Orliiens et pluisseur autre contez et baron gisoient tous quoys en le cité de Paris sans yaux bougier, et ne savoient de quel part traire pour delivrer le royaumme des Navarrois, car il en y avoit tant à tous lés que li royaummes en estoit tous plains. Fo 112.
P. 125, l. 13: Cray.—Mss. A 8, 9: Creel.
P. 125, l. 16: prisons.—Mss. A: prisonniers.
P. 125, l. 17: friche.—Mss. A: riches.—Ms. A 7, fo 200 vo.
P. 125, l. 20 et 21: jupons.—Mss. A: gipons.
P. 125, l. 21: à tous hostieus.—Ms. A 7: à toutez manières d’ostielz.
P. 126, l. 1: enterinement.—Mss. A 8, 9: entierement.
P. 126, l. 2: bevenes.—Mss. A 8, 9: bievres.
P. 126, l. 2: d’osterice.—Ms. A 7: d’ostruce.
P. 126, l. 8: d’Oskans.—Mss. A 8, 9: d’Orquans.
P. 126, l. 9: as chapitains.—Ms. A 7: au capitaine.
P. 126, l. 10: sceurent.—Ms. A 7: sot.
P. 126, l. 21: certains saulz.—Mss. A 8, 9: certaines souldées.
P. 126, l. 25: ensonniet.—Mss. A 8, 9: embesoingniez.
P. 127, l. 4: durement.—Les mss. A 7 à 9 ajoutent: et vaillant homme.
P. 127, l. 8: Roye.—Mss. A 8, 9: Rue.
§ 425. P. 127, l. 9: Or avint.—Ms. d’Amiens. Or avint enssi que messires Jehans de Pikegny, qui estoit de le partie le roy de Navare, acquist tant d’accord en le bonne chité d’Ammiens des grans bourgois et d’aucuns dez coumugnes, qu’il y osa bien ung soir venir, sus le fianche des amis qu’il avoit laiiens, à tout bien huit cens lanches, en cause que de prendre le cité et toutte rober; et fist son amas en le Herielle, à trois lieuwez de là, et vint tout de nuit à touttes ses gens d’armes, et trouva la premierre porte appareillie et entra ens à grant bruit.
Chil de le chité s’estourmirent, qui sentirent et entendirent le friente dez gens d’armes. Si se coururent tantost armer et criièrent: «Trahi!» et vinrent vers le porte où li Navarois estoient, et le fremmèrent au plus tost qu’il peurent. Là eut grant hustin et fort, et maint homme mort et reverssé à terre, car c’estoit de nuit: se ne congnissoient l’un l’autre. Et si avoit dedens le cité enclos et repus dez Navarois qui mettoient grant painne à ocire chiaux de le chité; et en fuissent dou tout venut à leur entente et destruit et efforchié le bonne chité d’Amiens, se n’ewist estet le jonne comte de Saint Pol, ungs hardis et entreprendans chevaliers, et li sirez de Fiennez, ses oncles, qui entrèrent à ce donc en le cité, à bien quatre cens lanchez, par une autre porte. Chil recomfortèrent et rencoragièrent grandement chiaux d’Ammiens, et reboutèrent les Navarrois ens ès fourbours de le ville et gardèrent les portes de le cité.
Quant messires Jehans de Pikeny senti que li comtes de Saint Pol et si grant gens d’armes estoient venu en le cité pour comforter et qu’il les reboutoient, si se retraist et retray ses gens tout bellement et fist bouter le feu ens ès fourbours, qui furent tout ars, où il y avoit bonne ville et grosse et pluisseurs belles eglises. Fo 112.
P. 127, l. 14: langage.—Ms. A 7: par soubtil engin et biau langage. Fo 201.—Ms. A 29: par subtils moyens, par promesses et beau langage.
P. 127, l. 17: Navarois.—Le ms. A 29 ajoute: de nuict.
P. 127, l. 19 et 20: celiers.... ville.—Ms. A 29: demeures de un grand nombre de Navarroys lesquels s’estoyent boutés en la cité, ci deux, ci troys, et devoyent ayder à destruire et piller toute la ville, sans nul deport.
P. 127, l. 22: Gauville.—Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 20 à 22: Graville.—Mss. A 23 à 29: Gaville.
P. 127, l. 22: Frikes.—Ms. A 29: Friquet.
P. 127, l. 23: Bekisi.—Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19: Kisy.—Mss. A 8, 9: Bethisi.
P. 127, l. 24: Fourdrigais.—Mss. A 8, 9: Fourdigais.—Ms. A 29: Foudrigay.
P. 127, l. 24: sept cens.—Mss. A 8, 9, 14 à 17, 20 à 22: cinq cens.—Ms. B 6: cinq cens lanches. Fo 580.
P. 127, l. 25: amis.—Ms. B 6: Et il (Jean de Piquigny) y avoit envoiiet, par cinq jours devant, plus de deux cens hommes navarois en le chité d’Amiens et en le maison des bourgois de leur acort, en tonneaulx, sur chars, en manière de vins. Fos 580 et 581.
P. 127, l. 28: repus.—Mss. A 8, 9: muciez.
P. 128, l. 9 et 10: cowardement.—Mss. A: couardement. A 7, fo 201.
P. 128, l. 21: caudement.—Ms. A 7: cautement.
P. 128, l. 25: cilz.—Le ms. A 29 ajoute: noble.
P. 128, l. 26: rencoraga.—Mss. A 8, 9: renforça.
P. 128, l. 27: feus.—Ms. A 29: torches.
P. 129, l. 1: d’autre part.—Ms. A 29: venus en Amiens.
P. 129, l. 3: que.—Le ms. A 29 ajoute: qu’à là longuement demourer.
P. 129, l. 9 et 10: plus de trois mil.—Ms. A 29: bien trois mil.—Ms. B 6: plus de quinze cens. Fo 581.
P. 129, l. 11: perrociaulz.—Mss. A 8, 9: parrocheaulx.
P. 129, l. 12: de deport.—Mss. A: deporté.
P. 129, l. 13: Navarois.—Le ms. A 29 ajoute: vers la Herielle.
P. 129, le 15: prisonniers.—Le ms. A 29 ajoute: dont les plusieurs payèrent grant rançon.
P. 129, l. 15: et.—Le ms. A 29 ajoute: de la Herielle.
§ 426. P. 129, l. 17: Quant li Navarois.—Ms. d’Amiens: Quant li Navarois furent retrait, li comtes de Saint Pol, messires Moriaux de Fiennes et aucuns bourgois d’Ammiens allèrent par aucuns hosteux et prissent de chiaux dont li ville devoit estre gaegnie. Si en furent l’endemain justiciiet quatorze des plus gros, et meysmement li abbes dou Gart, qui avoit conssenti ceste traison et herbregiés en se abbeie une quantité dez Navarois. Ossi assés tost apriès, en furent trainet et justiciiet à Laon six des plus grans et des plus riches bourgois de le chité de Laon; et li evesquez de Laon meysmement souppeçonnés de traison, et se parti de Laon secretement, car, se il ewist estet tenus, il euist estet mal pour lui. Telz aventurez, telz meschiés et tellez amisses avenoient adonc ens ou royaumme de Franche. Pour ce se tenoient li seigneur, li chevalier et les bonnes villes, chacuns sus se garde, car on ne se savoit de qui garder.
En ce tamps que li dus de Normendie et si frère se tenoient à Paris, n’osoit nulx marchans ne autres yssir de Paris, ne aller aval le pays, ne n’y pooit marchandise venir ne yssir; car li rois de Navarre se tenoit à Melun sus Sainne, deseure Paris, et messires Phelippes de Navarre ses frères, à Mantes, desoubz Paris: par quoy riens ne pooit par le rivierre venir à Paris, ne par le terre ossi, sans le dangier des Navarois. Si y avint si grans chiers tamps que on vendi un tonnelet de herens trente escus. De l’aigue [de mer] et de sel n’y pooit nulx recouvrer, fors par le coummandement des ministres dou duc; et le faissoit as gens achater pour estordre plus grant argent pour leurs saudoiiers paiier, car les rentes et les revenues dou dit duc en autre mannierre estoient touttes pardues. Fo 112.
P. 129, l. 28: dix sept.—Ms. A 29: dix huit.
P. 130, l. 6: tenus.—Les mss. A 8, 9 ajoutent: il eust esté.
P. 130, l. 11: Meleun.—Mss. A 8, 9, 15 à 22: Mante.
P. 130, l. 11: Sainne.—Le ms. A 29 ajoute: où il s’estoit retraict de Saint Denis.
P. 130, l. 11: liement.—Le ms. A 29 ajoute: et reconforta et promit à faire de grans biens.
P. 130, l. 20: que il en fesissent assés.—Ms. A 29: qu’ils firent de grands maux sans nombre.
P. 130, l. 26: Navarois.—Le ms. A 29 ajoute: et de leurs aydans.
P. 130, l. 30: escus.—Le ms. A 29 ajoute: d’or.
P. 130, l. 31: moroient.--Le ms. A 29 ajoute: en moult de lieux.
P. 131, l. 3: de sel.—Le ms. A 29 ajoute: pour argent ne autrement.
P. 131, l. 6: saudoiiers.—Ms. A 29: les gens d’armes que le duc entretenoit.
P. 131, l. 7: toutes.—Le ms. A 29 ajoute: ou en partie.
§ 427. P. 131, l. 9: Moult acquisent.—Ms. d’Amiens: Moult acquist li jonnes comtes de Saint Pol grant grace dou secours qu’il avoit fait à chiaux de le chité d’Ammiens, et se coumencièrent tout li chevalier et li escuier de Picardie à raloiier à lui. Si avint qu’il avisèrent, l’un parmy l’autre, qu’il yroient devant Saint Walleri, qui trop grant dammaige leur portoit. Si se queillièrent tout chevalier et escuier de Pikardie, d’Artois et de Vermendois, et fissent dou dit comte de Saint Pol leur souverain, et s’atrairent tout par devant le ville et le castiel de Saint Walleri et l’asegièrent fortement et estroitement, et y fissent venir tous les enghiens, grans et petis, et akariier d’Ammiens à Abbeville. Là eut un grant siège et loing, et qui cousta grans deniers au pays de Pikardie; mais chacuns chevaliers et escuiers y estoit à ses frès ou à delivranche des plus grans barons dou pays, et les bonnes villez ossi à leur frès. Si en furent chil d’Abbeville durement cuvriiet de vivres et de pourveanches.
Si se tint li sièges devant Saint Walleri tout un ivier, l’an mil trois cens cinquante huit. Et y eut pluisseurs assaux et escarmuches et maintes belles appertisses d’armez faittez; car c’estoient touttes bonnes gens d’armez qui devant seoient: li comtes de Saint Pol premierement, messires Moriaux de Fiennes, ses oncles, li sirez de Chastillon, li sires de Pois, li sirez de Cresèquez, li sirez de Sauci, li sires de Montsaut, li sires de Roye, li sires de Kikenpoi, li sires de Cantemerle, li sires de Merle, li sires de Creki, messire Raoul de Rainneval, li sirez de Saint Pi, li castellains de Biauvais, messires Bauduins d’Ennekins, messires Oudars de Renti, messires Jehans de Ligny, messires Loeys de Haveskerkes, li sires de Saint Venant, marescaux de Franche, li sires de Brimeu, li sirez de Baucyien, li sirez de Bourberk et maint autre bon chevalier et escuier. Et ossi en y avoit de Haynnau et de Flandrez, qui y estoient venut à le priière d’aucuns de lors amis qui là estoient; et avoient empris que de là ne partiroient, jusquez à tant qu’il aroient le fortrèce. Par dedens estoit messires Guillaummes Bonnemare, et Jehans de Segure, appert homme durement, qui faisoient souvent armer lors compaignons, qui bien estoient cinq cens combatans, et venoient as barrières de leur fortrèce escarmuchier as Franchois, et y faisoient tamaintez belles appertises d’armes; une heure gaegnoient et l’autre perdoient. Fo 112 vo.
P. 131, l. 17: no.—Ms. A 7: nostre. Fo 201 vo.
P. 132, l. 24: Segure.—Mss. A 11 à 14: Sugueres.
P. 132, l. 24: appert.—Les mss. A 18, 19 ajoutent: et vaillans.
P. 133, l. 2: combatans.—Ms. A 29: moult vaillans compagnons.
P. 133, l. 5: les engiens.—Ms. A 29: des plus grans engins.
P. 133, l. 6: assir.—Ms. A 7: asseoir. Fo 202.
P. 133, l. 7: cuvrioient.—Ms. A 29: travailloyent.
P. 133, l. 13: Beus.—Mss. A 8, 9: Beuch.
P. 133, l. 29 et 30: chaingles.—Mss. A 8, 9: braies.
P. 134, l. 9 et 10: grawés.—Mss. A 8, 9: grans cros.
p. 134, l. 11 et 12: ensi.... pluiseurs.—Ms. A 29: contremont jusques aux creneaux de la tour, laquelle estoit à terrasse, un fort et subtil eschelleur ainsi comme un chat, allant en hault, dont tous avoyent trop grans merveilles, nommé Bernard de la Salle, qui estoit natif d’Auvergne: maint chastel et mainte bonne ville eschela il en son temps, dont ce fut pitié.
P. 134, l. 13: Clermons.—Ms. A 29: la forte tour et le chastel de Clermont en Beauvoisin.
P. 134, l. 15 et 16: et cuvriièrent.—Ms. A 29: moult par courses et autrement.
P. 134, l. 16: Vexin.—Ms. A 29: Verquechin.
P. 134, l. 18: Cray.—Ms. A 29: Craeil.—Mss. A 8, 9: Creel.
P. 134, l. 18: le Herielle.—Mss. A 8, 9: la Harèle.
P. 134, l. 19: tous li plas pays.—Ms. A 20: toute celle marche.... et par especial le plat pays.
P. 134, l. 20 et 21: Et.... Saint Waleri.—Ms. A 29: Et tousjours se tenoit le siège des bons chevaliers et escuyers de France et des communaultés devant Saint Valéry, devant laquelle ils avoient sis longuement sans nul prouffit.
§ 428. P. 134, l. 22: Ensi estoit.—Ms. d’Amiens: Entroes que li sièges fu devant Saint Wallery, avinrent pluisseurs aventurez d’armes par le royaumme de Franche, pluisseurs prises et escellemens de villes et de castiaux en Brie, en Gastinois, en Bourgoingne et en Campaingne: dont pluisseur chevalier et escuier de diviers pays estoient cappittainne. Et tout le plus rice de ces capitains, et qui plus avoit maintenu le russe dou tamps passet, on l’appelloit messire Robert Chanolle. Chilx finast bien très donc de deux cens mille florins et de quarante bons castiaux qui estoient à son coummandement. Et si avoit gaegniet le bonne cité d’Auchoire, et ranchonnet et robet touttez les villes de là entours, deux ou trois journées loing, et tout jusques à Tonnoirre et jusques à Verselay, d’une part, et d’autre part toutte le rivierre de Loire, de Nevers jusques à Orliiens, et tous les fourbours d’Orliiens ars et essilliés par force de gens jusques as portez. Et avoit gaegniet et detenue le noble maison que on claimme Castiel Noef sour Loire: si tenoit dedens ses garnisons et avoit bien, quant il volloit, deux mil ou trois mil combatans. Et disoit bien qu’il ne faisoit point guerre pour le roy d’Engleterre ne le roy de Navare ne pour nullui, fors pour lui meysmez, et portoit en ses devises, escript de lettrez de broudure:
D’autre part, par deviers Pons sur Sainne, en Brie, en Campaigne et sur le rivierre de Marne et par deviers Troies et Prouvins, se tenoient autre guerieur, qui avoient pluisseurs autres cappittainnes: desquelx li uns avoit nom messires Pièrez d’Audelée, chevaliers englès, qui estoit grans et saiges gueriières. Et si y estoit uns chevaliers de Haynnau, que on clamoit monseigneur Ustasse d’Aubrecicourt, appert et hardi chevalier durement et bon guerieur ossi; et si estoit ossi adonc en Campaingne ungs escuiers d’Alemaigne que on clammoit Albrest.
Ces trois chapittainnez tenoient, en le marche que je vous ay noummet, plus de soissante castiaux et fortes maisons, et avoient bien deux mil combatans, et avoient mis tout le pays en leur subjection et ranchonnet et robet à leur vollenté, sans merchy. Et avoient pris et destruit Danmari, Esparnay, le bonne ville de Vretus et par toutte le rivierre de Marne jusques au Castiel Thieri, et tout ensi entours le cité de Rains, de Caalons, de Troies, et par tout le pays de Campaigne jusquez à Retheis et jusques à Bar sour Aube. Et avoient gaegniet le bonne ville de Ronay et le fort castiel de Hans en Campaigne, et tout pris et robet, quanque trouvet y fu, et ranchounnet et robet le remannant dou pays et de tous ces pays deseure diz jusquez à Sainte Meneheus en Partois.
Et estoit Nogant sus Sainne li maistre fortrèche de monseigneur Ustasse d’Aubrecicourt, et estoit souverains et tenoit gens en ces garnisons à Pons sus Sainne, à Dameri, à Luchi, à Saponay, à Trochi, à Arsi et en pluisseurs autres fortrèces que je ne say noummer.
Et plus avant, sus le marche de Bourgoingne et de Partois, se tenoient messires Jehans de Noef Castiel, apers chevaliers et fors guerieurs durement, et avoecq lui Tieubaut de Chautfour et Jehans de Chautfour, et pilloient et roboient tout le pays entours Lengre, Trichastiel, Chaumont en Bassegny, et avoient leur retour en un castiel c’on claimme Montsaugon, et l’avoient si fortefiiet qu’il ne doubtoient nul homme: ossi il i estoient tout asegur, car nulz ne leur contredisoit leurs chevauchies. Fo 112 vo.
—Ms. B 6: Ensi se monteplièrent grant foison de maulx et de iniquités ens ou noble royalme de Franche: par quoy ung grant chier tamps en vint et nasqui depuissedy. Et les terres demorèrent vaghes et les vingnes à labourer. Toutes marchandises estoient sy mortes et si perdues que nul n’osoit aller ne venir parmy le royalme de Franche, car c’estoient pilleurs, robeurs de tout pais, au title du roy de Navare. Et estoient chil pillars maistre et souverain des camps, des chemins et des rivières. Et estoient ly chevalier et les seigneurs tout ensongniés de garder leur fortresses, car on leur embloit et prendoit toutes les nuis et tous les jours. Le jouene sire de Couchy en estoit si contrains qu’il faisoit garder ses castiaus à ses despens. Fo 583.
P. 134, l. 22: ensonniiés.—Mss. A 8, 9: embesoigniez.
P. 135, l. 15: Albrest.—Mss. A 20 à 22: Albert.
P. 135, l. 29: Ronay.—Mss. A 3, 11 à 14: Rouvroy.—Ms. A 2: Rouvoy.—Mss. A 18, 19: Renveroy.—Ms. A 29: Rouvroy.
P. 136, l. 4 à 7: Cils.... Arsi sus Aube.—Mss. A 20 à 22: Ce messire Eustace tenoit dessoubs lui en Champaigne pluseurs forteresses: Pons sur Saine estoit sa chambre, Nogent sur Marne, Amery, Lucy, Saponnay, Dorichy, Archy sur Aube.
P. 136, l. 6: Troci.—Ms. B 4: Crecy. Fo 198 vo.
P. 136, l. 10: Caufour.—Ms. A 7: Chaufour.
P. 136, l. 13: Montsaugon.—Ms. A 7: Montsangon. Fo 203.
P. 136, l. 13: quatre cens.—Mss. A 23 à 29: trois cens.
§ 429. P. 136, l. 20: D’autre part.—Ms. d’Amiens: D’autre part, par deviers Soissons et entre Laon et Rains, se tenoient autre robeur et pilleur qui desroboient et ranchonnoient tout celui pays de là entour jusques à Chaalons et toutte le terre le seigneur de Couchy et le comte de Roussi, hors mis les fortrèches que chil doy seigneur faisoient bien garder par gens d’armez qu’il avoient retenu à lor gaiges et à lors frès. Chil guerieur se tinrent longement en le ville de Velli et l’avoient bien fremmée et durement remforchie, et estoient bien six cens combatans et plus. Il avoient ung capitain à qui il obeissoient dou tout, qui leur dounnoit certains gages et retenoit Allemans et tous compaignons qui à lui volloient demourer; et le appelloit on Rabigot de Dury et estoit Englès. Et si avoit un autre avoecq lui, appert homme durement qui se faisoit Englès, que on clammoit Robin l’Escot.
Chilx Robins ala ens ès festes dou Noel gagnier sauvagement par nuit le fort castiel de Roussi, et prist dedens le propre comte de Roussi, madamme se femme et madammoiselle leur fille et tous chiaux qui y furent trouvés, et touttes les pourveanches dou castiel qui estoient mout grandez, et fu toutte li ville robée. Si fist li dis Robins dou castiel et de le ville une grant garnison qui puisedi greva durement le pays de là entours. Et si ranchounna le dit comte, madamme se femme et leur fille, à douze mille florins au mouton, et si detint le ville et le castiel tout l’ivier et l’estet apriès qui fu l’an cinquante neuf. Et li comtes devant dis s’en alla tenir à Laon et là où il li pleut le mieux. Ensi estoit li pays foulléz et desollés de tous lés; ne on ne savoit auquel entendre. Et ne faisoit on en tous ces pays nulx ahans de terre: de quoy ung moult chier tamps de bleds et d’avainnes en nasci puisedi ou royaumme de France. Et, se ce n’ewist estet li comtés de Haynnau dont pourveanches leur revinrent, il ewissent eu plus de disette de fain, coumment que les povres gens en eurent tammaintes. Et n’osoit nulx marchans aller ne venir par le royaumme de Franche, ne menner se marchandise, se ce n’estoit par saus conduis qu’il acattoient bien et chier à ces guerieurs par qui fortrèches et passages il lez couvenoit passer, mès chela tenoient il ossi loyaument comme fesist li roys d’Engleterre. Fos 112 vo et 113.
P. 136, l. 23 à 26: et parmi.... faisoient.—Mss. A 11 à 14: et parmi la terre du sire de Coucy. Icelui sire de Coucy faisoit....
P. 136, l. 29: Velli.—Ms. B 6: Vailly. Fo 583.—Ms. A 29: un grand chastel de celle marche nommé Voeilly.
P. 136, l. 31: Rabigos.—Ms. B 6: Radigos. Fo 586.
P. 136, l. 31: Duri.—Mss. A 20 à 22: Duroy.
P. 137, l. 19: florins.—Ms. A 29: escus.—Ms. B 6: moutons. Fo 584.
P. 137, l. 21: apriès.... neuf.—Ms. A 29: jusques à la fin d’aoust, qui fut en l’an mil trois cens soixante et un.
P, 137, l. 23: Laon.—Ms. A 29 ajoute: et là il chevauchoit souvent avecques les routtes pour recouvrer sur les ennemis ses pertes, et moult leur porta de grans dommages.
P. 137, l. 25 à 27: Et en celi.... puissedi.—Ms. A 29: En ce temps nuls labouriers n’ahannoyent ne cultivoyent les terres par tout l’evesché de Laon, ne au pays de là environ, fors les vignes joignans aux murs de la cité. Et encores estoit ce à grant redout, tant y avoit il de pillars et de routtiers à tous lés sur le pais, dont un si cher temps en nasquit depuis qu’on ne sçavoit où recouvrer de froment, pour or ne pour argent; et ne mangeoient les pouvres gens que pain d’aveine ou de fèves ou herbes que les plusieurs cuisoyent et en vivoyent.—Ms. B 6: On ne vous pouroit pas recorder en ung jour d’estet les grans persecutions, les pillaiges, les roberies et les grans fais d’armes qui furent et avinrent en che tamps ou noble roialme de Franche. Fo 584.
§ 430. P. 137, l. 28: En ce temps.—Ms. A 29: En l’an de grace Notre Seigneur mil troys cens soixante et deux, un petit après Pasques.
P. 138, l. 1: Pinon.—Mss. A 18 et 19: Pignon.
P. 138, l. 11: Craule.—Ms. A 29: Craonne.
P. 140, l. 6: tamainte.—Ms. A 7: mainte. Fo 203 vo.
P. 140, l. 9: remontière.—Ms. A 7: remontée.
P. 140, l. 32: fist.—Les mss. A ajoutent: car il n’eussent peu durer longuement. A 7, fo 204.—Les mss. A 1 à 6, 11 à 14 ajoutent: car ilz estoient les plus foibles.
§ 431. P. 141, l. 5: deux ou trois.—Ms. A 29: jusques à six hommes d’armes moult felonnessement, tant que les aultres en furent durement esbahis.
P. 141, l. 8: tamaint.—Ms. A 7: maint. Fo 204.
P. 141, l. 11: et si durs.—Ces mots manquent dans les mss. B 4 et A 7.
P. 141, l. 17 et 18: de.... quinze.—Ms. A 7: mie quinze des trois cens.
§ 432. P. 141, l. 23: Ensi que.—Ms. d’Amiens: Or revenons au siège de Saint Wallery. Enssi que je vous ai chy dessus dit et comptet, li signeur de Picardie, d’Artois, de Pontieu et de Boullenois sirent ung grant temps devant Saint Walleri; et y fissent tamaint assaut et jettèrent tamainte grosse pière d’enghien, et travillièrent durement chiaux de le fortrèche. Ossi il se tinrent et deffendirent tout ce temps si vaillamment que nulle gens mieux, car il estoient pourveu de bonne artillerie. Et si estoient fuisson d’apers compaignons: si ques, quant on les assailloit, il se deffendoient de grant vollenté.
Or avint, entre les autres aventures, que uns bons chevaliers de Pikardie, que on appelloit le seigneur de Bauchiien, estoit une fois à l’assaut devant le fortrèche; si fu très d’un quariel d’une espringalle tellement que li quarriaux li percha touttez ses armures et ferri d’autre part en terre. Et chei là li chevaliers navrés, de laquelle navrure il morut: dont il fu mout plains en l’ost, mès on ne le peut adonc amender. Li très que chil de Saint Wallery faisoient à chiaux de l’ost de kanons, d’espringhalles et d’ars à tour, les grevoit plus que nulle autre cose. Ossi li grant enghien qui estoient en l’ost, qui jettoient nuit et jour pierrez dedens le fortrèche, les constraindo[ien]t plus c’autre cose. Au siège de Saint Wallery, et par devant, avoit bien trente mil hommes, c’à piet, c’à cheval.
Si se tint ylluecques li sièges de l’issue d’aoust jusquez au quaremme, que les pourveanches de Saint Wallery furent touttes passées et aleuwées. Dont se coummenchièrent à esbahir cil qui estoient dedens, car nulles pourveanches ne leur pooient venir; et si ne veoient point d’aparant de nul secours de nul part. Si eurent conseil qu’il [se] trairoient deviers les Franchois; si tretiièrent par deux jours ou par trois, ainschois que il pewissent venir à acord. Et encorres, se li comtes de Saint Pol et li seigneur de Franche qui au siège se tenoient, ewissent sceut l’estat de dedens et coument il estoient au coron de leurs pourveanches, ilz ne les ewissent mies si legierement laissiés passer. Messires Guillaummes Bonnemare et Jehans de Segure et tout leur compaignon se partirent, parmy tant qu’il ne metoient riens hors de Saint Wallery, fors ce seullement qu’il en pooient porter devant yaux. Enssi fu li fortrèce rendue et remise en le main dou comte de Saint Pol. Fo 113.
P. 141, l. 25: Boulenois.—Les mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19 ajoutent: et du pays d’environ.
P. 142, l. 2 à 5: car.... barrières.—Ms. B 6: car il y avoit dedens plus de cinq cens combatans qui se venoient tous les jours esprouver as barrières. Fos 584 et 585.
P. 142, l. 7: Bauciien.—Ms. A 23: Geancien.
P. 142, l. 9 et 10: d’un quariel d’espringalle.—Ms. B 6: d’un trait d’un canon. Ung jour perdoient chil de l’ost, et l’autre jour gaignoient, car il y avoit là plus de trente mille hommes, que uns, que aultres. Fo 585.
P. 143, l. 25: le conte d’Evrues.—Ms. A 29: c’est assavoir le conté d’Evreux.
P. 144, l. 2: secretement.—Ms. A 29: très secretement.
P. 144, l. 3: trois mil.—Ms. B 6: environ quinze cens lanches.
P. 144, l. 4 à 10: Là.... possession.—Ms. A 29: Là estoyent le jeune conte de Harcourt, le sire de Granville, monseigneur Robert Canolle, messire Jehan de Piquegny et plusieurs autres chevaliers et escuyers, lesquels monseigneur Philippe avoit amenés à trois lieues près de Sainct Valery, le propre jour que la ville et le chastel avoyent esté rendus au connestable de France et au conte de Saint Pol.
P. 144, l. 5: Graville.—Mss. A 8, 9: Gauville.
P. 144, l. 42: les.—Ms. A 29: se.
§ 433. P. 144, l. 45: Encores estoient.—Ms. d’Amiens: Le jour apriès que chil de Saint Wallery se furent parti, vinrent nouvelles au comte de Saint Pol et as seigneurs de Franche que messires Phelippez de Navarre et li Navarrois estoient sour lez camps, à trois lieuwes priès d’iaux. Ces nouvelles estoient vraies, car voirement s’estoit li dessus dis messires Phelippes avanchiés pour venir lever le siège de Saint Walleri, et avoit bien trois mil combatans.
Quant li comtes de Saint Pol et messires Moriaux de Fiennes et li chevalier de Franche entendirent que li Navarois estoient si priés d’iaux, si eurent consseil et vollenté de chevauchier contre yaux, et que d’iaux combattre, se il les trouvoient. Si prissent tantost les camps au lés par deviers Oisemont, où on leur dist que li Navarrois estoient traix.
Ces nouvelles ossi vinrent à monseigneur Phelippe de Navarre et à monseigneur Loeis, son frère, et à monseigneur Jehan de Pikegny qui les menoit, que Saint Wallery estoit rendue, et que li Franchois cevauchoient sus yaux et estoient bien trente mil. Dont eurent consseil chil seigneur dessus dit qu’il se retrairoient, car il n’estoient mies gens pour yaux attendre ne combattre. Si se retraient tout bellement deviers Loingpret et sus celle rivierre de Somme, pour revenir par deviers Vermendois.
Quant li Franchois furent venut à Oizemont, il trouvèrent que li Navarrois estoient retret. Si se partirent de là et chevauchièrent, qui mieux mieux apriès. Or avoient il en leur ost grant charroy et mout de gens à piet; si ne pooient faire grandez journées. Et ossi li Navarrois avoient grant fuison de chevaux fouliez; si ne pooient faire grant esploit. Tant les pourssuiwirent li Franchois que, à heure de nonne, il les virent sour les camps, où il estoient descendu et buvoient un cop. Si tost qu’il les virent, il fissent touttes leurs gens aroutter et ordounner enssi que pour tantost aller combattre.
Quant li Navarois lez perçurent, ilz se hastèrent dou plus tost qu’il peurent, et recenglèrent leurs chevaux et montèrent et se partirent; et estoient adonc à une petitte lieuwe dou castiel de Lonch en Pontieu. Si prissent le chemin pour venir celle part, et li Franchois apriès, tous rengiés et tout ordonné pour combattre; et ne faisoient mies trop grant compte d’iaux fourhaster, car il veoient bien que li Navarois tiroient à venir à Lonch, et laiens les volloient il enclore.
Or vinrent li Navarois à Lonch et se boutèrent dedens et leurs chevaux et ce qu’il avoient de pourveanches, che n’estoit point gramment, et cloïrent le porte dou castiel. Li Franchois vinrent assés tost par devant le fortrèche; si se logièrent, car il estoit jà heure de logier. Et avoient li pluisseur entr’iaux grant joie de ce qu’il sentoient layens enclos lez Navarois, car à l’endemain il quidoient bien tantost avoir le maison gaegnie par assault. Si se tinrent tout aise et tout joieaus celle nuit.
Quant ce vint à l’endemain, il s’armèrent tout coumunaument et approchièrent le castiel pour assaillir. Adonc eurent li comtes de Saint Pol, li sires de Fiennes et li aucun chevalier consseil que on n’assauroit point à le fortrèche, car on y poroit trop perdre de gens, mès envoieroient querre cinq ou six grans enghiens à Amiens, qui jetteroient au fort et qui le debriseroient tout; par enssi les aroit on sans dammaige. Li autre partie des chevaliers et des coummunautés volloient que sans delay on les allast assaillir: enssi furent il en diviersses oppinions. Touttesvoies, tout consideret, on eut consseil d’attendre les enghiens, et fu tenus li premiers pourpos.
Quant messires Phelippes de Navarre et chil qui layens estoient, virent qu’il ne seroient point assailli, si en furent tout joyant, mès bien penssèrent et de ce se doubtèrent c’on les voroit laiens afammer. Si eurent consseil que, le soir qui venroit, il se partiroient quoiement tantost apriès jour falli, et seroient moult eslongiet ainschois que li Franchois sewissent riens de leur couvenant; et ne les pooient mies ossi sieuwir trop hastiement, car il menoient grant charroy, et si avoient pluisseurs gens à piet.
Chilx conssaux fu tenus. Li jours passa sans riens faire, dont il anoioit moult à aucuns de l’host c’on ne les assalloit, car li fortrèche ne leur sambloit point forte que par assault il ne le pewissent bien avoir. Quant la nuis fu venue, li Navarois ordonnèrent touttes leurs besoingnez et ensellèrent lors chevaux, et tourssèrent et s’armèrent; et enssi que dou premier somme, tout quoiement il se partirent et prissent le chemin pour venir deviers Peronne en Vermendois. Si chevauchièrent fort et royt et furent bien eslongiet trois lieuwes, ainschois que li Franchois en sewissent riens.
Quant lez nouvelles furent venues en l’ost que li Navarois estoient parti, si furent touttes mannierres de gens moult esmervilliet. Et s’armèrent tantost chacuns qui mieux mieux, et montèrent as chevaux, et requeillièrent tout leur arroy et chargièrent lors chars, et puis se missent au chemin enssuiwant lez esclos des Navarois. Fo 113 vo.
P. 144, l. 16: ne s’estoit partis.—Ms. A 29: ne s’osoit partir sans le commandement du connestable de France et de monseigneur le conte de Saint Pol qui là estoient.
P. 144, l. 17: partir et tourser tentes et trés.—Ms. A 29: tout trousser et maler et partir.
P. 144, l. 19: trois.—Mss. A 8, 9, 15 à 17: quatre.
P. 144, l. 19 et 20: à mains de trois liewes.—Ms. A 29: à trois lieues.
P. 144, l. 23: Renti.—Ms. A 23: Roucy.
P. 146, l. 9: deux grans liewes.—Ms. A 29: de plus de troys lieues.
P. 146, l. 12 à 14: Les.... secretement.—Ms. A 29: Quant le connestable de France, le conte de Sainct Pol et les seigneurs de Picardie qui là estoyent, veirent que ces Navarroys leur eschappoyent ainsy, ils en furent moult dolens.
§ 434. P. 146, l. 20: Quant li jours.—Ms. d’Amiens: Quant jours fu venus, si chevaucièrent li ung et li autre, mais li Navarrois avoient grant avantaige. Et bien leur faisoit mestier, car li Franchois s’esploitièrent tant ce jour qu’il vinrent au soir à deux lieuwes priés d’iaux, et se logièrent tous en ung biau plain assés priès de Peronne, car il veoient par les fummières que li Navarois estoient logiés. Si se aisièrent et li une ost et li autre de ce qu’il avoient. Environ mienuit, se deslogièrent li Navarois et bouterent le feu ens leurs logeis. Si chevauchièrent à l’aise de lors chevaux par deviers Saint Quentin.
Li Franchois, de leurs logeis, virent bien que li Navarrois se partoient; si sonnèrent leurs trompettez et s’armèrent au plus tost qu’il peurent, et s’aprestèrent de tous poins et montèrent as chevaux, et ordonnèrent que cil de piet venissent à leur aise tout bellement avoecquez le charoy, car il chevaucheroient devant pour ataindre lors ennemis. Si comme ordounné fu, il fissent: li seigneur montèrent et se missent au chemin et sieuwirent les esclos des Navarrois, qui cevauchoient fortement. Environ eure de tierche, il regardèrent derierre yaux et perchurent que li Franchois les approchoient durement, et qu’il estoient à une lieuwe priès d’iaux.
Si se vont coummenchier li aucun à esbahir, car il avoient moult de leurs chevaux foullés. Dont s’avisèrent li seigneur que, se il trouvoient aucunne place à bien petit d’avantage, il s’aresteroient et metteroient en ordounnanche de bataille, et attenderoient les Franchois à l’aventure de Dieu; car, par enssi fuir, il se poroient tout perdre. Si chevauchièrent encorres avant et tant que, environ prangière, il vinrent en ung vilage c’on claimme Toregny, à deux lieuwes de Saint Quentin et sus le costière; et siet Toregny hault sus un tierne dont on voit tout le pays environ. Il se vont là arester et mettre tout à piet et en bon couvenant, et ordounnèrent trois batailles: en chacune avoit sept cens combattans et trois cens archiers.
Et là fist messires Phelippes de Navarre le jouene comte de Halcourt chevalier, filz au comte de Halcourt que li rois Jehans fist mourir à Roem; et là leva bannierre, et li hoirs de Graville ossi. Et y fist messires Phelippes de Navarre pluisseurs chevaliers nouviaux, et moult bellement recomforta ses gens, et leur dist et pria qu’il ne s’esbahesissent de riens, se il estoient petit; car ou grant mont ne gist mies li fortunne, mès là où Dieus l’envoie: «Et mieux nous vaut atendre l’aventure à nostre hounneur que fuir et morir à deshonneur.» Il disoient que c’estoit voirs, et bien li affioient que chierement venderoient leurs vies. Fo 113 vo.
P. 147, l. 4: recreans.—Ms. A: recreus. Ms. A 7, fo 205.
P. 148, l. 2: Graville.—Ms. A 7: Gauville. Fo 205 vo.
P. 148, l. 3: combatre.—Le ms. A 17 ajoute: nonobstant que les François estoient six contre un, qui faisoit bien à ressongner, car c’est grant chose de veoir six loups sur une brebis.
§ 435. P. 148, l. 4: Onques li François.—Ms. d’Amiens: Oncques si tost li Franchois ne peurent venir que li Navarois ne fuissent bien ordounné et mis en trois batailles, tous leurs archiers devant yaux, et chacuns seigneurs devant se bannière et se pennon. Quant li baron et li chevalier de Franche en virent le couvenant, si s’arestèrent enmy les camps et puis se missent tout à piet, et s’avisèrent qu’il attenderoient le remannant de leur host, ainschois qu’il alaissent combattre les Navarrois. Si le fissent, mès nonpourquant n’atendirent il mies à faire leurs batailles, et en firent jusques à trois bien estoffées et bien ordounnées, et partirent leurs bannierres et leurs pennons par droite ordounnanche d’armes. Et ordounnèrent et estaublirent chiaux qui premierement yroient assaillir à cheval, pour rompre les archiers: de quoy messires Bauduins d’Ennekins, messires Oudars de Renti, messires Loeys de Haveskierkes, messires Rogiers de Couloingne, messires Anthonnes de Kodun, li sires de Vendoeil, li sires de Saintpi et aucun autre chevalier et escuier y estoient ordonné, et toudis venoient leurs gens de piet.
Si estoit jà haulte nonne, ainschois qu’il fuissent tout venu, et n’avoient encorrez beu ne mengiet. Dont se traissent li seigneur enssamble à consseil, et regardèrent que li jour estoit jà moult avant, et une partie de leurs gens lasset et hodet. Se ne seroit pas bon, che disoient li plus saige et mieux congnissant as armes, que on les allast assaillir, car il estoient reposé et en plache assés forte dont il avoient l’avantaige; et si moustroient li Navarois qu’il ne se partiroient point de là sans combattre. Si fu conssilliet que on se logeroit droit devant yaux, et lairoit on reposer les lassés, et à l’endemain on les combateroit. Enssi qu’il fu ordounné et devisé, il fu fait; on coummanda à logier et à arouter tout leur caroi au devant des ennemis.
Quant li Navarois, qui estoient à Toregny, virent ce couvenant, si furent tout liet. Si se conssillièrent entre yaux que, en l’estat où il estoient il se tenroient jusquez soleil esconssant, fors tant qu’il mousteroient ossi par samblanche qu’il se voroient logier; mès tantost, à heure de soleil esconssant, il monteroient à cheval et se partiroient, et passeroient le Somme à Vremans. Et se li Franchois les sieuwoient de rechief, il prenderoient nouvel avantaige; et s’il n’estoient poursui, il aroient celle nuit d’avantaige, seloncq ce qu’il sont priès de leurs garnisons et des grans bos de Tierrasse, il seroient tantost mis à sauveté. Fo 114.
P. 148, l. 9: le couvenant.—Mss. A 8, 9: leur couvine.
P. 148, l. 19 à 23: Chiz.... d’yaus.—Ms. A 29: Ainsi se conclurent ensemble le connestable de France et le conte de Sainct Pol avec leurs compagnons, de combatre l’endemain les Navarroys; et se logèrent illec sur un champ un petit en pendant, auprès duquel court une eaue qui celle nuit fit grand bien, par especial à leurs chevaux.
P. 148, l. 23: anuitit.—Ms. A 7: anuitié. Fo 205 vo.
§ 436. P. 149, l. 4: Tout ensi.—Ms. d’Amiens: Tout ensi qu’il devisèrent, il fissent; et envoiièrent leurs varlès faire pluisseurs feux et moustrer qu’il volsissent appareillier le cuisinne. Et tout ce veoient li Franchois qui ossi entendoient à yaux logier et leurs chevaux, et disoient entre yaux: «Il se logent, il nous atenderont meshui, et demain lez combaterons.» Quant ce vint à heure de soleil esconssant, il recenglèrent lors cevaux et fissent petit à petit partir lez plus foiblement montéz; et droit à jour fallant, tout furent parti, et chevauchièrent delivrement pour venir passer le rivierre de Somme à Vermans.
Environ mienuit, ces nouvelles vinrent en l’ost des Franchois, par prisonniers qui escappet estoient, que li Navarrois s’en alloient. Adonc eut en l’ost grant friente, et sounnèrent lors trompettez et s’armèrent et montèrent as chevaux. Et regardèrent li seigneur que il yroient et leurs gens passer le Somme à Saint Quentin, et par enssi il avancheroient les Navarrois; si prissent adonc tout communaument le chemin de Saint Quentin. Et vinrent devant le jour as portes de Saint Quentin li sires de Saint Venant, li comtes de Saint Pol, messires Moriaux de Fiennes tout devant, et buschièrent grans cops à le porte. Les gardes demandèrent: «Qu’es chou là?» Chil seigneur se nommèrent et dissent que on leur ouvrist les portez pour passer yaux et leurs gens, pour adevanchier les Navarois. Les gardes respondirent qu’il n’avoient point lez clefs, mais les gardoient li jurés de le ville. Donc dissent chil seigneur de Franche que il les alaissent querre. Il respondirent que vollentiers il yroient faire le messaige à leur maistres, enssi qu’il fissent.
Quant ces nouvelles vinrent au consseil de le ville, au mayeur et as jurés, il fissent sounner le cloche. Dont s’armèrent touttes mannierres de gens, et coummandèrent li souverain que chacuns allast à son cretiel et à sa garde, si comme ordonné estoit, car trop se doubtoient de traïson. Et puis vinrent li seigneur de Saint Quentin à le porte où li comtes de Saint Pol et li sires de Fiennes et li autre seigneur de Franche estoient, et demandèrent qu’il volloient à ceste heure. Il dissent: «Nous voullons que vous ouvrés les portes, par quoy nous puissions passer oultre et nostre host et adevanchier les Navarrois que nous poursuiwons.» Dont respondirent chil de Saint Quentin et dissent: «Seigneur, allés querre voie et chemin d’autre part, car par chi vous n’aréz point d’adrèche.» Oncques depuis, pour parolle ne pour priierre que li comtes de Saint Pol ne li autre seigneur pewissent dire ne faire, chil de Saint Quentin ne veurent ouvrir leur porte.
Quant li comtes de Saint Pol et li sires de Fiennes et li autre chevalier virent que chil de Saint Quentin ne les lairoient point entrer en leur ville, si furent moult courouchiet, mès amender ne le peurent. Si regardèrent que, de là en avant à poursuiwir les Navarrois il ne leur estoit point pourfitable, ou cas qu’il avoient falli là de passaige. Si conssillièrent entr’iaux qu’il se departiroient, si comme il fissent. Et dounna li comtes de Saint Pol à touttes ses gens congiet de retraire, chacuns en son lieu, pour ceste fois. Fo 114.
P. 149, l. 13: au plat et sus le large.—Ms. A 29: à gué.
P. 149, l. 14: Betencourt.—Le ms. A 29 ajoute: nommé Douvrain.
P. 150, l. 7: Lience.—Ms. B 4: Lienche. Fo 201 vo.—Mss. A 11 à 14, 23 à 29: Liance.—Mss. A 8, 9: Luchieu.
P. 150, l. 18: arutellier.—Ms. B 4: aruteller.
P. 150, l. 20: asegur.—Ms. A 7: asseurs. Fo 206.
P. 151, l. 25: villainnes.—Le ms. A 17 ajoute: que ces seigneurs distrent à ces villains traistres de Saint Quentin.
§ 437. P. 152, l. 4: Ensi se desrompi.—Ms. d’Amiens: Ensi se departi ceste cevauchie. Et passèrent li Navarrois le Somme desoubz l’abbeie de Vermans, et entrèrent ce meysme jour en Tieraisse, et passèrent le rivierre d’Oise et vinrent à Vellis et à Roussi. Et ralla chacuns en se fortrèche dont il estoient parti. Fo 114.
.... Dont il avint que messires Pière d’Audelée, uns chevaliers englès et de grant nom, qui se tenoit à Biaufort en garnison quant il volloit, car li fors et grant fuison de fortrèches de là entour estoient à lui, si avisa en soy meymmes que de nuit il venroit embler le bonne chité de Chaalons, et y enteroit par le rivierre de Marne; car par dessus le rivierre, en une ille deviers l’abbeie de Saint Pierre, elle n’estoit adonc fremmée. Et si estoit la ditte rivière petitte, par quoi on le pooit bien passer. Si mist li dis messires Pières d’Audelée une grant cantitet de gens d’armes sus, et estoient bien quatre cens, tous d’eslite, et deux cens archiers. Si vinrent de nuit en un certain lieu deseure Chaalons, où il se devoient trouver. Quant il furent tout assamblé, il descendirent à piet à une lieuwe de Chaalons, et missent leurs chevaux en le garde de leurs garchons. Et puis vinrent tout le pas sans noise et sans bruit et sans parler, jusques à le rivierre de Marne et au gué qu’il avoient advisé; et avoient certainnes ghides, vilains dou pays, qui les menoient et qui le fons de le rivierre congnissoient.
Or vot Dieux aidier chiaux de Chaalons, car autrement elle ewist estet prise, robée et puis toutte arse. A celle heure avoit gettes as cretiaux, car bien besongnoit qu’il fuissent sour leur garde et par tout le pays ossi. Ces gaites ooient par fies le son des armures de ces Navarois, car li vens venoit de celle part. Si s’en missent en grant souppechon, et plus atendoient, et plus cler les ooient. Finablement, il dissent et seurent entr’iaulx, que c’estoient Navarois et Englès qui les venoient escieller et prendre. Si descendirent tantost de leurs cretiaux et vinrent au get de le ville, et comptèrent tout ce qu’il avoient oy. Cil qui faisoient le ghai, furent tout esmervilliet de ces nouvellez, et allèrent celle part par deviers Saint Pière pour savoir se c’estoit verités. Il n’y seurent oncques si tost venir, que li cours de l’abbeie dessus dite ne fuist toutte plainne de Navarois, et avoient jà passé le rivierre une partie, ensi qu’il l’avoient avisé. Dont reculèrent chil de Chaalons et escrièrent à haulte vois: «Trahi! trahi!» Et s’espardirent ces nouvelles par le cité. Si se coummenchièrent à armer et à apparillier touttes manierres de gens, et à estre mout effraet et esbahy, et à alummer torsses et lanternes et grans feus par les rues, et à traire petit à petit de celle part là où li Navarois estoient, qui s’en venoient jà tout rengiet et bien ordonné parmy le grant rue Saint Pière des Camps. Si avint que, quant il se trouvèrent, li hustins coumença mout durs et mout fors. Et deffendoient chil de Chaalons le rue et le voie ce qu’il pooient, mès chil Englès et cil Navarois estoient droite gens d’armes: si ne faisoient compte de ces commugnes et passoient toudis avant et conqueroient terre, et assés de chiaux de Chaalons navroient et habatoient. Et la cause qui plus grevuit à ces Englès et Navarois, c’estoient les baux, les tables, les pièrez c’on jettoit sus yaux des fenestres, dez loges et des solliers d’amont; car les rues y sont malement estroitez, si ne s’en savoient comment targier. Toutteffois, toudis en combatant, il conqueroient tierre.
Or fist Dieux si belle grace à chiaux de Chaalons, que messires Oedes de Grantsi y amena par derière messire Phelippez de Gaucourt, monsigneur Anssel de Biaupret, monseigneur Jehan de Germillon: dont, se chil et li gentil homme qui estoient avoecq yaux n’ewissent estet, Chaalons en Campaingne ewist estet prise. Mès quant li gentil homme furent armé et ordounné et là venu, et eurent conchut le quantitet des Englès, il se retraissent tout combatant au loncq d’une rue au plus estroit entre yaux et lors ennemis. Il fissent lanchier baux, escammes, tables et touttes mannières de bois pour ensonniier le voie; et quant li rue fu enssi enssonniiée que je vous di, et que li Navarrois ne pooient passer pour l’empechement qui y estoit, il se retraissent ou fort de le chité et outre les pons, et les fissent tantost deffaire, et dissent ensi: «A che qui est par delà n’avons nous riens; et à ce qui est deviers nous n’aront ossi nul avantaige, se nous le voulions deffendre.» Là estoit ossi messires Jehan de Sars, campegnois. Fo 115.
P. 152, l. 16 et 17: se tenoit.... à grant fuison.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: se tenoient à Meleun sur Saine, de par le roy de Navarre, grant foison.
P. 153, l. 8: secheur.—Mss. B 3, A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19: secheresse. Fo 216 vo.—Mss. A 15 à 17: chault. Fo 216.—Mss. A 8, 9, 20 à 22: chaleur. Fo 197.
P. 153, l. 17: de chiaus.—Ms. A 17: aucuns des vilains tuffes.
P. 153, l. 22: brail.—Mss. B 3, A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19: brayes. Fo 216 vo.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: nombril. Fo 197.
P. 154, l. 11: ces larrons.—Ces mots manquent dans A 8, 9.
P. 154, l. 13: prendre.—Le ms. A 29 ajoute: larcineusement.
P. 154, l. 31: Bar.—Mss. A 23 à 29: Chalons.
P. 155, l. 2 et 3: Cil.... communauté.—Ms. A. 29: Les manants de ceste ville où il y a grant bourgeoisie et communauté.
P. 155, l. 3: s’estourmirent.—Ms. A 29: s’esmeurent.
P. 155, l. 18: tret.—Le ms. A 29 ajoute: par lequel ils tenoyent tout le front de la rue.
P. 155, l. 19: jusques à hault miedi.—Ms. A 29: depuis deux heures devant jour jusques à haute nonne.
P. 156, l. 2: Biaupret.—Mss. A 2, 11 à 14: Pié.—Ms. A 23: Beaupié.
P. 156, l. 3: Germillon.—Ms. A 1: Gerville.
P. 156, l. 11: Grantsi.—Mss. A 11 à 14: Garency.
§ 438. P. 156, l. 13: De le venue.—Ms. d’Amiens: Enssi et en celle rihote durèrent il tout le nuit, et l’endemain jusques à nonne, lanchant, traiant, combatant, estrivant de l’un à l’autre; et en y eut plusieurs blechiés des deux parties. Quant messires Pières d’Audelée et chil de se routte perchurent le couvenant de chiaux de Chaalons, et coumment li gentil homme, de leur costé, que messires Oedes de Grantsi avoit amenés, gardoient le passage souffissamment, et qu’en vain il se combatoient, si se retraissent tout bellement et se partirent de Chaalons à petit concquès, et trouvèrent leurs chevaux que on leur avoit amenés apriès yaux; si montèrent sus et chevauchièrent viers Biaufort. Quant cil de Chaalons en virent le partement, si en furent moult joyant, car il avoient esté en grant aventure de tout perdre. Si conjoïrent et honnourèrent grandement les gentils hommes, et dissent bien que par yaux et par leurs deffenses avoit esté li cités de Chaalons gardée et deffendue. Fo 115.
.... Assés tost apriès, avint que chil de le garnison de Velly et chil de le garnison de Roussi se queillièrent et missent ensamble, et vinrent prendre par force et par assault le ville de Sissonne, et fissent ens une grande garnison de touttes mannierres de gens assamblés qui avoient une cappittainne que on clammoit Hennekin Franchois. Et estoit uns garchons nés de Couloingne, che disoit on, et estoit sans pité et sans merchy de ce dont il estoit au deseure. Ceste garnison de Sissonne fist moult de villains fais et de grans dammaiges aval le pays, et ardoient tout et tuoient hommez, femmez et petis enfans qu’il ne pooient ranchounner à leur vollenté.
Or avint un jour que li comtes de Roussi, qui avoit l’ayr et le mautalent encorres en son coer, c’estoit bien raisons, de sa ville et de son castiel de Roussi que li Alemant, noummet Navarois, tenoient, fist une priierre as chevaliers et as escuiers d’entours lui, et eut bien cent lanches parmy quarante chevaux qu’il amena des bourgois de Laon. Et eut adonc le comte de Porsiien, monseigneur Gerart de Chavenchy et le seigneur de Montegni en Ostrevant et autres chevaliers et escuiers qui y allèrent à se priierre. Si chevauchièrent un jour et vinrent deviers Sissonne; si trouvèrent ces Allemans, noummés Navarrois, qui ardoient ung village, et les coururent sus baudement et delivrement. Chilx Hannekins Franchois et se routte missent tantost piet à terre et se requeillièrent bien et faiticement, et rengièrent tous les archiers devant yaux.
Là eut fort hustin et dur, d’un lés et de l’autre. Et trop bien furent asaili chil Navarrois qui estoient de tous pays, et trop bien se deffendirent et trop vassaument. Et bien le couvenoit, car il estoient fort requis et envaï, et ewissent estet desconffi se li bourgeois de Laon fuissent demouret; mès il se partirent à peu de fet et se missent au retour deviers Laon, et li autre demourèrent et se combatirent assés et vaillamment. Toutteffois, li journée ne fu point pour yaulx. Là fu li comtes de Porsiien durement navrés et à grant meschief sauvés. Là fu li sires de Montegny en Ostrevant pris, et messires Gerars de Chavenchy et pluisseurs autres, et li comtes de Roussi mout navrés et pris le seconde fie, et livrés à Rabigot de Dury et à Robin l’Escot qui l’en menèrent en prison en son castiel de Roussi meysmes, et l’i tinrent depuis ung grant temps. Ces deux povres aventurez eut il sus mains d’unne année. Fo 114 vo.
P. 156, l. 17 à 29: Quant.... Biaufort.—Ms. A 29: Et quand messire Pierre d’Audelée et ses compagnons veirent venus et rangés le sire de Gransi et ces Bourguignons devant eux et la bannière deployée, il dist à aucuns de ses plus privés: «Beaux seigneurs, j’aperçoy que nos embusches et nostre entreprise sont rompues par Odes de Granci qui est ici venu contre nous: si conseille de nous retraire vers Beaufort.» Adonc iceulx Angloys et Navarroys se retirèrent à pied tout le pas par la voye qu’ils estoyent le matin venus.
P. 156, l. 31: si bonnes.—Les mss. A 8, 9, 15 à 19 ajoutent: gens.—Les mss. A 1 à 6, 11 à 14, 20 à 22 ajoutent: gens d’armes.
P. 157, l. 6: Sars.—Mss. A 8, 9, 15 à 17: Saux.
P. 157, l. 16: uns.—Le ms. A 17 ajoute: villain.
P. 157, l. 18: austers.—Mss. A 15 à 17: estourdi. Fo 217.
P. 157, l. 18: l’aïr.—Ms. A 7: l’ire. Fo 207 vo.—Ce mot manque dans les mss. A 8, 9.
P. 158, l. 1: Cavenchi.—Mss. A 7, 23 à 29: Cavenci.
P. 158, l. 25: Rabigot.—Mss. A 8, 9: Radigos.
§ 439. P. 158, l. 29: Ensi estoit.—Ms. d’Amiens: En che tamps chevauchoit messires Ustasses d’Aubrecicourt en Campaingne, et avoit dou jour à l’endemain, quant il volloit faire une chevauchie, cinq cens ou six cens lanches. Et estoit tous sires dou plat pays et avoit estet plus d’un an devant, et couroit bien souvent devant Troie, l’autre devant Chaalons, puis devant Prouvins. Et estoit tous sires de le rivierre de Sainne, car il tenoit Nogant sus Sainne; si passoit et rapassoit à son plaisir de quel part qu’il volloit, ne nus ne li contredisoit. Et fist là en ce pays pluisseurs belles bacheleries et grans appertisses d’armes, et rua jus par pluisseurs fois pluisseurs chevauchies de jentilshommes. Et y concquist grant avoir en raenchons, en vendages de villes et de castiaux, ossi en racas de pays et de maisons et en saufconduis qu’il dounnoit, car nulx ne pooit passer, aller ne venir, marchans ne autrez, ne yssir des bonnes villez que ce ne fuist par son dangier. Et tenoit bien à ses gagez cinq cens combatans, sans les autres qui se tenoient de lui et qui le suioient pour pillier et pour gueriier.
Et il estoit hardis chevaliers et bachelereux, corageus et entreprendans, et amoit très loyaulment par amours une damme dou plus grant linage des crestiiens: pour quoy il en valloit mieux en armes et en touttes mannierres. Et la damme ossi l’ammoit si loyaument et si enterinnement que mieux ne pooit, et souvent lettrez, salus et segnefianches li envoioit: par quoi li chevaliers en estoit plus gais et plus jolis, plus larges et plus courtois et plus preux as armes; car en soy meysmes se glorifioit, quant il sentoit qu’il amoit et estoit amés de damme jone, belle, frice et jolie et dou plus grant sanch des crestiiens. On le puet bien noummer, car il l’eut depuis à femme espousée: on l’appelloit madamme Ysabiel de Jullers, soer germaine au duc de Jullers et nièche à la bonne roynne d’Engleterre, fille de sa soer, cousinne germaine à ses enfans et as enfans de Haynnau, et un seul point mains à ciaux de Franche, de Bourbon et de Blois.
Tant fist messires Ustasses d’Aubrecicourt ou pays de Campaingne de belles chevauchies et de grans fès d’armes, qu’il y estoit si renouméz, si cremus et alosés que chacuns parloit de lui; et tous les jours concqueroient il et ses gens sus le pays. Fo 115.
P. 159, l. 12: de chevaucies.—Ces mots manquent dans les mss. A.
P. 159, l. 14: entreprendans.—Ms. A 7: entreprenant. Fo 208.
P. 159, l. 17: d’ardoir.—Ces mots manquent dans les mss. A et dans le ms. B 4.
P. 159, l. 21: douze.—Mss. A 8, 9: vingt.
P. 159, l. 25: et à espeuse.—Ms. A 7: espousée.
§ 440. P. 160, l. 11: Apriès.—Ms. d’Amiens: Quant li dus de Normendie perchut que ses pays dont il estoit regens et drois hoirs, estoit enssi foullés et desolés par le fait dou roy de Navarre, si le prist en grant despit et fist ung mandement de gens d’armes de tous lés là où il les pooit avoir. Si assambla bien deux mille lanches, chevaliers et escuiers, et se parti de Paris et prist son chemin par deviers Melun sur Sainne, où li roys de Navarre se tenoit. Si asega li dis dus le ville de Melun, d’un lés de le rivierre et de l’autre. Et se tenoit li dus de Normendie au lés deviers Brie, avoecq lui si doy frère, li dus d’Ango et li dus de Berri, et leur oncles li dus d’Orliiens, et grant fuisson de grans seigneurs. Et d’autre part, deviers Gastinois, estoient li comtez de Saint Pol, messires Moriaux de Fiennes, li sires de Couchy, li sires de Montmorensi, li sires de Grantsi, messires Jehans de Lini, messires Guis de Lini ses filx, et grant fuison de chevaliers et d’escuiers. Et avoient li dit Franchois fait ung pont de nés sus Sainne, pour chevauchier de traviers le Sainne, de l’une ost à l’autre. Si se tint là chilz sièges longement, ainschois qu’il en venissent à leur entente. Et toudis entroes couroient et guerioient chil dez fortrèches; et estudioient et penssoient nuit et jour li compaignon qui Navarrois se nommoient, à prendre, à embler et à escieller villez, castiaux et fortes maisons. Fo 114 vo.
.... En ce tamps s’ensonniièrent bonnes personnes et allèrent entre le ducq de Normendie et le roy de Navarre qui estoit assegiés dedens Melun, tant que une pès y fut tretie et faitte. Et pardounnèrent li uns à l’autre chacuns sen mautalent; et se deffist li sièges de Melun. Et dounna li dus de Normendie ses gens d’armes congiet, et ramena le roy de Navarre avoecq lui dedens Paris. Dont chacuns et chacune ot grant joie, pour ce qu’il leur sambla qu’il avoient pès de ce costé; car li roys de Navarre jura qu’il feroit partir tous ses Navarrois des fors qu’il tenoient, enssi qu’il fist à son loyal pooir. Mès il y avoit pluisseurs saudoiiers et compaignons englès, allemans et autres, qui ne se veurent mies enssi partir des fors qu’il tenoient; et disoient qu’il gueriroient pour le roy englès, car lez trieuwez estoient fallies. Si prendoient là leur escuzanche et leur retour. Fo 116 vo.
P. 160, l. 14: doi mil.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 23 à 33: trois mil.
P. 160, l. 18 à 20: en le conté.... Kem.—Mss. A 8, 9, 15 à 17: en la cité d’Evreux, ou dedens le fort chastel de Pacy, assez près de la bonne cité de Vernon.—Mss. A 7, 20 à 22: en la cité d’Euvreux, ens ou fort chastel de Vernon, assés près de la bonne ville de Kem. Fo 208.—Ms. B 6: à Mantez, à dix lieues près de Paris, à l’entrée de Normendie. Fo 588.
P. 160, l. 22: navarois.—Mss. A 8, 9, 15 à 17: dont l’un s’appelloit messire Martin de Navarre et l’autre le Bascon de Mareuil. Voirs est que la ville de Meleun est assise en trois parties. L’une est une isle où le chastel est assis. L’autre partie est du costé de Gastinois. Et entre ces deux parties court le maistre bras de la rivière. Et ces deux parties avecques le chastel occupoient les Navarrois. Et l’autre partie est du costé de Brie et estoit françoise; et illecques se vint mettre à siège le duc de Normandie et tout son ost. Avec le duc de Normandie et à son mandement estoient venus au siège de Meleun.... Fo 199.
P. 160, l. 29: royne.—Ms. B 6: Ysabiel. Fo 588.
P. 161, l. 9 et 10: troi mil.—Mss. A 8, 15 à 17, 20 à 22: quatre mil.—Mss. A 23 à 29: trois cens.—Ms. B 6: plus de douze cens chevaliers et escuiers.
P. 161, l. 11 et 12: là envoiiés.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: et avoec luy.
P. 161, l. 18 et 19: et plus.... roynes.—Ces mots manquent dans A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22.
P. 161, l. 22: Jehans.—Mss. A 1 à 6, 8, 9, 15 à 22: James.
P. 161, l. 22: Carbiniaus.—Mss. A 8, 9, 15 à 17, 20 à 22: Corbiniau.
P. 161, l. 28: Vrenon.—Mss. A 8, 9, 15 à 19: Evreux.
P. 162, l. 15 et p. 163, l. 15: Che siège.... d’Engleterre.—Ms. A 29: En ce tandis, aucuns vaillans hommes traictèrent par telle manière devers le roy de Navarre et le duc de Normandie, car adonc estoyent en France le cardinal de Perigourd et le cardinal d’Urgel, lesquels firent tant que une journée fut prinse pour appointer ces deux princes de leurs differents, en la cité de Vernon, pour là traicter une bonne paix entre eux. Et là vindrent le duc de Normandie et son conseil, et d’autre part le roy de Navarre et monseigneur Philippe, son frère, et y fut traicté et accordé et la paix faicte. Et jura le roy de Navarre que de ce jour en avant il seroit et demoureroit bon François, et meit en sa paix plus de trois cens chevaliers et escuyers ausquels le duc pardonna son maltalent. Mais il en reserva aucuns des aultres, ausquels il ne voulut mie pardonner ce qu’ils luy avoyent meffaict.
A celle paix ne voulut oncques accorder monseigneur Philippe de Navarre, ains dit à son frère qu’il estoit tout idiot et enchanté et qu’il se meprenoit grandement contre le roy d’Angleterre, à qui il s’estoit allié, et lequel roy luy avoit tousjours aidé, conforté et secouru. Si se partit monseigneur Philippe, par maltalent, du roy son frère, luy quatriesme tant seulement et chevaucha le plus tost qu’il peust vers Sainct Sauveur le Vicomte, qui lors estoit une forte garnison d’Anglois. Et en estoit capitaine, de par le roy d’Angleterre, un moult vaillant chevalier anglois nommé monseigneur Thomas d’Agorne, qui receut monseigneur Philippe de bon cœur et lui fit grand chère, et puis lui dit qu’il s’acquittoit loyaument devers le roy d’Angleterre. «Par mon serment, respondit le chevalier navarroys, toute promesse doit estre tenue; et pour ce doit chascun bien adviser de non promettre chose qu’on ne vueille tenir.»
P. 162, l. 27: bons françois.—Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19: homme du duc et son frère à estre.
P. 162, l. 28: trois cens.—Mss. A 1 à 6, 8 à 22: quatre cens.
P. 163, l. 13: Navare.—Ms. B 6: et l’appelloit cousin. En che tamps se deffist le siège devant Rennez en Bretaigne. Et s’en party le duc de Lenclastre et retourna en Engleterre et y mena le jone conte de Monfort. Fo 589.
§ 441. P. 163, l. 16: Parmi l’ordenance.—Ms. d’Amiens: Or avint que li dus de Normendie et ses conssaux, qui adonc seoient devant Melun sus Sainne et avoient là assegiet le roy de Navare, si comme vous savés, par le pourkach dou vaillant evesque de Troies, un appert et hardi ghuerieur, ossi fisent tant enviers un puissant et vaillant chevalier et c’on tenoit à bon guerieur, et telx estoit ilz, hardis chevaliers durement, et l’appelloit on par son droit nom messires Brokars de Fenestrages, qu’il demora de lor ayde et proummist à aidier l’evesque de Troies et le pays de Campaingne à tout cinq cens lanchez à cheval, parmy une grande somme de florins qu’il devoit avoir. Si se traist messires Brokars en le cité de Troies et fist là son amas de gens d’armes et de brigans; et eut, que de ses gens, que de ciaux de Campaingne, parmy les gens l’evesque de Troies et le comte de Wedemont et le comte de Joni et monseigneur Jehan de Chalons, qu’il furent bien mil lanches et quinze cens brigans.
Si se traissent premierement ces gens d’armes, dont messires Brokars estoit chiés, devant le fort castiel de Hans en Campaingne. Là eut grant assault et dur et qui longement dura; mès en le fin, li dis castiaus fu concquis par force. Et furent pris tout chil Englès et Navarois qui dedens estoient, dont il en y avoit bien quatre vingt, et tout mis à l’espée sans merchy. Puis se retraissent ces gens d’armes dedens Troies, et eurent consseil entre yaux qu’il se trairoient deviers Pons sus Sainne et deviers Nogant; car là se tenoient tout chil qui leur faisoient tous les destourbiers. Si se partirent ung jour en grant aroy, et estoient bien douze cens lanches et neuf cens brigans. Fo 115 vo.
P. 165, l. 3: Joni.—Ms. A 7: Jouy. Fo 209 vo.
P. 165, l. 4: Brokars.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: de Fenestrages. Fo 219.
P. 165, l. 5: mil.—Mss. A 23 à 29: deux mille.
P. 165, l. 6: brigans.—Ms. A 17: gros brigans petaulx.
P. 165, l. 7: Hans.—Ms. A 7: Haus.
P. 165, l. 22: destourbiers.—Les mss. A 8, 9 ajoutent: qu’il povoit.
§ 442. P. 165, l. 23: Adonc se partirent.—Ms. d’Amiens: Ces nouvelles estoient venues à monseigneur Ustasse d’Aubrecicourt, qui se tenoit adonc à Pons sus Sainne, que messires Brokars et li evesques de Troyes devoient cevaucier. Si estoit yssus de Pons à tout ce qu’il avoit de gens d’armes et d’archiers, et avoit mandés tous chiaux des garnisons de là entours. Si avoit bien quatre cens lanches et deux cens archiers, et ne volloit mies, pour sen hounneur, que on le trouvast enclos en une fortrèche; et chevaucièrent le jour que li François chevauçoient. Si orrent nouvellez li ung de l’autre. Or ne quidoit mies, au voir dire, li dis messire Ustasses que li Franchois fuissent si grant fuisson qu’il estoient, car il se fust mieux pourveus de gens d’armes et d’archiers.
Si chevauchièrent tant li Franchois, et d’autre part messires Ustasses, qui estoit au matin partis de Pons sour Sainne, que li coureur de l’un et de l’autre se trouvèrent et vinrent raporter chacun à son lés ce qu’il avoient vew; dont ordounnèrent il leurs batailles. Et en fissent li Franchois trois, et en chacune quatre cens lanches. Et eurent le premierre messires Brokars et messires Jehans de Chaalons; la seconde, li comtes de Wedimont et de Genville; la tierche, li evesques de Troies; et encorres n’estoient point venu li brigant.
D’autre part, messires Ustasses avoit pris le fort d’unne vigne sus une petitte montaingne, et avoit mis ses gens toutte en une bataille et les archiers par devant. Là fist il aucuns chevaliers nouviaux, dont messires Corageux de Mauni, uns siens cousins et appers bacelers, et messires Jehans Paris en furent: les autres ne sai je mies bien nommer. Et fist messires Ustasses touttes ses gens traire à piet et les chevaux derierre yaux, et chacun retailler sa glaive et faire de le longeur de cinq piés tant seullement, et mettre son penon devant lui. Fo 115 vo.
P. 166, l. 4 et 5: entre Nogant et Pont sur Sainne.—Ces mots manquent dans les mss. A.
P. 166, l. 7: deux cens.—Mss. A 11 à 14: quatre cens.
P. 167, l. 7: Genville.—Mss. A 8, 9: Vaudemont.
P. 167, l. 17 et 18: François.... aultres.—Ces mots manquent dans les mss. A.
P. 168, l. 2: chevaliers.—Mss. A 11 à 14: bacheliers.
P. 168, l. 3: son.—Ms. B 4: sa. Fo 205 vo.
P. 168, l. 5: couvenant.—Mss. A 8, 9: couvine.
§ 443. P. 168, l. 13: Quant messires.—Ms. d’Amiens: Si tost qu’il se furent ordounné, li Franchois, qui estoient en trois batailles, si comme vous avés oy, vinrent achevauchant sus yaux moult radement, messires Brokars et messires Jehans de Chalonz premierement, chacuns sa bannierre devant lui moult areement, et ferirent chevaux des esperons et baissièrent les lanches, et aprochent les Englès c’on dist Navarrois. Et chil archier coummencent à desclichier saiettes fort et roit et à navrer hommes et chevaux. Toutteffois ces gens d’armes aprocent, mès il furent requeilliet de monseigneur Ustasse et des siens trop fierement, car il tenoient devant yaux leurs glaives moult roidement. Et ne s’i osoit nus bouter; et qui s’i mettoit, il estoit mors ou abatus. Là fu ceste premierre bataille des Franchois bien reboutée.
Quant li comtez de Wedimont et li comtes de Joni vinrent à toutte leur routte, messires Ustasses et li sien les rechurent hardiement et les reboutèrent de premier encontre et en habatirent et sachièrent entr’iaux des plus appers, et fianchièrent prisounniers. Dont vint li evesques de Troies et se bataille mout bien montés; et coummenchièrent à tournoiier tout autour d’iaux, et li Englès ossi tournioient à leur mesure. Finablement, li Franchois s’abandonnèrent et ferirent chevaux des esperons, les glaives baissies, pour entrer ens, et yaulx rompre; et cil compaignon les rechuprent à leurs courtes glaives mout roidement.
Là eut, je vous di, estour et rencontre mout dur et moult fort et bien combatu, car li Franchois combatoient à cheval et li Englès à piet. Et estoient leur archier retret tout enssamble et mis en ung mont, et laissoient les gens d’armes couvenir, et traioient mout ouniement et mout roit ens ès Franchois, qui mout les grevoit, car il se combatoient devant et il estoient tret sus costé ou derierre: dont il en y eut pluisseurs blechiés et navrés et maint cheval ossi. Enssi se combatirent il mout longement.
Là y eut mainte belle appertise d’armes faite, mainte prise et mainte rescousse, car li Englèz n’estoient qu’un peu. Si se prendoient mout priès de bien faire, et si vassaument se combatirent, que pour ce jour il n’en doient avoir point de blamme, car j’oy recorder de chiaux qui y furent, se li bringant n’ewissent esté qui y sourvinrent au darrain fresch et nouviel, il s’en fuissent parti à leur honneur, car il donnoient les Franchois assés affaire.
Mès quant chil brigant furent venu, qui estoient plus de neuf cens à tout lanches et pavais, il rompirent lez archiers et missent en voies, et gens d’armes apriès qui en tuèrent le plus grant partie, et puis revinrent par les garchons qui gardoient les chevaux dez Englès et Navarois, et se ferirent entr’yaux et en tuèrent et navrèrent, et gaegnièrent des chevaux le plus grant partie. Fo 115 vo.
P. 170, l. 15 et p. 171, l. 31: Or.... sauvèrent.—Mss. A 27 à 29: Or avoient les Anglois fort l’advantage d’une montaigne, et se tenoyent si serrés que par nul tour les Françoys ne savoyent comment entrer en eux. Si estoyent les Françoys à cheval et les Anglois à pié. D’autre part, un petit plus en sus, estoyent leurs archers, qui faisoient leur bataille à part et tiroyent par grant effort sur les Françoys. Adonc les Françoys prindrent à tournoyer autour des Angloys, pour eulx rompre et ouvrir, et à la mesure que les François tournoyoient, les Anglois firent ainsi. Or vindrent les brigans françois, qui n’avoyent peu si tost venir que les gens d’armes à cheval; car ces brigans, qui estoyent bien neuf cens, estoyent à pié, lesquels, tantost qu’ils furent venus à lances et à pavois jusques aux archers angloys, ils les rompirent et desroyèrent, et ne tindrent comme riens et s’espardirent çà et là; car le traict des archers ne pouvoit entrer en iceux brigans, tant estoyent fort paveschés; et aussi les archers estoyent durement foulés, car ils s’estoyent longuement combattus. Quand la seconde bataille des Françoys, tous à cheval, perceut le desarroy de ces archers angloys, tantost leur courut sus, et furent la plupart occis, petit s’en sauvèrent. Puis chevauchèrent oultre ceulx de la seconde bataille et vindrent tout accourans sur les garçons qui gardoyent les chevaulx des Angloys, leurs maistres; si en occirent le plus, et le remanant se sauvèrent au mieulx qu’ils peurent; là gangnèrent les Françoys de bons chevaulx et de beaux coursiers et mainte belle parure, joyaux, or et argent à planté.
P. 171, l. 26: Joni.—Mss. A 20 à 22: Jenville.
P. 171, l. 26: et leur route tèle.—Mss. A 8, 9, 11 à 22: la.
P. 172, l. 1: amoit tant.—Ms. A 17: pour l’amour de sa dame par amours, qui d’Angleterre les lui avoit envoyés par très grant amistié.
P. 172, l. 2: li contes.—Mss. A 18, 19: les contes. Mauvaise leçon.
§ 444. P. 172, l. 7: Moult y fist.—Ms. d’Amiens: Moult y fist ce jour messires Ustasses d’Aubrecicourt merveilles d’armes, et y fu très bons chevaliers, et ossi furent tout chil qu’il avoit fès et li aultre escuier ossi. Chacuns en droit de lui se combati vaillamment, mès li Franchois estoient grant nombre et toutte gent d’eslite; et quant li brigant furent venu fresch et nouviel, il cargièrent durement les Englès, car de premiers il rompirent et desconfirent les archiers. Et puis s’en revinrent dessus les gens d’armes; si les assaillirent fierement et aigrement, et li signeur ossi. Là furent messires Brokars de Fenestrages, li comtes de Wedimont, li comtes de Joni, messires Jehans de Chalon et li evesques de Troies très bon chevalier, et ossi furent pluisseur de leur routte. Et bien le couvint; car il trouvèrent dure gent et forte, drois hommes d’armes. Et ne l’eurent mies d’avantaige; ainschois leur cousta grandement de leurs gens. Et en y eult pluisseurs mors et bleciés; mès finablement il obtinrent le plache, et fu li journée pour yaux.
Et y fu pris messires Ustasses d’Aubrecicourt en très bon couvenant et durement navrés, et fu fianchiés prisons d’un chevalier dou comte de Wedimont qui s’apelloit messires Henris Kevillart, qui eut moult de painne pour lui sauver; car li coumun de Troies, qui trop le haioient pour les belles bacheleries et grans appertisses d’armes le tamps passet qu’il avoit fait, le volloient tuer. Là furent Englès et Navarois tous desconfis, et pris messires Martins d’Espaingne et messires Jehans Paris et pluisseur autre chevalier et escuier. Et laissièrent messire Corageus de Mauni sus les camps comme mort, tant estoit il navrés et adis de ses plaies. Oncques piés n’en escappa, fors il, qui ne fuist ou mors ou pris. Ceste bataille fu dallés Nogant, l’an mil trois cens cinquante neuf, le vegille Saint Jehan Baptistre. Fo 116.
P. 172, l. 7 et p. 173, l. 3: Moult.... Campagne.—Ms. A 29: Endementiers se combatoyent les deux autres batailles aux Anglois d’un costé, et finalement se peurent remettre ensemble; et fut le pennon de messire Eustace, qui estoit estandart, abbattu par terre, conquis et deschiré. A celle empeinte, les Angloys furent contraincts de s’ouvrir, et y eut plusieurs de morts et planté de mehaignés et de rués par terre; et en prindrent les Françoys desquels qu’ils voulurent. Si escheut messire Eustace ès mains d’un chevalier de dessous le conte de Vaudemont, qui s’appeloit monseigneur Henry Chevillart. Icelui creanta messire Eustace, et icelui Henry eut grant peine pour lui sauver, car la communauté de Troye, qui là estoit en grant nombre, le vouloit tantost occire, pour ces hautes et belles appertises d’armes qu’il avoit faites au pais de Champaigne.
P. 172, l. 29: Kenillars.—Ms. A 1: Breuilart.—Mss. A 2 à 6, 11 à 14, 18, 19, 23 à 29: Kevillart, Keuillart.
§ 445. P. 173, l. 13: Apriès le desconfiture.—Ms. d’Amiens: Apriès le desconfiture de Nogant dont je vous ay parlé, et que li camps fu tous delivrés, s’en revinrent li seigneur et leurs gens à Troiez et amenèrent là leur gaaing et leurs prisonniers; mès li chevaliers de Wedimont, qui avoit fianchiet monseigneur Ustasse, ne l’i osa amenner pour le coummun, car on li ewist tuet entre ses mains. Si le menna d’autre part à sauveté, et li fist garir ses plaies, et toutte le milleur campaignie qu’il peult par gentillèche.
Quant li desconfiture fu passée et tout li Franchois retret, messires Corageus de Mauni, qui estoit tous essannés et là couchiés entre les mors, et estoit si comme demy mors, il leva un peu le cief: si ne vit que gens mors et atierés autour de lui. Adonc s’esvertua il un petit, et s’asist sour le creste d’un fosset où on l’avoit abatu; si regarda et vit qu’il n’estoit mies lonch dou fort de Nogant dont Jehans de Segure estoit cappittaine. Si fist tant, au mieux qu’il peult, une heure en lui traienant, l’autre allant en apoyant, qu’il vint desoubs le tour, et fist signe as compaignons dou castiel qui estoit des leurs. Adonc avallèrent il erramment, et le vinrent querre hors dou fort et l’emportèrent laiens entre leurs bras, et li bendelèrent et restraindirent et recousirent ses plaies au mieux qu’il peurent: dont il fu puisedi garis, mès che fu à grant meschief.
Quant li compaignon de Pons sus Sainne, de Trochy, de Saponay, d’Arsi et des autres fors environ, qui se tenoient desoubz messire Ustasse, entendirent ces nouvelles que leurs maistres estoient tout mort ou pris, si toursa chacuns ce qu’il peut prendre au plus tost qu’il peult, et wuidièrent les fortrèches et laissièrent tout vages, et se retraissent vers Esparnay et vers Damery et vers Vertus, où messires Pières d’Audelée se tenoit; mès chil de Nogant ne wuidièrent mies si trestost, car Jehans de Segure disoit qu’il le garderoit bien contre tous venans.
Encorres seoit li dus de Normendie devant Melun sus Sainne, où il avoit asegiet le roy de Navarre. Et avint en ce tamps que messires Jehans de Pikegny, qui se tenoit en Picardie et avoit mout grevet le pays, issi de ce siècle assés mervilleusement, si comme on dist, car je ne fui mies à son trespas. Mès on me reprist qu’il fourssenna et morut villainnement, et manga ses mains et estrangla son cambrelent; et auques enssi morut, ce dist on, un sien chevalier et de son acord, c’on clammoit messires Luis de Bekisi.
Uns si fais miracles estoit adonc avenus ou pays de Campaingne, d’un escuier qui estoit en le compaignie monseigneur Pière d’Audelée et de Albrest qui est nommés chy devant. Il avint que messires Pierres et Albrest et leur compaignon estoient entret en une ville à force c’on claimme Ronay, et le desroboient partout qui mieux mieus, à l’eure que touttes les gens estoient au moustier. Et adonc que li prestres dou lieu disoit messe, et devoit user le sacrement, li ungs de ces pilleurs entra ens ou canciel. Si s’en vint au prestre et li tolli le callisse et tout le corporal et le sacrement, et le bouta en son sain et feri le prestre de son gand de fier en l’oreille, pour ce qu’il li deffendoit à prendre. Quant li ville fu toutte robée, li compaignon se partirent; et emporta chacuns che qu’il avoit trouvet et volut prendre. Chils monta sus son cheval et traist as camps avoecq les autres; il n’eurent mies alet le quattre part d’une lieuwe, qu’il et ses chevaux, sour quoy il estoit, esragièrent ambdeus; et estrangla li ungs l’autre si hideusement que tout li compaignon qui chou veirent, en fuirent leur voie, li ungs chà, li autres là, que oncques n’y ot si hardi qui les osast aprochier, jusques adonc qu’il furent ambdeux mort. Fo 116.
P. 174, l. 1: chilz hardis chevaliers.—Ces mots manquent dans les mss. A.
P. 175, l. 6: Trochi.—Ms. A 1: Roucy.—Mss. A 2 à 6, 11 à 14: Trouchy.
P. 175, l. 18: si com on dist.—Ms. A 29: si comme il me fut raconté, il fut estranglé par son chambellan, qui lui desroba son tresor et ses joyaux aussi. Et forment ainsi fina messire Luc de Berkusy, qui avoit esté de son conseil.
P. 175, l. 18 et 19: cambrelent.—Ms. A 17: et son chapellain, et devindrent soudainement tous deux hors du sens; et puis furent incontinent convertis en pouldre et tantost portés en enfer par Pluto, Cerberus, Lachesis et Atropos, pour les grans maulx qu’ils avoient fais tant aux eglises comme au pauvre peuple du royaume de France, comme traistres d’icellui.
P. 175, l. 22: mesfais.—Ms. A 29 ajoute: se il le lui plaist.
P. 175, l. 28: Cils escuiers.—Le ms. A 17 ajoute: villain tuffe tacrier.
P. 176, l. 11: en pourre.—Ms. A 7: en poudre et en cendre. Fo 212.
§ 446. P. 176, l. 16: Auques en ce temps.—Ms. d’Amiens: Assés tost apriès avint que chil de Mauconseil vendirent leur fort, où longement s’estoient tenu, à chiaux de Noyon et de là entours, quant il eurent tout robet et gastet le pays qu’il ne trouvoient mès riens que pillier, s’il n’aloient trop loing enssus de leur garnison; si se doubtèrent qu’il ne leur en mesavenist. Si en prissent seize mil moutons et puis s’en partirent; et se trayrent li aucun à Velli, li autre à Cray ou à le Herielle.
En ce tamps constraindi moult li captaux de Beus le pays de Biauvoisis et tout jusques à Mondidier, et jusques à Pontoise et jusques à Paris, qui se tenoit à Clermont en Biauvoisis; et ranchonnoit villez et villettes, abbeyes et maisons, les unes as vivres et as pourveanches, les autres à or et à argent, et assambla si grant avoir c’à merveillez. Fo 416 vo.
P. 176, l. 17: nesir.—Ms. B 4: nasir. Fo 207 vo.—Mss. A 8, 9: ennuyer.
P. 176, l. 27: logier.—Ms. B 6: En che tamps, esquella le capital de Beuz le castiel de Clermont en Bieauvoisy et le tint plus d’an et demi et regna et apovry fort le pais de là environ. Fo 591.
P. 177, l. 1: sotes.—Ms. A 7: sottes. Fo 212.—Mss. A 8, 9: sommes.
P. 177, l. 15: paiement.—Ms. A 29: De ce fu il assez bien content, et s’i accorda non se doutant qu’en son faict eust aucun danger, comme celui qui là estoit venu sur l’assurance de l’evesque, lequel gouvernoit alors toute la cité. Mais tantost que la communauté de Troyes fut avertie comment Jehan Segure estoit en l’hostel de l’evesque, attendant à recevoir une grosse somme de florins, ils commencèrent à dire l’un à l’autre: «Et comment se truffe monseigneur l’evesque de nous, qui entretient en son hostel le plus mauvais et le plus fort pillart de France, et veult encores que nous lui donnions nostre argent? Il l’entend mal; on y pourvoira par une autre voye.» Atant toute la communauté s’esmeut. Toutesfoys ils envoyèrent grandes gardes aux portes, afin que Jehan Segure ne leur eschappast. Ce faict, ils vindrent environ six mille, tous armés à leur usage, pour occire ce Jehan Segur en la court de l’evesque. Quant l’evesque veit tout ce peuple ainsi esmeu, il dist tout haut: «Beaux seigneurs, que demandez vous à mon hostel? S’il y a rien de forfaict, il vous sera amendé.»—«Nous demandons, respondirent iceulx, ce fort pillart Jehan Segure, qui tant nous a faict de contraires, et maintenant le voulez enrichir de nos deniers.»—«Ha, ha, beaux seigneurs, respondit le bon evesque qui ne pensoit qu’à tout bien, il est ici venu sur mon saufconduit, et si vous savez les traictés qui ont esté entre moy et luy, et tout par vostre accord; si seroit moult grant deloyauté se, durant ceste asseurance, on luy faisoit aucun contraire.» Mais quoyque l’evesque dist ne remontrast, ils entrèrent par force en la salle, et puis allèrent en sa chambre qu’ils ouvrirent; et tellement quirent l’escuyer qu’ils le trouvèrent en un destour où il cuidoit estre bien repons, quant il entendit que telles gens le queroyent; et là le tuèrent et le detrenchèrent par pièces.
P. 177, l. 22: soutoite.—Mss. A 8, 9: soustient.
P. 178, l. 16 à 21: Et si.... contraire.—Ms. A 17: Et aussi regardez quelle villainie et quelle deshonneur vous me voulez faire comme de mettre à mort un seul homme et en mon hostel, lequel j’ai asseuré et fait venir en ceste ville de vostre consentement querir les deniers que, ou nom de vous, je lui ai promis, et lesquels vous lui devez aujourd’hui livrer.
P. 178, l. 23: mès.—Ms. A 17 ajoute: les traistres villains.
P. 178, l. 26: pièces.—Ms. A 17 ajoute: mais toutes voyes, ainçois qu’il mourust, d’un vieil espieu qu’il trouva en une garderobe, il en tua trois des premiers qui le trouvèrent et bleça quatre telement qu’ils en moururent huit jours après.
§ 447. P. 178, l. 31: Je me sui.—Ms. d’Amiens: Voirement me sui je tenus longement à parler dou roy d’Engleterre; si n’ai je mies estet trop wiseux, ch’a esté pour ce que, tant que les trieuwes durèrent entre li et les Françhois, il ne fist point de guerre, mès se tint tous qois, lesquelles trieuwes estoient fallies à le Saint Jehan Baptiste, l’an mil trois cens cinquante neuf. Et estoient li doy cardinal retournet arrière en France, qui avoient sejourné en Engleterre plus de deux ans, et n’avoient entre les deux roys peut trouver nulle pès.
Or avint, depuis leur departement et le trieuwe espirée, que li doy roy devant dit se traissent un jour enssamble à si secrès consseil en le cité de Londres, qu’il n’y estoit fors li prinches de Galles et li dus de Lancastre; et fissent un certain acord de pès entre yaux sans aultre moiien et sur certains poins et articlez, puis les fissent escripre en une lettre ouverte et seeller des seyaux des deux roys. Si les envoiièrent en Franche au duc de Normendie, à tous les enfans dou roy Jehan et à tous les haus barons dou royaumme de Franche qui point n’estoient prisounniers, et à touttes les coummunautés, par monseigneur le comte cambrelenck de Tankarville et monseigneur Ernoul d’Audrehen, pour priière à tout le pays de Franche qu’il se volsissent à celles pès acorder et confremmer.
Adonc que chil doy messaige furent venu en Franche, se estoient nouvellement acordé li dus de Normendie et li roys de Navare, et revenu de Melun à Paris, enssi que vous avés oy. Si fissent mander tous lez haux barons, tous les noblez et les conssaux des bonnes villes, à un certain jour à estre à Paris, à le requeste dez deux messaiges dessus dit. Quant tout furent assamblé, li doy messaige fissent ce pour quoy il estoient venu, et les lettrez lire devant tous et remoustrer les poins et les articles qui y estoient contenu et acordé des deux roys de leur bonne vollenté. Quant tout li point furent leut et entendut, et bien consideret et ymaginet, tout se trayrent à consseil d’une part et se consillièrent longement et ne peurent y estre ad ce consseil d’acord; car la dite pès sambloit à aucuns estre trop durement griefs pour le royaumme de France en pluisseurs mannierres. Se ne s’i vorrent acorder, ains avoient plus chier à endurer le grant mescief où il estoient et le meschief dou roy Jehan, leur seigneur, et atendre le plaisir de Dieu, que consentir que si nobles royaummes de Franche fust enssi deffraudés ne amenris que li pès contenoit. Quant li doy message deseure dit entendirent ces raisons, il prissent congiet à tous et s’en rallèrent en Engleterre, et comptèrent as deux roys chou qu’il avoient fait et comment on leur avoit respondut. Fo 116 vo.
P. 181, l. 3: dist.—Ms. B 6 ajoute: tantost que le roy de Navare avoit tout che braset. Fo 593.
§ 448. P. 181, l. 7: Ces deux signeurs.—Ms. d’Amiens: Quant li roys englès eult entendu ces nouvelles, il en fu durement courouchiés. Si dist, oant tous chiaux qui le pooient oïr, que, ainchois que li yviers fust entrés, il enteroit si puissamment ou royaumme de Franche et y demourroit tant qu’il aroit fin de guerre ou bonne pès à son plaisir et à sen honneur. Si fist coummencier à faire le plus grant appareil que on ewist oncques veu faire en celui pays pour guerrier.
Ces nouvellez yssirent hors par tous pays si ques partout chevalier, escuier et gens d’armes se coummenchièrent à pourveir grossement et chierement de chevaux et de harnas, chacuns dou mieux qu’il peult, seloncq son estat. Et se traist chacuns, si tost qu’il peut, par deviers Callais pour atendre la venue dou roy englès; car chacuns penssoit à avoir si grans biensfais de lui et tant d’avoir gaegnier en France que ne seroit povres.
Environ le moiienné d’aoust, en ceste meysme saison, avint que li arcevesques de Rains, messire Jehan de Craan et chil de le ditte chité et dou pays d’environ, à l’ayde de chiaux de le comté de Reteis et des seigneurs et des chevaliers de celui pays, s’asamblèrent et vinrent mettre le siège par devant le ville et le castiel de Roussi. Et le constraindirent si, sur le tierme de trois sepmainnes qu’il y sissent, que cil qui dedens estoient se rendirent, sauve leurs vies et lors membres. Et pooient aller leur voie sauvement, chacuns à tout un cheval; mès li plus grant partie furent tué par les gens des coumunes, oultre l’acord que li seigneur et les gens d’armes avoient acordé.
Et si y fu pris à grant meschief chils qui se faisoit clammer Hannekins Franchois, qui estoit cappittainne de tous les autres et qui tenoit le dit comte de Roussi layens en prison, liquelx y fu rescous et delivrés: se li vint bien à point. Chils Hannekins Franchois fu en trop grant peril d’estre tués, quoyque li seigneur li ewissent acordé; car il estoit si hays et si renoummés des mauvais et vilains fès qu’il avoit fais, que li coummun le volloient tuer entre les mains des gentils hommes. Touttesfois il fu amennés à Rains, et puisedi delivrés de l’arcevesque et des chevaliers, pour leur sierement acquitter. Fos 116 vo et 117.
P. 181, l. 17: honneur.—Ms. B 6: ou il et sy enfans y demorroient en le paine. Fo 593.
P. 181, l. 19: guerre.—Ms. B 6: et envoia ses hirauz en Allemaigne pour avoir gens d’armes, en leur senefiant que il se traissent vers Calais, sur l’esté qui revenoit, que on conteroit l’an trois cens et cinquante neuf, et que tous prest il seroient là paiiet de leurs gaiges. Ces nouvelles furent plaisant as barons d’Alemaigne. Sy se partirent pluiseurs d’Allemaigne, de le duché de Guerdre et de le duché de Julers et de le duché de Brabant et s’en vinrent à Calais où il sejournèrent là à grant frès, en atendant le passaige du roy de Engleterre.
P. 181, l. 30 et 31: le moiienné d’aoust.—Ms. A 7: la mi aoust. Fo 213.
P. 181, l. 31: Craan.—Ms. A 7: Craon.
P. 182, l. 12: estoient.—Ms. A 29: Quand ils eurent rendu le ville et le chastel de Roussi aux Françoys, ainsi qu’il estoit traicté et accordé, ils s’en partirent comme ceux qui cuidoyent estre sauvement. Les communautés de Paris et d’entour, qui estoyent à ce siège, leur vindrent au devant et en occirent et detrenchèrent la plus grand partie, quoyque les seigneurs y allèrent de tout leur pouvoir au devant, et à très grand peine sauvèrent le capitaine nommé Hannequin François.
P. 182, l. 19: li villain.—Les mss. A 15 et 16 ajoutent: les villains tacriers et bomules. Fo 223 vo.—Le ms. A 17 ajoute: tuffes, giveliers, bomules, termulons et tacriers.
§ 449. P. 182, l. 24: Apriès le rescousse.—Ms. d’Amiens: Apriès le rescousse dou castiel de Roussi, morut messires Pière d’Audelée de maladie sus son lit, au castel de Biaufort qu’il tenoit: dont tout li compaignon et li saudoiier, qui à lui se tenoient et qui s’i raloioient, furent moult desbareté. Si regardèrent li Englès et li Alemant et cil qui ou pays se tenoient et qui le guerioient, qu’il ne pooient avoir milleur cappittainne que monseigneur Ustasse d’Aubrecicourt, qui estoit tous regaris de ses plaies et en bon point. Si envoiièrent deviers monseigneur Henri Kevillart en le conté de Wedimont, qui le tenoit et pourkacha longement, messire Corageux de Mauni, qui chevauchoit sus saufconduit aval le pays; et tant alla des ungs as autres que li dis messires Ustasses fu ranchonnés à vingt deux mil moutons tous appareilliés. Et rendirent encorres li compaignon le castiel d’Esconfflans parmy le marchiet, dont il ewissent bien eu otant d’argent et plus, ainschois qu’il ne s’en fuissent parti. Si revint messires Ustasses à Esparnay et remist tantost tous les compaignons enssamble, et fist ossi forte guerre que devant pour regaegnier dou nouvel. Et li envoya d’Engleterre madamme Ysabel de Jullers, qui puisedi fu sa femme, un mout biel blancq courssier sus lequel i[l] fist depuis moult de belles appertisses et de grans bacheleries d’armes. Fo 117.
P. 182, l. 26: lit.—Les mss. B 4 et A 7 ajoutent: ens. Fo 208 vo.
P. 182, l. 28: desbareté.—Ms. A 7: desbaratez. Fo 213.
P. 183, l. 1: sanés.—Ms. A 7: gueris.
P. 183, l. 11: vingt deux mil francs.—Ms. B 6: douze mil escus. Fo 594.
P. 183, l. 20: Esconflans.—Mss. A 15 à 17: Conflans. Fo 224.
P. 183, l. 21: tenoient.—Mss. A 15 à 17: tenoit.
P. 184, l. 1: Esne.—Ms. B 6: et fist une grant garnison par laquelle il adamaga et apovry moult le pais de là entour: dont le conte Lois de Flandres le prist en grant haine. Maiz messires Ustasses de son mautalent n’en fist oncques conte, car il faisoit tout en l’ombre du roy d’Engleterre son seigneur. Fos 594 et 595.
P. 184, l. 3: joie.—Ms. A 17 ajoute: et les essayèrent si bien à ce commencement et en burent tant qu’ils furent presque à moitié d’eulx tous ivres; et par especial, en un hostel où ils mistrent le feu, furent ars bien vingt pillars et quarante chevaulx, par trop boire.
§ 450. P. 184, l. 13: En ceste.—Ms. d’Amiens: En celle meysme saison, avint que chils messires Brokars de Fenestrages, qui avoit estet de l’ayde le duc de Normendie et des Franchois encontre les Englès et les Navarrois et les avoit desconfi et bouté hors de pluisseurs fortrèches de Campaingne avoecq l’evesque de Troies et monseigneur Jehan de Chalon, ensi que vous avés oy chy devant, ne fu mies paiiéz de ses gaiges, si comme on li avoit proumis. Si en deffia le dit ducq de Normendie et tout le pays de Franche et fist puissedi ossi grant damage ou pays de Campaingne et environ Troies et Caallons que li Englès et Navarrois avoient fait. Et fu adonc, se guerre durant, que messires Ustasses fu delivréz, et y rendi grant painne, pour avoir le castiel d’Esconfflans dont il fist se garnison. Et ardi et pilla une trop bonne ville et trop grosse, en l’entrée de Bourgoingne, c’on dist Bar sus Sainne et tout le pays d’environ. Et quant il eut tout gasté et pilliet le pays, on li paya ce qu’il demandoit et encorres assés deseure pour ses arrieragez. Si s’en ralla en Loerainne et ou pays dont il estoit venus; mès partie de ses gens qui encorres volloient gaegnier et desrober le pays, et qui atendoient le venue dou roy englès qui devoit apasser le mer et venir devant Rains, si comme on le supposoit, ne se vorrent mies partir, mès tinrent le garnison d’Esconfflans et guerriièrent moult le pays.
En ceste meysme saison et en cel aoust l’an mil trois cens cinquante neuf, mist sus messires Robers Canolles une grande chevauchie de gens d’armes; et estoient bien troy mil combatans, uns c’autrez. Et se parti des marches de Bretaingne et s’en vint achevauchier tout contremont le Loire et entra en Berri; et cevauça tout parmy, ardant et essillant le pays, et de Berri entra en Auviergne.
Adonc, qui mieux mieux, se queillièrent li jentil homme d’Auviergne, de Roherge et de Limozin, et ossi li comtes de Forriès, qui mist sus bien quatre cens lanches. Et fissent leur amas chil seigneur, comte, baron et chevalier des pays dessus noummés, à Clermont en Auvergne, à Rion et à Monferant, et furent bien six mil combatans. Si eslisirent et ordounnèrent chil baron et chevalier quatre souverains de toutte leur ost: premierement le comte de Foriès, le jone comte Beraut daufin d’Auvergne, monseigneur Jehan de Bouloingne et le grant seigneur de Montagut, d’Auvergne. Et cevauchièrent contre ces pilleurs, gens de tous pays rassamblés, dont messires Robiers Canolles et Alle de Buef estoient chief, pour deffendre et garder leur pays; car autrement avoient li dessus dit pilleur empris de passer parmy Auvergne et de venir veoir le pappe et les cardinaux en Auvignon et avoir de leurs florins ossi bien que li Arceprestrez en avoit ew. Fo 117.
P. 184, l. 13: saison.—Le ms. A 29 ajoute: qui fut l’an mil trois cens cinquante neuf.
P. 184, l. 22 et p. 185, l. 26: pour.... assés.—Ms. A 29: remonstrer l’affaire de monseigneur Brocquart et de ses compagnons; si ne respondit pas bien à leur plaisance, mais les servit de rude langage, et retournèrent par devers le chevalier, sans rien besongner. Quant monseigneur Brocquart veit ce et que par douce voye il n’en auroit autre chose, il envoya defier le duc de Normandie et tout le royaume de France, et entra en une bonne ville et grosse, qu’on dit Bar sur Seine, où à ce jour il y avoit plus de neuf cens hostels. Ses gens la robèrent et coururent toute, mais ils ne peurent avoir le chastel, tant estoit fort et bien gardé. Sitost qu’ils veirent que point n’auroyent le chastel, bien dict monseigneur Brocquart que, de là longuement sejourner il leur en pourroit mescheoir; si conclud de soy retraire et ses compagnons en sa garnison. Si chargèrent leur pillage avec lequel ils emmenèrent plus de cinq cens, que prisonniers que prisonnières, et ardirent tellement la ville, qu’oncques n’y demoura estoc sur autre. Puis se retrahirent à Conflans dont ils avoyent fait leur garnison et firent depuis au pais de Champaigne plus de desroy et de domage, vilains faits et oultrageux qu’onques Anglois ne Navarroys n’avoyent fait. Quant messire Brocquart et ses gens eurent ainsi couru et robé le pais de Champagne, de Brie, de Retheloys et ailleurs, on s’accorda devers eux, et eurent tout ce qu’ils demandoyent, et plus assez; car le duc de Normandie et le conseil, voyant que son pouvoir lui croissoit de jour en jour et qu’il seroit bien en lui de tenir le pais en grant douleur, conclut de contenter luy et ses compagnons. Quant monseigneur Brocquart eut ce qu’il demandoit, il se retrait en Lorraine dont il estoit parti, et y ramena sa routte et ses compaignons tous riches des pillages qu’ils avoyent faicts en France, et ainsi il laissa en paix le pais de Champagne et le royaume, quant il eut faict des maulx et des outrages sans nombre; ne autre amandise ne s’en ensuivit, car les princes estoyent lors divisés et tous devoyés l’un contre l’autre.
P. 185, l. 3: France.—Ms. A 17: et dist par l’ame son père qu’il seroit payé maugré lui et toute sa puissance, avant qu’il partist du royaume, et qu’il s’en paieroit au double par sa main. Mais, nonobstant ce, le dit duc et son conseil n’en firent point adoncques grant compte: dont le dit heraut fut moult esbahi et s’en retourna sans aucune response convenable; et fit tant qu’il retourna par devers monseigneur Broquart, lequel, tantost oïes les responsces du dit duc de Normandie par le dit herault, entra avec sa route.
P. 185, l. 11 et 12: cinq cens.—Mss. A 20 à 22: quinze cens.
P. 185, l. 16: estos.—Mss. A 15 à 17: chevron. Fo 224 vo.
P. 186, l. 12: deus.—Ms. A 29: quatre.
P. 186, l. 14: d’Auvergne.—Le ms. A 29 ajoute: monseigneur Jehan de Boulogne et le seigneur de Montagu, d’Auvergne.
P. 186, l. 16: Alle.—Mss. A 8, 9: Albrest.—Mss. A 20 à 22: Alain.
P. 186, l. 17: Buef.—Mss. A 8, 9, 20 à 22: Beuch.
§ 451. P. 186, l. 22: Tant chevaucièrent.—Ms. d’Amiens: Tant chevaucièrent chil seigneur d’Auviergne avoecq leur routtes et leur arrois qu’il vinrent à une petite journée priès de ces guerieurs qui se noummoient Englès, et veirent d’une montaingne où toutte leur ost estoit arestée, les fummièrez que li ennemy faisoient. A l’endemain, il s’adrechièrent celle part; et estoit bien leur entente que d’iaux combattre, se il les pooient ataindre. Che soir, il vinrent à deux petittes lieuwes dou pays priès d’iaux: dont prissent il terre et se logièrent tout sus une montaingne. Et li Englèz estoient sus une autre, et veoient tout clerement les feus qu’il faisoient en une host et en l’autre. Si passèrent celle nuit.
L’endemain, se deslogièrent les Franchois et se traissent plus avant tout à le couverte, car il congnissoient le pays, et s’en vinrent à heure de nonne logier sus une montaingne droit devant les Englèz; et n’y avoit d’entre deus que une prairie, espoir large de six bonniers de terre, et pooient clerement connoistre et veoir l’un l’autre. Quant li Englès virent venu les Franchois devant yaux, par samblant il en fissent grant chierre, et s’ordonnèrent tantost, si comme pour combattre, et missent tous lors archiers ou pendant de le montaingne devant yaulx.
Li seigneur de Franche, qui perchurent ce couvenant, s’ordonnèrent ossi et fissent deux bonnes bataillez bien et faiticement: en chacune avoit six mil hommes. Si avoit le premierre li daufins d’Auviergne et comtes de Cleremont; si l’apelloit on Beraut, et devint là chevaliers, et leva bannierre escartelée d’Auviergne et de Merquel. Si estoient dalléz lui messires Robers daufins, ses oncles, et li sirez de Montagut, messires Henris de Montagut, qui là devint chevaliers, et li sires de Calençon et li sirez de Rochefort et li sires de Serignach. En l’autre bataille estoient li comtes de Forès et messires Jehans de Bouloingne et messires Godeffroix de Bouloingne, ses frères, qui là devint chevaliers et leva bannière, et li sires d’Achier et ses filz, qui y devint cevalierz, et li sires d’Achon et li comtes d’Uzès et messires Renaus de Forès, frères au dit comte, et pluisseur autre chevallier et escuier, en grant vollenté de combattre ces compaingnes, si comme il le moustroient.
D’autre part, messires Robers Canolles et Alle de Buef et leur routtez par samblant moustroient que il ewissent grant vollenté. Ensi se tinrent jusquez au soir l’un devant l’autre, chacun en son fort sans lui mouvoir, fors tant qu’il y eut aucuns jones chevaliers et escuiers qui, pour acquerre pris d’armes, descendirent, par le congiet de leurs marescaux, des montaignes et vinrent ens ou pré jouster li ungs à l’autre. Et qui pooit conquerre se compaignon, il l’en menoit; mès pour ce ne se desroutèrent onquez les batailles, pour jouste ne escarmuche qui faite y fust. Fo 117 vo.—Le ms. A 1 abrége tellement ce paragraphe et les suivants jusqu’au § 462 qu’ils remplissent à peine un feuillet.
P. 186, l. 22 à 27: Tant.... faisoient.—Ms. A 29: Tant chevauchièrent ces barons et chevaliers d’Auvergne avec leurs routtes et leur arroy qu’ils approchèrent à une petite journée près de l’ost monsigneur Robert Canolle, lequel avoit, à troys mille combattans, routté et chevauchié, comme dit est, en la duché de Berry, ardant et exillant celle bonne contrée qui tant est fertille, et de là estoit il entré en Auvergne.
P. 186, l. 24: guerrieurs.—Ms. A 17: Jacques pillars.
P. 187, l. 9 et 10: six bonniers.—Mss. A 23 à 29: douze arpens.
P. 187, l. 18 et 19: cinq mil.—Mss. A 8, 9, 15 à 19: six mil. Fo 225.
P. 187, l. 31: li contes.—Mss. A 15 à 17: le viconte.
P. 187, l. 31: contes.—Mss. A 8, 9: viconte.
§ 452. P. 188, l. 16: Quant ce vint.—Ms. d’Amiens: Quant ce vint au soir et que li journée se fu partie sans bataille, chacuns se retraist à son logeis, et fissent bon get et grant. Or se traissent en consseil le seigneur de France et conssillièrent entre yaux que, à heure de mienuit, il partiroient de là et descenderoient leur montaingne, non deviers les ennemis, mès au plain par où il estoient monté. Et pour tant seullement tourniier les montaingnes deux lieuwes, il veroient tout au plain là où li Englès estoient, et encorres si matin que espoir ne seroient il mies tout armé. Celle ordounnanche fu affremée entre yaux, et le devoit chacuns sires dire à ses gens; et se devoient armer et partir qoiement sans point de friente, et le dissent si comme ordonné fu; mès oncques ne se seurent che demener que li Englès ne le sewissent tantost, et par un prisonnier des leurs, si comme on supposa depuis, qui s’embla et vint en l’ost monseigneur Robert Canolle, et li comta tout le couvenant des barons d’Auviergne, quel cose il avoient empris.
Quant messires Robers entendi ces nouvelles, il se traist à consseil avoecq aucuns de chiaux de son host où il avoit le plus de fianche. Et regardèrent l’un parmy l’autre, tout comsideré et ymaginet le puissanche des Franchois, que che n’estoit mies bon d’iaux atendre. Si fist et en l’eure armer ses gens, tout toursser, monter et partir et chevauchier en voies, et yaux faire conduire par ghides des gens dou pays qu’il tenoient pour prisounniers et qui savoient les adrèches et tous les chemins. Nonpourquant à l’eure ordounnée, li Franchois s’armèrent et partirent en leurs batailles bien ordonnement, et fissent tout ensi que devisé avoient, et vinrent droit au point dou jour sus le montaigne où il quidoient trouver les Englès; mès nulz n’en trouvèrent, dont il furent moult esmervilliet qu’il pooient y estre devenu. Si fissent monter quatre de leurs hommes sus ronchins bien appers, et chevauchièrent par ces montaingnez à savoir s’il en oroient nulles nouvelles. Chil raportèrent en leur host, environ heure de grande tierche, que on les avoit veu passer, et noummèrent le chemin, et qu’il s’en aloient deviers Limoges et en Limozin.
Quant li seigneur et li baron d’Auviergne entendirent chou, si n’eurent mies consseil dou plus poursuir, car il leur sambla qu’il perderoient leur painne et que assés honnerablement il avoient chevauchiet, quant il avoient boutés leurs ennemis hors de leurs pays. Si donnèrent li seigneur à touttes mannierres de gens congiet, pour raller en leurs lieus. Enssi se deffist celle grosse chevauchie d’Auviergne, et revinrent li seigneur en leurs maisons. Assés tost apriès, fu fais li mariaiges de ce gentil chevallier monseigneur Beraut, conte de Clermont, daufin d’Auviergne et sire de Merquel, à le fille au gentil comte de Foriès, nièche et cousinne germainne à ciaux de Bourbon de par medamme se mère. Or revenrons au roy Edouwart d’Engleterre et au grant aroy qu’il fist en celle année pour passer le mer. Fo 117 vo.
P. 188, l. 29: fu.—Ms. A 29: Mais les seigneurs françoys ne sceurent leur entreprise si bien, ne si secretement conduire que les Anglois n’en fussent incontinent avertis par un homme d’armes angloys qui estoit prisonnier en l’ost des François, lequel s’embla de son maistre si à point qu’il vint advertir monseigneur Robert Canolle de toute l’intention des Françoys. Et quant il entendit ce que dict est, il se retraict à conseil avec aucuns de son ost où il avoit plus de fiance, et là leur fit par le prisonnier relatter tout ce qu’il sçavoit de l’ordonnance et entreprise des Françoys. Et ainsi, tout consideré et la puissance de leurs ennemis que ils veoyent moult grande au regard de la leur, il n’estoit mie bon d’eulx attendre. Lors troussèrent toutes leurs bagues et partirent de ce lieu; si se firent conduire par aucuns hommes du pais qu’ils tenoyent pour prisonniers. A l’heure de minuict, les François, comme ordonné estoit, se meirent en arroy de bataille, et s’en allèrent tout le train qu’ils vouloyent tenir en telle manière qu’ils vindrent à l’adjournement sur la montagne où bien cuidoyent trouver les Anglois. Et quant ils congnurent qu’il n’y avoit ame et qu’ils estoyent delogés, les seigneurs ordonnèrent de chevaucher des leurs des plus apperts et fort montés, par les montaignes, pour savoir s’ils en orroyent nulles nouvelles. Iceux chevaucheurs rapportèrent en leur ost à heure tierce, qu’on les avoit veus passer; et nommèrent le chemin où, et qu’ils s’en alloyent devers Limoges en Limosin. Quand ces seigneurs d’Auvergne virent que monseigneur Robert Canolle et ses routtes leurs estoyent ainsi eschappés, sans bataille avoir, ils rompirent leur chevauchée, et ralla chascun en sa maison.
§ 453. P. 190, l. 11: Li rois d’Engleterre.—Ms. d’Amiens: Vous avés bien chy dessus oy compter quel appareil li roys englès faisoit pour venir en France, et estoit si grans et si gros que oncques devant ne apriès, on ne vit le pareil en Engleterre: de quoy tout signeur de l’Empire, qui autrefois l’avoient servi, s’avanchoient de venir vers lui, ou il y envoioient leurs enfans. Et partout chevalier et escuier et gens d’armes se commencièrent à pourveir grossement et chierement de chevaus et de harnas, chacuns dou mieux qu’il peult, seloncq son estat; et se traist chacuns, dou plus tost qu’il peult, par deviers Callais. Mais li roys et ses gens ne vinrent mies sitost à Callais c’on penssoit. Si y vinrent tant de gens d’armes à Calais estragniiers, le tamps pendant, atendant la venue dou roy, que li ville fu si plainne de gens et li hammiel d’entours, que on ne se savoit où hebregier ne chevaus estaubler. Et avoecq chou, pains, vins, fuerres, avainnes et touttes coses y estoient si chières que on n’en pooit recouvrer, pour or ne pour argent. Et toudis leur disoit on: «Li roys venra à l’autre sepmainne.»
Enssi atendirent tout chil seigneur alemant, missenaire, hasbegnon, braibenchon, haynuyer et flamencq, povres et riches, la venue dou roy englès, de le fin d’aoust jusques à le Saint Remy, à grant meschief et à grant coust, et à si grant povreté qu’il couvint les pluisseurs des plus riches vendre les milleurs de lors jeuiaux; et, se li roys fuist adonc venus à Calais, il ne sewist où hebregier ses gens. Et si estoit bien doubtance que chil signeur, qui tout avoient despendut, ne se volsissent point partir de Calais, pour roy ne pour autre, se on ne leur ewist rendus tous leurs despens de deniers appareilliés. Fos 117 vo et 118.
P. 191, l. 5: jeuiaus.—Mss. A 8 à 10, 15 à 17 et B 6: chevaux.
P. 191, l. 12: despens.—Mss. A 15 à 17: qu’ilz avoient illec fais et acreuz, en attendant tousjours la venue du dit roy d’Angleterre, comme dit est.
§ 454. P. 191, l. 13: li rois d’Engleterre.—Ms. d’Amiens: Li rois englès, qui ne pot avoir sitost ses gens ne ses grandes pourveanches appareillies que il volsist, [bien avoit] entendu le grant nombre de gens qui l’atendoient à Calais pour avoir grasce et biensfais de lui, coumment qu’il n’ewist mie mandet le quarte partie, non le chincquime de chiaus qui là estoient venut; mès estoient li aucun venu de leur vollenté, pour leur honneur avanchier, et li autre par convoitise de gaegnier et pillier sus le noble royaumme de Franche. Si eut li roys doubtance de chou que dessus est dit. Si s’avisa par grant sens, ensi que on poelt pensser, que il envoieroit son cousin le duc de Lancastre à Calais, à tout grant fuisson de gens d’armes, pour lui excuser enviers ces seigneurs qui là estoient venu, et pour faire compaignie à yaux, et ensi fu fait.
Adonc s’apareilla li dus dou mieux qu’il peult, et fist tant qu’il vint à Callais environ le feste Saint Remy, à tout trois cens armures de fier et deux mil archiers et Ghallois. Si fu durement bien venus et conjoïs de ces seigneurs estragniers qui li demandèrent nouvelles dou roy. Et il l’escuza bellement et sagement enviers yaux, ensi que bien le seult faire, et fist descargier tout bellement se harnas, ses chevaux et sez pourveanches, et puis dist à ces seigneurs estranges que li sejourners là endroit ne leur pooit riens valloir, mès il volloit chevauchier en Franche pour veoir qu’il y trouveroit. Si leur pria que il volsissent chevauchier avoecq lui, et il presteroit aucune somme d’argent à chacun pour paiier leurs hostelx de leurs menus frès, et leur liveroit pourveanches si avant qu’il en voroient chargier sus leurs soummiers.
Il sambla à ces seigneurs que ce seroit honte del sejourner et de refuser le requeste de si vaillant homme; si li ottriièrent, et fist chacuns refierer ses chevaux et toursser, puis se partirent de Calais à grant noblèce, et s’en allèrent par deviers Saint Ommer en deux jours, et pooient bien estre mil armures de fier, sans les archiers et les gens de piet. L’endemain, il s’en allèrent par deviers Bietune et puis deviers le bonne cité d’Arras, puis se traissent deviers le bonne abbeie que on claimme le Mont Saint Eloy. Là sejournèrent par l’espasse de quatre jours pour yaux aaisier, car il le trouvèrent bien garnie, et il en avoient grant besoing, comme cil dont li plus grant partie n’avoient mengiet de pain ne beu de vin dedens six jours en devant; ains avoient souffert maintes grandez mesaises, combien qu’il ewissent desrobet et gastet villes et villettes sans fremetés, mès petit y avoient trouvet à gaegnier, et petit avoient ars, car deffendu leur estoit de leurs souverains. Fo 118.
P. 191, l. 21: bon.—Le ms. A 7 ajoute: pais. Fo 215.
P. 191, l. 22: plentiveus.—Ms. B 4: plentureux. Fo 211.
P. 192, l. 2 et 3: quatre.... arciers.—Ms. B 6: deux mille hommes d’armes et quatre mille archiés. Fo 596.
P. 192, l. 2 et 3: armeures de fier.—Ms. B 4: hommes d’armes.
P. 192, l. 8: harnas.—Ms. A 7: harnois.
P. 192, l. 9: estragnes.—Ms. A 7: estragniers.
P. 192, l. 20: refierer.—Ms. A 7: refier.
P. 192, l. 20 et 21: tourser.—Ms. A 7: trouser.
§ 455. P. 193, l. 1: Quant ces gens.—Ms. d’Amiens: Quant ces gens d’armes eurent sejourné quatre jours au Mont Saint Eloy, et gastet et robet tout le pays environ, il se partirent de là et se traissent par deviers le rivierre de Somme et par deviers Bapaummes, pour venir vers Peronne en Vermendois; et ne cheminoient non plus de deus ou de trois lieuwes le jour. Si gastèrent tout le pays sieuwant le rivierre de Somme, tant que il vinrent à une ville fremmée que on claimme Bray sur Somme; si l’assaillirent fortement et durement. Et dura li assaus ung jour tout enthier, et y pardirent grant fuisson de leurs gens; car cil de le ville se deffendirent vassaument parmy le confort dou comte de Saint Pol et dou seigneur de Rainneval et d’aucuns chevaliers et escuiers dou pays qui se vinrent bouter à bien deus cens lanches: autrement elle ewist estet prise. Quant il virent que il ne le poroient avoir, et que trop leur coustoit de leurs gens, il se partirent et sieuwirent le dite rivierre à grant mesaise de pain et de vin, et vinrent à une ville que on claimme Cherisi, là où il trouvèrent souffissamment pain et vin. Si passèrent là endroit le rivierre au pont qui n’estoit mies deffais, et sejournèrent là le jour de le Toussains.
En ce sejour, vinrent nouvelles au duc de Lancastre que li roys Edouars ses sires estoit venus à Callais, et li mandoit que tantost il se traisist par deviers lui à toutte se compaignie. De ces nouvelles furent liet tout li compaignon d’estraingnes pays pour l’esperance d’avoir mounnoie, qui avoient eubt grant faulte d’argent et enduret tamainte grande mesaise de famine. Si se partirent liement de là et rapassèrent le rivierre là meysmes, et se retrairent par deviers Calais là où ilz cuidoient trouver le roy Edouwart. En celle chevauchie furent messires Henris de Flandres à tout deus cens armures de fier dou pays de Flandres. Si y furent, de Braibant, messires Henris de Bautresen, sirez de Berghez, messires Gerars de le Heyde, sires de Bautresen, et messires Francques de Halle. De Haynnau y furent messires Gautiers de Mauni et li jones sires de Goumignies, à belle routte de compaignons. De Hesbegnons y furent messires Ghodeffrois, sires de Harduemont, et messires Jehans ses filz, messires Ghautiers de Haultepenne ses cousins, messire Jehans de Duras, messires Thieris de Sieraing, messire Ghautiers de Sieraing ses frères, messires Rasses de Jumeppe, messires Gilles Sorles, messires Jehans de Bernamont, messires Renars de Berghez et pluisseurs autres. Les Allemans, les messenairez d’estrainges pays ne poroie savoir tous nommer: si m’en tairay atant. Fo 118.
P. 193, l. 2: Mont Saint Eloy.—Ms. A 29: Quant ils eurent robé et couru et fort gasté tout le pais d’environ, ils partirent de celle noble abbaye et chevauchèrent sans sejourner fors de nuit tant qu’ils vindrent devant la ville de Bray sur la rivière de Somme, laquelle ils assaillirent toute la journée. Et y mourut un vaillant banneret d’Angleterre et plusieurs autres escuyers et archers, car ceulx de la ville se deffendirent vaillamment. Et bien leur fut mestier par le grant et aspre assault qu’ils receurent. Aussi le conte de Saint Pol et le seigneur de Rainneval et d’autres chevaliers, qui de cel assault se doutoyent, vindrent, à deux cens lances, se bouter par derriere en la ville de Bray, à l’heure que cel assault se commençoit, qui leur fut un grant reconfort.
Et quant les Anglois veirent qu’ils n’y pourroient riens conquester, fors perdre assez, ils s’en partirent ce soir mesme et suivirent le rivière de Somme, à grant defaute de pain et de vin par especial; et vindrent à un gros village appelle Cherisi l’endemain matin, là où ils trouvèrent suffisamment pain et vin, chairs et fromages, dont ils furent moult resjouis. Et quant ils se feurent repeus, ils chargèrent et emportèrent tout ce qu’ils trouvèrent de vivres. Si passèrent là endroit la rivière de Somme, au pont de bois qui n’estoit encores rompu ne defait; et sejournèrent illec la nuict et l’endemain qui fut le jour de Tous Saints, car à si bon jour le duc n’avoit mie intention de faire nul exploict d’armes.
P. 193, l. 20 et 21: qui.... Carlestonne.—Ces mots manquent dans les mss. A.
P. 193, l. 21 et 22: de quoi.... peurent.—Mss. A 11 à 14: dont le roy anglois, qui en oit nouvelles, fut moult courroucié, mais amender ne le pot.
P. 194, l. 4: compagnie.—Les mss. A 11 à 14 ajoutent: aussi, à voir dire, n’osoit il passer plus avant, tant pour ce qu’il avoit perdu de ses gens grant foison devant Bar sur Somme (sic), comme pour la doubte du gentil conte de Saint Pol et sa route.
P. 194, l. 14: le Heide.—Mss. A 20 à 22: la Hede.—Ms. B 4: le Horde. Fo 211 vo.—Mss. A 23 à 29: la Herde.—Ms. A 3: la Harde.—Mss. A 15 à 17: la Heude.
P. 194, l. 17: Hesbegnons.—Mss. A 1 à 7, 18 à 29: Behaignons, Bahaignons. A 7, fo 215 vo.
P. 194, l. 23: Renars.—Mss. A 23 à 29: Regnault.
§ 456. P. 194, l. 27: Ensi que li dus.—Ms. d’Amiens: Enssi que li dus de Lancastre et chil seigneur et chil chevalier estrainge chevauchoient deviers Calais pour trouver le roy Edouwart que tant avoient desiret, il rencontrèrent sur leur chemin à quatre lieuwes priès de Callais, à si grant multitude de gens d’armes que tous li pays en estoit couvers, et si richement armés et parés que c’estoit merveillez et grans deduis à regarder lors armes luisans, lors bannierres ventellans, lors conrois, par ordene, le petit pas chevauchans, ne on n’y seuwist riens amender. Quant li dus de Lancastre et chil estrange seigneur deseure dit furent parvenut jusques au roy, il les fist moult grant chière et liement lez salua, et les regracia moult humblement de leur serviche et de ce qu’il estoient là venu de leur bonne vollenté.
Tantost chil signeur estrange, allemant miessenaires, flamens, bourghignons, hasbegnons, braibenchons et tout enssamble demoustrèrent au roy moult humblement leur povreté et necessité, comment il avoient leur avoir despendu, lors cevaux et lors harnas vendus, si ques peu ou nient lor estoit demouret pour lui servir, pour cui il estoient là venus, ne pour raller en leur pays, se besoings estoit, en lui priant que par sa noblèche il y volsist entendre et regarder. Li roys Edouwars se consseilla assés briefment tout à cheval enmy les camps là où il estoit. Si lor respondi courtoisement qu’il n’estoit mies bien pourveus de là endroit respondre plainnement: «mès estes durement travilliéz, si comme je pense, che dist li roys; si vous allés reposer et rafreschir deux jours ou trois dedens Callais, et je me aviseray et conseilleray encore anuit ou demain plus plainnement, et vous envoieray responsce telle qu’elle vous devra souffire par raison et seloncq mon pooir.»
Ces estrangez gens n’en peurent adonc avoir autre cose. Si se partirent dou roy et s’en allèrent par deviers Callais pour là atendre le bonne responsce dont il avoient grant esperance d’avoir plenté de mounnoie, pour aligance de leurs frès et de lors dammaiges. Il n’eurent mies plus de demy lieuwe allet qu’il encontrèrent le plus grant charoy et le plus bel de touttes pourveanchez et le mieux appareilliet qui oncques fust veus en nul pays. Apriès il encontrèrent le prinche de Galles si noblement et si ricement parés d’armes, il et touttes ses gens, que c’estoit merveilles et deduis à regarder; et avoit si grans gens en son conroy que tous li pays en estoit couvers. Et chevauchoient tout le coumun pas rengiés et sierés, ensi que pour tantost combattre, se mestiers en fust, tousjours une lieuwe ou deux enssus de l’host le roy sen père; si ques lors charois et lors pourveanchez charioient tousjours entre les deux hos: laquelle ordonnance chil seigneur estrange virent vollentiers, et moult le prisièrent. Fo 118 vo.