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Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal

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Ascension du Popocatepetl.—Le village d'Amécaméca.—La famille Perez.—Tomacoco.—Le rancho de Tlamacas.—Excursions aux environs.—Le cimetière indien.—Le volcan.—Retour à Amécaméca.—Départ pour Vera Cruz—Rencontre de deux partis.—Encore les voleurs.—Dolorès Molina.—Son enlèvement.—Vera Cruz.—Retour en Europe.

Je ne pouvais quitter le Mexique sans tenter l'ascension du Popocatepetl, le volcan le plus élevé de l'Amérique du Nord. Il y avait là de belles vues à prendre, et tout au moins, comme souvenir, je tenais à reproduire l'intérieur du cratère, le pic et ses environs; il me paraissait, en outre, flatteur pour mon amour-propre de voyageur, d'aller faire de la photographie à 17,852 pieds au-dessus du niveau de la mer, et je serais désolé de n'être point le seul. Je préparai donc mon petit bagage artistique, composé d'une chambre stéréoscopique et de divers produits. J'avais avec moi un jeune homme nommé Louis, qui, à Mexico, m'avait aidé dans mes travaux photographiques; notre départ fut fixé à la fin de septembre.

Il existe un service de diligences qui transportent les voyageurs jusqu'au pied du volcan.

La diligence traverse Ayotla, laisse à droite la route de Vera Cruz et s'enfonce dans la plaine, passe devant la filature de Miraflores, s'arrête un instant à Tlalmanalco pour déboucher sur Amécaméca. Amécaméca est un grand village au pied du volcan, et sa position dans la plaine est une des plus belles de la vallée. Je m'étais lié d'amitié, dans ce dernier village, avec don Cyrilo Perez, négociant, et son frère don Pablo, juez conciliador, juge de paix d'Améca.

Ce dernier s'occupait avec passion de photographie, et nous avait accompagnés dans diverses excursions; aussi, ces deux aimables caballeros firent-ils leur possible pour nous faciliter l'ascension du pic. Il fallut néanmoins retarder le départ; huit jours de pluie nous clouèrent au village, et le volcan ne se montrait que par intervalles rares: dans ces conditions, le voyage eût été manqué. Le temps enfin se remit au beau et nous partîmes. Nous allâmes d'abord coucher à l'hacienda de Tomacoco, belle habitation appartenant à la famille Perez et située au milieu d'un paysage admirable. Nos guides et les domestiques devaient nous y rejoindre.

Le lendemain, de fort bonne heure, nous étions en route; ma troupe se composait des deux guides, de quatre Indiens, de don Louis et moi. Le sentier s'enfonce dans les bois de sapins pour devenir bientôt abrupt et glissant. Chaque pas en avant donne au panorama de la vallée une plus grande extension, et dans les éclaircies du bois, l'œil se repose ravi sur les sites les plus enchanteurs; la forêt se développe grande et majestueuse, nous croisons à chaque instant des arbres d'un diamètre énorme et d'une hauteur gigantesque. Mais le froid nous saisit, il nous faut mettre pied à terre pour soulager nos montures, dont le souffle bruyant annonce la fatigue et l'oppression.

Nous atteignons alors un premier plateau que croise le sentier de Puebla. Cette route est la même que suivit Cortez dans sa marche de Cholula sur Mexico, et nous croyons intéresser le lecteur en lui donnant la belle page que l'historien Prescott a consacrée à cet épisode de la vie du conquérant. La voici:

«Les Espagnols défilèrent entre deux des plus hautes montagnes de l'Amérique septentrionale, Popocatepetl, «la montagne qui fume,» et Iztaccihuatl, ou «la femme blanche,» nom suggéré sans doute par l'éclatant manteau de neige qui s'étend sur sa large surface accidentée. Une superstition puérile des Indiens avait déifié ces montagnes célèbres, et Iztaccihuatl était, à leurs yeux, l'épouse de son voisin plus formidable. Une tradition d'un ordre plus élevé représentait le volcan du nord comme le séjour des méchants chefs, qui, par les tortures qu'ils éprouvaient dans leur prison de feu, occasionnaient ces effroyables mugissements et ces convulsions terribles qui accompagnaient chaque éruption. C'était la fable classique de l'antiquité. Ces légendes superstitieuses avaient environné cette montagne d'une mystérieuse horreur, qui empêchait les naturels d'en tenter l'ascension; c'était, il est vrai, à ne considérer que les obstacles naturels, une entreprise qui présentait d'immenses difficultés.

«Le grand volcan, c'est ainsi qu'on appelait le Popocatepetl, s'élevait à la hauteur prodigieuse de 17,852 pieds au-dessus du niveau de la mer, c'est-à-dire à plus de 2,000 pieds au-dessus du «monarque des montagnes,» la plus haute sommité de l'Europe. Ce mont a rarement, pendant le siècle actuel, donné signe de son origine volcanique, et la «montagne qui fume» a presque perdu son titre à cette appellation. Mais à l'époque de la conquête, il était souvent en activité, et il déploya surtout ses fureurs dans le temps que les Espagnols étaient à Tlascala, ce qui fut considéré comme un sinistre présage pour les peuples de l'Anahuac. Sa cime, façonnée en cône régulier par les dépôts des éruptions successives, affectait la forme ordinaire des montagnes volcaniques, lorsqu'elle n'est point altérée par l'affaissement intérieur du cratère. S'élevant dans la région des nuages, avec son enveloppe de neiges éternelles, on l'apercevait au loin de tous les points des vastes plaines de Mexico et de Puebla; c'était le premier objet que saluât le soleil du matin, le dernier sur lequel s'arrêtaient les rayons du couchant. Cette cime se couronnait alors d'une glorieuse auréole, dont l'éclat contrastait d'une manière frappante avec l'affreux chaos de laves et de scories immédiatement au-dessous, et l'épais et sombre rideau de pins funéraires qui entouraient sa base.

«Le mystère même et les terreurs qui planaient sur le Popocatepetl inspirèrent à quelques cavaliers espagnols, bien dignes de rivaliser avec les héros de roman de leur pays, le désir de tenter l'ascension de cette montagne, tentative dont la mort devait être, au dire des naturels, le résultat inévitable. Cortez les encouragea dans ce dessein, voulant montrer aux Indiens que rien n'était au-dessus de l'audace indomptable de ses compagnons. En conséquence, Diégo Ortaz, un de ses capitaines, accompagné de neuf Espagnols et de plusieurs Tlascalans enhardis par leur exemple, entreprit l'ascension, qui présenta plus de difficultés qu'on ne l'avait supposé.

«La région inférieure de la montagne était couverte par une épaisse forêt qui semblait souvent impénétrable. Cette futaie s'éclaircit cependant à mesure que l'on avançait, dégénérant peu à peu en une végétation rabougrie et de plus en plus rare, qui disparut entièrement lorsqu'on fut parvenu à une élévation d'un peu plus de treize mille pieds. Les Indiens, qui avaient tenu bon jusque-là, effrayés par les bruits souterrains du volcan alors en travail, abandonnèrent tout à coup leurs compagnons. La route escarpée que ceux-ci avaient maintenant à gravir n'offrait qu'une noire surface de sable volcanique vitrifié et de lave, dont les fragments brisés, affectant mille formes fantastiques, opposaient de continuels obstacles à leur progrès. Un énorme rocher, le pico del Fraile (le pic du Moine), qui avait cent cinquante pieds de hauteur perpendiculaire, et qu'on voyait distinctement du pied de la montagne, les obligea à faire un grand détour. Ils arrivèrent bientôt aux limites des neiges perpétuelles, où l'on avait peine à prendre pied sur la glace perfide, où un faux pas pouvait précipiter nos audacieux voyageurs dans les abîmes béants autour d'eux. Pour surcroît d'embarras, la respiration devint si pénible dans ces régions aériennes, que chaque effort était accompagné de douleurs aiguës dans la tête et dans les membres. Ils continuèrent néanmoins d'avancer jusqu'aux approches du cratère, où d'épais tourbillons de fumée, une pluie de cendres brûlantes et d'étincelles, vomis du sein enflammé du volcan, et chassés sur la croupe de la montagne, faillirent les suffoquer en même temps qu'ils les aveuglaient. C'était plus que leurs corps, tout endurcis qu'ils étaient, ne pouvaient supporter, et ils se virent à regret forcés d'abandonner leur périlleuse entreprise, au moment où ils touchaient au but. Ils rapportèrent, comme trophées de leur expédition, quelques gros glaçons, produits assez curieux dans ces régions tropicales, et leur succès, sans avoir été complet, n'en suffit pas moins pour frapper les naturels de stupeur, en leur faisant voir que les obstacles les plus formidables, les périls les plus mystérieux, n'étaient qu'un jeu pour les Espagnols. Ce trait, d'ailleurs, peint bien l'esprit aventureux des cavaliers de cette époque, qui, non contents des dangers qui s'offraient naturellement à eux, semblaient les rechercher pour le plaisir de les affronter. Une relation de l'ascension du Popocatepetl fut transmise à l'empereur Charles-Quint, et la famille d'Ortaz fut autorisée à porter, en mémoire de cet exploit, une montagne enflammée dans ses armes.

«Au détour d'un angle de la sierra, les Espagnols découvrirent une perspective qui leur eut bientôt fait oublier leurs fatigues de la veille. C'était la vallée de Mexico ou de Tenochtitlan, comme l'appellent plus communément les naturels; mélange pittoresque d'eaux, de bois, de plaines cultivées, de cités étincelantes, de collines couvertes d'ombrages, qui se déroulaient à leurs yeux comme un riche et brillant panorama. Les objets éloignés eux-mêmes ont, dans l'atmosphère raréfiée de ces hautes régions, une fraîcheur de teintes et une netteté de contours qui semblent anéantir la distance. À leurs pieds s'étendaient au loin de nobles forêts de chênes, de sycomores et de cèdres, puis au delà, des champs dorés de maïs et de hauts aloès, entremêlés de vergers et de jardins en fleurs; car les fleurs, dont on faisait une si grande consommation dans les fêtes religieuses, étaient encore plus abondantes dans cette vallée populeuse que dans les autres parties de l'Anahuac. Au centre de cet immense bassin, on voyait les lacs, qui occupaient à cette époque une portion beaucoup plus considérable de sa surface; leurs bords étaient parsemés de nombreuses villes et de hameaux; enfin, au milieu du panorama, la belle cité de Mexico, avec ses blanches tours et ses temples pyramidaux, la «Venise des Aztèques,» reposant, comme sa rivale, au sein des eaux. Au-dessus de tous ses monuments, se dressait le mont royal de Chapeltepec, résidence des monarques mexicains, couronné de ces mêmes massifs de gigantesques cyprès, qui projettent encore aujourd'hui leurs larges ombres sur la plaine. Dans le lointain, au delà des eaux bleues du lac, on apercevait, comme un point brillant, Tezcuco, la seconde capitale de l'empire; et plus loin encore, la sombre ceinture de porphyre qui servait de cadre au riche tableau de la vallée.

«Telle était la vue magnifique qui frappa les yeux des conquérants. Et aujourd'hui même encore, que ces lieux ont subi de si tristes changements, aujourd'hui que ces forêts majestueuses ont été abattues, et que la terre, sans abri contre les ardeurs d'un soleil tropical, est, en beaucoup d'endroits, frappée de stérilité; aujourd'hui que les eaux se sont retirées, laissant autour d'elles une large plage aride et blanchie par les incrustations salines, tandis que les villes et les hameaux qui animaient autrefois leurs bords sont tombés en ruine; aujourd'hui que la désolation a mis son sceau sur ce riant paysage, le voyageur ne peut les contempler sans un sentiment d'admiration et de ravissement[74]

Les temps ont changé, le lecteur en jugera par la suite de ce chapitre; et cette ascension, qualifiée d'exploit par le conquérant, et qui valut à son auteur un nouveau symbole dans son blason, ne nous sembla, en dehors de quelques fatigues, qu'une simple partie de plaisir. Mais poursuivons.

Nous laissons le sentier sur la gauche, pour nous enfoncer à droite entre les monts Hielosochitl et Penacho. Les arbres ont perdu de leur vigueur et la forêt est clair-semée; la pente, assez douce, permet aux chevaux d'avancer d'un pas plus rapide, et vingt minutes au delà nous atteignons la cime du Tlamacas, au pied duquel se trouve le rancho du même nom. Le rancho de Tlamacas ne contient que trois misérables cabanes, dont l'une sert d'abri aux Indiens employés à l'extraction du soufre dans le volcan, l'autre d'habitation au maître du rancho, et la plus grande est l'usine où s'élabore le soufre brut, pour en sortir en masses carrées ou rondes de 50 kilog.

Le rancho de Tlamacas se trouve à près de quatre mille mètres au-dessus du niveau de la mer; aussi, la nuit, le froid fut-il terrible; mon thermomètre marquait 10° au-dessous de zéro. Il fallut se retirer dans la hutte des fourneaux alors en pleine activité; mais les vapeurs suffocantes du soufre nous en chassèrent bientôt; nous y avions été pris de quintes de toux qui durèrent longtemps, et je ne pouvais me rendre compte de l'insensibilité des malheureux Indiens chargés de la fabrication. Cette première nuit fut désolante, et je me réveillai gelé, engourdi, presque insensible.

La journée ne s'annonçait pas brillante; dès la première heure, le sommet du volcan s'était couvert d'épais nuages, il fallut retarder l'ascension.

Notre temps fut employé en excursions aux environs, notamment sur le sommet d'une montagne qui fait face au rancho de Tlamacas, d'où la vue s'étend sur les deux vallées de Puebla et de Mexico. De ce point élevé, le touriste est assez rapproché de l'Iztaccihuatl, qui se présente en raccourci, et je pus en prendre une image assez bien réussie.

La chose qui m'étonna le plus dans ces hauteurs fut de voir passer à mes pieds, dans les bois de sapins qui couvrent la montagne, trois ou quatre couples d'aras verts; je n'osais en croire mes yeux, des aras au pied des neiges, la chose me semblait impossible; mais leur plumage émeraude et leurs cris, familiers à mon oreille, ne me laissèrent aucun doute à cet égard. Ils devaient arriver de Terre Chaude à la recherche des pommes de pin; car je les vis se perdre dans les bois pour n'en sortir que longtemps après et s'éloigner dans la direction de l'État de Guerrero.

Le même jour, le guide nous conduisit à la base même du volcan, près du pic du Moine qui se trouve en surplomb de la barranca de Mispayantla.

La montée, dans ce sable mouvant mélangé de cendres, est des plus pénibles, et la respiration nous manquait à chaque instant: arrivé sur la hauteur, je fis dresser la tente, mais un vent terrible faillit l'emporter; il fallut que les peones s'accrochassent aux extrémités pour la retenir; ce fut au milieu de ces difficultés que je pris divers clichés du pic du Moine, du chaos de roches volcaniques qui l'entoure et des profondeurs de la barranca.

—Sous vos pieds, me dit le guide, se trouvait jadis un cimetière, et dernièrement encore l'on découvrit à cette même place toute une série de vases aztèques. Cette communication alluma notre curiosité; armés tous deux, don Louis et moi, d'un simple bâton, nous nous mîmes à fouiller les terres assez friables de l'endroit, et nous rencontrâmes effectivement des débris d'ossements humains et des morceaux de poteries anciennes. Cette demi-réussite ne fit qu'enflammer notre ardeur; don Louis creusait avec son bâton et, muni d'un poignard, je dégageais avec précaution les poteries, car à moitié pourries par un long séjour dans la terre, elles étaient d'une fragilité extraordinaire, et ne reprenaient leur dureté qu'en séchant au soleil. Nous exhumâmes ainsi une douzaine de pots de formes diverses, d'une terre rouge, mais presque tous semblables pour la décoration: elle consistait en une grossière imitation de la figure humaine, obtenue au moyen de petites bandes d'argile collées sur la surface du vase. L'un d'eux cependant offrait une certaine élégance de forme, et la pièce la plus remarquable était une lampe de style étrusque, avec diverses peintures noires sur le fond rouge de la terre cuite.

Il est assez probable que cette sépulture date des premiers temps de la conquête, alors que les Indiens, traqués comme des bêtes fauves, se réfugiaient dans les bois et dans les hauteurs inaccessibles de la sierra. On connaît leur religion pour les tombeaux, ils pouvaient espérer que, dans ces hauteurs vierges alors de pas humains, les dépouilles mortelles des leurs seraient à l'abri des profanations espagnoles.

La journée suivante se passa de même dans une fiévreuse attente du grand jour; le pic se voilait sans cesse à nos yeux comme pour nous défendre son approche; tous les bas-fonds cependant jouissaient d'un temps magnifique et d'un soleil splendide; nous distinguions les moindres accidents de la plaine, et le soir on voyait s'allumer les réverbères de Puebla. Les nuits étaient glaciales et nos forces s'épuisaient de plus en plus; nos guides mexicains, en nous parlant des difficultés de l'ascension, jugeant mal de nos forces et de notre ardeur, semblaient nous prendre en commisération, exprimant à haute voix des doutes assez blessants pour notre amour-propre de voyageurs. J'imposai silence à cette faconde toute mexicaine, bien résolu de donner à l'injurieuse prophétie le démenti le plus formel.

La soirée du troisième jour annonçait une matinée favorable, et nous travaillâmes à nos préparatifs. Outre les deux guides et les quatre Indiens qui nous avaient accompagnés, je louai du maître du rancho trois autres Indiens pour soulager les nôtres, en divisant les fardeaux.

Je fis remplir douze bouteilles d'eau, car nous n'en devions pas trouver dans le volcan, je me munis de deux bouteilles de mezcal pour nous donner des forces au besoin, et les pieds emmaillottés de pièces d'une grosse étoffe de laine, nous attendîmes le lendemain avec impatience.

À trois heures du matin, nous montions à cheval, Louis et moi; nos hommes nous précédaient à pied, guidant nos montures dans le sentier du bois; peu après, nous atteignions l'extrême limite de la végétation, et nos montures n'avançaient plus qu'avec des difficultés inouïes dans l'arène mouvante des sables. L'aube blanchissait à peine quand nous traversâmes la barranca de Huiloac, espèce de ravin profond, creusé au temps des pluies par l'écoulement des eaux de la montagne, mais alors parfaitement à sec. La Croix et ses rochers se dessinaient devant nous à la limite des neiges, il semblait que nous en fussions à courte distance, et nous ne l'atteignîmes qu'après une heure d'une marche haletante et de poses répétées. Il était cinq heures et demie.

En cet endroit, nous descendîmes de cheval, un Indien devait ramener nos bêtes à Tlamacas. La besogne la plus difficile restait à faire; engourdies par le froid, nos jambes avaient peine à nous porter, il fallut les délier par un exercice préparatoire. Le disque du soleil sortait comme un nimbe des profondeurs de l'horizon, et ne jetait encore qu'une lueur d'un rose pâle sur le manteau neigeux du volcan. Le site est sauvage, grandiose, terrible, et rien n'en saurait donner l'idée.

La caravane se mit en marche; nous étions munis de lunettes bleues pour prévenir les accidents ophthalmiques si fréquents dans ces ascensions, au milieu de cette foudroyante lumière que multiplie la réverbération des glaces; les Indiens du rancho en portaient également. Le guide s'était, en outre, muni d'une quantité d'ocosochitl, herbe d'une vertu singulière, qui consiste à faciliter la respiration dans ces hauteurs. On en remplit alors la calotte de son chapeau, et lorsque l'oppression devient trop forte, on aspire l'arome qu'elle répand, arome d'autant plus violent que l'herbe est plus sèche.

Je remerciai le guide de son herbe préservatrice, en lui disant que je saurais m'en passer. Il sourit d'un air de doute et prit les devants: je le suivais, puis venait don Louis et le reste de la troupe. Chacun m'avait fait un monde de cette ascension, et je m'attendais à des difficultés inouïes; j'avoue que tout d'abord je me sentis mal à l'aise: on m'avait prédit une affreuse suffocation, je n'éprouvais en somme que de l'appréhension, laquelle se dissipa bientôt, en voyant que nous avancions assez rapidement et sans accident d'aucune sorte. Le jeu de mes poumons était admirable, et je n'éprouvais d'autre phénomène qu'une grande sécheresse dans la gorge, accompagnée d'une soif inextinguible; le remède était à côté du mal; à chaque instant, je me baissais et, ramassant des poignées de neige, je la buvais à longs traits. Cependant, nous nous arrêtions de temps à autre; le guide se retournait souvent, le rire aux lèvres, croyant nous avoir laissés loin derrière lui; mais Louis et moi ne perdions pas une semelle, et n'eût été l'ignorance où nous étions de la route à suivre, nous l'eussions pu dépasser; un seul Indien nous suivait, les autres étaient à quelques centaines de pieds au-dessous.

Il était huit heures et quart quand nous arrivâmes à l'orifice du cratère. Le guide s'arrêta: c'était l'entrée qui menait à l'intérieur du volcan; il devait y attendre les hommes pour préparer la tente de manière que je pusse immédiatement commencer mes opérations. Louis et moi, nous continuâmes sur la droite pour atteindre la plus haute cime de la montagne.

Nos jambes tremblaient alors comme celles d'un homme ivre, une légère oppression s'était emparée de nous, mais elle disparut après quelques instants de repos; nous avions la neige pour nous désaltérer, et nous en mélangeâmes dans une coupe avec une égale quantité de mezcal. Il fallut néanmoins nous asseoir, la pente était à pic et l'océanesque panorama qui se développait aux quatre points cardinaux nous avait jeté dans une terrifiante admiration. Comment oser décrire ce que j'ai vu?

Je veux le tenter, cependant, et j'en parlerai autant que l'infiniment petit peut parler des choses infinies, car n'est-ce pas l'infini que cet horizon de 80 lieues, triplant l'étendue de l'horizon marin avec la même grandeur de lignes, mais plus riche, de ses déserts, de ses champs cultivés, de ses forêts, de ses mille plans étagés, où le prisme éclatant de la lumière verse en prodigue ses plus étincelantes couleurs.

Arrivé au point culminant de la lèvre supérieure du cratère, le voyageur se trouve entre deux abîmes, et le vertige, qui tout d'abord s'empare de lui, semble plutôt un éblouissement des splendeurs que son regard embrasse, que l'effet des gouffres béants qu'il ose braver.

Il a derrière lui le cratère immense, ses jets de vapeurs sulfureuses et ses grondements souterrains; à ses pieds, un chaos de roches mutilées, scories gigantesques se soulevant de leur couche de neige et de cendre, rappellent, dans le convulsif et le tourmenté de leurs attitudes, les damnés de Dante cherchant à s'arracher de leur cercle de glace; à droite, le pic du Moine lève sa tête altière, et tout au bas, l'œil se perd dans les précipices vertigineux de la barranca de Mispayantla.

Aux heures matinales, l'aurore se lève à peine pour les profondeurs de la vallée; seule, une large ceinture de forêts s'étale verdoyante sur les gradins de la sierra, baignant ses pieds dans les blanches vapeurs que soulèvent les premiers rayons du jour.

Les plaines alors, semblables à d'immenses lacs, n'offrent à l'œil que l'aspect d'énormes vagues de nuages, d'où surgissent, au milieu de cette mer aérienne, les noirs sommets des pitons de la vallée. Mais le soleil monte, et vous assistez ébloui aux magiques transformations de cette nature enchanteresse: les vapeurs se groupent et s'élèvent, des éclaircies se forment, et comme au travers d'un ciel moutonneux on aperçoit par moment les étoiles, l'œil saisit, dans les méandres des nuées qui s'agitent, quelque blanche maison, une partie de village, la rive d'un lac, un bouquet de verdure, ou le scintillement des clochers lointains.

Puis comme un voile qu'on déchire, et dont les lambeaux sont emportés par les vents, les nuages disparaissent, et la vallée tout entière développe aux regards ses merveilleuses beautés.

Des hauteurs de glace où vous trônez, un prodigieux royaume s'offre à vous: grâce à la transparence de cette atmosphère lumineuse, tout se rapproche et se dessine, la distance est anéantie, et l'œil distingue, à vingt lieues au delà, les plus légers détails de cet admirable tableau. Voilà le bourg d'Améca et le sacro monté qui le garde, et la plaine fleurie qui l'entoure; à gauche, la vallée d'Ozumba; à droite, les monts de Tlalmanalco, Miraflores et ses clochers mauresques; plus loin, Chalco se mire au soleil dans les eaux de ses lagunes; ici, c'est le Peñon, le lac de Tezcuco, sur les bords duquel se traîne languissante, à l'ombre des sabinos centenaires, l'héritière de la grande ville aztèque; puis les murailles étincelantes de Mexico, les mille clochers qui les dominent, et les ravissantes villas qui l'accompagnent: toutes, malgré les vingt lieues qui vous séparent d'elles, se distinguent encore dans l'éloignement; voilà San Agustin la joueuse, Tacubaya la blonde, Chapultepec d'impériale mémoire, et Guadelupe la Sainte. C'est un ensemble extraordinaire de déserts, de lacs, de villes et de villages, de plaines verdoyantes, de monts volcaniques et de sommets boisés. Comme ceinture à ce magnifique tableau, la Cordillère étend au loin les lignes sombres de ses monts de porphyre.

Mais la plaine de Puebla nous appelle, offrant les mêmes perspectives avec plus de lointain encore dans l'horizon; à douze lieues, la ville semble à vos pieds, et le regard, en suivant la vallée de Tehuacan, pénètre jusqu'en Terre Chaude, pour saisir la silhouette des cactus gigantesques et des palmiers sauvages.

Cinq volcans, cinq pics neigeux, la Nevada de Toluca, l'Iztaccihuatl, la Malincha, l'Orizaba, le Popocatepetl, ce dernier, maître et roi de ces géants domptés, s'élèvent au-dessus des plateaux de l'Anahuac; chaque soir, le soleil les dore de ses feux, alors que dès longtemps il abandonna les plaines; on dirait de cinq lustres immenses que la main du Tout-Puissant espaça dans ces hauteurs, pour illuminer le plus merveilleux panorama du globe.

En descendant, nous trouvâmes la tente établie à cent pieds environ, dans un premier repli du cratère, sur la petite esplanade du Malacate (c'est un cylindre de bois, autour duquel s'enroule le câble qui permet de descendre dans le fond du cratère et d'en remonter les matières soufrées qu'on exploite à Tlamacas). Une heure à peine nous suffit pour prendre les vues du côté droit du cratère, du fond même du volcan et de L'Espinago del diablo, le côté gauche; les bains d'argent se voilaient bien d'une légère couche de sulfure, mais les vues réussirent cependant, et deux surtout furent très-belles.

Nous voulûmes descendre dans le cratère. Amarrés à l'extrémité du câble, le cylindre se déroula lentement, nous isolant dans l'abîme; nous avions à la main un bâton pour nous éloigner des anfractuosités de la roche; des pierres tombaient de temps à autre, nous menaçant d'une lapidation d'un nouveau genre. La descente paraît longue; car le cœur volontiers se trouverait pris de défaillance dans le parcours de cette prodigieuse descente; elle me sembla de plus de trois cents pieds; on arrive alors au cône tronqué formé par la chute continue des sables et des pierres du sommet; ce cône s'élance du fond du cratère, pour atteindre lui-même à une hauteur d'au moins deux cents pieds, avec une pente de 45°: on roule plutôt qu'on arrive jusqu'au fond du cratère, toute sa surface est couverte de neige, sauf aux abords des respiraderos (il y en a deux, le plus important est à gauche); on ne peut en approcher qu'à dix mètres, encore la chaleur est-elle intense et les émanations suffocantes. Ces deux jets de vapeur, qui, du haut du cratère apparaissent comme de minces filets blancs et dont on distingue à peine le bruit, sont, de près, deux énormes ouvertures lançant avec un bruit de tonnerre une épaisse colonne de vapeur sulfureuse. Une source vient déverser ses eaux dans une petite mare verdâtre, au milieu du cratère. Cette même source, me disait depuis don Cyrilo Perez, alimente à douze et à quatorze lieues, l'une à Puebla, et l'autre a Cuernavucca, deux sources thermales. Une multitude de fumeroles s'échappe en sifflant des murailles du cratère, et le soufre qu'on exploite se trouve, mélangé à la terre, déposé en fleurs aux environs des respiraderos, ou bien en morceaux d'un jaune clair et d'une cassure brillante; j'en ai rapporté quelques beaux échantillons. Mais malgré les prodigieuses quantités qui gisent au fond du volcan, le soufre d'Europe se vend encore à Mexico meilleur marché que celui du Popocatepetl, ce qui peut donner une idée de l'exploitation de ce produit dans la pauvre usine de Tlamacas.

Il était trois heures quand, après avoir gravi le cône de débris, nous regagnâmes l'orifice du volcan.

La déclivité du pic est si rapide que les Indiens préposés à l'extraction du soufre se contentent d'imprimer aux charges de terre soufrée tirées du volcan un léger élan, de façon qu'elles arrivent seules jusqu'à la limite des neiges. Cela s'appelle la corrida; lorsque la neige n'est point trop durcie par la gelée, les hommes se mettent à cheval sur les ballots et descendent avec eux; mais quand la surface est glacée, la corrida menaçant d'être trop rapide, ils descendent a pied de peur des accidents. Cela me donna l'idée d'opérer ma descente de la même manière.

Je m'assis donc simplement sur mon chapeau de feutre plié en quatre, et, sur ce léger traîneau, je me laissai couler sur la pente, au grand étonnement de nos guides, qui n'osèrent point s'engager dans pareille entreprise. Don Louis me suivait; nous atteignîmes en peu d'instants une vitesse prodigieuse; nous allions comme un tourbillon sur les flancs de la montagne; le bâton qui devait guider notre marche n'entravait en rien la rapidité de la chute; nous passions comme des aérolithes, c'était un délire.

Jamais montagne russe ne donna l'idée d'une course semblable; impossible de nous arrêter: aveuglés par une poussière de neige, enivrés de sensations étranges, inconscients du danger, nous arrivâmes aux cendres qui bordent les neiges, et roulant plus de vingt fois sur nous-mêmes, nous nous relevâmes émus, mais intacts. Nous avions parcouru près de deux kilomètres en sept minutes. Cela seul valait l'ascension. Je ne prétendrais pas que nos postérieurs ne fussent point endommagés; mais c'était la moindre des choses en échange d'une jouissance si grande, et j'aurais certainement, au même prix, recommencé avec plaisir.

Le lendemain nous arrivions à Amécaméca, où don Pablo Ferez, tout surpris de notre réussite, admirait en s'exclamant la beauté de nos vues.

Quinze jours après je reprenais la diligence de Vera-Cruz; je revenais en Europe. Au sortir d'Ayotla, nous nous trouvâmes pris entre deux partis, dont les avant-gardes tiraillaient à cent mètres l'une de l'autre. Il fallut s'arrêter, et nous entendions siffler les balles; cela me mit à même de juger du tir mexicain. Pendant une heure au moins que dura l'escarmouche, je ne vis pas tomber un seul homme.

L'engagement ayant cessé, je m'informai; il n'y avait pas eu un seul blessé. Nous passâmes, et tombant dans l'arrière-garde de l'autre troupe, je m'informai également du résultat de la bataille.—Baste! ce sont des maladroits, me répondit un sous-lieutenant, nous n'avons pas eu un homme de touché. C'était charmant.

Ce qui le fut moins, c'est qu'une fois engagés dans les bois de Rio Frio, une demi-heure à peine après avoir quitté le petit corps d'armée, nous fûmes arrêtés par deux bandits les plus déguenillés que j'aie jamais vus; aussi furent-ils sans pitié. Comme d'habitude, il fallut mettre pied à terre. Ces brigands étaient des créatures chétives qu'on eût anéanties d'un coup de poing, et telle est la résignation des voyageurs, ou la crainte qu'on a des camarades cachés dans le bois, que personne ne manifesta la moindre idée de résistance. Pour cette fois, je fus bien et dûment dépouillé; j'avais deux caisses, une malle bien garnie, quelque argent, je complais sur le hasard pour passer, je tombai mal: ils m'enlevèrent tout. L'un d'eux ouvrit d'abord ma malle, faisant mine de choisir parmi les effets.

—En somme, dit-il, je prends tout. Et il passa l'objet à son acolyte; mes papiers, mes notes, quelques précieuses curiosités, furent perdus; je les réclamai vainement. J'avais sur les épaules un paletot neuf que j'espérais conserver.

—Tiens, dit l'un d'eux en s'en allant, passez-moi donc cette pelure, elle est fort belle.

Je la lui passai, ce qui me permit d'arriver à Puebla en manche de chemise.

Ce ne fut point ma dernière aventure. En sortant de Puebla, nous avions une nouvelle compagne de voyage: c'était une jeune fille de seize ans, nommée Dolorès Molina; elle était fort belle, et d'une beauté dangereuse pour braver, par ces temps de troubles, les hasards des grands chemins. Elle allait à Cordova rejoindre sa mère qui l'attendait, et se faisait une fête de l'embrasser, l'ayant quittée depuis longtemps.

La diligence eut le bonheur d'arriver à Tehuacan sans accident, et les voyageurs qui couvaient de l'œil la belle enfant n'avaient trouvé rien de mieux à faire que de l'épouvanter par des alarmes continuelles. Au moindre arrêt de la voiture, elle pâlissait et se récriait, à la grande joie de ces messieurs. L'un d'eux, enfin, plus galant que les autres, et pensant faire preuve d'esprit, lui dit:

Señorita, c'est chose bien imprudente à vous de voyager dans les temps où nous sommes, et si j'étais coureur de route, ce n'est point à la bourse de ces messieurs que je m'adresserais; j'ambitionnerais de plus doux trésors, et je vous emporterais si loin qu'on ne vous verrait plus.

Cette délicate plaisanterie fit monter le rouge à la figure de la jeune fille et des larmes à ses yeux. On imposa silence au malencontreux galant; mais à partir de ce moment, Dolorès, sous le coup de douloureux pressentiments, se trouvait prise à la moindre alerte de tremblements convulsifs et d'une épouvante que rien ne pouvait calmer. J'étais silencieux témoin de ce prologue et je flairais dans l'air une vague odeur de drame. Cependant nous arrivâmes à Tehuacan sans que rien justifiât les alarmes de Dolorès. Nous devions repartir le lendemain pour Cordova, et cette partie de la route n'offre d'habitude aucun danger.

Mais la fatalité voulut que la diligence d'Orizaba n'arrivât point; il fallut donc séjourner à Tehuacan, et nous y restâmes trois jours, attendant vainement la diligence. Je conseillai à la jeune fille de se montrer le moins possible, afin de ne point attirer les regards; aussi ne sortit-elle pas de l'intérieur de la fonda, vivant dans l'intimité des femmes de la maison.

La diligence arriva cependant, et le quatrième jour, à deux heures et demie du matin, nous partions pour Orizaba. Nous n'étions que cinq voyageurs: une vieille femme et ses deux enfants, Dolorès et moi; nos compagnons de Puebla avaient suivi d'autres routes. Nous roulions depuis deux heures dans le monte sauvage qui se trouve aux environs de la ville; il faisait un clair de lune splendide, et les palmiers nains et les grands organos qui bordaient la route, les plantes épineuses où disparaissaient les coyotes, prêtaient au paysage la poétique physionomie du grand désert. Tout à coup un bruit de sabots frappant le sol se fit entendre à l'avant; Dolorès, frémissante, se jeta dans mes bras; une troupe de cavaliers arrivait sur nous au triple galop, soulevant des flots de poussière. La diligence s'arrêta.

—Pied à terre, fit l'un d'eux; et comme je descendais seul:

—N'y a-t-il qu'un homme dans ta voiture? dit-il au cocher.

—Qu'un seul, répondit celui-ci: le tableau rappelait une scène de Fra Diavolo ou de Marco Spada, mais avec un cadre plus grandiose. Je me trouvais en présence de sept cavaliers montés sur des chevaux admirables; ils avaient des costumes de grand prix, de belles armes, des chappareras de peaux de tigres, et leurs grands chapeaux mexicains étaient galonnés d'or avec des toquilles énormes. Je n'avais jamais vu, ma foi, de voleurs aussi bien habillés. «Passez devant, me dit l'un d'eux avec une grâce parfaite, il ne vous sera fait aucun mal.» Bronzé par une vie d'aventure, j'assistai indifférent à la scène qui suivit; j'y éprouvais même une certaine jouissance, c'était le complément de ma vie de voyage. Cependant, lorsque j'entendis les cris déchirants que poussa la jeune fille, je ne pus m'empêcher de voler à son aide; elle se jeta sur moi, enlaçant mon cou de ses beaux bras blancs et pleurant, suppliant, invoquant sa mère.

—Ah! sauvez-moi, disait-elle, sauvez-moi! Pauvre enfant, la sauver! de toute mon âme..... mais que faire? Sept hommes armés, seul, et pas un couteau. Ces messieurs néanmoins n'usèrent ni de brutalité, ni de menaces.

—Allons, ma chère enfant, disait le chef, séchez vos larmes, somos caballeros, nous sommes des gens bien élevés et vous n'aurez aucun mauvais traitement à subir. Venez, le temps presse, partons; et comme la jeune fille se débattait en désespérée, deux des hommes l'enlevèrent de force et la posèrent en croupe sur la monture de l'un d'eux. Vamos, commanda le chef. Ils disparurent dans le monte, où bientôt les cris de la pauvre Dolorès se perdirent dans le lointain. Au premier village où nous arrivâmes, il y avait un relai.

—Ne ferez-vous point une déposition? fis-je au cocher.

—À quoi bon, dit-il? on la rendra bien toujours à sa mère.

Nous passâmes. Peu après nous descendions les cumbres d'Aculcingo, et sur les trois heures de l'après-midi, nous arrivions à l'hôtel des Diligences, à Orizaba. La mère de Dolorès était là, attendant sa fille: il fallut lui conter l'enlèvement; je ne dirai point sa douleur. J'ignore si jamais son enfant lui fut rendue.

Un jour encore et j'allais atteindre Vera Cruz, revoir la mer et m'embarquer pour l'Europe: je n'osais croire à tant de bonheur, et cet Océan que j'ai toujours tant redouté n'avait plus pour moi que des sourires. Le 28 décembre 1859, je faisais mes adieux aux plages mexicaines; j'allais traverser de nouveau les États-Unis, alors en voie d'insurrection. Après quatre années d'absence, le 2 février 1861, je foulais la terre d'Europe.

FIN


PLATES

Ancien Temple, á Chichen-Itza, appelé le chateau
Ancien Temple, á Chichen-Itza, appelé le chateau

Bas-Relief colossal, á Palenque; cote droit de la cour du Palais.
Bas-Relief colossal, á Palenque; cote droit de la cour du Palais.

Bas-Relief colossal, á Palenque; cote gauche de la cour du Palais.
Bas-Relief colossal, á Palenque; cote gauche de la cour du Palais.

Figure gigantesque, á Izamal; au bas de la seconde pyramide (Lithographie).
Figure gigantesque, á Izamal; au bas de la seconde pyramide (Lithographie).

Arbre de Santa-Maria del Tule.
Arbre de Santa-Maria del Tule.

Calendrier Aztec
Calendrier Aztec.

Grand Palais, à Mitla, façade occidentale
Grand Palais, à Mitla, façade occidentale.

Grand Palais, à Mitla, façade orientale.
Grand Palais, à Mitla, façade orientale.

Grand Palais, à Mitla, grande salle.
Grand Palais, à Mitla, grande salle.

Grand Palais, à Mitla, interieur de la cour
Grand Palais, à Mitla, interieur de la cour.

Grand Palais, à Mitla.
Grand Palais, à Mitla.

Grand Palais, à Mitla; façade principale
Grand Palais, à Mitla; façade principale.

Grande Pyramide, à Izamal.
Grande Pyramide, à Izamal.

La Prison, A Chichen-Itza.
La Prison, A Chichen-Itza.

Maison du Curé, à Mitla, exterieur
Maison du Curé, à Mitla, exterieur.

Maison du Curé, à Mitla, interieur.
Maison du Curé, à Mitla, interieur.

Maison Du Nain, à Uxmal.
Maison Du Nain, à Uxmal.

Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza - coté-Nord.
Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza - coté-Nord.

Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza - façade de l'alle Gauche
Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza - façade de l'alle Gauche.

Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza - façade principale.
Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza - façade principale.

Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza, alle droite.
Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza, alle droite.

Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza, alle gauche.
Palais Des Nonnes, à Chichen-Itza, alle gauche.

Palais Des Nonnes, à Uxmal, detail du côté Nord.
Palais Des Nonnes, à Uxmal, detail du côté Nord.

Palais Des Nonnes, à Uxmal, façade de l'aile Nord.
Palais Des Nonnes, à Uxmal, façade de l'aile Nord.

Palais Des Nonnes, à Uxmal; bas-relief de l'Indien.
Palais Des Nonnes, à Uxmal; bas-relief de l'Indien.

Palais Des Nonnes, à Uxmal; cote sud.
Palais Des Nonnes, à Uxmal; cote sud.

Palais Des Nonnes, à Uxmal; detail de la façade de la couleuvre.
Palais Des Nonnes, à Uxmal; detail de la façade de la couleuvre.

Palais Des Nonnes, à Uxmal; detail de la façade dite Egyptienne.
Palais Des Nonnes, à Uxmal; detail de la façade dite Egyptienne.

Palais Des Nonnes, à Uxmal; detail du cote sud.
Palais Des Nonnes, à Uxmal; detail du cote sud.

Palais Des Nonnes, à Uxmal; façade de la couleuvre.
Palais Des Nonnes, à Uxmal; façade de la couleuvre.

Palais Des Nonnes, à Uxmal; façade dite Egyptienne..
Palais Des Nonnes, à Uxmal; façade dite Egyptienne..

Palais Du Cirque, à Chichen-Itza, bas-relief des tigres.
Palais Du Cirque, à Chichen-Itza, bas-relief des tigres.

Palais Du Cirque, à Chichen-Itza, intérieur d'une salle.
Palais Du Cirque, à Chichen-Itza, intérieur d'une salle.

Palais Du Gouverneur, à Uxmal ; maison des Tortues.
Palais Du Gouverneur, à Uxmal ; maison des Tortues.

Palais Du Gouverneur, à Uxmal, detail de la Porte Principale.
Palais Du Gouverneur, à Uxmal, detail de la Porte Principale.

Palais Du Gouverneur, à Uxmal; façade principale.
Palais Du Gouverneur, à Uxmal; façade principale.

Palais, à Palenque; façade.
Palais, à Palenque; façade.

Pierre de la Croix, à Palenque.
Pierre de la Croix, à Palenque.

Place et Seconde Pyramide, a Izamal.
Place et Seconde Pyramide, a Izamal.

Pyramide Artificielle à Mitla.
Pyramide Artificielle à Mitla.

Quatrieme Palais, à Mitla, façade occidentale.
Quatrieme Palais, à Mitla, façade occidentale.

Quatrieme Palais, à Mitla, façade orientale.
Quatrieme Palais, à Mitla, façade orientale.

Quatrieme Palais, à Mitla; cote sud.
Quatrieme Palais, à Mitla; cote sud.

Troisieme Palais, à Mitla, façade.
Troisieme Palais, à Mitla, façade.

Vue general des ruines, à Mitla.
Vue general des ruines, à Mitla.

Vue General Des Ruines, à Uxmal.
Vue General Des Ruines, à Uxmal.


NOTES:

[1] Par Orderic Vital, entre autres.

[2] Popol-Vuh, le Livre sacré et les Mythes de l'antiquité mexicaine. Paris, 1861.

[3] Lettre adressée à M. l'abbé Brasseur de Bourbourg.

[4] «Tulan en Xibalbay, c'est-à-dire la cité bâtie par les Nahuas, après leur colonisation en Tamoanchan

[5] «Un troisième Tulan, à l'occident du côte américain de l'Océan, peut-être le Tile désigné par M. Rafn, qu'il faudrait placer au nord des États-Unis, et enfin le Tulan où est le dieu, qui correspondrait à Tula ou Tollan, l'une des capitales toltèques de l'Anahuac, à 14 lieues au nord de Mexico, aujourd'hui la petite ville de Tula, route de Queretaro.»

[6] Melpomène, ch. lxii.

[7] Melpomène, ch. lxiv.

[8] Sahagun, Hist. de Nueva España, lib. X, cap. xxix. (V. le Livre sacré, par M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, p. cxlv.)

[9] History of the conquest of Mexico, t. III, p. 255.

[10] Le Livre sacré, par M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, p. clxv. Beauvois, Découvertes des Scandinaves en Amérique, dans la Revue orientale et américaine, t. II, p. 116.

[11] Le Livre sacré, par M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, p. clxv. Beauvois, Découvertes des Scandinaves en Amérique, dans la Revue orientale et américaine, t. II, p. 116.

[12] Relation d'Escalante Fontanedo, p. 24.

[13] Relation de Biedma, p. 104.

[14] Le Livre sacré, par M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, p. clxxiv.

[15] Transact. Americ. Phil. Soc., v. I, p. 158.

[16] Séance du 14 mai 1859.

[17] Voir, dans le compte rendu de cette même séance, un fac-simile.

[18] Quand nous disons bâtir, nous entendons construire au moyen de blocs équarris taillés, et posés jointifs. Nous mettons les dolmens, menhirs, etc., en dehors des constructions de pierre. Au contraire, ces monuments, si improprement appelés druidiques à notre sens, paraissent appartenir à des races touraniennes, finniques, ou du moins très-profondément pénétrées de sang jaune. Mais ce n'est pas ici le lieu de développer cette opinion.

[19] Histoire du Japon. édit. de 1754, t. I, chap. x, p. 171 et suiv.

[20] Nous retrouvons ce culte des Camis chez les peuples aryans, ce sont les Çoura, les Célestes, héros qui, après leur mort, allaient habiter le Svarga, où ils étaient reçus par Indra, le plus grand des dieux; où, devenus dieux eux-mêmes, ils formaient ce conseil turbulent qui menaçait sans cesse le dieu suprême Indra. La mythologie scandinave nous présente cette même divinisation du héros. Il n'est pas besoin de dire que, chez les Grecs, l'époque héroïque n'est qu'un développement de la même idée.

[21] Emory, Notes. Voy. les planches.

[22] Le Livre sacré, p. cxc.

[23] Ces restes des anciennes tribus, qui ont une parenté directe avec les anciens possesseurs du Mexique, habitent les montagnes et vivent de préférence dans des souterrains.

[24] Part. II, chap. vi.

[25] Terre-Neuve.

[26] Ouvrage original des indigènes de Guatémala, traduit par M. l'abbé Brasseur de Bourbourg.

[27] Troisième partie du Livre sacré, ch. i.

[28] Lieu marécageux, la région, pense le traducteur, arrosée par les affluents de l'Uzumacinta et du Tabasco, entre la mer et les montagnes, etc.

[29] Les barbares, ce sont les indigènes, qui, dans tous les récits du Livre sacré, sont toujours représentés sous la figure d'animaux.

[30] Le nombre quatre est sacré dans les mystères quichés (ch. ii).

[31] Chap. iii.

[32] Princes purificateurs de la race quichée.

[33] Les trois cimes de Mamah, d'Avilix et de Tohil, sont situées au nord-est de Santa-Cruz del Quiché.

[34] Chap. viii.

[35] Historia ecclesiastica Adami Bremensis. Libellus de situ Daniæ et reliquarum quæ trans Daniam sunt regionum naturâ. Edit. curâ ac labore Erpoldi Lindenbruch, Lugduni Batavorum. Leyde, 1595 (CIƆIƆXCV), p. 143.

[36] Parmi les divinités primitives des Quichés, on reconnaît également: Le sillonnement de l'Éclair, la Foudre qui frappe, Celui qui engendre et Celui qui donne l'être, l'Édificateur et le Formateur. Plus tard, lorsque les Quichés sont arrivés à Tulan, c'est Tohil (le bruit, le grondement, l'averse) qui est le Dieu suprême. C'est Avilix et Hacavitz qui sont les dieux secondaires, mais dont les attributions ne sont pas définies.

[37] Comme les Quichés honoraient les chefs des familles nobles, tels que Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam. C'est-à-dire: Tigre au doux sourire, Tigre de la nuit, Nom signalé, Tigre de la lune.

[38] «Qu'on aille mettre la tête de Hun-hun-Ahpu dans l'arbre qui est au milieu du chemin, ajoutèrent Hun-Camé et Vukub-Camé. Au moment où on alla placer la tête au milieu de l'arbre, cet arbre se couvrit aussitôt de fruits...... Grand dans leur pensée devint le caractère de cet arbre, à cause de ce qui s'était accompli si subitement, quand on avait mis la tête de Hun-hun-Ahpu entre ses branches. Alors ceux du Xibalba se parlèrent entre eux: Qu'il n'y ait personne qui (soit assez hardi) pour s'asseoir au pied de l'arbre, dirent tous ceux de Xibalba, s'interdisant mutuellement et se défendant (d'en approcher).» Le Popol-Vuh, part. II, chap. ii, trad. de M. l'abbé Brasseur de Bourbourg.

[39] On retrouvait encore des institutions phalliques chez les Natchez au commencement du xviiie siècle (Charlevoix). Les Toltèques, dans leur retour vers le nord, fondèrent de grandes cités dans les vallées arrosées par le Rio-Gila. Au temps de la conquête, il existait encore sur les rivages du golfe de Californie une monarchie puissante, dont la capitale (Colhuacan) était populeuse et florissante. Les institutions phalliques y étaient en honneur de temps immémorial. (Hist. apol. de las Ind. occid., t. I, cap. LIII et liv, manuscrit cité par M. l'abbé Brasseur de Bourbourg.—Relation de Castañeda, coll. Ternaux, deuxième partie, chap. i, p. 150.)

[40] Troisième assise, commençant par le bas, deuxième pierre, côté gauche.

[41] Quatrième assise, commençant par le haut, côté droit.

[42] P. cxxi.

[43] L'ancien, l'aïeul.

[44] Chap. iii, quatrième partie.

[45] Depuis que les édifices de Palenqué sont sortis de l'oubli, s'ils n'ont plus à craindre le vandalisme des fanatiques, ils subissent la destruction méthodique des amateurs. La plupart des voyageurs curieux en arrachent des fragments pour enrichir leurs collections. Une des parties du bas-relief de la croix a ainsi été enlevée, l'autre, descellée de sa place, est restée au milieu des broussailles, où M. Charnay a pu la photographier. Mais tel est encore l'état de barbarie de notre temps, qui cependant prétend être civilisé, que pendant nos discussions sur tel monument dont l'existence importe à l'histoire du monde entier, quelque obscur voyageur enlève ou détruit pour toujours l'objet de ces discussions: et cela n'a pas lieu qu'à Palenqué!

[46] Ces linteaux s'étant brisés, on a ajouté, à une époque récente, deux pieds-droits en maçonnerie pour rétrécir l'entrée.

[47] Prichard, entre autres.

[48] Ewald, Geschichte des volkes d'Israël. Lassen, Indische Alterthums Kunde.

[49] M. Charnay a bien voulu nous remettre quelques-uns de ces objets. Au Mexique, les Toltèques et leurs successeurs ne connaissaient pas le fer: nous avons eu entre les mains de beaux outils de cuivre rosette, seul métal dont ils pussent faire emploi pour leurs armes comme pour leurs ustensiles et outils journaliers.

[50] Hist. apol. de las Ind. Occid., t. IV, cap. ccxxxv, MS. Nous empruntons ici à M. l'abbé Brasseur de Bourbourg la traduction de ce passage.

[51] À l'époque de la conquête, le Tlapallan, qui avoisinait Xibalba, et qui bornait au sud le golfe de Honduras, contenait une ville aussi grande que Mexico.

[52] Les noms dans lesquels l'épithète de blanc se répète paraissent assez indiquer une race comparativement pure.

[53] Au temps de la conquête, les derniers descendants peut-être de cette race de Xibalba, les Mayas de l'Yucatan, se peignaient encore le visage.

[54] Ixtlilxochitl, Sumaria Relacion.

[55] M. l'abbé Brasseur de Bourbourg, p. cxxxiii. Dans le Livre sacré, on lit ce passage curieux, qui indique la culture des arts chez les hommes de race nahuatl ou toltèque. La mère de Hun-hun-Ahpu et de Vukub-Hunahpu, victimes des princes de Xibalba, a deux autres fils, Hunbatz et Hunchoven; mais ceux-ci, résignés à leur sort, ne cherchent point à affranchir la nation du joug de Xibalba: «À jouer de la flûte et à chanter ils s'occupaient uniquement; à peindre et à sculpter ils employaient tout le jour, et ils étaient la consolation de la vieille (chap. iv, p. 103). Et plus loin: «Or, Hunbatz et Hunchoven étaient de très-grands musiciens et chanteurs; ayant crû au milieu de grandes peines et de grands travaux qu'ils avaient passés, tourmentés de toute manière, ils étaient devenus de grands sages; ils s'étaient rendus également (habiles comme) joueurs de flûte, chanteurs, peintres et sculpteurs; tout sortait parfait de leurs mains (chapitre v).» Toutefois, dans le Livre sacré, devant les descendants miraculeux de Hun-hun-Ahpu, destinés à devenir les libérateurs de la nation nahuatl et à conquérir Xibalba, ces deux artistes sont changés en singes, comme indignes, probablement, de concourir à l'œuvre héroïque.

[56] Hist. antigua de Mexico, t. I, cap xii.

[57] Au signe Ome-Tochtli, II. Lapin.

[58] «Or, le calme était aussi aux cœurs des sacrificateurs qui habitaient sur la montagne: ainsi donc, Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam (les chefs des Quichés avant l'établissement de ceux-ci dans les États de Chiapas et de Guatémala) ayant tenu un grand conseil, firent des fortifications au bord de leur ville, environnant les contours de leur ville de palissades et de troncs d'arbres.» (Le Popol-Vuh, IVe partie, chap. iii.) «En Izmachi est donc le nom du lieu de leur ville, où ils demeurèrent enfin et s'y établirent définitivement: là donc ils mirent en œuvre leur puissance, ayant commencé à bâtir leurs maisons de pierre et de chaux sous la quatrième génération des rois.» (Chap. vii.) Dans l'origine de la race quichée, il est parlé d'une première création d'hommes de bois, antérieurement à un cataclysme qui les fit tous périr. Les quatre cents jeunes gens qui apparaissent parmi les premiers de l'émigration quichée au Mexique sont présentés dans le Livre sacré (chap. vii, 1re partie) cheminant, «après avoir coupé un grand arbre pour servir de poutre mère à leur maison.» Zipacua, le chef, le roi des indigènes, parmi lesquels s'établissent les quatre cents jeunes gens (le nombre quatre ou quatre cents désigne, dans les traditions quichées, un grand nombre, une nation, une réunion de tribus) charge lui seul l'arbre sur ses épaules et le porte devant la maison des jeunes gens.—«Or ça, reprirent ceux-ci, nous vous reprendrons encore une fois demain pour signaler un autre arbre pour pilier de notre maison.»

[59] Tepeu et Oliman, que le manuscrit Cakchiquel indique devoir se trouver vers la zone qui sépare le Peten de l'Yucatan (Voir le chap. ix de la IIIe partie du Livre sacré et les notes).

[60] Le Livre sacré, chap. ii, IVe partie.

[61] Ibid., cockchap. vii.

[62] Baillière et fils, 1861.

[63] Le P. Antonio de Remesal raconte qu'on retrouvait dans la vallée les traces de dix langages différents.

[64] Voyez l'épreuve parfaitement réussie de l'album. Planche XXVIII.

[65] Voir l'album, Cités et ruines américaines, pl. I à XVII.

[66] Le pays de Yucatan, abordé pour la première fois par Cordova en 1517, puis exploré par Griyalva, ne tarda pas à être conquis par don Francisco de Montejo, qui rassembla à ses frais une petite armée de 1,500 hommes, dès 1527, pour soumettre ce vaste territoire. La civilisation maya qui régnait au Yucatan était fort différente de celle des Aztèques vaincus par Cortez. C'était sans doute à cette civilisation, mais dans un âge que la science ne saurait indiquer, que l'on devait plusieurs des magnifiques monuments qui excitent aujourd'hui si vivement notre curiosité.

[67] Mérida fut fondé sur les ruines de l'antique cité indienne qu'on désignait sous le nom de Tihoo: on la construisit en 1541, par les ordres du petit-fils de Francisco de Montejo. Elle réclamait dus privilèges comme capitale du Yucatan dès l'année 1543. (Lopez Cogollude, Historia de Yucatan.)

[68] La cathédrale de Mérida fut achevée en 1598, la ville avait été érigée en cité épiscopale dès 1561.

[69] Espèce de volante, voiture havanaise.

[70] Selon un historien moderne, les ruines d'Izamal appartiendraient à la même période que celle de Mayapam et Palenqué; c'est-à-dire qu'elles remonteraient à la plus haute antiquité. La tradition en fait un lieu de sépulture au prophète Zamma.

[71] Vainqueur des Kudules, le neveu de l'adelantado Montejo fonda Valladolid en 1543, sur le territoire des Chanachna.

[72] Cette ville, qui obtient aujourd'hui une si grande célébrité au point de vue archéologique, faisait partie de l'antique empire de Mayapan, détruit vers l'année 1420 de notre ère. Chichen-Itza était parvenue à conserver son indépendance jusqu'à la fin du xviie siècle. Elle tomba entre les mains des Espagnols, le 13 mars 1697; pendant plusieurs heures, ces temples furent livrés au pillage. (Voy. Juarros, t. II. p. 146).

[73] Voir le plan dans le texte de M. Viollet-le-Duc, et les vues de XXV à XLIX.

[74] W. Prescott, Histoire de la conquête du Mexique, liv. III chap. vii.


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