← Retour

En Virginie, épisode de la guerre de sécession: Précédé d'une étude sur l'esclavage et les punitions corporelles en Amérique, et suivi d'une bibliographie raisonnée des principaux ouvrages français et anglais sur la flagellat

16px
100%
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

«Elle nous demanda si nous désirions connaître la cause du développement anormal de ses fesses.

«Elle nous raconta, avec le bagout d'une véritable Parisienne, entretenant sa verve par des coupes de champagne qu'elle vidait de temps en temps, qu'elle était née, qu'elle avait passé son enfance, son adolescence et une partie de sa jeunesse dans le servage.

«Elle avait souffert physiquement et moralement dans les diverses conditions où elle avait passé son existence, fouettée à tout propos chez le boyard, par la gouvernante, les maîtres et les enfants, chez la modiste où on l'avait mise en apprentissage par la maîtresse et par les clients qui venaient se plaindre; à l'Académie impériale de Danse, où la chorégraphie s'enseigne le fouet en main. Et rien n'aide au développement des fesses comme la flagellation continue. On ne lui avait pas ménagé les corrections depuis son enfance…»


La première partie de l'ouvrage est consacrée à l'enfance de Mariska chez un riche boyard. Là, la malheureuse se voit dans l'obligation de passer par toutes les fantaisies des maîtres, des enfants et des invités.

Les verges et le knout tiennent une place honorable dans ce premier volume, où il n'est guère question que de flagellations diverses, infligées aux esclaves.


«La boïarine—c'est Mariska qui parle—décida qu'on me mettrait en apprentissage chez une grande modiste de Moscou, Mme K… pour y apprendre la confection des vêtements de femmes. Ma nouvelle maîtresse avait tous droits sur moi. On lui avait recommandé de ne pas négliger les coups, pour me faire entrer le métier par derrière. C'était le seul moyen de m'encourager à bien faire.»


Et, dans cette seconde partie, des «Mémoires d'une danseuse russe», nous voyons se dérouler des scènes d'atelier, parfois fort intéressantes et non dépourvues d'une note documentaire. Mariska était non seulement fouettée par sa maîtresse, mais elle recevait encore de nombreuses fouaillées de clientes et clients mécontents.

Enfin, le troisième et dernier volume contient les tribulations de Mariska à l'Académie impériale de Danse.

Nous regrettons que le texte vraiment trop épicé ne nous permette de citer quelques passages.

Utilité de la flagellation, DANS LES PLAISIRS DE L'AMOUR ET DU MARIAGE, traduit du latin de J.-H. Meibomius.

Avant de parler de cet ouvrage par lui-même, nous donnerons quelques notes bibliographiques.

La première édition parut à Leyde (Lugdunum Batav.) en 1629. Elle ne contient que le seul traité.

Viennent ensuite les éditions suivantes:

2o Leyde (Lugd. Batav.), sans date, petit in-12o de 48 pages.

3o Lubecæ, editio secunda, 1639, petit in-12, 48 pages. Nombreuses fautes.

4o Lugd. Batav., ex off. Elz., 1643, in-4o de 48 pages.

5o Londres, 1795, in-32, dont il a été fait à Paris, sous la date de 1757, une contrefaçon erronée.

6o Londres, 1770, in-32.

Ces cinq dernières éditions, de même que la première, ne renferment que le traité de Meibomius.

En 1669, Thomas Bartholin en donna à Hafnia (Copenhague) une édition latine in-8o, augmentée: 1o de sa Lettre à Henri Meibomius fils; 2o de la Réponse de celui-ci; 3o d'une petite dissertation académique intitulée: De renum officio in re venerea, de Joachim Œlhaf, médecin à Dantzick; et 4o d'une «dissertatiuncula» d'Olaüs Worm, médecin à Copenhague.

Cette édition ainsi augmentée fut rééditée à Francfort, 1669, in-8o; puis en 1670, à Francfort également, in-12o (ou petit in-8o) de 144 pages. Quoique mal imprimée, sur d'assez mauvais papier, cette édition est recherchée, comme très complète.

Mercier donna une nouvelle édition latine d'après le texte des éditions de Francfort; Parisiis, 1792, petit in-12.

La traduction française de Meibomius avec les additions de Thomas Bartholin et la lettre de Meibomius le jeune, est attribuée à Claude Mercier de Compiègne, l'éditeur. Elle parut sous les titres suivants:

1o De l'utilité de la flagellation dans les plaisirs du mariage et dans la médecine, et dans les fonctions des lombes et des reins. Ouvrages curieux, traduit du latin de Meibomius, orné de gravures en taille-douce, et enrichi de notes historiques et critiques, auxquelles on a joint le texte latin. Paris, chez Jac. Gironard, 1792.

Petit in-12 (in-18 Cazin) de 168 pages. Frontispice et figure par Texier. Pas de faux titre. Certains exemplaires sans nom d'éditeur avec la simple rubrique. Paris, 1792.

2o De l'utilité de la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs du mariage et des fonctions des lombes et des reins. Ouvrage singulier, traduit du latin de J.-H. Meibomius, etc., enrichi de notes historiques et critiques. Paris, C. Mercier, 1759.

Petit in-12, 156 pages. Un joli frontispice non signé.

3o De la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs de l'amour; ouvrage singulier, traduit du latin de J.-H. Meibomius; nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée du joli poème de l'Amour fouetté, A Paris, chez Mercier, éditeur du Furet littéraire, rue d'Angivilliers, no 151, an VIII (1800).

In-12 (in-18 Cazin); 148 pages dont 4 de titre et faux titre, et 3 pages d'annonces. Même frontispice que l'édition précédente. Sur le faux titre, on lit: Éloge de la Flagellation. L'Amour fouetté est de Fuzelier. Cette édition fut corrigée par l'abbé Mercier de Saint-Léger.

4o De l'utilité de la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs du mariage, et des fonctions des lombes et des reins; ouvrage singulier, traduit du latin de J.-H. Meibomius; enrichi de notes, d'une introduction et d'un index. Londres (Besançon, Metoyer aîné), 1801.

In-8o de 100 pages, édition très soignée, conforme (comme texte) à l'édition de l'an VIII.

Édition moderne (la dernière parue): Utilité de la Flagellation dans les plaisirs de l'Amour et du Mariage, traduit du latin de J.-H. Meibomius. Nouvelle édition, augmentée de notes historiques, critiques et bibliographiques, suivie de la Bastonnade et de la Flagellation pénale, par J.-D. Languinais. A Amsterdam, Aug. Brancart. Libraire-Éditeur, 1891.

In-12o de 200 pages. Pap. vergé, bien imprimé.

«Voici enfin, mon cher Cassius, le petit traité que je vous ai promis dans une orgie bachique.

«Vous vous convaincrez en le lisant, que l'usage de la flagellation n'est pas aussi extraordinaire qu'il le paraît au premier coup d'œil.

«… Je vous ai dit que les coups et la flagellation servaient quelquefois à la guérison de plusieurs maladies. Je vais vous démontrer que l'expérience a confirmé la bonté de ce remède, en m'appuyant sur l'autorité des médecins qui l'ont enseigné et pratiqué.»

Ainsi commence Meibomius. Et, ce thème posé, il le développe tout au long. C'est la partie qui traite de la Flagellation dans la médecine. Puis suit la flagellation en amour.

A la suite de ce traité, nous lisons[42] une étude intitulée: De la Flagellation, par Thomas Bartholin (Observations extraites de la lettre de Thomas Bartholin à Henri Meibomius fils), dissertation curieuse et intéressante.

[42] Nous parlons de l'édition marquée Amsterdam, 1891, édition dont nous nous occupons exclusivement.

Puis De la Flagellation, par Henri Meibomius fils, sous forme d'un extrait de la réponse de H. Meibomius fils à Th. Bartholin.

Enfin l'ouvrage se termine par La Bastonnade et la flagellation pénales, étude en dix chapitres, dont la conclusion se termine, à propos des dépravés qui tentent de restaurer l'antique usage de la bastonnade par ces mots pleins de bons sens:

«Le moderne qui veut rétablir les anciens usages se prépare de grands malheurs.»

Mémoires de Miss Ophélia Cox.Traduit pour la première fois de l'anglais par les soins de la société des Bibliophiles Cosmopolites. Londres, imprimerie de la Société cosmopolite, 1892.

Un volume in-16, 216 pages, imprimé sur papier vergé à 500 exemplaires.

L'éditeur s'exprime ainsi dans la préface:

«L'auteur du livre que nous présentons au public, prévient son lecteur vers la fin de l'ouvrage, que son livre est vrai de tous points.

«Cette assertation est exacte. Nous connaissons miss Ophélia.

«Nous avons surtout été décidés à publier cet opuscule par la peinture réelle et vibrante des scènes qui se passent, à Londres, dans l'intérieur des maisons de rendez-vous.

«On trouve dans ces scènes un singulier mélange de respectabilité et de sadisme qui est un des traits les plus curieux du caractère anglais.»

L'ensemble de l'ouvrage traite surtout des dessous d'une maison de rendez-vous de Londres.

La verge y tient un grand rôle—le plus important.

Nous ne savons pas si les scènes qui y sont décrites se passent réellement à Londres: elles dépassent en cruauté et en sadisme tout ce que l'on peut imaginer de plus horrible.

Ouvrage bien imprimé, dans un style soigné. Les descriptions y sont poussées jusqu'à l'extrême.

Jean de Villiot.Curiosités et Anecdotes sur la flagellation.—Sur la Flagellation et les Punitions corporelles; le Knout; la Flagellation en Russie; après le Bal; la Cour Martiale de miss Fanny Hayward; la Détention féminine en Sibérie; la Flagellation pénale; un Remède pour la Kleptomanie dans la Société Anglaise; les Étrangleurs; les Larrons et le Bâton; la Flagellation dans l'Art; le Marquis de Sade et Rose Keller; Sarah Bernardt et son Fouet; la Flagellation dans les Cours royales; psychologie du Fouet; les Punitions dans l'Armée anglaise; la Flagellation en Orient.—Paris, librairie des Bibliophiles (Ch. Carrington). Tirage privé à 500 exemplaires, 1900.

Un volume in-8o carré de 436-xx pages. Imprimé à 750 exemplaires sur papier vergé de Hollande et 20 exemplaires sur papier du Japon.

Extrait de l'introduction.—Les pages que l'on va lire ne sont pas écrites évidemment… pour les petites filles, dont on coupe le pain en tartines…

«Les petites filles! les petites filles! Mon Dieu! n'y a-t-il pas des écrivains qui se dévouent par vocation ou par nécessité à composer des historiettes sans dard et sans venin? Est-ce qu'il n'y a pas des auteurs pour enfants et même des auteurs pour dames[43]

[43] Charles Asselineau.

Donc ces pages sont seulement pour le philosophe. Il y trouvera matière à méditation, soit à propos de cet attrait qu'exerce sur un si grand nombre d'hommes la peine du fouet infligée à leurs semblables, combien il faut peu de chose pour démuseler le fauve qui sommeille au fond du cœur de tous; soit qu'il cherche à démêler par quelle aberration des sens cette même flagellation ranime la volupté aussi bien chez les bourreaux blasés que chez les victimes impuissantes.

L'aberration, en effet, est à son comble quand le plaisir n'est excité que par la vue de la douleur ou quand la douleur ressentie aboutit au plaisir. Ce dernier sentiment même, bien que diamétralement opposé au premier, témoigne lui aussi d'une perversion singulière. L'origine, toutefois, en est plus mystérieuse. Deux classes distinctes d'hommes recherchent en effet dans la douleur une excitation au plaisir: le mystique et le débauché. Mais le plaisir que chacun d'eux recherche est, en son essence, trop différent pour que la question ne soit pas par cela même éminemment complexe.

La sainteté
Ainsi que dans la pourpre un délicat se vautre
Dans les clous et le crin cherchant la volupté

et l'impuissant ou le blasé flagellant ses reins appauvris pour ranimer une ardeur qui n'y fut jamais ou qui s'y éteignit par l'abus, demandent au même instrument de supplice des sensations totalement différentes.

Tous deux relèvent peut-être de la psychopathie, mais chacun réclame une étude spéciale.

Si le sadisme et le masochisme ont, sous ces plumes expertes, vu leurs arcanes abominables savamment dévoilés, il reste un travail non moins intéressant à tenter sur le goût de la souffrance chez les mystiques de toute race et de tous credo. Ce travail constituerait un chapitre et non l'un des moindres, d'un traité de l'Érotologie mystique, traité qui reste à faire et qui devrait tenter la verve érudite d'un poète.

La flagellation considérée comme châtiment ou comme adjuvant de luxure, donnée ou soufferte, est évidemment un sujet capable d'attirer et de fixer l'attention.

Dans l'un et dans l'autre cas, elle doit sa vogue dont témoigne l'histoire des mœurs chez tous les peuples, à l'humiliation profonde endurée par le patient, humiliation d'où provient, quand elle joue le rôle d'un aphrodisiaque, la volupté du masochiste humilié et savourant sa souffrance.

Donnée sur les épaules ou sur le dos, elle ne peut exciter que cette sensation et pourquoi la flagellation pénale est le plus souvent appliquée de cette façon, sauf dans la famille où les parents s'ils n'ont en but qu'une correction régulière et sans arrière-pensée, l'appliquent sur les fesses de leur progéniture.

Elle l'est presque toujours de cette façon quand on l'applique ou qu'on la reçoit comme aphrodisiaque externe, et c'est là incontestablement un des rites les plus en faveur auprès des dévots de la Vénus Callipyge. La vue des trésors impudiquement étalés ajoute au plaisir de ce noir orgueil jouissant de la douleur du patient ou de la patiente, et comme Vénus n'est pas la seule à posséder ces trésors, peut-être faut-il voir dans ce fait l'explication de l'appétit malsain des fessées sur la chair nue que bien des pédagogues ressentent maladivement.

Il n'est pas besoin d'insister sur l'humiliation que ressent le patient sous les cuisants baisers des verges ou du fouet. Cette torture était celle que les Romains infligeaient à leurs esclaves et, comme pour abaisser jusqu'à ce degré,—le dernier pour eux—ils l'infligeaient également aux Vestales qui, dans leur veille sacrée devant le feu de Vesta l'avaient laissé s'éteindre. Cela ne le rallumait pas. Il n'en est pas de même, paraît-il, de ce feu que des vestales à rebours savent raviver dans les reins flagellés de ces vieux qui veulent redevenir jeunes ou de ces jeunes qui sont déjà vieux.

Under the Sjambok. A Tale of the Transvaal, by George Hansby Russell. London, John Murray, 1899, in-8o, 348 pages[44].

[44] Sous le Sjambok. Conte du Transvaal, par George Hansby Russell. Londres, 1899. Prix 6 shellings (7 fr. 50).

D'abord qu'est le Sjambok? C'est un énorme fouet dont se servent les Boers pour conduire leurs bestiaux. On le fabrique généralement avec la peau du rhinocéros. S'il était destiné seulement aux animaux, tout serait pour le mieux, mais plus d'un indigène du pays des Boers a senti sur ses épaules la caresse cinglante du Sjambok.

A vrai dire, il y a de cela une ou deux générations.

Les effets de ce terrible instrument équivalent à ceux du Chat-à-neuf-queues employé dans les prisons anglaises, et beaucoup de Cafres ont succombé sous les coups de ce fouet.

L'ouvrage dont je m'occupe actuellement n'a aucun caractère érotique ou même léger. C'est, en réalité, une étude physiologique des mœurs des Boers; mais, je le répète, je crois qu'il serait préférable de reporter de semblables coutumes à quelques générations en arrière. L'auteur, très chauvin—pour ne pas dire davantage—donne de telles descriptions qu'on se croirait en plein état sauvage. Au fond, l'ouvrage n'offre que peu d'intérêt. Je le mentionne seulement parce que le fouet y joue un rôle prépondérant.

L'intrigue est simple:

Richard Hanson, un vieux camarade de George Leigh, le héros du livre, recommande à celui-ci de s'occuper de sa fille qui se trouve au moment de sa mort, dans le Sud Afrique.

Voilà George Leigh, parti à la recherche de miss Hanson. D'où récits d'aventures plus ou moins fantastiques, certainement peu véridiques, si peu même à mon avis, que je ne crois pas utile de donner des extraits de ce roman.

Scarlet and Steel. Some modern military episodes, by E. Livingston Prescott. London, 1897, in-8o, 362 pages[45].

[45] Écarlate[46] et Acier. Épisodes de la vie militaire actuelle, par E. L. Prescott.

[46] Allusion aux jaquettes rouges des soldats anglais.

Un hasard m'a appris que ce magistral ouvrage a été écrit par une femme. A la fois bien documentées et d'un style clair et impressionnant, ces pages laissent sur l'esprit un indéfinissable sentiment de tristesse.

C'est vraiment avec plaisir que j'ai lu ces pages émouvantes, aujourd'hui où les œuvres malsaines ou nulles s'entassent, où chaque auteur semble apporter son tribut à l'inutilité.

Chaque page de ce passionnant roman—car n'en doutez pas, profanes, il est des romans passionnants—chaque page est pleine d'action, de mouvement, de vie. Point de mauvaise sentimentalité. L'auteur a recherché avec soin ses documents avant de les placer dans son livre et, chose curieuse dans ce genre d'ouvrages, rien n'a été négligé. Les renseignements ont certainement été pris à bonne source.

En 1879, parut la loi anglaise sur les règlements et la discipline dans l'armée. Cette loi barbare en plus d'un point, comprend LES PUNITIONS CORPORELLES à infliger aux soldats dans les prisons militaires. Et ce livre répond à un besoin. Il fallait lutter contre cette discipline atroce qui fait appliquer le fouet à des hommes.

Ami John Bull, tant que tu traiteras tes soldats en enfants auxquels on donne la fessée, tu seras déshonoré devant le monde civilisé[47].

[47] Dans l'Étude sur la flagellation aux points de vue historique et médical, se trouvent de longs extraits de Scarlet and Steel. Les personnes qui ne pourraient pas lire l'original dont il n'existe malheureusement pas de traduction française, trouveront dans l'Étude sur la flagellation, la traduction des principaux passages sur le sujet qui nous occupe.

The Story of the Australian Bushrangers, by Geo. E. Boxall. London, 1899, in-8o, 392 pages[48].

[48] Histoire des Batteurs de buissons australiens, par G.-E. Boxall. N'a pas été traduit en français.

Il semble presque impossible de se faire aujourd'hui la moindre idée de l'importance des Bushrangers[49], au commencement du siècle. Il est infiniment probable que l'Australie, las Tasmanie, voire la Nouvelle-Zélande ont été peuplées au début par les forçats exportés d'Angleterre, d'autant plus qu'à ce moment, il fallait vraiment peu de chose pour transformer un honnête homme en forçat. Sous l'égide féroce des rois Georges d'Angleterre, le moindre crime voyait son auteur finir sur la potence et pour les délits insignifiants, on envoyait les délinquants peupler les plaines de Botany Bay.

[49] Le mot Bushranger est difficilement traduisible en français. C'est l'équivalent de coureur ou batteur de buissons. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit des évadés des bagnes australiens qui, postés sur la lisière des bois et des forêts, arrêtaient et dévalisaient les voyageurs qui s'attardaient dans ces parages.

L'ouvrage en question s'occupe donc en grande partie des forçats évadés. Dans les descriptions du bagne, l'auteur est arrivé au dernier degré de la férocité dans l'application des peines corporelles. Et j'ai tout lieu de croire que rien n'est exagéré.

Je vais maintenant m'efforcer de résumer quelques parties de ce livre.

Les punitions des forçats atteignaient le plus haut point de sauvagerie.

La moindre peccadille était punie de fort douce façon, à coups d'un instrument appelé Chat-de-voleurs, et auprès duquel le Chat-à-neuf-queues n'est que jeu d'enfant.

L'auteur de l'ouvrage que je cite est d'avis que l'emploi de cet instrument était plutôt nuisible, tant au physique qu'au moral.

Chose curieuse: les soldats gardiens des forçats étaient soumis à une discipline plus sévère encore et l'on vit des malheureux commettant délibérément les plus grosses fautes pour changer leur sort en celui de forçats! Si ces derniers montraient une conduite empreinte à l'égard des supérieurs d'obséquiosité et de bassesses, ils voyaient leur sort s'adoucir considérablement; si, par malheur, les prisonniers essayaient de montrer de l'indépendance—indépendance forcément relative—il n'y avait pas de répit pour eux jusqu'à la mort qui avait souvent lieu sur l'échafaud.

Je trouve, en continuant ma lecture, de curieuses anecdotes: c'est ainsi qu'il habitait à Sydney—actuellement l'une des plus belles villes de l'Australie—deux flagellateurs, véritables artistes (?) en leur genre. Ils travaillaient toujours ensemble, l'un de la main droite, l'autre de la gauche, et se disaient capables de fouetter cruellement un homme sans lui soutirer la moindre goutte de sang. Le dos des malheureux suppliciés avait l'aspect d'une véritable pomme soufflée, tout parsemé qu'il était de boursouflures qui restaient sensibles et faisaient endurer aux patients une douleur beaucoup plus longue que celle produite par la coupure de la peau.

Ordinairement les bourreaux entamaient les chairs: il se trouvait à Sydney tout autour du champ d'exécution situé dans Barrack Square, un sol saturé de sang humain.

Une curieuse anecdote racontée par l'auteur: Un individu fouetté par les deux flagellateurs dont j'ai parlé quitta le lieu d'exécution, le sourire aux lèvres, remettant sur ses épaules horriblement tuméfiées sa flanelle de forçat d'un geste de défi, se vantant que les bourreaux étaient incapables de lui arracher le moindre soupir.

Un autre prisonnier, flagellé avec la plus grande force sur les reins, s'époumonnait en vain à crier: «Plus haut, plus haut.» Le bourreau continuait froidement son œuvre. Le malheureux, une fois débarrassé de ses liens, saute sur l'exécuteur et le couche à terre d'un coup de poing. Aussitôt saisi, il dut subir, dans le triste état où il se trouvait, une punition équivalente à la première.

Parfois, un prisonnier reconnu innocent était nonobstant fouetté: Un malheureux forçat fut condamné à recevoir 50 coups du chat. Au moment de l'exécution de la sentence une circonstance imprévue prouve sa parfaite innocence.

—Qu'importe, dit le juge de Launceston, chargé de faire exécuter la punition; qu'il soit puni d'abord et je lui ferai grâce une autre fois.

Les prisonniers étaient astreints à saluer en se découvrant tous les officiels de la colonie. A ce sujet, l'auteur raconte le cas de ces forçats qui, en janvier 1839, exécutant une construction à Woolloomollô Bay, sur la propriété de Sir Maurice O'Connell, blessèrent grièvement leur contremaître en lâchant, pour saluer leur maître, une énorme pierre qu'ils transportaient.

Le capitaine O'Connell décréta de ce fait que les ouvriers employés chez lui ne seraient plus astreints à saluer pendant le travail. Ce qui n'empêche qu'un beau jour le Préfet de police de Sydney fasse fustiger un nommé Joseph Todd qui, chargé d'un lourd fardeau, était dans l'impossibilité absolue de saluer ledit chef de police (le colonel Wilson[50]).

[50] Voici comment l'auteur raconte cette anecdote:

«… Le colonel Wilson passait là, accompagné de sa fille. Les forçats continuèrent leur tâche, ne prêtant nulle attention au Préfet de police, quand celui-ci s'écria d'une voix furieuse: «Otez vos chapeaux!» Quelques-uns s'exécutèrent, mais l'un d'eux, nommé Joseph Todd, chargé d'un lourd fardeau, ne broncha pas sous l'ordre. «Otez votre chapeau, canaille!» reprit le colonel. «Je suis autorisé à ne pas le faire,» répondit Todd. Le Préfet se répandit en grossières injures. Enfin, n'y tenant plus: «Qu'on l'arrête,» cria-t-il, et aussitôt accoururent un sergent et quelques hommes. Todd opposait une vive résistance. Il n'en fut pas moins saisi et fustigé cruellement. Le jugement portait que Todd avait commis une grave infraction en refusant de se livrer aux soldats qui venaient l'arrêter, refus qui n'était acceptable que pour un homme libre!»

Joseph Todd, qui reçut pour ce fait 50 coups du chat était arrêté la semaine suivante pour une incartade légère et condamné de nouveau à recevoir 30 coups du chat-à-neuf-queues.

L'ouvrage est composé surtout d'anecdotes dans ce genre et, vu la modicité de son prix (7 fr. 50) nous le recommandons au lecteur.

Curious episodes of private history.The Court Martial on Miss Fanny Hayward BY AN EX-INFANTRY-CAPTAIN[51]. Paris, Librairie des Bibliophiles, 1899; 1 volume in-8o carré. 70 pages. Imprimé sur papier de Hollande.

[51] Épisodes Curieuses de l'Histoire Privée.—La Cour martiale pour Miss Fanny Hayward, par un ex-Capitaine d'Infanterie. Paris, 1899.

Voici un très curieux conte: Une courtisane, miss Fanny Hayward, accusée d'avoir volé une montre dans la chambre d'un officier, est traduite par les amis de ce dernier devant une cour martiale improvisée et condammée à recevoir un certain nombre de coups de fouets. On lui donne le choix entre cette punition honteuse et une dénonciation à la police. L'accusée choisit la fustigation et la scène s'accomplit à la grande joie des officiers et des petites dames invitées à la fête (?)

Telle est toute l'intrigue. Ce conte a été traduit en français et se trouve tout au long dans l'ouvrage Curiosités et Anecdotes sur la flagellation, dont j'ai parlé précédemment.

L'auteur de cette histoire affirme qu'elle est vraie en tous points et que seuls les noms de lieux et de personnes ont été changés, pour les besoins d'une publication.

Curious Sidelights of social History. HOW WOMEN ARE FLOGGED IN RUSSIAN PRISONS. Narrative of a Visit to a Convent Prison in Siberia by AN ENGLISH DOCTOR. Paris, Librairie des Bibliophiles, 1899. Un volume in-8o, 48 pages[52].

[52] Curieux aperçus de l'Histoire sociale: Comment les femmes sont fouettées dans les prisons russes. Narration d'une visite faite dans une prison de femmes en Sibérie, par un docteur anglais. 1 plaquette in-8o carré, 48 pages.

C'est la copie d'une lettre écrite par un jeune docteur anglais, voyageant en Sibérie, à un ami intime habitant Londres. Cette lettre est datée: Tomsk, Western Siberia, 24th July 1880.

Cette lettre est authentique. Si le docteur n'a pas été témoin des scènes qu'il décrit, il est certain qu'il a puisé ses renseignements à bonne source.

L'éditeur de ce volume a écrit une très intéressante préface.

Cette lettre traduite en français se trouve également tout au long dans l'ouvrage: «Curiosités et anecdotes sur la flagellation.»

Défilé de fesses nues.—Recueil de lettres érotiques, PAR E. D. AUTEUR DE MES ÉTAPES AMOUREUSES. Paris. Chez la petite Lollote. Galeries du Palais-Royal, 1891. Petit in-16, VI-210 pages.

Ce volume vient de m'être communiqué par un bibliophile de mes amis. Le titre indique ce qu'est le livre: un recueil de lettres érotiques. Pour cela, oui. Quant à la petite Lollote, c'est vainement que j'ai cherché son adresse au Palais-Royal.

Au dos du faux titre de ce livre, se trouve une liste d'ouvrages faits par le même auteur (E. D.), savoir: Le marbre animé, Mes Amours avec Victoire, La Comtesse de Lesbos ou la Nouvelle Gamiani, Lèvres de Velours, L'Odyssée d'un Pantalon, Les Callipyges, ou les délices de la Verge, Jupes Troussées, Étapes Amoureuses, Défilé de Fesses nues, Odor di Femina, Exploits d'un Galant précoce.

Voilà une belle liste, aux titres suggestifs, et si l'on songe au peu d'années que M. E. D. a mis à faire tous ces volumes, je frémis à l'idée de ce qu'il m'aurait fallu analyser de livres, si M. E. D. ne s'était pas arrêté.

Cet ouvrage me paraît, sinon traduit de l'Anglais, du moins écrit par un étranger. J'ai d'ailleurs remarqué que les ouvrages signés E. D. présentent des différences de styles assez considérables. Dans tous les cas, le style en est pauvre: la note cherchée et poussée à l'excès est uniquement celle de l'obscénité.

Il m'est impossible de donner ici des extraits in extenso. Les adoucir serait leur enlever le seul mérite qu'ils ont.

Voici cependant l'Avant-Propos:

Ce recueil contient un choix de lettres sur des sujets très piquants, prises dans la collection d'un bibliophile anglais, qui a bien voulu me les communiquer. J'ai traduit les unes, copié le texte des autres, en déguisant les noms des lieux et des personnages.

Je crois cette publication destinée à un grand succès. Rien de plus émoustillant que ces récits alertes, qui chatouillent le lecteur et la lectrice par la verve salace qui les distingue des ouvrages parus dans ce genre jusqu'à ce jour, sans en excepter les piquants souvenirs de M. Martinett, que je viens de savourer. Puis la variété des récits écrites par des plumes différentes, ajoute un grand charme à l'intérêt déjà considérable de cet ouvrage sans rival. C'est un chef-d'œuvre qui complète la collection des érotiques. Je suis d'autant plus à l'aise pour en parler ainsi, sans qu'on puisse me taxer de forfanterie, que je ne suis ici que le fidèle traducteur, ou le modeste copiste.

A vous, charmantes lectrices, je dédie ce nouveau chatouilleur, bien digne d'éclipser tous ces aînés: car quoi de plus séduisant en ce monde, que le défilé sous nos yeux émerveillés de ces ravissants objets, désignés par le titre un peu gros de cet ouvrage, gracieux ornement, suspendu dans l'espace, que vous balancez dans un déhanchement voluptueux, riche, somptueux, opulent, l'orgueil d'un sexe adorable, le plus lorgné de ses appas, devant lequel le genre humain, hommes et femmes, tombe à genoux, pour lui adresser ses fervents hommages.

Après un tel panégyrique de cet ornement suspendu dans l'espace (?!) tirons le rideau.

Randiana, or Excitable Tales, contient des détails poussés jusque dans leurs plus infimes parties. L'auteur ne cherche pas à déguiser sa pensée. J'ignore absolument quel peut être cet auteur, mais c'est certainement un homme du monde, et du meilleur.

L'ouvrage se compose de vingt-quatre chapitres, écrits avec beaucoup de verve, dans un très pur anglais. Ce n'est certainement pas une traduction, les scènes se passant d'ailleurs en grande partie à Londres. Il y a cinq chapitres sur les vingt-quatre, que je dois signaler spécialement, attendu qu'ils se rapportent à notre sujet.

Dans le chapitre V, on trouve un abrégé de l'histoire de la flagellation et dans le chapitre VI, on entre dans le vif de la question, avec l'histoire de deux ecclésiastiques qui ont persuadé à une jeune femme de laisser expérimenter sur son corps les bienfaits de la flagellation.

Ce volume, publié vers 1880 à Londres (?) est devenu presque introuvable. Il a été réimprimé en 1897 à Paris, en une charmante édition tirée, sur papier de Hollande, à 200 exemplaires numérotés à la presse. Le titre de cette édition porte: Social Studies of the Century. Randiana, or Excitable Tales. Paris, Société de Bibliophiles for the Delectation of the Amorous and the instruction of the amateur in the Year of the excitement of the sexes, MDCCCXCVIII.

Pisanus Fraxi, l'éminent bibliographe fait, sur ce volume, les remarques suivantes:

Chacun des vingt-quatre chapitres de cet intéressant ouvrage, contient une petite affaire d'amour, brièvement et habilement racontée, et dont l'auteur est le héros.

Aucune de ces aventures ne dépasse le domaine des choses possibles: elles peuvent même fort bien—exagération mise à part—arriver à tout homme du monde possédant, en sus de l'amabilité, une bourse bien garnie. Néanmoins, l'auteur me permettra d'être sceptique quand il affirme:

«Je suis homme à ne pas farder la vérité, mais aussi à ne raconter que ce qui est, et si extraordinaire que puissent paraître quelques-uns de mes racontars à ceux qui n'ont jamais passé par de semblables habitudes, elles n'en sont pas moins exactes. La lecture de cet exposé fera, je crois, grandir le zèle avec lequel il sera lu.»

J'hésite vraiment à porter croyance—ajoute Pisanus Fraxi—aux effets magiques du baume Pinero, ni à l'emploi sans danger d'un semblable aphrodisiaque dans de semblables scènes d'orgie et de flagellation pratiquées par le père Pierre de Sainte-Marthe des Anges, de South Kensington, ni à l'aventure audacieuse avec la vertueuse Mme Leveson.

L'improbabilité même de ces scènes peut être sans doute considérée par quelques-uns des lecteurs comme une marque d'originalité et le volume sera certainement salué comme joyeuse arrivée par tous les philosophes de la même école que l'auteur.

Théodore de Banville.Contes héroïques. Paris, 1884.

Je ne classe pas cet ouvrage parmi ceux écrits exclusivement sur la flagellation. Théodore de Banville n'était pas coutumier de tels livres. N'empêche que le premier des contes, La Borgnesse, se terminait par un sujet de flagellation qui vient apporter là sa note sombre.

Christmant, amant d'une femme de monde quelconque, est surpris par le mari. Mais la maîtresse a le temps de s'échapper et serait bientôt hors d'atteinte si le modèle du peintre, Léo, n'avait, d'un signe imperceptible, indiqué au mari outragé la porte par laquelle avait disparu la fugitive.

«Cependant ce clin d'œil de trahison jeté par Léo, Christmant l'avait vu, lui aussi, et surpris au vol. Alors il saisit un fouet accroché à la muraille entre deux bébés japonais, et de toutes ses forces en cingla le visage du modèle. L'œil blessé horriblement sortit de son orbite, et les joues et la bouche déchirés ne furent plus qu'une plaie. Et furieuse, hurlant, toute sanglante, de longs filets de sang coulant sur sa gorge nue, tordant ses bras, la grande Léo eut encore un air de défi, et de son œil unique regardant Léopold Christmant avec l'expression d'une haine farouche:

—«Tant pis! je vous aimais! dit-elle.»

Dans le même ouvrage, un autre des contes La Bonne nous donne une scène différente. Il serait téméraire de ma part d'essayer d'analyser Banville. Je cite donc:

«En voyant la colère qui brillait dans les yeux de la grande femme, les visiteurs voulurent s'interposer mais les écartant d'un geste terrible, elle saisit Audren, et l'ayant mis sur son bras, comme lorsqu'il était enfant, le déculotta et lui donna le fouet. Le vicomte de Larmor hurlait de douleur; mais toujours Annan Goën le frappait de toutes ses forces, et acharnée à le châtier, elle ensanglantait sa main vengeresse dans la chair déchirée et meurtrie de ce mauvais gentilhomme.»

Rare tracts on flagellation.—Voici sept opuscules qu'il serait de coupable négligence d'omettre dans cette bibliographie.

Un érudit nommé Henry Thomas Buckle, né en Angleterre de parents fortunés, et mort à l'âge de trente-trois ans a laissé un certain nom dans la littérature anglaise. C'est l'auteur de l'Histoire de la civilisation en Angleterre (3 volumes) œuvre monumentale, restée inachevée par la mort de l'auteur, ouvrage renommé pour la clarté du style et la profonde philosophie qui s'en dégage. Parmi les sujets qui attirèrent l'attention de ce chercheur, vient s'ajouter celui qui se rapporte aux punitions corporelles. Du moins, on le dit, et je vois là l'explication de la réunion de son nom. Voici en effet le titre général des sept opuscules:

Rare Tracts: Reprinted from the original editions collected by the late Henry Thomas Buckle, author of «A History of Civilization in England» autrement dit: Traités rares sur la flagellation, réimprimés sur les éditions originales, réunis par feu Henry Thomas Buckle auteur de l'«Histoire de la civilisation en Angleterre».

On prétend que Thomas Buckle avait prêté ces opuscules en 1872, à un éditeur de Londres, nommé J. C. Hotten, qui les a publiés dans sa Bibliothèque dite du Progrès social, d'après les éditions originales collectionnées par Thomas Buckle. L'éditeur de l'édition originale, en 1777 était G. Peacock, et il est probable que Buckle se serait servi de ces opuscules pour un chapitre curieux et intéressant de son ouvrage sur la civilisation.

Les sept volumes de la réimpression sont très rares et valent de 250 à 300 francs. Ils sont formés en partie de révélations sur certaines dames du grand monde anglais, dames qui s'adonnaient beaucoup au sport tout particulier de la flagellation. Les noms sont peu déguisés.

Entre autres documents, on trouve un opéra-comique représenté sur une scène privée ainsi que des conférences fashionables qui, paraît-il, ont été faites avec accompagnement d'expériences pratiques! Ces volumes éclairent d'un jour nouveau les pratiques en usage au siècle dernier en Angleterre.

Voici les titres complets des sept volumes:

1. Exhibition of Female Flagellants in the Modest and Incontinent World.

2. Part Second of the Exhibition of Female Flagellants in the Modest and Incontinent World.

3. Lady B—r's Revels. A Comic Opera, as Performed at a Private Theatre with unbounded Applause.

4. A Treatise of the Use of Flogging in Venereal Affairs. Also of the Office of the Loins and Reins. By Meibomius.

5. Madame Birchini's Dance. A Modern Tale, with Original Anecdotes collected in Fashionable Circles. By Lady Termagant F—m.

6. Sublime of Flagellation: in Letters from Lady Termagant F—m to Lady Harriet T—l.

7. Fashionable Lectures; Composed and Delivered with Birch Discipline, by the Following Beautiful Ladies.

London, printed by G. Peacock, 1777[53].

[53] 1. Exposition des Flagellants femelles dans le monde modeste et incontinent.

2. Seconde partie de l'Exposition des Flagellants femelles dans le monde modeste et incontinent.

3. Les orgies de Lady B—r's—Opéra-comique, comme exécuté sur un Théâtre privé, avec applaudissements sans frein.

4. Traité de l'usage de la verge dans les plaisirs vénériens, et dans l'office des reins et des lombes, par Meibomius. (Voyez plus haut: Meibomius, De l'utilité de la flagellation.)

5. La danse de Mme Birchini. Conte moderne, avec Anecdotes originales recueillies dans des fashionables Cercles, par Lady Termagant F—m.

6. La majesté de la flagellation: en lettres de Lady Termagant F—m à Lady Harriet T—l.

7. Lectures fashionables; composées et prononcées avec la discipline du fouet, par les magnifiques dames suivantes. Londres, imprimé par G. Peacock, 1777.

Lashed into lust. A caprice of a flagellation. Paris, 1899[54].

[54] La luxure dans le fouet. Caprice d'un flagellateur. 1 volume petit in-8o. Deux éditions dont l'une sur papier de Hollande.

Voici maintenant un ouvrage absolument moderne et qui démontre par son existence même, que l'étrange goût de la flagellation n'est pas encore éteint.

Voici le problème que l'auteur anonyme (nous le connaissons personnellement, et c'est un gentleman distingué, ce qui prouve le peu de bonne foi qui préside à l'établissement de ces ouvrages) cherche à résoudre: comment domestiquer et réduire à la soumission une courtisane à la langue acérée qui pense que chaque homme représente sur terre un imbécile, plus qu'un naïf.

L'auteur a résolu ce problème avec beaucoup d'habileté. Ce volume n'a jamais été publié en français quoique l'original ait été écrit dans cette langue. Les acheteurs de cet ouvrage, s'ils supposent acquérir un bréviaire de piété, doivent être tristement déçus: l'auteur a choisi ses héroïnes et leur a assigné un rang hiérarchique dans la haute prêtrise de la galanterie.

Les actrices de ce petit drame sont des parvenues, de naissance et origines diverses.

L'assemblée à la Villa du Nid d'Amour est suffisamment hétéroclite: nous y trouvons la fille du faubourg, coudoyant la femme pervertie du commerçant honnête, à laquelle fait vis-à-vis la dame raisonnable et d'âge presque mûr qui donne de sages conseils à la jeune fille de bonne famille «folle de son corps», enfin toute l'assemblée s'incline devant la hautaine courtisane à la mode qui tout à l'heure criera, suppliera sous les cuisantes morsures de la verge. La principale scène de flagellation a lieu sur un yacht, en pleine Méditerranée. Ce yacht est commandé par un anglais de goûts bizarres, nommé Sir Ralph. A bord une nièce de ce dernier, une jeune femme d'admirable beauté du nom de miss Violet Stafford, maîtresse de Sir Ralph, et la courtisane dont j'ai parlé, formaient l'élément féminin qui devait entrer en scène.

Le premier sujet d'une castigation fut miss Violet, qui pour une peccadille commise un mois auparavant, fut fouettée sans pitié. La courtisane française avait assisté avec grande surprise à la punition de sa jeune amie anglaise, et même essayé de dissuader les bourreaux de leur action infâme. Aussi, je laisse à penser l'indignation qu'elle ressentit lorsque son amant l'informa tranquillement que son tour était venu. Je cite son propre récit que l'auteur lui fait raconter à des amies:

«Je crus qu'il plaisantait et je me mis à rire. Mais lui se tenant debout, le fouet à la main me dit placidement:

«Allons, Nini, déshabillez-vous, la belle!

Comme je le regardais, hébétée, pétrifiée d'étonnement, il reprit criant presque:

«Allons… fais vite,» et au même instant son fouet s'abattait cinglant mes épaules.

«Je poussai un cri de douleur et de rage, et bondis comme une tigresse pour lui arracher le fouet: deux coups rapides me firent battre en retraite.

«Nous étions restés seuls. Je courus vers la porte; elle était fermée en dehors.

«Assassin! misérable lâche!» m'écriai-je éperdument; à chacune de mes exclamations, le fouet retombait sur mes épaules.

«Sir Ralph, d'une voix calme, me disait:

«Prends garde à la figure. Je ne voudrais pas te blesser.» Puis, il continuait, par saccades: «sois raisonnable… déshabille-toi, ou… j'emploie la force—Osez donc, misérable! criai-je de nouveau.»

Et la scène se continue entre amant et maîtresse jusqu'à l'intrusion de nouveaux témoins qui vont prêter appui à l'orgie sanguinaire qui va se dérouler.

Les détails qui accompagnent les descriptions m'empêchent de les citer.

C'est, je crois, le livre le plus érotique qu'il m'ait été donné de lire en anglais.

Théâtre des cruautés des hérétiques au XVIe siècle.—Reproduction du texte et des gravures de l'édition française de 1558. Publié sans doute à Londres, 96 pages.

Prison Characters drawn from life with suggestions for prison government. Female life in prison by F. W. Robinson[55].

[55] Caractères de la prison (en Angleterre); basé sur la vie, avec conseils au gouvernement des prisons. Vie des femmes en prison, par F. W. Robinson.

Deux illustrations, deux volumes, 736 pages.

Les duels par la flagellation.—Je viens de passer rapidement en revue les principaux ouvrages, où des auteurs talentueux ou nuls se sont efforcés de nous raconter par «des scènes vécues» (?) disaient-ils presque tous, que la flagellation fut, est, et sera toujours à l'ordre du jour, qu'elle fait partie intégrante de notre vie. Je suis loin de les approuver, considérant plutôt les malheureux adonnés à cette pratique comme des malades, et rien de plus. Cependant, il est des circonstances où le fouet ou le bâton ont joué un rôle prépondérant. Je me souviens avoir lu dans les journaux américains, il y a quelques semaines à peine, que deux habitants du pays, qui s'étaient voués une haine mortelle, dont la jalousie était la base (cherchez la femme) ont trouvé un ingénieux moyen de mettre fin au conflit qui les séparait. Attachés tous deux solidement à deux arbres vis-à-vis, n'ayant que la main droite de libre, et cette main armée d'un gourdin, ils se sont administrés réciproquement une telle volée de coups, qu'il est plus que probable qu'ils ont trouvé dans la mort l'unité qu'ils n'avaient pu avoir de leur vivant. Voilà un duel, qui, je crois, ne sera pas goûté de sitôt dans la vieille Europe. Mais en Amérique…

*
*     *

Le Journal illustré, dans son numéro du 4 mars 1900 donne en première page une gravure représentant un duel au fouet entre deux charretiers, duel qui se termina tragiquement, l'un des deux combattants ayant eu l'œil crevé.

Voici les faits tels que les a relatés le Petit Journal:

«Deux charretiers, Georges Falga et Emmanuel Ricci, âgés vingt-trois ans et vingt-six ans, vivaient en paix… lorsqu'à La Garenne-Colombes, où ils demeurent, ils firent la connaissance d'une fort jolie fille dont ils s'éprirent éperdument et que tous deux désiraient épouser. Falga, plus heureux que son rival, ayant obtenu, avec le consentement du père, celui de la jeune personne qui ne voulait pas de Ricci parce qu'il est Italien, s'empressa de faire part à ce dernier du résultat de sa démarche.

Furieux d'être ainsi évincé, l'Italien jura de se venger.

Hier matin, vers six heures, comme les deux rivaux, avant de se rendre à leur travail, prenaient leur repas dans un débit de la Garenne, une violente discussion s'éleva entre eux, à propos du prochain mariage de Falga, et de grossières invectives furent échangées. Ils allaient en venir aux mains, lorsque d'autres charretiers, témoins de la scène, s'interposèrent et proposèrent aux deux hommes d'aller vider leur querelle dans un duel en champ clos.

L'arme choisie serait le fouet dont chacun d'eux était armé. Les conditions de ce singulier duel réglées, Falga et Ricci, suivis de leurs témoins allèrent se placer dans un terrain situé à quelque distance du débit.

Mis en face l'un de l'autre, chacun tenant son arme, les combattants, qui, au préalable s'étaient dévêtus jusqu'à la ceinture, attendirent le signal et se mirent immédiatement à se cingler consciencieusement le visage et le torse de terribles coups de fouet.

D'énormes zébrures, laissant échapper le sang, ne tardèrent pas à apparaître sur la peau des deux adversaires, qui redoublant d'ardeur, se frappaient comme des sourds. Le combat durait depuis quelques minutes, lorsque tout à coup, Ricci poussa un cri terrible et chancela. Le fouet de son rival venait de lui atteindre l'œil.»

Les corrections conjugales et les littérateurs, anciens et modernes.—Cette grave question: Doit-on ou ne doit-on pas battre sa femme? a fait couler des flots d'encre à pas mal de littérateurs.

Il est bien un vieux proverbe qui dit «qu'il est permis de battre sa femme, mais qu'il ne faut pas l'assommer», et comme il est universellement reconnu que les proverbes sont la sagesse des nations, nous devons prendre celui-là en bonne part.

«Battre sa femme, dit M. Esquiros, est un usage fort ancien dans le monde et notamment en France… Toutes les sociétés commencent, comme l'humanité, par l'état sauvage, lequel entraîne toujours l'emploi aveugle de la force. De vieilles cérémonies religieuses consacraient même cet usage en plusieurs provinces; le droit en était accordé au mari comme une franchise.»

*
*     *

En Angleterre, écrit M. Larcher, la loi qui permettait au mari de battre sa femme gratuitement a subsisté jusqu'en 1660.

Depuis ce temps, moyennant une faible amende, tout mari anglais peut infliger de rudes corrections à sa femme.

A notre époque, dans ce pays, il ne se passe pas une semaine, pas un jour même, sans qu'une feuille publique, soit de Londres, soit de la province, n'annonce qu'un mari a horriblement maltraité sa femme. Ces actes de brutalité conjugale sont depuis longtemps si communs en Angleterre, que le public n'y donne plus aucune attention; ils passent en quelque sorte inaperçus. On se dit: «Ce n'est rien, c'est un homme qui a corrigé sa femme,» tout aussi simplement qu'on se dirait: «Ce n'est rien, c'est un homme qui a battu son chien.» Il est même à supposer que les chiens, s'ils subissaient les mauvais traitements que subissent un grand nombre de femmes, trouveraient plutôt des défenseurs que ces dernières… Dès l'instant que de tels actes de barbarie ne soulèvent plus l'indignation publique, le devoir des législateurs serait d'aviser au moyen d'y mettre un terme… Est-ce au mari, au mariage ou à la femme qu'il faut s'en prendre? Que l'on cherche et l'on trouvera.

*
*     *

Une bonne correction, dit Salomon, vaut mieux aux femmes qu'un collier de perles.

*
*     *

Tilly fait la remarque que les femmes résistent souvent aux plus nobles procédés, et sont presque toujours subjuguées par le charme des plus mauvais traitements.

*
*     *

Le Petit Bleu du 15 mars 1900, publiait l'entrefilet suivant:

Battu et ridiculisé.Montluçon.—Il existe à Montluçon une vieille et originale coutume locale qui veut que tout mari qui se laisse battre par sa femme soit promené par la ville la tête coiffée d'un bonnet de coton, une quenouille en main en guise de sceptre et monté à l'envers sur un âne.

Cette pratique quelque peu comique est toujours en vigueur. Aussi, avant-hier soir, vers six heures, à la sortie des usines, plus de trois mille personnes se trouvaient-elles sur le pont Saint-Pierre et aux abords pour voir passer un cortège de mari battu.

Le patient était un ouvrier d'usine, à qui sa femme avait donné une maîtresse gifle à la suite d'une querelle conjugale, et à qui ses camarades d'atelier appliquaient la peine encourue en pareil cas, suivant le rite usité.

Le malheureux, cavalcadant à l'envers sur un âne de marinier, le chef ceint d'un casque à mèche et portant dans le dos une pancarte infamante, où étaient écrits ces mots: «Battu par sa femme et content,» fut promené par toute la ville, essuyant les lazzis les plus sanglants d'une foule sans pitié.

*
*     *

Bien d'autres auteurs ont agité cette question, mais les citer tous m'écarterait sensiblement de mon programme.

*
*     *

A l'ombre.—Traduit pour la première fois de l'Anglais pour la Société des Bibliophiles, 1 volume, in-18o papier vergé. (Édité à 10 francs.)

Dans son prospectus, l'éditeur de cet ouvrage dit:

«Il est assez délicat de donner une idée du livre, vu sa nature ultra-légère. Contentons-nous de dire que ceux que ne choquent pas les robes qui se retroussent et les cotillons qui découvrent ce qu'ils devraient cacher, ceux-là, disons-le, trouveront leur compte dans ce volume singulièrement pimenté. Est-il besoin d'ajouter que l'application de la verge et de la main sur d'affriolantes rondeurs y joue un rôle prépondérant; c'est un des traits caractéristiques de cette sorte de littérature, et, dans cet ouvrage, c'est pour ainsi dire à chaque page que se manifeste ce goût étrange dont tant d'ouvrages sérieux ont affirmé et commenté l'existence.»

Les Loups de Paris, par Jules Lermina[56].—Ce n'est pas sous un titre semblable que l'amateur d'ouvrages sur la flagellation, penserait trouver une terrible scène de fustigation. Le hasard—qui fait parfois bien les choses au profit des bibliomanes—m'a fait rencontrer ce livre qui, à première vue, semble être un roman-feuilleton fort banal. En le feuilletant, j'y ai trouvé quelques études intéressantes, où le document n'est pas dédaigné, mais l'auteur, obéissant aux lois inexorables de la compréhension populaire, a dû mettre sa tâche à la hauteur de Mme Pipelet qui s'en est donnée à cœur joie: des massacres, cambriolages, vols avec effractions, assassinats: «O ma chère! c'est palpitant.»

[56] Grand in-8o, avec un frontispice en couleurs (grande chromolithographie pliante).

Arrivons au passage qui nous intéresse. Il s'agit d'une tentative d'évasion dans un bagne. Le forçat coupable est condamné à recevoir cinquante coups de bâton. Je cite textuellement:

On entraîna le coupable. Entraîner n'est pas le mot propre, car il suppose résistance. Et il se laissait faire, comme s'il n'eût été qu'une masse inerte…

Les forçats avaient été convoqués, selon l'usage, pour assister au châtiment, à l'expiation…

L'évadé fut dépouillé jusqu'à la ceinture…

Un condamné à vie s'avança tenant en main l'instrument du supplice. En cette année-là, on faisait l'essai d'un fouet d'importation anglaise, le cat-o-nine tails, touffe de neuf lanières, garnies de petites balles de plomb.

L'exécuteur fit siffler dans l'air le cuir, qui rendit un bruit sec comme un coup de feu.

Le condamné resta immobile, les poignets appuyés sur le billot de bois.

Il faut dire que chaque coup du cat-o-nine tails, était compté pour dix coups ordinaires. C'était donc cinq rasades seulement, terme consacré, que le patient devait recevoir.

Un!… Son dos se marbra de bleu et de rouge.

Il ne remua pas.

Deux! Il y eut du sang.

Même immobilité.

—Diable! fit un des assistants, voilà une forte nature. Qui se serait attendu à cela? Ordinairement, on tombe au troisième.

Bah! ce sera pour le quatrième.

Mais le troisième tomba net sur les épaules l'homme…

Le quatrième enleva quelques lambeaux de chair…

L'autorité n'en revenait pas. Ce fouet britannique ne remplissait pas les conditions du programme…

—Cinq!

C'est fait. Le condamné se redressa. Il y avait là un baquet rempli d'eau dans laquelle on avait fait dissoudre quelques kilos de sel marin.

—Vous permettez? demanda-t-il.

Et sans attendre la réponse, il plongea dans l'eau la toile grossière qui servait d'éponge, et le liquide ruissela sur ses épaules…

Il ne frémissait même pas. Et cependant, à voir la chair écrasée, la douleur devait être atroce…

Mais lui, sachant que, sa peine subie, il rentrait dans les rangs, à sa place, alla se mettre dans le groupe des forçats, endossant la casaque dont on l'avait dépouillé…

—C'est une mystification, dit un surveillant.

De fait, ils étaient tous consternés.

—Il y a un autre condamné, fit un garde-chiourme. On pourrait essayer.

—Soit…

La condamnation était moins grave. Vingt coups, ce qui se résolvait en deux coups de fouet de nouvelle invention…

—C'est l'exécuteur qui a le poignet trop mou, objecta quelqu'un.

Celui qui venait de recevoir les cinq coups dit, mettant le bonnet à la main:

—J'offre de frapper le patient.

—Tu n'auras pas la force.

—Essayez.

—Soit.

Le forçat qui avait encouru la peine, pour quelque peccadille d'insubordination, était un énorme colosse dont les épaules, le torse, le râble semblaient taillés en plein bronze…

Il se posa, arrogant, défiant du regard le poignet fin et sans doute faible de cet exécuteur de hasard.

—Bonne affaire! murmura-t-il. Si celui-là me démolit…

Il n'acheva pas.

On entendit un cri, un râle.

L'homme était par terre, crispant ses ongles au sol.

Un seul coup du cat-o-nine tails l'avait abattu.

Le médecin s'approcha… Une sorte de gloussement sortait de sa poitrine, tandis qu'une écume rougeâtre souillait ses lèvres.

—Il ne résisterait pas au second coup, dit le médecin. Bien heureux s'il réchappe de cette première alerte…

C'était fait.

Les gardes-chiourmes appelèrent les hommes à la grande fatigue.

La flagellation dans la gravure, la caricature, en politique.—Là aussi, la flagellation a joué un rôle important. Mais cette partie demande une étude spéciale. Je ne citerai donc que quelques exemples.

Qui ne se rappelle le numéro publié par le Le Rire, entièrement illustré par le dessinateur Willette? Une des gravures, la plus amusante peut-être, représente un intérieur britannique, et, cependant que le père lit la Bible, la mère éponge le postérieur d'une fillette. Légende: En Angleterre, les petites filles sont bien gentilles, mais trop souvent fouettées.

*
*     *

Au moment où j'écris ces lignes, La Caricature, journal satyrique donne en première page un dessin représentant la reine Victoria, flagellée vigoureusement par le Président Krüger. Cette caricature, considérée à juste titre comme outrageante, a eu un immense retentissement de l'autre côté du détroit.

Dans son numéro du 30 avril 1800, Le Courrier français donne un merveilleux dessin de Willette à propos du rétablissement de la flagellation en Virginie. La légende du dessin porte:

«Les journaux publient une dépêche de New-York annonçant que l'Assemblée législative de l'État de Virginie a voté une loi permettant d'appliquer les châtiments corporels en public.

«La première à qui cette loi a été appliquée est une jeune fille de dix-huit ans qui a été fouettée sur la place publique de Manassas, parce qu'elle avait des relations immorales avec un clergyman.»

Sans commentaires.

Une petite brochure vient de paraître, sous le titre. Les Crimes des couvents[57], qui contient des détails si révoltants sur des faits qui se sont passés dernièrement, d'une telle férocité que le sujet mérite d'être étudié à fond.

[57] B. Guinaudeau.Les Crimes des couvents.—L'exploitation des Orphelins. Paris, 1889. 1 brochure de 72 pages, 50 centimes.

Je réserverai donc cette étude pour un autre ouvrage, car ici, la place me fait défaut.

Traité du fouet, et de ses effets sur le physique de l'amour, ou aphrodisiaque externe.—Ouvrage médico-philosophique, suivi d'une dissertation sur les moyens d'exciter aux plaisirs de l'amour, par D… (Doppet) médecin, 1788, 1 vol. in-18 de 108 pages, plus 18 feuillets préliminaires.

Le Traité du fouet est une imitation plagiaire du traité de Meibomius, dont j'ai déjà parlé. Ici tout est libertinage et satire grossière. Le lecteur n'y apprendrait rien d'utile; en revanche, il y peut trouver les moyens de ruiner sa santé, car l'ouvrage contient une pharmacopée très étendue des plus actifs aphrodisiaques, réduits en électuaires formulés, suivie d'une liste raisonnée des plantes analogues à la vertu de ses récipés.

J'ai sous les yeux une réimpression de ce volume qui porte: Londres, 1891. Cette édition est précédée d'une notice bibliographique dont je cite quelques passages intéressants:

L'auteur du Traité du fouet est François-Amédée Doppet, médecin, littérateur et général français, d'origine savoisienne, né a Chambéry en mars 1753, et mort à Aix (Savoie) vers l'an 1800. Sauf Quérard, France litt. et la Biogr. génér. de Hœfer qui donnent l'énumération exacte de ses nombreux ouvrages, il n'est guère brièvement cité par les autres biographes, que pour l'ouvrage qui nous occupe.

La première édition a pour titre: Aphrodisiaque externe, ou Traité du fouet et de ses effets sur le physique de l'amour, ouvrage médico-philosophique suivi d'une dissertation sur tous les moyens capables d'exciter aux plaisirs de l'amour, par D***, sans lieu d'impression (Genève) 1788, in-18 (disent Brunet, Graesse et le comte d'I***), in-16 (disent Barbier, Quérard et Hœfer) de 158 pages.

Il est à remarquer que tous les biographes indiquent Genève comme lieu d'impression, tandis que la Bibliographie du comte d'I***, seule, indique Paris.

La Bibliographie des ouvrages relatifs à l'amour, aux femmes, etc. Turin et San Remo, 1871-1873, en annonçant, au Traité du fouet, une figure-frontispice, qui n'a jamais existé que dans l'imagination un peu vagabonde des éditeurs, ajoute que le Médecin de l'amour paru à Paphos (Paris) en 1787, in-8o, est un essai du même ouvrage. C'est une profonde erreur. Le Médecin de l'amour, est tout simplement une véritable histoire médico-romanesque n'ayant aucun point de ressemblance avec le Traité du fouet.

*
*     *

Il se rencontre aussi des exemplaires de cette édition originale portant un titre ainsi libellé: Traité du fouet, ou Aphrodisiaque externe, etc. A Paris, chez les marchands de nouveautés.

Une réimpression à très petit nombre a eu lieu à Paris ou à Lille, au commencement de ce siècle (1820 à 1825). Cette édition contient 108 pages, la table comprise; elle porte sur le titre, pour épigraphe, un passage latin, tiré de l'ouvrage de Meibomius. Elle est bien imprimée, son bon papier ordinaire collé, d'une teinte légèrement bleuâtre.

*
*     *

Il est à remarquer que la seconde partie de cet ouvrage, intitulée: Dissertation sur tout les moyens capables d'exciter aux plaisirs de l'amour, ne fait point partie essentielle du Traité du fouet. C'est plutôt une pharmacopée aphrodisiaque très curieuse.

Aussi cette partie a-t-elle été détachée de l'ouvrage et reproduite avec des annotations, depuis peu, à l'étranger.

On y a même joint un frontispice très épicé, dont l'allégorie, aussi frappante qu'ingénieuse, rappelle d'une façon toute gaillarde, le souvenir des Fleurs animées de Granville.

Histoire des Flagellans, où l'on fait voir le bon et le mauvais usage des Flagellations parmi les chrétiens, par des preuves tirées de l'Écriture sainte, etc., traduit du latin de M. l'Abbé Boileau, docteur de Sorbonne (par l'abbé Granet), Amsterdam, chez Henri Sauzet, 1732 (1 vol. in-12).

Diverses éditions en latin, français et anglais.

—Tout est vraiment digne d'attention dans ce livre, publié vers la fin de l'année 1700, par l'abbé Boileau, frère du célèbre Despréaux. Cet excellent écrit que l'abbé Irailh, a eu le grand tort d'appeler un livre saintement obscène traduit en français dès 1701, puis en 1732 par l'abbé Granet, l'éditeur des œuvres du savant de Launoy, n'excita pas moins, quand il paru une grande rumeur parmi les moines, les théologiens et surtout chez les jésuites, soit à cause des opinions jansénistes imputées à l'auteur, soit par une suite de cette déplorable prédilection que les jésuites ont toujours eue pour la discipline d'en bas. Le père du Cerceau et l'infatigable controversiste Jean-Baptiste Thiers, curé de Vibraye, s'emportèrent cruellement contre l'abbé Boileau. De leur côté les moines et les moinesses firent grand bruit. Mais de réfutation concluante, il n'en parut aucune.

L'abbé Boileau poursuit, en dix chapitres, la flagellation, spécialement la flagellation volontaire, depuis son origine jusqu'à son époque, sous toutes ses formes et ses prétextes, comme une indigne coutume née du paganisme et de l'esprit de libertinage.

Ne fait-il pas beau voir le père Girard donnant la discipline à la belle Cadière, pour commencement de satisfaction, et cela, parce que liberté pareille a été prise, sans encombre de chasteté, par saint Edmond, Bernardin de Sienne, et par le capucin Mathieu d'Avignon?

A en juger par la nature humaine, qui est la même partout, la flagellation du christianisme n'a pas eu d'avantages sur celle des lupercables, et dans le nombre des dévotes fouettées, nous avons dû avoir autant de femmes compromises que les Romains.

Hector France dans «Le Péché de sœur Cunégonde» (Paris s. d. In-4o illustré) nous donne une très amusante scène de pénitence religieuse. Je cite textuellement:

«Cependant, ce n'était pas de l'Ave Maria dont s'occupait une religieuse, car en passant devant une porte sur laquelle était écrit le nom de sœur Sainte-Irène, on entendit le bruit de ce que Rabelais nomme une Cinglade, mais une cinglade timide et molle, précédée et suivie de petits gémissements.

—Restez là, dit monseigneur à la petite fille en s'arrêtant et frappant trois coups. Peut-on entrer? ajouta-il.

—Je me meurtris aux épines de la mortification, répondit une voix plaintive.

—Quelle mortification?

—Je me flagelle.

—Eh! ma sœur, dit le directeur en poussant la porte qu'il referma sur lui, c'est sur la chair qu'il faut frapper, ma sœur, la chair! la misérable chair! Avez-vous le cordon de Jésus-Marie-Joseph?

—Oui, monseigneur, le voici.

—Allons, plus haut, retroussez votre tunique de lin!

Et presque aussitôt la petite fille, terrifiée, entendit les cinglements de la corde devenir plus stridents, et à chaque coup s'accentuer les plaintes.

—Invoquez le nom de Jésus, dit le prélat et les épines de la mortification se changeront pour vous en feuilles de rose.

—Oh! doux Jésus! dit la sœur.

—Les morsures de la flagellation se tourneront en suaves blandices.

—Oh! doux Jésus!

—Les souffrances du martyre en jubilation.

—Oh! doux Jésus!

—Les angoisses de l'agonie se transformeront en céleste béatitude.

—Oh! doux Jésus! Grâce, monseigneur! vous frappez trop fort.

—«Alors Ponce Pilate, après avoir fait fouetter Jésus, le livra aux Juifs pour être crucifié.» C'est en mémoire de cet acte que notre sainte patronne Élisabeth de Hongrie livrait sa chair à la flagellation et la sainte ne se plaignait pas de la violence du pieux Conrad. Elle disait à chaque coup: «Plus fort, très cher père Conrad, plus fort!» Aussi elle est assise à la droite du Père.

—Plus fort, monseigneur! Frappez sur ma misérable chair. Oh! doux Jésus! Aïe! Aïe!

—Le sol est durci sous la lourde pression de vos péchés, il faut frapper, ma fille, pour pouvoir enfoncer la racine de vertu.

—Oh! doux Jésus! Quelles délices! oh! doux Jésus! monseigneur! Oui… enfoncez… la… racine… de… vertu… Oh! Joies du Paradis!

—Vous avez gagné 643 jours d'indulgence plénière, agenouillez-vous, priez et réjouissez-vous.

—«Réjouissons-nous! J'ai vu la rosée tombée du ciel, j'ai vu la chaste nuée d'où le juste est sorti, j'ai vu le désiré, j'ai vu le rejeton de David, j'ai vu le fils de la Vierge, j'ai vu le Messie, j'ai vu Emmanuel, j'ai vu Jéhovah, notre juste, c'est en mon Jésus! Il va bientôt venir. Oh! Joies du Paradis!»

Amen! Le voici, ma sœur!

—Jésus! Marie! Joseph!

—Courbez plus bas la tête, ma fille.

—Ah! doux Jésus! L'esprit saint est en moi! Et la petite fille, qui écoutait toute tremblante, n'entendit plus que des soupirs étouffés. Sans doute la sœur Sainte-Irène, touchée par l'onction intérieure de la grâce, demeurait plongée dans la contemplation des perfections infinies et noyée dans une amoureuse union avec le fils du Père éternel… ou avec son ministre, Mgr de Ratiski… Mystère[58]!…

[58] Une curieuse gravure illustre ce passage.

Hector France.La pudique Albion. Les nuits de Londres. 1 vol. in-18o jésus, 332 pp. (Paris, 1885).

Dans ce volume, page 203 commence un chapitre intitulé Filles fessées. Comme ce chapitre occupe 13 pages, je ne puis le citer en entier, quoiqu'il en vaille la peine. Voici quelques-uns des passages les plus pittoresques:

*
*     *

«Traversant un matin un corridor pour se rendre à sa classe, il (La Cecilia, professeur de français à cette époque) entendit des supplications suivies d'un bruit ressemblant a ce que nos pères appelaient une cinglade, et nous, une forte fessée. Or, comme les plus jeunes élèves de l'école n'avaient pas moins de douze ans, le châtiment lui parut si extraordinaire en raison de la pudibonderie anglaise qu'il prit avec toutes sortes de précautions, des informations sur la nature de ce bruit insolite, près de la sous-maîtresse assistant à son cours.

—Oh! répondit-elle en rougissant un peu, c'est une petite fessée (little whipping) qu'on a infligée à cette mauvaise tête de miss O'Brien.

Miss O'Brien était précisément une des plus grandes élèves, superbe Irlandaise de dix-sept ans mais qui en paraissait vingt, tant la nature avait pour elle été prodigue.

—Vous ne voulez pas dire, répliqua La Cecilia stupéfait, qu'on a donné le fouet à cette grande fille?

—Parfaitement, «le fouet», comme vous l'appelez; c'est l'usage de la maison.

*
*     *

Voici une lettre reproduite dans ce livre; elle est d'un gentleman nommé G. Ferguson:

«Quant à l'abominable pratique de fouetter les jeunes filles dans les écoles, écrit-il, je veux vous relater ce qui vient d'arriver dans une pension du nord de Londres à une jeune personne dont je suis le tuteur. Elle a dix-huit ans et y fut envoyée pour terminer sa dernière année d'éducation. Un soir, une des plus jeunes du pensionnat, fillette de douze ans, ayant été fort désobéissante, la maîtresse ordonna à ma pupille de fouetter, en sa présence, la petite dont elle retroussa aussitôt, elle-même, les jupons. L'autre naturellement, stupéfiée de cet ordre, refusa nettement de l'exécuter. Alors, la maîtresse, après avoir fessé très sévèrement la fillette, conduisit ma pupille dans la classe où sept ou huit autres de ses compagnes travaillaient, leur disant qu'elle allait faire un exemple. Elle ordonna à la jeune fille d'ôter sa robe et son pantalon, la menaçant, si elle n'obéissait pas, d'envoyer chercher le maître d'allemand pour la déshabiller. Affolée, elle céda et fut contrainte de se tenir devant ses camarades dans la plus humiliante et la plus indécente des attitudes, la moitié de ses effets enlevée et l'autre moitié retroussée jusque sur ses épaules, tandis que la maîtresse la frappait avec une verge de bouleau jusqu'à ce que le sang ruisselât sur ses cuisses; alors seulement elle s'arrêta et l'envoya au lit.»

*
*     *

Je détache ce passage de la lettre d'une dame:

«L'âge où le fouet agit le plus efficacement sur les jeunes personnes varie entre quinze et dix-huit ans. C'est l'époque où les passions fermentent, prennent de la force, et il faut user d'un traitement radical. Pour les filles plus jeunes, quelques coups de baguettes bien appliqués sur le gras des jambes ou des bras produit d'ordinaire l'effet désiré. Naturellement il n'est pas possible d'établir une règle quant au nombre des coups. Tout dépend des tempéraments et des caractères. Deux filles recevant le fouet ne se conduisent pas toutes deux de la même façon sous la douleur; les unes ont la chair plus sensible que les autres, mais en général, un coup par année est ce qu'il y a de plus équitable et de plus logique. Ainsi douze coups pour une fillette de douze ans. Une de trois lustres en recevra quinze et ainsi de suite.»

«A cette théorie si simplement exposée», dit Hector France, «je n'ajouterai pas un mot. Tout commentaire serait superflu».

Maurice Alhoy.Les Bagnes; Histoire, types, mœurs, mystères.Édition illustrée. Paris, 1845. Un volume grand in-8o de 480 pages.

Très intéressant ouvrage qui contient un long chapitre sur la bastonnade et les punitions corporelles au bagne. Je cite les passages qui m'ont semblé les plus intéressants au point de vue du document.

*
*     *

De nos jours dans les bagnes, l'office de l'exécuteur existe encore; mais ses fonctions se réduisent presque toujours à appliquer la bastonnade, châtiment qui résume là, à quelque exception près, presque toute la collection des peines… Le forçat voleur, faussaire, faux monnayeur, vit sous la tutelle de la loi, qui semble morte pour lui comme il est mort pour elle, et il peut commettre impunément tous les crimes contre la propriété, il ne court risque que de se voir étendu sur une souche qu'on nomme banc de justice, et frappé par un bras vigoureux d'un nombre de coups de gercette ou corde goudronnée, qui varie de dix à cent; et à moins que le condamné ne joue du couteau contre son gardien, qu'il ne l'étouffe dans ses bras ou qu'il ne le jette dans les flots, il rachètera tous les crimes par la flagellation.

*
*     *

Il y eut à Rochefort un forçat surnommé Jean le Bourreau, qui accomplissait ses fonctions avec un appétit carnassier qui s'exaltait tellement quand le sang venait à saillir, qu'il fallait mettre près de lui plusieurs agents afin qu'il ne prolongeât pas le supplice du patient au delà des limites fixées par le jugement. Cet homme était d'une haute stature, et quoique bancal, sa force était prodigieuse. Les cicatrices d'un coup de couteau dans la main et plusieurs autres blessures dont les stigmates tatouaient ses membres, témoignaient de la haine profonde qu'il inspirait. Les liens de la parenté ou de l'intimité n'avaient aucune puissance sur la nature de cet homme; on le voyait vers le soir attendre l'heure de la rentrée des condamnés, comme le fauve qui guette un troupeau dans lequel il lui faut une proie. Un jour on lui livra pour la correction son propre neveu, forçat comme lui; et celui-ci fut si vigoureusement châtié par son inflexible oncle, qu'il faillit perdre la vie.

J'ai vu à l'hôpital le forçat Pitrou, qui avait passé par les mains de Jean le Bourreau jusqu'à vingt-cinq fois; il était impossible de regarder sans horreur le corps de ce condamné: de la nuque au talon on eût dit un spécimen de ces grandes figures d'écorchés qui servent aux études anatomiques.

La bastonnade produit un effet qui varie suivant la nature du condamné. Tel forçat n'éprouve, en la subissant, que la douleur physique, tel autre en ressent un ébranlement moral qui le rend plus indomptable ou le frappe d'atonie. Le fameux Pontis de Sainte-Hélène reçut les coups de corde sans rien perdre de cette dignité qui imposait même aux plus cyniques de la chiourme. Il subit ce châtiment sans se plaindre, et dit qu'il ressemblait au Christ innocent et flagellé. L'abbé Molitor, victime d'une cabale formée par ses compagnons de chaîne, subit la bastonnade et oublia plus vite la douleur que l'humiliation… M. le Dr Lauvergne cite un forçat, voleur, incorrigible qui, chaque jour avant le ramas, venait régler avec le commissaire la balance de ses larcins et de sa bastonnade.

*
*     *

EXTRAIT DU CODE PÉNAL DES CHIOURMES

Sera puni de la bastonnade:

Le forçat qui aura limé ses fers ou employé un moyen quelconque pour s'évader;

Le forçat sur lequel il sera trouvé des objets de travestissement;

Le forçat qui volera une valeur au-dessous de 5 francs;

Le forçat qui s'enivrera;

Le forçat qui jouera des jeux de hasard;

Le forçat qui fumera dans le port ou dans sa localité;

Le forçat qui vendra ou dégradera ses effets;

Le forçat qui écrira sans permission;

Le forçat sur lequel il sera trouvé une somme au-dessus de 10 francs;

Le forçat qui battra son camarade;

Le forçat qui refusera de travailler ou commettra un acte d'insubordination.

A la campagne (traduction de Country retirement) ou comment employer agréablement les loisirs de la vie de château, traduit pour la première fois de l'anglais pour la société des Bibliophiles cosmopolites.

1 volume in-18, papier vergé (publié à 10 francs).

Cet ouvrage, fort libre, écrit avec beaucoup de chaleur, est une suite de scènes lubriques où la flagellation joue le rôle principal.

Ces tableaux sont curieux par leur originalité, mais franchement obscènes.

*
*     *

QUELQUES OUVRAGES ALLEMANDS
SUR LA FLAGELLATION

Depuis quelques années, un certain intérêt s'est manifesté outre-Rhin, sur les sujets touchant la flagellation et les punitions corporelles.

Aussi, pour bien compléter cette bibliographie, je crois bon de donner un résumé des principaux ouvrages allemands en la matière.

Die Körperstrafen bei allen Völkern von den ältesten Zeiten bis auf die Gegenwart. Culturgeschichtliche Studien von Dr. Richard Wrede. Mit 118 Illustrationen und 1 Tafel. Gross 8o. 480 Seiten[59].

[59] Les punitions corporelles chez tout les peuples—depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Étude morale très documentée de M. le Dr Richard Wrede avec 118 illustrations et 1 tableau, volume in-8o, 480 pages.

Cet ouvrage est très documenté et très étendu dans ses détails. Il traite des persécutions des chrétiens et des fustigations employées à leur égard, puis il s'occupe des sectes des flagellants et de l'inquisition. Suit une description des droits de justice au moyen âge, du rôle joué par le bâton et le fouet dans l'armée et la flotte, et des punitions corporelles dans les nations slaves. Les punitions à l'école et l'emploi de la fustigation au point de vue sexuel et anormal sont traitées sous les titres généraux de Masochisme, Sadisme et Massage. L'ouvrage contient quelques illustrations intéressantes.

Stock und Peitsche im XIX. Jahrhundert. Ihre Anwendung und ihr Missbrauch im Dienste des modernen Straf und Erziehungswesens. Von D. Hansen[60].

[60] Bâton et fouet au XIXe siècle,—leurs applications et leurs abus au système des punitions corporelles et de l'éducation, par D. Hansen, 2 volumes.

Deux volumes qui, comme l'indique le titre, traitent du bâton et du fouet au point de vue de la discipline morale. Le second volume est réservé à l'emploi de ces deux instruments dans les différents pays, ainsi que de leur application dans les maladies sexuelles. Très intéressant ouvrage. La façon de traiter est très moderne.

Der Flagellantismus und die Flagellanten. Eine Geschichte der Rute in allen Ländern von Wm. M. Cooper. In das Deutsche übertragen von Hans Dohrn[61].

[61] La flagellation et les flagellants.—Une histoire du bâton dans tout les pays, par Wm. M. Cooper, traduite en allemand par Hans Dohrn.

Un volume de 196 pages. Quelques curieuses illustrations, mais point libres. Ce volume paraît être une traduction littérale de l'ouvrage anglais «History of the Rod», dont j'ai déjà parlé plus haut.

Das Deutsche Zuchthaus. Ein Beitrag zur Geschichte seiner Entstehung, Einrichtung und der darin geltenden Disciplinar-Strafen. Nebst einem Anhang: «Hausordnung des Zuchthauses zu Waldheim» von Cäsar Krause. Mit 1 Abbildung (Der Willkomm)[62].

[62] La maison de correction allemande.—Une contribution à l'histoire de son origine, établissement, et de la punition disciplinaire qui sont appliquées,—avec un appendice.—Réglementation sur la direction de la maison correctionnelle de Waldheim, par César Krause, avec frontispice.

Brochure traitant des punitions corporelles dans les prisons allemandes. Plus la lutte pour l'existence devient difficile, plus les punitions à infliger aux criminels devient importante et l'un des éléments primordiaux de cette question est l'application des peines corporelles.

Qu'est au juste une maison de correction allemande? Quels en sont le but et la direction? Comment y applique-t-on les punitions corporelles? Quel sentiment domine le règlement des punitions appliquées? C'est à ces questions complexes que répond cette brochure. Comme l'auteur l'indique dans sa préface, ceci n'est qu'un essai pour tirer de l'obscurité un sujet qui n'a pas reçu jusqu'ici l'attention qu'il méritait. La présente petite brochure comble une lacune dans ce genre de littérature. L'ouvrage contient une illustration représentant la correction infligée à un malheureux qui, presque nu, est entouré d'une foule curieuse où les femmes dominent avides de sensations mauvaises. Le prisonnier, couché sur un chevalet, est fortement maintenu.

Die Geheimnisse der Inquisition. Von M. Féréal. Grosse Ausgabe mit Illustrationen. Ein starker Band. (600 Seiten.) Bestes Werk über die Gräuel der Inquisition in Spanien.[63]

[63] Les secrets de l'Inquisition, par M. Féréal, grande édition avec illustrations (600 pages). Ouvrage sur la cruauté de l'Inquisition en Espagne (voir pour le contenu très détaillé, l'édition française de cet ouvrage bien connu).

Eine Orgie von Mönchen. Der Günstling des Inquisitors. Die Leidenschaft des Inquisitors. Wieder Joseph. Die Aebtissin der Carmeliterianer. Das Amulet des Gross-Inquisitors. Die Marterkammer. Die Kerker der Inquisition. Ein grosses Fest in Sevilla. Die Gnadenkammer. Tortur des Wassers. Die Busskammer. Der Lampenball. Eine Verschwörung. Das Autodafé. Ein Märtyrer, etc.

Ce volume qui traite des secrets de l'Inquisition est certainement traduit de l'ouvrage français bien connu de M. Féréal. Il ne manque pas d'intérêt, si l'on s'en rapporte aux titres des chapitres. L'inquisition a été si souvent traitée dans la littérature française, qu'il serait superflu de donner un compte rendu des tortures décrites dans ce volume de 600 pages. Nombreuses illustrations.

Die Strafen der Chinesen. Nach dem Englischen von H. Dohrn. Mit 21 Abbildungen in Kunstdruck und 1 Titelbilde[64].

[64] Les punitions des Chinois. Traduit de l'anglais, par H. Dohrn.—Avec 21 illustrations artistiques et frontispice.

Traite des punitions dans le peuple chinois, où la bastonnade joue un rôle important. Traduit de l'anglais.

Grausamkeit und Verbrechen im sexuellen Leben. Von Russalkow 2. Auflage. 80 Seiten[65].

[65] La cruauté et le crime dans la vie sexuelle, par Russalkow, 2e édition, 80 pages.

Voici un titre mystérieux qui, certes, promet de ne pas manquer d'intérêt. La cruauté et le crime dans la vie sexuelle en disent long. Cet ouvrage qui en est à sa seconde édition et a comme suite le volume suivant:

Ueber Schmerzzufügen. Prügelkuren.—Massage.—Schläge als Weihe.—Hang zur Grausamkeit, von Gutzeit[66].

[66] L'accoutumance à la douleur.—La guérison par le bâton.—Le massage.—Les coups comme consécration.—La pendaison comme cruauté, par Gutzeit.

Das Prügeln in der Schule. Eine Gefahr fur Bildung und Sittlichkeit, von Gutzeit[67].

[67] Le bâton à l'école: un danger pour l'éducation et la civilisation, par Gutzeit.

Trop d'instituteurs, surtout dans les écoles villageoises, se complaisent à casser maintes baguettes sur le dos des enfants qui leur sont confiés. Une façon comme une autre de faire entrer les sciences! Ce volume est dirigé contre cette odieuse pratique. Dans l'intérêt de l'enfance, nous aimerions voir cet ouvrage traduit en français et répandu parmi les éducateurs de nos enfants.

Der Gebrauch der Alten ihre Geliebte zu schlagen. Aus dem Französischen, mit Anmerkungen. Stuttgart 1856.—80. S.[68]

[68] L'usage des anciens de battre leurs fiancées.—Traduit du français avec annotations.

Le titre de cet ouvrage fait sourire… Battre sa fiancée! Voilà une coutume qui, je crois, aurait de la peine à s'acclimater en France. Quoique parfois, après le mariage, cette coutume donne trop d'exemples, je ne crois pas qu'elle serait acceptée avant le mariage. Ce volume est traduit du français; mais je n'en connais pas l'original.

Flagellum salutis, oder Heilung durch Schläge, von Paullini, nach der Ausgabe von 1698. Stuttgart, 1847.—350 Seiten[69].

[69] Le salut par la flagellation, par Paullini, d'après l'édition de 1698. 350 pages.

Ouvrage de religion mystique, traduit du latin.

Kudejar, eine historische Chronik aus der Zeit Iwans des Schrecklichen, von Kastomarow[70].—347 Seiten.

[70] Kudejar. Chronique historique du temps d'Ivan le Terrible, par Kastomarow.

Que de mystères dans cette Russie du Nord! Que de cruautés sont cachées dans les profondeurs de ce pays! Ce présent volume voit son action se dérouler sous le règne d'Ivan dit le Terrible. Je ne crois pas qu'il en existe une traduction française. Pour les lecteurs de romans palpitants, cette chronique historique de 359 pages vient à point.

Lenchen im Zuchthause. Schilderung des Strafverfahrens (Flagellantismus) in einem Süddeutschen Zuchthause vor 1848.—Ein Beitrag zur Sittengeschichte, von W. Reinhard. Hamburg, 1890[71].

[71] Hélène en prison.—Description des systèmes de punitions corporelles dans une maison pénitentiaire de femmes, située dans l'Allemagne du Sud, avant 1848. Aperçu de l'histoire des mœurs.

Cet ouvrage paraît des plus sérieux. Le lecteur en quête de scènes érotiques pour ranimer ses sens malades ne trouvera rien de semblable dans ce livre.

Parmi tous les ouvrages sur la flagellation des femmes—et ils sont légion—je crois que c'est le seul qui soit réellement vrai. Poursuivi en Allemagne au moment de sa publication, ce volume est devenu très rare, et c'est à l'érudit libraire de Dresde, M. D… qui s'occupe exclusivement de livres allemands sur ce sujet, que je dois la communication de l'exemplaire que je possède. Le plan de l'ouvrage est peu compliqué et ce n'est pas là son moindre mérite. Hélène, l'héroïne de l'ouvrage, une jeune femme d'assez bonne éducation et employée comme domestique, est accusée d'avoir volé, arrêtée, condamnée et envoyée dans une maison de correction. Pendant toute sa détention, elle entretient une correspondance suivie avec son fiancé, établi à ce moment dans un autre pays, et écrit également à une de ses anciennes amies. Dans ces lettres, elle décrit tout au long ses souffrances dans la maison de correction, ainsi que les scènes de flagellation dont elle est parfois le témoin involontaire. Comme je l'ai fait observer, l'auteur ne s'attache nullement à faire ressortir les diverses sensations plus ou moins voluptueuses qui accompagnent ordinairement ces pratiques. La jeune héroïne, certainement ignorante à ce sujet, raconte naïvement que les nobles dames du voisinage de la prison ne manquaient jamais une occasion de venir voir fouetter les hommes ou les jeunes garçons envoyés dans cette maison pour y recevoir leur peine!

A l'arrivée à la prison, les condamnées étaient préalablement soumises à la visite du chirurgien, puis fouettées. Le passage où la jeune domestique raconte son arrivée dans cet endroit infâme est certes un des plus intéressants de tout le volume. La place me manquant, je ne puis en citer malheureusement que quelques lignes[72].

[72] Je ne traduis pas littéralement. Je me contente de citer à peu près pour la compréhension de lecteur français.

Hélène, arrivant en voiture à la maison de détention, écrit:

«En descendant, je m'imaginais que quelqu'un avait prononcé ces mots:

«Ah! Ah! voilà un morceau délicat pour «la bienvenue»[73].

[73] La correction infligée à l'arrivée dans la prison s'appelait la bienvenue.

«Le cocher, qu'un gros rire soulevait approuvait de la tête. On me conduisit alors dans un petit bureau situé au rez-de-chaussée, où bientôt entra un homme qu'on me dit être le chirurgien de l'établissement.

«Hélas! c'était la conséquence obligatoire de mon entrée dans cette maison, et je devais me courber sous la loi d'inéluctable circonstance, mais, quoique je reconnaisse maintenant que je devais passer par là, je trouve qu'il n'en est pas moins honteux et dégradant de se plier à de telles exigences.

«Cependant sans avoir prononcé un seul mot, le chirurgien s'était approché de moi, et m'examinait minutieusement. Épargnez-moi l'exposé de mes sentiments pendant que cet homme me regardait: j'en mourrais de honte.

«—Elle est parfaitement saine, dit-il enfin, intacte et vigoureuse; emmenez-la.

«On me conduisit dans une autre pièce, à coté, où un commis inscrivit sur un registre mon état civil, et… mon crime! oui, mon crime! Pourtant, malheureuse que j'étais, je ne pouvais m'imaginer que j'étais une criminelle. Devant la loi, oui; devant ma conscience, jamais! Et c'est là une cruauté nouvelle ajoutée à ma torture.»

L'ouvrage se continue dans un sens approximatif, toujours bien documenté. Il vaut la peine d'être lu[74].

[74] Il vient de paraître cette année même une édition anglaise de cet ouvrage. Elle est due à l'éditeur du présent volume. Souhaitons qu'une édition française suivra bientôt.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Von der Nützlichkeit der Geisselhiebe in medizinischer und physischer Beziehung. Aus dem Lateinischen übersetzt von J. H. Meibomius. (Seltene Uebersetzung von Meibomius, de usu flagrorum in re medica et venerea.) Zwei Theile. Das Geisseln und seine Einwirkung. Eine medizin-philosoph. Abhandlung. Aus dem Französischen, in-8o, Stuttgart, 1847.

Traduction allemande du traité de Meibomius, dont j'ai déjà parlé.

Indecent Whipping, being accounts by numerous persons of their experiences of indecent punishments inflicted in Schools and elsewhere. Reprinted from «Town Talk» by desire. London, 1885[75].

[75] Fustigations indécentes, étant le récit fait par de nombreuses personnes de leurs expériences personnelles sur les fustigations indécentes infligées dans les écoles et ailleurs. Réimprimé d'après le «Town Talk», sur le désir qui en fut exprimé. Londres, 1885.

(Plaquette grand in-8o de 32 pages.)

Très intéressant volume. Édité au prix modeste de 1 fr. 25, on ne le trouve guère aujourd'hui qu'en le payant 10 ou 12 fois ce prix. C'est une série de lettres et d'histoires évidemment très véridiques qui ont paru sur le journal «Town Talk» qui, à ce moment, s'attira à Londres un mouvement de curiosité au moins aussi vif que celui provoqué par la «Pall Mall Gazette», au moment de ses révélations faites par ces vieux messieurs qui violaient de toutes jeunes fillettes, attirées par des proxénètes.

Les flagellations racontées dans cette brochure avaient été infligées en grande part à des jeunes filles d'un âge déjà respectable, soit chez elles, soit dans les écoles. L'éditeur, dans une très brève préface s'excuse d'avoir édité ces lettres, ajoutant que c'est dans le désir de voir la fustigation indécente effacée dans les maisons d'éducation.

Je crois que l'espoir d'une bonne vente n'était pas absolument étranger à cette publication. Les journaux anglais contiennent assez souvent de semblables histoires parfois très scabreuses, pour qu'il soit inutile de s'excuser de les avoir publiées. Que voulez-vous? c'est une partie de la nourriture intellectuelle des jeunes miss!

Chargement de la publicité...