En Virginie, épisode de la guerre de sécession: Précédé d'une étude sur l'esclavage et les punitions corporelles en Amérique, et suivi d'une bibliographie raisonnée des principaux ouvrages français et anglais sur la flagellat
CONCLUSION
Un point d'arrêt. La place me manque et le lecteur me demande de quitter momentanément la plume. Je m'incline.
De tout cet amas de littérature spéciale, de toutes ces élucubrations qu'enfantèrent cerveaux sains et cervelles folles, que devons-nous conclure? J'ai parcouru dans tous les sens ce vaste labyrinthe, et, non sans m'être parfois égaré en route, je me retrouve à mon point de départ, observant toutefois que le trajet accompli m'a montré force beaux chemins, recoins ignorés, mystères non approfondis. Aussi vais-je m'efforcer de résumer en quelques lignes l'impression subie en route.
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Avant tout, je dois encore signaler au lecteur qu'à l'heure même où j'écris ces lignes, de nouveaux ouvrages sur la flagellation sont mis en vente. D'autre part, j'ai fait dans la présente bibliographie de nombreuses omissions, souvent volontaires. C'est ainsi que j'ai intentionnellement mis de coté les œuvres du trop fameux marquis de Sade.
Je puis citer parmi les ouvrages anglais oubliés: The Yellow Room, Lady Gay Spanker, The Lustful Turk, etc. J'y reviendrai d'ailleurs.
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Maintenant quelle utile moralité pouvons-nous déduire de cette bibliographie? Je crois que sa lecture attentive permet d'affirmer à nouveau ce que je n'ai cessé de répéter à propos de ce genre tout spécial d'ouvrages, qu'au fond de la nature humaine sommeille ce besoin de destruction, qui rend l'homme comparable à l'animal, avec cette différence toutefois, que celui-ci met bien moins de raffinement que celui-là et de cruauté dans l'assouvissement de ses passions. Quelle en est exactement la cause? Je crois que les sentiments comprimés, loin de s'étouffer tendent au contraire à éclater avec beaucoup plus de violences, et chaque siècle et chaque pays produit ses Néron, ses Sade, ou ses… Oscar Wilde.
Le crime passionnel a de tout temps vivement préoccupé l'opinion publique, et provoqué l'attention des savants. Les cas isolés qui se sont déroulés en notre pays, depuis Sade jusqu'à Vacher, ne sont que la reproduction en petit, la répétition, l'imitation sanglante d'un petit nombre, contemplateur, parfois admirateur des forfaits des peuples. Et encore ces faits sont-ils le plus souvent considérés comme des incidents qui passent sans laisser trace dans l'existence universelle.
Peut-être quelques-uns de nos lecteurs ont-ils lu les admirables articles que publia Vigné d'Octon dans un grand journal parisien. Ils se rattachaient exclusivement à la colonisation, à l'apport de notre civilisation chez les peuples qui n'en veulent pas. Et toujours, il en sera ainsi, tant qu'un petit nombre d'hommes, s'arrogera le droit d'imposer à des races inférieures leurs lois, leurs mœurs, leurs croyances.
Après les conquêtes, les luttes entre les races sœurs, le faible a dû de tous temps céder au plus fort, et l'un des plus grands capitaines—sinon bandits—que l'Europe ait possédé n'a pas craint de posséder cette phrase odieuse: La force prime le droit. Autrefois, les races aborigènes de l'Amérique, hier la Pologne, aujourd'hui d'autres peuples disputent héroïquement, aux envahisseurs doublés d'oppresseurs habillés en civilisés leurs territoires, leurs biens. Demain, les nations s'entredévoreront.
Sang, amour, massacre! ces trois mots semblant liés par un lien indissoluble régneront encore longtemps sur l'esprit des hommes. Folie sadique ou folie des grandeurs, meurtres érotiques ou viols en temps de guerre, même recommencement sinistre de l'humanité qui croît en grandeur mais aussi en épouvante.
Pourquoi ai-je été amené à parler de la flagellation? J'ai cru que c'était là le seul moyen capable de montrer combien il faut peu de chose pour réveiller le monstre qui sommeille en nous.
La luxure est certainement le mal qui fait le plus de ravages dans l'humanité. Or la luxure est bien rarement indépendante de la cruauté et, pour exercer cette dernière, la flagellation semble venir comme corollaire indispensable, complétant merveilleusement cet instinct du mal, et, qu'elle soit donnée ou soufferte, elle ne fait pas moins partie intégrante du sadisme. Parcourez les nombreux thèmes émis sur la matière. Lisez sans vous interrompre ces pages où chaque auteur s'est efforcé de dépasser son prédécesseur en horreur, et comparez à ces ordures—incontestablement ordures—les nombreuses études sérieuses publiées à ce sujet par des plumes autorisées. La différence est minime. Dans la première catégorie de ces ouvrages, une note domine: l'érotisme, mais enfanté par le cerveau quelque peu en délire d'un auteur qui rarement a du talent. Dans la seconde catégorie, les sujets étudiés—je parle des sujets humains—sont tous possédés de la manie érotique poussée à son extrême limite. Ce sont des fous.
Je n'ai nullement la prétention d'avoir mis sous les yeux des bibliophiles une liste très complète des ouvrages parus sur la flagellation. Mon intention a été plus modeste! J'ai voulu seulement montrer que ce grave sujet a des bases inébranlables dans la religion, les mœurs, depuis les temps les plus éloignés et qu'aujourd'hui, il ne le cède en rien pour sa vigueur. Et pour prouver cela, que faire, sinon s'appuyer sur l'immuable littérature. Aussi, je me promets bien de reprendre le sujet plus à fond un de ces jours et de donner une bibliographie plus complète et surtout plus ordonnée que la présente. J'ai voulu me contenter d'une esquisse, d'un léger aperçu des ouvrages sur la flagellation parus en français ou en d'autres langues, mais non pousser cette étude à fond.
Pour que tant et tant d'auteurs divers s'en soient occupés, il faut que cette passion tienne une assez large place dans nos mœurs, qu'elle s'y soit implantée d'une façon indéracinable.
Mais, me direz-vous, la presque totalité de ce genre de littérature est composée d'ouvrages anglais ou traduits de l'anglais!
C'est vrai et c'est bien là-bas que fleurit cette pratique, si, toutefois, on doit s'en rapporter à la quantité de volumes élaborés sur la matière.
A toi la palme, John Bull, car en France, tout se termine par des chansons. Oyez plutôt:
TAPEZ, MESSIEURS[76]!
[76] Extrait du Nouvelliste des concerts (25 janvier 1900).
CHANSONNETTE
Paroles de P.-L. Flers. Musique de S. Boussagol-Raiter.
I
REFRAIN
II
Au refrain.
III
Au refrain.
IV
Au refrain.
FIN DE LA BIBLIOGRAPHIE
ÉVREUX, IMPRIMERIE DE CHARLES HÉRISSEY
LA FLAGELLATION A TRAVERS LE MONDE
DÉJÀ PARU DANS CETTE COLLECTION:
ÉTUDE SUR LA FLAGELLATION
Aux Points de Vue Médical, Domestique et Conjugal
Dissertation documentée, basée en partie sur les principaux ouvrages de la littérature anglaise en matière de flagellation et contenant un grand nombre de faits absolument inédits, avec de nombreuses annotations et des commentaires originaux.
Un volume in-8o carré de 500 pages, imprimé sur papier vergé
PRIX: 30 francs.
CURIOSITÉS & ANECDOTES
Sur la Flagellation et les Punitions corporelles
CONTENANT: La Cour Martiale de Miss Hayward, la Flagellation en Russie, les Larrons et le bâton, le Marquis de Sade, les punitions dans l'armée anglaise, etc., etc., etc.
Bel ouvrage in-8o carré, soigneusement imprimé, 420 pages.
Prix du volume imprimé sur vergé de Hollande: 40 fr.
Les Mystères
de la Maison de la Verveine
OU
MISS BELLASIS FOUETTÉE POUR VOL
(Tableau de l'Éducation des Jeunes Anglaises)
Un volume in-8o carré, imprimé à 500 exemplaires, sur papier vergé de Hollande, avec illustrations dans le texte.
PRIX: 20 francs.
ÉVREUX. IMPRIMERIE DE CHARLES HÉRISSEY