Étude Médico-Légale: Psychopathia Sexualis: avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle
LA PÉDÉRASTIE ACQUISE ET NON MORBIDE122.
Note 122: (retour)Pour notes historiques intéressantes, consulter Krauss, Psychologie des Verbrechens, p. 114; Tardieu, Attentats; Maschka, Hdb. III, p. 174. Ce vice paraît avoir pris son origine en Asie et s'être propagé de là à travers la Crète en Grèce et y avoir été très répandu à l'époque de l'antique Hellas. De là il parvint à Rome, où il s'est développé. En Perse, en Chine (où il est même toléré), il est très répandu, mais aussi en Europe. (Comparez Tardieu, Tarnowsky et autres).
La pédérastie représente une des pages les plus épouvantables de l'histoire des débauches humaines.
Les motifs qui amènent à la pédérastie un homme qui primitivement a des sentiments sexuels normaux et qui est sain d'esprit, peuvent être très divers. Elle peut temporairement servir de moyen de satisfaction sexuelle, à défaut du moyen normal, de même que, dans des cas rares, il y a bestialité à la suite d'une abstinence forcée des jouissances sexuelles normales123.
Ce fait se produit à bord des navires à longue course, dans les prisons, les bagnes, etc. Il est fort probable que, dans ces réunions d'individus, il y en a qui sont d'une moralité très basse et d'une sensualité très puissante, ou bien qu'il y a de véritables uranistes qui deviennent les séducteurs des autres. La volupté, l'instinct d'imitation, la rapacité font le reste.
Toutefois, preuve bien caractéristique de la puissance de l'instinct génital, ces mobiles suffisent pour vaincre l'horreur de l'acte contre nature.
Une autre catégorie de pédérastes est représentée par ces vieux roués qui sont saturés des jouissances sexuelles normales et qui trouvent dans la pédérastie un moyen de ranimer leur volupté, l'acte ayant pour eux le charme de la nouveauté. Ils stimulent temporairement par ce moyen leur puissance psychique et somatique abaissée. Cette nouvelle situation sexuelle les rend, pour ainsi dire, relativement puissants, et leur donne des jouissances que les rapports sexuels avec la femme ne peuvent plus leur offrir. Avec le temps la puissance pour l'acte pédéraste disparaît aussi. Alors ces individus peuvent en venir à la pédérastie passive comme à un stimulant passager qui les met dans la possibilité d'accomplir la pédérastie active, de même qu'ils ont occasionnellement recours à la flagellation, à la contemplation de scènes lascives. (Cas de bestialité cité par Maschka.)
La fin de l'activité sexuelle chez les individus atteints d'une telle dégradation morale, consiste en faits d'impudicité de toutes sortes avec des enfants, cunnilingus, fellare et autres horreurs.
Cette sorte de pédérastie est la plus dangereuse, car les individus de ce genre poursuivent avant tout et dans la plupart des cas les jeunes garçons, et leur corrompent l'âme et le corps.
Les observations que Tarnowsky (op. cit., p. 53, etc.) a recueillies à ce sujet dans la Société de Saint-Pétersbourg sont horribles. Ce sont les pensionnats qui sont le théâtre et les foyers de la pédérastie. De vieux roués et des uranistes jouent le rôle de séducteurs. Au commencement il en coûte à celui qu'on séduit d'accomplir cet acte dégoûtant. Il a d'abord recours à son imagination et évoque l'image d'une femme. Peu à peu il s'habitue à cette abomination. Finalement, semblable à l'homme détraqué sexuellement par la masturbation, il devient relativement impuissant en présence de la femme et en même temps assez libidineux pour se plaire à l'acte pervers. Suivant les circonstances, cet individu devient un cynède vénal.
Ces faits ne sont pas rares dans les grandes villes ainsi que nous l'apprennent les observations recueillies par Tardieu, Hoffmann, Liman et Taylor. Il ressort de nombreuses communications que j'ai reçues de la part d'uranistes, qu'il existe une prostitution professionnelle, de véritables maisons de prostitution pour l'amour entre individus masculins.
Ce qui est encore digne d'être remarqué, ce sont les artifices de la coquetterie que ces mérétrices mâles déploient sous forme de toilettes de luxe, de parfums et de vêtements de coupe féminine, pour attirer les pédérastes et les uranistes. Cette imitation intentionnelle des particularités de la femme se retrouve d'ailleurs spontanément et inconsciemment chez les invertis congénitaux et parfois dans les cas d'inversion sexuelle (morbide) acquise.
Les lignes suivantes fournissent des renseignements intéressants et précieux pour le psychologue et surtout pour les fonctionnaires de la police, sur la vie sociale et les menées des pédérastes.
Coffignon, La Corruption à Paris, p. 327, divise les pédérastes actifs en amateurs, entreteneurs et souteneurs.
Les amateurs (rivettes) sont des gens débauchés, mais souvent des invertis congénitaux, appartenant au monde, ayant de la fortune et qui ont des raisons de bien se garder que la satisfaction de leurs désirs homosexuels soit connue. À cet effet, il vont dans les lupanars, les maisons de passe ou dans les appartements particuliers des prostituées féminines qui ont l'habitude d'être en bons termes avec les prostitués masculins. C'est ainsi qu'ils se mettent à l'abri du chantage.
D'aucuns de ces amateurs ont assez d'audace pour se livrer dans des lieux publics à leurs désirs abominables. Ils risquent d'être arrêtés, mais moins facilement (dans les grandes villes) le chantage. On dit que le danger augmente leur jouissance secrète.
Les entreteneurs sont de vieux pécheurs qui ne peuvent s'empêcher, même au risque de tomber entre les mains des maîtres-chanteurs, d'entretenir une maîtresse masculine.
Les souteneurs sont des pédérastes qui ont subi des condamnations, qui soutiennent un petit «jésus», qui l'envoient en expédition pour attirer des clients (faire chanter les rivettes), et qui, autant que possible, surviennent au moment psychologique pour plumer la victime.
Souvent ils vivent ensemble par bandes; chacun remplit selon ses goûts actifs ou passifs le rôle d'homme ou de femme. Dans ces bandes, il y a de véritables noces, des mariages, des bénédictions nuptiales, avec banquets et accompagnement des nouveaux mariés dans leurs chambres.
Ces souteneurs élèvent leurs petits jésus. Les pédérastes passifs sont des «petits jésus», des «jésus», ou des «tantes».
Les petits «jésus» sont des enfants abandonnés et dévoyés que le hasard amène dans les mains d'un pédéraste actif qui les séduit et leur ouvre alors une carrière horrible pour gagner leur vie, soit comme entretenus, soit comme les hétaïres masculines des rues avec ou sans souteneur.
Les petits jésus les plus rusés et les plus recherchés sont élevés et dressés par ceux qui enseignent à ces enfants l'art d'une mise et d'un maintien féminins.
Peu à peu ils cherchent à se débarrasser de leurs professeurs et exploiteurs pour devenir «femmes entretenues»; souvent ils arrivent à cette émancipation par une dénonciation anonyme du souteneur à la police.
La préoccupation du souteneur et du petit jésus est que ce dernier garde, par toutes sortes d'artifices de toilette, son air juvénile aussi longtemps que possible.
L'extrême limite d'âge est probablement la 25e année. Alors il devient «jésus» et «femme entretenue»; dans ce cas, il est souvent entretenu par plusieurs individus à la fois. Les «jésus» se divisent en «filles galantes», c'est-à-dire ceux qui sont de nouveau tombés en la possession d'un souteneur, et en «pierreuses» (coureurs ordinaires des rues comme leurs collègues féminines), et enfin en «domestiques».
Ces derniers prennent une place de domestique chez des pédérastes actifs pour servir à leurs désirs ou parfois aussi pour leur amener des «petits jésus».
Une subdivision de cette catégorie de domestiques est composée par ceux qui se placent comme femme de chambre petit jésus. Le but principal de ces domestiques est de se procurer, étant en place, des documents compromettants à l'aide desquels ils pourront faire plus tard du chantage et se procurer, par cette extorsion, une existence assurée pour leurs vieux jours.
La catégorie la plus détestable des pédérastes passifs est bien cette des «tantes», c'est-à-dire des souteneurs de prostituées féminines, qui ont une vie sexuelle normale, mais qui, monstres au moral, pratiquent la pédérastie passive par âpreté au gain ou dans le but de faire du chantage.
Les amateurs riches ont leurs réunions, leurs locaux où les passifs apparaissent vêtus en femmes et où l'on fait les orgies les plus horribles. Les garçons de service, les musiciens de ces soirées sont tous pédérastes. Les filles galantes n'osent pas, sauf en temps de carnaval, se montrer vêtus en femmes dans les rues, mais ils savent afficher leur métier honteux par certaines marques dans leur extérieur, dans la coupe féminine de leur mise, etc.
Ils attirent par gestes, par attouchements, etc.; ils mènent leurs conquêtes dans les hôtels, les bains ou les bordels.
Ce que l'auteur dit du chantage est généralement connu. Il y a des cas où des pédérastes se laissent extorquer toute leur fortune.
La note suivante coupée dans une feuille berlinoise (National-Zeitung) du mois de février 1881, qui m'est tombée par hasard entre les mains, paraît de nature à bien caractériser la vie et les menées des uranistes.
Le bal des mysogines. Presque tous les éléments de la société de Berlin ont leurs réunions: les gros, les chauves, les célibataires, les veufs. Pourquoi les ennemis du sexe féminin n'auraient-ils pas la leur? Cette espèce d'hommes, très curieuse au point de vue psychologique, mais peu édifiante au point de vue social, donnait ces jours derniers un bal. L'affiche annonça: «Grand bal masqué viennois.» On procédait avec une sévérité extrême à la vente et à la distribution des billets: ces messieurs veulent être entre eux. Leur rendez-vous est un grand local de danse bien connu. Nous entrons dans la salle vers minuit. On danse ferme aux sons d'un orchestre très bien tenu. L'épaisse fumée qui voile les becs de gaz ne permet pas de voir ressortir assez nettement les détails des mouvements du public. Ce n'est que pendant l'entr'acte que nous pouvons passer une revue plus minutieuse. Les masques sont en immense majorité; on ne voit qu'isolément l'habit noir et la robe de soirée.
Mais qu'est-ce que c'est que cela? Une dame en tarlatan rose qui passe près de nous avec un grand bruit de froufrou, tient dans le coin de sa bouche un cigare allumé et lance des bouffées de fumée comme un cuirassier. Elle porte une petite barbe blonde à peine dissimulée par le maquillage. Maintenant elle cause avec un «ange» fortement décolleté qui est planté là, les bras nus derrière le dos et qui fume aussi. Ce sont deux voix d'hommes et le sujet d'entretien est aussi très masculin; il s'agit de ce «fichu tabac qui ne tire pas». Voilà donc deux hommes en toilettes de femmes.
Un clown, comme on en voit tant, est là-bas près d'une colonne en conversation très affectueuse avec une ballerine et enlace d'un bras la taille irréprochable de cette dernière. Elle a une coiffure à la Titus blonde, un profil très accentué et à ce qu'il paraît des formes plantureuses. Les boucles d'oreilles étincelantes, le collier avec le médaillon autour du cou, les épaules et les bras pleins et arrondis ne laissent aucun doute sur son authenticité jusqu'à ce que, avec un mouvement brusque, elle se détache du bras qui la tient et en bâillant dise d'une voix du plus bas creux: «Émile tu es aujourd'hui trop ennuyeux.» Le professeur en croit à peine ses yeux: la ballerine aussi est du sexe masculin!
Plein de méfiance nous continuons notre examen. Nous sommes près de supposer qu'ici on joue «au monde renversé», car voilà que nous voyons marcher ou plutôt trottiner un homme,—non décidément cela n'en est pas un, bien qu'il porte une petite moustache bien soignée. Ces cheveux bouclés et bien soignés, cette figure maquillée et poudrée, avec des sourcils fortement dessinés à l'encre de Chine, ces boucles d'oreilles d'or, ce bouquet de fleurs qui couvre la partie comprise entre l'épaule gauche et la poitrine et qui orne l'élégant smocking noir, ces bracelets d'or aux poignets et cet éventail élégant à la main gantée de blanc: ce ne sont point les attributs d'un homme. Et avec quelle coquetterie il manie son éventail, comme il se dandine et se tourne, comme il trottine et chuchotte! Et pourtant! Et pourtant la nature si bonne a créé homme cette poupée! Il est vendeur dans une maison de confection de notre capitale, et la ballerine que nous venions de voir à l'instant est son «collègue».
Là bas, à une table de coin, on semble tenir grand cercle. Plusieurs messieurs d'un âge mûr se pressent autour d'un groupe de dames fort décolletées qui sont assises devant des bouteilles de vin et qui, à en juger par leur hilarité bruyante, ne lancent pas des plaisanteries très discrètes. Qui sont ces trois dames? «Dames», dit en souriant mon guide expérimenté; celle à droite, aux cheveux bruns et en costume de fantaisie à demi-long, c'est la «marchande de beurre», de son métier garçon coiffeur; la seconde, la blonde, en costume de chanteuse de café-concert, avec un collier de perles, est ici connue sous le nom de «Miss Ella sur la Corde», de son métier un ouvrier tailleur pour dames; la troisième c'est la fameuse «Lotte», si connue et si célèbre.
Mais il est impossible que cela soit un homme! Voyez cette taille, ce buste, ces bras classiques, tout cet air et ces manières ont un caractère décidément féminin!
On m'apprend que «Lotte» était autrefois comptable. Aujourd'hui elle ou plutôt il est exclusivement «Lotte» et il trouve son plaisir à tenir les hommes aussi longtemps que possible en erreur sur son sexe. Lotte est en train de chanter un couplet qui n'est pas tout à fait conforme à l'étiquette d'une Cour impériale; elle fait entendre, grâce à un entraînement et à un exercice de longues années, une voix d'alto que bien des cantatrices pourraient lui envier. «Lotte» a aussi très souvent «travaillé» dans la spécialité d'«actrice comique». Aujourd'hui l'ancien comptable s'est tellement absorbé dans son rôle de dame que, même quand il sort dans la rue, il paraît toujours en toilette de femme, et les gens chez lesquels il est logé, racontent qu'il se sert même d'une robe de nuit de dame joliment brodée.
En examinant de plus près les assistants, j'ai découvert, à ma grande surprise, plusieurs personnes de ma connaissance: mon cordonnier que j'aurais pris pour tout autre chose plutôt que pour un ennemi du beau sexe; il est aujourd'hui déguisé en «Trouvère» avec épée et chapeau à plumes et sa «Léonore» en costume de fiancée me donne habituellement au bureau de tabac les «Havanne» et les «Upmann». Je reconnais bien distinctement la «Léonore» qui pendant l'entr'acte s'est dégantée: voilà bien ses grandes mains couvertes d'engelures. Tiens! voilà aussi mon fournisseur de cravates! Il court dans un costume bien risqué; il est en «Bacchus» et le céladon d'une dame attifée d'une manière déplaisante, dame qui, à d'autres heures, sert comme garçon de brasserie. Les «vraies» dames qu'on rencontre ne sauraient faire le sujet d'une description destinée à la publicité. Dans tous les cas celles-ci n'ont de rapports qu'entre elles et évitent tout rapprochement avec les hommes mysogines, pendant que ceux-ci restent et s'amusent entre eux, et ne prennent aucun souci du sexe féminin.
Ces faits méritent l'attention pleine et entière des autorités policières qui devraient être à même d'avoir légalement le même pouvoir d'agir contre la prostitution masculine, que contre la prostitution féminine.
Dans tous les cas, la prostitution masculine est de beaucoup plus dangereuse pour la société que la prostitution féminine: c'est la plus grande des hontes dans l'histoire de l'humanité.
Je sais par les renseignements d'un fonctionnaire supérieur de la police de Berlin que celle-ci connaît jusque dans ses moindres détails le demi-monde masculin de la capitale allemande et qu'elle fait tout son possible pour combattre le chantage chez les pédérastes, car souvent les maîtres-chanteurs ne craignent pas de commettre même un assassinat.
Les faits que nous venons de citer justifient notre désir de voir le législateur de l'avenir renoncer, du moins pour des raisons d'utilité, aux poursuites judiciaires contre la pédérastie.
Il est à remarquer à ce sujet que le Code français laisse la pédérastie impunie tant qu'elle ne constitue pas en même temps un outrage public à la pudeur. Peut-être pour des raisons politiques et sociales le nouveau Code italien aussi passe sous silence le délit d'impudicité contre nature, de même que la législation hollandaise, et autant que je sache les législations belge et espagnole.
Nous laissons de côté la question de savoir dans quelle mesure les pédérastes d'élevage peuvent être considérés encore comme normaux au physique et au moral. Il est probable que la plupart d'entre eux souffrent de névroses génitales. Dans tous les cas, on trouve des transitions qui se confondent presque avec l'inversion sexuelle acquise. On ne peut pas, en général, mettre en doute la responsabilité de ces individus qui sont encore bien au-dessous de la prostituée.
En ce qui concerne la forme de la satisfaction sexuelle, on peut, en somme, caractériser les diverses catégories des hommes aimant l'homme par ce trait que l'uraniste congénital ne devient qu'exceptionnellement pédéraste, et qu'il y est amené éventuellement après avoir essayé et épuisé tous les autres actes d'impudicité possibles entre des individus de sexe masculin.
La pédérastie passive est idéalement et pratiquement la forme qui correspond à l'acte sexuel. L'uraniste accomplit la pédérastie active par complaisance. L'important est son inversion congénitale et inaltérable. Il n'en est pas de même avec le pédéraste qui l'est devenu par éducation. Il s'est comporté sexuellement d'une façon normale ou du moins il a senti ainsi; et épisodiquement, à ses heures de liberté, il a encore des rapports avec l'autre sexe.
Sa perversité sexuelle n'est ni primitive ni inaltérable. Il commence par la pédérastie et finit éventuellement par d'autres pratiques sexuelles qui sont encore possibles malgré la faiblesse du centre d'érection ou du centre d'éjaculation. Son désir sexuel, quand il est à l'apogée de la puissance, n'est pas pour la pédérastie passive, mais pour l'active. Toutefois il consent, par complaisance ou par rapacité d'hétaïre masculin, à se prêter à la pédérastie passive; parfois c'est aussi un moyen de stimuler sa puissance en voie d'extinction afin de pouvoir de temps en temps encore accomplir la pédérastie active.
Une chose bien dégoûtante que nous devrions mentionner encore c'est la pædicatio mulierum124 et même uxorum, selon les circonstances.
Des débauchés accomplissent ces actes d'un goût particulier sur des filles vénales ou même sur leurs épouses. Tardieu cite des exemples d'hommes qui, en dehors du coït régulier avec leurs épouses, faisaient de temps en temps la pédication. Parfois la crainte de provoquer une nouvelle grossesse peut pousser l'homme à cet acte et décider la femme à le tolérer.
Observation 198 (Pédérastie imputée mais non prouvée. Renseignements puisés dans le dossier).—Le 30 mai 1888 le docteur chimiste S... a été dénoncé par une lettre anonyme adressée à son beau-père comme entretenant des rapports immoraux avec le fils du boucher G..., jeune homme âgé de dix-neuf ans. On remit au docteur S... la lettre. Indigné du contenu de cette missive, il alla trouver son supérieur hiérarchique qui lui promit de procéder discrètement dans cette affaire, de s'informer auprès de la police des propos qui couraient dans le public et de ce qu'on en disait en général.
Le 31 mai au matin, la police arrêta le jeune G..., qui était atteint de blennorrhagie avec orchite et qui était couché dans l'appartement du docteur S. où on le soignait. Le docteur S. fit auprès du procureur des démarches pour obtenir la mise en liberté de G.; il offrit même un cautionnement, ce qui fut refusé. Dans sa requête adressée au tribunal, le docteur S. prétend qu'il y a trois ans il fit dans la rue la connaissance du jeune G., que depuis il l'avait perdu de vue, et qu'il ne l'aurait retrouvé qu'à l'automne de 1887 dans le magasin de son père. Depuis novembre 1887, c'est G. qui était chargé de fournir la viande nécessaire pour la cuisine du docteur; il venait le soir pour prendre la commande et le matin pour livrer la marchandise. C'est ainsi que le docteur S. fit une connaissance plus étroite de G., et peu à peu il eut des sentiments amicaux pour ce jeune homme. Le docteur S. tomba malade et resta la plupart du temps au lit jusqu'au 15 mai 1888; G. eut tant d'attentions pour lui que S. ainsi que sa femme le prirent en affection à cause de son attitude gaie, innocente et toute filiale. Le docteur S. lui montrait sa collection d'antiquités, et tous deux passaient souvent ensemble des soirées pendant lesquelles Mme S. leur tenait compagnie. S. prétend encore avoir fait avec G. des essais de fabrication de saucisses et de gelées, etc. Vers la fin du mois de février, G. fut atteint de blennorrhagie. Comme le docteur S. l'estimait comme un ami, qu'il aimait beaucoup à soigner les malades et qu'il avait étudié la médecine pendant plusieurs semestres, il s'occupa de G. et lui donna des médicaments, etc. Comme G. était encore malade au mois de mai et que, pour bien des raisons, il aurait été désirable qu'il quittât la maison paternelle, M. et Mme S. le prirent chez eux pour le soigner.
S. repousse avec indignation toutes les suspicions auxquelles ces faits ont donné lieu; il invoque son passé honorable, sa bonne éducation, la circonstance qu'à cette époque G. était atteint d'une maladie dégoûtante et contagieuse et que lui-même S. souffre d'une maladie douloureuse (calculs néphrétiques avec coliques temporaires).
En face de cette version bien inoffensive du docteur S., il faut cependant tenir compte des faits suivants qui ont été établis par l'enquête judiciaire et sur lesquels s'est appuyée la sentence du tribunal de première instance.
La liaison de S. et G. a provoqué, par son caractère choquant, bien des commentaires chez les particuliers et dans les cabarets. G. passait la plupart de ses soirées dans le cercle de la famille de S. dont il est devenu pour ainsi dire un familier. Tous deux faisaient souvent des promenades ensemble. Pendant une de ces promenades S. dit à G. qu'il était joli garçon et qu'il l'aimait beaucoup. S. prétend n'avoir touché ce sujet que pour avertir G. de certains dangers. Quant à leurs rapports dans la maison, il est établi que S. assis sur le canapé, avait parfois enlacé de ses bras G. et l'avait embrassé. Cette marque d'affection lui fut donnée aussi en présence de Mme S. et de la bonne de la maison. Lorsque G. fut atteint de blennorrhagie, S. lui montrait comment il fallait faire les injections et, à cette occasion, il prenait dans sa main le membrum du jeune homme. G. déclare qu'en demandant à S. pourquoi il l'aimait tant, celui-ci aurait répondu: «Je ne le sais pas moi-même». Quand G. restait quelques jours sans venir, S. s'en plaignait avec des larmes dans les yeux aussitôt que G. faisait sa réapparition. S. lui disait aussi que son ménage n'était pas heureux et, les larmes aux yeux, priait G. de ne pas l'abandonner, car il était l'ami qui devait remplacer sa femme.
L'acte d'accusation conclut de tous ces faits que la liaison entre les deux accusés avait une tournure sexuelle. Si tout se passait en public et de façon à être remarqué par tout le monde, c'est une circonstance qui, selon l'acte d'accusation, ne vient point à l'appui du caractère inoffensif de la liaison, mais c'est plutôt une preuve de l'intensité de la passion de S. On convient que l'accusé a des antécédents sans tache, une conduite honorable et un cœur tendre. Il est probable que la vie conjugale de S. n'était pas heureuse et qu'il avait des disposions naturelles très sensuelles.
Au cours de l'instruction judiciaire, on a plusieurs fois soumis G. à un examen médico-légal. Il est d'une taille moyenne, avec un teint pâle, une constitution robuste. Le pénis et les testicules sont très fortement développés.
On a constaté d'un unanime accord que l'anus, par suite du manque de plis à son pourtour et du relâchement du sphincter, était altéré pathologiquement, et que ces changements permettaient avec une certaine probabilité de conclure à la pratique de la pédérastie passive.
C'est sur ces faits que fut basée la sentence du tribunal. L'arrêt a reconnu que la liaison existant entre les deux accusés n'indiquait pas d'une manière certaine l'impudicité contre nature, les constatations faites sur le corps de G. ne suffisant pas en elles-mêmes à en fournir la preuve.
Mais, prenant dans son ensemble ces deux circonstances, le tribunal s'est fait la conviction que les deux accusés étaient coupables, et considéra comme établi que: «l'état anormal de l'anus de G. n'a pu se produire qu'à la suite de l'introduction réitérée du membre de l'accusé S. dans cette partie du corps, et que G. s'est prêté complaisamment à ces pratiques et a toléré l'exécution sur lui de ces actes immoraux».
Ainsi le cas prévu par l'article 175 du R. St. G. semble être établi. En fixant les peines on a tenu compte du degré d'instruction de S., du fait que c'est lui qui a évidemment séduit G.; pour ce dernier on a pris en considération qu'il avait été séduit et qu'il était encore très jeune; pour tous les deux, on admit comme circonstance atténuante leurs bons antécédents, et, conformément à ces conditions, le Dr S. a été condamné à huit mois de prison, le jeune G. à quatre mois.
Les accusés se sont pourvus en cassation auprès du tribunal de l'empire à Leipzig et se préparaient, dans le cas où la cassation serait rejeté, à recueillir des documents afin de pouvoir demander la révision du procès.
Ils se soumirent à l'examen et à l'observation de spécialistes célèbres. Ceux-ci déclarèrent que, d'après les constatations faites sur l'anus de G., il n'y avait aucun indice d'actes de pédérastie passive.
Comme les parties intéressées attachaient aussi une grande importance au côté psychologique du cas, dont on ne s'était pas du tout occupé pendant l'audience, l'auteur du ce livre reçut la mission d'examiner et d'observer le Dr S. et son coaccusé G.
Résultats de mon examen personnel fait du 11 au 18 décembre 1888, à Gratz.—Le Dr S..., trente-sept ans, marié depuis deux ans, sans enfants, autrefois chef du laboratoire municipal à H., est né d'un père qui, à ce qu'on dit, est devenu nerveux à la suite de surmenage. À l'âge de cinquante-sept ans il a été atteint d'une attaque d'apoplexie; à l'âge de soixante-sept ans, il est mort à la suite d'une nouvelle attaque d'apoplexie. La mère vit encore: on la dépeint comme une femme vigoureuse, mais qui depuis des années souffre des nerfs. La mère de cette dernière est morte à un âge assez avancé et, prétend-on, à la suite d'un abcès du cervelet. Un frère du père de la mère aurait été buveur. Le grand-père de l'accusé du côté paternel est mort prématurément à la suite d'un ramollissement du cerveau.
Le Dr S... a deux frères qui jouissent d'une bonne santé.
Lui-même déclare qu'il est d'un tempérament nerveux et d'une constitution robuste. Il prétend qu'après avoir eu, à l'âge de quatorze ans, un rhumatisme articulaire aigu, il a souffert pendant plusieurs mois d'une grande nervosité. À la suite, il souffrait souvent de rhumatismes, ainsi que de battements de cœur et de suffocations. Ces malaises disparurent peu à peu sous l'influence de l'usage des bains de mer. Il y a sept ans, il a attrapé une blennorrhagie. Cette blennorrhagie est devenue chronique et lui a causé pendant longtemps des douleurs de vessie.
En 1887, le docteur S. a subi son premier accès de colique néphrétique. Ces accès se répétèrent plusieurs fois au cours de l'hiver 1887-1888, jusqu'au 10 mai 1888 où un gros calcul néphrétique se dégagea. Depuis ce moment, son état de santé a été assez satisfaisant. Il prétend que, à l'époque où il souffrait de la pierre, il avait pendant le coït, au moment de l'éjaculation, une douleur aiguë dans l'urètre, de même quand il urinait.
Quant à son curriculum vitæ, S. déclare qu'il a, jusqu'à l'âge de quatorze ans fréquenté le lycée; mais, à partir de cette époque, il a dû, à la suite d'une maladie grave, continuer ses études sous la direction d'un maître particulier. Ensuite, il a passé quatre ans dans l'officine d'un droguiste; plus tard, il a, pendant six semestres, suivi les cours de la Faculté de médecine; et, pendant la guerre de 1870, il a servi comme aide-volontaire de lazaret. N'ayant pas son baccalauréat, il a abandonné l'étude de la médecine; il a acquis le diplôme de docteur en philosophie; ensuite il a servi comme assistant au musée minéralogique à K., plus tard à H., et puis il s'est livré à des études spéciales de chimie alimentaire et, il y a cinq ans, il a pris le poste de chef de laboratoire municipal.
S... fait toutes ces dépositions d'une manière sûre et précise. Il ne cherche pas à rappeler ses souvenirs en faisant ses réponses; de sorte qu'on a de plus en plus l'impression d'avoir affaire à un homme qui aime et qui dit la vérité, d'autant plus que, dans les examens des jours suivants, les dépositions furent toujours les mêmes. En ce qui concerne sa vita sexualis, S. déclare avec modestie, décence et franchise, que, à partir de l'âge de onze ans, il s'est rendu compte de la différence des sexes, que jusqu'à l'âge de quatorze ans il fut pendant quelque temps adonné à l'onanisme, qu'il a fait son premier coït à l'âge de dix-huit ans, et qu'il l'a pratiqué avec modération les années suivantes. Ses désirs sexuels n'ont jamais été très grands, l'acte sexuel était normal à tous les points de vue jusqu'à ces derniers temps; il avait la puissance nécessaire et une sensation voluptueuse satisfaisante. Depuis son mariage, conclu il y a deux ans, il n'a coïté qu'avec sa femme qu'il a épousée par inclination et qu'il aime encore beaucoup; il faisait l'acte plusieurs fois par semaine.
Mme S..., qui a dû être entendue, confirme pleinement ces dépositions.
À toutes les questions contradictoires au sujet d'un sentiment sexuel pervers pour l'homme, le docteur S. répondit, dans les examens réitérés, par la négative, toujours d'accord avec ses dépositions et sans avoir la moindre hésitation dans ses réponses; même lorsqu'on veut lui tendre un piège en lui représentant que la preuve d'un sentiment sexuel pervers serait fort utile pour le but qu'il veut atteindre avec le nouvel examen médical, il persiste dans ses dépositions antérieures. On fait cette constatation très précieuse que S. ne sait rien des faits établis par la science sur l'amour homosexuel. Ainsi on apprend que ses rêves accompagnés de pollutions, n'ont jamais pour objet des individus du sexe masculin, que les nudités féminines seules l'intéressent, qu'aux bals il aime à danser avec des femmes, etc. On ne peut découvrir chez S. aucune trace de quelque inclination sexuelle pour son propre sexe. En ce qui concerne ses relations avec G., il fait exactement les mêmes déclarations qu'il a faites devant le juge d'instruction. Il ne saurait expliquer son affection pour G. que par le fait qu'il est un homme nerveux, sentimental, d'un cœur facile à toucher, et très sensible aux prévenances aimables. Dans sa maladie, il se sentait isolé et déprimé; sa femme était souvent absente, en visite chez ses parents, et c'est ainsi qu'il est arrivé à conclure une amitié avec G., jeune homme très poli et bon garçon. Maintenant encore, il a un faible pour lui, et se sent dans sa compagnie très rassuré et heureux.
Il eut déjà deux fois auparavant des amitiés de ce genre: quand il était étudiant, pour un confrère du même corps d'étudiants, un docteur A., qu'il a souvent enlacé de ses bras et embrassé; plus tard pour un baron M. Quand il le perdait de vue pendant quelques jours, il était inconsolable jusqu'aux larmes.
Il a la même tendresse et le même attachement pour les bêtes. Ainsi il a eu un chien qui est mort il y a quelque temps, et qu'il a pleuré comme si c'était un membre de sa famille; il embrassait souvent cet animal. (En évoquant ce souvenir, S... a les larmes aux yeux.) Ces dépositions sont confirmées par le frère du docteur, avec cette remarque que, en ce qui concerne l'amitié de son frère avec A. et M., le moindre soupçon d'une tendance sexuelle paraît exclu d'avance. Les interrogatoires les plus prudents et les plus insistants, les procédés les plus insinuants avec le docteur S. ne fournissent pas le moindre point d'appui pour des suppositions de ce genre.
Il prétend n'avoir jamais eu non plus en présence de G., la moindre émotion sexuelle, et encore moins une érection ou un désir sexuel. Quant à son affection pour G..., poussée jusqu'à la jalousie, il l'explique simplement par son tempérament sentimental et par son amitié exaltée. G. lui est encore cher aujourd'hui comme s'il était son fils.
Un fait bien caractéristique, c'est que S. déclare que lorsque G. lui racontait ses bonnes fortunes auprès des femmes, il ne se sentait péniblement touché que parce qu'il craignait que G. courût risque de se rendre malade par ses excès et de ruiner sa santé. Mais il n'a jamais éprouvé un sentiment de froissement personnel. Si aujourd'hui il connaissait pour G. une brave fille, il souhaiterait de bon cœur de les marier, et il aiderait à arranger ce mariage.
S. dit que ce n'est qu'au cours de l'enquête judiciaire qu'il a reconnu avoir agi avec imprudence dans ses rapports sociaux avec G. en donnant lieu aux cancans des gens. Il déclare que ses relations d'amitié étaient publiques, parce qu'elles avaient un caractère tout à fait innocent.
Il est à relever que Mme S. n'a jamais remarqué rien de suspect dans les rapports de son mari avec G., tandis que la femme la plus simple, guidée par son instinct, se serait doutée de quelque chose. Mme S. n'a non plus fait aucune objection à ce que G. fut reçu à la maison.
Elle fait valoir, à ce sujet, que la chambre dans laquelle G. était couché pendant sa maladie, se trouve au premier étage, tandis que l'appartement de la famille est au troisième; que, de plus, S. ne restait jamais seul avec G., pendant que celui-ci était à la maison. Elle déclare être convaincue de l'innocence de son mari, et l'aimer toujours comme auparavant.
Le docteur S. avoue sans réticence avoir autrefois souvent embrassé G. et avoir parlé avec lui de questions sexuelles. G. est très ardent pour les femmes, et, étant donnée cette circonstance, S., l'a souvent, par amitié, exhorté à ne pas se livrer à ces excès, surtout quand G., comme c'était souvent le cas, avait mauvaise mine à la suite de ses débauches sexuelles.
Il est vrai qu'il a dit une fois que G. était un joli garçon; mais cette remarque n'avait qu'un intérêt bien inoffensif.
C'est dans un débordement d'amitié qu'il a embrassé G., alors que celui-ci avait fait preuve d'une attention particulière ou lui avait fait un plaisir. Mais jamais il n'y avait éprouvé aucune sensation sexuelle. Aussi quand il rêvait par-ci par-là de G., c'était d'une façon bien innocente.
L'auteur de ce livre crut d'une grande importance d'étudier aussi le caractère de G. L'occasion s'en est offerte le 12 décembre de l'année courante, et il en a largement profité.
G... est un jeune homme au corps délicat, développé normalement pour son âge; il a vingt ans; il a une apparence névropathique et sensuelle. Les parties génitales sont normales et fortement développées. L'auteur croit devoir passer sur les constatations faites sur l'anus de ce jeune homme, car il ne se croit pas autorisé à émettre un jugement sur le rapport médical. Quand on s'entretient quelque temps avec G..., celui-ci fait l'impression d'un jeune homme inoffensif, bon, dénué d'astuce, léger, mais pas du tout corrompu moralement. Rien dans sa mise, ni dans son attitude n'indique un sentiment sexuel pervers. On ne peut concevoir le moindre soupçon d'avoir affaire à une courtisane du sexe masculin.
G., amené in medias res, déclare que S. et lui ont innocemment dit les choses qu'on leur reproche, et c'est là-dessus qu'on a échafaudé tout le procès.
Au début l'amitié et surtout les embrassements de S. lui ont paru étranges. Plus tard il s'est convaincu que c'était de la pure amitié, et il ne s'en est plus étonné.
G. reconnut dans S. comme un ami paternel, et il l'aima parce que ce dernier lui était agréable sans arrière-pensée.
Le mot «joli garçon» a été prononcé un jour que G. avait une amourette et qu'il exprimait ses doutes sur son bonheur à venir. C'est alors que S. l'avait consolé en lui disant: «Vous avez une jolie tournure, vous ne manquerez pas de faire un bon parti.»
Une fois S. s'est plaint à lui que sa femme avait un penchant pour la boisson, et, en lui faisant cette confidence, il avait les larmes aux yeux. Alors G. fut touché du malheur de son ami. C'est à cette occasion que S. l'avait embrassé et l'avait prié de lui conserver son amitié et de venir souvent le voir.
S. n'a jamais spontanément amené la conversation sur les choses sexuelles. Comme G. lui demandait un jour ce que c'était que la pédérastie, dont il prétendait avoir entendu beaucoup parler en Angleterre, S. lui en avait donné l'explication.
G. convient qu'il est homme de prédispositions sensuelles. À l'âge de douze ans, il a été initié à la vie sexuelle en entendant les propos des apprentis. Il ne s'est jamais masturbé; à l'âge de dix-huit ans, il a fait le coït pour la première fois, et depuis il a beaucoup fréquenté le bordel. Il n'a jamais éprouvé une inclination pour son propre sexe, ni aucune sensation sexuelle quand S. l'embrassait. Il a toujours fait le coït d'une façon normale et avec volupté. Ses pollutions dans ses rêves étaient toujours accompagnées d'images lascives concernant des femmes. Il repousse avec indignation l'insinuation qu'il s'est livré à la pédérastie passive, et invoque à ce propos qu'il descend d'une famille saine et honnête.
Avant que le bruit relatif à ces soupçons eût éclaté, il ne se doutait de rien et ne pensait nullement à mal. Il donne sur les anomalies de son anus, les mêmes essais d'explication qu'on trouve dans le dossier du l'affaire. Il nie avoir fait de l'auto-masturbation in ano.
Il est bon de remarquer que J. S., en entendant parler du prétendu amour homosexuel de son frère, n'en aurait pas été moins étonné que les autres personnes qui connaissaient celui-ci de plus près. Il est vrai qu'il n'a pu comprendre lui non plus ce qui attachait son frère à G., et que toutes les représentations qu'il lui avait faites sur son attitude étaient restées inutiles.
L'expert s'est donné la peine d'observer sans qu'on s'en aperçût le docteur S. et G. pendant qu'ils soupaient à Gratz, en compagnie du frère de S. et de Mme S. Cette observation n'a pas fourni le moindre indice dans le sens d'une amitié illicite.
L'impression générale que m'a faite le docteur S. fut celle d'un individu nerveux, sanguin, un peu exalté, mais en même temps de bon caractère, franc, et avant tout un homme sentimental.
Le docteur S., est au physique, vigoureux, un peu replet; il a une tête régulière et légèrement brachycéphale. Les parties génitales sont très développées, le pénis est un peu gros, le prépuce un peu hypertrophié.
Conclusions.—La pédérastie est une forme insolite, perverse, et l'on peut même dire monstrueuse, de la satisfaction sexuelle, qui, dans la vie moderne, n'est malheureusement pas rare, mais toutefois exceptionnelle parmi les populations européennes. Elle suppose une perversion congénitale ou acquise du sens sexuel en même temps qu'une défectuosité du sens moral acquise par des influences héréditaires ou morbides.
La science médico-légale connaît exactement les conditions physiques et psychiques sur la base desquelles se produit cette aberration de la vie sexuelle et, dans un cas concret, surtout lorsqu'il est douteux, il paraît nécessaire d'examiner si ces conditions empiriques et subjectives existent aussi pour la pédérastie.
À ce sujet, il faut bien distinguer entre la pédérastie active et la passive. La pédérastie active se rencontre:
I. Comme phénomène non morbide:
1º Comme moyen de satisfaction sexuelle dans le cas d'une abstinence forcée des jouissances sexuelles normales, quand en même temps l'individu a de grands besoins sexuels;
2º Chez de vieux débauchés qui, rassasiés des jouissances sexuelles normales, et devenus plus ou moins impuissants, et de plus dépravés moralement, ont recours à la pédérastie pour stimuler leur volupté par ce charme d'un nouveau genre, et remonter un peu leur impuissance psychique et somatique tombée très bas;
3º Traditionnel chez certains peuples à un niveau très bas de civilisation et dont ni la moralité ni les mœurs ne sont développées.
II. Comme phénomène morbide:
1º Sur la base d'une inversion sexuelle congénitale avec horreur des rapports sexuels avec la femme, inversion qui va jusqu'à l'impuissance à accomplir l'acte normal. Ainsi que l'a déjà remarqué Casper, la pédérastie est très rare dans ce cas. L'uraniste se satisfait avec l'homme par la masturbation passive ou mutuelle ou par des actes similaires du coït (par exemple coitus inter femora) et n'arrive qu'exceptionnellement à la pédérastie, par rut sexuel ou par complaisance, quand le sens moral est chez lui très diminué;
2º Sur la base de l'inversion morbide acquise:
a. À la suite de l'onanisme pratiqué pendant des années et ayant rendu l'individu impuissant en présence de la femme, et quand en même temps un vif désir sexuel continue à subsister;
b. À la suite d'une grave maladie psychique (imbécillité sénile, ramollissement du cerveau chez les aliénés, etc.); dans ce cas, ainsi que l'a démontré l'expérience, l'inversion sexuelle peut se produire facilement.
La pédérastie passive se rencontre:
I. Comme phénomène non morbide:
1º Chez des individus de la lie du peuple, qui ont eu le malheur d'être séduits dès l'enfance par des roués et dont la douleur et le dégoût ont été vaincus par l'argent; il faut encore que ces individus, moralement dégradés, soient tombés assez bas, quand ils arrivent à l'âge adulte, pour se plaire dans ce rôle d'hétaïres masculins;
2º Dans des circonstances analogues à celle du paragraphe I, pour récompenser un consentement à la pédérastie active.
II. Comme phénomène morbide:
1º Chez des individus atteints d'inversion sexuelle, comme compensation de services d'amour rendus et en surmontant la douleur et le dégoût;
2º Chez des uranistes qui se sentent femmes, en face de l'homme; les mobiles sont la volupté et leur penchant. Chez ces hommes-femmes il y a horror feminæ et incapacité absolue pour les rapports sexuels avec la femme. Le caractère et les inclinations sont féminins.
Telles sont les observations recueillies par la science médico-légale et la psychiatrie. La science médicale exige la preuve qu'un homme appartient à une des catégories susénumérées, pour qu'elle puisse croire que cet individu est pédéraste.
C'est en vain qu'on chercherait, dans les antécédents et dans l'extérieur du docteur S., des symptômes permettant de le classer dans une des catégories de la pédérastie active établies par la science. Ce n'est ni un individu astreint à l'abstinence sexuelle, ni un individu devenu impuissant en face des femmes par suite de débauches, ni un homosexuel, ni un individu devenu par suite d'une masturbation continuelle indifférent pour la femme et poussé vers l'homme, ni un individu devenu, par suite d'une grave maladie mentale, sexuellement pervers.
Il n'a pas même les caractères généraux de la pédérastie: imbécillité morale ou dépravation d'un côté, et trop grands besoins sexuels de l'autre.
Il est aussi impossible de classer son complice G., dans une des catégories de la pédérastie passive; car il n'a ni les attributs d'une hétaïre masculine, ni les stigmates cliniques de l'homme-femme. Il est tout le contraire de cela.
Pour rendre plausible du point de vue médico-légal une liaison pédéraste entre ces deux hommes, il faudrait alors que le docteur S., présentât les antécédents et les symptômes du pédéraste actif mentionnés (I al. 2) et G., ceux du pédéraste passif cités (II al. 1 ou 2).
La supposition sur laquelle se fonde le verdict est, au point de vue de la psychologie légale, insoutenable.
On pourrait, pour la même raison, prendre tout homme pour un pédéraste. Reste encore à examiner si, au point de vue psychologique, les explications fournies par S., et G., sur leur amitié au moins étrange, tiennent debout.
Au point de vue psychologique, ce n'est pas un fait sans analogie qu'un homme excentrique et sentimental comme S., conclue une amitié transcendante sans aucune émotion sexuelle.
Il suffit de rappeler à ce propos les amitiés intimes qui se lient dans les pensionnats de filles, l'amitié pleine de dévouement de jeunes gens sentimentaux en général, la tendresse que l'homme de cœur sensible montre même envers un animal domestique, sans que personne l'interprète comme une tendance sodomiste.
Étant donnée la particularité psychologique du docteur S., une amitié exaltée pour le jeune G., est très compréhensible. La franchise avec laquelle se montrait cette amitié devant le public laisse plutôt supposer le caractère innocent de cette affection qu'une passion sensuelle.
Les condamnés réussirent à obtenir une revision de la procédure judiciaire. Le 7 mars 1890 eurent lieu les nouveaux débats contradictoires. Les dépositions des témoins fournirent en faveur des accusés des faits qui les disculpaient entièrement.
Tous reconnurent la conduite morale de S., antérieurement. La sœur de charité qui a soigné G., pendant que celui-ci se trouvait malade à la maison de S., n'a jamais remarqué rien de suspect dans leurs rapports. Les anciens amis de S., témoignèrent de sa moralité, de son amitié très tendre et de son habitude de les embrasser à l'arrivée et avant le départ. Les modifications qu'on avait autrefois constatées à l'anus de G., n'existaient plus. Un des experts convoqués par le tribunal admit la possibilité que ces anomalies de l'anus aient été occasionnées par des manipulations digitales. Leur valeur diagnostique a été contestée par le médecin-expert convoqué par le défenseur.
Le tribunal a reconnu que la preuve du délit présumé n'existait pas, et il a prononcé l'acquittement des accusés.
AMOR LESBICUS125.
Son importance médico-légale est bien minime quand il s'agit de rapports entre adultes. En Autriche seulement, il pourrait avoir une importance pratique. Mais, comme pendant de l'uranisme, il a une importance anthropologique et clinique. L'amor lesbicus ne paraît pas être moins rare que l'uranisme. La grande majorité des uranistes féminins ne cèdent pas à un penchant congénital, mais ils se développent dans des conditions analogues à celles de l'uranisme artificiel.
Cette «amitié défendue» fleurit surtout dans les prisons de femmes.
Krausold (op. cit.) dit: «Les prisonnières lient souvent entre elles ce genre d'amitié dans laquelle, il est vrai, on aboutit autant que possible à la manustupration mutuelle.»
Mais le but de ces amitiés ne consiste pas seulement dans une passagère satisfaction manuelle. Elles sont aussi liées pour ainsi dire systématiquement et pour une époque plus longue pendant laquelle se développent une jalousie féroce et un amour ardent d'une violence qu'on ne trouve guère plus intense parmi les personnes de sexe différent. Si l'amie d'une prisonnière s'aperçoit d'un sourire pour une autre, il y a des scènes violentes de jalousie et des crépages de chignon.
Si la prisonnière qui s'est laissée aller aux voies de fait, a été, selon le règlement, punie et mise aux fers, elle dit que «son amie lui a fait un enfant».
Nous devons aussi à Parent-Duchâtelet (De la prostitution, 1857) des renseignements très intéressants sur l'amor lesbicus artificiellement créé.
Le dégoût provoqué par les actes les plus abominables et les plus pervers (coitus in axilla, inter mammas, etc.) que les hommes commettent sur des prostituées, poussent souvent ces malheureuses, dit l'auteur cité, à l'amour lesbien. Il ressort de ses recherches que ce sont particulièrement les prostituées de grande sensualité qui, non satisfaites par les rapports avec des impuissants ou des pervers, et dégoûtées de leurs pratiques, sont amenées à cette aberration.
De plus, les prostituées qui se font remarquer comme tribades, sont toujours des personnes qui ont fait plusieurs années de prison et qui ont contracté cette aberration dans ces foyers d'amour lesbien ex abstinentia.
Il est bien intéressant de constater que les prostituées méprisent les tribades, de même que l'homme méprise le pédéraste, tandis que les prisonnières femmes ne considèrent point ce vice comme choquant.
Parent cite le cas d'une prostituée qui, en état d'ivresse, a voulu en violer une autre à la manière lesbienne. Là-dessus les autres filles du bordel furent prises d'une telle indignation qu'elles dénoncèrent cette pervertie à la police. Taxil (op. cit. p. 166, 170) cite des faits analogues.
Mantegazza également (Études d'anthropologie et d'histoire de la civilisation) trouve que les rapports sexuels entre femmes ont surtout la signification d'un vice qui s'est développé à la suite d'une hyperæsthesia sexualis non satisfaite.
Nombre de cas de ce genre—abstraction faite de l'inversion sexuelle congénitale—sont tout à fait analogues aux cas masculins dans lesquels le vice s'est artificiellement développé, est devenu peu à peu de l'inversion sexuelle acquise avec horreur des rapports sexuels avec les individus de l'autre sexe.
Il est probable qu'il s'agit de cas de ce genre dans les correspondances que nous rapporte Parent entre amantes, correspondances aussi débordantes et aussi sentimentales que celles entre des amoureux de sexe différent; l'infidélité et la séparation mettaient hors d'elle l'abandonnée; la jalousie était féroce et amenait souvent à des vengeances sanglantes. Les cas suivants d'amor lesbicus cités par Mantegazza sont certainement morbides et peut-être des faits d'inversion congénitale.
1º Le 5 juillet 1877 a comparu devant le tribunal, à Londres, une femme qui, déguisée en homme, s'était déjà mariée trois fois avec diverses femmes. Elle a été reconnue femme devant tout le monde et condamnée à six mois de prison.
2º En 1773, une autre femme, déguisée en homme, fit la cour à une jeune fille, demanda sa main, mais sa tentative audacieuse ne réussit pas.
3º Deux femmes vécurent ensemble pendant trente ans, comme mari et femme. Ce n'est qu'en mourant que l'«épouse» a révélé le secret aux personnes qui entouraient son lit.
Coffignon (op. cit., p. 301) cite de nouveaux faits remarquables.
Il rapporte que cette aberration est maintenant très à la mode, en partie à cause des romans qui traitent de ce sujet, en partie aussi par suite de l'excitation des parties génitales par un travail excessif avec les machines à coudre, et aussi par la fait que les domestiques féminins couchent souvent dans le même lit, puis par les séductions qui se font dans les pensions par des élèves perverties ou par la séduction des filles de famille par des servantes perverses.
L'auteur prétend que ce vice (saphisme) se rencontre de préférence chez les dames de l'aristocratie et chez les prostituées. Mais il ne distingue pas entre les cas physiologiques et pathologiques, et parmi ces derniers il ne fait pas non plus la distinction entre les cas acquis et les cas congénitaux. Certains détails concernant des cas sûrement pathologiques correspondent complètement aux faits qu'on a pu recueillir sur les hommes atteints d'inversion sexuelle.
Les saphistes ont leurs lieux de réunion à Paris, se reconnaissent par le regard, les gestes, etc. Des couples saphistes aiment à s'habiller et à se parer de la même façon. On les appelle alors «petites sœurs».
9.—NÉCROPHILIE126.
(Code autrichien, § 306.)
Cette forme horrible de la satisfaction sexuelle est si monstrueuse que la supposition d'un état psychopathique est justifiée dans tous les cas; Maschka exige que dans ces cas on examine toujours l'état mental du sujet. Cette exigence est parfaitement fondée. Il faut une sensualité morbide assurément perverse pour surmonter l'horreur naturelle que l'homme éprouve devant les cadavres, et pour trouver du plaisir à la conjonction sexuelle avec un cadavre.
Malheureusement, dans la plupart des cas qui ont été rapportés dans les publications spéciales, l'état mental de l'individu n'a pas été examiné, de sorte que la question de savoir si la nécrophilie est compatible avec l'intégrité mentale, n'est pas tranchée. Celui qui connaît les aberrations horribles de la vie sexuelle n'oserait pas répondre à cette question par la négative.
10.—INCESTE.
(Code autr., § 122; Projet, § 189; Code allemand, § 174).
La conservation de la pureté morale de la vie de famille est due au développement de la civilisation; chez l'homme civilisé qui est encore intact au point de vue éthique, un sentiment pénible se fait toujours sentir quand il lui vient une idée libidineuse concernant un membre de sa famille. Une sensualité très puissante jointe à des idées morales et juridiques très défectueuses est seule capable d'amener un individu à l'inceste.
Ces deux conditions peuvent se rencontrer dans des familles chargées de tares. L'ivrognerie et l'ivresse chez les individus du sexe masculin, l'idiotie qui a arrêté le développement de la pudeur et qui, selon les circonstances, se trouve alliée à l'érotisme chez des individus de sexe féminin, sont les éléments qui facilitent les actes incestueux. Les conditions extérieures qui facilitent le développement de cette aberration sont la promiscuité des sexes dons les familles prolétaires.
Nous avons rencontré l'inceste comme phénomène certainement pathologique dans des cas de débilité mentale congénitale ou acquises, puis dans des cas isolés d'épilepsie et de paranoïa.
Dans un grand nombre de cas, la majorité peut-être, on ne peut cependant pas montrer les causes pathologiques d'un acte qui non seulement offense les liens du sang, mais aussi les sentiments de toute population civilisée. Dans bien des cas pourtant, qui sont rapportés dans les publications spéciales, on peut, pour l'honneur de l'humanité, supposer un fondement psychopathique.
Dans le cas de Feldtmann (Marc-Ideber, I, p. 15) un père a commis des attentats aux mœurs répétés sur sa fille adulte, et finalement l'a tuée. Ce père dénaturé était atteint d'imbécillité et probablement aussi de troubles cérébraux périodiques. Dans un autre cas d'inceste entre père et fille (loc. cit., p. 244), c'était cette dernière qui était idiote. Lombroso (Archiv. di Psichiatria, VIII, p. 519) rapporte le cas d'un paysan âgé de quarante-deux ans qui fit l'inceste avec ses filles âgées de vingt-deux ans, de dix-neuf et de onze ans, qui força même sa fille de onze ans à la prostitution, et la visitait au bordel. L'examen médico-légal a fait constater des tares, de l'imbécillité intellectuelle et morale, du potatorium.
Les cas comme celui qui a été rapproché par Schuermayer (Deutsche Zeitschr. für Staatsarzneikunde, XXII, fasc. 1) n'ont pas été analysés au point de vue psychique. Dans le cas en question, une femme a mis sur son ventre son fils âgé de cinq ans et demi et l'a violé. Dans un autre cas rapporté par Lafarque (Journ. de méd. de Bordeaux, 1877), une fille de dix-sept ans a pris sur elle son frère âgé de treize ans, a procédé à la membrorum conjunctionem et l'a masturbé.
Les cas suivants concernent des individus chargés de tares. Magnan (Ann. méd.-psych., 1885) fait mention d'une demoiselle de vingt-neuf ans qui, indifférente aux autres enfants et aux hommes, souffrait beaucoup à la vue de ses neveux, et ne pouvait résister à l'impulsion de cohabiter avec eux. Mais cette pica sexuelle ne subsista que tant que ses neveux furent tout jeunes.
Legrand (Ann. méd.-psych., 1876, mai) fait mention d'une jeune fille de quinze ans qui avait entraîné son frère à toutes sortes d'excès sexuels; quand après deux années de rapports incestueux le frère est mort, elle fit une tentative d'assassinat sur un parent. Dans le même endroit on trouve rapporté le cas d'une femme mariée, âgée de trente-six ans, qui laissait pendre par la fenêtre ses seins nus et qui faisait de l'inceste avec son frère âgé de dix-huit ans; il cite ensuite une mère âgée de trente-neuf ans qui faisait de l'inceste avec son fils dont elle était amoureuse à en mourir et qui, devenue enceinte de lui, provoqua un avortement.
Nous savons par Casper que, dans les grandes villes, des mères perverties éduquent leurs petites filles d'une façon abominable pour les préparer aux usages sexuels des débauchés. Cet acte criminel rentre dans une autre catégorie.
11.—ACTES IMMORAUX COMMIS AVEC DES PUPILLES.—SÉDUCTION
(Code autrichien, § 121; Projet, § 183; Code allemand, § 173).
Ce qui se rapproche de l'inceste mais sans blesser aussi profondément les sentiments moraux, ce sont les cas où un individu cherche à accomplir ou tolère des actes immoraux sur une personne dont l'éducation, la surveillance lui ont été confiées et qui par conséquent se trouve plus ou moins sous sa dépendance. Ces actes immoraux qui sont particulièrement définis par les codes, ne paraissent avoir qu'exceptionnellement une signification psychopathique.
TABLE DES MATIÈRES
FRAGMENTS D'UNE PSYCHOLOGIE DE LA VIE SEXUELLE.
L'instinct sexuel comme base des sentiments éthiques.—L'amour comme passion.—La vie sexuelle aux diverses époques de la civilisation.—La pudeur.—Le Christianisme.—La monogamie.—La situation de la femme dans l'Islam.—Sensualité et moralité.—La vie sexuelle se moralise avec les progrès de la civilisation.—Périodes de décadence morale dans la vie des peuples.—Le développement des sentiments sexuels chez l'individu.—La puberté.—Sensualité et extase religieuse.—Rapports entre la vie sexuelle et la vie religieuse.—La sensualité et l'art.—Caractère idéaliste du premier amour.—Le véritable amour.—La sentimentalité.—L'amour platonique.—L'amour et l'amitié.—Différence entre l'amour de l'homme et celui de la femme.—Célibat.—Adultère.—Mariage.—Coquetterie.—Le fétichisme physiologique.—Fétichisme religieux et érotique.—Les cheveux, les mains, les pieds de la femme comme fétiches.—L'œil, les odeurs, la voix, les caractères psychiques comme fétiches
FAITS PHYSIOLOGIQUES
Maturité sexuelle.—La limite d'âge de la vie sexuelle.—Le sens sexuel.—Localisation.—Le développement physiologique de la vie sexuelle.—Érection.—Le centre d'érection.—La sphère sexuelle et le sens olfactif.—La flagellation comme excitant des sens.—La secte des flagellants.—Le Flagellum salutis de Paullini.—Zones érogènes.—L'empire sur l'instinct sexuel.—Cohabitation.—Éjaculation
NEUROPATHOLOGIE ET PSYCHOPATHOLOGIE GÉNÉRALES DE LA VIE SEXUELLE
Fréquence et importance des symptômes pathologiques.—Tableau des névroses sexuelles.—Irritation du centre d'érection.—Son atrophie.—Arrêts dans le centre d'érection.—Faiblesse et irritabilité du centre.—Les névroses du centre d'éjaculation.—Névroses cérébrales.—Paradoxie ou instinct sexuel hors de la période normale.—Éveil de l'instinct sexuel dans l'enfance.—Renaissance de cet instinct dans la vieillesse.—Aberration sexuelle chez les vieillards expliquée par l'impuissance et la démence.—Anesthésie sexuelle ou manque d'instinct sexuel.—Anesthésie congénitale; anesthésie acquise.—Hyperesthésie ou exagération morbide de l'instinct.—Causes et particularités de cette anomalie.—Paresthésie du sens sexuel ou perversion de l'instinct sexuel.—Le sadisme.—Essai d'explication du sadisme.—Assassinat par volupté sadique.—Anthropophagie.—Outrages aux cadavres.—Brutalités contre les femmes; la manie de les faire saigner ou de les fouetter.—La manie de souiller les femmes.—Sadisme symbolique.—Autres actes de violence contre les femmes.—Sadisme sur des animaux.—Sadisme sur n'importe quel objet.—Les fouetteurs d'enfants.—Le sadisme de la femme.—La Penthésilée de Kleist.—Le masochisme.—Nature et symptômes du masochisme.—Désir d'être brutalisé ou humilié dans le but de satisfaire le sens sexuel.—La flagellation passive dans ses rapports avec le masochisme.—La fréquence du masochisme et ses divers modes.—Masochisme symbolique.—Masochisme d'imagination.—Jean-Jacques Rousseau.—Le masochisme chez les romanciers et dans les écrits scientifiques.—Masochisme déguisé.—Les fétichistes du soulier et du pied.—Masochisme déguisé ou actes malpropres commis dans le but de s'humilier et de se procurer une satisfaction sexuelle.—Masochisme chez la femme.—Essai d'explication du masochisme.—La servitude sexuelle.—Masochisme et sadisme.—Le fétichisme; explication de son origine.—Cas où le fétiche est une partie du corps féminin.—Le fétichisme de la main.—Les difformités comme fétiches.—Le fétichisme des nattes de cheveux; les coupeurs de nattes.—Le vêtement de la femme comme fétiche.—Amateurs ou voleurs de mouchoirs de femmes.—Les fétichistes du soulier.—Une étoffe comme fétiche.—Les fétichistes de la fourrure, de la soie et du velours.—L'inversion sexuelle.—Comment on contracte cette disposition.—La névrose comme cause de l'inversion sexuelle acquise.—Degrés de la dégénérescence acquise.—Simple inversion du sens sexuel.—Éviration et défémination.—La folie des Scythes.—Les mujerados.—Les transitions à la métamorphose sexuelle.—Métamorphose sexuelle paranoïque.—L'inversion sexuelle congénitale.—Diverses formes de cette maladie.—Symptômes généraux.—Essai d'explication de cette maladie.—L'hermaphrodisme psychique.—Homosexuels ou uranistes.—Effémination et viraginité.—Androgynie et gynandrie.—Autres phénomènes de perversion sexuelle chez les individus atteints d'inversion sexuelle.—Diagnostic, pronostic et thérapeutique de l'inversion sexuelle
PATHOLOGIE SPÉCIALE
Les phénomènes de la vie sexuelle morbide dans les diverses formes et états de l'aliénation mentale.—Entraves psychiques.—Affaiblissement mental acquis.—Faiblesse mentale consécutive à des psychoses, à des attaques d'apoplexie, à une lésion de la tête ou à un lues cerebralis.—Démence paralytique.—Epilepsie.—Folie périodique.—Psychopathie sexuelle périodique.—Manie.—Symptômes d'exaltation sexuelle chez les maniaques.—Satyriasis.—Nymphomanie.—Satyriasis et nymphomanie chroniques.—Mélancolie.—Hystérie.—Paranoïa
LA VIE SEXUELLE MORBIDE DEVANT LES TRIBUNAUX
Dangers des délits sexuels pour le salut public.—Augmentation du nombre de ces délits.—Causes probables.—Recherches cliniques.—Les juristes en tiennent peu de compte.—Points d'appui pour le jugement des délits sexuels.—Conditions de l'irresponsabilité.—Indications pour comprendre la signification psycho-pathologique des délits sexuels.—Les délits sexuels.—Exhibitionnistes.—Frotteurs.—-Souilleurs de statues.—Viol; assassinat par volupté.—Coups et blessures, dégâts, mauvais traitements sur des animaux par sadisme.—Masochisme et servitude sexuelle.—Coups et blessures, vol par fétichisme.—Débauche avec des enfants au-dessous de quatorze ans.—Prostitution.—Débauche contre nature.—Souillure d'animaux.—Débauche avec des personnes du même sexe.—Pédérastie.—La pédérastie examinée au point de vue de l'inversion sexuelle.—Différence entre la pédérastie morbide et non morbide.—Appréciation judiciaire de l'inversion sexuelle congénitale et de l'inversion acquise.—Mémoire d'un uraniste.—Raisons pour mettre hors des poursuites judiciaires les faits d'amour homosexuel.—Origine de ce vice.—Vie sociale des pédérastes.—Un bal de mysogines à Berlin.—Forme de l'instinct sexuel dans les diverses catégories de l'inversion sexuelle.—Pædicatio mulierum.—L'amour lesbien.—Nécrophilie.—Inceste.—Actes immoraux avec des pupilles