Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome III
NOTES.
[266] Ce pamphlet embrasse une période de plusieurs années, de 1670 à 1686 environ. On en verra diverses preuves dans les notes que nous joindrons aux récits de l'auteur.
[267] Var. 1754: innocemment.
[268] Var. 1754: le désordre le plus infâme.
[269] La cour se tenoit alors tantôt à Fontainebleau, tantôt à Saint-Germain, tantôt à Versailles.
[270] La faute étoit d'autant plus grande qu'ils étoient entrés la nuit dans un cabaret. Or, par un règlement de 1666, les cabarets devoient être fermés à six heures depuis le 1er novembre jusqu'à Pâques, et à neuf heures dans les autres temps. Plus tard on toléra que les cabarets fussent ouverts, du 1er avril au 1er novembre, jusqu'à dix heures, et, dans les autres temps, jusqu'à huit heures seulement. En 1700, une ordonnance rendue par M. d'Argenson, lieutenant général de police, parle d'un cabaretier chez qui furent saisis six jeunes gens mangeant de la viande en carême, à dix heures du soir. Procès-verbal fut dressé de ce délit. Mais le commissaire ne prit pas les noms des jeunes gens, et le cabaretier s'excusa en disant qu'il n'avoit pas fourni la viande, «ajoutant que, ces six jeunes gens, qu'il n'a voulu nommer, étant des personnes de considération, il n'a pas osé leur résister.» Ainsi, quand des personnes de considération étoient surprises, même en faute, dans des cabarets, la police fermoit volontiers les yeux pour ne pas les connoître et ne pressoit pas trop les cabaretiers de révéler leurs noms.
[271] Cf. t. 2, p. 425.
[272] Voy. t. 1, p. 68.
[273] Le duc de Grammont, fils du maréchal et frère du comte de Guiche, dont il a été plusieurs fois parlé dans ces volumes, ne reçut le titre de duc de Grammont qu'après la mort de son père, qui mourut en 1678, six ans après la mort de son fils aîné, tué au passage du Rhin. Le duc dont il est parlé ici, connu auparavant sous le nom de comte de Louvigny, avoit épousé, le 15 mai 1668, Marie-Charlotte de Castelnau, fille du maréchal de ce nom.
[274] Une sœur du chancelier fut mariée avec le marquis de Tilladet, qui fut chassé de la cour après le supplice de Cinq-Mars: celui-ci eut plusieurs enfants, entr'autres Gabriel de Cassagnet, dit le chevalier de Tilladet, chevalier de Malte en 1646, lieutenant-général des armées du Roi comme l'avoit été son père et comme le fut un de ses frères, et gouverneur d'Aire, etc. Il mourut le 11 juillet 1702.
[275] Gabrielle de Longueval, sœur du marquis de Manicamp, étoit la troisième femme du maréchal d'Estrées; elle avoit épousé, en 1663, le vieux duc, qui mourut en 1670, âgé de quatre-vingt-dix-huit ans. (Voy. madame de Sévigné, Lettre du 24 avril 1672.—Voy. aussi ce volume, p. 252.)
[276] Marie-Charlotte de Castelnau, fille du maréchal de ce nom, étoit née en 1648. Mariée en 1668, elle mourut le 29 janvier 1694.
[277] Sur le maréchal de Grammont, voyez ci-dessus passim, et surtout t. 1, p. 135.
[278] Sur le comte de Guiche, voyez ci-dessus passim, et surtout t. 1, p. 65.
[279] Le marquis de Louvigny hérita de son père en 1678; le comte de Guiche, nous l'avons vu plus haut, étoit mort depuis 1672.
[281] Le marquis de Nérestang, restaurateur de l'ordre presque éteint de Saint-Lazare, se décida, en 1666, à user d'un droit qui lui étoit accordé par les bulles des papes Pie V et Paul V: il nomma des titulaires aux cinq grands-prieurés de l'ordre. A la date du 4 juin de cette année, «il fit: 1º grand-prieur, bailli et son vicaire général, tant par terre que par mer, dans la langue d'Aquitaine, le chevalier César Brossin, marquis de Méré; 2º grand-prieur et bailli des provinces de Dauphiné et de Lyonnois, le commandeur Loras de Chamanieu; 3º grand-prieur et bailli de la langue des Belges, le chevalier Le Picard, marquis de Sévigny; 4º grand-prieur et bailli de la langue de France, le commandeur François de Bernières; 5º grand-prieur et bailli du Languedoc, le chevalier de Solas, président à la Chambre des comptes et Cour des aides de Montpellier; tous avec le titre de vicaire général du grand-maître dans leur grand-prieuré.» (Gautier de Sibert, Hist. de l'ordre de Saint-Lazare, 1772, 2 vol. in-12, t. 2, p. 103.)
[282] Sur le marquis de Biran, plus tard duc de Roquelaure, voyez ci-dessus passim, et surtout t. 1, p. 165, la fin de la note consacrée à son père, et t. 2, p. 423.
[283] L'ordre de Saint-Michel fut institué par Louis XI, à Amboise, le 1er août 1469. Les chevaliers portoient un collier d'or fait à coquilles lacées l'une avec l'autre, et posées sur une chaînette d'or d'où pendoit une médaille de l'archange saint Michel. Tous les chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit prenoient l'ordre de Saint-Michel la veille du jour où ils recevoient l'ordre du Saint-Esprit, et c'est pour ce motif que leurs armes étoient entourées d'un double collier et qu'on les appeloit chevaliers des ordres du Roi.
[284] Chantilly appartenoit au prince de Condé.
[285] Voy. plus haut la filiation, note 274, p. 348.
[286] Peste, mot du temps, équivalent de mauvaise langue. Déjà Tallemant l'employoit dans ce sens.
[287] Que fît cette jeunesse.
[288] Ces désordres étoient dans l'esprit du temps. (Voy. Edouard Fournier, Les Lanternes, histoire de l'éclairage de Paris.)
[289] Ce pont de bois étoit celui qui servoit de communication entre la cité et l'île Notre-Dame. Il fut commencé en 1614 par le sieur Marie. On l'appeloit Pont-Rouge, à cause de la couleur dont il étoit peint, et Pont-Marie, du nom de l'entrepreneur chargé de le construire.
[290] Voy. t. 2, p. 426.
[291] Le guet étoit composé de cent archers à pied, trente-neuf à cheval, quatre lieutenants, un guidon, huit exempts, un greffier, un contrôleur et un trésorier, sous le commandement d'un chevalier du guet. La charge de chevalier du guet constituoit à celui qui l'exerçoit quelques priviléges utiles, comme d'avoir le droit de committimus, l'exemption de gens de guerre, etc.;—ou flatteurs: tel le droit d'entrer chez le Roi à toute heure, et même en bottes. Le chevalier du guet, après la suppression de l'ordre de l'Etoile, sous Charles VIII, continua à en porter les insignes.
Le guet prenoit son service à la nuit et le quittoit à la pointe du jour.
Au dix-huitième siècle, d'autres compagnies se formèrent, sous d'autres noms et avec différents uniformes, pour la sûreté de Paris. C'est de là qu'est sortie la garde municipale, garde de Paris, etc.
[292] Le lieutenant criminel présidoit à tous les jugements criminels, et c'étoit à lui d'en faire l'instruction. Le lieutenant criminel Tardieu, si connu par les satires de Boileau, qui le désigne sans le nommer, étoit prédécesseur de M. Deffita.—M. Deffita, dès son entrée en charge, se montra d'une rigueur inouïe; sa justice étoit toujours fort sommaire. Voy. Guy Patin, Lettres, passim.
[293] Voy. t. 1, p. 163 et suiv.
[294] Le duc à brevet jouissoit de presque toutes les prérogatives dont jouissoient les autres gentilshommes chez lesquels ce titre étoit héréditaire, mais il n'en jouissoit que par une faveur toute personnelle, et qui ne se pouvoit transmettre que par suite d'un nouveau brevet.
[295] Le marquis de Biran devint duc de Roquelaure et fut même fait maréchal de France. Le crédit de sa femme, mademoiselle de Laval, lui servit.
[296] Louis-Marie d'Aumont de Rochebaron, duc et pair de France, étoit chef du nom et des armes depuis le 14 février 1669. Le 12 mars 1669, il céda au marquis de Rochefort sa charge de capitaine des gardes du corps et prêta serment de premier gentilhomme de la chambre. Il avoit épousé Madelaine-Fare Le Tellier, qu'il perdit le 22 juin 1668. Plus tard il sera parlé de son second mariage.
La fille du duc d'Aumont, Magdelaine-Elisabeth-Fare, ne fut mariée qu'en 1677. Du reste, avant le second mariage de son père (1669), elle étoit bien jeune encore, puisque le duc avoit épousé la sœur du marquis de Louvois en 1660, quand elle avoit à peine quatorze ans.
[297] Le chancelier Le Tellier, père du marquis de Louvois et de la première femme du duc d'Aumont.
[298] La seconde femme du duc d'Aumont, qu'il épousa le 28 novembre 1669, étoit Françoise-Angélique de la Mothe, fille du maréchal de la Mothe-Houdancourt et de Louise de Prie, gouvernante des enfants de France.
[299] François de Roye de la Rochefoucauld, deuxième du nom, comte de Roucy, né en 1658, mort en novembre 1721 à l'âge de soixante-trois ans, étoit fils de Frédéric-Charles de la Rochefoucauld-Roucy et d'Isabelle de Duras. Il fut lieutenant général des armées du Roi, capitaine lieutenant des gendarmes écossois, et, après M. de Pradel, gouverneur de Bapaume. Il se maria le 8 février 1689, avec mademoiselle d'Arpajon.
Cette branche des La Rochefoucauld avoit pris le nom de Roucy par suite du mariage de François III de la Rochefoucauld avec la dernière héritière des comtes de Roucy, famille célèbre où l'on connoît surtout ces deux frères jumeaux, ménechmes identiques, dont Pasquier a raconté l'histoire (Recherches, liv. VI).
[300] Voy. ci-dessus, passim. Henri de Senneterre, duc de la Ferté, fils du maréchal, épousa, le 13 mars 1675, Marie-Isabelle-Gabrielle-Angélique de la Mothe-Houdancourt.
[301] Louis-Charles de Lévis, duc de Ventadour, épousa, le 14 mars 1671, Charlotte-Eléonore de la Mothe-Houdancourt.
[302] Le frère du chevalier de Tilladet dont il est question ici, étoit Jean-Baptiste de Cassagnet, marquis de Tilladet, mort le 22 août 1692, des suites des blessures qu'il reçut à la bataille de Steinkerque.
[303] Louise de Prie, duchesse de Cardonne, gouvernante du dauphin. Elle étoit veuve alors du maréchal de la Mothe et recevoit de la cour une pension de 3,600 livres. Fille puînée et héritière de Louis de Prie, marquis de Toussy, et de Françoise de Saint-Gelais-Lusignan, elle avoit été, avant son mariage, fille d'honneur de la Reine. Voy. ci-dessus, t. 2, p. 422.
[304] La famille du maréchal de la Mothe fut en effet fort peu illustre avant lui, fort peu illustre après lui.
[305] Louise de Prie épousa, le 21 novembre 1650, le maréchal de la Mothe. Née en 1614, elle avoit alors trente-six ans, soit quarante-trois en 1657, date de la mort de son mari.
[306] Un corset de fer.
[307] Guy Patin, dans une lettre du 8 mars 1670, parle d'un jeune homme de ce nom, qu'il soignoit.
[308] Voy. ci-dessus, passim.
[309] Le duc de Caderousse n'appartenoit pas à la noblesse françoise; il étoit du comtat d'Avignon.
[310] Claire-Bénédictine du Plessis-Guénegaud étoit fille de Henri du Plessis-Guénegaud, secrétaire d'Etat, et d'Isabelle de Choiseul-Praslin. Née en 1646, mariée en 1665, la duchesse de Caderousse mourut en décembre 1675.
[311] On a mille descriptions de cette galerie du Palais, où se trouvoient tant de libraires, de merciers, d'orfèvres, de promeneurs, d'acheteurs; une des plus curieuses est assurément celle de Corneille, dans une de ses premières pièces, La Galerie du Palais.
[312] Les pensions étoient accordées par le Roi, qui les faisoit assigner tantôt sur un revenu, tantôt sur un autre. Nous avons vu des pensions assises sur des fermes, sur l'épargne, sur des prieurés, des évêchés, etc.
[313] Le duc d'Aumont, outre la fille dont nous avons parlé, qui fut mariée au marquis de Beringhen, eut une autre fille, Anne-Charlotte d'Aumont, qui, née en 1666, épousa, le 4 février 1683, le marquis de Créqui; le fils du duc d'Aumont, marquis de Villequier, fut reçu premier gentilhomme de la chambre en survivance, et prêta serment le 7 avril 1683 en cette qualité.
[314] Voy. ci-dessus note 296, p. 363.
[315] La croyance aux devins et aux sorciers étoit générale au XVIIe siècle, et il n'est pas rare de voir des écrivains sérieux trahir la crainte qu'ils ont des sorciers.
[316] Ce second mariage eut lieu le 28 novembre 1669.
[317] L'hôtel d'Aumont étoit situé dans la rue de Jouy. Il avoit été bâti sur les dessins de Mansart, et l'on admiroit surtout les belles proportions de la façade sur le jardin. Le Brun avoit peint sur l'un des plafonds l'apothéose de Romulus.
[318] Les cent-Suisses faisoient le service des châteaux royaux; dix d'entre eux étoient détachés chez la Reine et un chez le chancelier. Mais dans un temps où, comme dit La Fontaine, tout marquis vouloit avoir des pages, tout grand seigneur voulut avoir son Suisse. A défaut de vrais Suisses, on se contenta, comme chez Chicaneau, de Petit-Jean venus de toutes les parties de la France:
Cet usage est consacré par Furetière, qui, au mot portier, donne cet exemple: Les Suisses sont les portiers des grands seigneurs.
[319] Il y avoit quatre premiers gentilshommes de la chambre, et ils servoient chacun pendant une année. Ils étoient logés au Louvre et entroient dans le carrosse du Roi. «C'est aux premiers gentilshommes de la chambre, dit l'Etat de la France, à faire faire tous les habits de deuil, tous les habits de masques et comédies, et pour les autres divertissements de Sa Majesté.»
[320] L'auteur nous donne, pour ainsi dire, la mesure de l'appétit du duc de Caderousse après son jeûne prolongé. Quelques années après l'époque qui nous occupe, le pain continuoit à être divisé en deux catégories: le gros pain et le petit pain.
Quand le blé étoit vendu vingt livres le septier, ce qui étoit un prix moyen, le gros pain blanc valoit deux sous six deniers la livre; le pain bis-blanc ou bourgeois, deux sous deux deniers; le pain bis, un sou six deniers.
Le petit pain étoit alors vendu un sou ou deux sous: le prix ne varioit pas, mais le poids varioit selon le prix du blé. Quand le blé valoit vingt livres le septier, le pain façon de Gonesse de deux sous pesoit neuf onces, ou, d'un sou, quatre onces et demie; le pain de chapitre d'un sou pesoit quatre onces et demie; le pain mollet, le pain à la reine, le pain à la sigovie, le pain à la mode et le pain cornu ne pesoient que trois onces et demie.
[321] Les ordonnances et édits sur les duels étoient toujours observés avec une grande rigueur. Pour les empêcher même, Louis XIV avoit eu la pensée, au dire de Guy Patin, de retirer l'épée aux gentilshommes et de leur faire porter au cou une médaille comme marque de leur qualité.
[322] Marie Bautru, fille de Nicolas Bautru, comte de Nogent et de Marie Coulon, étoit sœur du comte de Nogent, qui avoit épousé la sœur de Lauzun. Elle épousa, à la date du 5 avril 1656, René de Rambures, qu'elle perdit le 11 mai 1671. Elle-même mourut en mars 1683.
[323] Voy. ci-dessus, passim.
[324] Madame d'Aumont étoit en effet cousine de Fervaques, par sa mère, Charlotte de Prie, qui avoit épousé Noël de Bullion, seigneur de Bonnelles, par contrat du 24 février 1639. Charlotte de Prie, madame de Bonnelles, étoit sœur de Louise de Prie, maréchale de la Mothe-Houdancourt.
[327] Les opéras en vogue à cette époque étoient: Alceste, de 1674; Thésée, de 1675; puis vint Atys en 1676.
[328] La duchesse de Créqui étoit Armande de Saint-Gelais-Lusignan de Lansac; son père étoit oncle de la maréchale de La Mothe. La duchesse de Créqui étoit donc cousine-germaine de la maréchale de La Mothe, tante, à la mode de Bretagne, de la duchesse d'Aumont. (Cf. ci-dessus, note 303.)
[329] Nous ne saurions préciser l'âge de madame de Rambures; mais, mariée en 1656, mère seulement en 1661 d'un fils, aîné de la famille, qui mourut en 1679, elle ne pouvoit guère avoir moins de trente-six à trente-sept ans à l'époque qui nous occupe.
[330] Voy. t. 2, p. 88.
[331] Sur la première femme du duc de Caderousse, voy. ci-dessus, p. 371.
[332] De son premier mariage le duc de Caderousse eut un seul fils, Jacques-Louis d'Ancezune de Cadart de Tournon, duc de Caderousse, qui épousa, avant 1700, Madeleine, fille du marquis d'Oraison.
[333] La bassette étoit un jeu de cartes, un jeu de hasard, comme le hoc ou hocca et le lansquenet. L'abus de ces jeux devint tel que de nombreux arrêts du Parlement, plusieurs édits du Roi et ordonnances de police essayèrent de le combattre.
En 1661, le Parlement porte deux arrêts contre le jeu du hocca; en 1663, contre les académies de jeux en général; en 1666, le Roi lance un édit dans le même but; en 1680, la bassette, introduite en 1674 ou 1675 par l'ambassadeur de Venise Justiniani, est mise en cause pour la première fois devant le Parlement. L'arrêt, daté du 16 septembre, porte: «Comme, outre tous ces jeux de hazard cy-devant défendus, on en a introduit un depuis quelque temps, appelé la bassette, où l'on assure que ceux qui le tiennent ont une certitude entière de gagner avec le temps, et que les pertes faites audit jeu par plusieurs enfants de famille les ont engagez emprunter de l'argent à tel denier que lesdits particuliers accusez d'usure ont voulu exiger d'eux, ledit procureur général estime estre obligé d'avoir recours à l'autorité de la cour pour faire renouveler les défenses générales prononcées contre tous les jeux de hazard, et encore plus grandes contre ceux qui donneront à jouer chez eux audit jeu de la bassette, et contre ceux qui y joueront.»
D'année en année les mêmes mesures sont renouvelées. Enfin, le 5 janvier 1685, «Sa Majesté, estant en son conseil, a défendu et défend très expressément à tous ses sujets, de quelque qualité et condition qu'ils soient, de plus continuer à jouer audit jeu de la bassette, soit ès assemblées publiques, dans leurs maisons en particulier, et sous quelque nom et prétexte que ce soit, à peine de trois mille livres d'amende, au payement de laquelle Sa Majesté veut que les contrevenants soient contraints par toutes voies, mesme par saisie et exécution de leurs biens, meubles, chevaux et carrosses.»
On changea le nom du jeu. Le hocca s'appela pharaon ou barbacolle; la bassette devint le pour et contre. Sous ces nouveaux noms les poursuites vinrent encore chercher les joueurs.
En 1679, le Journal des Savants produisit une théorie de probabilité pour le jeu de la bassette: on y voit clairement combien de chances étoient réservées à la friponnerie.
Disons maintenant comment se jouoit le jeu de la bassette: nous expliquerons ainsi différents mots qu'on lira plus loin. «Celui qui taille, lit-on dans le Dictionnaire de Trévoux, se nomme banquier ou tailleur. Il a en main cinquante-deux cartes; ceux qui jouent contre lui ont chacun treize cartes d'une couleur: on les appelle le livre. Après que le tailleur a battu ses cartes, les joueurs découvrent devant eux telles cartes de leur livre qu'ils veulent, sur lesquelles ils couchent de l'argent à discrétion; ensuite le tailleur tourne son jeu de cartes, en sorte qu'il voit la première qui étoit dessous. Après cela, il tire ses cartes deux à deux jusqu'à la fin du jeu: la première de chaque couple ou main est toujours pour lui, et la seconde ordinairement pour le joueur; de sorte que, si la première est, par exemple, un roi, le banquier gagne tout ce qui a été couché sur les rois; mais si la seconde est un roi, le banquier donne aux joueurs autant qu'ils ont couché sur les rois.»
L'alpiou (de l'italien al più) étoit, dit M. Fr. Michel, dans son Dict. d'argot, la marque que l'on faisoit à sa carte pour indiquer qu'on doubloit son jeu après avoir gagné.
On connoît le petit livret publié à cette époque sous le titre de: Les désordres de la bassette.
[334] Le chevalier Louis de Cabre, qui fut chambellan du duc d'Orléans, régent, étoit fils de Louis de Cabre et de Marie d'Antoine. Il mourut sans alliance. Il appartenoit à une famille consulaire de Marseille dont les différentes branches furent maintenues dans leur noblesse par les commissaires vérificateurs en 1667.
[335] On lit dans le Livre commode des adresses, par le sieur de Pradel, astrologue lyonnois, 1691, in-8, p. 26: «Les garnitures de perles et de pierres fines sont commercées par les sieurs Alvarez et Maçon, rue Thibault-aux-Dez.»
[336] La fille aînée de madame de Rambures, Marie-Renée de Rambures, sœur du marquis de Rambures qui fut tué en 1679, en Alsace, par accident, étoit alors un parti considérable; elle n'avoit pas d'autre frère, et, de ses deux sœurs, l'une fut religieuse, l'autre épousa, en 1686, le marquis de Polignac.—Marie-Renée de Rambures fut en effet la seconde femme du duc de Caderousse.
[337] Les robes des femmes avoient habituellement des manches d'ange, et ces manches ne passoient guère le coude. Les ecclésiastiques et les personnes en deuil portoient des bouts de manches, sortes de manchettes qui se cousoient au bout des manches du pourpoint. Pour les femmes mêmes, la manche longue devint ainsi une marque de piété ou de deuil.
[338] La mère du marquis de Biran étoit Charlotte-Marie de Daillon, fille de Timoléon de Daillon, comte du Lude. Elle mourut à vingt et un ans, le 15 décembre 1657. (Voy. ci-dessus, t. 2, p. 425.)
[339] Les chiens de Boulogne, comme les chiens d'Artois, les bichons, les barbets, les chiens de Barbarie, étoient des chiens de chambre ou de manchon. Le chien de Boulogne venoit d'Italie, de Bologne, que l'on prononçoit Boulogne, comme Tolose se prononçoit Toulouse; Rome, Roume; homme, houme, etc. A Bologne, dit-on, on les empêchoit de croître en les frottant, pendant les jours qui suivoient leur naissance, à toutes les jointures du corps, avec de l'esprit de vin. La vogue des chiens de Bologne avoit succédé à la mode des doguins, qui avoient, de même, le nez camus.
[340] C'est ce marquis de Biran, devenu duc de Roquelaure, qui est le héros du Momus françois, recueil de contes et de mots d'un goût plus ou moins équivoque, publié en 1718, in-12.
[341] On se rappelle les reproches faits à Louis XIV par madame de Montespan. Louis XIII, dit Tallemant, pensant faire le bon compagnon, disoit: «Je tiens de mon père, moi; je sens le gousset.» Et quant à Henri IV, madame de Verneuil ne craignit pas de lui dire un jour que bien lui prenoit d'être roi; que sans cela on ne le pourroit souffrir, et qu'il puoit comme charogne. A ce compte-là, le baron de Fæneste étoit noble comme le Roi.
[342] Le juste-au-corps étoit une partie de l'habillement, sorte de veste qui tomboit jusqu'aux genoux, serrant le corps et montrant la taille. Le juste-au-corps, autrefois uniquement réservé aux gens de guerre, étoit alors à la mode dans toutes les classes, et on le portoit en drap, en velours, etc.
[344] Le duc d'Enghien, fils du grand Condé, connu sous le nom de M. le prince Henri-Jules, étoit né le 29 juillet 1643.
[345] Le prince Henri-Jules épousa, le 11 décembre 1663, Anne de Bavière, fille d'Edouard de Bavière, prince palatin du Rhin, et d'Anne de Gonzague, laquelle étoit sœur de la reine de Pologne et fut adoptée par le Roi son beau-frère.
[346] Voy., sur le grand Condé, une note importante de M. Boiteau dans cet ouvrage, t. 1, p. 198.
[347] La comédie de l'Inconnu, par Thomas Corneille, est de l'année 1675. Le titre porte qu'elle est «mêlée d'ornements et de musique». Dans son Avis au lecteur, l'auteur dit: «Dans le sujet de l'Inconnu vous ne trouverez point ces grandes intrigues qui ont accoutumé de faire le nœud des comédies de cette nature, parce que les ornements qu'on m'a prêtés, demandant beaucoup de temps, n'ont pu souffrir que j'aie poussé ce sujet dans toute son étendue.»—D'après l'indication fournie par le pamphlet que nous annotons, le marquis de la pièce, toujours occupé à faire de galantes surprises à la comtesse, ne seroit autre que le duc d'Enghien.
[348] Le maréchal de Grancey.
[349] Philippe de France, duc d'Orléans, frère de Louis XIV, né le 22 septembre 1640. Il étoit veuf alors de madame Henriette, dont il a été tant parlé dans le second volume de cet ouvrage. (Voy. ci-dessus, p. 239, et lisez duc d'Orléans, et non duc d'Anjou.)
[350] Elisabeth de Grancey, dame d'atours de Marie-Louise d'Orléans, reine d'Espagne. Elle mourut en 1711 (26 novembre), à l'âge de cinquante-huit ans, sans avoir été mariée. Toute la famille de Grancey avoit une grande influence chez le duc d'Orléans, et l'illusion que se faisoit le maréchal avoit bien son excuse. Ainsi Hardouin de Grancey, docteur de Sorbonne, abbé de Rebec, de Beaugency, de Reuilly et de Saint-Benoît sur Loire, fut premier aumônier de Monsieur; et la comtesse de Maré fut, après la mort de sa mère, gouvernante de Mademoiselle, depuis duchesse de Lorraine, et des princesses filles du duc d'Orléans.
[351] Les charges étoient très multipliées chez le Roi et chez le duc d'Orléans, et nombre d'officiers y servoient par quartier, c'est-à-dire par trimestre.
[352] Voy. dans ce volume, p. 230 et 234.
[353] C'est-à-dire: à l'enseigne de l'Alliance. Avant l'usage de numéroter les maisons, on les désignoit et on les reconnoissoit par leurs enseignes, enseignes parlantes généralement, formées de sujets allégoriques ou autres, taillés dans la pierre, incrustés dans la façade des maisons, ou peints et formant tableaux.
[354] Le béat, c'est le saint qui n'est pas encore canonisé.
[355] Voy. t. 2, p. 429.
[356] Il n'étoit pas rare qu'un créancier fît arrêter le carrosse même d'un grand seigneur. Segrais raconte, entre autres vicissitudes du comte d'Elbène, qu'un créancier étant parvenu à l'attirer jusque dans la rue à la suite d'une visite qu'il lui avoit faite, osa, de son autorité privée, le faire saisir par quatre hommes, jeter dans un carrosse de louage, et conduire, de son chef, dans une prison, où le comte resta trois jours.
[357] Nous écrivons autrement le nom de cette ville, appelée aujourd'hui La Ferté-sous-Jouarre.
[358] L'intendant des troupes étoit chargé de veiller à l'approvisionnement des objets nécessaires à l'armée. Dangeau (Journal, t. 1, p. 314, à la date du 22 mars 1686) parle de M. de La Grange, intendant d'Alsace.
[359] M. Jacques Sallé, précédemment auditeur des comptes, fut nommé maître des comptes en 1674. Il servoit, comme M. Ladvocat, non le maître des requêtes, mais le maître des comptes, pendant le semestre d'hiver.
[360] Le duc de Roquelaure mourut le 11 mars 1683. Cf. t. 1, p. 163.
[361] Voy. t. 2, p. 426, 448.
[362] Le duc du Lude étoit, comme Roquelaure, un duc à brevet. Ses lettres de duché-pairie furent commandées le 31 juillet 1675. Il mourut en septembre 1685.
[363] L'Etat de la France pour 1669 indique comme trésorier général des maison et finances de Monsieur, duc d'Orléans, aux gages de 4,800 livres par an, M. Joachim Seiglière, sieur de Boisfranc. Sa fille, Marie-Magdeleine-Louise de Seiglière de Boisfranc, née en 1664, épousa, le 15 juin 1690, Bernard-François Potier, duc de Gèvres, et mourut le 3 avril 1702.—Madame de Caylus, dans ses Souvenirs, assure que M. de Roquelaure avoit pensé à l'épouser elle-même. (Edit. Michaud, Paris, Didier, p. 494.)
[364] La succession du duc du Lude devoit en effet revenir à Roquelaure, puisque le duc n'avoit eu d'enfants ni de sa première femme, Eléonore de Bouillé, ni de la seconde, Marguerite-Louise de Béthune, veuve du comte de Guiche.
[365] Dans les éclaircissements dont il a fait suivre le second volume de ses Mémoires sur madame de Sévigné, M. Walckenaër a donné, sur l'usage qu'on avoit de visiter les jeunes mariés le lendemain de leurs noces, une longue et très curieuse note, à laquelle nous renvoyons le lecteur. (Voy. son ouvrage, t. 2, p. 390-392.)
[366] Charles-Maurice Le Tellier, archevêque et duc de Reims, maître de la chapelle de musique du Roi, intermédiaire de Sa Majesté vis-à-vis des gens de lettres et des artistes depuis la mort de Colbert, étoit frère du marquis de Louvois. Né en 1642, il mourut le 22 février 1710. (Voy., dans cette collection, les notes de M. Ed. Fournier sur un pamphlet, le Cochon mitré, qui attaque le galant archevêque.—Variétés historiques, t. 6, p. 209.)
[367] On prétend que ce nom de petits-maîtres commença à s'établir en France lorsque le duc de Mazarin, fils du maréchal de La Meilleraie, fut reçu grand-maître de l'artillerie en survivance de son père: on appela petits-maîtres les jeunes seigneurs de son âge. On donna ensuite ce nom aux jeunes gens qui prétendoient briller plus que les autres; et Saint-Evremont nous montre déjà cette qualification tombée dans le discrédit parce qu'on l'appliquoit à la bourgeoisie.
[368] «M. De Termes étoit de la même maison que M. de Montespan et n'avoit de noble que de la naissance et de la valeur. Il étoit pauvre, et si bas qu'il fit l'impossible pour être premier valet de chambre du Roi.» (Saint-Simon, Comment. sur le Journal de Dangeau, t. 1, p. 81.)—M. de Montespan ne tenoit à l'illustre maison de Saint-Lary, d'où le duc de Bellegarde et son frère le marquis de Termes, que par les femmes. La sœur du duc de Bellegarde avoit en effet épousé le bisaïeul du marquis de Montespan, dont la femme fut aimée de Louis XIV, et l'aïeul du marquis épousa aussi une Saint-Lary.
[369] Louise Marie Foucault, fille du maréchal de ce nom, étoit veuve, depuis le 2 déc. 1672, de Michel II de Castelnau, fils lui-même d'un maréchal de France. La marquise avoit aimé, paroît-il, le duc de Longueville, qui se moquoit d'elle. Quand il mourut, madame de Castelnau apprit vite les vrais sentiments du duc, et, le 8 juillet 1672, madame de Sévigné écrivoit: «La Castelnau est consolée.»
[370] Nombre de gentilshommes en province se mêloient de fabriquer de la monnoie: on a vu que le père de madame de Maintenon avoit été accusé de ce crime. Les Grands jours d'Auvergne, par Fléchier, donnent des renseignements curieux sur ce sujet.
[371] Voy. la note 368 ci-dessus, p. 465.
[372] Louis Robert, président en la Cour des Comptes depuis 1679. Il avoit été d'abord intendant en Flandres.
[373] Les mémoires de la Fare ne parlent pas autrement: «Ce qui donna l'idée de ce crime, qui étoit alors fort commun en France, fut l'affaire de madame de Brinvilliers, fille du lieutenant-civil d'Aubray.» Nous ne rappellerons pas les scandaleuses affaires de ce temps, portées à la trop fameuse chambre des poisons, etc.
[374] Nous avons déjà vu ce mot employé plus haut.
[375] Maintenon. (Note du texte.)
[376] Montespan. (Id.)
[377] Fille de madame de Montespan et du Roi. (Ibid.)—Elle épousa le duc de Bourbon.
[378] Petit-fils du prince de Condé. (Ibid.)
[379] C'étoit le duc du Maine.
[380] Sur les dames en général. (Ibid.)
[381] D'Olonne, Meklebourg, de Fiesque. (Ibid.)
[382] Marie Anne de Bourbon, fille de Louis XIV et de mademoiselle de La Vallière, mariée, le 16 janvier 1680, à Louis Armand de Bourbon, prince de Conti. Voy. ci-dessous.
[383] Le prince Henri-Jules, fils du grand Condé. Nous avons déjà rencontré son nom.
[384] Louis Armand de Bourbon, prince de Conti, né le 4 avril 1661, fils d'Armand de Bourbon, prince de Conti, et d'Anne Marie Martinozzi.—Il mourut le 9 nov. 1685.—Voy. la note 382, ci-dessus.
[385] François-Louis de Bourbon, prince de la Roche sur Yon, frère d'Armand de Bourbon, prince de Conti, naquit le 30 avril 1664. Il devint lui-même prince de Conti, en nov. 1685, après la mort de son aîné, et épousa sa cousine, fille du prince Henri-Jules et petite-fille du grand Condé.
Le prince de Conti et le prince de la Roche sur Yon firent en 1685 la campagne de Hongrie. On connoît les emportements du Roi à leur égard.
[386] Le bâton n'étoit pas seulement l'arme des vengeances quand il s'agissoit de châtier un poëte ou quelque bourgeois. Les gentilshommes ne se l'épargnoient pas. Ainsi le cardinal de Sourdis fut bâtonné par le duc d'Epernon, et il eut l'honneur, dit Tallemant, d'être le prélat le plus battu de France. Le comte de Bautru passa aussi par le bois, ce qui fournit un bon mot à sa verve intarissable.—Dans la hiérarchie des offenses dont connoissoit le tribunal des maréchaux de France, la bastonnade venoit entre le démenti et le soufflet.—Le traitement dont fut l'objet le marquis de Termes n'a donc rien d'étonnant. Dangeau, à la date du 17 déc., assez près de Noël, comme on voit, 1686, confirme le rapport de notre texte, et Saint-Simon, dans son commentaire, entre, sur ce fait, dans d'assez longs détails. (Journal de Dangeau, I, 81.)
[387] Le Journal de Dangeau, et surtout le commentaire de Saint-Simon, font bien connoître le ménage du duc de Ventadour: «Madame de Ventadour étoit fort belle et fort agréable, son mari très laid et très contrefait. Ils étoient très mal ensemble, et les choses étoient allées souvent fort loin... On se soucioit peu du mari, dont la débauche et une absence continuelle de la cour ne lui donnoient pas grande considération.....» (Journal de Dangeau, t. 23.)
[388] La démoralisation même des classes élevées étoit alors arrivée à un point que les pamphlets ne sont pas seuls à signaler. Le jeu, dont la mode, ou plutôt la fureur, avoit été apportée d'Italie, étoit une des principales causes de cette corruption incroyable. On,—je dis les gens qui sembloient devoir être le moins susceptibles de succomber à la tentation,—on ne se faisoit aucun scrupule d'aider un peu ou de corriger la fortune. L'abus ne cessa pas entre Mazarin et la marquise de Parolignac, un des personnages de Candide.
[389] Le jeu de la bête ou de l'homme étoit un jeu où le perdant payoit, non sa mise, mais celle de tous les joueurs.
[390] Nous rappelons que la demoiselle étoit la bourgeoise mariée ou la fille noble.—Une des premières règles du tribunal des maréchaux de France étoit celle-ci: «Il ne suffit pas que l'une des parties soit justiciable du tribunal pour le rendre compétent: elles doivent l'être toutes les deux.» Or, le tribunal ne jugeoit que les nobles. «Les femmes ou les veuves des gentilshommes, des militaires ou des nobles, ont toujours eu le droit de recourir à la justice de MM. les maréchaux de France pour obtenir des réparations.» (De Beaufort, Recueil concernant le tribunal de Nosseigneurs les maréchaux de France. Paris, 1785, 2 vol. in-8, t. I, p. 72 et p. 73.).
[391] Les maréchaux de France étoient compétents dans les affaires relatives aux «billets ou promesses stipulées d'honneur, lorsque les deux parties sont gentilshommes, militaires ou nobles.» (Ibid. p. 80.) Ce débat étoit d'autant plus fâcheux pour le duc de Ventadour qu'il y avoit eu déjà une affaire entre le duc d'Aumont et lui devant le tribunal des maréchaux.
[392] Voy. ci-dessus, p. 440, note 356.
[393] Voy. t. 2, p. 429.
[394] Le duc d'Aumont, sa femme, son fils et l'archevêque de Reims se trouvent face à face dans ce curieux passage de Dangeau: «M. de Villequier obtint de M. le duc d'Aumont, son père, la permission de le voir, et on le présenta ensuite à la duchesse d'Aumont, sa belle-mère. Il avoit été raccommodé quelques jours auparavant avec son oncle l'archevêque de Reims, et ce fut lui qui le présenta à M. et madame d'Aumont.»—En rapportant et rapprochant toutes ces circonstances, Dangeau donne une singulière portée à ces lignes qui paroissent d'abord si inoffensives.
[395] Le prince de Turenne, dont madame de Sévigné disoit: «Comment vous fait ce nom?» et: «C'est pour dégrader ce nom que je ne dis pas monsieur de Turenne tout court.» (Lett. du 21 déc. 1689 et du 8 janv. 1690.)—Le prince de Turenne étoit fils du duc de Bouillon et de Marie Anne Mancini. Marié, le 21 fév. 1691, avec Anne Geneviève de Lévis-Ventadour, fille du duc de Ventadour et de sa femme, trop connue par ce pamphlet, le prince de Turenne mourut, le 5 août 1692, des suites d'une blessure reçue à Steinkerque.—Voy. ci-dessus, p. 194.
[396] Godefroy-Maurice de La Tour, duc de Bouillon, neveu du grand Turenne.
[397] De tous les grands officiers de la maison du Roi, le grand chambellan est celui qui approchoit le plus de S. M.—Dans les lits de justice, le grand chambellan avoit sa place aux pieds du Roi, sur un carreau de velours violet, semé de fleurs de lys d'or; aux audiences des ambassadeurs, il avoit sa place derrière le fauteuil du Roi, entre le premier gentilhomme de la chambre et le maître de la garde-robe; le jour du sacre, il recevoit des mains de l'abbé de Saint-Denis les bottines du Roi et les lui chaussoit; il lui vêtoit la dalmatique bleue et le manteau royal. «Quand le roy s'habille, il luy donne sa chemise, et ne cède cet honneur qu'aux enfants de France et au premier prince du sang. Lorsque le Roy déjeune ou qu'il mange dans sa chambre, c'est à luy ou aux premiers gentilshommes de la chambre à qui il appartient de le servir et luy donner la serviette. Le garçon de la chambre ou le porte-chaise porte aussi au sermon un siége de la chambre du Roi pour le grand chambellan.» (Etat de la France.)
[398] Ce fait, rapporté par Dangeau, est confirmé par Saint-Simon.—Dangeau: «Jeudi 30 nov. 1684... Après le petit coucher, le Roi appela M. de Turenne et lui fit une forte réprimande sur ce qu'il le servoit peu respectueusement.»—Saint-Simon: «M. de Turenne, fils aîné de M. de Bouillon et grand chambellan en survivance, profita mal de cette correction et se fit enfin exiler. Un matin, en donnant la chemise au Roi, il ne se donna pas la peine d'ôter des gants à frange, de laquelle il donna par le nez au Roi fort rudement, qui le trouva aussi mauvais qu'il est possible de le croire.»—Journal de Dangeau, t. I, p. 75.
[399] Son père étoit le duc de Bouillon; Turenne étoit l'oncle de celui-ci, grand-oncle par conséquent du jeune prince.
[400] Henri de Lorraine, comte de Briosne, fils de Louis de Lorraine, comte d'Armagnac, et de Catherine de Neufville, fille du maréchal de Villeroi, né le 15 nov. 1661, grand écuyer en survivance depuis le 25 fév. 1677.
[401] Louis de Lorraine, comte d'Armagnac, gouverneur de la province d'Anjou et des châteaux d'Angers et des Ponts-de-Cé, étoit né en 1641. De son mariage avec mademoiselle de Villeroy il eut neuf enfants, une fille, entre autres, mariée au duc de Cadaval, Portugais, et une autre mariée au duc de Valentinois.
[402] Charles François Frédéric de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry, né le 28 février 1662, étoit fils de François Henri de Montmorency et de Madeleine Claire de Clermont-Luxembourg. Le prince de Tingry épousa le 28 août 1686 Marie Thérèse d'Albert, fille aînée du duc de Chevreuse. Il mourut jeune, et son plus jeune frère, connu jusque-là sous le nom de chevalier de Luxembourg, et né en 1675, prit le titre de prince de Tingry, bien que son aîné eut laissé un fils.
[403] On voit à chaque instant de ces sortes de parties de plaisir improvisées. Tantôt des jeunes gens apprennent qu'un bal se donne quelque part, et ils entrent en passant, sans frais de toilette; tantôt, surtout en temps de carnaval, on se masque, on se déguise, et l'on va, par bandes, sans y être invités, dans toutes les maisons où l'on sait qu'il y a bal.
[404] M. le Grand, c'est le grand écuyer; on disoit de même M. le Premier pour le premier écuyer de la petite écurie.
[405] Ici, dans certaines éditions, est intercalé un long passage que nous avons donné nous-même, d'après les textes les plus anciens, dans notre second volume, p. 421-454.
[406] Ici commence, dans l'édition de 1754, un nouveau pamphlet, sous le titre de: Amours de monseigneur le Dauphin avec la comtesse du Roure.—Nous en avons donné un autre texte (p. 185).
[407] Dans le noël cité plus haut.—Cf. ci-dessus le pamphlet des Amours du Dauphin.
[408] L'édition de 1754 intercale ici un passage qui fait le début de notre texte.
[409] La phrase qui précède ne se trouve que dans cette édition.
[410] Ici recommence, dans l'édition de 1754, le texte des Amours du Dauphin, différent de celui que nous avons donné ci-dessus.
[411] Sur ces premiers amours du Dauphin, voyez les souvenirs de madame de Caylus, édit. Michaud (Paris, Didier), p. 496;—Journal de Dangeau, texte et notes, pp. 327, 336, 428, 437, etc., etc.
[412] Entre les divers passages de Dangeau, commenté par Saint-Simon, que nous venons de citer, celui-ci nous a paru d'un intérêt particulier pour le pamphlet que nous annotons: «Monseigneur étoit amoureux de madame de Polignac, et cela avoit hâté son mariage. Elle étoit mademoiselle de Rambures, fille de madame la Dauphine, robine plaisante, bien de l'esprit et point du tout bonne. Cela dura toujours avec Monseigneur, jusqu'à ce qu'il découvrît que le marquis de Créqui, qui étoit dans cette intrigue, étoit pour le moins aussi bien traité que lui; c'est ce qui fit l'éclat. Ils furent chassés, et madame de Polignac n'est pas revenue à la Cour depuis, seulement à la fin de sa vie, des moments, se montrer une fois ou deux l'année. Elle n'en fut pas moins galante, sans que son mari le trouvât mauvais. Elle joua tant qu'elle se ruina, et s'en alla en Auvergne, où elle mourut assez étrangement, ce dit-on, et fort lasse de vivre.» (Comment. de Saint-Simon sur le Journal de Dangeau. T. I, p. 428.)
[413] François Joseph, marquis de Créqui, étoit fils du maréchal de Créqui et de Catherine de Rougé, laquelle étoit fille de ce Du Plessis Bellière dont la femme, Suzanne de Bruc, fut si compromise dans l'affaire de Fouquet; né en 1662, le marquis de Créqui fut tué au combat de Luzzara, en Italie, le 13 août 1702. Il ne laissa que des filles, qui moururent sans avoir été mariées.
[414] Le marquis de Créqui épousa, à la date du 4 février 1683, Anne Charlotte d'Aumont, fille du duc d'Aumont et de sa première femme.—Voy. ci-dessus.
[415] Epier, surveiller secrètement. Furetière donne comme exemple du mot éclairer dans ce sens: «Les princes sont plus esclairez que les autres hommes.»
[416] L'hôtel de Longueville, voisin de l'hôtel de Rambouillet et de l'enclos des Quinze-Vingts, étoit situé dans la rue Saint-Thomas du Louvre. Il avoit porté successivement, d'après ses propriétaires, les noms d'hôtel de la Vieuville, de Luynes, de Chevreuse, et enfin d'Epernon. Bâti par Metezeau, décoré par Mignard, l'hôtel de Longueville finit par devenir, en 1749, un magasin de tabacs.
[417] L'hôtel de Créqui étoit dans la rue des Poulies. Il fut bâti pour Charles de Créqui, l'année où celui-ci fut fait maréchal de France, en 1622.
[418] François de Créqui, maréchal de France, arrière-petit-fils du premier maréchal de Créqui, nommé dans la note précédente. François, maréchal de Créqui, mourut le 4 fév. 1687.
[419] On lit à ce sujet dans le Journal de Dangeau, sous la date du mercredi 22 mai 1686: «Je sus que M. l'archevesque de Reims avoit fait sortir de chez lui le marquis et la marquise de Créqui, sa nièce, qu'il y avoit fait loger avec tous leurs domestiques et leurs chevaux, qu'il nourrissoit. La marquise s'est retirée chez le maréchal de Créqui, qui l'a très bien reçue, et qui l'emmènera à Nancy.» (T. I, p. 338.)
[420] Voy. la note précédente.—Dangeau, à la date du 1er mars 1686, parle ainsi de ces mariages: «Madame de Polignac, qui avoit un décret de prise de corps contre elle depuis long temps, avoit cru pouvoir demeurer à Paris en sûreté et qu'on ne songeoit plus à ces affaires-là. Elle y est donc venue, et a fait proposer des mariages pour son fils; d'un côté elle a fait parler au comte de Grammont pour sa fille aînée, et de l'autre aux parents de mademoiselle de Rambures. Il y a eu des pourparlers sur tout cela, qui ont fait savoir au Roi que madame de Polignac étoit dans Paris, et on lui a envoyé ordre d'en sortir et de se retirer chez elle.»—On voit que notre pamphlet, qui parle de la répugnance qu'avoit la marquise de Polignac à marier son fils avec mademoiselle de Rambures, est dans l'erreur, puisque madame de Polignac fit elle-même toutes les démarches nécessaires au mariage.
[421] Charlotte Bautru, fille de Nicolas Bautru, comte de Nogent, et de Marie Coulon, fille d'un conseiller au Parlement. Mariée d'abord au marquis de Rannes, et devenue veuve, elle épousa Jean Baptiste Armand de Rohan, prince de Montauban, deuxième fils de Charles de Rohan, duc de Montbazon, comte de Rochefort et de Montauban, et de Jeanne Armande de Schomberg.
[422] Nicolas d'Argouges, marquis de Rannes, colonel-général des dragons et lieutenant général des armées du Roi.
[423] Scandalisée, c'est-à-dire donnée en scandale, déchirée, perdue de réputation.
[424] Charles de Rohan, prince de Guéméné, duc de Montbazon, dit le prince de Montauban, étoit fils aîné de Charles de Rohan, duc de Montbazon, et de Jeanne Armande de Schomberg. Son fils, archevêque-duc de Reims, eut l'honneur de sacrer le Roi Louis XV.
[425] Le duc de Montbazon, père du prince de Guéméné et du prince de Montauban, dont nous avons parlé dans les notes précédentes, étoit fils de Louis de Rohan VII, prince de Guéméné, grand veneur de France, mort le 19 fév. 1667, et de sa cousine germaine, Anne de Rohan, princesse de Guéméné. Le duc de Montbazon mourut fou et enfermé, à Liége. (Saint-Simon, Comment. sur Dangeau, t. I, p. 136.)
[426] Voy. la note précédente.
[427] Var., édit. 1754: «Avant que de parler du bonheur qu'il eut d'avoir sa femme.»
[428] Voy. les notes 424 et 425, à la page précédente.
[429] Louis, chevalier de Rohan, frère du duc de Montbazon le fou, avoit été reçu en 1656 grand veneur, en survivance de son père; celui-ci étant mort en 1667, le chevalier de Rohan exerça sa charge jusqu'en 1670, qu'il s'en démit en faveur de Maximilien de Belleforière, marquis de Soyecourt. On connoît sa trahison: il fut décapité le 27 nov. 1674.
[430] Journal de Dangeau: «Mercredi, 14 mars 1685: Madame la princesse de Guéméné mourut à Rochefort; elle laisse 200,000 liv. de rentes en fonds de terre; elle est morte à 80 ans passés.» Saint-Simon ajoute: «Cette princesse est la belle-sœur de la célèbre madame de Chevreuse... Elle avoit beaucoup d'esprit, de beauté et d'agrément, dont tout usage lui étoit bon (à son mari) pourvu qu'il y trouvât profit, considération et grandeur.» (Journal de Dangeau, t. I, p. 135-136.)
[431] Cette campagne, qui est de 1667, coïncide avec la date de la mort du prince de Guéméné, le grand veneur, dont le duc de Montbazon se montra si mécontent de n'avoir pas la survivance.
[432] «Vendredi 13 déc. 1686: «On croit que le marquis de Créqui ira voyager, et que la Cour a conseillé à son père de lui faire prendre ce parti-là. On dit aussi que madame de Polignac ne paraîtra pas sitôt à la Cour. Monseigneur lui a fait dire par.... qu'il ne vouloit plus avoir de commerce avec elle.» (Journal de Dangeau, I, 428.).
[433] Voy. la note précédente, et ajoutez ce qui suit: «Le Roi dit au duc d'Aumont que son gendre, le marquis de Créqui, avoit envie de lui déplaire, puisqu'il demeuroit toujours ici, quoiqu'il lui eût fait conseiller par sa famille de s'absenter. Ainsi, apparemment, il partira demain.» (Journal de Dangeau, t. I, p. 437.)—Les Mémoires du Marquis de Sourches ajoutent quelques détails: «Le Roi fit voir à Monseigneur les lettres qu'on avoit trouvées dans la cassette, dans lesquelles le marquis de Créqui et cette dame (madame de Polignac) ne le traitoient pas avec tout le respect qu'ils devoient, ce qui ayant achevé d'aliéner son esprit contre cette dame, il consentit sans peine que le Roi exilât le marquis hors du royaume..... Le maréchal de Créqui fit tous ses efforts pour obtenir le pardon de son fils, mais le Roi demeura ferme dans sa résolution, et toute la grâce qu'il lui accorda fut de trouver bon que le marquis vînt prendre congé de lui publiquement, comme pour s'en aller voyager en Italie.» (Mémoires, t. II, pp. 229-233.)
[434] L'édition de 1754 continue ce pamphlet, sous le titre de: Amours de Monseigneur le Dauphin avec la comtesse Du Roure, et son texte, presque entièrement différent de celui que nous avons donné, tantôt supprime, tantôt y ajoute de longs passages.
FIN DU TROISIÈME VOLUME.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
| Pages. | |
| Préface. | v |
| Le Passe-Temps royal ou les Amours de Mlle de Fontanges. |
3 |
| Suite de la France galante ou Les derniers déréglements de la Cour. |
|
| Avertissement du Libraire au Lecteur. | 61 |
| Suite de la France galante ou Les derniers déréglements de la Cour. |
65 |
| Le Divorce royal ou Guerre civile dans la famille du grand Alcandre. |
157 |
| Les Amours de Monseigneur le Dauphin avec la comtesse du Roure. | 185 |
| Les vieilles Amoureuses. | |
| Avis du Libraire au Lecteur. | 207 |
| Les vieilles Amoureuses. | 209 |
| Histoire de la maréchale de La Ferté. | 279 |
| La France devenue italienne avec les autres désordres de la Cour. |
345 |
FIN DE LA TABLE.