Histoire de France - Moyen Âge; (Vol. 2 / 10)
107—page 321 et note 1—Innocent III...
«Fuit... matre Claricia, de nobilibus urbis, exercitatus in cantilena et psalmodia, statura mediocris et decorus aspectu.» Gesta Innoc. III (Baluze, folo), I, p. 1, 2.—Erfurt Chronic. S. Petrin. (1215): «Nec similem sui scientia, facundia, decretorum et legum peritia, strenuitate judiciorum, nec adhuc visus est habere sequentem.»
108—page 324—Les évêques devaient être nommés, déposés par le pape, etc...
Décretal. Greg., 1. II, til. 28, c. XI (Alex. III): «De appellationibus pro causis minimis interpositis volumus te tenere, quod eis, pro quacumque levi causa fiant, non minus est, quam si pro majoribus fierent, deferendum.»
Le pape défaisait les rois et faisait les saints...
Decr. Greg., 1. III, tit, 45. c. I (Alex. III): «... Etiamsi per eum miracula plurima fierent, non liceret vobis ipsum pro Sancto, absque auctoritate romanæ ecclesiæ publice venerari.»—Conc. Lat. IV, c. LXII: «Reliquias inventas de novo nemo publice venerari præsumat, nisi prius auctoritate romani pontificis fuerint approbatæ.»—Innocent III en vint à dire (l. II, ep. 209): «Dominus Petro non solum universam ecclesiam, sed totum reliquit seculum gubernandum.»
109—page 329—Zenghi et son fils Nurheddin, deux saints de l'islamisme...
Extraits des histor. arabes, par M. Keinaud (Bibl. des Croisades, III, 242): «Lorsque Noureddin priait dans le temple, ses sujets croyaient voir un sanctuaire dans un autre sanctuaire.»—Il consacrait à la prière un temps considérable, il se levait au milieu de la nuit, faisait son ablution et priait jusqu'au jour.»-Dans une bataille, voyant les siens plier, il se découvrit la tête, se prosterna et dit tout haut: «Mon Seigneur et mon Dieu, mon souverain maître, je suis Mahmoud, ton serviteur; ne l'abandonne pas. En prenant sa défense, c'est ta religion que tu défends. Il ne cessa de s'humilier, de pleurer, de se rouler à terre, jusqu'à ce que Dieu lui eût accordé la victoire.»—Il faisait pénitence pour les désordres auxquels on se livrait dans son camp, se revêtant d'un habit grossier, couchant sur la dure, s'abstenant de tout plaisir, et écrivant de tous côtés aux gens pieux pour réclamer leurs prières. Il bâtit beaucoup de mosquées, de khans, d'hôpitaux, etc. Jamais il ne voulut lever de contributions sur les maisons des sophis, des gens de loi, des lecteurs de l'Alcoran. «Son plaisir était de causer avec les chefs des moines, les docteurs de la loi, les Oulamas; il les embrassait, les faisait asseoir à ses côtés sur son sopha, et l'entretien roulait sur quelque matière de religion. Aussi les dévots accouraient auprès de lui des pays les plus éloignés. Ce fut au point que les émirs en devinrent jaloux.»—Les historiens arabes, ainsi que Guillaume de Tyr, le peignent comme très rusé.
Les esprits forts ou philosophes furent poursuivis avec acharnement...
Bibliothèque des Croisades, p. 370.—On accusait Kilig Arslan d'avoir embrassé cette secte. Noureddin lui fit renouveler sa profession de foi à l'islamisme. «Qu'à cela ne tienne, dit Kilig Arslan; je vois bien que Noureddin en veut surtout aux mécréants.»
Page 330—Nuhreddin était un légiste...
Hist. des Atabeks, ibid. Il avait étudié le droit, suivant la doctrine d'Abou-Hanifa, un des plus célèbres jurisconsultes musulmans; il disait toujours: Nous sommes les ministres de la loi, notre devoir est d'en maintenir l'exécution; et quand il avait quelque affaire, il plaidait lui-même devant le cadi.—Le premier il institua une cour de justice, défendit la torture, et y substitua la preuve testimoniale.—Saladin se plaint dans une lettre à Noureddin de la douceur de ses lois. Cependant il dit ailleurs: «Tout ce que nous avons appris en fait de justice, c'est de lui que nous le tenons.»—Saladin lui-même employait son loisir à rendre la justice; on le surnomma le Restaurateur de la justice sur la terre.
Page 330—Salaheddin, etc...
La générosité de Saladin à l'égard des chrétiens est célébrée avec plus d'éclat par les historiens latins, et principalement par le continuateur de G. de Tyr, que par les historiens arabes: on trouve dans ceux-ci quelques passages, obscurs à la vérité, mais qui indiquent que les musulmans avaient vu avec peine les sentiments généreux du sultan. Michaud, Hist. des Croisades, II, 346.
110—page 344—En vain Simon de Montfort et plusieurs autres se séparèrent des croisés...
Guy de Montfort, son frère, Simon de Néauphle, l'abbé de Vaux-Cernay, etc. Villehardouin, p. 171.—À Corfou, un grand nombre de croisés résolurent de rester dans cette île «riche et plenteuroise». Quand les chefs de l'armée en eurent avis, ils résolurent de les en détourner. «Alons à els et lor crions merci, que il aient por Dieu pitié d'els et de nos, et que il ne se honissent, et que il ne toillent la rescousse d'oltremer. Ensi fu li conseils accordez, et allèrent toz ensemble en une vallée où cil tenoient lor parlemenz, et menèrent avec als le fils l'empereor de Constantinople, et toz les evesques et toz les abbez de l'ost. Et cùm il vindrent là, si descendirent à pié. Et cil cùm il les virent, si descendirent de lor chevaus, et allèrent encontre, et li baron lor cheirent as piez, mult plorant, et distrent que il ne se moveroient tresque cil aroient créancé que il ne se mouroient d'els (avant qu'ils n'eussent promis de ne pas les abandonner). Et quant cil virent ce, si orent mult grant pitié, et plorèrent mult durement.» Ibid., p. 173-177. Lorsque ceux de Zara vinrent proposer à Dandolo de rendre la place: «Endementières (tandis) que il alla parler as contes et as barons, icèle partie dont vos avez oi arrières, qui voloit l'ost depecier, parlèrent as messages, et distrent lor: Pourquoy volez vos rendre vostre cité, etc.» Ces manœuvres firent rompre la capitulation.—Dans Zara, il y eut un combat entre les Vénitiens et les Français.
111—page 363—Dans le Midi, dédaigneuse opulence...
«Les princes et les seigneurs provençaux qui s'étaient rendus en grand nombre pendant l'été au château de Beaucaire, y célébrèrent diverses fêtes. Le roi d'Angleterre avait indiqué cette assemblée pour y négocier la réconciliation de Raymond, duc de Narbonne, avec Alphonse, roi d'Aragon; mais les deux rois ne s'y trouvèrent pas, pour certaines raisons; en sorte que tout cet appareil ne servit à rien. Le comte de Toulouse y donna cent mille sols à Raymond d'Agout, chevalier, qui, étant fort libéral, les distribua aussitôt à environ dix mille chevaliers qui assistèrent à cette cour. Bertrand Raimbaud fit labourer tous les environs du château, et y fit semer jusques à trente mille sols en deniers. On rapporte que Guillaume Gros de Martel, qui avait trois cents chevaliers à sa suite, fit apprêter tous les mets dans sa cuisine avec des flambeaux de cire. La comtesse d'Urgel y envoya une couronne estimée quarante mille sols. Raimand de Venous fit brûler, par ostentation, trente de ses chevaux devant toute l'assemblée.» Histoire du Languedoc, t. III, p. 37.—(D'après Gaufrid. Vos., p. 321.)
112—page 363—Cluny eut bientôt besoin d'une réforme...
Dans une Apologie adressée à Guillaume de Saint-Thierry, saint Bernard, tout en se justifiant du reproche qu'on lui avait fait d'être le détracteur de Cluny, censure pourtant vivement les mœurs de cet ordre (édit. Mabillon, t. IV, p. 33, sqq.), c. X: «Mentior, si non vidi abbalem sexaginta equos et eo amplius in suo ducere comilatu.» c. XI: «Omitto oratoriorum immensas altitudines..... etc.»
Cîteaux s'éleva à côté de Cluny, etc...
Ceux de Cluny répondaient aux attaques de Cîteaux: «Ô, ô, Pharisæorum novura genus!...vos sancti, vos singulares...unde et habitum insoliti coloris prætenditis, et ad distinctionem cunctorum totius fere mundi monachorum, inter nigros vos candidos ostentatis.»
113—page 367—Innocent III avait écrit aux princes des paroles de ruine et de sang...
Innocent III écrit à Guillaume, comte de Forcalquier, une lettre, sans salut, pour l'exhorter à se croiser: «Si ad actus tuos Dominus hactenus secundum meritorum tuorum exigentiam respexisset, posuisset te ut rotam et sicut stipulam ante faciem venti, quinimo multiplicasset fulgura, ut iniquitatem tuam de superficie terræ deleret, et justus lavaret munus suas in sanguine peccatoris. Nos etiam et prædecessores nostri... non solum in te (sicut fecimus) anathematis curassemus sententiam promulgare, imo etiam universos fildelium populos in tuum excidium armassemus.» Epist. Inn. III, t. I, p. 239, anno 1198.
114—page 368—Raymond VI, comte de Toulouse...
Nous citons le fragment suivant comme un monument de la haine des prêtres.
«D'abord, dès le berceau, il chérit et choya toujours les hérétiques; et comme il les avait dans sa terre, il les honora de toutes manières. Encore aujourd'hui, à ce que l'on assure, il mène partout avec lui des hérétiques, afin que s'il venait à mourir, il meure entre leurs mains.—Il dit un jour aux hérétiques, je le tiens de bonne source, qu'il voulait faire élever son fils à Toulouse, parmi eux, afin qu'il s'instruisît dans leur foi, disons plutôt dans leur infidélité.—Il dit encore un jour qu'il donnerait bien cent marcs d'argent pour qu'un de ses chevaliers pût embrasser la croyance des hérétiques; qu'il le lui avait mainte fois conseillé, et qu'il le faisait prêcher souvent. De plus, quand les hérétiques lui envoyaient des cadeaux ou des provisions, il les recevait fort gracieusement, les faisait garder avec soin, et ne souffrait pas que personne en goûtât, si ce n'est lui et quelques-uns de ses familiers. Souvent aussi, comme nous le savons de science certaine, il adorait les hérétiques en fléchissant les genoux, demandait leur bénédiction et leur donnait le baiser. Un jour que le comte attendait quelques personnes qui devaient venir le trouver, et qu'elles ne venaient point, il s'écria: «On voit bien que c'est le diable qui a fait ce monde, puisque rien ne nous arrive à souhait.» Il dit aussi au vénérable évêque de Toulouse, comme l'évêque me l'a raconté lui-même, que les moines de Cîteaux ne pouvaient faire leur salut, puisqu'ils avaient des ouailles livrées à la luxure. Ô hérésie inouïe!
«Le comte dit encore à l'évêque de Toulouse qu'il vînt la nuit dans son palais, et qu'il entendrait la prédication des hérétiques; d'où il est clair qu'il les entendait souvent la nuit.
«Il se trouvait un jour dans une église où on célébrait la messe; or, il avait avec lui un bouffon, qui, comme font les bateleurs de cette espèce, se moquait des gens par des grimaces d'histrion. Lorsque le célébrant se tourna vers le peuple en disant: Dominus vobiscum, le scélérat de comte dit à son bouffon de contrefaire le prêtre.—Il dit une fois qu'il aimerait mieux ressembler à un certain hérétique de Castres, dans le diocèse d'Albi, à qui on avait coupé les membres et qui traînait une vie misérable, que d'être roi ou empereur.
«Combien il aima toujours les hérétiques, nous en avons la preuve évidente en ce que jamais aucun légat du siège apostolique ne put l'amener à les chasser de sa terre, bien qu'il ait fait, sur les instances de ces légats, je ne sais combien d'abjurations.
«Il faisait si peu de cas du sacrement de mariage, que toutes les fois que sa femme lui déplut, il la renvoya pour en prendre une autre; en sorte qu'il eut quatre épouses, dont trois vivent encore. Il eut d'abord la sœur du vicomte de Béziers, nommée Béatrix; après elle, la fille du duc de Chypre; après elle, la sœur de Richard, roi d'Angleterre, sa cousine au troisième degré; celle-ci étant morte, il épousa la sœur du roi d'Aragon, qui était sa cousine au quatrième degré. Je ne dois pas passer sous silence que lorsqu'il avait sa première femme, il l'engagea souvent à prendre l'habit religieux. Comprenant ce qu'il voulait dire, elle lui demanda exprès s'il voulait qu'elle entrât à Cîteaux; il dit que non. Elle lui demanda encore s'il voulait qu'elle se fît religieuse à Fontevrault; il dit encore que non. Alors elle lui demanda ce qu'il voulait donc: il répondit que si elle consentait à se faire solitaire, il pourvoirait à tous ses besoins; et la chose se fit ainsi....
«Il fut toujours si luxurieux et si lubrique, qu'il abusait de sa propre sœur au mépris de la religion chrétienne. Dès son enfance, il recherchait ardemment les concubines de son père et couchait avec elles; et aucune femme ne lui plaisait guère s'il ne savait qu'elle eût couché avec son père. Aussi son père, tant à cause de son hérésie que pour ce crime énorme, lui prédisait souvent la perte de son héritage. Le comte avait encore une merveilleuse affection pour les routiers, par les mains desquels il dépouillait les églises, détruisait les monastères, et dépossédait tant qu'il pouvait tous ses voisins. C'est ainsi que se comporta toujours ce membre du diable, ce fils de perdition, ce premier-né de Satan, ce persécuteur acharné de la croix et de l'Église, cet appui des hérétiques, ce bourreau des catholiques, ce ministre de perdition, cet apostat couvert de crimes, cet égout de tous les péchés.
«Le comte jouait un jour aux échecs avec un certain chapelain, et tout en jouant il lui dit: «Le Dieu de Moïse, en qui vous «croyez, ne vous aiderait guère à ce jeu», et il ajouta: «Que «jamais ce Dieu ne me soit en aide!»—Une autre fois, comme le comte devait aller de Toulouse en Provence, pour combattre quelque ennemi, se levant au milieu de la nuit, il vint à la maison où étaient rassemblés les hérétiques toulousains, et leur dit: «Mes «seigneurs et mes frères, la fortune de la guerre est variable; «quoi qu'il m'arrive, je remets en vos mains mon corps et mon «âme.» Puis il emmena avec lui deux hérétiques en habit séculier, afin que s'il venait à mourir il mourût entre leurs mains.—Un jour que ce maudit comte était malade dans l'Aragon, le mal faisant beaucoup de progrès, il se fit faire une litière, et dans cette litière se fît transporter à Toulouse; et comme on lui demandait pourquoi il se faisait transporter en si grande hâte, quoique accablé par une grave maladie, il répondit, le misérable! «Parce qu'il n'y «a pas de Bons Hommes dans cette terre, entre les mains de qui je «puisse mourir.» Or, les hérétiques se font appeler Bons Hommes par leurs partisans. Mais il se montrait hérétique par ses signes et ses discours, bien plus clairement encore; car il disait: «Je sais «que je perdrai ma terre pour ces Bons Hommes; eh bien! la «perte de ma terre, et encore celle de la tête, je suis prêt à tout «souffrir.»
115—page 383—Le pape fut un instant ébranlé...
Il reprocha à Montfort «d'étendre des mains avides jusque sur celles des terres de Raymond qui n'étaient nullement infectées d'hérésie, et de ne lui avoir guère laissé que Montauban et Toulouse...» Don Pedro d'Aragon se plaignait qu'on envahît injustement les possessions de ses vassaux les comtes de Foix, de Comminges et de Béarn, et que Montfort lui vint enlever ses propres terres tandis qu'il combattait les Sarrasins. Epist. Inn, III, 708-10.
116—page 388—Jean se soumit et fil hommage au pape...
Rymer, t. I, p. 111: «Johannes Dei gratia rex Angliæ.... libere concedimus Deo et SS. Apostolis, etc., ac domino nostro papæ Innocentio ejusque catholicis successoribus totum regnum Angliæ, et totum regnum Hiberniæ, etc.... illa tanquam feodatarius recipientes... Ecclesia romana mille marcas sterlingorum percipiat annualim, etc.»
Les barons déclarèrent leur roi dégradé par sa soumission aux prêtres...
Malh. Paris, p. 271: «Tu Johannes lugubris memoriæ pro futuris sæculis, ut terra tua, ab antiquo libera, ancillaret, excogitasti, factus de rege liberrimo tributarius, firmarius, et vasallus servitutis.»
117—page 397—Innocent III voulut, dit-on, réparer...
«Quand le saint-père eut entendu tout ce que lui voulurent dire les uns et les autres, il jeta un grand soupir; puis s'étant retiré en son particulier et avec son conseil, lesdits seigneurs se retirèrent aussi en leur logis, attendant la réponse que leur voudrait faire le saint-père.
«Quand le saint-père se fut retiré, vinrent devers lui tous les prélats du parti du légat et du comte de Montfort, qui lui dirent et montrèrent que, s'il rendait à ceux qui étaient venus recourir à lui leurs terres et seigneuries et refusait de les croire eux-mêmes, il ne fallait plus qu'homme du monde se mêlât des affaires de l'Église, ni fît rien pour elle. Quand tous les prélats eurent dit ceci, le saint-père prit un livre, et leur montra à tous comment, s'ils ne rendaient pas lesdites terres et seigneuries à ceux à qui on les avait ôtées, ce serait leur faire grandement tort: car il avait trouvé et trouvait le comte Ramon fort obéissant à l'Église et à ses commandements, ainsi que tous les autres qui étaient avec lui. «Par laquelle raison, dit-il, je leur donne congé et licence de recouvrer leurs terres et seigneuries sur ceux qui les retiennent injustement.» Alors vous auriez vu lesdits prélats murmurer contre le saint-père et les princes, en telle sorte qu'on eût dit qu'ils étaient plutôt gens désespérés qu'autrement, et le saint-père fut tout ébahi de se trouver en tel cas que les prélats fussent émus comme ils l'étaient contre lui.
«Quand le chantre de Lyon d'alors, qui était un des grands clercs que l'on connût dans tout le monde, vit et ouït lesdits prélats murmurer en cette sorte contre le saint-père et les princes, il se leva, prit la parole contre les prélats, disant et montrant au saint-père que tout ce que les prélats disaient et avaient dit n'était autre chose sinon une grande malice et méchanceté combinées contre lesdits princes et seigneurs, et contre toute vérité: «Car, seigneur, dit-il, tu sais bien, en ce qui touche le comte Ramon, qu'il t'a toujours été obéissant, et que c'est une vérité qu'il fut des premiers à mettre ses places en tes mains et ton pouvoir, ou celui de ton légat. Il a été aussi un des premiers qui se sont croisés; il a été au siège de Carcassonne contre son neveu le vicomte de Béziers, ce qu'il fit pour te montrer combien il t'était obéissant, bien que le vicomte fût son neveu, de laquelle chose aussi ont été faites des plaintes. C'est pourquoi il me semble, seigneur, que tu feras grand tort au comte Ramon, si tu ne lui rends et fais rendre ses terres, et tu en auras reproche de Dieu et du monde, et dorénavant, seigneur, il ne sera homme vivant qui se fie en toi ou en tes lettres, et qui y donne foi ni créance, ce dont toute l'Église militante pourra encourir diffamation et reproche. C'est pourquoi je vous dis que vous, évêque de Toulouse, vous avez grand tort, et montrez bien par vos paroles que vous n'aimez pas le comte Ramon, non plus que le peuple dont vous êtes pasteur; car vous avez allumé un tel feu dans Toulouse, que jamais il ne s'éteindra; vous avez été la cause principale de la mort de plus de dix mille hommes, et en ferez périr encore autant, puisque, par vos fausses représentations, vous montrez bien persévérer en les mêmes torts; et par vous et votre conduite la cour de Rome a été tellement diffamée que par tout le monde il en est bruit et renommée, et il me semble, seigneur, que pour la convoitise d'un seul homme tant de gens ne devraient pas être détruits ni dépouillés de leurs biens.»
«Le saint-père pensa donc un peu à son affaire; et quand il eut pensé, il dit: «Je vois bien et reconnais qu'il a été fait grand tort aux seigneurs et princes qui sont venus devers moi; mais toutefois j'en suis innocent, et n'en savais rien; ce n'est pas par mon ordre qu'ont été faits ces torts, et je ne sais aucun gré à ceux qui les ont faits, car le comte Ramon s'est toujours venu rendre vers moi comme véritablement obéissant, ainsi que les princes qui sont avec lui.»
«Alors donc se leva debout l'archevêque de Narbonne. Il prit la parole, et dit et montra au saint-père comment les princes n'étaient coupables d'aucune faute pour qu'on les dépouillât ainsi, et qu'on fît ce que voulait l'évêque de Toulouse, «qui toujours, continua-t-il, nous adonné de très damnables conseils, et le fait encore à présent; car je vous jure la foi que je dois à la sainte Église, que le comte Ramon a toujours été obéissant à toi, saint-père, et à la sainte Église, ainsi que tous les autres seigneurs qui sont avec lui; et s'ils se sont révoltés contre ton légat et le comte de Montfort, il n'ont pas eu tort; car le légat et le comte de Montfort leur ont ôté toutes leurs terres, ont tué et massacré de leurs gens sans nombre, et l'évêque de Toulouse, ici présent, est cause de tout le mal qui s'y fait, et tu peux bien connaître, seigneur, que les paroles dudit évêque n'ont pas vraisemblance; car si les choses étaient comme il le dit et le donne à entendre, le comte Ramon et les seigneurs qui l'accompagnent ne seraient venus vers toi, comme ils l'ont fait, et comme tu le vois.»
«Quand l'archevêque eut parlé, vint un grand clerc appelé maître Théodise, lequel dit et montra au saint-père tout le contraire de ce que lui avait dit l'archevêque de Narbonne. «Tu sais bien, seigneur, lui dit-il, et es averti des très grandes peines que le comte de Montfort et le légat ont prises nuit et jour avec grand danger de leurs personnes, pour réduire et changer le pays des princes dont on a parlé, lequel était tout plein d'hérétiques. Ainsi, seigneur, tu sais bien que maintenant le comte de Montfort et ton légat ont balayé et détruit lesdits hérétiques, et pris en leurs mains le pays; ce qu'ils ont fait avec grand travail et peine, ainsi que chacun le peut bien voir; et maintenant que ceux-ci viennent à toi, tu ne peux rien faire ni user de rigueur contre ton légat. Le comte de Montfort a bon droit et bonne cause pour prendre leurs terres; et si tu les lui ôtais maintenant, tu lui ferais grand tort; car nuit et jour le comte de Montfort se travaille pour l'Église et pour ses droits, ainsi qu'on te l'a dit.»
«Le saint-père ayant ouï et écouté chacun des deux partis, répondit à maître Théodise et à ceux de sa compagnie qu'il savait bien tout le contraire de leur dire, car il avait été bien informé que le légat détruisait les bons et les justes, et laissait les méchants sans punition, et grandes étaient les plaintes qui chaque jour lui venaient de toutes parts contre le légat et le comte de Montfort. Tous ceux donc qui tenaient le parti du légat et du comte de Montfort se réunirent et vinrent devant le saint-père lui dire et le prier qu'il voulût laisser au comte de Montfort, puisqu'il les avait conquis, les pays de Bigorre, Carcassonne, Toulouse, Agen, Quercy, Albigeois, Foix et Comminges: «Et s'il arrive seigneur, lui dirent-ils, que tu lui veuilles ôter lesdits pays et terres, nous te jurons et promettons que tous nous l'aiderons et secourrons envers et contre tous.»
«Quand ils eurent ainsi parlé, le saint-père leur dit et répondit que, ni pour eux, ni pour aucune chose qu'ils lui eussent dite, il ne ferait rien de ce qu'ils voulaient, et qu'homme au monde ne serait dépouillé par lui; car, en pensant que la chose fût ainsi qu'ils le disaient, et que le comte Ramon eût fait tout ce qu'on a dit et exposé, il ne devrait pas pour cela perdre sa terre et son héritage; car Dieu a dit de sa bouche «que le père ne payerait pas l'iniquité du fils, ni le fils celle de son père», et il n'est homme qui ose soutenir et maintenir le contraire; d'un autre côté il était bien informé que le comte de Montfort avait fait mourir à tort et sans cause le vicomte de Béziers pour avoir sa terre: «Car, ainsi que je l'ai reconnu, dit-il, jamais le vicomte de Béziers ne contribua à cette hérésie... Et je voudrais bien savoir entre vous autres, puisque vous prenez si fort parti pour le comte de Montfort, quel est celui qui voudra charger et inculper le vicomte, et me dire pourquoi le comte de Montfort l'a fait ainsi mourir, a ravagé sa terre et la lui a ôtée de cette sorte?» Quand le saint-père eut ainsi parlé, tous ses prélats lui répondirent que bon gré mal gré, que ce fût bien ou mal, le comte de Montfort garderait les terres et seigneuries, car ils l'aideraient à se défendre envers et contre tous, vu qu'il les avait bien et loyalement conquises.
«L'évêque d'Osma, voyant ceci, dit au saint-père: «Seigneur, ne t'embarrasse pas de leurs menaces, car je te le dis en vérité, l'évêque de Toulouse est un grand vantard, et leurs menaces n'empêcheront pas que le fils du comte Ramon ne recouvre sa terre sur le comte de Montfort. Il trouvera pour cela aide et secours, car il est neveu du roi de France, et aussi de celui de l'Angleterre et d'autres grands seigneurs et princes. C'est pourquoi il saura bien défendre son droit, quoiqu'il soit jeune.»
«Le saint-père répondit: «Seigneurs, ne vous inquiétez pas de l'enfant, car si le comte de Montfort lui retient ses terres et seigneuries, je lui en donnerai d'autres avec quoi il reconquerra Toulouse, Agen et aussi Beaucaire; je lui donnerai en toute propriété le comté de Venaissin, qui a été à l'empereur, et s'il a pour lui Dieu et l'Église, et qu'il ne fasse tort à personne au monde, il aura assez de terres et seigneuries.» Le comte Ramon vint donc devers le saint-père avec tous les princes et seigneurs, pour avoir réponse sur leurs affaires et la requête que chacun avait faite au saint-père, et le comte Ramon lui dit et montra comment ils avaient demeuré un long temps en attendant la réponse de leur affaire et de la requête que chacun lui avait faite. Le saint-père dit donc au comte Ramon que pour le moment il ne pouvait rien faire pour eux, mais qu'il s'en retournât et lui laissât son fils, et quand le comte Ramon eut ouï la réponse du saint-père, il prit congé de lui et lui laissa son fils; et le saint-père lui donna sa bénédiction. Le comte Ramon sortit de Rome avec une partie de ses gens, et laissa les autres à son fils, et entre autres y demeura le comte de Foix, pour demander sa terre et voir s'il la pourrait recouvrer; et le comte Ramon s'en alla droit à Viterbe pour attendre son fils et les autres qui étaient avec lui, comme on l'a dit.
«Tout ceci fait, le comte de Foix se retira devers le saint-père pour savoir si la terre lui reviendrait ou non; et lorsque le saint-père eut vu le comte de Foix, il lui rendit ses terres et seigneuries, lui bailla ses lettres comme il était nécessaire en telle occasion, dont le comte de Foix fut grandement joyeux et allègre, et remercia grandement le saint-père, lequel lui donna sa bénédiction et absolution de toutes choses jusqu'au jour présent. Quand l'affaire du comte de Foix fut finie, il partit de Rome, tira doit à Viterbe devers le comte Ramon, et lui conta toute son affaire, comment il avait eu son absolution, et comment aussi le saint-père lui avait rendu sa terre et seigneurie; il lui montra ses lettres, dont le comte Ramon fut grandement joyeux et allègre; ils partirent donc de Viterbe, et vinrent droit à Gênes, où ils attendirent le fils du comte Ramon.
«Or, l'histoire dit qu'après tout ceci, et lorsque le fils du comte Ramon eut demeuré à Rome l'espace de quarante jours, il se retira un jour devers le saint-père avec ses barons et les seigneurs qui étaient de sa compagnie. Quand il fut arrivé, après salutation faite par l'enfant au saint-père, ainsi qu'il le savait bien faire, car l'enfant était sage et bien morigéné, il demanda congé au saint-père de s'en retourner, puisqu'il ne pouvait avoir d'autre réponse; et quand le saint-père eut entendu et écouté tout ce que l'enfant lui voulut dire et montrer, il le prit par la main, le fit asseoir à côté de lui, et se prit à lui dire: «Fils, écoute, que je te parle, et ce que je veux te dire, si tu le fais, jamais tu ne fauldras en rien.
«Premièrement, que tu aimes Dieu et le serves, et ne prennes rien du bien d'autrui: le tien, si quelqu'un veut te l'ôter, défends-le, en quoi faisant tu auras beaucoup de terres et seigneuries; et afin que tu ne demeures pas sans terres ni seigneuries, je te donne le comté de Venaissin avec toutes ses appartenances, la Provence et Beaucaire, pour servir à ton entretien, jusqu'à ce que la sainte Église ait assemblé son concile. Alors tu pourras revenir deçà les monts pour avoir droit et raison de ce que tu demandes contre le comte de Montfort.»
«L'enfant remercia donc le saint-père de ce qu'il lui avait donné, et lui dit: «Seigneur, si je puis recouvrer ma terre sur le comte de Montfort et ceux qui la retiennent, je te prie, seigneur, que tu ne me saches pas mauvais gré, et ne sois pas courroucé contre moi.» Le saint-père lui répondit: «Quoi que tu fasses, Dieu te permet de bien commencer et mieux achever.»
Nous avons copié mot pour mot une ancienne chronique qui n'est qu'une traduction du Poème des Albigeois, sans oublier pourtant que la poésie est fiction, sans fermer les yeux sur ce que présente d'improbable la supposition du poète qui prête au pape l'intention de défaire tout ce qu'il a fait avec tant de peine et une si grande effusion de sang. Voy. la note de la page 397.
118—page 398—Tout le Midi se jeta dans les bras de Philippe-Auguste...
Raymond VII écrit à Philippe-Auguste (juillet 1222): «Ad vos, domine, sicut ad meum unicum et principale recurro refugium... humiliter vos deprecans et exorans quatenus mei misereri velitis.» Preuves de l'Histoire du Langued., III, 275.—(Décembre 1222): «Cum... Amalricus supplicaverit nobis ut dignemini juxta beneplacitum vestrum, terram accipere vobis et hæredibus vestris in perpetuum, quam tenuit vel tenere debuit, ipse, vel pater suus in partibus Albigensibus et sibi vicinis, gaudemus super hoc, desiderantes Ecclesiam et terram illam sub umbra vestri nominis gubernari et rogantes affectuose quantum possumus, quatenus celsæ majestatis vestræ regia potestas, intuitu regis regum, et pro honore sanctæ matris Ecclesiæ ac regni vestri, terram prædictam ad oblationem et resignationem dicti comitis recipiatis; et invenietis nos et cæteros prælatos paratos vires nostras effundere in hoc negotio pro vobis, et expendere quidquid ecclesia in partibus illis habet, vel est habitura.» Preuv. de l'Hist. du Langued., III, 276.—(1223): «Dum dudum et diu soli sederemus in Biterris civitate, singulis momentis mortem expectantes, optataque nobis fuit in desiderio, vita nobis existente in supplicium, hostibus fidei et pacis undique gladios suos in capita nostra exerentibus, ecce, rex reverende, intravit kal. Maii cursor ad nos, qui... nuntiavit nobis verbum bonum, verbum consolationis, et totius miseriæ nostræ allevationis, quod videlicet placet celsitudinis vestræ magnificentiæ, convocatis prælatis et baronibus regni vestri apud Melodunum, ad tractandum super remedio et succursu terræ, quæ facta est in horrendam desolationem et in sibilum sempiternum, nisi Dominus ministerio regiæ dexteræ vestræ citius succurratus, super quo, tanto mœrore scalidi, tanta lugubratione defecti respirantes, gratias primum, elevatis oculis ac manibus in cœlum, referimus altissimo, in cujus manu corda regum consistunt, scientes hoc divinitus vobis esse inspiratum, etc.. Flexis itaque genibus, reverendissime Rex, lacrymis in torrentem deductis, et singultibus lacerati, regiæ supplicamus majestati quatenus vobis inspiratæ gratiæ Dei non deesse velitis... quod universalis Ecclesiæ imminet subversio in regno vestro, nisi vos occurratis et succurratis, etc...» Ibid., 278.
119—page 407—Le dogme de l'immaculée conception, etc...
L'Église de Lyon l'avait instituée en 1134. Saint Bernard lui écrivit une longue lettre pour la tancer de cette nouveauté (Epist. 174). Elle fut approuvée par Alain de Lille et par Petrus Cellensis (L. VI, epist 23; IX, 9 et 10). Le concile d'Oxford la condamna en 1222.—Les Dominicains se déclarèrent pour saint Bernard, l'Université pour l'Église de Lyon. Bulæus, Hist. Univ. Paris, II, 138, IV, 618, 964. Voyez Duns Scot, Sententiarum liber III, dist. 3, qu. I, et dist. 18, qu. I. Il disputa, dit-on, pour l'immaculée conception, contre deux cents Dominicains, et amena l'Université à décider: «Ne ad ullos gradus scholasticos admitteretur ullus, qui prius non juraret se defensurum B. Virginem a noxa originaria.» Wadding., Ann. Minorum, ann. 1394. Bulæus, IV, p. 71.
«La Vierge ouvrit son capuchon devant son serviteur Dominique, etc...»
Acta SS. Theodor. de Appoldia, p. 583. «Totam cœlestem patriam amplexando dulciter continebat.»—Pierre Damiani disait que Dieu lui-même avait été enflammé d'amour pour la Vierge. Il s'écrie dans un sermon (Sermo XI, de Annunt. B. Mar., p. 171): «O venter diffusiorcœlis, terris amplior, capacior elementis! etc.»—Dans un sermon sur la Vierge, de l'archevêque de Kenterbury, Étienne Langton, on trouve ces vers:
Bele Aliz matin leva,
Sun cors vesti et para,
Ens un vergier s'en entra,
Cink fleurettes y truva;
Un chapelet fit en a
De bele rose flurie.
Pur Dieu trahez vus en là,
Vus ki ne amez mie;
Ensuite il applique mystiquement chaque vers à la mère du Sauveur, et s'écrie avec enthousiasme:
Ceste est la belle Aliz,
Ceste est la flur,
Ceste est le lis.
Roquefort, Poésies du douzième et du treizième siècle.
On a attribué au franciscain saint Bonaventure le Psalterium minus et le Psalterium majus B. Mariæ Virginis. Ce dernier est une sorte de parodie sérieuse où chaque verset est appliqué à la Vierge. Psalm. I: «Universas enim fœminas vincis pulchritudine carnis!»
120—page 410—Vingt-cinq seigneurs et dix-sept archevêques et évêques, etc...
Voy. la lettre des évêques du Midi à Louis VIII, Preuves de l'Histoire du Lang., p. 289, et les lettres d'Honorius III, ap. Scr. fr. XIX, 699-723.
121—page 411—Le testament de Louis VIII, etc...
Archives du royaume, J, carton 401, Lettre et témoignage de l'archevêque de Sens et de l'évêque de Beauvais.—J, carton 403, Testament de Louis VIII.
122—page 413—La régente empêcha le comte de Champagne d'épouser la fille de Mauclerc...
Elle lui écrivit, dit-on: «Sire Thibaud de Champaigne, j'ai entendu que vous avez convenance et promis à prenre à femme la fille au comte Perron de Bretaigne. Partant vous mande que si ne voulez perdre quan que vous avez au royaume de France, que vous ne le faites. Si cher que avez tout tant que amez au dit royaume, ne le faites pas. La raison pourquoy vous sçavez bien. Je n'ai jamais trouvé pis qui mal m'ait voulu faire que luy.» D. Morice, I, 158.
123—page 414—Soumission du comte de Toulouse...
Voy. les articles du Traité, inséré au tome III des Preuves de l'Histoire du Languedoc, p, 329, sqq., et au tome XIX du Recueil des Historiens de France, p. 219, sqq.
124—page 417—Saint Louis, Espagnol du côte de Blanche...
Il était parent par sa mère d'Alphonse X, roi de Castille; celui-ci lui avait promis des secours pour la croisade; mais il mourut en 1252, et saint Louis «en fut fort affligé.» Math. Paris, p. 565.—«À son retour, il fît frapper, dit Villani, des monnaies où les uns voient des menottes, en mémoire de sa captivité; les autres, les tours de Castille.» Ce qui vient à l'appui de cette dernière opinion, c'est que les frères de saint Louis, Charles et Alphonse, mirent les tours de Castille dans leurs armes. Michaud, IV, 445.
125—page 417—Le sultan d'Égypte était le meilleur ami de Frédéric II...
Extraits d'historiens arabes, par Reinaud (Bibl. des Croisades, IV, 417, sqq.). «L'émir Fakr-Eddin était entré fort avant, dit Yaféi, dans la confiance de l'empereur; ils avaient de fréquents entretiens sur la philosophie, et leurs opinions paraissaient se rapprocher sur beaucoup de points.—Ces étroites relations scandalisèrent beaucoup les chrétiens... «Je n'aurais pas tant insisté, dit-il à Fakr-Eddin, pour qu'on me remît Jérusalem, si je n'avais craint de perdre tout crédit en Occident; mon but n'a pas été de délivrer la ville sainte, ni rien de semblable; j'ai voulu conserver l'estime des Francs.»-«L'empereur était roux et chauve: il avait la vue faible; s'il avait été esclave, on n'en aurait pas donné deux cents drachmes. Ses discours montraient assez qu'il ne croyait pas à la religion chrétienne; quand il en parlait, c'était pour s'en railler... etc.. Un moezzin récita près de lui un verset de l'Alcoran qui nie la divinité de Jésus-Christ. Le sultan le voulut punir; Frédéric s'y opposa.»—Il se fâcha contre un prêtre qui était entré dans une mosquée l'Évangile à la main, et jura de punir sévèrement tout chrétien qui y entrerait sans une permission spéciale.—On a vu plus haut quelles relations amicales Richard entretenait avec Salaheddin et Malek-Adhel.—Lorsque Jean de Brienne fut assiégé dans son camp (en 1221), il fut comblé par le sultan de témoignages de bienveillance. «Dès lors, dit un auteur arabe (Makrizi), il s'établit entre eux une liaison sincère et durable, et tant qu'ils vécurent, ils ne cessèrent de s'envoyer des présents et d'entretenir un commerce d'amitié.» Dans une guerre contre les Kharismiens, les chrétiens de Syrie se mirent pour ainsi dire sous les ordres des infidèles. On voyait les chrétiens marcher leurs croix levées; les prêtres se mêlaient dans les rangs, donnaient des bénédictions, et offraient à boire aux musulmans dans leurs calices. Ibid., 445, d'après Ibn-Giouzi, témoin oculaire.
126—page 420—Les Mongols avançaient lents, irrésistibles...
«Ils avaient, dit Mathieu Paris, ravagé et dépeuplé la grande Hongrie: ils avaient envoyé des ambassadeurs avec des lettres menaçantes à tous les peuples. Leur général se disait envoyé du Dieu très haut pour dompter les nations qui lui étaient rebelles. Les têtes de ces barbares sont grosses et disproportionnées avec leurs corps; ils se nourrissent de chairs crues et même de chair humaine; ce sont des archers incomparables; ils portent avec eux des barques de cuir, avec lesquelles ils passent tous les fleuves; ils sont robustes, impies, inexorables; leur langue est inconnue à tous les peuples qui ont quelque rapport avec nous (quos nostra attingit notitia). Ils sont riches en troupeaux de moutons, de bœufs, de chevaux si rapides qu'ils font trois jours de marche en un jour. Ils portent par devant une bonne armure, mais aucune par derrière, pour n'être jamais tentés de fuir. Ils nomment khan leur chef, dont la férocité est extrême. Habitant la plage boréale, les mers Caspiennes, et celles qui leur confinent, ils sont nommés Tartares, du nom du fleuve Tar. Leur nombre est si grand qu'ils semblent menacer le genre humain de sa destruction. Quoiqu'on eût déjà éprouvé d'autres invasions de la part des Tartares, la terreur était plus grande cette année, parce qu'ils semblaient plus furieux que de coutume; aussi les habitants de la Gothie et de la Frise, redoutant leurs attaques, ne vinrent point cette année, comme ils le faisaient d'ordinaire, sur les côtes d'Angleterre, pour charger leurs vaisseaux de harengs: les harengs se trouvèrent en conséquence tellement abondants en Angleterre, qu'on les vendait presque pour rien; même dans les endroits éloignés de la mer, on en donnait quarante ou cinquante d'excellents pour une petite pièce de monnaie. Un messager sarrasin, puissant et illustre par sa naissance, qui était venu en ambassade solennelle auprès du roi de France, principalement de la part du Vieux de la Montagne, annonçait ces événements au nom de tous les Orientaux, et il demandait du secours aux Occidentaux, pour réprimer la fureur des Tartares. Il envoya un de ses compagnons d'ambassade au roi d'Angleterre pour lui exposer les mêmes choses, et lui dire que si les musulmans ne pouvaient soutenir le choc de ces ennemis, rien ne les empêcherait d'envahir tout l'Occident. L'évêque de Winchester, qui était présent à cette audience (c'était le favori d'Henri III), et qui avait déjà revêtu la croix, prit d'abord la parole en plaisantant. «Laissons, dit-il, ces chiens se dévorer les uns les autres, pour qu'ils périssent plus tôt. Quand ensuite nous arriverons sur les ennemis du Christ qui resteront en vie, nous les égorgerons plus facilement, et nous en purgerons la surface de la terre. Alors le monde entier sera soumis à l'Église catholique, et il ne restera plus qu'un seul Pasteur et une seule bergerie.» Math. Paris, p. 318.
127—page 428—Les envoyés du Vieux de la Montagne, etc...
Il envoya demander au roi l'exemption du tribut qu'il payait aux Hospitaliers et aux Templiers. «Darière l'amiral avoit un Bacheler bien atourné, qui tenoit trois coutiaus en son poing, dont l'un entroit ou manche de l'autre; pour ce que se l'amiral eust été refusé, il eust présenté au roy ces trois coutiaus pour li deffier. Darière celi qui tenoit les trois coutiaus, avoit un autre qui tenoit un bouqueran (pièce de toile de coton) entorteillé entour son bras, que il eust aussi présenté au roi pour li ensevelir, se il eust refusée la requeste au Vieil de la Montaigne.» Joinville, p. 95.—«Quand le viex chevauchoit, dit encore Joinville, il avoit un crieur devant li qui portait une hache danoise à lonc manche tout couvert d'argent, à tout pleins de coutiaus férus ou manche et crioit: «Tournés-vous «de devant celi qui porte la mort des rois entre ses mains.» P. 97.
Les Francs dans l'abondance s'énervaient...
Joinville, p. 37: «Le commun peuple se prist aus foles femmes, dont il avint que le roy donna congié à tout plein de ses gens, quant nous revinmes de prison; et je li demandé pourquoy il avoit ce fait; et il me dit que il avoit trouvé de certein, que au giet d'une pierre menue, entour son paveillon tenoient cil leur bordiaus à qui il avoit donné congié, et ou temps du plus grant meschief que l'ost eust onques été.»—«Les barons qui deussent garder le leur pour bien emploier en lieu et en tens, se pristrent à donner les grans mangers et les outrageuses viandes.»
128—page 428—Un coup de vent ayant poussé saint Louis vers Damiette...
«Il est vraisemblable que saint Louis aurait opéré sa descente sur le même point que Bonaparte (à une demi-lieue d'Alexandrie), si la tempête qu'il avait essuyée en sortant de Limisso, et les vents contraires peut-être, ne l'avaient porté sur la côte de Damiette. Les auteurs arabes disent que le soudan du Caire, instruit des dispositions de saint Louis, avait envoyé des troupes à Alexandrie comme à Damiette, pour s'opposer au débarquement.» Michaud, IV, 236.
129—page 433—Saint Louis prisonnier...
On dit au roi que les amiraux avaient délibéré de le faire soudan de Babylone... «Et il me dit qu'il ne l'eust mie refusé. Et sachiez que il ne demoura (que ce dessein n'échoua) pour autre chose que pource que ils disoient que le Roy estoit le plus ferme crestien que en peust trouver; et cest exemple en monstroient, à ce que quant ils se partoient de la héberge, il prenoit sa croiz à terre et seignoit tout son cors; et disoient que se celle gent fesoient soudanc de li, il les occiroit tous, ou ils deviendroient crestiens.» Joinville, p. 78.
Les Arabes chantèrent sa défaite et plus d'un peuple chrétien, etc...
Suivant M. Rifaut, la chanson qui fut composée à cette occasion se chante encore aujourd'hui.—Reinaud, Extraits d'historiens arabes (Biblioth. des Croisades, IV, 475).—Suivant Villani, Florence, où dominaient les Gibelins, célébra par des fêtes le revers des croisés. Michaud, IV, 373.
Sa mère était morte...
Joinville, p. 126: «À Sayette vindrent les nouvelles au Roy que sa mère estoit morte. Si grand deuil en mena, que de deux jours on ne pot oncques parler à li. Après ce m'envoia querre par un vallet de sa chambre. Quant je ving devant li en sa chambre, là où il estoit tout seul, et il me vit et estandi ses bras et me dit: À! Seneschal! j'ai pardu ma mère.»—Lorsque saint Louis traitait avec le soudan pour sa rançon, il lui dit que s'il voulait désigner une somme raisonnable, il manderait à sa mère qu'elle la payât. «Et ils distrent: Comment est-ce que vous ne nous voulez dire que vous ferez ces choses? et le roy respondi que il ne savoit se la reine le vourroit faire pour ce que elle estoit sa dame.» Ibid., 73.
130—page 436—L'insurrection des Pastoureaux...
Math. Paris, p. 550, sqq.—«Aux premiers soulèvements du peuple de Sens, les rebelles se créèrent un clergé, des évêques, un pape avec ses cardinaux.» Continuateur de Nangis, 1315.—Les Pastoureaux avaient aussi une espèce de tribunal ecclésiastique. Ibid., 1320.—Les Flamands s'étaient soumis à une hiérarchie, à laquelle ils durent de pouvoir prolonger longtemps leur opiniâtre résistance. Grande Chron. de Flandre, quatorzième siècle.—Les plus fameux routiers avaient pris le titre d'archiprêtres. Froissart, vol. I, ch. CLXXVII.—Les Jacques eux-mêmes avaient formé une monarchie. Ibid., ch. CLXXXIV.—Les Maillotins s'étaient de même classés en dizaines, cinquantaines et centaines. Ibid., ch. CLXXXII-III-IV, Juvén. des Ursins, ann. 1382, et Anon. de Saint-Denis, hist. de Ch. VI; Monteil, t. I, p. 286.
131—page 440—Une association s'était formée, etc...
À la tête se trouvait Robert Twinge, chevalier du Yorkshire, qu'une provision papale avait privé du droit d'élire à un bénéfice provenant de sa famille. Ces associés, bien qu'ils ne fussent que quatre-vingts, parvinrent, par la célérité et le mystère de leurs mouvements, à persuader au peuple qu'ils étaient en bien plus grand nombre. Ils assassinèrent les courriers du pape, écrivirent des lettres menaçantes aux ecclésiastiques étrangers, etc. Au bout de huit mois, le roi interposa son autorité. Twinge se rendit à Rome, où il gagna son procès, et conféra le bénéfice, etc. Lingard, III, 161.
132—page 447—L'empereur Frédéric II...
«Frédéric, dit Villani (l. VI, c. I), fut un homme doué d'une grande valeur et de rares talents; il dut sa sagesse autant aux études qu'à sa prudence naturelle. Versé en toute chose, il parlait la langue latine, notre langue vulgaire (l'italien), l'allemand, le français, le grec et l'arabe. Abondant en vertus, il était généreux, et à ses dons il joignait encore la courtoisie; guerrier vaillant et sage, il fut aussi fort redouté. Mais il fut dissolu dans la recherche des plaisirs; il avait un grand nombre de concubines, selon l'usage des Sarrasins; comme eux, il était servi par des mameluks; il s'abandonnait à tous les plaisirs des sens, et menait une vie épicurienne, n'estimant pas qu'aucune autre vie dût venir après celle-ci... Aussi ce fut la raison principale pour laquelle il devint l'ennemi de la sainte Église.»
«Frédéric, dit Nicolas de Jamsila (Hist. Conradi et Manfredi, t. VIII, p. 495), fut un homme d'un grand cœur; mais la sagesse, qui ne fut pas moins grande en lui, tempérait sa magnanimité, en sorte qu'une passion impétueuse ne déterminait jamais ses actions, mais qu'il procédait toujours avec la maturité de la raison... Il était zélé pour la philosophie; il la cultiva pour lui-même, il la répandit dans ses États. Avant les temps heureux de son règne, on n'aurait trouvé en Sicile que peu ou point de gens de lettres; mais l'empereur ouvrit dans son royaume des écoles pour les arts libéraux et pour toutes les sciences; il appela des professeurs de différentes parties du monde, et leur offrit des récompenses libérales. Il ne se contenta pas de leur accorder un salaire; il prit sur son propre trésor de quoi payer une pension aux écoliers les plus pauvres, afin que dans toutes les conditions les hommes ne fussent point écartés par l'indigence de l'étude de la philosophie. Il donna lui-même une preuve de ses talents littéraires, qu'il avait surtout dirigés vers l'histoire naturelle, en écrivant un livre sur la nature et le soin des oiseaux, où l'on peut voir combien l'empereur avait fait de progrès dans la philosophie. Il chérissait la justice, et la respectait si fort, qu'il était permis à tout homme de plaider contre l'empereur, sans que le rang du monarque lui donnât aucune faveur auprès des tribunaux, ou qu'aucun avocat hésitât à se charger contre lui de la cause du dernier de ses sujets. Mais, malgré cet amour pour la justice, il en tempérait quelquefois la rigueur par sa clémence.» (Traduction de Sismondi. Remarquez que Villani est guelfe, et Jamsila gibelin.)
133—page 447—Le royaume de Naples resta au bâtard Manfred, au vrai fils de Frédéric II...
Voici le portrait qu'en font les contemporains, Math. Spinelli, Ricordon, Summonte, Collonueio, etc. Il était doué d'un grand courage, aimait les arts, était généreux et avait beaucoup d'urbanité. Il était bien fait et beau de visage; mais il menait une vie dissolue; il déshonora sa sœur, mariée au comte de Caserte; il ne craignait ni Dieu ni les saints; il se lia avec les Sarrasins, dont il se servit pour tyranniser les ecclésiastiques, et s'adonna à l'astrologie superstitieuse des Arabes.—Il se vantait de sa naissance illégitime, et disait que les grands naissaient d'ordinaire d'unions défendues. Michaud, V, 43.
134—page 452—L'horreur pour les Sarrasins avait diminué...
Saint Louis montra pour les Sarrasins une grande douceur. «Il fesait riches moult de Sarrasins que il avait fèt baptizer, et les assembloit par mariages avecque crestiennes... Quand il estoit outre mer, il commanda et fist commander à sa gent que ils n'occissent pas les femmes ne les enfans des Sarrasins; ainçois les preissent vis et les amenassent pour fère les baptisier. Ausinc il commandoit en tant come il pooit, que les Sarrasins ne fussent pas ocis, mès fussent pris et tenuz en prizon. Et aucune foiz forfesait l'en en sa court d'escueles d'argent ou d'autres choses de telle manière; et doncques li benoiez rois le soufroit débonnèrement, et donnoit as larrons aucune somme d'argent, et les envéoit outre mer; et ce fist-il de plusieurs. Il fut tosjors à autrui moult plein de miséricorde et piteus.» Le Confesseur, p. 302, 388.
135—page 464—Saint Louis envoyait des Mendiants pour surveiller les provinces, etc...
Math. Paris, ad. ann. 1247, p. 493.—Par son testament (1269), il leur légua ses livres et de fortes sommes d'argent, et institua pour nommer aux bénéfices vacants un conseil composé de l'évêque de Paris, du chancelier, du prieur des Dominicains et du gardien des Franciscains. Bulsæus, III, 1269.—Après la première croisade, il eut toujours deux confesseurs, l'un dominicain, l'autre franciscain; Gaufred., de Bell. loc, ap. Duchesne, V, 451.—Le confesseur de la reine Marguerite rapporte qu'il eut la pensée de se faire dominicain, et que ce ne fut qu'avec peine que sa femme l'en empêcha.—Il eut soin de faire transmettre au pape le livre de Guillaume de Saint-Amour. Le pape l'en remercia, en le priant de continuer aux moines sa protection. Bulæus, III, 313.
136—page 466 et note 1—En 1246, Pierre Mauclerc forme une ligue contre le clergé, etc...
Trésor des chartes, Champagne, VI, no 84; et ap. Preuves des libertés de l'Église gallicane, I, 29.
1247. Ligue de Pierre de Dreux Mauclerc avec son fils le duc Jean, le comte d'Angoulême et le comte de Saint-Pol, et beaucoup d'autres seigneurs, contre le clergé.—«À tous ceux qui ces lettres verront, nous tuit, de qui le séel pendent en cet présent escript, faisons à sçavoir que nous, par la foy de nos corps, avons fiancez sommes tenu, nous et notre hoir, à tousjours à aider li uns à l'autre, et à tous ceux de nos terres et d'autres terres qui voudront estre de cette compagnie, à pourchacier, à requerre et à défendre nos droits et les leurs en bonne foy envers le clergié. Et pour ce que grieffsve chose seroit, nous tous assembler pour cette besogne, nous avons eleu, par le commun assent et octroy de nous tous, le duc de Bourgogne, le comte Perron de Bretaigne, le comte d'Angolesme et le comte de Sainct-Pol;... et si aucuns de cette compagnie estoient excommuniez, par tort conneu par ces quatre, que le clergié li feist, il ne laissera pas aller son droict ne sa querele pour l'excommuniement, ne pour autre chose que on li face, etc.» Preuv. des lib. de l'Égl. gallic, I, 99. Voy. aussi p. 95, 97, 98.
137—page 467—Cette âme tendre et pieuse, blessée dans tous ses amours, etc...
Lorsque saint Louis eut résolu de retourner en France «lors me dit robe entre ly et moy sanz plus, et me mist mes deux mains entre les seues, et le légat que je le convoiasse jusques à son hostel. Lors s'enclost en sa garde, commensa à plorer moult durement; et quand il pot parler, si me dit: Seneschal, je sui moult li, si en rent graces à Dieu, de ce que le roy et les autres pèlerins eschapent du grand péril là où vous avez esté en celle terre; et moult sui à mésaise de crier de ce que il me convendra lessier vos saintes compaingnies, et aler à la court de Rome, entre cel desloial gent qui y sont.»
138—page 475—Guillaume de Saint-Amour contre les Mendiants...
Les ordres Mendiants étaient fort effrayés. «Cum prædicto volumini respondere fuisset prædicto doctori (Thomæ), non sine singultu et lacrymis, assignatum, qui de statu ordinis de pugna adversariorum tara gravium dubitabant, Fr. Thomas ipsum volumen accipiens et se fratrum orationibus recommendans...», Guill. de Thoco, vit. S. Thomæ, ap. Acta SS. Martis, I.
139—page 476—Albert-le-Grand déclara que saint Thomas avait fixé la règle...
Processus de S. Thom. Aquin., ap. Acta SS. Martis, I, p. 714: «Concludit quod Fr. Thomas in scripturis suis imposuit finem omnibus laborantibus usque ad finem sæculi, et quod omnes deinceps frustra laborarent.»—«Fuit (S. Thomas) magnus in corpore et rectæ staturæ... coloris triticei... magnum habens caput... aliquantulum calvus. Fuit tenerrimæ complexionis in carne.» Acta SS., p. 672.—«Fuit grossus.» Processus de S. Thom., ibid.
140—page 482—Le roi apparaît à la poésie féodale comme un lâche...
Passage de Guill. au court nez (Paris, introd. de Berte aux grands pieds), cité dans Gérard de Nevers.
Grant fu la cort en la sale à Loon,
Moult ot as tables oiseax et venoison.
Qui que manjast la char et le poisson,
Oncques Guillaume n'en passa le menton:
Ains menja tourte, et but aigue à foison.
Quant mengier orent li chevalier baron,
Les napes otent escuier et garçon.
Li quens Guillaume mist le roi à raison:
—«Qu'as en pensé», dit-il, li fiés Charlon?
«Secores-moi vers la geste Mahon.»
Dist Loéis: «Nous en consillerons,
«Et le matin savoir le vous ferons
«Ma volonté, se je irai o non.»
Guillaume l'ot, si taint corne charbon,
Il s'abaissa, si a pris un baston.
Puis dit au roi: «Vostre fiez tos rendon,
«N'en tenrai mès vaillant une esperon,
Ne vostre ami ne serai ne voste hom,
Et si venrez, o vous voiliez o non.»
(Ms. de Gérard de Nevers, no 7498, treizième siècle, corrigé sur le texte le plus ancien du ms. de Guillaume au Cornès, no 6995.)
141—page 484—On remonte au vieil élément indigène, etc...
Le principal dépôt des traditions bretonnes du moyen âge est l'ouvrage du fameux Geoffroi de Monmouth. Sur la véracité de cet auteur et les sources où il a puisé, voyez Ellis, Intr. metrical romances; Turner, Quarterly review, janvier 1820; Delarue, Bardes armoricains; et surtout la dernière édition de Warton (1834), avec notes de Douce et de Park; voyez aussi les critiques de Ritson, quelques passages des poésies de Marie de France, publiés par M. de Roquefort, 1820, etc.
142—page 487, note 2—La fête de l'âne...
On chantait la prose suivante:
Orientis partibus
Adventavit asinus
Pulcher et fortissimus
Sarcinis aptissimus.
Hez, sire asnes, car chantez
Belle bouche rechignez,
Vous aurez du foin assez
Et de l'avoine à plantez.
Lentus erat pedibus
Nisi foret baculus
Et eum in clunibus
Pungeret aculeus.
Hez, sire asnes, etc.
Hic in collibus Sichem
Jam nutritus sub Ruben,
Transiit per Jordanem,
Saliit in Bethleem.
Hez, sire asnes, etc.
Ecce magnis auribus
Subjugalis filius
Asinus egregius
Asinorum dominus.
Hez, sire asnes, etc.
Saltu vincit hinnulos,
Damas et capreolos,
Super dromedarios
Velox Madianeos.
Hez, sire asnes, etc.
Aurum de Arabia,
Thus et myrrham de Saba,
Tulit in ecclesia
Virtus asinaria.
Hez, sire asnes, etc.
Dum trahit véhicula
Multa cum sarcinula,
Illius mandibula
Durat terit pabula.
Hez, sire asnes, etc.
Cum aristis hordeum
Comedit et corduum;
Triticum e palea
Segregat in area.
Hez, sire asnes, etc.
Amen dicas Asine (hic genuflectebatur)
Jam satur de gramine:
Amen, amen itera,
Aspernare vetera.
Hez va! hez va! hez va hez!
Biax sire asnes car allez
Belle bouche car chantez.
(Ms. du treizième siècle, ap. Ducange, Glossar.)
143—page 493—La cathédrale de Cologne, le type de l'architecture gothique...
Les maîtres de cette ville ont bâti beaucoup d'autres églises. Jean Hûltz, de Cologne, continue le clocher de Strasbourg.—Jean de Cologne, en 1369, bâtit les deux églises de Campen, au bord du Zuiderzée, sur le plan de la cathédrale de Cologne.—Celle de Prague s'élève sur le même plan.—Celle de Metz y ressemble beaucoup.—L'évêque de Burgos, en 1442, emmène deux tailleurs de pierres de Cologne pour terminer les tours de sa cathédrale. Ils font les flèches sur le plan de celle de Cologne.—Des artistes de Cologne bâtissent Notre-Dame de l'Épine, à Châlons-sur-Marne. Boisserée, p. 15.
144—page 496—Les méandres de l'église de Reims...
On voyait dans plusieurs églises, entre autres à Chartres et à Reims, une spirale de mosaïque, ou labyrinthe, ou dædalus, placé au centre de la croisée. On y venait en pèlerinage; c'était l'emblème de l'intérieur du temple de Jérusalem. Le labyrinthe de Reims portait le nom des quatre architectes de l'église. Povillon-Pierard, Description de Notre-Dame de Reims.—Celui de Chartres est surnommé la lieue; il a sept cent soixante-huit pieds de développement. Gilbert, Description de Notre-Dame de Chartres, p. 44.
145—page 499—La peinture sur vitres...
Les Romains se servaient depuis Néron des vitres colorées, surtout en bleu. Le beau rouge est plus fréquent dans les anciens vitraux; on disait proverbialement: Vin couleur des vitraux de la Sainte-Chapelle. Ceux de cette église sont du premier âge; ceux de Saint-Gervais, du deuxième et du troisième, et de la main de Vinaigrier et de Jean Cousin. Au deuxième âge, les figures, devenant gigantesques, sont coupées par les vitres carrées. À cette époque appartiennent encore les beaux vitraux des grandes fenêtres de Cologne, qui portent la date de 1509, apogée de l'école allemande; ils sont traités dans une manière monumentale et symétrique.—Angelico da Fiesole est le patron des peintres sur verre. On cite encore Guillaume de Cologne et Jacques Allemand. Jean de Bruges inventa les émaux ou verres à deux couches.—La Réforme réduisit cet art en Allemagne à un usage purement héraldique. Il fleurit en Suisse jusqu'en 1700. La France avait acquis tant de réputation en ce genre, que Guillaume de Marseille fut appelé à Rome, par Jules II, pour décorer les fenêtres du Vatican. À l'époque de l'influence italienne, le besoin d'harmonie et de clair obscur fait employer la grisaille pour les fenêtres d'Anet et d'Écouen; c'est le protestantisme entrant dans la peinture. En Flandre, l'école des grands coloristes (Rubens, etc.) amène le dégoût de la peinture sur verre. Voyez dans la Revue française un extrait du rapport de M. Brongniart à l'Académie des sciences sur la peinture sur verre; voyez aussi la notice de M. Langlois sur les vitraux de Rouen.
FIN DU TOME DEUXIÈME.
TABLE DES MATIÈRES
LIVRE III.—Tableau de la France.
- Les divisions féodales répondent aux divisions naturelles et physiques. 1
- L'histoire de la féodalité doit donc sortir d'une caractérisation géographique et physiologique de la France. 2
- La France se sépare en deux versants, occidental et oriental. 3
- La France peut se diviser par ses produits en zones latitudinales. 5
- Bretagne. 7
- Anjou. 19
- Touraine. 20
- Poitou. 22
- Limousin. 28
- Auvergne. 29
- Rouergue. 31
- Guyenne. ibid.
- Pyrénées. 33
- Languedoc. 43
- Provence. 47
- Dauphiné. 55
- Franche-Comté. 59
- Lorraine. 60
- Ardennes. 65
- Lyonnais. 66
- Autunois et Morvan. 70
- Bourgogne. 71
- Champagne. 73
- Normandie. 78
- Flandre. 80
- Centre de la France, Picardie, Orléanais, Île-de-France. 87
- Centralisation. 93
LIVRE IV.
- Chapitre Ier. L'an 1000. Le roi de France et le pape français. Robert et Gerbert.—France féodale. 102
- Croyance universelle à la fin prochaine du monde. 103
- Calamités qui précèdent l'an 1000. 105
- Le monde aspire à entrer dans l'Église. 107
- Le roi de France, Robert, est un saint. 109
- Espoir du monde après l'an 1000. Élan de l'architecture; dogme de la Présence réelle; pèlerinages. 113
- Gerbert, ou Sylvestre II, ami des Capets. 115
- Les Capets s'appuient sur l'Église et sur les Normands. 116
- Rivalité des maisons normandes de Normandie et de Blois. 117
- Robert épouse Berthe, de la maison de Blois. 118
- 1037. Mauvais succès d'Eudes-le-Champenois, héritier de la maison de Blois. 119
- La maison de Blois se divise en Blois et Champagne, et reste inférieure aux Normands de Normandie. ibid.
- La maison indigène d'Anjou succède à sa puissance. 120
- Les Angevins gouvernent Robert, Bouchard, Foulques-Nerra. ibid.
- 1012. Après eux les Normands de Normandie gouvernent Robert, et lui soumettent la Bourgogne. 122
- 1031. Henri Ier. Il se brouille avec les Normands. 124
- 1031-1108. Nullité d'Henri Ier et de Philippe Ier. ibid.
- Chapitre II. Onzième siècle.—Grégoire VII.—Alliance des Normands et de l'Église.—Conquête des Deux-Siciles et de l'Angleterre. 126
- Lutte entre le Saint-Pontificat et le Saint-Empire, entre la féodalité et l'Église. ibid.
- Matérialisme profond du monde féodal. 129
- L'Église devient peu à peu féodale et se matérialise. 133
- Grégoire VII entreprend de la relever. Célibat des prêtres. 136
- L'Église prétend à la domination universelle. 137
- L'Empire est vaincu. 139
- Le pape s'allie aux Normands. 140
- Caractère conquérant et chicaneur des Normands. 141
- 1000-1026. Leurs pèlerinages en Italie. 144
- 1026. Premiers établissements des Normands en Italie. 145
- 1037-1053. Les fils de Tancrède conquièrent la Pouille et les Deux-Siciles. ibid.
- Guillaume-le-Bâtard, duc de Normandie. 147
- Grossièreté et esprit d'opposition de l'Église anglo-saxonne. 148
- Édouard, roi d'Angleterre, ami des Normands, gouverné par le Saxon Godwin. 149
- Guillaume, soutenu par le pape, prétend régner après Édouard, à l'exclusion d'Harold, fils de Godwin. 150
- 1066. Bataille d'Hastings; conquête de l'Angleterre par les Normands. 154
- Guillaume traite d'abord les vaincus avec quelque douceur. 156
- Révolte des Saxons. Partage de toute l'Angleterre. 157
- Utilité de la conquête. Forte organisation sociale. 160
- Puissance de la royauté et de l'église anglaise. ibid.
- Le saint-siège triomphe dans toute l'Europe par l'épée des Français. 164
- Chapitre III. La Croisade. (1095-1099.) 166
- État de l'Islamisme en Asie. ibid.
- L'essence de l'Islamisme était l'unité. 167
- La dualité y rentre. Alides. Ismaïlites. 169
- Doctrine mystique des Ismaïlites, ou Assassins. Puissance d'Hassan, 1090. 170
- Faiblesse des Califats. 172
- Jeunesse et vigueur du Christianisme. ibid.
- Pèlerinages armés; commencement des croisades. 173
- Les Grecs appellent les princes de l'Occident. 176
- 1095. Le pape français Urbain II prêche la croisade à Clermont. 178
- Grandeur du mouvement populaire. 180
- Les chefs. Godefroi de Bouillon, Hugues de Vermandois, Raymond de Toulouse, etc. 181
- Les Provençaux et les Normands. Bohémond. 182
- Godefroi de Bouillon. 184
- 1096. Départ des chefs. Arrivée à Constantinople. 185
- Haine mutuelle des croisés et des Grecs. 186
- Alexis Comnène reçoit l'hommage des croisés. ibid.
- Les croisés passent en Asie Mineure. Prise de Nicée. 189
- Prise d'Antioche. Souffrances des croisés. Bohémond garde Antioche. 191
- 1099. Prise de Jérusalem. 193
- Godefroi, roi de Jérusalem. Établissement de la féodalité française en Palestine. 194
- Chapitre IV. Suites de la croisade. Les Communes. Abailard. Première moitié du douzième siècle. 197
- Résultat de la croisade. L'aversion de l'Europe et de l'Asie a diminué. 198
- La pensée de l'égalité s'est développée. 199
- Tentatives d'affranchissement. Communes. 200
- Le roi s'appuie sur les communes contre les barons. 203
- 1108. Louis VI. Il fait ses premières armes pour l'Église et les marchands. 208
- La royauté avait gagné à l'absence des seigneurs, partis pour la croisade. 209
- Guerre de Louis contre les Normands. Bataille de Brennerille, 1119. 211
- 1115. Expédition dans le Midi. 213
- 1124. L'empereur Henri V veut envahir la France. Toute la France s'arme pour Louis VI. 214
- La liberté se produit dans la philosophie. 215
- Mouvement de la pensée. Gerbert, Bérenger, Roscelin, école de droit; université de Paris. ibid.
- Le Breton Abailard essaye de ramener le christianisme à la philosophie. Immense popularité de son enseignement. 219
- Saint Bernard; sa puissance. 221
- Il attaque Abailard et son disciple Arnaldo de Brescia. 223
- 1119. Abailard se retire à Saint-Denis. 224
- Il fonde le Paraclet pour Héloïse. 225
- Il est condamné au concile de Sens. 226
- Héloïse. La femme se relève par l'amour désintéressé. 227
- Robert d'Arbrissel la place au-dessus de l'homme. Ordre de Fontevrault, 1106. 231
- Progrès du culte de la Vierge. 232
- La femme règne aussi sur la terre. Elle succède, etc. ibid.
- Chapitre V. Le roi de France et le roi d'Angleterre. Louis-le-Jeune, Henri II (Plantagenet).—Seconde croisade; humiliation de Louis.—Thomas Becket, humiliation d'Henri (seconde moitié du douzième siècle). 235
- Le roi d'Angleterre violent, héroïque, impie. ibid.
- Le roi de France, figure pâle et impersonnelle; mais il a pour lui le peuple et la loi, l'Église et la bourgeoisie. 237
- Il est le symbole et le centre de la nation. ibid.
- 1137. Dévotion de Louis VII. 239
- 1142. Guerre avec la Champagne. Incendie de Vitry. 240
- 1147. Seconde croisade, prêchée par saint Bernard. Différence entre la seconde croisade et la première. 241
- L'empereur Conrad et une foule de princes prennent la croix. ibid.
- Mauvais succès des croisés dans l'Asie Mineure. 243
- Retour honteux de Louis VII. 244
- La femme de Louis, Éléonore, obtient le divorce, se marie à Henri Plantagenet et lui apporte l'Aquitaine. 246
- Situation de la royauté anglaise. Oppression des vaincus; puissance de la féodalité. 247
- Le roi s'appuie contre ses barons sur des mercenaires. Nécessité d'une fiscalité violente. ibid.
- 1087. Guillaume-le-Roux. 248
- 1100. Henri Beauclerc. 250
- 1135. Étienne de Blois. Il reconnaît pour son successeur Henri Plantagenet, comte d'Anjou. 251
- 1154. Henri II. Ses vastes possessions. 252
- Les vaincus espèrent sous Henri II. 253
- Résurrection du droit romain. ibid.
- Le Saxon Becket, élève de Bologne, favori et chancelier d'Henri II. 255
- Guerre d'Henri II contre le comte de Toulouse. 257
- Henri II donne à Becket l'archevêché de Kenterbury. 258
- Rôle populaire des archevêques de Kenterbury. Ils défendent les libertés de Kent. 259
- Becket accepte ce rôle et se brouille avec Henri. 262
- 1163. Henri fait signer aux évêques les coutumes de Clarendon. 263
- Les races vaincues soutiennent Becket. 265
- Becket, défenseur de leur liberté et de la liberté de l'Église. ibid.
- 1164. Il se réfugie en France. 270
- Louis VII l'accueille et le protège. 271
- Il excommunie ses persécuteurs. 271
- Le pape se déclare contre lui. 272
- Entrevue de Becket et des deux rois à Chinon. 277
- 1170. Menaces d'Henri II Quatre chevaliers normands assassinent l'archevêque dans son église. Passion de Becket. 281
- Henri obtient son pardon du saint-siège. 287
- Révolte de ses fils et de sa femme Éléonore. 288
- Il fait pénitence au tombeau de Thomas Becket. 290
- Il reprend avec énergie la guerre contre ses fils. 291
- Caractère impie et parricide de cette famille. 292
- Attachement des Méridionaux pour Éléonore de Guyenne. 294
- 1189. Malheur et mort d'Henri II. 296
- Le roi de France surtout profite de la chute du roi d'Angleterre. 299
- Son dévouement à l'Église fait sa grandeur. 300
- 1180. Philippe-Auguste. 301
- Chapitre VI. 1200. Innocent III.— Le pape prévaut, par les armes des Français du Nord, sur le roi d'Angleterre et l'empereur d'Allemagne, sur l'empire grec et sur les Albigeois—Grandeur du roi de France. 304
- Situation du monde à la fin du douzième siècle. ibid.
- Révolte contre l'Église. 305
- Mysticisme sur le Rhin et aux Pays-Bas. 307
- En Flandre, mysticisme industriel. 309
- Rationalisme dans les Alpes. 311
- Vaudois. ibid.
- Albigeois. 313
- Liaison du Midi avec les juifs et les musulmans. ibid.
- Incrédulité et corruption. 314
- Littérature Troubadours. 315
- Situation politique du Midi. 316
- Doctrines albigeoises, croyances manichéennes. 317
- Danger de l'Église. 319
- Innocent III. 321
- Prétentions croissantes du saint-siège. 324
- Opposition de l'empereur et du roi d'Angleterre. 325
- Philippe-Auguste. 327
- Richard Cœur-de-Lion. 328
- 1187. Prise de Jérusalem. 329
- Règne des Atabecks de Syrie, Zenghi et Nuhreddin. 330
- Saladin. 331
- Troisième croisade Frédéric-Barberousse meurt en chemin. 332
- Les rois de France et d'Angleterre prennent la route de mer. 333
- Leurs querelles en Sicile. ibid.
- Siège de Saint-Jean d'Acre. 334
- Divisions des croisés. Philippe retourne en France. 337
- L'empereur retient Richard prisonnier. 341
- 1199. Retour et mort de Richard. ibid.
- Le divorce de Philippe-Auguste le brouille avec l'Église. 342
- 1202-1204. Quatrième croisade. ibid.
- Les croisés empruntent des vaisseaux à Venise. 343
- L'empereur grec implore leur secours. 345
- Haines mutuelles des Grecs et des Latins. 346
- Siège et prise de Constantinople. 348
- Soulèvement du peuple. Murzuphle. 350
- Seconde prise de Constantinople. 351
- Partage de l'empire grec. Baudoin de Flandre, empereur. 352
- Chapitre VII (Suite).—Ruine de Jean. Défaite de l'empereur. Guerre des Albigeois. Grandeur du roi de France. (1204-1222). 354
- L'Église frappe d'abord le roi d'Angleterre. 355
- Danger continuel des rois d'Angleterre; mercenaires et fiscalité. ibid.
- Désharmonie croissante de l'empire anglais. 356
- Rivalité de Jean et de son neveu Arthur de Bretagne. 358
- 1204. Meurtre d'Arthur. 359
- Philippe-Auguste cite Jean devant sa cour. 360
- Jean se ligue avec l'empereur et le comte de Toulouse. 361
- Situation précaire de l'Église dans le Languedoc. ibid.
- Antipathie du Nord pour le Midi. 362
- Ravages des routiers. ibid.
- Opposition des deux races dans les croisades. 363
- La croisade est prêchée par l'ordre de Cîteaux. Sa splendeur. 364
- Durando d'Huesca. 365
- Saint Dominique. ibid.
- Le comte de Toulouse favorise les hérétiques. 367
- 1208. Assassinat du légat Pierre de Castelnau. 368
- Innocent III fait prêcher la croisade dans le nord de la France. 369
- À la tête des croisés, Simon de Montfort. Destinées de cette famille. 372
- Siège et massacre de Béziers. 374
- Prise de Carcassonne. 375
- Montfort accepte la dépouille du vicomte de Béziers. 376
- Siège des châteaux de Minerve et de Termes. 377
- Le comte de Toulouse se soumet à des conditions humiliantes. 379
- Siège de Toulouse. 381
- Tous les seigneurs des Pyrénées se déclarent pour Raymond. 382
- Le roi d'Aragon fait défier Montfort. 383
- Opposition des armées de Montfort et de don Pedro. 384
- 1213. Bataille de Muret. ibid.
- Querelle de Jean et des moines de Kenterbury. 386
- Le pape se déclare contre Jean et l'excommunie. ibid.
- Le pape arme la France. Jean se soumet. 388
- Guerre de Philippe contre les Flamands. 389
- Jean se ligue avec l'empereur Othon. 390
- 1214. Bataille de Bouvines. 391
- 1215. Soulèvement des barons d'Angleterre. Grande Charte. 392
- Louis, fils de Philippe, descend en Angleterre. 395
- 1216. Mort de Jean. Mort d'Innocent III. ibid.
- Doutes, et peut-être remords du pape. 396
- 1222. Le Midi se jette dans les bras du roi de France. 398
- Situation de l'Europe. L'avenir est au roi de France. ibid.
- Chapitre VIII. Première moitié du treizième siècle. Mysticisme. Louis IX. Sainteté du roi de France. 400
- Décadence de la papauté. ibid.
- Ordres mendiants, Dominicains et Franciscains. 401
- Esprit austère des Dominicains. 402
- Mysticisme des Franciscains. 403
- Légende de saint François. ibid.
- Drames et farces mystiques. 406
- Le mysticisme franciscain accueilli par les femmes. Clarisses Dévotion à la Vierge. 407
- Influence des femmes au treizième siècle. ibid.
- 1218. Louis VIII s'empare du Poitou et étend son influence en Flandre. 409
- Il reprend la croisade contre les Albigeois. 410
- 1226. Il meurt. Régence de Blanche de Castille. 411
- Elle s'appuie sur le comte de Champagne. 412
- Ligue des barons. Pierre Mauclerc, duc de Bretagne. 413
- Nouvelle croisade en Languedoc. Soumission du comte de Toulouse. Soumission des barons. 415
- 1236. Saint Louis. Situation favorable du royaume. 416
- Discrédit de l'empereur et du pape. 418
- Saint Louis hérite des dépouilles des ennemis de l'Église. ibid.
- Ravages des Mongols en Asie. 419
- L'empereur grec implore le secours de la France. 421
- Saint Louis retenu par la guerre contre Henri III. 422
- 1241. Batailles de Taillebourg et de Saintes. 423
- 1258. Prise de Jérusalem par les Mongols. 424
- Saint Louis, malade, prend la croix. 425
- Séjour des croisés en Chypre. 427
- Siège de Damiette. 428
- Défaite de Mansourah. 429
- Maladies dans le camp. 432
- Prise du roi et d'une foule de croisés. 433
- Il fortifie les places de la terre sainte et revient en France. 436
- Le mysticisme produit l'insurrection des Pastoureaux. 436
- Saint Louis restitue des provinces à l'Angleterre. 437
- Situation de l'Angleterre sous Henri III. 438
- Il veut s'appuyer sur les hommes du Midi. 439
- Insurrection des barons. Montfort. ibid.
- 1258. Statuts d'Oxford. 440
- 1264. Saint Louis, pris pour arbitre, casse les Statuts. 441
- Montfort appelle les communes au Parlement. ibid.
- Charles d'Anjou accepte la dépouille de la maison de Souabe. 442
- Caractère héroïque de cette maison gibeline. 443
- Dur esprit des Guelfes. 444
- La maison de Souabe se rend odieuse. 445
- Conquête des Deux-Siciles par Charles d'Anjou. 447
- 1270. Croisade de Tunis, et mort de Louis IX. 456
- Sainteté de Louis IX. Son équité dans les jugements. 463
- ÉCLAIRCISSEMENTS. 473
- APPENDICE. 509
FIN DE LA TABLE DU DEUXIÈME VOLUME.
IMPRIMERIE E. FLAMMARION, 26, RUE RACINE, PARIS