Histoire de la civilisation égyptienne des origines à la conquête d'Alexandre
Un grand mouvement se préparait en effet contre l’Egypte; avec l’appui des tribus libyennes cantonnées dans le désert, dans la Cyrénaïque et peut-être plus loin encore, du côté de la Tunisie, certains peuples du nord, venant des îles grecques et de la côte d’Asie Mineure, traversèrent la mer, débarquèrent et tentèrent d’envahir la vallée du Nil, dont le souverain était en ce moment Menephtah, le soi-disant pharaon de l’Exode. Ce roi était le trentième fils de Ramsès II, auquel il succéda étant lui-même déjà presque un vieillard, inhabile à conduire des armées. Les généraux auxquels il délégua ses pouvoirs se comportèrent vaillamment et repoussèrent l’invasion; plus tard, ils firent une campagne victorieuse en Syrie, pays également menacé par les ennemis de l’Egypte, et qui n’était sans doute déjà plus vassal des pharaons, à en juger par les termes que Menephtah emploie en parlant des habitants de la contrée, qu’il ne considère plus comme des sujets ou des rebelles, mais comme des adversaires indépendants. Pendant quelques siècles, la monarchie égyptienne avait fait de brillantes conquêtes et les avait défendues âprement, mais elle n’avait pas le caractère d’une puissance expansive et ses colonies asiatiques lui échappèrent sans que nous puissions bien nous rendre compte de quelle façon. Désormais l’Egypte sera réduite à son territoire africain, et si quelques rois, d’un esprit plus aventureux, veulent plus tard tenter des expéditions lointaines, leurs succès ne seront jamais que momentanés et n’auront aucun lendemain.
Ces victoires devaient être les derniers moments de gloire de la XIXme dynastie, et la fin du règne de Menephtah se perd dans l’oubli; ses successeurs, Seti II, Amenmesès, Taousert, Siphtah ne sont guère pour nous que des noms, des êtres sans consistance historique. Peu à peu, sous eux, l’Egypte était tombée en pleine anarchie; des hordes syriennes s’étaient abattues sur le pays et le rançonnaient sans pitié. La décadence était complète au XIme siècle avant notre ère.
L’Egypte devait secouer cependant encore une fois le joug des barbares, grâce à la valeur et à l’opiniâtreté de Setnekht et de Ramsès III, les fondateurs de la XXme dynastie; Setnekht, un parent sans doute des rois de la XIXme, rétablit l’ordre dans le pays même, mais mourut après un très court règne, laissant le trône à son fils Ramsès III. La coalition des peuples de la mer et des Libyens, dissoute par la victoire de Menephtah, s’était reformée et devenait de nouveau menaçante; c’était une vraie émigration de nations entières qui se dirigeaient vers l’Egypte en suivant la côte de la Syrie et de la Palestine; Ramsès les attendait près de la frontière et les défit une première fois, mais ils revinrent à la charge trois ans après et, dans la même journée, leur flotte fut anéantie par celle du roi d’Egypte et leur armée repoussée définitivement; cette fois-ci, les Libyens s’étaient mis aussi en campagne et, Ramsès, immédiatement après sa victoire dans l’est, se retourna contre eux et leur infligea à eux aussi une défaite retentissante. Il n’avait plus rien à craindre du dehors et fut assez sage pour ne pas passer de la défensive à une politique offensive; il se consacra donc exclusivement au bien-être et au développement de son pays, où la paix et la sécurité régnaient de nouveau. Il édifia des monuments splendides, comme ceux de Medinet-Habou, protégea le commerce et l’industrie et combla les temples de richesses. Grâce au grand papyrus Harris, qui contient l’énumération de ses dons et un résumé historique de son œuvre, nous sommes admirablement renseignés sur son règne. Ramsès III cherchait en tout à imiter son illustre ancêtre et homonyme Ramsès II; si son règne fut de moitié plus court, trente-trois ans à peine, l’œuvre qu’il accomplit pendant ce temps est supérieure, semble-t-il, à celle de son célèbre modèle, et elle eût été vraiment durable s’il avait eu des successeurs dignes de lui; malheureusement ceux-ci se montrèrent aussi incapables que les successeurs de Ramsès II et la XXme dynastie finit comme la XIXme, tristement et sans gloire. Les neuf rois qui se succèdent à des intervalles plus ou moins longs et qui portent tous le nom glorieux de Ramsès sont comme les rois fainéants entre les mains des maires du palais, des fantoches sans valeur personnelle, absolument dépendants des prêtres d’Amon; ceux-ci avaient repris la place prépondérante que Khounaten avait cherché à leur enlever, cependant les rois représentaient encore le lien traditionnel qui assurait l’unité de l’Egypte, menacée de tous côtés par des ambitieux désireux de s’arroger une partie du pouvoir suprême.
La dislocation du pays commença en effet dès la disparition du dernier de ces princes, Ramsès XII, détrôné sans doute par le grand prêtre Hrihor, qui tenait depuis longtemps les rênes du pouvoir et voulait porter lui-même la couronne. Une ère nouvelle commence, celle du morcellement de l’Egypte, assez semblable en principe à la période féodale qui sépare l’Ancien du Moyen Empire, à cette différence près que ces roitelets vivent le plus souvent en bonne harmonie les uns avec les autres, s’unissent par des mariages et se repassent sans dispute la prééminence, suivant que l’une ou l’autre des familles a plus de puissance sur le moment. Il semble que l’Egypte soit épuisée par son effort politique et militaire et qu’elle se recueille, attendant des jours meilleurs qui du reste ne pourront être aussi glorieux que par le passé; pendant le début de cette période qui reste encore confuse, bien qu’elle nous ait transmis une foule de documents, aucun ennemi sérieux, venant du dehors, ne menace l’Egypte, mais aucun roi ne domine les autres par ses actes ou par ses capacités. Cette époque est une époque de médiocrité à tous les points de vue, pendant laquelle la civilisation, comme les arts, végète sans se développer, et qui dura de trois à quatre siècles. Il faudrait pouvoir en donner un vaste tableau d’ensemble, chose qui n’est pas encore possible, les éléments étant insuffisants, et nous devons nous borner à suivre la classification de Manéthon en dynasties; chacune de ces dynasties semble d’après lui former un tout indépendant, tandis qu’en réalité elle est intimement liée aux autres, dans un enchevêtrement bien difficile à débrouiller.
Avec Hrihor, les grands prêtres d’Amon s’étaient, comme cela devait fatalement arriver, élevés sur le trône d’Egypte, mais à peine y furent-ils qu’ils se trouvèrent en face de compétiteurs qui n’étaient point négligeables: ceux-ci, moins puissants peut-être que les rois-prêtres qui occupaient Thèbes, avaient pour eux leur naissance, étant parents très rapprochés des souverains déchus. Leur centre était à Tanis, à l’extrême nord-est du Delta, une ville à laquelle Ramsès II avait donné une grande importance comme boulevard de l’Egypte du côté de la Syrie. Ces rois, Smendès, Si-Amon, les Psousennès, firent avec ceux de Thèbes une sorte de compromis et vécurent en bons termes avec Hrihor comme avec ses descendants, les Pânkhi, les Pinodjem, les Masaherta, dont plusieurs du reste se contentèrent de leur titre de grand pontife tandis que d’autres revendiquaient le cartouche royal. La XXIme dynastie est donc double, mi-partie tanite, mi-partie thébaine.
La force militaire des grands conquérants, dès la XVIIIme dynastie, réside pour une bonne part dans les troupes mercenaires qu’ils prenaient à leur service, nègres, Shardanes et Libyens, races qui toutes étaient plus belliqueuses que les Egyptiens. Parmi tous ces étrangers défenseurs de l’Egypte, la tribu libyenne des Mashaouash prit rapidement une place prépondérante, et ses chefs une haute position à la cour, puisqu’ils entrèrent même par des mariages dans la famille royale; un descendant de ces chefs, résidant à Bubastis dans la Basse Egypte, Sheshonq, prit lui aussi le titre de roi de la Haute et de la Basse Egypte, peut-être au moment même où Hrihor et Smendès se proclamaient rois chacun de son côté. Cette dynastie bubastite qui compte dans ses rangs des Sheshonq, des Osorkon, des Takelot, des Nimrod, fut généralement plus puissante que les autres familles régnantes et nous a laissé beaucoup plus de monuments, entre autres ceux dont elle dota sa capitale de Bubastis; souvent même ces rois occupèrent Thèbes, y installèrent des grands prêtres pris dans leur famille et firent des travaux importants dans le grand temple d’Amon; cependant nous ne voyons pas qu’il y ait jamais eu de luttes violentes entre eux et les autres dynasties collatérales. Le fondateur de la dynastie, Sheshonq I, manifesta des velléités conquérantes et fit campagne en Judée: c’est le Sisak de la Bible, qui vainquit Roboam et pilla Jérusalem. Certains de ses successeurs, comme Osorkon I, le Zerakh de la Bible, eurent aussi maille à partir avec les Juifs, mais à part cela leurs règnes ne renferment aucun événement vraiment digne de mémoire.
Quand la première famille de rois tanites, la XXIme dynastie, s’éteignit, une autre famille de même origine prit possession de son trône, mais ne laissa dans l’histoire qu’une trace insignifiante. Elle régna donc pendant les derniers temps de la XXIIme dynastie bubastite. A cette époque se place un événement important, la conquête de l’Egypte entière par le roi éthiopien Piânkhi Meri-Amon. Ce prince, qui descendait des anciens rois d’Egypte et qui se considérait comme leur légitime successeur, rêvait d’une restauration du royaume des pharaons tel qu’il était à la grande époque. Il descendit le Nil avec une flotte et une armée, s’empara successivement de toutes les villes et de toutes les places fortes d’Egypte, malgré la résistance opiniâtre des derniers rois de la XXIIme et de la XXIIIme dynastie, Nimrod et Osorkon, de Tafnekht, roi de Saïs et d’une série de petits roitelets, qui tous durent finir par se soumettre et le reconnaître comme leur suzerain. Il rendit lui-même solennellement hommage aux dieux de l’Egypte, mais ne s’attarda pas dans le pays et remonta dans sa patrie, à Napata, au fond du Soudan.
Fig. 213. Rois et princes faisant leur soumission à Piânkhi
(d’après Mariette. Monuments divers, pl. I).
Le plus opiniâtre des adversaires de Piânkhi, Tafnekht, roi de Saïs, s’arrogeait déjà, comme du reste les autres princes ses contemporains, le protocole complet des rois d’Egypte. Son fils et successeur, Bokenranf (Bocchoris), eut un pouvoir plus étendu et régna même quelques années sur le pays entier, constituant à lui seul l’éphémère XXIVme dynastie saïte. C’était un sage et un législateur, sur le compte duquel la postérité racontait mainte anecdote. Comme guerrier, il tenta, en Syrie, de s’opposer à la marche victorieuse de Sargon, roi d’Assyrie, mais fut battu et dut s’estimer heureux que son royaume n’eût pas à subir l’invasion. Peu après il fut attaqué, vaincu et mis à mort par le roi éthiopien qui régnait encore à Thèbes, Sabacon.
Piânkhi en effet, en rentrant en Ethiopie, avait laissé le royaume reconquis par lui aux mains de membres de sa famille qui résidèrent à Thèbes, mais qui n’eurent qu’une autorité très limitée jusqu’au jour où l’un d’entre eux, Sabacon, se trouva maître de nouveau de tout le pays par sa victoire sur Bocchoris. L’unité des deux royaumes pharaoniques semblait reconstituée, mais elle ne devait pas être de longue durée. Un ennemi nouveau, plus redoutable que tous ceux qu’avait jusque-là connus l’Egypte, le roi d’Assyrie, qui était déjà maître d’une bonne partie de la Syrie, s’avançait progressivement. La politique que suivirent à son égard les rois éthiopiens de la XXVme dynastie, et du reste aussi les autres princes égyptiens, ne fut pas très franche et varia presque d’une année à l’autre. Sabacon commença prudemment par payer tribut à ce puissant rival; son fils Shabatoka prit le parti contraire, marcha contre Sennakhérib, fut complètement battu, et l’Egypte n’évita l’invasion que grâce au mystérieux événement relaté par la Bible et par Hérodote, cette peste qui anéantit en une nuit l’armée assyrienne dans les environs de Jérusalem, à Lakish, en l’an 701. Peu après, Shabatoka fut détrôné et tué par son suzerain, le nouveau roi d’Ethiopie Taharqa, qui s’installa à sa place comme pharaon, et donna à l’Egypte quelques années de prospérité; ayant noué des intrigues avec les peuples syriens, il s’attira la colère d’Asarhaddon, roi d’Assyrie, qui cette fois pénétra en Egypte, le vainquit, pilla Memphis et reçut l’hommage des princes du Delta, auprès desquels il établit des gouverneurs, en 670. Taharqa revint à la charge un peu plus tard, mais cette fois les armées d’Assourbanipal, qui venait de succéder à son père, pénétrèrent jusqu’à Thèbes et firent peser un joug plus lourd sur les princes de la Basse Egypte qui avaient profité de l’occasion pour se révolter de nouveau. Le successeur de Taharqa, Tanoutamon, tenta une fois encore de repousser les Assyriens, reprit le pays jusqu’au Delta, puis finit aussi par être refoulé au delà de la cataracte, après que Thèbes eut été mise à sac. Ceci se passait en 662; la domination assyrienne ne devait plus durer que peu de temps, mais aucun roi éthiopien ne devait plus porter la double couronne d’Egypte.
Parmi tous les princes et roitelets qui se partageaient le Delta et formaient ce que les Grecs appelaient la dodécarchie, ceux de Saïs avaient depuis Bocchoris une place dominante et prenaient toujours la tête du mouvement, que ce mouvement fût dirigé contre les Ethiopiens ou contre les Assyriens. Néchao, le véritable fondateur de cette nouvelle dynastie saïte la XXVIme, avait déjà été reconnu par Asarhaddon, mais ce fut son fils Psammétique qui, profitant de la retraite définitive de Taharqa et de l’éloignement d’Assourbanipal, alors très occupé par sa guerre contre l’Elam, arriva en un temps relativement court à affranchir son pays de la domination étrangère, à en reconstituer l’unité et à lui assurer de nouveau de longues années de prospérité et de gloire, comme dans les beaux temps d’autrefois.
Ainsi que nous l’apprennent les historiens grecs, c’est en s’appuyant sur des mercenaires ioniens et cariens que Psammétique I put obtenir ce résultat et réunir tout le pouvoir dans sa main; certains soldats égyptiens, blessés de cette préférence non déguisée qu’il accordait aux soldats étrangers, l’abandonnèrent et s’expatrièrent, mais les autres furent vite enrégimentés de nouveau. La puissance militaire de l’Egypte était reconstituée, et le nouveau roi chercha d’abord à expérimenter sa force en faisant des incursions en Syrie, puis adopta un autre système, celui de fortifier ses frontières au nord-est et au sud pour pouvoir s’occuper activement de réorganiser son royaume; son long règne lui permit de mener à bien cette besogne.
Le royaume d’Assyrie avait disparu, aussi le fils de Psammétique, Néchao II voulut-il reprendre la vieille politique syrienne des pharaons conquérants; son expédition fut d’abord couronnée de succès, mais après une défaite terrible qui lui fut infligée à Carchemis par le roi de Babylone, Nabuchodonosor, il dut se replier sur l’Egypte où son vainqueur n’osa le poursuivre et il se voua, à son tour, au développement intérieur de son royaume. Il s’occupa aussi activement de sa marine, et c’est sur son ordre qu’eut lieu le fameux périple, le voyage d’une flotte égyptienne autour de l’Afrique, partant de la mer Rouge pour revenir par la Méditerranée.
Psammétique II, puis Apriès, continuèrent l’œuvre de leurs devanciers jusqu’au moment où ce dernier, après une expédition désastreuse contre les Libyens, eut suscité une vraie révolution populaire qui le renversa et le remplaça sur le trône par Amasis, un de ses généraux, sans doute son parent. Nabuchodonosor profita de cette crise pour enlever à l’Egypte tout ce qu’elle pouvait encore posséder en Syrie, mais n’osa pas tenter de pénétrer dans la vallée du Nil, et Amasis, s’appuyant de plus en plus sur les Grecs, continua l’œuvre civilisatrice commencée avant lui; c’est grâce à lui surtout que s’élevèrent sur le sol égyptien des villes purement grecques comme Naucratis, et que le commerce et l’industrie helléniques y prospérèrent, faisant pénétrer peu à peu un nouvel esprit dans cette vieille civilisation, aussi la figure d’Amasis est-elle restée très vivante chez les Grecs, et une foule d’histoires sont venues se greffer sur son nom, qu’elles popularisent encore en ce jour. Jamais l’Egypte, paraît-il, n’avait été si riche et si prospère que sous son habile gouvernement; il l’avait rendue si forte que Cyrus lui-même n’osa pas l’attaquer. Ce dernier lui ayant, dit-on, demandé sa fille en mariage, Amasis lui aurait envoyé la fille du pharaon détrôné Apriès; cette tromperie devint plus tard le prétexte des revendications de Cambyse au trône d’Egypte et de l’envahissement de la vallée du Nil, dès que le faible Psammétique III eut remplacé au pouvoir son père Amasis.
La XXVIme dynastie, ou, comme nous l’appelons aussi pour bien la distinguer du Nouvel Empire thébain avec lequel elle n’a plus aucun rapport, l’époque saïte, présente un caractère tout particulier qu’on peut qualifier d’un seul mot, celui de renaissance. Longtemps contenue, l’Egypte s’épanouit de nouveau; dans tous les domaines, elle cherche à retrouver ce qui a fait autrefois sa grandeur et sa force. Elle reprend la vieille tradition à laquelle elle insuffle un peu de cet esprit nouveau qui commence à se manifester grâce au contact permanent avec des peuples plus jeunes. Trop tôt coupé par l’invasion persane, ce grand effort qui se manifeste aussi bien au point de vue politique que dans le domaine de l’art, n’eut pas le temps de donner tout ce qu’on eût été en droit d’en attendre.
L’histoire de la conquête de l’Egypte par Cambyse et des rois ses successeurs, est trop connue pour qu’il y ait lieu d’y revenir ici. La vallée du Nil est désormais englobée dans l’empire perse, et il est à remarquer qu’elle ne fut jamais administrée comme les autres provinces ou satrapies, mais qu’elle bénéficia de certains privilèges et conserva, nominalement au moins, son ancienne organisation. Le grand roi se considérait comme le légitime successeur des pharaons, il enfermait son nom dans un cartouche, se donnait les titres de roi de la Haute et de la Basse Egypte et même celui d’Horus, adorait officiellement tous les dieux égyptiens et leur dressait des temples, mais toutes ces prévenances ne suffirent pas à lui gagner le cœur de ses nouveaux sujets qui aspiraient à la liberté et cherchèrent maintes fois à la reconquérir.
Les premières révoltes furent réprimées, mais enfin sous Darius II Ochus, en 405, les Egyptiens secouèrent le joug et substituèrent à la XXVIIme dynastie perse une série de dynasties indigènes, la XXVIIIme d’abord, qui ne compte qu’un seul roi, Amyrtée, d’origine saïte, puis la XXIXme, de Mendès, qui avec Nepherites et Hakoris acheva la délivrance. Des luttes intestines marquèrent seules les courts règnes de leurs successeurs qui furent détrônés en 379 par un prince originaire de Sebennytos, Nekhthorheb ou Nectanébo I, le fondateur de la XXXme dynastie. Ce roi, puis ses successeurs Téos et Nectanébo II, tout en travaillant activement au bien-être intérieur du pays, eurent continuellement à lutter contre les Perses qui voulaient reconquérir leur province perdue. Pendant des années, avec le secours des mercenaires grecs, ils bataillèrent avec héroïsme, mais ils finirent par être écrasés sous le nombre, et en 342, le dernier roi égyptien s’enfuyait en Ethiopie; l’antique monarchie avait jeté son dernier éclat.
Les Perses saccagèrent consciencieusement le pays qui, au cours de la XXXme dynastie, s’était remis à prospérer, mais ils ne devaient jouir de leur triomphe que dix ans à peine et quand Alexandre parut, il fut salué comme un sauveur. C’était une Egypte toute nouvelle qui commençait, l’Egypte grecque, désormais intimement liée à l’histoire du monde méditerranéen, de ce monde à la civilisation duquel elle avait si largement contribué.
Je dois ajouter encore un mot sur l’événement de l’histoire d’Egypte qui nous est le plus familier, l’Exode des Hébreux; pour les Egyptiens eux-mêmes, le fait n’était ni glorieux ni important, aussi ne faut-il pas s’étonner qu’ils n’en font pas la moindre mention; dans les livres de Moïse, le roi sous lequel eut lieu l’Exode n’est pas nommé, aussi la date ne peut-elle être fixée de façon certaine. L’opinion traditionnelle, presque universellement acceptée aujourd’hui, est que la persécution des Juifs eut lieu à partir de Ramsès II et la sortie d’Egypte sous Menephtah; cependant dans la stèle racontant son triomphe en Syrie, en l’an 5, ce dernier roi parle d’Israël — le mot est écrit en toutes lettres — comme étant fixé dans ce pays, et fortement atteint par la victoire égyptienne. Il est bien difficile de concilier ce fait précis avec la tradition. Une solution qui est à mon avis plus plausible est celle de M. Lieblein qui reporte l’Exode vers la fin de la XVIIIme dynastie: Thoutmès III serait le pharaon de l’oppression et les Juifs auraient quitté l’Egypte sous Amenophis III; deux cents ans plus tard, sous Menephtah, ils devaient donc être installés en Palestine. Ce système a l’avantage d’expliquer la présence sur les frontières de la Palestine, sous Amenophis IV, de tribus belliqueuses et envahissantes que les lettres des gouverneurs appellent les Khabirou. Ces Khabirou seraient simplement les Hébreux qui, sous la conduite de Josué, commençaient la conquête de la terre promise.
B. MONUMENTS
La masse énorme de monuments du Nouvel Empire qui nous sont parvenus appartiennent presque tous à la période thébaine, tandis que celle des rois du Delta est à peine représentée jusqu’à la XXVIme dynastie, l’époque saïte, qui présente un caractère un peu différent. Ce sera donc surtout d’après les documents thébains, de la XVIIIme à la XXme dynastie, que nous étudierons maintenant la différence qui existe entre le Nouvel Empire et les deux grandes périodes qui le précédèrent.
En Orient, chaque roi nouveau se construit généralement une résidence qui n’est pas destinée à durer beaucoup plus longtemps que lui. En Egypte, les palais étaient des constructions légères en briques et bois, couvrant un vaste espace, avec cours centrales, grandes pièces à colonnes et chambres plus petites, bien aérées, dont la disposition devait varier constamment; l’ornementation, qui se faisait sur stuc, était souvent très riche; ainsi, dans les grandes salles d’apparat, le sol, était couvert d’un enduit entièrement peint, représentant un étang plein de poissons, entouré de touffes de plantes et de buissons couverts de fleurs sur lesquels volent des multitudes d’oiseaux, thème décoratif traité avec la fantaisie la plus charmante.
De même que leurs princes, les gens aisés cherchaient à avoir des maisons fraîches et bien aérées, sortes de villas à un ou deux étages placées au milieu de beaux jardins pleins d’arbres fruitiers et qui, avec leurs pièces d’eau et la régularité de leur disposition, font parfois penser aux jardins à la française. Les communs, greniers et pressoir, sont à côté de la maison.
L’Egypte n’ayant pas d’invasion à craindre sous les rois thébains ne fit aucune construction militaire; ce n’est que sous les Saïtes que nous trouvons à la frontière des forteresses comme celle de Daphnae, destinée à la garnison grecque, énorme massif de maçonnerie qui rappelle beaucoup les forts du Moyen Empire. Les monuments nous font par contre connaître les fortifications syriennes avec leurs terrasses et leurs créneaux, et Ramsès III eut même la fantaisie de construire en avant de son temple de Medinet-Habou, en souvenir de ses campagnes, un vrai fort syrien qui est aujourd’hui admirablement conservé.
Les temples égyptiens du Nouvel Empire sont très nombreux et le plus souvent de dimensions colossales; les dispositions de détails varient de l’un à l’autre, mais le plan d’ensemble est toujours le même, et comporte trois parties principales placées l’une derrière l’autre et donnant au monument la forme d’un rectangle à peu près deux fois plus long que large. En avant est une cour souvent entourée d’une colonnade et précédée d’un double pylone très élevé, flanquant les deux côtés de la porte centrale; puis vient la salle, ou les salles hypostyles où se faisaient les cérémonies publiques du culte, et enfin le sanctuaire, isolé par un couloir sur lequel s’ouvrent encore une série de pièces secondaires destinées à servir de magasins ou de trésors. Dans ce sanctuaire on conservait l’image sainte du dieu, enfermée dans un riche naos ou placée sur une barque qu’on apportait devant la foule pendant les grandes cérémonies. Devant le pylone se dressaient deux obélisques, de hauts mâts portant des banderoles, et souvent des statues colossales de rois; parfois une avenue bordée de sphinx y aboutissait; des statues en plus ou moins grand nombre étaient déposées dans toutes les parties du temple.
Une riche décoration traitée en bas-relief ou en creux, et le plus souvent rehaussée de couleur, couvre toutes les parois, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur; à l’intérieur, c’est-à-dire dans les salles hypostyles aussi bien que dans les pièces accessibles aux prêtres seuls, ce sont des scènes d’adoration, d’offrandes ou de cérémonies cultuelles, tandis que dans les cours, sur les pylones et sur les murs extérieurs, les rois faisaient de préférence représenter leurs hauts faits guerriers et l’écrasement de leurs ennemis, avec des inscriptions historiques, visibles ainsi pour tout le monde.
Au point de vue construction, la maçonnerie est très soignée, formée de grands blocs de calcaire ou de grès, parfois même de granit, posés sur le sol presque sans fondations; les colonnes sont également en matériaux appareillés et non plus monolithes, ce qui permet de leur donner de beaucoup plus grandes dimensions.
Les temples des dieux présentent souvent un tout extrêmement complexe, provenant des adjonctions que les rois ont successivement apportées au plan primitif; la chose est surtout évidente pour le grand temple d’Amon à Karnak, dont l’ensemble mesure 400 mètres de longueur, et où presque tous les rois du Nouvel Empire ont tenu à laisser une trace de leur activité. Par contre les temples funéraires, bâtis par un seul souverain et pour lui seul, qui sont construits suivant le même principe et sur le même plan que ceux des dieux, sont beaucoup plus simples. Ces temples funéraires situés dans la vallée, très loin des tombeaux eux-mêmes, qui sont creusés dans la montagne, remplacent les anciennes chapelles funéraires dépendant des pyramides, dont les dimensions étaient plus restreintes et le plan très différent; il y a donc dans ce domaine un changement très important à signaler, qui provient d’une évolution dans les idées relatives à la vie future. Le seul temple funéraire qui s’écarte du modèle ordinaire est le plus ancien, celui de Hatshepsou à Deir-el-Bahari, avec ses terrasses, ses colonnades et son sanctuaire creusé dans la montagne, sa décoration est du reste, comme celle des autres temples, composée de scènes religieuses et de représentations des événements saillants du règne.
Le culte ne se pratiquait pas de la même manière dans tous les temples, mais il consistait toujours en un certain nombre de cérémonies analogues; la principale, celle du culte journalier, était présidée en principe par le roi lui-même, grand prêtre de tous les dieux d’Egypte, en réalité par un prêtre auquel il déléguait ses pouvoirs. L’officiant commençait par se purifier dans la cour du temple, revêtait les ornements sacrés, s’avançait en grande pompe vers le sanctuaire où il ouvrait la châsse divine; il se prosternait devant le dieu, l’adorait, pratiquait les rites qui devaient faire descendre l’âme de la divinité dans la statue, l’encensait, l’oignait, lui présentait des victuailles diverses, en entremêlant tous ces gestes rituels d’hymnes et de formules magiques; puis il prenait congé du dieu et refermait le naos. Dans les grandes solennités, le dieu, monté sur sa barque et porté sur les épaules des prêtres, sortait et se présentait au peuple massé dans les salles hypostyles et les cours, faisait le tour du temple ou allait voguer sur le lac sacré; parfois même, toujours accompagné d’un cortège solennel, il s’en allait passer quelques jours dans un autre de ses sanctuaires, ou faire une courte visite de cérémonie à l’un des dieux ses voisins, ses parents ou ses amis.
Le changement qui s’était accompli dans les coutumes funéraires est plus sensible encore dans les tombeaux mêmes des rois; c’est sans doute ensuite du pillage systématique des tombes, commis sous les Hyksos, qu’on éprouva le besoin de changer le mode de sépulture et de rendre la dernière retraite des rois aussi inaccessible et aussi secrète que possible. On choisit dans ce but une vallée isolée et sauvage dans la montagne de Thèbes et on y creusa ces tombeaux qui sont une des choses les plus impressionnantes que l’Egypte nous ait léguées, vastes syringes descendant tout droit dans le flanc de la montagne, recoupées de salles de diverses grandeurs avant d’arriver à la chambre funéraire, au milieu de laquelle se dresse un énorme sarcophage de granit. Les parois sont couvertes d’inscriptions et de scènes en relief peint, d’une fraîcheur et d’un travail admirables, toutes relatives aux cérémonies funéraires et à la vie de l’autre monde, et représentant les êtres fantastiques que le mort devait rencontrer dans les enfers. Une fois l’ensevelissement terminé, on fermait l’entrée du tombeau et on la dissimulait aussi soigneusement que possible avec des éboulis de roches, ce qui n’empêcha pas les violateurs de sépultures d’y pénétrer et de faire main basse sur les richesses amoncelées autour des rois défunts; à un moment donné, sous la XXIme dynastie, on recueillit pieusement ce qui restait des momies royales et de leur mobilier pour les enfermer pêle-mêle dans une nouvelle cachette qui les a gardées jusqu’à nos jours, et n’a livré son précieux dépôt qu’à des savants capables d’en faire le meilleur usage scientifique: c’est ainsi que nous possédons maintenant les corps, admirablement embaumés, de presque tous les grands rois de la deuxième époque thébaine.
Les tombeaux des simples particuliers sont presque tous des hypogées creusés dans le flanc de la montagne, et le type mastaba est pour ainsi dire complètement abandonné; les dimensions sont très variables, suivant la position sociale et la richesse du propriétaire. Quant à la décoration, elle est parfois sculptée, mais plus souvent peinte sur enduit, vu la mauvaise qualité de la pierre dans la montagne de Thèbes où la plupart de ces tombes sont creusées; cette décoration comporte, non pas seulement comme autrefois des scènes de la vie usuelle, qui sont placées dans la première chambre et traitées avec une liberté et une fantaisie plus grande encore que dans les mastabas de l’Ancien Empire, mais aussi, dans la salle du fond, des figurations relatives aux funérailles et aux cérémonies accomplies à cette occasion. C’est là une innovation très caractéristique, correspondant à celle que nous avons déjà signalée pour les tombes royales. A l’ancienne théorie du Ka, du double vivant au fond du tombeau, tend de plus en plus à se substituer celle de l’âme divine qui peut, après la mort, entrer dans le séjour des dieux; autrefois les rois seuls avaient ce privilège, maintenant les simples mortels veulent le partager avec eux. C’est comme un mouvement de démocratisation qui se fait jour peu à peu dans les domaines les plus abstraits et jusqu’alors les plus réservés de la spéculation philosophique au sujet de la vie d’outre-tombe.
Au fond de l’hypogée s’ouvre un puits vertical qui descend au caveau funéraire, grossièrement taillé dans le rocher, où reposait la momie embaumée de façon plus soignée qu’aux périodes antérieures, bien enveloppée dans ses bandelettes et ses linceuls et couchée dans le cercueil anthropoïde plus ou moins richement décoré de scènes funéraires ou religieuses. Parfois ce cercueil est placé dans un autre cercueil de même forme, parfois même un grand sarcophage rectangulaire, également en bois peint, les renferme tous deux. La mode du masque en cartonnage a disparu, mais souvent cet accessoire est remplacé par une planchette ayant la forme du couvercle du cercueil et posée directement sur la momie. Sur le sarcophage même, il n’y a plus que peu de textes; par contre les grandes compositions ayant pour but d’assurer aux défunts la vie d’outre-tombe, comme celles que nous appelons Livre des Morts et Livre de l’Am-Douat, sont écrites sur des rouleaux de papyrus placés, soit sur la momie elle-même, soit auprès d’elle, dans une statuette de bois.
Fig. 234. Sarcophage, cercueils, caisse à canopes
(d’après Mariette. Album du Musée de Boulaq, pl. XV).
Dans le caveau, on trouve encore le coffret contenant les quatre vases canopes où sont les viscères embaumés du mort, puis une caisse où sont empilées en plus ou moins grand nombre les statuettes funéraires ou oushabtis, statuettes mummiformes en pierre, en bois ou en terre émaillée destinées à remplacer les statues de serviteurs de l’époque précédente et les statues du mort lui-même. A côté de ces objets vient s’entasser tout le mobilier funéraire: lits, chaises, fauteuils, coffrets, vases pleins de parfums, vêtements, linges de toute sorte, perruques et ustensiles de toilette, aliments divers, viandes, légumes et fruits: il y a peu d’années, on a retrouvé une série complète de ces objets dans une tombe de peu d’apparence, celle de l’ingénieur Kha et de sa femme Merit, le tout dans un état de conservation si remarquable qu’en se promenant dans la salle du musée de Turin où ces objets sont installés, on est comme transporté à plus de 3000 ans en arrière et l’on sent vivre encore autour de soi l’esprit de ces deux morts. Il en est de même pour le mobilier, bien plus luxueux, des beaux-parents d’Amenophis III, Youaa et Touâa, et surtout pour celui que contenait encore le tombeau du roi Toutankhamon, et qui dépasse comme richesse et comme splendeur tout ce qu’il était possible d’imaginer.
C’est à Thèbes même, sur la rive gauche du fleuve, que se trouvent les plus nombreux tombeaux du Nouvel Empire. Ceux qu’on rencontre ailleurs que dans la capitale ne présentent pas de divergences bien caractéristiques; il faut citer en particulier les tombes de Tell el Amarna, restes de l’époque des rois hérétiques, creusées aussi dans le rocher et décorées de bas-reliefs d’un style si particulier.
A l’époque saïte on trouve non seulement le tombeau rupestre avec de nombreuses salles, mais un nouveau modèle, celui de la chambre funéraire unique, voûtée et décorée exclusivement de textes religieux; cette chambre est construite au fond d’un immense puits de plus de 30 mètres de profondeur, soigneusement comblé après les travaux, avec puits plus petit situé à côté et permettant l’accès du tombeau au moment des funérailles. Nous ne connaissons aucun tombeau royal de cette époque.
Pendant cette période où l’on cherchait dans tous les domaines à revenir aux anciennes coutumes, les grands sarcophages de pierre redeviennent à la mode, mais ils sont généralement de forme anthropoïde et couverts d’inscriptions. Les momies sont, à peu de chose près, semblables à celles de l’époque thébaine, mais on recommence à les coiffer d’un masque en cartonnage à figure humaine; ce n’est que plus tard, sous la domination des Grecs et des Romains, qu’on en vint à orner le maillot des momies d’un buste en plâtre colorié ou d’un panneau de bois peint à la cire représentant le portrait du mort et fixé au moyen des derniers tours de bandelettes.
Il n’est pas besoin d’une longue expérience pour distinguer les œuvres de la statuaire du Nouvel Empire de celles des époques antérieures, bien que la pose du modèle et les lignes générales soient toujours à peu près semblables. En plus des différences de costume qui sont très appréciables, le style lui-même n’est plus exactement le même: alors que les sculpteurs de l’Ancien et même du Moyen Empire s’appliquaient avant tout à reproduire avec certitude la physionomie, l’expression même de leur modèle, dans la mesure de leurs moyens, et souvent aux dépens du reste du corps, ceux du Nouvel Empire ont une tendance moins réaliste et cherchent surtout la grâce et l’élégance; les figures s’uniformisent et n’ont plus un caractère aussi personnel, mais le corps entier est traité avec le même soin que la tête, avec un souci beaucoup plus marqué du modelé. Cette tendance est une tendance générale, qui n’exclut pas un certain nombre d’œuvres isolées, manifestations artistiques très personnelles et de premier ordre. Le réalisme qui se fait jour à l’époque des rois hérétiques est un peu un réalisme de convention, puisque c’est la figure du roi qui reste le type dont les figures de ses sujets doivent se rapprocher autant que possible.
Nous possédons des statues royales extrêmement nombreuses, surtout depuis que la cachette du temple de Karnak nous en a livré plusieurs centaines. Presque toutes étaient à l’origine déposées dans les temples et contribuaient à l’ornementation de ceux-ci; elles représentaient alors le double du roi qui pouvait, en assistant régulièrement aux cérémonies du culte, prendre sa part des offrandes présentées au dieu: en échange du don de sa statue que le roi faisait au dieu, celui-ci avait la charge de le nourrir dans l’autre monde. D’autres statues étaient sans doute déposées dans les tombeaux pour jouer le rôle de support du Ka, rôle que nous avons étudié plus haut. Il y avait des statues de toutes les tailles, depuis la statuette de bronze de quelques centimètres de haut, jusqu’aux colosses placés à la porte des temples, devant les pylones, qui peuvent atteindre 20 mètres de hauteur; mais les plus fréquentes sont celles qui sont à peu près de grandeur naturelle. La matière aussi est très diverse: le bois, le métal, les pierres de toute sorte et jusqu’à la brique recouverte d’enduit. La position la plus fréquemment employée est la position classique du roi assis sur un trône, les mains sur ses genoux; à côté de cela, on trouve le roi debout, marchant ou tenant des enseignes divines, le roi agenouillé présentant des vases d’offrandes, le roi prosterné, bref le roi dans toutes les positions qu’il a l’habitude de prendre, soit en présence de ses sujets, soit quand il célèbre le culte divin.
Quelques grands personnages avaient le privilège de déposer, comme les rois, leur propre statue dans un temple. Quant à l’usage qui consistait à placer dans les tombeaux des statues du mort destinées à servir de support à son double, il tend de plus en plus à disparaître; on trouve bien encore des groupes taillés à même la roche du tombeau, représentant le mari et la femme assis côte à côte, ou des statuettes de bois finement sculptées, mais pas de façon constante. Nous avons déjà vu, à propos des tombeaux eux-mêmes, qu’il s’était produit une évolution très marquée dans les doctrines relatives à la vie de l’au-delà, et cette évolution est encore plus sensible ici; la doctrine du Ka ou du double, remplacée par celle de l’âme, passe graduellement au second plan. Cette âme ne vit pas dans le tombeau, elle entre dans le royaume d’Osiris, dans ce canton riant et fertile de l’autre monde qu’on appelle les champs d’Ialou, et les statuettes funéraires ou oushabtis, déjà mentionnées plus haut, sont des espèces de serviteurs magiques qui doivent lui assurer la nourriture en cultivant pour elle les champs divins.
Après la grande époque thébaine, soit de la XXIme à la XXVme dynastie, la statuaire se fait de plus en plus rare, mais les quelques exemples qui nous en sont parvenus, en général de petites dimensions, nous montrent un progrès constant dans la recherche patiente qui aboutira à ce remarquable épanouissement de l’art sous les rois saïtes, la renaissance du réalisme antique, mais d’un réalisme épuré, plein d’élégance et de souplesse, ayant à son service une technique des plus perfectionnée.
C’est aussi surtout à partir de l’époque saïte que se développe une branche nouvelle de la statuaire: jusqu’alors le métal, et surtout le bronze, était rarement employé par les sculpteurs; ils en usent maintenant de préférence à toute autre matière, pour modeler des statuettes de divinités qui nous sont parvenues en quantité innombrables, témoignant ainsi d’une nouvelle transformation dans le domaine religieux. Chacun sans doute voulait avoir dans sa maison l’image de la divinité à laquelle il vouait un culte spécial, ce qui n’était pas le cas aux époques antérieures. On faisait aussi parfois des statuettes de rois ou de particuliers en bronze, mais en bronze incrusté d’argent, et cela déjà sous les dynasties qui précédèrent les saïtes.
Dans les bas-reliefs qui couvrent les parois de certains tombeaux, le haut des stèles et divers autres monuments, on retrouve la même recherche d’élégance et de grâce, la même perfection du modelé, qualités réelles mais qui rendent ces bas-reliefs un peu moins puissants que ceux des périodes antérieures, parfois moins expressifs. Dans les temples, où la surface à couvrir était immense, la décoration est traitée généralement d’une façon plus large, souvent plus sommaire, en relief à l’intérieur du monument, en creux ou en relief dans le creux sur les façades extérieures, en raison de la vive lumière et suivant une méthode exclusivement égyptienne.
De plus en plus la peinture tend à redevenir ce qu’elle était à l’origine, un art indépendant, et à s’affranchir de la tutelle du bas-relief dont elle est en réalité la sœur aînée. Les peintres ont plus souvent l’occasion d’exercer leur talent, maintenant que les tombeaux sont généralement creusés dans une roche friable, qui ne permet pas l’emploi de la sculpture pour la décoration; ils ont acquis une sûreté de main remarquable, et se laissent aller plus librement à leur imagination et à leur fantaisie. Les scènes présentent toujours les mêmes sujets, mais la manière de les traiter est plus personnelle, la recherche du motif pittoresque plus fréquente; on continue néanmoins, pour les principales figures tout au moins, à procéder par teintes plates, simples, sans ombres, avec un léger sertissage noir ou rouge; les détails sont faits en surcharge. Les motifs végétaux abondent, qu’il s’agisse de bouquets ou de guirlandes faisant partie des scènes elles-mêmes, de plantes agrémentant le paysage ou de frises courant au haut des parois. Sur les plafonds, des motifs réguliers reproduisent les modèles employés pour les étoffes ou la vannerie en couleur.
C’est aussi la peinture qui contribue pour la plus large part à la décoration des édifices civils, ainsi ces palais de Tell el Amarna et de Medinet Habou, dont il ne reste que les dallages en stuc, où sont peints avec une verve charmante des étangs entourés de buissons où s’ébattent des animaux de tout genre. (Fig. 218).
Quant aux scènes peintes sur les très nombreux sarcophages de l’époque, elles n’ont pas à proprement parler un caractère artistique. Par contre les enluminures des papyrus funéraires, Livre des Morts ou compositions mythologiques, sont souvent d’une réelle beauté.
Les progrès continuent à s’affirmer pour tout ce qui rentre de près ou de loin dans la catégorie des arts industriels, sauf cependant en ce qui concerne les bijoux et les vases en pierre: le trésor d’Aahhotep et les autres objets de parure du musée du Caire, même les splendides pièces du Serapeum, aujourd’hui au Louvre, ne sont pas comparables, pour la perfection du travail, aux bijoux de Dahchour, de la XIIme dynastie; les procédés sont cependant les mêmes, sauf que dans l’incrustation, les pierres sont toujours remplacées par des émaux et que la ciselure est aussi moins fine et moins délicate.
Les vases de pierre sont beaucoup moins nombreux qu’autrefois, et l’on se contente le plus souvent de déposer dans les tombes de faux vases en bois peint de manière à imiter les pierres les plus rares; il ne nous est guère parvenu que des vases d’albâtre, très beaux du reste de forme et de facture. Par contre les vases en métal sont de plus en plus en faveur, et surtout les vases d’apparat en or et en argent, aux formes les plus variées, importées en Egypte de Syrie, de Phénicie, de Crète et des îles grecques; les peintures et les bas-reliefs nous permettent d’apprécier ces merveilles d’orfèvrerie.
L’industrie de l’émail prend au Nouvel Empire un développement inattendu; très habiles à manier cette matière, les ouvriers égyptiens en font des vases de formes diverses, de ce beau bleu profond qui est presque inimitable des statuettes funéraires, et plus tard quantité de petites figurines de divinités, sans parler des innombrables perles et autres objets de parure; enfin ils appliquent les émaux polychromes à la décoration de certains édifices. C’est de cette époque aussi que date l’invention du verre, non pas encore du verre soufflé, mais du verre multicolore fondu, dont on faisait de charmants petits vases, à décoration ondulée; ces vases étaient non seulement employés dans le pays même, mais servaient surtout d’objets d’exportation et ont été retrouvés un peu partout dans les pays méditerranéens. Il est reconnu maintenant que cette importante invention, attribuée autrefois à tort aux Phéniciens, doit être restituée aux Egyptiens.
Les meubles sont généralement simples de lignes et de formes, sobres d’ornementation, exactement appropriés à leur destination. Il en est cependant de plus soignés de travail, qui ont appartenu à des rois ou à des princes, et qui peuvent être considérés comme de véritables œuvres d’art; ce sont des fauteuils, des lits, des coffrets, même des chariots dans lesquels n’entre pas seulement le travail de l’ébéniste, mais aussi celui du stuqueur, qui les couvre de délicats bas-reliefs en gesso, et celui de l’ouvrier en cuir qui les orne de panneaux en cuir repoussé ou incrusté de diverses couleurs.
Enfin les plus charmants peut-être des objets d’art sont de simples ustensiles de toilette en bois sculpté ou ajouré, parfois en ivoire, cuillères à parfums, pots à fard, œuvres d’une fantaisie toute personnelle, donnant la mesure de ce à quoi pouvaient arriver les ouvriers d’art égyptiens.
C. CIVILISATION
Qu’il soit tout-puissant et maître d’un immense empire, ou réduit à une seule petite province, le roi est toujours pour ses sujets un être d’extraction divine dont l’autorité n’est pas contestable. Cette autorité repose sur la pureté du sang royal, et nous voyons la plupart des rois du Nouvel Empire attacher plus de prix encore que leurs prédécesseurs à cette question, et épouser de préférence une demi-sœur, née d’une mère plus noble que la leur, pour diminuer la quantité de sang vulgaire qui s’était introduit dans leur race; parfois même un dieu se chargeait d’infuser lui-même à l’enfant royal un sang divin plus pur encore, comme cela eut lieu pour Aménophis III. Quand un usurpateur montait sur le trône, il se hâtait d’épouser une princesse de lignée royale et légitimait ainsi en quelque sorte son accession à la couronne. Lors du morcellement de l’Empire, les roitelets qui se partagèrent le pouvoir se rattachaient tous plus ou moins à la vieille race pharaonique et avaient des droits sensiblement égaux, mais il était curieux de constater que le sang royal le plus pur se conservait non plus chez des Egyptiens, mais chez des nègres, comme Piânkhi l’Ethiopien et sa famille.
La reine, ou plutôt la favorite, puisque souvent les rois eurent plusieurs femmes, avait à côté de son époux une place très importante et souvent une grosse influence; il arriva même à certaines d’entre elles de monter sur le trône en qualité de roi d’Egypte.
Au moment où les rois de la XVIIIme dynastie réunissent de nouveau toutes les parties du pays sous leur sceptre, la féodalité a entièrement disparu et l’administration est centralisée entre les mains d’un grand vizir et d’un nombre considérable de fonctionnaires subalternes; le roi garde du reste la haute main dans le gouvernement et tout se fait en son nom, qu’il s’agisse de travaux publics, de finances, d’affaires étrangères ou de commerce. La justice, comme autrefois, est entre les mains d’une magistrature spéciale, et les provinces asiatiques sont gouvernées par des indigènes sous la surveillance d’officiers égyptiens, tandis que la Nubie est administrée par un vice-roi nommé par le pharaon et qui est souvent un de ses fils.
Nous avons vu l’influence grandissante du clergé d’Amon, arrêtée un moment par la réforme de Khounaten, reprendre de plus belle, et les grands prêtres se saisir successivement du pouvoir effectif, puis d’une partie du pouvoir nominal. A partir de ce moment le pontificat cesse d’être entre les mains d’une seule famille et chaque fois qu’une des dynasties rivales prend la prédominance sur les autres, elle installe sur le trône d’Amon un prince de sa race qui est plutôt un gouverneur de la Haute Egypte qu’un grand prêtre. Enfin les rois éthiopiens suppriment cette dignité et installent à Thèbes une grande prêtresse d’Amon, princesse de la famille royale; les rois saïtes ne font que confirmer cette charge en la confisquant au profit de leurs filles, afin que cet état dans l’Etat demeure une force pour la couronne et non pas une menace.
L’extension des frontières de l’Egypte vers le nord et le sud devait nécessairement favoriser le commerce qui prend un développement considérable dès le début du Nouvel Empire. Les produits étrangers affluent dans la vallée du Nil, tant sous la forme de tributs livrés au roi lui-même, que sous celle de marchandises d’échange, et là encore il semble que tout se fasse par l’entremise du gouvernement. Ce ne sont pas seulement les pays soumis à la suzeraineté de l’Egypte, comme la Syrie, la Phénicie, la Palestine, la Nubie, qui y envoient leurs produits, mais des contrées absolument indépendantes, comme Chypre, la Crète, les îles grecques, le Soudan, le pays de Pount, grâce à des expéditions maritimes qui avaient toujours un caractère officiel, l’Etat disposant seul de moyens suffisants pour faire marcher le trafic extérieur; ainsi l’on peut dire, presque avec certitude, que le gouvernement s’était réservé le commerce international, ne laissant aux particuliers que le commerce intérieur. A cet effet, des lois protégeaient les industries locales et il était interdit aux ouvriers spécialistes de passer à l’étranger. L’évaluation des marchandises se faisait en or ou en argent, au poids, et on se servait pour les échanges d’anneaux de métal qui, n’étant pas poinçonnés par l’Etat, devaient être pesés à nouveau chaque fois; le plus souvent, du reste, on procédait simplement par échange de denrées, après entente.
Quant à la nature des marchandises importées, c’étaient surtout, comme autrefois, des matières premières, métaux, bois précieux, ivoire, peaux et plumes, encens, et aussi des matières ouvrées, entre autres ces merveilleux vases d’orfèvrerie dont nous avons déjà parlé. En échange, on donnait de la verrerie, des émaux, sans doute des bijoux, en un mot tous les produits de l’industrie égyptienne, mais surtout des grains.
Vêtement
Il n’y a pas de transformation notable à enregistrer dans les conditions de la vie ordinaire, qu’il s’agisse des grands personnages ou des gens du commun; de même les habitations n’ont guère varié. Par contre le costume subit un changement important: les gens du peuple ont bien toujours le pagne simple enroulé autour des hanches, mais tout individu appartenant à une classe un peu plus élevée porte par-dessus ce pagne une ample robe en toile fine, parfois presque transparente, dont la forme et la coupe sont variables. De même les femmes ne portent plus volontiers la robe courte et étroite des anciens temps, mais un vêtement analogue à celui des hommes, un peu plus collant néanmoins sur le buste, élargi du bas et tombant jusqu’à terre; les manches sont parfois très courtes, parfois longues et larges. L’un et l’autre sexe porte la perruque, des bijoux aux couleurs vives, colliers, bracelets et périscélides, et aux pieds de longues sandales en papyrus ou en cuir. Le costume royal est sensiblement le même, bien qu’un peu plus riche, que celui des sujets.
Les rois hyksos avaient amené de Syrie en Egypte le cheval, et cet animal qui s’était rapidement acclimaté dans le pays, offrait aux Egyptiens du Nouvel Empire un mode de locomotion nouveau; jamais ils ne songèrent à le monter, semble-t-il, mais ils l’attelaient à de légers chariots à deux roues avec lesquels les grands personnages faisaient leurs tournées dans le pays. C’est cependant surtout au point de vue militaire que l’introduction du cheval eut pour les Egyptiens une grande importance, puisque désormais la charrerie joua dans leurs armées le principal rôle et qu’elle fut pour beaucoup dans la conquête de la Syrie. La méthode de combat subit donc une transformation: avant le choc qui devait amener la fin d’une bataille, la charge des escadrons de chars, les soldats qui montaient ces chars combattaient de loin avec leurs grands arcs; c’est même la raison pour laquelle l’arc était devenu l’arme favorite des rois.
L’infanterie est toujours composée en partie d’Egyptiens, en partie de mercenaires étrangers qui sont sa véritable force, que ce soient, comme sous les Thébains, des Soudanais, des Shardanes ou des Libyens, ou, comme plus tard sous les Saïtes, des Grecs. Cette armée royale, déjà instituée sous le Moyen Empire, a été complètement réorganisée en corps d’armées bien distincts sous un commandement commun, mieux équipée et mieux armée et surtout bien exercée. Après une campagne officiers et soldats recevaient leur part du butin, souvent en captifs qui étaient employés à la culture de terres mises par le gouvernement à la disposition des soldats, et ces captifs, qui n’étaient pas de véritables esclaves, se mêlaient rapidement à la population indigène. Le roi décernait aussi, pour récompenser les hauts faits de guerre, de véritables décorations et autres distinctions honorifiques.
Les rois d’Egypte avaient sous le Nouvel Empire une vraie marine de guerre que nous voyons parfois jouer le rôle décisif dans une bataille, mais c’était surtout la marine marchande qui, avec l’extension du commerce, tendait à prendre toujours plus de développement. Les navires destinés à la mer étaient semblables de forme et de gréement à ceux employés sur le Nil, mais plus grands et plus solidement construits; ils remontaient du reste le fleuve, même jusqu’à Thèbes, et ainsi nous voyons sous Hatshepsou les mêmes bateaux charger des marchandises dans le pays de Pount, au sud de la mer Rouge, et les débarquer dans le port de la capitale: un canal souvent ensablé et aujourd’hui disparu, faisait alors communiquer un des bras du Nil, dans le Delta, avec le fond du golfe de Suez. Enfin les marins égyptiens donnent la mesure de leur audace et de leurs capacités quand, sous Néchao, ils s’embarquent pour leur grand voyage de découverte autour de l’Afrique, la première en date de toutes les grandes expéditions maritimes.
Fig. 250. Vaisseaux de l’expédition de Hatshepsou au pays de Pount
(d’après Dumichen. Die Flotte einer äg. Königin, pl. III).
Elevage
Le travail de la terre continue à faire de grands progrès; l’outillage se perfectionne, on emploie maintenant des faucilles en métal et des charrues plus puissantes; partout autour des villas on voit de beaux jardins, pleins d’arbres fruitiers, de vignes et d’arbres d’agrément. Partout on défriche pour les livrer à la culture les terrains qui n’étaient autrefois que des pâturages, et cela naturellement aux dépens de l’élevage, qui diminue dans de fortes proportions. On ne voit plus que rarement de ces scènes si fréquentes sous l’Ancien Empire, qui représentent des troupeaux d’animaux à demi sauvages sous la garde de quelques pâtres, et les grandes inspections du bétail sont à peine mentionnées; on n’emploie plus pour piétiner le terrain nouvellement ensemencé des troupeaux entiers de chèvres ou de moutons, mais seulement quelques porcs qu’on devait élever dans les fermes et non plus en pleine campagne; l’âne n’est plus que rarement employé aux travaux des champs, et ce sont généralement les hommes eux-mêmes qui transportent les récoltes; le dépiquage du grain pour lequel les quelques bœufs, qui à d’autres époques de l’année tirent la charrue, suffisent parfaitement, se fait d’une façon un peu différente. L’Egypte, consciente de son rôle commercial dans le monde oriental, qui est de l’approvisionner de grains, consacre toutes ses forces à développer la culture au moyen de la main d’œuvre humaine, quitte à réduire au strict nécessaire tout ce qui a rapport à l’élevage. Seule la race chevaline, nouvellement introduite dans le pays, est l’objet de soins tout spéciaux, sous le contrôle royal, et prospère si bien qu’on finit même, à certains moments, par venir de Syrie chercher des chevaux en Egypte. Quant à la question du chameau, elle n’est pas encore définitivement tranchée; il semble néanmoins que si les Egyptiens l’ont connu, ils ne l’ont jamais utilisé eux-mêmes, et que son acclimatation définitive dans le pays, où il rend maintenant comme bête de somme des services inappréciables, ne date que de la conquête musulmane.
Le défrichement progressif de la vallée du Nil avait fait disparaître non seulement les pâturages, mais aussi les fourrés et les marécages qui étaient pour les premiers Egyptiens de si beaux terrains de chasse et de pêche. Avec les mêmes engins qu’autrefois, on ne pouvait plus guère prendre du poisson que dans le fleuve et les canaux, et il ne se trouvait plus que peu de ces étangs où les oiseaux migrateurs venaient se prendre dans les grands filets; même les parcs de chasse des grands seigneurs avaient presque tous disparu. Quand les rois chercheurs d’aventures voulaient s’offrir les émotions d’une chasse mouvementée, ils profitaient de leurs campagnes pour aller au loin, jusque sur les bords de l’Euphrate, où ils trouvaient encore quelques éléphants, des lions qu’ils abattaient par centaines et du gros gibier de toute sorte.
A côté de l’agriculture, l’industrie continue à se perfectionner et nous avons de nombreux tableaux qui nous montrent les ouvriers occupés à leurs travaux ordinaires, que ce soient des ouvriers d’art ou des gens de métier, tels que briquetiers, maçons, sculpteurs, peintres, bijoutiers, joailliers, menuisiers, ébénistes, corroyeurs, cordonniers, cordiers, chaudronniers, armuriers, forgerons, et d’autres encore. Leur outillage est toujours aussi simple qu’aux périodes précédentes, presque rudimentaire, sauf que les couteaux, ciseaux et poinçons de pierre ont définitivement disparu pour faire place à des instruments de métal, généralement en bronze, parfois en fer.
La conquête de la Syrie et les relations constantes qui s’étaient établies de ce fait avec l’Asie antérieure, avaient exercé sur l’Egypte même une influence considérable qui se remarque tout particulièrement dans la langue. Un grand nombre de vocables nouveaux, empruntés aux idiomes sémitiques, sont introduits dans le langage courant, soit pour exprimer des idées nouvelles ou nommer des objets inconnus auparavant, soit pour remplacer, sans raison apparente, de vieux mots égyptiens. Il est de bon ton, pour un scribe, d’émailler ses lettres ou ses compositions littéraires du plus grand nombre possible de mots d’origine étrangère. C’est de ces langues sémitiques, plus répandues que l’égyptien, qu’on se servait pour les relations extérieures, et toute la correspondance du roi d’Egypte avec ses vassaux syriens se faisait dans l’idiome même de ces peuplades, que sans doute beaucoup de gens à la cour comprenaient parfaitement.
Les textes du Nouvel Empire qui nous sont parvenus sont donc composés dans une langue moins pure que ceux de l’époque précédente, mais ils sont aussi, sinon plus variés, et beaucoup plus abondants. Ce sont d’abord les écrits historiques ou officiels, les récits biographiques, les comptes rendus d’une campagne ou d’une conquête, les décrets et les actes royaux, les odes dithyrambiques à la louange d’un souverain, puis les ouvrages plus spécialement littéraires, contes, poésies, recueils de modèles de lettres dans lesquels les jeunes scribes apprenaient leur métier, livres de morale, hymnes en l’honneur du roi ou des dieux, dont plusieurs ont trouvé place dans la grande compilation à laquelle nous avons donné le nom de Livre des Morts et qui contient du reste surtout des morceaux plus anciens. Après cela vient encore la littérature épistolaire proprement dite, les procès-verbaux judiciaires, les écrits scientifiques et médicaux et les innombrables compositions magiques, religieuses ou mythologiques.
Certains de ces textes sont gravés ou peints sur les murailles des temples, sur les stèles, sur les parois des tombeaux; d’autres, les plus nombreux, sont écrits en hiératique, c’est-à-dire en cursive, sur des rouleaux ou des feuilles de papyrus ou même parfois sur des tessons de vases ou des morceaux de pierre, auxquels nous donnons le nom d’ostraca. Les ouvrages religieux étaient déposés dans le tombeau, à côté du mort, pour lui servir de viatique dans l’autre monde, et parfois l’on y joignait aussi des textes littéraires pouvant lui offrir un délassement dans sa vie d’outre-tombe, mais la plupart des papyrus ont été retrouvés roulés et cachés dans des vases, au milieu des ruines de maisons anciennes; c’était la manière de conserver les livres qui étaient toujours en petit nombre chez les particuliers. Nous ne savons s’il existait dans le palais du roi ou ailleurs, de vraies bibliothèques où l’on conservait les ouvrages de prix, avant l’époque où les Ptolémées réunirent dans celle d’Alexandrie tout ce qu’ils purent récolter de manuscrits anciens, les égyptiens sans doute aussi bien que les grecs. Le geste fanatique du calife Omar nous a privés d’une source inestimable de documents.
Jusqu’au Nouvel Empire, les seuls modes d’écriture étaient les hiéroglyphes, et l’hiératique qui devient de plus en plus cursif; à partir de l’époque saïte, les scribes, à force de chercher à simplifier leur calligraphie, en arrivent à tracer des signes qui ne rappellent plus que vaguement les hiéroglyphes d’où ils sont dérivés, ni même l’élégant hiératique de la bonne époque. Il s’agit d’un nouveau genre d’écriture, auquel on a donné le nom de démotique et qui finit par être le seul employé à partir des rois perses, pour les lettres, les contrats, les manuscrits de toute sorte, bref pour tout ce qui n’est pas destiné à revêtir un caractère monumental. Ce passage de l’hiératique au démotique correspond exactement à la fin de l’autonomie de l’Egypte.
C’est ce moment-là, quand des rois étrangers viennent définitivement remplacer sur le trône des Pharaons les dynasties indigènes, que nous pouvons considérer comme la fin de la civilisation égyptienne; celle-ci végétera bien encore pendant quelques siècles, elle donnera même dans certains domaines comme l’architecture par exemple, des manifestations originales et vraiment égyptiennes, mais elle ne prospérera plus et dégénérera rapidement. Cette vieille civilisation qui pendant tant de siècles a rayonné sur le monde ancien, lui donnant généreusement tout ce qu’il y avait de bon en elle, est submergée à son tour par les civilisations nouvelles; l’infusion d’un sang jeune se fit sans doute à trop haute dose et, loin de la renouveler, ne put qu’accélérer sa ruine. Désormais l’Egypte ne sera plus qu’une province du monde hellénique, puis du monde romain, au point de vue de la civilisation aussi bien que de la politique.
INDEX
Les chiffres indiquent les pages: les chiffres entre parenthèses les gravures.
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V X Y Z
- Aahhotep, 283.
- ABOUSIR, 138.
- Abraham, 221.
- Abri, 63.
- ABYDOS, 95, 99, 102, 104, 121, 136, 137, 244, 267, 269.
- Acte, 295.
- Administration, 165–168, 219–220, 287.
- Aegyptiaca, 14.
- Aération, 150.
- Africain, 14, 15.
- Agate, 64, 74.
- Age du bronze, 58, 59.
- Age du cuivre, 58, 59.
- Age du fer, 58, 59.
- Age de la pierre, 55, 58.
- Agriculture, 32, 41, 68, 89, 95, 120, 179–182, 224, 292–293.
- Ahmès I, 197, 230, 323.
- Ahmès (amiral), 26.
- Ahmès Nofritari, 231.
- Aï, 242.
- Aiguière, 111.
- Aire, 180.
- Akerblad, 17.
- Albâtre, 81, 108, 109, 155, 202, 216, 283, 284.
- Alexandre, 258.
- ALEXANDRIE, 297.
- Aliment, 143, 175 (v. Nourriture, Offrandes).
- Aloès, 80.
- Alun, 206.
- Amasis, 255, 256 (216).
- Ambassadeur, 240.
- Am-Douat, 274.
- Ame, 140, 141, 152, 211, 272, 278.
- Amélineau, 55.
- Amenemhat I, 191, 192, 219.
- Amenemhat III, 115, 193 (157), 194, 214, 218, 224.
- Amenemhat IV, 194.
- Amenmeses, 246.
- Aménophis I, 231 (194), 232.
- Aménophis II, 235.
- Aménophis III, 26, 235–236 (198), 259, 265, 274, 286.
- Aménophis IV, 26, 236, 237 (v. Khounaten).
- Aménophis, fils de Paapis, 236, 298.
- Améthyste, 110.
- Amon, 48, 235, 237, 238, 248, 250, 251, 268, 269, 287.
- Amset, 49.
- Amyrtée, 257.
- Amulette, 75.
- Ancien Empire, 32, 81, 105, 109, 113, 123–187, 189, 194, 204, 212, 214, 215, 222, 225, 227, 249, 276.
- Ancien Testament, 13, 15.
- Ane, 89, 179, 180, 181, 184, 293.
- Anhour, 48.
- Anna, 26.
- Année, 28.
- Antef, 134, 190.
- Anthropoïde (cercueil ou sarcophage), 208 (170), 273 (234), 275.
- Anthropophagie, 41.
- Antilope, 88, 89, 174, 177, 178 (139), 224.
- Antimoine, 221.
- Anubis, 42, 43 (11), 48, 164.
- Apepi, 197 (v. Apopi).
- Apollodore, 14.
- Apophis, 198.
- Apopi, 26 (v. Apepi, Apophis).
- Appeau, 173, 175.
- Apriès, 255 (215), 256.
- ARABE, ARABIE, 140, 143, 147, 168.
- Arbre fruitier, 292.
- Arc, 224, 290 (v. Flèche).
- Arcelin, 54.
- ARCHIPEL, 12, 71, 121 (v. GRECE).
- Architecture, 91, 96, 102–106, 120, 125, 135–153, 200–212, 260–275.
- Architrave, 135.
- Argent, 279, 284, 288.
- Arme, 32, 56, 59, 65, 74, 86, 88, 89, 120, 208, 290.
- Armée, 132, 133, 218, 289–291.
- Armurier, 294.
- ARYEN, 84.
- Asarhaddon, 253, 254.
- ASIE MINEURE, 243, 244, 245.
- Assiette, 108.
- Assise (position), 70, 106.
- Assourbanipal, 253, 254.
- ASSYRIE, 26, 236, 243, 252, 253, 254, 255.
- Aten, 237, 238 (200), 240.
- Athothis, 100.
- Autel, 137.
- Autruche, 80, 83, 88, 224.
- AVARIS, 196, 197, 199, 222, 229.
- Avènement, 28.
- Avenue, 263.
- Azab, 117.
- Babaï, 125.
- BABYLONE, BABYLONIE, 12, 122, 195, 236, 243, 255.
- Bachot, 185.
- BAHR BELA MA, 54.
- Bandeau, 172.
- Bandelette, 182, 206, 275.
- Barbe, 171, 172.
- Barque, 91 (66), 138, 209, 210 (173), 225 (188) (v. Bateau).
- Barque sacrée, 263, 269 (230).
- Barque solaire, 35 (6), 38, 39 (9), 138.
- Basalte, 81, 151.
- Bas-relief, 25, 32, 146, 158–161 (128), 201, 209, 214–215 (180), 263, 267 (228, 229), 270, 279–280 (241–242).
- Basse-cour, 175, 177 (137).
- Bassin, 137.
- Bateau, 80, 92, 147, 185 (150), 209, 225, 226 (v. Barque, Vaisseau).
- Bâton, 87.
- BENI-HASSAN, 203, 204, 205 (164, 165), 221.
- BERBÈRE, 83.
- BERSHEH, 203.
- Bétail, Bestiaux, 68, 85, 221, 225, 293.
- Bible, 251, 253 (v. Ancien Testament).
- Bibliothèque, 296.
- Bibliothèque nationale (Paris), 22.
- Bidis, 46.
- Biénekhés, 100.
- Bijou, 32, 85, 208, 216, 217 (183, 184), 228 (192), 283 (244), 289.
- Bijoutier, Bijouterie, 184 (147), 217, 294.
- Binothris, 100.
- Biographie, 26, 131, 147, 164, 228, 295.
- Birch, 20.
- BIRKET-KAROUN, 194.
- Blé, 107, 120 (v. Grain).
- Bnôn, 198.
- Bocchoris, 252, 253.
- Boêthos, 100.
- Bœuf, 88, 89, 174, 177, 178 (138), 179, 180, 181, 224, 293.
- Bois, 91, 96, 103, 135, 173, 208, 211, 214, 260, 277, 285, 289.
- Boisseau, 181.
- Boisson, 166.
- Bokenranf, 252.
- Bonaparte, 16.
- Bonnet, 232.
- Bouchon, 107, 115, 119.
- Boulette, 177.
- Boumerang, 173, 224.
- Bouquet, 282.
- Bouquetin, 88.
- Bouteilles, 78.
- Bracelet, 75, 86 (60), 91, 110 (82, 83), 289.
- Brique, 92, 96, 102, 103, 104, 105, 135, 136, 138, 140, 143, 173, 196, 203, 211, 260, 277, 294.
- Bronze, 96, 155, 158, 279, 294.
- Brugsch, 20.
- BUBASTIS, 250, 251.
- Buste, 275.
- Cachet, 115.
- Cachette, 276.
- Cadastre, 220.
- Cage, 175.
- CAIRE, 22, 25, 156, 157, 273, 283.
- Caisse à canopes, 209.
- Calcaire, 81, 108, 150, 151, 155, 203, 268.
- Cambyse, 256, 257.
- Canal, 120, 179, 224, 292, 293.
- Canard, 89, 174.
- Canope, 209 (171), 273 (234), 274.
- Captif, 291.
- CARCHEMIS, 255.
- CARIE, 254.
- Carrière, 187.
- Cartonnage, 206, 273, 275.
- Cartouche, 115, 116, 190, 202, 244.
- Casse-tête, 86.
- Caveau funéraire, 214, 273, 274 (v. Chambre funéraire).
- Ceinture, 171.
- Cellier, 182.
- Céramique, 57, 59, 76–81 (37–57) (v. Vase, Poterie).
- Cercueil, 146, 208, 273 (234), 274.
- Céréales, 68, 73, 180 (v. Blé, Grain, Orge).
- Chabas, 20.
- Chacal, 118.
- Chaise, 154, 173, 274.
- CHALDÉE, 96, 122.
- Chambre des ancêtres, 22, 34 (5).
- Chambre funéraire, 140, 141, 145, 148, 150, 151 (v. Caveau funéraire).
- Chameau, 293.
- Champollion, 18, 19, 20, 23.
- Champs d’Ialou et de Hotpou, 43, 278.
- Chapelle, 137, 143, 150, 151, 153, 203, 268.
- Chardin, 16.
- Char. Chariot, 229 (193), 231, 255, 290.
- Charrerie, 290.
- Charpentier, 92.
- Charrue, 89, 180, 292, 293.
- Chasse, 32, 41, 56, 74, 83–88, 89, 90, 92, 120, 146, 152, 173–177 (133–135), 223 (187), 224, 263–294.
- Châsse, 269.
- Chaudronnier, 111, 183, 294 (252).
- Chelléen, 56, 62, 84, 86.
- Cheval, 225, 231, 289, 293.
- Chevet, 173, 206.
- Cheveux, 83, 171, 172.
- Chèvre, 80, 89, 179, 180, 293.
- CHINE, 12.
- Chronologie, 27–29, 49–52, 198–200.
- CHYPRE, 168, 234, 288.
- Cire, 275.
- Ciste funéraire, 72, 106.
- Ciseau, 66, 183.
- Ciselure, 283.
- Clan, 93, 166.
- Coffre, 173.
- Coffret, 110, 274, 283, 328 (262).
- Coiffeur, 172.
- Coiffure, 208 (v. Perruque).
- Collier, 74, 91, 171, 172, 217, 289.
- Colonnade, 262, 268.
- Colonne, 136 (107–109), 146, 151, 201, 204, 205, 260, 268.
- Colosse, 25, 263, 277.
- Commission d’Egypte, 16, 17, 18, 31.
- Commerce, 91, 121, 131, 248, 256, 287, 288, 289.
- Concubine, 170.
- Conte, 228, 296.
- Coquille, 74, 75, 86, 91.
- Cordage, 185.
- Cordier, 183.
- Cordonnier, 183, 294, 295 (253).
- Co-régence, 214, 219.
- Cornaline, 64, 74, 210, 217.
- Correspondance, 26, 165, 241, 295.
- Corroyeur, 294.
- Corvée, 219.
- Costume, 85, 170–172, 208, 222, 289 (v. Vêtement).
- Cotte capitonnée, 231.
- Couleurs, 161.
- Couloir, 150, 153.
- Coup-de-poing, 62, 86.
- Coupe, 76, 78 (v. Ecuelle).
- Cour, 152, 223, 260, 262, 263, 265 (224, 225).
- Couronne, 217 (184).
- Couteau, 56, 61, 65 (22–23), 66, 74 (33).
- Couverture, 173, 183.
- Crâne, 84.
- CRÈTE, 12, 71, 91, 221, 284, 288.
- Crible, 181.
- Cristal de roche, 108.
- Crocodile, 83, 88.
- Cruche, 80.
- Cuillère à parfums, 285, 286 (247).
- Cuir, 285, 289.
- Cuivre, 59, 93, 96, 111, 120, 121, 168.
- Culte, 41, 118, 125, 262, 268, 276.
- Cylindre, 96, 114 (90), 115, 122.
- CYRÉNAIQUE, 245.
- Cyrus, 256.
- Dadefra, 127 (100), 157.
- Dadkara-Assa, 130.
- DAHCHOUR, 149, 162, 203, 283.
- Dallage, 260 (218).
- Danse, 86, 92, 147, 299 (257).
- DAPHNAE, 261.
- Darius II, 257.
- Décret, 164.
- Défrichement, 292, 293.
- DEIR EL BAHARI, 63, 233, 268.
- Déluge, 38, 63.
- Démembrement, 71, 72, 106.
- Démotique, 297 (255).
- Dénombrement, 178, 179.
- Den-Setoui, 116, 117.
- Dépiquage, 180 (142), 293.
- Description de l’Egypte, 16.
- Destruction des hommes par les dieux, 38.
- Diabase, 108.
- Diadème, 217 (184).
- Digue, 179.
- Diodore de Sicile, 14, 31.
- Dionysos, 41.
- Diorite, 108, 155.
- Divan, 173.
- Djeser, 125, 137.
- Dodécarchie, 254.
- Domestication, 89.
- Douamoutef, 49.
- Double, 276, 278 (v. Ka).
- Drogman, 13.
- Drovetti, 23.
- Dynasties, 14, 15, 24, 28.
- Dyn. divines, 36–47.
- Dyn. de demi-dieux et mânes, 47–49.
- Dyn. thinites (I et II), 54, 58, 81, 85, 95–122, 124.
- Dyn. III, 124–125, 140, 143.
- Dyn. IV, 125–129, 144, 149, 157, 162, 185.
- Dyn. V, 129–131, 146, 151–152.
- Dyn. VI, 131–133, 143, 147, 153, 155.
- Dyn. VII-X, 133, 134.
- Dyn. XI, 189–191, 200, 202.
- Dyn. XII, 27, 191–194, 198–200, 203, 218, 219, 221, 228, 283.
- Dyn. XIII, 194–195, 198–200.
- Dyn. XIV, 194–195, 198–200.
- Dyn. XV, 198–200.
- Dyn. XVI, 198–200.
- Dyn. XVII, 196, 198–200, 229, 230.
- Dyn. XVIII, 219, 230–242, 250, 259, 260, 287.
- Dyn. XIX, 242–246.
- Dyn. XX, 246–249, 260.
- Dyn. XXI, 250, 271, 279.
- Dyn. XXII, 250–261, 252.
- Dyn. XXIII, 251–252.
- Dyn. XXIV, 252.
- Dyn. XXV, 253–254, 279.
- Dyn. XXVI, 254–257 (v. SAIS).
- Dyn. XXVII-XXX, 257–258.
- Ebéniste, 285, 294.
- Echange, 186, 289.
- Ecriture, 95, 96, 97, 113–115, 118, 120, 122, 125, 163–165, 296–297.
- Ecuelle, 78, 107, 108 (v. Coupe, Assiette).
- ELAM, 254.
- Eléphant, 83, 88, 91, 294.
- ELÉPHANTINE, 36, 169.
- Elevage, 32, 68, 89, 120, 146, 177–179, 292–293.
- ELKAB, 136.
- Email, 283, 284, 289.
- Emblème, 46.
- Embryonnaire (position), 71.
- Enceinte, 150.
- Encens, 168, 220.
- Encre, 165.
- Enéolithique, 58.
- Enfant, 169, 170.
- Enfants d’Horus, 49, 52 (13).
- Engraissage, 177.
- Ennéade, 36, 48.
- Enseigne, 93, 118, 277.
- Eolithe, 61.
- Eratosthène, 14.
- Ere, 28.
- Escabeau, 173.
- Escalier, 104, 137, 223.
- Etang, 260, 293.
- ETHIOPIE. ETHIOPIEN, 251, 252, 253, 254, 258, 287.
- Etoffe, 85, 226, 227, 282.
- ETRURIE, 221.
- Etui phallique, 85.
- EUPHRATE, 232, 234, 243, 294.
- Eusèbe, 14, 16, 48, 50.
- Excerpta Barbari, 48.
- Famille, 41, 169–170.
- Fard, 75.
- Faucille, 89, 180, 292.
- Faucon, 115, 118.
- Faune, 83.
- Fausse-porte, 141, 143 (112, 113), 163.
- Fauteuil, 173, 274, 285 (246).
- Fayence, 109–110 (v. Email).
- FAYOUM, 65, 211.
- Femme, 169, 170, 289.
- Féodalité, 134, 167, 219, 287.
- Fer, 58, 59, 294.
- Ferme, 177.
- Figue, 182.
- Filage, 182, 227 (190).
- Filet, 88, 175, 177 (135, 136), 177, 224.
- Filigrane, 217.
- Flèche, 66 (26–29), 87, 175, 231.
- Flore, 83.
- Fonctionnaire, 119, 131, 219, 220, 287 (v. Administration).
- Forgeron, 294.
- Formule magique, 139, 152.
- Forteresse, 136, 212 (177), 261, 262.
- Foulage, 181 (143).
- Fourrage, 181.
- Frise, 282, 329 (263).
- Fruit, 107.
- Fusaïole, 92.
- Garde du corps, 166.
- Garde-manger, 175.
- Gazelle, 72, 73, 88, 89, 174.
- Génies funéraires, 49.
- Georges le Syncelle, 14, 15.
- Gerbe, 180, 181.
- Girafe, 83, 88.
- Globulaire (vase), 109, 111.
- Gobelet, 76.
- Gomme, 162.
- GOSHEN, 222.
- Gouvernail, 185, 186.
- Grain, 89, 90, 107, 289, 293.
- Grand prêtre, 249, 250, 269, 287.
- Grand vizir, 287.
- Granit, 108, 150, 155, 214, 268.
- Grattoir, 61, 65 (24, 25), 66, 74.
- GRECE, GREC, ILES GRECQUES, 12, 13, 14, 27, 83, 91, 127, 220, 221, 234, 245, 256, 261, 275, 284, 288, 290.
- Grenat, 110.
- Grenier, 181.
- Grès, 108, 268.
- Groupe, 154, 155 (124).
- Grue, 89, 174.
- Guéridon, 173.
- Guirlande, 282.
- Habitation, 63, 68, 84 (v. Maison).
- Hache, 62, 64 (19, 20), 66, 87, 92, 323 (261).
- Hakoris, 258.
- Hameçon, 88, 120, 175.
- Hamy, 54.
- Hapi, 49.
- Harpiste, 228.
- Harpon, 74, 88 (64), 174, 224.
- Hatshepsou, 232, 233, 268, 291.
- HAWARA, 203.
- Hébreux, 15, 259.
- HÉLIOPOLIS, 36, 37, 48, 49, 123, 129, 137, 139, 237.
- Hématite, 77.
- HÉRACLÉOPOLIS, 134, 189.
- Herkhouf, 26, 131, 169.
- Herminette, 64 (21), 66, 92, 183.
- Hérodote, 13, 31, 128, 193, 253.
- Héron, 173.
- HIÉRACONPOLIS, 102, 105, 114, 137.
- Hiératique, 33, 165, 296, 297.
- Hiéroglyphes, 122, 163–165, 207, 297.
- Hiérophyphiques d’Horapollon, 14.
- Hippopotame, 76, 83, 88, 92, 94 (67), 174.
- HITTITES, 243, 244, 245.
- Hor-Aouabra, 214 (179).
- Horapollon, 14.
- Horemheb, 241 (204), 242.
- Horus, 42, 43, 44, 43 (12), 46, 47, 48, 93, 96, 98, 102, 124, 257.
- Hotep-Sekhemoui, 101.
- Houe, 89.
- Houni, 125, 126.
- Hrihor, 249, 250.
- Huile, 107.
- Hutte, 68, 84.
- Hyène, 177, 178 (139).
- HYKSOS, 24, 195–197, 198, 200, 218, 222, 229, 230, 231, 233, 270, 289.
- Hymne, 296.
- Hypogée, 32, 147–148, 204, 271, 273.
- Hypostyle, 244, 262, 263, 266 (226, 227), 269.