L'Abbé de l'Épée: sa vie, son apostolat, ses travaux, sa lutte et ses succès
A Messieurs les membres de la Commission Consultative de l'Institution nationale des sourds-muets de Paris, sur la nouvelle dactylologie de M. Charles Wilhorgne.
«Ce 4 mai 1847.
 
Vous m'avez chargé, sur la demande de M. le Ministre de l'intérieur, de vous rendre compte d'un essai de M. Charles Wilhorgne, avocat à Rouen, sur la dactylographie ou sténographie des doigts, laquelle, suivant l'auteur, aurait, sur ce qu'on est convenu d'appeler chez nous la dactylologie, l'avantage de rivaliser presque avec la parole elle-même. Pour le prouver, M. Wilhorgne s'efforce d'établir, entre l'un et l'autre système, un parallèle qui, il faut bien le dire tout d'abord, révèle, en lui, peu de connaissance des procédés en usage dans nos écoles. A la simple inspection des deux planches gravées que renferme sa brochure, et qui représentent l'alphabet manuel de son invention, on ne voit pas trop en quoi cet instrument peut être utilisé avec fruit dans nos études. La dactylographie de M. Wilhorgne a pour but, non-seulement d'indiquer les lettres ou syllabes sur les phalanges de la main, mais encore, dit-il, «d'exprimer d'une façon abrégée, et sans jamais s'écarter des lois de l'orthographe, une prodigieuse quantité de mots par l'emploi des terminaisons les plus usitées du langage, à la représentation desquelles sont affectées certaines parties extérieures de la main gauche.» L'auteur se croit fondé à en conclure que son nouveau mode digital de communication doit infailliblement produire une grande rapidité dans l'expression de la pensée, et il ajoute que, pour éviter la confusion des mots, qui semblerait, au premier abord, inséparable de l'adoption de son procédé, on sera tenu de fermer la main après chaque mot. Ici il fait jouer d'abord un rôle important à la main gauche; mais, plus tard, après avoir paru reconnaître l'inconvénient qu'il peut y avoir à employer les deux mains, il se voit obligé de transférer la fonction de la gauche à la droite, en réservant, toutefois, aux ongles du pouce et du petit doigt de la main gauche le privilége de reproduire certaines terminaisons chaque fois que l'index de la droite les indique.
«Si l'on veut que l'importance de tel ou tel alphabet manuel se mesure sur le plus ou moins de promptitude qu'il offre, celui que nous employons aujourd'hui ne demande, pour être presque aussi rapide que la parole elle-même, qu'une certaine souplesse dans les doigts, lors même que l'usage en serait restreint à représenter, sans en omettre une seule, les lettres composant, soit un mot, soit une phrase. Tout bien considéré, nous pensons que celui de M. Wilhorgne ne réussira pas mieux que tous ceux qu'on a essayé d'introduire dans notre enseignement à diverses époques, à supplanter le système espagnol adopté par l'abbé de l'Épée avec quelques modifications. Celui-ci obtiendra toujours la préférence, non-seulement des sourds-muets, mais des parlants eux-mêmes.
«L'auteur commet une non moins grande erreur, lorsqu'il prétend que sa dactylographie présente un avantage marqué sur notre dactylologie en ce qui concerne les rapports des sourds-muets, devenus aveugles avec les autres.
«Les aveugles de naissance peuvent aussi facilement que les sourds-muets, devenus aveugles, converser avec les autres hommes, au moyen de notre alphabet manuel. Il leur suffit, pour cela, de suivre, par le toucher, les contours rapides de la main parlante.
«En somme, la dactylographie de M. Wilhorgne ne nous paraît guère mériter que la Commission Consultative en propose l'adoption à M. le Ministre en faveur de nos jeunes sourds-muets. C'est un système tout conventionnel, qui peut paraître plus ou moins ingénieux à certaines personnes, mais qui ne saurait aspirer au mérite d'une utilité réelle et d'une pratique générale. Il semble devoir plutôt être abandonné au choix des parlants, dont les doigts se montrent rebelles au mécanisme de la dactylologie usuelle des sourds-muets.
«A notre avis, la dactylologie de l'abbé de l'Épée répond amplement aux besoins de cette branche secondaire de notre enseignement. On a beau faire, les principaux moyens de communication des sourds-muets seront toujours (et de plus en plus) d'abord la mimique naturelle perfectionnée, excluant les représentations dactylologiques des lettres d'une langue et peignant, indépendamment des langues, chaque idée par un signe, puis l'articulation et la lecture sur les lèvres pour quelques-uns, et le dessin et l'écriture pour le grand nombre.
«Essayer de ramener aujourd'hui notre enseignement à une dactylologie ou dactylographie plus ou moins rapide, plus ou moins saisissante, c'est vouloir lui faire rebrousser chemin, c'est chercher à le pousser dans une fausse route. L'importance de la dactylologie ou de la dactylographie (n'importe) diminue chaque jour, à mesure du progrès de notre enseignement. Les hommes d'activité et de savoir, au lieu d'user leurs efforts à poursuivre le progrès dans ces moyens secondaires, insuffisants, applicables à la seule représentation isolée d'une langue et non à l'idéologie de toutes, devraient s'entendre pour concentrer leurs vues sur des problèmes beaucoup plus importants, dont notre spécialité attend, en vain, la solution, tels que les meilleurs moyens d'initiation à la connaissance, plus ou moins complète, de sa langue maternelle, et l'emploi du peu de loisir que laisse à nos élèves cette étude, toujours longue et difficile, à quelques travaux intellectuels, variés, qui les intéresseraient en les y ramenant.
«Chaque année voit éclore de prétendues découvertes qui émanent de philanthropes mus par les meilleures intentions, mais, malheureusement, tout à fait étrangers à l'enseignement des sourds-muets. Il en résulte que, souvent, ils nous donnent, soit pour du nouveau, soit pour de l'utile, ou ce que nous connaissons depuis fort longtemps, ou ce qui, en définitive, ne nous offre qu'une utilité plus que contestable. Il serait à désirer que ces personnes, qui pourraient rendre de véritables services, si elles étaient plus éclairées sur un enseignement qu'elles ignorent, voulussent bien consulter les hommes spéciaux avant de bâtir leurs systèmes et de prendre la plume; il en résulterait une grande économie de temps et pour eux-mêmes et pour les hommes spéciaux qu'on charge ensuite d'examiner leurs écrits. Or, rien n'est plus précieux que le temps, à une époque où l'on vit si vite.»
(H) Legs d'un sourd-muet.—Un legs fort important a été fait à la ville de Rouen par une personne qui est morte au mois d'août 1847, en laissant, par un acte de sa dernière volonté, toute sa fortune à cette ville.
Cette fortune consiste, assure-t-on, en biens-fonds d'une valeur de 300,000 fr., et en une bibliothèque dans laquelle on ne compte pas moins de soixante mille volumes.
Le donateur est un sourd-muet, M. le baron Coquebert de Montbret, célibataire, appartenant à une famille fort riche, et dont l'unique plaisir était de collectionner des publications littéraires de toutes sortes. M. Coquebert de Montbret avait des manières rustiques; il fuyait la société pour vivre dans l'intimité de ses chers bouquins, et il était animé d'une telle ardeur pour la science, que, malgré son infirmité, il parvint à connaître à fond les langues et les littératures orientales. Sa passion favorite pour les livres fut souvent exploitée, aux dépens de sa fortune, par d'indignes spéculateurs, qui auraient dû respecter, au moins, son infirmité.
Le Conseil Municipal de Rouen eut à délibérer sur le testament, dont la validité était contestée par les héritiers. Mme Brongniart, sœur de M. de Montbret, attaqua cet acte en nullité, se fondant sur ce que le testateur n'avait pas la plénitude de ses facultés intellectuelles au moment où il disposait de sa bibliothèque et de son patrimoine en faveur de la ville de Rouen. Sa passion pour les livres avait souvent entraîné M. de Montbret à consentir à des prix énormes pour l'acquisition de raretés bibliographiques; sa famille les considérait comme des prodigalités qui mettaient en péril sa fortune; elle voulut le protéger contre la rapacité des exploitateurs, lesquels pouvaient d'autant plus aisément abuser des fantaisies du bibliomane, qu'il était privé de la ressource ordinaire de débattre un marché verbalement, parce qu'il était sourd-muet, et elle obtint qu'il lui fût constitué un conseil judiciaire.
Les prodigues sont des fous aux yeux du monde; mais tous les prodigues ne sont pas des fous aux yeux de la science. Jusqu'à son dernier jour, M. Coquebert de Montbret parut dans les conditions d'un homme qui, non seulement conserve ses facultés intellectuelles, mais encore les possède à un degré fort éminent. Les termes mêmes de son testament, les motifs assignés à ses dispositions dernières sont des témoignages, en quelque sorte complémentaires, que cet homme, voué pendant toute sa vie aux plus nobles investigations de l'esprit, était resté, jusqu'au bout, sain de tête et de cœur.
Telle fut, du moins, la présomption qui ressortit des informations préliminaires auxquelles le conseil municipal de Rouen dut se livrer; mais ce fut une présomption assez puissante pour l'amener à accorder l'autorisation de plaider et de soutenir en justice la validité du legs de M. de Montbret.
Ajoutons qu'à la présomption de lucidité se joignait, chez le testateur, celle de la fermeté et de la fixité de sa volonté dans l'acte important de sa munificence; car le testament avait été fait en quadruple expédition et déposé en quatre endroits différents, afin qu'il fût mieux garanti par le donataire.
Des légataires particuliers demandèrent à la ville la délivrance de leurs legs; mais leurs prétentions restèrent nécessairement subordonnées à l'issue de la contestation. Toutefois, la levée des scellés eut lieu à la requête de la ville et de Mme Brongniart, sous réserve des droits de chaque partie.
(I) La méthode de l'abbé de l'Épée, couronnée des succès les plus heureux, donna lieu, d'abord, à un arrêt rendu en conseil d'État, le 21 novembre 1778, par lequel le roi Louis XVI annonçait qu'il prenait sous sa protection l'établissement de ce grand instituteur, non moins recommandable par ses vertus qu'estimable par ses talents, et qu'il avait l'intention d'en assurer la perpétuité.
Ce premier arrêt fut suivi d'un second, du 25 mars 1785, que nous croyons devoir rapporter textuellement:
«Le roi s'étant fait représenter, en son conseil, l'arrêt rendu en icelui le 21 novembre 1778, par lequel, étant informée du zèle et du désintéressement avec lequel le sieur abbé de l'Épée s'est dévoué à l'instruction des sourds et muets de naissance, Sa Majesté aurait ordonné qu'il serait incessamment procédé à l'examen des moyens les plus propres à former, sous sa protection, dans la ville de Paris, un établissement d'éducation et d'enseignement en faveur des sujets de l'un et de l'autre sexe qui seraient affligés de cette double infirmité, et que, à cet effet, il serait proposé à Sa Majesté tels statuts et règlements qu'il appartiendrait, tant pour sa fondation que pour le gouvernement et direction desdits établissements, et, en attendant qu'il y ait été pourvu définitivement, Sa Majesté aurait ordonné que, sur la portion libre des biens que les monastères des Célestins, situés dans le diocèse de Paris, tenaient de la libéralité des rois ses prédécesseurs, il serait, sous les ordres des sieurs commissaires établis par ledit arrêt pour veiller particulièrement à tout ce qui pourrait accélérer et préparer ledit établissement, payé et délivré par le sieur Bollioud de Saint-Julien, commis à la régie desdits biens par les arrêts des 29 mars et 6 juillet 1776, toutes les sommes qui seraient jugées nécessaires, soit pour la subsistance et entretien des sourds et muets qui seraient sans fortune, soit, en général, pour toutes les dépenses préparatoires dudit établissement. Et Sa Majesté s'étant fait rendre compte, tant de ce qui a été fait jusqu'à présent, en exécution dudit arrêt, que de l'empressement avec lequel plusieurs évêques, et notamment ceux d'Orléans, d'Amiens et de Soissons, ont déjà concouru à l'exécution de ses vues pour la dotation de cet établissement, elle aurait reconnu que le moyen d'exciter et d'étendre une émulation aussi précieuse pour l'humanité, serait d'en fixer, dès à présent, le siége, et de mettre ainsi les pauvres qui seront forcés d'y avoir recours, en état de jouir, sans délai, de l'enseignement qui leur aura été assuré, et les autres évêques du royaume à portée de faire participer leurs diocésains à cet avantage, par l'application et cession d'une légère portion des biens vacants qui pourront se trouver, à l'avenir, à leur disposition, et principalement de ceux qui proviendront de la dotation royale. Et Sa Majesté s'étant pareillement fait représenter les divers plans, devis et projets, qui ont été dressés par les ordres desdits sieurs commissaires pour la construction d'un hospice propre à recevoir les sujets de l'un et de l'autre sexe, elle aurait de même reconnu que cet établissement ne pouvait être mieux placé, et avec plus de célérité et moins de dépenses, que dans la partie des bâtiments conventuels du monastère des Célestins de Paris, qui a son entrée par la rue du Petit-Musc, et est séparée des autres lieux claustraux, ainsi que de l'église, par une ligne transversale de démarcation, qui a été tracée, à cet effet, du levant au couchant, par le sieur Lemoine de Couson, architecte; et comme, d'ailleurs, le grand nombre d'élèves dont le sieur abbé de l'Épée est aujourd'hui surchargé, ne permet pas de différer plus longtemps la fondation de cet établissement, Sa Majesté, en attendant que le sieur archevêque de Paris ait prononcé, en la forme ordinaire, sur la destination des biens dudit monastère, et, néanmoins, après avoir pris l'avis dudit sieur archevêque, a jugé convenable de faire connaître ses intentions définitives, tant sur son emplacement, que sur les conditions qui seront nécessaires pour y être admis. A quoi voulant pourvoir, ouï le rapport, et tout considéré, le roi, étant en son conseil, a ordonné et ordonne ce qui suit:
«Art. 1er. Il sera incessamment pourvu à la confection des distributions et réparations nécessaires pour recevoir l'établissement des sourds et muets, de l'un et de l'autre sexe, dans la partie des bâtiments et lieux conventuels des Célestins de Paris à ce destinée, et y former un hospice permanent d'éducation et d'enseignement en leur faveur, par le sieur abbé de l'Épée et autres instituteurs qui lui succéderont à l'avenir.
«2. Le montant des frais desdites réparations, lesquelles seront faites sur les plans et devis qui en auront été préalablement dressés et agréés par Sa Majesté, sera avancé et délivré par le sieur Bollioud de Saint-Julien, receveur général du clergé, sur les revenus libres des biens des Célestins du diocèse de Paris, sur les ordonnances du sieur archevêque, et dans les termes qui seront convenus à ce sujet, sauf, lors du décret à intervenir pour l'union et application desdits biens, à retenir lesdites avances sur les deniers comptants qui seraient destinés à former la dotation de cet établissement.
«3. Jusqu'à ce que, en conséquence dudit décret, il ait été pourvu d'une manière convenable à ladite dotation, il sera annuellement payé et délivré par ledit sieur de Saint-Julien, sur les mêmes biens, au sieur abbé de l'Épée, et sur ses simples quittances, la somme de 3,400 liv., pour être employée à l'entretien des pauvres sourds et muets, de l'un et de l'autre sexe, qui pourront en avoir besoin, et à faciliter l'instruction de l'ecclésiastique adjoint à ses travaux pour se former audit enseignement.
«4. A compter du jour du présent arrêt, et jusqu'à ce que ledit établissement ait été consolidé par lettres-patentes de Sa Majesté, les rentes et redevances qui ont été ou seront, par la suite, unies et affectées à la fondation et entretien d'icelui par les décrets des évêques, et notamment ceux des évêques d'Orléans et d'Amiens, des 14 mars 1780 et 1er août 1781, et lettres-patentes confirmatives, dûment enregistrées, seront perçues par ledit sieur de Saint-Julien; en conséquence, seront les divers établissements chargés de l'acquit d'icelles, ensemble les fermiers et débiteurs, même les payeurs des rentes de l'Hôtel de Ville de Paris, tenus de payer et vider leurs mains en celles dudit sieur de Saint-Julien, au moyen de quoi et sur les quittances qu'ils en recevront, ils seront et demeureront bien et valablement déchargés; et seront lesdites sommes par lui remises audit sieur abbé de l'Épée, et employées au profit des sourds et muets, aux conditions imposées auxdits décrets en faveur des sujets de chaque diocèse.
«5. La pension gratuite entière pour chaque élève sera et demeurera fixée à la somme de 400 liv. par an, et la demi-pension à celle de 200 liv.; et ne pourront être lesdites pensions payées et continuées au-delà du terme de trois années, passé lequel les mêmes sujets ne pourront plus en jouir, sous quelque prétexte que ce soit.
«6. Lesdites pensions et demi-pensions gratuites ne seront accordées qu'à des sujets d'une pauvreté reconnue et attestée par le certificat du curé de la paroisse et par l'extrait du rôle des impositions, qui sera, à cet effet, délivré par le receveur particulier de l'élection; et seront lesdits extraits et certificats dûment légalisés par le juge royal le plus prochain, pour être, s'il y a lieu, sur iceux procédé à l'admission du sujet dans ledit hospice.
7. Toutes les dispositions ci-dessus seront exécutées jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné par les décrets, règlements et lettres-patentes à intervenir, pour la direction et administration temporelle et spirituelle dudit établissement; et sera, en conséquence, le présent arrêt notifié, de l'ordre du roi, aux débiteurs des redevances et payeurs des rentes affectées à la dotation d'icelui, à ce qu'ils n'en ignorent et aient à s'y conformer.
Fait au conseil d'État du roi, etc.»
(J) Différence entre les mots sourd et muet et sourd-muet.
Dans les premiers temps où le triste sort des enfants atteints de surdi-mutité éveilla la commisération publique, on se servait habituellement de l'expression sourd et muet. Ce n'est que vers la fin du dix-huitième siècle que sourd-muet devint le terme consacré.
Quoi qu'il en soit de ces deux appellations, l'analogie fondée sur les rapports des causes avec leurs effets nous amène à établir entre l'un et l'autre une distinction raisonnée.
La dénomination de sourd et muet suppose deux incapacités distinctes et ne découlant pas forcément l'une de l'autre; d'une part, l'incapacité d'entendre, occasionnée par la paralysie du nerf auditif ou par toute autre cause, de l'autre, l'incapacité absolue d'articuler la parole humaine, cette incapacité étant le résultat physiologique d'une paralysie ou lésion survenue dans la langue ou dans toute autre partie de l'appareil vocal, tandis que l'appellation de sourd-muet renferme, au contraire, l'idée du rapport direct de la surdité au mutisme, de telle façon que celui-ci soit considéré alors comme la conséquence obligée de celle-là.
En thèse générale, ne remarque-t-on pas que l'appareil vocal de nos jeunes sourds-muets est tout aussi bien conformé que celui des jeunes entendants-parlants? Toutefois, évidemment les premiers ne réussissent pas, comme les seconds, toutes conditions égales, d'ailleurs, à acquérir l'usage, proprement dit, de la parole, savoir: la flexibilité, la pureté, la douceur, le charme de l'articulation. Quelle cause peut amener un tel désavantage si ce n'est l'inaction, plus ou moins prolongée, des organes vocaux du jeune sourd-muet, et surtout l'absence complète chez lui, de la surveillante, de l'institutrice élémentaire de la parole, du juge infaillible des sons, une oreille ouverte, attentive, exercée?
N'est-on pas fondé a induire de là que, chez le jeune sourd-muet, les organes de la parole sont tout à fait dans le cas d'une arme dont les ressorts, faute d'usage, se rouilleraient et perdraient leur élasticité?
Le nombre des sourds et muets paraît, en ce moment, si faible comparativement à celui des sourds-muets, que c'est de ces derniers seuls que les gouvernements s'occupent exclusivement aujourd'hui, et que, sur la porte des établissements qui leur sont consacrés, on ne lit plus que ces mots: Institution ou école des sourds-muets et non des sourds et muets.
On a prétendu établir cinq catégories[107] parmi les jeunes sourds-muets de chaque année réunis à l'Institution nationale de Paris, catégories qu'on a basées sur leurs différents degrés de surdité. Moi, homme incompétent en pareille matière, je laisse à tout autre le soin de constater l'exactitude ou l'inexactitude de cette remarque[108].
«Mes amis! le moment qui s'enfuit est trop précieux, trop solennel pour que je néglige l'occasion qu'il m'offre de faire un appel à votre concours de camarades et de frères. Cet appel n'est pas nouveau pour vous: déjà, il vous a été fait par moi; déjà vous vous y êtes associés de cœur. Il s'agit de l'achat du tableau de notre frère Peyson (de Montpellier), représentant les derniers moments de l'abbé de l'Épée. Mes démarches pour y parvenir sont connues de plusieurs d'entre vous; malheureusement, à mon bien vif regret, jusqu'ici elles n'ont été couronnées d'aucune assurance positive. Quoi qu'il en soit, et pour l'acquit de ma conscience, il était de mon devoir, c'était, dans ma pensée, un parti pris de venir vous en rendre compte dans une occasion solennelle comme celle-ci. J'avais besoin de clore ainsi la mission de mandataire que vous m'aviez confiée depuis si longtemps et à laquelle je m'enorgueillis d'avoir toujours été fidèle. Permettez-moi donc, en finissant, de soumettre à votre approbation une nouvelle demande que j'ai signée et qu'aucun de vous, j'en suis sûr, ne refusera de signer, à mon exemple. Demain elle pourra être déposée entre les mains de M. le Ministre de l'intérieur. Que Dieu soit en aide aux pauvres sourds-muets!»
Pétition à M. le comte Duchâtel, ministre de l'intérieur.
«Paris, le 11 décembre 1842.
Monsieur le ministre,
Les sourds-muets de tous les pays, de toutes les conditions, réunis aujourd'hui, suivant l'usage, en famille et dans un banquet pour fêter l'anniversaire de la naissance de l'abbé de l'Épée, pensent qu'ils ne sauraient mieux faire éclater leur reconnaissance envers celui qu'ils ont l'habitude d'appeler leur père intellectuel qu'en tendant vers Votre Excellence leurs mains timides, mais confiantes, et la sollicitant en faveur d'un des leurs, de Peyson, artiste distingué, auteur d'un portrait de l'abbé Sicard, que la liste civile a daigné lui commander pour le musée historique de Versailles, où il figure en ce moment.
Peyson a, de plus, exposé, au salon de 1839, un grand tableau représentant les deniers moments de l'abbé de l'Épée. Cette œuvre remarquable n'a pas trouvé, jusqu'à ce jour, un Mécène.
Peyson, sans protecteur, presque délaissé, aurait, depuis longtemps, brisé son pinceau, si ses frères ne s'étaient efforcés de faire luire, à ses yeux, un rayon d'espérance en lui répétant qu'il y a ici-bas une Providence pour les jeunes talents malheureux. Votre Excellence ne refusera pas de réaliser cette prédiction de l'amitié en autorisant l'acquisition du tableau de notre artiste. Qui de nous peut en douter en se rappelant ce que vous avez déjà fait, Monsieur le ministre, pour un autre de nos frères, pour Léopold Loustau, peintre habile, à qui vous avez commandé successivement deux grands tableaux religieux?
Tous les sourds-muets et tous leurs amis attendent avec une égale confiance l'effet de votre sollicitude en faveur de Peyson, son digne émule.
Nous sommes, avec le plus profond respect,
Monsieur le Ministre,
Les très-humbles, etc.
Avec la plus instante recommandation à l'intérêt de Monsieur le Ministre de l'intérieur, L. De Jussieu, membre du Conseil supérieur des établissements de bienfaisance;
A. de Lanneau, directeur de l'Institution royale des sourds-muets; Ferdinand Berthier, doyen des professeurs de l'Institution royale des sourds-muets; Victor Lenoir; de Nogent; Imbert; Salcède de Monville; Leroy; Pélissier; Del Portal; L. Fabrège; Bonniol; Ch. Michel; A. Lenoir; Léopold Loustau; Greux; Dumont; A. Gamble; Leguillon; Lardé; Brézillon; Worner; Damien; Fouret; Boudin; Convert; Boulard; de Widerkehr; Chomat; Steiner; Rouet; Duneuf; Dréville; Cervoni; Huart; Lemarié; Franclet; Bézu; Puybonnieux, professeur à l'Institution royale des sourds-muets; Pollet; Trezel; Nonnen; Michelet, membre de la Commission Consultative de l'Institution royale des sourds-muets; Queilhe; E. Allibert; Lecomte; Eug. Garay de Monglave, membre de la Commission Consultative de l'Institution royale des sourds-muets, remplissant les fonctions d'inspecteur-général des études; Léon Gilles; Robillard; A. Levassor.
(L) «A Messieurs les membres de la Commission Consultative de l'Institution royale des sourds-muets de Paris.
«Paris, ce 14 mai 1845.
«MONSIEUR,
«J'ai l'honneur de vous rappeler qu'au dernier banquet annuel des sourds-muets en commémoration de l'anniversaire de la naissance de l'abbé de l'Épée, banquet auquel la plupart d'entre vous avaient bien voulu s'empresser de prendre part, j'avais été chargé, comme président, d'annoncer qu'un de nos frères, M. Peyson, peintre d'histoire, par un élan spontané de son cœur reconnaissant, offrait à l'Institution royale de Paris son tableau représentant les derniers moments de ce grand homme de bien. Nous fûmes heureux de vous voir témoigner hautement que l'Institution, dont l'administration vous est confiée, serait fière de posséder dans son sein un souvenir d'un de nos artistes qui ont le mieux recueilli les précieux fruits de l'éducation qu'on reçoit dans cet établissement.
«Si un vœu de sa part avait quelque droit à être écouté de vous, il demanderait que son tableau figurât dans votre salle du conseil, car il ne serait pas à sa place dans celle des séances publiques, qui, par la disposition du jour, nuirait plutôt à son exposition, et qui, d'ailleurs, renferme déjà un grand tableau reproduisant un beau trait de la vie de l'abbé de l'Épée.
«Les sourds-muets osent espérer que vous voudrez bien faire apposer au bas du tableau une inscription constatant, à la fois, et le nom du donateur, et le motif de son offrande.
«Veuillez, le plus tôt que vous jugerez convenable, envoyer prendre le tableau, dans l'atelier du peintre, quai Bourbon, 39.
«Permettez-moi, Messieurs, de saisir cette occasion de vous prier d'agréer l'hommage de notre reconnaissance et de celle de tous les élèves, qui seront heureux de voir multiplier autour d'eux l'image de leur créateur intellectuel.
«Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
«A. LENOIR.»
(M) L'emplacement actuel de l'Institution des sourds-muets de Paris fut jadis la propriété d'une colonie de l'hôpital Saint-Jacques-du-Haut-Pas, situé en Italie, dans le territoire de la république de Lucques, colonie connue sous le nom des religieux de cet hôpital ou de frères pontifes ou constructeurs de ponts.
Nous ignorons l'époque précise de cette fondation à Paris. Seulement des lettres de Charles-le-Bel, de l'année 1322, ainsi que d'autres lettres de Philippe de Valois, de l'année 1335, nous apprennent que ces religieux avaient la jouissance de la moitié d'un local nommé le Clos du roi; qu'ils y recueillaient les pèlerins de la Terre-Sainte, et portaient le signe du tan sur leurs habits. On les appelait aussi les frères hospitaliers.
Leur première chapelle fut bénie en 1350. Une autre plus vaste, dont les chefs avaient le titre de commandeurs, s'éleva en 1519, et fut érigée, dans le cours de 1566, en succursale de l'église paroissiale, malgré l'opposition des curés du voisinage.
«Avons permis et permettons, porte la Sentence de l'Official de Paris, aux manants et habitants desdits faubourgs de la porte Saint-Jacques et de Notre-Dame-des-Champs, avoir, à leurs dépens, autres personnes qui disent, chantent et célèbrent à haute voix, et avec chants, lesdits offices divins, etc.»
En 1572, il ne restait plus que deux religieux dans cet hôpital, presque abandonné. Catherine de Médicis s'étant fait bâtir un nouvel hôtel appelé Hôtel de la reine, et, plus tard, Hôtel de Soissons, sur l'emplacement qu'occupaient alors les Filles repenties, et où s'élève aujourd'hui la Halle au Blé, ces filles, dépossédées, vinrent s'installer dans le monastère des moines de Saint-Magloire, qui, par contre coup, prirent possession de la maison de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, emportant avec eux les reliques de leur patron. De là cette demeure prit le nom de leur ordre.
La chapelle du monastère vit, en 1584, s'édifier, à côté d'elle, une nouvelle succursale, consacrée aux besoins spirituels des fidèles du quartier, qui ne pouvaient guère s'accommoder des heures des religieux.
Mais cette église fut bientôt trouvée si petite, qu'on se vit forcé, dans l'année 1630, d'en entreprendre la reconstruction, qui ne put être terminée qu'en 1688. Monsieur, frère de Louis XIII, en avait posé la première pierre, et les libéralités du prince de Longueville contribuèrent à son achèvement.
Le bâtiment qui avait servi à l'ancien hôpital, et qui fut démoli en 1823, était séparé de l'église paroissiale par une ruelle connue, à cette époque, sous le nom de rue des Deux Eglises, auquel celui de rue de l'Abbé de l'Épée a été récemment substitué, à la demande de l'Institution des sourds-muets.
La vie que menaient les moines de Saint-Magloire, scandalisa tellement l'évêque de Paris, Henri de Gondi, qu'il résolut de les supprimer, et de donner leur établissement aux prêtres de l'Oratoire. Cette maison devint ainsi le premier séminaire dont la capitale ait été pourvue. Elle se maintint avec cette destination jusqu'à la révolution de 1792, qui y transféra, ainsi que nous l'avons dit, l'Institution des sourds-muets, fondée par l'abbé de l'Épée.
Voici la description exacte de cet édifice, tel qu'il existe aujourd'hui:
Il est situé au-dessus de l'église de Saint-Jacques-du-Haut-Pas. Son portail, lourd et massif, disgracieux à l'œil, n'offre rien de remarquable comme œuvre architecturale. Les principaux corps de logis, formant les trois côtés de la grande cour, sont: le bâtiment des garçons, en face de l'entrée; à gauche, celui des filles; à droite, un autre bâtiment qui renferme un atelier (celui des menuisiers), la salle des séances publiques, communiquant à la Bibliothèque, l'infirmerie des garçons, outre les logements du médecin, de l'aumônier et des employés. Au nord, un vaste appendice a été consacré à tous les détails de l'administration et aux appartements du directeur, du professeur faisant fonctions de sous-directeur et du receveur-économe. La salle des séances de la Commission Consultative est attenante aux premiers. Du même côté, se déroulent trois jardins: le premier est destiné au directeur, le second au receveur-économe, le troisième à l'aumônier. Le niveau de ces trois jardins, qui côtoyent la rue de l'abbé de l'Épée, est élevé d'un mètre au-dessus de celui du grand jardin de la maison.
Comme les trois petits jardins qui l'avoisinent, le bâtiment en question donne sur la rue de l'abbé de l'Épée, et fait angle intérieurement, du côté du grand jardin, avec la façade du principal corps de logis.
Pour isoler complétement l'Institution des sourds-muets, on a démoli, il y a quelques années, une vieille masure formant l'angle des rues d'Enfer et de l'abbé de l'Épée, laquelle avait abrité jadis le quartier des filles, et tombait en ruine depuis long-temps.
L'ensemble de ces constructions, surmontées de paratonnerres, et élevées de quatre étages, réunit presque toutes les conditions de commodité et de salubrité désirables.
Le bâtiment des garçons, faisant face au grand portail, est situé entre le jardin, avec terrasse au couchant, et la cour au levant. Dans cette cour, on contemple un orme colossal, dont la tête domine majestueusement les plus hautes maisons du quartier Saint-Jacques, et s'aperçoit de toutes les éminences de Paris et des alentours. Ce géant végétal, dont l'existence remonte à plus de trois siècles, ombragea le bon La Fontaine, lorsqu'il vint passer deux ans dans une cellule du séminaire de Saint-Magloire. Il vit s'asseoir fréquemment aussi, sous son feuillage, l'éloquent auteur du Petit Carême.
Un bassin occupe le centre du jardin, à l'extrémité duquel règne un quinconce de beaux tilleuls, au milieu duquel s'élève un gymnase. Au fond de ce quinconce, un mur sépare d'une institution de jeunes parlants une longue file d'élégants parterres que nos jeunes sourds-muets se plaisent à cultiver à leurs heures de récréation. Le Jardin des Plantes leur envoie le superflu de ses richesses. A frais communs, ils y ont taillé, industrieux horticulteurs, des voûtes, des berceaux, des grottes de charmille. Là, faisant trêve à leurs jeux, ils se groupent pour étudier sur des tables éparses, et, dans leur libéralité, livrent ensuite, tout le reste du jour, leurs fraîches oasis à qui veut en jouir.
La maison des garçons est surmontée d'une horloge à deux cadrans tournés, l'un vers la cour, l'autre du côté du jardin. Cette horloge est abritée par un petit campanile que couronne une girouette. Tout le long de la grande façade de la cour règne, au rez-de-chaussée, une galerie couverte, intérieurement tapissée de tableaux extraits de revues pour les enfants; d'images reproduisant leurs jeux; de cartes géographiques; de tableaux synoptiques d'histoire; de gravures représentant les hauts-faits des annales de tous les peuples, les merveilles de la nature, les grands hommes de France, etc., etc. Ses piliers supportent, au premier étage, une autre galerie vitrée, faisant saillie sur le bâtiment. Le long du rez-de-chaussée s'ouvrent des salles d'étude, un atelier (celui des tourneurs), le réfectoire, la cuisine et l'office.
Il y a, dans l'établissement, deux escaliers conduisant aux divers étages. Le plus grand a des marches en pierre et une rampe en fer; l'autre est en bois.
Le premier étage est occupé par les classes et la chapelle; le second, par les salles de dessin et d'écriture et par les trois ateliers de lithographes, de cordonniers et de tailleurs; les troisième et quatrième, par les dortoirs. Celui des plus grands élèves est au troisième; celui des plus petits, au quatrième. Au troisième, tous les lits sont de fer, tandis que, au quatrième, il n'y a presque que des lits de bois. Au bout de chaque dortoir, on a pratiqué un vestiaire et un salon de toilette, avec lavabo. Les rez-de-chaussée sont pavés en dalles; le reste de l'établissement est parqueté.
Les classes sont au nombre de six, que domine une septième, dite de perfectionnement, fondée par feu le docteur Itard, ancien médecin de l'Institution. Les arrivants suivent, d'année en année et de classe en classe, le professeur respectif qui les a reçus à leur entrée dans la maison, lequel leur fait ainsi parcourir l'échelle graduelle du cours général d'études, fixé à six années par le règlement. C'est ce qu'on appelle le système de rotation. L'enseignement comprend les préceptes de la religion et les éléments de grammaire générale, d'histoire, de géographie et de calcul, sans compter la parole artificielle et la lecture sur les lèvres, enseignées par un professeur et son adjoint, dans deux salles d'étude, à tous les élèves qui font preuve de dispositions pour cette double spécialité.
Il y a, dans chaque classe, des tableaux noirs, sur lesquels la leçon est écrite à la craie, et une rangée de pupitres, devant lesquels les jeunes sourds-muets, assis, écrivent sur des ardoises les dictées qu'on leur fait par signes, ou les compositions dont on leur donne le sujet.
Les élèves de sixième année sont, en outre, admis à un concours annuel qui détermine l'admission de deux d'entre eux, pour trois années de plus, à la classe de perfectionnement dont nous avons parlé, et qui doit toujours se composer de six élèves.
Tous les exercices de la maison des garçons ont lieu au son de la caisse, qu'ils battent eux-mêmes, avec la précision, avec l'ensemble de vieux tambours de la ligne, et dont les moindres vibrations leur sont sensibles, soit par l'épigastre, soit par la plante des pieds ou la paume des mains.
Dans la chapelle, éclairée par cinq fenêtres percées dans le mur de droite et ornée de quatorze bas-reliefs en plastique, représentant le Chemin de la Croix, on remarque, derrière le maître-autel, un grand tableau de Steph. Barth. Garnier, qui représente Jésus-Christ rendant l'ouïe et la parole à un jeune sourd-muet.
Sur l'arc de la voûte qui couronne cette peinture, on lit cette inscription:
«Il a bien fait toutes choses. Il a fait entendre les sourds et parler les muets.»
«Saint-Marc, ch. VII, verset XXXVII.»
A gauche, on admire le beau tableau dont nous avons parlé, œuvre et don affectueux d'un sourd-muet vivant, Frédéric Peyson, ancien élève de l'École, et disciple de Léon Cogniet, représentant les derniers moments de l'abbé de l'Épée. A côté, un second autel avec la statue de la Sainte Vierge. A droite, enfin, une plaque de marbre portant cette inscription en lettres d'or:
«L'an 1805 et le 13 février, cette chapelle a été solennellement bénie et consacrée à Dieu, sous l'invocation de saint Roch et de saint Ambroise, par Sa Sainteté le pape Pie VII, lors de sa visite à cette Institution, sous le ministère de Son Excellence Monseigneur de Champagny; étant administrateurs, MM. Brousse-Desfaucherets, Mathieu de Montmorency, Bonnefoux, Duquesnoy, Sicard.
«Réédifiée en 1830, par A.-M. Peyre, architecte.»
Au-dessus de la porte du saint lieu règne une tribune destinée aux jeunes sourdes-muettes, et au-dessous un confessionnal.
Dans les classes et les études, toutes les prières sont faites, à tour de rôle, par un élève, à l'aide de la mimique.
Sous la chapelle est la cuisine, spacieuse et bien tenue, munie d'un réservoir qu'on remplit au moyen d'une pompe, et d'un grand fourneau de fonte, sur lequel est appendue une abondante batterie de cuisine. Par un perron de quelques marches on monte de cette pièce au réfectoire des garçons, dont la fontaine est de marbre, ainsi que les tables, qui reposent sur des pieds de fonte; au moyen d'un tour pratiqué dans l'office, la même cuisine dessert le réfectoire des filles, qui en est entièrement séparé, et occupe l'autre extrémité des bâtiments.
En arrivant dans la salle des séances publiques, qui se trouve dans l'aile de droite, en entrant par la rue Saint-Jacques, le regard s'arrête, tout d'abord, sur un grand tableau exécuté et donné à l'Institution, en 1835, par Ponce Camus. Cette peinture représente le jeune sourd-muet connu sous le nom du comte de Solar(sujet du drame de M. Bouilly, joué à la Comédie-Française), accompagné de son maître et protecteur, l'abbé de l'Épée, reconnaissant la maison où il a vu le jour, sur une des places publiques de Toulouse. Aux murs de droite et de gauche sont gravés les noms des anciens administrateurs de l'établissement, qu'on retrouve encore entre les bustes du fondateur et de son élève et successeur, l'abbé Sicard. Ces deux vénérables images ornent les deux côtés du tableau noir destiné aux exercices publics, sur lequel repose un autre buste plus grand de l'abbé de l'Épée, œuvre remarquable de M. Auguste Préault. Au-dessus du tableau noir on lit cette inscription:
«L'École des sourds-muets, en France, a été fondée par l'abbé de l'Épée, qui l'a établie à ses frais, en 1760, rue des Moulins, à la butte Saint-Roch. Elle a été érigée en Institution nationale par les lois des 24 et 29 juillet 1791.»
Devant le tableau règne une estrade consacrée aux exercices, d'où l'on descend, par un double perron, à une série de gradins disposés en amphithéâtre pour le public. Le long du mur de droite on lit, sur une pierre de marbre:
«Mme Suzanne-Elisabeth-Eulalie Champion, veuve Vignette, décédée à Paris, le 3 février 1831, a légué à l'Institution royale des sourds-muets trois fermes, sous la condition que, à perpétuité, huit enfants sourds-muets, pauvres, seraient admis gratuitement dans cette Institution.»
Le mur de gauche a pour pendant cette autre inscription:
«Jean-Marc-Gaspard Itard, chevalier de la Légion-d'Honneur, membre de l'Académie royale de médecine et de plusieurs Sociétés savantes, médecin, pendant trente-huit ans, de l'Institution, né à Oraison (Basses-Alpes), le 15 avril 1774, décédé le 5 juillet 1838, a, par son testament, fait à Paris, le 4 octobre 1837, légué a cette Institution huit mille francs de rente perpétuelle, 5 pour 100, pour y fonder une classe d'instruction complémentaire et six bourses triennales gratuites en faveur de six sourds-muets désignés au concours parmi les élèves qui ont atteint le terme ordinaire des études.
«Le conseil d'administration a voulu que ce marbre perpétuât le souvenir de ce bienfait et l'expression de la reconnaissance de l'Institut.»
L'uniforme des garçons est, à peu près, le même que celui des jeunes lycéens parlants. Les dimanches et jours fériés, il consiste en une tunique, un pantalon et un képi de drap bleu foncé, avec liséré rouge. Pendant la semaine, ils sont vêtus d'une blouse bleue.
Les élèves sont divisés en compagnies et en pelotons, ayant à leur tête un sergent-major, des sergents et des caporaux, portant fièrement, sur leurs manches, les marques distinctives de leurs grades respectifs.
Deux petits pavillons, élevés des deux côtés du grand portail, font saillie sur la cour. Dans l'un est le bureau du contrôleur du service; l'autre sert de logement au concierge.
Pour entrer dans le quartier des filles, on passe devant ce dernier pavillon, qui est contigu à la salle des bains, et l'on arrive à la loge spéciale de la portière de cette partie de la maison.
La distribution du quartier des filles reproduit, à peu de choses près, en diminutif, celle du quartier des garçons. Cette aile de l'édifice est composée de quatre étages.
Le rez-de-chaussée renferme une pièce d'entrée, avec une fontaine au fond, une salle de récréation et un réfectoire. De là on descend par quelques marches dans un jardin, clos de murs, contenant un bassin et un gymnase, sans compter les parterres des sous-maîtresses.
Le premier étage est occupé par les classes et par une grande salle d'étude, qui se transforme en ouvroir, à certaines heures du jour; le second, par les dortoirs; le troisième, par l'infirmerie et la lingerie; le quatrième, par les logements de la surveillante en chef et de ses subordonnées.
L'établissement entier, qui a coûté plus de 1,200,000 francs, a été élevé par la munificence du gouvernement, à la place des vieux bâtiments de l'hôpital Saint-Jacques-du-Haut-Pas, qui, ainsi que nous l'avons dit plus haut, menaçaient ruine, ayant été construits en 1386, sous Philippe-le-Hardi.
Le personnel des deux établissements se compose comme suit: un directeur responsable, assisté d'une commission consultative de quatre membres, qui se renouvelle par quart; un receveur-économe et un aumônier.
Quartier des garçons: sept professeurs, dont quatre sourds-muets (un des professeurs parlants remplit les fonctions de sous-directeur; un autre, celles de bibliothécaire-archiviste).
Un professeur suppléant, un surveillant sourd-muet, un maître d'étude sourd-muet, des aspirants sourds-muets ou parlants, dont le nombre est fixé, chaque année, par le ministre; six chefs d'ateliers, dont un sourd-muet; un maître de dessin, un maître d'écriture, un contrôleur du service, un veilleur et cinq hommes de peine.
166 élèves, dont 100 à la charge du gouvernement, et 8 aux frais des familles.
Quartier des filles: une surveillante en chef, trois dames professeurs, trois répétitrices, des aspirantes dont le nombre est également fixé chaque année; deux maîtresses d'étude, dont une sourde-muette; une maîtresse de dessin, une maîtresse d'écriture, une infirmière, une portière, une veilleuse et deux servantes, dont une sourde-muette.
(N) Le 17 décembre, on lisait dans le NATIONAL:
«La lettre de M. Berthier, sur l'absence du portrait de l'abbé de l'Épée au Musée de Versailles, a inspiré à un jeune sourd-muet de Gourdon les vers suivants, que nous nous faisons un devoir d'insérer dans nos colonnes. Nous donnons rarement place à des vers, à cette époque peu poétique; mais on ne lira pas, sans en être vivement touché, cette nouvelle preuve des bienfaits de l'abbé de l'Épée. Son génie a rendu la vie morale à ceux dont l'âme aurait passé, sans guide et sans flambeau, de la nuit d'ici-bas dans la nuit de la tombe.»
| LE SOURD-MUET. | 
| Et souvent je me dis: Pourquoi, sur cette terre, | 
| Où l'homme n'a reçu qu'une vie éphémère, | 
| Doit-il toujours pleurer, doit-il toujours gémir? | 
| Est-ce un crime de naître, une loi de souffrir? | 
| Bercé d'illusions, dévoré de rancune, | 
| Revêtu de douleur, couronné d'infortune, | 
| Pourquoi meurt-il éteint par la fatalité? | 
| Que de maux ont pesé sur notre humanité! | 
| Sans doute que, parmi ces brillantes planètes | 
| Qui scintillent aux cieux et roulent sur nos têtes, | 
| Un météore horrible, annonçant le malheur, | 
| N'éclaire que misère, et souffrance, et douleur, | 
| Qu'il embrase le monde, et, de son orbe immense, | 
| Répand dans tous les lieux sa funeste influence. | 
| Sous cet astre fatal ma mère me conçut; | 
| Au cri de mes douleurs mon père me reçut. | 
| Le malheur fut mon roi. Le cœur rongé d'envie, | 
| Il m'avait attendu sur le seuil de la vie; | 
| Et, quand, dans mon berceau, le double éclat des cieux, | 
| Pour la première fois, resplendit à mes yeux, | 
| Un plus épais nuage enveloppa mon âme. | 
| Nulle voix d'harmonie, ou d'espoir, ou de flamme, | 
| Ne vint me convier aux champs de l'avenir. | 
| Orphelin, sans amis, ange déchu, martyr, | 
| Sur le portail doré qui s'ouvre à l'existence, | 
| Je n'ai pas lu ce mot, ce doux mot: Espérance! | 
| Comme le nautonnier égaré dans les mers, | 
| Errant de plage en plage, et, seul dans l'univers, | 
| Moi, sur l'esquif brisé, pilote sans étoile, | 
| Sans un souffle qui vînt, le soir, enfler ma voile, | 
| Sur la mer de la vie, à la merci des flots, | 
| J'ai vogué tristement à travers bien des maux. | 
| Du moins, dans son naufrage, une voix le console. | 
| C'est l'alcyon plaintif qui, sur l'eau, chante et vole; | 
| C'est le vent qui soupire à l'oreille en passant; | 
| C'est l'écume blanchâtre, au reflet caressant. | 
| Ces vibrations d'air, musique aérienne, | 
| Ces concerts, aussi doux qu'une âme éolienne, | 
| Parlent au nautonnier: sensible à cet accord, | 
| Captif lui-même, il chante, il s'oublie, il s'endort. | 
| Moi, pauvre sourd-muet, dans ce désert immense, | 
| Je n'eus pas une voix pour charmer ma souffrance. | 
| Ma mère, en son amour, me berçant sur son sein, | 
| Ne ferma pas mes yeux au souffle d'un refrain. | 
| Dans mot isolement, jamais tendre parole | 
| Qui fait bondir le cœur, qui ramène et console, | 
| Sur mon âme captive, en sons mélodieux, | 
| N'est descendue, hélas! messagère des cieux. | 
| Hélas! je traversais, sans amis et sans guide, | 
| Ce monde, ne m'offrant qu'un désert bien aride, | 
| Ne sachant où j'allais et d'où j'étais venu, | 
| Ignorant l'univers, à moi-même inconnu. | 
| Amour, gloire, vertu, beaux-arts et poésie, | 
| Grave inspiration, légère fantaisie, | 
| Tous vos dons me manquaient pour exalter mon cœur, | 
| Pour me guider au bien, au plaisir, au bonheur. | 
| Ils passaient à mes yeux, ils passaient sur mon âme, | 
| Comme un feu sous le vent, sans irriter la flamme. | 
| Je t'ignorais encor, douce religion. | 
| Trésor de dévoûment, de consolation, | 
| De l'homme malheureux visible Providence, | 
| Toi qui, dans cet enfer, lui portes l'espérance, | 
| J'ignorais que l'on pût, sous tes blanches couleurs, | 
| Épancher en silence et ses maux et ses pleurs, | 
| Et qu'il me fût permis, à la fête d'Isaure[109], | 
| Écartant les douleurs qui m'agitent encore, | 
| Sur un luth gracieux laissant glisser mes doigts, | 
| Chanter, comme aujourd'hui, mes peines d'autrefois, | 
| Mes rêves d'avenir, d'amour, de délivrance, | 
| Dire l'hymne sacré de la reconnaissance, | 
| Et, de la mélodie invoquant les faveurs, | 
| Aspirer à cueillir la poésie en fleurs. | 
| Et toi, lyre fidèle, aux paroles de flamme, | 
| Délices de mon cœur, doux écho de mon âme, | 
| Mon amour, mon souci, mon trésor et mon Dieu, | 
| Il m'eût fallu te dire un éternel adieu! | 
| Béni soit à jamais l'art divin de l'Épée! | 
| Mon âme, par sa voix, se relève frappée; | 
| Il l'a dit, et j'ai vu surgir à l'horizon | 
| Le flambeau de l'esprit, l'astre de la raison; | 
| Ces rayons bienfaisants, de leur vive lumière | 
| Éclairent, à mes yeux, une vaste carrière. | 
| L'ange de poésie, ange gardien du cœur, | 
| Est descendu du ciel m'enivrer de douceur; | 
| Sous son aile d'amour, à sa voix d'harmonie, | 
| Je me suis abrité, devinant le génie: | 
| Il m'ouvre, en souriant, un avenir heureux; | 
| Il me prête son luth, et nous chantons tous deux. | 
| Souvenir enivrant! à son réveil, mon âme | 
| Se consume d'extase, et d'ivresse, et de flamme; | 
| Ravi, hors de moi-même, en cet instant si doux, | 
| Je bénis le bon ange, et fléchis les genoux. | 
| Lui, soudain, agitant sa baguette magique, | 
| A mes yeux, fait jaillir un univers mystique, | 
| Univers idéal, monde mélodieux | 
| Où mille doux échos, comme un essaim joyeux | 
| D'esprits aériens, de légères sylphides, | 
| Apportent à mon cœur des accents frais, splendides, | 
| Des bruits surnaturels, de ravissants accords, | 
| L'extase de la lyre et ses vagues transports, | 
| Concerts délicieux, musique intérieure | 
| Qui font qu'en écoutant, l'âme palpite et pleure. | 
| Reprends ta harpe d'or, terrestre séraphin, | 
| Poëte de l'espoir, chantre de Jocelyn! | 
| Ouvre à nos pas errants tes lacs mélancoliques | 
| Et sème notre ciel d'étoiles poétiques! | 
| Dans mon exil moral, un Dieu m'a visité; | 
| Il s'est fait mon ami, ce Dieu de charité; | 
| Il a brisé mes fers... J'ai volé vers ta sphère; | 
| J'ai senti ton éclat inonder ma paupière; | 
| Ivre de ton ivresse et rempli de tes vers, | 
| J'ai tenté mon essor, au bruit de tes concerts. | 
| Une lyre à la main, guidé par ton génie, | 
| J'ai, comme un rêve d'or, goûté ton harmonie, | 
| Céleste volupté! charmante illusion! | 
| Et, soudain, au flambeau de l'inspiration, | 
| Ravi d'enthousiasme, en mes élans immenses, | 
| J'ai secoué mon aile aux pures jouissances. | 
| Pareil au jeune aiglon qui, dans son frêle essor, | 
| Attiré par l'instinct, d'une aile faible encor | 
| S'essaie, en se jouant, sur les profonds abîmes, | 
| Ou, rasant des rochers les gigantesques cimes, | 
| Va là-haut contempler l'astre de l'univers; | 
| Long-temps se balançant dans l'empire des airs, | 
| Aspirant, beau d'orgueil, à braver les orages, | 
| Il monte, monte encor par dessus les nuages! | 
| Gloire à toi, de l'Épée! Oh! si jamais ma voix, | 
| Pour immortaliser le héros de mon choix, | 
| Pouvait, dans ses accents, égaler mon délire, | 
| Si jamais je pouvais demander à ma lyre | 
| Des vers heureux, échos d'infinis sentiments, | 
| C'est pour toi que j'aurais mes plus sublimes chants. | 
| Pour toi, j'exhalerais honneur, reconnaissance. | 
| Mes succès seraient doux et mon ivresse immense. | 
| De quel nom te nommer, mon second créateur, | 
| Et sur quel piédestal un transport de mon cœur | 
| Doit-il placer ton buste, éterniser ta gloire, | 
| Perpétuer ton œuvre et venger ta mémoire? | 
| O tendre de l'Épée, ange de charité, | 
| Sois à jamais béni dans la postérité! | 
| Ton génie immortel, vainqueur de la nature, | 
| Concevant l'impossible, a comblé la mesure | 
| De l'abîme profond où m'avait relégué | 
| Le malheur qu'en naissant, le sort m'avait légué. | 
| Amour et gloire à toi! plein du Dieu qui m'anime, | 
| Je redirai toujours ton dévoûment sublime. | 
| PÉLISSIER, de Gourdon (Lot), | 
| Professeur sourd-muet à l'Institution nationale de Paris. | 
(O) A Monsieur Dupin aîné, président de la Chambre des députés.
«MONSIEUR LE PRÉSIDENT,
Les journaux ont bien voulu s'empresser de rendre public notre vœu relatif au monument de l'abbé de l'Épée, et ils sont prêts à nous ouvrir leurs colonnes à cet effet. Nous venons, au nom de nos frères, vous offrir la présidence de la commission qui surveillerait et dirigerait cette œuvre éminemment philanthropique. Elle se composerait de MM. le baron de Schonen, le baron Séguier, le vicomte de Chateaubriand, Chapuys-Montlaville, Eugène Garay de Monglave, l'abbé Olivier, Cavé, chef de la division des beaux-arts (de laquelle ressortissent les écoles des sourds-muets); Ferdinand Berthier, président de la Société centrale des sourds-muets; Forestier, vice-président, et Lenoir, secrétaire. L'intérêt que vous portez à nos frères ne nous permet pas de douter de votre assentiment.»
(P) Lettre de M. Victor Lenoir, architecte du gouvernement, à M. Ferdinand Berthier, en date du 12 juin 1838.
«J'ai pour l'abbé de l'Épée la reconnaissance d'un fils: il a élevé mon frère avec vous, et j'ai pris l'habitude de me croire de la famille des sourds-muets.
«J'éprouve le plus vif désir de m'associer à votre pieuse intention de lui élever un monument durable comme ses bienfaits.
«Les fonds de la souscription détermineront le degré de richesse du monument; tâchez d'obtenir la statue assise, en bronze, de l'abbé de l'Épée, enseignant deux enfants attentifs à son regard, sinon un piédestal portant des bas-reliefs en bronze, et, sur le piédestal, un livre, signe de l'Évangile de l'apôtre des sourds-muets!
«J'offre à la commission de lui proposer divers projets, en lui soumettant les devis; je ne demande, ni honoraires, ni gloire, car je veux seulement signer mon œuvre de mon nom de frère d'un sourd-muet.
«Agréez tous mes compliments et mes amitiés!»
Autre lettre du même à M. Ferdinand Berthier et à
M. Alphonse Lenoir.
«Mon cher ami, et mon cher frère, je vous renouvelle l'offre de m'associer à l'œuvre pieuse qui a pour but d'élever un monument à l'abbé de l'Épée, le père intellectuel de tous les sourds-muets.
«Je vous offre mon concours gratuit comme architecte du gouvernement. Les fonds de la souscription détermineront le caractère de richesse du monument. Tâchez d'obtenir qu'on fasse une statue en bronze, assise, et aux trois quarts de nature! A défaut, que des bas-reliefs et un médaillon, sur un piédestal en marbre, rappellent, au moins, les principaux traits de la vie la plus généreuse et la plus utile!
«Agréez mes embrassements de frère!»
(Q) Pièces à l'appui de la proposition de MM. Lassus, architecte, et Auguste Préault, statuaire.
DEVIS ESTIMATIF DE TROIS PROJETS
Concernant un Monument à élever, dans l'église Saint-Roch,
à la mémoire de l'abbé de l'Épée.
PREMIER PROJET.  | |||||||||
| Monument. | |||||||||
| La figure de 1m 80 c (5 p. 6 p.) de hauteur. | 9,000 | f. | 00 | c. | |||||
| Le piédestal et tous ses accessoires. | 3,020 | 00 | |||||||
| Gravure des inscriptions. | 200 | 00 | |||||||
| Total du monument. | 12,220 | f. | 00 | c. | ci. | 12,220 | f. | 00 | c. | 
| Décors de la chapelle. | 5,861 | 00 | |||||||
| Total général. | 18,081 | f. | 00 | c. | |||||
DEUXIÈME PROJET.  | |||||||||
| Monument. | |||||||||
| Un buste en bas-relief. | 6,500 | f. | 00 | c. | |||||
| Colonnes, consoles et tous autres accessoires. | 11,035 | 00 | |||||||
| Gravure des inscriptions. | 200 | 00 | |||||||
| Total du monument. | 17,735 | f. | 00 | c. | ci. | 17,735 | f. | 00 | c. | 
| Décors de la chapelle. | 5,861 | 00 | |||||||
| Total général. | 23,596 | f. | 00 | c. | |||||
TROISIÈME PROJET.  | |||||||||
| Monument. | |||||||||
| Un buste et deux petites figures. | 10,500 | f. | 00 | c. | |||||
| La pyramide. | 600 | 00 | |||||||
| Le piédestal et tous les ornements | 5,120 | 00 | |||||||
| Gravure des inscriptions. | 200 | 00 | |||||||
| Total du monument. | 16,420 | f. | 00 | c. | ci. | 16,420 | f. | 00 | c. | 
| Décors de la chapelle. | 5,861 | 00 | |||||||
| Total général. | 22,281 | f. | 00 | c. | |||||
DESCRIPTION.
Ce monument, couronné par le buste en bronze de l'abbé de l'Épée, aurait, à droite et à gauche, un jeune sourd-muet représenté, à l'instar des statues antiques du silence, par une figure dont la bouche serait fermée par un anneau.
Ces deux enfants formuleraient un mot de reconnaissance dans le langage mimique inventé par le fondateur de l'Institution des sourds-muets.
Au-dessous serait placée une guirlande de fleurs funèbres, entourée d'un philactère, sur lequel serait gravée une inscription indiquant, par quelques mots, le lien que cet homme vertueux a su établir d'abord entre tous ces malheureux êtres que la nature semblait vouer à l'isolement, puis entre eux et la société dont ils étaient séparés.
Enfin le Christianisme, dominant et inspirant cet acte de dévoûment, serait représenté par la croix placée au-dessus.
Sous le buste le nom serait gravé en lettres d'or sur une plaque de marbre noir.
La grande plaque de marbre de même couleur, placée entre les deux enfants, recevrait une inscription composée de deux parties: la première, écrite en caractères ordinaires; la seconde, avec les signes employés par les sourds-muets.
| DEVIS DES TRAVAUX. | ||||
| Maçonnerie. | ||||
| La fondation en moëllon neuf et mortier de chaux hydraulique, de 1,50 sur 0,60 et 0,80 de haut, estimée. | 15 | 00 | ||
| La fouille pour ledit déblai et sortie des terres, estimée. | 4 | 00 | ||
| Le piédestal en pierre neuve de Forjet, de 1,20 de large, sur 0,95 de haut, et 0,45 d'épaisseur, produit en cube. | 0 | 513 | ||
| La taille des parements en trois sens, 2,10, sur 0,75 de haut, produit. | 2 | 00 | ||
| La double taille pour le dégagement du socle et de la table, 2,00 développé sur 0,75 de haut, produit. | 1 | 50 | ||
| Les moulures du socle et celle de la table, de 2,40 développées sur ensemble, 1,20 de profil, produisent. | 2 | 8 | ||
| Le morceau au-dessus, 1,80 de haut, sur 1,05 et 0,45 d'épaisseur, produit. | 0 | 851 | ||
| Les parements en trois sens, 2,00 développés sur 1,80 de haut, produisent. | 3 | 60 | ||
| Les doubles tailles pour le dégagement des figures et des saillies de moulures, évaluées à. | 10 | 00 | ||
| Les moulures au pourtour de la table, 1,80, sur 0,60 de profil, produisent. | 1 | 080 | ||
| Les moulures de couronnement, ensemble 3,10, sur 1,50 de profil, produisent. | 4 | 65 | ||
| Les différentes tailles au petit socle qui porte le buste et le dégagement des consoles, évaluées à | 2 | 00 | ||
| Résumé de la maçonnerie. | ||||
| 1,364 m. cubes de pierre neuve, en Forjet de choix, pour sculpture, pour fourniture, taille des lits et joints, bardage et double transport, entrée difficile, et pose à 1 fr. 25 c. le mètre, valent. | 170 | f. | 50 | c. | 
| 19,100 m. superficiels de tailles de parements layés, et évaluation en Forget, à 6 25 le mètre. | 119 | 39 | ||
| 8,61 m. superficiels de taille de moulures ragrées et passées au grès avec grand soin, à 8 50 le mètre. | 73 | 18 | ||
| Les articles, appréciés à prix d'argent, montent ensemble à. | 19 | 00 | ||
| Total de la maçonnerie. | 382 | f. | 05 | c. | 
| Marbrerie. | |
| Une table de marbre noir, de 0,64 X 0,35 = | 0,224 | 
| Une autre de marbre noir, de 0,25 X 0,11 = | 0,027 | 
| 0,251 | |
| Déchets, 1/10e. | 0,025 | 
| Total. | 0,276 | 
| A raison de 60 fr. le mètre, produit. | 16 | f. | 56 | c. | 
| 400 lettres, à 25 fr. le cent. | 100 | 00 | ||
| L'incrustement, surface 0,276, à 30 fr. le mètre. | 8 | 28 | ||
| Le transport et la pose. | 5 | 00 | ||
| Total. | 129 | f. | 84 | c. | 
| Sculptures d'ornements. | ||||
| Un couronnement dans le bas du buste, de 0,60 de long. | 60 | f. | 00 | c. | 
| Deux consoles, de 0 m. 20 c. de haut, sur 0 m. 13 c. de longueur. | 80 | 00 | ||
| Sept rosaces, de 0 m. 10 c. de diamètre, à 28 f. 60 c. chaque, valent | 200 | 00 | ||
| Transport. | 340 | f. | 00 | c. | 
| Une guirlanle de fleurs funèbres, de 1 m. 10 c. 0,25 de haut | 300 | 00 | ||
| Deux rinceaux, placés à droite et à gauche de la croix, de 0,25 à 60 fr. 00 c. chaque, produit.. | 120 | 00 | ||
| Pour l'établissement des modèles | 210 | 00 | ||
| Total | 970 | f. | 00 | c. | 
| Statuaire et bronzes. | ||||
| Modèles en fonte, en bronze, du buste de l'abbé de l'Épée et de deux jeunes muets | 5,168 | f. | 11 | c. | 
| Total | 5,168 | f. | 11 | c. | 
| Résumé général. | ||||
| Maçonnerie | 382 | f. | 05 | c. | 
| Marbrerie | 129 | 84 | ||
| Sculpture d'ornements | 970 | 00 | ||
| Statuaire et bronze | 5,168 | 11 | ||
| Total | 6,650 | f. | 00 | c. | 
| Honoraires de l'architecte et frais de direction ... | 350 | 00 | ||
| Total général. | 7,000 | f. | 00 | c. | 
Le présent devis dressé par l'architecte soussigné.
Paris, 1er mai 1840.
| Signé: | LASSUS, architecte; | 
| AUGUSTE PRÉAULT, statuaire; | |
| BERNARD, marbrier; | |
| FRÉMY, maçon; | |
| PYANET, sculpteur ornemaniste. | 
Les soussignés:
1º Auguste Préault, statuaire, demeurant à Paris, place de l'Arsenal, nº 2;
2º Victor-Joseph Pyanet, sculpteur ornemaniste, demeurant place Furstemberg, nº 9;
3º Charles-Jean Frémy, entrepreneur de maçonnerie, demeurant rue Vanneau, nº 12;
4º Louis-François Bernard, entrepreneur de marbrerie, demeurant rue d'Enfer, nº 100;
Tous appelés par M. Lassus, architecte, demeurant rue Saint-Germain-l'Auxerrois, nº 65, pour prendre connaissance du projet adopté par la commission instituée pour le monument à élever à l'abbé de l'Épée, et pour examiner le devis de la dépense, dressé par cet architecte, lequel devis s'élève:
| 1º Pour la statuaire et bronze, à la somme de | 5,168 | f. | 11 | c. | 
| 2º Pour la sculpture d'ornements, à | 970 | 00 | ||
| 3º Pour la maçonnerie, à.. | 382 | 05 | ||
| 4º Pour la marbrerie, à | 129 | 84 | ||
| Total général | 6,650 | f. | 00 | c. | 
s'engagent, envers la commission, à exécuter les travaux de statuaire, bronze, sculpture d'ornements, maçonnerie et marbrerie, chacun en ce qui le concerne, conformément aux projet, devis et modèles adoptés par la commission, le tout, sans dépasser le montant des devis partiels, et sans, cependant, se prévaloir de cette disposition pour ceux de ces travaux qui seront susceptibles d'être réglés, chacun devant fournir un mémoire, qui sera vérifié et réglé.
Il est bien entendu que la présente soumission ne comprend que les travaux relatifs au monument, tel qu'il est indiqué dans les projet et devis adoptés par la commission, et qu'elle ne s'applique nullement aux travaux que l'on pourrait juger convenable de faire dans la chapelle où l'on doit placer le monument, soit pour le recevoir, soit pour compléter la décoration de cette chapelle. Ces travaux nécessiteront de nouveaux projets et devis.
La présente soumission, faite en double expédition, dont une sera déposée entre les mains de M. le président de la commission, et l'autre restera entre les mains de M. Lassus, architecte, constitué, par le président, arbitre dans le cas où il y aurait nécessité.
Paris, le 1er mai 1840.
Signé: Lassus, architecte; Auguste Préaut, Bernard, Frémy, Pyanet.
Dans le cas où le produit de la souscription ouverte pour le monument à élever à l'abbé de l'Épée, n'atteindrait pas le chiffre de 7,000 fr., total général du devis, M. Auguste Préault s'engage, envers la commission, à exécuter et livrer tous les travaux de statuaire et bronze, en acceptant d'abord la somme de 3,000 fr., donnée par le Ministère de l'intérieur, s'engageant, en outre, à forfait, à supporter les chances de la souscription, et dégageant complètement la commission de toute responsabilité, dans le cas où le chiffre de 7,000 fr. ne serait pas atteint.
Paris, le 1er mai 1840.
Signé: Auguste Préault.
(R) Extrait du registre des délibérations du Conseil municipal de Versailles.—Séance du 14 novembre 1839.
Il serait superflu de rappeler les droits de l'abbé de l'Épée à la reconnaissance publique. Animé d'une charité persévérante, il est parvenu à triompher d'une des plua grandes infirmités qui affligent l'espèce humaine. Sa mémoire sera vénérée aussi loin que son bienfait pourra s'étendre. Jalouse, à juste titre, de pouvoir revendiquer cet apôtre de l'humanité, Versailles, sa ville natale, s'est empressée de lui payer son tribut et de lui décerner le plus grand honneur municipal en donnant son nom à la rue près de laquelle il est né. Le roi des Français a voulu que son buste figurât dans le monument qu'il a élevé à toutes les gloires de la France. Il a fait plus encore: il a voulu lui décerner un honneur tout particulier en plaçant son portrait dans la galerie de la Mairie. Mais ces honneurs, tout grands qu'ils sont, n'ont pas paru à plusieurs de nos concitoyens reconnaître suffisamment les services rendus par l'abbé de l'Épée: dans leur louable admiration, ils ont formé le projet d'élever, à leurs frais, une statue, et se sont adressés à M. le maire pour obtenir l'autorisation nécessaire; ce magistrat, entrant dans leurs vues et partageant leur zèle, vous demande votre sanction.
Représentants de la commune, interprètes des sentiments de nos concitoyens, vous n'hésiterez pas à la donner.
Cette sanction est accordée à l'unanimité.
(S) COMMISSION POUR LE MONUMENT
A ÉLEVER
A L'ABBÉ DE L'ÉPÉE,
DANS VERSAILLES, SA VILLE NATALE.
————
Souscription. — Prospectus
Un des hommes que la ville de Versailles compte, avec le plus juste orgueil, au nombre de ses enfants est l'abbé de l'Épée, qui, animé par la charité la plus éclairée, a su, en inventant l'alphabet manuel, donner la parole et l'intelligence aux sourds-muets, et, par là, les mettre en communication de sentiments et de pensées avec les autres hommes.
Depuis longtemps, on a manifesté le désir d'ériger une statue à la mémoire de ce bienfaiteur de l'humanité; ce soin est surtout un devoir pour ses compatriotes.
Un artiste distingué, M. MICHAUT (des Monnaies), en a formulé la pensée dans une statuette. Un grand nombre d'habitants de cette ville ont vu et apprécié son œuvre; ils ont élu une commission chargée d'en surveiller l'exécution, et de provoquer des souscriptions pour en assurer le succès.
Ce monument, destiné a perpétuer, sur l'une des places de Versailles, le souvenir de l'abbé de l'Épée, représentera ce grand homme au moment où il vient d'inventer son alphabet manuel. Ses yeux, levés vers le ciel, expriment sa reconnaissance pour l'heureuse découverte que Dieu lui a inspirée.
Dignité dans la pose, onction dans les traits, fidélité historique dans la ressemblance et les vêtements, tous ces précieux avantages, garantis par le talent sévère et consciencieux de l'artiste, font vivement désirer l'exécution en grand de cette œuvre d'art, si noblement conçue.
M. MICHAUT, habitant de Versailles, fait généreusement l'offre gratuite de son travail. La matière et les accessoires, auxquels on veut attacher un caractère monumental, seront les seuls objets de dépense.
La commission ose compter sur un concours généreux à l'exécution de son projet; elle fait un appel à tous les gens de bien, à tous les admirateurs du génie, à toutes les familles qui ont profité des services rendus par l'abbé de l'Épée, et ne doute pas qu'on ne s'empresse d'y répondre, non-seulement dans Versailles et dans toute la France, mais encore chez les nations qui ont adopté les procédés de cette bienfaisante institution; car il s'agit, moins d'élever un monument au génie, que de payer la dette de la reconnaissance.
La commission voulant, dans l'intérêt de tous les souscripteurs, multiplier, en quelque sorte, le monument qu'elle se propose d'élever, a décidé que:
1º Une médaille de bronze, du module de 0,067 ½ millimètres (30 lignes), serait délivrée à toute personne qui souscrirait pour la somme de vingt francs;
2º Les souscripteurs qui désireraient obtenir des médailles en or ou en argent, en préviendraient la commission;
3º La commission publierait successivement la liste des souscripteurs.—Dans les trois mois qui suivraient l'érection de la statue, il serait publié un compte de la souscription et de son emploi.
En conséquence, une souscription est ouverte:
Chez les notaires Besnard, Giroud-Mollier, Lemoine, Lenoble et Marchand, à Versailles;
Chez les notaires Delapalme, Casimir Noel, Damaison, Fourchy, Hochon, Guénin, Schneider, Tourain, à Paris;
Dans les départements, chez MM. les présidents des chambres de notaires de chaque arrondissement;
A l'étranger, chez les correspondants de MM. Mallet et Ce., banquiers à Paris.
Arrêté à Versailles, en décembre 1839, par les membres de la Commission soussignés:
Président, le baron de Fresquienne, membre du Conseil municipal et ancien maire de Versailles;—Vice-Président, M. l'abbé Caron, ancien professeur de l'Université;—Secrétaire, M. E. Baudard de Sainte-James;—Vice-secrétaire, M. Besnard, notaire, membre du Conseil municipal;—Trésorier, M. Gauguin, receveur municipal;—Membres, MM. Rémilly, membre de la Chambre des députés et maire de Versailles; vicomte Wathiez, lieutenant-général; le chevalier de Jouvencel, ancien député et ancien maire de Versailles; Bernard de Mauchamps, vice-président du Tribunal; Taphinon, conseiller de préfecture; Coupin de la Couperie, peintre d'histoire et membre du Conseil municipal; Douchain, architecte et membre du Conseil municipal; Lebrun, directeur de l'École normale primaire; Battaille, docteur en médecine; Boisselier, peintre paysagiste.
IGNORANCE DE L'HOMME PAR LE DÉFAUT DU COMMERCE DE
LA SOCIÉTÉ.
Au moment de terminer ce travail, nous sommes redevable à l'obligeance de M. le baron de Stassart, ancien président du sénat belge, ministre plénipotentiaire, de la communication de l'autographe suivant, qui figure dans sa précieuse collection, et dont nous croyons devoir donner une copie exacte à nos lecteurs:
«M. Félibien, de l'Académie des Inscriptions fit savoir à l'Académie des Sciences, un événement singulier, peut-être inouï, qui venoit d'arriver à Chartres.
»Un jeune homme, de vingt-trois à vingt-quatre ans, fils d'un artisan, sourd et muet de naissance, commença tout-d'un-coup à parler, au grand étonnement de toute la ville; on sut de lui que, quelque trois ou quatre mois auparavant, il avoit entendu le son des cloches et avoit été extrêmement surpris de cette sensation nouvelle et inconnue; ensuite, il lui étoit sorti une espèce d'eau de l'oreille gauche, et il avoit entendu parfaitement des deux oreilles. Il fut, ces trois ou quatre mois, à écouter, sans rien dire, s'accoutumant à répéter tout bas les paroles qu'il entendoit, et s'affermissant dans la prononciation et dans les idées attachées aux mots; enfin, il se crut en état de rompre le silence, et il déclara qu'il parloit, quoique ce ne fût encore qu'imparfaitement. Aussitôt des théologiens habiles l'interrogèrent sur son état passé, et leurs principales questions roulèrent sur Dieu, sur l'âme, sur la bonté ou la malice morale des actions; il ne parut pas avoir poussé ses pensées jusque-là; quoiqu'il fût né de parents catholiques, qu'il fût instruit à faire le signe de la croix et à se mettre à genoux dans la contenance d'un homme qui prie, il n'avoit jamais joint à tout cela aucune intention, ni compris celle que les autres y joignoient; il ne savoit pas bien distinctement ce que c'était que la mort, et il n'y pensoit jamais; il menoit une vie purement animale; tout occupé des objets sensibles et présents, et du peu d'idées qu'il recevoit par les yeux, il ne tiroit pas même de la comparaison de ces idées tout ce qu'il semble qu'il en auroit pu tirer. Ce n'est pas qu'il n'eût naturellement de l'esprit, mais l'esprit d'un homme privé du commerce des autres est si peu exercé et si peu cultivé, qu'il ne pense qu'autant qu'il y est indispensablement forcé par les objets extérieurs; le plus grand fonds des idées des hommes est dans leur commerce réciproque. (Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1703, pag. 18.)
L'abbé de L'ÉPÉE.»
SOUSCRIPTION
AU
MONUMENT DE L'ABBÉ DE L'ÉPÉE.
| (T) SOUSCRIPTION AU MONUMENT DE L'ABBÉ DE L'ÉPÉE, | ||||
|---|---|---|---|---|
| Le roi LOUIS-PHILIPPE | 300 | fr. | ||
| MM. | Aubernon, pair de France, préfet de Seine-et-Oise, président d'honneur de la commission du monument  | 100 | ||
| Le baron de Fresquienne, conseiller municipal, président de idem | 100 | |||
| L'abbé Caron, vice-président de idem | 100 | |||
| De Sainte-James Gaucourt, conseiller municipal, secrétaire de idem | 20 | |||
| Besnard, notaire, conseiller municipal, vice-secrétaire de idem | 20 | |||
| Gauguin, receveur municipal, trésorier de idem | 20 | |||
| Rémilly, député et maire, membre de idem | 50 | |||
| Wathiez, lieutenant-général (vicomte), idem | 40 | |||
| Bernard de Mauchamps, président du tribunal, idem | 20 | |||
| Taphinon, conseiller de préfecture, idem | 10 | |||
| Lebrun, directeur de l'école normale, idem | 20 | |||
| Coupin de la Couperie, ex-conseiller municipal, idem | 10 | |||
| Douchain, architecte, ex-conseiller municipal, idem | 20 | |||
| Boisselier, peintre paysagiste, idem | 5 | |||
| Battaille, docteur en médecine, idem | 20 | |||
| Marquis de Sémonville, idem | 500 | |||
| Le chevalier de Jouvencel, ancien député, ancien maire de Versailles, idem | 200 | |||
| Baroche, élève de l'abbé d» l'Épée, sourd-muet, | 1 | |||
| Grégoire, id. .id | 4 | |||
| Foucque, id. id. | 1 | 50 | ||
| Dubois, .id .id | 10 | |||
| Lefébure, .id .id | 5 | |||
| De Lanneau, directeur de l'Institution des sourds-muets de Paris | 20 | |||
| Ed. Morel, professeur de .id | 10 | |||
| Lafon de Ladébat, agent-comptable de .id | 5 | |||
| Sellier, chef d'atelier, à .id | 5 | |||
| Desportes, .id | 5 | |||
| Jourdain, .id | 5 | |||
| Girault, .id | 5 | |||
| Léon Vaisse, professeur, .id | 40 | |||
| Lecoq, .id | 5 | |||
| Lenoir, .id | 10 | |||
| Langlois, chef d'atelier, .id | 5 | |||
| Allibert, aspirant, .id | 3 | |||
| Mlle Barbier, professeur, .id | 10 | |||
| Mlle Morel, .id .id | 10 | |||
| Mlle F. Auber, répétitrice, .id | 5 | |||
| Mlle E. Ferment, professeur, .id | 10 | |||
| Mlle Roger, .id .id | 5 | |||
| Mlle Legay, aspirante, .id | 5 | |||
| Mlle Alleton, monitrice, .id | 5 | |||
| Mlle Meunier, .id .id | 3 | 50 | ||
| Mme Nysten, maltresse d'étude, .id | 3 | |||
| Mlle Wiser, .id .id | 3 | |||
| Mme Vion, surveillante en chef aux sourdes-muettes | 5 | |||
| Mme Lafargue, maîtresse de dessin, .id | 5 | |||
| Leforestier, aumônier, .id | 5 | |||
| Menière, médecin, .id | 5 | |||
| Taupier, maître d'écriture, .id | 5 | |||
| Des élèves de l'Institution des sourds-muets de Paris, | 28 | 90 | ||
| Michelot, membre du conseil de perfectionnement de l'Institution des sourds-muets de Paris, | 20 | |||
| Jean Dourgnon, sourd-muet, valet de chambre de M. Borelli, | 5 | |||
| Mamès Dourgnon, son cocher, | 5 | |||
| Ferdinand Berthier, sourd-muet, doyen des professeurs de l'Institution nationale de Paris, | 20 | |||
| Allonor, serrurier, sourd-muet, | 5 | |||
| Alavoine, horloger, .id | 5 | |||
| Aucher, chapelier, .id | 1 | 50 | ||
| Audibert, cordonnier, sourd-muet, | 8 | |||
| Bejat, nacrier, .id | 2 | |||
| Bloïn, fondeur, .id | 2 | |||
| Bouly, employé, .id | 1 | |||
| Breüer, serrurier, .id | 5 | |||
| Brejillon .id | 1 | |||
| Chabot, orfèvre, .id | 2 | |||
| Choquet, imprimeur, .id | 3 | |||
| Contremoulin, employé, .id | 25 | |||
| Crispaille, brossier, .id | 2 | |||
| Daudin, fondeur, .id | 2 | |||
| Delarue, manufacturier, .id | 2 | |||
| Delille, maçon, .id | 1 | |||
| Deruez, employé, .id | 5 | |||
| Deschenes, rentier, .id | 5 | |||
| Dorel, relieur, .id | 2 | |||
| Doumic, imprimeur, .id | 5 | |||
| Dubois, de l'île de Ré, .id | 5 | |||
| Ducornoy, ébéniste, .id | 3 | |||
| Dumont, tailleur, .id | 1 | |||
| Emeux, bottier, .id | 15 | |||
| Fèvre, imprimeur, .id | 10 | |||
| Franclet, tourneur, .id | 3 | |||
| Fontaine .id | 5 | |||
| Filleron, peintre, .id | 2 | |||
| Frédéric, grainier, .id | 3 | |||
| Galbois .id | 1 | |||
| Gamble, graveur, .id | 3 | |||
| Gevold .id | 1 | 50 | ||
| Gonet, bijoutier, .id | 2 | |||
| Gouttebarge, employé, .id | 5 | |||
| Graize, imprimeur, .id | 5 | |||
| Guillaume, orfèvre, .id | 3 | |||
| Barielle, imprimeur, .id | 5 | |||
| Hennequin, dessinateur, .id | 5 | |||
| Joulin, tailleur, .id | 1 | |||
| Jumentier, peintre, .id | 2 | |||
| Knecht, sellier, .id | 2 | |||
| Lavaud, marinier, .id | 1 | |||
| Legras, fleuriste, .id | 2 | 50 | ||
| Levert, ciseleur, sourd-muet | 3 | |||
| Levite, tailleur, .id | 1 | |||
| Lhuillier, tailleur, .id | 1 | 50 | ||
| Mairet, sellier, .id | 2 | |||
| Maloisel, tourneur, .id | 5 | |||
| Mauviel, libraire, .id | 2 | |||
| Metais, employé, .id | 2 | |||
| Michel, pâtissier, .id | 2 | |||
| Michel, employé, .id | 3 | |||
| Mondlange, graveur, .id | 5 | |||
| Mullot, imprimeur, .id | 2 | |||
| Nicolas, souffletier, .id | 2 | |||
| Nogaret, tailleur, .id | 1 | |||
| De Nogent, propriétaire, .id | 10 | |||
| Nonnen, rentier, .id | 10 | |||
| Page, employé, .id | 5 | |||
| Pagez, dessinateur, .id | 5 | |||
| Pasly, employé, .id | 25 | |||
| Pollet, nacrier, .id | 5 | |||
| Quentin, tailleur, .id | 2 | |||
| Quinsard, cordonnier, .id | 5 | |||
| Richard, ébéniste, .id | 1 | |||
| Richard, serrurier, .id | 1 | |||
| Robert .id | 2 | |||
| Roche, imprimeur, .id | 2 | |||
| Romain, imprimeur, .id | 5 | |||
| Romanet (le comte de), .id | 25 | |||
| Romiguière, imprimeur, .id | 5 | |||
| Savaton, cordonnier, .id | 3 | |||
| Trovalet, tailleur, .id | 2 | |||
| Verlet, papetier, .id | 2 | |||
| Vincent, tourneur, .id | 5 | |||
| Wallon, mosaïcien, .id | 5 | |||
| Brocheton (le docteur), | 10 | |||
| Boyd, de Ceylan | 20 | |||
| Boyd Dundas | 20 | |||
| Le conseil de préfecture de Seine-et-Oise | 50 | |||
| Fasman, artiste peintre, à Versailles, | 5 | |||
| Fessard, propriétaire, | 10 | |||
| Lenud (le colonel) | 10 | |||
| Loz de Beaucours | 20 | |||
| Noble (le docteur) père | 10 | |||
| Pinard, curé de Notre-Dame de Versailles, | 30 | |||
| Petit, architecte de la ville de Versailles, | 10 | |||
| Savouré | 5 | |||
| Usquin, lieut.-col. de la garde nationale de Versailles, | 50 | |||
| Veytard, ancien capitaine, de Versailles, | 20 | |||
| Demanche, ancien adjoint au maire de Versailles, | 10 | |||
| Ed. Tassin de Villiers, | 5 | |||
| L'Évêque de Versailles, | 100 | |||
| Chabin, entrepreneur de pavage, | 10 | |||
| Binart, entrepreneur de menuiserie, | 5 | |||
| Decret, garde du génie, | 5 | |||
| Michel, colonel de la garde nationale de Versailles, | 5 | |||
| Denis fils, entrepreneur de serrurerie, | 5 | |||
| Tîssot, entrepreneur de maçonnerie, | 20 | |||
| Cormué fils, entrepreneur de peinture, | 5 | |||
| Lambert-Baudry, propriétaire, | 5 | |||
| Bardet, entrepreneur de couverture, | 5 | |||
| Membré, chef d'institution, à Versailles, | 5 | |||
| Francolin aîné | 20 | |||
| Angouillant, entrepreneur de maçonnerie, | 10 | |||
| Meunier, curé de Saint-Symphorien de Versailles, | 80 | |||
| Rendu, conseiller de l'Université, | 20 | |||
| Wartel, artiste de l'Opéra, | 10 | |||
| Odout | 10 | |||
| Périchot, conseiller municipal de Versailles, | 5 | |||
| De Reboul Berville | 5 | |||
| Lebeau, entrepreneur de peinture, | 5 | |||
| Bourgeois, marchand tapissier, | 2 | |||
| Mathieu (le colonel) | 5 | |||
| Paumier | 5 | |||
| Delorme | 10 | |||
| Bléry | 5 | |||
| Dupont (le chevalier) | 5 | |||
| Christophe (le général) | 20 | |||
| Louvet | 5 | |||
| Mazuel | 5 | |||
| Lemazurier (le docteur) | 5 | |||
| Lebert | 20 | |||
| Valery, bibliothécaire du château de Versailles, | 10 | |||
| Me Haussmann | 20 | |||
| Vollot | 5 | |||
| D'Hastrel (le général) | 20 | |||
| Lemoine, notaire, | 5 | |||
| Marchand, idem | 20 | |||
| Gady, ancien juge, | 20 | |||
| De Saint-Cyr | 5 | |||
| Un officier de la garde nationale de Versailles.. | 2 | |||
| Un clerc de notaire | 1 | |||
| Mme de Breuilly | 5 | |||
| M. Gr*** | 50 | |||
| Legendre | 5 | |||
| Guillemot | 5 | |||
| Un petit clerc | 25 | |||
| Mme Boullé | 20 | |||
| Mme Guillemot | 5 | |||
| Ledoux-Leroy | 20 | |||
| Croiset, receveur de l'hospice de Versailles, | 5 | |||
| Lepoitevin, architecte, | 10 | |||
| Hamouy, coiffeur, | 2 | |||
| Théry, propriétaire | 3 | |||
| Morel, marchand tapissier, | 5 | |||
| Gauthier, avocat, conseiller municipal de Versailles, | 30 | |||
| Horeau, architecte, | 10 | |||
| Mlle Giraud-Chaudra | 5 | |||
| Les contrôleur et employés de l'octroi de Versailles | 40 | |||
| Legrand, ancien greffier du tribunal de Versailles, | 5 | |||
| Bailly de Villeneuve | 5 | |||
| Haley (de Londres) | 5 | |||
| Morel jeune | 5 | |||
| Berthod, professeur au collège royal de Versailles, | 2 | |||
| Merlin (le général baron) | 5 | |||
| Les secrétaire, chefs de bureau et employés de la mairie de Versailles | 21 | |||
| Deshayes, supérieur général des Filles de la Sagesse, | 20 | |||
| Delacomble, directeur des contributions directes, à Versailles | 20 | |||
| Devouges, inspecteur, .id | 10 | |||
| Levieil, contrôleur principal, .id | 5 | |||
| De Poiféré, contrôleur, .id | 5 | |||
| Ineriz, .id .id id. à Saint-Germain, | 5 | |||
| Dubois, .id .id id. à Meulan, | 5 | |||
| Desclozeaux, contrôleur des contr. direct., à Mantes, | 5 | |||
| Salerne, .id .id id. | 5 | |||
| Michelin, .id .id à Pontoise, | 5 | |||
| Soulas, .id .id à Gonesse, | 5 | |||
| Delahaytrée, .id .id à Luzarches, | 5 | |||
| Fechez, .id .id à Corbeil, | 8 | |||
| Dubois, .id .id id. | 5 | |||
| Odoard, .id .id à Etampes, | 5 | |||
| Crosse, .id .id à Rambouillet, | 5 | |||
| Thomas, .id .id à Dourdan, | 5 | |||
| Dahirel, surnuméraire, à Versailles | 3 | |||
| Tellot, aspirant .id | 3 | |||
| De Doudeauville (le duc) | 20 | |||
| De Praslin (le duc) | 20 | |||
| De Bastard (le baron) | 20 | |||
| Camille Perrier | 20 | |||
| Guéneau de Mussy | 20 | |||
| De Gérando (le baron) | 20 | |||
| Rendu (le baron) | 20 | |||
| La société archéologique de Rambouillet | 20 | |||
| La société d'Agriculture de Seine-et-Oise | 100 | |||
| La société des Sciences naturelles de Seine-et-Oise | 20 | |||
| L'archevêque de Bourges | 50 | |||
| Le Chapitre métropolitain de Bourges | 40 | |||
| Berry-Baldwin, membre de la chambre des Communes, | 20 | |||
| Coster, ingénieur en chef, au Puy, | 25 | |||
| Bouchitté, professeur, | 5 | |||
| Le curé de Saint-Louis, à Versailles | 20 | |||
| Mlle Laloua, peintre, | 5 | |||
| M. Gringoire | ||||
| Bonnet de Ville, économe au collège de Versailles | ||||
| Barthe, chef d'institution, à Versailles | ||||
| Huvé, ancien notaire | ||||
| Corneille, propriétaire, | 0 | |||
| Boulanger, marchand papetier, | 5 | |||
| Lenoble, notaire à Versailles, | 20 | |||
| Les clercs de son étude | 25 | |||
| Gerdolle | 20 | |||
| Pesse-Remont | 10 | |||
| Nourtier, juge de paix, | 10 | |||
| Borelli, procureur-général à la cour royale d'Aix, | 10 | |||
| De Larochefoucauld (le duc) | 20 | |||
| Souscription faite au corps de garde de l'Hôtel-de-Ville par MM. les officiers, sous-officiers et gardes nationaux de Versailles | 284 | 75 | ||
| Blanc, aumônier de l'École normale | 5 | |||
| Anquetil, professeur de .id | 5 | |||
| Peyré, .id .id | 5 | |||
| Philippar, id. .id | 5 | |||
| Deschamps, .id .id | 5 | |||
| Aubry, .id .id | 5 | |||
| Vitry, médecin, | 5 | |||
| Auger, instituteur, | 3 | |||
| Vilmay, maître adjoint à l'école normale primaire, | 2 | |||
| Stoos, idem | 2 | |||
| Les élèves maîtres | 30 | |||
| La conférence des instituteurs primaires du canton de Versailles | 30 | |||
| Collet, vicaire de Notre-Dame, | 10 | |||
| Morand | 19 | 50 | ||
| H. de B. | 100 | |||
| Le Bourgeois, notaire au Havre, | 5 | |||
| Le chevalier de Barneville, capitaine d'artillerie, au Havre, | 5 | |||
| Anry, courtier de commerce, idem | 5 | |||
| Lacour, avoué, au Havre, | 25 | |||
| Pipereau, .id | 25 | |||
| Mme Borel | 5 | |||
| L'évêque de Dijon | 20 | |||
| Droz, de l'Académie française, | 20 | |||
| L'évêque de Saint-Brieux | 50 | |||
| Le marquis Théodore Duprat | 5 | |||
| La chambre de commerce de Marseille | 100 | |||
| Le ministère de l'ºintérieur | 3000 | |||
| Tavernier, négociant, à Paris, | 25 | |||
| Delapalme, notaire, idem | 5 | |||
| Un anonyme | 5 | |||
| Genain, sourd-muet, | 2 | |||
| Bazin, .id | 5 | |||
| Peyson, de Montpellier, peintre, sourd-muet, | 20 | |||
| Queilhe, .id | 4 | |||
| Boclet, graveur au dépôt de la guerre, .id | 20 | |||
| Boulard, .id | 10 | |||
| Gers, sourd-muet | 20 | |||
| Allibert, prof. à l'Institution nationale de Paris, .id | 10 | |||
| Portal, sourd-muet | 10 | |||
| Chalumeau, .id | 4 | |||
| De Duras (la duchesse) | 20 | |||
| Pelmer | 5 | |||
| Bruère | 20 | |||
| Un anonyme | 20 | |||
| Institut des sourds-muets de Zurich. | 50 | |||
| Duhamel, juge suppléant, à Versailles, | 20 | |||
| Souscription des visiteurs de la statue à l'Institution des sourds-muets de Paris | 66 | |||
| Steinnhouwer | 5 | |||
| Oudet, juge de paix, | 5 | |||
| Aubertin | 3 | |||
| Le baron Dennée, intendant militaire, | 20 | |||
| L'abbé Van den Hecke | 10 | |||
| Griolet (Ernest), sourd-muet, | 10 | |||
| Imbert (Jules), .id | 2 | 50 | ||
| Loustau, peintre, .id | 5 | |||
| Levassor, .id .id | 10 | |||
| Pelissier, prof. à l'institution nationale de Paris, .id | 5 | |||
| Lecomte (Eugène), employé, sourd-muet | 5 | |||
| Verrier (Gustave), .id | 50 | |||
| Laroucault, .id | 5 | |||
| Dumont (Félix), .id | 1 | |||
| Chalumeau, .id | 2 | |||
| Badolle, .id | 5 | |||
| Un ancien élève de l'institution nationale des sourds-muets de Bordeaux | 10 | |||
| Haacke, sourd-muet, | 2 | |||
| Damien, .id | 2 | 50 | ||
| Greux, .id | 2 | 50 | ||
| Convert, .id | 2 | |||
| Fouret, .id | 2 | |||
| Sainton, .id | 2 | |||
| Saverot, .id | 5 | |||
| Laurent (Edmond), à Blois, .id | 20 | |||
| Trézel, .id | 2 | |||
| Bézu, peintre .id | 2 | |||
| Letellier, négociant | 3 | |||
| F. de Jouvencel, maître des requêtes et député, | 10 | |||
| Néglet, architecte, | 5 | |||
| Le baron de Stassart, sénateur belge | 10 | |||
| Le comte d'Epinay Saint-Luc | 20 | |||
FIN DES NOTES.
TABLE DES CHAPITRES.
| Chapitre I | 7 | 
| Les sourds-muets dans l'antiquité et le moyen âge.—Abandon général. —Quelques efforts tentés en leur faveur.—Ils échouent, faute d'ensemble.—Naissance de l'abbé de l'Épée.—Sa vocation pour l'état ecclésiastique.—Le formulaire d'Alexandre VII.—Il refuse de le signer.—Il est autorisé, néanmoins, à remplir les fonctions du diaconat.—Il devient avocat et prête serment le même jour que M. de Maupeou.—Enfin, un neveu de Bossuet lui fraie le chemin du sacerdoce. | |
| Chapitre II | 14 | 
| Vertus et maximes de l'abbé de l'Épée.—Sa tolérance.—Ses rapports avec le protestant Ulrich.—Ses vœux en faveur des juifs.—Son abnégation, son humilité.—Ses relations avec un évêque janséniste, qu'il rend dépositaire de son adhésion à la bulle Unigenitus—On lui interdit le ministère de la parole et celui de la confession. —On lui refuse les cendres.—Sa réponse à un prêtre intolérant. —Vengeance sublime.—Commencement de son apostolat. | |
| Chapitre III | 20 | 
| Deux sœurs sourdes-muettes, élèves du R. P. Vanin, de la doctrine chrétienne.—La mort les ayant privées de leur instituteur, l'abbé de l'Épée se résout à continuer son œuvre.—Théorie du langage des gestes.—Il ignore entièrement les travaux de ses prédécesseurs.—Ses premières tentatives.—Objections des philosophes et des théologiens.—Réponses victorieuses à ces objections.—Important avis du R. P. Lacordaire. | |
| Chapitre IV | 28 | 
| Lutte plus sérieuse du célèbre instituteur des sourds-muets avec les hommes de sa spécialité.—Publication de ses divers travaux sous le voile de l'anonyme.—Succès de ses séances publiques.—Intérêt que lui portent Louis XVI, Joseph II et Catherine de Russie.—Sa réputation grandit avec son zèle.—Exercices en français, en latin, en italien, en espagnol, en anglais.—Quelques taches éparses dans l'ensemble de son système.—Puériles décompositions grecques et latines. | |
| Chapitre V | 35 | 
| Les signes naturels seuls peuvent-ils suffire à l'expression même des idées métaphysiques?—Divers essais infructueusement tentés pour arriver à une écriture universelle.—Descartes et Leibnitz ne croient pas à la possibilité d'un succès.—M. de Lamennais est d'un avis contraire.—La fusion de toutes les langues en une seule, si elle était possible, serait-elle durable?—La mimique est la seule langue universelle.—Tentative heureuse de Bébian pour peindre le geste et le fixer sur le papier comme on y fixe la parole.—Sa MIMOGRAPHIE. | |
| Chapitre VI | 40 | 
| Parole artificielle enseignée aux sourds-muets.—A quel hasard en est due l'introduction dans le cours d'études de l'abbé de l'Épée.— Découverte inattendue d'un livre espagnol et d'un livre latin sur cette spécialité.—Juan Pablo Bonet et Conrad Amman.—Quelques ouvrages composés sur ce sujet après l'abbé de l'Épée.—Sourds-muets parlants les plus remarquables, formés par ses leçons. —Succès qu'avait déjà obtenus, à Paris, dans l'articulation artificielle, un juif portugais, Jacob Rodrigues Pereire, et qu'ignorait complètement notre célèbre instituteur. | |
| Chapitre VII | 45 | 
| L'alphabet manuel, à une seule main, est originaire d'Espagne et remonte à 1620.—Persistance de l'Angleterre à garder l'alphabet manuel à deux mains, pareil à celui de nos collèges.—Plusieurs instituteurs d'Allemagne n'en emploient aucun.—Difficulté pour les commencements.—Notre dactylologie se popularise en France. —Ses avantages.—Quelques-unes de ses règles.—Son utilité pour les parlants.—Son usage dans les ténèbres.—Elle est inférieure à la mimique.—Justice rendue à Pereire par l'abbé de l'Épée. —Justification du célèbre instituteur par lui-même.—Exposé de sa méthode.—Attaque du sourd-muet Saboureux de Fontenay.—L'abbé de l'Épée offre d'être jugé contradictoirement avec Pereire et d'adopter même son système, s'il est déclaré supérieur au sien. | |
| Chapitre VIII | 54 | 
| Tentatives en faveur des sourds-muets en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, en France, à Genève, en Espagne, en Portugal, en Italie.—Travaux de Saint-Jean de Beverley, de Rodolphe Agricola, de Jérôme Cardan, de J. Pasck, de saint François de Sales, de Pedro de Ponce, de Juan Pablo Bonet, de Ramirez de Cortone, de Pedro de Castro, de John Bulwer, de J. Wallis, de William Holder, de Degby, de Gregory, de Georges Dalgarno, de Van Helmont, de Conrad Amman, de Kerger, de Georges Raphel, de Lassius, d'Arnoldi, de Samuel Heinicke, d'Ernaud, de Jacob Rodrigues Pereire. —Succès brillants des deux derniers à l'Académie des sciences de Paris.—Pension de Louis XV au second.—Il le nomme son interprète pour les langues espagnole et portugaise.—Sa tolérance religieuse.—Secret absolu recommandé à ses élèves.—Il offre de vendre sa méthode au gouvernement.—Lettre de la sourde-muette Mlle Marois.—Legs du sourd-muet Coquebert de Montbret. | |
| Chapitre IX | 65 | 
| Avènement de l'abbé de l'Épée.—Rivalité de l'abbé Deschamps.—Son cours élémentaire.—Il est combattu par le sourd-muet Desloges, ouvrier relieur et colleur de papier, élève d'un autre sourd-muet, domestique d'un acteur de la Comédie-Italienne.—L'abbé de l'Épée devient le confesseur de ses enfants d'adoption.— L'empereur Joseph II lui sert la messe.—Il amène dans son établissement sa sœur la reine Marie-Antoinette et lui adresse un prêtre allemand, en le priant de le mettre à même de populariser sa méthode dans ses États.—Lettre de ce prince à l'abbé de l'Épée. | |
| Chapitre X | 70 | 
| Lutte entre deux instituteurs allemands de sourds-muets.—L'abbé de l'Épée intervient.—Il en appelle aux académies de Vienne, d'Upsal, de St-Pétersbourg, de Zurich et de Leipsick.—Abstention générale, à l'exception de celle de Zurich, qui se prononce en sa faveur.—Nouvelle attaque de M. Nicolaï de Berlin.— Nouvelle victoire de l'abbé de l'Épée.—Condillac se prononce pour lui.—Extension trop grande donnée à la parole artificielle du sourd-muet.—Opinion de l'abbé de l'Épée sur ce sujet. | |
| Chapitre XI | 75 | 
| Vertus et bienfaits de l'abbé de l'Épée.—Sa soutane usée.—Presque octogénaire, il se prive de feu pour ses enfants, durant un hiver rigoureux.—Projet d'un tableau de l'abbé de l'Épée par le sourd-muet Léopold Loustau.—Il refuse un évêché en France et une abbaye en Allemagne.—Belles réponses à Joseph II et à Catherine de Russie.—Paroles mémorables.—Il ne demande qu'à instruire des sourds-muets pauvres et à apprendre pour eux les langues de tous les pays.—Son désintéressement, ses sacrifices.—Louis XVI redoute d'abord son jansénisme.—Plus tard, il accepte le patronage de son école, en autorise le transfert à l'ancien couvent des Célestins et lui assigne une rente annuelle sur sa cassette.—La mort ne permet pas à l'abbé de l'Épée de voir ses élèves installés dans ce nouveau local.—Statistique des pensions de sourds-muets et de sourdes-muettes, existant à cette époque à Paris.—Son école à un second étage de la rue des Moulins.—Sa maison de campagne à loyer, rue des Martyrs.—Scènes attendrissantes. | |
| Chapitre XII | 85 | 
| Episode du jeune comte de Solar.—Un sourd-muet, de douze à treize ans, trouvé sur la grande route de Péronne, envoyé à Bicêtre, puis à l'Hôtel-Dieu de Paris.—Quelques souvenirs confus.—Enlèvement et abandon.—Appartient-il à une famille riche?—Note envoyée à toutes les maréchaussées de France.—Étrange visite à l'Hôtel-Dieu—Le sourd-muet en est retiré et mis en pension avec d'autres frères d'infortune.—Une confusion de personnes.—Nom de Joseph substitué à celui de Louis Leduc.—Le prince de Montbarey et Mme de Hauteserre.—Découverte de la demeure de Mme la comtesse de Solar, à Toulouse. —Un trait de lumière. | |
| Chapitre XIII | 92 | 
| L'abbé de l'Épée veille attentivement sur le dépôt que lui a confié la Providence—Menaces dont il est l'objet.—L'autorité le protège.—Diverses personnes reconnaissent le jeune Solar. —Voyage du célèbre instituteur, avec son protégé, à Clermont, en Beauvoisis, sa ville natale.—Nouvelles reconnaissances. —Joseph se rappelle une cicatrice de son père.—Il est reconnu par son grand-père, mais sa sœur hésite d'abord. —Une démarche auprès du duc de Penthièvre—Elle réussit. —Le prince accorde une pension de 800 livres au jeune Solar. —Le paiement en est bientôt suspendu.—Pourquoi.—Curieuse lettre de l'abbé de l'Épée.—Le premier semestre de la pension est payé. | |
| Chapitre XIV | 101 | 
| Cazeaux, accusé d'avoir, de concert avec la comtesse de Solar, supprimé la personne et l'état de l'enfant sourd-muet, est arrêté à Toulouse et amené à Paris, les fers aux pieds et aux mains. —Ses moyens de défense.—Il demande à être transféré, avec le sourd-muet, partout où la justice croira que sa présence peut devenir nécessaire pour éclaircir l'affaire.—Cette requête est jointe au fonds; on refuse son élargissement provisoire, ainsi que le transfert de l'enfant et de sa sœur sur les lieux.—Enfin, une sentence du Châtelet déclare Joseph fils du comte de Solar, reconnaît Cazeaux innocent et le renvoie absous.—Commentaire des juges. | |
| Chapitre XV | 108 | 
| Lettre de l'abbé de l'Épée à Me Élie de Beaumont, défenseur de Cazeaux.—Preuves, suivant le célèbre instituteur, de l'identité de Joseph et du comte de Solar.—Particularités remarquables. —Détails peu édifiants sur la mère du sourd-muet.—Réponse de Me Tronçon-Ducoudray à l'abbé de l'Épée.—Extrait mortuaire constatant, à son avis, le décès.—L'illustre avocat modifie, plus tard, son opinion.—Ses aveux à M. Bouilly, auteur du drame de L'abbé de L'ÉPÉE..—Confirmation de la sentence du Châtelet par le parlement de Paris, qui ordonne, en outre, un supplément d'enquête et d'instruction. | |
| Chapitre XVI | 116 | 
| Foi robuste de l'abbé de l'Épée.—Ses occupations et ses infirmités ne lui permettent pas d'accompagner le jeune Solar dans ses courses au midi de la France—Diverses personnes intéressées dans l'affaire prennent la même direction.—Recherches longtemps infructueuses.—Joseph ne se reconnaît nulle part, pas même en présence de la tombe de son père.—On en exhume une tête d'enfant, avec une surdent semblable à celle qu'on a arrachée à Joseph.—Aventures d'un sourd-muet de Charleroi.—Parti qu'en tire le défenseur de Cazeaux.—Contradictions palpables, graves accusations formulées contre le pupille de l'abbé de l'Épée et contre les divers témoins qui déposent en sa faveur.—Nouvelle sentence confirmative du Châtelet. | |
| Chapitre XVII | 122 | 
| Redoublement d'efforts des adversaires du pupille de l'abbé de l'Épée.—Ils réussissent à faire suspendre l'exécution de la sentence. —Joseph perd ses protecteurs le duc de Penthièvre et l'abbé de l'Épée.—Les parlements sont détruits par la révolution.— Le nouveau tribunal de Paris casse le jugement rendu en faveur du pauvre délaissé.—Sans appui, sans famille, sans ressource, l'ex-comte de Solar s'enrôle dans l'armée républicaine et meurt, suivant les uns, sur un champ de bataille, selon d'autres, dans un hôpital.—Son interprète, le sourd-muet Didier, suit son exemple et s'engage dans l'artillerie. | |
| Chapitre XVIII | 132 | 
| Coup d'œil rétrospectif sur l'épisode du comte de Solar.—Est-ce une aventure réelle on un roman historique?—Bonne foi, conviction de l'abbé de l'Épée.—Ses efforts pour rendre l'innocence et l'honneur à Cazeaux.—Un dilemme pour en finir.—M. Fournier des Ormes voit dans cette aventure une mystification.—Suivant lui, le pupille du célèbre instituteur n'aurait pas été complètement sourd.—Cette opinion combattue par M. Valade-Gabel.—La pièce de Bouilly.—Première représentation.—Grand succès.— Incident de la seconde.—L'abbé Sicard mis en liberté. | |
| Chapitre XIX | 143 | 
| Le buste du célèbre instituteur des sourds-muets offert à M. Bouilly par les jeunes élèves de l'École nationale de Paris.—Félicitations du premier consul Bonaparte et du roi Louis XVIII à l'auteur du drame de L'abbé de L'ÉPÉE..—Souvenirs intéressants de Mme Talma. Deux traits de présence d'esprit de cette admirable actrice à deux représentations de la pièce.—Tribut d'éloges de Monvel à son élève.—Conclusions de M. Villenave.—Heureux résultats pour les sourds-muets du succès du drame de L'abbé de L'ÉPÉE.. | |
| Chapitre XX | 151 | 
| Efforts tentés auprès du gouvernement pour suspendre les représentations du drame de L'abbé de L'ÉPÉE..—L'auteur accusé par la presse d'avoir voulu troubler le repos et compromettre l'honneur de certaines personnes.—M. Bouilly se disculpe.—Il offre de changer le lieu de la scène et efface du titre la qualification de CO MÉDIE HISTORIQUE.—Mort de l'abbé de l'Épée.—Touchant spectacle de ses derniers moments.—Tableau du sourd-muet Peyson.—Le célèbre instituteur inhumé à Saint-Roch.—On se dispute son image.—Sa répugnance à laisser reproduire ses traits, de son vivant.—Le sculpteur sourd-muet de Seine.—La Commune de Paris demande à l'Assemblée nationale que l'État adopte les sourds-muets privés de leur père.—Ce vœu est réalisé.—Oraison funèbre de l'abbé de l'Épée, prononcée dans l'église Saint-Étienne-du-Mont.—Supplice du panégyriste. | |
| Chapitre XXI | 159 | 
| L'Assemblée nationale décrète que le nom de l'abbé de l'Épée sera inscrit parmi ceux des citoyens qui ont bien mérité de l'humanité et de la patrie, et que son Institution sera subventionnée par l'État.—Fondation de 24 bourses gratuites, projet de translation à l'ancien couvent des Célestins.—La Convention fonde, dans chacune des écoles de Paris et de Bordeaux, 60 bourses, portées successivement, pour la première, à 80 et à 100.—La Convention avait eu, un instant, le projet de fonder, pour l'éducation de 4000 sourds-muets, une école normale et six grandes institutions, avec ateliers et travaux agricoles.—Transfert de l'établissement de Paris dans le local actuel, à l'ancien séminaire Saint-Magloire.—Les frais d'éducation des sourds-muets rangés, en 1832, parmi les dépenses facultatives des budgets départementaux.—M. de Gerando avait infructueusement proposé que ce fût parmi les dépenses obligatoires. | |
| Chapitre XXII | 166 | 
| Mode d'administration successif des Institutions nationales de sourds-muets de Paris et de Bordeaux.—Projets divers ayant pour but de généraliser en France cet enseignement spécial.—Sollicitations infructueuses jusqu'à ce jour.—Pétition adressée en 1851, par la Société centrale d'éducation et d'assistance pour les sourds-muets en France à l'Assemblée nationale législative.—Éloges de l'abbé de l'Épée par MM. Bébian, ancien censeur des études de l'Institution nationale de Paris, et d'Aléa, ancien directeur du collège royal des sourds-muets de Madrid.—L'auteur des TEMPLIERS, M. Raynouard, de l'Académie française, voulait, à sa mort, fonder un prix pour le meilleur poème à la gloire de l'abbé de l'Épée.—Nomenclature complète des œuvres du célèbre instituteur. | |
| Chapitre XXIII | 172 | 
| Violation des sépultures de l'église Saint-Roch en 93.—Le plomb des cercueils fondu en balles sur les autels.—Mission que l'auteur s'était imposée de retrouver la tombe de l'abbé de l'Épée.—Lettre aux journaux pour se plaindre de ce que son portrait ne figure pas au Musée historique de Versailles; de ce que sa statue ne se voit, ni dans sa ville natale, ni à Paris; de ce que la tombe enfin de son successeur, l'abbé Sicard, languit sans honneur, dans un déplorable abandon.—Demande de renseignements au curé de Saint-Roch sur le lieu de la sépulture de l'abbé de l'Épée dans cette église.—Comment on découvre que ses restes reposent dans le caveau de la chapelle Saint-Nicolas—L'auteur y descend avec le sourd-muet Forestier et le docteur Doumic.—Spectacle déchirant!—Souscription ouverte dans les journaux pour élever un monument aux cendres du célèbre instituteur et faire apposer deux inscriptions en français sur la maison où il est né et sur celle qui fut le berceau de son enseignement. | |
| Chapitre XXIV | 185 | 
| Une commission se forme pour régulariser la souscription destinée à élever un monument à l'abbé de l'Épée.—M. Dupin aîné en accepte la présidence; M. Villemain consent à en faire partie.—Elle se compose, en outre, de MM. de Schonen, de Gérando, Chapuys-Montlaville, Cavé, l'abbé Olivier, Monglave, Nestor d'Andert, et de trois sourds-muets, Ferdinand Berthier, Forestier et Lenoir.—Regrets de M. de Chateaubriand et du premier président Séguier.—Première séance à l'hôtel de la présidence de la Chambre.—Remercîments des trois membres sourds-muets.—Projet de M. Victor Lenoir, architecte du gouvernement.—Voies et moyens: représentations à bénéfice, souscription de la famille royale.—Où s'élèvera le monument?—On repousse la cour de l'Institution; on préfère la chapelle Saint-Nicolas, à Saint-Roch.—Organisation de la souscription.—Recherches à faire au Palais de Justice, à l'Hôtel de Ville, aux Archives nationales, sur le lieu de l'inhumation.— MM. Montlaville, Monglave et Berthier, délégués pour aller constater l'identité des restes découverts ou à découvrir. | |
| Chapitre XXV | 195 | 
| Exhumation des restes mortels de l'abbé de l'Épée par MM. Garay de Monglave, Chapuys-Montlaville et Ferdinand Berthier.—Découverte de fragments de souliers, de rabat, de soutane, de bonnet carré et d'étole, reconnus par une personne qui a eu des rapports avec le grand instituteur.—La pipe de terre.—Oubli ou profanation.—Noms des premiers souscripteurs.—Appel éloquent à toutes les âmes généreuses.—Propositions de MM. Michaut (des Monnoies), Victor Lenoir, architecte, et Auguste Préault, statuaire.—Appel aux ambassadeurs étrangers, aux cours de cassation et des comptes, aux cours d'appel, etc.—Réponse de l'ambassadeur de Bavière. | |
| Chapitre XXVI | 211 | 
| Rapport de M. Nestor d'Andert sur les projets soumis à la commission.—Préférence acquise à celui de M. Préault.—Les ministres invités à compléter la somme nécessaire à l'érection du monument.—Celui de l'Intérieur, M. de Montalivet, souscrit pour 3,000 fr.—Devis à forfait de M. Préault.—La commission l'accepte, à condition que l'artiste ne pourra exiger les sommes à recevoir qu'à mesure des rentrées, et que le monument sera prêt en février 1841.—Nouvelle circulaire, nouvelles démarches auprès des grands corps de l'État.—Appel à Louis-Philippe et à sa famille.—On en ignore le résultat.—L'ancien curé de Saint-Roch, devenu évêque d'Évreux, regrette de ne pouvoir prêcher le jour de l'inauguration du monument.—On s'adresse à l'abbé Cœur, qui ne peut, à cause de ses nombreux travaux, accepter cette honorable mission.—Fixation ultérieure du jour de la cérémonie. | |
| Chapitre XXVII | 221 | 
| La Commission cesse de s'assembler.—M. Préault, presque abandonné à lui-même et n'ayant plus que les conseils de MM. de Monglave et Berthier, tient religieusement sa promesse.—Le monument est inauguré en août 1841, sans cérémonie et presque à huis clos.—Description et éloge de cette œuvre remarquable.—Mais pourquoi une inscription latine?—Sur 33,000 sourds-muets que renferme la France, il n'y en a pas 22 qui sachent le latin.—Hommage des sourds-muets suédois.—Couronne de bronze due aussi à M. Préault, ainsi que la statue de l'abbé de l'Épée qui orne la façade de l'hôtel de ville de Paris.—Cruels sacrifices pécuniaires de l'artiste pour le monument de Saint-Roch et pour celui qu'il a élevé au général Marceau sur une place de Chartres.—Un buste du grand instituteur dû à un sculpteur sourd-muet, offert à l'école de Paris.—Séance d'inauguration.—Souscription ouverte pour élever une statue à l'abbé de l'Épée sur une des places de Versailles, sa ville natale.—L'Institution de Paris s'associe à cet acte de reconnaissance. | |
| Chapitre XXVIII | 229 | 
| Ces hommages, rendus, de toutes parts, à la mémoire de l'abbé de l'Épée, avaient été devancés, dès 1835, dans un banquet commémoratif de sa naissance, par une proposition que je fis aux sourds-muets et à leurs amis d'acquérir un buste en bronze du célèbre instituteur.—Empressement unanime de tous les convives. —Le buste est commandé au sculpteur Parfait Merlieux, et inauguré sur la fin du banquet de l'année suivante.—Transports d'allégresse de tous les assistants.—Mon allocution.—Bienfaits de la Société centrale des sourds-muets.—Projet de cours publics et gratuits en faveur des ouvriers atteints de cette infirmité. | |
| Chapitre XXIX | 235 | 
| Toast porté en langue mimique à la gloire des sourds-muets par leur ami Eugène Garay de Monglave.—Revue des célébrités de cette nation exceptionnelle.—Professeurs, lauréats, jurisconsultes, prosateurs et poëtes, bacheliers, mathématiciens, chimistes, physiciens, inventeurs, peintres (histoire, sujets religieux, portraits, marines, pastel, daguerréotype et lithographie), statuaires, graveurs, mécaniciens, horlogers, imprimeurs, ouvriers en tout genre, marins et militaires.—Trait héroïque de dévouement et de courage d'un sourd-muet de douze ans.—Le gouvernement lui décerne une médaille.—Ses condisciples se cotisent pour lui fournir le moyen d'assister è notre banquet.—Mon toast à M. Bouilly, et la réponse de ce doyen de nos auteurs dramatiques. | |
| Chapitre XXX | 248 | 
| Résumé des travaux de la commission créée pour l'inauguration d'une statue de l'abbé de l'Épée sur une des places publiques de Versailles, sa ville natale.—Communication officieuse du maire du chef-lieu de Seine-et-Oise.—Honorable initiative d'un citoyen, M. le docteur Bataille.—Sa lettre à un journal du département.—Nobles sentiments.—Modèle de la statue de notre illustre instituteur par M. Michaut, le célèbre graveur des monnaies.—Offres désintéressées.—Premier noyau de la commission de Versailles. | |
| Chapitre XXXI | 256 | 
| Membres présents à la première réunion.—Formation du bureau définitif.—Comment on pourra activer les souscriptions.—Voies et moyens.—Plusieurs projets.—Divers modes de publicité.—Le maire de la ville accepte les fonctions de membre de la commission.—La statue sera en bronze et de taille héroïque.—Divers emplacements proposés.—Deux seuls paraissent convenables.—Autorisation à demander au conseil municipal.—Comité de trois membres, chargé, sous le titre de jury de surveillance, de suivre l'exécution des travaux.—Publication de la liste des souscripteurs tous les deux mois. | |
| Chapitre XXXII | 262 | 
| Mort du président de la commission, M. le marquis de Sémonville.— M. le baron de Fresquienne élu à sa place.—Demande d'autorisation au Ministre de l'instruction publique pour élever la statue sur l'axe de la grille de clôture du jardin de l'École normale.—Réponse favorable.—M. Michaut s'engage à ce que les frais de la statue ne dépassent pas dix mille francs, et demande à en commencer le modèle en argile plastique.—M. l'architecte Petit invité à dresser un devis estimatif des dépenses du piédestal et des grilles.—Autorisation du conseil municipal, émettant toutefois le vœu qu'on choisisse un emplacement plus convenable.—Projet d'une médaille en bronze, destinée à chaque souscripteur. | |
| Chapitre XXXIII | 270 | 
| M. Aubernon, préfet de Seine-et-Oise, avant de donner son approbation complète au projet de monument qu'on prépare à l'abbé de l'Épée, désire être mieux édifié sur diverses circonstances qui s'y rattachent.—Réponses de la commission aux différentes questions qui lui ont été soumises par M. le préfet.—Première pensée d'une entrevue de quelques membres du conseil municipal de Versailles avec quelques membres de la commission du monument, ayant pour but d'essayer de lever en commun ces obstacles.—Délibération favorable du conseil municipal en réponse aux objections soulevées par M. le préfet.—Rédaction d'un prospectus à répandre pour activer les souscriptions. | |
| Chapitre XXXIV | 276 | 
| Lettre d'envoi du prospectus.—Premières listes de souscriptions.—Empressement des évêques et du clergé.—Offrande de 300 francs de la part du roi Louis-Philippe.—Les membres de la commission invités à donner chacun son avis sur le modèle de la statue. —Le statuaire Michaut promet d'en profiter.—Souscriptions des sourds-muets, recueillies par le docteur Doumic.—Projet d'exposition du modèle de la statue dans la cour de l'Institution des sourds-muets de Paris.—Le préfet de Seine-et-Oise accepte les fonctions de président d'honneur de la commission.—MM. Molé, Lepelletier-d'Aunay, Bertin de Vaux et le duc de Luynes désignés pour en être membres d'honneur.—Le Ministre de la guerre regrette de ne pouvoir accorder le bronze qu'on lui demande pour la confection de la statue. | |
| Chapitre XXXV | 284 | 
| Exposition du modèle de la statue dans la cour de l'Institution des sourds-muets de Paris.—Description. Éloge.—Visite du préfet de Seine-et-Oise, du maire de Versailles, d'un de ses adjoints, de délégués du conseil municipal, de membres de la commission des souscripteurs.—Mes impressions en présence de la statue.—Engagement du fondeur.—Adoption de la statue par le conseil municipal, qui décide qu'elle sera placée à la croix des rues Royale et d'Anjou.—M. Michaut se soumet aux corrections indiquées. —L'architecte de la ville mis à la disposition de l'œuvre. —Nouveaux moyens à employer pour activer les souscriptions. | |
| Chapitre XXXVI | 298 | 
| Hommage, par la commission des souscripteurs, au conseil municipal de la statue de l'abbé de l'Épée.—Examen du bronze destiné à cette œuvre.—Déficit de 2,700 fr. sur la somme nécessaire à l'achèvement des travaux.—Le conseil municipal en vote 2,000.—Projet d'une plaque commémorative.—Inscription de la face principale du monument.—Travaux du fondeur surveillés par le statuaire.—Érection fixée au 3 septembre 1843.—Dernières dispositions. —Programme de la fête.—Décision du conseil municipal.—Je suis invité à adresser une allocution mimique aux sourds-muets qui assisteront à la cérémonie. | |
| Chapitre XXXVII | 310 | 
| Inauguration de la statue de l'abbé de l'Épée à Versailles, sa ville natale.—Autorités, garde nationale, les sourds-muets de Paris et d'Orléans.—Désintéressement du chemin de fer.—Absence regrettable du clergé.—Nombreuse affluence de spectateurs.—Discours du préfet, au nom de la commission des souscripteurs. Réponse du maire.—Notice sur la vie et les travaux de l'abbé de l'Épée, par M. de Sainte-James, secrétaire de la commission du monument.—Mon allocution mimique.—Salves d'artillerie. —Absence du vénérable Paulmier.—Discours qu'il devait prononcer. | |
| Chapitre XXXVIII | 322 | 
| Pièces de vers auxquelles donne naissance l'inauguration de la statue de l'abbé de l'Épée, à Versailles. Improvisation poétique du sourd-muet Pélissier, avec épigraphe du sourd-muet Lenoir.—Le conseil municipal autorise le maire à accepter le monument, et adresse des remercîments aux commissaires, aux souscripteurs et au statuaire.—La commission sollicite en vain de M. le Ministre de l'intérieur, par l'intermédiaire de M. le préfet, une dernière subvention pour solder ses comptes.—Relevé définitif des recettes et dépenses.—Tribut de regret de la commission à quatre de ses membres décédés.—Ses remercîments à M. le préfet Aubernon. —Elle décerne une médaille au statuaire Michaut.—Désir des souscripteurs sourds-muets de voir leurs noms imprimés dans les journaux, afin de constater leur reconnaissance pour l'abbé de l'Épée. La commission ne peut que faire lithographier des listes générales.—Conclusion: sept vœux émis; trois encore à exaucer, une statue dans l'Institution, berceau de l'art d'élever les sourds-muets; deux inscriptions, l'une, sur la maison modeste où il naquit, à Versailles, l'autre, sur la maison modeste où il commença à enseigner, à Paris. | |
| Notes | 335 |