L'Architecture Gothique
Fig. 189.—Enceinte d’Aigues-Mortes.—Porte de la Gardette. Pont-levis (à droite du dessin, la tour Constance, bâtie par saint Louis).
à la barbacane que par un étroit passage précédé d’un pont facile à défendre par le redan adjacent à la poterne de la barbacane.
Le passage de la porte était défendu par deux herses semblables à celles de la porte du château, puis par des vantaux derrière la première herse, qui était précédée d’un large mâchicoulis protégeant la première herse vers l’entrée.
Le mode de construction des portes d’enceintes fortifiées suivit les progrès réalisés par les architectes militaires, progrès que nous avons étudiés dans le chapitre premier de cette troisième partie, au point de vue de la défense des places qui, pendant le XIVᵉ siècle, paraît avoir été supérieure à l’attaque. Les méthodes de construction se perfectionnèrent alors dans les détails, jusqu’au moment où l’artillerie à feu changea les conditions de l’attaque et, par conséquent, celles de la défense des forteresses.
Les portes des enceintes fortifiées se modifièrent au XIVᵉ siècle, non seulement dans la forme des tours défendues au sommet par des hourds fixes—en pierre remplaçant désormais les hourds mobiles en bois—ou des passages munis de herses, de vantaux et de mâchicoulis, mais encore par l’invention des ponts-levis. On sait que le pont-levis consiste en un tablier, en charpente, suspendu à l’aide de chaînes à des poutres en bascule; abaissé en dehors pour franchir le fossé, ce tablier, se relevant par l’abaissement à l’intérieur des poutres-leviers pivotant sur un axe, venait s’appliquer sur la face extérieure de la courtine, formant ainsi un premier vantail qu’il fallait enfoncer ou abattre en coupant les chaînes de suspension.
Il est facile de comprendre que ce nouveau mode de pont était d’un usage plus utile et plus sûr que l’ancien pont dont nous avons parlé à propos de la porte du château de Carcassonne; ce pont mobile en avant de la porte devait être enlevé pièce à pièce par une manœuvre assez longue et, par conséquent, qui ne pouvait s’effectuer sur-le-champ en cas d’alerte.
Une des premières applications de ce système semble avoir été faite à Aigues-Mortes. Les portes à l’est, à l’ouest et au sud sont construites selon l’usage adopté au XIIIᵉ siècle, principalement à Carcassonne; mais la porte du nord, dite de la Gardette, construite ou modifiée au XIVᵉ siècle, montre les rainures des bras d’un pont-levis et la porte en arc brisé est encadrée d’une feuillure carrée destinée à recevoir le tablier relevé.
L’usage des ponts-levis en avant des portes se généralisa au XIVᵉ siècle et donna naissance à des combinaisons très ingénieuses. La porte du Jerzual, à Dinan, qui paraît remonter à la fin du XIVᵉ siècle, nous en donne un exemple des plus curieux. Elle n’est pas ouverte entre deux tours selon l’usage ordinaire; elle a été pratiquée dans une des tours mêmes de l’enceinte fortifiée; le tablier était attaché à deux leviers dont on voit les rainures extérieures, qui devaient former une sorte de vantail dont les bras-leviers étaient le prolongement; celui-ci, manœuvré de l’intérieur de la tour, se levant à l’aide d’une chaîne passant dans l’ouverture carrée de la voûte, en pivotant horizontalement sur les consoles
externes, abaissait le tablier extérieur. En cas d’alerte, il suffisait de lâcher la chaîne intérieure pour que le vantail des bras, en s’abaissant, relevât le tablier du pont qui venait s’appliquer sur lui entre les consoles, et formait ainsi un double vantail difficile à enfoncer.
Au XVᵉ siècle, l’usage des ponts-levis était adopté partout, et il s’ensuivit un perfectionnement intéressant: c’est la création, dans la courtine entre les tours, d’une poterne, à côté de la porte principale; chacune de ces
ouvertures était munie de son pont-levis: à deux bras pour la porte principale destinée aux cavaliers et aux voitures, et à un seul bras pour la passerelle à l’usage des gens de pied, et dont le tablier était soutenu par une fourche au sommet de laquelle s’attachait la chaîne de suspension.
Le château de Vitré, construit ou complété dans les dernières années du XIVᵉ siècle ou le commencement du XVᵉ, nous en donne la preuve dans la porte de son châtelet.
La porte Saint-Michel, à Guérande, construite comme les murailles de la ville, en 1431, par Jean V, duc de Bretagne, indique par la rainure latérale la disposition et la forme de la suspension du tablier de la poterne.
Les tabliers des ponts-levis relevés fermaient les ouvertures de la porte et de la poterne, en laissant béant le fossé creusé profond, ou rempli d’eau, qui séparait la porte de la voie d’accès.
L’abbaye du Mont-Saint-Michel, que nous avons étudiée dans les chapitres précédents, nous donne encore de curieux renseignements sur l’architecture militaire en ce qui concerne les portes. Suivant l’usage du temps, l’abbé Pierre Le Roy construisit en avant de la porte de l’abbaye une bastille ou châtelet (fig. 163) commandant le passage par une herse et un large mâchicoulis; puis il enveloppa ce châtelet d’une barbacane où aboutissaient, au sud et au nord, les degrés conduisant à l’abbaye; le grand degré du côté nord est particulièrement intéressant par les arrangements très ingénieux des portes donnant aussi dans la barbacane entourant le châtelet. Elles étaient fermées par un vantail occupant toute la largeur des ouvertures; il se mouvait horizontalement et se manœuvrait par un système particulier qui s’explique par la situation exceptionnelle du Mont-Saint-Michel dont les bâtiments, ainsi que les ouvrages militaires, se superposent et ne se relient que par une série de degrés et de rampes de toute espèce. Les vantaux des portes pivotaient sur leurs axes horizontaux; reposant sur les pieds-droits saillants dans l’ébrasement des portes, ils s’ouvraient parallèlement à la pente de l’emmarchement et, à la moindre alerte, ils se baissaient rapidement, entraînés par leur propre poids; ils étaient maintenus fermés par des verrous fixés latéralement et dont on voit encore les gâches scellées dans les pieds-droits des portes[82].
La porte de l’enceinte fortifiée, construite de 1415 à 1420, s’ouvre dans la courtine ouest de la place flanquée par la tour du Roi. Précédées d’un fossé que l’on franchissait sur les ponts-levis baissés, formant une première fermeture lorsqu’ils étaient relevés, la porte principale et la poterne latérale donnent accès dans la ville. Au-dessus des portes était le logis du gardien de la porte; au-dessous, le passage principal et celui de la poterne communiquent de plain-pied avec un premier corps de garde ménagé dans l’étage inférieur de la tour du Roi. Le grand passage était fermé, outre le pont-levis relevé, par deux vantaux et par une herse en fer, qui existe encore, engagée dans ses rainures latérales. La grande baie est surmontée d’un tympan sur lequel étaient sculptées les armoiries réunies du roi, de l’abbaye et de la ville.
Les ouvrages destinés à défendre une rivière dans la traversée d’une ville fortifiée ou l’entrée d’un port se rattachent directement à l’architecture militaire des portes. A Troyes, les arches percées dans les murs de la ville étaient défendues par des grilles ou des herses en fer. A Paris, le passage de la Seine était fermé par des chaînes fixées dans les murailles de l’enceinte bordant les rives et s’appuyait dans la largeur du fleuve
sur des pieux ou des bateaux ancrés solidement. A Angers, les murailles de la ville aboutissaient à deux tours dites la Haute-Chaîne et la Basse-Chaîne, qui étaient destinées à recevoir les treuils manœuvrant les chaînes qu’on tendait la nuit pour barrer la Maine qui traverse la ville.
Les ports de mer étaient défendus par des tours élevées à l’entrée des passes, qui pouvaient être barrées
Fig. 194.—Entrée du port de la Rochelle.—Tour de la Chaîne et tour Saint-Nicolas (avant la restauration).
par des chaînes se manœuvrant de l’intérieur des tours. Le port de la Rochelle présente un exemple de cette disposition. D’après des archéologues dignes de foi, la tour dite de la Chaîne (à gauche du dessin) serait plus ancienne que celle de Saint-Nicolas (à droite du dessin), qui aurait été élevée au XVIᵉ siècle sur la tour contemporaine de celle qui existe encore de l’autre côté du chenal. Les pilotis sur lesquels elles sont bâties paraissent s’être affaissés, ce qui a causé le déversement sensible de la tour Saint-Nicolas. Ces deux tours ne semblent pas avoir été reliées par un grand arc, comme le suppose un projet moderne de haute fantaisie; cet arc inutile aurait été couronné de défenses, non moins inutiles, car il est facile de comprendre qu’une simple chaîne, tendue entre les deux tours pendant la haute mer—le port étant inaccessible à la basse mer,—était bien suffisante pour arrêter les navires de ce temps, dans leurs tentatives de forcer l’entrée du port.
Ponts.—Ainsi que tous les autres édifices construits par les architectes, les ponts remontent aux Romains,
qui décoraient ces ouvrages d’arcs de triomphe, comme celui de Saint-Chamas en Provence, connu sous le nom de pont Flavien, et qui paraît remonter aux premiers siècles de l’ère chrétienne.
Plus tard, ces arcs de triomphe se changèrent en ouvrages militaires; ils devinrent des têtes de pont, des bastilles ou des châtelets crénelés, non plus pour orner le pont ou glorifier son fondateur, mais pour défendre le passage de la rivière qu’il franchissait et protéger l’enceinte fortifiée à laquelle il s’attachait.
Parmi les ponts construits au moyen âge par les architectes, le plus ancien paraît être celui de Saint-Bénézet: pont d’Avignon. Commencé vers 1180 et terminé dix ans après, ce pont est un ouvrage des plus remarquables, aussi bien par les difficultés de sa construction que par ses détails architectoniques. Il traverse, ou plutôt il traversait le Rhône,—le bras vers le rocher des Doms étant le plus étroit, mais le plus profond,—dont les crues sont aussi rapides que dangereuses, sur dix-neuf arches, franchissant le fleuve de la rive avignonnaise au pied des Doms pour aboutir, après une légère inflexion au sud, à la tour de Villeneuve, sur la rive droite.
Le châtelet de la rive gauche, dont il reste encore des vestiges, aurait été construit par les papes au XIVᵉ siècle pour assurer le péage de compte à demi avec le roi de France.
Le pont d’Avignon paraît avoir été l’une des premières œuvres de la confrérie des hospitaliers-pontifes, instituée au XIIᵉ siècle pour construire les ponts, secourir les voyageurs, et dont le supérieur était saint Bénézet, à l’époque de la construction du pont sur le Rhône. Cette confrérie comptait dans ses rangs d’habiles architectes, car la construction du pont d’Avignon est remarquable. Les arches, de forme elliptique, sont composées de quatre arcs-doubleaux extradossés, indépendants et simplement juxtaposés, afin d’assurer l’élasticité et, par conséquent, la solidité des arcs; ils ne sont rendus solidaires que par la maçonnerie de remplissage des reins, rappelant le parti architectonique de l’aqueduc, dit le pont du Gard; sa largeur est de cinq mètres. Les arcs reposent sur des piles munies, en amont et en aval, d’un éperon très aigu pour résister au courant ordinaire et à la débâcle des glaces en hiver.
Au-dessus de chaque pile, une arcade en plein cintre, traversant les reins des arches, est destinée au passage de l’eau pendant les grandes crues qui couvrent complètement les piles.
Le pont ne compte plus aujourd’hui que quatre
arches et, sur la pile la plus rapprochée de la rive gauche du fleuve, s’élève la chapelle dédiée à saint Nicolas qui existe encore aujourd’hui. On y accède par un escalier formé de marches encorbellées descendant au niveau du sol de la chapelle, et par un palier porté sur une trompe bandée de la pile au flanc de l’arche.
Le vieux pont de Carcassonne paraît être contemporain de celui d’Avignon, mais ses arches sont en plein cintre dont les claveaux sont reliés à l’intrados, et ses piles, munies d’éperons aigus, s’élèvent jusqu’au tablier, où elles forment des garages nécessaires en raison du peu de largeur de l’ouvrage.
Parmi les ponts construits au XIIIᵉ siècle, on peut citer celui de Béziers dont les arches en plein cintre et en arc brisé ressemblent à celles de Carcassonne comme construction; mais les piles ne s’élèvent que de quelques assises au-dessus des sommiers des arcs et leurs reins sont percés d’arcades pour faciliter le passage de l’eau pendant les crues.
Le pont qui franchit le Rhône à Saint-Savournin-du-Port,
dit le pont Saint-Esprit, construit par un abbé clunisien vers 1265, ressemble au pont d’Avignon par la disposition des piles surmontées d’arcades d’écoulement, mais dont les arches sont en plein cintre; son tablier, large de cinq mètres, était fermé par des portes établies pour le péage et celle du côté de la petite ville se relia à la tête du pont qui fit corps plus tard avec la forteresse commandant en amont le cours du Rhône.
La question du péage était importante en ce temps et elle donna lieu à plus d’une querelle; les tours et les châtelets qui s’élevaient sur les ponts étaient des locaux destinés à la perception des droits de passage aussi bien que des ouvrages militaires.
Le pont, dit des Consuls, à Montauban, commencé vers la fin du XIIIᵉ siècle, ne fut terminé qu’au commencement du siècle suivant, grâce aux secours apportés par Philippe le Bel, mais à la condition d’établir sur ce pont trois tours dont il se réservait la propriété et la garde afin de percevoir le péage à son profit.
Le pont de Montauban, construit tout entier en briques, se compose de sept arches en arc brisé reposant sur des piles munies d’éperons et surmontées d’une arcade également en arc brisé, aussi élevées que les arches afin de faciliter le passage des eaux pendant les crues fréquentes du Tarn.
Un des plus beaux ponts construits au XIVᵉ siècle est celui de Cahors, qui est resté intéressant malgré les restaurations qu’il a subies, principalement dans ces dernières années.
Commencé en 1308 par Raymond Panchelli (Raymond II), évêque de Cahors de 1300 à 1312, le pont, dit de Valentré, n’aurait été terminé qu’en 1355. Il se compose de six arches en arc brisé se rapprochant du plein cintre; les piles, s’élevant jusqu’au parapet où leur couronnement forme un abri, sont triangulaires en amont et carrées en aval du pont. Le passage était commandé aux extrémités par des ouvrages crénelés formant châtelet ou tête de pont sur chaque rive et, au milieu, par une tour élevée, munie de portes qui pouvaient intercepter la circulation ou retenir l’assaillant en cas de surprise d’un des deux châtelets.
Le pont d’Orthez présente une grande analogie avec celui de Cahors; il doit remonter au même temps et il devait être défendu, indépendamment de la tour du milieu, par des têtes de pont dont une au moins a été détruite pour établir la voie ferrée de Bayonne à Pau.
Les ponts avaient, au moyen âge, une grande importance comme voie publique ou comme ouvrage militaire et sur certains points, notamment au confluent
de deux rivières, les ponts étaient reliés fortement à des ouvrages défensifs considérables, comme à Sens, à Montereau, etc.
A Paris, à Orléans, à Rouen, à Nantes et dans un grand nombre de villes traversées par des fleuves ou des rivières, les ponts étaient des ouvrages militaires importants pour la défense et des plus intéressants au point de vue de l’architecture.
Enfin le Mont-Saint-Michel nous montre un pont fortifié construit au XVᵉ siècle. Bien qu’il ne franchisse pas une rivière, ce pont est cependant un ouvrage
remarquable. Il témoigne du talent et de l’adresse des architectes de ce temps, construisant, avec la même science et le même art, le chœur de l’église abbatiale dont les proportions gigantesques, aussi bien que la perfection d’exécution, sont à juste titre dignes d’admiration, le pont défendant par ses mâchicoulis les passages intérieurs de l’abbaye et reliant par un tablier crénelé l’église basse aux bâtiments abbatiaux, et nous donnant par l’ensemble de ces ouvrages magnifiques de véritables chefs-d’œuvre de l’architecture religieuse, monastique et militaire.
QUATRIÈME PARTIE
L’ARCHITECTURE CIVILE
Fig. 200.—Maison commune à Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne).
La partie supérieure du beffroi a été refaite complètement vers 1860.
CHAPITRE PREMIER
GRANGES, HOPITAUX, MAISONS, HOTELS.
Jusqu’à la fin du XIIIᵉ siècle, l’architecture civile n’apparaît pas avec un caractère particulier; elle subissait l’influence religieuse et monastique parce que la plupart des édifices étaient élevés par des architectes religieux ou par les disciples laïques qu’ils avaient formés à leurs écoles.
Ce n’est que pendant le siècle suivant que, s’affranchissant des traditions religieuses, l’architecture prend, dans les monuments publics aussi bien que dans les hôtels ou les maisons privés, des dispositions appropriées à leur destination. Les ornements cessent dès lors d’être empruntés aux sujets religieux pour s’inspirer des scènes de la vie contemporaine et se séparent des formes et des détails convenus par l’étude de la nature.
Granges.—Les granges, les hôpitaux et les maisons, pendant l’époque dite romane et la période dite gothique, étaient construits selon les méthodes architectoniques du temps. Nous ne parlons que des monuments montrant des dispositions architecturales intéressantes.
Les granges et les greniers d’abondance étaient des bâtiments ruraux dépendant des abbayes, mais en dehors des lieux réguliers. Ces bâtiments faisaient partie du prieuré ou de la ferme. Ils étaient accessibles sur le pignon par la porte principale s’ouvrant sur la cour et par des portes secondaires ménagées dans les façades latérales; souvent même, une petite porte s’ouvrait, à côté de la grande, sur la façade, pour assurer le service
ordinaire. Le grand vantail ne s’ouvrait que pour le passage des charrettes, qui entraient par une porte et ressortaient par une autre grande porte ouverte sur le pignon opposé, comme à la grange de Perrières, située en Normandie, mais qui dépendait de l’abbaye de Marmoutier, près de Tours.
La grange était, le plus souvent, un grand bâtiment divisé en trois nefs; la nef centrale communiquait
avec les bas côtés par des arcades ou des piles en pierre ou en bois, supportant la charpente du comble à deux pentes qui couvrait les trois nefs.
Dans les unes, le froment, blé ou seigle, était entassé dans le centre et dans un des bas côtés; dans d’autres, la nef centrale était réservée à la circulation et l’on entassait les grains dans les bas côtés.
Les façades sont les mêmes, à quelques détails près; elles consistent en un vaste pignon, accusant la forme du comble, renforcé de pilastres, et percé d’une grande porte avec sa poterne, et de jours étroits dans le haut des triangles, destinés à éclairer ou plutôt à aérer la grange.
Les granges aux dîmes avaient presque toujours
des dispositions analogues, ou bien elles avaient deux étages, selon leur importance, comme celle de Provins.
Elles n’étaient pas voûtées généralement, mais les greniers d’abondance comportaient souvent plusieurs étages; le rez-de-chaussée, et même le premier étage étaient voûtés; celui de l’abbaye de Vauclair,—dans le département de l’Aisne,—construit vers la fin du XIIᵉ siècle, en donne un exemple des plus intéressants.
On peut juger par ces quelques détails de l’importance des établissements monastiques à cette époque. Les abbayes puissantes représentaient une petite ville et leurs prieurés, qui dépendaient de la maison mère, se composaient des vastes fermes autour desquelles se formaient de gros villages. On sait que les prieurés étaient de grandes fermes et, si les moines, fermiers agriculteurs, célébraient les offices conventuels, les prieurs avaient aussi et peut-être surtout pour mission de faire rentrer les redevances en nature, comme les dîmes ou autres revenus, et de les garder, de même que les récoltes, et enfin d’administrer les revenus de tout genre, des biens, des terres, des bois, des étangs et rivières qui appartenaient à l’abbaye.
Hôpitaux.—Un grand nombre d’établissements charitables, désignés au moyen âge sous les noms d’Hôtel-Dieu, Maison-Dieu, hospice, hôpital, maladrerie et léproserie, s’étaient fondés dès le XIᵉ siècle et se développèrent dans des proportions considérables pendant les deux siècles suivants.
Il existait un hôpital dans la plupart des abbayes,
ou tout au moins dans leurs dépendances. Les cités avaient également des hospices fondés ou desservis par des religieux.
Il s’était également fondé des léproseries qui s’étendaient à la fin du XIIᵉ siècle dans toute l’Europe occidentale: du Danemark en Espagne et de l’Angleterre jusqu’en Bohême et en Hongrie. Ces derniers établissements hospitaliers ne comportaient aucune disposition architecturale, car ils ne se composaient que d’un enclos contenant quelques cellules isolées et une chapelle
commune, près de laquelle étaient bâtis les logements religieux chargés de soigner les lépreux.
Mais les hospices, ou hôpitaux, construits de la fin du XIIᵉ siècle au XIVᵉ, sont souvent de superbes édifices dont les dispositions ressemblent à celles des diverses grandes salles des abbayes.
Il faut se rappeler que, pendant le moyen âge, l’hospitalité étant obligatoire, les monastères avaient établi un service d’aumônerie comprenant des bâtiments spéciaux destinés aux religieux chargés de soigner les malades et de distribuer des secours, à eux et aux autres voyageurs ou pèlerins.
Dès l’époque carlovingienne, nous dit Viollet-le-Duc, des impôts étaient affectés à secourir les pauvres, les pèlerins et les malades. Charlemagne, dans ses ordonnances et capitulaires, avait recommandé à ses sujets d’offrir l’hospitalité et il n’était pas permis alors de refuser aux voyageurs le couvert, le feu et l’eau.
Les communes rivalisèrent avec les rois, les seigneurs, les abbés et les bourgeois. Des hospices et des maladreries furent établis dans des bâtiments abandonnés ou construits pour leur destination spéciale.
On éleva même des refuges sur les routes fréquentées par les pèlerins, pour servir d’asile aux voyageurs qui ne pouvaient pénétrer de nuit dans les villes et on construisit des hospices en dehors des murs, dans le voisinage des portes.
Au moyen âge, et surtout aux XIIIᵉ et XIVᵉ siècles, les pèlerinages étaient très suivis. Ceux de Saint-Michel, en Normandie, et de Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne, attiraient la foule des pèlerins. Dès les premières années du XIVᵉ siècle, un hospice avait été fondé dans la campagne, près de la porte Saint-Denis, à Paris, et il était dédié à saint Jacques.
La confrérie de Saint-Jacques-aux-Pèlerins desservait
cet hôpital qui, avec sa chapelle, était destiné à héberger gratuitement chaque nuit des pèlerins de passage à Paris. Un emplacement de deux arpents était couvert de bâtiments, et une grande salle en pierre, qui avait vingt-deux toises de long sur six toises de large et voûtée sur croix d’ogives, y fut construite pour y coucher les malades.
Dans les notes d’une liasse terminée par une requête du XVᵉ siècle, on trouve que, pour recevoir les pèlerins—y a lieu pour ce faire XVIIj liz qui depuis le premier jour d’aoust MCCCLXVIIj (1368) jusques au jour de Mons. S. Jacques et Christofle ensuivant (25 juillet, donc un an) ont esté logés et hébergés en l’hospital de céans XVIᵐVIᶜIIIIˣˣX pèlerins (16,690) qui aloient et venoient au Mont-Saint-Michel et austres pèlerins. Et encore sont logés continuellement chascune nuict de XXXVI à XL povres pèlerins et austres povres, pourquoy le povre hospital est moult chargé et en grant nécessité de liz, de couvertures et de draps[83].
Dans les premières années du XIVᵉ siècle, plusieurs centaines d’Hôtels-Dieu, de maladreries et de léproseries étaient secourues par le roi de France. Saint Louis fonda l’hospice des Quinze-Vingts pour les aveugles et, sans compter les léproseries, un grand nombre de villes créèrent des maladreries et des hôpitaux pour les fous, les vieillards et les infirmes. Les femmes en couches avaient déjà des hôpitaux spéciaux, et une chapelle avait été fondée à leur intention, sous le vocable de Notre-Dame-la-Gisante, de Tombelaine en Normandie, dans la crypte ou église basse de la Sainte-Chapelle du Palais, à Paris[84].
Il existe encore plusieurs hôpitaux élevés par les architectes de la période dite gothique. A Angers, l’hôpital Saint-Jean est remarquable, aussi bien par ses dispositions générales, comprenant la grande salle à trois nefs voûtées sur croisée d’ogives et la chapelle adjacente qui datent de la fin du XIIᵉ siècle ou des premières années du siècle suivant, de même que le grenier d’abondance, fort curieux par son plan et ses détails de construction qui ressemblent à ceux des granges et greniers dont nous avons parlé.
L’Hôtel-Dieu de Chartres est à peu près du même temps.
L’hôpital d’Ourscamps, près de Noyon, montre le même parti de construction, qui semble avoir été suivi par les architectes religieux au XIIᵉ et principalement pendant le XIIIᵉ siècle. Il présente cette particularité que ce grand bâtiment, dont les proportions grandioses rappellent les vastes salles, voûtées sur croisée d’ogives, des abbayes contemporaines de Saint-Jean-des-Vignes, à Soissons, et de la Merveille, au Mont-Saint-Michel, semble avoir été bâti—en dehors des lieux réguliers du monastère—avec la destination spéciale d’un hospice affecté aux malades, aux pèlerins et aux pauvres.
L’hospice de Tonnerre paraît avoir été reconstruit au XIVᵉ siècle sur un vaste plan, largement exécuté. La grande salle, qui a plus de dix-huit mètres de largeur et quatre-vingt-dix mètres de longueur, est couverte par une charpente apparente dont le berceau lambrissé en plein cintre est d’un grand effet.
L’établissement est remarquable par ses aménagements intérieurs très ingénieux; la galerie en bois, construite à mi-étage, dominant les cellules à ciel ouvert, permet d’exercer une surveillance permanente sans déranger les malades.
L’hôpital de Beaune est trop connu pour qu’il y ait lieu de le décrire de nouveau. Ce curieux édifice semble procéder de Tonnerre par la voûte en charpente, lambrissée et peinte, de la salle des malades qui, fort malheureusement, a été dénaturée par la construction d’un plafond dont les solives reposent sur les entraits des fermes apparentes. Mais la cour intérieure, avec sa galerie, son puits, son lavoir, a conservé son aspect originel, que des descriptions et des publications nombreuses ont fait connaître depuis longtemps; elles indiquent l’arrangement pittoresque du grand comble des bâtiments du côté du sud, orné de deux rangées de lucarnes richement couronnées d’ornements en plomb martelé.
Pendant le XVᵉ siècle et le suivant, les grandes salles d’hospices n’étaient plus voûtées en pierre. En France et dans les Flandres, ces grands vaisseaux étaient couverts par des charpentes apparentes, lambrissées en plein ceintre ou en arc brisé, ayant une grande analogie avec Tonnerre ou Beaune.
On donnait le nom de maladrerie aux petits hospices élevés en grand nombre en France, dans le voisinage des abbayes ou de leurs prieurés, qui étaient souvent éloignés des villes et des grands centres religieux.
La maladrerie du Tortoir, fondée au XIVᵉ siècle, non loin de Laon, sur la route de la Fère, est un exemple de ces hospices ruraux et elle rappelle par son plan et les détails de sa construction l’hôpital de Tonnerre, et particulièrement par ses ingénieux arrangements intérieurs.
Les architectes du moyen âge montraient, dans l’établissement de ces institutions charitables, l’esprit ingénieux qui les distinguait dans la construction des monuments religieux. C’est un singulier préjugé, nous dit Viollet-le-Duc, de vouloir que ces architectes eussent été si subtils, lorsqu’ils élevaient des églises, et si grossiers, quand ils bâtissaient des édifices civils. Ce n’est pas leur faute si l’on a détruit depuis le XVIᵉ siècle la plupart de ces établissements si bien disposés, pour les remplacer par des hôpitaux dans lesquels on cherche à concentrer le plus grand nombre possible de malades. Louis XIV a gratifié les hôpitaux, élevés sous son règne, des biens provenant des bénéfices affectés aux maladreries et aux léproseries, qui n’avaient plus de raison d’être, puisque de son temps il n’y avait plus de lépreux; mais les hôpitaux qu’il a bâtis ne sont pas des modèles à suivre comme salubrité et hygiène, tandis que les hospices construits au moyen âge ont un aspect simple et monumental, et les malades y ont de l’espace, de l’air et de la lumière. Aussi, sans prétendre que le système cellulaire, appliqué fréquemment dans les hôpitaux établis du XIIᵉ au XVᵉ siècle, soit préférable au système de la salle commune adopté de nos jours, est-il permis de dire qu’il présentait de grands avantages au point de vue moral. Il faut constater, ajoute le savant architecte, qu’il émanait d’un sentiment délicat de charité très noble chez les nombreux fondateurs et constructeurs de nos Maisons-Dieu du moyen âge.
Maisons et hôtels.—L’histoire de l’habitation
humaine nécessiterait un ouvrage spécial en raison de l’intérêt qui s’attache à un semblable sujet. Il a été fait d’ailleurs, et fort bien fait par un architecte célèbre[85].
Sans remonter aux temps préhistoriques ni aux Mérovingiens, ni parler des maisons rurales, des masures, qui présentent cependant un vaste sujet d’études par leur expression, variable selon les pays, nous devons borner nos études rapides à la période architectonique qui va du milieu du XIIᵉ siècle à la fin du XVᵉ, selon le cadre qui nous est assigné sous la dénomination arbitraire d’Architecture gothique.
Il n’est rien resté des habitations construites avant le XIIᵉ siècle, sinon le souvenir transmis par des textes, des manuscrits ou des bas-reliefs, en des termes concis ou sous des formes vagues; cependant on peut croire que les maisons étaient alors bâties en bois, ce qui se comprend en raison des forêts qui couvraient notre sol. La plus grande partie des monuments étaient en bois, ce qui explique que la plupart des églises construites vers le XIIᵉ siècle étaient élevées sur l’emplacement d’autres édifices détruits par le feu.
Les maisons romaines, gallo-romaines ou mérovingiennes étaient disposées suivant les habitudes du temps; elles étaient éclairées par des jours s’ouvrant
Fig. 209 et 210.—Maisons à Vitteaux (Côte-d’Or) et à Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne) (XIIIᵉ siècle).
sur des cours intérieures, selon les usages antiques qui séparaient l’appartement des femmes des autres parties de l’habitation.
Mais dès la fin du XIIᵉ siècle, la maison urbaine est faite pour la famille vivant en commun. La maison ouvre ses portes et ses fenêtres sur la rue; elle se compose généralement d’une salle ou boutique, consacrée à l’exercice de divers métiers ou à la vente de différents produits fabriqués, éclairée par une large arcade en plein cintre ou en arc brisé, et élevée de quelques marches au-dessus du sol de la rue ou même de plain-pied avec celle-ci; en arrière, une autre pièce, éclairée par
des fenêtres ouvrant sur une cour, servait de cuisine et de salle à manger. A gauche de l’arcade, sur la façade,
s’ouvrait une petite porte donnant accès à l’escalier desservant le premier étage, où se trouvait la grande
chambre qui servait de salle de réception et, à côté, une autre chambre éclairée sur la cour; au-dessus se trouvaient les logements du personnel de la maison.
L’architecture des maisons varie selon le climat, les matériaux du pays et les usages des habitants. Quand il ne s’agit que d’ouvrir des jours, portes et fenêtres dans les façades pour éclairer l’habitation, les maisons n’ont pas de caractère particulier; mais dès que ces jours prennent une certaine richesse et que des moulures ou des sculptures décorent quelques parties de la façade, les ornements sont empruntés aux édifices voisins: églises ou abbayes construites par les moines-architectes, soit par suite de l’influence des écoles monastiques, esprit d’imitation ou la force de l’habitude.
Les maisons de Cluny, qui remontent au XIIᵉ siècle, nous fournissent plusieurs exemples; celles qui existent encore sont bâties presque entièrement en pierre. Les arcatures des ouvertures rappellent certains détails de l’église abbatiale ou des bâtiments claustraux que les constructeurs ont tout naturellement imités.
Il en est de même pour les autres maisons dont nous donnons les dessins exprimant les caractères des constructions urbaines des XIIIᵉ et XVᵉ siècles. On peut suivre par l’étude des habitations privées les effets consécutifs des transformations qui s’étaient faites dans l’architecture religieuse et monastique et qui s’étaient manifestées dans les édifices élevés au même temps.
Ce n’est que vers la fin du XIVᵉ siècle et particulièrement pendant le siècle suivant que cette influence s’efface et le changement, sinon le progrès, s’accuse par la forme des ouvertures qui ne ressemblent plus aux arcatures des cloîtres ou des églises, mais qui deviennent surbaissées, en anse de panier ou carrées et qui, dans les fenêtres, ne sont plus divisées par des
réseaux de pierre, ornés d’arcs brisés et d’accolades, mais simplement par des meneaux et des traverses
formant des subdivisions carrées qu’il était possible de
clore par des châssis vitrés mobiles dont la manœuvre était des plus faciles.
Les façades sont généralement construites en pierre ou en brique, c’est-à-dire en matériaux résistants, le bois n’étant plus en usage que pour les planchers et la charpente des combles.
Au XVᵉ siècle, dans les provinces du Nord où la pierre est rare, celle-ci n’était employée que dans la partie basse, les étages établis en encorbellement étaient composés de charpente dont les vides étaient maçonnés en briques; les membrures principales: les poutres encorbellées, les poteaux, les saillies, les cadres des fenêtres étaient ornés de moulures et de sculptures; ces étages étaient, le plus souvent, couronnés d’un pignon accusant la forme par un arc brisé en saillie, de la charpente du comble ou bien par des lucarnes en bois richement décorées.
Dans les climats pluvieux, la charpente était recouverte d’ardoises ou de bardeaux, en bois fendu en lames, afin de la préserver de l’humidité.
Suivant un usage adopté dans le Nord, chaque maison était séparée, à son sommet, quand elle ne l’était pas par une ruelle étroite ou par un espace vide, non seulement pour satisfaire la vanité du bourgeois qui voulait avoir pignon sur rue et le faire voir, mais surtout pour éviter la propagation des incendies si fréquents dans les cités dont les maisons étaient presque toutes bâties en bois, et dont les conséquences étaient désastreuses, alors qu’il n’existait que des moyens rudimentaires pour combattre le fléau.
Pendant le XVᵉ siècle et surtout pendant le siècle suivant, on éleva de grandes habitations, des maisons nobles qui n’existaient guère avant ce temps, les seigneurs habitant leurs châteaux forteresses. Ces grandes maisons seigneuriales diffèrent essentiellement des habitations du bourgeois; l’hôtel occupait un espace assez étendu, comprenant des cours et souvent des jardins,
la maison du bourgeois ou du marchand donnait directement sur la rue, tandis que les bâtiments de l’hôtel étaient disposés dans une cour intérieure, souvent très richement décorée et que des communs, écuries, remises et logement des gens bordaient la rue sur laquelle s’ouvrait la porte principale donnant accès à la cour et aux bâtiments intérieurs.
A Paris, au XIVᵉ siècle et surtout au XVᵉ, il existait des hôtels dont les noms au moins ont été conservés: des Tournelles, de Saint-Pol, de Sens, de Nevers, de la Trémoille, détruit en 1840. L’hôtel de Cluny, construit vers 1485, est un des plus curieux exemples de cette disposition, et il est d’autant plus intéressant qu’il a été conservé presque tout entier.
A Bourges, il existe encore plusieurs grandes maisons
du même temps, entre autres, l’hôtel Lallemand, construit vers la fin du XVᵉ siècle, dont la cour intérieure présente un grand intérêt, et principalement l’hôtel ou plutôt le château de Jacques Cœur.
Élevé dans la seconde moitié du XVᵉ siècle, en partie sur les remparts de la ville, ce superbe édifice est trop connu pour que nous en donnions des images et une nouvelle description de l’entrée et de la cour intérieure; mais la façade sur la place Berry, pour être moins somptueusement décorée, n’en est pas moins intéressante. Elle montre les deux grosses tours de l’enceinte fortifiée, assises sur leurs soubassements gallo-romains, les corps de logis de l’immense hôtel rappelant encore le château féodal, qui témoignent en même temps de la richesse et de la puissance de l’argentier de Charles VII, aussi célèbre par sa haute fortune que par ses malheurs immérités.
CHAPITRE II
MAISONS COMMUNES, BEFFROIS, PALAIS.
L’évolution sociale qui produisit l’affranchissement des communes commença dès le XIᵉ siècle, mais la manifestation de ce grand événement politique ne se produisit que beaucoup plus tard.
Jusqu’au XIVᵉ siècle, les communes eurent à souffrir des vicissitudes sans nombre pour exercer les droits que leur donnaient les chartes consenties par les suzerains, non sans difficultés et résistances, toutes naturelles d’ailleurs, puisque ces droits qu’ils avaient octroyés étaient une atteinte portée à leur despotique autorité seigneuriale. Aussi dès qu’ils pouvaient reprendre ce qu’ils avaient donné et abolir la commune, ils exigeaient d’abord la démolition de la maison de ville et du beffroi. Ce qui explique qu’il ne soit resté que de très rares vestiges des maisons communes antérieures au XIVᵉ siècle.
Maisons communes.—Quelques grandes cités du Midi avaient élevé des maisons communes: à Bordeaux, dès le XIIᵉ siècle et suivant les traditions romaines; à Toulouse, vers la même époque, où la maison de ville était une véritable forteresse.
Mais la plupart des communes naissantes étaient dans une grande misère; les charges et les redevances qui leur étaient imposées étaient si lourdes qu’il leur était impossible de songer à bâtir la maison commune.
Au XIVᵉ siècle, la commune de Paris même n’avait qu’une maison de ville des plus modestes, car c’est seulement en 1357 que le receveur des gabelles vendit à Étienne Marcel, prévôt des marchands, un petit logis consistant en deux pignons et qui tenaient à plusieurs maisons bourgeoises. Ce qui prouverait que, jusqu’à cette époque, la maison communale n’avait rien qui la distinguât des autres habitations.
A la fin du même siècle, Caen possédait une maison commune qui avait quatre étages de hauteur.
Pendant le XIIIᵉ siècle, la monarchie, la noblesse et le clergé, l’expression des pouvoirs en ce temps, avaient créé des villes et des communes nouvelles.
Dans le Nord: Villeneuve-le-Roi, Villeneuve-le-Comte et Villeneuve-l’Archevêque durent leur existence matérielle et communale à la manifestation de la puissance de ces divers pouvoirs.
Dans le Midi, la guerre des Albigeois avait ravagé, ruiné et même détruit plusieurs cités. Ces mêmes pouvoirs publics reconnurent la nécessité de repeupler ces pays décimés par une guerre cruelle. Les seigneurs
féodaux, laïques et religieux attirèrent dans des centres les populations dispersées en leur concédant des terres pour former des villes nouvelles et ils les fixèrent par l’apparence de la liberté qu’ils leur donnaient en leur octroyant des franchises communales.
D’après de Caumont et Anthyme Saint-Paul, les villes neuves ou bastides sont reconnaissables à leurs noms, à la régularité de leur plan ou à ces caractères réunis.
Quelques noms marquaient soit une dépendance ou une origine royale plus particulière, comme Réalville ou Montréal, soit des privilèges octroyés à la ville, comme Bonneville, la Sauvetat, Sauveterre, Villefranche, ou simplement la Bastide ou Villeneuve.
Enfin un certain nombre portent les noms de provinces et de villes françaises, ou même étrangères, cités par Ant. Saint-Paul dans l’Annuaire de l’archéologie française: Barcelone ou Barcelonnette, Beauvais, Boulogne, Bruges, Cadix, Cordes (pour Cordoue), Fleurance (pour Florence), Bretagne, Cologne, Valence, Miélan (pour Milan), la Française et Francescas, Grenade, Libourne (pour Livourne), Modène, Pampelonne (pour Pampelune), etc.
Une ville neuve ou bastide a généralement la forme d’un rectangle dont deux des côtés mesurent environ deux cent vingt-cinq mètres et les deux autres cent soixante-quinze, comme Sauveterre d’Aveyron, par exemple. Au milieu est ménagée une place à laquelle quatre rues aboutissent, partageant la ville en quatre parties. Cette place est entourée de galeries, en plein cintre ou en arc brisé, qui sont couvertes par une charpente, ou des voûtes, ou des arcades transversales, d’où est venu le nom de place des Couverts, encore usité dans certaines villes du Midi.
Au centre de la place se trouvait la maison commune dont le rez-de-chaussée servait de halle publique. La
bastide de Montréjeau a conservé cette disposition et on peut citer pour leur régularité les villes de Montpazier, avec ses rues couvertes par de grandes arcades en arc brisé; puis, Eymet, Domme et Beaumont, Libourne, Sainte-Foy et Sauveterre de Guyenne, Damazan et Montflanquin, Rabastens, Mirande, Grenade, l’Isle d’Albi et Réalmont, etc. Plusieurs bastides ont été fondées en Guyenne par les Anglais. Enfin la ville basse de Carcassonne, fondée en 1247, et Aigues-Mortes, en
1248, sont également des villes neuves ou des bastides[86].
«L’ère des bastides méridionales, ouverte en 1222 par la fondation de Cordes-Albigeois, fut close en 1344 par une protestation des Capitouls de Toulouse, sur laquelle le roi interdit désormais toute création nouvelle. Il existe encore en Guyenne, en Gascogne, en Languedoc et dans les pays circonvoisins, au moins deux cents bastides dont plusieurs, n’ayant pas prospéré, sont restées de petits villages; sur certains points elles étaient trop rapprochées les unes des autres pour ne pas se porter un préjudice mutuel[87].»
L’architecture civile était arrivée au XVᵉ siècle à une prospérité si grande que, par un effet de réaction qu’il est intéressant de noter, tout au moins, elle apporta des modifications à l’architecture religieuse, d’où elle était sortie, en lui transmettant certaines formes comme l’arc en accolade ou en anse de panier, adoptées dès la fin du XVᵉ siècle et pendant le siècle suivant qui fut, du reste, l’apogée de l’architecture civile.
Les communes du Midi conservèrent leurs franchises jusqu’au XVIᵉ siècle, l’époque néfaste des guerres de religion qui causèrent la destruction d’un grand nombre d’édifices de toute nature.
La maison commune de Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne) est peut-être la seule qui fut épargnée et elle nous est restée comme un exemple, à peu près intact, sauf le sommet du beffroi, des dispositions prises par les architectes au XIIIᵉ siècle, date probable de cet édifice municipal (fig. 200).
La petite ville de Saint-Antonin, qui avait obtenu sa charte communale dès 1136, eut beaucoup à souffrir de sa fidélité au comte de Toulouse, Raymond VI, et,
pendant la guerre contre les Albigeois, elle fut prise deux fois par Simon de Montfort, puis vendue par son fils Gui de Montfort à saint Louis en 1226. C’est sans doute à cette époque que fut élevé l’édifice qui subsiste et porte le caractère particulier de la maison commune: le beffroi, c’est-à-dire la manifestation monumentale de l’autorité et de la juridiction communale.
L’édifice se compose d’un simple bâtiment de forme rectangulaire à trois étages, dominés par le beffroi carré; le rez-de-chaussée est une halle communiquant avec un marché adjacent et la rue, étroite, qui passe sous le beffroi; au premier étage se trouve la salle communale et une petite salle dans la tour; le deuxième étage est semblable au premier.
On sait quelle fut la force d’expansion de l’art français dès la fin du XIIᵉ siècle et nous en avons étudié les effets dans l’architecture religieuse; l’influence française paraît s’être exercée également par l’architecture civile, car nous voyons des édifices municipaux, élevés vers la fin du XIVᵉ siècle en Italie,—à Pienza et autres villes,—qui présentent une analogie, une ressemblance même avec celui de Saint-Antonin construit vers le milieu du XIIIᵉ siècle.
Les maisons communes du Nord, en Allemagne et en Belgique, semblent avoir été bâties sur un plan à peu près uniforme; un beffroi s’élevait au centre de la façade qui accuse de grandes salles, à droite et à gauche au premier étage, et dont l’étage inférieur était une halle pour la vente de diverses marchandises.
La maison commune d’Ypres, en Belgique,—dite la halle aux draps depuis la construction au XVIIᵉ siècle du nouvel hôtel de ville,—qui existe encore, est un des plus beaux exemples de cette disposition.
Elle fut commencée en 1202 et terminée en 1304. La façade, qui mesure 140 mètres de longueur, est percée de fenêtres en arc brisé. Chaque extrémité est marquée par une élégante tourelle et le centre est magnifiquement accusé par un immense beffroi carré, qui est la partie la plus ancienne de l’édifice dont la première pierre a été posée en 1200 par Baudouin IX, comte de Flandre.
A Bruges, le beffroi, ou tour des halles, commencé à la fin du XIIIᵉ siècle et terminé un siècle plus tard, est également un exemple intéressant des maisons communes des villes de ce temps.
L’édifice contient les halles, les salles communales, et l’ensemble des bâtiments municipaux est dominé par un beffroi qui atteint une hauteur de 105 mètres.
L’hôtel de ville de Bruges, remplaçant la première maison commune, fut élevé sur la place du Bourg, de 1376 à 1387 et dans un caractère architectural tout différent, car son aspect, très élégant par ses détails, le fait ressembler plutôt à une chapelle somptueusement décorée qu’à un édifice municipal.
Enfin, comme spécimen des hôtels de ville élevés en Belgique aux XIVᵉ et XVᵉ siècles, il faut citer celui de Louvain. Il rappelle Bruges par son architecture couverte d’ornements et surtout par sa disposition générale qui donne l’impression d’un monument religieux.
Il fut construit de 1448 à 1463 par Mathieu de Layens, maître maçon de la ville et de sa banlieue. L’édifice, avec ses trois étages, est de forme rectangulaire dont les pignons, percés de trois étages de fenêtres en arc brisé, sont d’une extrême richesse de moulures, de statues et d’ornements sculptés. Il est couvert par un comble très aigu, décoré de plusieurs étages de lucarnes; les
pignons sont couronnés par trois élégantes tourelles ajourées et surmontées de délicates pyramides. Les façades latérales sont ornées de trois étages de statues et de sculptures allégoriques, couvrant toute la surface avec une véritable profusion; aussi ces dentelles de pierre, trop délicates, ont subi les atteintes un peu rudes du climat et elles ont dû être refaites en partie vers 1840.
Beffrois.—Dès les premiers temps de l’affranchissement des communes, le signal des réunions était donné par les cloches, qui n’existaient alors que dans les tours des églises et qui ne pouvaient être sonnées qu’avec l’autorisation du clergé. On conçoit que le nouvel état de choses occasionna des conflits sans cesse renaissants, le clergé régulier n’étant pas disposé à favoriser ce mouvement—séparatiste—qui était une atteinte portée à ses droits féodaux. Afin d’éviter ces luttes incessantes les bourgeois établirent des cloches au-dessus des portes des villes; puis vers la fin du XIIᵉ siècle et dès le commencement du XIIIᵉ, ils élevèrent des tours destinées à contenir les cloches de la ville.
C’est l’origine du beffroi, expression visible des franchises communales. Il faisait corps avec la maison commune, mais il était aussi souvent un édifice isolé.
Le beffroi isolé était une grosse tour carrée, à plusieurs étages et couronnée par un comble en charpente, recouvert d’ardoises ou de plomb; l’un des étages renfermait les cloches et au sommet se trouvaient les clochettes du carillon.
A l’étage supérieur un logement, ouvert sur le pourtour d’une galerie, était ménagé pour le guetteur qui avertissait les habitants de tous les dangers ou événements
extérieurs et signalait les incendies. Les cloches du beffroi sonnaient le lever du soleil et le couvre-feu.
Le carillon indiquait les heures et leurs divisions, et il mêlait, aux jours de fête, les notes joyeuses de ses clochettes à la voix profonde et solennelle de la grosse cloche.
L’usage de sonner la grosse cloche pour signaler les incendies est encore suivi dans un grand nombre de villes du Nord, dont la plupart ont conservé leurs beffrois malgré les modifications qu’ils ont subies à différentes époques.
La tour du beffroi contenait ordinairement une prison, une salle de réunion pour les échevins, des dépôts d’archives, des magasins d’armes; elle fut longtemps l’unique maison commune.
En Belgique, les beffrois isolés—celui de Tournai, fondé en 1187, reconstruit en partie à la fin du XIVᵉ siècle; celui de Gand, qui date de la fin du XIIᵉ siècle pour la tour carrée surmontée d’une flèche moderne—nous donnent des exemples de ces premiers édifices municipaux.
En France, il existe encore quelques édifices de ce genre particulier.
Le beffroi de Calais, dont la tour carrée, construite pendant les XIVᵉ et XVᵉ siècles, est couronnée par une flèche octogone commencée à la fin du XVᵉ siècle et ne fut terminée que pendant les premières années du XVIIᵉ siècle.
Le beffroi de Béthune, qui remonte au XIVᵉ siècle, se compose d’une tour carrée cantonnée d’échauguettes hexagones encorbellées sur trois de ses angles; le quatrième est de même forme, mais il monte de fond et renferme l’escalier à vis qui dessert les divers étages de la tour et aboutit à une plate-forme crénelée; au-dessus s’élève une élégante pyramide couronnée par la tourelle
du guetteur, dont les détails, aussi bien que la forme, ont dû inspirer l’architecte de Louvain pour la forme
des tourelles qui couronnent les pignons de l’hôtel de ville. Dans l’étage supérieur se trouvent les grosses
cloches et, dans le campanile au-dessus, sont disposées les clochettes du carillon. Au sommet de la tour et sur
chaque face, un grand cadran marque les heures suivant l’usage établi depuis le XIVᵉ siècle, après l’application courante des grandes horloges.
Les villes d’Auxerre, de Beaune, d’Amiens, d’Évreux, d’Avignon ont conservé leurs beffrois.
A Amiens, le beffroi, élevé au XIIIᵉ siècle, a été surmonté,
au siècle dernier, d’un dôme carré; mais il a conservé, dit-on, sa grosse cloche du XIVᵉ siècle.
Le beffroi d’Évreux existe encore tout entier à peu près tel qu’il a été construit au XVᵉ siècle. Celui d’Avignon, de la fin du XVᵉ siècle, a été fort heureusement conservé lors de la reconstruction de l’hôtel de ville moderne.
A Bordeaux, la porte de l’hôtel de ville, dite la grosse cloche, nous montre un exemple de la tradition ancienne, suivant laquelle on établissait un beffroi au-dessus des portes de ville. Le beffroi de Bordeaux, qui paraît être de la fin du XVᵉ siècle, est particulièrement remarquable; il est formé de deux tours, reliées par une courtine dans laquelle s’ouvre un passage couvert par des arcs; un autre arc au-dessus abrite la grosse cloche, et l’ouvrage est couronné par un comble central accosté des deux combles coniques des tours latérales.
Les halles, les entrepôts et les Bourses étaient souvent des dépendances des maisons communes et, s’il reste encore quelques exemples de ces établissements: halles et entrepôts, les Bourses ou salles de réunion destinées aux marchands sont plus rares. Nous pouvons cependant signaler, à Perpignan, une maison dite la Loge, construite en 1396 pour servir de Bourse au commerce des draps de la Catalogne française et du Roussillon, et qui est remarquable par les détails de sa construction et de sa décoration, qui rappellent les caractères de l’architecture espagnole du XIVᵉ siècle.
Palais.—Au moyen âge, on désignait sous ce nom la demeure du suzerain, et la partie capitale de son palais était la basilique, c’est-à-dire la grande salle où se rendait la justice.
Les seigneurs suivirent l’exemple du roi en construisant des palais dans la capitale de leurs seigneuries, comme celles de Dijon, de Troyes et de Poitiers principalement.
Les résidences urbaines des archevêques et des évêques prenaient également le nom de palais.
Les cours, les parlements et les tribunaux de l’officialité se tenaient dans le palais du suzerain ou dans celui de l’évêque, et certains bâtiments étaient publics. Une grande salle, la grand’salle, était la partie la plus importante de ces palais; elle occupait un vaste espace
couvert dans lequel se tenaient les cours plénières, les assemblées des vassaux et se donnaient les banquets. Elle était desservie par des galeries ou promenoirs, et une chapelle était toujours comprise dans le plan du palais. Celui-ci se composait du logis du seigneur et de ses gens, avec les dépendances souvent très étendues; puis des bâtiments pour les archives, des magasins, des prisons et toute espèce de constructions accessoires divisées par des cours et souvent même par des jardins.
A Paris, le palais proprement dit, élevé dans l’île
de la Cité, comprenait des bâtiments construits depuis saint Louis jusqu’à Philippe le Bel et, à partir de l’époque de Charles V, il fut affecté spécialement au service de la justice.
Il paraît ne rester actuellement des constructions de saint Louis que la Sainte-Chapelle, les deux grosses tours et la courtine qui les relie, sur le quai de l’Horloge, ainsi que la tour carrée à l’angle du quai.
Parmi les palais des seigneurs on peut citer celui de Troyes, construit par les comtes de Champagne, et qu’ils habitèrent jusqu’au XIIIᵉ siècle, époque à laquelle ils établirent à Provins leur demeure seigneuriale; le palais des comtes de Poitiers, à Poitiers, était un des plus remarquables; il fut brûlé par les Anglais, en 1346, puis réparé ou rebâti à la fin du XIVᵉ siècle par le frère du roi Charles V, le duc Jean de Berry, qui fit
élever, entre autres ouvrages, la curieuse cheminée de la grande salle, qui sert aujourd’hui de promenoir, ou de salle des pas perdus, au Palais de Justice.
Les palais des évêques ont un caractère différent. Ils étaient le plus souvent à côté des cathédrales avec lesquelles ils communiquaient et ils s’élevaient au nord ou au sud, selon les dispositions locales. Le signe caractéristique du pouvoir épiscopal qui était tout à la fois religieux et civil, tout au moins dans les premiers siècles du moyen âge, c’est la grande salle qui devint plus tard l’officialité et la salle synodale. L’évêché de Paris, reconstruit vers 1160, par Maurice de Sully, conservait ce caractère particulier qui est encore plus accusé à Sens, par une salle magnifique dépendant de l’évêché et dite salle synodale.
Les habitations des chanoines étaient placées également
près des cathédrales, mais du côté opposé au palais épiscopal; elles étaient entourées d’une enceinte fermée le soir. Les chanoines étaient destinés à aider l’évêque pour desservir la cathédrale, et ils vivaient en commun dans les dépendances de la cathédrale avec laquelle elles étaient reliées par des galeries et un cloître[88].
Les palais épiscopaux étaient souvent remarquables par les recherches de leur construction; ceux de Beauvais, d’Angers, de Bayeux, d’Auxerre, ont conservé des vestiges de leurs bâtiments primitifs.
L’ancien palais épiscopal de Laon[89] montre les progrès réalisés par les architectes du XIIIᵉ siècle, qui faisaient quelquefois du palais même une seconde ligne de défense se rattachant, comme à Laon, aux remparts de la cité.
Cette disposition existait également à Narbonne. Rebâti à la fin du XIIIᵉ siècle et pendant le siècle suivant, l’évêché était alors une place forte, témoignant de la puissance de ses évêques par l’importance de leur palais, qui était, après celui d’Avignon, une des plus grandes résidences épiscopales.
Du reste, à partir de cette époque, la demeure des évêques prend des proportions considérables, en rapport avec les immenses cathédrales qui s’achevaient ou s’élevaient en ce temps; le palais épiscopal s’agrandissait dans ses bâtiments principaux et dans ses dépendances selon la puissance temporelle et la richesse de l’évêché; on peut en avoir une idée par la chapelle particulière de l’archevêché de Reims, élevée vers le milieu du XIIIᵉ siècle.
L’archevêché d’Albi présente cette particularité qu’il ressemble à un château féodal, avec ses bâtiments dominés par un donjon, et défendu par des murs, des tours qui se relient aux remparts de la cité et à la grande forteresse, c’est-à-dire la cathédrale, commandée elle-même par un clocher qui est plutôt un formidable donjon[90].
Ces dispositions défensives, transformant l’église et la demeure de l’évêque en forteresse, s’expliquent par les guerres dont ce pays avait été le théâtre et dont
Albi avait, plus que toute autre ville, subi les terribles conséquences.
Le palais des papes, à Avignon[91], commencé au XIVᵉ siècle par le pape Benoît XII, est, avec le palais des évêques à Narbonne, un des plus beaux exemples des évêchés-forteresses du moyen âge.
Au commencement du XIVᵉ siècle, les papes, ayant fait d’Avignon leur nouvelle résidence, élevèrent une vaste habitation sur le rocher des Doms, dominant le Rhône. Benoît XII détruisit le palais de son prédécesseur et il commença en 1336, sur les plans de l’architecte français Pierre Obrier, l’immense palais-forteresse qui existe encore aujourd’hui. Continué par les successeurs de Benoît XII, les papes Clément VI, Innocent VI, Urbain V qui fit creuser le puits de la cour principale, et Grégoire XI, le palais des papes était achevé, ou du moins en état de défense lorsque Pierre de Luna, élu pape sous le nom de Benoît XIII, y soutint en 1398 un siège mémorable.
Cet immense édifice, dont les constructions grandioses couvrent un espace considérable, fut élevé en moins de soixante ans et cet ensemble formidable fut complété, dans le même temps, par l’enceinte fortifiée de la ville, qui se développe sur une étendue de près de cinq kilomètres.
Le palais des papes à Avignon, par la conception d’ensemble, la science architectonique qui a présidé à sa construction, aussi bien que par le goût de sa décoration, est supérieur à tous les édifices élevés en Allemagne et en Italie, soumises alors à l’influence française.
Cet admirable monument est une œuvre entièrement et absolument française, réunissant comme à souhait tous les caractères: religieux, monastique, militaire et civil de l’architecture dite gothique, mais qui mérite, à juste titre, la dénomination que nous aurions voulu lui donner: l’Architecture nationale au moyen âge.
C’est à bon droit qu’il faudrait enfin lui rendre justice, car les immenses églises, les superbes cathédrales, les formidables châteaux et les palais forteresses, tous les chefs-d’œuvre de l’art qui sont l’honneur de nos musées, toutes les manifestations de l’art, enfin, qui sont et resteront, non des motifs d’imitation, mais d’admirables sujets d’études, ont été créés par des architectes français.
Ce sont nos ancêtres architectes, religieux ou laïques, qui ont donné à l’art national, c’est-à-dire l’architecture, cette force d’expansion qui répandit partout son action civilisatrice pendant le moyen âge. Ce sont les architectes français qui ont propagé dans tous les pays, surtout en Allemagne et en Italie, les méthodes monumentales et les enseignements de l’art sous toutes ses formes. Ce sont nos constructeurs et nos artistes qui ont établi dans toute l’Europe occidentale, et jusqu’en Orient, la suprématie de l’art français. Et si une évolution qui s’est produite au XVIᵉ siècle a exercé sur nous une influence éphémère, il ne faut pas oublier que ce mouvement, novateur en apparence, avait été préparé par les artistes français qui ont porté, haut et loin, la gloire et la renommée de notre cher pays.
TABLE DES GRAVURES
| Pages. | ||||
| Figure | 1. | — | Plan d’une des coupoles de Saint-Front, à Périgueux | 19 |
| — | 2. | — | Pendentif d’une des coupoles de Saint-Front, à Périgueux | 20 |
| — | 3. | — | Coupe d’un pendentif sur la diagonale | 21 |
| — | 4. | — | Plan d’une des coupoles d’Angoulême ou de Fontevrault | 22 |
| — | 5. | — | Coupe d’une travée des coupoles d’Angoulême | 22 |
| — | 6. | — | Coupe d’une travée de l’église de Saint-Avit-Senieur | 23 |
| — | 7. | — | Plan d’une voûte sur arcs ogifs ou croisée d’ogives | 24 |
| — | 8. | — | Coupe d’un arc ogif ou croisée d’ogives | 25 |
| — | 9. | — | Plan d’une travée de la nef à Saint-Maurice d’Angers | 26 |
| — | 10. | — | Coupe transversale de la nef, à Saint-Maurice d’Angers | 27 |
| — | 11. | — | Plan d’une travée de la nef.—Sainte-Trinité, à Laval | 28 |
| — | 12. | — | Coupe de deux travées de la nef.—Sainte-Trinité, à Laval | 29 |
| — | 13 et 14. | — | Coupes comparées des églises d’Angoulême et d’Angers | 30 |
| — | 15. | — | Vue perspective des voûtes de la nef.—Saint-Maurice, à Angers | 31 |
| — | 16. | — | Plan du sommier des voûtes de la nef.—Sainte-Trinité, à Laval | 32 |
| — | 17. | — | Plan d’un des piliers de la nef.—Sainte-Trinité, à Laval | 32 |
| — | 18. | — | Plan de la nef de l’église de Saint-Maurice, à Angers | 34 |
| — | 19. | — | Plan de l’église de la Sainte-Trinité, à Angers | 35 |
| — | 20. | — | Coupe d’une travée de la Sainte-Trinité, à Angers | 36 |
| — | 21. | — | Coupe transversale de la Sainte-Trinité, à Angers | 37 |
| — | 22. | — | Coupe d’une église à nef unique voûtée sur croisée d’ogives et maintenue par des contreforts | 38 |
| — | 23. | — | Coupe d’une église à trois nefs voûtée sur croisée d’ogives et maintenue par des arcs-boutants | 39 |
| — | 24. | — | Église de Durham (Angleterre).—Coupe | 43 |
| — | 25. | — | Église de Noyon.—Plan | 44 |
| — | 26. | — | Église de Noyon.—Coupe transversale | 45 |
| — | 27. | — | Église de Tournai (Belgique).—Transsept nord extérieur | 46 |
| — | 28. | — | Église de Moissac.—Voûte de la salle au-dessus du porche | 47 |
| — | 29. | — | Église de Tournai (Belgique).—Transsept nord extérieur | 47 |
| — | 30. | — | Cathédrale de Soissons.—Transsept sud.—Coupe de l’arc-boutant | 48 |
| — | 31. | — | Cathédrale de Soissons.—Vue perspective du transsept sud | 49 |
| — | 32. | — | Église de Laon.—Plan | 51 |
| — | 33. | — | — — Vue intérieure de la nef | 53 |
| — | 34. | — | — — Façade principale | 54 |
| — | 35. | — | — — Façade de l’abside | 55 |
| — | 36. | — | — — Coupe sur la nef | 56 |
| — | 37. | — | Notre-Dame de Paris.—Plan | 57 |
| — | 38. | — | — — Coupe sur la nef | 58 |
| — | 39. | — | — — Arcs-boutants et tour sud | 59 |
| — | 40. | — | Cathédrale de Sens.—Plan d’une travée | 60 |
| — | 41. | — | — — Coupe sur la nef | 61 |
| — | 42. | — | — — Vue intérieure | 62 |
| — | 43. | — | Cathédrale de Bourges.—Coupe sur la nef | 63 |
| — | 44. | — | Cathédrale de Reims.—Plan | 65 |
| — | 45. | — | — — Coupe sur la nef | 67 |
| — | 46. | — | — — Arcs-boutants de l’abside | 68 |
| — | 47. | — | Cathédrale d’Amiens.—Plan | 69 |
| — | 48. | — | — — Coupe sur la nef | 70 |
| — | 49. | — | Cathédrale de Beauvais.—Abside | 71 |
| — | 50. | — | — — Façade nord | 72 |
| — | 51. | — | — — Coupe transversale | 73 |
| — | 52. | — | Cathédrale de Chartres.—Rose du transsept nord | 74 |
| — | 53. | — | Cathédrale du Mans.—Plan | 75 |
| — | 54. | — | — — Arcs-boutants de l’abside | 76 |
| — | 55. | — | — — Coupe sur le chœur | 77 |
| — | 56. | — | Cathédrale de Coutances.—Tour nord du portail | 78 |
| — | 57. | — | Cathédrale de Rodez.—Façade ouest | 81 |
| — | 58. | — | Cathédrale de Bordeaux.—Chœur et portail nord | 82 |
| — | 59. | — | Cathédrale de Lichfield (Angleterre).—Façade occidentale | 83 |
| — | 60. | — | Cathédrale de Lincoln (Angleterre).—Plan | 85 |
| — | 61. | — | — — — Façade occidentale | 86 |
| — | 62. | — | Cathédrale de Lincoln (Angleterre).—Transsept | 87 |
| — | 63. | — | — — — Abside et salle capitulaire | 89 |
| — | 64. | — | Cathédrale de Bruxelles (Belgique).—Façade de Sainte-Gudule | 91 |
| — | 65. | — | Cathédrale de Cologne (Allemagne).—Façade latérale sud | 93 |
| — | 66. | — | Cathédrale de Burgos (Espagne).—Façade occidentale | 95 |
| — | 67. | — | Cathédrale du dôme de Sienne (Italie).—Façade | 96 |
| — | 68. | — | Église de Saint-François, à Assise (Italie).—Abside et cloître | 97 |
| — | 69. | — | Église de Saint-Ouen, à Rouen.—Tour abside et façade sud | 99 |
| — | 70. | — | Cathédrale d’Albi.—Plan | 101 |
| — | 71. | — | — — Coupe sur la nef | 104 |
| — | 72. | — | — — Abside | 105 |
| — | 73. | — | — — Clocher-donjon et face sud | 107 |
| — | 74. | — | Église d’Esnandes.—Église fortifiée | 109 |
| — | 75. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Arcs-boutants du chœur | 110 |
| — | 76. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Plan du chœur | 111 |
| — | 77. | — | — — Détails de l’abside | 113 |
| — | 78. | — | Cathédrale d’Alençon.—Façade | 114 |
| — | 79. | — | Cathédrale de Sainte-Sophie.—Ile de Chypre | 115 |
| — | 80. | — | Cathédrale de Saint-Nicolas. — | 117 |
| — | 81. | — | — — — | 118 |
| — | 82. | — | Église de Sainte-Sophie. — | 119 |
| — | 83. | — | Clocher de Vendôme (France) | 121 |
| — | 84. | — | Campanile, à Florence (Italie) | 122 |
| — | 85. | — | Cathédrale de Bayeux.—Tour clocher | 123 |
| — | 86. | — | Cathédrale de Senlis.—Tour clocher | 124 |
| — | 87. | — | Cathédrale de Salisbury (Angleterre).—Tour Clocher central | 126 |
| — | 88. | — | Église de Langrunes (Calvados).—Tour Clocher central | 127 |
| — | 89. | — | Église des Jacobins, à Toulouse.—Clocher central | 129 |
| — | 90. | — | Église de Saint-Pierre, à Caen. — — | 130 |
| — | 91. | — | Église de Saint-Michel, à Bordeaux. — — | 131 |
| — | 92. | — | Cathédrale de Fribourg en Brisgau. — — | 132 |
| — | 93. | — | Cathédrale d’Anvers (Belgique). — — | 133 |
| — | 94. | — | Cathédrale de Reims.—Façade occidentale.—Statuaire | 141 |
| — | 95. | — | Cathédrale de Reims.—Façade occidentale.—Statuaire | 144 |
| — | 96. | — | Cathédrale de Reims.—Façade occidentale.—Statuaire | 145 |
| — | 97. | — | Cathédrale de Reims.—Porte principale.—Statuaire et ornements | 146 |
| — | 98. | — | Cathédrale de Reims.—Porte principale.—Statuaire et ornements | 147 |
| — | 99. | — | Cathédrale de Paris.—Porte principale.—Rinceaux | 148 |
| — | 100. | — | Cathédrale de Paris.—Porte principale.—Rinceaux | 149 |
| — | 101. | — | Cathédrale de Chartres.—Portail nord.—Statuaire | 150 |
| — | 102. | — | — — —Portail sud.—Statuaire | 151 |
| — | 103. | — | — d’Amiens.—Porte centrale | 152 |
| — | 104. | — | — — —Portail sud.—Statuaire | 153 |
| — | 105. | — | — — —Stalles du chœur.—Ornements | 154 |
| — | 106. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Cloîtres.—Ornements | 155 |
| — | 107. | — | Statuette en bois, XIIIᵉ siècle.—Ateliers de la Chaise-Dieu (Auvergne) | 156 |
| — | 108 et 108bis | — | Deux statuettes en ivoire (XIIIᵉ siècle).—Ateliers de Paris | 157-158 |
| — | 109. | — | Statuette en bois (XIVᵉ siècle).—Ateliers de Paris | 159 |
| — | 110 et 110bis | — | Deux diptyques en ivoire (XIVᵉ siècle).—Ateliers de l’Ile-de-France | 160-161 |
| — | 111 et 111bis | — | Diptyque et plaque en ivoire (XIVᵉ siècle).—Ateliers de l’Ile-de-France | 162-163 |
| — | 112. | — | Tête en vermeil repoussé (XIIIᵉ siècle).—Ateliers des orfèvres de Paris | 164 |
| — | 113. | — | Groupe en bois sculpté (XVᵉ siècle).—Ateliers d’Anvers | 165 |
| — | 114. | — | Statuette en bois peint et doré (XVᵉ siècle).—Atelier de Bruxelles | 166 |
| — | 115. | — | Statuette en bois peint doré (XVIᵉ siècle).—Ateliers de Munich (Allemagne) | 167 |
| — | 116. | — | Cathédrale de Cahors.—Peintures.—Projection horizontale de la coupole | 169 |
| — | 117. | — | Cathédrale de Cahors.—Peintures.—Dessin d’un des prophètes de la coupole | 171 |
| — | 118. | — | Cathédrale de Cahors.—Peintures.—Fragment de la frise centrale de la coupole | 173 |
| — | 119-120. | — | Vitraux du commencement du XIIᵉ siècle.—Église de Saint-Rémi, à Reims | 176 |
| — | 121. | — | Vitrail du XIIᵉ siècle.—Église de Bonlieu (Creuse) | 177 |
| — | 122. | — | Vitrail du XIIIᵉ siècle.—Cathédrale de Chartres | 178 |
| — | 123. | — | Vitrail du XIIIᵉ siècle.—Cathédrale de Chartres | 179 |
| — | 124. | — | Vitrail du XIIIᵉ siècle.—Église de Saint-Germer, à Troyes | 180 |
| — | 125. | — | Vitraux du XIVᵉ siècle.—Église de Saint-Urbain, à Troyes | 181 |
| — | 126. | — | Vitrail du XIVᵉ siècle.—Cathédrale de Châlons-sur-Marne | 183 |
| — | 127. | — | Vitrail du XVᵉ siècle.—Cathédrale d’Evreux | 184 |
| — | 128. | — | Email du XIᵉ siècle.—Plaque-couverture d’un manuscrit | 185 |
| — | 129. | — | Émail du XIIIᵉ siècle.—Plaque-couverture d’un évangéliaire | 187 |
| — | 130. | — | Émail du XIIIᵉ siècle.—Châsse-reliquaire de saint Thomas Becket | 188 |
| — | 131. | — | Émail du XVIᵉ siècle.—Notre-Dame des Sept-Douleurs | 189 |
| — | 132. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Cloître (XIIIᵉ siècle) | 192 |
| — | 133. | — | — de Cluny.—Porte d’entrée | 203 |
| — | 134. | — | — — —Plan | 205 |
| — | 135. | — | — — —Porte de l’église abbatiale | 207 |
| — | 136. | — | — de Saint-Étienne, à Caen.—Façade | 215 |
| — | 137. | — | — de Saint-Alban (Angleterre) | 216 |
| — | 138. | — | — de Montmajour.—Cloître | 217 |
| — | 139. | — | — d’Elne.—Cloître | 218 |
| — | 140. | — | — de Fontfroide.—Cloître | 219 |
| — | 141. | — | — de Maulbronn (Wurtemberg).—Plan | 221 |
| — | 142. | — | — de Fontevrault.—Cuisines | 223 |
| — | 143. | — | Cathédrale du Puy-en-Velay.—Cloître | 224 |
| — | 144. | — | Abbaye de la Chaise-Dieu.—Cloître | 225 |
| — | 145. | — | Chartreuse de Villefranche de Rouergue.—Plan | 228 |
| — | 146. | — | — — —Vue cavalière | 229 |
| — | 147. | — | Grande-Chartreuse.—Cloître | 231 |
| — | 148. | — | — —Vue générale | 232 |
| — | 149. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Vue d’ensemble | 234 |
| — | 150. | — | — — — —Plan au niveau de l’entrée | 235 |
| — | 151. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Plan au niveau de l’église basse | 236 |
| — | 152. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Plan au niveau de l’église haute | 238 |
| — | 153. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Coupe du nord au sud | 240 |
| — | 154. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Coupe de l’ouest à l’est | 241 |
| — | 155. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Galerie dite de l’Aquilon | 242 |
| — | 156. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Face nord | 243 |
| — | 157. | — | — — — L’aumônerie | 245 |
| — | 158. | — | — — — Un des tympans du cloître | 246 |
| — | 159. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Le cellier | 247 |
| — | 160. | — | — — — Le réfectoire | 248 |
| — | 161. | — | — — — Salle du chapitre dite des chevaliers | 249 |
| — | 162. | — | Mont-Saint-Michel en Cornouailles (Angleterre) | 251 |
| — | 163. | — | Abbaye du Mont-Saint-Michel.—Entrée.—Châtelet | 254 |
| — | 164. | — | Cité de Carcassonne.—Remparts sud-est | 258 |
| — | 165. | — | — Remparts nord-ouest | 259 |
| — | 166. | — | Forteresse de Kalaat-el-Hosn.—Coupe | 262 |
| — | 166 bis. | — | — Vue d’ensemble | 263 |
| — | 167. | — | Cité de Carcassonne.—Plan au XIIIᵉ siècle | 264 |
| — | 168. | — | — Remparts, angle ouest-sud | 265 |
| — | 169. | — | Enceinte d’Aigues-Mortes.—Faces est et sud | 266 |
| — | 170. | — | Enceinte d’Avignon.—Courtines et tours | 267 |
| — | 170 bis. | — | Hourds en bois et en pierre | 268 |
| — | 171. | — | Remparts de Saint-Malo | 269 |
| — | 172. | — | Mont-Saint-Michel.—Face sud | 272 |
| — | 173. | — | Mont-Saint-Michel.—Face sud.—Restitution graphique | 273 |
| — | 174. | — | Château d’Angers | 276 |
| — | 175. | — | — de Carcassonne | 278 |
| — | 176. | — | — de Loches.—Donjon | 279 |
| — | 177. | — | — de Falaise.—Donjon | 282 |
| — | 178. | — | — de Lavardin.—Donjon | 283 |
| — | 179. | — | Donjon d’Aigues-Mortes | 284 |
| — | 180. | — | Château de Provins.—Donjon | 285 |
| — | 181. | — | — de Chinon | 287 |
| — | 182. | — | — de Clisson.—Donjon | 288 |
| — | 183. | — | — de Villeneuve-lez-Avignon | 289 |
| — | 184. | — | — de Tarascon | 290 |
| — | 185. | — | — de Vitré | 292 |
| — | 186. | — | Cité de Carcassonne.—Porte du château | 295 |
| — | 187. | — | — Porte des Lices | 296 |
| — | 188. | — | — Porte Narbonnaise | 297 |
| — | 189. | — | Enceinte d’Aigues-Mortes.—Pont-levis | 298 |
| — | 190. | — | — de Dinan.—Porte du Jerzual | 299 |
| — | 191. | — | Château de Vitré.—Porte du châtelet | 301 |
| — | 192. | — | Enceinte de Guérande.—Porte Saint-Michel | 302 |
| — | 193. | — | — du Mont-Saint-Michel.—Porte du Roi | 305 |
| — | 194. | — | Entrée du port de la Rochelle | 306 |
| — | 195. | — | Pont d’Avignon | 307 |
| — | 196. | — | — de Montauban | 309 |
| — | 197. | — | — de Cahors | 310 |
| — | 198. | — | — d’Orthez | 312 |
| — | 199. | — | — fortifié au Mont-Saint-Michel | 313 |
| — | 200. | — | Maison commune, à Saint-Antonin (Tarn) | 316 |
| — | 201. | — | Grange des Perrières (Calvados) | 318 |
| — | 201 bis. | — | Grange des Perrières (Calvados).—Coupe | 319 |
| — | 201 ter. | — | — — — Plan | 319 |
| — | 202. | — | Grange aux dîmes, à Provins | 320 |
| — | 203. | — | Grenier d’abondance.—Abbaye de Vauclair | 321 |
| — | 204. | — | Hôpital d’Angers | 322 |
| — | 205. | — | Hôpital d’Ourscamps (Oise) | 323 |
| — | 206. | — | Maladrerie du Tortoir (Aisne) | 325 |
| — | 207. | — | Hôpital de Tonnerre (coupe) | 327 |
| — | 208 et 208 bis. | — | Maisons à Cluny | 330-331 |
| — | 209-210. | — | Maisons à Vitteaux et à Saint-Antonin | 332 |
| — | 211-212. | — | Maisons à Provins et à Laon | 333-334 |
| — | 213. | — | Maison à Cordes-Albigeois | 335 |
| — | 214. | — | Maison au Mont-Saint-Michel | 337 |
| — | 215-216. | — | Maisons en bois à Rouen et aux Andelys | 338-339 |
| — | 217. | — | Hôtel Lallemand à Bourges | 341 |
| — | 218. | — | Hôtel de Jacques Cœur à Bourges | 342 |
| — | 219. | — | Maison commune à Pienza (Italie) | 345 |
| — | 220. | — | Maison commune et beffroi d’Ypres (Belgique) | 347 |
| — | 221. | — | Halle et beffroi à Bruges (Belgique) | 348 |
| — | 222. | — | Hôtel de ville à Bruges (Belgique) | 349 |
| — | 223. | — | Hôtel de ville à Louvain (Belgique) | 351 |
| — | 224. | — | Beffroi de Tournai (Belgique) | 353 |
| — | 225. | — | Beffroi de Gand (Belgique) | 355 |
| — | 226. | — | Beffroi de Calais (France) | 357 |
| — | 227. | — | Beffroi de Béthune (France) | 359 |
| — | 228. | — | Beffroi d’Evreux (France) | 360 |
| — | 229. | — | Beffroi d’Avignon (France) | 361 |
| — | 230. | — | Porte.—Beffroi. La grosse cloche, à Bordeaux | 362 |
| — | 231. | — | Bourse (la Loge), à Perpignan | 363 |
| — | 232. | — | Palais épiscopal, à Laon | 365 |
| — | 233. | — | Palais archiépiscopal, à Albi.—Plan | 366 |
| — | 234. | — | — — Vue d’ensemble | 367 |
| — | 235. | — | Palais des Papes, à Avignon.—Plan | 368 |
| — | 236. | — | — — Vue d’ensemble | 370 |
TABLE DES MATIÈRES
| Pages. | ||||
| Introduction | 5 | |||
| PREMIÈRE PARTIE L’ARCHITECTURE RELIGIEUSE | ||||
|---|---|---|---|---|
| Chapitre | Iᵉʳ. | — | Influence de la coupole sur l’architecture dite gothique | 13 |
| — | II. | — | Origine de la croisée d’ogives | 18 |
| — | III. | — | Premières voûtes sur croisée d’ogives | 26 |
| — | IV. | — | Édifices voûtés sur croisée d’ogives | 33 |
| — | V. | — | Origine de l’arc-boutant | 41 |
| — | VI. | — | Églises et cathédrales des XIIᵉ et XIIIᵉ siècles | 50 |
| — | VII. | — | Cathédrales du XIIIᵉ siècle | 64 |
| — | VIII. | — | Cathédrales et églises des XIIᵉ et XIVᵉ siècles | 80 |
| — | IX. | — | Églises des XIVᵉ et XVᵉ siècles, en France et en Orient | 98 |
| — | X. | — | Tours ou clochers. Chœur.—Chapelles | 120 |
| — | XI. | — | La sculpture | 143 |
| — | XII. | — | La peinture | 168 |
| DEUXIÈME PARTIE L’ARCHITECTURE MONASTIQUE | ||||
| Chapitre | Iᵉʳ. | — | Origine | 193 |
| — | II. | — | Abbayes de Cluny, de Cîteaux et de Clairvaux | 201 |
| — | III. | — | Abbayes et chartreuses | 213 |
| — | IV. | — | Abbayes fortifiées | 233 |
| TROISIÈME PARTIE L’ARCHITECTURE MILITAIRE | ||||
| Chapitre | Iᵉʳ. | — | Enceintes de villes | 255 |
| — | II. | — | Châteaux et donjons | 275 |
| — | III. | — | Portes et ponts | 293 |
| QUATRIÈME PARTIE L’ARCHITECTURE CIVILE | ||||
| Chapitre | Iᵉʳ. | — | Granges, hôpitaux, maisons et hôtels | 317 |
| — | II. | — | Maisons communes, beffrois, palais | 343 |
| Table des gravures | 373 | |||
FIN DES TABLES
Lib.-Imp. réunies, 7, rue Saint-Benoît, Paris.—11903.
ALCIDE PICARD et KAAN, Éditeurs, 11, rue Soufflot, PARIS
BIBLIOTHÈQUE
DE L’ENSEIGNEMENT DES BEAUX-ARTS
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Directeur de la publication: M. Jules Comte
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Chaque volume, de format in-4º anglais, est imprimé avec luxe sur papier teinté. Il contient environ 400 pages, illustrées de 150 à 200 gravures inédites, spéciales à la collection et exécutées d’après les originaux.
| Prix de chaque volume broché | 3 fr. | 50 |
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57 VOLUMES PARUS
Anatomie artistique (l’), par M. Mathias Duval, membre de l’Académie de médecine, professeur d’anatomie à l’École des Beaux-Arts.
Anatomie plastique (Histoire de l’), par MM. Mathias Duval, et Edouard Cuyer, professeur suppléant d’anatomie à l’École des Beaux-Arts de Paris, professeur à l’École des Beaux-Arts de Rouen.
Archéologie chrétienne (l’), par M. Pératé, ancien membre de l’École française de Rome.
Archéologie égyptienne (l’), par M. Maspero, membre de l’Institut, professeur au Collège de France.
Archéologie étrusque et romaine (l’), par M. Martha, ancien membre de l’École française d’Athènes, maître de conférences à la Faculté des Lettres de Paris.
Archéologie grecque (l’), par M. Max Collignon, professeur d’Archéologie à la Faculté des Lettres de Paris.
Archéologie orientale (l’), par M. E. Babelon, bibliothécaire au département des Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale.
Architecture gothique (l’), par M. Ed. Corroyer, inspecteur général des édifices diocésains.
Architecture grecque (l’), par M. V. Laloux, architecte du Gouvernement.
Architecture de la Renaissance (l’), par M. Léon Palustre.
Architecture romane (l’), par M. Ed. Corroyer.
Armes (les), par M. M. Maindron.
Art arabe (l’), par M. Al. Gayet.
Art byzantin (l’), par M. Bayet, directeur de l’Enseignement supérieur au ministère de l’Instruction publique.
Art chinois (l’), par M. Paléologue, secrétaire d’ambassade.
Art des jardins (l’), par M. Georges Riat, bibliothécaire au cabinet des Estampes.
Art de la Verrerie (l’), par M. Gerspach, directeur de la Manufacture nationale des Gobelins.
Art héraldique (l’), par M. Gourdon de Genouillac.
Art indien (l’), par M. Maurice Maindron.
Art indo-chinois (l’), par M. A. de Pouvourville.
Art japonais (l’), par M. L. Gonse, membre du Conseil sup. des Beaux-Arts.
Art persan (l’), par M. Al. Gayet.
Broderie et Dentelles, par M. Lefébure, manufacturier.
Composition décorative (la), par M. Henri Mayeux, architecte du Gouvernement, professeur d’art décoratif à l’École nationale des Beaux-Arts.
Costume en France (le), par M. A. Renan.
Faïence (la), par M. Th. Deck, directeur de la Manufacture de Sèvres.
Gravure (la), par M. le Vic. H. Delaborde, secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts.
Gravure en pierres fines (la), par M. E. Babelon.
Lexique des termes d’Art, avec 1400 figures, par M. Jules Adeline.
Lithographie (la), par M. H. Bouchot, conservateur du département des Estampes de la Bibliothèque nationale.
Livre. Impression et reliure (le), par M. H. Bouchot.
Manuscrits et La Miniature (les), par M. Lecoy de la Marche.
Meuble (le), t. I et II, par M. Alfred de Champeaux, inspecteur des Beaux-Arts à la Préfecture de la Seine.
Monnaies et Médailles, par M. F. Lenormant, membre de l’Institut, professeur d’archéologie près la Bibliothèque nationale.
Mosaïque (la), par M. Gerspach, directeur de la Manufacture nationale des Gobelins.
Musique (la), par M. H. Lavoix fils, administrateur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
Musique allemande (la), par M. Albert Soubies.
Musique française (la), par M. H. Lavo x fils.
Musique en Russie (la), par M. Albert Soubies.
Mythologie figurée de la Grèce (la), par M. Max. Collignon.
Peinture anglaise (la), par M. Ernest Chesneau, ancien inspecteur des Beaux-Arts.
Peinture antique (la), par M. Paul Girard, ancien membre de l’École française d’Athènes, maître de conférences à la Faculté des Lettres de Paris.
Peinture espagnole (la), par M. Paul Lefort, inspecteur des Beaux-Arts.
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Porcelaine (la), par M. Vogt.
Précis d’Histoire de l’Art, par M. Bayet.
Procédés modernes de la Gravure (les), par M. A. de Lostalot, secrétaire de la rédaction de la Gazette des Beaux-Arts.
Sceaux (les), par M. Lecoy de la Marche, des Archives nationales.
Sculpture antique (la), par M. P. Paris, ancien membre de l’École française d’Athènes, maître de conférences à la Faculté des Lettres de Bordeaux.
Styles français (les), par M. Lechevallier-Chevignard.
Tapisserie (la), par M. Eug. Muntz, conservateur de la Bibliothèque des Archives et du Musée à l’École des Beaux-Arts.
Vitraux (les), par M. O. Merson.
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