La Comédie humaine - Volume 07. Scènes de la vie de Province - Tome 03
LETTRE DE MADAME DE MORTSAUF AU VICOMTE FÉLIX DE VANDENESSE.
«Félix, ami trop aimé, je dois maintenant vous ouvrir mon cœur, moins pour vous montrer combien je vous aime que pour vous apprendre la grandeur de vos obligations en vous dévoilant la profondeur et la gravité des plaies que vous y avez faites. Au moment où je tombe harassée par les fatigues du voyage, épuisée par les atteintes reçues pendant le combat, heureusement la femme est morte, la mère seule a survécu. Vous allez voir, cher, comment vous avez été la cause première de mes maux. Si plus tard je me suis complaisamment offerte à vos coups, aujourd'hui je meurs atteinte par vous d'une dernière blessure; mais il y a d'excessives voluptés à se sentir brisée par celui qu'on aime. Bientôt les souffrances me priveront sans doute de ma force, je mets donc à profit les dernières lueurs de mon intelligence pour vous supplier encore de remplacer auprès de mes enfants le cœur dont vous les aurez privés. Je vous imposerais cette charge avec autorité si je vous aimais moins; mais je préfère vous la laisser prendre de vous-même, par l'effet d'un saint repentir, et aussi comme une continuation de votre amour: l'amour ne fut-il pas en nous constamment mêlé de repentantes méditations et de craintes expiatoires? Et, je le sais, nous nous aimons toujours. Votre faute n'est pas si funeste par vous que le retentissement que je lui ai donné au dedans de moi-même. Ne vous avais-je pas dit que j'étais jalouse, mais jalouse à mourir? eh! bien, je meurs. Consolez-vous, cependant: nous avons satisfait aux lois humaines. L'Église, par une de ses voix les plus pures, m'a dit que Dieu serait indulgent à ceux qui avaient immolé leurs penchants naturels à ses commandements. Mon aimé, apprenez donc tout, car je ne veux pas que vous ignoriez une seule de mes pensées. Ce que je confierai à Dieu dans mes derniers moments, vous devez le savoir aussi, vous le roi de mon cœur, comme il est le roi du ciel. Jusqu'à cette fête donnée au duc d'Angoulême, la seule à laquelle j'aie assisté, le mariage m'avait laissée dans l'ignorance qui donne à l'âme des jeunes filles la beauté des anges. J'étais mère, il est vrai; mais l'amour ne m'avait point environnée de ses plaisirs permis. Comment suis-je restée ainsi? je n'en sais rien; je ne sais pas davantage par quelles lois tout en moi fut changé dans un instant. Vous souvenez-vous encore aujourd'hui de vos baisers? ils ont dominé ma vie, ils ont sillonné mon âme; l'ardeur de votre sang a réveillé l'ardeur du mien; votre jeunesse a pénétré ma jeunesse, vos désirs sont entrés dans mon cœur. Quand je me suis levée si fière, j'éprouvais une sensation pour laquelle je ne sais de mot dans aucun langage, car les enfants n'ont pas encore trouvé de parole pour exprimer le mariage de la lumière et de leurs yeux, ni le baiser de la vie sur leurs lèvres. Oui, c'était bien le son arrivé dans l'écho, la lumière jetée dans les ténèbres, le mouvement donné à l'univers, ce fut du moins rapide comme toutes ces choses; mais beaucoup plus beau, car c'était la vie de l'âme! Je compris qu'il existait je ne sais quoi d'inconnu pour moi dans le monde, une force plus belle que la pensée, c'était toutes les pensées, toutes les forces, tout un avenir dans une émotion partagée. Je ne me sentis plus mère qu'à demi. En tombant sur mon cœur, ce coup de foudre y alluma des désirs qui sommeillaient à mon insu; je devinai soudain tout ce que voulait dire ma tante quand elle me baisait sur le front en s'écriant:—Pauvre Henriette! En retournant à Clochegourde, le printemps, les premières feuilles, le parfum des fleurs, les jolis nuages blancs, l'Indre, le ciel, tout me parlait un langage jusqu'alors incompris, et qui rendait à mon âme un peu du mouvement que vous aviez imprimé à mes sens. Si vous avez oublié ces terribles baisers, moi, je n'ai jamais pu les effacer de mon souvenir: j'en meurs! Oui, chaque fois que je vous ai vu depuis, vous en ranimiez l'empreinte; j'étais émue de la tête aux pieds par votre aspect, par le seul pressentiment de votre arrivée. Ni le temps, ni ma ferme volonté n'ont pu dompter cette impérieuse volupté. Je me demandais involontairement: Que doivent être les plaisirs? Nos regards échangés, les respectueux baisers que vous mettiez sur mes mains, mon bras posé sur le vôtre, votre voix dans ses tons de tendresse, enfin les moindres choses me remuaient si violemment que presque toujours il se répandait un nuage sur mes yeux: le bruit des sens révoltés remplissait alors mon oreille. Ah! si dans ces moments où je redoublais de froideur, vous m'eussiez prise dans vos bras, je serais morte de bonheur. J'ai parfois désiré de vous quelque violence, mais la prière chassait promptement cette mauvaise pensée. Votre nom prononcé par mes enfants m'emplissait le cœur d'un sang plus chaud qui colorait aussitôt mon visage, et je tendais des piéges à ma pauvre Madeleine pour le lui faire dire, tant j'aimais les bouillonnements de cette sensation. Que vous dirai-je? votre écriture avait un charme, je regardais vos lettres comme on contemple un portrait. Si, dès ce premier jour, vous aviez déjà conquis sur moi je ne sais quel fatal pouvoir, vous comprenez, mon ami, qu'il devint infini quand il me fut donné de lire dans votre âme. Quelles délices m'inondèrent en vous trouvant si pur, si complétement vrai, doué de qualités si belles, capable de si grandes choses, et déjà si éprouvé! Homme et enfant, timide et courageux! Quelle joie quand je nous trouvai sacrés tous deux par de communes souffrances! Depuis cette soirée où nous nous confiâmes l'un à l'autre, vous perdre, pour moi c'était mourir: aussi vous ai-je laissé près de moi par égoïsme. La certitude qu'eut monsieur de la Berge de la mort que me causerait votre éloignement le toucha beaucoup, car il lisait dans mon âme. Il jugea que j'étais nécessaire à mes enfants, au comte: il ne m'ordonna point de vous fermer l'entrée de ma maison, car je lui promis de rester pure d'action et de pensée.—«La pensée est involontaire, me dit-il, mais elle peut être gardée au milieu des supplices.—Si je pense, lui répondis-je, tout sera perdu, sauvez-moi de moi-même. Faites qu'il demeure près de moi, et que je reste pure!» Le bon vieillard, quoique bien sévère, fut alors indulgent à tant de bonne foi.—«Vous pouvez l'aimer comme on aime un fils, en lui destinant votre fille,» me dit-il. J'acceptai courageusement une vie de souffrances pour ne pas vous perdre; et je souffris avec amour en voyant que nous étions attelés au même joug. Mon Dieu! je suis restée neutre, fidèle à mon mari, ne vous laissant pas faire un seul pas, Félix, dans votre propre royaume. La grandeur de mes passions a réagi sur mes facultés, j'ai regardé les tourments que m'infligeait monsieur de Mortsauf comme des expiations, et je les endurais avec orgueil pour insulter à mes penchants coupables. Autrefois j'étais disposée à murmurer, mais depuis que vous êtes demeuré près de moi, j'ai repris quelque gaieté, dont monsieur de Mortsauf s'est bien trouvé. Sans cette force que vous me prêtiez, j'aurais succombé depuis long-temps à ma vie intérieure que je vous ai racontée. Si vous avez été pour beaucoup dans mes fautes, vous avez été pour beaucoup dans l'exercice de mes devoirs. Il en fut de même pour mes enfants. Je croyais les avoir privés de quelque chose, et je craignais de ne faire jamais assez pour eux. Ma vie fut dès lors une continuelle douleur que j'aimais. En sentant que j'étais moins mère, moins honnête femme, le remords s'est logé dans mon cœur; et, craignant de manquer à mes obligations, j'ai constamment voulu les outrepasser. Pour ne pas faillir, j'ai donc mis Madeleine entre vous et moi, et je vous ai destinés l'un à l'autre, en m'élevant ainsi des barrières entre nous deux. Barrières impuissantes! rien ne pouvait étouffer les tressaillements que vous me causiez. Absent ou présent, vous aviez la même force. J'ai préféré Madeleine à Jacques, parce que Madeleine devait être à vous. Mais je ne vous cédais pas à ma fille sans combats. Je me disais que je n'avais que vingt-huit ans quand je vous rencontrai, que vous en aviez presque vingt-deux; je rapprochais les distances, je me livrais à de faux espoirs. O mon Dieu, Félix, je vous fais ces aveux afin de vous épargner des remords, peut-être aussi afin de vous apprendre que je n'étais pas insensible, que nos souffrances d'amour étaient bien cruellement égales, et qu'Arabelle n'avait aucune supériorité sur moi. J'étais aussi une de ces filles de la race déchue que les hommes aiment tant. Il y eut un moment où la lutte fut si terrible que je pleurais pendant toutes les nuits: mes cheveux tombaient. Ceux-là, vous les avez eus! Vous vous souvenez de la maladie que fit monsieur de Mortsauf. Votre grandeur d'âme d'alors, loin de m'élever, m'a rapetissée. Hélas! dès ce jour je souhaitais me donner à vous comme une récompense due à tant d'héroïsme; mais cette folie a été courte. Je l'ai mise aux pieds de Dieu pendant la messe à laquelle vous avez refusé d'assister. La maladie de Jacques et les souffrances de Madeleine m'ont paru des menaces de Dieu, qui tirait fortement à lui la brebis égarée. Puis votre amour si naturel pour cette Anglaise m'a révélé des secrets que j'ignorais moi-même. Je vous aimais plus que je ne croyais vous aimer. Madeleine a disparu. Les constantes émotions de ma vie orageuse, les efforts que je faisais pour me dompter moi-même sans autre secours que la religion, tout a préparé la maladie dont je meurs. Ce coup terrible a déterminé des crises sur lesquelles j'ai gardé le silence. Je voyais dans la mort le seul dénoûment possible de cette tragédie inconnue. Il y a eu toute une vie emportée, jalouse, furieuse, pendant les deux mois qui se sont écoulés entre la nouvelle que me donna ma mère de votre liaison avec lady Dudley et votre arrivée. Je voulais aller à Paris, j'avais soif de meurtre, je souhaitais la mort de cette femme, j'étais insensible aux caresses de mes enfants. La prière, qui jusqu'alors avait été pour moi comme un baume, fut sans action sur mon âme. La jalousie a fait la large brèche par où la mort est entrée. Je suis restée néanmoins le front calme. Oui, cette saison de combats fut un secret entre Dieu et moi. Quand j'ai bien su que j'étais aimée autant que je vous aimais moi-même et que je n'étais trahie que par la nature et non par votre pensée, j'ai voulu vivre... et il n'était plus temps. Dieu m'avait mise sous sa protection, pris sans doute de pitié pour une créature vraie avec elle-même, vraie avec lui, et que ses souffrances avaient souvent amenée aux portes du sanctuaire. Mon bien-aimé, Dieu m'a jugée, monsieur de Mortsauf me pardonnera sans doute; mais vous, serez-vous clément? écouterez-vous la voix qui sort en ce moment de ma tombe? réparerez-vous les malheurs dont nous sommes également coupables, vous moins que moi peut-être? Vous savez ce que je veux vous demander. Soyez auprès de monsieur de Mortsauf comme est une sœur de charité auprès d'un malade, écoutez-le, aimez-le; personne ne l'aimera. Interposez-vous entre ses enfants et lui comme je le faisais. Votre tâche ne sera pas de longue durée: Jacques quittera bientôt la maison pour aller à Paris auprès de son grand-père, et vous m'avez promis de le guider à travers les écueils de ce monde. Quant à Madeleine, elle se mariera; puissiez-vous un jour lui plaire! elle est tout moi-même, et de plus elle est forte, elle a cette volonté qui m'a manqué, cette énergie nécessaire à la compagne d'un homme que sa carrière destine aux orages de la vie politique, elle est adroite et pénétrante. Si vos destinées s'unissaient, elle serait plus heureuse que ne le fut sa mère. En acquérant ainsi le droit de continuer mon œuvre à Clochegourde, vous effaceriez des fautes qui n'auront pas été suffisamment expiées, bien que pardonnées au ciel et sur la terre, car il est généreux et me pardonnera. Je suis, vous le voyez, toujours égoïste; mais n'est-ce pas la preuve d'un despotique amour? Je veux être aimée par vous dans les miens. N'ayant pu être à vous, je vous lègue mes pensées et mes devoirs! Si vous m'aimez trop pour m'obéir, si vous ne voulez pas épouser Madeleine, vous veillerez du moins au repos de mon âme en rendant monsieur de Mortsauf aussi heureux qu'il peut l'être.
»Adieu, cher enfant de mon cœur, ceci est l'adieu complétement intelligent, encore plein de vie, l'adieu d'une âme où tu as répandu de trop grandes joies pour que tu puisses avoir le moindre remords de la catastrophe qu'elles ont engendrée; je me sers de ce mot en pensant que vous m'aimez, car moi j'arrive au lieu du repos, immolée au devoir, et, ce qui me fait frémir, non sans regret! Dieu saura mieux que moi si j'ai pratiqué ses saintes lois selon leur esprit. J'ai sans doute chancelé souvent, mais je ne suis point tombée, et la plus puissante excuse de mes fautes est dans la grandeur même des séductions qui m'ont environnée. Le Seigneur me verra tout aussi tremblante que si j'avais succombé. Encore adieu, un adieu semblable à celui que j'ai fait hier à notre belle vallée, au sein de laquelle je reposerai bientôt, et où vous reviendrez souvent, n'est-ce pas?
»Henriette.»
Je tombai dans un abîme de réflexions en apercevant les profondeurs inconnues de cette vie alors éclairée par cette dernière flamme. Les nuages de mon égoïsme se dissipèrent. Elle avait donc souffert autant que moi, plus que moi, car elle était morte. Elle croyait que les autres devaient être excellents pour son ami; elle avait été si bien aveuglée par son amour qu'elle n'avait pas soupçonné l'inimitié de sa fille. Cette dernière preuve de sa tendresse me fit bien mal. Pauvre Henriette qui voulait me donner Clochegourde et sa fille!
Natalie, depuis ce jour à jamais terrible où je suis entré pour la première fois dans un cimetière en accompagnant les dépouilles de cette noble Henriette, que maintenant vous connaissez, le soleil a été moins chaud et moins lumineux, la nuit plus obscure, le mouvement moins prompt, la pensée plus lourde. Il est des personnes que nous ensevelissons dans la terre, mais il en est de plus particulièrement chéries qui ont eu notre cœur pour linceul, dont le souvenir se mêle chaque jour à nos palpitations; nous pensons à elles comme nous respirons, elles sont en nous par la douce loi d'une métempsycose propre à l'amour. Une âme est en mon âme. Quand quelque bien est fait par moi, quand une belle parole est dite, cette âme parle, elle agit; tout ce que je puis avoir de bon émane de cette tombe, comme d'un lys les parfums qui embaument l'atmosphère. La raillerie, le mal, tout ce que vous blâmez en moi vient de moi-même. Maintenant, quand mes yeux sont obscurcis par un nuage et se reportent vers le ciel, après avoir long-temps contemplé la terre, quand ma bouche est muette à vos paroles et à vos soins, ne me demandez plus:—A quoi pensez-vous?
Chère Natalie, j'ai cessé d'écrire pendant quelque temps, ces souvenirs m'avaient trop ému. Maintenant je vous dois le récit des événements qui suivirent cette catastrophe, et qui veulent peu de paroles. Lorsqu'une vie ne se compose que d'action et de mouvement, tout est bientôt dit; mais quand elle s'est passée dans les régions les plus élevées de l'âme, son histoire est diffuse. La lettre d'Henriette faisait briller un espoir à mes yeux. Dans ce grand naufrage, j'apercevais une île où je pouvais aborder. Vivre à Clochegourde auprès de Madeleine en lui consacrant ma vie était une destinée où se satisfaisaient toutes les idées dont mon cœur était agité; mais il fallait connaître les véritables pensées de Madeleine. Je devais faire mes adieux au comte; j'allai donc à Clochegourde le voir, et je le rencontrai sur la terrasse. Nous nous promenâmes pendant long-temps. D'abord il me parla de la comtesse en homme qui connaissait l'étendue de sa perte, et tout le dommage qu'elle causait à sa vie intérieure. Mais, après le premier cri de sa douleur, il se montra plus préoccupé de l'avenir que du présent. Il craignait sa fille, qui n'avait pas, me dit-il, la douceur de sa mère. Le caractère ferme de Madeleine, chez laquelle je ne sais quoi d'héroïque se mêlait aux qualités gracieuses de sa mère, épouvantait ce vieillard accoutumé aux tendresses d'Henriette, et qui pressentait une volonté que rien ne devait plier. Mais ce qui pouvait le consoler de cette perte irréparable était la certitude de bientôt rejoindre sa femme: les agitations et les chagrins de ces derniers jours avaient augmenté son état maladif, et réveillé ses anciennes douleurs; le combat qui se préparait entre son autorité de père et celle de sa fille, qui devenait maîtresse de maison, allait lui faire finir ses jours dans l'amertume; car là où il avait pu lutter avec sa femme, il devait toujours céder à son enfant. D'ailleurs son fils s'en irait, sa fille se marierait; quel gendre aurait-il? Quoiqu'il parlât de mourir promptement, il se sentait seul, sans sympathies pour long-temps encore.
Pendant cette heure où il ne parla que de lui-même en me demandant mon amitié au nom de sa femme, il acheva de me dessiner complétement la grande figure de l'Émigré, l'un des types les plus imposants de notre époque. Il était en apparence faible et cassé, mais la vie semblait devoir persister en lui, précisément à cause de ses mœurs sobres et de ses occupations champêtres. Au moment où j'écris il vit encore. Quoique Madeleine pût nous apercevoir allant le long de la terrasse, elle ne descendit pas; elle s'avança sur le perron et rentra dans la maison à plusieurs reprises, afin de me marquer son mépris. Je saisis le moment où elle vint sur le perron, je priai le comte de monter au château; j'avais à parler à Madeleine, je prétextai une dernière volonté que la comtesse m'avait confiée, je n'avais plus que ce moyen de la voir, le comte l'alla chercher et nous laissa seuls sur la terrasse.
—Chère Madeleine, lui dis-je, si je dois vous parler, n'est-ce pas ici où votre mère m'écouta quand elle eut à se plaindre moins de moi que des événements de la vie. Je connais vos pensées, mais ne me condamnez-vous pas sans connaître les faits? Ma vie et mon bonheur sont attachés à ces lieux, vous le savez, et vous m'en bannissez par la froideur que vous faites succéder à l'amitié fraternelle qui nous unissait, et que la mort a resserrée par le lien d'une même douleur. Chère Madeleine, vous pour qui je donnerais à l'instant ma vie sans aucun espoir de récompense, sans que vous le sachiez même, tant nous aimons les enfants de celles qui nous ont protégés dans la vie; vous ignorez le projet caressé par votre adorable mère pendant ces sept années, et qui modifierait sans doute vos sentiments; mais je ne veux point de ces avantages. Tout ce que j'implore de vous, c'est de ne pas m'ôter le droit de venir respirer l'air de cette terrasse, et d'attendre que le temps ait changé vos idées sur la vie sociale; en ce moment je me garderais bien de les heurter; je respecte une douleur qui vous égare, car elle m'ôte à moi-même la faculté de juger sainement les circonstances dans lesquelles je me trouve. La sainte qui veille en ce moment sur nous approuvera la réserve dans laquelle je me tiens en vous priant seulement de demeurer neutre entre vos sentiments et moi. Je vous aime trop malgré l'aversion que vous me témoignez pour expliquer au comte un plan qu'il embrasserait avec ardeur. Soyez libre. Plus tard, songez que vous ne connaîtrez personne au monde mieux que vous ne me connaissez, que nul homme n'aura dans le cœur des sentiments plus dévoués...
Jusque-là Madeleine m'avait écouté les yeux baissés, mais elle m'arrêta par un geste.
—Monsieur, dit-elle d'une voix tremblante d'émotion, je connais aussi toutes vos pensées; mais je ne changerai point de sentiments à votre égard, et j'aimerais mieux me jeter dans l'Indre que de me lier à vous. Je ne vous parlerai pas de moi; mais si le nom de ma mère conserve encore quelque puissance sur vous, c'est en son nom que je vous prie de ne jamais venir à Clochegourde tant que j'y serai. Votre aspect seul me cause un trouble que je ne puis exprimer, et que je ne surmonterai jamais.
Elle me salua par un mouvement plein de dignité, et remonta vers Clochegourde, sans se retourner, impassible comme l'avait été sa mère un seul jour, mais impitoyable. L'œil clairvoyant de cette jeune fille avait, quoique tardivement, tout deviné dans le cœur de sa mère, et peut-être sa haine contre un homme qui lui semblait funeste s'était-elle augmentée de quelques regrets sur son innocente complicité. Là tout était abîme. Madeleine me haïssait, sans vouloir s'expliquer si j'étais la cause ou la victime de ces malheurs: elle nous eût haïs peut-être également, sa mère et moi, si nous avions été heureux. Ainsi tout était détruit dans le bel édifice de mon bonheur. Seul, je devais savoir en son entier la vie de cette grande femme inconnue, seul j'étais dans le secret de ses sentiments, seul j'avais parcouru son âme dans toute son étendue; ni sa mère, ni son père, ni son mari, ni ses enfants ne l'avaient connue. Chose étrange! Je fouille ce monceau de cendres et prends plaisir à les étaler devant vous, nous pouvons tous y trouver quelque chose de nos plus chères fortunes. Combien de familles ont aussi leur Henriette! combien de nobles êtres quittent la terre sans avoir rencontré un historien intelligent qui ait sondé leurs cœurs, qui en ait mesuré la profondeur et l'étendue! Ceci est la vie humaine dans toute sa vérité: souvent les mères ne connaissent pas plus leurs enfants que leurs enfants ne les connaissent; il en est ainsi des époux, des amants et des frères! Savais-je, moi, qu'un jour, sur le cercueil même de mon père, je plaiderais avec Charles de Vandenesse, avec mon frère à l'avancement de qui j'ai tant contribué? Mon Dieu! combien d'enseignements dans la plus simple histoire. Quand Madeleine eut disparu par la porte du perron, je revins le cœur brisé, dire adieu à mes hôtes, et je partis pour Paris en suivant la rive droite de l'Indre, par laquelle j'étais venu dans cette vallée pour la première fois. Je passai triste à travers le joli village de Pont-de-Ruan. Cependant j'étais riche, la vie politique me souriait, je n'étais plus le piéton fatigué de 1814. Dans ce temps-là, mon cœur était plein de désirs, aujourd'hui mes yeux étaient pleins de larmes; autrefois j'avais ma vie à remplir, aujourd'hui je la sentais déserte. J'étais bien jeune, j'avais vingt-neuf ans, mon cœur était déjà flétri. Quelques années avaient suffi pour dépouiller ce paysage de sa première magnificence et pour me dégoûter de la vie. Vous pouvez maintenant comprendre quelle fut mon émotion, lorsqu'en me retournant je vis Madeleine sur la terrasse.
Dominé par une impérieuse tristesse, je ne songeais plus au but de mon voyage. Lady Dudley était bien loin de ma pensée, que j'entrais dans sa cour sans le savoir. Une fois la sottise faite, il fallait la soutenir. J'avais chez elle des habitudes conjugales, je montai chagrin en songeant à tous les ennuis d'une rupture. Si vous avez bien compris le caractère et les manières de lady Dudley, vous imaginerez ma déconvenue, quand son majordome m'introduisit en habit de voyage dans un salon où je la trouvai pompeusement habillée, environnée de cinq personnes. Lord Dudley, l'un des vieux hommes d'état les plus considérables de l'Angleterre, se tenait debout devant la cheminée, gourmé, plein de morgue, froid, avec l'air railleur qu'il doit avoir au Parlement, il sourit en entendant mon nom. Les deux enfants d'Arabelle qui ressemblaient prodigieusement à de Marsay, l'un des fils naturels du vieux lord, et qui était là, sur la causeuse près de la marquise, se trouvaient près de leur mère. Arabelle en me voyant prit aussitôt un air hautain, fixa son regard sur ma casquette de voyage, comme si elle eût voulu me demander à chaque instant ce que je venais faire chez elle. Elle me toisa comme elle eût fait d'un gentilhomme campagnard qu'on lui aurait présenté. Quant à notre intimité, à cette passion éternelle, à ces serments de mourir si je cessais de l'aimer, à cette fantasmagorie d'Armide, tout avait disparu comme un rêve. Je n'avais jamais serré sa main, j'étais un étranger, elle ne me connaissait pas. Malgré le sang-froid diplomatique auquel je commençais à m'habituer, je fus surpris, et tout autre à ma place ne l'eût pas été moins. De Marsay souriait à ses bottes qu'il examinait avec une affectation singulière. J'eus bientôt pris mon parti. De toute autre femme, j'aurais accepté modestement une défaite; mais outré de voir debout l'héroïne qui voulait mourir d'amour, et qui s'était moquée de la morte, je résolus d'opposer l'impertinence à l'impertinence. Elle savait le désastre de lady Brandon: le lui rappeler, c'était lui donner un coup de poignard au cœur quoique l'arme dût s'y émousser.
—Madame, lui dis-je, vous me pardonnerez d'entrer chez vous si cavalièrement, quand vous saurez que j'arrive de Touraine, et que lady Brandon m'a chargé pour vous d'un message qui ne souffre aucun retard. Je craignis de vous trouver partie pour le Lancashire; mais, puisque vous restez à Paris, j'attendrai vos ordres et l'heure à laquelle vous daignerez me recevoir.
Elle inclina la tête et je sortis. Depuis ce jour, je ne l'ai plus rencontrée que dans le monde où nous échangeons un salut amical et quelquefois une épigramme. Je lui parle des femmes inconsolables du Lancashire, elle me parle des Françaises qui font honneur à leur désespoir de leurs maladies d'estomac. Grâce à ses soins, j'ai un ennemi mortel dans de Marsay, qu'elle affectionne beaucoup. Et moi je dis qu'elle épouse les deux générations. Ainsi rien ne manquait à mon désastre. Je suivis le plan que j'avais arrêté pendant ma retraite à Saché. Je me jetai dans le travail, je m'occupai de science, de littérature et de politique; j'entrai dans la diplomatie à l'avénement de Charles X qui supprima l'emploi que j'occupais sous le feu roi. Dès ce moment je résolus de ne jamais faire attention à aucune femme si belle, si spirituelle, si aimante qu'elle pût être. Ce parti me réussit à merveille: j'acquis une tranquillité d'esprit incroyable, une grande force pour le travail, et je compris tout ce que ces femmes dissipent de notre vie en croyant nous avoir payé par quelques paroles gracieuses. Mais toutes mes résolutions échouèrent: vous savez comment et pourquoi. Chère Natalie, en vous disant ma vie sans réserve et sans artifice, comme je me la dirais à moi-même; en vous racontant des sentiments où vous n'étiez pour rien, peut-être ai-je froissé quelque pli de votre cœur jaloux et délicat; mais ce qui courroucerait une femme vulgaire sera pour vous, j'en suis sûr, une nouvelle raison de m'aimer. Auprès des âmes souffrantes et malades, les femmes d'élite ont un rôle sublime à jouer, celui de la sœur de charité qui panse les blessures, celui de la mère qui pardonne à l'enfant. Les artistes et les grands poètes ne sont pas seuls à souffrir: les hommes qui vivent pour leur pays, pour l'avenir des nations, en élargissant le cercle de leurs passions et de leurs pensées, se font souvent une bien cruelle solitude. Ils ont besoin de sentir à leurs côtés un amour pur et dévoué; croyez bien qu'ils en comprennent la grandeur et le prix. Demain, je saurai si je me suis trompé en vous aimant.
A MONSIEUR LE COMTE FÉLIX DE VANDENESSE.
«Cher comte, vous avez reçu de cette pauvre madame de Mortsauf une lettre qui, dites-vous, ne vous a pas été inutile pour vous conduire dans le monde, lettre à laquelle vous devez votre haute fortune. Permettez-moi d'achever votre éducation. De grâce, défaites-vous d'une détestable habitude; n'imitez pas les veuves qui parlent toujours de leur premier mari, qui jettent toujours à la face du second les vertus du défunt. Je suis Française, cher comte; je voudrais épouser tout l'homme que j'aimerais, et ne saurais en vérité épouser madame de Mortsauf. Après avoir lu votre récit avec l'attention qu'il mérite, et vous savez quel intérêt je vous porte, il m'a semblé que vous aviez considérablement ennuyé lady Dudley en lui opposant les perfections de madame de Mortsauf, et fait beaucoup de mal à la comtesse en l'accablant des ressources de l'amour anglais. Vous avez manqué de tact envers moi, pauvre créature, qui n'ai d'autre mérite que celui de vous plaire; vous m'avez donné à entendre que je ne vous aimais ni comme Henriette, ni comme Arabelle. J'avoue mes imperfections, je les connais; mais pourquoi me les faire si rudement sentir? Savez-vous pour qui je suis prise de pitié? pour la quatrième femme que vous aimerez. Celle-là sera nécessairement forcée de lutter avec trois personnes; aussi dois-je vous prémunir, dans votre intérêt comme dans le sien, contre le danger de votre mémoire. Je renonce à la gloire laborieuse de vous aimer: il faudrait trop de qualités catholiques ou anglicanes, et je ne me soucie pas de combattre des fantômes. Les vertus de la Vierge de Clochegourde désespéreraient la femme la plus sûre d'elle-même, et votre intrépide amazone décourage les plus hardis désirs de bonheur. Quoi qu'elle fasse, une femme ne pourra jamais espérer pour vous des joies égales à son ambition. Ni le cœur ni les sens ne triompheront jamais de vos souvenirs. Vous avez oublié que nous montons souvent à cheval. Je n'ai pas su réchauffer le soleil attiédi par la mort de votre sainte Henriette, le frisson vous prendrait à côté de moi. Mon ami, car vous serez toujours mon ami, gardez-vous de recommencer de pareilles confidences qui mettent à nu votre désenchantement, qui découragent l'amour et forcent une femme à douter d'elle-même. L'amour, cher comte, ne vit que de confiance. La femme qui, avant de dire une parole, ou de monter à cheval, se demande si une céleste Henriette ne parlait pas mieux, si une écuyère comme Arabelle ne déployait pas plus de grâces, cette femme-là, soyez-en sûr, aura les jambes et la langue tremblantes. Vous m'avez donné le désir de recevoir quelques-uns de vos bouquets enivrants, mais vous n'en composez plus. Il est ainsi une foule de choses que vous n'osez plus faire, de pensées et de jouissances qui ne peuvent plus renaître pour vous. Nulle femme, sachez-le bien, ne voudra coudoyer dans votre cœur la morte que vous y gardez. Vous me priez de vous aimer par charité chrétienne. Je puis faire, je vous l'avoue, une infinité de choses par charité, tout, excepté l'amour. Vous êtes parfois ennuyeux et ennuyé, vous appelez votre tristesse du nom de mélancolie: à la bonne heure; mais vous êtes insupportable et vous donnez de cruels soucis à celle qui vous aime. J'ai trop souvent rencontré entre nous deux la tombe de la sainte: je me suis consultée, je me connais et je ne voudrais pas mourir comme elle. Si vous avez fatigué lady Dudley, qui est une femme extrêmement distinguée, moi qui n'ai pas ses désirs furieux, j'ai peur de me refroidir plus tôt qu'elle encore. Supprimons l'amour entre nous, puisque vous ne pouvez plus en goûter le bonheur qu'avec les mortes, et restons amis, je le veux. Comment, cher comte? vous avez eu pour votre début une adorable femme, une maîtresse parfaite qui songeait à votre fortune, qui vous a donné la pairie, qui vous aimait avec ivresse, qui ne vous demandait que d'être fidèle, et vous l'avez fait mourir de chagrin; mais je ne sais rien de plus monstrueux. Parmi les plus ardents et les plus malheureux jeunes gens qui traînent leurs ambitions sur le pavé de Paris, quel est celui qui ne resterait pas sage pendant dix ans pour obtenir la moitié des faveurs que vous n'avez pas su reconnaître? Quand on est aimé ainsi, que peut-on demander de plus? Pauvre femme! elle a bien souffert, et quand vous avez fait quelques phrases sentimentales, vous vous croyez quitte avec son cercueil. Voilà sans doute le prix qui attend ma tendresse pour vous. Merci, cher comte, je ne veux de rivale ni au delà ni en deçà de la tombe. Quand on a sur la conscience de pareils crimes, au moins ne faut-il pas les dire. Je vous ai fait une imprudente demande, j'étais dans mon rôle de femme, de fille d'Ève, le vôtre consistait à calculer la portée de votre réponse. Il fallait me tromper; plus tard, je vous aurais remercié. N'avez-vous donc jamais compris la vertu des hommes à bonnes fortunes? Ne sentez-vous pas combien ils sont généreux en nous jurant qu'ils n'ont jamais aimé, qu'ils aiment pour la première fois? Votre programme est inexécutable. Être à la fois madame de Mortsauf et lady Dudley, mais, mon ami, n'est-ce pas vouloir réunir l'eau et le feu? Vous ne connaissez donc pas les femmes? elles sont ce qu'elles sont, elles doivent avoir les défauts de leurs qualités. Vous avez rencontré lady Dudley trop tôt pour pouvoir l'apprécier, et le mal que vous en dites me semble une vengeance de votre vanité blessée; vous avez compris madame de Mortsauf trop tard, vous avez puni l'une de ne pas être l'autre; que va-t-il m'arriver à moi qui ne suis ni l'une ni l'autre? Je vous aime assez pour avoir profondément réfléchi à votre avenir, car je vous aime réellement beaucoup. Votre air de chevalier de la Triste figure m'a toujours profondément intéressée: je croyais à la constance des gens mélancoliques; mais j'ignorais que vous eussiez tué la plus belle et la plus vertueuse des femmes à votre entrée dans le monde. Eh! bien, je me suis demandé ce qui vous reste à faire: j'y ai bien songé. Je crois, mon ami, qu'il faut vous marier à quelque madame Shandy, qui ne saura rien de l'amour, ni des passions, qui ne s'inquiétera ni de lady Dudley, ni de madame de Mortsauf, très-indifférente à ces moments d'ennui que vous appelez mélancolie, pendant lesquels vous êtes amusant comme la pluie, et qui sera pour vous cette excellente sœur de charité que vous demandez. Quant à aimer, à tressaillir d'un mot, à savoir attendre le bonheur, le donner, le recevoir; à ressentir les mille orages de la passion, à épouser les petites vanités d'une femme aimée, mon cher comte, renoncez-y. Vous avez trop bien suivi les conseils que votre bon ange vous a donnés sur les jeunes femmes; vous les avez si bien évitées que vous ne les connaissez point. Madame de Mortsauf a eu raison de vous placer haut du premier coup, toutes les femmes auraient été contre vous, et vous ne seriez arrivé à rien. Il est trop tard maintenant pour commencer vos études, pour apprendre à nous dire ce que nous aimons à entendre, pour être grand à propos, pour adorer nos petitesses quand il nous plaît d'être petites. Nous ne sommes pas si sottes que vous le croyez: quand nous aimons, nous plaçons l'homme de notre choix au-dessus de tout. Ce qui ébranle notre foi dans notre supériorité, ébranle notre amour. En nous flattant, vous vous flattez vous-mêmes. Si vous tenez à rester dans le monde, à jouir du commerce des femmes, cachez-leur avec soin tout ce que vous m'avez dit: elles n'aiment ni à semer les fleurs de leur amour sur des rochers, ni à prodiguer leurs caresses pour panser un cœur malade. Toutes les femmes s'apercevraient de la sécheresse de votre cœur, et vous seriez toujours malheureux. Bien peu d'entre elles seraient assez franches pour vous dire ce que je vous dis, et assez bonnes personnes pour vous quitter sans rancune en vous offrant leur amitié, comme le fait aujourd'hui celle qui se dit votre amie dévouée.
»Natalie de Manerville.»
Paris, octobre 1885.
FIN DU TOME SEPTIÈME.
TABLE DES MATIÈRES.
SCÈNES DE LA VIE DE PROVINCE.
| LES RIVALITÉS (première histoire): La Vieille Fille. | 1 |
| ——(deuxième histoire): Le Cabinet des Antiques. | 120 |
| Le Lys dans la Vallée. | 245 |
FIN DE LA TABLE.
Au lecteur.
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Page 7: «Tout» remplacé par «Tous» (Tous ceux qui l'ont connu).
Page 9: «pallée» remplacé par «palée» (de sable à la croix palée d'argent).
Page 9: «wisk» remplacé par «whist» (de reversi, de whist et de piquet).
Page 11: «appellait» remplacé par «appelait» (il les appelait ses gazettes).
Page 21: «Susanne» remplacé par «Suzanne» (—Me voilà, dit Suzanne).
Page 25: «inpertinence» remplacé par «impertinence» (avec une royale impertinence).
Page 26: «mademois e» remplacé par «mademoiselle» (présidée par mademoiselle Cormon).
Page 26: «une» remplacé par «un» (un autre perron).
Page 29: «de» remplacé par «des» (se faire un moyen des sentiments).
Page 40: «wisth» remplacé par «whist» deux fois («pour un whist ou un boston» et «et celle de whist»).
Page 43 (illustration): «CORMONT» remplacé par «CORMON» (MADEMOISELLE CORMON).
Page 57: «s'allanguir» remplacé par «s'alanguir» (voyait la conversation s'alanguir).
Page 63: «close» remplacé par «éclose» (l'idée de bâtir un théâtre était éclose).
Page 72: «wisth» remplacé par «whist» (qui jouait au whist).
Page 75: «dans» remplacé par «dont» (une glace dont le tain tombait).
Page 76: «qui» remplacé par «que» (l'amitié que l'abbé portait à son grand-père).
Page 80: «nous» remplacé par «tous» (apprit à tous les habitants).
Page 88: «Scherbelloff» remplacé par «Sherbellof» (la fille de la princesse Sherbellof).
Page 107: «autorisé» remplacé par «autorisée» (l'abbé Couturier l'avait autorisée).
Page 108: au lieu de «remplit» il faut peut-être lire «rendit» (rendit les plats moins chauds).
Page 109: «veangeance» remplacé par «vengeance» (ne pas mourir sans vengeance).
Page 111: «Bouquier» remplacé par «Bousquier» (pressenties par du Bousquier).
Page 111: «abadonner» remplacé par «abandonner» (sont forcés d'abandonner).
Page 111: «bourgeoise» remplacé par «bourgeoisie» (triomphe de la bourgeoisie).
Page 112: «landau» remplacé par «landaus» (des calèches, des coupés, des landaus).
Page 120: «De Bvlzac» remplacé par «De Balzac».
Page 123: «restés» remplacé par «resté» (Après être resté quelques instants).
Page 126: «peids» remplacé par «pieds» (je tâchais d'arriver à ses pieds).
Page 133: «élments» remplacé par «éléments» (les éléments nobles réunis).
Page 134: «pur» remplacé par «pure» (homme de la Gauche pure).
Page 141: «courtisannes» remplacé par «courtisanes» (les folies faites pour les courtisanes).
Page 167: «an» remplacé par «au» (au bout de la remontrance).
Page 170: «pelotte» remplacé par «pelote» (comme des aiguilles dans une pelote).
Page 170: «chattemittes» remplacé par «chattemites» (avec ces manières chattemites).
Page 170: «concentrés» remplacé par «concentrée» (la béatitude concentrée des dévotes).
Page 171: «la» remplacé par «le» (le vidame de Pamiers).
Page 179: «argant» remplacé par «argent» (formant le total de l'argent).
Page 187: «comtemplé» remplacé par «contemplé» (elle avait contemplé le danger).
Page 188: «étais» remplacé par «était» (L'ange n'était plus que cela).
Page 192: «belle» remplacé par «folle» (Vous êtes folle!).
Page 201: «tout» remplacé par «toute» (en toute hâte).
Page 202: «tous» remplacé par «tout» (tout vous est acquis).
Page 207: «mai» remplacé par «mais» (cette bataille n'était pas Marengo, mais Waterloo).
Page 207: inséré «t-» (demanda-t-elle en regardant Chesnel).
Page 209: «tout» remplacé par «tous» (voient tous Paris).
Page 211: «Fidèle» remplacé par «Fidèles» (Fidèles aux vieilles mœurs de la ville).
Page 211: «grillé» remplacé par «grillés» (offrait des jours grillés).
Page 220: «aidé» remplacé par «aidés» (ils le doubleront aidés par du Croisier).
Page 224: «escrètes» remplacé par «secrètes» (les manœuvres secrètes).
Page 244 (illustration): «DE» remplacé par «DANS» (LE LYS DANS LA VALLÉE).
Page 246: «jette» remplacé par «jettent» (les flots de la tempête jettent par fragments).
Page 255: «tempéramment» remplacé par «tempérament» (d'un tempérament de fer).
Page 263: «mileu» remplacé par «milieu» (au milieu des longues prairies).
Page 273: «Azy» remplacé par «Azay» (jusqu'au château d'Azay).
Page 277: «pofondeur» remplacé par «profondeur» (la conscience de la profondeur).
Page 280: «tangeantes» remplacé par «tangentes» (deux tangentes impossibles).
Page 282: «qnand» remplacé par «quand» (même quand je le vis ridicule).
Page 284: «avant» remplacé par «ayant» (C'est le stoïcisme ayant un avenir).
Page 284: «employor» remplacé par «employer» (pour employer les expressions).
Page 285: «amolies» remplacé par «amollies» (amollies par la fraîcheur des baumes).
Page 290: «écran» remplacé par «écrin» (un écrin de pierres précieuses).
Page 301: «inexpliquables» remplacé par «inexplicables» (C'était les inexplicables pointilleries).
Page 301: «insuportable» remplacé par «insupportables» (pointilleries insupportables).
Page 302: «eux» remplacé par «eaux» (les eaux dormantes de l'oubli).
Page 302: «femmes» remplacé par «femme» (toutes ses timidités de femme).
Page 309: «dois» remplacé par «doit» (et cela ne doit pas être).
Page 312: «du» remplacé par «de» (Je n'ai pas besoin de ceci).
Page 316: «Je» remplacé par «Le» (Le coup de baguette de la Restauration).
Page 326: «contruit» remplacé par «construit» (je n'ai jamais construit un seul bouquet).
Page 331: «fruit» remplacé par «fruits» (les jolies haies couvertes de fruits rouges).
Page 337: «Azai» remplacé par «Azay» (comme toutes ces guenons d'Azay).
Page 338: «revîmmes» remplacé par «revînmes» (Quand nous revînmes au salon).
Page 340: «detelée» remplacé par «dentelée» (à pèlerine dentelée).
Page 342: «ins-stinct» remplacé par «instinct» (mais dont j'usai par instinct).
Page 352: «Nover» remplacé par «Noves» (devant Laure de Noves).
Page 366: «révès le lemoindres» remplacé par «révèle les moindres».
Page 367: «passionnnée» remplacé par «passionnée» (une reconnaissance passionnée).
Page 374: «s'avoir» remplacé par «savoir» (pour savoir s'ils échapperaient).
Page 375: «allanguie» remplacé par «alanguie» (sa tête alanguie).
Page 376: «in-rieur» remplacé par «intérieur» (jugeant tout, intérieur, extérieur).
Page 378: «Clochegourche» remplacé par «Clochegourde» (qui de Clochegourde rayonnait sur moi).
Page 378: inséré «de» (me dit monsieur de Mortsauf).
Page 390: «signi-catives» remplacé par «significatives» (de pauses très-significatives).
Page 398: «cette» remplacé par «cet» (cet intime plaisir).
Page 398: «incesamment» remplacé par «incessamment» (Cette fleur, incessamment fermée).
Page 398: «tout» remplacé par «tous» (Elle me prouvait par tous les riens).
Page 403: «révolta» remplacé par «révolte» (qu'elle étouffa la révolte de ma passion).
Page 409: «son» remplacé par «mon» (pour savoir si sa toilette était de mon goût).
Page 412: «autre» remplacé par «antre» (et rapporté dans son antre une proie).
Page 422: «Dubley» remplacé par «Dudley» (La marquise Dudley n'est donc pas à Paris?).
Page 430: «celle» remplacé par «celles» (celles des jeunes cœurs).
Page 430: «elles» remplacé par «elle» (elle demandait à Dieu).
Page 433: «venu» remplacé par «venue» (Je suis venue au bord de la mer).
Page 434: «donte» remplacé par «doute» (Dieu sans doute a placé la punition).
Page 436: «enfant» remplacé par «amant» (Quel plaisir d'attendre ainsi son amant).
Page 437: «syllable» remplacé par «syllabe» (la dernière syllabe de mon nom).
Page 444: «crime» remplacé par «crimes» (de semblables crimes de lèse-amour).
Page 448: «Nathalie» remplacé par «Natalie» (heureux, Natalie, l'homme que vous aimez!).
Page 453: «majordonne» remplacé par «majordome» (l'affaire de son majordome).
Page 474: «recevent» remplacé par «recevant» (en recevant un coup de lance).
Page 478: «enfan» remplacé par «enfants,» (j'étais nécessaire à mes enfants, au comte).
Page 484: «amerais» remplacé par «aimerais» (j'aimerais mieux me jeter dans l'Indre).