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Manuel de synonymie Latine

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E

Ebrius. Vinolentus. Temulentus. Crapula. Ebriosus.

1. Ebrietas présente par leur beau côté les suites d’un excès de vin, c’est l’exaltation, l’animation, qui touchent à l’inspiration, μέθη ; vinolentia et le terme archaïque de temulentia les font envisager par leur vilain côté, celui d’un homme qui se soûle et tombe dans l’abrutissement, οἶνωσις ; enfin, crapula exprime la cause matérielle de cet état, les fumées du vin, comme ϰραιπάλη.

2. Ebrius et le mot d’origine étrangère madulsa désignent l’état passager d’un homme qui est ivre ; ebriosus l’habitude d’un homme qui s’enivre.

Eloqui. Enunciare. Proloqui. Pronunciare. Recitare.

1. Eloqui et enunciare marquent un acte de l’intelligence par lequel on exprime une idée qui était dans l’esprit : l’eloquens tient autant de compte de la forme que du fond ; il veut donner à la pensée le tour le plus parfait ; l’enuncians ne s’attache qu’au fond ; son but est rempli dès qu’il a fait passer ses idées dans le domaine public, qu’il les a communiquées. Le style, elocutio, appartient à la rhétorique ; la proposition et le jugement, enunciatio, appartiennent à la grammaire et à la logique.

2. Proloqui marque un acte moral par lequel on se résout à exprimer une pensée qu’on tenait secrète, par opposition à reticere, comme profiteri ; enfin, pronunciare marque un acte physique par lequel on exprime mécaniquement et intelligiblement ce qu’on a pensé ou écrit, comme recitare.

3. Pronunciare est un simple usage des organes de la parole et ne suppose pas d’autre but que de se faire pleinement entendre ; recitare est le fait de l’art : on vise à produire une impression agréable par une juste modulation de la voix conforme aux règles de la déclamation. La pronunciatio ne s’applique qu’aux lettres, aux syllabes et aux mots considérés comme les éléments et le corps du discours ; la recitatio se rapporte, en outre, aux termes et au sens considérés comme l’âme du discours.

Emere. Mercari. Redimere.

1. Emere, faire une emplette ; c’est l’acquisition de l’objet qui est le point capital, et le prix à payer n’est qu’une idée accessoire, πρέασθαι ; mercari, acheter, il s’agit de la conclusion d’un marché fait dans toutes les règles, généralement entre commerçants, ἐμπολᾷν.

2. Emere s’applique à des objets de commerce proprement dits ; redimere, à des objets qui ne constituent point aux yeux de la loi et de la morale de vrais articles de commerce, que l’acquéreur pourrait réclamer comme un dû ou qu’il devrait obtenir par faveur sans bourse délier, par exemple, la paix, la justice, l’affection. Cic. Sext. 30, 66. Quis autem rex qui illo anno non aut emendum sibi quod non habebat, aut redimendum quod habebat arbitrabatur ? Quel est le roi qui ne se soit cru réduit cette année ou à acheter ce qu’il n’avait point ou à racheter ce qu’il avait ?

Eminens. Excellens. Præclarus. Præstans. Insignis. Singularis. Unicus.

1. Eminens, excellens, præclarus et præstans servent à constater de sang-froid une supériorité ; egregius, à la proclamer avec enthousiasme ; eximius, avec admiration.

2. Eximius, etc., se rapportent tous à des qualités louables et ne peuvent se joindre que par ironie à des vices ou à des fautes ; insignis, singularis et unicus sont des termes indifférents qui expriment également la louange ou le blâme à un haut degré.

En. Ecce.

En, vois ici ce qui était resté jusqu’à présent caché à tes yeux, comme ἤν, ἠνί, ἠνίδε ; ecce, vois là ce que tu n’aurais jamais soupçonné, comme ἰδού.

Epulæ. Convivium. Dapes. Epulum. Comissatio.

Epulæ est le terme général, le repas, le manger, frugal ou recherché, en famille ou avec des convives, au logis ou en public ; convivium, repas de société, en compagnie ; dapes, banquet religieux à la suite d’un sacrifice ; epulum, banquet solennel, ordinairement politique, en l’honneur d’un personnage ou d’un succès ; comissatio, débauche de table, orgie.

Equus. Caballus. Mannus. Canterius.

Equus, terme général pour le cheval, c’est le nom de l’espèce ; caballus, cheval commun ; mannus, cheval de petite taille et de luxe, poney ; canterius, cheval coupé, hongre. Sen. Ep. 85. Cato censorius canterio vehebatur et hippoperis quidem impositis. Oh ! quantum decus sæculi, Catonem uno caballo esse contentum et ne toto quidem ! Ita non obesis omnibus mannis et asturconibus et tolutariis præferres unum illum equum ab ipso Catone defrictum ? Caton le censeur voyageait sur un hongre qui portait ses bagages. Oh ! quelle gloire pour un siècle que ce Caton qui se contentait d’un cheval commun ou plutôt d’une place sur ce cheval ! Est-ce que vous ne préférez pas à tous les poneys potelés, aux coursiers d’Asturie, aux trotteurs, cet unique cheval que Caton pansait lui-même ?

Errare. Vagari. Palari.

Errare, s’égarer, πλανᾶσθαι, aller çà et là malgré soi, faute de connaître le bon chemin ; vagari et palari, errer de propos délibéré : vagari, ἀλᾶσθαι, par ennui d’un séjour fixe ou du droit chemin, en changeant souvent de direction ; palari, en s’éloignant de la société dans laquelle on se trouve pour courir seul. Erramus ignari ; vagamur soluti ; palamur dispersi. On s’égare par ignorance ; on mène une vie errante lorsqu’on ne tient à rien ; on s’écarte pour se disperser. Tac. H. I, 68. Undique populatio et cædes ; ipsi in medio vagi ; abjectis armis magna pars, saucii aut palantes in montem Vocetium perfugiunt. Partout des ravages et des massacres ; errant entre les deux corps ennemis, jetant leurs armes, blessés ou dispersés pour la plupart, les Helvétiens cherchent un refuge sur le mont Vocétius.

Erudire. Formare. Instituere.

Erudire et formare présentent l’éducation par son côté idéal, comme un des éléments de la perfection humaine : erudire, en général, l’éducation délivre de l’ignorance ; formare, dans un sens particulier ; elle transporte l’homme dans une sphère spéciale ; elle le façonne pour un but déterminé vers lequel elle dirige l’âme ; instituere présente la même éducation par son côté positif ; elle rend propre à un métier.

Et. Que. Ac. Atque.

Et est la conjonction dont l’usage est le plus général ; que et et-et servent à unir des termes opposés : que, dès qu’il y a opposition, par exemple terra marique ; et-et, pour marquer expressément l’opposition, par exemple et terra et mari ; ac et atque unissent des synonymes : atque se place devant les voyelles et les consonnes gutturales ; ac, devant le reste des consonnes, par exemple, vir fortis ac strenuus.

Excubiæ. Stationes. Vigiliæ.

Excubiæ, sentinelles devant un palais, garde d’honneur et sauve-garde ; stationes, garde placée à une porte, poste avancé ; vigiliæ, garde de nuit, patrouille.

Exemplum. Exemplar.

Exemplum, exemple pris entre beaucoup d’autres à cause de sa convenance relative ; il s’applique à un cas déterminé ; exemplar, exemple choisi de préférence à d’autres à cause de sa perfection ou de sa convenance absolue ; il représente une idée générale, modèle. Vell. P. II, 100. Antonius singulare exemplum clementiæ Cæsaris. Antoine, exemple frappant de la clémence de César. Comparez avec Tac. Ann. XII, 37. Si incolumem servaveris, æternum exemplar clementiæ ero (clementiæ, et non pas clementiæ tuæ). Si tu me sauves, au lieu de me frapper, ta conduite envers moi restera éternellement un modèle de clémence.

Exercitus. Copiæ.

Exercitus, armée composée de plusieurs légions ; copiæ, troupes composées de plusieurs cohortes.

Exilis. Macer. Gracilis. Tenuis.

Exilis et macer se disent de l’exténuation considérée comme un vice interne et y rattachent directement une idée de blâme. C’est un rétrécissement causé par le défaut de sucs nourriciers. Exilis est un terme général qui se dit de toute espèce de corps et qui marque un appauvrissement et un manque de forces, par opposition à uber, misérable ; macer, maigre, se dit particulièrement du corps des animaux ; il désigne une certaine sécheresse, un certain épuisement, par opposition à pinguis. Gracilis et tenuis se rapportent à la forme, à l’apparence et sont des termes indifférents ou des termes d’éloge : tenuis, mince, délicat, se dit en général de toute sorte de corps, par opposition à crassus ; gracilis a un air de ressemblance avec procerus et se dit en particulier du corps des animaux, élancé, par opposition à opimus, à obesus.

Explorator. Speculator. Emissarius.

Exploratores, éclaireurs chargés ouvertement de reconnaître le terrain ou l’ennemi ; speculatores, espions envoyés secrètement pour découvrir par ruse la situation et les plans de l’ennemi ; emissarii, agents secrets chargés au besoin de mesures et de missions extraordinaires.

Exspes. Desperans.

Exspes marque en général l’état d’une personne qui a cessé d’espérer ; desperans présente le désespoir sous l’aspect d’un sentiment douloureux.

Exterus. Externus. Peregrinus. Alienigena. Extrarius. Extraneus. Advena. Hospes.

1. Exterus et externus, l’étranger dans son pays ; peregrinus, alienigena, advena et hospes, l’étranger qui réside temporairement dans notre pays.

2. Externus ne marque qu’un rapport de lieu et se dit également des choses et des personnes ; exterus marque un rapport interne et ne se dit que des personnes. Externæ nationes est une expression purement géographique ; ce sont les peuples du dehors ; exteræ nationes est un terme politique ; ce sont les peuples étrangers.

3. Extraneus se dit du monde extérieur, par opposition à la parenté, à la famille, à la patrie ; extrarius, par opposition au moi. Cic. ap. Colum. XII. Comparata est opera mulieris ad domesticam diligentiam ; viri autem ad exercitationem forensem et extraneam. La femme est destinée à donner ses soins aux travaux du ménage ; l’homme, aux affaires du Forum et aux occupations extérieures. Comparez avec Inv. II, 56. Utilitas aut in corpore posita est aut in extrariis rebus. L’utilité est en nous ou hors de nous.

4. Peregrinus, celui qui n’est pas citoyen, par opposition à civis ; alienigena, celui qui est né à l’étranger, par opposition à indigena ; advena, l’émigrant établi dans un pays, par opposition à αὐτόχθων, à aborigines ou encore à indigena ; hospes, le nouveau-venu, par opposition à popularis.

5. Peregrinus, l’étranger au titre politique, privé du droit de cité et de séjour, avec une idée de mépris ; hospes, l’étranger à titre d’homme et d’égal, en jouissance du droit d’hospitalité. Cic. Rull. II, 34. Nos autem qui hinc Roma veneramus, jam non hospites sed peregrini atque advenæ nominabamur. Mais nous qui n’arrivions que de Rome, on ne se bornait pas à nous traiter de nouveau-venus ; nous étions des étrangers sans droit de cité, des émigrants en quête d’un établissement.

Extremus. Ultimus. Postremus. Novissimus.

Extremus et ultimus, le dernier, quand il s’agit d’une quantité indivise, d’un espace continu : extremus se dit de la partie extrême d’un espace ou d’une surface, par opposition à intimus et medius, comme ἔσχατος ; ultimus, du point extrême d’une ligne, par opposition à citimus et proximus, comme λοῖσθος. Postremus et novissimus, le dernier quand il s’agit d’une quantité qui offre des subdivisions, d’une série numérique : postremus, ὕστατος, celui qui vient après les autres dans une série toute faite où il occupe la dernière place, par opposition à ceux qui tiennent la tête ; novissimus, le dernier dans une série en formation où il vient s’ajouter à tous les autres, le tout dernier, par opposition au néant qui vient ensuite, comme νέατος.

F

Faber. Opifex. Artifex.

Fabri, ouvriers dont le travail consiste en une dépense de forces physiques, charpentiers et forgerons, χειρώναϰτες ; opifices, artisans qui ne sauraient se passer d’adresse mécanique et d’application, ϐάναυσοι ; artifices, artistes qui font preuve d’esprit et d’invention même dans des travaux mécaniques.

Facies. Os. Vultus. Oculi.

Facies et oculi, le visage et les yeux, au sens physique, comme traits naturels et comme organe de la vue ; os et vultus expriment en outre un rapport moral : l’état temporaire et même habituel de l’âme se révèle par les airs et les yeux. Os se dit du regard et de l’expression correspondante de la bouche ; vultus se dit des mouvements de l’œil et de l’aspect simultané des traits qui l’avoisinent, du front serein ou sombre. Tac. Agr. 44. Nihil metus in vultu, gratia oris supererat. Son regard ne trahissait pas la moindre crainte et la grâce était le trait dominant de sa physionomie. Cic. Orat. 18, 60. Ut imago animi est vultus, sic indices oculi. Le front et les yeux sont le miroir de l’âme ; les yeux sont même des délateurs.

Fallere. Frustrari. Decipere. Circumvenire. Fraudare. Imponere.

Fallere, frustrari et imponere, induire en erreur et causer une confusion du vrai avec le faux, σφάλλειν : le fallens trompe parce qu’il voit les choses sous un jour faux ; le frustrans, parce qu’il a de fausses espérances ; l’imponens met à profit la crédulité d’autrui. Decipere et circumvenire, surprendre par ruse et gagner un avantage déshonnête, ἀπατᾷν : le decipiens, par une ruse instantanée ; le circumveniens, par une machination, comme circonvenir. Fraudare, duper, nuire, dépouiller quelqu’un par abus de confiance.

Fames. Esuries. Inedia.

Fames, la faim, comme conséquence du défaut de nourriture, λιμὸς, par opposition à satietas ; esuries, l’envie de manger, comme conséquence du vide et de l’irritation de l’estomac, par opposition à sitis ; enfin, inedia, l’abstinence en général, sans assignation de cause, mais de préférence, par acte volontaire, comme ἀσιτία. Fame et esurie perire signifient périr de faim ; inedia perire, se laisser mourir de faim.

Fateri. Profiteri. Confiteri.

Fateri, avouer, sans idée accessoire, par opposition à celare ; profiteri, reconnaître librement ou ouvertement, sans crainte et sans réticence, qu’on soit interrogé ou non ; confiteri, confesser par suite de questions, de menaces, de contrainte. La professio a sa raison d’être dans un noble effort sur soi-même ; c’est le fait d’une personne qui dédaigne les déguisements et n’a pas à rougir de ce qu’elle tenait caché ; mais la confessio a pour cause un effort honteux qui fait qu’on renonce au secret quoiqu’on ait à rougir de l’aveu. Cic. Cæc. IX, 24. Ita libenter confitetur, ut non solum fateri, sed etiam profiteri videatur. C’est une confession si franche qu’elle ressemble moins à un aveu qu’à une déclaration.

Fatigatus. Fessus. Lassus.

Fatigatus et fessus expriment l’état d’une personne qui soupire après le repos à la suite d’un effort dont elle se ressent désagréablement : fatigatus, au sens passif ; il se dit de celui que la fatigue a gagné ; fessus, au sens neutre ; il se dit de celui que la fatigue accable. Lassus et lassatus expriment, comme las et lassé, un état dans lequel on a besoin de repos, parce qu’on est affaibli par le travail ou le mouvement. Cels. I, 2, 15. Exercitationis finis esse debet sudor aut certe lassitudo, quæ citra fatigationem sit. Il faut suspendre l’exercice à la première sueur, ou du moins à l’arrivée de la lassitude qui précède le sentiment de la fatigue. Sall. Jug. 57[1]. Opere castrorum et præliorum fessi lassique erant. Les campements et les combats les avaient fatigués et lassés.

  • 1 Chap. LIII de la collection Lemaire et de la collection Panckoucke.

Faux. Glutus. Ingluvies. Guttur. Gurgulio. Gula.

Faux, glutus et ingluvies, l’intérieur du conduit alimentaire, le gosier : glutus, chez l’homme ; ingluvies, chez les animaux ; faux, la partie supérieure, l’entrée du conduit. Guttur, gurgulio et gula, la gorge ou partie du corps qui sert d’enveloppe au conduit : gurgulio, chez les animaux ; gula, chez l’homme ; guttur, chez les animaux et chez l’homme.

Fax. Tæda. Funale.

Fax, terme général pour toute espèce de flambeaux ; tæda, flambeau naturel en bois résineux ; funale, flambeau de cire qui est un produit de l’art.

Fel. Bilis.

Fel, le fiel des animaux, et au figuré le symbole de l’amertume dans le goût ; bilis, le fiel du corps humain, et au figuré le symbole de l’amertume dans les sentiments.

Felix. Prosper. Faustus. Fortunatus. Beatus.

Felix, fœlix, terme général en parlant du bonheur ; il a le sens actif et le sens neutre qui rend heureux et qui est heureux ; prosper et faustus n’ont que le sens actif : qui donne, qui apporte le bonheur ; prosperum se dit de ce qui vient remplir les espérances et les vœux de l’homme, de ce qui arrive comme à souhait ; faustum, de ce qui est un effet de la faveur, de la grâce des dieux, une sorte de bénédiction. Fortunatus et beatus ont, par préférence ou même exclusivement la signification intransitive ou passive, fortuné, comblé par le bonheur : le fortunatus est un favori de la fortune, comme εὐτυχής ; le beatus se sent heureux et content, comme les θεοὶ ῥεῖα ζάωντες, μαϰάριος.

Femina. Mulier. Uxor. Conjux. Marita.

1. Femina, la femme considérée dans sa nature physique, par opposition à mas ; mulier, la femme sous son aspect moral, comme un être faible et tendre, par opposition à vir. Femina seul sert à désigner la femelle de l’animal.

2. Mulier signifie encore la femme mariée, par opposition à virgo ; uxor et conjux, la femme, par opposition au mari : uxor, dans le simple rapport de la femme à l’homme auquel elle est confiée, par opposition à maritus ; conjux, dans ses rapports mutuels avec le mari, comme une des moitiés du couple et par opposition à liberi. Et en tant que l’uxor appartient à l’homme, tandis que la conjux est son égale, uxor se dit d’un mariage du commun, comme femme ; conjux, d’un mariage dans un rang élevé, comme épouse.

3. Uxor appartient à la langue courante ; marita est un mot poétique.

Ferocia. Ferocitas. Virtus. Fortitudo.

Ferocia et ferocitas, le courage naturel et sauvage que peuvent posséder le barbare et la bête ; ferocia dans l’application, ferocitas comme instinct. Virtus et fortitudo, le courage moral dont l’homme ne devient capable qu’à un haut degré de civilisation : virtus, lorsqu’il se manifeste par l’action et par l’offensive, comme l’industria ; fortitudo, lorsqu’il se manifeste par la résistance et la défensive, comme la constantia. Tac. Ann. XI, 19. Nos virtutem auximus, barbari ferociam infregere. Cela rehaussa le courage discipliné des Romains en rabaissant le courage brutal des barbares.

Ferre. Portare. Bajulare. Gerere.

1. Ferre, φέρειν, porter, en général ; portare et bajulare, ϐαστάζειν, transporter un fardeau : portare, pour soi ou pour les autres ; bajulare, en qualité de portefaix. Dans Cæs. B. G. I, 16. Ædui frumentum... conferri, comportari, adesse dicere, conferre se rapporte à la livraison que chaque sujet vient faire de sa contribution partielle entre les mains des autorités locales ; comportare, à la remise à César de toutes les réquisitions réunies.

2. Ferre, portare et bajulare n’expriment qu’un rapport éventuel, celui du porteur à son fardeau ; gerere, gestare expriment, comme φορεῖν, un rapport plus particulier, celui du propriétaire à son bien.

Bellum ferre ne signifie guère que inferre ou tolerare bellum. Bellum gerere se rapproche de bellum habere et ne s’applique qu’au peuple entier ou au souverain, à celui qui a pris la résolution de faire la guerre et qui est en état de guerre, mais nullement à l’armée qui combat, ni au général chargé de diriger les opérations. Gerit bellum populus Romanus, administrat consul, capessit miles. Le peuple romain a la charge de la guerre, le consul la conduit, le soldat la fait.

Ferre. Tolerare. Perferre. Perpeti. Sustinere. Sinere. Sustentare.

1. Ferre ne fait voir dans la souffrance qu’un fardeau à porter : c’est un terme impersonnel, comme φέρειν ; tolerare, perferre et pati, perpeti peignent la situation d’esprit de la personne qui porte et qui souffre : le tolerans et le perferens, τολμῶν, supportent la souffrance sans y succomber, avec force et fermeté ; ce sont des synonymes de sustinens ; le patiens et le perpetiens souffrent sans lutter, de bonne grâce ou avec résignation, avec patience ; ce sont des synonymes de sinens. Ferre et tolerare ne peuvent avoir pour régime qu’un nom ; pati peut avoir un nom ou un infinitif.

2. Perferre, et en vieux latin ecferre, est un augmentatif de tolerare, comme perpeti de pati, supporter et souffrir héroïquement. Poet. ap. Cic Tusc. IV, 29. Nec est malum, quod non natura humana patiendo ecferat. Et il n’y a point de mal dont la nature humaine ne triomphe à l’aide de la résignation. Comparez Sen. Thyest. 307. Leve est miserias ferre, perferre est grave. Il est aisé d’être malheureux, il est difficile de l’être avec constance. Plin. H. N. XXXVI, 21. Qui perpeti medicinam non toleraverant. Ceux qui n’avaient pas eu la force d’endurer le remède. Tac. Ann. III, 3. Magnitudinem mali perferre visu non toleravit. Elle n’eut point la force de braver la vue de ce grand malheur.

3. Tolerare, continuer à se tenir droit et ne pas succomber sous un fardeau ; sustinere, soutenir le fardeau même et ne point le laisser tomber.

4. Pati, laisser faire sans objection, se dit d’un assentiment d’esprit ; sinere, ne pas retenir, n’empêcher en aucune façon, d’un consentement en forme, comme permettre. Pati a régulièrement pour régime l’action même et se construit avec l’infinitif ; sinere, la personne, et il se construit avec ut.

5. Sustinere signifie en général soutenir ; sustentare, soutenir à force de mal et de peine. Cic. Muren. 2. Quis mihi in republica... debet esse conjunctior quam is cui respublica a me uno traditur sustinenda, magnis meis laboribus ac periculis sustentata ? Quel est l’homme d’État sur l’attachement duquel je dois compter ? N’est-ce pas celui que j’appelle moi-même, et moi seul, à devenir l’appui de l’État que j’ai péniblement étayé au prix de grandes fatigues et de grands dangers ? Curt. VIII, 4, 15. Forte Macedo gregarius miles seque et arma sustentans in castra venit. Le hasard amena enfin dans le camp un simple soldat macédonien qui se traînait avec ses armes. Comparez avec V, 1, 11. Tandem Laconum acies languescere, lubrica arma sudore vix sustinens. La ligne des Spartiates faiblit enfin, leurs armes leur échappaient de fatigue, ils en soutenaient à peine le poids.

Fidere. Confidere. Fidem habere. Credere. Committere. Permittere.

1. Fidere, se fier ; confidere, se confier à une force et à un secours ; fidem habere, croire sur parole à une bonne intention, et credere, y croire de soi-même. Liv. II, 45. Consules magis non confidere quam non credere suis militibus. Les consuls, sans se défier de leurs soldats, ne comptaient plus sur eux. Le premier verbe, confidere, se rapporte à leur courage ; le second, credere, à leur fidélité.

2. Fidere, etc., présente la confiance à l’état de sentiment ; committere, permittere, se disent de la confiance en action : le committens agit par pleine conviction de la capacité et de la bonne volonté de son mandataire, ce qui impose à celui-ci une responsabilité morale ; le permittens ne songe qu’à se débarrasser du fardeau d’une affaire, en sorte que le mandataire n’a qu’une responsabilité politique ou légale. Cic. Font. 14. Ita ut commissus sit fidei, permissus potestati. On le confie à votre honneur, on le remet en votre pouvoir.

Fides. Fidelitas. Fiducia. Confidentia. Audacia. Audentia.

1. Fides et fidelitas, la fidélité que l’on garde soi-même aux autres : fides, dans un sens général, comme πίστις, l’habitude de tenir parole, la réputation d’homme sûr qu’on doit à une honnêteté scrupuleuse, la confiance qu’on inspire par là aux autres, l’honneur ; fidelitas, dans un sens particulier, comme πιστότης, la fidélité dans l’attachement à des personnes auxquelles on s’est une fois donné. Fiducia et confidentia, la confiance qu’on a dans les autres : fiducia, la bonne et louable confiance en des choses auxquelles il est réellement permis de se fier, l’assurance qui est parente du courage, par opposition à timor, comme θάρσος ; confidentia, la confiance aveugle et blâmable, particulièrement en sa propre force, par opposition à la prévoyance et à la modestie, la suffisance, parente de l’orgueil, θράσος.

2. Fiducia et confidentia ont leur raison d’être dans la confiance du succès ; audacia et audentia, dans le mépris du danger : l’audacia est tantôt une hardiesse louable et comme un augmentatif de fiducia, tantôt une effronterie blâmable, et il se dit alors par euphémisme pour temeritas, comme τόλμα ; l’audentia est toujours un esprit d’entreprise louable. Juven. XIII, 108. Quum magna malæ superest audacia causæ, creditur a multis fiducia. Qu’on paye d’audace dans une méchante cause, la foule croit à une noble confiance. Sen. Ep. 87. Quæ bona sunt fiduciam faciunt, divitiæ audaciam. Les vrais biens inspirent une louable confiance, les richesses de l’audace.

Fidus. Fidelis. Infidus. Infidelis. Perfidus. Perfidiosus.

1. Fidus marque une qualité native ; c’est quelquefois un éloge ; fidelis marque une vertu morale, un trait de caractère ; c’est toujours un éloge. Liv. XXII, 22. Eo vinculo Hispaniam vir unus solerti magis quam fideli consilio exsolvit. Abellex erat Sagunti, nobilis Hispanus, fidus ante Pœnis. L’Espagne fut dégagée de ce lien par un seul homme à l’aide d’une combinaison qui marquait plus de génie que de fidélité. Il y avait à Sagonte un certain Abellex, noble Espagnol, auparavant attaché à la cause punique.

2. Infidus, qui n’est pas sûr ; infidelis, infidèle ; perfidus et perfidiosus, sans foi : perfidus, perfide à l’occasion ; perfidiosus, plein de perfidie, traître dans l’âme.

Figura. Forma. Species.

Figura, forme quelconque au sens mathématique, pourvu qu’elle ait des contours déterminés, comme σχῆμα, la figure ; forma, la forme au sens esthétique, comme expression visible et comme empreinte de l’être intérieur, en correspondance avec cet être, comme μορφή ; enfin, species, l’apparence physique opposée à l’être intérieur et invisible auquel elle sert simplement de couverture, comme εἶδος. Figurare, donner une forme arrêtée à une matière entièrement informe ; formare, façonner, c’est-à-dire donner à une masse grossière la forme qu’elle doit avoir ; et enfin, speciem addere, parer, c’est-à-dire donner à une matière déjà façonnée un caractère extérieur qui plaise à l’œil. Figura se rapporterait donc exclusivement aux contours ou linéaments, tandis que forma ou du moins species comprendrait la couleur, la grandeur et autres détails.

Findere. Scindere.

Findere, diviser un corps dans le sens de ses joints naturels, le décomposer pour ainsi dire en ses parties élémentaires, comme fendre et cliver ; scindere, le diviser par force sans aucun égard aux joints et le mettre en pièces, comme couper et déchirer. Findere lignum veut dire fendre une bûche de bois en s’aidant de la nature même du bois, dans le sens de la longueur ; mais scindere, casser par pure force, en largeur. Le findens æquor nave considère la mer comme un assemblage de parties liquides ; le scindens, comme n’ayant fait qu’un tout dès l’origine.

Finire. Terminare. Consummare. Absolvere. Perficere.

Finire et terminare marquent la fin d’une action sans égard au progrès qu’on a pu faire vers le but : finire, finir, par opposition à incipere ; mais terminare, mettre un terme, une limite, par opposition à continuare. Consummare, absolvere et perficere marquent l’achèvement d’un ouvrage : consummare (qui ne paraît qu’après le siècle d’Auguste), comme terme général ; il s’oppose à une demi-besogne ; absolvere, par allusion à un devoir accompli, à un travail pénible qui vient d’être terminé et qui rend l’ouvrier à la liberté ; il s’oppose à inchoare ; perficere, par allusion à un but qu’on a atteint, à une tâche qu’on s’était soi-même imposée, laquelle est terminée et parfaite ; il s’oppose à conari. Absolutus ne suppose d’ailleurs que l’exécution complète de l’ouvrage, comme ἐντελής, tandis que perfectus marque la perfection de l’œuvre, comme τέλειος.

Finis. Terminus. Limes.

Finis, limite considérée comme une ligne mathématique, τέλος ; terminus et limes, démarcation matérielle : terminus, borne qui indique un point extrême, τέρμα ; limes, bande qui trace une ligne de séparation, ὄρος. Cic. Læl. 16. Constituendi sunt qui sint in amicitia fines et quasi termini diligendi. Il faut établir quelles doivent être entre amis les limites et, pour ainsi dire, les bornes de l’affection. Hor. Carm. II, 18, 24. Revellis agri terminos et ultra limites clientium salis avarus. Tu arraches les bornes du champ et tu sautes dans ton avarice par-dessus les limites de tes clients.

Fluere. Manare. Liquere.

Fluere se dit d’une eau qui court, d’un liquide en mouvement ; manare, d’une eau qui jaillit et déborde, d’un liquide qui se répand ; liquere, d’une eau ou d’un liquide qui se disperse en vertu de sa nature physique. La cause de l’effet que marque fluere est dans l’absence de digue qui permet au corps liquide de couler en descendant par la loi de la pesanteur ; celle de l’effet que marque manare est dans le trop-plein de la source ; enfin, liquere, être à l’état liquide, marque l’absence de cohésion, la condition négative indispensable pour donner lieu aux effets que désignent fluere et manare. Fluere se rapproche de labi et a pour opposés hærere, stare ; manare, d’effundi, et il a pour opposés contineri, claudi ; enfin, liquere, de dissolvi, et il a pour opposés concrevisse, rigere. Gell. XVII, 11. Plato potum dixit defluere ad pulmonem, eoque satis humectato demanare per eum quia sit rimosior et confluere inde in vesicam. D’après une opinion attribuée à Platon, l’eau que nous buvons coule de haut en bas jusqu’au poumon, puis, quand elle l’a suffisamment humecté, elle en ressort par une multitude de pores et va se réunir dans la vessie.

Fluvius. Flumen. Amnis.

Fluvius, flumen, marquent, comme ῥόος, ῥεῦμα, un cours d’eau ordinaire, par opposition à un étang ou à un lac ; amnis, un grand fleuve, ποταμὸς, par opposition à la mer. Cic. Divin. I, 35, 78. Ut flumina in contrarias partes fluxerint atque in amnes mare influxerit. Les rivières remontèrent leur propre cours et la mer se jeta dans les fleuves. Sen. N. Q. III, 19. Habet ergo non tantum venas aquarum terra, ex quibus corrivatis flumina effici possunt, sed et amnes magnitudinis vastæ. La terre ne contient pas seulement des filets d’eau qui peuvent former des rivières en se réunissant, mais encore des fleuves d’un volume immense. Et un peu plus loin : Hanc magnis amnibus æternam esse materiam, cujus non tangantur extrema sicut fluminum et fontium. Tel est le réservoir qui alimente éternellement les grands fleuves, mais dont l’origine n’est pas accessible comme celle des rivières et des sources. Tac. Hist. V, 13. Quo Mosæ fluminis os amnem Rhenum Oceano affundit. Dans les parages où la Meuse, qui est une rivière, prête son embouchure à un fleuve, au Rhin, pour le verser dans l’Océan.

Fœcundus. Fertilis. Ferax. Uber. Frugifer. Fructuosus.

1. Fœcundus marque, comme εὔτοχος, la fécondité chez les êtres vivants qui font des petits ; il est opposé à effœtus ; fertilis et ferax marquent, comme εὔφορος, la fécondité de la nature et des éléments inanimés qui produisent ; ils ont pour opposé sterilis. Tac. Ann. XII, 63. Byzantium fertili solo fœcundoque mari quia vis piscium hos ad portus adfertur. Byzance possède un sol fertile et une mer féconde, car des circonstances locales poussent une multitude de poissons vers les ports de cette côte. Le trope employé ici par Tacite consiste à personnifier la mer, ce qui était bien plus aisé que de personnifier le sol. C’est la terre, non le sol, qui, après avoir d’abord paru comme élément, figure ensuite comme personne dans les passages suivants. Tac. Germ. 5. Terra satis ferax, frugiferarum arborum impatiens, pecorum fœcunda, sed plerumque improcera. La terre, qui paraît assez fertile, repousse les arbres fruitiers ; elle est féconde en bestiaux, mais la plupart de petite taille. Mela. I, 9, 1. Terra mire fertilis et animalium perfœcunda genetrix. C’est une terre d’une fertilité étonnante et d’une fécondité extrême à engendrer pour ainsi dire des animaux.

2. Fertilis marque la fertilité réelle subordonnée à la culture ; ferax, la fertilité possible fondée sur la nature du sol. Cicéron emploie fertilis dans le sens propre, ferax dans le sens figuré.

3. Fertilis et ferax associent à l’idée de la fécondité celle d’une force créatrice et productive, l’image du père et de la mère ; uber, une idée de nourriture et d’entretien, l’image de la nourrice, comme εὐθηνής ; frugifer, l’image de la campagne qui porte des moissons ; fructuosus, celle de l’arbre chargé de fruits, comme ἔγϰαρπος.

Fœdus. Societas.

Fœdus, association de sûreté mutuelle sur le pied d’un contrat consacré par la religion ; societas, association de simple convenance pour des entreprises communes. Liv. XXIV, 6. Hieronymus legatos Carthaginem mittit ad fœdus ex societate faciendum. Hiéronyme envoie des ambassadeurs à Carthage pour transformer l’engagement en alliance. Cic. Phil. II, 35. Neque ullam societatem... fœdere ullo confirmari posse credidi. Je crus que tous les traités du monde ne parviendraient pas à cimenter un engagement.

Fœnus. Usura.

Fœnus présente les intérêts comme le revenu du capital, τόϰος ; usura, comme le prix de louage payé par le débiteur qui utilise le capital, δάνος.

Formosus. Pulcher. Venustus.

1. Formosus se dit du beau qui contente, attire et fait plaisir par sa régularité ; pulchrum, de celui qui se fait admirer, qui impose et satisfait par sa perfection ; venustum, de celui qui charme, éveille et fait naître le désir d’une jouissance. La formositas agit sur le sentiment naturel du beau, la pulchritudo, sur le sens cultivé de l’art, la venustas, sur les ressorts les plus délicats de la sensualité. Suet. Ner. 51. Fuit vultu pulchro magis quam venusto, c’est-à-dire qu’il avait dans les traits plus de perfection et de beauté régulière que d’agrément, que c’était une beauté froide et impassible vers laquelle personne ne se sentait entraîné.

2. Venustas, le charme, est un augmentatif de gratia, la grâce ; celui-là entraîne, celle-ci attire.

Fragor. Strepitus. Crepitus. Sonitus.

Fragor, son creux, sourd, craquement, δοῦπος ; strepitus, son retentissant, bruyant, mugissement, bruissement, cri, ϰτύπος ; crepitus, son isolé ou souvent répété, claquement, cliquetis, ϰροῦσις, ϰρότος ; sonitus, son qui provient des vibrations de corps élastiques, tintement, résonnance, ἠχή. Cic. Top. 12. Quæruntur pedum crepitus, strepitus hominum. Il y a lieu de chercher si l’on n’a pas entendu quelque bruit de pas ou de cris.

Frangere. Rumpere. Divellere.

1. Frangere, briser un corps dur en morceaux ; rumpere, déchirer un corps flexible. Cato. ap. PRISC. Si quis membrum rupit aut os fregit, parce que dans le membre rompu ce n’est point l’os invisible, mais les chairs visibles qui paraissent séparées. Catenæ franguntur, vincula rumpuntur. On brise des chaînes, on déchire des liens. Quand rumpere s’applique à quelque corps dur, il implique l’idée d’un effort et d’un danger : le frangens met en pièces ce qui est entier, le rumpens ce qui le gêne.

2. Disrumpere et diffringere, mettre en pièces, en morceaux ce qui formait dans l’origine un tout ; divellere, séparer ce qui n’était qu’assemblé.

Frenum. Habena. Oreæ.

1. Frenum, le frein à l’aide duquel le cavalier maîtrise le cheval sauvage, χαλινός ; habena, la bride avec laquelle il dirige le cheval docile, ἠνίον. Hor. Ep. I, 15, 13. Læva stomachosus habena dicet eques ; sed equi frenato est auris in ore, c’est-à-dire il n’obéit pas à la bride et il faut qu’il sente le frein. Cic. Orat. I, 53. Senatum servire populo, cui populus ipse moderandi et regendi sui quasi quasdam habenas tradidisset. Le sénat devenir l’esclave du peuple, quand le peuple même lui avait donné tout pouvoir de le conduire et de le gouverner et mis pour ainsi dire les rênes en main ! Comparez avec Tac. Dial. 38. Pompeius adstrinxit imposuitque quasi frenos eloquentiæ. Pompée rétrécit la carrière et mit pour ainsi dire un frein à l’éloquence.

2. Oreæ, aureæ, qui n’est plus usité que dans le composé auriga, était peut-être le terme générique de frenum et d’habena à peu près comme harnais.

Frigere. Algere. Algidus. Alsus. Gelidus. Frigus. Gelu. Glacies.

1. Frigere, être froid par opposition à calere ; algere, avoir froid par opposition à æstuare.

2. Algidus se dit du froid qui fait une impression désagréable ; alsus, de la fraîcheur qui apporte du soulagement.

3. Frigidus se dit d’un degré de froid modéré par opposition à calidus ; gelidus, du degré de froid qui amène la congélation par opposition à fervidus.

4. Frigus, le froid en lui-même, celui qui arrive et s’en va ; frigedo, l’état d’un homme saisi par le froid, état qui commence et qui cesse ; c’est une forme archaïque tombée en désuétude par l’emploi général de frigus.

5. Gelu, gelus, gelum marquent, comme ϰρύος, le froid capable de produire la glace ; gelicidium, une manifestation isolée de ce froid, une nuit où il gèle, comme ϰρυμός ; et glacies, comme ϰρύσταλλος, l’effet de ce froid, la glace.

Frustra. Nequidquam. Incassum. Irritus.

1. Frustra, en vain, par rapport au sujet qui se voit trompé dans son attente et ses calculs ; nequidquam, inutilement, pour rien, pour moins que rien, par rapport à la chose qui ne s’est point faite.

2. Même différence entre frustra employé adjectivement qui se rapporte à la personne, et le véritable adjectif irritus, qui se rapporte à la chose.

3. Frustra et nequidquam marquent simplement le manque de succès, comme μάτην, sans allusion à une faute ; incassum renferme l’idée accessoire d’un défaut de réflexion, de cette réflexion qui aurait pu calculer et prévoir l’échec, comme dans bâtir en l’air, bâtir des châteaux en Espagne, εἰς ϰενόν.

Fulciri. Niti.

Fulciri, fultus, se soutenir, soutenu pour se garantir d’une chute, en s’appuyant par exemple contre un pilier ; niti, nisus, pour s’élancer en l’air ou avancer en prenant un point d’appui sur une base.

Fulgur. Fulguratio. Fulmen.

Fulgur, fulgetrum et fulguratio désignent, comme ἀστραπή, les apparitions de l’éclair à l’horizon : fulgur présente le phénomène comme momentané et isolé ; fulguratio, comme durable et répété. Fulmen, c’est, comme ϰεραυνός, l’effet de l’éclair qui tombe à terre, la foudre. Liv. XL, 59. Fulguribus præstringentibus aciem oculorum, sed fulmina etiam sic undique micabant ut peti viderentur corpora. Au milieu des éclairs qui éblouissaient les yeux, la foudre même étincelait de toute part au point de faire craindre pour les hommes. Plin. H. N. II, 43. Si in nube erumpat ardens, fulmina ; si longiore tractu nitatur, fulgetra ; his findi nubem, illis perrumpi. Quand le feu du ciel éclate dans un nuage, c’est la foudre ; quand l’effet se produit en longueur, c’est l’éclair : l’éclair sillonne la nue que la foudre déchire.

Funus. Exsequiæ. Pompa.

Funus, le transport du cadavre comme ἐϰφορά ; exsequiæ et pompa, le cortége solennel qui accompagne le corps : exsequiæ, le cortége vivant composé de parents et d’amis ; pompa, la pompe inanimée composée des statues des ancêtres et autres ornements. Cic. Quint. 15. Funus quo amici conveniunt ad exsequias cohonestandas. Le convoi où les amis se pressent pour embellir le cortége. Nep. Att. 22. Elatus est in lecticula, sine ulla funeris pompa, comitantibus omnibus bonis, maxima vulgi frequentia. On l’emporta dans une petite litière ; nulle pompe au convoi, mais un cortége de tous les gens de bien et un très-grand concours de peuple.

Fustis. Ferula. Sudes. Trudis. Rudis. Scipio. Baculus.

1. Fustis et ferula, bâton qui sert à frapper ; sudes, trudis et rudis, à porter un coup de pointe ; scipio et baculus, à marcher.

2. Fustis, gourdin, bâton noueux assez gros pour donner la mort ; ferula, baguette ou verge pour corriger la jeunesse des écoles ; sudes et trudis, armes de guerre ; rudis, bâton servant de fleuret dans les salles d’armes ; scipio, bâton d’apparat et de dignité, symbole du pouvoir ou d’un âge vénérable ; baculus, bacillum, bâton utile et commode sur lequel on s’appuie, mais qui sert d’arme au besoin.

G

Garrire. Fabulari. Blatire. Blaterare. Loquax. Verbosus.

1. Garrire se dit du bavardage par allusion à la démangeaison de parler ; fabulari par allusion à la nullité, blatire et l’augmentatif blaterare à la folie de ce qu’on dit.

2. Le garrulus assomme par la nature, le loquax par le nombre de ses propos. En effet, garrulitas exprime le bavardage enfantin ou frivole né du plaisir de parler ou de s’entendre parler, sans égard à la valeur et au sens des paroles, ayant sa source dans un excès de vivacité juvénile ou même dans l’abus d’un talent distingué, λαλία ; loquacitas est le flux de paroles propre aux vieilles gens qui se croient sages, venant d’une incapacité d’être bref, qui a pour cause l’affaiblissement de l’âge, ἀδολεσχία. Le garrulus lasse et agace aisément par envie de plaire et de distraire ; le loquax ennuie souvent par envie d’instruire et d’être clair.

3. Garrulus et loquax se disent des personnes, des orateurs ; verbosus, des choses, des discours, des écrits.

Gaudere. Lætari. Hilaris. Alacer. Gestire. Exsultare.

1. Gaudere présente la joie comme un état de l’âme, par opposition à dolor, ἥδεσθαι ; lætari et hilarem esse, comme une manifestation de cet état. Tac. H. II, 29. Ut Valens processit, gaudium, miseratio, favor ; versi in lætitiam... laudantes gratantesque. L’apparition de Valens dispose les soldats à la joie, à l’attendrissement, à l’amour ; leur joie se montre, ils le louent, le félicitent.

2. Le lætus manifeste sa joie par une sérénité qui révèle un parfait contentement des circonstances présentes, par opposition à mœstus ; l’hilaris, par une surexcitation et une gaieté qui porte à la plaisanterie et au rire, par opposition à tristis ; l’alacer enfin par une vivacité qui dénote un excès de courage et d’ardeur, par opposition à territus. Le gaudens, lætus, hilaris a de la joie à propos d’un bonheur, l’alacer a en outre du plaisir à ce qu’il fait. Cic. Divin. I, 33, 73. Equum alacrem lætus adspexit. Il regarda avec une joie visible ce généreux coursier. La lætitia s’annonce de préférence par un front déridé et par une bouche qui sourit ; l’hilaritas par le mouvement des yeux qui brillent et rayonnent de joie ; l’alacritas, par des regards animés, pleins de feu et de courage. Sen. Ep. 116. Quantam serenitatem lætitia dat ! Quel air de sérénité donne l’expression de la joie ! Tac. Agr. 39. Fronte latus, pectore anxius. Le front riant, le cœur troublé. Cic. Pis. 5. Te hilarioribus oculis quam solitus es intuente. Tu avais dans les yeux et les regards plus de gaieté que de coutume.

3. Gaudere et lætari marquent une joie modérée ; exsultare, gestire et peut-être encore le verbe archaïque vitulari, une joie passionnée, excessive, comme jubiler ou triompher : le gestiens trahit la sienne par une surexcitation involontaire de tout son être, par des yeux étincelants, par l’impossibilité de se tenir tranquille ; l’exsultans, en s’abandonnant de plein gré et sans réserve à la joie, et sinon par des sauts et des bonds, au moins par des explosions de joie que rien n’arrête et qui frisent l’extravagance.

4. Jucundus marque comme juvat me un mouvement de joie, lætus un état plus durable ; aussi lætus sert-il à Pline, Ep. V, 12, à exprimer l’idée avec plus de force. Quam mihi a quocumque excoli jucundum, a te vero lætissimum est. Venant de quelqu’un d’autre, les embellissements de notre ville natale me procurent une émotion de plaisir, venant de toi un plaisir infini.

Gens. Natio. Populus. Civitas.

1. Gens et natio, peuple au sens physique et ethnographique, comme une société fondée sur une origine et une parenté commune qui peut exister en dehors de tout progrès dans la civilisation ; populus et civitas, peuple au sens politique, comme société perfectionnée, civilisée et dotée d’une constitution. Sall. Cat. 10, 1. Nationes feræ et populi ingentes subacti. Des tribus sauvages et de grands peuples soumis par la force.

2. Gens, race entière qui peut contenir plusieurs peuples ou peuplades, φύλον ; natio, tribu, peuplade, peuple issu et détaché de cette race, ἔθνος. Vell. Pat. II, 98. Omnibus ejus gentis nationibus in arma accensis. Ayant allumé le feu de la guerre chez toutes les tribus de cette race. Mais de même que gens dans ce sens physique d’un ensemble de peuplades est un terme plus étendu que natio, de même dans son sens politique et accessoire d’un groupe de familles qui se rattachent à une souche commune, γένος, c’est un terme moins étendu que populus ; d’où vient qu’on voit tantôt le populus former en qualité de peuple civilisé une branche, natio, de la race ou gentis naturelle. Liv. IV, 49. Bolanis suæ gentis populo. Les Èques refusèrent leur appui aux Bolans, quoique peuple de leur race : tantôt la gens former en qualité de société politique une partie du populi. Just. VII, 1. Adunatis gentibus variorum populorum. Par la fusion des grandes familles de plusieurs peuples.

3. Civitas, la cité, πόλις, envisagée dans ses rapports intérieurs, la réunion des habitants qui jouissent de la plénitude des droits de cité et qui sont les vrais maîtres du pays ; populus, le peuple, δῆμος, dans une acception plus générale, au point de vue des relations sociales tant au dedans qu’au dehors ; il comprend tous ceux qui appartiennent à l’État. Un peuple peut se décider à la guerre en qualité de civitas, mais il ne peut la faire que comme populus. La civitas est de toute nécessité sédentaire, le populus peut être une population nomade.

Gladius. Ensis. Pugio. Sica.

1. Gladius, terme ordinaire ; ensis, terme noble et poétique pour désigner l’épée.

2. Pugio, le poignard comme arme licite et apparente du soldat outre l’épée ; sica, comme arme déshonnête et cachée du bandit, venant en aide au poison.

Globus. Sphæra.

Globus, terme populaire pour toute espèce de corps sphérique ; sphæra, terme scientifique emprunté au grec pour la sphère mathématique.

Gloria. Claritas.

Gloria, la gloire qui fait parler des gens, ϰλέος ; claritas, la gloire éclatante qui attire les regards, δόξα.

Gradus. Gressus. Passus.

1. Gressus, le pas rapporté à la personne qui marche ; gradus, le pas même. Le gressus a lieu par le fait et l’action de la personne, le gradus est une distance à franchir.

2. Gressus ne se dit que de la marche ; passus se dit en outre de la station, pourvu que les pieds soient écartés comme pour marcher. Gressus désigne toute espèce d’allure trop courte ou trop longue, trop lente ou trop rapide pour mériter de s’appeler un pas ; passus ne désigne qu’un pas régulier et réglé qui pourrait servir au besoin de mesure de longueur. Virg. En. I, 414410. Tendere gressus ad mœnia. Diriger sa marche vers les murs. Comparez avec II, 723. Julus... sequitur patrem non passibus æquis, Jule suit son père d’un pas inégal.

Græci. Graii. Græculi. Græcanicus.

1. Græci, nom ethnographique et historique des Grecs, sans idée accessoire ; Graii, terme d’éloge pour désigner le peuple classique et héroïque de l’antiquité ; Græculi, terme de blâme pour le peuple dégénéré sans foi ni loi du temps des écrivains romains.

2. Græcum, ce qui est authentiquement grec, ce qui existe en Grèce ou qui en vient ; græcanicum, ce qui n’est grec que par imitation et plagiat.

Gratias agere, Habere, Referre. Grates. Gratari. Gratulari.

1. Gratiam ou gratias habere, savoir gré du fond du cœur, χάριν εἰδέναι ; gratias agere, remercier en paroles, εὐχαριστεῖν ; enfin, gratiam referre, prouver sa reconnaissance par des actes, χάριν φέρειν, ἀντιχαρίζεσθαι. Cic. Магс. 11, 33. Maximas tibi omnes gratias agimus, majores etiam habemus. Nous t’offrons tous les plus vives actions de grâces, et notre reconnaissance va encore au delà. Off. II, 20. Inops etiamsi referre gratiam non potest, habere tamen potest. L’indigence, impuissante à payer de retour, peut néanmoins être reconnaissante.

2. Gratias agere est la formule du langage ordinaire ; grates agere, celle du style noble et choisi. Cic. Somn. Grates tibi ago, summe sol, vobisque, reliqui cœlites. Souverain soleil, dieux du ciel, ma voix vous rend grâces.

3. De même gratulari désigne des remercîments faits par occasion, sans accompagnement de sacrifice et des félicitations familières ; gratari, des prières de remercîment ou des félicitations solennelles. Liv. VII, 3. Jovis templum gratantes ovantesque adire. Porter en triomphe au temple de Jupiter des remercîments solennels. Comparez avec Ter. Heaut. V, 1, 6. Desine deos gratulando obtundere. Cesse d’assourdir les dieux de tes remercîments.

Gratus. Jucundus. Acceptus. Gratiosus.

1. Gratum, ce qui nous agrée, parce que nous y attachons du prix, ce qui nous paraît précieux, intéressant, ce qui vaut des remercîments ; jucundum, ce qui nous agrée, parce que nous y prenons du plaisir. Gratus peut se dire d’une nouvelle fâcheuse qui nous met à même de prendre nos mesures en temps utile ; la nouvelle n’en sera pas moins injucunda. Cic. Att. III, 24. Ista veritas etiamsi jucunda non est, mihi tamen grata est. Quoique cette vérité ne me fasse point plaisir, elle ne laisse pas de m’être précieuse. Famm. V, 18. Cujus officia jucundiora scilicet sæpe mihi fuerunt, nunquam gratiora. Ses bons offices m’ont souvent paru plus agréables, ils ne m’ont jamais été plus chers.

2. Gratus s’entend d’un sentiment ; il s’agit de ce qu’on souhaite ; acceptus, de l’expression de ce sentiment, lorsqu’on avoue que les choses viennent à propos.

3. Le gratus alicui ne rencontre point de défaveur, on l’aime ; le gratiosus apud aliquem est l’objet d’une faveur marquée et d’un attachement passionné, c’est le favori.

Gremium. Sinus.

Gremium, le giron, entre la ceinture et les genoux d’une personne assise, et au figuré le symbole de la sollicitude maternelle ; sinus, le sein, et au figuré le symbole de l’obscurité qui abrite et protége. Cic. Pis. 37. Ætolia procul a barbaris disjuncta gentibus in sinu pacis posita medio fere Græciæ gremio continetur. Séparée des races barbares par son éloignement, située au sein de la paix, l’Étolie ne s’étend pas hors du giron de la Grèce.

Gutta. Stilla. Stiria.

Gutta, goutte naturelle ; stilla, goutte mesurée artificiellement. C’est d’ailleurs l’idée de petitesse qui domine dans gutta, d’où guttatim, goutte à goutte ; dans stilla, c’est l’idée d’humidité, d’où stillatim, en dégouttant. Stilla, goutte liquide ; stiria, goutte gelée.

H

Hærere. Pendere.

Hærere, rester empêché sans qu’on puisse se détacher ou avancer ; pendere, être suspendu et ne pouvoir tomber à terre. Cic. Acadd. II, 39. Ut videamus terra penitusne defixa sit et radicibus suis hæreat, an media pendeat. Pour voir si la terre est fixée par sa base et retenue par ses racines ou suspendue dans l’espace.

Hariolari. Vaticinari.

Hariolari, prédire, avec une idée accessoire de charlatanisme, χρησμολογεῖν ; vaticinari, avec une idée accessoire d’inspiration, prophétiser, μαντεύεσθαι. Dans ce passage de Cicéron, Divin. I, 2. Hariolorum et vatum furibundæ prædictiones ; harioli, ce sont ceux qui passent d’avance aux yeux du public pour des charlatans de profession ; vates, ceux que Cicéron, du haut de sa philosophie, regarde comme autant d’autres charlatans.

Homicida. Interfector. Peremptor. Interemptor. Percussor. Sicarius. Carnifex.

1. Homicida, meurtrier, en général, coupable du crime de meurtre, ἀνδροφόνος ; interfector, peremptor et interemptor, celui qui porte le coup mortel à une personne donnée, que cette action soit un crime ou non, φονεύς ; percussor et sicarius, instruments d’autrui et simples exécuteurs d’une volonté étrangère : le percussor exécute une condamnation officielle ; le sicaire ou sicarius loue et prête son bras pour un assassinat. Cic. Rosc. Am. 33, 93. Erat tum multitudo sicariorum... et homines impune occidebantur... Si eos putas... quos qui leviore nomine appellant, percussores vocant, quæro in cujus fide sint et tutela. Il y avait alors de nombreux sicaires et on tuait avec impunité. Si vous entendez parler des assassins que les gens qui leur veulent donner le nom le plus léger appellent exécuteurs, cherchez quel est leur protecteur et leur appui.

2. Le percussor est aux ordres de la puissance politique ; il frappe des citoyens, des proscrits ; le carnifex, aux ordres de la justice ; il sévit contre des coupables.

Homo. Mas. Vir. Homunculus. Homuncio. Homullus.

1. Homo, l’être humain, homme ou femme, par opposition à deus et bellua, ἄνθρωπος ; mas et vir, l’homme seul : mas, au sens physique, par opposition à femina, comme ἄρσην ; vir, au sens moral, par opposition à mulier, comme ἀνήρ. Sen. Polyb. 36. Non sentire mala sua non est hominis, at non ferre non est viri. Il faut n’avoir rien d’humain pour ne pas sentir ses maux, rien de viril pour ne pas les supporter.

2. Homunculus sert à marquer la faiblesse et l’impuissance de l’homme comme étant le lot de l’espèce entière, du genre humain, par opposition à la toute-puissance de la Divinité, à la grandeur de la nature et de l’univers ; homuncio et homullus désignent l’homme faible et sans conséquence en sa qualité d’individu, par opposition à d’autres hommes : homuncio, avec un sentiment de compassion ; homullus, avec un sentiment de mépris.

Honorare. Honestare.

Honorare, honorer quelqu’un par une distinction qu’on lui accorde en passant, lui faire honneur ; honestare, couvrir quelqu’un d’honneur en attachant à sa personne un éclat durable.

Hornus. Hornotinus.

Hornus, terme poétique ; hornotinus, forme prosaïque du même mot pour désigner ce qui a lieu pendant l’année.

Horridus. Hirtus. Hirsutus. Hispidus. Asper.

Horridus, terme général pour tout ce qui est grossier et rude par défaut de culture ; hirtus et hirsutus ont un rapport particulier à la rudesse du poil ou autre couverture, par opposition à moelleux ; hispidus et asper se rapportent à de fortes inégalités de surface, par opposition à lisse : hispidus marque que ces aspérités nuisent à la beauté ; c’est une question de coup d’œil ; asper, qu’elles blessent ; c’est une question de toucher. Vell. P. II, 4, caractérise d’abord par l’emploi d’hirtus, l’extérieur négligé de Marius, puis la rudesse de sa nature par l’emploi d’horridus.

Hortari. Monere.

L’exhortation, hortatio, s’adresse directement à la volonté pour l’obliger à prendre un parti, tandis que l’avertissement, monitio, s’adresse à la conscience et au jugement. L’hortatio a pour but l’action même ; la monitio, une représentation qui sert de voie pour conduire à l’action. Sall. Jug. 60. Monere alii, alii hortari. Ils avertissaient, exhortaient. Cat. 60[1]. Sed ego vos quo pauca monerem, convocavi. Je vous ai réunis pour vous donner quelques avertissements. Sen. Ep. 13. Nimium diu te cohortor quum tibi admonitione magis quam exhortatione opus sit. Je perds mon temps à vous exhorter ; vous avez plus besoin d’avis que de conseils. Cic. Fam. X, 40. Si aut aliter sentirem, certe admonitio tua me reprimere, aut si dubitarem, hortatio impellere posset. Si j’étais d’un autre sentiment, un avis de vous m’arrêterait ; si j’hésitais, un conseil de vous m’entraînerait.

  • 1 Chap. LVIII, dans la collection Lemaire et la collection Panckoucke.

Hospes. Adventor.

Hospes, celui qui va loger chez un ami ; adventor, chez un aubergiste. Sen. Benef. I, 14. Nemo se stabularii aut cauponis hospitem judicat. Personne ne se croit en relation d’hospitalité avec un logeur ou un aubergiste.

Humanitas. Comitas. Facilitas. Civilitas.

Humanitas, vertu qui tient à l’éducation, qui part de l’intelligence pour ennoblir l’homme entier, esprit et cœur, qui change son être en douceur et en philanthropie, par opposition à feritas ; comitas, vertu morale, comme l’affabilité, qui traite le premier venu en homme sans s’arrêter au rang ; facilitas, vertu de société, comme l’obligeance indulgente et prévenante, qui rend aisé et agréable le commerce de la vie ; civilitas, vertu politique, comme l’humeur républicaine d’un prince qui ne fait point sentir la différence relative du maître au peuple et qui traite ses sujets en concitoyens. Nep. Milt. 8. In Miltiade erat quum summa humanitas, tum mira comitas, ut nemo tam humilis esset cui non ad eum aditus pateret. Miltiade joignait à une humanité exquise une affabilité étonnante ; les plus humbles avaient un libre accès auprès de lui.

Humanitus. Humane. Humaniter.

Humanitus fait allusion aux rapports extérieurs de l’homme avec les dieux ou la nature, et particulièrement à sa faiblesse et à sa fragilité, comme ἀνθρωπείως et ἀνθρωπίνως ; humane et humaniter s’entendent de l’homme pris en lui-même, des facultés et de la vocation qui en font un être perfectible, et alors humane facere est l’expression du développement moral, de la noblesse dans les sentiments, comme φιλανθρώπως ; humaniter facere, celle du progrès dans l’usage du monde, de la politesse, de l’aménité, comme ἐπιειϰῶς. Cic. Phil. I, 4. Si quid mihi humanitus accidisset. S’il m’arrivait un de ces accidents auxquels la pauvre humanité est sujette. Comparez avec Tusc. II, 27, 65. Græci morbos tolerantes et humane ferunt. Contre des maladies à supporter les Grecs sont forts, ils sont hommes, et Qu. Fr. II, 1. Fecit humaniter Licinius, quod ad me misso senatu vesperi venit. C’est un aimable homme que Licinius ; il est venu chez moi le soir après la clôture du sénat.

I-J

Jactatio. Gloriatio. Ostentatio. Venditatio.

Jactatio et gloriatio, défauts qui ont leur origine dans la vanité et la suffisance : jactatio, défaut du fat qui se donne de grands airs, qui fait étalage de ses avantages et de ses mérites, qui les fait ressortir par ses paroles et ses gestes, avec une idée accessoire d’étourderie ; gloriatio, défaut du fanfaron qui publie hautement ses avantages ou ses mérites, avec une idée accessoire d’impertinence. L’ostentatio et la venditatio ont leur origine dans un calcul habile de l’effet qu’on peut tirer d’une fausseté : l’ostentation, ostentatio, cherche à déguiser sous des apparences brillantes une pauvreté réelle ; la représentation, venditatio, veut paraître en faisant valoir outre mesure certains avantages.

Idoneus. Aptus.

Idoneus, qui a ce qu’il faut pour être employé à quelque chose, aptus, pour le faire, F. A. Wolf. En d’autres termes, l’idoneus est propre à un emploi par des qualités quelconques et par le concours des circonstances, ἐπιτήδειος ; l’aptus, par sa valeur personnelle, par sa capacité, ἱϰανός. L’idoneus est inactif par lui-même ; on se sert de lui pour atteindre un but, parce qu’il est un instrument commode ; l’aptus entre de lui-même dans une affaire, parce qu’il a les dispositions nécessaires pour réussir.

Ignavia. Inertia. Segnitia. Desidia. Socordia. Pigritia.

1. Ignavia, opposé à industria, l’amour du désœuvrement considéré comme une dérogation à la loi du devoir, en ce sens qu’on n’est homme, qu’on ne se distingue du vulgaire, qu’on ne vaut par soi-même que si on est doué du goût de l’action ; inertia, le même amour envisagé comme une infraction à la loi du travail, en ce sens que l’homme ne devient un membre utile, plus ou moins estimable de la société, que par son activité pratique. L’oisiveté, ignavia, est entée sur le naturel ; l’action lui répugne ; la fainéantise, inertia, est affaire d’habitude et de caractère ; elle ne se soucie point de travailler. Un méchant esclave est un fainéant, iners ; un noble qui vit sans rien faire est un oisif, ignavus.

2. Segnitia, desidia, socordia et pigritia, défauts divers d’un tempérament trop tranquille. La nonchalance, segnitia, attend qu’on l’excite, qu’on la contraigne, qu’on la prenne corps à corps avant de renoncer au repos ; elle a pour opposé promptus. L’indifférence, desidia, se croise les bras et attend que les choses se fassent d’elles-mêmes. L’apathie, socordia, est incapable de prendre à quoi que ce soit un vif intérêt et néglige ses devoirs faute d’y songer. La paresse, pigritia, a une horreur naturelle de toute espèce de mouvement et n’est heureuse que dans les bras du repos.

Ignominia. Infamia. Dedecus. Probrum. Opprobrium.

1. L’ignominia ôte l’honneur légal dont la perte ne dépend point des propos du public, mais d’une juste réprimande infligée par un magistrat, un censeur, par exemple, ἀτιμία ; l’infamia ôte l’honneur moral, la bonne réputation ; elle tient au mépris public, elle est la suite d’une conduite honteuse et déshonorante, δυσφημία.

2. Ignominia et infamia sont des termes abstraits qui marquent l’état d’une personne déshonorée ; dedecus et probrum, des termes concrets qui marquent la cause de cet état, l’acte déshonorant. Le dedecus s’écarte des façons d’un homme d’honneur, de la noblesse qu’on s’attendait à retrouver dans toutes ses actions ; le probrum entache la moralité d’un homme qu’on croyait du moins capable de se conduire honnêtement. La bassesse expose au dedecus dans les fonctions publiques ; l’inconduite, au probrum dans les relations privées.

3. Probrum, reproche qu’on serait en droit de nous adresser ; opprobrium, reproche formulé. Probrum appelle l’attention sur la honte qui a été encourue ; opprobrium, sur le blâme qui s’exprime hautement.

Ignoscere. Veniam dare.

Ignoscere est un acte moral : c’est pardonner de tout cœur, remettre et oublier, par opposition à garder rancune, comme συγγιγνώσϰειν ; veniam dare est un acte politique ; c’est substituer la clémence à la justice, par opposition à châtier, comme μεθιέναι. L’ami, l’égal pardonne, ignoscit ; le supérieur, le puissant fait grâce, veniam dat. Cic. Man. 3. Illis imperatoribus laus est tribuenda quod egerunt ; venia danda quod reliquerunt. Il faut louer ces généraux de ce qu’ils ont fait ; il faut leur faire grâce pour ce qu’ils ont laissé inachevé. Comparez avec Att. XVI, 16. Ignosce mihi quod eadem de re sæpius scribam. Pardonne-moi de revenir si souvent sur le même sujet.

Imago. Simulacrum. Statua. Signum.

1. Imago et simulacrum, termes généraux, représentation d’un objet par la première œuvre venue de sculpture ou de peinture : l’imago se rattache à l’original, comme la copie au modèle, par une ressemblance frappante, εἰϰών ; le simulacrum s’oppose à l’original, à l’être véritable, c’est une imitation qui fait illusion, εἴδωλον. Statua, signum et effigies sont exclusivement des ouvrages de sculpture ; tabula et pictura, exclusivement des tableaux.

2. Simulacrum et statua s’entendent de la reproduction complète d’une forme donnée, comme les statues en pied de la sculpture ; effigies et imago marquent par préférence la reproduction des parties caractéristiques, nommément des traits du visage ; effigies, dans la sculpture ; ce sont des bustes ; imago, dans la peinture ; ce sont des têtes. Tac. Ann. I, 74. Alia in statua amputato capite Augusti effigiem Tiberii inditam. Il avait coupé la tête à une autre statue qui représentait Auguste et remplacé cette tête par un buste de Tibère. XIV, 61. Effigies Poppææ proruunt, Octaviæ imagines gestant humeris. Le peuple renverse les bustes de Poppée et promène sur ses épaules les portraits d’Octavie. H. II, 3. Simulacrum deæ non effigie humana. La déesse est représentée avec des traits qui s’écartent de la nature humaine. Cic. Tusc. III, 2, 3. Optimus quisque consectatur nullam eminentem effigiem (virtutis) sed adumbratam imaginem gloriæ. Ce n’est point la vertu avec ses traits frappants et sculptés, c’est un portrait indécis de la gloire qui entraîne à sa suite les meilleurs d’entre nous.

3. Signum, toute espèce de sculpture, par opposition à tabulæ et picturæ ; simulacrum, statue sacrée, celle d’un dieu, ἄγαλμα ; statua, statue profane, celle d’un homme, ἀνδριάς. Cic. Cat. III, 8. Simulacra deorum immortalium depulsa sunt et statuæ veterum hominum dejectæ. Les statues sacrées des dieux immortels furent expulsées, les statues profanes des anciens héros abattues. Verr. I, 22. Legati deorum simulacra venerabantur, itemque cætera signa et ornamenta lacrimantes intuebantur. Les députés adoraient les statues sacrées des dieux, et la vue des autres œuvres de sculpture et de décoration leur arrachait des larmes.

Imitatio. Æmulatio. Certatio. Rivalitas. Simulatio.

1. Imitari marque simplement, sans idée morale accessoire, un effort pour produire quelque chose qui ressemble à un objet donné ; æmulari marque, outre l’effort d’imitation, le désir d’égaler ou de surpasser celui qu’on imite en considération, en honneur, en succès. L’imitatio n’a en vue que l’objet donné ; c’est une tendance généralement modérée et louable ; l’æmulatio n’a d’yeux que pour la personne ornée de la qualité qui vaut la peine d’être imitée ; elle se montre toujours sous les traits d’une passion plus ou moins vive, louable ou blâmable, suivant qu’elle tire son origine d’un amour honnête ou d’un amour désordonné des honneurs. Plin. Ep. VII, 30. Demosthenis orationem habui in manibus non ut æmularer (improbum enim ac pæne furiosum), at tamen imitarer ac sequerer tantum. J’ai étudié ce discours de Démosthène. Je n’ai point la prétention téméraire et presque folle d’être son émule, mais je veux être du moins son imitateur et son élève.

2. L’æmulus est au-dessous de son adversaire, il vise à l’atteindre et à l’égaler un jour ; le certator et le concertator lui sont égaux, ils visent à le battre et à le vaincre.

3. L’æmulatio dispute une supériorité quelconque ; la rivalitas soutient une lutte pour emporter la première place dans le cœur d’une personne. Cic. Tusc. IV, 26, 56. Illa vitiosa æmulatione quæ rivalitati similis est, æmulari quid habet utilitatis ? A quoi bon poursuivre une personne de cette émulation fâcheuse qui ressemble à de la jalousie ?

4. L’imitatio est un effort pour devenir ce qu’on n’est pas encore, mais ce qu’on deviendrait volontiers et ce qu’on peut devenir en effet ; la simulatio, un effort pour paraître ou devenir ce qu’on n’est point, ne peut ni ne doit être, parce que la nature s’y oppose. L’imitatio est le chemin qui conduit à un idéal réel ou imaginaire ; la simulatio reste toujours un plagiat.

Impertire. Tribuere. Participare. Communicare.

Impertire et tribuere signifient partager, distribuer, sans donner à entendre que le donateur réserve une part pour lui : impertire présente ce partage comme un acte libre, volontaire, de pure bonté ; tribuere, comme un acte de justice et de prudence. Participare et communicare, admettre les autres à un partage dont on profite soi-même : participare, faire participer, se rapporte généralement à la personne qui reçoit, qui est appelée à prendre part, communicare, mettre en commun, à la chose dont on fait part et à l’usage de laquelle cette personne doit participer.

Imus. Infimus.

Imum, la partie la plus basse dans un tout indivisible ; infimum, la base ou le dessous dans un tout divisible. L’imum est en bas ; l’infimum, en dessous. Cic. Rosc. com. 7. Ab imis unguibus usque ad summum verticem. De la plante des pieds au sommet de la tête. Comparez avec Divin. I, 33. Ut ab infima ara subito anguis emergeret. Un serpent sortit tout à coup de dessous l’autel. Et avec N. D. II, 20. Luna infima est quinque errantium. Des cinq planètes, c’est la lune qui est en dessous. Imus n’exprime d’ailleurs qu’un rapport de lieu ; infimus contient une idée accessoire, celle du dernier rang.

Inanis. Vacuus.

Inanis, ce qui est vide au lieu d’être rempli, ce qui ne contient rien, par opposition à plenus ; vacuus, ce qui est vacant et peut encore se remplir, ce qui n’a point de maître, par opposition à occupatus ou à obsessus. Tac. Ann. VI, 34. Jason post avectam Medeam genitosque ex ea liberos inanem mox regiam vacuosque Colchos repetivit, c’est-à-dire le palais désert, mort, et le peuple sans maître. Au figuré : inane, c’est ce qui n’existe point, vacuum ce qui est libre.

Incipere. Ordiri. Inchoare. Coepisse.

1. Incipere, marque le commencement par opposition à l’inaction qui précède et qui suit, c’est-à-dire, à cessare et à desinere, desistere, finire ; ordiri, par opposition à la continuation de l’action, c’est-à-dire à continuare, et à son correspondant intransitif pergere ; enfin, inchoare, incohare, par opposition à l’achèvement ou à l’accomplissement de l’action, c’est-à-dire à perficere, consummare, peragere, absolvere, etc. Cic. Off. I, 37. Ut incipiendi ratio fuerit, ita sit desinendi modus. Sachez entrer en matière, sachez aussi vous arrêter. Varron. R. R. III, 16. Apes cum evolaturæ sunt, aut etiam inceperunt, consonant vehementer. Lorsque les abeilles vont s’envoler ou qu’elles viennent de partir, elles font entendre un fort bourdonnement. Cic. Finn. IV, 6. Hoc inchoati cujusdam officii est, non perfecti. Ceci n’est encore qu’une ébauche et non point une œuvre achevée. Cic. Fr. ap. Non. Perge, quæso, nec enim imperite exorsus es. Continuez, je vous prie, votre début n’est point maladroit.

2. Cœpi a le même opposé qu’incipere. Sen. Cons. Polyb. 20. Quicquid cœpit et desinit ; mais cœpi appelle plus fortement l’attention sur l’action qui commence, et incepi sur le commencement que prend l’action. Cœpi est une sorte de verbe auxiliaire, incepi est emphatique ; cœpi se rapporte d’habitude à un infinitif et incipere à un substantif. Cic. Verr. V, 10. Quum ver esse cœperat (sed quum rosam viderat, tum ver incipere arbitrabatur), dabat se labori. Quand le printemps revenait, mais le printemps ne datait pour lui que des roses, il affrontait la fatigue.

Incitare. Instigare. Irritare. Instinctus.

1. Incitare, synonyme d’hortari, porter un paresseux par de bonnes paroles, par des encouragements, des apostrophes à une action presque toujours louable ; instigare, synonyme de stimulare, pousser bon gré, mal gré une personne à une action hardie par des moyens énergiques comparables à des coups d’aiguillon, par reproches, promesses, menaces ; irritare, synonyme d’exacerbare, exciter à un acte de violence un personnage paisible en remuant ses passions, son ambition, ses désirs de vengeance. Ter. Andr. IV, 2, 9. Age si hic non insanit satis sua sponte, instiga. Va, s’il ne s’emporte pas assez tout seul, pousse à la roue. Lucr. IV, 1075. Et stimuli subsunt qui instigant lædere id ipsum. Et des aiguillons secrets les poussent à blesser ce qu’ils aiment.

2. Instigatus, aiguillonné par une cause extérieure et profane, par des paroles, des ordres ; instinctus, poussé par une cause intérieure d’un ordre élevé, inspiration, amour, voix de Dieu.

Incolere. Habitare. Incola. Inquilinus. Colonus.

1. Incolere est transitif comme habiter ; habitare, neutre comme demeurer. En outre, incolere rappelle l’idée du pays auquel on appartient en qualité de citoyen ou de sujet ; habitare, celle de la maison où l’on est établi à demeure en qualité de propriétaire ou de locataire.

2. Incola, au sens restreint, le sujet par opposition au citoyen, μέτοιϰος ; inquilinus, le locataire par opposition au propriétaire de la maison ou dominus, σύνοιϰος ; colonus, le fermier par opposition au propriétaire foncier, à peu près comme θής.

Inficetus. Infacetus. Incestus. Incastus.

1. Inficetus exprime un blâme positif et se dit d’un homme lourd et sans goût ; infacetus n’exprime qu’un blâme négatif, c’est un homme qui n’a point d’esprit à revendre.

2. Et de même incestus celui qui a souillé son propre sang ; incestus, celui qui n’est point chaste.

Infortunium. Calamitas. Infelicitas. Miseria.

Infortunium et calamitas désignent un accident isolé : infortunium un accident fâcheux, un petit malheur, par exemple la perte d’une bourse, des coups qu’on a reçus ; calamitas un accident tragique comme la perte d’une personne qu’on aime, de la fortune. Infelicitas et miseria expriment une position malheureuse et durable : infelicitas comme une simple privation de bonheur ; miseria comme une misère réelle et accablante.

Ingenium. Natura. Indoles.

Ingenium et natura, le naturel considéré comme la base inébranlable de l’individualité humaine et comme rebelle à toute altération : ingenium se rapporte de préférence aux dons de l’esprit, natura à ceux du cœur. Indoles, le naturel considéré comme le germe de l’individualité et comme susceptible de culture.

Inire. Intrare. Introire. Ingredi.

1. Inire ne s’emploie guère qu’au figuré, c’est se mettre à quelque chose, par exemple, inire pugnam, numerum, engager le combat, chercher un nombre ; intrare, introire, ingredi expriment l’action d’entrer au sens propre ; mais intrare est d’ordinaire transitif, il a l’accent sur sa racine verbale, introire est neutre, il a l’accent sur sa racine adverbiale. Dans intrare curiam on songe surtout au seuil qu’on franchit, dans introire, aux quatre murs entre lesquels on va s’enfermer.

2. Intrare et introire supposent un espace fermé à dessein par des murailles, des barrières, des bornes ; ingredi ne suppose qu’un espace étranglé, une route, viam, un pont, pontem.

Initium. Principium. Primordium.

1. Initium, commencement au sens abstrait, comme simple point de départ, par opposition à exitus ; principium, au sens concret, comme la partie qui se présente avant les autres lorsqu’il s’agit de choses, qui précède lorsqu’il s’agit d’actions, par opposition à extremum. Initium n’est qu’un commencement dans le temps, principium est en outre une base posée dans l’espace. L’initium disparaît dans ce qui suit, le principium sert de fondement aux progrès ultérieurs. Les initia philosophiæ sont les rudiments au-dessus desquels le disciple s’élève dans le cours de ses études, les principia sont les principes auxquels il faut toujours revenir. Initio signifie ordinairement d’abord comme ceci et ensuite autrement ; principio, dès l’abord et toujours de même.

2. Primordium est un augmentatif emphatique de principium, et suppose un vaste système dont l’origine est assez reculée pour qu’on puisse distinguer entre un commencement apparent et un commencement réel, primordial, élémentaire.

Innumerus. Innumerabilis.

Innumerus, terme poétique et choisi, comme sans nombre, ἀνήριθμος ; innumerabilis, terme prosaïque et usuel, comme innombrable, ἀναρίθμητος.

Instituere. Instaurare. Restituere. Restaurare.

Instituere, prendre un arrangement profane ; instaurare, organiser une cérémonie sainte, vénérable ou du moins une entreprise importante, par exemple un sacrifice, des jeux sacrés ou des fêtes, la guerre ou une bataille. Instituere est un terme usuel, instaurare un terme pompeux et choisi. Même différence entre restituere et restaurare.

Intelligere. Sentire. Cognoscere.

Intelligere se dit des notions rationnelles dues à la réflexion qui combine des idées ; sentire, des notions naturelles qui s’acquièrent par voie de sentiment, par des perceptions ou des impressions instantanées des sens ou de l’esprit ; enfin, cognoscere, des notions historiques fondées sur le témoignage des sens et de la tradition, Sen. Ir. III, 13. Quidni gauderet, quod iram suam multi intelligerent, nemo sentiret ? Je conçois que Socrate ait ressenti un mouvement de joie quand sa colère que tous ses familiers discernaient ne frappait les yeux de personne. Cic. N. D. III, 24. Quare autem in his vis deorum insit tum intelligam quum cognovero. Quant à leur divinité, je la comprendrai quand j’aurai appris à la connaître.

Intercapedo. Interruptio. Interpellatio. Interlocutio.

Intercapedo et interruptio, interruption d’une action, d’une affaire : l’intercapedo est polie, souvent même bienveillante ; l’interruptio est violente, elle trouble. Interpellatio et interlocutio, interruption d’un discours par un autre discours qui vient à la traverse : l’interpellator n’a d’autre but que d’empêcher l’orateur de continuer ; l’interlocutor veut se faire entendre lui-même au beau milieu du discours d’un autre.

Interea. Interim.

Interea se rapporte à une action durable qui tombe dans une période, comme cependant ; interim à une action momentanée, comme là-dessus. Il y a entre eux la même corrélation qu’entre un temps passé et l’aoriste, entre un instant et une période. Cic. Quint. 6. Hæc dum Romæ geruntur... Quintius interea de agro detruditur. Voilà ce qui se passait à Rome ; cependant Quintius est évincé de son champ : c’est-à-dire que la chose se fait peu à peu. Comparez avec Famm. X, 12. Interim ad me venit Manutius noster. Là-dessus je vois venir chez moi notre cher Manutius. Tac. Ann. XI, 32. Non rumor interea sed undique nuntii incedunt... Atque interim Ostiensem viam intrat. Cependant ce ne sont plus des bruits, ce sont des messagers qui arrivent de tous les côtés... Et là-dessus elle prend la route d’Ostie.

Interficere. Perimere. Interimere. Negare. Occidere. Jugulare. Obtruncare. Trucidare. Percutere.

1. Interficere et perimere, termes généraux, mettre à mort, faire mourir, tuer pour quelque motif et par quelque moyen que ce soit, faim, poison, corde, fer, supplice, ϰτείνειν : mais interficere est un terme ordinaire, perimere un terme archaïque, choisi, poétique. Interimere suppose accessoirement que la chose passe inaperçue, comme se défaire de quelqu’un, ἀναιρεῖν ; necare implique une idée d’injustice ou du moins de cruauté, comme assassiner, φονεύειν. Cic. Tusc. V, 20. Dionysius alterum jussit interfici, quia viam demonstravisset interimendi sui. Denys le fit mettre à mort pour avoir montré comment on pouvait se défaire de lui. Fr. Arat. 11. Quem neque tempestas perimet, nec longa vetustas interimet. Il ne périra point sous l’effort d’une saison, il ne succombera point à la lente action des siècles. Curt. IX, 7, 8. Boxum protinus placuit interfici ; Biconem etiam per cruciatus necari. Il voulut qu’on mit sur-le-champ Boxus à mort, mais qu’on fît périr Bicon dans les tourments.

2. Occidere, jugulare, trucidare, obtruncare, percutere, expriment une mort sanglante : occidere, porter par terre, c’est le fait du soldat dans un combat franc et loyal ; jugulare, couper la gorge ou le cou, ou plutôt tuer d’un coup savant sous la clavicule, c’est le fait du bandit qui veut imiter le gladiateur, σφάξαι ; obtruncare, tailler en pièces, massacrer, couper en morceaux comme un meurtrier maladroit ; trucidare, tuer à loisir comme un boucher, en homme avide de sang qui met à mort sans rencontrer de résistance et triomphe d’une victime sans défense ; percutere, exécuter, simple action mécanique, office du bourreau ou de tout autre exécuteur d’une condamnation ou d’un ordre. Senec. Contr. III, 21. Nec dominum occidit, nec domino venenum dedit. Il n’a ni poignardé ni empoisonné son maître. Hor. Ep. 1, 2, 32. Ut jugulent homines surgunt de nocte latrones. Les brigands sortent de l’ombre pour égorger le monde. Sall. Fr. Cæteri vice pecorum obtruncantur : en sorte qu’on voyait à terre comme sur un étal des membres détachés. Tac. Hist.... Juberet interfici ; offerre se corpora iræ ; trucidaret. Il n’avait qu’à les faire mourir ; ils étaient prêts à servir de victimes à sa colère : il pouvait les tuer à son aise. Cic. Rosc. Am. 34. Cujus consilio occisus sit invenio ; cujus manu percussus sit non invenio. Je discerne l’auteur, je ne découvre pas l’instrument de cette mort sanglante.

Intermittere. Omittere.

Intermittere, suspendre, remettre une affaire à un autre temps dans l’espérance et dans le dessein de la reprendre : in tempus mittere cum spe consilioque resumendi ; omittere, abandonner. Varron. Fr. Studia tantum intermittantur, ne omittantur. Interrompez vos études, ne les abandonnez jamais.

Invenire. Reperire. Deprehendere. Nancisci. Adipisci. Consequi. Assequi.

1. Invenire, terme général, trouver dans toutes les conjonctures ; reperire et deprehendere supposent un objet caché qu’on songe et qu’on s’applique à trouver : mais le reperiens se borne à découvrir ce qu’il ne voyait point d’abord et qui s’offre ensuite à ses yeux, ἀνευρεῖν ; le deprehendens découvre ce qui voulait se cacher ou échapper et qui tombe en son pouvoir. Tac. Ann. I, 74. Perniciem aliis ac postremo sibi invenere. De bourreaux qu’ils étaient, ils finirent par se trouver victimes. Comparez avec XIV, 3. Cædes quonam modo occultaretur nemo reperit. Personne ne vit jour à cacher le meurtre.

2. Invenire, reperire, deprehendere ont pour terme un objet caché qu’on découvre ; nancisci, adipisci, assequi et consequi, un objet éloigné qu’on atteint : le nanciscens arrive au terme avec ou sans peine, parfois même sans le souhaiter ; c’est une rencontre ; l’adipiscens a une lutte à soutenir ; c’est une victoire ; le consequens voit ses désirs comblés, qu’il y ait ou non mis du sien ; c’est un bonheur ; l’assequens voit sa constance et ses efforts couronnés ; c’est un succès. Suet. Tib. 10. Titus ad primam statim mansionem febrim nactus. Titus prit la fièvre à la première halte. Comparez avec Dom. 15. Nero in adipiscenda morte manu Epaphroditi adjutus est. Néron ne parvint à se donner la mort qu’en se faisant aider par la main d’Epaphroditus. Cic. Att. X, 12. Nactus Curionem omnia me consecutum putavi. J’avais eu la chance de trouver Curion, je crus avoir tout gagné. Rosc. Com. 4. Ut neque nihil neque tantum quantum postulavimus consequamur. Il ne s’agit plus de recevoir tout ce que nous avons demandé, il s’agit de ne pas être réduits à rien. Dans Cicéron, Mil. 11 : Nihil dico quid respublica consecuta sit, nihil quod vos, nihil quod omnes boni. Je ne tiens aucun compte de ce que gagne la république, de ce que vous gagnez vous-mêmes, de ce que gagnent tous les gens de bien (à la mort de Clodius à laquelle Milon a seul contribué) ; assecuta sit ne serait pas à sa place, et réciproquement consequuntur serait faible dans ce passage de Sen. Brev. 17. Operose assequuntur quæ volunt, anxie tenent quæ assecuti sunt. Ce qu’ils désirent est pénible à acquérir, ce qu’ils ont acquis est inquiétant à garder. Cic. Fam. I, 7, 10. Omnia quæ ne per populum quidem sine seditione se assequi arbitrabantur, per senatum consecuti sunt. Ils ont reçu des mains du sénat tous les avantages qu’ils désespéraient d’acquérir par l’appui du peuple à moins de le soulever.

Invidia. Livor. Invidentia. Malignitas. Obtrectatio. Detrectatio.

1. Invidia, envie qui fait qu’on regarde les gens de travers et qu’on leur en veut pour des motifs tantôt avouables, tantôt immoraux, le plus souvent, mais non point toujours par égoïsme, ὑποψία ; livor, envie dévorante qui infecte l’âme entière et qui ôte au corps même les fraîches couleurs de la vie.

2. Invidia, terme usuel qui se prend au sens actif pour l’envie qu’on porte aux autres, et au sens passif pour l’envie dont on est l’objet de leur part ; invidentia, néologisme de Cicéron pour l’envie qu’on porte.

3. Invidia et livor présentent l’envie comme un accès passager ; malignitas, comme un défaut d’habitude et de nature, par opposition à la bonté d’âme ou de cœur. L’invidus et le lividus envient certains biens à certaines personnes dans certaines circonstances ; le malignus est incapable de rien souhaiter d’heureux à tout autre qu’à lui-même.

4. Invidia, livor, malignitas, ne marquent qu’un sentiment ou un tour d’esprit ; obtrectatio marque une action ou une façon d’agir qui procède de ce sentiment et qui tend à nuire à celui qu’on envie par des moyens honteux, comme le dénigrement, par exemple. On ne conçoit point l’obtrectatio sans invidia, mais on peut concevoir l’invidia sans obtrectatio quand l’envie est trop lâche pour s’engager dans une lutte.

5. L’obtrectatio suppose un rival et tire son origine de la jalousie ; la detrectatio ne suppose qu’un adversaire et provient de l’aversion.

Ire. Meare. Gradiri. Ingredi. Incedere. Vadere.

1. Ire et meare expriment la marche, en général, comme mouvement d’un lieu vers un autre, ire, ἰέναι, se disant particulièrement des hommes, c’est la suite d’un acte de volonté ; meare, φοιτᾷν, se dit particulièrement des bêtes, des vaisseaux, des cours d’eau, des astres : c’est un mouvement mécanique auquel la volonté n’a point de part. Gradiri et ingredi, incedere et vadere ajoutent à l’idée générale des idées accessoires et précises sur la manière de marcher : gradiri et ingredi, une idée de calme et de régularité, par opposition à serpere, currere, stare, comme ϐαδίζειν ; incedere, une idée de fierté, de mesure et de convenance à propos d’une cérémonie, d’une revue, par opposition à ambulare, comme ἐμϐαίνειν ; vadere, une idée de bonne volonté et de vivacité, en voyage, dans une attaque de vive force, par opposition à repere ? comme χωρεῖν.

2. Ingressus, la marche en général ; incessus, la démarche qui tient à l’individu et à laquelle on le reconnaît comme à une seconde physionomie. Ingressus est un terme purement physique ; incessus, un terme moral et esthétique.

Irruere. Irrumpere. Ingruere. Invadere.

Irruere, entrer en courant, à la hâte et à l’étourdie ; irrumpere, pénétrer par force et violence ; ingruere, avec menaces et importunité ; invadere, tomber quelque part avec audace et brusquerie.

Iter. Meatus. Via. Trames. Semita. Callis.

1. Iter et meatus expriment, au sens abstrait, le chemin qu’on fait, la marche, le voyage : iter, le chemin que fait un être raisonnable ; meatus, celui que fait un être sans raison et sans volonté ; mais via, c’est le chemin sur lequel on marche, c’est un terme concret. Hor. Od. III, 2, 22. Virtus negata tentat iter via. La vertu se fraye des routes nouvelles. Cic. Att. V, 14. Iter conficiebamus æstuosa et pulverulenta via. Nous cheminions sur une route brûlante et poudreuse.

2. Iter, pris comme terme concret, chemin, direction qui mène au but, comme ϰέλευθος ; il n’est pas nécessaire que ce soit une voie frayée et fréquentée. Via, voie sinon construite, du moins régulière et battue, comme ὁδός. César entend, par viarum atque itinerum duces, des guides tenus de montrer les routes et les sentiers praticables et d’indiquer la direction à suivre quand les voies frayées venaient à manquer.

3. Via et iter peuvent être étroits ou larges ; trames, callis et semita ne désignent qu’un chemin ou un sentier étroit : trames, un chemin ou une rue de traverse, à la campagne ou à la ville, propre à conduire au but plus promptement ou plus secrètement que la grand’route ; semita, un sentier pour les piétons, souvent un trottoir qui court à côté de la route carrossable, οἶμος ; callis, un chemin de montagne ou de forêt qui n’est guère praticable que pour le bétail, ἀτραπός. Plaut. Cas. III, 5, 42. De via in semitam degredi. Quitter la route pour un sentier. Cic. Phil. XIII, 9, 19. Egressus est non viis sed tramitibus paludatus. Il n’osa suivre les rues et prit les ruelles pour sortir de Rome en tenue de général. Virg. Æn. IX, 383. Rara per occultos lucebat semita calles, c’est-à-dire qu’Euryale et Nisus cherchent à s’échapper par des sentiers, semita, mais qu’ils ont de la peine à en découvrir faute de clarté, d’autant que les ombres de la nuit et de la forêt leur cachent même les chemins, calles.

Iterum. Rursus. Denuo. De integro. Repetere. Integrare.

1. Iterum veut dire, comme δεύτερον, pour la seconde fois ; rursum ou rursus, αὖθις et πάλιν, une fois de plus, encore une fois ; denuo, νέοθεν, de nouveau : il semble qu’on n’ait encore rien fait ; de integro, αὖθις ἐξ ὑπαρχῆς, derechef, sur de nouveaux frais : c’est l’idée précédente exprimée avec plus de force. Justin, XXI, 4, 6. Нос consilio præventus iterum servitia concitat statutaque rursus cædium die, quum denuo se proditum videret. Prévenu dans ce dessein, il soulève une seconde fois les esclaves, fixe encore une fois le jour du massacre, et, se voyant de nouveau trahi...

2. De même, pugnam iterare signifie livrer une seconde bataille ; pugnam repetere, reprendre le combat ; pugnam renovare, le renouveler, et pugnam integrare, recommencer la bataille sur de nouveaux frais. Auct. Herenn. II, 3, 47. Enumeratio est per quam colligimus et commonemus quibus de rebus verba fecerimus, breviter, ut renovetur, non redintegretur oratio. L’énumération résume et rappelle les points sur lesquels on a parlé ; elle est courte, il s’agit de reprendre, non de recommencer le discours.

Jubere. Imperare. Præcipere. Mandare.

Jubere, ordonner une chose parce qu’on souhaite et qu’on veut qu’elle soit faite, par opposition à vetare, comme ϰελεύειν ; imperare, commander militairement en vertu de la supériorité de grade, ἄρχειν ; præcipere, prescrire en vertu de l’autorité de précepteur, de gouverneur, à peu près comme ἐντέλλεσθαι ; mandare, charger d’une affaire une personne qui a toute notre confiance, ἐφίεσθαι.

Jusjurandum. Juramentum. Sacramentum.

Jusjurandum et juramentum, qui est d’une époque postérieure, serment civil par lequel on confirme ou promet quelque chose ; sacramentum, serment militaire par lequel le soldat s’engage et se lie au drapeau. Liv. XXII, 38. Milites tunc quod nunquam antea factum erat jurejurando a tribunis militum adacti jussu consulum conventuros neque injussu abituros ; nam ad eam diem nihil præter sacramentum fuerat. Les tribuns militaires firent jurer aux soldats qu’ils se réuniraient sur l’ordre des consuls et ne se retireraient point sans leur ordre. Cela ne s’était pas encore vu ; il n’y avait jamais eu jusqu’à ce jour que le serment aux aigles.

Juventa. Juventus. Juventas. Juvenalis. Juvenilis.

1. Juventa, la jeunesse considérée comme une période de la vie ; juventus, comme la classe des jeunes gens ; juventas, comme une déesse.

2. Juvenalis, terme indifférent pour tout ce qui se rapporte aux jeunes gens ou élogieux, par opposition à la faiblesse de l’âge ; juvenilis contient une idée morale accessoire, celle des goûts que comporte le caractère des jeunes gens, la plupart du temps avec une teinte de blâme, par opposition à la maturité de l’âge.

L

Labare. Titubare. Vacillare. Nutare.

Labare caractérise le chancellement par rapport au corps entier qui ne pose point sur une base solide ; titubare, par rapport aux jambes qui refusent le service et se dérobent ; vacillare, par rapport au haut du corps qui n’a point une attitude droite, tranquille, sûre ; enfin, nutare, par rapport à la tête qui ne se soutient plus. Le titubans menace de s’affaisser sur lui-même ; le vacillans, de tomber à la renverse. La titubatio est l’indice de la faiblesse corporelle ; la vacillatio, d’un manque de dignité extérieure, de calme et de décence.

Labi. Cadere.

Labi, tomber, par rapport au point de départ et à l’espace que le corps traverse dans sa chute, tendre vers la terre, ὀλισθεῖν ; cadere, tomber, par rapport au point que le corps atteint au bout de sa chute, arriver à terre, πεσεῖν. Virg. Æn. VI, 310. Lapsa cadunt folia. Les feuilles se détachent, glissent et tombent. Cic. Brut. 49. Quibus vitiis labatur aut cadat orator. Les défauts qui égarent ou renversent l’orateur.

Labor. Molestia. Ærumna.

1. Labor, le travail qui met les forces en jeu et fatigue, πόνος ; molestia, la peine qui fait naître la mauvaise humeur parce qu’elle est trop grande ou qu’elle vient mal à propos, χαλεπότης ; ærumna, l’accablement qui surpasse presque les forces humaines et terrasse le héros même, ταλαιπωρία ; c’est un terme archaïque et à demi poétique. Cic. Finn. V, 32. Ut ubi virtus sit resque magnæ et summe laudabiles virtute res gestæ, ibi esse miseria et ærumna non possit, tamen labor possit, possit molestia. Soyez vertueux, accomplissez par vertu de grandes choses dignes du plus haut éloge, vous ne succomberez jamais sous le poids du malheur, mais vous serez toujours sensible à la fatigue et à la peine.

2. Laborare, verbe intransitif, être au fort de la peine et du travail ; elaborare, verbe transitif, produire quelque chose par sa peine et son travail.

Lacerare. Laniare.

Lacerare, déchirer de vive force avec les mains, les griffes, les serres, les dents ; laniare, découper à l’aide d’un instrument tranchant, les dents, griffes et serres pouvant d’ailleurs être considérées comme des instruments de ce genre. Appul. Metam. IV, p. 84. Morsibus laceratus ferroque laniatus. Déchiré par les morsures, tailladé par le fer.

  • Lacertus, v. Ulna.

Lacessere. Irritare. Sollicitare.

1. Lacessere, pousser à la contradiction, à la résistance la raison et la volonté ; irritare, exciter jusqu’à la colère les sentiments ou les passions. Cic. Mil. 31. Ut vi irritare ferroque lacessere fortissimum virum auderet. Il osa irriter par la violence, provoquer par la vue des armes le plus courageux des hommes.

2. Lacessere, exciter en troublant la paix d’une façon grossière ; sollicitare, en troublant par finesse le repos des gens.

Lacrimare. Plorare. Flere. Lamentari. Ejulare. Deflere. Deplorare.

1. Lacrimare exprime la conséquence physique d’un mouvement de l’âme joyeux ou triste, comme δαϰρύειν, répandre des larmes ; plorare est l’expression passionnée de la douleur, comme θρηνεῖν, hurler et crier. Entre les deux se trouve flere, qui a pour opposé ridere ; il a de commun avec lacrimare l’absence de passion, et avec plorare le ressentiment de la douleur, c’est le grec ϰλαίειν, pleurer. Sen. Ep. 63. Nec sicci sint oculi amisso amico, nec fluant ; lacrimandum est, non plorandum. Vous perdez un ami je n’exige pas que vos yeux soient secs, mais ne fondez pas en pleurs ; versez des larmes, ne criez pas.

2. Lamentari et ejulare sont encore des augmentatifs de ploratus : lamentari marque, comme ϰωχύειν, un hurlement prolongé ; ejulare, un hurlement interrompu par des cris et des sanglots, comme ὀλολύζειν.

3. Plorare et flere sont intransitifs ; deplorare et deflere, transitifs.

Lacuna. Lacus. Stagnum. Palus. Uligo. Lama. Lustrum.

Lacuna signifie en langage poétique toute espèce d’eau dormante depuis la mer jusqu’à la mare ; lacus et stagnum, eaux dormantes, mais salubres, entretenues et rafraîchies par des sources ou par un cours d’eau qui s’y jette et qui en sort : lacus, lac de taille à rappeler l’image de la mer et opposé à la mer, λίμνη ; stagnum, étang assez grand pour ne point ressembler à une simple mare, par opposition à une rivière, τέναγος. Palus et uligo, eaux dormantes altérées et corrompues : palus, marais, contrée recouverte d’une eau corrompue, ἔλος ; uligo, fondrière, terrain pénétré par une eau corrompue. Le marais, palus, offre l’aspect d’une masse d’eau troublée par la vase et le limon, où on peut se noyer ; la fondrière, uligo, celui d’un sol amolli par l’eau, où on peut enfoncer. Enfin lamæ et lustra signifient des eaux dormantes de peu de circuit : lamæ, de simples flaques, humides et boueuses, sur des routes ; lustra, des mares croupissantes qui blessent l’odorat et la vue, dans des forêts et ailleurs.

Lædere. Violare. Offendere.

Lædere, endommager, blesser, exprime une atteinte physique ; violare, faire violence, une atteinte au droit ; offendere, choquer, offenser, une atteinte au sentiment. Lædere se rapporte à un objet auquel il y a quelque chose à gâter ; violare, à un objet pour lequel on a le droit de prétendre à des ménagements ; offendere, à un être doué de raison et de sentiment. Cic. Off. I, 28, 99. Justitiæ partes sunt non violare homines, verecundiæ non offendere. Ne pas entreprendre sur les autres, c’est justice ; ne les choquer en rien, c’est délicatesse. Sen. Ir. III, 18. Pleraque eorum propter quæ irascimur offendunt nos magis quam lædunt. Nos colères viennent très-souvent de ce qui nous choque plutôt que de ce qui nous nuit. Const. 4. Contumelia tantum delicatis gravis est, qua non læduntur, sed offenduntur. Une offense ne pèse qu’aux gens chatouilleux on ne leur a pas nui, mais on les a choqués. Ovid. Am. III, 3, 31. Formosas superi metuunt offendere læsi. Les dieux craignent d’offenser la beauté qui les a blessés.

Lævis. Glaber. Fricare. Terere.

1. Lævis, levis, lisse par opposition à ce qui est rude et raboteux, cela est joli et cause une impression agréable ; glaber, nu et uni, par opposition à ce qui est garni de poils ou de cheveux, couvert d’une végétation ; cela constitue un défaut et cause une impression désagréable.

2. Fricare, polir pour rendre lisse, ψήχειν ; terere, frotter pour diminuer le volume, τρίϐειν.

Lambere. Lingere.

Lambere, lécher lorsque la langue sert d’instrument comme la main pour saisir ou toucher un objet, que ce soit ou non un aliment, qu’il ait du goût ou qu’il n’en ait pas ; lingere, lécher lorsqu’on emploie la langue comme organe du goût pour apprécier une saveur. Plin. H. N. XXXV, 7. Canem ex ære vulnus suum lambentem. Un chien de bronze qui passe la langue sur sa blessure. Comparez avec XXI, 4. Pecoribus sal datur lingendus. On donne au bétail du sel à lécher.

Laniena. Macellum.

Laniena, étal sur lequel le boucher, lanius, expose en vente des bêtes tuées et dépecées ; macellum, marché où le macellarius débite toute sorte de viandes, menue viande, charcuterie, gibier, volaille, poisson.

Laqueus. Funis. Restis.

1. Laqueus, nœud coulant fait à une corde ; funis et restis, la corde même : funis, grosse corde destinée à tirer, à haler, et qui doit pour cette raison avoir une certaine longueur, σχοῖνος ; restis, corde mince qui servait plutôt à lier et à suspendre et qui pouvait être courte, σπάρτη. Le trait qui attache le cheval de volée, equus funalis, la corde sur laquelle danse le funambule, le câble qui remorque la chaloupe d’un vaisseau, ne s’appellent jamais restis en prose ; par contre une corde bonne pour se pendre, pour fouetter un esclave, pour servir de ceinture, ne prendra guère le nom de funis, à moins qu’un poète ne s’avise de préférer ce dernier terme comme le plus noble.

2. Rudentes, les écoutes ; retinacula et oræ, les câbles des ancres : retinacula, comme terme usuel et populaire ; oræ, dans oras solvere, comme terme technique.

Largus. Benignus. Liberalis. Munificus.

Largus se dit de toute personne qui donne beaucoup, n’importe à qui, n’importe dans quelle vue, par opposition à parcus ; benignus, liberalis et munificus n’expriment que des vertus. Le benignus obéit à un penchant de pure humanité, à l’amour du prochain ; le liberalis, à un noble orgueil, à une juste estime de soi-même ; le munificus, à une vanité bien placée qui ferait honneur à un prince. La benignitas donne abondamment parce qu’elle ne veut ni posséder ni jouir seule, c’est de la bonté d’âme ; la liberalitas fait bien les choses, elle consiste à donner en proportion du rang qu’on tient et du mérite d’autrui, c’est le fait du galant homme chez lequel on ne retrouve aucune trace des calculs méticuleux du marchand ; la munificentia donne plutôt trop que trop peu par plaisir de rendre heureux et de surprendre, comme la générosité.

Larva. Persona.

Larva, masque grotesque et effrayant ; persona, masque bien fait qui représente un personnage connu.

Latebra. Latibulum.

Latebra, lieu écarté ou obscur où l’on peut se cacher décemment ; latibulum, réduit où il faut se glisser en rampant, comme une bête.

Latrare. Gannire. Baubari.

Latrare se dit de l’aboiement hostile d’un gros chien, et au figuré d’une querelle, ὑλαϰτεῖν ; gannire, des jappements inoffensifs d’un petit chien, et au figuré du clabaudage, ϰνυζᾶσθαι ; enfin, baubari, des hurlements et gémissements du chien, ϐαΰζειν.

Lepidus. Facetus. Festivus. Salsus. Dicax. Cavillator.

Lepos, facetiæ et festivitas expriment un genre d’esprit inoffensif, la bonne humeur opposée à la gravité et propre à une âme bienveillante : lepos, l’esprit dispos et léger par opposition à la pesanteur ; festivitas, la gaieté d’esprit par opposition à une gravité sombre ; facetiæ, l’enjouement par opposition à un tour d’esprit grave et sérieux. Sales, dicacitas, cavillatio, expriment un genre d’esprit vif, caustique et pénétrant : sales, c’est le piquant opposé au fade et au trivial, voué à la recherche du trait, causant au hasard du plaisir ou de la peine ; dicacitas, l’esprit satirique qui s’exerce aux dépens d’autrui, mais en sorte que la plaisanterie reste le but principal et que la moquerie ne soit qu’un accessoire ; cavillatio, l’esprit moqueur pour lequel la blessure à faire est le point important, la plaisanterie un simple instrument et une forme comme une autre. Cic. Orat. 30. Demosthenes non tam dicax fuit quam facetus. Est autem illud acrioris ingenii, hoc majoris artis. Démosthène est plutôt un esprit enjoué qu’un esprit satirique. La satire exige plus de vivacité naturelle, l’enjouement plus de savoir-faire.

Libertus. Libertinus.

Libertus, l’affranchi par rapport à son maître et par opposition à servus ; libertinus, par rapport à sa condition et par opposition à civis et ingenuus. Sen. Contr. III, 21. Quærendus mihi gener erat libertinus ; quid ergo ? alieno potius liberto ? J’étais réduit à chercher un gendre dans la classe des affranchis. Eh bien, pourquoi pas le mien, plutôt que celui d’un autre ? Cic. Verr. I, 47. Trebonius fecit heredem libertum suum... Equiti Romano libertinus homo fit heres. Trébonius prit son affranchi pour héritier. Un homme de la classe des affranchis devient héritier d’un chevalier romain. Tac. Ann. XIII, 27. Si separarentur libertini, manifestam fore penuriam ingenuorum. On n’avait qu’à compter tout ce qui appartenait à la classe des affranchis ; on ne verrait que trop clairement combien on manquait d’hommes libres.

Libra. Pondo.

L’expression complète est libra pondo, mot à mot une balance, un plateau de balance chargé de manière à faire équilibre à l’unité de poids, une livre pesant ; libra est la formule la plus vague : l’ellipse de pondo ouvre la porte à une équivoque, on pourrait croire qu’il s’agit de la balance même ; pondo est une expression elliptique, en ce sens que l’idée accessoire, celle du poids, représente en même temps l’idée principale, celle de l’unité de poids. Il y a la même différence entre operæ pretium est d’une part, et operæ est, pretium est, de l’autre.

Librare. Vibrare.

Librare hastam, balancer une pique horizontalement afin de la lancer avec plus de force et de justesse ; vibrare, la brandir d’avant en arrière, ou de haut en bas pour témoigner de l’envie qu’on a de combattre.

Ligare. Viere. Vincire. Nectere. Obligare. Obstringere. Devincire.

1. Ligare et viere, synonymes de copulare, lier pour empêcher que les parties ne se séparent, δέειν ; vincire et nectere, synonymes de coercere, enchaîner pour prévenir la liberté des mouvements, δεσμεύειν.

2. Ligare est le terme général ; viere, le terme technique à l’usage du tonnelier, du vannier, etc.

3. Obligare, attacher par des prévenances ; obstringere, lier par des bienfaits ; devincire, enchaîner à soi par des relations intimes et durables. L’obligatus se sent engagé par les devoirs conventionnels de la vie du monde ; l’obstrictus, par des devoirs de morale ou de religion ; le devinctus, par des devoirs de piété.

Lima. Scobina.

Lima, outil pour polir ; scobina, pour dégrossir.

Lingua. Sermo.

Lingua, langage du premier peuple venu, même le plus grossier, gentis ou nationis, pourvu qu’il ait un vocabulaire particulier pour rendre ses idées ; sermo, langue d’un peuple civilisé, populi, servant d’expression à des pensées suivies. Notre idiome, lingua, nous est donné quand nous venons au monde comme la langue que nous avons dans la bouche, et ce terme se rapporte par préférence au matériel des mots ; le sermo suppose comme le discours une certaine initiative personnelle, il comprend les règles de la grammaire et du style. Cic. Finn. 3, 10. Sæpe disserui latinam linguam non modo non inopem, sed locupletiorem etiam esse quam græcam. J’ai souvent essayé de démontrer que le latin, qui est notre idiome, n’est rien moins que pauvre, qu’il offre même plus de ressources que le grec. Comparez avec Off. I, 31. Sermone debemus uti eo qui notus est nobis. Employons la langue que nous savons.

Littera. Elementum.

Littera, la lettre comme élément indivisible de l’écriture, γράμμα ; elementum, comme élément indivisible de la langue parlée, comme un des sons simples que la science grammaticale étudie, στοιχεῖον.

Litteræ. Epistola. Codicilli.

Litteræ, terme général, lettre ; epistola, lettre adressée à un ami éloigné et envoyée par un messager, missive ; codicilli, billet adressé dans l’enceinte d’une ville. Sen. Ep. 55. Adeo tecum sum ut dubitem an incipiam non epistolas, sed codicillos tibi scribere. Je vis si parfaitement avec toi en imagination, qu’il me prend des envies de t’écrire au lieu de longues missives de simples billets. Cic. Fam. VI, 18. Simul accepi a Seleuco tuo litteras ; statim quæsivi e Balbo per codicillos quid esset in lege. Aussitôt ta lettre reçue des mains de Séleucus, j’écrivis un billet à Balbus pour savoir de lui la teneur de la loi.

Litteræ. Artes. Doctrinæ. Disciplinæ.

Litteræ et artes, les lettres et les sciences considérées en général comme le but des études : litteræ, au sens restreint, la littérature d’imagination ou de raisonnement consignée dans les livres, comme moyen direct d’enrichir la mémoire, et moyen indirect d’aiguiser l’intelligence et de former le goût ; artes, les lettres et les sciences dans l’acception la plus haute quand les connaissances qu’on acquiert servent immédiatement à développer l’esprit et le talent. Doctrinæ et disciplinæ, les diverses branches du domaine général de la science réduites en systèmes : doctrinæ, se disant par préférence des sciences spéculatives, abstraites, des études philosophiques et savantes ; disciplinæ, des sciences pratiques appliquées aux usages de la vie.

Locus. Tractus. Regio. Plaga.

Locus, espace pris comme un point isolé, endroit, τόπος ; tractus, espace considéré comme une ligne, bande, zone qui s’étend au loin, c’est à peu près le grec ϰλίμα ; regio, espace pris comme un cercle, comprenant les environs d’un centre, contrée, χῶρος ; plaga, espace pris comme une surface en général.

Lucere. Fulgere. Splendere. Nitere. Renidere. Coruscare. Micare. Radiare.

1. Lucere, fulgere, splendere, nitere, désignent une clarté fixe et permanente : fulgere, celle d’une lumière intense ou d’une couleur de feu qui éblouit, comme φλέγω ; lucere, celle d’une lumière bienfaisante et d’une couleur de feu plus douce, comme φαίνω, φέγγω ; splendere, l’éclat d’une surface polie et nette, par opposition à sordere, comme λάμπω ; nitere en prose et en vers renidere, le lustre d’un corps humide, huilé, graissé, verni ou lavé, par opposition à squalere, comme στίλϐω.

2. Coruscare, micare, radiare, désignent une clarté intermittente et mobile comme étinceler et scintiller : coruscare, briller comme l’éclair qui sort brusquement de la nue ; micare, étinceler comme le métal qu’on agite au soleil ; radiare, lancer des jets de lumière comme le soleil qui darde ses rayons. Cic. Cat. II, 3. Qui nitent unguentis, qui fulgent purpura. Ceux qui empruntent le lustre des parfums, l’éclat de la pourpre. Auct. ad Herenn. IV, 33. Tantus erat in armis splendor ut solis fulgor obscurior videretur. Ses armes resplendissantes semblaient obscurcir les feux ardents du soleil. Plin. H. N. XXXVII, 2. Splendor murrhinis sine viribus, nitorque verius quam splendor. Il n’y a rien qui frappe dans l’éclat de ces vases, et ils ont même, à vrai dire, plus de lustre que d’éclat. Splendor présente en effet l’éclat sous son aspect majestueux, nitor sous son aspect aimable, comme dans Auct. ad Herenn. IV, 50. Gemmæ nitore et auri splendore. Par le lustre des pierreries et par l’éclat de l’or. Au figuré splendor marque la magnificence, nitor l’élégance.

Lucrum. Emolumentum. Quæstus. Compendium.

Lucrum et emolumentum, gain dans toutes les circonstances de la vie : lucrum, gain qu’on doit à ses propres efforts, par opposition à damnum, ϰέρδος ; emolumentum, avantage qui échoit à quelqu’un, par opposition à detrimentum, ὠφέλημα. Quæstus et compendium, bénéfice dans le domaine du commerce : quæstus, bénéfice soutenu, permanent, par opposition à sumptus, χρηματισμός ; compendium, profit accidentel et considérable, par opposition à dispendium.

Luculentus. Illustris.

Luculentus, synonyme de probabilis, ce qui supporte les regards et n’a point de raison de fuir la lumière, ce qui est comme il faut ; illustris, synonyme d’excellens, ce qui attire les regards, ce qui saute aux yeux et brille au soleil. Luculentus ne contient jamais un éloge emphatique. Cic. Off. III, 14, 60. Нос quidem satis luculente, c’est-à-dire cela s’entend. Et Finn. I, 5, 15 : Cum græce, ut videor, luculenter sciam. Je crois savoir convenablement le grec, ce qui n’est nullement prétentieux. C’est comme si on disait : sic satis.

Ludus. Schola.

Ludus, école élémentaire pour les enfants qui ont besoin d’apprendre et qu’on y oblige ; schola, école d’enseignement supérieur pour les jeunes gens et les hommes qui veulent s’instruire. Le ludus suppose des écoliers, discipulos, un maître, ludi magistrum, et une discipline classique ; la schola suppose des auditeurs, auditores, un professeur, doctorem, et un genre d’exposition académique.

Ludus. Lusus. Ludicrum. Jocus.

1. Ludus, le jeu qui offre à l’homme un moyen de divertissement ; lusus, le jeu auquel l’homme se livre, qu’il met en train, qu’il imagine. Ludus présente le jeu comme une récréation, par opposition à la peine ; lusus, comme une action puérile et vaine, par opposition aux occupations sérieuses. Plin. Ep. IX, 33, 3. Pueri quos otium ludusque sollicitat. Les enfants que dérangent le désœuvrement et le jeu. Comparez avec IX, 25 : Lusus et ineptias nostras legis. Tu lis les bagatelles et les sottises auxquelles nous nous sommes amusés. Cic. Flacc. 5, 12. Græci quibus jusjurandum jocus est, testimonium ludus, c’est-à-dire les Grecs pour lesquels c’est fort peu de chose que de porter un faux témoignage. Comparez avec Sen. Contr. I, 2. Piratas... quibus omne fas nefasque lusus est, c’est-à-dire les pirates aux yeux desquels la différence entre le juste et l’injuste n’est qu’un amusement, un jeu de mots sans conséquence.

2. Le pluriel ludi prend la signification particulière de spectacles publics, et, dans cette acception, il a pour singulier ludicrum.

3. Ludus et lusus ont un tour négatif ; ce sont de simples passe-temps, des distractions, comme moyen préservatif contre l’ennui ; jocus est un terme positif, amusements, plaisanteries, comme manifestation de la bonne humeur et de la vivacité d’esprit. Le ludens ne demande qu’à n’être point astreint, à ne rien faire de sérieux et à se délasser ; le jocans dépense en frivolités autant d’ardeur qu’on en peut mettre aux affaires.

Lues. Contagium. Pestilentia. Pestis. Pernicies. Exitium. Interitus. Exitus.

1. Lues, terme général, miasme, principe impur et délétère ; contagium, mal contagieux ; pestilentia, maladie contagieuse, et de plus régnante, ou au sens restreint, la peste proprement dite. Sall. Cat. 10. Post ubi contagio quasi pestilentia invasit. Puis, quand ce mal contagieux eut fait, comme la peste, d’irrésistibles progrès. Plin. H. N. XXIII, 28. Laurus folia pestilentiæ contagia prohibent. Les feuilles du laurier de Delphes préservent des atteintes contagieuses de la peste. Lucan. VI, 89. Fluidæ contagia pestis. L’air se charge d’exhalaisons pestilentielles[1].

2. La poésie seule emploie pestis pour la peste même ; hors de là, pestis exprime, comme exitium et pernicies, un fléau en général, sans qu’il soit question de maladie ; mais pestis s’emploie régulièrement comme terme concret, exitium et pernicies comme termes abstraits. Sen. N. Q. III, pr. Philippi aut Alexandri... qui exitio gentium clari non minores fuere pestes mortalium quam inundatio. Les Philippe et les Alexandre, fameux par la destruction de tant de peuples, fléaux de l’humanité aussi désastreux qu’un déluge.

3. Pernicies a la signification active ; il exprime qu’on fait périr par meurtre des êtres vivants ; exitium a la signification passive et s’entend même de la destruction d’objets inanimés ; enfin, interitus a, comme exitus, la signification neutre et se dit d’êtres animés ou inanimés qui tombent en décadence. Tac. Ann. XVI, 63. Poppæa non nisi in perniciem uxoris nupta ; postremo crimen omni exitio gravius. Poppée, qui ne s’était fait épouser que pour perdre la femme légitime ; une accusation enfin plus pénible que mille morts. Cic. Cat. IV, 3. Cum de pernicie populi Romani, exitio hujus urbis cogitarit. L’extermination du peuple romain, la destruction de la ville à laquelle il songeait sans cesse. Rull. II, 4, 10. Extremi exitiorum exitus.

4. Exitium, fin violente ; exitus, fin naturelle. Cic. Rull. II, 4, 10. Qui civitatum afflictarum perditis jam rebus extremi exitiorum solent esse exitus. Cela exprime pour ainsi dire le dernier soupir d’un État qui périt dans les convulsions. Verr. V, 6, 12. Exitus exitiales.

  • 1 Traduction de la collection Panckoucke. Lucain, tome II, p. 9.

Lumen. Lux.

Lumen, le corps lumineux qui éclaire, φέγγος ; lux, la lumière émise, φάος. Cic. Finn. III, 14, 45. Ut obscuratur et offunditur luce solis lumen lucernæ. De même que la simple lumière du soleil fait pâlir et presque évanouir la flamme d’une lampe. Curt. VIII, 2, 21. Sed aditus specus accipit lucem ; interiora nisi allato lumine obscura sunt. L’entrée de la caverne est accessible à la lumière ; l’intérieur est plongé dans les ténèbres tant qu’on n’y porte point de flambeaux. Cic. Acadd. pr. II, 8, 26. Si ista vera sunt, ratio omnis tollitur, quasi quædam lux lumenque vitæ, c’est-à-dire que la raison, qui est seule claire et lumineuse en elle-même et par elle-même, répand sur la vie sa clarté et sa lumière. Et au sens figuré, lumen se rapporte au principe, lux, au simple fait de la célébrité. Cicéron, Man. 5, appelle Corinthe : Græciæ totius lumen, mais Rome, Cat. IV, 6 : lucem orbis terrarum. C’est comparer Corinthe à un foyer de lumières ; c’est dire de Rome que toutes les autres villes ne sont en comparaison que des cités obscures. Lucida oratio, discours plein de clarté, aisé à entendre ; luminosa, discours lumineux, plein de beautés éclatantes.

Luteus. Gilvus. Helvus. Flavus. Luridus.

Luteus, jaune par excellence, par exemple, jaune d’œuf ; gilvus et helvus, jaune obscur qui tire sur le rouge, celui du miel ; flavus et luridus, jaune clair qui tire sur le blanc ; flavus, jaune agréable et brillant, celui des cheveux blonds ; luridus, jaune pâle, désagréable, le jaune livide de la mort.

Lutum. Limus. Cœnum. Sordes. Squalor. Pædor. Situs. Stercus. Fimus. Oletum. Merda.

1. Lutum, limus, cœnum, matière malpropre et humide lutum, boue des rues et des routes, πηλός ; limus, limon des fleuves, ἴλυς ; cœnum, vase des marais, ϐόρϐορος. Tac. Ann. I, 63. Cætera limosa, tenacia gravi cœno aut rivis incerta erant. Hors de là des terrains limoneux où l’on reste fortement engagé dans la vase ou des terrains coupés par des ruisseaux. Sordes, squalor, pædor, situs, matière malpropre et sèche : sordes, opposé à splendor, crasse des pauvres, de la populace, des avares qui porteront, par exemple, des vêtements hors d’usage, ῥύπος ; squalor, opposé à nitor, malpropreté des gens qui manquent de savoir-vivre et de goût, qui oublieront, par exemple, de se peigner les cheveux, αὐχμός ; pædor, opposé à munditiæ, saleté des gens qui ne prennent aucun soin de leur personne, vermine, gale, πίνος ; situs, opposé à usus, moisissure, rouille, qui proviennent d’un abandon prolongé, ἄζη. De là viennent les formes différentes des adjectifs : lutosus, limosus, cœnosus, c’est-à-dire plein de boue, de limon, de vase ; mais sordidus, squalidus, pædidus, c’est-à-dire qui se sent des sordibus, etc. ; et dans les périphrases : oblitus luto, limo, cœno, mais obsitus sordibus, squalore, pædore.

2. Stercus, le femier considéré par son vilain côté, comme amas d’immondices, ϰόπρος ; fimus, par son côté utile, comme engrais.

3. Cœnum, terme général pour les excréments qui inspirent du dégoût ; oletum, excréments de l’homme ; merda, des animaux.

Luxus. Luxuria.

Luxus, usage ou étalage du luxe, parfois même objet de luxe ; luxuria met toujours l’homme en jeu ; c’est une disposition, une inclination, un penchant au luxe. Sen. Ir. I, 11. Animis delicias, luxum, opes ignorantibus. Ces âmes auxquelles les jouissances, le luxe, les richesses sont inconnues. Et un peu plus loin : Opinionem luxuriæ segnitiæque. Les lenteurs de Scipion le firent soupçonner d’aimer le luxe et le repos. Sall. Cat. 13. Romani famem aut sitim... luxu ante capere, c’est-à-dire par un raffinement que le luxe avait introduit. Comparez avec Jug. 90 (ou 85[1], vers la fin du discours de Marius). Luxuria atque ignavia, pessimæ artes, luxuria, c’est-à-dire la manie du plaisir.

  • 1 Dans la collection Lemaire et la collection Panckoucke.
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