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Manuel de synonymie Latine

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Magnus. Grandis. Amplus. Ingens. Immanis. Vastus.

1. Magnus, grandis et amplus expriment une grandeur convenable ; ingens, immanis et vastus, une grandeur excessive. Sen. Ir. I, 16, 26. Nec enim magnitudo ista est, sed immanitas. Ce n’est pas le langage d’un grand homme, c’est celui d’un monstre.

2. Magnus exprime la grandeur sans idée accessoire, par opposition à parvus, comme μέγας ; grandis, avec une idée accessoire de force et de majesté naturelle, grandiose, par opposition à exilis, subtilis, tumidus, minutus, exiguus ; enfin, amplus, avec l’idée accessoire d’une dignité extérieure qui impose et fait impression.

3. Ingens, ἄπλετος, fait ressortir ce qu’il y a d’extraordinaire ; immanis, πελώριος, ce qu’il y a d’effrayant ; vastus, ἀχανὴς, ce qu’il y a de disgracieux dans une grandeur excessive.

Mala. Maxilla. Gena.

1. Mala, la mâchoire supérieure ; maxilla, la mâchoire inférieure.

2. Mala, terme usuel, la joue au sens physiologique ; gena, terme archaïque et choisi, la joue, avec une idée accessoire de beauté.

Maledictum. Probrum. Convicium.

Maledictum, tout ce qu’on dit pour nuire à autrui, soit en forme de malédiction pour lui porter malheur, soit en forme de paroles injurieuses pour le couvrir de honte, ϰαϰηγορία. Probrum et convicium, ce qu’on dit pour couvrir quelqu’un de honte : probrum, ὄνειδος, l’invective composée de phrases et de propos déshonorants ; convicium, λοιδορία, l’insulte composée de mots détachés et de surnoms déshonorants. Fur ! est un convicium ; fur es ! un probrum ; l’un et l’autre sont des maledicta.

Malitia. Malignitas. Malevolentia. Malus. Nequam. Pravus.

1. Malitia, la méchanceté qui aime à mentir et à tromper parce qu’elle est devenue insensible aux avertissements de la conscience ; malignitas, la malignité qui est une forme de l’amour de soi, qui ne souhaite de bien qu’à soi, jamais aux autres et provient d’un égoïsme qui court les rues ; malevolentia, la malveillance qui souhaite plutôt du mal que du bien à quelqu’un par aversion personnelle. La malitia est une façon de penser et d’agir punissable parce qu’elle compromet la sécurité publique ; la malignitas, un sentiment méprisable qui annonce un fond de misanthropie ; la malevolentia enfin est un défaut haïssable parce qu’elle est portée à se réjouir du mal qui arrive aux autres. La malice ne s’appelle jamais en latin malitia, mais plutôt malevolentia, et mieux encore studium nocendi.

2. Malus homo, homme immoral ; nequam, homme qui n’est bon à rien, dont le travers est de fuir les travaux utiles et de se plaire aux mauvais tours, vaurien, par opposition à frugi ; enfin, pravus, homme qui a pris une mauvaise direction au sens physique, intellectuel ou moral, par opposition à rectus. Quintil. VIII, 3, 48. Nec parricidam nequam dixeris hominem, nec meretrici forte deditum nefarium, quod alterum parum, alterum nimium est. Vous ne traiterez ni un parricide de vaurien ni un amoureux de monstre ; le premier dit trop peu, le second dit trop.

Mane. Crepusculo. Diluculo.

Mane, le matin, ὄρθρῳ ; il s’entend des premiers pas que le jour fait dans sa carrière, par opposition, d’une part, à la nuit, de l’autre, aux heures de la journée qui précèdent midi ; crepusculo, ἦρι, le matin, au crépuscule, par opposition au grand jour ; diluculo, enfin, le matin, à l’aube, par opposition aux ténèbres de la nuit, λυϰόφως.

Manere. Morari. Tardare. Detinere.

1. Manere, rester, par opposition à partir ; morari, s’arrêter en route, interrompre un mouvement au lieu d’aller de l’avant. Cic. Sen. 23. Commorandi natura deversorium nobis, non habitandi dedit. C’est un asile passager, ce n’est point une demeure fixe que nous a donné la nature. Dans Tac. H. II, 48. Irent propere neu remanendo iram victoris asperarent. Il fallait se hâter d’y aller et éviter tous les retards qui pourraient irriter le courroux du vainqueur : la variante remorando mérite la préférence.

2. Morari aliquem, décider quelqu’un à s’arrêter de son plein gré, διατρίϐειν ; tardare, lui susciter des difficultés qui l’empêchent de parcourir rapidement son chemin, ϐραδύνειν ; detinere, l’empêcher par force d’avancer, ϰατέχειν. Tardare se rapporte par préférence à l’action ; detinere, à la personne ; morari, aux deux.

Manere. Exspectare. Præstolari. Opperiri.

1. Manere n’exprime qu’une action physique, comme d’attendre et de rester en un lieu jusqu’à ce qu’une chose arrive ; exspectare, præstolari et opperiri expriment une action de l’âme, comme d’attendre quelque chose ou quelqu’un avec une certaine tension d’esprit.

2. Exspectare présente l’attente comme un acte simple de l’esprit, sans idée accessoire d’application pratique ; præstolari et opperiri expriment en outre cette idée accessoire que celui qui attend compte agir quand la chose ou la personne attendue sera arrivée.

3. Le præstolans attend une personne au service et à la disposition de laquelle il veut se mettre ; l’opperiens, un événement par lequel il ne veut point se laisser surprendre. Le præstolans est un inférieur ; l’opperiens, un égal, soit ami, soit ennemi, par rapport à la personne attendue. Enfin, præstolari est un terme prosaïque, opperiri, un terme poétique ou du moins choisi. Les Latins n’ont point de synonymes qui correspondent à la distinction qu’on fait en allemand entre warten et harren, entre l’attente paisible, calme, et l’attente impatiente qui tend tous les ressorts de l’âme.

Mansuetudo. Clementia.

Mansuetudo, la douceur et la magnanimité de l’homme et du particulier qui ne tire point vengeance d’une injure, par opposition à iracundia ; clementia, l’indulgence et l’humanité du souverain ou du juge qui ne fait point subir au coupable un châtiment mérité, par opposition à crudelitas.

Mare. Æquor. Pontus. Pelagus.

1. Mare, la mer prise comme un amas d’eau, par opposition à terra et aer, ἄλς, θάλασσα ; æquor, pelagus et pontus, la mer au point de vue de ses dimensions : æquor et pelagus, de sa dimension horizontale, la surface de la mer, comme πέλαγος, d’où vient πελαγίζειν, inonder ; pontus, de sa dimension verticale, la profondeur de la mer, comme πόντος, d’où ποντίζειν, submerger. Colum. VIII, 17. Ut in solo piscinæ posita libella septem pedibus sublimius esset maris æquor. En sorte qu’un niveau placé sur le fond du vivier marque sept pieds au-dessous du niveau de la mer. Ovid. Met. II, 872. Mediique per æquora ponti fert prædam. Il traverse les plaines de la haute mer avec la proie qu’il emporte.

2. Æquor, la surface de la mer au simple sens physique ; pelagus, avec l’idée accessoire de sa vaste étendue, de son immensité.

Margo. Ora.

Margo, le bord, la limite naturelle d’une surface conçue comme une ligne mathématique, et ne comprenant que par extension la partie extrême de la surface ou bordure ; ora, la frange, la bordure artificielle de la surface, ajoutée le plus souvent dans un but d’ornement et occupant elle-même une certaine largeur. Aussi dit-on ora togæ et non margo, et vice versa margo fluminis et ripæ, quand il s’agit de désigner la ligne de bord à l’exclusion de la rive.

Mederi. Medicari. Sanare. Medicamen. Medicina. Remedium.

1. Mederi et en vers medicari, synonymes de curare, ἰᾶσθαι, présentent la guérison comme le résultat obtenu par le médecin et dû à ses soins, à sa prudence, à son art ; sanare, synonyme de restituere, ἀϰεῖσθαι, comme l’effet du remède qui rend la santé au malade par une action physique.

2. Medicamentum, médecine considérée dans sa substance matérielle, telle qu’elle sort des mains du pharmacien, φάρμαϰον ; medicina, médecine considérée au point de vue de sa vertu curative, telle qu’elle est prescrite par le médecin : c’est d’une maladie qu’il s’agit dans les deux cas. Remedium, toute espèce de secours contre un mal donné, ἄϰος. CIC, N. D. II, 53, Medicamentorum salutarium plenissimæ terræ. Terres qui abondent en simples salutaires. Comparez avec Divin. II, 51. A medico petere medicinam. Demander une ordonnance au médecin.

Medius. Modicus. Mediocris.

Medius est toujours adjectif de lieu, au milieu, entre deux, par opposition aux points extrêmes ; modicus est un adjectif de quantité qui se rapporte au nombre et à la grandeur, comme modéré, par opposition à toute sorte d’excès ; mediocris est un adjectif de qualité qui se rapporte à la valeur d’un objet, comme médiocre, par opposition à l’excellence. Il y a identité entre modicæ facultates, une certaine dose de moyens, et mediocre ingenium, un génie médiocre. Cic. Rep. II, 31. Haud mediocris vir fuit, qui modica libertate populo data facilius tenuit auctoritatem principum. Je ne saurais voir un génie médiocre dans l’homme qui ne donna au peuple une liberté modérée que pour mieux conserver l’autorité des grands.

Membrum. Artus.

Membrum, le membre même constituant une partie du corps, comme μέλος et χῶλον ; artus, l’articulation du membre, comme ἄρθρον et ἅψος. Sen. Contr. II, 13. Differebatur distortis manibus, emotis articulis ; nondum in sua membra artus redierant[1]. On la tiraillait encore quoique les mains fussent disloquées, les articulations luxées ; les jointures ne s’étaient pas encore rapprochées des membres. Virg. Æn. V, 422. Magnos artus membrorum. Les muscles puissants qui servaient d’attache aux membres. Quintil. Decl. Ult. Ut per singulos artus membra laxaret[2]. Afin de déboîter les membres à chaque jointure. D’autre part, membra se dit de toutes les parties du corps, même de la tête et du tronc ; artus ne désigne que les extrémités qui se rattachent par des jointures, commissuræ, au corps proprement dit, composé de la tête et du tronc.

  • 1 Collection Lemaire. Tome CXXXIII, p. 219.
  • 2 Collection Lemaire, Tome XLIX, p. 406.

Meminisse. Reminisci. Recordari.

Meminisse présente le souvenir comme un état de l’esprit, μεμνῆσθαι, on a conservé un fait dans sa mémoire, on sait encore sans avoir jamais oublié, c’est le sens de memorem esse ; reminisci et recordari présentent le souvenir comme un acte de l’esprit, ἀναμιμνήσϰεσθαι, on retrouve une idée qu’on avait perdue de vue. Mais reminisci exprime, comme in memoriam revocare, un acte momentané ; recordari un acte durable, comme revocata in memoriam contemplari. Cic. Lig. 12, 35. Equidem, cum tuis omnibus negotiis interessem, memoria teneo, qualis T. Ligarius, quæstor urbanus, fuerit erga te et dignitatem tuam ; sed parum est, me hoc meminisse ; spero etiam te, qui oblivisci nihil soles, nisi injurias, quoniam hoc est animi, quoniam etiam ingenii tui, te aliquid de hujus illo quæstorio officio cogitantem, etiam de aliis quibusdam quæstoribus reminiscentem recordari. Témoin de tous tes embarras, j’ai la mémoire encore pleine de ce que T. Ligarius a fait pour toi, pour ménager ta dignité, dans sa questure civile. Mais c’est peu que je me souvienne moi. Tu nous as habitués à ne te voir jamais oublier que les injustices, c’est là que va la pente de ton âme et de ton caractère ; j’espère donc qu’en songeant à la manière dont il a rempli cette charge, tu t’arrêteras aussi sur les souvenirs qui se rapportent à quelques autres questeurs. Ce passage fait voir 1º que memoria tenere n’est qu’une périphrase de meminisse ; 2° que recordari peut être une conséquence de reminisci, sans que la réciproque soit vraie, car il y a entre les deux le même rapport qu’entre intueri et conspicere. Cic. Sen. 21. Pueri... ita. celeriter res innumerabiles arripiunt, ut eas non tum primum accipere videantur, sed reminisci et recordari. Les enfants saisissent si promptement une foule d’idées qu’ils ont l’air de les retrouver et de s’y arrêter par souvenir plutôt que de les recevoir pour la première fois. Cicéron aurait pu ajouter : quæ non satis meminerint, sed in aliquantum temporis obliti sint : idées qui ne s’étaient point assez gravées dans leur mémoire, qu’ils avaient oubliées pour un temps. Tusc. I, 24, 58. Animus, quum se collegit atque recreavit, tum agnoscit illa reminiscendo ; ita nihil aliud est discere, quam recordari. L’esprit se recueille et reprend des forces, après quoi il retrouve ces idées par un effort de mémoire ; apprendre, c’est donc s’arrêter sur des souvenirs. Sen. Ep. 100. Magis reminiscor quam teneo. C’est un souvenir que je retrouve plutôt qu’un souvenir qui m’est resté.

Mercenarii. Operarii. Operæ.

Mercenarii, journaliers qui ne travaillent point à leur compte, mais pour un salaire, par opposition au propriétaire qui a le profit ; operarii et operæ, manœuvres qui entreprennent pour un autre un travail mécanique par opposition au maître qui fournit l’idée. Les mercenarii sont relégués à un rang inférieur par leurs mœurs ; les operarii, par la grossièreté de leur travail,

Merere. Dignum esse. Mereri.

1. Merere et mereri, mériter par une action ; dignum esse, être digne par une qualité.

2. Merere est habituellement transitif, il se joint à un accusatif ou à une proposition explicative ; mereri est intransitif, et se joint à une expression adverbiale. Cic. Rosc. Com. 15. Fructum quem meruerunt retribuam. Je leur payerai le tribut d’éloges qu’ils ont mérité. Comparez avec Catil. II, 2, 4. Si illum ut erat (sous-entendu : de me) meritus morte mulctassem. Si je lui avais infligé la peine de mort comme je le lui devais.

3. Merere, employé comme verbe intransitif ou sans complément, signifie servir en qualité de soldat, par ellipse de stipendia ; mereri, employé comme verbe transitif ou avec un complément signifie gagner, acquérir quelque chose, sans idée de mérite.

Meridies. Medius dies.

Meridies, le coup de midi considéré comme un point qui sépare la matinée de l’après-midi ; medius dies, le milieu de la journée considéré comme un espace qui est compris entre le matin et le soir.

Merx. Mercimonium.

Merx, la marchandise qui est par le fait un article de commerce ; mercimonium, celle qui peut le devenir, la matière première. Tac. A. XI, 5. Nec quidquam publicæ mercis tam venale fuit. De toutes les marchandises qui sont dans le commerce, aucune ne se vendait mieux. Comparez avec XV, 38. Mercimonium quo flamma alitur. Les matières les plus propres à servir d’aliment à la flamme.

Metiri. Metari. Dimetiri. Dimetari.

1. Metiri, mesurer un espace pour en connaître la grandeur ; metari, jalonner l’espace mesuré pour en indiquer les limites.

2. On emploie dimetiri et dimetari pour indiquer en outre qu’on mesure et qu’on jalonne les subdivisions ; metari castra se rapporte simplement à l’enceinte des retranchements, mais quand Tite-Live dit par préférence VIII, 38, Locum castris dimetari, c’est qu’il marque expressément, ce qui d’ailleurs va de soi, qu’on a aussi jalonné les places d’armes, principia, l’emplacement de la tente du général, prætorium, etc., dans l’intérieur du camp.

Misereri. Miserari. Miseret me.

1. Misereri, avoir le cœur plein de pitié, comme compatir et ἐλεεῖν ; miserari, montrer de la pitié en paroles, comme plaindre et οἰϰτείρειν. Les Latins n’ont point de terme spécial pour la pitié en action ou erbarmen de l’allemand.

2. Misereor tui présente la pitié comme un acte de libre arbitre, il peint la générosité de la personne qui compatit, comme si on disait en allemand : ich erbarme mich dein, j’ai pitié de toi. Miseret me tui présente la pitié comme une impression irrésistible, tout mérite moral disparaît, et la grandeur du malheur d’autrui en ressort d’autant, comme si on disait en allemand es erbarmt mich dein, tu me fais pitié. Car miserere est un verbe causatif, comme οἰϰτίζειν.

Missile. Hasta. Lancea. Jaculum. Verutum. Tragulum. Pilum.

Missile, terme général pour toute espèce d’arme qui sert à combattre de loin, trait ou flèche ; hasta et lancea, armes de main et de jet, la pique : hasta, l’arme nationale des Romains, δόρυ ; lancea, arme étrangère attribuée aux Suèves, λόγχη. Pilum, jaculum, verutum, sont plutôt des armes de jet, le javelot : jaculum, terme général comprenant l’arme de ce genre usitée à la chasse ou épieu, ϐέλος ; verutum et tragulum, termes techniques pour les javelots militaires, ἄϰων ; pilum, terme spécial pour le javelot du légionnaire romain. Liv. IX, 19. Romano pilum haud paulo quam hasta vehementius ictu missuque telum. Le légionnaire romain a son javelot qui n’a guère moins de pénétration que la pique comme arme de main et de jet.

Mitis. Lenis. Placidus.

Mitis, doux par caractère, par opposition à acerbus, comme μείλιχος ; lenis, doux dans ses actions, par opposition à vehemens, comme πρᾶος ; placidus, dans ses façons, par opposition à turbidus, comme ἤπιος.

Mittere. Legare. Amittere. Dimittere. Omittere.

1. Mittere, exprime l’idée générique, comme envoyer ; legare, a un sens spécial et politique, comme déléguer. Le missus est un serviteur ou un messager ; le legatus, un représentant.

2. Amittere et dimittere, laisser échapper de ses mains ce qu’on tenait en son pouvoir amittere, contre sa volonté, comme perdre ; dimittere, après en avoir usé, comme congédier. Omittere, laisser passer quelque chose devant soi sans en prendre possession. Et, pour préciser : amittimus inviti et casu, omittimus volentes et sponte. Amittere occasionem, c’est perdre une occasion et se mettre hors d’état de l’utiliser par indolence, tandis qu’omittere, c’est renoncer à en tirer parti et ne pas vouloir l’utiliser pour en faire peu de cas. Et vitam amittere, c’est perdre la vie, mais omittere, c’est la sacrifier.

Modo—modo. Nunc—nunc.

Modo—modo ne devrait s’appliquer à la rigueur qu’à des actions passées ou futures ; nunc—nunc à des actions présentes. Cette distinction est tombée en désuétude, mais nunc—nunc a du moins un tour plus vif et appartient à la poésie et à la prose élevée, comme tantôt... tantôt ; modo—modo est, comme une fois... une autre fois, le terme propre de la prose dont Cicéron se sert constamment.

Modus. Modestia. Moderatio. Temperatio. Continentia. Abstinentia.

1. Modus, l’idée de la mesure et de la règle prise comme un précepte moral indépendant de toute personnalité, ce que les Grecs entendent par μέτριον, μηδὲν ἄγαν ; modestia et moderatio, la même idée par rapport au sujet qui la possède ou la pratique : modestia, sous forme de sentiment, et moderatio sous la forme d’une conduite que dirige ce sentiment de la mesure et de la règle.

2. Moderatio, la modération qui est fille de l’intelligence, du calcul et de la réflexion, elle est parente de la prudentia ; temperatio et temperantia, qualité qui pénètre l’homme entier et ennoblit tout son être, elle est parente de la sapientia. La moderatio suppose, comme l’empire sur soi-même, une lutte des passions avec la raison dans laquelle la raison a le dessus ; la temperatio suppose, comme la tranquillité d’esprit, une raison qui a déjà pris le dessus, soit par un effet de la nature, soit par progrès moral.

3. Temperatus, temperatio, expriment simplement une qualité louable qui peut appartenir aux choses ; temperans, temperantia, une vertu dont les êtres raisonnables sont seuls susceptibles.

4. Moderatio, la modération dans l’action par opposition à cupiditas ; continentia, dans la jouissance par opposition à libido.

5. Continentia, l’empire qu’on exerce sur les désirs sensuels, la continence ; abstinentia, sur la convoitise de la propriété d’autrui, l’honnêteté stricte. Il est moins exact de traduire abstinentia par désintéressement, cette dernière vertu n’étant imposée que par la morale, tandis que l’abstinentia est commandée par la loi.

6. La modestia craint de dépasser la juste mesure ou modus par égard pour la morale qui la prescrit ; la verecundia et la reverentia, par égard pour des personnes auxquelles le verecundus craint de déplaire et auxquelles le reverens croit devoir du respect ; enfin, la pudor, par égard pour elle-même afin de ne pas s’exposer au mépris. Varron, dans Non. Non te tui saltem pudet, si nihil mei revereare ? N’as-tu point de honte pour toi-même, si tu n’as plus aucun respect pour moi ? Terent. Phorm. I, 5, 3, ou II, 1, 3. Non simultatem meam revereri ? Saltem pudere ? Ne pas reculer par respect devant mon inimitié ? Ne pas rougir pour lui-même ?

Moles. Onus. Pondus. Gravitas.

Moles et onus, la pesanteur envisagée par son côté désavantageux : moles, au sens absolu, comme un obstacle, en parlant d’un objet difficile à remuer à cause de sa grandeur, ὄγϰος ; onus, au sens relatif, comme une charge ou un fardeau qui accable le porteur, φόρτος. Pondus, la pesanteur envisagée par son côté avantageux, comme puissance et comme force, le poids, ἄχθος. Enfin, gravitas réunit ces deux rapports et exprime tantôt la pesanteur qui est à charge, tantôt le poids qui devient une force active, ϐάρος.

Mons. Jugum.

Mons, la montagne, par rapport à sa dimension en hauteur, ὄρος ; jugum, par rapport à ses dimensions en largeur et en longueur. Jugum a deux sens. Il se dit de la courbe supérieure de la montagne, courbe qui prend encore les noms plus précis de dorsum et de cacumen, selon qu’elle est aplatie ou pointue, par opposition à radices montis. Il se dit aussi des contre-forts d’une montagne et particulièrement des hauteurs par lesquelles différentes montagnes sont réunies de manière à former une chaîne. Par opposition à mons. Liv. XXII, 18. Sub jugo montis prælium fuit. Le combat eut lieu au-dessous de la crête de la montagne. Comparez avec XLI, 18. Petilius adversus Balistæ et Leti jugum, quod eos montes perpetuo dorso conjungit, castra habuit. Pétilius campa en face des contre-forts du Baliste et du Létus qui réunissent ces montagnes par une crête continue.

Mors. Letum. Nex. Obitus. Interitus. Perire. Oppetere. Demori. Intermori. Emori.

1. Mors et letum, la mort naturelle : mors, qui est le terme ordinaire, se prend simplement au sens physique ; c’est le chemin qui mène à la dissolution, θάνατος ; letum est le terme choisi, solennel, la mort imposée par le destin, οἶτος ; nex, la mort violente, terme passif, par opposition au terme actif de cædes.

2. Mors, letum, nex, sont des termes propres ; obitus et interitus, des euphémismes. Obitus désigne, comme exitus, une mort naturelle ; interitus et perire désignent habituellement, comme exitium, une mort violente. Plin. Ep. III, 7. Silius ultimus ex Neronianis consularibus obiit, quo consule Nero periit. De tous les consulaires du règne de Néron, Silius fut le dernier à partir ; la mort violente de Néron date de son consulat. Plaut. Epid. III, 4, 56. Malo cruciatu pereas atque obeas cito. Va-t’en périr dans les tourments, pars au plus vite.

3. Perire présente la mort comme une destruction et une corruption ; interire, comme une disparition, en sorte qu’à la rigueur celui-là regarde plutôt le corps, celui-ci plutôt l’âme. Plaut. Capt. III, 5, 32. Qui per virtutem periit, at non interiit, c’est-à-dire celui qui meurt par un noble trépas, de celui-là le corps seul périt, l’essence de son être (il ne s’agit pas ici de l’âme, mais de la renommée et de la gloire) ne passe point. En outre, perire désigne une mort prompte et tragique, particulièrement par suicide ; interire, une mort lente et douloureuse ou encore une mort paisible. Tac. Ann. XV, 44. Et pereuntibus Christianis addita ludibria, ut ferarum tergis contecti laniatu canum interirent. Et pour se faire un jeu de la mort violente des chrétiens, on les couvrait de peaux de bêtes sauvages, et ils mouraient lentement déchirés par les chiens. Serv. ap. Cic Famm. IV, 5. Si quis nostrum interiit aut occisus est. Si l’un de nous est mort tranquillement ou s’il a été tué.

4. Obire mortem présente la mort comme un accident physique ; on reste tout à fait passif ; oppetere, comme un acte moral : si l’on ne va pas chercher la mort, on l’attend du moins avec une fermeté méprisante.

5. Demori, sortir par la mort d’une société dans laquelle on laisse un vide ; intermori, être frappé pour un temps de mort apparente, ἐϰθανεῖν ; emori, mourir tout à fait, par opposition à un semblant de vie passée dans le malheur, l’esclavage et la honte, πανδίϰως θανεῖν. Cic. Pis. 7. Ut emori potius quam servire præstaret. Plutôt mille morts que l’esclavage.

Mulcere. Palpare.

Mulcere, passer légèrement la main sur un corps rude, par exemple, sur des cheveux pour les lisser ; au figuré, adoucir un homme en colère, comme ϰαταψῆν ; palpare, toucher légèrement un corps lisse, par exemple, la peau nue, pour causer par l’attouchement une sensation agréable ; au figuré, se mettre en frais d’amabilité, cajoler, comme ψηλαφᾷν.

Murus. Paries. Mœnia. Maceria. Parietinæ. Munimenta.

1. Murus, toute espèce de bâtisse en forme de mur, au point de vue exclusif de la forme, sans égard à la destination, τεῖχος ; paries, mur latéral, mur mitoyen ou cloison servant à établir des séparations, τοῖχος ; mœnia, murs d’une ville pour servir de défense contre l’ennemi, περίϐολος ; maceria, le mur qui entoure une pièce de terre pour en marquer les limites et pour la protéger contre les voleurs, la clôture d’un jardin, d’un vignoble, θριγϰός. Virg. Æn. VI, 549. Mœnia lata videt triplici circumdata muro. Il voit une vaste enceinte entourée d’un triple mur. Tac. Ann. XV, 43. Nero instituit, ut urbis domus non communione parietum sed propriis quæque muris ambirentur. Néron décida que les maisons de Rome n’auraient plus de murs mitoyens, que chacune aurait les siens.

2. Muri, mœnia, etc., murs en bon état d’entretien ; parietinæ, murs en ruine.

3. Mœnia, remparts d’une ville propres à résister à un coup de main ; munimenta, fortifications régulières d’une place forte ou d’un camp retranché, capables de braver un assaut.

Mutilare. Truncare.

Mutilare se dit de mutilations légères, comme de briser les cornes, de couper le nez, les doigts, etc. ; truncare, de mutilations graves, comme de trancher les bras, les pieds, les mains. On peut comparer les mutilata membra à des rameaux et à des scions rompus ; les truncata, à de grosses branches abattues.

N

Nasus. Nares.

Nasus, le nez, partie saillante du visage, ῥίν ; nares, les fosses nasales ou narines, organe actif du sens de l’odorat, μυϰτῆρες.

Necessarius. Propinquus. Cognatus. Consanguineus. Affinis.

1. Necessarius, toute personne à laquelle on est lié par un rapport durable, par des relations d’affaires en qualité de collega, de patronus, de cliens, ou par des relations privées en qualité de familiaris, d’amicus, comme προσήϰοντες ; propinquus, toute personne à laquelle on tient par des rapports de famille, parent quelconque, comme ἀγχιστεῖς et ἔται : c’est le terme générique qui comprend, outre le cognatus et le consanguineus ou parents par le sang, l’affinis ou parent par mariage ou alliance, comme ϰηδεστής.

2. Cognatio, la parenté par le sang entre membres de la famille, comme σύναιμος ; consanguinitas, celle de nations qui appartiennent à la même race, comme συγγενής. Cæs. B. G. VII, 32. Hominem summæ potentiæ et magnæ cognationis. Personnage très-puissant et de grande famille. Comparez avec I, 11. Ambarii necessarii et consanguinei Æduorum. Les Ambarriens attachés aux Éduens et de même race qu’eux.

Necesse est. Oportet. Opus est. Debere.

1. Necesse est exprime une exigence de la nature et de la nécessité, comme ἀνάγϰη ἐστίν ; oportet, une exigence de la morale et de l’honneur, comme χρή ; opus est, de la prudence, comme δεῖ. Cic. Orat. II, 25. Jure omnia defenduntur quæ sunt ejus generis, ut aut oportuerit, aut licuerit, aut necesse fuerit. On excuse tous les faits de ce genre en se rejetant sur une obligation morale, sur une liberté consacrée par l’usage ou sur la nécessité. Att. IV, 6. Si loquor de republica quod oportet, insanus, si quod opus est, servus existimor. Si je parle honneur à propos des affaires publiques, je passe pour un insensé ; si je parle prudence, je passe pour un esclave. Sen. Ep. 94. Emo non quod opus est, sed quod necesse est ; quod non opus est, asse carum est. Je ne fais point tous les achats qu’exigerait la prudence, mais seulement ceux qu’exige la nécessité ; pour une acquisition que la prudence ne commande pas, c’est trop d’une pièce de cuivre. Sall. Jug. 31. Nihil vi, nihil secessione opus est ; necesse est suomet ipsi more præcipites eant. La prudence n’exige de vous ni violence ni retraite sur le mont sacré ; il faut de toute nécessité que leur propre conduite les entraîne à leur perte.

2. Oportet exprime le droit que les autres exercent sur nous au nom de la morale ; debere, l’obligation morale à laquelle nous nous sentons soumis, comme ὀφείλειν. Tac. H. IV, 7. Accusatores etiamsi puniri non oporteat, ostentari non debere. Si on n’était point obligé en droit à punir les accusateurs, du moins ne devait-on pas les montrer au public.

Negare. Infitiari. Infitias ire. Denegare. Pernegare. Recusare. Abnuere. Renuere. Repudiare.

1. Negare, nier au nom de la vérité qu’on voit ou qu’on prétend voir, comme ἀποφάναι, οὐ φάναι ; infiteri, infitiari et infitias ire, renier, désavouer pour quelque raison d’intérêt personnel, comme ἀρνεῖσθαι. Cic. Fr. Tog. cand. p. 525. Or. Denique illi negare potuerunt et negarunt ; tu tibi ne infitiandæ quidem impudentiæ locum reliquisti. Pour eux, ils pouvaient nier et ils ont nié le fait ; pour toi, tu ne t’es même pas réservé le moyen de désavouer ton effronterie.

2. Infiteri, terme vieilli ; infitiari, terme usuel et général. Infitias ire ne se construit en prose qu’avec une négation et répond alors à ne pas disconvenir.

3. Negatio, négation qui a pour but ou pour effet d’instruire l’auditeur ; pernegatio ou negitatio, de le convaincre quand il se montre incrédule ; denegatio, de le chagriner, particulièrement à propos d’une prière qu’on n’exauce pas. Mart. Ep. IV, 82. Negare jussi, pernegare non jussi. J’ai voulu un non tout court, je n’ai pas voulu de non répétés. Cic. Phil. XI, 8, 19. In quo maximum nobis onus imposuit ; assensero : ambitionem induxero in curiam ; negaro : videbor suffragio meo tanquam comitiis honorem homini amicissimo denegasse. L. César nous a mis là sur les épaules un pesant fardeau. Dire oui, c’est introduire des cabales dans le palais du sénat ; dire non, c’est paraître dénier par mon vote, comme par une décision des comices, cet honneur à mon meilleur ami.

4. Negare ne suppose qu’une demande, ou faite ou faisable, à laquelle on répond non ; recusare suppose une insinuation qu’on repousse, d’où il résulte que negare est une manière de parler plus répandue et plus douce que recusare ; car le negans, qu’on questionne ou qu’on prie, nie simplement la possibilité de la chose ; le recusans se retranche sur-le-champ dans son droit, il proteste contre l’insinuation en homme qu’on menace ou sur lequel on empiète. Aussi negare, denegare, sont-ils plus usités à propos d’affaires particulières ; recusare, à propos d’affaires publiques.

5. Negare et recusare exigent des paroles ou des discours ; abnuere et renuere n’exigent guère que des signes ou des gestes : abnuere, un geste de la main pour congédier, comme ἀπονεύω ; renuere, un signe qui consiste à retirer la tête en arrière, comme ἀνανεύω.

6. Abnuere est une manière amicale ; renuere, une manière hautaine de dire non.

7. Recusare se rapporte à un objet qui s’annonce comme un fardeau et qui entreprend sur la résignation des gens, par opposition à suscipere ; repudiare, à un objet qui s’annonce comme un bien et qui promet du profit ou du plaisir, par opposition à assumere. Cic. Finn. I, 10,33. Sæpe eveniet ut et voluptates repudiandæ sint et molestia non recusanda. Il y aura souvent lieu et de congédier les plaisirs et de ne pas repousser la peine.

Neutiquam. Nequaquam. Minime.

Neutiquam, en aucun cas, par opposition à utique ; nequaquam, en aucune façon ; minime, pas le moins du monde.

Nihil est. Nihili est. Nullus est.

Nihil est exprime le comble de l’impuissance et de l’incapacité, comme être autant que rien ; nihili est, le défaut absolu de valeur, l’inutilité complète, comme ne compter pour rien ; enfin, nullus est, la négation de l’existence : n’être plus.

Nominare. Nuncupare. Vocare. Appellare.

Nominare et nuncupare, désigner une personne par son nom : nominare, par un nom qui lui appartient de vieille date ; nuncupare, donner un nom à un objet qui n’en a pas encore, dénommer, surnommer. Appellare et vocare, désigner une personne ou un objet par un nom, un titre ou un attribut quelconque.

Nonnunquam. Interdum. Aliquando.

Nonnunquam, de temps à autre, opposé à nunquam et semper, se rapproche de l’idée exprimée par sæpius, comme ἔσθ’ ὅτε ; interdum, parfois, opposé à crebro, se rapproche de l’idée exprimée par rarius, comme ἐνίοτε ; enfin, aliquando, quelquefois, une ou deux fois, opposé à semel, se rapproche de l’idée exprimée par propenunquam, comme ποτέ. Les interdum facta sont des faits isolés ; les nonnunquam facta, des faits qui se répètent ; les aliquando facta, des faits rares. Cic. Sext. 54. Comitiorum et concionum significationes interdum veræ sunt, nonnunquam vitiatæ et corruptæ. Les manifestations de comices et des autres assemblées sont parfois vraies ; ne sont-elles pas, de temps à autre, entachées de fraude et de violence ?

Novus. Recens. Novicius.

1. Novus, nouveau, se dit de ce qui n’existait pas précédemment, par opposition à antiquus, comme νέος ; recens, récent, de ce qui n’existe pas depuis longtemps, comme ϰαινός.

2. Novus se prend généralement pour tout ce qui est nouveau ; il y a, de plus, dans novicius, l’idée accessoire du novice qui a de nouvelles habitudes à prendre ou du nouveau venu auquel il faut que les autres s’habituent.

Numen. Deus. Divus. Semo. Heros.

Numen, pris dans son acception générale, tout être divin, δαίμων. C’est le terme générique, par rapport à deus, anciennement divus, le dieu, θεός, et à semideus, le demi-dieu, ἡμίθεος, ou semo, moitié homme, moitié dieu. L’usage a donné pour équivalent à ces deux mots, outre heros, qui est d’origine étrangère, numen, pris dans son acception restreinte. Plin. Pan. 2, 3. Nusquam ut deo, nusquam ut numini blandimur. Nous ne cherchons aucune occasion de lui complaire comme à un dieu, ni même comme à un demi-dieu.

Nuper. Modo.

Nuper, il y a quelques jours, quelques mois, même quelques années, dernièrement, νεωστί ; modo, il y a quelques instants, à l’instant même, ἄ ρτι. Cic. Verr. IV, 3, 6. Nuper homines nobiles ejusmodi ; sed quid dico nuper ? imo vero modo ac plane paulo ante vidimus. De ces hommes illustres nous en avons vu dernièrement. Et que signifie ce dernièrement ? Ne les voyions-nous pas encore tout à l’heure, à l’instant ? Tusc. I, 24. Quanta memoria fuit nuper Charmadas ! quanta qui modo fuit Scepsius Metrodorus ! Et, dans ces derniers temps, quelle mémoire chez Charmadas ! quelle encore chez Scepsius Métrodorus, qui vient à peine de s’éteindre !

O

Objicere. Exprobrare.

Objicere, adresser à quelqu’un un reproche dont il peut se justifier comme d’une accusation ; exprobrare, un blâme qu’il est obligé de laisser peser sur lui. L’objiciens entend qu’on s’explique ; l’exprobrans ne cherche qu’à couvrir de honte. Cic. Verr. V, 50, 132. Num casus bellicos tibi exprobrare aut objicere videor ? Est-ce que j’ai l’air de tirer contre toi des hasards de la guerre un sujet de blâme ou de reproche ?

Oblectatio. Delectatio.

Oblectatio, occupation agréable, passe-temps, amusement qui préserve de l’ennui et procure quelque plaisir ; delectatio, véritable divertissement qui procure une jouissance positive et un plaisir solide. Cic. Orat. I, 26. In iis artibus, in quibus non utilitas quæritur necessaria, sed animi libera quædam oblectatio. Dans les études qui n’ont point un but d’utilité et de nécessité, qui amusent l’esprit sans l’assujettir. Et Ep. Qu. Fr. II, 14. Satis commode me oblectabam. J’étais assez agréablement occupé. Comparez avec Famm. IX, 24. Magna te delectatione et voluptate privavisti. Tu as perdu par ta faute un plaisir vif et charmant.

Obscurum. Tenebræ. Caligo. Tenebricosus. Opacus. Umbrosus.

1. Obscurum, sombre, s’entend d’une simple privation d’éclairage, comme σϰότος, par opposition à illustre ; tenebræ, d’une privation de lumière, c’est l’obscurité, ζόφος, ϰνέφας, par opposition à lux ; enfin, caligo signifie quelque chose de réel et d’opposé à la lumière et à la clarté, les ténèbres, ἄχλυς. Caligo renchérit sur tenebræ, qui renchérit sur obscuritas, qui renchérit sur opacum et umbrosum. Cic. Acadd. IV, 23, 72. Sensus quidem non obscuros facit sed tenebricosos. Les sens, loin de nous éclairer, nous retiennent dans l’obscurité. Plin. Ep. VII, 21. Cubicula obductis velis opaca, nec tamen obscura facio. Mes tentures donnent de l’ombre à mes pièces sans les rendre sombres. Tac. H. II, 32. Senatum et populum nunquam obscurari nomina, etsi aliquando obumbrentur. Rien ne ternira jamais les noms du sénat et du peuple, quoiqu’une ombre puisse passer dessus. Au figuré, obscurus désigne ce qui n’a point de prix, ce que personne ne remarque ; tenebricosum marque quelque chose de positivement mauvais qui recherche l’obscurité pour passer inaperçu.

2. Opacus, ombragé, avec l’idée d’une fraîcheur agréable et bienfaisante, par opposition à apertus et apricus, comme εὔσϰιος ; umbrosus, plein d’ombre, presque sombre, σϰιόεις.

Occasio. Opportunitas. Potestas. Copia. Facultas.

Occasio et opportunitas, l’occasion offerte par la fortune et le hasard : occasio, en général, celle d’entreprendre quelque chose, ϰαιρός ; opportunitas, celle d’entreprendre une chose avec facilité et avec des probabilités de succès, comme εὐϰαιρία. Potestas et copia, l’occasion offerte par les hommes et par leur complaisance : potestas, la possibilité de faire quelque chose légitimement ; copia, celle de le faire commodément ; enfin, facultas, qui est le terme le plus général, la simple possibilité.

Odium. Invidia. Inimicitia. Simultas.

1. Odium et invidia expriment le sentiment de l’aversion ; inimicitia et simultas, les rapports extérieurs qui dérivent de ce sentiment.

2. L’invidia a un caractère négatif, comme la malveillance, δύσνοια, c’est un sentiment temporaire qui s’oppose à gratia ou favor ; l’odium a un caractère positif, comme la haine, μῖσος, c’est un sentiment profondément enraciné qui s’oppose à amor. L’invidia est le commencement de l’odii. L’invidia ne s’attache qu’aux personnes ; l’odium s’attache aux personnes et aux choses. Tac. Ann. II, 56. Armenii... sæpius discordes sunt, adversus Romanos odio et in Parthum invidia. Les Arméniens sont très-souvent partagés entre leur haine pour les Romains et leur malveillance pour les Parthes. XIII, 15. Nero intellecta invidia odium intendit. Ces symptômes de malveillance que Néron discerna portèrent sa haine au comble. Plin. Pan. 84, 2. Exardescit invidia cujus finis est odium. Elle s’enflamme au contact de la malveillance qui aboutit à la haine.

3. Inimicitia, toute espèce d’inimitié fondée sur l’antipathie ou sur de mauvais rapports, δυσμένεια, ἔχθρα ; simultas, inimitié politique entre rivaux de pouvoir, φιλονειϰία. Suet. Vesp. 6. Simultas quam ex æmulatione non obscure gerebat. Licinius Mucianus, qui ne se cachait point d’être par esprit de rivalité l’ennemi politique de Vespasien.

Officium. Munus.

Officium, tâche considérée comme une obligation morale qu’on remplit par conscience ; munus, comme une obligation politique imposée par délégation. Cic. Mur. 35. Hæc sunt officia necessariorum, commoda tenuiorum, munia candidatorum. C’est un devoir d’affection pour les parents, un profit pour les petites gens, une charge imposée aux candidats.

Olere. Olfacere. Fragrare. Odorari. Olidus. Odorus. Redolere. Perolere.

1. Odor et olere expriment l’odeur qu’un corps répand, par opposition à sapor, etc., comme ὀσμή ; olfactus et olfacere, la sensation de cette odeur ou le sens de l’odorat, par opposition à gustus, etc., comme ὄσφρησις.

2. Olere, sentir, par opposition à n’avoir point d’odeur, et par préférence sentir fort et mauvais, empester ; fragrare, sentir bon, embaumer. Redolere et perolere jouent le rôle de fréquentatifs ; mais redolere marque une odeur forte, bonne ou mauvaise, indifféremment ; perolere se prend en mauvaise part pour une odeur pénétrante.

3. Olfactus, l’odeur perçue par un effet involontaire du sens de l’odorat ; odoratus, odeur saisie par un effort du même sens.

4. Olfacere, sentir et flairer, est passif, comme audire, l’odeur monte au nez d’elle-même ; odorari, aspirer, renifler, ῥινηλατεῖν est actif, comme auscultare, on attire soi-même l’odeur au nez. Olfaciens sentit odorem, odorans captat.

5. Olidus, qui sent, et par préférence qui sent mauvais ; odorus, qui parfume. Par rapport à puer, bene olidus n’est qu’un opposé négatif, comme qui ne sent pas mauvais ; odorus est l’opposé positif, comme : qui sent bon. Et de même, le vieux mot olor désignait la puanteur, comme oletum ; odor ne marque que l’odeur.

Opera. Labor. Industria. Gnavitas. Assiduitas. Diligentia.

1. Opera, activité qui est loin d’astreindre, simple action, simple occupation matérielle, par opposition aux moments d’inaction ou encore à la pensée, au discours, au conseil, comme ἐργασία ; labor, activité pleine d’efforts et suivie de fatigue, le travail, par opposition au plaisir, comme πόνος. Plaut. Aul. II, 3, 7. Opera huc est conducta vestra, non oratio. On a loué vos bras, non votre langue. Cic. Rep. I, 9. Otiosiorem opera quam animo. Plutôt désœuvré que libre d’esprit. Liv. XXII, 22. Ut opera quoque impensa consilium adjuvem meum. Pour mettre la main à l’exécution de mon dessein. Mais V, 4. Labor voluptasque dissimillima natura, societate quadam naturali inter se sunt conjuncta. Le travail et le plaisir dont la nature a fait deux extrêmes et qu’elle n’a pas laissé d’unir entre eux par une sorte d’association.

2. Industria, gnavitas et sedulitas présentent l’activité comme une qualité habituelle, par opposition à la paresse : industria, activité qui se déploie dans de grandes entreprises, celle qui anime le héros et l’homme d’État, par opposition à ignavia ; gnavitas, activité utile, application de l’homme rangé et de l’industriel ; enfin, sedulitas, l’activité dans les petites choses qui risque souvent de paraître comique, l’agitation perpétuelle d’une ménagère diligente, d’une nourrice dévouée, de l’homme qui fait sa cour. Colum. XII, præf. 8. Ut cum forensibus negotiis matronalis sedulitas industriæ rationem parem faceret. La femme attentive au détail d’une maison vaut l’homme qui consacre ses forces aux affaires publiques.

3. Assiduitas et diligentia, l’application : mais assiduitus marque plutôt, comme συνέχεια, la continuité : on arrive au but par des efforts longs et soutenus ; diligentia marque plutôt l’intensité, comme ἀϰρίϐεια : on arrive par un travail soigneux et exact.

4. Studium, le zèle, marque exclusivement le goût et l’amour de la chose, le penchant intérieur.

Orbis. Circulus. Gyrus.

Orbis, mouvement circulaire, périphérie décrite dans le cours de ce mouvement ; circulus, surface circulaire ; gyrus, ligne courbe et particulièrement ligne serpentine. L’expression in orbem consistere (serrer les rangs sur la circonférence d’un cercle) ne pourrait pas être échangée contre in circulum (se masser dans l’intérieur d’un cercle), et le cercle formé par une société close, circulus, ne pourrait point s’appeler orbis. Tac. G. 6. Equi nec variare gyros nostrum in modum docentur ; in rectum aut uno flexu dextros agunt, ita conjuncto orbe ut nemo posterior sit. Les Germains ne dressent point, comme nous, les chevaux à suivre différentes courbes ; ils les poussent droit devant eux ; quand ils les font tourner, c’est toujours par la droite, et ils se suivent alors de si près sur une ligne circulaire, qu’on ne distingue pas le premier cavalier du dernier.

Osculum. Suavium.

Osculum, baiser d’amitié ; suavium, de tendresse.

Ostendere. Monstrare. Declarare.

Ostendere, montrer en ce sens qu’on fait remarquer une chose, qu’on la fait voir, qu’on ne la tient pas cachée, comme φῆναι, ἐμφανίσαι ; monstrare, indiquer en ce sens qu’on communique un renseignement, comme δεῖξαι ; enfin, declarare, mettre en évidence en ce sens qu’on tire quelque chose au clair et qu’on dissipe des doutes, comme δηλῶσαι.

Ostium. Janua. Fores. Valvæ.

Ostium et janua, porte, ouverture qui sert à entrer et à sortir : ostium, terme général pour toute espèce de porte, θύρα ; janua, terme spécial, porte de maison. Fores et valvæ, battants destinés à fermer l’ouverture : fores, à des portes ordinaires, comme θυρίδες ; valvæ, à des édifices et à des temples qui ont des portes doubles, à deux battants. Tac. Ann. XIV, 8. Anicetus refracta janua obvios servorum adripit ; donec ad fores cubiculi veniret. Anicétus enfonce la porte de la maison et se fait suivre par les esclaves qu’il rencontre jusqu’à la porte de la chambre d’Agrippine.

Otium. Pax. Concordia.

Otium, la tranquillité en général, tandis que pax se rapporte aux relations extérieures et concordia à la situation intérieure.

P

Pæne. Prope. Fere. Ferme.

Pæne et prope servent à adoucir une expression trop forte et à faire passer une hyperbole : pæne, qui est opposé à plane, se traduit par presque ; prope, par peu s’en faut que. Fere et ferme ne servent qu’à se précautionner contre la lettre de l’assertion, comme à peu près, environ.

Parere. Obedire. Dicto audientem esse. Obsequi. Obsecundare. Morigerari. Obtemperare.

Parere, obedire et dicto audientem esse présentent l’obéissance comme une obligation, un devoir, une sujétion : parere, avec une idée d’humilité, l’obéissance du serviteur à son maître, du sujet à son prince, par opposition à imperare ; obedire, obedire, avec un certain air de liberté, celle de l’inférieur au supérieur, du citoyen à la loi et à l’autorité ; dicto audientem esse, avec l’idée de la subordination stricte, l’obéissance passive du soldat à son général. Obsequi, obsecundare, obtemperare et morigerari expriment une obéissance volontaire et libre, comme être docile. L’obsequens et l’obsecundans sont dociles par amour et complaisance ; ils se montrent pleins de bonne volonté ; le morigerans et l’obtemperans le sont par conviction, estime ou crainte ; ils font preuve de déférence. Hirt. B. Afr. 57. Jubæ barbaro potius obedientem fuisse quam nuntio Scipionis obtemperasse. Obéir à un barbare, à Juba, plutôt que d’écouter le messager de Scipion. Tac. H. II, 14. Parata non arma modo, sed obsequium et parendi amor, c’est-à-dire de la docilité inspirée par l’estime et l’amour qu’ils portaient au général et du plaisir à obéir, parce qu’ils sentaient que leur cause ne pouvait pas se soutenir sans subordination et sans ordre. Cic. Orat. 71. Dum tibi roganti voluerim obsequi. Voulant aller au-devant de ta prière. Comparez avec Famm. IX, 25. Obtemperare cogito præceptis tuis. Je pense me conformer à tes prescriptions.

Pars. Portio.

Pars, la partie, par rapport au tout ; portio, la portion ou la part, par rapport à celui qui en a la jouissance. Plin. H. N. XI, 15. Æstiva mellatione decimam partem apibus relinqui placet, si plenæ fuerint alvi ; sin minus, pro rata portione. Cassius Dionysius veut qu’on laisse aux abeilles le dixième de la récolte d’été, lorsque les ruches sont pleines, et une part proportionnée lorsqu’elles ne sont pas entièrement remplies. (Traduction de Guéroult.)

Partes. Factio.

Partes, parti qui se forme de lui-même en vertu de la différence des principes et des intérêts ; factio, faction qui se forme par une association étroite entre ses membres, et qui agit de concert avec une ardeur aveugle jusqu’à recourir à la violence pour assurer la suprématie de sa cause. Sall. Jug. 31. Inter bonos amicitia, inter malos factio est. Cette union, qui serait amitié entre des gens de bien, n’est qu’une faction entre des scélérats.

Parumper. Paulisper.

Parumper, pour un peu de temps ; paulisper, pendant un peu de temps. Il suit de là que parumper se dit par préférence des actes de l’esprit, paulisper, des faits matériels, parce que l’idée de futur contenue dans parumper s’associe presque nécessairement à ces actes de l’esprit, tandis que paulisper marque un état et une simple durée, par exemple paulisper morari, s’arrêter quelque temps, mais parumper dubitare, hésiter pour un temps.

Parvus. Minutus. Exiguus. Pusillus.

Parvus et minutus expriment la petitesse dans un sens indifférent et purement mathématique, sans idée accessoire : parvus, une petitesse naturelle et inhérente, par opposition à magnus, comme μιϰρός ; minutus, une petitesse factice, artificielle. Exiguus et pusillus expriment en outre une idée accessoire de mépris : exiguus, avec une nuance de pitié, comme misérable, insignifiant, par opposition à amplus ou à grandis ; pusillus, avec une nuance de ridicule, comme tout petit, nain, par opposition à ingens, comme τυτθός.

Passi. Prolixi. Sparsi.

Passi capilli, cheveux dénoués par opposition à ceux qui sont retenus par un nœud, cohibiti nodo ; prolixi, cheveux flottants par opposition à ceux qui sont relevés sur le haut de la tête, religati in verticem ; enfin sparsi, cheveux épars et en désordre par opposition à des cheveux bien peignés, pexi.

Paternus. Patrius.

Paternus, πατρῷος, ce qui appartient au père et ce qui vient de lui, comme paternel ; patrius, πάτριος, ce qui appartient aux ancêtres ou à la patrie et ce qui vient d’eux.

Paulatim. Sensim. Gradatim. Pedetentim.

Paulatim et sensim présentent la gradation sous l’image d’un progrès qui passe inaperçu : paulatim, comme peu à peu, par opposition à semel d’une seule fois ; mais sensim comme insensiblement, par opposition à repente, tout à coup ; gradatim et pedetentim, sous l’image d’un progrès visible : gradatim, comme pas à pas et ϐάδην, par opposition à cursim, saltuatim, etc. ; pedetentim, en avançant avec peine et pied à pied par opposition à cursu, equo, volatu, velis.

Paupertas. Inopia. Egestas. Mendicitas.

Paupertas, modicité de ressources qui oblige à se restreindre, par opposition à dives, comme πενία ; inopia et egestas, pauvreté accablante qui impose des souffrances et des privations : mais inopia exprime comme ἀπορία le dénûment en lui-même, le défaut de ressources qui empêche de se tirer d’affaire, par opposition à copia ou opulentia ; et egestas comme ἔνδεια la pauvreté besoigneuse et nécessiteuse, par opposition à abundantia ; enfin mendicitas, l’indigence qui réduit les gens à mendier, πτωχεία. Le pauper n’a pas grand’chose, l’inops et l’egenus ont trop peu de chose, le mendicus n’a rien du tout. Dans la classification des rangs par échelle de richesse les pauperes forment la classe moyenne qui est obligée de vivre bourgeoisement et parcimonieusement ; les inopes et les egeni, quand ces deux mots ne s’appliquent point à une gêne passagère, forment la classe des pauvres qui vivent au jour le jour de leur travail et sont même exposés à souffrir la faim ; les mendici, la classe des mendiants qui ne vivent que d’aumônes, également dépourvus de toute propriété et de toute industrie. Cic. Parad. 6. Istam paupertatem vel potius egestatem et mendicitatem tuam nunquam obscure tulisti. Médiocrité de fortune, pauvreté besoigneuse, indigence, tu as constamment porté ton sort au grand jour. Suet. Gr. 14. Vixit in summa pauperie et pæne inopia. Il vécut dans une extrême médiocrité qui était presque du dénûment. Plin. Ep. IV, 18. Inopia vel potius, ut Lucretius ait, egestas patrii sermonis. La stérilité ou plutôt, comme parle Lucrèce, l’impuissance de la langue maternelle. Cic. Inv. I, 47. Propter inopiam in egestate esse. Tomber du dénûment dans la gêne.

Pecunia. Nummus. Moneta.

Pecunia, terme collectif, somme d’argent ; nummus, la pièce d’argent par rapport à sa valeur et à son usage ; moneta, la monnaie par rapport à son empreinte et à son aspect.

Pecus. Jumentum. Armentum. Grex.

1. Pecus, pecoris, terme général pour tous les animaux domestiques ; jumenta et armenta, gros bétail, bœufs, ânes, chevaux ; pecus, pecudis, petit bétail, cochons, chèvres, et par préférence les moutons.

2. Jumenta, bêtes de trait, bœufs, ânes, chevaux ; armenta, bêtes de labour, bœufs et chevaux, à l’exclusion des vaches, des ânes de bât, des chevaux de selle qui ne vont ni à la voiture ni à la charrue.

3. Pris au singulier et comme nom collectif, armentum signifie un troupeau de gros bétail, ἀγέλη ; grex est un troupeau de petit bétail, comme ποίμνη, πῶϋ. Plin. Ep. II, 16. Multi greges ovium, multa ibi equorum boumque armenta. De nombreux troupeaux de petit et de gros bétail, moutons, chevaux, bœufs.

Perdere. Pessundare. Pervertere. Evertere.

Perdere et pessundare, anéantir : perdere, en brisant l’objet, par destruction ; pessundare, par submersion ou par quelque autre manière de faire disparaître l’objet. Evertere, pervertere et subvertere, renverser : evertere, en déterrant ou en arrachant ce qui est assujetti par le pied, il est opposé à fundare ; pervertere, en jetant à bas ce qui se tient debout ; subvertere, par une voie secrète et souterraine, en sapant la base. Cic. Pis. 24. Provincia tibi ista manupretium fuerit non eversæ per te sed perditæ civitatis. Ce sera ton salaire pour avoir causé la chute et même la ruine de l’État.

Perfuga. Transfuga. Profugus. Fugitivus. Extorris. Exul. Perfugium. Suffugium. Refugium.

1. Perfuga et transfuga, le déserteur qui fuit d’un parti vers l’autre, αὐτόμολος : mais le transfuge, perfuga, passe à l’ennemi en criminel qui trahit son parti ; le transfuga n’est qu’un homme irrésolu qui abandonne les siens pour aller ailleurs. Profugus et fugitivus, le fugitif qui abandonne sa demeure : le profugus est un infortuné qui cède à la force en fuyant sa patrie et qui court le monde comme un banni, φυγάς ; le fugitivus est un coupable qui se dérobe à son devoir, à son poste, à sa prison, à son maître, δραπέτης. On entend généralement par perfuga et transfuga un soldat, par profugus un citoyen, par fugitivus un esclave. Liv. XXX, 43. De perfugis gravius quam de fugitivis consultum. Les transfuges furent plus sévèrement traités que les esclaves fugitifs.

2. Perfugium, asile public et sûr dans des dangers sérieux ; suffugium, asile sinon secret, du moins fortuit et temporaire contre des contrariétés ; refugium, asile préparé ou du moins choisi d’avance en cas de retraite.

3. Profugus marque un état de fait, celui d’un homme qui fuit hors de son pays ; extorris, un état politique, comme proscrit ; exul, un état légal comme exilé. L’extorris subit un malheur, il ne peut plus rester dans sa patrie ; l’exul subit un châtiment, il n’a plus le droit d’y rester. Appul. Met. V, p. 101. Extorres et... velut exulantes. Proscrits et comme exilés.

Perlucidus. Pellucidus. Perlegere. Pellegere. Perlicere. Pellicere. Perjurare. Pejerare.

Examinant ces mots par couples, le premier des deux, qui est la forme primitive, a chaque fois l’accent sur l’adverbe per ; le second, qui est une forme adoucie par l’assimilation de l’r en l ou par l’élimination de l’r, a l’accent sur le nom ou sur le verbe, et la racine accentuée prédomine dans la signification du composé.

1. Perlucidus, très-lumineux ; pellucidus, transparent.

2. Perlegere, lire d’un bout à l’autre ; pellegere, parcourir, feuilleter.

3. Perlicere, attirer avec une force irrésistible ; pellicere, séduire.

4. Perjurare, prêter un faux serment ; pejerare, violer un serment.

Perperam. Falso. False. Fallaciter.

1. Perperam s’entend de la fausseté du fait, comme inexactement ; falso, de la personne qui se trompe, comme par erreur, par méprise...

2. Falso agere ne se dit que d’une erreur où l’on est ou d’une illusion qu’on se fait ; false et fallaciter agere supposent qu’on va contre ce qu’on sait et contre sa conscience : false, comme faussement, par crainte et faiblesse de caractère ; fallaciter, comme fallacieusement, avec la mauvaise intention de duper et de trahir. Comparez Tacite, Ann. I, 1. Tiberii res... ob metum false compositæ sunt (d’après le texte de Wolf). La peur a dicté des faussetés aux historiens de Tibère ; avec Germ. 36. Inter impotentes et validos falso quiescas. Entre des voisins puissants et forts un peuple ne goûte qu’un repos trompeur.

3. Les idées exprimées par falso et false sont réunies dans l’adjectif falsus, qui ne se distingue que de fallax. Cic. Phil. XII, 2. Spes falsa et fallax. Fausse et perfide espérance. Tac. Ann. XVI, 32. Specie bonorum falsos et amicitiæ fallaces. La fausseté sous un semblant de vertu, la perfidie sous un semblant d’amitié.

Perquam. Valde. Admodum. Magnopere.

Perquam, extraordinairement, avec une nuance de surprise chez la personne qui parle ; valde, très, admodum, assez, et multum, servent simplement à renforcer le sens de l’attribut ou du verbe, magnopere, du verbe seul.

Pervicacia. Perseverantia. Pertinacia. Contumacia. Destinatio. Obstinatio.

1. Pervicacia et perseverantia présentent comme une vertu l’attachement à un sentiment dans lequel on est entré : la pervicacia est fondée sur une énergie naturelle, c’est l’ardeur opposée à la lassitude ; la perseverantia, sur le développement des qualités sérieuses, c’est la persistance opposée à la versatilité. Pertinacia et contumacia expriment un défaut : la pertinacia provient d’un attachement opiniâtre à une résolution prise comme l’entêtement et la présomption, par opposition à la condescendance ; la contumacia, de l’orgueil qu’on met à défendre son libre arbitre, même contre une autorité compétente et légitime, comme l’arrogance et l’esprit de résistance par opposition à la docilité ou obsequium. Accius dans Non. Tu pertinaciam esse, Antiloche, hanc prædicas, ego pervicaciam esse aio et a me uti volo. Tu soutiens que c’est de l’entêtement ; je dis que c’est une fermeté généreuse que je tiens à montrer. Cic. Inv. II, 54. Unicuique virtuti finitimum vitium reperietur, ut pertinacia quæ finitima perseverantiæ est. On rencontrera un défaut dans le voisinage de toutes les vertus ; c’est ainsi que l’entêtement est voisin de la persévérance.

2. Pervicacia, etc., marquent la stabilité dans une résolution prise ; destinatio et obstinatio ont plus de rapport à l’acte qui consiste à la prendre : destinatio, lorsqu’elle est irrévocable, c’est de la décision ; obstinatio, lorsqu’on s’y attache en dépit de tous les obstacles, même insurmontables, et de toutes les représentations raisonnables, c’est de l’endurcissement.

Petere. Rogare. Postulare. Exigere. Poscere. Flagitare.

1. Petere et rogare, termes généraux pour toute espèce de demande, soit qu’on prie, soit qu’on exige ; ils tiennent le milieu entre poscere et orare, sauf à se rapprocher quelque peu du dernier : petere se rapporte à l’objet qu’on souhaite ; rogare, à la personne à laquelle on s’adresse, d’où petere aliquid ab aliquo, mais rogare aliquem aliquid. Cic. Verr. IV, 28, 64. Iste petit a rege et eum pluribus verbis rogat, ut id ad se mittat. Il tâche d’obtenir cela du roi et l’en sollicite longuement. Famm. II, 6. Ne id quod petat, exigere magis quam rogare videatur. Pour tâcher d’en venir à ses fins sans se donner des airs de créancier plutôt que de solliciteur.

2. Postulare et exigere se disent d’une demande pure et simple par laquelle on fait tranquillement connaître sa volonté : postulare s’entend plutôt de ce qu’on veut et souhaite ; exigere, de ce qu’on prétend. Poscere et flagitare se disent d’une demande pressante : poscere, d’une demande faite d’un ton décidé, avec le sentiment de son droit ou de sa puissance ; flagitare, d’une demande faite avec impétuosité dans la passion et dans l’impatience du désir. Tac. H. II, 39. Othone per literas flagitante ut maturarent, militibus ut imperator pugnæ adesset poscentibus ; plerique copias trans Padum agentes acciri postulabant. La lettre d’Othon exprimait une vive impatience d’en finir ; les soldats exigeaient que l’empereur payât de sa personne au jour de la bataille ; un très-grand nombre souhaitaient qu’on fît venir les troupes établies au delà du Pô. Cic. Verr. III, 34. Incipiunt postulare, poscere, minari. Viennent les demandes, les exigences, les menaces. Planc. 19. Poscere atque etiam flagitare crimen. Exiger, vouloir emporter une accusation. Legg. I, 5. Postulatur a te jam diu vel flagitatur potius historia. Voilà longtemps qu’on te demande ou plutôt qu’on brûle de t’arracher cette histoire.

Petulans. Procax. Protervus. Lascivus.

Le petulans blesse le sentiment des convenances, modestia, par caprice, par des agaceries et des provocations inutiles ; le procax, par indiscrétion, impertinence et importunité ; le protervus, par impétuosité, par un laisser-aller qui ne respecte rien ; le lascivus, par une joie bruyante et folâtre. Il faut chercher l’origine de la petulantia dans l’aversion pour le repos et la paix ou même dans la méchanceté ; celle de la procacitas dans la hardiesse ou l’impudence ; celle de la protervitas dans le sentiment exagéré de sa force ou dans l’orgueil ; celle de la lascivia dans la gaieté du caractère ou dans le défaut de gravité. Liv. XXXVIII, 24. Flagitatum quoque stipendium, procacius quam ex more et modestia militari erat. On réclama vivement la solde avec une impudence contraire à tous les usages et à la subordination.

Piget. Tædet. Pœnitet.

Piget se dit en général de ce qu’on ne se soucie ni de faire ni de souffrir ; tædet, de ce qu’on ne se soucie point de faire ni de souffrir plus longtemps ; pænitet, de ce qu’on aimerait mieux n’avoir jamais fait ni souffert.

Pinguis. Opimus. Obesus. Corpulentus.

1. Pinguis, gras dans un sens indifférent ou défavorable, la graisse étant de toutes les parties constituantes du corps la plus insensible et la moins élastique, d’où au figuré mou ; opimus, gras dans le bon sens, quand c’est un signe que les chairs sont pleines et qu’on est bien nourri, d’où au figuré abondant.

2. Obesus se dit de l’embonpoint, mais en associant à l’idée principale une idée accessoire de pesanteur par opposition à gracilis ; corpulentus se dit de l’embonpoint pris par son beau côté, par rapport à la prestance qui l’accompagne.

Plane. Omnino. Prorsus. Penitus. Utique.

Plane, nettement, netto par opposition à pæne ou à vix ; omnino, entièrement, et en général par opposition aux subdivisions, aux cas isolés, aux exceptions, à magna ex parte ou à separatim, comme ὅλως ; prorsus, précisément, par opposition à en quelque sorte ou à pour ainsi dire ; penitus, de fond en comble, jusqu’au fond, par opposition à dans une certaine mesure ou à superficiellement, πάντως ; utique, dans tous les cas, il a pour opposés à tout hasard, peut-être, ὁπωσδήποτε.

Plerique. Plurimi.

Plerique, superlatif absolu, un très-grand nombre ; plurimi, superlatif relatif, la plupart. Tac. Ann. XIII, 27. Plurimis equitum, plerisque senatorum non aliunde originem trahi. La plupart des chevaliers, un très-grand nombre de sénateurs n’avaient pas d’autre origine.

Pluvia. Imber. Nimbus.

Pluvia, phénomène bienfaisant, pluie générale qui abreuve le sol altéré, ὑετός ; imber et nimbus, phénomène désagréable, pluie locale qui vient gâter une belle journée : imber, lorsqu’elle est accompagnée d’un temps froid et orageux ; nimbus, d’un temps couvert.

Poculum. Calix. Scyphus. Simpuvium. Cyathus. Crater.

1. Poculum et calix, qui appartiennent à la vieille langue latine, se disent de tout vase à boire, sans autre idée que celle de l’usage auquel il sert : poculum, vase ordinaire pour les repas ; calix, vase, coupe plus riche pour les festins. Scyphus, cantharus, cymbium, culigna, mots étrangers empruntés au grec, se disent de certaines espèces de vases par rapport à leur forme.

2. Poculum, etc. servent tous de vases à boire ; le vieux mot romain simpuvium et cyathus qui est venu plus tard, vases à puiser pour remplir les pocula en prenant au crater, comme on remplit les verres à punch en puisant avec la cuiller dans le bol.

Polliceri. Promittere. Spondere. Recipere.

Polliceri, promettre de plein gré, par un acte de complaisance et de prévenance, ἐπαγγέλλεσθαι ; promittere, à la suite d’une demande, par un acte de consentement, avec l’intention de tenir, ὑπισχνεῖσθαι ; spondere et despondere, promettre formellement, à la suite d’une stipulatio par un engagement qui lie en justice, ἐγγυᾶν ; recipere, prendre sur soi et s’engager d’honneur pour tranquilliser une personne qui est dans la peine, ἀναδέχεσθαι. Le pollicens fait des offres agréables ; le promittens ouvre une perspective satisfaisante ; le spondens donne une garantie judiciaire ; le recipiens nous ôte nos soucis. Cic. Att. XIII, 1. Quoniam de æstate polliceris vel potius recipis. Puisque tu t’avances sur ce sujet ou plutôt puisque tu te fais fort ; car le pollicens n’engage que sa bonne volonté, le recipiens répond du succès. Sen. Ep. 19. Jam non promittunt de te sed spondent. Ils ne se bornent plus à promettre, ils s’engagent pour toi. Cic. Famm. VII, 5. Neque minus ei prolixe de tua voluntate promisi quam eram solitus de mea polliceri. Et je lui ai promis ta bienveillance avec autant d’assurance que si je n’avais eu qu’à m’avancer pour mon compte : car Cicéron ne pouvait donner au nom de Trébatius que des espérances, mais il pouvait faire de son chef des promesses positives.

Porca. Sulcus. Lira.

Porca, billon, terre relevée entre deux sillons ; sulcus, creux du sillon, trace faite dans la terre par la charrue ; lira, tantôt l’un, tantôt l’autre.

Posse. Quire. Valere. Pollere.

1. Posse et quire sont originairement transitifs : posse, être apte par vigueur et par force, δύνασθαι ; quire, par le concours de toutes les qualités qu’on possède, comme οἷόν τ’ εἶναι. Cic. Tusc. II, 27. Barbari ferro decertare acerrime possunt, viriliter ægrotare non queunt. Les barbares peuvent bien se battre à outrance le fer à la main ; aux prises avec la maladie, ils sont incapables d’être hommes. Valere et pollere sont neutres, d’où possum ou queo vincere, mais valeo ou polleo ad vincendum.

2. Valere, posséder une juste mesure de forces, valoir un autre homme, par opposition à des forces insuffisantes, comme σθένειν ; pollere, avoir un excès de forces et de ressources et se distinguer par là de la foule, par opposition à des forces ordinaires, comme ἰσχύειν.

Potentia. Potentatus. Potestas. Vis. Robur.

Potentia, potentatus et potestas, puissance qui vient du dehors, qui a des hommes pour instruments et pour sujets ; vis et robur, puissance, force intérieure, indépendante du concours et de la bonne volonté d’autrui. Potentia, pouvoir de fait qui se fait sentir à volonté, δύναμις ; potentatus, rang du souverain reconnu par le peuple, δυναστεία ; potestas, autorité légitime et légalement déférée, ἐξουσία. Tac. Ann. XIII, 19. Nihil tam fluxum est quam fama potentiæ non sua vi nixæ. Rien de si fragile que le crédit d’un pouvoir qui n’a point en lui-même les éléments de sa force. Vis, la force active et agressive, comme faculté de contraindre les autres, ϰράτος ; robur, la force au repos, comme faculté de résister et de durer, ῥώμη.

Præbere. Exhibere. Præstare. Repræsentare.

Præbere et exhibere, aller spontanément au-devant d’un besoin ou d’un désir : le præbens cède son bien à quelqu’un ; l’exhibens se dessaisit du sien en faveur du public. Præstare et repræsentare, s’exécuter pour remplir un devoir : le præstans se libère, pour ainsi dire, d’une dette en se rangeant à son devoir ; le repræsentans accomplit une promesse, au lieu de tarder encore à la tenir.

Præda. Manubiæ. Spolia. Exuviæ. Rapina. Prædo. Latro. Pirata.

1. Præda et manubiæ, le butin considéré comme un bien de conquête et comme un profit ; spolia et exuviæ, considéré en outre comme une marque de victoire et d’honneur.

2. Præda, toute espèce de butin ; manubiæ, le butin légitime du soldat, fait à la guerre ; rapina, le butin illégitime du prædo, qui trouble la paix publique, le fruit du vol.

3. Prædo, brigand en général, celui qui exerce le brigandage comme un métier, ληστής. C’est le terme générique, par rapport à latro, le voleur de grands chemins, σίνις, et à pirata, le pirate. Raptor, le ravisseur d’une personne ou d’un objet déterminé, ἁρπαϰτήρ.

Præditus. Instructus. Exstructus. Ornatus.

1. Præditus s’entend d’une qualité éminente qui est un titre d’honneur ; instructus et exstructus, d’une qualité solide qui rend propre à certains usages. Les deux idées sont réunies dans ornatus. L’instrumentum sert, le decus donne de l’éclat, l’ornamentum semble tirer son lustre d’une utilité éminente. Instructus suggérera, par exemple, l’image d’un armement complet qui est un gage de protection et de sécurité ; ornatus, celle d’un armement parfait et imposant. Il faut se placer à un point de vue élevé et viser à l’idéal pour juger l’ornatus indispensable ; c’est du luxe, par rapport aux besoins ordinaires de la vie. Cic. Phil. X, 4. Græcia copiis non instructa solum, sed etiam ornata. La Grèce, qui abonde en ressources solides et même apparentes. Sen. Tranq. 9. Sicut plerisque libri non studiorum instrumenta, sed cœnationum ornamenta sunt. Pour beaucoup de gens, une bibliothèque n’est point un instrument d’étude, c’est un décor indispensable dans une salle à manger.

2. Instructus se rapporte à des personnes et à des objets destinés à jouer un rôle offensif ou défensif ; exstructus, à des objets dont la destination est passive, par exemple, instructæ naves, mais exstructæ mensæ. Les exstructa ne laissent plus rien à faire ; les instructa ont reçu un premier achèvement, une préparation complète et n’ont plus qu’à remplir leur destination.

3. Instructus se rapporte à la simple possession des moyens ; paratus, au propriétaire de ces moyens, prêt lui-même à en tirer parti.

Præmium. Pretium. Merces.

Præmium, récompense honorable destinée à distinguer celui qui la reçoit, par opposition à pœna, ἆθλον, γέρας ; pretium et merces, payement destiné à acquitter une dette : pretium, prix d’achat pour une marchandise qu’on nous cède, par opposition à gratia, ὦνος ; merces, ce qu’on paye pour tout ce qu’on prend ou tient à louage, hommes et choses, μισθός.

Præterea. Insuper. Ultro.

Præterea, de plus, marque simplement qu’on ajoute ce qu’il faut pour compléter un compte, comme πρὸς τούτοις ; insuper, en sus, par-dessus le marché, qu’on fait mesure comble, comme προσέτι ; enfin, ultro, en outre, que ce qu’on ajoute va fort au delà de ce qu’on avait déjà fait, en sorte que tout ce qui a précédé n’a plus aucune valeur.

Pridem. Diu. Dudum. Diuturnus. Diutinus.

1. Pridem marque un point dans le temps, une époque, comme il y a longtemps ; diu et dudum marquent un espace, une période, comme depuis longtemps : diu, depuis bien des jours, des mois, des années ; dudum, depuis plusieurs minutes ou plusieurs heures. Jam pridem mortuus est veut dire : il est mort il y a très-longtemps, c’est un aoriste ; mais jam diu mortuus est : il est depuis longtemps dans la tombe, c’est un parfait. Cic. Cat. I, 1. Ad mortem te duci jam pridem oportebat ; in te conferri pestem illam quam tu in nos omnes jam diu machinaris. Il y a longtemps que j’aurais dû te faire conduire au supplice et amasser sur ta tête tous les maux que tu nous prépares depuis longtemps. Tac. Ann. XV, 64. Seneca Statium Annæum diu sibi amicitiæ fide et arte medicinæ probatum orat, provisum pridem venenum promeret. Sénèque prie Statius Annæus, qui avait depuis longtemps sa confiance comme ami et comme médecin, de lui apporter le poison dont ils étaient autrefois convenus.

2. Diuturnus se dit d’une longue durée, soit indifféremment, comme de quelque chose de long, en général, soit par éloge, comme de quelque chose de durable et de solide, par opposition à ce qui passe vite, χρόνιος ; diutinus exprime un blâme et se dit de ce qui pèse ou ennuie, comme αἰανός. Cic. Senect. 19. Nihil mihi diuturnum videtur, in quo est aliquid extremum. Une durée dont je vois le terme ne me paraît jamais longue. Comparez avec Famm. XI, 8. Libertatis desiderio et odio diutinæ servitutis. Par regret de la liberté et par haine d’un esclavage prolongé.

Primores. Principes. Proceres. Optimates.

Primores et principes, les personnages qui jouent un rôle dans l’État, la classe des citoyens influents et notables, par opposition à la foule : primores, ceux qui sont tout portés à cette hauteur par le privilége de la naissance, de la fortune et du rang ; principes, ceux qui, par leur esprit, leurs talents politiques, leur activité, deviennent orateurs, chefs de parti, et s’élèvent aux premières places parmi les primores même et dans tout l’État. Proceres, les grands envisagés dans leur condition naturelle, comme noblesse, par opposition au commun du peuple ; optimates, les mêmes grands considérés comme parti politique, comme aristocrates, par opposition aux démocrates. Accius dans Non. Primores procerum provocaret nomine. Nommer, en les défiant, les premiers personnages de la noblesse.

Primus. Princeps. Imperator. Cæsar.

1. Primus, le premier à paraître dans l’espace ou dans le temps, en sorte que les autres lui succèdent ; princeps, le premier à faire une chose, celui dont les autres suivent l’exemple.

2. Princeps, l’empereur investi en matière civile de l’autorité suprême qui lui avait été insensiblement dévolue en sa qualité de prince du sénat, princeps senatus ; imperator, l’empereur investi de la plus haute autorité militaire, personne, hors lui et les membres de sa famille, ne pouvant plus être proclamé imperator ; enfin, Cæsar, l’empereur, comme membre, et à partir de Galba, comme simple successeur de la famille et de la dynastie de César.

Privus. Proprius. Peculiaris.

Privus se dit de la propriété de fait, par opposition à ce que les autres possèdent, à alienus, comme οἰϰεῖος ; proprius, de la propriété exclusive, par opposition aux biens de droit commun, à communis, comme ἴδιος ; enfin peculiaris, des biens qu’on a en propre, par opposition à ceux qu’on partage avec tout le monde, à universalis.

Procul. Longe. Eminus. E longinquo.

1. Procul, à une certaine distance qui permet encore de voir les objets, par opposition à juxta, comme ἄποθεν ; longe, à une grande distance, hors de la portée de la vue, par opposition à prope, comme τῆλε.

2. Eminus, de loin, d’une distance dont la mesure est donnée par la portée des traits ; il est opposé à cominus, comme πόῤῥωθεν ; e longinquo, de très-loin, d’une forte distance, par opposition à e propinquo, comme τηλόθεν.

Prodigus. Profusus. Helluo. Nepos.

Prodigus et profusus présentent la dissipation comme un trait de caractère : prodigus, en ce sens qu’on ne connaît pas la valeur de l’argent et du bien, qu’on n’est ni désireux ni capable de les faire valoir parcimonieusement, comme le prodigue ; profusus, en ce sens que rien ne paraît trop cher pour satisfaire des fantaisies, par frivolité, comme le dissipateur. Helluo et nepos s’entendent d’un caractère qui se résume tout entier en une seule manie, celle de la dissipation : helluo, le viveur et le libertin émérite ; nepos, le fils de famille qui mange son avoir et celui de ses parents.

Proficisci. Iter facere. Peregrinari.

1. Proficisci désigne le commencement du voyage, comme partir, πορεύεσθαι ; iter facere et peregrinari en comprennent toute la durée, comme voyager, ὁδοιπορεῖν.

2. Iter facere se dit également d’un voyage dans le pays ou à l’étranger ; mais peregrinari, ἐϰδημεῖν, suppose toujours qu’on passe la frontière ; dans ce dernier cas, la peregrinatio continue même quand on est arrivé à destination et que l’iter est fini.

Pronus. Proclivis. Propensus.

Pronus, au sens moral, marque un penchant en général ; proclivis marque le plus souvent un penchant au bien ; propensus, au mal.

Puer. Infans. Adolescens. Juvenis. Vir. Vetus. Senex.

Puer, dans son acception générale, l’homme dans ses années de dépendance, tant qu’il n’est ni ne peut être père de famille, en trois périodes : 1º comme infans, enfant, νήπιος, παιδίον, à partir de la première année ; 2º comme puer, au sens restreint, jeune garçon, παῖς, à partir de la septième ; 3º comme adolescens, à l’ouverture de l’adolescence, jeune homme, μειράϰιον, νεανίας, à partir de la seizième. Juvenis, dans son acception générale, l’homme tant que durent les années pendant lesquelles il possède et retient la plénitude de ses forces, à peu près depuis l’époque de la majorité jusqu’aux premières atteintes de l’âge, l’homme jeune, νέος, en trois périodes : 1º comme adolescens, au déclin de l’adolescence, à partir de la dix-huitième année ; 2º comme juvenis, au sens restreint, νεανίας, à partir de la vingt-quatrième ; 3º comme vir, homme fait, ἀνὴρ, à l’ouverture de la virilité, à partir de la trentième. Maturus se dit des années de maturité avancée quand le feu de la jeunesse s’est évaporé, en trois périodes : 1º de l’homme fait, vir, ἀνὴρ, au déclin de la virilité, à partir de la quarantième année ; 2º de l’homme âgé, vetus, γέρων, à partir de la cinquantaine ; 3º du vieillard, senex, πρεσϐύτης, à partir de la soixantaine.

Pugna. Acies. Prœlium.

Pugna, terme général pour toute espèce de combat, depuis le duel jusqu’à la bataille rangée la plus sanglante, μάχη ; acies, action décisive, conduite selon les règles de la tactique entre les parties belligérantes, bataille rangée ; prælium, combat d’occasion entre des détachements, rencontre, engagement, escarmouche, comme συμϐολή.

Pugnare. Confligere. Dimicare. Digladiari.

1. Pugnare et confligere, vider un différend de vive force ; ils s’appliquent presque toujours à l’emploi des masses, à une bataille ; dimicare et digladiari, le vider par la voie des armes et presque toujours en combat singulier.

2. Pugnare marque de préférence une bataille en règle, livrée à dessein et envisagée par son beau côté, comme exigeant à la fois de l’art et du courage ; confligere, un combat de rencontre, pris du vilain côté, comme occasion de meurtre et de carnage. Cic. Balb. 9. Qui cum hoste nostro cominus sæpe in acie pugnavit. Il s’est souvent mesuré de près avec notre ennemi en bataille rangée. Comparez avec Off. I, 23. Temere in acie versari et manu cum hoste confligere immane quiddam et belluarum simile est. Se jeter follement dans la mêlée d’une bataille et se prendre corps à corps avec l’ennemi, c’est un excès de courage qui tient de la brute.

3. Dimicare présente l’image d’une lutte soutenue à l’aide de la première arme venue, épée, lance, pique, massue, par un homme qui défend sa vie ; il se prend indifféremment en bonne et en mauvaise part ; digladiari se dit d’un combat à l’épée ou au poignard et présente l’image odieuse d’un gladiateur consommé dont la vocation et l’art consistent dans l’escrime et dans le meurtre. Cic. Tusc. IV, 19. Convenit dimicare pro legibus, pro libertate, pro patria. Il faut savoir se battre pour les lois, la liberté, la patrie. Comparez avec Legg. III, 9. Iis sicis, quas ipse se projecisse dicit in forum, quibus inter se digladientur cives. Ces poignards qu’il se vante d’avoir jetés dans le Forum pour forcer ses concitoyens à s’entr’égorger.

Pungere. Stimulare.

Pungere, piquer pour blesser, pour faire mal ; stimulare, aiguillonner pour réveiller et stimuler par la douleur.

Purgatio. Excusatio. Satisfactio.

La purgatio consiste, comme la justification, à se laver par des raisons péremptoires d’un soupçon ou d’une accusation ; l’excusatio ou excuse à reconnaître qu’il y a eu une faute de commise, mais en donnant des assurances ou des preuves de l’innocence de ses intentions ; la satisfactio ou satisfaction, à apaiser la partie offensée ou lésée, en cas d’innocence, par la purgatio ou l’excusatio, en cas de culpabilité, par la veniæ petitio ou par la pœna.

Purus. Mundus. Merus. Putus. Meracus.

1. Purus, synonyme d’integer et opposé de contaminatus, pur et sans tache, ϰαθαρός ; mundus, synonyme de nitidus et opposé de spurcus et de sordidus, pur et net, ϰομψός ; enfin, merus, synonyme de simplex et opposé de mixtus, pur et sans mélange, comme ἀϰήρατος, ἀϰέραιος.

2. Purus, terme général et populaire ; putus ou ordinairement purus putus, purus ac putus, terme technique pour exprimer la pureté de l’or et de l’argent massifs.

3. Merus se dit de tout ce qui est pur, soit indifféremment, soit avec éloge, comme si tout mélange était une falsification ; meracus se dit particulièrement de la pureté du vin qui n’est point trempé et, transporté au figuré à d’autres objets, il exprime une idée de blâme, comme si la matière pure et sans addition n’était pas comme elle doit être, par opposition à temperatus. C’est le sens de l’ancien allemand eitel.

Q

Quærere. Scrutari. Rimari. Investigare. Indagare.

1. Quærere, chercher, en général, on éprouve le désir ou le besoin de trouver ; scrutari, rimari, investigare et indagare ajoutent à ce sens une idée accessoire de peine et de difficulté.

2. Scrutari et rimari, se mettre à la recherche d’un objet caché : scrutari, en fouillant de tous les côtés, on s’intéresse à la découverte, on se passionne ; rimari, en creusant pour déterrer, la découverte exige des efforts et de la sagacité. Investigare et indagare, se mettre à la recherche d’un objet éloigné : investigare, à la façon du chasseur qui suit en connaissance de cause la piste ou la trace visible du gibier ; indagare, à la façon du limier qui suit l’odeur guidé par son instinct. Curt. IX, 10, 11. Famem sentire cœperunt, radices palmarum ubique rimantes. Ils éprouvèrent les atteintes de la faim et ils cherchaient partout, pour les déterrer, des racines de palmiste. Comparez avec IX, 9, 5. Scrutati omnia tuguria tandem latentes reperere. A force de fouiller toutes les cabanes, ils finirent par les trouver dans leur cachette. Tac. Ann. VI, 3. Rimans secreta omnium. Déterrant les secrets de tout le monde. Et XII, 52. Quasi finem principis per Chaldæos scrutaretur. Furius Scribonianus est exilé sous prétexte qu’il avait eu la curiosité de s’adresser aux Chaldéens pour découvrir quand et comment l’empereur mourrait. Il n’y avait pas d’obstacles à surmonter.

Questus. Quiritatio. Querimonia. Querela.

Questus et quiritatio, expression de la douleur : questus, par des gémissements rares ; quiritatio, par des gémissements suivis. Querimonia et querela, expressions du chagrin : la querimonia part d’un sentiment estimable, celui d’une personne lésée qui ne veut pas souffrir une injustice ; la querela, d’un sentiment presque toujours blâmable, celui du mécontent qui ne sait supporter aucune contrariété. La querimonia est une affaire de raisonnement, elle vise à obtenir assistance ou satisfaction, comme la plainte ; la querela est une affaire de sentiment ; elle ne tend guère qu’à soulager le cœur, comme les lamentations. Cic. Cæcil. 3. In populi Romani quotidiana querimonia. La plainte journalière du peuple romain. Comparez avec Famm. V, 14. Tu non intelliges te querelis quotidianis nihil proficere ? Ne veux-tu point comprendre que tu ne gagnes rien à tes lamentations journalières ?

Quies. Tranquillitas. Requies.

1. Quies, le repos, l’inaction absolue, par opposition à toute espèce d’activité, ἡσυχία ; tranquillitas, le calme dans le mouvement opposé à l’agitation et à la passion, comme ἑϰηλία. Sen. Ep. 3. Et quiescenti agendum et agenti quiescendum est. Il faut que l’action succède au repos et le repos à l’action. Comparez avec Cic. Top. 3. Ut aut perturbentur animi aut tranquillentur. Pour remuer ou calmer les esprits. Quietus offre une analogie de signification avec otiosus, segnis, languidus, et tranquillus avec lenis, placidus, moderatus.

2. Quies, le repos en lui-même, indépendamment de toute relation ; requies, le repos par lequel on se délasse au sortir de l’action ou de la fatigue. Curt. IX, 6, § 2. Ne quies corpori invalido adhuc necessaria pulsu remorum impediretur. Pour ne point déranger par le bruit des rames le repos dont la faiblesse du malade avait toujours besoin. Comparez avec § 3. Placuit hic locus ad suam et militum requiem. Il trouva le lieu à son gré pour se livrer au repos avec son armée.

Quisque. Quivis. Quilibet. Unusquisque. Omnes. Universi. Cuncti. Totus.

1. Quisque, quivis et quilibet désignent la totalité des individus qui constituent l’espèce ; omnes, universi et cuncti, la totalité de l’espèce qui comprend et réunit les individus.

2. Quisque, tout individu pris à part ; quivis, tout individu choisi par préférence entre tous les autres, sans exclure personne de ce choix, qui n’en est que plus marqué, comme πᾶς τις ; quilibet, le premier venu, sans choix, avec une nuance de mépris, comme ὁστισοῦν ; il est synonyme de primus quisque, ὁ τυχών. Cic. Famm. VIII, 10. Quidvis quamlibet, tenue munusculum. Ce que vous voudrez, le moindre petit présent.

3. Quisque est enclitique ; on ne le trouve jamais en prose à la tête de la proposition ; unusquisque est accentué et se place partout.

4. Unusquisque, chacun en particulier, par opposition à quelques individus ; singuli, les individus, par opposition à un tout indivisible, comme ἕϰαστος.

5. Omnes, tout le monde, sans exception ; ce n’est qu’une totalité physique, par opposition à nemo, unus, aliquot, comme πάντες ; universi, l’universalité des êtres que l’espèce peut embrasser et contenir ; c’est une totalité morale, par opposition à singuli et unusquisque, comme σύμπαντες ; enfin, cuncti, tous ceux qui sont rassemblés et réunis ; c’est une totalité de rencontre et de fait, par opposition à dispersi, comme ἅπαντες. Liv. VII, 35. Admiratione paventibus cunctis, quum omnium in se convertisset oculos Decius. Toute l’assistance était étonnée et émue, tous les regards tournés vers Décius. Nep. Dat. 5. Qui illum unum pluris quam se omnes fieri videbant. Quo facto cuncti ad eum opprimendum consenserunt. Les courtisans voyaient qu’à lui seul il les effaçait tous auprès du roi. Ils entrèrent tous tant qu’ils étaient dans une conspiration qui devait l’accabler.

6. Totus, solidus et integer s’appliquent à un tout primitif qui ne vient que par extraordinaire à se diviser en parties, comme ὅλος ; omnis, universus et cunctus, à des individus primitivement isolés qui ne forment un tout que par leur réunion, πᾶς, σύμπας, ἅπας.

Quotidie. In singulos dies.

Quotidie s’entend de ce qui revient tous les jours ; in singulos dies, de ce qui va tous les jours en augmentant. Cic. Att. V, 7. Quotidie vel potius in singulos dies breviores litteras ad te mitto. Les lettres que je t’envoie deviennent plus courtes tous les jours ou plutôt de jour en jour.

R

Rami. Ramalia. Virga. Termes. Turio. Surculus. Sarmentum. Stolo. Virgultum. Fruticetum.

1. Rami et ramalia, les branches de l’arbre : rami, les branches vivantes et vertes, θαλλοί ; ramalia, les branches mortes et sèches. Virga, termes, turio, surculus, talea, sarmentum et stolo ne se disent que des rameaux : virga et les termes rares de termes olivæ et turio lauri, simples rameaux sans idée accessoire, ϰλάδος, ϰλὼν, ϰλῆμα ; surculus et talea, rameaux considérés comme des membres et des rejetons de l’arbre qui servent à la propagation en qualité de greffes et de boutures, les pousses, ὀρσός ; sarmentum et stolo, rameaux considérés comme des excroissances dont il faut débarrasser l’arbre et qui ne sont bonnes qu’à jeter : sarmentum, rameau inutile, sauvage ; stolo, branche folle, gourmande, parasite.

2. Virgultum, lieu couvert de buissons, qui n’est point nu ; fruticetum, lieu embarrassé de halliers, impraticable.

Refutare. Confutare. Refellere.

1. Refutare et confutare, réfuter par toute sorte de moyens ; refellere, par des raisons solides et par une discussion lumineuse. Cic. Orat. II, 50, 203. Neque hæc solum in defensione, sed etiam in Scauro cæterisque meis testibus, quorum testimonia non refellendo, sed ad eumdem impetum populi confugiendo refutasti. C’est toujours le même artifice et dans ta défense et à propos de Scaurus et de mes autres témoins ; ce n’est point par une vraie réfutation, mais par un nouveau recours aux passions populaires que tu réponds à leurs témoignages.

2. Le refutans se tient sur la défensive et rétorque les arguments qu’on lui oppose ; le confutans prend l’offensive ; il en fait voir la nullité et les réduit en poussière. Cic. Font. 1. Plus laboris consumo in poscendis testibus quam defensores in refutandis. Je me donne plus de peine pour interroger les témoins que les défenseurs pour leur répondre. Comparez avec N. D. II, 17. Cujus opinionis levitas confutata a Cotta non desiderat orationem meam. Ce sentiment n’a aucun poids, et Cotta l’a pulvérisé de manière à me dispenser de parler. Top. 25. Refutatio accusationis in qua est depulsio criminis. Répondre à un acte d’accusation en repoussant les charges. Comparez avec Rhet. ad Her. I, 13. Confutatio est contrariorum locorum dissolutio. La réfutation consiste à réduire à néant les arguments contraires.

Regius. Regalis.

Regius, ce qui appartient à un roi, ce qui vient d’une suite de rois ; regalis, ce qui convient à un roi, ce qui est digne de lui.

Religio. Fides.

Religio, probité scrupuleuse fondée sur une obligation intérieure, toute de conscience ; fides, même qualité fondée sur une obligation extérieure, sur une promesse.

Relinquere. Deserere. Omittere. Destituere. Desolatus.

1. Relinquere, quitter, s’applique à un objet auquel on ne tient que par un rapport de lieu et de voisinage ; deserere et omittere, à un objet auquel on tient par une obligation morale en qualité de possesseur ou d’ami. Il y a au fond de la desertio, de l’abandon, une lâcheté, un oubli de quelque devoir, par opposition à defensio, tutatio ; au fond de l’omissio une conviction que l’on a d’être autorisé à s’abstenir, comme dans renoncer, par opposition à obtinere. Tac. Dial. 16. Partes quas intellexerimus te non tam omisisse quam nobis reliquisse, ce qui ne veut pas dire qu’on renonce à voir le sujet traité, mais qu’on le quitte pour le laisser traiter par un autre. Et 9. Relinquenda conversatio amicorum et jucunditas urbis, deserenda cætera officia. Il faut quitter le commerce de ses amis, les plaisirs de la ville ; il faut abandonner ses devoirs. Cic. Verr. I, 4, 11. Desertum exercitum, relictam provinciam. Abandonner l’armée, quitter la province.

2. Deserere, quitter et trahir dans un danger possible et éloigné ; destituere, dans un danger réel et prochain. Curt. IV, 2, 32. Desertus, destitutus, hostibus deditus. Abandonné, délaissé, livré aux ennemis. Liv. VI, 2. Quod defensores suos in ipso discrimine periculi destituat. Il délaisse ses défenseurs dans la crise même du péril.

3. Desertus et destitutus marquent particulièrement l’oubli du devoir ; desolatus, la dureté impitoyable de cet oubli. Suet. Cal. 12. Deserta desolataque reliquis subsidiis aula. La cour abandonnée et anéantie par l’abandon de ses derniers appuis.

Repente. Subito. Extemplo. E vestigio. Illico. Statim. Protinus. Confestim. Continuo.

Repente et subito, tout à coup : repens, par opposition à l’attente, à exspectatus, à sensim, comme ἐξαπίνης ; subitus, par opposition à des préparatifs, à ante provisus, meditatus, paratus, comme παραχρῆμα. Extemplo et e vestigio se disent par opposition à un délai : extemplo marque un rapport de temps, comme dans l’instant ; e vestigio, un rapport de lieu, comme sur-le-champ. Illico, ilicet, à la hâte, se prennent par opposition à la lenteur : illico, en prose, comme παραυτίϰα ; ilicet, chez les comiques et les poëtes. Statim et protinus s’opposent au temps qui suit : statim, aussitôt, à deinde, postea, comme εὐθύς ; protinus, de suite, comme πρόϰα. Enfin, confestim et continuo s’opposent à ex intervallo.

Repere. Serpere. Serpens. Anguis. Coluber.

1. Repere, avancer à l’aide de pieds très-courts, à petits pas, lentement, se traîner ; serpere, sans pieds, par une ondulation du corps entier, et sans bruit, ramper.

2. Serpens, nom général pour tout ce qui rampe, à la façon des serpents, ἑρπετόν ; anguis, serpent redoutable par la grandeur de sa taille, ὄφις ; coluber, serpent dangereux, quoique de petite taille, ἔχις, ἔχιδνα.

Reprehensio. Vituperatio.

Reprehensio, blâme destiné à corriger, à ramener dans la bonne voie, remontrance, μέμψις ; vituperatio, blâme destiné à servir de châtiment, à reprocher une faute à celui qui l’a commise, réprimande, ψόγος. La reprehensio a son opposé dans la probatio, la vituperatio dans la laudatio.

Repudium. Divortium.

Repudium, renvoi de la fiancée ou de l’épouse du chef du mari futur ou actuel ; divortium, dissolution du mariage ou divorce en forme fondé sur un consentement réciproque, à la suite duquel chacune des deux parties tire de son côté. La formule du repudii était : Conditione tua non utor ; celle du divortii : Res tuas tibi habeto. On dit repudium mittere, remittere, renunciare, dicere alicui, mais divortium facere cum aliqua.

Requirere. Desiderare.

Requirere, réclamer, par un mouvement de l’esprit qui voit le côté utile des choses ; desiderare, regretter, par un mouvement du cœur qui s’attache avec amour et sympathie. Le requirens a des prétentions, il espère qu’on fera droit à sa réclamation ; le desiderans choie un désir et en attend l’accomplissement du cours des choses, de la fortune. Cic. Famm. VII, 26. Magis tuum officium desiderari, quam abs te requiri putavi meum. On est plus porté selon moi à regretter ton intervention que tu ne l’es à réclamer la mienne.

Respectum. Rationem habere.

Respectum habere, tenir compte de quelque chose par la pensée et par la réflexion, juger digne d’attention ; rationem habere, en tenir compte dans sa conduite et dans ses mesures, comme d’un moyen qui peut concourir à conduire au but.

Restare. Superesse.

Restare modifie l’idée exprimée par rester en y associant celle d’une tâche qui n’est point achevée ; superesse, en y associant celle d’une réserve qui n’est point épuisée. Cic. Cat. III, 10. Cum hostes vestri tantum civium superfuturum putassent, quantum infinitæ cædi restitisset. Quand vos ennemis avaient réduit dans leur calcul le surplus des citoyens à ce qui échapperait au massacre général. Hor. Sat. I, 9, 28. Nunc ego resto, confice. C’est moi qui vais te servir à présent de victime, achève.

Rete. Cassis. Plaga.

Retia, rets, terme général pour les filets de pêche et de chasse ; casses et plagæ, engins réservés à la chasse : casses, filets destinés à s’emparer du petit gibier qui y entre comme dans un sac ; plagæ, à s’emparer du gros gibier qui s’y empêtre. Hor. Ep. 2, 32. Aut trudit acres... apros in obstantes plagas, aut amite levi rara tendit retia. Il pousse l’impétueux sanglier vers les rets qui lui barrent le passage, il tend au bout d’une perche légère des filets déliés.

Reverti. Revenire. Redire.

Reverti et revenire, pris au propre, marquent des actions qui ne durent qu’un moment : reverti, opposé à proficisci, celle qui consiste à se retourner pour revenir sur ses pas ; revenire, opposé à advenire, celle qui consiste à rattraper le point d’où on était parti. Redire, opposé à porro ire, s’entend de toute la durée de l’action comprise entre ces deux extrêmes, comme revenir. Cic. Att. XVI, 7. p. m. Quam valde ille reditu vel potius reversione mea lætatus effudit ille omnia quæ tacuerat. Dans le transport qu’il éprouvait à me voir revenir ou plutôt faire le premier pas pour revenir, il épancha tout ce qu’il n’avait jamais voulu dire.

Ridere. Cachinnare. Renidere. Subridere. Irridere. Deridere.

1. Ridere et cachinnare se disent d’un rire qu’on entend : ridere, d’un rire gai et modéré, comme γελᾷν ; cachinnare, d’éclats de rire immodérés et discordants, comme ϰαγχάζειν. Subridere et renidere désignent un sourire qu’on peut bien voir, mais non pas entendre : subridere, un sourire espiègle ou satirique ; renidere, amical ou mielleux, μειδιᾷν. Cic. Tusc. IV, 31. Si ridere concessum sit, vituperatur tamen cachinnatio. On nous permet de rire, mais on nous reprocherait de rire aux éclats.

2. Deridere s’entend, comme ϰαταγελᾷν, d’un rire moqueur considéré comme un trait d’orgueil et de mépris ; on rit du haut de sa grandeur ; irridere, comme un trait d’insolence ou de malignité ; on rit à la barbe des gens, ἐγγελᾷν. Cic. Orat. III, 14. Istos omnes deridete atque contemnite. Riez dédaigneusement de tous ces gens-là et méprisez-les. N. D. II, 3. Claudius etiam per jocum deos irridens. Claudius, qui osait plaisanter et rire à la barbe des dieux.

Ripa. Littus. Ora. Acta.

1. Ripa, bord d’une rivière, ὄχθη ; littus, ora, acta, bord de la mer. Mela. III, 9. Oras ad Eurum sequentibus nihil memorabile occurrit ; vasta omnia vastis præcisa montibus ripæ potius sunt quam littora. Le rivage suivi dans la direction de l’est n’a rien de remarquable ; des espaces arides coupés par des montagnes nues font songer aux bords d’un torrent et ne rappellent guère les bords de la mer. Vitruv. II, 9, 14. Circa ripam fluminis Padi et littora maris Adriatici. Au bord du Pô et sur les côtes de l’Adriatique.

2. Littus, bord conçu comme une ligne qui sépare la terre de la mer, ἠιὼν et ῥηγμὶν, la côte ; ora et acta, comme un espace et une zone qui s’étend le long de la mer, le rivage, ἀϰτὴ et αἰγιαλός : ora, au sens géographique, comme terre riveraine, par opposition à l’intérieur des terres ; mais acta, au sens esthétique, celui d’un rivage qui offre des paysages charmants et un séjour agréable. Liv. XXIV, 8. Classem paravimus ut Africæ oram popularemur, ut tuta nobis Italiæ littora essent. Nous avons équipé une flotte : c’est pour dévaster le rivage de l’Afrique et pour mettre à l’abri de toute insulte les côtes de l’Italie, Plin. Ep. V, 6, 2. Gravis et pestilens ora Tuscorum, quæ per littus extenditur. Il y a en Toscane, le long de la côte, une zone malsaine et empestée. On trouve littoris ora, c’est-à-dire ora per littus extensa. Prudent. contr. Symm. IV, 136. Invenit expositum secreti in littoris acta. Il le trouve exposé dans un enfoncement sur une côte retirée. Cic. Famm. IX, 6. Ea tractes quorum et usus et delectatio est omnibus illis actis et voluptatibus anteponenda. Faites-vous des occupations utiles et attrayantes, préférables à tous les paysages, à tous les plaisirs qu’on demande aux bords de la mer. C’est un mot emprunté au grec que Tacite préfère remplacer, H. III, 76, par la périphrase amœna littorum.

Rogare. Orare. Obsecrare. Obtestari. Precari. Supplicare.

1. Rogare et orare se disent d’une demande, d’une requête ; on exprime tranquillement un désir : le rogans se sent l’égal de celui auquel il s’adresse et ne veut qu’une complaisance, comme l’αἰτῶν ; l’orans reconnaît la supériorité de l’autre et demande un bienfait, comme le δεόμενος. Obsecrare et obtestari expriment une requête passionnée, comme conjurer : l’obsecrans est vif, comme le λιπαρῶν ; l’obtestans est pressant. Cic. Att. XVI, 16. Igitur, mi Plance, rogo te atque etiam oro. Oui, mon cher Plancus, c’est une demande et même une requête. Pseudocic. Red. 16. Pro mea vos salute non rogavit solum, verum etiam obsecravit. Il ne vous a pas demandé, il vous a adjurés de me sauver.

2. Precari se dit d’une prière faite avec calme en levant les mains au ciel, comme εὔχεσθαι ; supplicare, d’une invocation passionnée, comme ἱϰετεύειν ; on se jette à genoux ou par terre, on se tord les mains. Mais precor se dit aussi par hyperbole de toute sollicitation, et supplicare, de toute humble requête adressée à des hommes. Cic. Parad. V, 3. Noctu venire domum ad eum, precari, denique supplicare. Aller le trouver la nuit dans sa maison, prier, supplier.

Rogare. Interrogare. Percontari. Sciscitari.

Rogare, interrogare et quærere, faire des questions : rogare, en comptant sur une réponse, on veut savoir ; interrogare, en espérant une réponse, on souhaite de savoir. Percontari et sciscitari, presser de questions : percontari, par envie de s’instruire, d’un ton sérieux et posé, il s’agit de s’éclairer ; sciscitari, avec un air de curiosité, d’indiscrétion, de précipitation, de finesse ; il s’agit de se renseigner.

Ruina. Strages.

Ruina, écroulement de matériaux superposés avec ordre, dont la base vient à céder ; strages, chute d’un corps qui se tenait debout et qu’un choc renverse. Liv. IV, 33. Strages ruinæ similis. Un abatis qui ressemble à un écroulement.

Rumor. Fama.

Rumor, bruit ou nouvelle qui se propage par des voies incertaines, obscures, clandestines, par opposition à la certitude ; fama, tradition que répand la voix publique, par opposition à ce qu’on sait pour l’avoir vu de ses propres yeux. Le bruit, rumor, intéresse par sa nouveauté ; c’est un sujet de curiosité, il passe avec la génération au milieu de laquelle il est né ; la tradition, fama, intéresse par son importance ; elle entre dans le domaine de la science et se transmet comme un héritage à la postérité.

Rus. Ager. Rusticus. Agrestis. Rusticanus.

1. Rus, la campagne, par opposition à la ville, le village avec sa banlieue ; ager, la campagne, par opposition à une localité quelconque, les champs. Cels. Med. 1. Sanum oportet... modo ruri esse, modo in urbe, sæpiusque in agro. Il faut, pour se porter bien, vivre tantôt à la campagne, tantôt à la ville, surtout aux champs.

2. Rusticus, ἀγροῖϰος, celui qui habite le village ; agrestis, ἄγριος, celui qui a grandi aux champs, en sauvage, comme ferus : le terme est cependant plus doux, car ferus exprime directement la sauvagerie comme faisant le fond du caractère, et agrestis en rappelle seulement l’idée par la désignation du séjour ou de l’origine.

3. Transportant ces termes aux qualités de l’esprit, rusticus désigne plutôt la grossièreté intellectuelle ; agrestis, la grossièreté morale. Rusticus s’entend, comme champêtre, de la timidité et de la simplicité ; il se rapproche dans le bon sens de l’innocence et dans le mauvais de la gaucherie ; agrestis marque, comme rustique, l’effronterie et la bassesse ; il ne se prend jamais en bonne part, il confine à la feritas. Le rusticus (opposé urbanus) ne blesse que les conventions du savoir-vivre ; l’agrestis (opposé humanus) blesse les lois naturelles de la décence.

4. Quand Cicéron veut adoucir encore l’idée exprimée par rusticus et prévenir toute équivoque, il emploie de préférence rusticanus. Rusticus désigne alors le paysan qui naît, vit et meurt au village ; rusticanus, le citadin que les circonstances y relèguent. On peut ranger parmi ces derniers les provinciaux, municipes, en qualité de rusticorum similes.

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