Varius. Diversus. Contrarius. Versicolor. Variegare.
1. Varium exprime les différences qu’on remarque dans un seul et même objet ; diversum, celles qui distinguent un objet d’un autre. Catull. 47, 10. Quos longe simul a domo profectos diverse variæ viæ reportant
, c’est-à-dire que toutes sortes de voies ramènent chez eux dans des directions tout à fait différentes. Tac. H. I, 25. Otho postquam vario sermone callidos et audaces cognovit, pretio et promissis onerat... Suspensos cæterorum animos diversis artibus (i. e. spe et metu) stimulant.
Othon cause avec eux, varie l’entretien, s’assure qu’ils sont rusés et hardis, les achète à prix d’or et les comble de promesses... Pour les autres, on aiguillonne par divers moyens ces esprits incertains.
2. Les diversa n’ont rien de commun entre eux et s’en vont dans des directions divergentes ou même opposées ; les contraria se font face et sont diamétralement opposés. D’où la gradation Cic. Divin. II, 55. Diversas aut etiam contrarias.
Tout ce qui est du domaine de la conjecture... est sujet de la part des hommes aux interprétations les plus diverses et souvent les plus opposées[1].
Vell. P. II, 75. Diversa præsentibus et contraria exspectatis sperare.
Avoir des espérances qui s’écartent des conjonctures et qui sont contraires aux probabilités.
3. Varium, bigarré, qui offre plusieurs couleurs à la fois, ποιϰίλον ; versicolor, chatoyant, qui change autant de fois de couleur qu’il y a de manières de l’exposer à la lumière, αἴολον. Propert. III, 13, 32. Aut variam plumæ versicoloris avem.
Un oiseau bigarré dont le plumage chatoie.
Pline (XXXVII, 10) exprime les deux idées par des périphrases lorsqu’il appelle à la fois la pierre mithrax multicolor et contra solem varie refulgens
.
4. Variare signifie en général donner un aspect varié ; variegare signifie en particulier donner un aspect dont la variété est dans les couleurs, barioler.
- 1 Traduction de la collection Panckoucke.
Vastare. Populari. Diripere. Agere ferre. Expilare. Spoliare. Peculari.
1. Vastare, ravager, détruire par fureur ou par politique la propriété de l’ennemi, πέρθειν, πορθεῖν ; populari, diripere et agere ferre, piller par intérêt personnel : populari, en grand, par exemple, enlever la moisson entière, emmener les troupeaux ; diripere, en petit, entrer dans les maisons, rompre les armoires ; agere ferre, des deux manières, comme ἄγειν ϰαὶ φέρειν.
2. Spoliare et populari, s’approprier des dépouilles en temps de guerre ; expilare et peculari, depeculari, en temps de paix : expilare, par violence ; peculari, par escroquerie et détournement de la propriété de l’État. Cic. Parad. VI, 1. Si socios spolias, ærarium expilas.
Si tu dépouilles les alliés, si tu portes la main sur le trésor.
Velle. Optare. Expetere. Cupere. Avere. Gestire.
1. Velle, optare et expetere expriment des actes de la raison qui se possède et se gouverne ; cupere, avere et gestire, des actes du sentiment surexcité et de la passion. Sen. Ep. 116. Cum tibi cupere interdixero, velle permittam.
Après t’avoir interdit les désirs, je te permettrai d’avoir des volontés.
2. Velle, vouloir et coopérer à la réalisation de sa propre volonté, θέλειν et ϐούλεσθαι ; optare, souhaiter et s’en remettre à d’autres ou au destin pour la réalisation du souhait, ποθεῖν ; expetere, exiger et mettre les autres en demeure de remplir cette exigence, ὀρέγεσθαι. Sen. Ep. 95. Sæpe aliud volumus, aliud optamus.
Nos volontés sont souvent en désaccord avec nos souhaits.
Cic. Off. I, 20. Nihil nisi quod honestum sit homines aut admirari, aut optare, aut expetere oportet.
Il convient que les hommes n’admirent, ne souhaitent, n’exigent rien qui ne soit honorable.
3. Cupere exprime un désir violent, passionné ; gestire, un désir vif qui se manifeste par des gestes ; avere, havere, un désir impatient, pressant. Cupidus, désireux, ἐπιθυμῶν ; gestiens, qui se réjouit à l’idée d’avoir une chose, χρῄζων ; avidus, avide. Cic. Sen. 8. Græcas litteras sic avide arripui, quasi diuturnam sitim explere cupiens.
Je me suis jeté sur la littérature grecque avec avidité, avec la passion d’apaiser une soif qui durait depuis longtemps.
Comparez avec Att. II, 18. Intellexi quam suspenso animo et sollicito scire averes, quid esset novi.
J’ai compris tes incertitudes et tes soucis, ton impatience de connaître les nouvelles.
Et IV, 11. Perge reliqua ; gestio scire ista omnia.
Continue, je me fais une fête de savoir tous ces détails.
Vendere. Venundare. Mancipare.
Vendere et venundare présentent la vente comme une transaction commerciale : dans vendere, l’idée principale est, comme dans vendre, la livraison de l’objet, et le prix d’achat n’est qu’un accessoire ; il est opposé à emere ; c’est le grec ἀποδόσθαι ; venundare fait ressortir, comme étaler, la mise en vente, l’offre de la marchandise, πιπράσϰειν, πωλεῖν, ἀπεμπολᾷν. Mancipare, aliéner, présente la vente comme un acte juridique par lequel on cède et transporte à un autre la propriété d’une chose avec toutes les prétentions qu’on y avait jusque-là, en due forme.
Ventus. Procella. Tempestas. Vortex. Turbo.
Ventus, le vent, comme terme générique ; procella et tempestas, vent violent : procella, bourrasque, coup de vent ; tempestas, tempête, orage complet, accompagné d’éclairs, de tonnerre, de pluie ou de grêle. Vortex et turbo, tourbillon : vortex, tourbillon faible qui ne soulève que la poussière ; turbo, tourbillon impétueux qui cause des dégâts.
Verberare. Icere. Ferire. Cedere. Pulsare. Mulcare. Pavire. Cudere.
1. Verberare, ferire et icere, frapper en général, de loin, de près, de toute manière. Le verberans porte un coup qui rebondit ; l’iciens et le feriens, un coup qui pénètre, blesse ou brise : l’iciens lance son coup, par exemple, fulmine ictus ; le feriens pousse et heurte, par exemple, murum ariete ferire. Cædere, pulsare et mulcare sont des termes plus particuliers et signifient battre avec un instrument fait exprès : cædere, avec un instrument tranchant qui fait une blessure, hache, sabre, fouet, verges, étrivières ; pulsare et mulcare, avec un instrument contondant, un bâton ou le poing. Pulsare prend, comme battre, un complément quelconque ; mulcare, comme bâtonner, ne peut avoir pour complément que le nom d’un être sensible à la douleur, surtout l’homme.
2. Au sens restreint, verberare exprime un châtiment administré de sang-froid et qui consiste en coups de bâton, c’est une punition en forme infligée par l’autorité compétente ; pulsare et mulcare signifient un mauvais traitement par coups ou bourrades, exercé par des personnes qui n’y sont point autorisées, c’est une vengeance. Pulsare s’entend d’un traitement grossier ; on frappe avec la main ou avec une canne, on n’en veut guère qu’à l’honneur et à la dignité des gens ; mulcare marque un traitement brutal ; on se sert pour frapper des poings ou d’un gourdin ; on a surtout en vue de causer des douleurs physiques, on rosse.
3. Pavire, battre, pour solidifier à force de coups une masse molle ; cudere, pour aplatir et élargir une masse dure. Fulgere, battuere et cajare sont des termes vieillis ou communs pour battre.
Verbum. Vocabulum. Vox. Dictum. Dicterium.
1. Verbum, le mot considéré comme une partie de la phrase ; vocabulum, comme un élément de la langue. Les mots, verba, sont du ressort de l’usage ; les termes, vocabula, sont du ressort du dictionnaire.
2. Verba, les mots par rapport à leur signification ; voces, par rapport à leur forme et à leur son.
3. Comme terme technique de grammaire, vox comprend toutes les huit parties du discours ; vocabulum, tous les mots proprement dits, à l’exception des interjections ou sons naturels ; nomen, seulement les noms appellatifs, adjectifs, substantifs et pronoms ; et verbum, seulement les verbes.
4. Au sens collectif, verbum s’entend d’une pensée générale, comme sentence ; vox, dictum et dicterium, d’une saillie qui appartient à telle ou telle personne : vox est l’expression du sentiment ou de la passion, c’est une exclamation ; dictum est un trait d’esprit et d’intelligence, comme un bon mot. Tac. H. III, 39. Audita est sævissima Vitellii vox, qua se pavisse oculos spectata inimici morte jactavit.
Vitellius eut une exclamation cruelle ; on l’entendit qui se vantait crûment d’avoir rassasié ses yeux au spectacle de la mort d’un de ses ennemis particuliers.
Comparez avec Ann. VI, 20. Scitum Passieni dictum percrebuit, neque meliorem unquam servum, neque deteriorem dominum fuisse.
Un trait spirituel de l’orateur Passiénus et qui courut partout, c’est qu’il n’y avait jamais eu ni de meilleur esclave ni de plus mauvais maître.
5. Dictum, terme général et populaire pour toute parole piquante ; dicterium, terme savant d’une époque postérieure pour une parole piquante par excellence qui est le fruit de l’esprit naturel développé par l’étude des lettres et le commerce de la bonne société.
Vereri. Timere. Metuere. Spes. Fiducia. Timor. Timiditas. Ignavia. Formido. Horror.
1. Vereri exprime, comme αἰδεῖσθαι, un effet qui a sa raison d’être dans une dignité qui nous impose ; metuere et timere expriment, comme δεῖσαι et φοϐεῖσθαι, un effet qui résulte du caractère dangereux et menaçant d’un objet. Le timens et le metuens craignent de courir un danger ; le verens craint d’être couvert de honte et de confusion. Cic. Phil. XII, 12 : Quid ? veteranos non veremur ? nam timeri ne ipsi quidem volunt.
Eh quoi ! est-ce que nous ne révérons point les vétérans ? car, pour aller jusqu’à la peur, c’est ce qu’ils ne veulent point eux-mêmes.
Sen. II, 37. Metuebant eum servi, verebantur liberi, carum omnes habebant.
Ses esclaves le craignaient, ses enfants le révéraient, tout le monde le chérissait.
Liv. XXXIX, 37. Veremur quidem vos, Romani, et si ita vultis etiam timemus.
Nous vous révérons, ô Romains, et nous avons même peur de vous, si c’est là ce que vous voulez.
Afran. ap. Gell. XV, 13. Ubi malunt metui quam vereri se ab suis.
Dès qu’ils aiment mieux être craints que révérés par les leurs.
Sen. Ir. III, 32. Quibusdam timeamus irasci, quibusdam vereamur.
Ne nous fâchons point contre certains personnages, contre ceux-là par peur, contre ceux-ci par une crainte respectueuse.
2. Metus, la crainte prise comme l’attente d’un mal qu’on a en perspective, auquel on songe, l’inquiétude par prévoyance et prudence, comme δέος, synonyme de cautio ; timor, la peur par lâcheté et faiblesse. En d’autres termes, la crainte, metus, est une affaire d’intelligence, elle occupe la pensée ; la peur, timor, est une affaire de sentiment, elle saisit le cœur. Metus s’oppose à spes ; timor, à fiducia, animus. Cic. Tusc. IV, 31. Confidere decet, timere non decet.
Il s’agit d’avoir pleine confiance, il ne s’agit point d’avoir peur.
3. Même différence entre spes, l’espérance, et fiducia, la confiance. Sen. Ep. 16. Jam de te spem habeo, nondum fiduciam.
Tu me donnes déjà des espérances, tu ne m’inspires pas encore de confiance.
Tac. Agr. 3. Nec spem modo ac votum securitas publica, sed ipsius voti fiduciam ac robur assumpserit.
On ne se borne plus à espérer et à appeler de ses vœux la sécurité publique, mais on en jouit avec un sentiment de confiance et de stabilité.
Suet, Cl. 10. Aliquanto minore spe quam fiducia.
Il y avait un peu moins d’espérance que de confiance.
4. Timor présente la peur comme un état passager ; timiditas présente la timidité comme une qualité habituelle qui se comporte, par rapport à l’ignavia, comme le terme précis par rapport au terme général. Lactant. III, 17. Epicurus... ignavum prohibet accedere ad rem publicam, pigrum exercere, timidum militare.
Epicure ôte aux gens incapables l’accès des affaires, aux gens paresseux leur maniement, aux gens timides la guerre.
L’ignavia est l’incapacité de faire aucune action noble et particulièrement aucun exploit courageux ; la timiditas est excusable dans certaines circonstances ; l’ignavia est toujours condamnable.
5. La crainte, metus, et la peur, timor, naissent de la réflexion qui distingue nettement l’objet et la cause de l’inquiétude. L’effroi, horror, et l’épouvante, formido, naissent d’une émotion vive et subite qui accable l’esprit en lui présentant des images pénibles, des visions affreuses et qui le rend incapable de se raisonner : mais formido, l’épouvante, exprime directement un état de l’âme, ὀῤῥωδία ; horror, l’effroi, n’exprime que la manifestation de cet état lorsqu’il se révèle par des cheveux qui se dressent, par des yeux égarés, etc., comme φρίϰη. Tac. H. IV, 46. Metus per omnes ac præcipua Germanici militis formido.
La crainte partout, l’épouvante au plus haut chez les troupes de Germanie.
Vereri. Revereri. Venerari. Colere. Observare. Adorare. Admirari. Suspicere.
1. Vereri et revereri, avoir du respect ; venerari, témoigner du respect. Tac. Ann. XIV, 13. Venerationem sui
, les respects qu’on lui rendrait ; comparez avec matris reverentia, le respect que lui inspirait sa mère.
2. Vereri marque la considération poussée jusqu’à la crainte et à la timidité ; revereri, la crainte et la timidité inspirées par la considération. Dans vereri, c’est la crainte ; dans revereri, la considération qui est l’idée principale. Verecundia signifie la peur de se mettre dans son tort vis-à-vis d’une personne que l’on considère ; reverentia, la conviction intime que le mérite de la personne justifie cette peur.
3. Venerari ne s’emploie (du moins dans Cicéron) qu’en parlant des honneurs qu’on rend aux dieux ou à des êtres supérieurs ; observare se dit de ceux qu’on rend aux hommes ; colere, des deux. Cic. Rep. I, 12. Ut... Africanum ut deum coleret Lælius, domi vicissim Lælium observaret in parentis loco Scipio.
Lélius honorerait comme un dieu Scipion l’Africain ; à Rome, Scipion à son tour aurait pour Lélius toutes les attentions qu’on a pour un père.
Le venerans ne vise qu’à exprimer le respect qu’il doit, et à détourner de lui par son humilité la colère des dieux ; le colens vise par des complaisances, des services et des égards de toute sorte, à gagner la faveur de quelqu’un et à en retirer des fruits comme d’un champ cultivé. La veneratio se marque surtout par la prière, le cultus par le sacrifice ; la veneratio est un acte isolé, passager, le cultus, une manifestation permanente de respect. Tac. H. I, 10. Vespasianus... Titum filium ad venerationem cultumque (Galbæ) miserat
, c’est-à-dire que Titus devait présenter au nouvel empereur l’hommage de Vespasien et rester à la cour.
4. Observare comparé à colere donne à la pensée un tour indirect et se dit des égards auxquels on ne manque pas, par opposition à la négligence ; mais il ne suit point de là que l’un des deux termes soit plus fort et l’autre plus faible. Colere s’entend de démonstrations palpables, operam ; observare, d’attentions délicates, pietatem, et c’est tantôt aux unes, tantôt aux autres qu’on attache le plus de prix.
5. Adorare, terme général pour toute espèce de culte rendu aux dieux ; la veneratio tend à se restreindre aux gestes, la precatio aux formules.
6. Reveremur validas auctoritates ; admiramur raras virtutes ; suspicimus excellentia dignitate.
Nous respectons l’autorité, nous admirons la vertu, nous levons les yeux vers les grandeurs.
Je me représente d’ailleurs le reverens dans un état de crainte silencieuse ; l’admirans, dans un enthousiasme bruyant ou du moins visible ; le suspiciens, sous les traits d’une personne étonnée qui sent humblement sa propre infériorité. Revereri se rapporte particulièrement à une supériorité morale ; admirari, à une supériorité intellectuelle et morale ; suspicere, à une supériorité quelconque, même de hasard.
Vernalis. Vernilis.
Vernaliter contient un éloge : avec l’adresse et la prestesse d’un serviteur bien appris et zélé ; il est synonyme de sedulo. Verniliter contient un blâme : d’une manière ignoble et commune qui sent l’esclavage ; il est synonyme de serviliter ; mais verniliter se rapporte à la grossièreté des façons, comme rustiquement ; serviliter, à la bassesse des sentiments, comme servilement.
Vertere. Torquere. Convertere. Invertere. Pervertere.
1. Vertere, tourner ou retourner, c’est-à-dire remuer un objet pour lui donner une autre position ou une autre place, τρέπειν ; torquere, tourner dans le sens de mouvoir autour d’un point fixe ou d’un axe, στρέφειν.
2. Convertere signifie 1º avec un sujet au pluriel : tourner tous à la fois, par exemple Cæs. B. C. I, 80. Ut pæne terga convertant
, peu s’en faut qu’ils ne tournent le dos tous à la fois
; 2º par rapport à l’achèvement de l’action : tourner tout à fait. Invertere veut dire seulement tourner à moitié, en sorte que l’objet prenne la position inverse et montre l’envers ; enfin, pervertere, tourner en sorte que l’objet prenne une fausse position, soit hors d’usage, ou perdu, mettre sens dessus dessous.
Vestis. Vestitus. Vestimentum. Amictus. Amiculum. Cultus. Habitus.
1. Vestis, terme général qui signifie tantôt l’habillement entier, vestitus, tantôt une pièce de l’habillement, vestimentum. Vestem mutare veut dire prendre le deuil ; vestimenta mutare, changer d’habits.
2. Vestis et vestimentum, vêtement qui couvre le corps par raison de nécessité ou de décence ; amictus et amiculum, vêtement qu’on met par-dessus les autres pour avoir plus chaud ou pour se parer : amictus, tout l’habillement de dessus ; amiculum, pièce détachée, surtout. Tac. G. 17. Feminæ sæpius lineis amictibus velantur, partemque vestitus superioris in manicas non extendunt.
Les femmes portent plus souvent que les hommes des vêtements de dessus en lin, et il n’y a point de manches dans le haut de leur habillement.
3. Cultus et habitus expriment des idées plus complexes que vestis : cultus comprend tout ce qui se rattache à la mise, ceinture, chapeau, parures, armes ; habitus, tout ce qui touche de près ou de loin à la toilette, propreté, coiffure, tenue. Suet. Cæs. 44. Dicam ea quæ ad formam et habitum et cultum et mores pertineant.
Je vais esquisser son portrait et dire un mot de sa toilette, de sa mise, de ses mœurs.
Cal. 52. Vestitu calceatuque cæteroque habitu.
Dans son habillement, dans sa chaussure, dans toute sa toilette.
Vetare. Interdicere.
Vetare, défendre au nom de la loi par opposition à jubere ; interdicere, interdire en vertu des pouvoirs qu’on tient de sa charge par opposition à addicere, permittere.
Vetus. Senex. Grandævus. Longævus. Senecta. Senectus. Senium.
1. Vetus homo, l’homme vieux à partir de la cinquantaine, par opposition à juvenis, l’homme jeune, comme γέρων ; senex, le vieillard à partir de la soixantième année avec une idée accessoire de dignité, comme πρεσϐυτής : enfin grandævus et longævus, vieillard chargé de jours qui a dépassé la durée ordinaire de la vie, c’est-à-dire à partir à peu près de la quatre-vingtième année.
2. Senecta, la vieillesse au sens indifférent, comme degré de la vie ; senectus, la vieillesse vénérable et expérimentée qui impose du respect et des égards ; senium, le grand âge qui affaiblit, accable et qu’on peut regarder comme une infirmité.
Vicinus. Finitimus. Confinis.
Vicini, voisins, d’une maison, d’une cour à l’autre ; finitimi et confines, d’un pays à l’autre : finitimi, au sens simple et incomplexe, nos voisins, ceux qui habitent à notre frontière, c’est un simple terme géographique ; confines, exprime une relation réciproque, il s’agit de peuples mutuellement voisins qui ont une frontière en commun, avec une idée morale accessoire, celle d’une amitié qui se joint au voisinage. Les finitimi sont séparés par une démarcation, finibus diremti ; les confines ou confinio conjuncti ont des points de contact.
Vicissim. Invicem. Mutuo.
Vicissim marque comme alternativement et vice versa que deux personnes ou deux objets font ou éprouvent successivement quelque chose : invicem et mutuo, qu’ils le font ou l’éprouvent en même temps : invicem a plus de rapport à des actions ; mutuo, à des situations réciproques. Ils répondent à réciproquement et mutuellement.
Videre. Cernere. Spectare. Intueri. Conspicere. Adspicere. Adspectus. Conspectus. Obtutus.
1. Videre et cernere, voir, prendre connaissance par l’organe de la vue : videre, prendre connaissance en gros, comme ὁρᾷν, par opposition à ne pas voir à cause de quelque obstacle qui boucherait la vue ; cernere, prendre une connaissance précise et claire, par opposition à une vue incertaine et troublée. Spectare, intueri, tueri et contueri, regarder, arrêter les yeux sur un objet : spectare, regarder tranquillement un objet qui intéresse l’esprit et s’y arrêter comme à un spectacle, considérer, θεᾶσθαι ; intueri, fixer son regard sur un objet qui attire l’imagination ou le cœur, contempler, θεωρεῖν. Cic. Famm. VII, 1. Neque nos qui hæc spectavimus, quidquam novi vidimus.
Et nous-mêmes qui avions les yeux ouverts sur cela, nous n’avons rien vu de nouveau.
2. Intueri signifie simplement contempler avec attention, mais contueri, contempler avec fixité, avec pénétration et avec de grands yeux.
3. Conspicere, apercevoir, c’est-à-dire avoir la vue frappée d’un objet et le plus souvent sans s’y attendre ; adspicere, regarder, c’est-à-dire jeter les yeux sur un objet, qu’on ait ou non conscience de la sensation.
4. Adspectus a le sens actif, c’est le sujet qui regarde ; conspectus a le sens passif, c’est le sujet qui est vu, qui fait tableau, c’est encore et souvent le cercle que la vue embrasse. Obtutus, le regard, a le sens neutre. Suet. Tib. 43. Ut adspectu deficientes libidines excitaret.
Pour rallumer par cette vue ses feux épuisés.
Comparez avec Cal. 9. Tumultuantes conspectu suo flexit.
Sa vue fit reculer les soldats soulevés.
Et avec Cic. Orat. III, 5. Qui vultum ejus quum ei dicendum esset, obtutumque oculorum in cogitando probe nosset.
Lui qui connaissait parfaitement l’air qu’il prenait au moment de parler et le regard qu’il avait quand il réfléchissait.
Vigens. Vegetus. Vividus. Vivus. Animans. Vitalis. Vivax.
1. Vigens se dit d’un homme frais et vigoureux de corps et d’esprit ; vegetus, d’un homme éveillé et vif sous le rapport de l’esprit ; vividus, d’un homme plein de vie et d’énergie au moral. Liv. VI, 22. Exactæ jam ætatis Camillus erat... sed vegetum ingenium in vivido pectore vigebat, virebatque integris sensibus.
Camille conservait dans un âge avancé un esprit vif et frais, un cœur énergique, une constitution intacte et florissante.
2. Vivus, vivant par opposition à mort ; animans, animé par opposition à inanimé.
3. Vitalis, qui a la vie longue ; vivax, qui a la vie dure.
Vigil. Insomnis. Exsomnis.
Vigil présente l’état de veille par le côté positif : on sait ce qu’on fait, on veut le faire, on y applique ses forces, on est éveillé et agissant, c’est le grec ἄγρυπνος. Insomnis et exsomnis ne présentent ce même état que par le côté négatif, comme une privation de sommeil, ἄύπνος ; mais l’insomnis ne peut pas, l’exsomnis, ne veut pas dormir. Tac. Ann. I, 65. Cum oberrarent tentoriis insomnes magis quam pervigiles.
Ils erraient le long des tentes faute de pouvoir dormir plutôt que par un surcroît de vigilance.
Vell. Pat. II, 88. Mæcenas ubi res vigiliam exigeret, sane exsomnis.
Quand les affaires exigeaient de la vigilance, Mécène se privait tout à fait de sommeil.
Hor. Od. III, 7, 6. Noctes non sine multis insomniis lacrimis agit.
Il passe ses nuits dans les pleurs sans sommeil.
Comparez avec 25, 7. Non secus in jugis exsomnis stupet Evias.
Comme une bacchante qui court la montagne et qui lutte contre le sommeil reste stupéfaite à la vue de l’Hèbre.
Villa. Fundus. Prædium. Ager. Campus. Rus. Arvum.
1. Villa, maison de campagne ordinairement avec une pièce de terre ; fundus, pièce de terre ordinairement avec une maison de campagne ; prædium, tantôt la maison, tantôt la pièce, comme bien de campagne. Villa est d’ailleurs un terme d’architecture ; fundus, un terme économique ; prædium, un terme de droit. Cat. R. R. 3. Ita ædifices, ne villa fundum quærat, neve fundus villam.
Bâtissez dans de justes proportions en sorte que la maison n’ait pas l’air de courir après le domaine, ni le domaine après la maison.
2. Villa, fundus et prædium supposent un propriétaire, comme portio ; ager, arvum, rus et campus se conçoivent sans aucun rapport à un propriétaire, comme pars.
3. Ager et campus, la campagne, cultivée ou non : ager, le sol par opposition au terrain occupé par des constructions ou des plantations d’arbres, à urbs, oppidum, vicus, hortus, silva, comme ἀγρός ; campus, les basses terres et les plaines, comme πεδίον, par opposition aux hauteurs, à mons et collis.
4. Rus et arvum, le champ, la terre à blé : rus, par opposition au village ou à la ville, comme ἄρουρα ; arvum, par opposition aux pâturages et aux plantations d’arbres, à pabulum, pascuum, pratum, olivetum, comme ἄροτος. Cic. Fr. ap. Quintil. IV, 2, 131. Fundum habet in agro Thurino Tullius paternum.
Tullius possède un bien patrimonial dans la banlieue de Thurium.
Orat. III, 33. De fundo emendo, de agro colendo.
Un domaine à acheter, un sol à cultiver.
Tac. G. 26. Arva per annos mutant, et superest ager.
Ils changent tous les ans de champs de blé, et ce n’est pas le sol qui leur manque.
Vincere. Superare. Opprimere.
1. Vincere, chasser l’adversaire de sa position, comme vaincre, νιϰᾷν ; superare, prendre le dessus sur son adversaire, comme ὑπερϐάλλεσθαι. Le vincens est aux prises avec des ennemis, le superans avec des obstacles. Tac. Ann. II, 25. Invictos et nullis casibus superabiles Romanos.
Les Romains sont invincibles et supérieurs à tous les événements[1].
2. Evincere marque en particulier l’acharnement et la durée du combat ; devincere, le succès du combat et la plénitude de la victoire.
3. Vincere, vaincre à la suite d’un combat ; opprimere, sans combat, en paraissant, par surprise ou par une supériorité de forces décisive. Cic. Mil. II. Vi victa vis vel potius oppressa virtute audacia est.
La force a vaincu la force, ou pour mieux dire, le vrai courage a d’abord accablé l’audace.
Et de même Muren. 15. Mithridatem L. Murena repressum magna ex parte, non oppressum reliquit.
Au départ de L. Muréna, Mithridate était fort empêché, mais point accablé.
Vincula. Catenæ. Compedes. Pedicæ. Manicæ.
Vincula, toute sorte de liens, terme générique par rapport à catenæ, comme δεσμοί ; catenæ, chaînes, soit pour enchaîner, soit pour d’autres usages, comme ἁλύσεις ; compedes, fers en général pour les mains ou les pieds : pedicæ, pour enchaîner les pieds ; manicæ, pour enchaîner les mains, menottes. Tac. Ann. VI, 14. Celsus in vinclis laxatam catenam et circumdatam in diversum tendens suam ipse cervicem perfregit.
Celsus était lié ; à force de tirer sur une chaîne lâche qui faisait le tour du cou il réussit à se casser le cou.
Vindicta. Ultio. Talio. Pœna. Mulcta. Castigatio. Puniri.
1. Vindicta, acte de justice comme la punition ; ultio, acte de colère comme la vengeance ; talio, acte de représailles.
2. Ultio, vindicta et talio, actes d’autorité privée ; punitio, mulctatio et castigatio, actes d’autorité publique : pœna, peine afflictive qu’exige la loi violée et offensée ; mulcta, satisfaction que réclament la justice et l’équité en compensation d’un dommage et qui consiste de préférence en une amende ; castigatio, correction qui s’adresse à un individu, surtout par voie de réprimande. La pœna profite au public, la mulcta à la partie adverse, la castigatio au coupable.
3. Punire, punir suivant les principes de la justice ; puniri, dans Cicéron, exercer une vengeance personnelle.
Vinum. Temetum.
Vinum, nom général et usuel ; temetum, nom archaïque et poétique du vin.
Virgo. Puella. Virago.
Virgo, fille qui n’est point mariée, jeune ou vieille, par opposition à mulier, παρθένός ; puella, jeune femme mariée ou non, par exemple l’épouse de Néron, Octavie, à l’âge de vingt ans, dans Tac. Ann. XIV, 64, ϰόρη ; virago, jeune fille forte comme un homme, héroïque, par exemple les amazones, ἀντιάνειραι.
Virtus. Innocentia. Honestas.
Virtus, la vertu qui se manifeste par des actions solides et méritoires ; innocentia, par une conduite irréprochable et surtout désintéressée ; honestas, par des sentiments vertueux et nobles.
Vita. Salus. Victus.
1. Vita, la vie dans sa durée, par opposition à mors ; salus, la vie sauve, par opposition à interitus, exitium.
2. Vita, la vie publique, victus, la vie privée d’un homme. Nep. Alc. 1. Splendidus non minus in vita quam in victu.
Aussi magnifique dans la vie publique que dans la vie privée.
Vitium. Menda. Mendum. Labes. Macula.
Vitium, défaut quelconque ; menda, défaut naturel, surtout corporel, infirmité, ϐλάϐη ; mendum, faute qu’on a commise, surtout dans des écrits, bévue, ἁμάρτημα ; labes, faute infamante, souillure, λύμη ; macula, défaut qui défigure, tache, ϰηλίς.
Vix. Ægre.
Vix, à peine, se rapporte exclusivement, comme σχολῄ, à la chose qui pour un rien manquerait, par opposition à omnino non ; ægre, avec peine et à grand’ peine, μόλις et μόγις, se rapporte au sujet qui agit et qui est inquiet de savoir s’il réussira complétement ou s’il échouera, par opposition à facile.
Volucres. Aves. Alites.
Volucres, tout ce qui vole, y compris les insectes ailés, les volatiles, comme πτηνός ; aves et alites, les oiseaux seulement : avis, terme général d’histoire naturelle pour tous les oiseaux, comme ὄρνις ; ales, terme choisi pour les grands oiseaux seulement, comme οἰωνὸς, en particulier l’aigle ; et alites, comme terme technique de la langue des augures, les oiseaux dont on observait et interprétait le vol, par opposition à oscines ou aux oiseaux dont on interprétait le chant et les cris. Ovid. Art. am. III, 410. Jovis in multas devolat ales aves.
L’oiseau de Jupiter fond sur la gent emplumée.
Vorago. Vortex. Gurges.
Vorago et barathrum, qui est étranger et poétique, eau sans fond, abîme qui peut exister dans un marais, un étang, un lac ; vortex et gurges, supposent une eau agitée : le vortex se meut dans le sens horizontal, l’eau tourne simplement en cercle, empêchant les objets qui surnagent d’aller plus loin, comme le tourbillon ; le gurges se meut dans le sens vertical, il entraîne au fond ce qui tombe dans son domaine, comme le gouffre. Liv. XXVII, 30. Navis retro vortice intorta.
Vaisseau ramené en arrière par le tourbillon.
Comparez avec XXII, 6. Deficientibus animis hauriebantur gurgitibus.
Le cœur leur manquait et ils étaient engloutis dans les gouffres.
Vulnus. Plaga. Ulcus. Cicatrix. Saucius.
1. Vulnus et plaga, lésion qui provient d’une cause extérieure : vulnus, d’une arme ou d’un instrument tranchant, blessure ; plaga, d’un instrument quelconque, contusion ; ulcus, plaie ouverte ou ulcère, abcès crevés, etc. ; et cicatrix, cicatrice qui remplace la blessure après la guérison. Suet. Vit. 10. Verbera et plagas, sæpe vulnera, nonnunquam necem repræsentantes adversantibus.
La moindre résistance valait aux gens des coups et des contusions, souvent des blessures, quelquefois la mort.
2. Vulneratus, blessé en général ; saucius, mis hors de combat par une blessure, c’est le terme propre pour les blessés à la bataille. Cic. Verr. I, 27. Servi nonnulli vulnerantur, ipse Rubrius sauciatur.
Plusieurs esclaves sont blessés, Rubrius est mis hors de combat.