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Nouveaux Contes des Collines

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L'ACCÈS DE FOLIE DU SOLDAT ORTHERIS

Oh! où voudrais-je être quand mon gosier sera sec?
Oh! où voudrais-je être quand voleront les balles?
Oh! où voudrais-je être à l'heure de mourir?
Mais!
Quelque part tout près de mon copain.
S'il a quelque chose à boire il m'en donnera,
Si je meurs il me soutiendra la tête,
Et quand je serai mort il écrira à ceux de chez moi.
Que Dieu nous donne un bon copain!

(Chanson de chambrée.)

Mes amis Mulvaney et Ortheris étaient partis à la chasse pour un jour.

Learoyd était encore à l'hôpital à se remettre d'une fièvre attrapée en Birmanie.

Ils m'envoyèrent une invitation à les rejoindre, et ils furent réellement peinés en me voyant apporter de la bière, en quantité presque suffisante pour contenter deux simples soldats d'infanterie… et moi-même.

—Ce n'est pas pour ça que nous vous avons invité, monsieur: c'est pour le plaisir de votre société, dit Mulvaney d'un air boudeur.

Ortheris vint à mon aide en ces termes:

—Bah! Il ne s'en trouvera pas plus mal pour avoir apporté du liquide avec lui. Nous ne sommes pas des gens de la haute. Nous sommes de damnés Tommies, tu entends, mauvais Irlandais, et… à votre bonne santé!

Nous chassâmes toute la matinée et nous tuâmes deux chiens errants, quatre perroquets verts au perchoir, un vautour près du défilé où il fait chaud, un serpent volant, une tortue de terre, et huit corbeaux.

Le gibier abondait.

Ensuite on s'installa pour le goûter,—bœuf et boule de son, comme disait Mulvaney,—au bord de la rivière, non sans tirer à la cible sur les crocodiles, tout en coupant notre viande avec le seul couteau de poche que nous possédions à nous trois.

Puis, on but toute la bière. On jeta les bouteilles à l'eau et on tira dessus.

Cela fait, on desserra sa ceinture. On s'allongea sur le sable chaud et on fuma.

Nous étions trop paresseux pour recommencer à chasser.

Ortheris poussa un gros soupir.

Il était étendu sur le ventre, la tête entre les poings.

Alors, il se mit tranquillement à envoyer des jurons vers le ciel bleu.

—Qu'est-ce que ça veut dire? dit Mulvaney. Est-ce que nous n'avons pas assez bu?

—Je rêvais à Tottenham Court Road, et à une particulière qui demeure là. A quoi ça mène-t-il d'être soldat?

—Ortheris, mon fils, se hâta de dire Mulvaney, il est plus que probable que la bière t'a fait mal; je suis comme ça quand mon foie commence à se rouiller.

Ortheris, au lieu de relever l'interruption, continua lentement:

—Je suis un Tommy, un sacré Tommy, à huit annas par jour, un voleur de Tommy, avec un numéro au lieu d'un nom convenable. A quoi suis-je bon? Si j'étais resté là-bas, j'aurais pu épouser cette particulière, et je tiendrais une petite boutique à Hammersmith High: «Ortheris, naturaliste», avec un renard empaillé, comme celui qu'on voit dans la vitrine des Laiteries d'Aylesbury, une petite boîte d'yeux de verre bleus et jaunes et une petite femme pour crier: «Voyez magasin!» chaque fois que la sonnette se ferait entendre. Tandis qu'aujourd'hui je suis tout simplement un Tommy, un sacré Tommy abandonné par Dieu et débordant de bière. «Reposez… armes! Garde à vos! Repos! Garde à vos!… L'arme sur l'épaule gauche… gauche!… Pas de route… Marche! Halte!… Front! Reposez… armes! Garde à vos! Char… gez!» Et voilà comment je finirai.

Les commandements qu'il débitait étaient ceux du service pour les funérailles.

—En voilà assez! cria Mulvaney. Quand tu auras tiré à blanc aussi souvent que je l'ai fait, sur la tombe d'un homme qui valait mieux que toi, tu n'auras plus l'idée de tourner ces commandements en ridicule. C'est pire que de siffler la Marche des morts à la caserne. C'est que tu es plein comme une bourrique et que le temps est frais, et voilà tout! voilà tout! J'en ai honte pour toi: tu ne vaux pas mieux qu'un païen, avec tes parties de chasse et tes yeux de verre. Ne vas-tu pas bientôt te taire?

Que pouvais-je faire? Pouvais-je dire à Ortheris quelque chose qu'il ignorât sur les côtés agréables de sa vie? Je n'étais ni aumônier, ni lieutenant; et Ortheris avait le droit de dire ce qu'il pensait.

—Laissez-le continuer, Mulvaney, dis-je. C'est la bière.

—Non, dit Mulvaney, ce n'est pas la bière; je sais ce qui va arriver. Il a passé par là plus d'une fois, le petit, et c'est fâcheux, très fâcheux, car je l'aime bien.

Vraiment l'inquiétude de Mulvaney me paraissait déplacée; mais je savais qu'il avait pour Ortheris des sentiments presque paternels.

—Laisse-moi parler, laisse-moi parler, dit Ortheris d'un air distrait. Est-ce que tu peux faire taire un perroquet quand il fait très chaud et que les barreaux de sa cage brûlent ses pauvres petites pattes rouges, dis, Mulvaney?

—Des pattes rouges? Vas-tu me dire que tu as des pattes rouges dans tes godillots, espèce d'âne?

Et Mulvaney concentra ses forces pour lancer une terrible injure:

—Maîtresse d'école! Des pattes rouges? Combien a-t-il fallu de bouteilles de bière Bass avec l'étiquette, pour faire déraisonner ce pauvre enfant?

—Ça n'est pas de la Bass, dit Ortheris, c'est une sorte de bière encore plus amère… C'est le mal du pays.

—Vous l'entendez! Et dire qu'il n'a pas quatre mois à attendre pour retourner au pays sur le Sérapis.

—Je m'en moque, ça m'est égal. Est-ce que tu sais si je n'ai pas peur de mourir avant d'avoir obtenu mes papiers?

Et il recommença, d'une voix monotone, les commandements du service des funérailles.

Je n'avais jamais vu jusqu'alors cet aspect du caractère d'Ortheris, mais il était évident que Mulvaney, lui, le connaissait, et qu'il prenait cela très au sérieux.

Pendant qu'Ortheris bavardait, sa tête posée sur son bras, Mulvaney me dit à voix basse:

—Ça le prend toujours quand il a été trop malmené par les moutards dont on fait des sergents aujourd'hui. Ça, et le désœuvrement. Je ne sais que faire, je n'y comprends rien.

—Bah! cela importe peu, il n'y a qu'à le laisser s'égosiller.

Ortheris se mit à chanter une parodie du Régiment de l'Écouvillon, pleine de charmantes allusions à la bataille, au carnage, à la mort soudaine.

Tout en chantant, il regardait de l'autre côté de la rivière, avec une expression de physionomie que je ne lui connaissais pas.

Mulvaney me poussa le coude pour solliciter mon attention.

—Vous trouvez que cela importe peu! Cela importe beaucoup, au contraire. C'est une espèce de crise qui le prend. Elle le tiendra toute la nuit, et, au beau milieu de la nuit, il se lèvera et ira au râtelier chercher ses armes et ses effets.

«Puis, il viendra me trouver, pour me dire:

«—Je pars pour Bombay. Tu répondras pour moi à l'appel du matin.

«Alors, nous nous battrons tous les deux; ça nous est déjà arrivé, lui voulant s'en aller, et moi le retenir, et l'on nous punira l'un et l'autre pour désordre dans la caserne.

«En pareil cas, je le cravache à coups de ceinturon, je lui casse la tête, je lui parle, mais tout cela est inutile quand sa crise le prend.

«Il est aussi doux qu'un enfant quand il a son bon sens.

«Mais je sais bien ce qui va se passer cette nuit à la caserne. Dieu veuille qu'il ne s'échappe pas avant que j'aie pu me lever pour l'assommer. Voilà à quoi je pense, nuit et jour.»

La chose se présentait sous un aspect assez désagréable et qui expliquait amplement l'inquiétude de Mulvaney. Il me sembla qu'il essayait de dissiper la crise par de bonnes paroles, car il cria dans la direction de la berge, où le jeune homme était étendu:

—Écoute-moi, à présent, l'homme aux pattes rouges et aux yeux de verre. Est-ce que tu as jamais traversé l'Iraouaddy à la nage derrière moi, comme un bon gars, ou bien est-ce que tu te tenais caché sous un lit, comme tu as fait à Ahmed Kheyl?

C'était à la fois une grossière insulte et un impudent mensonge. Mulvaney espérait l'amener ainsi à se battre.

Mais Ortheris paraissait enfermé dans une sorte de sommeil hypnotique.

Il répondit avec lenteur, sans laisser percer la moindre irritation, de la même voix cadencée avec laquelle il avait débité les commandements du service funéraire:

—J'ai traversé l'Iraouaddy à la nage, pendant la nuit, comme tu le sais, pour prendre la ville de Lungtungpen, tout nu et sans peur. Où j'étais à Ahmed Kheyl, tu le sais aussi, et il y a, en outre, quatre maudits Pathans qui le savent. Mais alors il y avait quelque chose à faire, et je ne pensais pas à mourir.

«Maintenant j'ai envie de revoir le pays, de revoir le pays. Ça n'est pas ma mère qui me manque, puisque j'ai été élevé par un oncle, mais j'ai envie de revoir Londres, d'en entendre les bruits, d'en voir les paysages, d'en flairer les mauvaises odeurs; il me faut les pelures d'orange, et l'asphalte, et les rangées de becs de gaz sur le pont de Vauxhall. Il me faut le chemin de fer qui mène à Box-Hill, avec ma connaissance sur les genoux et une pipe en terre neuve entre les dents, ça et les lumières du Strand, où vous connaissez tout le monde, où le flic qui vous ramasse est un vieil ami qui vous a déjà ramassé dans le temps où vous n'étiez qu'un méchant moutard vagabondant entre le Temple et les Arches sombres.

«Plus de ces maudites factions à monter, plus de ce maudit astiquage, plus de khaki. Être son propre maître, avec la liberté d'emmener sa particulière avec soi lorsque les sauveteurs s'exercent le dimanche à repêcher des cadavres de noyés dans la Serpentine.

«Et j'ai quitté tout ça pour servir la Veuve[44] dans les pays lointains, où l'on manque de femmes, où l'on ne trouve rien qui mérite d'être bu, où il n'y a rien à voir, rien à faire, rien à dire, rien à tenter, rien à penser.

[44] La reine Victoria.

«Le Seigneur t'aime bien, Stanley Ortheris, mais tu es bien le plus grand imbécile qu'il y ait dans tout le régiment, y compris Mulvaney.

«La Veuve reste au pays avec une couronne d'or sur la tête, et te voilà, toi, Stanley Ortheris, la propriété de la Veuve, pauvre idiot!»

La voix s'éleva quand il fut à la fin de sa tirade et il conclut par un sextuple juron en anglais populacier.

Mulvaney ne dit rien, mais il me regarda, comme s'il espérait que je pourrais calmer l'esprit troublé du pauvre Ortheris.

Je me rappelai avoir vu autrefois, à Rawal-Pindi, un homme que la boisson avait presque rendu fou furieux, et qu'on rendit à la raison en ayant l'air de le traiter comme un imbécile.

Je me dis que nous arriverions peut-être à calmer Ortheris par ce procédé, bien qu'il ne fût pas ivre du tout.

Aussi commençai-je:

—A quoi ça vous avance-t-il de bougonner et de déblatérer contre la Veuve?

—Je n'ai pas fait ça, dit Ortheris. Sur ma parole, je n'ai pas dit un mot contre elle, et je n'en dirai pas un seul, quand même je serais sur le point de déserter.

Ce mot m'ouvrit la voie.

—Eh bien, vous y avez songé en tout cas. A quoi bon jacasser et faire des embarras? Est-ce que vous vous échapperiez, si vous en trouviez l'occasion?

—Essayez un peu, dit Ortheris, en se redressant aussi vivement que s'il eût été piqué.

Mulvaney se leva avec la même promptitude.

—Qu'est-ce que vous allez faire? dit-il.

—Aider Ortheris à gagner Bombay ou Karachi, à son choix. Vous n'aurez qu'à dire qu'il vous a quitté avant le goûter, et qu'il a laissé son fusil sur la berge.

—Raconter ça, moi! dit lentement Mulvaney. Très bien. Si Ortheris a l'intention de déserter, s'il déserte maintenant, et si vous, monsieur, qui avez été un ami pour moi et pour lui, vous voulez l'y aider, moi, Térence Mulvaney, sur ma parole, que j'ai toujours tenue, je vous jure de faire mon rapport comme cela. Mais…

Alors il se dirigea vers Ortheris et agita devant la figure de celui-ci la crosse de son fusil de chasse.

—Tu auras grand besoin de tes poings, Stanley Ortheris, si jamais tu te retrouves sur mon chemin.

—Ça m'est égal, dit Ortheris, j'en ai assez de cette vie de chien. Que j'aie seulement une occasion! Ne te joue pas de moi. Laisse-moi partir.

—Déshabillez-vous, dis-je, et changez de vêtements avec moi; ensuite je vous dirai ce que vous avez à faire.

J'espérais que l'absurdité de cette proposition arrêterait Ortheris, mais il avait ôté ses bottes d'ordonnance et sa vareuse avant même que j'eusse enlevé mon faux-col.

Mulvaney me saisit par le bras.

—Sa crise le tient, il est en pleine crise. Sur mon honneur, sur mon âme, nous allons nous rendre complices d'une simple désertion, de vingt-huit jours, comme on dit, monsieur, ou bien de cinquante-six. Mais quelle honte! quelle honte affreuse pour lui et pour moi!

Je n'avais jamais vu Mulvaney aussi ému.

Mais Ortheris était parfaitement calme; dès qu'il eut changé de vêtements avec moi, et que je fus équipé en simple soldat d'infanterie, il me dit:

—Eh bien, allons-y! Et après? Est-ce pour tout de bon? Comment sortir de cet enfer?

Je lui dis que s'il voulait attendre deux ou trois heures au bord de la rivière, je gagnerais la station à cheval et reviendrais avec cent roupies.

Avec cette somme en poche, il se rendrait à pied à la gare secondaire la plus voisine, à environ cinq milles, et prendrait un billet de première classe pour Karachi.

Comme on savait qu'il était sans argent au moment de son départ pour la chasse, les autorités de son régiment ne se hâteraient pas de télégraphier le jour même aux ports de mer; on le chercherait tout d'abord dans les villages indigènes situés sur la rivière.

En second lieu, on ne songerait pas à chercher un déserteur dans une voiture de première classe.

A Karachi, il achèterait un complet blanc et s'embarquerait, s'il le pouvait, sur un cargo.

Il m'interrompit.

Si je lui donnais le moyen de gagner Karachi, il se chargerait du reste.

Je lui ordonnai alors de m'attendre jusqu'à la nuit, à l'endroit même où il se trouvait, pour que je pusse rentrer à la Station sans que mon costume fût remarqué.

Dieu, dans sa sagesse, a fait le cœur du soldat anglais, qui est souvent une brute mal léchée, aussi tendre que le cœur d'un petit enfant, pour qu'il puisse croire en ses officiers et les suivre jusque dans les endroits où il ne fait pas bon, dans les endroits où ça chauffe.

Il ne montre pas le même empressement à croire en un civil; mais s'il croit en vous, sa confiance est aveugle, comme celle d'un chien.

J'ai été honoré de l'amitié du simple soldat Ortheris, à diverses reprises, pendant plus de trois ans, et nous nous sommes traités en égaux. C'est pourquoi il était convaincu que tout ce que je lui disais était vrai et que je ne parlais pas en l'air.

Mulvaney et moi, nous le laissâmes couché dans les hautes herbes de la rive, et nous nous éloignâmes, sans sortir de ces herbes, jusqu'à ce que j'eusse rejoint mon cheval.

La chemise me grattait horriblement.

Nous attendîmes plus de deux heures que l'obscurité se fît et me permît de partir à cheval.

Nous parlions d'Ortheris à voix basse, et nous écoutions de toutes nos oreilles pour saisir le moindre bruit venant de l'endroit où nous l'avions laissé. Mais nous n'entendîmes rien que le murmure du vent dans les touffes d'herbe.

—Je lui ai cassé la tête plus d'une fois, disait Mulvaney d'un air grave. Je l'ai à moitié tué à coups de ceinturon, et je n'arrive pas à chasser ces crises de sa faible cervelle. Non! Ce n'est pas une brute, car il est raisonnable de sa nature. Qu'est-ce donc alors? Est-ce sa race qui ne vaut rien? Est-ce parce qu'il n'a jamais reçu d'éducation? Vous qui savez tant de choses, répondez-moi donc?

Mais je ne trouvai rien à répondre.

Je me demandais si Ortheris tiendrait bon jusqu'au bout, sur la berge, et s'il ne me faudrait pas l'aider à déserter, comme je lui en avais donné ma parole.

Dès que la nuit fut venue et que, le cœur un peu gros, j'eus commencé à seller mon cheval, j'entendis venir du côté de la rivière des appels sauvages.

Les démons avaient abandonné le soldat Ortheris, matricule 22639, de la compagnie B.

La solitude, l'obscurité, l'attente, les avaient chassés, ainsi que je l'avais espéré.

Nous accourûmes et nous le trouvâmes en train de se rouler furieusement sur l'herbe, ayant dépouillé ses vêtements, c'est-à-dire les miens.

Il nous appelait comme un fou.

Lorsque nous arrivâmes près de lui, il était couvert de sueur et tremblait comme un cheval effarouché.

Nous eûmes beaucoup de peine à le calmer.

Il se plaignait d'être en tenue de civil et voulait se défaire de mes vêtements en les arrachant.

Je lui enjoignis de se déshabiller, et nous fîmes aussi rapidement que possible un nouvel échange d'habits.

Le rude frottement de sa chemise de grosse toile et le grincement de ses bottes parurent le rappeler à lui-même.

Il mit ses mains devant ses yeux et dit:

—Qu'est-il arrivé? Je ne suis pas fou, je n'ai pas attrapé de coup de soleil; et pourtant je sais que je suis parti… que j'ai dit… que je suis parti… que j'ai dit… que j'ai fait… Qu'est-ce donc que j'ai fait?…

—Ce que tu as fait? dit Mulvaney. Tu t'es déshonoré. Mais ça ne fait rien. Tu as déshonoré la compagnie B, tu m'as déshonoré, moi. Moi qui t'ai appris à marcher droit, comme un homme, alors que tu n'étais qu'un sale petit conscrit à l'échine de poisson, un petit pleurard, tout comme, en ce moment, Stanley Ortheris.

Ortheris garda le silence un instant.

Puis il déboucla son ceinturon, qu'alourdissaient les insignes d'une demi-douzaine d'autres régiments qui avaient fait campagne avec le sien. Il le tendit à Mulvaney.

—Je suis trop petit pour te moudre, Mulvaney, dit-il, et tu m'as déjà frappé, mais tu peux prendre ça si tu veux pour me couper en deux.

Mulvaney se tourna vers moi:

—Permettez-moi de lui parler, monsieur.

Je les quittai, et en rentrant chez moi, je fis maintes réflexions sur Ortheris en particulier, et, en général, sur mon ami le simple soldat Thomas Atkins, pour qui j'ai beaucoup d'affection.

Mais je ne pus arriver à aucune conclusion.

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