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Tableau historique et pittoresque de Paris depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Volume 1/8)

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MONUMENTS NOUVEAUX
ET AUTRES CONSTRUCTIONS FAITES DEPUIS 1789.

Pont Neuf. Ce pont vient d'être réparé et surbaissé à ses deux extrémités, ce qui en rend la pente plus douce. À côté du terre-plein qui porte la statue d'Henri IV, est placé l'un de ces établissemens publics connus sous le nom de Bains-Vigier. L'escalier qui conduit à ces bains est un morceau de charpente qui mérite d'être remarqué.

Place Dauphine. Au milieu de cette place on a construit une fontaine, espèce de monument consacré à la mémoire du général Desaix, tué à la bataille de Marengo. Cette fontaine, dont la forme est ronde, s'élève sur un soubassement, composé d'assise de pierres en retraite, et orné d'inscriptions. Quatre têtes de lions versent l'eau dans des bassins circulaires; deux génies, une couronne de lauriers, des médaillons, des sphinx, deux fleuves, le Nil et le Pô, ornent la surface du piédestal, que surmonte le portrait du général français, en forme d'Hermès. Un jeune guerrier coiffé d'un casque et costumé à la grecque, lui pose une couronne sur la tête. Ce monument, d'un beau style, mais d'une exécution sèche et roide, a été sculpté par M. Fortin, sur les dessins de M. Percier.

Sainte-Chapelle. La couverture de l'escalier extérieur de ce monument a été abattue: on répare, en ce moment, cet escalier qui restera découvert.

Grand'salle du Palais. On y construit maintenant, dans la partie latérale, une grande niche qui sans doute est destinée à recevoir une statue colossale.

La Morgue. C'est un lieu ouvert au public, où l'on dépose les cadavres des personnes mortes de mort violente, que la police a fait recueillir, et dont aucun signe ne constate l'identité. La Morgue, située autrefois dans les bâtimens du Grand-Châtelet, a été transportée, depuis la révolution, dans le quartier de la Cité, et dans un édifice que l'on a construit exprès pour cette destination. C'est un petit bâtiment carré, d'un bon style, orné de quatre pilastres doriques et de bossages. Il s'élève sur la place du Marché neuf, à l'un des angles du pont Saint-Michel.

Marché aux Fleurs. Il a été construit, comme nous l'avons dit, sur le terrain qu'occupoit cette partie de la rue de la Pelleterie dont les maisons étoient situées sur le bord de l'eau; et il s'étend dans tout l'espace qui sépare le pont au Change du pont Notre-Dame. Cet espace a été planté d'arbres, et au milieu sont deux coupes circulaires, recevant l'eau d'une gerbe qui s'élève au milieu.

Église Saint-Pierre-des-Arcis. C'est par erreur que nous avons dit qu'elle existoit encore. Elle vient d'être abattue; et sur la place qu'elle occupoit, on a ouvert une rue nouvelle qui porte le nom de rue Neuve-du-Quai-aux-Fleurs.

Parvis Notre-Dame. Deux fontaines ornent cette place: elles sont formées par deux niches pratiquées dans le bâtiment des Enfants-Trouvés. Ces deux niches sont ornées de coquilles; et deux têtes de lions versent de l'eau dans des cuvettes que surmontent deux vases enrichis de feuillages et de bas reliefs.

Église Notre-Dame. On a fait à cette église des réparations considérables, principalement au portail latéral nord, qui est remarquable par la richesse et la beauté de ses ornemens. Dans l'intérieur la nef a été garnie de nouveau, des deux côtés et dans toute son étendue, des tableaux dont on l'avoit dépouillée, à l'exception de deux ou trois des plus excellents qui sont restés dans le musée du Roi. Une nouvelle grille en fer, ornée de bronzes dorés et d'un très-beau travail, ferme l'entrée du chœur et les arcades du rond-point; et tous les lambris extérieurs de cette partie de l'église sont revêtus de marbres précieux, parsemés de fleurs de lys en bronze doré. Sur le toit de l'église, du côté du rond-point, on a élevé une croix dorée.

La chapelle de la Vierge et celle qui la suit, sont ornées de trois tableaux donnés par la ville, et exécutés par des artistes modernes: la Mort de la Vierge, par M. A. Pujol; la Résurrection du fils de la veuve de Naïm, par M. Gauterot; la descente de Jésus-Christ aux Limbes, par M. Delorme. Deux de ces tableaux doivent surtout être remarqués pour le mérite de la composition et de l'exécution.

Dans la chapelle située à gauche de celle de la Vierge, est le monument du cardinal de Belloy, archevêque de Paris, mort en 1808. Ce mausolée, d'une grande dimension, représente le prélat assis sur son sarcophage; d'une main il donne une bourse à des femmes qui la reçoivent avec l'expression d'une vive reconnoissance; de l'autre il tient le livre des Psaumes ouvert sur ce verset: Beatus qui intelligit super egenum et pauperem; in die malâ liberabit eum Dominus (Ps. XL, I); à ses côtés un prêtre porte la crosse cardinale à double bec; à ses pieds sont placés d'autres attributs de sa dignité. M. Desenne est l'auteur de ce groupe dont la composition est digne d'éloge, et qui présente, surtout dans les draperies, de véritables beautés d'exécution.

Archevêché. Tout ce qui restoit encore des anciennes constructions du palais épiscopal, depuis et non compris la chapelle jusqu'à l'Hôtel-Dieu, a été démoli; ce terrain a été clos de murs, et des deux côtés on a placé des loges de portier. Du côté où est le bâtiment neuf qui sert maintenant de demeure aux archevêques, il a été ouvert une porte d'entrée et élevé un mur qui sert d'enclos à ce bâtiment. Le jardin qui se prolonge ensuite jusqu'au quai est en partie entouré d'une grille en fer; et dans ce jardin on a renfermé le terrain qu'occupoit la rue dite de l'Abreuvoir.

Pont de la Cité. Ce pont, qui a remplacé le pont Rouge, est formé de deux arches en bois, lesquelles sont portées sur un pilier de maçonnerie, placé au milieu du petit-bras de la Seine qui sépare les deux îles de la Cité et de Saint-Louis. Ce pont, recouvert en fer-blanc peint, avoit toutes les apparences d'un pont en pierres; mais il avoit été construit avec si peu de solidité, que, quoiqu'il n'y passât que des gens de pied, il menaçoit ruine au bout de quelques années, et qu'il a fallu le réédifier. Les nouveaux arceaux, composés de plusieurs pièces de bois liées ensemble par des bandes de fer, offrent l'aspect d'une charpente solide et bien exécutée. Cette charpente est restée à découvert.

QUAIS NOUVEAUX.

Quais Nouveaux. Ils font la continuation des deux quais des Orfèvres et de l'Horloge, et entourent l'île entière de la Cité, à l'exception de l'Hôtel-Dieu, et du groupe de maisons qui touche l'angle du Petit pont vers le marché Neuf.

Au côté méridional, le quai qui a pris la place de la rue Saint-Louis, et qui se prolonge jusqu'au Marché-Neuf, a pris le nom du quai des Orfèvres dont il est la continuation.

Au côté septentrional, la partie du quai qui suit celui de l'Horloge, porte depuis le pont au Change jusqu'au pont Notre-Dame le nom de quai aux Fleurs; depuis ce dernier pont jusqu'à celui de la Cité, on le nomme quai de la Cité; en retour et jusqu'au pont au Double, il n'a point encore de dénomination: il est probable qu'on le nommera quai de l'Archevêché.

FIN DU QUARTIER DE LA CITÉ,
ET DE LA PREMIÈRE PARTIE DU PREMIER VOLUME.

TABLE DES MATIÈRES.

PREMIER VOLUME.—PREMIÈRE PARTIE.

  •  Pages.
  • Dédicace au Roi.
  • Avertissement de l'auteur. j
  • Discours préliminaire. 1
  • Enceintes de Paris. 28

QUARTIER DE LA CITÉ.

  • Paris sous les deux premières races. 43
  • Le pont Neuf. 85
  • La Samaritaine. 100
  • La place Dauphine. 102
  • La Sainte-Chapelle. 107
  • Le Trésor des chartes. 123
  • Le Palais de Justice. 124
  • Le Grand Conseil. 170
  • La Chambre des Comptes. 180
  • La Cour des Aides. 185
  • Bailliage du palais, Chancellerie du palais, Chambre du domaine et du trésor, Siége général de la Table de marbre. 190
  • Églises et Monastères. 191
  • Couvent des Barnabites. 224
  • Pyramide de Jean Châtel. 228
  • Saint-Barthélemi. 250
  • Saint-Pierre-des-Arcis. 255
  • Sainte-Croix de la Cité. 259
  • Saint-Germain-le-Vieux. 261
  • La Magdeleine. 265
  • Saint-Denis-de-la-Chartre. 268
  • Saint-Symphorien ou Chapelle Saint-Luc. 273
  • Saint-Landri. 276
  • La chapelle Saint-Agnan. 280
  • Sainte-Marine. 283
  • Saint-Pierre-aux-Bœufs. 285
  • Saint-Christophe. 286
  • Sainte-Geneviève-des-Ardents. 288
  • Notre-Dame. 292
  • Archevêché. 327
  • Le chapitre de Notre-Dame. 355
  • Saint-Jean-le-Rond. 361
  • Saint-Denis-du-Pas. 364
  • Hôtel-Dieu. 366
  • Parvis de Notre-Dame. 380
  • Maison des Enfants-Trouvés. 384
  • Ponts de la Cité. 391
  • Pont au Change. ibid.
  • Pont Saint-Michel. 395
  • Pont Notre-Dame. 396
  • Petit pont. 400
  • Pont Rouge. 402
  • Hôtels de la Cité. 404
  • Arcade de la Chambre des Comptes. 405
  • Île Saint-Louis. 408
  • Saint-Louis. 412
  • Hôtels de l'île Saint-Louis. 415
  • Pont Marie. 420
  • Pont de la Tournelle. 421
  • L'île Louvier. 423
  • Rues. 425
  • Rues et quais de la Cité. 442
  • Rues et quais de l'île Saint-Louis. 460
  • Antiquités romaines et celtiques. 461
  • Monuments nouveaux. 464

Erratum. P. 57, ligne 6 de la note, Ledis; lisez Lides.

Notes

1: 1532.

2: Théâtre des Antiquités de Paris, in-4o, 1612. L'auteur y ajouta un supplément en 1614; il fut réimprimé avec quelques additions en 1639.

3: MM. de Valois et de Launoy.

4: Il est un grand nombre de savants recommandables dont les excellents travaux ont jeté de grandes lumières sur les antiquités de Paris, tels que Adrien de Valois, les auteurs de la France chrétienne, le savant académicien M. Bonami, etc., etc. Nous en avons tiré de grands secours, et nous aurons souvent occasion de les citer; mais ils ne peuvent être comptés au nombre des historiens de cette capitale.

5: Nous avons conservé, dans cette nouvelle édition, la division de trois volumes, consacrée en quelque sorte par cette disposition des matières, division qu'il eût été impossible de changer, sans détruire l'accord des parties et l'ensemble de l'ouvrage. Mais comme ces volumes eussent été d'une grosseur démesurée dans le format in-8o, que nous avons adopté, il a été nécessaire de les diviser chacun en deux parties, séparées par des titres, et réunies par la suite de la pagination; de cette manière l'ouvrage, qui, dans la première édition, se composoit de 3 volumes in-4o, offrira, dans la deuxième, six demi-volumes in-8o.

6: Joan., XVI, 13.

7: Luc., II, 14.

8: Saint-Pétersbourg.

9: Les Gaulois, bien qu'ils eussent quelque connoissance de l'écriture, ne vouloient rien écrire de leur histoire et des mystères de leur religion; ils les faisoient apprendre de mémoire à leurs enfans, et eux-mêmes ne les savoient que par les traditions et les chants guerriers de leurs ancêtres.

10: Leurs maisons étoient construites de bois et de terre, couvertes de paille et de chaume, et sans cheminées. Ils se servoient de fourneaux pour faire cuire leurs aliments et pour se garantir du froid, usage qu'ils ont conservé long-temps, et qui subsistoit encore du temps de l'empereur Julien. Vers ce même temps, ils commençoient à élever des figuiers autour de la ville, et y cultivoient des vignes, qui produisoient d'excellent vin. (Jul. Misopog).

11: Lutetia oppidum est Parisiorum positum in insulâ fluminis Sequanæ. César, C.

12: Ils adoroient Mars[12-A], Isis, Cybèle et d'autres divinités du paganisme. Le collége des prêtres d'Isis étoit à Issi; et l'église de Saint-Vincent, depuis Saint-Germain-des-Prés, fut bâtie sur les ruines de son temple. Mercure, ou Pluton (car c'étoit le même chez les Gaulois), avoit le sien sur le mont Leucolitius, sur lequel s'élèvent maintenant les Carmélites de la rue Saint-Jacques; et vers l'endroit où est Saint-Eustache, il existoit un édifice consacré à Cybèle. Tous ces temples n'étoient, avant les Romains, que des bocages; et ces dieux avoient alors d'autres noms.

12-A: Le temple de ce dieu étoit à Montmartre qui en a retenu le nom. Cependant Hilduin, qui écrivoit sous le règne de Louis-le-Débonnaire, l'appelle aussi Mons Martyrum, d'après une ancienne tradition qui veut que saint Denis et ses compagnons aient souffert le martyre en cet endroit.

13: Boëce, qui écrivoit peu de siècles après ce grand événement, et qui étoit sénateur romain, dit: Lutetiam Cæsar usque adeò ædificiis adauxit, tamque fortiter mœnibus cinxit, ut Julii Cæsaris civitas vocetur.

14: Ils mirent entre ces villes de grandes distinctions: quelques-unes furent regardées comme alliées; il y en eut qui furent honorées du nom de colonies, d'autres de celui de municipales; ils établirent des préfectures au milieu des peuples les plus mutins; et toutes les villes qui avoient fortement résisté, furent réduites à la condition des vectigales.

15: Le commissaire Delamare. Le nom de Chambre de César qu'a conservé une des chambres du grand Châtelet, et l'inscription Tributum Cæsaris qu'on lisoit sous l'arcade, lui avoient fait adopter cette opinion, soutenue d'ailleurs avant lui par divers historiens de Paris. Lorsque nous parlerons en détail de ce monument, nous donnerons les raisons qui nous déterminent à la rejeter.

16: On ne peut douter qu'il n'y ait eu un palais dans l'île même; mais aucun de nos historiens ne nous apprend ni quand ni comment il fut bâti, ni quel étoit alors son usage. Nous y reviendrons incessamment.

17: «Paris étoit dès lors une ville commerçante, dit le président Hénault, et les Nautæ Parisiaci étoient une compagnie de négociants», mais il se trompe lorsqu'il ajoute qu'on y venoit de tout l'Orient, les Syriens surtout, qui donnèrent leur nom à la rue des Arcis. Cette étymologie est fausse; nous donnerons ailleurs sur ce corps des Nautæ Parisiaci tous les renseignements les plus exacts qu'il a été possible de se procurer jusqu'à présent.

18: Egressus Clodoveus à Turonis Parisios venit, ibique cathedram regni constituit. Greg. Tur., Hist. Franc., lib. 1.

19: Le commissaire Delamare.

20: Les maisons qu'ils construisirent formèrent, dit-on, ces rues sales et étroites de Saint-Bon, de la Tacherie, du Pet-au-Diable, et autres adjacentes.

21: Quartier des Halles.

22: Les rues Culture-Sainte-Catherine et Culture-Saint-Gervais (on prononçoit Coulture) s'appellent ainsi de ce mot, qui signifie des endroits propres à être cultivés. Il y avoit une grande quantité de ces terrains appartenants à des églises, à des abbayes, tant au dedans de Paris qu'au dehors, la Coulture-Saint-Éloi, la Coulture du Temple, celle de Saint-Martin, celle de Saint-Lazare, celle de Saint-Magloire, etc., etc.

23: Au nord, du côté de la ville, le bourg Thiboust, les bourgs l'Abbé et Beaubourg, et l'ancien et le nouveau bourg Saint-Germain-l'Auxerrois. Ils furent en partie renfermés dans l'enceinte que fit faire Philippe-Auguste, et qui fut achevée en 1121. Les rues de ces bourgs en ont toujours conservé les noms. Le commissaire Delamare convient qu'ils étoient séparés de Paris et de ses faubourgs par des prés, des marais et des terres labourées; on peut juger par là du peu d'étendue des faubourgs.

(Note de Saint-Foix.)

24: Les premiers faubourgs, du temps des Romains, furent élevés du côté de l'Université. Saint-Ouen et Frédégaire font aussi mention de deux faubourgs bâtis également de ce côté; l'un qui environnoit l'église Saint-Vincent, depuis Saint-Germain-des-Prés; l'autre, qui étoit situé près de Saint-Pierre, depuis Sainte-Geneviève.

25: La livre numéraire de France doit son institution à Charlemagne; ce fut lui qui fit tailler, dans une livre d'argent, vingt pièces qu'on nomma sous, et dans un de ces sous, douze pièces qu'on nomma deniers; en sorte que la livre d'alors, comme celle d'aujourd'hui, étoit composée de deux cent quarante deniers. Les sous et les deniers ont été d'argent fin jusqu'au règne de Philippe Ier, père de Louis-le-Gros; on y mêla un tiers de cuivre en 1103, moitié dix ans après, les deux tiers sous Philippe-le-Bel, et les trois quarts sous Philippe de Valois. Cet affoiblissement a été porté au point que vingt sols, qui, avant le règne de Philippe Ier, faisoient une livre réelle d'argent, n'en renferment pas aujourd'hui le tiers d'une once. On prétend que Charlemagne étoit aussi riche, avec un million de revenu, que Louis XV avec soixante-douze millions. Vingt-quatre livres de pain blanc coûtoient un denier sous le règne de Charlemagne: ce denier étoit d'argent fin sans alliage. On peut voir, par la valeur qu'il auroit dans ce temps-ci, si le pain et les autres denrées étoient plus ou moins chères alors qu'à présent. Douze livres, du temps de Louis-le-Gros, feroient, je crois, environ douze fois trente-quatre livres de ce temps-ci. (Note de Saint-Foix.)

Suger, abbé de Saint-Denis, et ministre d'état de Louis-le-Gros et de Louis-le-Jeune, se glorifie, dans le livre qu'il a écrit sur son administration, d'avoir élevé les produits de cette porte de douze francs à cinquante.

26: Les écoles de Paris étoient, de temps immémorial, autour du parvis de Notre-Dame, et dépendoient du chapitre de cette église. Sous Louis-le-Jeune, la foule des étudiants devint si grande, à cause du mérite et de la réputation des maîtres qui professoient alors, qu'il fut permis à plusieurs facultés d'aller s'établir au-delà de la rivière. En 1244 cette permission devint générale et sans restriction pour tous ceux qui se livroient à l'enseignement des sciences.

27: À tant d'éclat et de prospérité, il faut joindre l'avantage d'une des plus belles positions qu'il soit possible d'imaginer. Paris, presque entièrement situé dans une plaine, environné de campagnes cultivées, de bois, de prairies, de vallées, de collines, que couvrent une foule de châteaux, de maisons de plaisance, de bourgs, de villages, et dont les productions sont chaque jour étalées dans ses marchés, reçoit encore, au moyen du grand fleuve qui le traverse, les tributs des provinces les plus fertiles de la France. L'Yonne, la Marne, l'Oise, l'Aisne, un grand nombre de canaux qui s'y jettent, les lui apportent continuellement, et la Seine elle-même, facile à remonter, le fait jouir de toutes les richesses de la Normandie et de l'Océan.

28: Cette ville occupe aujourd'hui environ deux lieues de diamètre sur six de circonférence.

29: Abbon: poem. de bello Paris. lib. I, vers. 15.

30: V. pl. 1. Il est probable qu'elle fut élevée après cette dernière et furieuse attaque des Normands, à laquelle les habitants de Paris opposèrent une si longue et si belle résistance; on voulut préserver d'une nouvelle invasion les faubourgs que ces barbares avoient déjà tant de fois saccagés, et dont les plus considérables étoient du côté de la ville.

31: On voudra bien observer qu'on se sert ici de noms de rues, de couvents et de maisons dont une partie n'existoit point alors. Les cartes mêmes qui offrent ici la position exacte des principaux monuments, ne peuvent donner une idée satisfaisante des rues, dont plusieurs ont changé de nom deux ou trois fois dans un siècle, dont quelques-unes ont été comblées et couvertes d'édifices, tandis que de nouvelles étoient percées à côté. Il n'y a aucun moyen d'éclaircir des choses dont on a perdu toutes les traces; et, du reste, il est ici peu intéressant de le faire.

32: Les murs de cette ancienne clôture subsistoient encore proche la porte des Baudets, du temps de Saint-Louis. (Delamare).

33: Voyez pl. 2.

34: Saint-Foix et Delamare.

35: Depuis J.-J. Rousseau.

36: Du nom d'une famille de Paris.

37: Il y avoit en outre sept autres portes moins grandes, dites fausses portes, sans compter les portes particulières, que plusieurs personnes de distinction, dont les maisons étoient accolées aux murailles, obtinrent la permission de faire percer dans leur enclos, pour pouvoir sortir plus facilement de la ville.

38: Nous disons à peu près tracée; il est aisé de se figurer où passoit précisément cette enceinte, en pensant que ces rues ont été bâties sur les fossés, et que ces fossés étoient devant les murailles.

39: Abattues en 1684.

40: Ainsi nommée de Simon de Buci, le premier qui ait porté le titre de premier président.

41: Abattues l'une et l'autre en 1672. Une inscription en lettres d'or sur un marbre noir indique, dans la rue Dauphine, l'endroit où étoit située la porte désignée sous le même nom. C'est à la maison no 50 qu'est attachée cette inscription.

42: Voy. pl. 3.

43: Cette porte a été abattue quelque temps avant la révolution.

44: Cette île, sur laquelle on n'éleva des maisons que sous le règne de Henri IV, est formée de la réunion de deux îles, dont la plus grande se nommoit anciennement l'île Notre Dame, et la plus petite l'île aux Vaches.

45: Au commencement du règne de Henri IV, les îles Saint-Louis et du Palais n'étoient encore que des prairies. Une partie des environs du Temple étoit en terres labourables, et le parc du palais des Tournelles, au quartier Saint-Antoine, en friche et inhabité.

46: Les guerres qui désolèrent la France sous les règnes qui précédèrent ce prince ayant mis dans la nécessité d'augmenter les tailles, plusieurs habitants de la campagne vinrent s'établir à Paris; ce qui engagea les propriétaires des terres qui environnoient ses murs à élever de nouvelles constructions, et on accrut ainsi les faubourgs. (Delamare.)

47: Voyez pl. 4.

48: Voy. pl. 5.

49: À la pointe occidentale de la Cité.

50: La rue qui aboutit du carrefour des Petits-Pères à la place des Victoires, en a conservé le nom.

51: Vis-à-vis la rue Royale.

52: Voy. les pl. 6 et 7. Cette clôture vient d'être agrandie sur un point de sa partie méridionale, à partir de la barrière Fontainebleau jusqu'au bord de l'eau. Par ce moyen on a renfermé dans Paris le village d'Austerlitz, situé dans la plaine d'Issy.

53: Donnée le 12 décembre 1702, et enregistrée le 5 janvier 1703.

54: Un moine de Fleuri-sur-Loire, nommé Asdrevald, déplorant le triste état auquel les incursions des Normands avoient réduit Paris, dit que cette ville n'étoit plus alors qu'un monceau de cendres.

55: Lamprid. in Alex; Vopis. in Aurel; id. in Prob.

56: Pour de telles donations, les empereurs préféroient d'ordinaire les gentils ou nationaux aux Romains, les jugeant plus propres à garder des frontières qui étoient en même temps leur propre pays, et où ils avoient leur famille, leurs propriétés, tous leurs intérêts. De là l'origine du mot gentilhomme. (Voyez le Cod. Theod., liv. 7, tit. 15.)

57: Lib. 18, et ib. 19.

58: On les appeloit aussi prétentures, parce qu'elles formoient une chaîne, derrière laquelle les provinces étoient en sûreté.

59: Amm. Marcell., lib. 16.

60: Amm. Marcell., lib. 29.

61: Cod. Theod., lib. 7, tit. 22, leg. 8.

62: Amm. Marcell., lib. 20.

63: C'est ce qu'on appeloit terres létiques. On nommoit Leti les barbares qui les avoient obtenues, et ils formoient dans l'empire des corps particuliers qui devinrent une partie considérable de la milice romaine. (Cod. Theod., lib. 13, tit. 4, leg. 9.)

64: Procop., De bell. goth., lib. 1.

65: Il n'étoit pas rare de voir des barbares à la fois rois de leur nation et officiers de l'empire (Amm. Marc., lib. 26, 29, 31); et, loin de se croire avilis par l'exercice de ces dignités romaines, ces chefs de peuplades n'ambitionnoient rien tant que de s'en voir revêtus. Pour les obtenir, ils prêtoient serment aux empereurs; mais autant qu'il leur étoit possible, ils ne se faisoient point ses clients; ils ne se dévouoient point. (Ibid., lib. 17.) Ils auroient regardé ce dévouement comme une espèce de dégradation. Il est probable qu'ils se servirent à l'égard des Romains de la même formule, dont usoient chez eux les hommes libres, lorsqu'ils s'engageoient au service d'un de leurs chefs, d'où résultoit un engagement qui, sous le moindre prétexte, pouvoit être rompu.

66: Greg. Tur., lib. 2, cap. 9.

67: De bell. goth.

68: Sur cette intelligence des évêques avec Clovis, les soi-disant philosophes n'ont pas manqué de leur reprocher d'avoir trahi leurs maîtres légitimes. Et cette sottise est répétée, chaque fois que l'occasion s'en présente, par des gens qui ne reconnoissent ni maîtres ni légitimité. Nous aurons bientôt occasion d'examiner si en effet les barbares goths et ariens étoient les maîtres légitimes des évêques catholiques et romains; et cet examen ne sera pas long. (Voyez l'article Églises et Monastères.)

69: Aim., lib. 3, c. 88, et lib. 4, c. 61. Greg. Tur. append. c. 20 et 108. Hist., lib. 9, c. 10. Cap. Car. calv., tit. 14, etc.

70: Greg. Tur. hist., lib. 6, c. 2, lib. 8, c. 43.—Aim. lib. 3, c. 46. Cap., De villis.

71: Voyez de Buat, t. 2, p. 169 et suivantes.

72: Cap., De villis, c. 43, 45, 64, leg. alam., tit. 19, c. 7 et tit. 30.

73: Ce n'est point sans doute ici le lieu de réfuter tout ce qui se débite, dans nos tribunes publiques et dans nos journaux, de niaiseries et d'absurdités sur la servitude, ni de chercher quelle en est la nature et l'origine. Toutefois un ancien auteur (Albert de Staden) nous indique ce qu'elle étoit chez les peuples du Nord, lorsqu'il fait dériver le nom de Lides ou Litons, qu'on y donnoit aux esclaves, du mot qui signifie la permission qu'un vainqueur donne aux vaincus de continuer de vivre; et nous apprenons de Tacite (De mor Germ.) que, beaucoup plus humains que les Grecs et les Romains si fiers de leur police et de leurs lois, ces peuples ne condamnoient point leurs captifs aux pénibles services de la domesticité; mais que, leur distribuant des terres, ils exigeoient seulement d'eux un tribut en blé, en étoffes, en bétail, redevance qui en faisoit des espèces de fermiers, et au-delà de laquelle on ne leur demandoit plus rien. Tels avoient été les colons chez les Romains, de même attachés à la glèbe, mais protégés par des lois infiniment plus douces que celles des esclaves, et qui les mettoient à l'abri des caprices et des violences de leurs maîtres. (S. August., De civ. Dei, lib. 10, c. 2. Cod. Theod. tit. De colonis.) De même que ces colons romains, les serfs des Germains pouvoient acquérir un propre et posséder un pécule. La loi des Lombards les appela serfs rustiques, par opposition aux serfs ministériaux qui étoient des espèces d'esclaves (Cap. addit. ad leg. Long. an. 801, c. 6.), mais qui furent toujours peu nombreux chez les Francs. Et lorsqu'ils eurent pénétré dans les Gaules, ils les remplacèrent par le vasselage, qui, sans détruire la liberté et même une sorte d'égalité, emportoit avec lui certains devoirs de domesticité. Ainsi le serf continua d'être attaché à la culture des terres, et les hommes libres vécurent avec des hommes libres, jusqu'à ce que le Christianisme, source de toute liberté, eût opéré ce prodige, nouveau dans le monde, d'une société sans esclaves.

74: Voyez de Buat. t. 2, p. 303 et seqq.

75: De Buat, t. 2, p. 444 et seqq

Les monuments anciens nous apprennent que le produit de ces terres fiscales suffisoit à l'entretien de la maison du prince, à sa représentation, et au soulagement de ceux qui étoient dans l'indigence; et l'on peut croire que ce dernier emploi en étoit le plus considérable, puisque l'on appeloit aumôniers plusieurs des trésoriers des finances royales, et aumône du roi, le trésor dans lequel certains revenus étoient déposés. Ces mêmes actes nous offrent des témoignages authentiques de cette charité admirable des rois des deux premières races envers les malheureux. Les sommes qu'ils consacroient annuellement au soulagement des pauvres étoient immenses, et la partie la plus considérable de l'argent monnoyé qui entroit dans leurs coffres y étoit destinée. (Cap. Car. calv., tit. 27, 53. Cap. syn. Vernens., an. 755, c. 23. Cap., an. 802, c. 29.)

76: Cap. Car. calv., tit. 36, c. 20.—Les Francs étoient de même jugés selon leur loi, quelque part qu'ils se trouvassent (Cap., De Villis); mais il est certain que, dans la punition des crimes, lorsque les parties intéressées étoient de loi différente, on suivoit toujours la loi de l'offensé. (Cap. Car. calv., tit. 36, c. 20.)

77: Toutefois il est important de remarquer que, dans le principe, tous les grands seigneurs n'étoient pas vassaux. Les ordonnances des rois carlovingiens distinguent le cantonnier ou possesseur d'un bénéfice militaire, du libre propriétaire, et par conséquent le serf propre du serf cantonnier. (Agobard, De privileg. et jure sacerdot., c. 2.) Le noble franc qui n'avoit point voulu joindre de grands fiefs aux propriétés qu'il avoit reçues de ses ancêtres, et déroger par un hommage à la liberté qui étoit le privilége de sa naissance, n'étoit obligé de prendre les armes que pour la défense de la patrie. Ce fut la raison pour laquelle Clovis, lorsqu'il voulut se faire chrétien, se vit abandonné par un grand nombre des hommes libres qui l'avoient suivi. Ses vassaux seuls crurent que le devoir du vasselage les obligeoit d'embrasser la religion de leur prince. Ce fut à ces fidèles qu'il donna, après la conquête, de grandes propriétés dont la possession étoit indépendante du vasselage; après sa mort, ils devinrent donc libres propriétaires, et formèrent cette haute noblesse qui, comme nous le dirons tout à l'heure, partageoit avec les rois l'exercice de l'autorité souveraine.

78: «Le vassal doit porter honneur à son seigneur, sa femme et son fils aîné, comme aussi les frères puînés doivent porter honneur à leur frère aîné[78-A]. Si le vassal est convaincu par justice avoir mis la main violentement sur son seigneur, il perd le fief; et toute la droiture qu'il y a revient au seigneur. Pareillement le seigneur qui met la main sur son homme et vassal pour l'outrager, perd l'hommage et tenures, rentes et devoirs à lui dus à cause du fief de son vassal, et sont ses foi et hommage dévolus et acquis au seigneur supérieur; et ne paie le vassal outragé rentes de son fief, fors ce qui en est dû au chef-seigneur.» (Cout. de Normand., art 124, 125, 126.)

78-A: Le respect que les cadets devoient à leur frère aîné étoit tellement le modèle de celui que les vassaux devoient à leur suzerain, que ce droit d'aînesse se confondit long-temps avec la suzeraineté. C'étoit là ce qu'on appeloit le parage, que le président Hénault a mal entendu et dont il a donné une fausse définition (Otton de Freisingen, lib. 1. De gest. Freder. Voyez aussi le président Hénault, règne de Charles-le-Chauve.) Tout ce que cet écrivain a dit sur les fiefs, sur le vasselage et sur la féodalité en général, est obscur, incomplet, inexact, et prouve qu'il n'avoit ni bien étudié ni bien compris cette matière. (Voyez ses remarques particulières sur la seconde race.)

79: Greg. Tur., lib. 2., cap. 40 et 42. Aim., lib. 1, cap. 25.

80: Il seroit plus exact de dire: il ne put faire autre chose. Que l'on veuille bien pénétrer un moment avec nous, et avec les écrivains qui ont le mieux connu les antiquités de notre nation, jusqu'à l'origine du pouvoir royal parmi les Francs, afin d'en bien concevoir la nature, et de bien saisir le caractère qu'il dut avoir dans les premiers temps de la monarchie: ce sera pour plusieurs l'occasion de s'en faire une idée plus juste, et de se débarrasser de beaucoup d'erreurs et de préjugés que tant d'écrivains superficiels ont répandus sur cette époque de notre histoire.

Chez les Francs, tous les princes de la maison royale naissoient avec le titre de roi; et tous avoient droit à l'hommage des personnes libres. Ce droit fut égal et sans partage entre eux, avant la conquête, parce qu'il étoit alors l'unique domaine de la famille. Ce fut autre chose quand le chef de cette famille eut acquis des provinces et des trésors: ces biens nouveaux purent être partagés entre ses enfants; mais on ne put de même partager les hommes libres, alors trop fiers et trop indépendants pour se soumettre à un semblable partage.

Il en résultoit donc que, lorsqu'un roi n'avoit pas pris de précautions pour assurer l'état de ses enfants, celui d'entre eux qui avoit su s'attacher un plus grand nombre d'hommes libres, étoit en mesure de se faire donner un plus grand nombre de provinces, et même de se rendre maître du royaume entier, à l'exclusion de ses co-partageants. Un trésor étoit un moyen sûr d'y parvenir; et ce fut pour avoir su s'emparer de celui de son père Clotaire (Grég., Tur. hist., lib. 4, cap. 22) que Chilpéric s'assura l'hommage des seigneurs puissants, de ceux qui commandoient les nations, à qui l'administration militaire avoit été confiée, et qui étoient en possession de partager avec le roi l'exercice de l'autorité souveraine. (Aim. lib. 4, cap. 17.) Ce ne fut point autrement que Dagobert se rendit maître du pouvoir suprême, dont son frère Aribert fut exclu.

On conçoit maintenant que les rois francs n'avoient qu'un seul moyen d'assurer à leurs enfants leur part de royauté: c'étoit de leur donner partage dès leur vivant, et de leur faire rendre hommage par les seigneurs des terres dont se composoit le partage, en prenant toutefois la précaution de se faire comprendre eux-mêmes dans le serment de fidélité que l'on exigeoit à cette occasion. (Marculph. Form. lib. 1., tit. 2.) Les reines qui, comme Frédégonde, craignoient de voir exclure leurs enfants par les enfants d'un autre lit, avoient surtout un grand intérêt à les faire déclarer rois; et comme le moyen le plus efficace de soutenir de pareils droits à la royauté étoit de faire des largesses aux grands, elles avoient soin de leur assigner un trésor, alors qu'ils étoient encore au berceau.

Ainsi les frères étoient les concurrents et les rivaux de leurs frères, les oncles de leurs neveux, souvent même les cousins de leurs cousins; et cette confusion de droits et les désordres qui s'ensuivirent, venoient de ce que la famille publique se gouvernoit par les lois domestiques qui ne sont applicables qu'aux familles privées. Elle partageoit l'État, comme s'il lui eût appartenu, ne sachant pas encore qu'elle appartenoit à l'État.

Les rois carlovingiens imitèrent les rois francs; et ils avoient un motif de plus pour faire ces élections anticipées: c'est qu'alors le vasselage ayant pris des formes plus fixes, plus régulières, et étant nécessairement attaché à tout bénéfice militaire, il s'ensuivoit que, donnant partage à l'un de leurs enfants, ils lui transportèrent ainsi l'hommage d'un grand nombre de leurs vassaux, qu'ils n'auroient pu leur léguer, parce que la mort du suzerain délioit le vassal, ce que nous prouverons tout à l'heure et ce qu'il est important de remarquer: c'étoit le seul moyen efficace qu'ils eussent de fixer la royauté dans leur maison, qui fut toujours moins respectée que celle des rois francs.

«Lorsqu'ensuite, dit de Buat, dont les savantes et judicieuses recherches nous ont été très-utiles dans cette dissertation, la Maison carlovingienne se fut partagée en plusieurs branches, la même précaution fut absolument nécessaire pour assurer au fils unique d'un roi la succession de son père, à laquelle un oncle et un cousin croyoient avoir autant de droit que lui. Tel fut le motif des élections éventuelles et des désignations, dont l'usage fut encore plus fréquent sous la seconde race qu'il ne l'avoit été sous la première.» (Origines, t. 1).

81: (Aim., lib. V, cap. 70.) «La coutume des Francs fut toujours de choisir leurs rois dans la race ou dans la succession des rois derniers morts. Ils n'élurent pas Charles-le-Simple aussitôt après Louis-le-Gros, parce qu'il étoit alors enfant et de corps et d'esprit; qu'il n'étoit pas encore capable de gouverner un royaume, et qu'il eût, par conséquent, été dangereux de l'élire, tandis que la nation étoit exposée à la cruelle persécution des Normands.» (Flodoard, liv. 15., Hist. Remens., cap. 5.)

Ceci se passoit sous la seconde race. Écoutons maintenant Grégoire de Tours, faisant raconter à Gondoald, fils de Clotaire Ier, les motifs qui l'avoient porté à venir dans les Gaules pour y faire valoir les droits qu'ils prétendoit avoir à la couronne: «Lorsque j'étois à Constantinople, disoit ce prince, je m'informai de Boson en quel état étoit ma famille, et j'appris de lui qu'elle étoit réduite à fort peu de chose. Il me dit que, de tous mes parents, il ne restoit que Gontram et Childebert; que les fils de Chilpéric étoient morts aussi bien que lui, à l'exception d'un enfant qui étoit encore au berceau; que Gontram mon frère n'avoit point d'enfants, et que mon neveu Childebert étoit encore très-foible (minime fortis); que par cette raison tous les princes du royaume avoient pris la résolution de me rappeler, et que personne n'avoit osé parler contre moi. Car nous savons tous, ajouta-t-il, que vous êtes fils de Clotaire, et que si vous ne venez pas dans les Gaules, il n'y est resté personne qui puisse les gouverner.» (Hist., lib. VII, cap. 36.) Gontram lui-même, s'adressant au peuple après la mort de Chilpéric, ne fait point valoir d'autres motifs pour obtenir le pouvoir suprême. «Je vous conjure, lui dit-il, de me garder une foi inviolable, de ne pas me tuer comme ont été tués mes frères; qu'au moins je puisse élever mes neveux, qui sont devenus mes enfants adoptifs. Ma mort, si elle arrive pendant qu'ils sont en bas âge, entraînera nécessairement votre ruine, puisqu'il ne restera de notre race aucune personne robuste qui puisse vous défendre.» (Ibid., lib. VII, cap. 8.)

Ceci prouve encore que le peuple concouroit à l'élection du monarque; et en effet, dans la charte où Louis-le-Débonnaire règle l'état de ses enfants, il ordonne expressément «que tout le peuple assemblé[81-A] élise celui des princes qu'il plaira à Dieu.» (Cart. division., an 817.) On pourroit citer beaucoup d'autres exemples de cette confusion d'idées qui régnoit alors au sujet de la succession au trône, principale cause de tous les désordres qui éclatèrent en France sous les deux premières races.

81-A: Par peuple il faut entendre ici tout ce qui avoit la noblesse ou du moins l'ingénuité, depuis les grands vassaux de la couronne jusqu'aux simples propriétaires et aux bourgeois des cités. Les serfs ou esclaves et les colons attachés à la glèbe en étoient exclus: c'est cette classe nombreuse de la société que nous appelons peuple aujourd'hui, et dont le christianisme a, par degré, brisé les fers.

82: La haute noblesse, celle qui se composoit presque toute de libres propriétaires, étoit peu nombreuse, et d'une telle fierté qu'elle ne voyoit rien au-dessus d'elle, pas même la famille des rois. «Remplis de mépris pour la race de Charlemagne, dit le moine de Saint-Gal[82-A], chacun de ces nobles de la première classe tâchoit de s'emparer du gouvernement, et ne prétendoit à rien moins qu'à mettre la couronne sur sa tête.» Ceci se passoit immédiatement après la mort de Charlemagne; et l'on peut juger des dispositions où elle dut se trouver, lorsque, après deux siècles de règne, cette race eut donné des preuves si multipliées de sa dégénération.

82-A: (Mon. Sanct. Gall., lib. II., cap. 27.)

83: On a beaucoup déclamé et l'on déclame encore sur l'usurpation que firent du pouvoir souverain les chefs de la seconde et de la troisième race de nos rois: dans tout ce que l'on a dit à ce sujet, il y a eu souvent de la passion, et toujours beaucoup d'ignorance de la constitution politique de la France, dans ces premiers siècles de la monarchie. Que devons-nous voir dans la race des rois francs? une famille plus honorée sans doute que les autres, où la nation a coutume de choisir ses chefs, mais de telle manière cependant que tous les membres qui la composent peuvent prétendre à l'être, et souvent tous à la fois, et quel que puisse être leur degré de consanguinité. Quels sont ceux qui élisent ces rois? d'une part des seigneurs libres propriétaires, qui ne leur ont jamais engagé leur foi, qui se croient les égaux de cette famille, qui le sont en effet; de l'autre, des vassaux que la mort de leur suzerain a déliés de tout engagement; car le vasselage étoit personnel, et rien n'est plus attesté. Qu'exigeoient-ils de ces rois? qu'ils fussent capables de les commander, de les défendre; et ils étoient jugés indignes du trône, lorsqu'ils étoient inutiles à la nation. Que devoit-il résulter de droits établis sur des conditions aussi rigoureuses d'une part, et sur des obligations aussi légères de l'autre? que la race entière seroit nécessairement rejetée, dès qu'elle auroit dégénéré au point de ne plus offrir que des princes incapables et imbéciles, parce que, il ne faut point se lasser de le répéter, selon la maxime fondamentale des Francs, un prince inutile ne pouvoit être roi. C'est ainsi que la famille des Carlovingiens fut substituée à celle de Clovis, qui ne fut dépossédée qu'en raison de son inutilité; et c'est ce qui fit que Pépin, dont l'élévation supposoit la nullité de tout droit à conserver le pouvoir dans une même famille, essaya de sortir de cette situation fausse et incertaine, en faisant intervenir la puissance spirituelle, seule capable en effet de donner de la fixité à toute institution politique. Le pape Étienne en le sacrant sacra aussi ses deux fils, et prononça l'excommunication contre ceux «qui entreprendroient d'élire un roi qui ne descendit pas de ceux que la bonté divine avoit daigné élever à ce rang suprême.» Mais les coutumes de la nation, le partage impolitique qui continua d'être fait de la puissance royale, le malheur des temps qui rendit la noblesse plus indépendante encore qu'elle ne l'avoit été, surtout le mépris dans lequel tomba la seconde race, qui ne fut jamais aussi respectée que la première, tout se réunit pour légitimer le choix d'une nouvelle famille royale: «car, comme le dit fort bien de Buat, les princes auxquels Hugues Capet fut substitué étoient au moins inutiles; et l'un d'eux avoit fait un hommage qui le rendoit étranger à la nation et peut-être son ennemi.» De telles coutumes et de tels préjugés composoient sans doute une fort mauvaise loi d'hérédité au trône: on ne prétend point le nier; on soutient seulement que ces coutumes et ces préjugés existoient, et que tant qu'on ne comprendra point ces choses, on ne dira que des absurdités sur les deux premières races de nos rois.

84: Sous le règne de Hugues-Capet, un abbé de Cluni invité par Bouchard, comte de Paris, d'amener des religieux à Saint-Maur-des-Fossés, s'excusa de faire un si long voyage dans un pays étranger et inconnu.

85: Les Normands.

86: Remarquez que tous ces malheureux discoureurs, dans tous les systèmes politiques et religieux qu'ils ont rêvés, supposent, avant toutes choses, l'isolement absolu de l'homme, qui se réunit ensuite à d'autres hommes pour composer des sociétés et fabriquer des religions. C'est au moyen de cette extravagance monstrueuse, qu'ils sont parvenus à bouleverser le monde civilisé.

87: M. le vicomte de Bonald, œuv. compl., III, p. 413.

88: Mably, que M. de Bonald avoit cité lui-même. (Ibid.)

89: T. III, p. 411: «Les bois et les champs forment plus la noblesse que les villes. Plus rura et nemus conforunt ad consequendam nobilitatem, dit Poge, qui écrivoit sur le droit public au quinzième siècle.» (Ibid.)

90: 3. Synod. Aurel., can. 5.

91: Decretal. prec. Bal., t. I, p. 199.

92: Parmi les habitants des Gaules, tout ce qui n'étoit point Franc ou Romain étoit désigné sous cette dénomination commune de barbares.

93: Marculf. form., lib. I, tit. 40.

94: Convent. apud Andelan. an. 587. Aim., lib. I, 7; lib. III., c. 48. Ibid. c. 4, 6. Cap. an. 819, tit. II, c. 19.

95: Cap. Car. calv., tit. 27, cap. 14.

96: Ceux-ci étoient à la charge des fidèles, dont le devoir étoit de les bâtir, de les entretenir et de les fournir de toutes les provisions nécessaires, lorsque les rois venoient y établir leur résidence momentanée. (Cap. Car. calv., tit. 36, cap. 37.)

97: On comptoit dans les diverses provinces qui composoient le royaume cent soixante habitations de ce genre. Les monnoies des rois francs, leurs chartes, leurs synodes portent souvent le nom de quelques-unes de ces forteresses ou maisons de campagne qu'ils habitoient successivement.

98: Baluze. Capit. t. II, p. 267.

99: Paris ayant été brûlé tant de fois, et les historiens n'ayant laissé aucune tradition sur les édifices de ce temps-là, on ignore entièrement non-seulement quelle étoit la forme de leur construction, mais encore quelles étoient les matières qui y étoient employées. À peine savons-nous comment cette ville étoit bâtie il y a deux ou trois siècles. Cependant ces nombreux incendies portent à croire que toutes les maisons étoient en bois; et il est certain que, sous Henri IV, elles étoient encore formées de charpentes couvertes d'un enduit de plâtre. On cite, comme une chose remarquable, que, sous Louis XII, les maisons du pont Notre-Dame étoient bâties en briques.

100: Il est impossible de donner à ce sujet aucun renseignement exact. Le premier recensement dont parlent les historiens fut fait en 1323, sous Philippe-le-Bel, et alors Paris s'étoit fort étendu sur les deux rives de la Seine.

101: Sous le règne de Lothaire, l'évêque d'Aleth (aujourd'hui Saint-Malo), craignant la profanation des reliques de son église par les Normands qui infestoient tout le royaume, résolut de les apporter à Paris, alors le seul lieu de sûreté qu'il y eût en France. Les ecclésiastiques et les moines de Bagneux et de Dol, craignant également pour leurs reliques, conçurent le même dessein, et se joignirent à ce prélat pour faire le voyage de Paris. (Félib.)

102: Le moine Abbon est l'auteur de ce poëme. Il étoit normand lui-même, et avoit été témoin de ce siége qu'il décrit avec une grande exactitude de détails. Son ouvrage, écrit en latin barbare, est loin d'être un chef-d'œuvre de poésie, mais doit être considéré comme un monument historique extrêmement curieux; il contient environ douze cents vers divisés en deux livres, et fut composé vers la fin du neuvième siècle.

103: Abbon, v. 504 et seqq. Il fut renversé en partie par un débordement de la rivière, la nuit du 6 février 886. Ceux qui ont confondu le Grand pont avec ce pont de Charles-le-Chauve, attribuent au Petit pont ce qui arriva en effet à celui de ce prince, V. Jaillot, tom. 1, p. 167.

104: Sauval et D. Félibien disent qu'on ne trouve aucuns documents sur ce pont avant l'année 1323; et le premier de ces deux historiens, par une de ces contradictions dans lesquelles il lui arrive si souvent de tomber, rapporte presque au même endroit que ce pont fut emporté par les glaces en 1196, 1280, etc., tom. 1, p. 225.

105: Jaillot prouve sans réplique que tous les historiens de Paris se sont trompés, en appelant la plus grande de ces îles l'île aux Treilles, et la plus petite l'île de Bucy ou du Pasteur aux vaches. Ces noms appartenoient à des îles ou atterrissemens que la Seine avoit formés plus bas, parce qu'alors elle n'étoit pas retenue dans son lit comme elle l'est aujourd'hui. Ces îles ont disparu, soit qu'elles aient été emportées par la violence des débordements, soit qu'en construisant les quais on les ait détruites pour laisser un cours plus libre à la navigation. Toutefois l'île aux Bureaux ne reçut ce nom qu'en 1462, de Hugues Bureau, à qui l'abbé de Saint-Germain la concéda cette même année, moyennant une rente annuelle. On ignore si l'île à la Gourdaine avoit donné son nom au moulin qui étoit placé au-dessus, ou si elle en avoit reçu ce nom, que ce moulin portoit aussi.

106: Cette maison est mal placée sur les plans du commissaire Delamare, qui sont ceux que nous avons copiés; elle s'y trouve à l'endroit où est située aujourd'hui la cour Neuve; et Jaillot prouve qu'elle s'élevoit à l'entrée de la place Dauphine. Ces plans ne représentent aussi qu'une seule île, et il y en avoit deux.

107: Dans ceux-ci on a surbaissé les arcs, ce qui donne plus d'élégance, sans nuire à la solidité.

108: Ce fut lui qui donna les dessins de la galerie du Louvre.

109: Voy. pl. 9.

110: Le produit de la location de ces boutiques, qui sont au nombre de vingt, avoit été donné par Louis XVI à l'académie de Saint-Luc, pour être employé au paiement des pensions des pauvres veuves de cette académie.

111: Voy. pl. 25.

112: Renversée le 11 août 1792.

113: Ce qui donne lieu sans doute à la méprise qui a fait attribuer si long-temps cette figure à un sculpteur françois, c'est qu'en effet le sieur de Franqueville, architecte et premier sculpteur du roi, fut chargé d'envoyer un modèle de la statue du roi à Florence. C'étoit probablement le portrait de Henri IV, modelé d'après nature, dont il étoit difficile sans doute que l'artiste italien pût se passer; et ce portrait fut effectivement envoyé. (Voyez Mémoires historiques relatifs à la fonte de la statue équestre de Henri IV, par M. Ch. J. Lafolie.)

114: Inscription sur la table principale du piédestal:

Errico IV, Galliarum imperatori, Navar. R. Ludovicus XIII, filius ejus opus incho. et intermissum, pro dignitate pietatis et imperii, pleniùs et ampliùs absolvit. Emin. D. C. Richelius commune votum populi promovit, super illust. viri de Bullion, Bouthillier, P. Ærarii F. faciendum curaverunt. MDCXXXV.

Sur la table au-dessous:

Quisquis hæc leges, ita legito: uti optimo Regi precaberis exercitum fortem, populum fidelem, imperium securum et annos de nostris. B. B. F.

Sur la table du côté du faubourg Saint-Germain:

PREMIÈRE INSCRIPTION.

Genio Galliarum S. et invictissimo R. qui, Arquensi prælio, magnas conjuratorum copias parvâ manu fudit.

DEUXIÈME INSCRIPTION.

Victori triumphatori feretrio, Perduelles ad Evariacum cœsi, malis vicinis indignantibus et faventibus, clementiss. imper. Hispano duci optima reliquit.

Sur la table du côté du pont Royal:

N. M. Regis rerum humanarum optimi, qui sine cæde urbem ingressus, vindicatâ rebellione, extinctis factionibus, Gallias optatâ pace composuit.

Enfin sur la table du côté de la Samaritaine:

Ambianum Hispanorum fraude intercepta, Errici M. virtute asserta, Ludovicus XIII, M. P. F. iisdem ab hostibus fraude ac scelere tentatus, semper justitiâ et fortitudine superior fuit.

Sur la table au-dessous:

Mons omnibus ante se ducibus regibusque frustrà petitus, Errici M. felicitate sub imperium redactus, ad æternam securitatem ac gloriam Gallici nominis.

Sur la grille de fer qui renfermoit ce monument, étoit l'inscription qui suit:

Ludovicus XIII. P. F. F. imperii, virtutis et fortunæ obsequentiss. hæres, J. L. D. D. Richelius C. vir supra titulos et consilia omnium retrò principum, opus absolvendum censuit. N. N. II. VV. de Bullion, Bouthillier, S. A. P. dignitati et regno pares, ære, ingenio, curâ, difficillimis temporibus P. P.

115: Ces figures ont été sauvées de la destruction et déposées au Musée royal, où elles sont encore maintenant.

116: Ce monument lui-même est une preuve plus frappante encore de l'inconstance de la multitude, et du mépris que méritent également sa haine et son amour. Pendant près de deux siècles, le souvenir de Henri IV fut cher au peuple de Paris; et sa statue étoit pour ce peuple l'objet d'une sorte de culte. Dans les premiers jours de la révolution, on l'avoit vu forcer les passants à s'agenouiller devant l'image de ce bon roi; environ deux ans après, il l'abattit avec des cris de rage, comme celle du plus affreux des tyrans.

Ce fut le 23 avril 1814, peu de jours après le retour d'un Bourbon dans les murs de Paris, que le conseil municipal de cette ville arrêta, par une délibération, que la statue de bronze de Henri IV seroit rétablie à l'endroit même où elle avoit été abattue, et qu'elle le seroit au moyen d'une souscription à laquelle tous les François seroient appelés à concourir. À peine cette souscription fut-elle ouverte que de toutes les parties de la France, arrivèrent d'innombrables offrandes, et de la part de toutes les classes de ses habitants. L'exécution de la statue avoit été confiée à M. Lemot, déjà célèbre par l'exécution de plusieurs grandes compositions monumentales, parmi lesquelles se fait remarquer le fronton du Louvre, l'un des plus beaux ouvrages de sculpture qu'aient produits les temps modernes. Il commença sur-le-champ son petit modèle, qui ne fut achevé et moulé en plâtre qu'au mois de janvier 1815, peu de semaines avant le funeste retour de Buonaparte. M. Lemot n'en continua pas moins, pendant l'époque dite des cent jours, et avec autant de courage que de persévérance, le travail qu'il avoit commencé. Le modèle en grand du cheval étoit déjà fort avancé lors de la rentrée du Roi; et à la fin de décembre 1815, il étoit moulé, coulé et monté en plâtre, enfin au mois d'avril 1816, l'œuvre de l'artiste étoit entièrement achevée. Le 18 mars 1817, on fondit, dans la fonderie de Saint-Laurent, la tête et le torse de la figure; et ce fut le 6 octobre suivant que le cheval et la partie inférieure du cavalier qui y étoit attenante furent coulés en bronze et avec le succès le plus complet dans les ateliers du Roule, et dans le même fourneau où avoit été fondue la statue de Louis XV, le 5 mai 1758.

Le 28 du même mois d'octobre, S. M. Louis XVIII posa la première pierre du monument, et le 25 août de l'année suivante elle en fit l'inauguration avec une pompe toute royale, et au milieu des acclamations et des transports de joie de l'immense population de Paris. Cette population avait offert quelques jours auparavant (le 14 août) un spectacle encore plus touchant, lorsqu'on l'avoit vue, pendant le transport de la statue, se précipiter sur les traits de l'équipage que dix-huit paires de bœufs ne pouvoient plus ébranler, offrir ses bras par milliers pour traîner un si cher fardeau, et le conduire, comme dans une marche triomphale, jusqu'au pont des Arts, où la statue demeura trois jours. Le 17, soixante-dix chevaux l'amenèrent enfin au terre-plein, où elle fut placée très-heureusement sur son piédestal, par M. Guillaume, charpentier, qui fit cette opération à ses frais, ainsi qu'il l'avoit généreusement proposé, voulant ainsi payer le tribut d'un bon François à la mémoire du bon Henri.

C'est un monument d'un grand style, d'un dessin correct et savant: l'artiste a su allier la beauté des formes à la vérité de l'attitude; la noblesse et la ressemblance parfaite des traits avec la franchise et la naïveté de l'expression. Il s'est montré d'une exactitude scrupuleuse dans tous les détails du costume et jusque dans les moindres accessoires, sans jamais descendre à l'imitation servile d'un copiste; le mouvement du cheval est neuf et vraiment admirable; toutes les parties en sont étudiées avec le plus grand soin, et traitées dans la plus grande manière; enfin, à la place d'une statue médiocre, s'est élevée une statue digne d'un de nos plus grands rois, digne des plus beaux temps de l'art parmi les modernes, et qui attestera à la postérité à quel point, au commencement du 19e siècle, la sculpture étoit florissante.

Les bas-reliefs qui ornent le piédestal, exécutés par la main savante du même artiste, présentent dans des compositions ingénieuses et pleines de sentiment, au côté méridional, Henri IV faisant distribuer des vivres aux habitants de Paris qui, pendant le siége de cette ville, s'étoient réfugiés dans son camp; au côté méridional, le roi, déjà entré en vainqueur dans sa capitale, s'arrêtant au Parvis de Notre-Dame, et là donnant ordre au prévôt de Paris de porter à ses habitants des paroles de paix, et de les inviter tous à reprendre leurs travaux accoutumés.

Sur la façade du piédestal qui regarde le pont Neuf, on avoit peint l'inscription suivante, composée par l'académie des belles lettres:

«HENRICI MAGNI ob paternum in populos animum notissimi principis sacram effigiem, inter civilium furorum procellas, Galliâ indignante, dejectam, post optatissimum LUDOVICI XVIII reditum, ex omnibus ordinibus cives, ære collato; restituerunt, nec non et elogium quod simul cum effigie abolitum fuerat, lapidi rursùs inscribi curaverunt.»

Sur la face qui regarde le pont des Arts doit être placée l'inscription que portoit la face principale de l'ancien piédestal, et que nous avons déjà citée:

ERRICO IV, Galliarum imperatori, etc.

117: Voy. pl. 25.

118: Appelé alors jardin du premier président.

119: Voyez pl. 10.

120: Au milieu de cette place est une fontaine en forme de piédestal, laquelle soutient un petit monument élevé en l'honneur du général Desaix, tué à la bataille de Marengo.

121: Cette île, ainsi que celle à la Gourdaine, appartenoit alors, ainsi que nous l'avons déjà dit, à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés; et l'on n'a point trouvé qu'elles eussent de dénomination particulière avant la fin du quinzième siècle.

122: Voy. dans le deuxième volume, l'article Temple.

123: Le mot chapelle a diverses acceptions: il signifie quelquefois une église particulière, qui n'est ni cathédrale, ni collégiale, ni paroisse, ni abbaye, ni prieuré. Ces sortes de chapelles sont celles que les canonistes appellent sub dio.

On désigne aussi sous le nom de chapelle une partie d'une grande église dans laquelle il y a un autel, et où l'on dit la messe. Celles-ci sont appelées sub tecto.

Enfin il y a des chapelles domestiques dans l'intérieur des monastères, hôpitaux, communautés, dans les palais des princes et autres maisons particulières. Ce sont proprement des oratoires privés, dans lesquels on a obtenu la permission de faire célébrer le saint sacrifice. On appelle spécialement saintes chapelles celles qui sont établies dans les palais des rois.

124: Duchesne, t. V, p. 411.

125: Duchesne, t. IV, p. 77. Un mémoire manuscrit, conservé dans les archives de la Sainte-Chapelle, reculoit cette fondation jusqu'à l'année 922. Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que cette chapelle fut rebâtie par Louis-le-Gros, et la preuve en est dans les lettres de Louis VII de l'an 1160. (Dubois, Hist. ecclés.; Par., t. 1, p. 154.)

126: La gravure extrêmement fidèle que nous donnons de la Sainte-Chapelle (voy. pl. 11) offrira sur-le-champ une idée plus exacte de cet édifice que tout ce que nous pourrions en dire; et généralement la description des monuments gothiques par le simple discours a toujours quelque chose de vague, parce que les termes consacrés à l'architecture ne peuvent y être employés que dans une acception détournée, et par conséquent arbitraire.

127: Voy. pl. 25.

128: De là le proverbe: Vin de la couleur des vitres de la Sainte-Chapelle.

129: Ce privilége lui avoit été accordé par une bulle de Jean XXII du 5 août 1320.

130: Ses restes avoient été transportés, pendant la révolution, dans le jardin du Musée des monuments français, rue des Petits-Augustins; et dans la première édition de cet ouvrage, nous avions laissé entrevoir ce que nous trouvions d'indécent dans cette étrange translation. Depuis le retour du Roi, ils ont été portés à Saint-Étienne-du-Mont, et déposés dans une chapelle de cette église.

131: Dans l'origine, la Sainte-Chapelle avoit un clocher, qui fut brûlé en 1630, avec le comble de l'édifice, par la négligence d'un plombier qui y travailloit; à sa place on éleva une flèche que l'on considéroit comme un modèle de hardiesse et de légèreté. Elle a été démolie dans les premiers temps de la révolution.

132: Après ces cinq principaux chapelains, on comptoit cinq sous-chapelains-prêtres, cinq clercs, diacres ou sous-diacres, et deux marguilliers, aussi diacres ou sous-diacres. En 1248, le saint roi ajouta un troisième marguillier, ordonna que tous les marguilliers fussent prêtres, et qu'ils eussent chacun un clerc, diacre ou sous-diacre. Leur nombre s'augmenta sous ses successeurs jusqu'à quarante-cinq. Celui des chapelains fut réduit à vingt par arrêt du réglement du 19 mai 1681. (Duchesne, t. V, p. 533.)

133: Il y est dit que «lesdits trésorier et chanoines porteront à l'avenir des aumusses de petit-gris, fourrées de menu-vair, au lieu des noires qu'ils portoient avant, parce qu'à peine on pouvoit les distinguer des chapelains, et que très-souvent on leur donnoit ce dernier nom, au lieu de celui qui leur appartenoit.» Quia vix possunt propriè recognosci vel distingui, et sæpissimè dicuntur capellani et non canonici.

134: Duchesne, t. V, p. 533.

135: Presque toutes ces reliques étoient accompagnées de leurs pièces justificatives. L'auteur de l'histoire de la Sainte-Chapelle ne les considère pas toutes néanmoins comme authentiques; et nous partageons les doutes qu'il élève à ce sujet.

136: Il étoit partagé en douze morceaux plaqués, formant une croix d'un pouce de large sur neuf pouces une ligne de haut, et de sept pouces neuf lignes dans la traverse.

137: Il est déposé au cabinet des antiquités de la bibliothèque Royale.

138: Les Grecs avoient fait peindre en émail les quatre Évangélistes aux quatre coins de la plaque dont elle étoit entourée.

139: On l'appeloit alors le grand camaïeu.

140: Déposé au cabinet d'antiquités de la bibliothèque Royale, ainsi qu'un grand nombre des antiquités dont nous venons de donner l'énumération.

141: Déposé au Musée des Petits-Augustins.

142: La construction de la Sainte-Chapelle avoit coûté 40,000 liv., qui valoient 800,000 liv. de notre monnoie. Les reliques et les châsses avoient coûté 100,000 liv. (2,000,000.)

143: En 1306, Philippe-le-Bel nomma les religieux augustins pour faire chaque année à la Sainte-Chapelle l'office de la translation des saintes reliques; il accorda la même prérogative aux jacobins et aux cordeliers en 1309; les carmes obtinrent le même avantage de Charles-le-Bel en 1322.

144: La Sainte-Chapelle est maintenant un dépôt d'archives.

145: Am. Marc., lib. XV, cap. 11.

146: Delamare, tome I.

147: Greg. Tur., Hist., lib. III, cap. 18.

148: Le même historien nous apprend que Caribert étoit logé dans la Cité, et qu'un prêtre de Bordeaux vint l'y trouver. Presbiter, Parisiacæ urbis portas ingressus, regis præsentiam adiit (Lib. IV, cap. 26). On en pourroit citer encore d'autres exemples.

149: Il y avoit encore une maison royale dans le cloître Notre-Dame, où Louis VII passa ses premières années, comme il le témoigne lui-même. On ignore où étoit cette demeure, mais il est certain qu'il y retourna souvent, et qu'il alla l'habiter lorsqu'il céda le palais à Henri II, roi d'Angleterre. (Sauval.)

150: Dans ce jardin-là même, dit Sauval, saint Louis, vêtu d'une cotte de camelot, d'un surcot de tirretaine sans manches, et d'un manteau par-dessus de sandal noir, y rendoit justice, couché sur des tapis, avec Joinville et d'autres, qu'il choisissoit pour conseillers.

151: Aim., lib. I, c. 12.

152: Aimoni nous apprend (lib. 4, c. 1) que Brunchaut ayant envoyé sommer Clotaire de sortir du royaume d'Austrasie où elle prétendoit établir Sigebert, bâtard de Thierri, Clotaire lui fit répondre «qu'elle devoit convoquer l'assemblée des nobles francs, et soumettre à une délibération commune ce qui étoit de l'intérêt commun; que pour lui, il se soumettroit en tout à ce qu'ils auroient jugé, promettant de n'y faire aucune opposition.»

Gontram fit une réponse semblable aux ambassadeurs de Childebert, qui demandoient qu'il lui livrât Frédégonde, la meurtrière de son père et de son oncle. «C'est dans le plaid que nous tenons, que nous ordonnons et traitons de tout ce qui se doit faire.» (Greg. Tur. Hist., lib. 7, c. 7.)

153: Hinem. ep., tit. 14.

154: Ces vassaux ou mineurs donnoient leur avis quand il leur étoit demandé, mais n'avoient aucune autorité dans ces assemblées; et le même écrivain le dit formellement. (Loc. cit.)

155: Lorsque le temps étoit beau, dit encore Hincmar, on s'assembloit dans la campagne (et l'ancienneté de cet usage est attestée par quelques lois de Childebert, rédigées vers l'an 595); mais lorsque le temps ne le permettoit pas, on se retiroit dans des lieux couverts où l'on avoit pratiqué des séparations, afin que les seigneurs pussent s'assembler en particulier, et que la multitude eût aussi un asile et un lieu d'assemblée dans lequel le menu peuple ne pût point entrer et se confondre avec les fidèles: il y avoit deux chambres particulières pour les seigneurs; l'une où s'assembloient les évêques, les abbés et les autres ecclésiastiques d'un ordre éminent, l'autre où se tenoient les comtes et autres seigneurs du premier rang. C'est là qu'ils attendoient l'heure des délibérations, et qu'ils étoient ensuite introduits dans le lieu appelé Curia, lequel se composoit également de deux salles, l'une pour les laïques, l'autre pour les gens d'église. Il étoit libre alors aux prélats et aux seigneurs de se réunir ou de se rassembler, selon qu'ils le jugeoient à propos, et selon la nature des affaires qu'ils avoient à traiter. On leur remettoit de la part du roi les chapitres sur lesquels ils avoient à délibérer, et ils en délibéroient. Au roi seul appartenoit de proposer aux seigneurs l'objet de leur délibération; on appeloit chapitre ou capitule les différents points sur lesquels elle devoit rouler, et collectivement ces matières étoient appelées capitulaires d'interrogation, avertissements ou décrets. Le roi n'assistoit point ordinairement aux délibérations des seigneurs temporels et spirituels. «Il profitoit de ce temps, dit encore Hincmar, pour faire accueil à toute la multitude, tant aux seigneurs qu'aux particuliers et aux subalternes. Il recevoit leurs présents, saluoit les grands, s'entretenoit avec eux, suivant l'âge et l'état des personnes, etc.» (Loc. cit., cap. 35, 36.)

De tels passages montrent quelle est encore l'erreur de ceux qui se représentent ces champs de mars comme des assemblées tumultueuses et populaires, peu différentes de celles de la populace des petites démocraties de la Grèce. Non seulement elles ne se composoient que de l'élite de la nation, mais il n'y avoit encore dans ces premières classes que les plus élevés qui eussent véritablement le droit de délibération.

Lorsque l'usage de la cavalerie se fut introduit dans les armées, comme il arrivoit souvent qu'au sortir de ces assemblés on entroit en campagne, on crut devoir ne les convoquer qu'au mois de mai, parce qu'alors les fourrages étoient plus abondants. Elles prirent donc sous la seconde race le nom de champ de mai.

156: Aim., lib. IV, c. 41.

157: Cette multitude, ainsi que l'appelle Hincmar, se composoit des guerriers qui n'étoient pas comtes, c'est-à-dire des vassaux du roi, de ceux des autres vassaux qui n'étoient pas domestiques, de leurs suzerains, des vicomtes, des centeniers, des dixainiers, des prélats du second ordre et des propriétaires, qui tous n'entroient point dans le grand comité où les grands vassaux avoient seuls le droit de siéger. Telle étoit cette multitude: c'est là ce qu'on appeloit le peuple; et il est important de le bien remarquer pour éviter les erreurs grossières où sont tombés ceux qui ne s'en sont pas fait cette juste idée.

158: Greg. Tur. Hist., lib. III, cap. 7.

159: Aim., lib. IV, c. 79.

160: De morib. Germ., § 5.

161: Le comte palatin paroît avoir remplacé dans la cour des rois francs le grand dignitaire que l'on nommoit maître des offices à celle des empereurs. C'étoit lui qui faisoit la police dans le palais, et même dans tout le canton où résidoit la cour; il recevoit toutes les causes qui étoient portées au palais, et décidoit de celles qui devoient être jugées en présence du roi; il étoit l'introducteur de ceux qui vouloient en obtenir audience, et faisoit auprès de lui les fonctions du ministère public; enfin il présidoit au tribunal où étoient jugées toutes les causes qui ressortissoient de son département. La dignité de comte palatin existoit encore sous Louis-le-Gros en 1136, et l'histoire ne marque point à quelle époque elle fut abolie.

162: Aim. lib. IV, c. 7.

163: (Eginard., In princip.)

164: Bal., tome II. C'est que Paris devint alors la capitale du royaume et le centre de toute l'administration.

165: Aim., lib. V, c. 49.

166: On y procédoit alors contre le roi lui-même, comme il procédoit lui-même à l'égard des particuliers. On s'adressoit à sa cour, et la cour assignoit un jour au roi et à sa partie pour dire leurs raisons et s'entendre juger.

167: C'est la raison pour laquelle les grands vassaux se montrèrent si mécontents de ce qu'on appeloit de leurs sentences, et se portèrent quelquefois aux derniers excès contre les appelants.

168: La création des douze pairs tire aussi son origine de deux autres coutumes: l'une qui établissoit qu'aucun tribunal ne pouvoit être complet, s'il n'étoit composé de douze juges; l'autre, que tous les tribunaux devoient être mi-partis, c'est-à-dire composés d'un nombre égal de juges clercs et laïques: ce fut donc une nécessité pour les grands barons de partager la pairie avec six ecclésiastiques; et comme il falloit que les pairs laïques fussent aussi au nombre de six, cette circonstance fut favorable à quelques-uns des seigneurs qui l'obtinrent, bien que leur puissance fût loin d'égaler celle des ducs de Guienne, de Normandie, etc.

169: Donnée en 1302.

170: Par cette même ordonnance de Philippe-le-Bel (art. 62), il est dit qu'il sera tenu des parlements dans diverses villes du royaume, et ainsi s'explique la véritable signification de ce mot: «c'est une assemblée, un pour-parler de juges ou d'autres personnes.» On comptait les parlements; ils se convoquoient, ils se séparoient, et la cour du roi étoit toujours la même. Elle existoit hors du parlement; elle prorogea même le parlement, lorsqu'elle fut seule assemblée en parlement; c'est-à-dire qu'elle prorogea ses séances solennelles. Tout parlement n'étoit pas une cour souveraine, puisque l'on donna ce nom aux séances d'une cour qu'Alphonse, frère de saint Louis, avoit autrefois tenue à Toulouse. (De Buat., t. IV, p. 71.)

171: Quand le roi y assistoit, c'étoit la cour ou le plaid du roi; c'étoit la cour du palais, quand un autre que lui la présidoit. Le parlement, tel qu'il étoit dans les derniers temps de la monarchie, n'étoit qu'une émanation de cette cour suprême, laquelle forma, par la distribution de ses conseillers, toutes les autres cours supérieures.

172: Il est très-remarquable que ce fut la foiblesse même à laquelle fut réduit le pouvoir des rois à la fin de la seconde race, qui fit tomber en désuétude le plaid général, accrut l'influence de leur propre cour, et finit par les rendre plus puissants qu'ils n'avoient jamais été. En effet, les grands vassaux, s'étant rendus presque indépendants, et réunissant dans leurs fiefs, qui étoient devenus de petites principautés, le pouvoir politique à l'administration civile et judiciaire, se soucièrent peu, dès ce moment, de consacrer par leur présence l'autorité d'une assemblée où leurs vassaux pouvoient se rendre appelants contre eux, où toutes les usurpations que le malheur des temps leur avoit procuré l'occasion de faire, pouvoient leur être si facilement contestées. La pauvreté des rois les éloignoit également de leur cour, alors beaucoup moins magnifique que celle de quelques-uns d'entre eux, et leur absence du manoir royal contribua à accroître l'autorité des grands officiers de cette cour suprême, qui délibéroient alors de toutes les grandes affaires dont la discussion n'étoit pas exclusivement réservée au plaid général. Dès ce moment le plaid du roi fut plus rare et se tint avec plus de solennité; et comme le nombre des vassaux immédiats, qui étoit extrêmement diminué, avoit fini par confondre ensemble toutes les classes de la noblesse, autrefois si distinctes, ce plaid du roi devint insensiblement celui de la nation, et en obtint toutes les prérogatives. Par cela même que les grands vassaux, maîtres chez eux, ne s'inquiétoient nullement du gouvernement des provinces, villes et fiefs qui étoient sous le pouvoir immédiat du roi, il arriva que celui-ci put avoir des conseillers fort inférieurs en puissance personnelle aux premiers conseillers, et que leur autorité fut cependant plus absolue, parce qu'elle s'exerça sur des sujets et vassaux d'une condition moins élevée, et qui par cette raison se montraient moins indociles. Le pouvoir royal s'accroissoit en outre de jour en jour par la réunion d'un grand nombre de fiefs qui rentroient dans le domaine du Roi, et fortifioient ainsi les droits de souverain de ceux de duc, de comte, de marquis, etc. Ceci finit par s'étendre à tout le royaume; et alors commencèrent les grandes polices dont parle Mézerai.

173: Cette chambre des plaids étoit appelée la grand'chambre[173-A]. C'étoit là le parlement proprement dit; là seulement étoit la plénitude de la juridiction, parce que là seulement siégeoient les grands personnages à qui seuls il appartenoit de l'établir.

C'est en la grand'chambre que le roi tenoit son lit de justice, et que le chancelier, les princes et les pairs venoient siéger quand ils le jugeoient à propos. Elle seule étoit compétente pour connoître des crimes; et ce droit elle le conserva exclusivement jusqu'en 1515 qu'il fut aussi accordé à la chambre des Tournelles.

Les ecclésiastiques, les nobles, les magistrats des cours supérieures avoient conservé, comme nous venons de le dire, le privilége de n'être jugés qu'en la grand'chambre, lorsqu'ils étoient prévenus de quelque crime. La présentation de toutes lettres de grâce, pardon et abolition, lui appartenoit, encore que le procès fût pendant à la tournelle ou aux enquêtes. On y plaidoit les requêtes civiles, même contre les arrêts de la tournelle. Elle connoissoit des appellations verbales interjetées des sentences des juges qui étoient du ressort du parlement de Paris; des causes auxquelles le procureur-général étoit partie pour les droits du roi et de la couronne; des causes des pairs pour ce qui regardoit leurs pairies; des causes de l'université en corps et de plusieurs autres communautés. Elle recevoit le serment des ducs et pairs, des baillis et sénéchaux, et de tous les juges et magistrats, dont les appellations se relevoient immédiatement au parlement de Paris.

173-A: On l'a aussi appelée la grand'voûte, et, depuis Louis XII, la chambre dorée, à cause d'un plafond orné de culs-de-lampe dorés dont ce prince l'avoit enrichie.

174: Ces deux chambres se nommoient alors chambres des requêtes de l'hôtel. On les appeloit anciennement les plaids de la porte, parce que, dans les lieux où séjournoit le roi, il y avoit toujours à la porte de son palais un ou deux officiers chargés par lui de recevoir les requêtes, et d'y répondre sur-le-champ, à moins que l'affaire ne méritât d'être portée au prince. Lorsque Philippe-le-Bel eut rendu le parlement sédentaire, il fit un réglement pour les maîtres des requêtes de l'hôtel, par lequel il fut établi qu'ils serviroient par quartier aux lieux où seroit le roi, et le reste du temps au parlement. La chambre des requêtes du palais fut établie par Philippe-le-Long, à l'instar de celle des requêtes de l'hôtel, et on lui attribua, à l'égard du parlement, les mêmes fonctions qu'exerçoient les autres à l'égard du roi, c'est-à-dire qu'elle avoit le pouvoir de prendre et de juger les requêtes présentées à cette compagnie, à l'exception des plus importantes qui devoient lui être rapportées, et sur lesquelles elle avoit seule le droit de prononcer. Henri III créa une seconde chambre des requêtes du palais, par son édit du mois de juin 1580.

175: Cette chambre jugeoit les appellations des procès par écrit, pour connoître s'il avoit été bien ou mal appelé à la cour. Depuis Philippe-le-Long, qui en créa une seconde, jusqu'en 1483, on n'en compte que deux; la première étoit appelée la grand'chambre des enquêtes, et l'autre la petite. François Ier, par lettres du dernier jour de janvier 1521, créa vingt conseillers au parlement, dont fut faite et composée la troisième chambre des enquêtes; il en érigea en 1543 une quatrième, qui fut d'abord nommée chambre du domaine, pour connoître des appellations des procès concernant le domaine et les eaux et forêts du royaume, et depuis quatrième chambre des enquêtes. Enfin Charles IX, par édit du mois de juillet 1568, créa une cinquième chambre des enquêtes, à l'instar des quatre autres.

176: Il déclara qu'il ne députeroit plus de prélats, parce qu'il faisoit conscience de eus empeschier au gouvernement de leurs experituautes. L'évêque de Paris et l'abbé de Saint-Denis continuèrent seuls d'y être admis.

177: On y jugeoit des affaires criminelles qui n'emportoient pas condamnation à mort. Celles-ci étoient renvoyées à la grand'chambre qui prononçoit. L'ordonnance de François Ier, qui la rendit perpétuelle, lui donna en même temps le droit de condamner à mort comme à toute autre peine corporelle.

En 1667, il fut érigé une tournelle civile qui jugeoit certaines affaires à l'audience. Il falloit tous les ans une nouvelle commission pour cette chambre, qui fut supprimée depuis 1698 jusqu'en 1735, et rétablie alors pour cette année seulement. Depuis il ne fut point donné de commissions.

178: Elle avoit été établie pour siéger pendant les vacances du parlement, et faire l'expédition des procès criminels, des matières provisoires et autres qui demandoient de la célérité.

179: On examinoit dans ces assemblées la conduite des conseillers du parlement; et les membres qui les composoient exerçoient dans le principe une autorité qui leur permettoit de destituer ou du moins de suspendre de leurs fonctions ceux qui étoient convaincus de négligence ou de prévarication. Les Mercuriales, qui, du temps de François Ier, se tenoient une fois par mois, furent réduites à quatre par an, par l'ordonnance de Moulins, et dans la suite à deux. Depuis long-temps les droits du procureur ou du premier avocat général se bornoient à faire alternativement un discours pour la réformation de la compagnie en général, et spécialement pour la censure des défauts dans lesquels quelques magistrats pouvoient être tombés.

180: Lorsque les grands fiefs eurent été réunis à la couronne, les rois créèrent de nouvelles pairies par lettres-patentes, ce qui ne s'étoit point pratiqué jusqu'alors. Les premières furent faites sous Philippe-le-Bel, en faveur des princes du sang seulement, et long-temps après on en créa pour les princes étrangers, ce qui fut continué jusqu'au règne de François Ier. Alors toutes les anciennes pairies laïques étant éteintes, on en créa aussi de nouvelles pour d'autres seigneurs, qui n'étoient ni princes du sang ni princes étrangers; et depuis ce temps les créations de duchés-pairies ont été multipliées à mesure que nos rois ont voulu illustrer des seigneurs de leur cour.

Les droits et les honneurs des pairs étoient très-étendus. Ils assistoient au sacre du roi, la couronne en tête, y faisant fonction royale, c'est-à-dire représentant la monarchie, et soutenant tous ensemble la couronne du roi. Chacun d'eux y exerçoit en outre des fonctions particulières attachées à sa pairie. En qualité de plus anciens et de principaux membres de la cour, ils avoient entrée, séance et voix délibérative en la grand'chambre et aux chambres assemblées du parlement, chaque fois qu'ils le jugeoient à propos. Dans leurs causes, tant civiles que criminelles, ils avoient le droit de n'être jugés que par la cour suffisamment garnie de pairs, etc., etc., etc.

181: Ce mortier indiquoit que, dans leur origine, ils furent barons, parce qu'il faisoit partie du costume des seigneurs qui portoient ce titre. Le mortier est encore aujourd'hui la couronne de baron, en termes de blason.

182: Cette pierre énorme étoit dans la cour, et ne doit pas être confondue avec une autre table de marbre qu'on voyoit dans la grand'salle, et dont nous parlerons tout à l'heure. Toutes les deux ont disparu dans l'incendie de 1618.

183: Ce fut la seconde assemblée de ce genre où le tiers-état eût été admis à délibérer des affaires publiques; et la première avoit été tenue sous le même roi. Avant cette époque, il n'y avoit eu d'autre assemblée représentative de la nation que le parlement général; et l'on ne connoissoit que deux ordres dans l'État, le clergé et la noblesse.

184: Voy. pl. 13.

185: Voy. pl. 12.

186: On projette, dit-on, de nouvelles additions à la restauration de la partie de cet édifice qui donne sur le quai de l'Horloge. Déjà une partie des échoppes qui l'obstruoient du côté du pont au Change ont été abattues; on y a fait, de ce même côté, quelques réparations; et dans ce moment on y élève des constructions destinées à masquer l'aspect irrégulier et désagréable de ces vieux bâtiments; on y fait entre autres une nouvelle porte d'entrée.

187: Ces armoiries furent détruites pendant la révolution: les figures ont été épargnées.

188: Maintenant hôtel de la préfecture de police.

189: Maintenant cour de Harlay.

190: L'ordonnance de Philippe-le-Bel qui établit la députation des requêtes de l'hôtel fut rendue à Bourges, dans le grand conseil, le parlement siégeant dès lors à Paris: on pourroit citer d'autres exemples.

191: Olim. an. 1317.

192: Nos rois avoient encore un autre conseil, dont l'origine remonte jusqu'à celle de la monarchie, et qui étoit connu sous le nom de Conseil étroit (Am. lib. IV, c. 7). Clotaire avoit pour conseillers intimes trois seigneurs dont Grégoire de Tours nous raconte la trahison. (App. c. 45.) Il est dit que Charlemagne se faisoit toujours accompagner de ses conseillers les plus éminents et les plus sages; et l'on voit ses successeurs avoir toujours auprès d'eux un semblable conseil, dans lequel ils faisoient entrer telle personne qu'il leur plaisoit, sans avoir là-dessus d'autre règle que leur volonté.

193: De là étoit venu cet usage que le parlement donnât des conseils au roi lorsqu'il faisoit des règlements nouveaux, usage dont cette compagnie a depuis si étrangement abusé. Anciennement, lorsque le souverain vouloit rendre publique une ordonnance nouvelle, il appeloit devant lui les membres du parlement, ou se rendoit lui-même au milieu d'eux, pour en délibérer de nouveau avec cette portion nombreuse de ses conseillers. De cet acte de condescendance le parlement prétendit faire un droit. Il avoit aussi été établi que lorsqu'une ordonnance auroit été rendue dans le grand conseil, elle seroit relue et reconnue dans le Palais, pour y être ensuite déposée. De là les refus d'enregistrement, qui n'étoient autre chose qu'un appel au peuple et à la révolte. C'est ainsi que cette belle institution avoit dégénéré au point de devenir aussi fatale à la France qu'elle lui avoit été utile et glorieuse dans de meilleurs temps.

194: Il ne faut pas confondre ce genre d'établissements avec ceux que fit saint Louis. Les établissements de ce roi ne sont pour la plupart que la rédaction des coutumes générales qui étoient passées en lois. Ils ressembloient beaucoup à la collection des capitulaires de Charlemagne et de Louis-le-Débonnaire, que l'acceptation de l'assemblée générale des Francs fit passer en lois.

195: C'est-à-dire que les ordonnances que le roi faisoit dans sa terre (in terrâ suâ), ainsi que l'on parloit alors, les barons, par le même droit, les faisoient aussi dans leurs terres.

196: C'est-à-dire fait dans l'assemblée générale de la nation. (Cout. de Beauv. cap. 4, p. 265.)

197: Avant l'établissement du Conseil du roi, qui a duré jusqu'à la révolution, le grand conseil, qu'il avoit remplacé, connoissoit, comme nous l'avons dit, d'une foule d'affaires, rarement contentieuses, dans toutes les branches de l'administration, domaines, finances, marine, commerce, lesquelles furent depuis attribuées à d'autres officiers successivement institués par nos rois; mais comme il résultoit de la part de ceux qui se croyoient lésés dans les jugements rendus par ces institutions, de continuelles évocations au grand conseil, cette circonstance détermina Charles VIII à le rendre permanent.

198: Olim. an 1291.—Secousse, t. Ier, p. 803 et 805.

199: Les membres de cette députation étoient si bien les collègues des conseillers au parlement, que, dans certaines occasions, ils remplacèrent la cour et jugèrent des causes qui n'étoient pas dans leur département ordinaire, avec ceux des conseillers qu'ils purent rassembler. (Olim., an. 1314.)

200: Un porc-épic composoit le corps de cette devise; et ces deux mots, et cominùs et eminùs, en faisaient l'âme.

201: Voyez pl. 14. La gravure qui représente ce monument a été exécutée d'après un dessin unique appartenant au cabinet des gravures de la bibliothèque.

202: Ce bâtiment servoit de dépôt à tous les anciens comptes du royaume. Les registres de la cour contenoient d'ailleurs une infinité de choses très-curieuses pour l'histoire, les généalogies, et des titres importants pour l'état d'un grand nombre de familles.

203: Deux fois sous Childebert et sous Gontram, dit Sauval; deux fois par les Normands; brûlé de nouveau en 1034, sous Henri Ier.

204: Sidon, lib. VII, cap. 6; Grég. Tur. Hist., lib. II, c. 25.

205: Nous avons déjà dit que l'empereur Anastase envoya à Clovis les insignes des premières dignités romaines. Voyez p. 49.

206: Grég. Tur. Hist., lib. IV, c. 14 et 18.

207: Grég. Tur. Hist., lib. IX, cap. 20.

208: Cap. Car. tit. 3, c. 12.

209: Art de vérif. les dates, ép. déd.; ibid., préf. p. ix.

210: Cod. Theod., lib. XVI, tit. 2, l. 15.

211: Aim., lib. II., c. 27.

212: Hincm., t. II., epist. ad Episc., c. 38.

213: Aim., lib. V, c. 10.

214: Grég. Tur. Hist., lib. V, c. 26. Il parle, en cet endroit, des hommes de saint Martin à qui Chilpéric fit payer le ban pour les punir de n'avoir point été à l'armée, après en avoir été requis.

215: Cap. Car., cal. tit. 27.

216: Cap. Car. cal., tit. 27. Il s'agit ici de la vision de saint Eucher.

217: Cap. Metens., an. 756, c. 14. Ces bénéfices furent appelés précaires.

218: Grég. Tur. Hist. lib. IV, c. 7. C'est là ce qu'on appeloit le droit de régale.

219: Cap. Car. cal. tit. 7, c. 65. Dans ce capitulaire, qui est celui d'Épernay, les évêques demandoient qu'on renouvelât à l'égard des redevances des bénéficiers ecclésiastiques les lois de Louis-le-Débonnaire et de Charles-le-Chauve; mais ces bénéficiers, qui étoient tous puissants seigneurs, rejetèrent cette demande, refusèrent les corvées et gardèrent les précaires.

220: Aim., lib. V, cap. 2. Les honneurs, chez les Francs comme chez les Romains, étoient indiqués par des marques extérieures, insignia. Tout homme libre chez les Francs avoit un honneur, et cet honneur commun à tous étoit la ceinture militaire ou le baudrier. Il le perdoit quand il entroit dans l'état monastique, et ne pouvoit plus le reprendre, même lorsqu'il lui plaisoit de rentrer dans la vie séculière. Cap. addit., c. III, 66; Cap. Met., an. 716, c. 2; I. Cap. an. 819, c. 16.

221: III. Cap. 20, an. 803.

222: III. Cap. 20, an 803.

223: Aim., lib. V, c. 2.

224: On leur donnoit encore le nom de gonfalonnier, parce qu'ils portoient la bannière des églises appelée gonfanum. C'est ainsi que l'oriflamme, bannière et enseigne dont l'abbaye royale de Saint-Denis se servoit dans ses guerres particulières, c'est-à-dire dans celles qu'elle entreprenoit pour retirer ses biens des mains des usurpateurs, ou pour empêcher qu'ils ne fussent enlevés, devint la bannière des rois de France, lorsqu'ils furent devenus maîtres des comtés de Pontoise et du Vexin, dont les seigneurs avoient été jusqu'alors avoués et protecteurs de cette abbaye. Ceci dut arriver sous le règne de Philippe Ier ou de son fils Louis-le-Gros. (Voyez dissert. de Ducange sur l'hist. de saint Louis.)

225: Aim. lib. VIII, c. 2. Cet évêque étoit saint Germain, qui tenoit le siége de Paris; et le monastère qu'il affranchit ainsi étoit celui de Saint-Vincent, depuis l'abbaye Saint-Germain-des-Prés.

226: Ce n'étoit pas contre les commendes en général qu'ils s'élevoient, puisqu'ils en possédoient eux-mêmes, mais contre la nomination abusive et scandaleuse des laïques à de semblables offices; c'étoit la dilapidation des biens des abbayes, souvent même l'expulsion des religieux de ces saintes demeures, qu'ils signaloient à la justice et à la religion du monarque: «Il y a des lieux sacrés, disoient-ils, qui sont devenus en entier la possession des laïques; il en est d'autres, qu'ils se sont en partie appropriés; il en est dont ils se sont donné les métairies comme leur propre héritage.» (Cap. Car. cal., tit. 3, c. 12, tit. 52.)

227: C'est ainsi que l'auteur d'un livre abominable, intitulé Histoire physique, civile et morale de Paris, présente impudemment comme autorités irréfragables de toutes les ordures dégoûtantes, de toutes les calomnies odieuses qu'il a accumulées dans son informe compilation, l'Enfer des chicaneurs, par Louis Vervin; les Variétés sérieuses et amusantes, par Sablier; les Caquets de l'Accouchée; la Pourmenade du Pré-aux-Clercs, poëme burlesque de Bertrand; l'Espadon satirique de d'Esternod: la satire du poète Sigognes contre son haut de chausses, etc., etc. S'il lui arrive de consulter quelquefois des autorités plus graves, ce sont des exceptions qu'il y cherche, afin de les présenter comme règles générales; expliquant ainsi très-facilement en faveur de son système de dénigrement, ce que l'on emploîroit précisément pour le combattre et le renverser de fond en comble. Au reste l'école philosophique et révolutionnaire n'a jamais eu d'autre méthode, depuis qu'elle a commencé sa guerre de plume contre la société; et cet auteur suit fidèlement la route que ses maîtres lui ont tracée. Avec de telles règles de critique et la conscience qu'elles supposent, il seroit facile de présenter saint Louis comme un chef de brigands, et saint Vincent de Paule comme un échappé des galères.

228: M. de Bonald, t. III, p. 412.

229: Les Fidèles descendus des anciens Francs méprisoient les lettres, parloient très-peu latin, n'estimoient que la profession des armes, et ne quittoient les camps que pour aller se confiner dans leurs terres; pendant près de deux siècles, leur ignorance les rendit incapables d'exercer aucune fonction ecclésiastique; tous les clercs étoient Romains.

230: Voyez l'art. Hôtel-Dieu.

231: Misericordia et veritas obviaverunt sibi: justitia et pax osculatæ sunt. (Ps. LXXXIV, II.)

232: «Les évêques parvenus à l'épiscopat par de bonnes voies, dit un capitulaire, doivent montrer le chemin du ciel par leur bon exemple et par la prédication. Ils doivent, autant qu'il est en eux, et tant par eux-mêmes que par leurs subalternes, assister le roi dans l'administration qui lui en est confiée; et quand la négligence ou la mauvaise volonté d'un abbé ou d'une abbesse, d'un comte ou d'un vassal de la couronne, leur fait rencontrer des obstacles à l'accomplissement de leurs devoirs, ils sont obligés d'en avertir le roi, afin qu'appuyés de son assistance ils puissent avoir un libre exercice de l'autorité qui leur appartient.» (Cap. an 823, c. 4)

Agobard, archevêque de Lyon, témoin des vexations et des injustices dont le peuple étoit accablé de la part de ses magistrats, se croyoit obligé d'en avertir le chef de la justice. (Agobard. Epist. ad Marfrid. procer. palat.)

233: Gibbon.

234: On appelle amortissement une aliénation d'immeubles faite au profit de gens de main-morte, comme de couvents, de confréries et autres communautés.

235: L'abbé Lebeuf, Hist. du diocèse de Paris, t. I.

236: Ann. eccl., t. II, p. 856. Gall. Christ, 27. Av. 218.

237: Hist. eccl., Paris, t. I, p. 498.

238: On appelle ainsi la juridiction de l'évêque.

239: Baluze, Capit., t. II, col. 1493.

240: Un prieur est un ecclésiastique préposé sur un monastère ou bénéfice qui a le titre de prieuré. Les réguliers ayant acquis, par la libéralité des fidèles, des biens éloignés de leurs monastères, envoyoient dans ces domaines un certain nombre de leurs religieux, pour régir le temporel et desservir l'église. Le chef de cette colonie avoit le nom de prieur ou prévôt, et ces établissements se nommoient celles ou obédiences.

241: Cart. S. Eligii.—Hist. eccl., Paris, t. I, p. 766.

242: Cette église étant entièrement ruinée, le roi avoit accordé, en 1715, une loterie pour la faire rebâtir; mais le peu d'étendue de sa paroisse fut un motif pour en empêcher la reconstruction: elle fut démolie en entier; on changea l'emplacement en presbytère, et l'on réunit ses paroissiens à ceux de Saint-Pierre-des-Arcis.

243: Le portail, élevé en 1704, est décoré de pilastres d'ordres dorique et ionique, et construit dans la forme pyramidale, qui étoit alors en usage. On a établi dans son intérieur un atelier de fonderie.

244: Extrait d'une lettre de Henri IV, écrite à différentes villes, aussitôt après cet attentat.

«Il n'y avoit pas plus d'une heure que nous étions arrivé à Paris du retour de notre voyage de Picardie, et étions encore tout botté, qu'ayant autour de nous nos cousins le prince de Conti, comte de Soissons et comte de Saint-Paul, et plus de trente ou quarante des principaux seigneurs et gentilshommes de notre cour, comme nous recevions les sieurs de Ragni et de Montigny, qui ne nous avoient pas encore salué, un jeune garçon, nommé Jean Châtel, fort petit, et âgé au plus de dix-huit à dix-neuf ans, s'étant glissé avec la troupe dans la chambre, s'avança sans être quasi aperçu, et nous pensant donner dans le corps du couteau qu'il avoit, le coup (parce que nous nous étions baissé pour relever lesdits sieurs de Ragni et de Montigny, qui nous saluoient) ne nous a porté que dans la lèvre supérieure du côté droit, et nous a entamé et coupé une dent....... Il y a, Dieu merci, si peu de mal, que pour cela nous ne nous en mettrons pas au lit de meilleure heure.»

245: Hist. de Henri-le-Grand, page 163.

246: Journ. de l'Étoile. An 1595.

247: Matth., t. II, liv. 1, p. 182.—Cayet, liv. VI, p. 430.—Mém. de Sully, t. II, p. 457. Éd. de 1763.—De Thou, liv. 3.—Cependant on n'avoit rien négligé pour lui arracher son secret; et pour y parvenir, on avoit employé jusqu'au sacrilége; car nous apprenons de l'Étoile que Lugoly, lieutenant de la maréchaussée, s'étoit déguisé en ecclésiastique, et avoit été introduit en qualité de confesseur auprès de J. Châtel.

248: Voyez le continuateur janséniste de Fleury, Hist. ecclésias., t. XXXVI.

249: Ibid.

250: «Une chose notable, c'est que les juges qui condamnèrent Guignard, parce que Louis Masure, ennemi déclaré des jésuites et député de la cour, avoit trouvé des anciens écrits de ce jésuite, ces mêmes juges étoient, pour la plupart, de ceux qui avoient assisté au jugement de l'arrêt donné contre le feu roi, l'an 1589, qui est une CHOSE ÉTRANGE.» (De l'Étoile. Journ. d'Henri IV,—t. II, p. 155 et suiv.)

251: Si le père Guignard avoit seulement conservé cet écrit, il n'étoit pas plus coupable que les autres gardiens de bibliothèques. S'il l'avoit composé lui-même, c'étoit pendant les égaremens de la ligue; et il y avoit eu amnistie pour tous les ligueurs, y compris le parlement.

252: Mém. d'Est., etc., p. 241.

253: «Guignard, étant conduit au supplice, soutint toujours qu'il avoit toujours été d'avis de prier Dieu pour Sa Majesté. Il ne voulut jamais crier merci au roi, disant que depuis qu'il s'étoit converti, il ne l'avoit jamais oublié au Memento de la messe. Étant venu au lieu du supplice, il protesta de son innocence, et néanmoins ne laissa d'exhorter le peuple à l'obéissance au roi, et révérence au magistrat; même fit une prière tout haut pour Sa Majesté, à ce qu'il plût à Dieu lui donner son saint esprit..... puis pria le peuple de prier Dieu pour les jésuites, et n'ajouter foi légèrement aux faux rapports que l'on faisoit courir d'eux; qu'ils n'étoient point assassins des rois, comme on vouloit le leur faire entendre, ni fauteurs de telles gens qu'ils détestoient; et que jamais les jésuites n'avoient procuré ni approuvé la mort de roi quelconque. Ce furent ses dernières paroles avant de monter à l'échelle.» (Mém. d'Estat. Loc. cit.)

254: «Guéret ne confessa jamais rien, dit de l'Étoile, et pourtant fut mis à la question où il se montra fort constant, et devant fit cette prière en latin tout haut: Jesu-Christe, fili Dei vivi, qui passus es pro me, miserere mei et fac ut sufferam patienter tormentum hoc quod mihi præparatum est, quod merui et majus adhuc; ATTAMEN TU SCIS, Domine, quòd mundus sum et innocens ab hoc peccato». «Ce qui signifie: Jésus-Christ, fils du Dieu vivant, qui avez souffert pour moi, ayez pitié de moi, et faites que je souffre avec patience le tourment qui m'est préparé; je l'ai mérité et un plus grand encore; cependant vous savez, Seigneur, que je suis pur et innocent du péché qu'on m'impute. Après cette prière étant tiré, il ne jeta aucun soupir ni plainte de douleur: seulement réitéra cette prière: Jesu Christe, fili Dei vivi, etc.». (Journ. d'Henri IV, t. II, page 168.)

255: À l'égard du père Guignard, le procureur général avoit conclu de même au bannissement, «et il y a grande apparence, dit le même de l'Étoile, que s'il ne fût venu à mauvaise heure, comme on dit, il en auroit été quitte pour cela.» (Ibid.) Il étoit assez fâcheux sans doute pour des jésuites, qui ne pouvoient choisir ni deviner la bonne heure du parlement, d'être pendus pour être venus à sa mauvaise heure.

256: Compte rendu au public des comptes rendus aux divers parlemens, etc., t. II.

257: Mém. de du Plessis, t. II, p. 500.—Journal de Henri III, t. V, p. 424.

258: Dupleix, Hist. de Henri-le-Grand.

259: C'est-à-dire leur entière destruction projetée dès le premier moment de leur existence, préparée par les efforts combinés de toutes les sectes de la prétendue réforme, hautement provoquée depuis et même prédite par les jansénistes et par tous les suppôts de la moderne philosophie.

260: Compte rendu déjà cité.

261: Depuis le cardinal d'Ossat.

262: Lettres du cardinal d'Ossat., 16 et 17.

263: Ibid. Lett. 23.

264: Ibid. Lett. 118.

265: Dupleix, Hist. de Henri-le-Grand.

266: Le jésuite Tolet.

267: Ce monarque ordonna, en 1596, qu'on fit par toutes les villes de son royaume, un service solennel pour le repos de l'âme, du jésuite Tolet; et il assista lui-même à celui qui fut fait dans la cathédrale de Rouen, où il étoit alors.

268: Dupleix, Hist. de Henri-le-Grand.

269: Choisy, Hist. de l'Égl., 1743, in-4o, t. X, liv. 31, ch. 4.

270: Dupleix, Hist. de Henri-le-Grand.

271: Ibid.

272: Ibid.

273: Il disoit, en parlant des fondations faites en faveur de la société, «que les fondateurs auroient de la joie, s'ils revenoient au monde, de voir faire un si bon emploi de leurs biens. Ils ont de bonnes lois, ajoutoit-il, parlant encore des jésuites à ses ministres assemblés; laissons-les vivre selon leur règle, et qu'on ne me parle plus d'y rien changer.» (Vie du père Cotton, liv. II.)

274: C'est dans ce discours qu'il déclara que tant s'en falloit qu'un jésuite eût trempé dans le projet d'assassinat de Barrière, que ce fut un jésuite qui l'avertit de son entreprise; et qu'un autre assura ce misérable qu'il seroit damné, s'il osoit l'entreprendre, etc. Enfin lorsque les jésuites vinrent apporter aux pieds de leur bienfaiteur l'hommage de leur vive reconnoissance, voici le discours que leur tint ce grand roi: nous le rapportons en entier sans y changer un seul mot.

«L'assurance suit la confiance, dit Henri IV; je me confie en vous, assurez-vous de moi; avec ce papier (le catalogue des colléges qu'ils tenoient de sa munificence), je reçois les cœurs de toute votre compagnie, et avec les effets, je vous témoignerai le mien. J'ai toujours dit que ceux qui craignent et aiment bien Dieu, ne peuvent faire que bien, et sont toujours les plus fideles à leur prince. Nous nous sommes détrompés; je vous estimois autres que vous n'êtes, et vous m'avez trouvé autre que vous ne m'estimiez. Je voudrois que c'eût été plus tôt, mais il y a moyen de récompenser le passé: aymez-moi, car je vous ayme.» (Matth., panégyr. de Henri IV.)

275: Ces expressions, nous les empruntons à un membre même de la magistrature, le président de Grammond: pyramidam dirui mandat, vetus in jesuitas monumentum procacitate respersum et satirâ. (Hist. gall., p. 107.)

276: Le père Cotton, confesseur du roi, qui vit l'artifice «soutint que la pyramide devoit être démolie pendant le jour, disant tout haut que Henri IV n'étoit point un roi de ténèbres». (Journal de Henri IV, t. III.) Son avis prévalut comme le plus judicieux: le pilier «fut renversé en plein jour, au mois de mai, par le lieutenant civil Miron, envoyé pour ce sujet par Sa Majesté.» (Mém. de Sully, liv. XX).

277: L'auteur de l'Histoire physique, civile et morale de Paris, rapporte exactement dans son livre (t. III, p. 420) toutes ces longues et fastidieuses inscriptions, où la même idée est répétée jusqu'au dégoût; et cette idée n'est pas autre chose que l'expression d'une haine contre les jésuites, furieuse jusqu'au délire. Au reste, dans tout ce que sa propre rage a pu inspirer à cet écrivain contre ces religieux, il n'y a pas un mot qui ne soit une bévue, un mensonge ou une calomnie; et cependant, telle est la puissance de la vérité, qu'à l'occasion du supplice du père Guignard, il ne peut s'empêcher d'avouer que le parlement poussa la rigueur jusqu'à l'iniquité. (T. III, p. 418.)

278: Mercure françois, an 1605.

279: Voyez pl. 25.

280: Duch. t. III, p. 344.—Dubois, t. I, p. 547.—Ann. Bened., t. III, p. 719.

281: Voyez la note, page 85.

282: Sur le terrain de cette église, démolie peu de temps après, on avoit bâti une salle de spectacle, connue sous le nom de Théâtre de la Cité. Elle a été depuis changée en une vaste maison habitée maintenant par des particuliers.

283: Hist. du dioc. de Par., t. I, 2e p., p. 498.

284: Derrière Saint-Barthélemi et vis-à-vis Saint-Éloi.

285: Cette église a été démolie en 1800; et sur son emplacement on a ouvert une rue qui communique à celle de la Pelleterie.

286: Lebeuf, Hist. du dioc. de Paris, t. I, 2e p., p. 511.

287: L'abbé Lebeuf, t. I, 2e. part., p. 507.

288: Cette église a été démolie, et une maison la remplace. Une partie des murs extérieurs subsiste encore du côté de la petite rue Sainte-Croix.

289: Jaillot a démontré la fausseté de cette étymologie, en prouvant qu'au dixième et même au quatorzième siècle, on ne disoit point Saint-Germain le Vieux, mais le Viel et le Vieil. Tous les titres, d'ailleurs, qui parlent d'églises situées dans des endroits marécageux, et il en existe un grand nombre, ne les désignent jamais que sous le nom de la Palud, ou Palu, du mot latin palus.

290: Cette église, est restée long-temps en ruine; on en a achevé la démolition depuis quelques années, et sur le terrain qu'elle occupoit on a élevé des maisons.

291: Lebeuf, Hist. du Dioc. de Paris.

292: Du Breul, Sauval, Piganiol, Le Maire, Brice, etc.

293: Lebeuf, t. II, p. 575.

294: Lebeuf, t. I, p. 345.

295: Il y avoit un autre archiprêtre, qui étoit le curé de Saint-Séverin; et il avoit même joui de cette dignité avant le curé de la Magdeleine, bien que cette église prît le nom de Première archipresbytérale. C'étoit à ces dignitaires que l'archevêque adressoit ses mandemens, pour les faire passer aux églises du ressort de leur archiprêtré. On pouvoit les regarder comme les doyens des curés. Il y avoit aussi des archiprêtres ruraux.

296: L'emplacement de cette église, dont il ne reste pas le moindre vestige, est maintenant une espèce de cul-de-sac.

297: Cette tradition, adoptée par Du Breul, a été répétée par un grand nombre de compilateurs modernes.

298: Lib. 8, cap. 33.

299: Cependant on ne peut disconvenir que, dans le titre de fondation, il ne soit parlé de la prison de saint Denis, ainsi que dans quelques autres qui y ont rapport; mais la manière dont on en parle prouve que l'on ne s'appuyoit que sur la foi très-incertaine de la tradition. On suppose que cette prison étoit située en cet endroit, et on ne le suppose que sur un ouï-dire: locum illum in quo incarceratus DICITUR beatus Dionysius... in quo gloriosus martyr in carcere TRADITUR fuisse detentum.

300: Hist. sancti Martini de Campis, p. 313 et seq.

301: Mense signifie la part que quelqu'un a dans les revenus d'une église.

302: Sauval donne la description d'une statue qui fut découverte en 1743, dans l'épaisseur du mur de cette église, du côté du couvent et sous les débris du vieux cloître. Cette statue, qui étoit couchée, représentoit un prêtre revêtu d'une chasuble retroussée d'un manipule long et étroit, sur lequel étoient gravées les lettres O. I. B. N. Sur l'étole aussi très-étroite étoient les deux lettres S. A. Ce personnage portoit la barbe longue, la tête nue, les cheveux courts comme les anciens cordeliers; il avoit les mains jointes; au-dessus de sa tête étoit une main qui le bénissoit, et de chaque côté des anges qui l'encensoient. On suppose que cette figure, dont le travail annonçoit le XIIe siècle, étoit celle de quelque ancien prélat.

Le pavé de l'église de Saint-Denis-de-la-Chartre étoit beaucoup plus bas que le pavé extérieur, ce qui prouve l'exhaussement considérable qu'a éprouvé le terrain de la Cité. Il ne restoit plus dans cette église aucun vestige d'antiquité, si ce n'est dans le sanctuaire, dont les piliers devoient être du 12e ou du 13e siècle. Le reste avoit été successivement renouvelé.

303: Voy. pl. 26. Cette église a été démolie dans les dernières années de la révolution, et sur l'emplacement qu'elle occupoit, ainsi que sur celui de ses dépendances, on a élevé des maisons et pratiqué l'ouverture du nouveau quai septentrional de la Cité.

304: Du Breul, p. 117.

305: Cette communauté, connue sous le nom d'Académie de Saint-Luc ou des maîtres peintres et sculpteurs, fut fondée pour relever l'art de la peinture, et pour corriger les abus qui s'y étoient introduits. Les réglements et statuts en furent dressés le 12 d'août 1391, sur le modèle de ceux qui avoient été établis pour les corps de métiers; et l'on créa des jurés et gardes pour visiter et examiner la matière des ouvrages de peinture, avec pouvoir d'empêcher de travailler ceux qui ne seroient pas de la communauté. Dans ces statuts on rappeloit huit articles d'un ancien règlement, qui remontoit jusqu'au commencement de la troisième race. Ce corps fut depuis favorisé par plusieurs de nos rois, et vers le commencement du dix-septième siècle, la communauté des sculpteurs y fut réunie. Mais des abus et des désordres troublèrent cet établissement, dès que l'art eut fait quelques progrès. Les plus habiles, voyant que les fonctions de la jurande les détournoient de leurs travaux, les abandonnèrent à des gens sans talent, qui en firent bientôt une tyrannie insupportable et un moyen de vexation contre tous ceux qui n'étoient pas de leur communauté, de laquelle ils rendoient en même temps l'entrée difficile et entièrement vénale. Les peintres habiles se lassèrent enfin d'un joug si honteux; et leurs réclamations donnèrent naissance à l'académie royale de peinture et de sculpture, dont nous parlerons dans la suite.

Toutefois, l'académie de Saint-Luc continua ses fonctions, et obtint, en 1705, la permission d'ouvrir une école de dessin, et d'y entretenir un modèle. Elle faisoit tous les ans des distributions de prix, et n'a été détruite qu'au commencement de la révolution. La chapelle, qui existe encore, est abandonnée, et l'on a élevé au-dessus plusieurs étages habités par des particuliers.

306: Jaillot, t. I, p. 62.

307: Hist. de Paris, t. III, p. 73. Arch. de Saint-Germain-des-Prés, cartul. de Guillaume III, fol. 36.

308: Voy. pl. 26.

309: Cette église, abandonnée depuis long-temps, est occupée aujourd'hui par un teinturier.

310: Ce monument, long-temps déposé au Musée des Petits-Augustins, et transporté en 1817 dans l'église Sainte-Marguerite, se compose d'un sarcophage de marbre vert, surmonté d'une croix, au pied de laquelle on voit une vierge debout, levant les yeux au ciel avec l'expression de la douleur et de la résignation. Plus bas est étendu le corps du Christ, et des anges sont groupés autour de l'instrument de son supplice, dans l'attitude de l'adoration. On trouve dans cette sculpture les défauts et quelques-unes des beautés qu'offrent les nombreux ouvrages de cet artiste. Élève de Le Brun, il en a l'exagération et l'enflure, lorsqu'il cherche la noblesse des formes; et pour n'avoir pas assez étudié l'antique, et ne s'être point fait sur la véritable beauté, des principes assez sûrs, il devient trivial quand il veut être naïf. Les deux figures principales de ce groupe présentent un exemple assez frappant de cette manière vague qui fait le caractère de toutes les productions de cette école. Cependant elles ne sont point dépourvues de mérite, et les expressions en sont vraies, si les formes en sont médiocres. Il y a même dans les petits anges de la grâce et un assez bon goût de dessin. La croix et toutes les figures sont en marbre blanc.

311: Pastoraux, A, fol. 667; B, fol. 177; D, fol. 166.

312: La chapelle de Saint-Agnan a été démolie en 1795, et, sur le terrain qu'elle occupoit, on a bâti une maison particulière.

313: L'abbé Lebeuf, et Baillet.

314: Past., A., p. 588; B, p. 94; et D, p. 59.

315: Cette chapelle existe encore en partie: sur ses voûtes, composées d'arcs surbaissés, on a élevé une maison à plusieurs étages.

316: Hist. de Paris, t. I, p. 163. Piganiol, t. I, p. 144.

317: T. II, p. 513.

318: Le portail existe encore tel que nous le représentons. (Voy. pl. 26) La construction moderne élevée au-dessus des croisées qui le couronnent a été faite depuis la révolution.

319: Voyez Jaillot, t. I, p. 39.

320: Diplom. lib. 6, num. 14, p. 472.

321: Hist. eccl. Paris, t. I, p. 350.

322: Lebeuf, Hist. du Dioc. de Par. t. I, p. 389.

323: Arch. S. Genov.—Gall. Christ., t. VII.

324: Voy. pl. 15.—Sur cet homme singulier, Voy. les articles Église de Saint-Jacques de la Boucherie et Cimetière des Innocents.

325: Hist. de saint Denis, 2e. part. des preuv., p. clxiv.

326: Sulp. Sev. hist. lib. II.

327: Lib. I, cap. 30.

328: La persécution, qui s'étoit ralentie un moment après la mort de Dèce, recommença, plus violente encore, sous Gallus et Valérius.

329: Val. de Basil. Paris, cap. I, p. 15. Le premier concile de Paris fut tenu dans cette ville en 360.

330: Le Terrain s'appeloit, en 1258, la Motte aux Papelards, Motta Papelardorum; en 1343 et 1356, le Terrail, Domus de Terralio. C'étoit encore, au quinzième siècle, un espace inculte qui se terminoit en pente douce. En 1407, Charlotte de Savoie, seconde femme de Louis XI, y débarqua, lors de son entrée à Paris, et y fut complimentée par l'évêque et par le parlement.

Vers le milieu du dix-septième siècle, les habitants de l'île Saint-Louis, ayant contracté l'obligation de faire revêtir le Terrain d'un mur de pierres de taille, et voulant rompre ce contrat, offrirent au chapitre une somme de 50,000 liv., qu'il accepta et employa à faire construire ce revêtement. On en fit depuis un jardin, uniquement destiné aux chanoines, et dans lequel ils n'admettoient que des hommes. Il a été, pendant la révolution, le dépôt des eaux filtrées de la Seine: depuis il est rentré dans les dépendances de l'archevêché.

331: Fortunat, évêque de Poitiers, et secrétaire de la reine Radegonde, vivoit dans le sixième siècle. On a de lui un poëme en quatre livres sur la vie de saint Martin, et diverses autres poésies, entre autres une pièce de vers intitulée de Ecclesiâ Parisiacâ, dans laquelle ces particularités ont été recueillies. (Voyez Lebeuf, Hist. du Dioc. de Par., t. I, p. 4.)

332: Abbon, lib. II, v. 310. Diplomat., p. 472. Greg. Tur., lib. VIII ch. 33.

333: Le testament d'Ermentrude. Voyez Jaillot, t. I, p. 123 et 131.

334: Hist. eccl. Paris., t. I, p. 82.

335: On lit, dans le Nécrologe de l'église de Paris, qu'Étienne de Garlande, archidiacre, mort en 1142, y avoit fait beaucoup de réparations; et l'auteur de l'Éloge de Suger dit que cet abbé de Saint-Denis fit présent à la même église d'un vitrage d'une grande beauté. On l'appeloit, vers l'an 1110, Nova ecclesia, par opposition à l'église de Saint-Étienne, qui étoit beaucoup plus ancienne. C'est dans cette église de Notre-Dame que nos rois avoient coutume de célébrer le service divin avec le clergé. Un évêque de Senlis, dit une vieille chronique, étant venu à Paris, en 1041, pour demander une grâce au roi Henri, trouva ce prince à la grand messe à Notre-Dame. On a aussi des preuves que le roi Louis-le-Jeune y alloit souvent.

336: Speculum hist. ad an. 1177. Hist. eccl. Paris., t. II, p. 123. In app. Chron. Sigelb. Memor. hist.

337: L'abbé Lebeuf, t. I, p. 9.

338: Lebeuf, Hist. du dioc. de Par., t. I, p. 10.

339: Le grand autel fut consacré quatre jours après la Pentecôte, en 1182. (Jaillot.)

340: Voyez pl. 16 et 17.

341: Ces statues colossales avoient quatorze pieds de hauteur. Elles ont été renversées pendant l'anarchie de 1793.

342: Le mot ogive vient de l'allemand aug, qui signifie œil, parce que les arcs des cintres, dans les voûtes gothiques, font des angles curvilignes semblables à ceux des coins de l'œil, quoique dans une position différente. Voussure signifie toute sorte de courbure en voûte.

343: Un gentilhomme chartrain, nommé Gobineau de Montluisant, a donné une explication extravagante des figures de cette façade. Il y avoit vu une histoire complète de la science hermétique, dont il étoit entêté. Le Père éternel étendant ses bras, et tenant un ange de chacune de ses mains, représentoit le créateur qui tire du néant le soufre incombustible et le mercure de vie, figurés par ces deux anges; le dragon qui est sous les pieds de saint Marcel figuroit la pierre philosophale, composée de deux substances, la fixe et la volatile; la gueule du dragon dénote le sel fixe, qui, par sa siccité, dévore le volatil, désigné par la queue glissante de l'animal, etc., etc. Tout le reste étoit aussi judicieusement conçu et expliqué.

344: Voyez pl. 17.

345: Le pignon est la partie supérieure d'un mur qui a la forme d'un triangle, et où se termine la couverture d'un comble à deux égouts.

Les maisons de Paris, comme on peut encore en juger par quelques-unes des plus anciennes, présentoient sur leur façade, en forme de pignon, le mur qui, dans les constructions modernes, est devenu mur latéral. C'est de là qu'étoit venue cette locution populaire, avoir pignon sur rue, pour exprimer qu'on étoit propriétaire d'une maison.

346: C'est, dans une église gothique, un grand vitrail rond avec croisillon et nervures de pierre, qui forment un compartiment dont la forme imite celle de la rose.

347: Ce sont des ornements composés de listeaux et de fleurons, liés et croisés les uns avec les autres. Le listeau est une petite moulure carrée et unie qui accompagne ou couronne une autre moulure plus grande, ou qui sépare les cannelures d'une colonne ou d'un pilastre. Les fleurons sont des feuilles ou fleurs dessinées de caprice et sans imitation de la nature, entrelacées quelquefois de figures humaines et d'animaux, soit en entier soit en partie.

348: Rinceau, espèce de branche formée de grandes feuilles naturelles ou imaginaires, et refendues comme l'acanthe et le persil, avec fleurons, roses, boutons et graines; cet ornement entre dans la décoration des gorges, des frises, des panneaux, etc.

349: Nous y joindrons la description de quelques autres fragments antiques, découverts à diverses époques dans différentes parties de la Cité.

350: C'étoit aux balcons des galeries qu'étoient attachés et exposés, pendant la guerre, les drapeaux pris sur les ennemis de la France. On les ôtoit en temps de paix.

351: Le roi Jean.

352: Philippe-le-Bel, vainqueur des Flamands à la bataille de Mons-en-Puelle, le 18 août 1304, entra à Notre-Dame, monté sur le même cheval, et armé des mêmes armes avec lesquelles il avoit soutenu le premier choc de l'ennemi, qui avoit pénétré, par surprise, jusqu'à sa tente. Persuadé qu'il devoit à la protection signalée de la Vierge d'être échappé à un aussi grand danger, il fonda une rente de cent livres à l'église de Notre-Dame, et voulut que sa statue équestre y fût élevée, le casque en tête, et armée seulement de l'épée, tel qu'il étoit lorsqu'il fut surpris par les Flamands. Cette statue, que l'on voyoit près du dernier pilier de la nef, du côté de la chapelle de la Vierge, a été détruite probablement avec tant d'autres monuments de la monarchie; car elle n'existe point au dépôt des Monuments français. Saint-Foix prétend qu'elle fut érigée par Philippe de Valois, après la bataille de Cassel, et non par Philippe-le-Bel. Il donne, pour soutenir son opinion, des raisons qui semblent spécieuses: cependant elle n'a point prévalu.

353: La Chronique d'Albéric de Troisfontaines rapporte un fait qui peut donner une idée de la manière dont on ornoit, dès le treizième siècle, cette superbe basilique. Un voleur ayant formé le projet de s'emparer des bassins et des chandeliers d'argent qui étoient devant l'autel, imagina, la nuit de l'Assomption de l'année 1218, de les tirer à lui du haut des voûtes, où il s'étoit caché; les cierges, qui étoient encore allumés, ayant été enlevés avec les chandeliers, mirent le feu aux riches tentures dont l'église étoit tapissée, et il en brûla, avant qu'on pût l'éteindre, pour la valeur de neuf cents marcs d'argent (45,000 livres).

Dans ces temps-là on avoit coutume, à cette même fête de l'Assomption, de joncher le pavé de cette église d'herbes odoriférantes; deux siècles après, on se contentoit d'y répandre de l'herbe tirée des prés de Gentilli.

Le jour de la Pentecôte, c'étoit encore l'usage à Notre-Dame de jeter, par les voûtes, des pigeons, des oiseaux, des fleurs et des étoupes enflammées, pendant qu'on célébroit l'office divin.

354: La captivité du roi Jean, fait prisonnier à la bataille de Poitiers, en 1356, avoit livré Paris à l'anarchie la plus violente, et à tous les maux qui en sont la suite. Pour toucher le ciel en leur faveur, les bourgeois firent vœu d'offrir tous les ans, à Notre-Dame, une bougie de la longueur du tour de la ville. Cette offrande se fit régulièrement pendant deux cent cinquante ans, jusqu'en 1605, que Paris, prenant chaque jour de nouveaux accroissements, elle devint, d'année en année, plus difficile à remplir. Alors le don annuel de la bougie leur fut remis, et celui de cette lampe d'argent le remplaça.

355: On croit ce tableau de Mignard, dont Sourlay étoit l'élève.

356: Le chef-d'œuvre de ce grand peintre est l'un des tableaux les plus parfaits de l'école françoise.

357: Ces deux chapelles, de la Vierge et de Saint-Denis, construites sur les dessins de Decotte, architecte du roi, avoient été magnifiquement décorées aux frais du cardinal de Noailles, inhumé au pied de celle de la Vierge. La statue en marbre de saint Denis étoit de Coustou l'aîné, celle de la Vierge, de Vassé.

358: Cette sacristie est le bâtiment nouveau qui remplace l'ancienne galerie dont nous avons parlé page 312.

359: Nous ignorons ce que sont devenus la plupart de ces tableaux qui étoient conservés, dit-on, pendant la révolution, dans les divers dépôts du gouvernement. La prédication de saint Paul, par Lesueur, le martyre de saint Pierre, par Bourdon, la mort de la Vierge, par le Poussin, le magnificat, par Jouvenet, et quelques autres, ont été placés dans le musée du Roi: on les verroit avec plus de plaisir encore dans l'église à laquelle ils appartiennent.]

360: Nous ne faisons point entrer dans ce catalogue la statue colossale de saint Christophe, que l'on voyoit au premier pilier de la nef près de la porte principale. Elle avoit été élevée par Antoine Desessarts, frère de Pierre Desessarts, surintendant des finances, qui eut la tête tranchée en 1413. Il rêva la nuit que saint Christophe rompoit les grilles de la fenêtre de sa prison, et l'emportoit dans ses bras. Ayant été déclaré innocent quelques jours après, il fit exécuter cette statue, devant laquelle il étoit représenté à genoux. Cette figure gigantesque[360-A], d'un aspect désagréable, fut abattue en 1784.]

360-A: Elle étoit haute de 28 pieds.]

361: Ces deux statues étoient déposées au Musée des monuments français.

362: Leurs statues, d'un gothique médiocre, étoient placées sur leur tombeau; et, depuis, on a pu les voir au Musée des Petits-Augustins. On y voyoit aussi un tableau également enlevé de Notre-Dame, où ce magistrat étoit représenté avec toute sa famille. Cette peinture, plus médiocre encore que les statues, même pour le temps où elle avoit été faite, offroit une image précieuse et naïve des costumes alors en usage. La postérité masculine de ce personnage s'étant éteinte dans le seizième siècle, ses biens furent transférés dans la famille de Harville, qui hérita en même temps de cette chapelle, où plusieurs de ses membres étoient enterrés.

363: Le cardinal y étoit représenté à genoux devant un prie-Dieu. Cette statue, d'un travail médiocre, est placée sur un entablement posé sur quatre colonnes, au milieu desquelles s'élève un grand cénotaphe en marbre noir (déposé pendant la révolution au Musée des monuments français).

364: Les chanoines jubilés étoient ceux qui avoient desservi leurs prébendes pendant cinquante ans.

365: Du fond d'un grand sarcophage, qu'ouvre un squelette couvert de draperies, on voit se lever le comte d'Harcourt, qui semble se débarrasser de son linceul et adresser la parole à sa femme, représentée à genoux au bas du monument; derrière, l'Hymen éploré éteint son flambeau. Ce groupe, d'une exécution maniérée, d'un dessin pauvre et incorrect, étoit aussi déposé, pendant la révolution, au musée des monuments françois.

Ce monument, et toutes les autres statues enlevées à Notre-Dame, ont été rendus à cette église.

366: On a prétendu qu'elle avoit été d'abord près de Saint-Landri, et que cette église en étoit la chapelle. Cette erreur vient de ce qu'effectivement les évêques possédoient une maison dans cette partie de la Cité.

367: Nécrol. Paris. ld. sept. Dans ces anciens bâtiments étoient les salles des officialités métropolitaine et diocésaine, du bailliage de la duché-pairie de l'archevêque, la chambre ecclésiastique du diocèse, et la bibliothèque des avocats[367-A]. Toute cette partie de l'archevêché a été abattue, à l'exception de la double chapelle. La vue pittoresque que nous joignons ici présente très-exactement l'état actuel de ce palais.

367-A: Cette bibliothèque étoit située dans le pavillon à droite de l'avant-cour de l'archevêché. Étienne Gabrian, seigneur de Riparfonds, l'un des plus célèbres jurisconsultes de son temps, l'avoit léguée en 1704 à ses confrères, avec des fonds pour l'entretenir, et sous la condition de la rendre publique. On y faisoit, une fois par semaine, des consultations gratuites pour les pauvres; et, tous les samedis non fêtés, des avocats distingués y tenoient des conférences sur la jurisprudence.

368: Voyez pl. 18.

369: Dans un diplôme du roi Louis VI, de l'an 1110, les seigneuries de cet évêque, après celle de sa censive dans la Cité, sont dites être Saint-Germain, Saint-Éloi, Saint-Marcel, Saint-Cloud et Saint-Martin-de-Champeaux en Brie. Il avoit aussi, dès le sixième siècle, des possessions dans le diocèse de Sens, et une terre en Touraine, dans les environs d'Amboise. (Lebeuf.)

370: Cap. Sues., an. 744.—C. 3.

371: Cod. Theod., lib. XVI, tit. II, Leg. 2, 39, 41, 47. Edict. Clot., an. 615, c. 4.

372: Cap. Lud. Pii. Bal.

373: Voyez p. 205.

374: Nous apprenons de Grégoire de Tours qu'à la suite d'un désordre dont les juifs d'Auvergne avoient été l'occasion, et qui avoit amené la destruction de leur synagogue, le bienheureux Avitus, évêque de cette ville, leur fit dire «qu'il ne forçoit point, mais qu'il prêchoit; qu'il étoit leur pasteur, et que, s'ils vouloient se conformer à sa croyance, il les réuniroit au reste de son troupeau; que s'ils ne le vouloient pas, ils eussent à sortir de la ville.» Après trois jours de délibération, de doute et de perplexité, une partie des juifs fit dire à l'évêque qu'elle croyoit en Jésus-Christ; et ceux-là furent baptisés. Ceux qui ne voulurent pas recevoir le baptême sortirent de la ville, et allèrent s'établir à Marseille. (Hist., lib. V, c. 2.)

375: Voyez ci-dessus, p. 201 et suiv.

376: Pépin.

377: On appela cour de chrétienté le tribunal ecclésiastique où l'on jugeoit les cas mixtes et les autres délits publics qui étoient susceptibles d'être punis par les censures de l'Église. Toute pénitence publique emportoit avec elle l'interdiction du port d'armes; et une loi de Charlemagne ordonne que les pénitents qui avoient commis quelque crime énorme et capital, seroient enfermés dans une prison[377-A], où, privés de tout commerce avec les fidèles, ils devoient être occupés à quelque travail utile, et accomplir ainsi, selon les canons, la peine qui leur avoit été imposée; ce qui constituoit non-seulement une séparation entière de la société, mais comme une espèce de servitude. Il paroît que le jeûne au pain et à l'eau, qui étoit une des punitions les plus légères, et que l'on appliquoit ordinairement aux fautes les moins graves, étoit rigoureusement imposé à ceux qui subissoient un tel emprisonnement.

377-A: Pendant long-temps ceux qu'on avoit ainsi dégradés parcoururent les provinces comme des vagabonds, nus, et armés seulement d'une épée (Cap. Aquis gran., an. 789, c. 77.)

378: Cap. Car. cal., tit. 36.

379: Ibid., c. 15.

380: S'il arrivoit, au contraire, que le pénitent, touché des avis paternels de son évêque, se soumît à la pénitence qui lui avoit été imposée, le magistrat ne prenoit aucune connoissance de son crime, si ce n'est pour exiger l'amende qu'il avoit encourue en le commettant.

381: Lorsque Carloman confia l'administration de la police aux évêques, il ne leur donna d'autres armes que les censures et leur autorité. «Mais cette autorité, ajoutoit-il, a besoin d'être aidée par la puissance judiciaire; ainsi il a plu à nous et à nos fidèles, en commun, que les commissaires royaux, chacun dans son district, les assistent fidèlement; et que le comte ordonne à son vicomte, à ses centeniers et aux autres ministres de la république, de même qu'aux Francs qui sont instruits des lois civiles, que, pour l'amour de Dieu, la paix de l'Église et la fidélité qu'ils nous doivent, ils les aident en cela du mieux qu'ils pourront» (3. Cap. Carlom., c. 9.)

382: Par l'excommunication du prêtre, le coupable étoit retranché de la société spirituelle, comme par la mort, le bourreau le retranche de la société matérielle; avec cette différence que le repentir et l'expiation pouvoient le faire rentrer dans la première, tandis que la rigueur inexorable de l'autre société le rejette ainsi pour jamais de son sein.

383: Cap. apud Confluent., c. b. Un autre capitulaire offre les paroles suivantes: «Qu'aucun évêque ni prêtre n'excommunie aucune personne avant de prouver que, dans le cas où elle se trouve, les canons ordonnent de le faire, et à moins d'avoir averti celui qui a avoué ou qui est convaincu du délit. (Cap. Car. Calv., tit. XL, c. 10). Le même capitulaire prouve que les laïques pouvoient avoir recours à la justice du roi, lorsqu'ils croyoient avoir été injustement condamnés par leurs évêques. (Ibid., c. 7.)

384: Il étoit défendu à celui qui en avoit été frappé d'entrer dans l'église, et de s'asseoir à table avec aucun chrétien; on ne devoit ni recevoir des présens de lui, ni lui donner le salut et le baiser, ni s'unir à lui dans la prière, jusqu'à ce qu'il eût été réconcilié (Cap. synod. Vern., an. 755.) S'il ne faisoit aucun compte de l'excommunication lancée contre lui, le juge séculier y joignoit ses sommations; si elles étoient également inutiles, le juge ordinaire le faisoit conduire en prison, de sa propre autorité, lorsque le coupable étoit un homme de la multitude, ou prenoit les ordres du roi avant de l'enfermer, s'il étoit du nombre de ses vassaux; si c'étoit un comte, l'évêque lui-même devoit rendre compte au monarque de sa désobéissance. Mais il est facile de concevoir qu'abandonnés ainsi de tous ceux qui les environnoient, et qui, dans tout autre cas, les auroient défendus, à cause de cette terreur religieuse dont leur sentence saisissoit tous les esprits, les plus puissants et les plus endurcis se voyoient forcés de plier sous la main paternelle qui les châtioit, et de venir à résipiscence.

385: On a fait un crime au clergé d'avoir employé l'excommunication contre les ravisseurs de ses biens: quoi de plus juste cependant, puisque, dans la position où se trouvoit alors l'Église, comme société visible et constituée dans l'État, lui ravir ses biens, c'étoit attaquer son existence même, et par conséquent encourir la peine capitale, dont on a puni de tout temps, et dans tous les lieux, les crimes qui compromettent le salut de la société?

386: Tous les monuments témoignent, au contraire, de la confiance sans bornes que les rois avoient dans leur sainteté et leurs lumières, et le noble usage qu'ils faisoient de cette confiance et de leurs fréquentes interventions dans les affaires les plus importantes de l'État. Clotaire et son fils Dagobert les prirent pour arbitres dans les contestations qui s'élevèrent entre eux au sujet des limites de leurs États. «Chilpéric et Gontram, dit Grégoire de Tours, étant divisés entre eux, ce denier fit assembler les évêques de ses États, afin qu'ils fussent arbitres entre son père et lui. Mais le ciel, qui vouloit punir ces princes de leurs péchés par le fléau de la guerre civile, permit qu'ils ne déférassent point alors au jugement des prélats.» Cet historien en parlant de la paix que ce même Gontram fit avec Childebert son neveu: «Voilà, dit-il, ce qui fut conclu entre ces princes, par l'entremise des prélats et des autres grands du royaume.»

387: «La monarchie, dit l'abbé Dubos, eût été renversée de fond en comble dans ces temps d'affliction, si l'Église de France n'avoit point eu l'autorité et les richesses qu'on lui a tant reprochées. Mais la puissance que les ecclésiastiques avoient dans ces temps-là, mit ceux d'entre eux qui avoient de la vertu en état de s'opposer avec fruit à ces hommes de sang, dont les Gaules étoient remplies alors, et qui cherchoient sans cesse à faire augmenter les désordres et à multiplier les guerres civiles, pour usurper dans quelque canton l'autorité du prince, et s'y approprier ensuite le bien du peuple. Les bons ecclésiastiques empêchèrent ces cantonnements dans plusieurs endroits, et y conservèrent assez de droits et assez de domaines à la couronne pour mettre les princes qui la portèrent dans la suite en situation de recouvrer, avec le temps, du moins une grande partie des joyaux qu'on en avoit arrachés. C'est ainsi qu'un mur solide qui se rencontre dans un édifice mal construit, lui sert comme d'étai, et que, par sa résistance, il donne aux architectes le loisir de faire à ce bâtiment des réparations à l'aide desquelles il dure encore plusieurs siècles.»

Ces réflexions sont, au fond, d'une grande vérité, quoiqu'il y ait beaucoup d'inexactitude dans la manière dont elles sont présentées.

388: Voy. p. 208.

389: Il nous semble qu'en traitant cette question, M. de Bonald n'a pas fait preuve de son exactitude accoutumée, lorsqu'il met au nombre des causes qui changèrent ainsi la nature des biens du clergé, les donations multipliées qui lui furent faites. (Voy. Œuvres complètes, t. III, p. 274.) Ce n'est point par donations, mais par restitutions, qu'il devint propriétaire de terres inféodées. Le même écrivain pense aussi que ce fut comme possesseurs de fiefs, que les gens d'église se virent forcés de lever des soldats et souvent de combattre eux-mêmes (ibid., p. 275): nous avons prouvé que ce fut pour eux une triste nécessité de le faire, long-temps avant qu'ils eussent des biens de cette espèce; et nous ajoutons que cette dernière révolution qui rendit ainsi au clergé, avec les priviléges immenses de l'inféodation, tant de propriétés dont il avoit été violemment dépouillé, loin de nuire à son existence, servit au contraire à la consolider.

390: Le territoire de Saint-Germain-l'Auxerrois, qui étoit dans la censive de l'évêque, devint si considérable par son commerce, que l'évêque Étienne crut devoir, pour en maintenir la prospérité, associer le roi Louis-le-Gros aux deux tiers du profit dans tout le clos fermé de fossés qu'on appeloit Champeau, Campellus ou Campelli, et ne s'en réserver qu'un tiers pour lui et son église, le prévôt du roi restant tenu de prêter fidélité à l'évêque, et celui de l'évêque au roi. Ce fameux traité, fait du consentement du chapitre, est daté de l'an 1136, vingt-neuvième de Louis VI, et quatrième de Louis VII son fils.

Mais ce qui contribua le plus à diminuer les anciens droits de l'évêque, fut un autre traité que Guillaume de Seignelay, évêque en 1222, fit avec Philippe-Auguste. Ce prince fut reconnu avoir la justice du rapt et du meurtre dans le bourg Saint-Germain et dans la Culture-l'Évêque, qui en étoit voisine; le droit de lever des impôts sur les habitants pour dépenses de guerre et chevauchées, de même que celui de justice sur les marchands, dans tout ce qui étoit relatif aux marchandises. Lorsqu'il sera question du Louvre, nous parlerons des dédommagements qui furent alors accordés à l'Église pour compenser le tort que lui fit l'érection de cette maison royale.

391: L'exemple suivant pourra faire comprendre quels étoient alors les priviléges des seigneurs suzerains, priviléges contre lesquels venoit se briser toute l'autorité des rois, et qui avoient tout l'effet d'une loi fondamentale de l'État: les évêques de Paris, à leur installation, faisoient leur entrée solennelle à Notre-Dame, portés par quatre seigneurs feudataires de l'Église; et ce qu'on aura peine à croire, c'est que le roi étoit un des vassaux soumis à ce devoir, en qualité de seigneur de Corbeil, de Montlhéry et de la Ferté-Aleps. L'histoire nous apprend que Philippe-Auguste et saint Louis nommèrent des chevaliers qui les représentèrent dans cette cérémonie. Dans la suite, il y eut quatre barons françois destinés à remplir cette obligation; c'étoient les barons de Maci, de Montgeron, de Chevreuse et de Luzarches. Le baron de Montmorency, qui d'abord étoit de ce nombre, cessa d'en être lorsque sa terre eut été érigée en duché-pairie. On ignore quand et comment a fini cette servitude, depuis long-temps abolie; mais les rois, en même temps qu'ils étoient soumis envers les évêques à de tels devoirs, pouvoient à leur tour, et en vertu du droit de régale, s'emparer, à leur mort, de tous les meubles de bois et de fer qui se trouvoient dans leurs maisons; et ces prélats, qu'un tel droit contrarioit beaucoup, ne purent s'en racheter qu'à force de sacrifices et de prières, choisissant pour y parvenir une occasion où Louis-le-Jeune, prêt à faire son voyage d'outre-mer, se trouvoit dans une grande disette d'argent.

392: Cette juridiction des barons devint surtout vicieuse et abusive vers la fin de la seconde race, lorsque les malheurs du temps ayant légitimé les usurpations des grands vassaux, ils détruisirent toute appellation à un tribunal supérieur. Auparavant, ainsi que nous l'avons déjà dit, et que nous aurons occasion de le redire encore[392-A], l'administration de la justice, malgré beaucoup d'imperfections qu'avoient introduites l'ignorance des barbares et la grossièreté de leurs mœurs, étoit bonne dans son principe qui ne demandoit qu'à être bien compris et raisonnablement développé; et ce qui le prouve, c'est qu'il suffit de revenir à ce principe, pour donner à la France la hiérarchie judiciaire la plus parfaite du monde civilisé, et un corps de magistrature auquel rien en Europe ne pouvoit être comparé.

392-A: Voyez ci-dessus, p. 58, et ci-après l'article Châtelet.

393: C'est dans la jurisprudence des tribunaux francs qu'il faut aller chercher l'institution barbare du jury, conservée par la nation anglaise, chez qui elle a été une des causes les plus actives de corruption pour toutes les classes de la société; institution depuis si follement adoptée en France avec tant d'autres qui ont fait sa honte et son malheur. Dans toute affaire, soit civile, soit criminelle, on procédoit par audition de témoins, les uns oculaires, et ceux-ci étoient produits par les parties, les autres simples examinateurs ou jurés, et ceux-là étoient choisis par le juge. Lorsque l'accusé pouvoit réunir en sa faveur la plus grande partie de ces témoins, dont le nombre varioit suivant la nature et la gravité du délit, son innocence étoit prouvée; que si les témoins lui étoient contraires, alors il avoit la ressource de se purger ou par le serment ou par le combat, auquel il provoquoit son accusateur. Toutefois, le serment n'étoit valable que lorsque cet accusé pouvoit déterminer un nombre plus ou moins grand de personnes d'une condition égale à la sienne, à jurer avec lui. C'étoit là ce qu'on appeloit les conjurateurs. Quant à l'accusateur, il ne pouvoit refuser le combat, lorsque l'accusé n'avoit pu réunir le nombre de ces conjurateurs, fixé par la loi. Les combats de cette espèce, si connus sous le nom de jugement de Dieu, étoient très-meurtriers sous la première race (Greg. Tur., lib. X, cap. 10); ils le furent moins sous la seconde, et les capitulaires paroissent n'y autoriser que l'usage de l'écu et du bâton. (Ibid., lib. IV, c. 23.) En 1215 une ordonnance de Philippe-Auguste fixa à trois pieds la plus grande longueur des bâtons dont les champions devoient être armés. (Ordonn. du Louv., t. I, p. 36.)

Il étoit une autre sorte d'épreuves nommée ordalie, ou épreuve par les élémens; mais il n'y avoit que les personnes de condition servile qui y fussent sujettes. (I. Cap., an. 809, c. 28.)

394: Entre autres, le concile de Valence, tenu en 855; Nicolas Ier, dans une épître à Charles-le-Chauve; les papes Célestin III, Innocent III, Honorius III. On les voit condamnés dans quatre conciles assemblés par Louis-le-Débonnaire, et dans le neuvième général de Latran, etc.

395: Par cette loi, dont étoit auteur Gondebaud, roi des Bourguignons, il étoit ordonné que ceux qui ne voudroient pas se tenir à la déposition des témoins ou au serment de leur adversaire, pourroient prendre la voie du duel. (Voy. la note p. 351.)

396: Elle étoit composée des seigneuries de Saint-Cloud, Maisons, Créteil, Ozoir-la-Ferrière et Armentières.

La juridiction ecclésiastique de l'archevêque, dite l'Officialité, tenoit son audience à l'entrée de la chapelle épiscopale inférieure. Ce tribunal étoit composé d'un official, un vice-gérent, et quelquefois plusieurs assesseurs, un greffier, un promoteur, des appariteurs.

Ce prélat avoit encore une autre justice, que l'on nommoit la Temporalité. Elle étoit exercée par un juge qui connoissoit des appellations de sentences rendues en matière civile par les officiers des justices des terres de l'archevêché.

Il possédoit en outre le droit de justice de fief et de voirie dans neuf fiefs situés dans la ville de Paris.

397: Ce mot chanoine, canonicus, vient de à canone, qui signifie règle.

398: On nommoit ces portions divisiones mensurnas, et ils furent appelés fratres sportulantes.

399: Chron. Ademar. ad. ann. 816.

400: Sous la première et la seconde race, on les voit désignés sous le titre de fratres et seniores, vel primores Sanctæ Mariæ. Depuis le concile d'Aix-la-Chapelle, le chapitre est nommé Congregatio vel conventus fratrum aut canonicorum Beatæ Mariæ. Ce n'est qu'en 1073 qu'on lit, pour la première fois, le mot Capitulum.

Ces mots de frères et de règle ont fait croire à quelques auteurs que le chapitre de Notre-Dame étoit, dans les commencements, une communauté de chanoines réguliers, et qu'ils suivoient la règle de saint Augustin. Le culte particulier qu'ils rendoient à ce saint docteur n'est pas une preuve assez forte pour appuyer ce sentiment; et sa fête est célébrée avec solennité dans plusieurs églises qui n'ont jamais reçu sa règle.

401: Il y avoit anciennement treize chapitres à Paris, qui étoient: 1o le chapitre de Notre-Dame; 2o ceux de Saint-Jean-le-Rond; 3o de Saint-Denis-du-Pas; 4o de Saint-Marcel; 5o de Saint-Honoré; 6o de Sainte-Opportune; 7o de Saint-Méry; 8o du Saint-Sépulcre; 9o de Saint-Benoît; 10o de Saint-Étienne-des-Grés; 11o de Saint-Thomas-du-Louvre; 12o de Saint-Nicolas-du-Louvre; 13o de Saint-Germain-l'Auxerrois. Le nombre de ces chapitres avoit été diminué par la réunion qui s'étoit faite de plusieurs d'entre eux, ainsi qu'on le verra par la suite.

402: Ce chapitre étoit indépendant de la juridiction de l'archevêque. Il avoit, ainsi que lui, son officialité et une justice séculière, appelée la Barre du Chapitre. De lui dépendoient aussi les chapitres de Saint-Méry ou Médéric, du Saint-Sépulcre, de Saint-Benoît et de Saint-Étienne-des-Grés. On appeloit vulgairement ces chapitres les quatre filles de Notre-Dame; comme ceux de Saint-Marcel, de Saint-Honoré, de Sainte-Opportune, et celui de Saint-Germain-l'Auxerrois, avant sa réunion au chapitre de Notre-Dame, étoient nommés les filles de l'Archevêque. Nous en parlerons à l'article de ces diverses églises.

403: Elle a été abattue.

404: Hist. eccl. Paris., t. II, p. 22 et 23.

405: Ces conditions étoient qu'ils s'acquitteroient des mêmes fonctions, l'anniversaire excepté; qu'ils ne pourvoient se qualifier chanoines de Sainte-Marie, mais seulement de Saint-Jean, et que le chapitre conserveroit le droit de les nommer et de les destituer.

406: Cartul. S. Magl., fol. 178.

407: À l'abbaye de Saint-Denis, il y avoit une chapelle de Saint-Nicolas qui est désignée dans les titres, Sanctus Nicolaus de Passu. Au diocèse de Chartres étoit une paroisse appelée le Pas de Saint-Lomer.

408: Cinq de ces prébendes étoient sacerdotales, trois diaconales et deux sous-diaconales.

409: Cette église a été abattue.

410: L'historien de l'église de Paris, D. Félibien; M. de Mautour; Mém. de l'Acad. des Inscrip., t. III, p. 299.

411: Voyez pag. 287.

412: Nécrol. de N. D., 27 août et 12 sept.

413: Hist. eccl. Paris, t. II, p. 482.

414: Hist. eccl. Paris, t. III, p. 249.

415: Pastor. A., fol. 804.

416: L'abbé Lebeuf.

417: L'an 1413, les tours de lit commençant à n'être plus de simple toile comme auparavant, et étant formés d'ailleurs d'un bien plus grand nombre de pièces, les chanoines ordonnèrent que leurs héritiers, en donnant cent livres, somme en ces temps-là très-considérable, seroient quittes, s'ils vouloient, de cette charité. Cette disposition nouvelle a duré jusqu'en 1592, que les directeurs séculiers de cet hôpital se plaignirent au parlement, et prétendirent que le ciel, les rideaux, la courtepointe et autres accompagnements des lits des chanoines, soit qu'ils fussent de soie, d'argent, d'or ou de telle autre étoffe que le luxe avoit ajoutée à la simplicité des siècles précédents, devoient leur appartenir. Sur les conclusions des gens du roi, la cour leur accorda leur demande. L'an 1654, elle condamna les héritiers de M. de Gondi, archevêque de Paris, à délivrer aux administrateurs de l'Hôtel-Dieu son lit et tout ce qui en dépendoit.

418: Rec. des tit. de l'Hôtel-Dieu.

419: Leur nombre fut ensuite porté jusqu'à douze, en 1654, sous l'inspection et l'autorité de l'archevêque et des premiers magistrats.

420: Elles étoient aidées dans leurs fonctions par un grand nombre de personnes, tant du dehors que de l'intérieur de l'Hôtel-Dieu. L'état journalier de cette maison en portoit le nombre à plus de cinq cents.

421: La communauté de ces religieuses étoit toujours très-nombreuse, malgré l'austérité de leur règle et les pénibles travaux qui y étoient attachés; elles étoient ordinairement cent trente. Leur noviciat duroit sept ans, à dater du jour de la prise de l'habit, et il ne falloit pas moins de temps pour éprouver une vocation si difficile.

L'administration de cet hôpital a éprouvé bien des changements pendant la révolution; et c'est alors qu'on a pu se convaincre que des dispositions purement humaines et des agents salariés ne pouvoient suffire à des travaux, à des sacrifices qui sont tels qu'aucun prix sur la terre ne peut les payer. Il n'appartient qu'à la religion et aux immortelles espérances qu'elle porte avec elle, de produire de tels prodiges de dévouement et de charité; et ils périroient avec elle, s'il étoit possible qu'elle périt jamais. Les sœurs de l'Hôtel-Dieu ont donc été rappelées, parce que l'on a reconnu qu'il étoit impossible de se passer de leur assistance.

422: Cette chapelle, différente de l'église du même nom, située à l'autre extrémité du parvis, fut rebâtie vers 1380, par les soins d'Oudard de Maucreux, bourgeois de Paris. Elle a été démolie pendant la révolution.

423: Sur la rive méridionale.

424: Voy. pl. 20.

425: L'édit portoit aussi que les gens à cheval paieroient six deniers; mais ils n'y ont jamais passé, car il y avoit une barrière ou tourniquet qui n'en laissoit l'entrée libre qu'aux piétons.

426: Ce droit étoit d'un neuvième.

427: L'ancien portail étoit d'un gothique très-élégant. Voyez la pl. 19, qui offre aussi une vue de l'archevêché, tel qu'il était dans les temps anciens.

428: Past. B., p. 194.—Et D., p. 201.

429: On sait que le grand-maître, sommé par le légat de confirmer les aveux qu'il avoit faits à Poitiers, s'avança sur le bord de l'échafaud, et y fit à haute voix une rétractation, à laquelle le maître de Normandie donna son adhésion; ce qui fut cause qu'ils furent brûlés vifs, le soir même, sur l'île aux Bureaux. Voyez page 104.

430: Cette maison fut nommée la Couche.

431: Reg. du parl.

432: Ibid.

433: On les vendoit, dit-il, vingt sous la pièce dans la rue Saint-Landri; et quelquefois on les donnoit par charité à des femmes malades par suite de couches, qui s'en servoient pour se débarrasser d'un lait corrompu.

434: Cette répartition fut faite de la manière suivante: 3.000 l. par an pour toutes les justices dépendantes de l'archevêché; 2,000 liv. pour celle de l'église du chapitre de Paris; 3,000 liv. pour celle de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés; 1200 liv. pour celle de l'abbaye de Saint-Victor; 1500 liv. pour celle de l'abbaye de Sainte-Geneviève; 1500 liv. pour celle du Grand-Prieuré de France; 2,500 liv. pour celle du prieuré de Saint-Martin; 600 liv. pour celle du prieuré de Saint-Denis-de-la-Chartre; 100 liv. pour celle que l'abbaye de Tiron a dans Paris; 50 liv. pour celle de l'abbaye de Montmartre; 100 liv. pour celle du prieuré de Saint-Marcel; 150 liv. pour celle du chapitre de Saint-Médéric; 100 liv. pour celle du chapitre de Saint-Benoît; 100 liv. pour celle de l'abbaye de Saint-Denis.

435: Ce dernier avoit peint tout ce qui remplissoit les arcades du rez-de-chaussée et toute la partie du fond jusqu'à la voûte. Il y avoit représenté la Nativité, l'Adoration des mages et des bergers; une gloire d'anges couronnoit cette composition. Par une singularité assez remarquable, il avoit imaginé de représenter sur le plafond les débris d'une riche voûte entièrement ruinée, soutenue par d'énormes étais, et menaçant d'une chute prochaine.

436: Il sert maintenant de pharmacie centrale à tous les hospices civils de Paris.

437: Il paroit qu'originairement il étoit plus près de l'emplacement où l'on a bâti depuis le pont Notre-Dame. (Jaillot.)

438: Voyez pl. 25. Ce monument est déposé aux Petits-Augustins.

439: À l'article de la porte Saint-Denis nous parlerons avec plus de détail de cette entrée, qui présente plusieurs particularités remarquables.

440: Les fêtes et dimanches, les oiseliers y venoient vendre toutes sortes d'oiseaux, ce qui leur avoit été permis sous la condition d'en lâcher deux cents douzaines au moment où nos rois et nos reines passeroient sur ce pont dans leurs entrées solennelles.

441: Voyez pl. 21.

442: Voyez p. 168.

443: Ces maisons ont été abattues pendant la révolution, ainsi que celles qui couvraient le petit Pont.

444: Du Breul, Sauval, les historiens de Paris, Piganiol.

445: Raoul de Presle.

446: Ann. Bened., t. VI, p. 180; et Anecd., t. I, col. 371.

447: Le Laboureur, liv. XXXIII, chap. VI.

448: Le journal de Paris, sous le règne de Charles VI, l'appelle le pont de la Planche-de-Mibrai.

449: La démolition en fut commencée en 1787.

450: C'étoit un dominicain, né à Vérone vers le milieu du quinzième siècle, et qui se rendit également célèbre dans les sciences et dans les arts. Indépendamment des beaux monuments qu'il a élevés, il est auteur de remarques très-curieuses sur les commentaires de Jules-César; on a de lui des éditions de Vitruve et de Frontin; et c'est à ses soins que l'on doit la découverte de la plupart des épîtres de Pline. Il fut le maître de Jules Scaliger.

451: Voyez pl. 22. Ce pont est d'un fort beau dessin; mais il laissoit sans doute beaucoup à désirer pour la solidité, car on voit qu'en 1540 il avoit besoin de réparation; qu'en 1577 deux de ses arches étoient fort endommagées, et qu'il fut encore réparé en 1659, ainsi que le témoigne l'inscription qu'on y mit alors.

Jucundus celebrem posuit tibi, Sequana, pontem;
Invito œdiles flumine restituunt.

An. N. S. M.DC.LIX.

452: Déposé au Musée des Petits-Augustins.

453: Nécrol. de N. D.

454: En 1206, 1280, 1296, 1325, 1376, 1393 et autres années. (Jaillot.)

455: Hist. de Paris, t. II, p. 714.

456: Compte de Marcel, IVe liv., fol. 62. Cependant l'abbaye Saint-Germain-des-Prés conserva les droits qu'elle avoit sur ce pont; et l'on trouve qu'au milieu du seizième siècle elle y possédoit encore trois maisons dont elle jouissoit de toute ancienneté; elle étoit en outre propriétaire de plusieurs moulins établis sous ses arches; et cette possession n'étoit pas moins ancienne, puisque ces moulins lui avoient été donnés par Childebert. D'autres moulins, situés du côté de l'Hôtel-Dieu, appartenoient à l'évêque, et étoient nommés les chambres de l'évêque.

457: Hist. de Paris, t. II, p. 1361.

458: Ce pont a été abattu et reconstruit, pendant la révolution, un peu plus au midi de la Cité, vis-à-vis la rue Saint-Louis et le cloître Notre-Dame. Voyez, à la fin de ce quartier, l'article Monuments nouveaux.

459: Voyez l'article Rues de la Cité.

460: Voyez p. 169.

461: Hist. eccl. Paris., t. II, p. 461. Pastor. D., fol. 39.

462: Gr. Cart., fol. 11, ch. 18.

463: Cette fête, dont les historiens du temps nous ont laissé le détail, peut donner une idée de l'espèce de luxe et du genre de divertissemens qui étoient alors en usage à la cour de France. Edouard II, roi d'Angleterre, s'y trouva, avec Isabeau de France sa femme, et les seigneurs les plus distingués de son royaume. Les deux cours se piquèrent de rivaliser entre elles de magnificence: on changeoit d'habits trois et quatre fois par jour; et les rois donnoient l'exemple à leurs courtisans, en étalant à l'envi tout ce que le faste a de plus éclatant. Le peuple prit part à la joie de ses maîtres par des festins et des réjouissances publiques. Elles durèrent huit jours, pendant lesquels les Parisiens donnèrent des représentations de pièces de théâtre, dont Dieu, la vierge Marie, Lucifer, les anges et les diables étoient toujours le sujet. On jouoit, sur un échafaud dressé au bout d'une rue, les récompenses dont jouissoient les élus dans le ciel; et au bout opposé, les peines des âmes damnées. On donna ensuite le spectacle d'une marche de beaucoup d'animaux, et ce spectacle fut nommé la procession du renard, on ne sait pourquoi. Le cinquième jour, les habitans de Paris, les uns à pied, les autres à cheval, passèrent en revue devant les deux rois. Un auteur contemporain assure qu'il y avoit cinquante mille hommes, vingt mille cavaliers et trente mille fantassins, ce qui peut donner une idée du grand nombre d'habitants que contenoit dès lors cette capitale.

464: Hist. eccl. Paris, t. II, p. 562.—Sauval, t. 1, p. 90.

465: Hist. eccl. Paris., t. III, p. 124.

466: Voyez pl. 23.

467: Le procès-verbal que l'archevêque de Paris en fit dresser alors, porte qu'elle étoit large de six à sept toises sur douze de longueur, vitrée, couverte d'ardoises, et ornée d'un tableau représentant saint Louis et sainte Cécile.

468: Il fallut obtenir à cet effet le consentement des curés de Saint-Paul, de Saint-Gervais, de Saint-Jean-le-Rond et de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

469: Voyez pl. 24.

470: Les modillons sont de petites consoles renversées dans la forme d'un S sous le plafond de la corniche; ils semblent soutenir le larmier, toutefois ils ne servent que d'ornements. On appelle métope l'intervalle qu'on laisse entre les triglyphes de la frise dans l'ordre dorique. Les triglyphes sont une espèce de bossage, par intervalles égaux, qui, dans la frise dorique, a des gravures entières en angles, appelées glyphes ou canaux, et séparées par trois côtés d'avec les deux demi-canaux des côtés.

471: Voyez pl. 26.

472: Ce plafond orne maintenant une des pièces du palais du Luxembourg.

473: Ils sont actuellement dans le Musée du Roi. Le plafond qu'avoit peint Le Brun n'a point été enlevé de cet hôtel.

474: Plusieurs de ces tableaux appartiennent maintenant à la collection des rois.

475: Dans cet hôtel à moitié démoli, il y a maintenant une brasserie et un atelier de teinture.

L'hôtel Lambert est devenu le dépôt général des lits de la garde royale.

476: T. III., p. 124.

477: T. III, p. 124.

478: Le plan de Dheulland.

479: T. I, p. 239.

480: Hist. de Paris, t. V, p, 138.

481: T. I, p. 89. Javeau est un terme des eaux et forêts, qui signifie une île nouvellement faite au milieu d'une rivière, par alluvion ou amas de limon et de sable.

482: En 1034, sous Henri Ier.

483: Rigord. vita Philipp. Aug.

484: Il paroît toutefois qu'on se contenta de paver ce qu'on appeloit alors la croisée de Paris, c'est-à-dire deux rues qui se croisoient au centre de cette ville, et dont l'une se dirigeoit du midi au nord, et l'autre de l'est à l'ouest; ce pavé étoit composé de grosses dalles de grès, carrées et de la dimension de trois pieds et demi environ sur toutes leurs faces. L'abbé Lebeuf dit avoir vu plusieurs pierres de cet ancien pavé, au bas de la rue Saint-Jacques, et à une profondeur de sept à huit pieds. Il ajoute qu'on apercevoit, entre le pavé de Philippe-Auguste et le pavé actuel, des débris d'un pavé intermédiaire, preuve nouvelle de l'élévation successive du sol de la ville de Paris.

485: Ce que rapporte à ce sujet le commissaire Delamarre peut donner une idée de l'importance d'un tel bienfait. «Ceux d'entre nous, dit-il, qui ont vu le commencement du règne de Sa Majesté, se souviennent encore que les rues de Paris étoient si remplies de fange, que la nécessité avoit introduit l'usage de ne sortir qu'en bottes; et quant à l'infection que cela causoit dans l'air, le sieur Courtois, médecin, qui demeuroit alors rue des Marmouzets, a fait cette petite expérience, par laquelle on jugera du reste. Il avoit dans sa salle, sur la rue, de gros chenets à pommes de cuivre; et il a dit plusieurs fois aux magistrats et à ses amis que, tous les matins, il les trouvoit couverts d'une teinture assez épaisse de vert-de-gris, qu'il faisoit nettoyer pour faire l'expérience du jour suivant; et que depuis l'an 1663, que la police du nettoiement des rues a été rétablie, ces taches n'avoient plus paru. Il en tiroit cette conséquence que l'air corrompu que nous respirons continuellement faisoit d'autant plus d'impressions malignes sur les poumons et les autres viscères, que ces parties sont incomparablement plus délicates que le cuivre, et que c'étoit la cause immédiate de plusieurs maladies. Aussi est-il certain que, depuis ce rétablissement, il n'a plus paru à Paris de contagions, et beaucoup moins de ces maladies populaires dont la ville étoit si souvent affligée dans les temps que le nettoiement des rues a été négligé.»

486: Nous avons eu soin de faire mettre en italique les noms dont l'usage s'est perdu, soit que les rues qui les portoient aient été couvertes de maisons, soit que la fantaisie du peuple ait changé ces noms. Nous donnons aussi une explication des vieilles locutions les plus difficiles à entendre.

Le lecteur observera que dans cette pièce au est écrit par o, aux par as, qu'on par con, un par la lettre i, le nom de Dieu par Diex.

487: On mettoit en vers, aux treizième et quatorzième siècles, certains sujets qui seroient regardés aujourd'hui comme peu susceptibles des agrémens de la poésie: aussi les poètes d'alors se gênoient-ils peu sur la rime et sur les autres règles de la versification. Leur licence étoit telle, que, pour remplir la mesure, ils fabriquoient des termes nouveaux, ajoutoient des circonstances bizarres et étrangères à leur sujet, et même y inséroient des sermens au nom de tel ou tel saint, qui souvent n'avoit jamais existé, mais dont le nom, imaginé sur-le-champ, achevoit leurs vers, ou pour la rime, ou pour la quantité.

488: Demeure une faiseuse de couvertures.

489: Un peu au-dessus.

490: Il y demeure des Dames.

491: De là.

492: De quelque façon qu'on le prenne.

493: En descendant.

494: Je ne marchai pas en vain.

495: Plusieurs jeunes filles.

496: Le mal tourné, le renversé.

497: Vis-à-vis.

498: Que de son amour nous soyons protégés.

499: Je désavouerai.

500: Que onques, jamais.

501: Noël.

502: Il y vit une querelle de femmes.

503: Demeurent les égyptiens ou diseurs de bonne aventure.

504: Demeure, qu'on.

505: Fagot, broussaille, bourrée.

506: Au milieu de.

507: bruit.

508: Près de là

509: Atrium, l'aitre ou place de Sainte-Geneviève.

510: Loin de la rivière de Seine.

511: Fatigué, las.

512: Oiseau choisi pour la rime.

513: Qui conseille les autres.

514: Trouvai.

515: Manet, demeure la femme d'un charpentier.

516: Ses plaintes.

517: Je bus.

518: Là un peu.

519: De là.

520: On vend foin et paille.

521: Je vous expose.

522: Eut nom.

523: Moins.

524: Promptement.

525: Mon âme.

526: Tardif.

527: Pareillement.

528: raccourcis.

529: sur le bord de la mer.

530: s'enivre.

531: assez ouvri.

532: Où l'on sangle des coups, apparemment qu'il y avoit des Flagellants.

533: Y demeurent.

534: guitare.

535: C'est-à-dire un homme qui m'eut fait une espèce de cornemuse.

536: environnent.

537: habitent.

538: sépare.

539: Espèce de serment placé là pour rimer.

540: gracieux.

541: J'y vis beaucoup d'étoffes historiées; peine Pannus.

542: au bout.

543: Comptables, qu'on puisse compter.

544: Espèce de serment.

545: promptement.

546: alène.

547: éloigné.

548: au milieu de.

549: à travers.

550: D'aller et venir.

551: lent, paresseux.

552: Vendeur d'avoine.

553: De là.

554: chez.

555: qui n'a point de bonheur.

556: En joie.

557: Je ne tombe pas en éthisie.

558: sans en mal nommer aucune.

559: porte fausse.

560: chapeau.

561: La rivière de Seine.

562: camarade.

563: Serment.

564: À côté de lui.

565: prier.

566: cachoit et enfouissoit.

567: C'est-à-dire comme des pieds de sauterelles.

568: Plusieurs étoffes de diverses couleurs.

569: Plie, poisson de mer.

570: facile.

571: vitement.

572: suivi.

573: trompé ou moqué.

574: Là je bus.

575: Dont je ne suis pas fâché.

576: Dom, ou Monsieur.

577: Le puits sépare le carrefour.

578: Longue narration.

579: Manière de serment.

580: Un peu sûre.

581: âpre, rude.

582: Seuil de porte.

583: Qu'on ne me regarde pas comme un railleur.

584: pour vrai.

585: arrive.

586: détour.

587: de dessein formel.

588: Trouvai.

589: proche.

590: pour être corroyées.

591: Par le bas de.

592: mélancolie.

593: demeurèrent.

594: tout juste en commençant.

595: ma connoissance.

596: demeure.... un jeune homme.

597: Qui conduit à la porte St.-Jean.

598: Mot fabriqué pour la rime.

599: demeure un compagnon querelleur.

600: promptement.

601: C'est le nom d'une femme.

602: hymnes, cantiques.

603: embarrassée.

604: se peigner.

605: un peu au-dessus de là.

606: Il manque ici un vers dans le manuscrit.

607: Se portant.

608: Un éperon de terre ou bout d'île.

609: querelleuses.

610: à la pipée.

611: au porche.

612: poche.

613: pour vrai.

614: Rues sans chiefe, fermées par le fond.

615: Il veut faire ici la fin de ses vers.

616: Paris, jusque vers le milieu du quatorzième siècle, étoit divisé en trois parties: le quartier d'Outre-Petit pont, la Cité; le quartier d'Outre-Grand pont. Le premier de ces quartiers a depuis été désigné sous le nom de ville, en raison sans doute de ce que l'Hôtel-de-Ville y étoit situé. Le dernier fut nommé quartier de l'Université, parce que toutes les écoles de cette institution célèbre y étoient renfermées.

617: L'espace qu'occupoit cette rue a été renfermé dans le jardin de l'archevêché.

618: Cette rue porte maintenant le nom de rue de Nazareth.

619: Cens. de S. Éloi.

620: Cart. Episc. Il y avoit autrefois derrière Saint-Barthélemi un cul-de-sac nommé rue des Cordouagners. Cette rue avoit été bouchée dès 1315. Le nom s'en perdit par la suite, et on l'indiquoit simplement sous celui de ruelle du Prieuré, ruelle par où l'on va à Notre-Dame des Voûtes. Notre-Dame des Voûtes étoit une chapelle située au chevet de Saint-Barthélemi. Elle fut depuis réunie à l'église.

621: Ceux qui sont pour la première opinion ne s'accordent point sur la représentation de cette enseigne. Les uns disent que c'étoit un de ces insectes qui rongent le froment, et qu'on nomme aussi charançon; d'autres, une espèce d'oiseau (grive ou alouette), que les Parisiens appeloient calandre; le plus grand nombre, que c'est une machine avec laquelle on tabise et polit les draps, étoffes de soie, etc. Sauval dit que c'est là la véritable origine de ce nom. Au-dessus de la boutique d'une lingère, qui faisoit le coin de cette rue et de celle de la Cité, on lisoit autrefois une inscription, dont la solution a été inutilement proposée aux antiquaires.

Urbs me decolavit,
Rex me instituit,
Medicus amplificavit.

622: Fol. 88, verso.

623: Regist. du Parl., et ord. roy. de la Ville, p. 259.

624: T. III, p. 319.

625: Cartul. de N. D. des Champs.—Cens. de Sainte-Genev.—Cart. de Sorbonne.

626: La partie de cet espace qui longe le côté nord de la cathédrale forme aujourd'hui une rue que l'on nomme Rue du Cloître Notre-Dame; et de l'autre côté, le passage qui conduit au pont au Double, s'appelle rue de l'Évêché.

627: Sauval, t. I, p. 126.

628: Arch. de S. Germ., A. 3, 7, 8.

629: Past., A. fol. 804.

630: Regist. de la Ville, f. 3.

631: Cart. S. Magl., fol. 104 et 238.

632: Hist. de Paris, t. V, p. 620.

633: Sauval, t. I, p. 132.

634: Cens. S. Élig.

635: Quelques auteurs ont pensé qu'il venoit, par corruption, du mot latin inferior ou infera, inférieure, parce qu'elle étoit la dernière rue vers le port Saint-Landri.

636: Reg. capit. 1555.

637: Ord. du chap. de N. D.

638: Gall. Christ., t. VII, col. 3.

639: Manusc. des Coutumes de la Marchand., fol. 39.

640: Cens. S. Élig., 1495.

641: En effet, ce quartier étant occupé par des drapiers et des ouvriers qui donnoient le lustre aux étoffes, on peut croire qu'il renfermoit aussi des fabricants, dont le nom aura été transporté à la rue. Celui de feure ne doit point embarrasser: personne n'ignore que nos anciens écrivains employoient souvent l'u consonne pour l'v voyelle.

642: Cart. S. German. Autiss., fol. 10, recto.

643: Cens. S. Élig., 1367.

644: Cens. S. Genovefæ.

645: Cens. S. Genovef.—Arch. de S. Martin.

646: Past., A., fol. 702 et 801.

647: Cens. S. Élig., 1367 et 1398.

648: Arch. de S. Germ. des Prés, no 1575.

649: Traité de la Police, t. II, p. 727. La portion de cette rue qui s'étend vers le Marché-Neuf et en face de la rue Neuve-Notre-Dame, s'appelle aujourd'hui rue du Marché-Neuf. En 1507 cette rue fut élargie de vingt pieds entre les deux ponts.

650: Past., A., fol. 725.

651: Past., D., fol. 401; et I, fol. 147 et 152.

652: Past., A., fol. 794.

653: Past., D., fol. 300. Ibid., fol. 291; A., fol. 381 et 585; B., fol. 305. Le corps d'Isabeau de Bavière, femme de Charles VI, morte le dernier jour de septembre 1435, fut porté à Saint-Denis d'une façon singulière: on l'embarqua au port Saint-Landri, dans un petit bateau, et l'on dit au batelier de le remettre au prieur de l'abbaye.

654: Cens S. Élig.

655: Arch. de S. Victor.

656: Cart. S. Dionys. de Carc.

657: Cens. S. Élig.

658: Gens qui faisoient une espèce de pâtisserie.

659: La partie de cette rue qui bordoit la rivière, a été abattue lorsque l'on a construit la suite des quais qui entourent maintenant la Cité.

660: Du Breul, p. 97 et 201.

661: Reg. de la Ville.

662: Il a été ouvert, sur l'emplacement de Saint-Germain-le-Vieux, un passage fermé de deux grilles qui conduit de cette rue dans celle de la Calendre.

663: Arch. de S. Germ., A., 3, 1, 13.

664: La Morgue, autrefois dans une des cours du Grand-Châtelet, a été transportée en cet endroit. (V. monuments nouveaux.)

665: Une tradition populaire veut que cette rue doive son nom à un pâtissier qui faisoit des pâtés avec la chair des enfants qu'il attiroit chez lui, ou des victimes que son voisin le barbier égorgeoit pour son compte. Cette tradition est rapportée par Du Breul[665-A], qui ajoute que la maison dite des Marmouzets fut rasée à cette occasion, avec défense de jamais rebâtir au même lieu, et qu'une pyramide fut élevée en sa place.

On n'a aucune preuve positive de ces faits, qui semblent bien invraisemblables; mais il est constant que, pendant plus de cent ans, il y a eu, dans cette rue, une place vide, sur laquelle le propriétaire ne croyoit pas qu'il fût permis de bâtir. Pierre Belut, conseiller au parlement, à qui elle appartenoit, en demanda la permission à François Ier; et ce prince, par des lettres-patentes du mois de janvier 1536, permit d'y faire réédifier une maison pour être habitée, ainsi que les autres maisons de Paris, nonobstant tout arrêt qui pourroit être intervenu, y dérogeant par ces lettres, et imposant silence perpétuel à son procureur présent et à venir. Quoiqu'on ne trouve nulle part ni informations ni arrêts qui parlent de ce prétendu crime, il ne s'ensuivroit pas de là qu'il fût faux. On sait que dans les crimes atroces et extraordinaires, il a toujours été d'usage, et même dans les derniers temps de la monarchie, de jeter au feu les informations et la procédure, pour les rendre en quelque sorte incroyables. Nam sunt crimina quæ, ipsâ magnitudine, fidem non impetrant.

665-A: page 111.

666: Arch. de S. Éloi et de l'archevêché.—Past., A., p. 341 et 718.—Cart. Sorb., an 1284.

667: Cens. S. Dionys., de Carc.

668: Corrozet, fol. 204, verso.

669: Maintenant la préfecture de police. Cette rue est aujourd'hui désignée sous le nom de rue de Jérusalem.

670: Compte des Matines.

671: Avant, des Dix-Huit, à cause du collége de ce nom.

672: Auparavant, de la Huchette, à cause d'une maison ainsi appelée, qui faisoit le coin de cette rue et de celle de Saint-Christophe.

673: Rég. de la vill., fol. 3.

674: Cart. S. Genovef. an. 1243, fol. 15, verso. Ces mêmes titres nous apprennent que les juifs y avoient des bains et des étuves, domus quæ fuit stupa judæorum; ibid., 1248, fol. 37.

675: Cens. de S. Éloi, 1367.

676: Part. A. p. 633, 707, 819, 825 et 836.—Hist. S. Mart., p. 210.

677: Reg. capit. 5, p. 41.—Reg. capit., 1541.

678: Reg., capit. 8, p. 165.

679: Arch. de l'archev.

680: Cens. S. Élig., 1398.

681: Elles sont déposées, partie au musée du Roi, partie au cabinet d'antiquités de la bibliothèque Royale.

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