Théâtre 1: La Princesse Maleine (1890) - L'Intruse (1890) - Les Aveugles (1891)
Quelque chose passe encore sous le ciel I
Pourquoi êtes-vous venue ici?
A qui demandez-vous cela?
A notre jeune soeur.
On m'avait dit qu'il pouvait me guérir. Il m'a dit que je verrai un jour; alors je pourrai quitter l'Ile...
Nous voudrions tous quitter l'Ile!
Nous resterons toujours ici!
Il est trop vieux; il n'aura pas le temps de nous guérir!
Mes paupières sont fermées, mais je sens que mes yeux sont en vie...
Les miennes sont ouvertes.
Je dors les yeux ouverts.
Ne parlons pas de nos yeux!
Il n'y a pas longtemps que vous êtes ici?
J'ai entendu un soir, pendant la prière, du côté des femmes, une voix que je ne connaissais pas; et j'entendais à votre voix que vous étiez très jeune... J'aurais voulu vous voir, à vous entendre...
Je ne m'en suis pas aperçu.
Il ne nous avertit jamais!
On dit que vous êtes belle comme une femme qui vient de très loin?
Je ne me suis jamais vue.
Nous ne nous sommes jamais vus les uns les autres. Nous nous interrogeons et nous nous répondons; nous vivons ensemble, nous sommes toujours ensemble, mais nous ne savons pas ce que nous sommes!... Nous avons beau nous toucher des deux mains; les yeux en savent plus que les mains...
Je vois parfois vos ombres quand vous êtes au soleil.
Nous n'avons jamais vu la maison où nous vivons; nous avons beau tâter les murs et les fenêtres; nous ne savons pas où nous vivons!...
On dit que c'est un vieux château très sombre et très misérable, on n'y voit jamais de lumière, si ce n'est dans la tour où se trouve la chambre du prêtre.
Il ne faut pas de lumière à ceux qui ne voient pas.
Quand je garde le troupeau, aux environs de l'hospice, les brebis rentrent d'elles-mêmes, en apercevant, le soir, cette lumière de la tour...--Elles ne m'ont jamais égaré.
Voilà des années et des années que nous sommes ensemble, et nous ne nous sommes jamais aperçus! On dirait que nous sommes toujours seuls!... Ilfaut voir pour aimer...
Je rêve parfois que je vois...
Moi, je ne vois que quand je rêve...
Je ne rêve, d'ordinaire, qu'à minuit.
[Une rafale ébranle la forêt, et les feuilles tombent en masses sombres.]
Oui est-ce qui m'a touché les mains?
Quelque chose tombe autour de nous!
Cela vient d'en haut; je ne sais ce que c'est...
Oui est-ce qui m'a touché les mains?--Je m'étais endormi; laissez-moi dormir!
Personne n'a touché vos mains.
Qui est-ce qui m'a pris les mains? Répondez à haute voix, j'ai l'oreille un peu dure...
Nous ne le savons pas nous-mémes.
Est-on venu nous avertir?
Il est inutile de répondre; il n'entend rien.
Il faut avouer que les sourds sont bien malheureux!
Je suis las d'être assis!
Je suis las d'être ici!
Il me semble que nous sommes si loin les uns des autres... Essayons de nous rapprocher un peu;--il commence à faire froid...
Je n'ose pas me lever! il vaut mieux rester à sa place.
On ne sait pas ce qu'il peut y avoir entre nous.
Je crois que mes deux mains sont en sang; j'ai voulu me mettre debout.
J'entends que vous vous penchez vers moi.
[L'aveugle folle se frotte violemment les yeux en gémissant et en se tournant obstinément vers le prêtre immobile.]
J'entends encore un autre bruit...
Je crois que c'est notre pauvre soeur qui se frotte les yeux.
Elle ne fait jamais autre chose; je l'entends toutes les nuits.
Elle est folle; elle ne dit jamais rien.
Elle ne parle plus depuis qu'elle a eu son enfant... Elle semble toujours avoir peur...
Vous n'avez donc pas peur ici?
Qui donc?
Vous autres tous!
Oui, oui, nous avons peur!
Nous avons peur depuis longtemps!
Pourquoi demandez-vous cela?
Je ne sais pas pourquoi je le demande!... Il me semble que j'entends pleurer tout à coup parmi nous!...
Il ne faut pas avoir peur; je crois que c'est la folle...
Il y a encore autre chose... Je suis sûr qu'il y'a encore autre chose... Ce n'est pas de cela seul que j'ai peur...
Elle pleure toujours lorsqu'elle va allaiter son enfant.
Il n'y a qu'elle qui pleure ainsi!
On dit qu'elle y voit encore par moments...
On n'entend pas pleurer les autres...
Il faut voir pour pleurer...
Je sens une odeur de fleurs autour de nous...
Je ne sens que l'odeur de la terre!
Il y a des fleurs, il y a des fleurs autour de nous!
Je ne sens que l'odeur de la terre!
J'ai senti des fleurs dans le vent...
Je ne sens que l'odeur de la terre!
Je crois qu'elles ont raison.
Où sont-elles?--J'irai les cueillir.
A votre droite, levez-vous.
[Le sixième aveugle se lève lentement et s'avance à tâtons, en se heurtant aux buissons et aux arbres, vers les asphodèles qu'il renverse et écrase sur son passage.]
J'entends que vous brisez des tiges vertes! Arrêtez-vous! arrêtez-vous!
Ne vous occupez pas des fleurs, mais songez au retour!
Je n'ose plus revenir sur mes pas!
II ne faut pas revenir!--Attendez.--[Elle se lève.]--Oh! comme la terre est froide! Il va geler.--[Elle s'avance sans hésitation vers les étranges et pâles asphodèles, mais elle est arrêtée par l'arbre renversé et les quartiers de roc, aux environs des fleurs.]--Elles sont ici!--Je ne puis les atteindre; elles sont de votre côté.
Je crois que je les cueille.
[Il cueille, à tâtons, les fleurs épargnées, et les lui offre; les oiseaux nocturnes s'envolent.]
Il me semble que j'ai vu ces fleurs autrefois. Je ne sais plus leur nom... Mais comme elles sont malades, et comme leur tige est molle! Je ne les reconnais presque pas... Je crois que c'est la fleur des morts...
[Elle tresse des asphodèles dans sa chevelure.]
J'entends le bruit de vos cheveux.
Ce sont les fleurs...
Nous ne vous verrons pas...
Je ne me verrai pas non plus... J'ai froid.
[En ce moment, le vent s'élève dans la foret, et la mère mugit, tout à coup et violemment, contre des falaises très voisines.]
Il tonne!
Je crois que c'est une tempête qui s'élève.
Je crois que c'est la mer.
La mer?--Est-ce que c'est la mer?--Mais elle est à deux pas de nous!-- Elle est à côté de nous! Je l'entends tout autour de moi!--Il faut que ce soit autre chose!
J'entends le bruit des vagues à mes pieds.
Je crois que c'est le vent dans les feuilles mortes.
Je crois que les femmes ont raison.
Elle va venir ici!
D'où vient le vent?
Il vient du côté de la mer.
Il vient toujours du côté de la mer; elle nous entoure de tous côtés. Il ne peut pas venir d'autre part...
Ne songeons plus à la mer!
Mais il faut y songer puisqu'elle va nous atteindre!
Vous ne savez pas si c'est elle...
J'entends ses vagues comme si j'allais y tremper les deux mains! Nous ne pouvons pas rester ici! Elles sont peut-être autour de nous!
Où voulez-vous aller?
N'importe où! n'importe où! Je ne veux plus entendre le bruit de ces eaux! Allons-nous-en! Allons-nous-en!
Il me semble que j'entends encore autre chose.--Ecoutez!
[On entend un bruit de pas précipités et lointains, dans les feuilles mortes.]
Quelque chose s'approche!
Il vient! II vient! Il revient!
Il vient à petits pas, comme un petit enfant...
Ne lui faisons pas de reproches aujourd'hui!
Je crois que ce n'est pas le pas d'un homme!
[Un grand chien entre dans la forêt, et passe devant les aveugles.--Silence.]
Qui est-là?--Oui ètes-vous?--Ayez pitié de nous, nous attendons depuis si longtemps!... [Le chien s'arrête et vient poser les pattes de devant sur les genoux de l'aveugle.] Ah! ah! qu'avez-vous mis sur mes genoux? Qu'est-ce que c'est?... Est-ce une bête?--Je crois que c'est un chien?... Oh! oh! c'est le chien! c'est le chien de l'hospice! Viens ici! viens ici! Il vient nous délivrer! Viens ici! viens ici!
Viens ici! viens ici!
Il vient nous délivrer! Il a suivi nos traces jusqu'ici. Il me lèche les mains comme s'il me retrouvait après des siècles!
Viens ici! viens ici!
Il précède peut-être quelqu'un?...
Non, non, il est seul.--Je n'entends rien venir.--Il ne nous faut pas d'autre guide; il n'y en a pas de meilleur. Il nous conduira partout où nous voulons aller; il nous obéira...
Je n'ose pas le suivre.
Moi non plus.
Pourquoi pas? Il y voit mieux que nous.
N'écoutons pas les femmes!
Quelque chose est changé dans le ciel; je respire librement; l'air est pur maintenant...
C'est le vent de la mer qui passe autour de nous.
Il me semble qu'il va faire clair; je crois que le soleil se lève...
Je crois qu'il va faire froid...
Nous allons retrouver notre route. Il m'entraîne!... il m'entraîne. Il est ivre de joie!--Je ne peux plus le retenir?... Suivez-moi! suivez-moi! Nous retournons à la maison!...
[Il se lève, entraîné par le chien qui le mène vers le prêtre immobile, et s'arrête.]
Où êtes-vous? Où êtes-vous?--Où allez-vous?--Prenez garde!
Attendez! attendez! Ne me suivez pas encore; je reviendrai... Il s'arrête.--Qu'y a-t-il?--Ah! ah! J'ai touché quelque chose de très froid!
Que dites-vous? On n'entend presque plus votre voix.
J'ai touché!... Je crois que je touche un visage!
Que dites-vous?--On ne vous comprend presque plus. Qu'avez-vous?--Où êtes-vous?--Etes-vous déjà si loin de nous?
Oh! oh! oh!--Je ne sais pas encore ce que c'est...--Il y a un mort au milieu de nous!
Un mort au milieu de nous?--Où êtes-vous? où êtes-vous?
Il y a un mort parmi nous, vous dis-je! Oh! oh! j'ai touché le visage d'un mort!--Vous êtes assis à côté d'un mort! Il faut que l'un de nous soit mort subitement! Mais parlez donc, enfin, que je sache ceux qui vivent! Où êtes-vous?--Répondez! répondez tous ensemble!
[Les aveugles répondent successivement, à l'exception de l'aveugle folle et de l'aveugle sourd: les trois vieilles ont cessé leurs prières.]
Je ne distingue plus vos voix!... Vous parlez tous de même!... Elles tremblent toutes!
Il y en a deux qui n'ont pas répondu... Où sont-ils?
[Il touche de son bâton le cinquième aveugle.]
Oh! oh! J'étais endormi; laissez-moi dormir!
Ce n'est pas lui.--Est-ce la folle?
Elle est assise à côté de moi; je l'entends vivre.
Je crois... Je crois que c'est le prêtre!--Il est debout! Venez! venez! venez!
Il est debout?
Il n'est pas mort, alors!
Où est-il?
Allons voir!...
[Ils se lèvent tous, à l'exception de la folle et du cinquième aveugle, et s'avancent, à tâtons, vers le mort.]
Est-il ici?--Est-ce lui?
Oui! oui! je le reconnais!
Mon Dieu! mon Dieu! Qu'allons-nous devenir!
Mon père! mon père!--Est-ce vous? mon père, qu'est-il donc arrivé?-- Qu'avez-vous?--Répondez-nous!--Nous sommes tous autour de vous...
Apportez de l'eau; il vit peut-être encore...
Essayons... Il pourra peut-être nous reconduire à l'hospice.
C'est inutile; je n'entends plus son coeur.--Il est froid...
Il est mort sans rien dire.
Il aurait dû nous prévenir.
Oh! comme il était vieux!... C'est la première fois que je touche son visage...
Il est plus grand que nous!...
Ses yeux sont grands ouverts; il est mort les mains jointes...
Il est mort, ainsi sans raison...
Il n'est pas debout, il est assis sur une pierre...
Mon Dieu! mon Dieu! Je ne savais pas tout cela!... tout cela... Il était malade depuis si longtemps... Il a dû souffrir aujourd'hui!...--Il ne se plaignait pas... Il ne se plaignait qu'en nous serrant les mains... On ne comprend pas toujours... On ne comprend jamais!... Allons prier autour de lui; mettez-vous à genoux...
[Les femmes s'agenouillent en gémissant.]
Je n'ose pas me mettre à genoux...
On ne sait pas sur quoi l'on s'agenouille...
Etait-il malade?... Il ne nous l'a pas dit...
J'ai entendu qu'il parlait à voix basse en s'en allant... Je crois qu'il parlait à notre jeune soeur; qu'a-t-il dit?
Elle ne veut pas répondre.
Vous ne voulez plus nous répondre?--Où donc êtes-vous?--Parlez!
Vous l'avez trop fait souffrir; vous l'avez fait mourir... Vous ne vouliez plus avancer; vous vouliez vous asseoir sur les pierres de la route, pour manger; vous avez murmuré tout le jour... Je l'entendais soupirer... Il a perdu courage...
Etait-il malade? le saviez-vous?
Nous ne savions rien... Nous ne l'avons jamais vu... Quand donc avons-nous su quelque chose sous nos pauvres yeux morts?... Il ne se plaignait pas... Maintenant c'est trop tard... J'en ai vu mourir trois... mais jamais ainsi!... Maintenant c'est à notre tour...
Ce n'est pas moi qui l'ai fait souffrir.--Je n'ai rien dit...
Moi non plus; nous l'avons suivi sans rien dire...
Il est mort en allant chercher de l'eau pour la folle...
Qu'allons-nous faire? Où irons-nous?
Où est le chien?
Ici; il ne veut pas s'éloigner du mort.
Entrainez-le! Ecartez-le!$ écartez-le!$
Il ne veut pas quitter le mort!
Nous ne pouvons pas attendre à côté d'un mort!... Nous ne pouvons pas mourir ici dans les ténèbres!
Restons ensemble; ne nous écartons pas les uns des autres; tenons-nous par la main; asseyons-nous tous sur cette pierre... Où sont les autres... Venez ici! venez! venez!
Où êtes-vous?
Ici; je suis ici. Sommes-nous tous réunis?--Venez plus près de moi.-- Où sont vos mains?--Il fait très froid.
Oh! comme vos mains sont froides!
Que faites-vous?
Je mettais les mains sur mes yeux; je croyais que j'allais y voir tout à coup...
Qui est-ce qui pleure ainsi?
C'est la folle qui sanglote.
Elle ne sait pas la vérité?
Je crois que nous allons mourir ici...
Quelqu'un viendra peut-être...
Je pense que les religieuses sortiront de l'hospice...
Elles ne sortent pas le soir.
Elles ne sortent jamais.
Je pense que les hommes du grand phare nous apercevront...
Ils ne descendent pas de leur tour.
Ils nous verront peut-être...
Ils regardent toujours du côté de la mer.
Il fait froid!
Ecoutez les feuilles mortes; je crois qu'il gèle.
Oh! comme la terre est dure!
J'entends, à ma gauche, un bruit que je ne comprends pas...
C'est la mer qui gémit contre les rochers.
Je croyais que c'étaient les femmes.
J'entends les glaçons se briser sous les vagues...
Qui est-ce qui grelotte ainsi? Il nous fait trembler tous sur la pierre!
Je ne puis plus ouvrir les mains.
J'entends encore un bruit que je ne comprends pas...
Qui est-ce qui grelotte ainsi parmi nous? Il fait trembler la pierre!
Je crois que c'est une femme.
Je crois que c'est la folle qui grelotte le plus fort.
On n'entend pas son enfant.
Je crois qu'il tette encore.
Il est le seul qui puisse voir où nous sommes!
J'entends le vent du Nord.
Je crois qu'il n'y a plus d'étoiles; il va neiger.
Si l'un de nous s'endort, il faut qu'on le réveille.
J'ai sommeil cependant!
[Une rafale fait tourbillonner les feuilles mortes.]
Entendez-vous les feuilles mortes?--Je crois que quelqu'un vient vers nous...
C'est le vent; écoutez!
Il ne viendra plus personne!
Les grands froids vont venir...
J'entends marcher dans le lointain.
Je n'entends que les feuilles mortes!
J'entends marcher très loin de nous!
Je n'entends que le vent du Nord!
Je vous dis que quelqu'un vient vers nous!
J'entends un bruit de pas très lents...
Je crois que les femmes ont raison!
[Il commence à neiger à gros flocons.]
Oh! oh! qu'est-ce qui tombe de si froid sur mes mains?
Il neige!
Serrons-nous les uns contre les autres!
Ecoutez-donc le bruit des pas!
Pour Dieu! faites silence un instant!
Ils se rapprochent! ils se rapprochent! écoutez-donc!
[Ici l'enfant de l'aveugle folle se met à vagir subitement dans les ténèbres.]
L'enfant pleure?
Il voit! il voit! Il faut qu'il voie quelque chose puisqu'il pleure. [Elle saisit l'enfant dans ses bras et s'avance dans la direction d'où semble venir le bruit des pas; les autres femmes la suivent anxieusement et l'entourent.] Je vais à sa rencontre!
Prenez garde!
Oh! comme il pleure!--Qu'y a-t-il?--Ne pleure pas.--N'aie pas peur; il n'y a rien à craindre, nous sommes ici; nous sommes autour de toi.--Que vois-tu?--Ne crains rien.--Ne pleure pas ainsi! Que vois-tu?--Dis, que vois-tu?
Le bruit des pas se rapproche par ici; écoutez donc! écoutez donc!
J'entends le frôlement d'une robe contre les feuilles mortes.
Est-ce une femme?
Est-ce que c'est un bruit de pas?
C'est peut-être la mer dans les feuilles mortes?
Non, non! ce sont des pas! ce sont des pas! ce sont des pas!
Nous allons le savoir; écoutez donc les feuilles mortes!
Je les entends, je les entends presque à côté de nous! écoutez! écoutez!--Que vois-tu? Que vois-tu?
De quel côté regarde-t-il?
Il suit toujours le bruit des pas!--Regardez! regardez! Quand je le tourne il se retourne pour voir... Il voit! il voit! il voit!--Il faut qu'il voie quelque chose d'étrange!...
Elevez-le au-dessus de nous, afin qu'il puisse voir.
Ecartez-vous! écartez-vous! [Elle élève l'enfant au dessus du groupe d'aveugles.]--Les pas se sont arrêtés parmi nous!...
Ils sont ici! Ils sont au milieu de nous î...
Qui êtes-vous?
[Silence.]
Ayez pitié de nous!
[Silence.--L'enfant pleure plus désespérément.]