Œuvres de Voltaire Tome XX: Siècle de Louis XIV.—Tome II
Comme roi des auteurs qu’on l’élève à l’empire;
Ma bile alors s’échauffe, et je brûle d’écrire.
Satire IX.
c’est comme si Boileau signait: Je suis jaloux.
La Beaumelle dit au public: «Il y a eu de meilleurs poëtes que Voltaire, il n’y en a point eu de mieux récompensés. Il a sept mille écus de pension. Le roi de Prusse comble les gens de lettres de bienfaits, par les mêmes principes que les princes d’Allemagne comblent de bienfaits les nains et les bouffons[401].»
La Beaumelle, en cette occasion, devient le Boileau, et Voltaire est le Chapelain.
J’avouerai que j’ai fait autrefois, je ne sais comment, un poëme épique comme Chapelain; mais je voudrais consoler les esprits de la trempe de La Beaumelle, en leur apprenant que quand le monarque dont il parle me fit renoncer, dans ma vieillesse, à ma famille, à ma maison, à une partie de ma fortune, à mes établissements, pour m’attacher à sa personne, je crus pouvoir, sans honte, recevoir en dédommagement une pension d’un roi qui en donne à des princes. Il me semble d’ailleurs que je ne suis pas extrêmement bouffon. Je me flatte peut-être; mais ce n’est pas en cette qualité que le roi de Prusse me demanda au roi mon maître, comme un roi de Cappadoce demanda autrefois à un empereur romain un pantomime. Il me demanda comme un homme qui avait répondu pendant seize années à ses bontés prévenantes; il me demanda pour cultiver avec lui une langue dont il a fait la seule langue de sa cour, pour cultiver des arts dans lesquels il a signalé son génie; et ce qui fait, ce me semble, honneur à ces mêmes arts, à ma nation, et à la philosophie de ce monarque, c’est qu’il daigna descendre jusqu’à me retenir auprès de lui, comme son ami, titre qu’autrefois des rois, et même des empereurs, donnèrent à de simples hommes de lettres, tel que je le suis. Je rapporte le fait pour encourager mes confrères. Je suis le bûcheron à qui le dieu Mercure donna une cognée d’or. Tous les bûcherons vinrent demander des cognées. Au reste, en opposant ce mot d’ami, dont un grand roi a daigné se servir, à ce mot de bouffon dont se sert La Beaumelle, on peut croire que c’est sans la moindre vanité. On sait ce que ce terme signifie dans la bouche et au bout de la plume d’un souverain. Ce n’est que l’expression d’une excessive bonté, dont jamais l’inférieur ne peut abuser, et qui ne fait qu’augmenter son respect. Et si l’amitié subsiste si rarement entre des égaux; si tant de faux rapports, tant de petites jalousies, tant de faiblesses auxquelles nous sommes sujets, altèrent entre les particuliers cette liaison que l’on nomme amitié, combien est-il plus aisé de perdre celle d’un roi, qui n’est jamais autre chose que protection, et un peu de bonne volonté, dans un homme supérieur! Il aperçoit bien mieux qu’un autre nos défauts et nos fautes, et il a seulement plus d’occasions d’exercer une des vertus les plus convenables aux rois, l’indulgence.
Quoi qu’il en soit, il est très aisé que le roi de Prusse trouve un meilleur poète que moi, un académicien plus utile, un écrivain plus instruit, quand ce ne serait que M. de La Beaumelle: mais il n’en trouvera point de plus attaché à sa personne et à sa gloire. J’avais cru faire plaisir à tant d’écrivains qui valent mieux que moi, de remettre à sa majesté les pensions et les honneurs dont elle m’avait comblé[402]. J’ai crû que le seul honneur convenable à un homme de lettres était de cultiver les lettres jusqu’au dernier moment de sa vie, et qu’il pouvait renoncer aux pensions, aux cordons, aux clefs, comme on quitte une robe de bal et un masque, pour rentrer paisiblement dans sa maison. Les La Beaumelle me répondront que le roi de Prusse m’a rendu ces honneurs avec une bonté qui les fâche: je leur dirai de ne se point décourager; et je leur conseillerai de continuer à travailler, de parler désormais des souverains vivants, et de leurs gouvernements, avec moins d’effusion de cœur dans leurs livres, attendu que les chaînes qu’on donne aujourd’hui aux Arétins ne sont pas d’or. Je leur conseillerai de fortifier leurs talents et leur génie, et de venir ensuite demander ma place, qu’ils rempliront beaucoup plus dignement que moi.
S’ils continuent à se rendre utiles par des critiques, non seulement permises, mais nécessaires dans la république des lettres, je prendrai la liberté de leur dire: «Censurez les ouvrages, vous faites très bien; donnez-en de supérieurs, vous ferez encore mieux.» Quand le P. Bouhours demande dans un de ses livres si un Allemand peut être un bel esprit[403]; quand, parmi de bonnes critiques du Tasse, il en hasarde de mauvaises; quand il dit que la grace est un je ne sais quoi, on paraît en droit de se moquer de lui, et même de dire qu’il est un je ne sais qui, comme a fait Barbier d’Aucour.
Si le P. Barry montre le paradis ouvert à Philagie par cent et une dévotions à la Vierge, aisées à pratiquer[404]; si Escobar facilite le salut par des moyens beaucoup plus plaisants, on ne trouve point mauvais que Pascal fasse rire l’Europe aux dépens d’Escobar et de Barry. Il a poussé trop loin la raillerie, en fesant passer tous les jésuites pour autant de Barrys et d’Escobars; mais il s’en faut beaucoup que ce livre soit regardé du même œil par le public et par les jésuites; ils ont réussi à le faire condamner par deux parlements[405], et n’ont pu l’empêcher d’être les délices des nations.
Si l’auteur d’un livre de physique[406], utile à la jeunesse, avance que Moïse était un grand et profond physicien; s’il dit que Locke n’est qu’un bavard ennuyeux; s’il assure que le flux de l’Océan lui est donné de Dieu, pour empêcher son eau salée de se corrompre, et pour conduire nos vaisseaux dans les ports, oubliant que la mer Méditerranée a des ports, point de flux, et qu’elle ne croupit point; s’il affirme que tout a été créé uniquement pour l’homme, et s’il traite enfin avec hauteur ceux qui ne sont pas de son avis, il est assurément permis, en estimant son livre, de faire quelques innocentes plaisanteries sur de telles opinions.
Quand Whiston a proposé en Angleterre des expériences ridicules et impossibles, on s’est moqué publiquement de Whiston, et on a bien fait. Il y a des erreurs qu’il faut réfuter sérieusement, des absurdités dont il faut rire, des mensonges qu’on doit repousser avec force.
S’il s’agit d’ouvrages de goût, chacun est en droit de dire son avis, et l’on est même dispensé de la preuve. Vous pouvez me comparer à Lucain, sans que je le trouve mauvais. S’il est question d’histoire, non seulement vous pouvez relever des fautes, mais vous le devez, supposé que vous soyez instruit; et en cela vous rendez service à votre siècle, surtout quand ces fautes sont essentielles, quand on a induit le public en erreur sur des faits importants, qu’on s’est mépris sur les grands événements qui ont troublé le monde, sur les lois, sur le gouvernement, sur le caractère des nations et de leurs chefs, et plutôt surtout quand on a calomnié les morts, que quand on a atténué leurs faiblesses.
Tout livre, en un mot, est abandonné à la critique. Montrez-moi mes fautes, je les corrige. Voilà ma réponse: malheur à qui en fait d’autres! Dieu me garde de traiter de libelle le livre qui m’apprend à corriger mes erreurs! La simple critique est une offense envers moi, si je ne suis qu’orgueilleux; c’est une leçon, si j’ai un amour-propre raisonnable; mais celui qui, dans ses censures, mettra les outrages violents, l’ignorance, la mauvaise foi, l’erreur, et l’imposture, à la place des raisons, sera l’horreur et le mépris des honnêtes gens. Je ne parle pas d’un malheureux qui, dans sa plate frénésie, attaquerait grossièrement les rois, les ministres, les citoyens, et qui serait semblable à ces fous furieux qui, à travers les grilles de leurs cachots, veulent couvrir les passants de leur ordure; celui-là ne mériterait que d’être renfermé avec eux, ou de suivre les Cartouches[408] qu’il regarde comme de grands hommes.
TROISIÈME PARTIE[407].
Il importe peu à la postérité qu’une Française, nommée madame de Villette, ait été propre nièce ou la femme d’un neveu de madame de Maintenon. Je n’en ai parlé, dans le Siècle de Louis XIV, que pour faire voir que la personne qui était en effet reine de France, était plus occupée du soin de rendre les dernières années du roi agréables à ce monarque, que de l’ambition d’élever sa famille. Je ne me suis point trompé sur le caractère de cette personne si singulière. Ses lettres, qu’on a publiées avant les éditions de 1753 du Siècle de Louis XIV, sont la preuve que je n’ai rien avancé dont je ne fusse instruit, et de mon amour pour la vérité. Il s’est trouvé que madame de Maintenon avait signé par avance tout ce que j’avais dit d’elle.
Un traducteur, que je ne connais pas, des œuvres posthumes du vicomte de Bolingbroke, me fait un juste reproche de l’inadvertance que j’ai eue d’avoir supposé que madame de Villette, depuis madame de Bolingbroke, était propre nièce de madame de Maintenon. La vérité est si précieuse, qu’elle est respectable lors même qu’elle est inutile. Ce traducteur ne se trompe pas moins que moi, quand il dit que le marquis de Villette était parent et non neveu: il était neveu[409] réellement de madame de Maintenon. Il eut deux femmes: madame de Caylus était fille de la première, et il épousa en secondes noces mademoiselle de Marsilli, qui est morte à Londres épouse de milord Bolingbroke. Ainsi madame de Villette et madame de Caylus étaient toutes deux nièces de madame de Maintenon; madame de Villette par son premier mari, et madame de Caylus par sa naissance. Elles étaient toutes deux dans l’éclat de leur beauté quand le marquis de Villette fit ce second mariage, et madame de Maintenon lui disait: «Mon neveu, il ne tiendra qu’à vous d’avoir chez vous bonne compagnie; vous avez une femme et une fille qui l’attireront.»
Le traducteur de Bolingbroke se trompe un peu davantage, quand il dit que j’ai fait de madame de Maintenon un portrait dans un goût tout neuf. S’il avait été instruit, il aurait dit dans un goût très vrai. Je pouvais charger ce portrait; je pouvais dire d’elle,
Qu’un peu d’attraits peut-être, et beaucoup d’artifice[410].
Je pouvais parler des hommages que sa beauté et son esprit lui attirèrent dans sa jeunesse, en ayant été très informé par l’abbé de Châteauneuf, le dernier amant de la célèbre Ninon ma bienfaitrice, laquelle avait vécu, comme on sait, avec madame Scarron plusieurs années dans la familiarité la plus intime; mais un tableau du siècle de Louis XIV ne doit pas, à mon avis, être déshonoré par de pareils traits. J’ai voulu dire des vérités utiles, non des vérités propres aux historiettes. C’est une vérité très importante que la veuve de Scarron, devenue reine de France, se soit trouvée malheureuse au faîte de la grandeur par cette grandeur même. Elle disait à madame de Bolingbroke: «Ah! ma nièce, si vous saviez ce que c’est que d’avoir à amuser tous les jours un homme qui n’est plus amusable!»
C’est ainsi que le secret des cœurs est si peu connu; c’est ainsi que nous sommes tous les dupes de l’apparence. On envie le sort de la femme, et du favori, et du ministre d’un grand roi; mais ceux qui sont dans ces places, et ceux qui les regardent d’en-bas, sont également faibles et également malheureux. Qu’il y a loin de l’éclat à la félicité!
Vidi e conobbi pur le inique corti[411].»
Au reste, que La Beaumelle donne la Vie de madame de Maintenon après avoir publié ses Lettres; qu’il y copie mot à mot vingt passages du Siècle de Louis XIV, contre lequel il a écrit; qu’il contredise au hasard les Mémoires de l’abbé de Choisi, après les avoir soutenus contre moi au hasard; qu’il se donne la peine de dire que le roi n’acheta point la terre de Maintenon, mais qu’elle fut achetée de l’argent du roi, et par l’avis du roi; qu’il rapporte que madame de Maintenon, dans sa faveur, voyait souvent madame de Montespan, après l’avoir nié dans ses Remarques sur le Siècle; tout cela est fort indifférent.
Il peut même faire attaquer vers les côtes de l’Amérique le vaisseau qui portait mademoiselle d’Aubigné, par un vaisseau turc, sans que je le reprenne.
Quelques personnes m’ont reproché d’avoir ménagé la mémoire de madame de Maintenon, ainsi que La Beaumelle a osé me reprocher dans ses notes d’avoir pu dire plus de mal de M. le maréchal de Villeroi et de M. de Chamillart, et de ne l’avoir pas dit. Je sais combien la loi que Cicéron impose aux historiens est respectable: ils ne doivent oser rien dire de faux; ils ne doivent rien cacher de vrai[412]. Mais cette loi ordonne-t-elle que l’histoire soit une satire? A qui madame de Maintenon fit-elle du mal? qui persécuta-t-elle? Elle fit servir les charmes de son esprit et sa dévotion même à sa grandeur; elle dompta son caractère pour dompter Louis XIV. Mais quel abus odieux fit-elle de son pouvoir? La constitution Unigenitus lui parut la saine doctrine, comme elle le dit dans ses Lettres; mais combattit-elle pour la saine doctrine par des cabales? et si elle osa avoir une opinion dans des matières qu’elle n’entendait pas, et qu’un esprit plus mâle aurait négligées, ne doit-on pas savoir gré à une femme de n’avoir mêlé aucune vivacité à cette opinion?
A l’égard du maréchal de Villeroi, je voudrais bien savoir s’il faut flétrir un homme parcequ’il a été malheureux à la guerre, et parcequ’il avait à combattre des généraux plus habiles que lui. Il est pardonnable au peuple de s’emporter contre un homme dont les mauvais succès ont fait l’infortune de la patrie; mais l’historien doit voir dans le général qui a fait des fautes l’honnête homme qui n’en a point fait dans la société, qui a été fidèle à l’amitié, généreux, et bienfesant. N’y a-t-il donc d’autre gloire que celle d’avoir fait tuer des hommes avec succès?
Il y avait beaucoup de choses à dire du maréchal de Villeroi, à ce que prétend La Beaumelle; et je les ai omises, parcequ’à un certain âge on est prudent et flatteur. Je ne sais pas au juste quel âge a La Beaumelle; mais il paraît qu’il n’est ni l’un ni l’autre, et je ne vois pas qu’il doive me reprocher de la flatterie.
J’ai rendu, ce me semble, justice à M. de Chamillart; je n’ai rien tu, mais je n’ai rien outré. Ceux qui poursuivent sa mémoire savent-ils seulement ce que c’est que l’administration des finances dans un royaume composé de tant de provinces, où la régie est si différente; dans un royaume épuisé par la guerre de 1689, et pour qui la guerre de 1701 était devenue nécessaire; dans un royaume où rien ne pouvait s’opérer que par des emprunts continuels; enfin dans une guerre long-temps malheureuse, où il en a coûté plus en une seule année, pour l’article seul des vivres, qu’il n’en coûta à Alexandre pour conquérir l’Asie? Chamillart, sans doute, n’était ni un Colbert ni un Louvois, je l’ai dit; mais c’était un honnête homme, un homme modéré, et je l’ai dit encore[413]. «Un auteur impartial, dit le juge La Beaumelle, aurait sévi contre Chamillart.» Quelle expression! et quel juge!
La France et l’Angleterre sont pleines d’écrivains qui croient plaider la cause du genre humain quand ils accusent leur patrie. Il y a des gens qui pensent qu’un historien doit décrier son pays pour paraître impartial, condamner tous les ministres pour paraître juste, et immoler son roi à la haine des siècles à venir pour paraître libre. Plusieurs ont écrit avec plus de licence que moi, nul avec plus de liberté: mon livre n’est pas assurément imprimé à Paris avec approbation et privilége; je n’en veux que de la postérité: mais ma liberté a été celle d’un honnête homme, d’un citoyen du monde. Quoique j’aie été historiographe de France, je n’ai voulu achever mon ouvrage que hors de France, afin de n’être pas soupçonné de la bassesse de flatter, et de n’être pas glacé par la crainte de déplaire.
Il n’y a que trop de perfidies dans les cours; je le sais très bien. Il n’y a que trop de mal dans ce monde; c’en est un grand de l’exagérer. Peindre les hommes toujours méchants, c’est les inviter à l’être.
Il y avait dans le conseil de Louis XIV des hommes d’une vertu supérieure à celle des Caton. Tel était le duc de Beauvilliers, qui fit résoudre la paix de Rysvick uniquement parceque les peuples commençaient à être malheureux. Il y avait de pareilles ames à la cour, comme le duc de Montausier et le duc de Navailles. Je ne parle ici que des courtisans qui ont été célèbres par leurs places, ou par leurs malheurs. MM. de Pomponne et Lepelletier, dans leur ministère, furent plus connus par leur probité désintéressée que par tout le reste, et jamais il n’y eut une conduite plus irréprochable que celle de M. de Torci.
L’auteur vertueux d’un fameux livre me pardonnera donc si je prends cette occasion de combattre ce titre d’un de ses chapitres, «Que la vertu n’est point le principe du gouvernement monarchique[414]», et de combattre tout ce chapitre, dans lequel il serait trop cruel qu’il eût raison. Je lui dirai d’abord que la vertu n’est le principe d’aucune affaire, d’aucun engagement politique. La vertu n’est point le principe du commerce de Cadix; mais les Espagnols qui l’exercent, et avec qui nous n’avons de sûreté que leur seule bonne foi et leur discrétion, n’ont jamais trahi ni l’une ni l’autre. La vertu est de tous les gouvernements et de toutes les conditions; il y en a toujours plus sous une administration paisible, quelle qu’elle soit, que dans un gouvernement orageux, où l’esprit de parti inspire et justifie tous les crimes. Il se commit des actions atroces parmi les seigneurs de la cour de Charles II et de Jacques II, qui ne se commettaient pas à la cour de Louis XIV.
Je dirai à l’estimable auteur de ce livre, que lui-même n’a vu dans les corps dont il a été membre, dans les sociétés dont il a fait l’agrément, qu’une foule de gens de bien comme lui. Je lui dirai que s’il entend par vertu l’amour de la liberté, c’est la passion des républicains, c’est le droit naturel des hommes, c’est le desir de conserver un bien avec lequel chaque homme se croit né, c’est le juste amour de soi-même confondu dans l’amour de son pays. S’il entend la probité, l’intégrité, il y en a toujours beaucoup sous un prince honnête homme. Les Romains furent plus vertueux du temps de Trajan que du temps des Sylla et des Marius. Les Français le furent plus sous Louis XIV que sous Henri III, parcequ’ils furent plus tranquilles.
Voici comment l’auteur s’exprime pour appuyer son idée: «Si dans le peuple il se trouve quelque malheureux honnête homme, le cardinal de Richelieu, dans son Testament politique, insinue qu’un monarque doit se garder de s’en servir. Il ne faut pas, y est-il dit, se servir de gens de bas lieu; ils sont trop austères et trop difficiles.» Je crois rendre service à la nation et à cet auteur, qui travaille pour le bien de la nation, de lui démontrer qu’il se trompe. Qu’on lise les paroles de ce Testament très faussement attribué au cardinal de Richelieu.
«Une basse naissance produit rarement les parties nécessaires au magistrat; et il est certain que la vertu d’une personne de bon lieu a quelque chose de plus noble que celle qui se trouve en un homme de petite extraction. Les esprits de telles gens sont d’ordinaire difficiles à manier, et beaucoup ont une austérité si épineuse, qu’elle n’est pas seulement fâcheuse, mais préjudiciable. Le bien est un grand ornement aux dignités, qui sont tellement relevées par le lustre extérieur, qu’on peut dire hardiment que de deux personnes dont le mérite est égal, celle qui est la plus aisée en ses affaires est préférable à l’autre, étant certain qu’il faut qu’un pauvre magistrat ait l’ame d’une trempe bien forte, si elle ne se laisse quelquefois amollir par la considération de ses intérêts. Aussi l’expérience nous apprend que les riches sont moins sujets à concussion que les autres, et que la pauvreté contraint un officier à être fort soigneux du revenu du sac.» (Chap. IV, sect. I.)
Il est clair par ce passage, assez peu digne d’ailleurs d’un grand ministre, que l’auteur du Testament qu’on a cité craint qu’un magistrat sans bien et sans naissance n’ait pas assez de noblesse d’ame pour être incorruptible. On veut donc en vain s’autoriser du témoignage d’un ministre de France pour prouver qu’il ne faut point de vertu en France. Le cardinal de Richelieu, tyran quand on lui résistait, et méchant parcequ’il avait des méchants à combattre, pouvait bien, dans un ministère qui ne fut qu’une guerre intestine de la grandeur contre l’envie, détester la vertu qui aurait combattu ses violences; mais il était impossible qu’il l’écrivît: et celui qui a pris son nom, ne pouvait (tout malavisé qu’il est quelquefois) l’être assez pour lui faire dire que la vertu n’est bonne à rien.
Je n’ai assurément nulle envie, en réfutant cette erreur, de décrier le livre célèbre où elle se trouve. Je suis loin de rabaisser un ouvrage dont on n’a jusqu’à présent critiqué que ce qu’il y a de bon; un ouvrage où à côté de cent paradoxes, il y a cent vérités profondes, exprimées avec énergie; un ouvrage où les erreurs même sont respectables, parcequ’elles partent d’un esprit libre, et d’un cœur plein des droits du genre humain. Je prétends seulement faire voir que, dans une monarchie tempérée par les lois, et surtout par les mœurs, il y a plus de vertu que l’auteur ne croit, et plus d’hommes qui lui ressemblent.
Si feu milord Bolingbroke m’avait montré sa huitième lettre sur l’Histoire, où la passion lui fait dire que «le gouvernement de son pays est composé d’un roi sans éclat, de nobles sans indépendance, et de communes sans liberté», je l’aurais prié de retrancher cette phrase dont le fond n’est pas vrai, et dont l’antithèse n’est pas juste; et de ne pas donner aux lecteurs lieu de croire que, dans ses écrits, le mécontent entraînait trop loin le philosophe.
Le traducteur du lord Bolingbroke veut encore s’inscrire en faux contre ce que j’ai rapporté du célèbre archevêque de Cambrai, Fénélon. Il veut parler apparemment de ces vers que l’archevêque fit dans sa vieillesse:
Et voulais trop savoir, etc.
Je puis protester que le marquis de Fénélon son neveu, ambassadeur en Hollande, me les dit à La Haye en 1741. Il y avait dans la chambre un homme très connu qui pourrait s’en souvenir; c’est en présence du même homme que M. de Fénélon me montra le manuscrit original du Télémaque. J’écrivis les vers en question sur mes tablettes, et je les possède copiés dans un ancien manuscrit tout de la même main. M. de Fénélon me dit que ces vers étaient une parodie d’un air de Lulli: je ne sais pas encore sur quel air ils ont été faits; mais tout ce que je sais, c’est qu’il est très utile de nous dire tous les jours à nous-mêmes, à nous qui disputons avec tant de chaleur sur des bagatelles, sur des difficultés puériles, que le grand archevêque de Cambrai reconnut, vers la fin de sa vie, la vanité des disputes sur des objets plus sérieux.
Le traducteur de Bolingbroke me fait un reproche non moins injuste sur le cardinal Mazarin. «Ce n’est pas par les vaudevilles, dit-il, qu’il le faut juger.» Non, sans doute; et ce n’est ni sur les vaudevilles, ni sur les satires qu’il faut juger personne, c’est sur les faits avérés. Or, je voudrais bien savoir où ce traducteur a vu que le cardinal Mazarin trouva la France dans le plus grand embarras. Quand il fut premier ministre, il la trouva triomphante par la valeur du grand Condé et par celle des Suédois. La paix de Vestphalie lui fit un honneur qu’on ne peut lui ravir: mais les traités heureux sont le fruit des campagnes heureuses. Cette paix était retardée quand nos prospérités étaient interrompues; elle se fit quand Turenne fut maître de la Bavière, et quand Kœnigsmarck prenait Prague. Ce n’est que les armes à la main qu’on force une nation à céder une province: encore l’acquisition de l’Alsace nous coûta-t-elle environ six millions d’aujourd’hui.
Ce traducteur dit que les belles années de Louis XIV furent celles où l’esprit de Mazarin régnait encore. Est-ce donc l’esprit de Mazarin qui conquit la Franche-Comté, et les villes de Flandre qu’il avait rendues? Est-ce l’esprit de Mazarin qui fit construire cent vaisseaux de ligne, lui qui, dans huit ans d’une administration paisible, avait laissé la marine dépérir? Est-ce l’esprit de Mazarin qui réforma les lois qu’il ignorait, et les finances qu’il avait pillées? Croit-on, pour avoir traduit milord Bolingbroke, savoir mieux l’histoire de mon pays que moi? Je la sais mieux que milord Bolingbroke, parcequ’il était de mon devoir de l’étudier. Je n’ai eu nulle affection particulière, et la vérité a été mon seul objet; non cette vérité de détails qui ne caractérisent rien, qui n’apprennent rien, qui ne sont bons à rien, mais cette vérité qui développe le génie du maître, de la cour, et de la nation. L’ouvrage pouvait être beaucoup meilleur, mais il ne pouvait être fait dans une vue meilleure.
J’apprends qu’on se plaint que j’ai omis plusieurs écrivains dans la liste de ceux qui ont servi à faire fleurir les arts dans le beau siècle de Louis XIV. Je n’ai pu parler que de ceux dont les écrits sont parvenus à ma connaissance dans la retraite où j’étais[416].
J’apprends que plusieurs protestants me reprochent d’avoir trop peu respecté leur secte; j’apprends que quelques catholiques crient que j’ai beaucoup trop ménagé, trop plaint, trop loué les protestants. Cela ne prouve-t-il pas que j’ai gardé mon caractère, que je suis impartial?
Quos ultra citraque nequit consistere rectum.»
Hor., lib. I, sat. I.
FIN DU SUPPLÉMENT
AU SIÈCLE DE LOUIS XIV.
TABLE
DES MATIÈRES DU SECOND VOLUME
DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.
| Chap. XVIII. Guerre mémorable pour la succession à la monarchie d’Espagne. Conduite des ministres et des généraux jusqu’en 1703, page 1.—Ligue contre la maison de France, 2.—Le ministère de France perd sa supériorité, 4.—Le prince Eugène, 7.—Premiers progrès du prince Eugène, 8.—Le maréchal de Villeroi commande, 10.—Échec de Chiari, 11.—Le maréchal de Villeroi pris dans Crémone, 12.—Crémone surpris et repris, 13.—Duc de Vendôme en Italie, 15.—Duc de Savoie contre la France, 16.—Portugal contre la France, 17.—Les alliés traitent avec le roi de Maroc, 18.—Marlborough, ibid.—Avantages des alliés contre la France, 19.—Bataille de Fridlingen, 24.—Le marquis de Villars proclamé maréchal de France par les soldats, ibid.—Villars gagne une bataille à Hochstedt, 25.—Bataille de Spire, 26.—L’électeur de Bavière demande pour son malheur un autre général que Villars, 28. |
| Chap. XIX. Perte de la bataille de Bleinheim ou d’Hochstedt, et ses suites, 29.—Marlborough fait changer la fortune, ibid.—Combat de Donavert, 30.—Bataille d’Hochstedt, 31.—Fautes, ibid.—Tallard, 32.—Marsin, ibid.—Maréchal de Tallard pris, son fils tué, 33.—Suite de cette bataille, 36.—Récompenses données à Marlborough, 37.—L’archiduc Charles, depuis empereur, va à Londres, 39.—Puissants secours que l’Angleterre lui donne, ibid. |
| Chap. XX. Pertes en Espagne: pertes des batailles de Ramillies et de Turin, et leurs suites, 40.—Prise de Gibraltar, ibid.—Les Anglais prennent le royaume de Valence et la Catalogne, 42.—Belle aventure du comte Péterborough, ibid.—Disgraces des Français devant Barcelone, 43.—Bataille de Cassano, 44.—Ramillies, 45.—Paroles de Louis XIV, 46.—Duc de La Feuillade, 47.—Préparatifs immenses et perdus, 48.—Bruits ridicules, 49.—Grandes fautes, 50.—Duc d’Orléans, ibid.—Causes de la défaite devant Turin, 53. |
| Chap. XXI. Suite des disgraces de la France et de l’Espagne. Louis XIV envoie son principal ministre demander la paix. Bataille de Malplaquet perdue, etc., 54.—Les Français perdent toute l’Italie, ibid.—L’empereur fait sentir sa puissance, ibid.—Grandes pertes de Louis XIV, 55.—Il résiste de tous côtés, 56.—L’archiduc Charles proclamé roi d’Espagne, 57.—On propose d’envoyer Philippe V en Amérique, 58.—Philippe V rentré dans Madrid, 59.—Les frontières du côté du Dauphiné toujours négligées, 61.—La Provence sauvée, 62.—Louis XIV envoie le prétendant en Écosse avec une flotte, ibid.—Le prétendant aborde et revient, 64.—Le duc de Bourgogne commande les armées, 65.—Défaite à Oudenarde, 66.—Siège de Lille, 67.—L’armée de France sans succès et sans union, 68.—L’empereur Joseph Iᵉʳ force le pape à reconnaître Charles son frère roi d’Espagne, 69.—Grande détresse de la France, 71.—Funestes effets de l’hiver de 1709, 72.—Louis XIV demande la paix, 73.—Les Hollandais deviennent fiers, ibid.—Prétentions des Hollandais, 74.—Le roi leur envoie un négociateur, 75.—Humiliation de Louis XIV, 77.—Propositions insultantes faites à Louis XIV, ibid.—Résolution de Louis XIV, 78.—Action honorable du maréchal de Boufflers, ibid. |
| Chap. XXII. Louis XIV continue à demander la paix et à se défendre. Le duc de Vendôme affermit le roi d’Espagne sur le trône, 84.—Victoire du maréchal Du Bourg, ibid.—Offres de Louis XIV, ibid.—Congrès de Gertruidenberg, 85.—Bataille de Saragosse, 86.—L’empereur Joseph Iᵉʳ, heureux et puissant, ibid.—Philippe V obligé de fuir encore, 87.—L’Espagne désolée, 88.—Philippe V presque abandonné, ibid.—Philippe V solidement rétabli, 90.—Intrigues à la cour de Londres, causes d’un grand changement, 91.—Une petite cause produit de très grands changements, 92.—Changements à la cour de Londres, mais non encore dans le royaume, 93.—Prise de Rio-Janeiro, 97. |
| Chap. XXIII. Victoire du maréchal de Villars à Denain. Rétablissement des affaires. Paix générale, 97.—Les affaires changent en Angleterre, ibid.—Suspension d’armes entre la France et l’Angleterre, 99.—État désastreux de la France, ibid.—Mort du duc de Vendôme, 100.—Le maréchal de Villars sauve la France, 101.—Combat de Denain, et prospérités, ibid.—Le prince Eugène et le maréchal de Villars signent la paix, 107.—La France assure les droits des princes d’Allemagne, 108.—Terme de sujet employé mal à propos, ibid.—Réponse ridicule attribuée mal à propos à Louis XIV, 109.—Traités accomplis, 110.—Le roi d’Espagne soumet les Catalans, 111. |
| Chap. XXIV. Tableau de l’Europe depuis la paix d’Utrecht jusqu’à la mort de Louis XIV, 115.—Dans la guerre de 1701, parents contre parents, ibid.—Changements en Europe opérés par la paix d’Utrecht, 116.—La reine Anne eût voulu que son frère lui succédât, 117.—Anecdote singulière, 118. |
| Chap. XXV. Particularités et anecdotes du règne de Louis XIV, 121.—Il faut se défier des anecdotes, ibid.—Ses premières amours, sujet de plusieurs méchants livres, 123.—Comment il se formait l’esprit et le goût, 124.—Traductions imprimées sous son nom, 125.—Son discours au parlement, ibid.—Un curé a l’impertinence de vouloir abolir les spectacles, 126.—Louis XIV, ainsi que Louis XIII, danse en public, 128.—Opéra introduit en France, 129.—Quel était l’homme au masque de fer, 130.—Mort du masque de fer, 132.—Fête de Vaux, 133. Belle action de Fouquet inutile, 136.—Dissimulation de Louis XIV peu honorable, ibid.—Colbert, persécuteur de Fouquet, 137.—Le chancelier Séguier méchant, 138.—Mazarin beaucoup plus coupable que Fouquet, ibid.—Arrêt contre Fouquet, 139.—Saint-Évremond, 141.—Splendeur de la cour, 142.—Intrigues du roi avec sa belle-sœur, 143.—Galanteries, 144.—Fêtes magnifiques, ibid.—Devise du soleil assez ridicule, 145.—Fous de cour, divertissement honteux, 149.—Le légat vient demander pardon, 151.—Autre fête, ibid.—Querelles des pairs, 152.—Habits à brevet, ibid.—Magnificence et ordre dans sa maison, 153.—Présents et pensions aux gens de lettres de l’Europe, 154.—Maison bâtie à Florence de ses libéralités, 156. |
| Chap. XXVI. Suite des particularités et anecdotes, 159.—Racine est cause que Louis XIV ne danse plus sur le théâtre, 160.—Mariage du comte de Lauzun avec la petite-fille de Henri IV, 162.—Mis en prison pour ce mariage, 164.—Mademoiselle de Kéroual va gouverner le roi d’Angleterre, 169.—On croit Madame, sœur de Charles II, empoisonnée, ibid.—Indiscrétion de Turenne, cause des malheurs de Madame, et de tous ces bruits odieux, 171.—Origine des fréquents empoisonnements dont on se plaignit alors, 173.—Prétendus sortiléges, 175.—Maréchal de Luxembourg à la Bastille, 177.—On croit la reine d’Espagne, nièce de Louis XIV, empoisonnée, 180.—Plus de filles d’honneur chez la reine, 182.—Trois femmes se disputent le cœur de Louis XIV, 183. |
| Chap. XXVII. Suite des particularités et anecdotes, 185.—Mort de mademoiselle de Fontange, ibid.—Faveur de madame de Maintenon, ibid.—Faux bruits réfutés, 187.—Fêtes brillantes, ibid.—Dernières années de madame de Montespan, 188.—Mort du grand Condé, ibid.—Mariage de Louis XIV avec madame de Maintenon, 189.—Son histoire, 190.—L’illustre Racine assez faible pour mourir de douleur de ce qu’il a un peu déplu au roi, 197.—Vanité des grandeurs démontrée par l’exemple de madame de Maintenon, 200.—Le roi attaqué de la fistule, 201.—Mort de la dauphine de Bavière, 202.—Esther et Athalie, ibid.—La duchesse de Bourgogne joue la comédie, 204.—Louis XIV voit mourir presque toute sa famille, 206.—Soupçons de poison et calomnies, 207. |
| Chap. XXVIII. Suite des anecdotes, 210.—Le jésuite Le Tellier flétrit la fin de ce règne, ibid.—Dernière maladie du roi, 211.—Il meurt avec courage, sans ostentation, 212.—Ses dernières paroles au dauphin, 213.—Moins regretté qu’il ne devait l’être, 214.—Sa réputation, 215.—Sa conduite et ses paroles, 216.—Son bon goût, ibid.—Paroles mémorables, 217.—Écrits de sa main où il rend compte de sa conduite, 218.—Conseils à son petit-fils, roi d’Espagne, 223.—Sa politesse, 227.—Amusements, 229.—Sagesse, circonspection et bonté, 230.—Amour des louanges, mais envie de les mériter, 231.—Indulgence, ibid.—Galanterie singulière, 232.—Le maréchal de La Feuillade lui érige une statue, 233. |
| Chap. XXIX. Gouvernement intérieur. Justice. Commerce. Police. Lois. Discipline militaire. Marine, etc., 237.—Son assiduité au travail, 238.—Finances. Libéralités au peuple, ibid.—Hôpitaux, 239.—Chemins, ibid.—Commerce, ibid.—Ports, 240.—Compagnies, ibid.—Encouragements dans le commerce maritime, 241.—Injustice envers Colbert, 242.—Manufactures, 245.—Gobelins, Savonnerie, glaces, etc., ibid.—Sedan, Aubusson, etc., etc., 246.—Paris embelli, 247.—Police, ibid.—Bâtiments, 248.—Munificence envers Bernini, 250.—Perrault fait mieux que Bernini, 251.—Fondations, 252.—Lois, 253.—Beaux jugements rendus par Louis XIV, ibid.—Duels abolis, 254.—Réglements militaires, 255.—Artillerie, 256.—Ordre de Saint-Louis, 258.—Hauteur de Louis XIV avec l’Angleterre, 259.—Nouveaux ports, 260.—Marine, ibid.—Colonies, 261.—Mémoires de tous les intendants pour l’instruction du dauphin, duc de Bourgogne, 262.—Ce que fit Louis XIV, et ce qui restait à faire, 263.—Changements heureux dans la nation, 266.—Plus de politesse et d’agréments qu’auparavant, 268.—Aisance générale, 269.—Paris centre des arts, ibid. |
| Chap. XXX. Finances et réglements, 271.—Colbert, ibid.—Peu d’intelligence alors dans la nation, 273.—Défense au parlement de faire des remontrances avant l’enregistrement, 274.—Édit de 1666 enregistré à la chambre des comptes et à la cour des aides, 276.—Abus, ibid.—Colbert ne peut faire tout le bien qu’il veut, 279.—Traitants, ibid.—Le Pelletier, contrôleur-général, 280.—Meubles d’argent proscrits, 281.—Réformes nuisibles, ibid.—La guerre appauvrit toujours, 282.—Capitation, 283.—Dixième, 284.—Chamillart, ministre, 285.—Desmarets, ministre, 286.—Combien d’argent dans le royaume, 290.—Industrie, vraie richesse, 291.—Culture, 292. |
| Chap. XXXI. Des sciences, 295.—Sorciers, 301.—Superstitions, 302.—Philosophie nécessaire, ibid. |
| Chap. XXXII. Des beaux-arts, 303.—Éloquence, 304.—Jean de Lingendes, ibid.—Balzac, 305.—Voiture, 306.—Vaugelas, ibid.—Patru, ibid.—Le duc de La Rochefoucauld, ibid.—Pascal, 307.—Bourdaloue, ibid.—Bossuet, 308.—Fénélon, 310.—La Bruyère, 313.—Bayle, 314.—Pellisson, ibid.—Saint-Réal, 315.—Le grand Corneille, ibid.—Racine, 317.—Molière, 319.—Boileau, 320.—La Fontaine, 321.—Quinault, ibid.—La Motte, 322.—Rousseau, ibid. |
| Chap. XXXIII. Suite des arts, 328.—Musique, ibid.—Lulli, ibid.—Architecture, 329.—Peinture, 330.—Académie de peintres français à Rome, 331.—Sculpture, ibid.—Médailles, ibid.—Gravures, 332.—Chirurgie, ibid. |
| Chap. XXXIV. Des beaux-arts en Europe du temps de Louis XIV, 334.—Pourquoi ce siècle est celui de Louis XIV, 335.—Milton, ibid.—Dryden, 336.—Pope, ibid.—Addison, 337.—Newton, 338.—Locke bien au-dessus de Platon, 340.—Hevelius, 341.—Munificence singulière de Louis XIV envers Hevelius, ibid.—Leibnitz, ibid. |
| Chap. XXXV. Affaires ecclésiastiques. Disputes mémorables, 344.—Évêques non prêtres, ibid.—Don gratuit, 345.—Richesses du clergé, 346.—Usage du clergé dans ses subsides, 349.—Anciennes maximes du clergé, 350.—Conduite du roi avec le clergé, 352.—Des libertés de l’Église gallicane, ibid.—De la régale, 354.—Autrefois les rois donnaient tous les bénéfices, ibid.—Résistance de l’évêque de Pamiers, 355.—Grand-vicaire traîné sur la claie en effigie, 357.—Fameuse assemblée du clergé, 358.—La France prête à se séparer de Rome, 359.—Les quatre propositions, 360.—Innocent XI, ennemi de Louis XIV, 361.—Réforme du clergé, 363.—Superstitions supprimées en partie, ibid. |
| Chap. XXXVI. Du calvinisme au temps de Louis XIV, 365.—Pourquoi y a-t-il toujours eu des querelles théologiques? ibid.—Origine des sectes du seizième siècle, 367.—Ces sectes bannies des états monarchiques, 368.—Pourquoi établies en France, 369.—Édit de Nantes, 370.—Séditions des réformés, 371.—Nouvelles guerres civiles des réformés, 372.—Édit de grace aux réformés, 374.—Richelieu veut enfin réunir les deux religions, ibid.—Réformés protégés par Colbert, 376.—Louis XIV excité contre eux, 377.—Petits enfants convertis, 379.—Mesures du gouvernement, ibid.—Pellisson convertit pour de l’argent, 380.—Prédicants roués, 381.—Les huguenots s’enfuient, 382.—Dragonnades, 383.—Lettre apostolique de Louvois, 384.—Édit de Nantes révoqué, 385.—Peuples, argent, manufactures, transportés, 386.—Prisons et galères, 388.—Rebelles et prophètes, 391.—Prophètes verriers, 393.—Ministre roué, 394.—Prophètes assassins, 395.—L’abbé de La Bourlie, ibid.—Guerres des fanatiques, 396.—Un garçon boulanger fait la guerre à Louis XIV, 397.—Le garçon boulanger traite avec le maréchal de Villars, 398.—Fureur singulière, 399.—Conspiration des prophètes, 400.—Prophètes réfugiés à Londres proposent de ressusciter un mort, 401. |
| Chap. XXXVII. Du jansénisme, 402.—Jansénisme moins turbulent que le calvinisme, ibid.—Baïus inintelligible, 403.—Rome se moque de Baïus, 404.—Molina visionnaire, ibid.—Procès à Rome pour ses visions, 405.—Ni les plaideurs ni les juges ne s’entendent, 406.—Jansénius tout comme Baïus, ibid.—Arnauld digne de ne point entrer dans ces querelles, 407.—Les cinq propositions aussi ridicules que cinq cents autres, 408.—Tracasseries plus ridicules encore, 409.—Disputes insensées, 410.—Arnauld persécuté, 411.—Formulaire à des filles, 412.—Grand miracle d’un œil guéri, 413.—Jésuites font aussi leurs miracles, ibid.—Lettres provinciales, chef-d’œuvre, 414.—Ce chef-d’œuvre brûlé, 415.—Religieuses enlevées, ibid.—Paix de Clément IX, 416.—Port-Royal, 417.—Assemblées jansénistes, 418.—Cas de conscience aussi ridicule que tout ce que dessus, 419.—Port-Royal démoli, 420.—Quesnel, 421.—Quesnel prisonnier et délivré, 422.—Contrat des jansénistes avec la Bourignon, 423.—Projet fou des jansénistes, ibid.—Le Tellier, confesseur du roi, fourbe, insolent, et factieux, 425.—Le Tellier, fripon, 426.—Madame de Maintenon, faible et bigote autant qu’ambitieuse, 427.—Autorité royale employée par les jésuites, 428.—Bulle dressée par eux, 429.—Bulle qui met tout en désordre, ibid.—Le jésuite Le Tellier en horreur, 430.—Changement dans les affaires, 432.—Bulle méprisée, ibid.—Le système de Lass fait oublier la bulle, 433.—Pacification apparente, 435.—Singulier concile d’Embrun, 436.—Convulsionnaires, 437.—Décadence des jésuites, 439. |
| Chap. XXXVIII. Du quiétisme, 441.—Madame Guyon extravagante, ibid.—Lacombe, directeur de la Guyon, ibid.—Madame Guyon enfermée à Vincennes, 446.—Marie d’Agréda, plus folle que la Guyon, regardée comme sainte, ibid.—Fénélon persécuté pour aimer Dieu, 447.—Très mauvais procédé de Bossuet, 443.—Pape Innocent XII juge cette inintelligible dispute, 449.—Fausses anecdotes, 450.—Louis XIV peu content des idées de Fénélon sur le gouvernement, 451.—Moines de Rome juges de Fénélon et de Bossuet, 452.—L’archevêque de Cambrai se soumet, ibid.—Fénélon détrompé enfin des sottes disputes, 453. |
| Chap. XXXIX. Disputes sur les cérémonies chinoises. Comment ces querelles contribuèrent à faire proscrire le christianisme de la Chine, 460.—Christianisme en Chine, 461.—Dominicains contre jésuites en Chine, 462.—Procès de la Chine en cour de Rome, ibid.—Contradictions impertinentes au sujet de la Chine, 463.—Culte d’un seul Dieu plus ancien à la Chine qu’ailleurs, 464.—Disputes ridicules en Sorbonne sur la Chine, 465.—Chine déclarée hérétique par la Sorbonne, ibid.—Un Maigrot, nommé évêque d’une province chinoise, critique l’empereur, 466.—Tournon, légat à la Chine, renvoyé, 467.—L’empereur Young-tching, le meilleur des princes, 468.—Belles actions d’Young-tching, 469.—Il proscrit poliment la religion chrétienne, ibid.—Missionnaires chassés poliment, 470.—Belle mercuriale aux missionnaires, 471.—Grands maux occasionnés par ces missionnaires, ibid.—Sagesse des Asiatiques en un point, 472.—Miracle ridicule, ibid. |
| Supplément au siècle de louis xiv, 475. |
| Préface du nouvel Éditeur, 477. |
| Lettre à M. Roques, 481. |
| Première partie, 493. |
| Seconde partie, 532. |
| Troisième partie, 550. |
FIN DE LA TABLE.