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Œuvres de Voltaire Tome XX: Siècle de Louis XIV.—Tome II

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NOTES:

[1] Plus connu comme homme d’état sous le nom de Clarendon: il a laissé une Histoire des guerres civiles d’Angleterre sous Charles Iᵉʳ, et plusieurs autres ouvrages de politique. K.

[2] On lui déclara, lorsqu’il se proposait d’aller voir à Milan son gendre Philippe V, qu’il ne serait reçu que comme un de ses courtisans, et que le roi d’Espagne ne pourrait, sans manquer à sa dignité, l’admettre à sa table. K.

[3] Voyez les Mémoires manuscrits de Dangeau; on les cite ici parceque ce fait rapporté par eux a été souvent confirmé par le maréchal de La Feuillade, gendre du secrétaire d’état Chamillart. Louis XIV n’avait que trois ans plus que Louvois; à la mort de Mazarin le roi avait vingt-trois ans; Louvois en avait vingt, et était, depuis plusieurs années, adjoint de son père dans la place de ministre de la guerre.

[4] Le maréchal de Berwick rapporte, dans ses Mémoires, que Louis XIV l’ayant consulté sur un plan imaginé par Chamillart, pour la campagne de 1708, et dont l’exécution devait être confiée au maréchal, il n’eut pas de peine à en faire voir le ridicule au roi, qui ne put s’empêcher de lui dire en riant: «Chamillart croit en savoir beaucoup plus qu’aucun général, mais il n’y entend rien du tout.» Cependant Chamillart resta encore ministre; et, dans la même campagne, Louis XIV l’envoya en Flandre pour prononcer entre le duc de Vendôme et le maréchal de Berwick, sur les moyens d’empêcher la prise de Lille. K.

[5] Le compilateur des Mémoires de madame de Maintenon dit que, vers la fin de la guerre précédente, le marquis de Nangis, colonel du régiment du roi, lui disait qu’on ne pourrait empêcher la désertion de ses soldats qu’en fesant casser la tête aux déserteurs. Remarquez que le marquis, depuis le maréchal de Nangis, ne fut colonel de ce régiment qu’en 1711.

[6] Par les instructions à moi envoyées, et puisées dans le dépôt des affaires étrangères, il est évident que le prince Eugène était déjà parti en 1683, et que le marquis de La Fare s’est mépris dans ses Mémoires, quand il fait partir les deux princes de Conti avec le prince Eugène; ce qui a induit les historiens en erreur.

Il y eut alors plusieurs jeunes seigneurs de la cour qui écrivirent aux princes de Conti des lettres indécentes, dans lesquelles ils manquaient de respect au roi, et d’égards pour madame de Maintenon, qui n’était encore que favorite. Les lettres furent interceptées, et ces jeunes gens disgraciés pour quelque temps.

Le compilateur des Mémoires de Maintenon est le seul qui avance que le duc de La Rocheguion dit à son frère, le marquis de Liancourt: «Mon frère, si on intercepte votre lettre, vous méritez la mort.» Premièrement, on ne mérite point la mort parcequ’une lettre coupable est interceptée, mais parcequ’on l’a écrite: secondement, on ne mérite point la mort pour avoir écrit des plaisanteries. Il parut bien que ces seigneurs, qui tous rentrèrent en grace, ne méritaient point la mort. Tous ces prétendus discours qu’on débite avec légèreté dans le monde, et qui sont ensuite recueillis par des écrivains obscurs et mercenaires, sont indignes de croyance.

[7] L’auteur, qui dans sa jeunesse eut l’honneur de le voir souvent, a droit d’assurer que c’était là son caractère. La Beaumelle, qui insulte les maréchaux de Villeroi et de Villars, et tant d’autres, dans ses notes du Siècle de Louis XIV, parle ainsi de feu M. le maréchal de Villeroi, page 102, tome III des Mémoires de madame de Maintenon: «Villeroi le fastueux, qui amusait les femmes avec tant de légèreté, et qui disait à ses gens avec tant d’arrogance: A-t-on mis de l’or dans mes poches?» Comment peut-il attribuer, je ne dis pas à un grand seigneur, mais à un homme bien élevé, ces paroles qu’on attribuait autrefois à un financier ridicule? Comment peut-il parler de tant d’hommes du siècle passé, du ton d’un homme qui les aurait vus? et comment peut-on écrire si insolemment de telles indécences, de telles faussetés, et de telles sottises?

[8] Voyez les Mémoires de Dangeau.

On chantait à la cour, à Paris, et dans l’armée:

Français, rendez grace à Bellone.
Votre bonheur est sans égal;
Vous avez conservé Crémone,
Et perdu votre général.

[9] Voyez tome XVI, pages 372, 362, 397. B.

[10] Voltaire a mis en vers ces paroles: voyez, tome XII, le troisième de ses Discours sur l’homme. B.

[11] Tout ceci doit se trouver dans les Mémoires du maréchal de Villars, manuscrits; j’y ai lu ces détails. Le premier tome imprimé de ces Mémoires est absolument de lui; les deux autres sont d’une main étrangère et un peu différente.

On voit, par les dépêches du maréchal, combien il avait à souffrir de la cour de Bavière: «Peut-être valait-il mieux lui plaire que de le bien servir. Ses gens en usent ainsi. Les Bavarois, les étrangers, tous ceux qui l’ont volé, friponné au jeu, livré à l’empereur, ont fait avec lui leur fortune, etc.»

Il entend par ces mots, livré à l’empereur, une intrigue que les ministres de l’électeur de Bavière formaient alors pour faire sa paix avec l’Autriche dans le temps que la France combattait pour lui.—Voyez ma note sur les Mémoires de Villars, tome XIX, page 219. B.

[12] Voyez chap. XXXVI. B.

[13] Reboulet assure que l’empereur Léopold fit ériger cette pyramide: on le crut en effet en France; le maréchal de Villars, en 1707, envoya cinquante maîtres pour la détruire; on ne trouva rien. Le continuateur de Thoyras, qui n’a écrit que d’après les journaux de La Haye, suppose cette inscription, et propose même de la changer en faveur des Anglais. Elle fut imaginée en effet par des Français réfugiés oisifs. Il était très commun alors, et il l’est encore aujourd’hui, de donner ses imaginations ou des contes populaires pour des vérités certaines. Autrefois les mémoires manquaient à l’histoire, aujourd’hui la multiplicité des mémoires lui nuit. Le vrai est noyé dans un océan de brochures.—Le continuateur de Thoyras dont parle Voltaire est David Durand, auteur des onzième et douzième volumes de l’Histoire d’Angleterre, in-4º. Les dix premiers sont de Rapin Thoyras. B.

[14] Reboulet dit que la chancellerie allemande donnait aux rois le titre de Dilection; mais c’est celui des électeurs.

[15] En 1740.—Cette place est restée aux Anglais à la paix de 1748, à celle de 1763, et enfin à celle de 1783, après avoir essuyé un long blocus. Une armée combinée d’Espagnols et de Français, commandée par M. le duc de Crillon, qui venait de prendre Minorque, se préparait, en 1782, à tenter une attaque contre Gibraltar du côté de la mer; mais les batteries flottantes destinées à en détruire les défenses furent brûlées par les boulets rouges de la place. K.

[16] L’histoire de Reboulet appelle ce prince chef des factieux, comme s’il eût été un Espagnol révolté contre Philippe V.

[17] C’était, à la vérité, un comte de Revontlau, né en Danemark, qui commandait au combat de Calcinato; mais il n’y avait que des troupes impériales.

La Beaumelle dit à ce sujet, dans ses Notes sur l’Histoire du Siècle de Louis XIV, que «les Danois ne valent pas mieux ailleurs que chez eux.» Il faut avouer que c’est une chose rare de voir un tel homme outrager ainsi toutes les nations.

[18] Voyez les Mémoires de Feuquières.

[19] Sous le nom de Frédéric: voyez ma note, tome XXIV, page 358. B.

[20] Le duc de Bavière était père de ce jeune prince, appelé par Charles II au trône d’Espagne, et mort à Bruxelles. L’électeur, dans son manifeste contre l’empereur, dit, en parlant de la mort de son fils, «qu’il avait succombé à un mal qui avait souvent sans péril attaqué son enfance, avant qu’il eût été déclaré l’héritier de Charles II.» Il ajoutait que «l’étoile de la maison d’Autriche avait toujours été funeste à ceux qui s’étaient opposés à sa grandeur.» Une accusation directe eût peut-être été moins insultante que cette terrible ironie. Le duc de Bavière, en se séparant de l’empire pour s’unir à un prince en guerre avec l’empire, donnait un prétexte à l’empereur. Louis XIV avait traité avec autant de dureté le duc de Lorraine et l’électeur palatin, et il avait moins d’excuses. K.

[21] Dans l’histoire de Reboulet, il est dit qu’il eut cette souveraineté dès l’an 1700; mais alors il n’avait que la vice-royauté.

[22] On tint à Madrid, au nom de l’archiduc, plusieurs conseils où furent appelés les hommes les plus distingués de son parti. Le marquis de Ribas, secrétaire d’état sous Charles II, y assista. C’était lui qui avait dressé le testament de ce prince en faveur de Philippe V. Des cabales de cour l’avaient fait disgracier. On lui proposa de déclarer que le testament avait été supposé; mais il ne voulut consentir à aucune déclaration qui pût affaiblir l’autorité de cet acte: ni les menaces ni les promesses ne purent l’ébranler. K.

[23] Berwick avait commandé avec succès en Espagne pendant l’année 1704. Des intrigues de cour le firent rappeler. Le maréchal de Tessé demandait un jour à la jeune reine pourquoi elle n’avait pas conservé un général dont les talents et la probité lui auraient été si utiles. «Que voulez-vous que je vous dise? répondit-elle; c’est un grand diable d’Anglais, sec, qui va toujours tout droit devant lui.» Dans la campagne que termina la bataille d’Almanza, Berwick était instruit de l’état de l’armée alliée, et de ses projets, par un officier général portugais qui, persuadé que l’alliance du roi de Portugal avec l’empereur était contraire à ses vrais intérêts, le trahissait par esprit de patriotisme. (Mémoires de Berwick.) K.

[24] Voltaire a rapporté ailleurs (voyez tome XXXIX, page 247) une lettre écrite à Berwick, sur la victoire d’Almanza. B.

[25] L’armée du duc d’Orléans prit aussi Saragosse; lorsque les troupes françaises parurent à la vue de la ville, on fit accroire au peuple que ce camp qu’il voyait n’était pas un objet réel, mais une apparence causée par un sortilége: le clergé se rendit processionnellement sur les murailles pour exorciser ces fantômes; et le peuple ne commença à croire qu’il était assiégé par une armée réelle, que lorsqu’il vit les houssards abattre quelques têtes. (Mémoires de Berwick.) K.

[26] Le respect pour la vérité dans les plus petites choses oblige encore de relever le discours que le compilateur des Mémoires de madame de Maintenon fait tenir par le roi de Suède, Charles XII, au duc de Marlborough: «Si Toulon est pris, je l’irai reprendre.» Ce général anglais n’était point auprès du roi de Suède dans le temps du siége. Il le vit dans Alt-Ranstadt en avril 1707, et le siége de Toulon fut levé au mois d’août. Charles XII, d’ailleurs, ne se mêla jamais de cette guerre; il refusa constamment de voir tous les Français qu’on lui députa. On ne trouve, dans les Mémoires de Maintenon, que des discours qu’on n’a ni tenus ni pu tenir; et on ne peut regarder ce livre que comme un roman mal digéré.

[27] Entre autres Reboulet, page 233 du tome VIII. Il fonde ses soupçons sur ceux du chevalier de Forbin. Celui qui a donné au public tant de mensonges, sous le titre de Mémoires de madame de Maintenon, et qui fit imprimer, en 1752, à Francfort, une édition frauduleuse du Siècle de Louis XIV, demande, dans une des notes, qui sont ces historiens qui ont prétendu que la reine Anne était d’intelligence avec son frère. C’est un fantôme, dit-il. Mais on voit ici clairement que ce n’est point un fantôme, et que l’auteur du Siècle de Louis XIV n’avait rien avancé que la preuve en main: il n’est pas permis d’écrire l’histoire autrement.

[28] Telle est l’histoire qu’un libraire, nommé Van-Duren, fit écrire par le jésuite La Motte, réfugié en Hollande sous le nom de La Hode, continuée par La Martinière; le tout sur les prétendus Mémoires d’un comte de...., secrétaire d’état. Les Mémoires de madame de Maintenon, encore plus remplis de mensonges, disent, tome IV, page 119, que les assiégeants jetaient dans la ville des billets conçus en ces termes: «Rassurez-vous, Français, la Maintenon ne sera pas votre reine; nous ne lèverons pas le siége. On croira, ajoute-t-il, que Louis, dans la ferveur du plaisir que lui donnait la certitude d’une victoire inattendue, offrit ou promit le trône à madame de Maintenon.» Comment, dans la ferveur de l’impertinence, peut-on mettre sur le papier ces nouvelles et ces discours des halles? comment cet insensé a-t-il pu pousser l’effronterie jusqu’à dire que le duc de Bourgogne trahit le roi son grand-père, et fit prendre Lille par le prince Eugène, de peur que madame de Maintenon ne fût déclarée reine?

[29] On peut voir les détails de cette campagne dans les Mémoires de Berwick; mais il faut les lire avec précaution. Berwick était dans l’armée, mais humilié de servir sous Vendôme, et presque toujours d’un avis contraire au sien. Vendôme, fatigué des contradictions qu’il éprouvait, semblait avoir perdu, pendant cette campagne, son activité et ses talents. Louis XIV envoya deux fois Chamillart à l’armée comme un arbitre entre les généraux.

Durant le siége de Lille, Marlborough écrivit au maréchal de Berwick, son neveu, pour qu’il proposât à Louis XIV d’entamer une négociation pour la paix avec les députés de Hollande, le prince Eugène, et lui. On crut à la cour que cette proposition était la suite des inquiétudes de Marlborough sur le succès du siége de Lille, et on obligea le duc de Berwick à faire une réponse négative. Marlborough aimait beaucoup la gloire et l’argent, et il pouvait alors desirer la paix comme le meilleur moyen de mettre sa fortune en sûreté, et d’ajouter une autre espèce de gloire à sa réputation militaire, qui ne pouvait plus croître. Bientôt après il s’opposa de toutes ses forces à cette paix qu’il avait desirée, parceque la guerre lui était devenue nécessaire pour soutenir son crédit dans sa patrie. K.

[30] Le marquis d’O.

[31] Ce furent des officiers au service de Hollande qui firent ce coup hardi. Presque tous étaient des Français que la révocation fatale de l’édit de Nantes avait forcés de choisir une nouvelle patrie; ils prirent la chaise du marquis de Beringhen pour celle du dauphin, parcequ’elle avait l’écusson de France. L’ayant enlevé, ils le firent monter à cheval; mais comme il était âgé et infirme, ils eurent la politesse en chemin de lui chercher eux-mêmes une chaise de poste. Cela consuma du temps. Les pages du roi coururent après eux, le premier écuyer fut délivré; et ceux qui l’avaient enlevé furent prisonniers eux-mêmes; quelques minutes plus tard ils auraient pris le dauphin, qui arrivait après Beringhen avec un seul garde.

[32] L’histoire de l’ex-jésuite La Motte, rédigée par La Martinière, dit que Chamillart fut destitué du ministère des finances en 1703, et que la voix publique y appela le maréchal d’Harcourt. Les fautes de cet historien sont sans nombre.

[33] Pour bien juger Desmarets, il faut lire le Mémoire qu’il présenta au régent pour lui rendre compte de son administration: ce Mémoire fait regretter que ce prince ne l’ait pas laissé à la tête des finances. K.

[34] C’est ce que l’auteur tient de la bouche de vingt personnes qui les entendirent parler ainsi à Lille, après la prise de cette ville. Cependant il se peut que ces expressions fussent moins l’effet d’une fierté grossière que d’un style laconique assez en usage dans les armées.

[35] Voyez les Mémoires de Torci, tome III, page 2; ils ont confirmé tout ce qui est avancé ici.

[36] L’auteur des Mémoires de madame de Maintenon dit, pages 92 et 93 du tome V, que «le duc de Marlborough et le prince Eugène gagnèrent Heinsius», comme si Heinsius avait eu besoin d’être gagné. Il met dans la bouche de Louis XIV, au lieu des belles paroles qu’il prononça en plein conseil, ces mots bas et plats: Alors comme alors. Il cite l’auteur du Siècle de Louis XIV, et le reprend d’avoir dit que «Louis XIV fit afficher sa lettre circulaire dans les rues de Paris.» Nous avons confronté toutes les éditions du Siècle de Louis XIV; il n’y a pas un seul mot de ce que cite cet homme, pas même dans l’édition subreptice qu’il fit à Francfort en 1752.—Cette note de Voltaire est de 1756. B.

[37] Cet endroit mérite d’être éclairci. L’auteur célèbre de l’Esprit des lois dit que l’honneur est le principe des gouvernements monarchiques, et la vertu le principe des gouvernements républicains.

Ce sont là des idées vagues et confuses qu’on a attaquées d’une manière aussi vague, parceque rarement on convient de la valeur des termes, rarement on s’entend. L’honneur est le désir d’être honoré, d’être estimé: de là vient l’habitude de ne rien faire dont on puisse rougir. La vertu est l’accomplissement des devoirs, indépendamment du désir de l’estime; de là vient que l’honneur est commun, la vertu rare.

Le principe d’une monarchie ou d’une république n’est ni l’honneur ni la vertu. Une monarchie est fondée sur le pouvoir d’un seul; une république est fondée sur le pouvoir que plusieurs ont d’empêcher le pouvoir d’un seul. La plupart des monarchies ont été établies par des chefs d’armées, les républiques par des citoyens assemblés. L’honneur est commun à tous les hommes, et la vertu rare dans tout gouvernement. L’amour-propre de chaque membre d’une république veille sur l’amour-propre des autres; chacun voulant être maître, personne ne l’est; l’ambition de chaque particulier est un frein public, et l’égalité règne.

Dans une monarchie affermie, l’ambition ne peut s’élever qu’en plaisant au maître, ou à ceux qui gouvernent sous le maître. Il n’y a dans ces premiers ressorts ni honneur ni vertu, de part ni d’autre; il n’y a que de l’intérêt. La vertu est en tout pays le fruit de l’éducation et du caractère. Il est dit dans l’Esprit des lois qu’il faut plus de vertu dans une république: c’est, en un sens, tout le contraire: il faut beaucoup plus de vertu dans une cour pour résister à tant de séductions. Le duc de Montausier, le duc de Beauvilliers, étaient des hommes d’une vertu très austère. Le maréchal de Villeroi joignit des mœurs plus douces à une probité non moins incorruptible. Le marquis de Torci a été un des plus honnêtes hommes de l’Europe, dans une place où la politique permet le relâchement dans la morale. Les contrôleurs-généraux Le Pelletier et Chamillart passèrent pour être moins habiles que vertueux.

Il faut avouer que Louis XIV, dans cette guerre malheureuse, ne fut guère entouré que d’hommes irréprochables; c’est une observation très vraie et très importante dans une histoire où les mœurs ont tant de part.—Voyez, dans ce volume, le Supplément au Siècle de Louis XIV, troisième partie. B.

[38] Dans le livre intitulé Mémoires du maréchal de Berwick, il est dit que le maréchal de Berwick fit cette retraite. C’est ainsi que tant de mémoires sont écrits. On trouve dans ceux de madame de Maintenon, par La Beaumelle, tome V, page 99, que les alliés accusèrent le maréchal de Villars de «s’être blessé lui-même, et que les Français lui reprochèrent de s’être retiré trop tôt.» Ce sont deux impostures ridicules. Ce général avait reçu un coup de carabine au-dessous du genou, qui lui fracassa l’os, et qui le fit boiter toute sa vie. Le roi lui envoya le sieur Maréchal, son premier chirurgien, qui seul empêcha qu’on lui coupât la cuisse. C’est ce que je tiens de la bouche de M. le maréchal de Villars et de ce chirurgien célèbre: c’est ce que tous les officiers ont su; c’est ce que M. le duc de Villars daigne me confirmer par ses lettres. Il n’oppose que le mépris aux sottises insolentes et calomnieuses de La Beaumelle.—Les Mémoires de Berwick, dont parle M. de Voltaire, ne sont pas le même ouvrage que nous avons cité dans nos notes. Le maréchal de Berwick défendit le Dauphiné et la Provence contre le duc de Savoie pendant les campagnes de 1709, 1710, 1711, et 1712, avec beaucoup de succès, et malgré une grande infériorité de forces. Ces campagnes, pendant lesquelles il n’y eut aucune action d’éclat, lui ont fait plus d’honneur auprès des militaires que la victoire d’Almanza et la prise de Barcelone, et l’ont placé, dans l’opinion des hommes éclairés, fort au-dessus de plusieurs généraux qui ont eu des succès plus brillants. Il fut envoyé en Flandre, après la bataille de Malplaquet, pour faire lever le siége de Mons: entreprise qu’il ne trouva point impraticable: c’est ce qui a trompé l’auteur des faux Mémoires de Berwick. M. de Voltaire ne parle point de ces campagnes de Dauphiné; mais il avait passé sa jeunesse chez les princes de Vendôme et chez le maréchal de Villars, qui n’aimaient pas le maréchal de Berwick. K.—Les Mémoires de Berwick, 1737, deux volumes in-12, sont de l’abbé Margon. Les véritables Mémoires de Berwick ont été publiés en 1778: voyez tome XIX, page 20. B.

[39] Voyez la note précédente. K.

[40] On assure qu’après la bataille, Philippe V n’ayant point de lit, le duc de Vendôme lui dit: «Je vais vous faire donner le plus beau lit sur lequel jamais roi ait couché»; et il fit faire un matelas des étendards et des drapeaux pris sur les ennemis.

[41] Voyez, sur ce passage, une petite dissertation de La Harpe, dans son Lycée, ou Cours de littérature (Philosophie du dix-huitième siècle, livre II, chap. II). B.

[42] Le marquis de Torci l’appelle, dans ses Mémoires, ministre prédicant: il se trompe; c’est un titre qu’on ne donne qu’aux presbytériens. Henri Sacheverel, dont il est question, était docteur d’Oxford, et du parti épiscopal. Il avait prêché dans la cathédrale de Saint-Paul l’obéissance absolue aux rois et l’intolérance. Ces maximes furent condamnées par le parlement; mais ses invectives contre le parti de Marlborough le furent bien davantage.

[43] Mémoires de Torci, tome III, page 33.

[44] Le lord Bolingbroke rapporte dans ses lettres qu’alors il y avait de grandes cabales à la cour de Louis XIV; il ne doute pas, tome II, page 244, «qu’il ne se formât dans sa cour d’étranges projets d’ambition particulière:» il en juge par un discours que lui tinrent depuis à souper les ducs de La Feuillade et de Mortemar: «Vous auriez pu nous écraser, pourquoi ne l’avez-vous pas fait?» Bolingbroke, malgré ses lumières et sa philosophie, tombe ici dans le défaut de quelques ministres, qui croient que tous les mots qu’on leur dit signifient quelque chose. On connaît assez l’état de la cour de France, et celui de ces deux ducs, pour savoir qu’il n’y avait, du temps de la paix d’Utrecht, ni desseins, ni factions, ni aucun homme en situation de rien entreprendre.

[45] Le congrès d’Utrecht s’ouvrit le 29 janvier 1712. B.

[46] Le maréchal de Villars eut à Versailles une partie de l’appartement qu’avait occupé Monseigneur, et le roi vint l’y voir. L’auteur des Mémoires de Maintenon, qui confond tous les temps, dit, tome V, page 119 de ces Mémoires, que le maréchal de Villars arriva dans les jardins de Marli, et que le, roi lui ayant dit «qu’il était très content de lui», le maréchal, se tournant vers les courtisans, leur dit: «Messieurs, au moins vous l’entendez.» Ce conte, rapporté dans cette occasion, ferait tort à un homme qui venait de rendre de si grands services. Ce n’est pas dans ces moments de gloire qu’on fait ainsi remarquer aux courtisans que le roi est content. Cette anecdote défigurée est de l’année 1711. Le roi lui avait ordonné de ne point attaquer le duc de Marlborough. Les Anglais prirent Bouchain. On murmurait contre le maréchal de Villars. Ce fut après cette campagne de 1711 que le roi lui dit qu’il était content; et c’est alors qu’il pouvait convenir à un général d’imposer silence aux reproches des courtisans, en leur disant que son souverain était satisfait de sa conduite, quoique malheureuse.

Ce fait est très peu important; mais il faut de la vérité dans les plus petites choses.—On voit, par des lettres écrites dans ce temps-là, qu’à la première nouvelle du combat de Denain, on regardait généralement à la cour cette affaire comme un léger avantage auquel la vanité du maréchal de Villars voulait donner de l’importance. K.

[47] Ces renonciations ne peuvent devenir obligatoires que par la sanction des seuls vrais intéressés, les peuples. K.

[48] La reine Anne envoya au mois d’août son secrétaire d’état, le vicomte de Bolingbroke, consommer la négociation. Le marquis de Torci fait un très grand éloge de ce ministre, et dit que Louis XIV lui fit l’accueil qu’il lui devait. En effet il fut reçu à la cour comme un homme qui venait donner la paix; et lorsqu’il vint à l’Opéra, tout le monde se leva pour lui faire honneur: c’est donc une grande calomnie, dans les Mémoires de Maintenon, de dire, page 115 du tome V: «Le mépris que Louis XIV témoigna pour milord Bolingbroke ne prouve point qu’il l’ait eu au nombre de ses pensionnaires.» Il est plaisant de voir un tel homme parler ainsi des plus grands hommes.

[49] L’empereur Joseph II vient de s’affranchir de ce ridicule tribut, et de faire démolir les fortifications de presque toutes les places de la barrière. K.

[50] L’Abrégé chronologique de Hénault. K.—Voyez tome XXVI, page 326. B.

[51] Jamais le lord Stair ne parla au roi qu’en présence du secrétaire d’état Torci, qui a dit n’avoir jamais entendu un discours si déplacé. Ce discours aurait été bien humiliant pour Louis XIV, quand il fit cesser les ouvrages de Mardick.

[52] Dans l’Essai sur les mœurs, etc., chap. CLXXVII (tome XVIII, page 253).

[53] Cette ville de Xativa fut rasée en 1707, après la bataille d’Almanza. Philippe V fit bâtir sur ses ruines une autre ville qu’on nomme à présent San Felipe.

[54] Les alliés ne firent de progrès en Espagne qu’à l’aide du parti qui y subsistait en faveur de la maison d’Autriche. Ce parti s’était formé pendant la vie de Charles II, et les fautes du ministère de Philippe V lui donnèrent des forces. Il était impossible qu’il n’y eût des cabales dans la cour d’un roi étranger à l’Espagne, jeune, incapable de gouverner par lui-même: et il était impossible d’empêcher ces cabales de dégénérer en conspirations et en partis. Peut-être cependant eût-on prévenu les suites funestes de ces cabales, si, au lieu d’abandonner son petit-fils aux intrigues de la princesse des Ursins, des ambassadeurs de France, des Français employés à Madrid, des ministres espagnols, Louis XIV lui eût donné pour guide un homme capable à-la-fois d’être ambassadeur, ministre, et général; assez supérieur à tous les préjugés pour n’en blesser aucun inutilement; assez au-dessus de la vanité pour ne faire aucune parade de son pouvoir, et se borner à être utile en secret; assez modeste pour cacher à la haine des Espagnols pour les étrangers le bien qu’il ferait à leur pays; un homme enfin dont le nom, respecté dans l’Europe, en imposât à la jalousie nationale. Cet homme existait en France; mais madame de Maintenon trouvait qu’il n’avait pas une véritable piété.

La nation castillane montra un attachement inébranlable pour Philippe V. Lorsque les troupes de l’archiduc traversèrent la Castille, elles la trouvèrent presque déserte; le peuple fuyait devant elles, cachait ses vivres pour n’être pas obligé de leur en vendre; les soldats qui s’écartaient étaient tués par les paysans. Les courtisanes de Madrid se rendirent en foule au camp des Anglais et des Allemands, dans l’intention d’y répandre le poison que les compagnons de Colomb avaient porté en Espagne. (Mémoires de Saint-Philippe.) A peine sortis d’une ville, les partisans de l’archiduc entendaient le bruit des réjouissances que le peuple fesait en l’honneur de Philippe. Mais la nation aragonaise penchait pour l’archiduc. La haine entre les deux nations semblait s’être réveillée. Les Espagnols des deux partis montrèrent dans cette guerre le même caractère qu’ils avaient déployé dans leurs guerres contre les Carthaginois et les Romains. La domination de Rome, des Goths, et des Maures, la révolution dans la religion et dans le gouvernement, ne l’avaient point changé. Plusieurs villes se défendirent comme Sagonte et comme Numance; mais, comme dans ces anciennes époques, nulle réunion entre les différents cantons, nul effort suivi et combiné: cette force de caractère ne se montrait que quand ils étaient attaqués, et alors elle devenait indomptable.

Les Catalans furent dépouillés de leurs priviléges; heureusement ces prétendus priviléges n’étaient que des droits accordés aux villes et aux riches aux dépens des campagnes et du peuple. Depuis leur destruction, l’industrie de cette nation s’est ranimée; l’agriculture, les manufactures, le commerce, ont fleuri; et l’orgueil de la victoire a ordonné ce que, dans un temps plus éclairé, un gouvernement paternel eût voulu faire. K.

[55] En 1751, 1752, 1753, ce chapitre n’était que le vingt-troisième. Cette différence vient de ce qu’alors le chapitre Iᵉʳ comprenait l’Introduction, et Des états de l’Europe avant Louis XIV, dont, en 1756, Voltaire forma deux chapitres, les CLXV et CLXVI de son Essai sur l’histoire générale (aujourd’hui, sauf les changements, chapitres I et II du Siècle de Louis XIV). Le chapitre XXIII des éditions de 1751, 1752 et 1753, devenu, en 1756, le chapitre CLXXXVII de l’Essai, subit alors de grands changements. Une partie de ce qui le composait servit pour le chapitre CLXXIX, qui, en 1768, forma une partie du chapitre III du Précis du Siècle de Louis XV: voyez ce chapitre, tome XXI. B.

[56] On lit ainsi dans l’édition originale et dans toutes les autres. Je pense que c’est par mégarde que Voltaire a laissé, en 1751, imprimer près de succomber; car, en 1764, il dit, dans son édition de Corneille (voyez tome XXXV, page 138): «Près de veut un substantif.» On a pu remarquer que devant un verbe il écrivait toujours prêt de. C’était l’usage de son temps. Il a changé: aujourd’hui l’on dit près de et prêt à. B.

[57] On appelle généralement du nom de Flandre les provinces des Pays-Bas qui appartiennent à la maison d’Autriche, comme on appelle les sept Provinces-Unies la Hollande.

[58] Dès 1748, Voltaire avait publié des Anecdotes sur Louis XIV, qui sont dans le tome XXXIX, page 3 et suiv. B.

[59] Voyez les deux Mémoires de Louis XIV rapportés dans ce volume (chapitre XXVIII).

[60] Anne d’Autriche s’était prononcée contre ce mariage. Voltaire a rapporté ses paroles tome XIX, page 338. B.

[61] Cette anecdote est accréditée par les Mémoires de La Porte, page 255 et suivantes. On y voit que le roi avait de l’aversion pour le cardinal; que ce ministre, son parrain et surintendant de son éducation, l’avait très mal élevé, et qu’il le laissa souvent manquer du nécessaire. Il ajoute même des accusations beaucoup plus graves, et qui rendraient la mémoire du cardinal bien infâme; mais elles ne paraissent pas prouvées, et toute accusation doit l’être.

[62] Cette galanterie et quelques imprudences dans sa conduite furent la cause et des malheurs qu’elle éprouva sous le gouvernement de Richelieu, et des bruits injurieux répandus contre elle par les frondeurs. Richelieu voulait la perdre, et il eût réussi, sans la fidélité et le courage de ses amis et de quelques uns de ses domestiques. On trouve, dans des Mémoires non imprimés du duc de La Rochefoucauld, qu’elle avait formé le projet de se retirer à Bruxelles: quoique très jeune, il était à la tête de ce complot, et s’était chargé de l’enlever et de la conduire. K.—Il s’agit, dans cette note, de la première partie des Mémoires de La Rochefoucauld, qui n’a vu le jour qu’en 1817. B.

[63] Ces paroles, fidèlement recueillies, sont dans tous les Mémoires authentiques de ce temps-là: il n’est permis ni de les omettre, ni d’y rien changer dans aucune histoire de France.

L’auteur des Mémoires de Maintenon s’avise de dire au hasard dans sa note: «Son discours ne fut pas tout-à-fait si beau, et ses yeux en dirent plus que sa bouche.» Où a-t-il pris que le discours de Louis XIV ne fut pas tout-à-fait si beau, puisque ce furent là ses propres paroles? Il ne fut ni plus ni moins beau: il fut tel qu’on le rapporte.—Voltaire l’a encore rapporté dans le chapitre LVII de son Histoire du parlement; voyez tome XXII, page 275. B.

[64] Le cardinal de Richelieu avait déjà donné des ballets, mais ils étaient sans goût, comme tout ce qu’on avait eu de spectacles avant lui. Les Français, qui ont aujourd’hui porté la danse à la perfection, n’avaient, dans la jeunesse de Louis XIV, que des danses espagnoles, comme la sarabande, la courante, la pavane, etc.

[65] Voltaire, qui approuve ici la danse de Louis XIV, cite, chapitre XXVI, les vers de Racine (dans Britannicus), et dit que «le poëte réforma le monarque.» B.

[66] Ce passage de Voltaire sur le masque de fer fournit au P. Griffet le sujet du quatorzième chapitre de son Traité des différentes sortes de preuves qui servent à établir la vérité de l’histoire. Le jésuite penche à croire que le masque de fer était le duc de Vermandois. Voyez, sur le masque de fer, tome XXVI, pages 311-18. B.

[67] Un fameux chirurgien, gendre du médecin dont je parle, et qui a appartenu au maréchal de Richelieu, est témoin de ce que j’avance; et M. de Bernaville, successeur de Saint-Mars, me l’a souvent confirmé.—Voyez le Dictionnaire philosophique, article Ana, Anectodes. K.

[68] Voyez mes notes, tome XXVI, pages 311 et 318. B.

[69] Ceci a été écrit en 1750.—Cette note se trouve dans les éditions de 1768, in-8º, et de 1769, in-4º; c’est dans l’édition de 1752 du Siècle de Louis XIV qu’avait été ajoutée l’anecdote du pêcheur. Le personnage très digne de foi, dont parle Voltaire, est Riousse, ancien commissaire des guerres à Cannes: voyez, ci-après, le Supplément au Siècle de Louis XIV, première partie. B.

[70] Les comptes qui le prouvent étaient à Vaux, aujourd’hui Villars, en 1718, et doivent y être encore. M. le duc de Villars, fils du maréchal, confirme ce fait. Il est moins singulier qu’on ne pense. Vous voyez, dans les Mémoires de l’abbé de Choisi, que le marquis de Louvois lui disait, en lui parlant de Meudon: «Je suis sur le quatorzième million.»

[71] Dans l’édition de 1768 du Siècle de Louis XIV, Voltaire disait: «Le plus ardent et le plus implacable de ses persécuteurs était le chef de ses juges, le chancelier Michel Le Tellier.» Cette phrase fut reproduite en 1769, dans l’édition in-4º; mais Voltaire signala son erreur, en 1770, dans l’article Ana des Questions sur l’Encyclopédie (voyez tome XXVI, page 319), et la corrigea dans l’édition de 1775. B.

[72] Voyez ma note, tome XIX, page 79. B.

[73] J’ai retrouvé depuis cette même particularité dans Saint-Évremond.

[74] Voyez les Mémoires de Gourville.

[75] Racine assure, dans ses Fragments historiques, que le roi dit chez mademoiselle de La Vallière: «S’il avait été condamné à mort, je l’aurais laissé mourir.» S’il prononça ces paroles, on ne peut les excuser: elles paraissent trop dures et trop ridicules.

[76] M. Delort, dans son Histoire de la détention des philosophes, etc., 1829, in-8º, dit, tome Iᵉʳ, page 52, que Fouquet mourut à Pignerol le 23 mars 1680. Voyez aussi ma note, tome XXVI, page 319. B.

[77] Voyez Gui Patin et les Mémoires du temps.—Voici ce que Gui Patin écrivait le 7 février 1662: «La chambre de justice a donné un arrêt considérable contre un partisan nommé Boislève, ci-devant intendant des finances; on avait saisi ses beaux meubles, et on avait avis d’une bonne somme d’argent qui lui appartenait. Un sien frère, ci-devant conseiller de la cour, aujourd’hui évèque d’Avranches, et, de plus, grand fourbe, est intervenu prétendant revendiquer lesdits meubles, et l’argent aussi, comme s’ils lui appartenaient; il en a fait un serment, dont la fausseté fut aussitôt découverte par M. Talon; ensuite de quoi les meubles et l’argent furent trouvés, et déclarés bien saisis, et l’évêque condamné à une amende de douze mille livres parisis.» La livre parisis valait une livre cinq sous tournois. B.

[78] Le vrai nom est Du Plessis Bellière ou Belière. B.

[79] Voyez tome XXXVI, page 384. B.

[80] Non dans la Place Royale, comme le dit l’Histoire de La Hode, sous le nom de La Martinière.

[81] Mort en 1680. B.

[82] Voyez tome XXXVIII, page 435. B.

[83] Dans la Vie de Molière: voyez tome XXXVIII, page 431. B.

[84] Ces vers sont déjà cités dans les Anecdotes imprimées en 1748: voyez tome XXXIX, page 7. B.

[85] Voyez ma note, tome XVI, page 35. B.

[86] Voyez tome XXII, page 277. B.

[87] Ces profusions faites avec l’argent du peuple étaient une véritable injustice, et certes un beaucoup plus grand péché, excepté aux yeux des jésuites, que ceux qu’il pouvait commettre avec ses maîtresses. Cette foule de charges inutiles, d’abus de tout genre, a fait un mal plus durable. Une grande partie de ces abus a subsisté long-temps, et subsiste même encore, quoique aucun des princes qui lui ont succédé n’ait hérité de son goût pour le faste. K.

[88] Une Liste de quelques gens de lettres français vivants en 1662, composée, par ordre de M. Colbert, par M. Chapelain, a été imprimée, en 1726, dans le tome second des Mémoires de littérature, par le P. Desmolets; et la même année, dans les Mélanges de littérature de Chapelain. Un Mémoire des gens de lettres célèbres en France, par M. Costar, est aussi imprimé dans le tome second des Mémoires de Desmolets; c’est là que Chapelain est appelé: «Le premier poëte du monde pour l’héroïque.» M. Peignot a publié des Documents authentiques et détails curieux sur les dépenses de Louis XIV, en bâtiments et châteaux royaux, en gratifications et pensions accordées aux savants, gens de lettres et artistes, depuis 1663, etc., etc. Paris, 1827, in-8º. B.

[89] Boileau Despréaux n’est sur aucune liste de gratifications et pensions avant 1674; il reçut alors 2000 fr. Racine et Quinault touchaient alors chacun 800 fr. Racine n’avait eu que 600 fr. en 1663, en même temps que l’on donnait 3000 fr. à Chapelain. Les libéralités du roi s’étendaient aussi dans les pays étrangers. «A l’égard de celles qui se distribuaient à Paris, dit Charles Perrault, elles se portèrent, la première année, chez tous les gratifiés par le commis du trésorier des bâtiments, dans des bourses de soie d’or, les plus propres du monde; la seconde année, dans des bourses de cuir. Comme toutes choses ne peuvent pas demeurer au même état, et vont naturellement en dépérissant, les années suivantes il fallut aller recevoir soi-même les pensions chez le trésorier, en monnaie ordinaire. Les années bientôt eurent quinze et seize mois; et, quand on déclara la guerre à l’Espagne, une grande partie de ces gratifications s’amortirent.» B.

[90] Le 17 avril. Il venait d’être reçu à l’académie française. Bussi sortit de la Bastille le 16 mai 1666, pour aller rétablir sa santé chez un maître chirurgien, mais sous la promesse de revenir à la Bastille dès qu’il serait rétabli. Cependant, le 10 août, il obtint de se retirer en Bourgogne. B.

[91] Le bec amoureux était celui de mademoiselle de La Vallière. B.

[92] Voyez page 128. B.

[93] Voltaire lui a donné place dans le chapitre XIII de l’Ingénu: voyez tome XXXIII, page 440. B.

[94] Lauzun avait d’abord été connu sous le nom de marquis de Puyguilhem. On lit Pégulin et Péguilin dans la lettre de Gui Patin, du 21 décembre 1671. B.

[95] La lettre du roi, contresignée Le Tellier, et qui annonce au gouverneur de Pignerol qu’on lui envoie Lauzun, est du 25 novembre 1671. B.

[96] L’origine de cette imputation, qu’on trouve dans tant d’historiens, vient du Ségraisiana. C’est un recueil posthume de quelques conversations de Ségrais, presque toutes falsifiées. Il est plein de contradictions; et l’on sait qu’aucun de ces ana ne mérite de créance.

[97] On a imprimé, à la fin de ses Mémoires, une Histoire des amours de Mademoiselle et de M. de Lauzun. C’est l’ouvrage de quelque valet de chambre. On y a joint des vers dignes de l’histoire et de toutes les inepties qu’on était en possession d’imprimer en Hollande.

On doit mettre au même rang la plupart des contes qui se trouvent dans les Mémoires de madame de Maintenon, faits par le nommé La Beaumelle: il y est dit qu’en 1681 un des ministres du duc de Lorraine vint, déguisé en mendiant, se présenter dans une église à Mademoiselle, lui montra une paire d’heures sur lesquelles il était écrit: «De la part du duc de Lorraine;» et qu’ensuite il négocia avec elle pour l’engager à déclarer le duc son héritier (tome II, page 204). Cette fable est prise de l’aventure vraie ou fausse de la reine Clotilde. Mademoiselle n’en parle point dans ses Mémoires, où elle n’omet pas les petits faits. Le duc de Lorraine n’avait aucun droit à la succession de Mademoiselle; de plus elle avait fait, en 1679, le duc du Maine et le comte de Toulouse ses héritiers.

L’auteur de ces misérables Mémoires dit, page 207, que «le duc de Lauzun, à son retour, ne vit dans Mademoiselle qu’une fille brûlante d’un amour impur.» Elle était sa femme, et il l’avoue. Il est difficile d’écrire plus d’impostures dans un style plus indécent.

[98] Lauzun est mort le 19 novembre 1723, à quatre-vingt-dix ans. B.

[99] Voyez l’Histoire de Madame Henriette d’Angleterre, par madame la comtesse de La Fayette, page 171, édition de 1742.

[100] Des fragments de diamant et de verre pourraient, par leurs pointes, percer une tunique des entrailles, et la déchirer: mais aussi on ne pourrait les avaler, et on serait averti tout d’un coup du danger par l’excoriation du palais et du gosier. La poudre impalpable ne peut nuire. Les médecins qui ont rangé le diamant au nombre des poisons auraient dû distinguer le diamant réduit en poudre impalpable du diamant grossièrement pilé.—Voyez tome XXIX, page 93. B.

[101] Acte IV, scène 4. B.

[102] Dans un recueil de pièces extraites du porte-feuille de M. Duclos, et imprimées en 1781, on trouve qu’un maître d’hôtel de Monsieur, nommé Morel, avait commis ce crime; qu’il en fut soupçonné; que Louis XIV le fit amener devant lui; que l’ayant menacé de le livrer à la rigueur des lois s’il ne disait pas la vérité, et lui ayant promis la liberté et la vie s’il avouait tout, Morel avoua son crime; que le roi lui ayant demandé si Monsieur était instruit de cet horrible complot, Morel lui répondit: «Non, il n’y aurait point consenti.» M. de Voltaire était instruit de cette anecdote; mais il n’a jamais voulu paraître croire à aucun empoisonnement, à moins qu’il ne fût absolument impossible d’en nier la réalité. Dans le même ouvrage que nous venons de citer, on donne pour garant de cette anecdote mademoiselle de La Chausseraie, amie subalterne de madame de Maintenon. On a demandé comment, quarante ans après cet événement, Louis XIV aurait confié des détails si affligeants à se rappeler, à une personne qui n’avait et ne pouvait avoir avec lui aucune liaison intime. Mais mademoiselle de La Chausseraie expliquait elle-même cette difficulté. Elle racontait que se trouvant seule avec le roi chez madame de Maintenon, qui était sortie pour quelques moments, Louis XIV laissa échapper des plaintes sur les malheurs où il s’était vu condamné; elle attribuait ces plaintes aux revers de la guerre de la succession, et cherchait à le consoler. «Non, dit le roi, c’est dans ma jeunesse, c’est au milieu de mes succès que j’ai éprouvé les plus grands malheurs;» et il cita la mort de Madame. Mademoiselle de La Chausseraie répondit par un lieu commun de consolation. «Ah! mademoiselle, dit le roi, ce n’est point cette mort, ce sont ses affreuses circonstances que je pleure;» et il se tut. Peu de temps après madame de Maintenon rentra; au bout de quelques moments de silence, le roi s’approcha de mademoiselle de La Chausseraie, et lui dit: «J’ai commis une indiscrétion que je me reproche; ce qui m’est échappé a pu vous donner des soupçons contre mon frère, et ils seraient injustes; je ne puis les dissiper que par une confidence entière:» et alors il lui raconta ce qu’on vient de lire. Nous avons appris ces détails d’un homme très digne de foi, qui les tient immédiatement des personnes qui avaient avec mademoiselle de La Chausseraie les relations les plus intimes. K.—Le recueil dont il est parlé dans cette note est celui de La Place, qui a pour titre: Pièces intéressantes et peu connues, pour servir à l’histoire et à la littérature, par M. D. L. P., 1781, in-12, qui a été réimprimé, et suivi de sept autres volumes dans l’édition de 1785. C’est à la page 208 du tome Iᵉʳ, que se trouve ce qui concerne Madame Henriette. B.

[103] Ce Glaser est cité comme apothicaire empoisonneur, dans une lettre du 22 juillet 1676, de madame de Sévigné à sa fille...... Je ne sais si ce Glaser avait un autre rapport que celui du nom avec Christophe Glaser, qui, après avoir quitté la Suisse, sa patrie, vint à Paris, où il fut pharmacien ordinaire de Louis XIV. Cl.

[104] L’Histoire de Louis XIV, sous le nom de La Martinière, le nomme l’abbé de La Croix. Cette histoire, fautive en tout, confond les noms, les dates, et les événements.

[105] François Gayet de Pitaval, mort en 1743: voyez, dans le présent volume, la seconde partie du Supplément au Siècle de Louis XIV. La Beaumelle prétend que l’expression avocat sans causes est un mot usé, et que Voltaire ne l’emploie que parceque Gayot de Pitaval «a donné lieu à l’ingénieux Fréron de découvrir le plagiat de: Souvent un air de vérité, etc.»: voyez la pièce de vers qui commence ainsi, tome XIV. et ma note. B.

[106] L’Histoire de Reboulet dit «que la duchesse de Bouillon fut décrétée de prise de corps, et qu’elle parut devant les juges avec tant d’amis, qu’elle n’avait rien à craindre, quand même elle eût été coupable.» Tout cela est très faux; il n’y eut point de décret de prise de corps contre elle, et alors nuls amis auraient pu la soustraire à la justice.

[107] Tome XIX, page 267. B.

[108] Selon une lettre du 27 janvier 1680, de Bussi Rabutin à La Rivière, rapportée par M. Dulaure, volume VII, page 227 de son Histoire de Paris (seconde édition), le prêtre Le Sage dit un jour la messe sur le ventre d’une fille toute nue; mais ce n’était pas pour la rendre impuissante. Cl.

[109] Chapitre XVI, tome XIX, page 483 et suiv. B.

[110] On voit, dans les Mémoires de Saint-Philippe, qu’on croyait en Espagne qu’elle avait averti Louis XIV de l’impuissance de Charles II, seul secret d’état dont cette reine infortunée pût être instruite. K.

[111] Voyez ma note, tome XIX, page 518. B.

[112] Le sonnet irrégulier de J. Hesnault, dont Voltaire cite le second quatrain, fut fait pour l’accident arrivé à mademoiselle de Guerchy, fille d’honneur de la reine, et maîtresse du duc de Vitry. Sa grossesse, dont elle fesait mystère, la mettant hors d’état d’accompagner la reine dans un voyage, mademoiselle de Guerchy eut recours à une sage-femme, nommée Constantin, qui, dans ses opérations pour la faire avorter, la blessa mortellement. Vitry envoya chercher un confesseur; et dès que le prêtre eut donné l’absolution, l’amant, pour abréger les souffrances de sa maîtresse, lui cassa la tête, puis s’enfuit en Bavière. La Constantin fut pendue en août 1660 (voyez la lettre de Gui Patin, du 12 octobre de cette année). Dans sa lettre du 22 juin 1660, Gui Patin dit: «On fait ici grand bruit de la mort de mademoiselle de Guerchy... Le curé de Saint-Eustache a refusé sépulture au corps de cette dame: on dit qu’on l’a porté dans l’hôtel de Condé, et qu’il y a été mis dans la chaux, afin de le consumer plus tôt, et qu’on n’y puisse rien reconnaître si on venait à la visite.» Vitry obtint sa grâce lorsqu’il eut négocié le mariage de Monsieur avec la princesse de Bavière. B.

[113] Les Mémoires donnés sous le nom de madame de Maintenon rapportent qu’elle dit à madame de Montespan, en parlant de ses rêves: «J’ai rêvé que nous étions sur le grand escalier de Versailles: je montais, vous descendiez: je m’élevais jusqu’aux nues, vous allâtes à Fontevrault.» Ce conte est renouvelé d’après le fameux duc d’Épernon, qui rencontra le cardinal de Richelieu sur l’escalier du Louvre, l’année 1624. Le cardinal lui demanda s’il n’y avait rien de nouveau. «Non, lui dit le duc, sinon que vous montez, et je descends.» Ce conte est gâté en ajoutant que d’un escalier on s’éleva jusqu’aux nues. Il faut remarquer que dans presque tous les livres d’anecdotes, dans les ana, on attribue presque toujours à ceux qu’on fait parler des choses dites un siècle et même plusieurs siècles auparavant.

[114] Il y a plus de vingt volumes dans lesquels vous verrez que la maison d’Orléans et la maison de Condé s’indignèrent de ces propositions; vous lirez que la princesse, mère du duc de Chartres, menaça son fils; vous lirez même qu’elle le frappa. Les Anecdotes de la constitution rapportent sérieusement que le roi s’étant servi de l’abbé Dubois, sous-précepteur du duc de Chartres, pour faire réussir la négociation, cet abbé n’en vint à bout qu’avec peine, et qu’il demanda pour récompense le chapeau de cardinal. Tout ce qui regarde la cour est écrit ainsi dans beaucoup d’histoires.

[115] Ces jardins n’existent plus. B.

[116] Environ vingt mille de nos livres.

[117] Le 11 décembre 1686, comme l’a dit Voltaire, tome XIX, page 8. B.

[118] C’est au commencement du septième livre de l’Histoire de la vie et actions de Louis de Bourbon, prince de Condé, qui a eu plusieurs éditions, dont l’auteur m’est inconnu, et que la seconde édition de la Bibliothèque historique de la France, du P. Lelong (voyez ma note, tome XXX, page 200), attribue, sous le nº 24226, à Pierre Coste. L’ouvrage de P. Coste n’a que cinq livres, et est intitulé: Histoire de Louis de Bourbon, second du nom, prince de Condé, premier prince du sang, par P***, un volume in-12, qui a eu aussi plusieurs éditions. B.

[119] C’est l’Histoire du règne de Louis XIV, par Reboulet, Avignon, 1744, trois volumes in-4º. B.

[120] Et non pas le chevalier de Forbin, comme le disent les Mémoires de Choisi. On ne prend pour confidents d’un tel secret que des domestiques affidés, et des hommes attachés par leur service à la personne du roi. Il n’y eut point d’acte de célébration: on n’en fait que pour constater un état; et il ne s’agissait ici que de ce qu’on appelle un mariage de conscience. Comment peut-on rapporter qu’après la mort de l’archevêque de Paris, Harlai, en 1695, près de dix ans après le mariage, «ses laquais trouvèrent dans ses vieilles culottes l’acte de célébration?» Ce conte, qui n’est pas même fait pour des laquais, ne se trouve que dans les Mémoires de Maintenon.

[121] Madame de Maintenon, née le 27 novembre 1635, n’était que dans sa cinquante et unième année. B.

[122] Il est dit, dans les prétendus Mémoires de Maintenon, tome I, page 216, «qu’elle n’eut long-temps qu’un même lit avec la célèbre Ninon Lenclos, sur les ouï-dire de l’abbé de Châteauneuf et de l’auteur du Siècle de Louis XIV.» Mais il ne se trouve pas un mot de cette anecdote chez l’auteur du Siècle de Louis XIV, ni dans tout ce qui nous reste de M. l’abbé de Châteauneuf. L’auteur des Mémoires de Maintenon ne cite jamais qu’au hasard. Ce fait n’est rapporté que dans les Mémoires du marquis de La Fare, page 190, édition de Roterdam. C’était encore la mode de partager son lit avec ses amis; et cette mode, qui ne subsiste plus, était très ancienne, même à la cour. On voit dans l’Histoire de France que Charles IX, pour sauver le comte de La Rochefoucauld des massacres de la Saint-Barthélemi, lui proposa de coucher au Louvre dans son lit; et que le duc de Guise et le prince de Condé avaient long-temps couché ensemble.—C’est dans un morceau Sur Ninon de Lenclos, publié en 1751 (voyez tome XXXIX, page 404), que Voltaire dit que Ninon et mademoiselle d’Aubigné couchèrent ensemble quelques mois de suite. Dans une note du chant II de la Henriade, il est question de la proposition de Charles IX au comte de La Rochefoucauld. Voltaire en reparle encore dans son Essai sur les guerres civiles, imprimé dans le tome X, à la suite de la Henriade. B.

[123] On peut, par vanité, ne point vouloir être gouvernante des enfants d’un particulier, et consentir à élever ceux d’un roi; mais le mot de scrupule est absurde; il ne peut rien y avoir de contraire aux principes de la morale à se charger de l’éducation d’un enfant quel qu’il soit. Le bâtard d’un roi et celui d’un particulier sont égaux devant la conscience. Cette lettre prouve que, même avant d’être à la cour, madame de Maintenon savait parler le langage de l’hypocrisie. K.

[124] Voltaire distingue, comme on voit, les Lettres des Mémoires de madame de Maintenon, fabriqués par La Beaumelle. B.

[125] L’auteur du roman des Mémoires de madame de Maintenon lui fait dire à la vue du château Trompette: «Voilà où j’ai été élevée, etc.» Cela est évidemment faux; elle avait été élevée à Niort.

[126] Voyez les Lettres à son frère: «Je vous conjure de vivre commodément, et de manger les dix-huit mille francs de l’affaire que nous avons faite: nous en ferons d’autres.»

[127] Philippe de Valois, marquis de Villette Murcay, mort le 25 décembre 1707, à soixante et quinze ans, était fils d’Artemise d’Aubigné, qui était fille de Théodore-Agrippa d’Aubigné, et conséquemment tante de madame de Maintenon. Le marquis de Villette, cousin de cette dernière, épousa en secondes noces, après 1691, Marie-Claire-Isabelle Deschamps de Marsilly, laquelle, devenue veuve, épousa Bolingbroke. B.

[128] Le compilateur des Mémoires de madame de Maintenon dit, tome IV, page 200: «Rousseau, vipère acharnée contre ses bienfaiteurs, fit des couplets satiriques contre le maréchal de Noailles.» Cela n’est pas vrai: il ne faut calomnier personne. Rousseau, très jeune alors, ne connaissait pas le premier maréchal de Noailles. Les chansons satiriques dont il parle étaient d’un gentilhomme nommé de Cabanac, qui les avouait hautement.

[129] Voyez, dans ce volume, la troisième partie du Supplément au Siècle de Louis XIV. B.

[130] Ce fait a été rapporté par le fils de l’illustre Racine, dans la Vie de son père.

[131] Qui croirait que, dans les Mémoires de madame de Maintenon, tome III, page 273, il est dit que ce ministre craignait que le roi ne l’empoisonnât? Il est bien étrange qu’on débite à Paris des horreurs si insensées, à la suite de tant de contes ridicules.

Cette sottise atroce est fondée sur un bruit populaire qui courut à la mort du marquis de Louvois. Ce ministre prenait des eaux (de Balaruc) que Séron, son médecin, lui avait ordonnées, et que La Ligerie, son chirurgien, lui fesait boire. C’est ce même La Ligerie qui a donné au public le remède qu’on nomme aujourd’hui la poudre des Chartreux. Ce La Ligerie m’a souvent dit qu’il avait averti M. de Louvois qu’il risquait sa vie s’il travaillait en prenant des eaux. Le ministre continua son travail: il mourut presque subitement le 16 juillet 1691, et non pas en 1692, comme le dit l’auteur des faux Mémoires. La Ligerie l’ouvrit, et ne trouva d’autre cause de sa mort que celle qu’il avait prédite. On s’avisa de soupçonner le médecin Séron d’avoir empoisonné une bouteille de ces eaux. Nous avons vu combien ces funestes soupçons étaient alors communs. On prétendit qu’un prince voisin (Victor-Amédée, duc de Savoie), que Louvois avait extrêmement irrité et maltraité, avait gagné le médecin Séron. On trouve une partie de ces anecdotes dans les Mémoires du marquis de La Fare, chapitre x. La famille même de Louvois fit mettre en prison un Savoyard qui frottait dans la maison; mais ce pauvre homme très innocent fut bientôt relâché. Or, si l’on soupçonna, quoique très mal à propos, un prince ennemi de la France d’avoir voulu attenter à la vie d’un ministre de Louis XIV, ce n’était pas certainement une raison pour en soupçonner Louis XIV lui-même.

Le même auteur, qui, dans les Mémoires de Maintenon, a rassemblé tant de faussetés, prétend, au même endroit, que le roi dit «qu’il avait été défait la même année de trois hommes qu’il ne pouvait souffrir, le maréchal de La Feuillade, le marquis de Seiguelai, et le marquis de Louvois.» Premièrement, M. de Seignelai ne mourut point la même année 1691, mais en 1690. En second lieu, à qui Louis XIV, qui s’exprimait toujours avec circonspection et en honnête homme, a-t-il dit des paroles si imprudentes et si odieuses? à qui a-t-il développé une ame si ingrate et si dure? à qui a-t-il pu dire qu’il était bien aise d’être défait de trois hommes qui l’avaient servi avec le plus grand zèle? Est-il permis de calomnier ainsi, sans la plus légère preuve, sans la moindre vraisemblance, la mémoire d’un roi connu pour avoir toujours parlé sagement? Tout lecteur sensé ne voit qu’avec indignation ces recueils d’impostures, dont le public est surchargé; et l’auteur des Mémoires de Maintenon mériterait d’être châtié, si le mépris dont il abuse ne le sauvait de la punition.—On a prétendu que ce médecin Séron était mort empoisonné lui-même peu de temps après, et qu’on l’avait entendu répéter plus d’une fois pendant son agonie: «Je n’ai que ce que j’ai mérité.» Ces bruits sont dénués de preuves; et si le prince qui en était l’objet eut souvent une politique artificieuse, jamais il ne fut accusé d’aucun crime particulier. Mais la crainte d’être empoisonné par l’ordre du roi, que La Beaumelle attribue à Louvois, est une véritable absurdité. Louis XIV était fatigué du caractère dur et impérieux de Louvois; et l’ascendant qu’il avait laissé prendre à ce ministre lui était devenu insupportable. L’indignation que les violences ordonnées par Louvois, et surtout le deuxième incendie du Palatinat, avaient excitée en Europe contre Louis XIV, lui avaient rendu odieux un ministre dont les conseils le fesaient haïr. On a dit aussi que Louis XIV avait promis à Louvois, confident de son mariage, de ne jamais reconnaître madame de Maintenon pour reine; qu’il eut la faiblesse de vouloir oublier sa parole, et que Louvois la lui rappela avec une fermeté et une hauteur que ni le roi ni madame de Maintenon ne purent lui pardonner. Le chagrin et l’excès du travail accélérèrent sa mort. K.

[132] Cette lettre est authentique, et l’auteur l’avait déjà vue en manuscrit avant que le fils du grand Racine l’eût fait imprimer.

[133] Voyez, dans ce volume, le Supplément au Siècle de Louis XIV, troisième partie. B.

[134] Voyez, tome XXI, le chapitre XII du Précis du Siècle de Louis XV. B.

[135] Il est dit, dans les Mémoires de Maintenon, que Racine, voyant le mauvais succès d’Esther dans le public, s’écria: «Pourquoi m’y suis-je exposé? pourquoi m’a-t-on détourné de me faire chartreux? Mille louis le consolèrent.»

1º Il est faux qu’Esther fût alors mal reçue.

2º Il est faux et impossible que Racine ait dit qu’on l’avait empêché alors de se faire chartreux, puisque sa femme vivait. L’auteur, qui a tout écrit au hasard et tout confondu, devait consulter les Mémoires sur la vie de Jean Racine par Louis Racine, son fils; il y aurait vu que Jean Racine voulait se faire chartreux avant son mariage.

3º Il est faux que le roi lui eût donné alors mille louis. Cette fausseté est encore prouvée par les mêmes Mémoires. Le roi lui fit présent d’une charge de gentilhomme ordinaire de sa chambre, en 1690, après la représentation d’Athalie, à Versailles. Ces minuties acquièrent quelque importance quand il s’agit d’un aussi grand homme que Racine. Les fausses anecdotes sur ceux qui illustrèrent le beau siècle de Louis XIV sont répétées dans tant de livres ridicules, et ces livres sont en si grand nombre, tant de lecteurs oisifs et mal instruits prennent ces contes pour des vérités, qu’on ne peut trop les prémunir contre tous ces mensonges. Et si l’on dément souvent l’auteur des Mémoires de Maintenon, c’est que jamais auteur n’a plus menti que lui.

[136] Cette phrase est de 1751, et me paraît dirigée contre Crébillon. B.

[137] Comment le marquis de La Fare peut-il dire dans ses Mémoires que «depuis la mort de Madame ce ne fut que jeu, confusion, et impolitesse?» On jouait beaucoup dans les voyages de Marli et de Fontainebleau, mais jamais chez madame de Maintenon; et la cour fut en tout temps le modèle de la plus parfaite politesse. La duchesse d’Orléans, alors duchesse de Chartres, la princesse de Conti, madame la Duchesse, démentaient bien ce que le marquis de La Fare avance. Cet homme, qui dans le commerce était de la plus grande indulgence, n’a presque écrit qu’une satire. Il était mécontent du gouvernement: il passait sa vie dans une société qui se fesait un mérite de condamner la cour; et cette société fit d’un homme très aimable un historien quelquefois injuste.

[138] Louis XV. Cette phrase existe dès 1751. B.

[139] Louis XIV allait à la chasse le jour qu’il avait perdu quelqu’un de ses enfants, a dit Voltaire: voyez tome XXXVII, page 61. B.

[140] L’auteur des Mémoires de madame de Maintenon, tome IV, dans un chapitre intitulé: Mademoiselle Chouin, dit que «Monseigneur fut amoureux d’une de ses propres sœurs, et qu’il épousa ensuite mademoiselle Chouin.» Ces contes populaires sont reconnus pour faux chez tous les honnêtes gens. Il faudrait être non seulement contemporain, mais être muni de preuves, pour avancer de telles anecdotes. Il n’y a jamais eu le moindre indice que Monseigneur eût épousé mademoiselle Chouin. Renouveler ainsi, au bout de soixante ans, des bruits de ville si vagues, si peu vraisemblables, si décriés, ce n’est point écrire l’histoire, c’est compiler au hasard des scandales pour gagner de l’argent. Sur quel fondement cet écrivain a-t-il le front d’avancer, page 244, que madame la duchesse de Bourgogne dit au prince son époux: «Si j’étais morte, auriez-vous fait le troisième tome de votre famille?» Il fait parler Louis XIV, tous les princes, tous les ministres, comme s’il les avait écoutés. On trouve peu de pages dans ces Mémoires qui ne soient remplies de ces mensonges hardis qui soulèvent tous les honnêtes gens.

[141] Le récit du marquis de Canillac ne prouve ni de près, ni de loin, l’innocence du duc d’Orléans. L.—Ce fut pour cette note que La Beaumelle fut mis à la Bastille: voyez ci-après ma Préface du Supplément. B.

[142] Voltaire a écrit Humbert. Guillaume Homberg, né à Batavia, le 3 janvier 1652, mort le 24 septembre 1715, était de l’académie des sciences, où Fontanelle a fait son Éloge. C’est du même Homberg que Voltaire parle dans ses lettres à Moussinot de juin et juillet 1737. B.

[143] L’auteur de la Vie du duc d’Orléans est le premier qui ait parlé de ces soupçons atroces: c’était un jésuite nommé La Motte, le même qui prêcha à Rouen contre ce prince pendant sa régence, et qui se réfugia ensuite en Hollande sous le nom de La Hode. Il était instruit de quelques faits publics. Il dit, tome I, page 112, que «le prince, si injustement soupçonné, demanda à se constituer prisonnier;» et ce fait est très vrai. Ce jésuite n’était pas à portée de savoir comment M. de Canillac s’opposa à cette démarche trop injurieuse à l’innocence du prince. Toutes les autres anecdotes qu’il rapporte sont fausses. Reboulet, qui l’a copié, dit après lui, page 143, tome VIII, que «le dernier enfant du duc et de la duchesse de Bourgogne fut sauvé par du contre-poison de Venise.» Il n’y a point de contre-poison de Venise qu’on donne ainsi au hasard. La médecine ne connaît point d’antidotes généraux qui puissent guérir un mal dont on ne connaît point la source. Tous les contes qu’on a répandus dans le public en ces temps malheureux ne sont qu’un amas d’erreurs populaires.

C’est une fausseté de peu de conséquence dans le compilateur des Mémoires de madame de Maintenon, de dire que «le duc du Maine fut alors à l’agonie;» c’est une calomnie puérile de dire que «l’auteur du Siècle de Louis XIV accrédite ces bruits plus qu’il ne les détruit.»

Jamais l’histoire n’a été déshonorée par de plus absurdes mensonges que dans ces prétendus Mémoires. L’auteur feint de les écrire en 1753. Il s’avise d’imaginer que le duc et la duchesse de Bourgogne, et leur fils aîné, moururent de la petite-vérole; il avance cette fausseté pour se donner un prétexte de parler de l’inoculation qu’on a faite au mois de mai 1756. Ainsi, dans la même page, il se trouve qu’il parle, en 1753, de ce qui est arrivé en 1756.

La littérature a été infectée de tant de sortes d’écrits calomnieux, on a débité en Hollande tant de faux Mémoires, tant d’impostures sur le gouvernement et sur les citoyens, que c’est un devoir de précautionner les lecteurs contre cette foule de libelles.

[144] La déclaration de Louis XIV est du 23 mai 1715. Elle accorde aux princes légitimés les titre et qualité de princes du sang. Un édit de 1714 leur donnait le droit de succéder à la couronne après les princes du sang. B.

[145] Voyez tome XXII, page 286. B.

[146] Les Mémoires de madame de Maintenon, tome V, page 194, disent que Louis XIV voulut faire le duc du Maine lieutenant-général du royaume. Il faut avoir des garants authentiques pour avancer une chose aussi extraordinaire et aussi importante. Le duc du Maine eût été au-dessus du duc d’Orléans: c’eût été tout bouleverser; aussi le fait est-il faux.

[147] Cette loi fondamentale n’exista jamais. M. de Voltaire voudrait absolument que le Français fût esclave. L.

[148] Le maréchal de Berwick dit, dans ses Mémoires, qu’il tient de la reine d’Angleterre que cette princesse ayant félicité Louis XIV sur la sagesse de son testament: «On a voulu absolument que je le fisse, répondit-il; mais dès que je serai mort, il n’en sera ni plus ni moins.» K.

[149] Dans les premières éditions, au lieu de cet alinéa et du suivant, on lisait:

«Il est à croire que ces paroles n’ont pas peu contribué, trente ans après, à cette paix que Louis XV a donnée à ses ennemis, dans laquelle on a vu un roi victorieux rendre toutes ses conquêtes pour tenir sa parole, rétablir tous ses alliés, et devenir l’arbitre de l’Europe par son désintéressement plus encore que par ses victoires.»

Il est mention de cet alinéa dans la seconde partie du Supplément au Siècle de Louis XIV. B.

[150] Voyez page 200. B.

[151] J’ai vu de petites tentes dressées sur le chemin de Saint-Denis. On y buvait, on y chantait, on riait. Les sentiments des citoyens de Paris avaient passé jusqu’à la populace. Le jésuite Le Tellier était la principale cause de cette joie universelle. J’entendis plusieurs spectateurs dire qu’il fallait mettre le feu aux maisons des jésuites avec les flambeaux qui éclairaient la pompe funèbre.

[152] Dans les Anecdotes imprimées en 1748: voyez tome XXXIX, page 13. B.

[153] Il est déposé à la bibliothèque du roi depuis plusieurs années.—Cette note de Voltaire est dans l’édition de 1756.

Ce fut le 10 octobre 1749 que le maréchal de Noailles (Adrien-Maurice) déposa à la bibliothèque du roi trois volumes in-folio, contenant les originaux et les copies qu’il avait fait faire de divers écrits que Louis XIV lui avait remis.

M. A.-A. Renouard y a pris la copie littérale que voici du commencement et de la fin du Mémoire dont parle ici Voltaire:

«Les roys sont souuent obligés a faire des choses contre leur inclination et qui blesse leur bon naturel ils doiuent aimer a faire plesir et il faut quils chatie souuent et perde des gens a qui naturellement ils ueulent du bien linterest de lestat doit marcher le premier on doit forser son inclination et ne ce pas mettre en estat de ce reprocher dans quelque chose dimportant quon pouuoit faire mieux mais que quelques interest particuliers en ont empesché et ont destourné les ueues quon deuoit auoir pour la grandeur le bien et la puissance de lestat souuent ou il y a des androits quils font peines il y en a de delicats quil est dificile a desmesler on a des idees confuses tant que cela est on peut demeurer sans ce desterminer mais desque lon cest fixé lesprit a quelquechose et quon croit uoir le meilleur party il le faut prendre, cest ce qui ma fait réussir souuent dans ce que jay fait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . En 1671 un ministre mourut qui auoit une charge de secretaire destat aiant le despartement des estrangers il estoit homme capable mais non pas sen defauts il ne laissoit pas de bien remplir ce poste qui est tres important je fus quelque temps a penser a qui je ferois avoir la charge et apres avoir bien examiné je trouué quun homme qui auroit long-temps seruy dans des ambassades estoit celuy qui la rempliroit la mieux je lenuoyé querir mon choix fut aprouvé de tout le monde ce qui narrive pas toujours je le mis en possession de la charge a son retour je ne le connoissois que de reputation et par les commissions dont je l’auois chargé quil auoit bien exécutée mais lemploy que je luy ay donné sest trouué trop grand et trop estendu pour luy jay soufer plusieurs années de sa foiblesse de son opiniastreté et de son inaplication il men a cousté des choses considerables je nay pas profité de tous les auantages que je pouuois avoir et tout cela par complaisance et bonté enfin il a falu que je luy ordonnase de se retirer parceque tout ce qui passoit par luy perdoit de la grandeur et de la force quon doit auoir en executant les ordres dun roy de france qui naist pas malheureux si jauois pris le party de lesloigner plustost jaurois esuité les inconueniens qui me sont arriués et je ne me reprocherois pas que ma complaisance pour luy a pu nuire a lestat jay fait ce destail pour faire uoir une exemple de ce que jay dit cydeuant.»

Ces fragments prouvent que Louis XIV ne savait pas l’orthographe. Voltaire, son éditeur, en la mettant dans ce qu’il imprimait, a fait, pour Louis XIV, ce que les éditeurs de Voltaire ont fait depuis quelquefois pour lui-même. B.

[154] M. Renouard a remarqué le premier que le manuscrit et la copie portent délicieux au lieu de flatteur. B.

[155] L’abbé Castel de Saint-Pierre, connu par plusieurs ouvrages singuliers, dans lesquels on trouve beaucoup de vues philosophiques et très peu de praticables, a laissé des Annales politiques depuis 1658 jusqu’à 1739. Il condamne sévèrement en plusieurs endroits l’administration de Louis XIV. Il ne veut pas surtout qu’on l’appelle Louis-le-Grand. Si grand signifie parfait, il est sûr que ce titre ne lui convient pas; mais par ces Mémoires écrits de la main de ce monarque, il paraît qu’il avait d’aussi bons principes de gouvernement, pour le moins, que l’abbé de Saint-Pierre. Ces Mémoires de l’abbé de Saint-Pierre n’ont rien de curieux que la bonne foi grossière avec laquelle cet homme se croit fait pour gouverner.—Cette note est de 1756. Les Annales de l’abbé de Saint-Pierre n’ont été imprimées qu’en 1758. B.

[156] M. de Pomponne.

[157] Sur trente-trois articles que contenaient ces instructions, Voltaire en rapporte vingt-sept. Il avait omis les six premiers que voici:

1

Ne manqués a aucun de uos devoirs surtout enuers dieu

2

Conserués uous dans la pureté de uostre éducation

3

Faittes honorer dieu par tout ou uous aurés du pouuoir procurés sa gloire donnés en lexemple cest un des plus grands biens que les roys puissent faire

4

Desclarés uous eu toutte occation pour la uertu et contre le uice.

5

Naiés jamais dattachement pour personne

6

Aimés uotre femme uiués bien auec elle demandés en une a dieu qui uous conuienne Je ne croy pas que uous deuiés prendre une autrichienne.

C’est M. A.-A. Renouard qui, le premier, a, en 1819, ajouté ces six articles. B.

[158] On voit qu’il se trompa dans cette conjecture.

[159] Cela seul peut servir à confondre tant d’historiens qui, sur la foi des Mémoires infidèles écrits en Hollande, ont rapporté un prétendu traité (signé par Philippe V avant son départ), par lequel traité ce prince cédait à son grand-père la Flandre et le Milanais.

[160] Philippe V était trop jeune et trop peu instruit pour se passer de premier ministre; et en général l’unité de vues, de principes, si nécessaire dans un bon gouvernement, doit obliger tout prince qui ne gouverne point réellement par lui-même à mettre un seul homme à la tête de toutes les affaires. K.

[161] Le roi d’Espagne profita de ces conseils: c’était un prince vertueux.

L’auteur des Mémoires de Maintenon, tome V, page 200 et suiv., l’accuse d’avoir fait un «souper scandaleux avec la princesse des Ursins le lendemain de la mort de sa première femme, et d’avoir voulu épouser cette dame,» qu’il charge d’opprobres. Remarquez que Anne-Marie de La Trimouille, princesse des Ursins, dame d’honneur de la feue reine, avait alors plus de soixante-dix ans, et que c’était cinquante-cinq ans après son premier mariage, et quarante après le second. Ces contes populaires, qui ne méritent que l’oubli, deviennent des calomnies punissables, quand on les imprime, et qu’on veut flétrir les noms les plus respectés sans apporter la plus légère preuve.—Philippe V est un des princes les plus chastes dont l’histoire ait fait mention. Cette chasteté, portée à l’excès, a été regardée comme une des principales causes de la mélancolie qui s’empara de lui dès les premières années de son règne, et qui finit par le rendre incapable d’application pendant des intervalles de temps considérables. K.

[162] Dans les premières éditions du Siècle de Louis XIV, il y avait: «Le Comte de Marivault, lieutenant-général, homme un peu brutal, et qui n’avait pas, etc.» B.

[163] Cette parodie du prologue d’Atys est déjà rapportée dans les Anecdotes publiées en 1748: voyez tome XXXIX, page 9. B.

[164] Ces mots démentent bien l’infame calomnie de La Beaumelle, qui ose dire que «le marquis de Louvois avait craint que Louis XIV ne l’empoisonnât.»

Au reste, cette lettre doit être encore parmi les manuscrits laissés par M. le garde des sceaux, Chauvelin.—Ce n’était pas une lettre, mais un mémoire. Il n’est pas dans les six volumes des Œuvres de Louis XIV, publiées en 1806. A.-A. Barbier l’ayant trouvé manuscrit dans la bibliothèque du château de Fleury, l’a fait imprimer dans la Revue encyclopédique du mois de novembre 1825. Des exemplaires ont été tirés à part. B.

[165] Un jour Guillaume III, qui détestait Louis XIV, et qui n’aimait guère la littérature, apostropha ainsi un comédien qui récitait devant lui, en plein théâtre, des vers à sa louange: «Qu’on me chasse ce coquin-là! me prend-il pour le roi de France?» Cl.

[166] Dans les Anecdotes imprimées en 1748: voyez tome XXXIX, page 11. B.

[167] Dans les premières éditions cet alinéa commençait ainsi: «On a accusé Louis XIV d’un orgueil insupportable; parceque les bases de ses statues à la place des Victoires et à celle de Vendôme sont entourées d’esclaves enchaînés; mais ce n’est point lui qui fit ériger ces statues. Celle de la place des Victoires, etc.» J’ai sous les yeux trois éditions qui contiennent ce passage, que l’auteur fit disparaître dans l’édition de Leipsic, 1752, deux volumes en quatre parties, et qui est intitulée: seconde édition, quoique ce fût au moins la quatrième, d’après ce que j’ai dit. Voyez, dans la Correspondance, les lettres à La Condamine des 29 avril et 12 octobre 1752. B.

[168] Les esclaves enchaînés furent enlevés quelques jours avant le 14 juillet 1790, et transportés à l’hôtel des Invalides, dont ils décorent la façade. B.

[169] Ces deux statues ont été détruites en 1792. A la place Vendôme on a, depuis, élevé la colonne en bronze ex œre capto, qu’on voit aujourd’hui. La statue de la place des Victoires était pédestre. La statue à cheval actuelle est de Bosio, et date de 1821. B.

[170] Frédéric-Guillaume, dit le Grand, électeur de Brandebourg, en 1640, né en 1620, mort le 29 avril 1688, père du premier roi de Prusse; on parle de lui tome XXIII, pages 28 et 615. B.

[171] Voyez page 156. B.

[172] La Beaumelle croit que ce passage, qui existe dès 1751, regarde le roi de Prusse. B.

[173] L’auteur l’a vue avec M. de Caumartin, l’intendant des finances, qui avait le droit d’entrer dans l’intérieur du couvent.—C’est le Caumartin dont Voltaire a parlé tome XIX, page 79 et ci-dessus page 139. B.

[174] Ces arrérages de tailles n’étaient dus que par des gens qu’il était impossible de faire payer. Si le retranchement de 500,000 écus de droits ne fut pas remplacé sur-le-champ par un autre impôt, ce qui est très douteux, il ne tarda point à l’être. K.

[175] La véritable beauté des grands chemins consiste, non dans leur largeur, qui nuit à l’agriculture, mais dans leur solidité, et surtout dans l’art de les diriger à travers les montagnes, en conciliant la commodité avec l’économie. Cet art s’est perfectionné de nos jours, surtout dans les pays où la corvée a été abolie. K.

[176] Voyez, tome XXI, le chapitre XXIX du Précis du Siècle de Louis XV; et dans les Mélanges, année 1773, l’article Iᵉʳ des Fragments historiques sur l’Inde. B.

[177] Il a été prouvé depuis que la compagnie des Indes n’avait jamais fait qu’un commerce désavantageux, qu’elle n’avait pu soutenir qu’aux dépens du trésor public. Toute compagnie, même lorsqu’elle est florissante, dépense plus en frais de commerce que les particuliers, et rend les denrées dont elle a le privilége plus chères que si le commerce était resté libre. K.

[178] Les sommes employées à payer les primes sont levées sur la nation, ce qu’il ne faut point perdre de vue. L’effet d’une prime est d’augmenter pour le commerçant l’intérêt des fonds qu’il met dans le commerce; il peut donc se contenter d’un moindre profit. Ainsi, l’effet de ces primes est d’augmenter le prix des denrées pour le vendeur, ou de les diminuer pour l’acheteur, ou plutôt de produire à-la-fois les deux effets. Lorsqu’elles ont lieu seulement pour le commerce d’un lieu à un autre, leur effet est donc d’augmenter le prix au lieu de l’achat, et de le diminuer au lieu de la vente. Ainsi, proposer une prime d’exportation, c’est forcer tous les citoyens à payer pour que les consommateurs d’une denrée l’achètent plus cher, et que ceux qui la récoltent la vendent aussi plus cher.

Proposer une prime d’importation, c’est forcer tous les citoyens à payer pour que ceux qui ont besoin de certaines denrées puissent les acheter à meilleur marché.

L’établissement de ces primes ne peut donc être ni juste ni utile que pour des temps très courts et dans des circonstances particulières. Si elles sont perpétuelles et générales, elles ne servent qu’à rompre l’équilibre qui, dans l’état de liberté, s’établit naturellement entre les productions et les besoins de chaque espèce. K.

[179] L’abbé Castel de Saint-Pierre s’exprime ainsi, page 105 de son manuscrit intitulé: Annales politiques: «Colbert, grand travailleur, en négligeant les compagnies de commerce maritime pour avoir plus de soin des sciences curieuses et des beaux-arts, prit l’ombre pour le corps.» Mais Colbert fut si loin de négliger le commerce maritime, que ce fut lui seul qui l’établit: jamais ministre ne prit moins l’ombre pour le corps. C’est contredire une vérité reconnue de toute la France et de l’Europe.

Cette note a été écrite au mois d’août 1756.—Toute cette note est en effet dans l’édition de 1756. Les Annales de l’abbé de Saint-Pierre n’ont été imprimées qu’en 1758. B.

[180] Nous ne pouvons dissimuler ici que ces plaintes étaient justes. Le retranchement des rentes était une banqueroute; et toute banqueroute est un véritable crime, lorsqu’une nécessité absolue n’y contraint point. La morale des états n’est pas différente de celle des particuliers; et jamais un homme qui fraude ses créanciers ne sera digne d’estime, quelque bienfesant qu’il paraisse dans le reste de sa conduite. K.

[181] Un autre négociant, consulté par lui sur ce qu’il devait faire pour encourager le commerce, lui répondit, «Laisser faire, et laisser passer;» et il avait raison. Colbert fit précisément le contraire; il multiplia les droits de toute espèce, prodigua les réglements en tout genre. Quelques artistes instruits lui ayant donné des mémoires sur la méthode de fabriquer différentes espèces de tissus, sur l’art de la teinture, etc., il s’imagina d’ériger en lois ce qui n’était que la description des procédés usités dans les meilleures manufactures: comme s’il n’était pas de la nature des arts de perfectionner sans cesse leurs procédés; comme si le génie d’invention pouvait attendre pour agir la permission du législateur; comme si les produits des manufactures ne devaient pas changer, suivant les différentes modes de se vêtir, de se meubler. On condamnait à des peines infamantes les ouvriers qui s’écarteraient des règlements établis pour fixer la largeur d’une étoffe, le nombre des fils de la chaîne, la nature de la soie, du fil qu’on devait employer: et on a long-temps appelé ces réglements ridicules et tyranniques une protection accordée aux arts. On doit pardonner à Colbert d’avoir ignoré des principes inconnus de son temps, et même long-temps après lui; mais ces condamnations rigoureuses, cette tyrannie qui érige en crimes des actions légitimes en elles-mêmes, ne peuvent être excusées. K.

[182] Voyez, sur Colbert, une note des éditeurs de Kehl, au chant VII de la Henriade, tome X. B.

[183] Le premier lieutenant-général de police fut Gabriel Nicolas de La Reinie, de 1667 à 1697; le second, de 1697 à 1718, fut le marquis d’Argenson, dont j’ai parlé dans une note, tome XXII, page 291. B.

[184] Cette assertion a besoin d’être expliquée. M. de Voltaire n’ignorait pas que dans les républiques aristocratiques, comme Venise, comme la Pologne, le droit d’exercer les magistratures supérieures est un de ceux de la noblesse; qu’en Angleterre les pairs sont de vrais magistrats, et y forment seuls la noblesse. Il ne veut parler que des monarchies qui se sont élevées sur les débris du gouvernement féodal; et son observation est vraie pour tous ces pays. K.

[185] L’abbé de Saint-Pierre, dans ses Annales politiques, page 104 de son manuscrit, dit que «ces choses prouvent le nombre des fainéants; leur goût pour la fainéantise, qui suffit à entretenir et à nourrir d’autres espèces de fainéants......; que c’est présentement ce qu’est la nation italienne, où ces arts sont portés à une haute perfection; ils sont gueux, fainéants, paresseux, vains, occupés de niaiseries, etc.»

Ces réflexions grossières et écrites grossièrement n’en sont pas plus justes. Lorsque les Italiens réussirent le plus dans ces arts, c’était sous les Médicis, pendant que Venise était la plus guerrière et la plus opulente des républiques. C’était le temps où l’Italie produisit de grands hommes de guerre, et des artistes illustres en tout genre; et c’est de même dans les années florissantes de Louis XIV que les arts ont été le plus perfectionnés. L’abbé de Saint-Pierre s’est trompé dans beaucoup de choses, et a fait regretter que la raison n’ait pas secondé en lui les bonnes intentions.—Cette différence d’opinion entre les deux hommes des temps modernes qui ont consacré leur vie entière à plaider la cause de l’humanité avec le plus de constance et le zèle le plus pur, mérite de nous arrêter.

La magnificence dans les monuments publics est une suite de l’industrie et de la richesse d’une nation. Si la nation n’a point de dettes, si tous les impôts onéreux sont supprimés, si le revenu public n’est en quelque sorte que le superflu de la richesse publique, alors cette magnificence n’a rien qui blesse la justice. Elle peut même devenir avantageuse, parcequ’elle peut servir soit à former des ouvriers utiles à la société, soit à occuper ceux qui ne peuvent vivre que d’une espèce de travail, dans les temps où, par des circonstances particulières, ce travail vient à leur manquer. Les beaux-arts adoucissent les mœurs, servent à donner des charmes à la raison, à inspirer le goût de l’instruction. Ils peuvent devenir, entre les mains d’un gouvernement éclairé, un des meilleurs moyens d’adoucir ou d’élever les ames, de rendre les mœurs moins féroces ou moins grossières, de répandre des principes utiles.

Mais surcharger le peuple d’impôts pour étonner les étrangers par une vaine magnificence, obérer le trésor public pour embellir des jardins, bâtir des théâtres lorsqu’on manque de fontaines, élever des palais lorsqu’on n’a point de fonds pour creuser des canaux nécessaires à l’abondance publique, ce n’est point protéger les arts, c’est sacrifier un peuple entier à la vanité d’un seul homme.

Offrir un asile à ceux qui ont versé leur sang pour la pairie, élever aux dépens du public les enfants de ceux qui ont servi leur pays, c’est remplir un devoir de reconnaissance, c’est acquitter une dette sacrée pour la nation même: qui pourrait blâmer de tels établissements? Mais si l’on y déploie une magnificence inutile, si l’on emploie à secourir cent familles ce qui en eut soulagé deux cents, si ce qu’on sacrifie pour la vanité excède ce qu’on a dépensé en bienfesance, alors ces mêmes établissements méritent une juste critique. C’est surtout en ce point que l’amour de la justice l’emporte sur l’amour de la gloire. L’un et l’autre inspirent également le bien: mais l’amour de la justice apprend seul à le bien faire. Ainsi M. de Voltaire et l’abbé de Saint-Pierre avaient tous deux raison; et on ne peut leur reprocher que d’avoir exagéré leurs opinions. K.

[186] Charles Perrault, page 111 de ses Mémoires, que j’ai déjà cités page 156, dit que ce ne fut qu’après le départ de Bernin que les dessins de la façade, par Claude Perrault, furent présentés à Louis XIV. B.

[187] C’est ainsi que Voltaire s’exprimait en 1751. En 1756 il appelait Versailles un abîme de dépenses (tome XVIII, page 217). On a vu qu’il portait à plus de cinq cents millions, monnaie du temps, la dépense faite par Louis XIV à Versailles. Mirabeau, dans la neuvième de ses Lettres à mes commettants, avait dit, en 1789: «Le maréchal de Belle-Isle s’arrêta d’effroi quand il eut compté jusqu’à douze cents millions de dépenses faites à Versailles, et il n’osa sonder jusqu’au fond cet abîme.» Volney, dans ses Leçons d’histoire, faites en 1795 à l’école normale, porte les dépenses de Louis XIV pour Versailles à quatorze cents millions, à seize francs le marc, dit-il; ce qui fait plus de quatre milliards cinq cents millions, à cinquante-deux francs le marc. En rejetant les calculs de Mirabeau et de Volney, on peut s’en tenir à celui de Voltaire: voyez ma note, tome XXXIX, page 10. B.

[188] L’abbé de Saint-Pierre critique cet établissement, que presque toutes les nations ont imité.

[189] L’École militaire: voyez, tome XLVIII, l’Éloge funèbre de Louis XV; et, dans la Correspondance, la lettre à Paris Duverney, du 26 juillet 1756. B.

[190] Tous ces codes sont des monuments de l’ignorance où la France et toute l’Europe, à l’exception de l’Angleterre, étaient plongées sur les objets qui intéressent le plus les hommes. Pussort, loué par Despréaux, n’avait d’autre mérite que d’être parent de Colbert, et d’avoir montré autant de barbarie que de bassesse dans l’affaire de Fouquet. Le code criminel est une preuve du mépris que des hommes qui se croient au-dessus des lois osent quelquefois montrer pour le peuple; le code noir n’a servi qu’à montrer que les gens de loi consultés par Louis XIV n’avaient aucune idée des droits de l’humanité. K.

[191] La douceur des mœurs, l’habitude de vivre dans la société, ont plus contribué que les lois à diminuer la fureur des duels. Louis XIV n’a réellement détruit que l’usage d’appeler des seconds. Ses lois n’ont pas empêché que, de Stockholm à Cadix, tout gentilhomme qui refuse un appel, ou qui souffre une injure, ne soit déshonoré. Louis XIV lui-même n’eût ni osé ni voulu forcer un régiment à conserver un officier qui eût obéi à ses édits. Établir la peine de mort contre un homme qui a prouvé qu’il préférait la mort à l’infamie, est une loi également absurde et barbare, digne, en un mot, de la superstition qui l’avait inspirée. K.

[192] L’abbé de Saint-Pierre, dans ses Annales, ne parle que de cette institution de brigadiers, et oublie tout ce que Louis XIV fit pour la discipline militaire.

[193] Pour qu’un pays produise des chevaux, il faut que les propriétaires de terres, ou les cultivateurs qui les représentent, trouvent du profit à en élever; il faut, de plus, que les impôts permettent aux cultivateurs de faire les avances qu’exige ce commerce. Il est aisé de voir que des haras régis pour le compte du roi ne peuvent produire que des chevaux à un prix exorbitant; et que les réglements pour les étalons distribués dans les provinces n’étaient, comme tant d’autres, qu’un impôt déguisé sous la forme d’un établissement de police. K.

[194] Ces milices étaient tirées au sort; ainsi on forçait des hommes à s’exposer malgré eux aux dangers de la guerre, sans leur permettre de racheter leur service personnel par de l’argent; sans que les motifs de devoir qui pouvaient les attacher à leur pays fussent écoutés, sans qu’aucune paie les dédommageât de la perte réelle à laquelle on les condamnait; car un homme qui peut d’un moment à l’autre être enlevé à ses travaux par un ordre, trouve plus difficilement de l’emploi qu’un homme libre.

Les tirages forcés jetaient la désolation dans les villages, fesaient abandonner tous les travaux, excitaient entre ceux qui cherchaient à se dérober au sort, et ceux qui voulaient les contraindre à le subir, des haines durables, et souvent des querelles sanglantes. Ce fardeau tombait principalement sur les habitants des campagnes, qui les quittaient pour aller chercher dans les villes des emplois qui les missent à l’abri de ce fléau. M. de Voltaire n’avait jamais été le témoin d’un tirage de milice. Si ce spectacle, également horrible et déchirant, eût une fois frappé ses regards, il n’eût pu se résoudre à citer avec éloge cet établissement de Louis XIV. K.

[195] Blaise-François de Pagan, né en 1604, mort en 1665, auteur d’un Traité des fortifications, 1645, in-folio, passait, de son temps, pour le premier ingénieur. B.

[196] 10 mai 1693. B.

[197] Voyez ma note, tome XXVI, page 176. B.

[198] La première phrase de cet alinéa est de 1753; la seconde phrase était dans l’édition de 1752; la troisième phrase est dans l’édition de 1751. B.

[199] Voyez, ci-après, le chapitre XXXVI, Du Calvinisme.

[200] C’est ici la véritable cause de la prospérité de la nation française sous Louis XIV. Les circonstances où il se trouva contribuèrent sans doute à cette tranquillité de l’état; mais le caractère du roi, et la persuasion qu’il sut établir que tout ce qui était ordonné en son nom était sa volonté propre, y servirent beaucoup. Malgré la barbarie d’une partie des lois, malgré les vices des principes d’administration, l’augmentation des impôts, leur forme onéreuse, la dureté des lois fiscales; malgré les mauvaises maximes qui dirigèrent le gouvernement dans la législation du commerce et des manufactures; enfin, malgré les persécutions contre les protestants, on peut observer que les peuples de l’intérieur du royaume, et même, jusqu’à la guerre de la succession, ceux des provinces frontières, ont vécu en paix, à l’abri des lois; le cultivateur, l’artisan, le manufacturier, le marchand, étaient sûrs de recueillir le fruit de leur travail, sans craindre ni les brigands ni les petits oppresseurs. On put donc perfectionner la culture et les arts, se livrer à de grandes entreprises dans les manufactures et dans le commerce, y consacrer des capitaux considérables, faire des avances, même pour des temps éloignés. Cette paix dans l’intérieur d’un état est d’une plus grande importance que la plupart des politiques ne l’ont cru. De ce qu’un état tranquille a prospéré, il ne faut point en conclure qu’il ait eu ni de bonnes lois, ni une bonne constitution, ni un bon gouvernement. K.

[201] Voyez ma note, tome XXXIV, page 40. B.

[202] Bois-Guillebert n’était pas un écrivain méprisable. On trouve dans ses ouvrages des idées sur l’administration et sur le commerce, fort supérieures à celles de son siècle. Il avait deviné une partie des vrais principes de l’économie politique. Mais ces vérités étaient mêlées avec beaucoup d’erreurs. Son style, qui a quelquefois de la force et de la chaleur, est souvent obscur et incorrect. On peut le comparer aux chimistes du même temps. Plusieurs eurent du génie, firent des découvertes; mais la science n’existait pas encore, et ils laissèrent à d’autres l’honneur de la créer. K.

[203] Voyez, dans la Henriade, une note des éditeurs sur Colbert. K.—Cette note est au chant VII. B.

[204] Ce fut vers ce temps que Colbert fit achever le cadastre dans quelques provinces. On ignorait tellement la méthode de faire ces opérations avec exactitude, que l’impôt d’un très grand nombre de terres en surpassait le produit. Les propriétaires étaient forcés de les abandonner au fisc. Colbert fit rendre un édit qui défendit aux propriétaires d’abandonner une terre, à moins qu’ils ne renonçassent en même temps à toutes leurs autres possessions. Des villages entiers laissèrent leurs terres en friche, et l’on fut obligé de leur accorder des gratifications extraordinaires pour les engager à reprendre la culture. M. de Voltaire ignorait sûrement ces détails, puisqu’il parle ici de la science et du génie de Colbert. K.

[205] Voyez tome XXII, page 268; et tome XIX, pages 304 et 314. B.

[206] Voyez tome XIX, page 292. B.

[207] Si Colbert eût été assez éclairé sur ces objets, s’il eût proposé à Louis XIV de détruire ces abus, l’amour de ce prince pour la gloire ne lui eût point permis d’hésiter. Mais Colbert ne connaissait point assez ni ces abus, ni les moyens d’y remédier, ni surtout ceux d’y remédier sans causer au trésor royal une perte momentanée: les guerres continuelles et la magnificence de la cour rendaient ce sacrifice bien difficile. Cette cause est la seule qui, sous un gouvernement ferme, empêche de faire dans l’administration des finances des changements utiles. Sous un gouvernement faible il en existe une autre, la crainte des hommes puissants à qui la destruction des abus peut nuire, et qui se réunissent pour les protéger. K.

[208] On lit contrôleur-général dans les éditions de 1768, in-8º; 1769, in-4º; 1775, in-8º. Les éditions de Kehl portent: ministère. Le contrôleur-général, en 1764, était Laverdy, qui se retira en 1768, et a péri sur l’échafaud pendant la révolution. L’édit pour la liberté du commerce des grains avait été enregistré au parlement le 19 juillet 1764. B.

[209] Tout ministère fiscal et oppresseur se conforme nécessairement à l’opinion de la populace pour toutes les lois qui ne se rapportent point directement à l’intérêt du fisc. Il est également de l’intérêt des corps intermédiaires de flatter l’opinion populaire. Ces motifs, joints à l’ignorance, ont déterminé les mauvaises lois sur le commerce des blés, et les mauvaises lois ont contribué à fortifier les préjugés. On croyait arrêter ce qu’on appelle monopole, et on empêchait les emmagasinements, qui sont le seul moyen de prévenir l’effet des mauvaises récoltes générales, et le commerce dont l’activité peut seule remédier aux disettes locales. On croyait faire du bien au peuple, en fesant baisser les prix pour quelques instants et dans quelques villes; cependant on décourageait la culture, et, par conséquent, on rendait la denrée plus rare, et dès-lors constamment plus chère. De ce qu’en examinant les prix des marchés et l’abondance qui y règne, on peut, dans un commerce libre, juger de l’abondance réelle de la denrée, on croyait pouvoir en juger dans un commerce gêné par des réglements: de là l’usage de ces permissions particulières, le plus souvent achetées par des gens avides, et dont l’effet est toujours contraire au but qu’ont, ou disent avoir ceux qui les accordent.

Observons enfin que c’est surtout dans les temps de disette que les lois prohibitives sont dangereuses; elles augmentent le mal, et ôtent les ressources. K.

[210] En 1683. Voyez tome XIX, page 44. B.

[211] La véritable richesse d’un état consiste dans la quantité des productions du sol qui reste au-delà de ce qui doit être employé à payer les frais de leur culture. L’industrie contribue à augmenter la richesse. Dans un peuple sans industrie, chacun ne cultiverait que pour avoir le nécessaire physique, et la culture serait languissante. Mais, quelle que soit l’industrie, si les dépenses du prince l’obligent à mettre des impôts qui réduisent le cultivateur au nécessaire, l’industrie de la nation cesse de contribuer à augmenter la richesse, et ne tarde pas à diminuer avec elle. Par la même raison, si le luxe empêche d’employer à soutenir ou à augmenter la culture une partie des sommes qui y seraient consacrées, il peut nuire à la richesse, quoiqu’il paraisse favoriser l’industrie. K.

[212] Au tome IV, page 136, des Mémoires de Maintenon, on trouve que la capitation «rendit au-delà des espérances des fermiers.» Jamais il n’y a eu de ferme de la capitation. Il est dit que «les laquais de Paris allèrent à l’Hôtel de ville prier qu’on les imposât à la capitation.» Ce conte ridicule se détruit de lui-même; les maîtres payèrent toujours pour leurs domestiques.

[213] Il est dit dans l’histoire écrite par La Hode, et rédigée sous le nom de La Martinière, qu’il en coûtait soixante et douze pour cent pour le change dans les guerres d’Italie. C’est une absurdité. Le fait est que M. de Chamillart, pour payer les armées, se servait du crédit du chevalier Bernard. Ce ministre croyait, par un ancien préjugé, qu’il ne fallait pas que l’argent sortit du royaume, comme si l’on donnait cet argent pour rien, et comme s’il était possible qu’une nation débitrice à une autre et qui ne s’acquitte pas en effets commerçables, ne payât point en argent comptant: ce ministre donnait au banquier huit pour cent de profit, à condition qu’on payât l’étranger sans faite sortir de l’argent de France. Il payait, outre cela, le change, qui allait à cinq ou six pour cent de perte; et le banquier était obligé, malgré sa promesse, de solder son compte en argent avec l’étranger, ce qui produisait une perte considérable. K.

[214] Voyez tome XXXI, page 493; et, tome XLIII, le paragraphe v du Fragment des instructions pour le prince royal de ***. B.

[215] Ceci paraît demander quelques restrictions. 1º Il est clair que si l’intérêt de la dette surpasse la totalité des revenus, il est impossible de le payer. 2º Si la dette annuelle a une proportion très forte avec le revenu, l’intérêt qu’ont les propriétaires à veiller sur leurs biens diminue; s’ils sont cultivateurs, les sommes qu’ils peuvent employer à augmenter les produits de la terre sont moins fortes; s’ils afferment, ils sont obligés, pour se soulager d’une partie de la dette, de retrancher sur le profit qu’ils laissent au fermier, et la culture languit: la richesse diminue donc, et l’état s’obère de plus en plus. K.

[216] L’abbé de Saint-Pierre, dans son Journal politique, à l’article du Système, dit qu’en Angleterre et en Hollande il n’y a de papiers qu’autant qu’il y a d’espèces: mais il est avéré que le papier l’emporte beaucoup, et ne subsiste que par la confiance.—Le crédit de ces billets ne peut être fondé que sur la confiance qu’ils peuvent à volonté être échangés pour de l’argent; et cette confiance est fondée sur celle que la banque dont ils partent est en état de payer à chaque instant ceux qui seraient présentés. La confiance est donc précaire lorsque la masse de ces billets surpasse la somme que cette banque peut rassembler en peu de temps. Les billets sont aux emprunts pour les états ce que les billets à vue sont aux contrats ou aux billets ordinaires des particuliers. Vous pouvez prêter à un homme une somme à peu près équivalente à sa fortune; vous ne prendrez, au lieu d’argent comptant, un billet sur lui que jusqu’à la concurrence de la somme que vous croyez qu’il pourra rassembler au moment de votre demande. Ces billets sont utiles, 1º parcequ’ils procurent à un état une somme égale à leur valeur, dont il ne paie point l’intérêt, et qu’il est sûr de ne jamais rembourser tant que la confiance durera. 2º Ils servent nécessairement, en diminuant la nécessité des transports d’argent, à diminuer les frais de banque pour l’état comme pour les particuliers, et à faire baisser le taux de ces frais. Mais ils ont un grand désavantage, celui de mettre la foi publique, les fonds de l’état, la fortune des particuliers, à la merci de l’opinion d’un moment. Ainsi, dans un gouvernement éclairé et sage, on n’en aurait jamais que ce qui est nécessaire pour la facilité du commerce et des affaires particulières. K.

[217] En France, les mauvaises lois sur les successions et les testaments, les priviléges multipliés dans le commerce, les manufactures, l’industrie, la forme des impôts qui occasione de grandes fortunes en finance, celles dont la cour est la source, et qui s’étendent bien au-delà de ce qu’on appelle les grands et les courtisans; toutes ces causes, en entassant les biens sur les mêmes têtes, condamnent à la pauvreté une grande partie du peuple; et cela est indépendant du montant réel des impôts.

L’inégalité des fortunes est la cause de ce mal; et comme le luxe en est aussi un effet nécessaire, on a pris pour cause ce qui n’était qu’un effet d’une cause commune. K.

[218] Ceci n’est pas rigoureusement vrai; les appointements des places qui donnent du crédit, ou qui sont nécessaires à l’administration, ont augmenté. Quant à la paie des soldats, quoiqu’elle paraisse la même, à l’exception d’une augmentation d’un sou, établie en France dans ces dernières années, il y a eu des augmentations réelles par des fournitures faites, en nature ou gratuitement, ou à un prix au-dessous de leur valeur. La vie du soldat est non seulement plus assurée, mais plus douce que celle du cultivateur, et même que celle de beaucoup d’artisans. L’usage de les faire coucher deux dans un lit étroit, et de ne leur payer l’année que sur le pied de trois cent soixante jours, sont peut-être les seules choses dont ils aient réellement à se plaindre. Mais les paysans, les artisans, n’ont pas toujours chacun un lit, et ils ne gagnent rien les jours de fête. K.

[219] Nicolas Copernic, né à Thorn, en Prusse, le 19 février 1473, mort le 24 mai 1543. Cl.

[220] Huygens et Roëmer quittèrent la France lors de la révocation de l’édit de Nantes. On proposa, dit-on, à Huygens de rester; mais il refusa, dédaignant de profiter d’une tolérance qui n’aurait été que pour lui. La liberté de penser est un droit, et il n’en voulait pas à titre de grace. K.

[221] Dans la première épître de saint Paul aux Corinthiens, il est dit, chapitre xv, verset 36: Quod seminas non vivificatur, nisi prius moriatur. Voltaire revient souvent sur ce verset. B.

[222] L’abbé Sallier ne le sait pas lui-même; mais il sait bien que le nombre est de plus de deux cent cinquante mille. L.—La Beaumelle, en voulant corriger Voltaire, s’éloigne de la vérité. On disait, il est vrai, que la bibliothèque du roi contenait trois cent mille volumes; mais le récolement fait en 1792 ne porte qu’à cent cinquante mille le nombre des livres imprimés qu’elle renferme. Aujourd’hui (1830) le nombre des volumes peut être de cinq cent mille, sans compter les opuscules, qu’on peut porter au même nombre. B.

[223] Il n’y a pas dans l’Europe une seule grande nation qui ait un code de droit civil formant un système régulier, et dont toutes les décisions soient des conséquences de principes liés entre eux. Partout le droit civil est un mélange des lois romaines, des codes des nations barbares, de coutumes locales, et de lois nouvelles, où ces quatre sources de décisions dominent plus ou moins. Aucune grande nation n’a même un code criminel. Les usages et la collection de lois faites successivement, et dans un esprit souvent opposé, forment la jurisprudence criminelle de toute l’Europe. Peut-être le moment approche-t-il où les peuples auront enfin de véritables lois: du moins les hommes éclairés, et en état de concevoir et d’exécuter ce grand ouvrage, ne manqueraient point aux souverains qui voudraient l’entreprendre. K.—L’uniformité des lois en France est un des bienfaits de la révolution. Le code civil actuel est de 1807; il est bien au-dessus de l’ordonnance de 1667; le code criminel, de 1808, et le code pénal, de 1810, sont l’objet de nombreuses observations, et seront certainement bientôt adoucis, mais ne sont point aussi inhumains que l’ordonnance de 1670. B.

[224] En 1609, six cents sorciers furent condamnés, dans le ressort du parlement de Bordeaux, et la plupart brûlés. Nicolas Remi, dans sa Démonolâtrie, rapporte neuf cents arrêts rendus en quinze ans contre des sorciers dans la seule Lorraine. Le fameux curé Louis Gauffridi, brûlé à Aix, en 1611, avait avoué qu’il était sorcier, et les juges l’avaient cru.

C’est une chose honteuse que le P. Lebrun, dans son Traité des pratiques superstitieuses, admette encore de vrais sortiléges: il va même jusqu’à dire, page 524, que «le parlement de Paris reconnaît des sortiléges;» il se trompe: «le parlement reconnaît des profanations, des maléfices, mais non des effets surnaturels opérés par le diable.» Le livre de dom Calmet sur les vampires et sur les apparitions a passé pour un délire; mais il fait voir combien l’esprit humain est porté à la superstition.—Sur L. Gauffredi, voyez, tome L, le chapitre IX du Prix de la justice et de l’humanité. Le livre de dom Calmet, dont il est question dans la note de Voltaire, est intitulé: Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires, ou les revenants de Hongrie, de Moravie, etc., nouvelle édition, 1751, deux volumes in-12; la première édition est de 1746. B.

[225] Platon, Républ., livre V. B.

[226] Voltaire dit ailleurs, dans une note (voyez tome XXIX, page 216), que Fléchier a tiré mot à mot la moitié de son oraison funèbre de Turenne de celle que l’évêque de Grenoble, Lingendes, avait faite d’un duc de Savoie. Ce n’est pas même l’exorde tout entier que Fléchier a pris à Lingendes, mais trois passages formant ensemble tout au plus deux pages. C’est ce qu’a très bien établi le cardinal Maury, dans une note de son Essai sur l’éloquence de la chaire. Le cardinal Maury observe que Voltaire confond Claude de Lingendes, jésuite, et qui fut en effet le premier réformateur de l’éloquence de la chaire, avec Jean de Lingendes, qui n’était qu’abbé lorsqu’en 1637 il prononça l’oraison funèbre de Victor-Amédée (et non Charles-Emmanuel). Cette oraison funèbre fut imprimée dans le temps. Jean de Lingendes, évêque de Sarlat, en 1642, de Mâcon, en 1650, n’a jamais été évêque de Grenoble. B.

[227] Les premières phrases de cet alinéa sont de 1756; la dernière est de 1768. L’abolition des jésuites est de 1764: voyez tome XXII, page 354 et suiv. B.

[228] Voyez le Catalogue des écrivains, à l’article Bossuet, vol. XIX.

[229] Bossuet prêcha l’avent de 1661. Son père vécut et mourut conseiller au parlement de Metz. Ce fut un frère de l’évêque de Meaux qui, plus tard, fut intendant de Soissons. B.

[230] L’oraison funèbre d’Anne d’Autriche avait été prononcée le 20 janvier 1667; ce ne fut que près de trois ans après, le 13 septembre 1669, que Bossuet fut nommé à l’évêché de Condom. B.

[231] Le Télémaque n’a été imprimé qu’en 1699. Il y avait deux ans que Fénélon était en exil. Mais l’ouvrage avait été composé vers 1694. B.

[232] M. E.-A. Lequien, qui l’a consulté pour l’édition qu’il a donnée du Télémaque en 1819, a compté plus de quatre cents ratures dans ce manuscrit; «si, dit-il, on appelle rature un ou plusieurs mots effacés avec la plume soit pour les supprimer, soit pour les remplacer par d’autres.» B.

[233] Dans l’édition de 1751 Voltaire disait: «Le Télémaque n’a point fait d’imitateurs; les Caractères de La Bruyère en ont produit.» C’est en 1756 que Voltaire se corrigea. B.

[234] Il y avait deux tragédies espagnoles sur ce sujet: le Cid de Guillem de Castro, et el Honrador de su padre de Jean-Baptiste Diamante. Corneille imita autant de scènes de Diamante que de Castro.

[235] C’est ce qui a fait dire à Voltaire, dans son Russe à Paris (voyez tome XIV):

Le grand Condé pleurant aux vers du grand Corneille. B.

[236] Il avait vingt ans et demi lorsqu’il composa cette ode intitulée: la Nymphe de la Seine. Cl.

[237] Voltaire parle peut-être d’après la tradition de son temps; mais M. de Saint-Surin, dans sa notice sur madame de Sévigné, affirme que cette phrase ne se trouve dans aucune des Lettres de madame de Sévigné. B.

[238] C’est la sixième satire de Boileau. B.

[239] Voyez le Catalogue des écrivains, à l’article La Motte vol. XIX, p. 133.

[240] Boileau, épître IX, vers 43. B.

[241] La première édition des Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture est de 1719. B.

[242] Celle de M. Hume n’avait pas encore paru. K.—Il est à remarquer que Voltaire n’ait pas corrigé cette phrase, qui est en contradiction avec ce qu’on lit à l’article Rapin de Thoiras, dans la Liste des écrivains, tome XIX., page 184. B.

[243] Voyez tome XXXIX, page 101. B.

[244] Frédéric, roi de Prusse. B.

[245] Déplacé pendant la révolution, il y a été replacé depuis. B.

[246] Ces poinçons et carrés sont aujourd’hui à la Monnaie. B.

[247] Chez les Hollandais, la diphthongue oe se prononce comme ou.—Par une note sur l’article XII des Fragments sur l’Inde (voyez tome XLVII), Voltaire dit que les Hollandais écrivent Boerhave, mais que nous devons écrire Bourhave. B.

[248] Voyez, dans la Correspondance, la lettre au président Hénault, du 28 janvier 1752. B.

[249] Ce chapitre était, en 1756, le CCXIVᵉ de l’Essai sur l’histoire générale. C’est en 1763 qu’il fut mis à la place qu’il a aujourd’hui. B.

[250] Voyez tome XIX, page 240. B.

[251] Voyez, tome X, le chapitre IX de l’Essai sur la poésie épique. Le morceau sur Milton, qu’on lit tome XXIX, pages 167-186, est de 1771. B.

[252] Le parallèle de Swift et de Rabelais est plus étendu dans la vingt-deuxième des Lettres philosophiques (tome XXXVII, pages 255-56). C’est à Swift qu’est consacrée la cinquième des Lettres à son altesse monseigneur le prince de *** (tome XLIII). Voyez aussi, tome XII, le Temple du goût. B.

[253] Voyez son texte, tome XXXVIII, page 215. B.

[254] Tome XVI, page 442. B.

[255] En France, le clergé est exempt, comme la noblesse, des tailles et de quelques uns des droits d’aides. La noblesse était censée remplacer les impôts par son service personnel, et le clergé par ses prières. Pendant quelque temps on demanda au pape la permission d’imposer des décimes sur le clergé, toujours sous le prétexte de combattre les infidèles ou les hérétiques. Enfin l’usage de s’adresser au clergé assemblé, et de se passer du consentement de Rome, a prévalu: mais pour ménager Rome, qui excommuniait, il n’y a pas encore long-temps, chaque jeudi-saint, les souverains qui obligeaient le clergé à contribuer aux charges publiques, on donna aux décimes le nom de don gratuit. Lorsqu’à la fin du règne de Louis XIV on ajouta la capitation et le dixième aux impôts, déjà trop onéreux, ou n’osa établir ces nouvelles taxes d’une manière trop rigoureuse; et le clergé obtint facilement d’être exempt de ces impôts, en payant des dons gratuits plus considérables. Il est donc évident qu’il ne doit point ce dernier privilége aux anciens usages de la nation, puisque jusqu’à ce moment il n’avait joui que des priviléges de la noblesse, et que la noblesse a payé ces nouveaux impôts. Cette exemption est donc une pure grace accordée par Louis XIV; grace qui est une injustice à l’égard des citoyens, grace que ni le temps ni aucune assemblée nationale n’ont consacrée. Nos souverains, mieux instruits de leurs droits et de ceux de leurs peuples, sentiront sans doute un jour que leur intérêt et la justice exigent également de soumettre aux taxes les biens du clergé, dans la proportion qu’ont ces biens avec ceux du reste de la nation; et qu’en général tout privilége en matière d’impôt est une véritable injustice, depuis que, la constitution militaire ayant changé, il n’existe plus de service personnel gratuit, et que les esprits s’étant éclairés, on sait que ce ne sont point les processions des moines, mais les évolutions des soldats qui décident du succès des batailles. K.

[256] En 1790, l’évêché de Strasbourg avait quatre cent mille livres de rente; l’archevêché de Cambray, deux cent mille. B.

[257] Un état ne s’appauvrit pas en payant chaque année un faible tribut, comme un homme ne se ruine pas en payant une rente sur les revenus de sa terre. Mais ce tribut payé à Rome est, en finance, une diminution de la richesse annuelle, et, en théologie, une véritable simonie, qui damne infailliblement dans l’autre monde celui qu’elle enrichit sur la terre. K.

[258] Cet article est la meilleure réponse que l’on puisse faire à ceux qui ont accusé M. de Voltaire d’avoir sacrifié la vérité des détails historiques à ses opinions générales. Il est ici très favorable au clergé. Cependant il résulte de cette évaluation, portée seulement à quatre-vingt-dix millions, que l’impôt des vingtièmes mis sur le clergé, comme il l’est sur les particuliers, produirait dix millions, somme fort au-dessus de celle où montent les dons gratuits évalués en annuités. Cette même évaluation, en la supposant aussi exacte que celle qui a servi à l’établissement des vingtièmes, ne porterait la masse des biens du clergé qu’à environ un huitième de la totalité des biens du royaume. Cependant il y a des cantons très étendus, où la dîme seule est pour la plus grande partie des terres environ un cinquième du produit net; et dans ces mêmes cantons le clergé a des possessions immenses. K.

[259] Voyez tome XVIII, page 172; tome XXII, page 218. B.

[260] Voyez le chapitre de Louis XIII, dans l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, chap. CLXXV (tome XVIII, page 169 et suiv.). B.

[261] Son ouvrage est intitulé: Declaratio pro jure regio, sceptrorumque immunitate, adversus orationem cardinalis Perronii, Londres, 1616, in-4º. B.

[262] Voyez ma note, tome XVI, page 35. B.

[263] Cette question n’était difficile que parcequ’on croyait alors devoir décider toutes celles de ce genre d’après l’autorité et l’usage. En ne consultant que la raison, il est évident que la puissance législative a le pouvoir absolu de régler la manière dont il sera pourvu à toutes les places, ainsi que de fixer les appointements de chacune, et la nature de ces appointements. Les évêchés peuvent être électifs, comme les places de maires, ou nommés par le roi comme les intendances, selon que la loi de l’état l’aura réglé; cette loi peut être plus ou moins utile, mais elle sera toujours légitime. La loi peut de même, sans être injuste, substituer des appointements en argent aux terres dont on laisse la jouissance aux ecclésiastiques; supprimer même ces appointements, si elle juge ces places ecclésiastiques inutiles au bien public. Toute loi qui n’attaque aucun des droits naturels des hommes est légitime; et le pouvoir législatif de chaque état, en quelques mains qu’il réside, a droit de la faire. Toute propriété qui ne se perpétue point en vertu d’un ordre naturel, mais seulement par une loi positive, n’est point une propriété, mais un usufruit accordé par la loi, dont, après la mort de l’usufruitier, une autre loi peut changer la disposition. C’est par cette raison que les biens des particuliers appartiennent de droit à leurs héritiers; que les biens des communes leur appartiennent, et que ceux du clergé et de tout autre corps sont à la nation. K.

[264] La Fontaine, dans sa lettre au duc de Vendôme, septembre 1689, attribue ce bon mot au chevalier de Sillery. B.

[265] Voyez l’article Launoy, dans la Liste des écrivains, tome XIX, page 147. B.

[266] Gaston-Jean-Baptiste-Louis de Noailles, mort en 1720. Cl.

[267] «C’est ainsi que parlerait un hérétique: il faut honorée,» dit La Beaumelle. B.

[268] Voyez Essai sur les mœurs et l’esprit des nations.—C’est au chapitre De Calvin et de Servet (voyez tome XVII, page 277), ainsi qu’à celui De Jean Hus et de Jérôme de Prague (voyez tome XVI, page 334), que renvoie Voltaire; et peut-être aussi au chapitre où il parle des puritains anglais: voyez tome XVIII, page 295 et suiv. Sur Arius, voyez tome XXVII, page 12 et suiv. B.

[269] Dans l’édition de 1756, on lit: «A été dans d’autres le dernier effort de l’indépendance.» Le texte actuel est de 1768. B.

[270] Du 30 avril 1598: voyez tome XXII, page 195. B.

[271] Voyez une particularité qui le concerne, tome XXX, page 147. B.

[272] Catherine Larchevêque de Parthenay, née en 1554, morte en 1631, avait épousé en premières noces Charles de Quellenec, baron de Pont, auquel elle intenta ce scandaleux procès dont parle Voltaire (voyez t. XXXII, p. 345, et aussi tome X, une note du chant second de la Henriade), et qui épousa en secondes noces Réné de Rohan. Sur le siége de La Rochelle, voyez tome XVIII, page 206. B.

[273] Au lieu de Réformés, les éditions antérieures à 1768 portent Religionnaires. B.

[274] On lit formes dans toutes les éditions. J’ai trouvé le mot formalités écrit de la main de Voltaire à la marge d’un exemplaire. B.

[275] Henri Daguesseau, intendant du Limousin, puis du Languedoc, père du chancelier. B.

[276] Le 21 octobre: un décret de l’assemblée constituante, du 10 juillet 1790, annule l’édit de 1685, qui révoquait celui de Nantes. B.

[277] Voyez page 371. B.

[278] Cantique de Siméon. Saint Luc, II, 29-30. B.

[279] Si vous lisez l’Oraison funèbre de Le Tellier, par Bossuet, ce chancelier est un juste, et un grand homme. Si vous lisez les Annales de l’abbé de Saint-Pierre, c’est un lâche et dangereux courtisan, un calomniateur adroit, dont le comte de Grammont disait, en le voyant sortir d’un entretien particulier avec le roi: «Je crois voir une fouine qui vient d’égorger des poulets, en se léchant le museau plein de leur sang.»—Cette note est de 1756. B.

[280] Le comte d’Avaux, dans ses lettres, dit qu’on lui rapporta qu’à Londres on frappa soixante mille guinées de l’or que les réfugiés y avaient fait passer: on lui avait fait un rapport trop exagéré.

[281] On a imprimé plusieurs fois qu’il y a encore en France trois millions de réformés. Cette exagération est intolérable. M. de Bâville n’en comptait pas cent mille en Languedoc, et il était exact. Il n’y en a pas quinze mille dans Paris: beaucoup de villes et des provinces entières n’en ont point.—Les protestants qui vivent à Paris sont enterrés par ordre de la police. Le nombre des morts est donc connu par ses registres, et il en résulte qu’ils forment environ la dixième partie de la population, les étrangers compris. Il ne serait pas surprenant que les protestants, relégués par les lois dans les classes qui peuplent le plus, eussent beaucoup plus que doublé depuis la révocation de l’édit de Nantes.

Bâville ne mérite aucune croyance. Il est très vraisemblable que la terreur qu’il avait inspirée avait forcé les huguenots à sortir du Languedoc, ou à dissimuler, et à se cacher. Il était d’ailleurs intéressé à en diminuer le nombre. C’était un moyen de plaire à Louis XIV: et pourquoi, après avoir versé tant de sang pour se frayer la route du ministère, se serait-il fait scrupule d’un mensonge? K.—On porte aujourd’hui (1830) à onze ou douze cent mille le nombre des protestants dans toute la France. B.

[282] Toutes ces violences, qui déshonorent le règne de Louis XIV, furent exercées dans le temps où, dégoûté de madame de Montespan, subjugué par madame de Maintenon, il commençait à se livrer à ses confesseurs. Ces lois, qui violaient également et les premiers droits des hommes et tous les sentiments de l’humanité, étaient demandées par le clergé, et présentées par les jésuites à leur pénitent, comme le moyen de réparer les péchés qu’il avait commis avec ses maîtresses. On lui proposait pour modèles Constantin, Théodose, et quelques autres scélérats du Bas-Empire. Jamais ses ministres, esclaves des prêtres, et tyrans de la nation, n’osèrent lui faire connaître ni l’inutilité ni les suites cruelles de ses lois.

La nation aidait elle-même à le tromper: au milieu des cris de ses sujets innocents, expirants sur la roue et dans les bûchers, on vantait sa justice, et même sa clémence. Dans les lettres, dans les mémoires du temps, on parle souvent du sanguinaire Bâville comme d’un grand homme. Tel est le malheureux sort d’un prince qui accorde sa confiance à des prêtres, et qui, trompé par eux, laisse gémir sa nation sous le joug de la superstition. Louis aimait la gloire, et il marchandait honteusement la conscience de ses sujets: il voulait faire régner les lois, et il envoyait des soldats vivre à discrétion chez ceux qui ne pensaient point comme son confesseur. Il était flatté qu’on lui trouvât de la grandeur dans l’esprit, et il signait chaque mois des édits pour régler de quelle religion devaient être les marmitons, les maîtres en fait d’armes, et les écuyers de ses états; il aimait la décence, et les soldats envoyés par ses ordres donnaient le fouet aux filles protestantes pour les convertir.

Qu’il nous soit permis de faire ici quelques réflexions sur les causes de nos derniers troubles de religion.

L’esprit des réformés n’a été républicain que dans les pays où les souverains se sont montrés leurs ennemis. Le clergé protestant de Danemark a été un des principaux agents de la révolution qui a établi l’autorité absolue. En France, sous Louis XIII, les ministres protestants les plus éclairés écrivirent pour exhorter les peuples à obéir aux lois du prince, n’exceptant que les cas où les lois ordonnent positivement une action contraire à la loi de Dieu. Mais on se plaisait à les contraindre à ce qu’ils regardaient comme des actes d’idolâtrie. On les forçait, par une foule de petites injustices, à se jeter entre les bras des factieux, tandis qu’il n’aurait fallu qu’exécuter fidèlement l’édit de Nantes, pour ôter à ces factieux l’appui des réformés. Cet édit de Nantes, à la vérité, ressemblait plus à une convention entre deux partis qu’à une loi donnée par un prince à ses sujets. Une tolérance absolue aurait été plus utile à la nation, plus juste, plus propre à conserver la paix qu’une tolérance limitée: mais Henri IV n’osa l’accorder, pour ne pas déplaire aux catholiques; et les protestants ne comptaient point assez sur son autorité pour se contenter d’une loi de tolérance, quelque étendue qu’elle pût être.

Il eût été facile à Richelieu, et plus encore à Louis XIV, de réparer ce désordre en étendant la tolérance accordée par l’édit, et en détruisant tout le reste. Mais Richelieu avait eu le malheur de faire quelques mauvais ouvrages de théologie, et les protestants les avaient réfutés. Louis XIV, élevé, gouverné par des prêtres dans sa jeunesse, entouré de femmes qui joignaient les faiblesses de la dévotion aux faiblesses de l’amour, et de ministres qui croyaient avoir besoin de se couvrir du manteau de l’hypocrisie, ne put jamais soulever un coin du bandeau que la superstition avait jeté sur ses yeux. Il croyait que l’on n’était huguenot de bonne foi que faute d’être instruit; et la bassesse de ses courtisans, qui, en vendant leur conscience, fesaient semblant de se convertir par conviction, l’affermissait dans cette idée.

Ses ministres semblaient choisir les moyens les plus sûrs pour forcer les protestants à la révolte: on joignait l’insulte à la violence, on outrageait les femmes, on enlevait les enfants à leurs pères. On semblait se plaire à les irriter, à les plonger dans le désespoir par des lois souvent opposées, mais toujours oppressives, qu’on fesait succéder de mois en mois. Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait eu parmi les protestants des fanatiques, et que ce fanatisme ait à la fin produit des révoltes. Elles éclatèrent dans les Cévennes, pays alors impraticable, habité par un peuple à demi sauvage, qui n’avait jamais été subjugué ni par les lois ni par les mœurs; livré à un intendant violent par caractère, inaccessible à tout sentiment d’humanité, mêlant le mépris et l’insulte à la cruauté, dont l’ame trouvait un plaisir barbare dans les supplices longs et recherchés, et qui, instrument ambitieux et servile du despotisme et de la superstition de son maître, voulait mériter par des meurtres et par l’oppression d’une province l’honneur d’opprimer en chef la nation.

Quel fut le fruit des persécutions de Louis XIV? Une foule de ses meilleurs sujets emportant dans les pays étrangers leurs richesses et leur industrie, les armées de ses ennemis grossies par des régiments français, qui joignaient les fureurs du fanatisme et de la vengeance à leur valeur naturelle; la haine de la moitié de l’Europe, une guerre civile ajoutée aux malheurs d’une guerre étrangère, la crainte de voir ses provinces livrées aux étrangers par les Français, et l’humiliante nécessité de faire un traité avec un garçon boulanger.

Voilà ce que le clergé célébrait dans des harangues, ce que la flatterie consacrait dans des inscriptions et sur des médailles.

Après lui, les protestants furent tranquilles et soumis. Albéroni forma inutilement le projet absurde de les engager à se soulever contre le régent, c’est-à-dire contre un prince tolérant par raison, par politique, et par caractère, pour se donner un maître pénitent des jésuites, et qui s’était soumis au joug honteux de l’inquisition. Pendant le ministère du duc de Bourbon, l’évêque de Fréjus, qui gouvernait les affaires ecclésiastiques, fit rendre, en 1724, contre les protestants, une loi plus sévère que celle de Louis XIV; elle n’excita point de troubles, parcequ’il n’eut garde de la faire exécuter à la rigueur. Aussi indifférent pour la religion que le régent, il ne voulait qu’obtenir le chapeau de cardinal, malgré l’opposition secrète du duc de Bourbon. Il trahissait, par cette conduite, et son pays, et le souverain qui lui avait accordé sa confiance; mais quand le cardinalat est le prix de la trahison, quel prêtre est resté fidèle?

Sous Louis XV, les protestants furent traités avec modération, sans qu’on ait rien changé cependant aux lois portées contre eux: leur fortune, leur état, celui de leurs enfants, ne sont appuyés que sur la bonne foi. Ils ne peuvent faire aucun acte de religion sans encourir la peine des galères; ils sont exclus non seulement des places honorables, mais de la plupart des métiers. Nous devons espérer que la raison, qui à la longue triomphera du fanatisme, et la politique, qui dans tous les temps l’emporte sur la superstition, détruiront enfin ces lois. La tolérance est établie dans toute l’Europe, hors l’Italie, l’Espagne, et la France; l’Amérique appelle l’industrie, et offre la liberté, la tolérance, et la fortune, à tout homme qui, ayant un métier, voudra quitter son pays; et la politique ne permettra point de laisser subsister plus long-temps des lois qui mettent en contradiction l’amour naturel de la patrie avec l’intérêt et la conscience; et elles pourraient amener des émigrations plus funestes que celles du siècle dernier, et nous faire perdre en peu d’années tous les avantages du commerce dont la révolution de l’Amérique doit être la source.

[284] Christophe Kotter, ou Cotterus, mort en 1647, dont Voltaire parle tome XXXII, page 12. B.

[285] Christine Poniatowia, fille d’un moine polonais, apostat, morte en 1644. Cl.

[286] Justus Velsius, ou Welsens, né à La Haye, reçu docteur en médecine à Louvain, en 1641. B.

[287] Nicolas Drabicius, décapité en 1671. Cl.

[288] Ubi enim sunt duo vel tres congregati in nomine meo, ibi sum in medio eorum. Matthieu, XVIII, 20. B.

[289] Si habueritis fidem, sicut granum sinapis, dicetis monti huic: Transi hinc illuc; et transibit. Matthieu, XVII, 19. B.

[290] Un Abrégé de la vie de Claude Brousson se trouve en tête de ses Lettres et opuscules, Utrecht, 1701, in-8º. B.

[291] Cavalier a été le rival de Voltaire, et rival heureux. Ils aimèrent l’un et l’autre mademoiselle Pimpette, fille de madame Dunoyer, et fille de beaucoup d’esprit et de coquetterie. Ce qui devait arriver arriva: le héros l’emporta sur le poëte; et la physionomie douce et agréable sur la physionomie égarée et méchante. L.—J’ai rapporté cette note de La Beaumelle parcequ’elle n’est pas rapportée textuellement par Voltaire, et parcequ’elle m’a paru nécessaire pour l’intelligence d’un passage du Supplément au Siècle de Louis XIV, seconde partie. Cavalier, né à Ribaute, près d’Anduze, en 1679, est mort à Chelsea, près de Londres, en 1740. B.

[292] Ce trait doit se trouver dans les véritables Mémoires du maréchal de Villars. Le premier tome est certainement de lui: il est conforme au manuscrit que j’ai vu: les deux autres sont d’une main étrangère et bien différente.—Cette note de Voltaire est la répétition de celle qu’il a mise page 25; voyez, sur les Mémoires de Villars, ma note, tome XIX, page 219. B.

[293] Voyez page 27. B.

[294] Voyez tome XXIX, page 335. B.

[295] Isaac Habert, évêque de Vabres en 1645, mort en 1668. Cl.

[296] Censuré en 1656, et ensuite exclus. Cl.

[297] Sur Armin et Gomar, voyez tome XVIII, page 385; et, tome XLI, une des notes du Traité sur la tolérance. B.

[298] Les premières éditions portaient: «le plus pur et le plus éloquent des poëtes.» B.

[299] François Annat, dont le vrai nom paraît avoir été Canard, fut le troisième confesseur de Louis XIV. Il abdiqua, après seize ans de règne, en 1670, et mourut quelques mois après, le 14 juin de la même année. Cl.

[300] Voyez tome XXII, page 358. B.

[301] Du 9 février 1657. Voyez, ci-après, la deuxième partie du Supplément au Siècle de Louis XIV. B.

[302] D’Argenson voyez ma note, tome XXII, page 291; et, ci-dessus, page 247. B.

[303] Le 2 décembre, âgé de quatre-vingt-six ans. B.

[304] Née à Lille, morte en 1680: Voltaire en a parlé tome XIX, page 47. B.

[305] Michel Le Tellier, sixième et dernier confesseur de Louis XIV, était fils d’un vigneron des environs de Coutances. Son homonyme le chancelier Michel Le Tellier, mort plus de trente ans avant lui, était petit-fils d’un marchand de vin à Aï. Cl.

[306] Il est dit dans la Vie du duc d’Orléans, imprimée en 1737, que le cardinal de Noailles accusa le P. Le Tellier de vendre les bénéfices, et que le jésuite dit au roi: «Je consens à être brûlé vif, si l’on prouve cette accusation, pourvu que le cardinal soit brûlé vif aussi, en cas qu’il ne la prouve pas.»

Ce conte est tiré des pièces qui coururent sur l’affaire de la constitution, et ces pièces sont remplies d’autant d’absurdités que la Vie du duc d’Orléans. La plupart de ces écrits sont composés par des malheureux qui ne cherchent qu’à gagner de l’argent: ces gens-là ne savent pas qu’un homme qui doit ménager sa considération auprès d’un roi qu’il confesse, ne lui propose pas, pour se disculper, de faire brûler vif son archevêque.

Tous les petits contes de cette espèce se retrouvent dans les Mémoires de Maintenon. Il faut soigneusement distinguer entre les faits et les ouï-dire.—On proposa pour confesseur à Louis XIV Le Tellier et Tournemine. Tournemine, littérateur assez savant, pensait avec autant de liberté, et avait aussi peu de fanatisme qu’il était possible à un jésuite. Mais il était d’une naissance illustre, et Louis XIV ne voulut pas d’un confesseur fait pour aspirer aux premières places de l’Église et de l’état; il craignait d’ailleurs l’ambition de sa famille. K.

[307] Consultez les Lettres de madame de Maintenon. On voit que ces Lettres étaient connues de l’auteur avant qu’on les eût imprimées, et qu’il n’a rien hasardé.

[308] Quand on a des lettres aussi authentiques, on peut les citer: ce sont les plus précieux matériaux de l’histoire. Mais quel fond faire sur une lettre qu’on suppose écrite au roi par le cardinal de Noailles.... «J’ai travaillé le premier à la ruine du clergé pour sauver votre état et pour soutenir votre trône..... Il ne vous est pas permis de demander compte de ma conduite.» Est-il vraisemblable qu’un sujet aussi sage et aussi modéré que le cardinal de Noailles ait écrit à son souverain une lettre si insolente et si outrée? Ce n’est qu’une imputation maladroite: elle se trouve page 141, tome V, des Mémoires de Maintenon; et comme elle n’a ni authenticité ni vraisemblance, on ne doit y ajouter aucune foi.

[309] Le commencement de cet alinéa est de 1751; la fin, de 1768. B.

[310] Novembre 1764: voyez tome XXII, page 361. B.

[311] François de Mailli, né en 1658, cardinal en 1719, mort en 1731. Cl.

[312] Sur Languet, voyez ma note, tome XXVI, page 11. B.

[313] Voyez le Catalogue des écrivains, tome XIX, page 179; et, ci-dessus, pages 421-423. B.

[314] On verra, dans le Siècle de Louis XV, quelles furent les vues et la conduite du régent.

[315] Il mourut sans vouloir se confesser: voyez tome XXVIII, pages 162-163; et, tome XXI, le commencement du chapitre III du Précis du Siècle de Louis XV. B.

[316] Voyez la lettre à d’Argental du 6, et celle à Richelieu du 13 février 1755. B.

[317] Voyez, tome XXI, le chapitre II du Précis du Siècle de Louis XV. B.

[318] Voyez tome XXII, page 314. B.

[319] Ce fut l’origine d’une procession qu’on appelait procession de madame Lafosse, et qui s’est faite jusqu’à l’époque de la révolution. Le miracle est du 31 mai 1725, et fut le sujet d’un mandement de l’archevêque, dans lequel Voltaire est cité: voyez, tome LI, les lettres à madame de Bernières, des 27 juin et 31 août 1725. B.

[320] Voyez tome XXVIII, page 222. B.

[321] Voyez tome XXII, page 319; voyez aussi, sur les convulsions, tome XXVIII, page 222. B.

[322] C’est la pensée de Pascal: voyez son texte et la remarque de Voltaire, tome XXXVII, page 66. B.

[323] Sur ce journal, voyez ma note, tome XXXIII, page 267. B.

[324] Voyez tome XXXI, page 524. B.

[325] Moyen court et très facile de faire oraison, Grenoble, 1685, in-12. Cl.

[326] Ces vers sont parodies de Quinault, Thésée, acte II, scène 1ʳᵉ. B.

[327] Ce qu’on aurait dû remarquer, c’est que le quiétisme est dans don Quichotte. Ce chevalier errant dit qu’on doit servir Dulcinée, sans autre récompense que celle d’être son chevalier. Sancho lui répond: «Con esta manera de amor he oido yo predicar que se ha de amar à nuestro señor por sí solo, sinque nos mueva esperanza de gloria, ó temor de pena: aunque yo le querria amar y servir por lo que pudiese.»

[328] Ce conte se retrouve dans l’Histoire de Louis XIV, imprimée à Avignon. Ceux qui ont approché de ce monarque et de madame de Maintenon savent à quel point tout cela est éloigné de la vérité.—C’est de l’ouvrage de Reboulet que parle Voltaire: voyez ma note, page 189. B.

[329] Cet alinéa et le précédent sont de 1768. B.

[330] Le nonce Roverti disait: «Bisogna infarinarsi di teologia e fare un fondo di politica.»

[331] Pendant la campagne que le duc de Bourgogne fit en Flandre, il ne vit Fénélon qu’une fois, et en public. K.

[332] Le texte de Fénélon porte:

Je n’ai plus en partage. B.

[333] Ces vers se trouvent dans les poésies de madame Guyon: mais le neveu de M. l’archevêque de Cambrai m’ayant assuré plus d’une fois qu’ils étaient de son oncle, et qu’il les lui avait entendu réciter le jour même qu’il les avait faits, on a dû restituer ces vers à leur véritable auteur. Ils ont été imprimés dans cinquante exemplaires de l’édition du Télémaque, faite par les soins du marquis de Fénélon, en Hollande, et supprimés dans les autres exemplaires.

Je suis obligé de répéter ici que j’ai entre les mains une lettre de Ramsay, élève de M. de Fénélon, dans laquelle il me dit: «S’il était né en Angleterre, il aurait développé son génie et donné l’essor à ses principes, qu’on n’a jamais bien connus.»

L’auteur du Dictionnaire historique, littéraire, et critique, à Avignon, 1759, dit, à l’article Fénélon, «qu’il était artificieux, souple, flatteur, et dissimulé.» Il se fonde, pour flétrir ainsi sa mémoire, sur un libelle de l’abbé Phélypeaux, ennemi de ce grand homme. Ensuite il assure que l’archevêque de Cambrai était un pauvre théologien, parcequ’il n’était pas janséniste. Nous sommes inondés depuis peu de dictionnaires qui sont des libelles diffamatoires. Jamais la littérature n’a été si déshonorée, ni la vérité si attaquée. Le même auteur nie que M. Ramsay m’ait écrit la lettre dont je parle, et il le nie avec une grossièreté insultante, quoiqu’il ait tiré une grande partie de ses articles du Siècle de Louis XIV. Les plagiaires jansénistes ne sont pas polis: moi qui ne suis ni quiétiste, ni janséniste, ni moliniste, je n’ai autre chose à lui répondre, sinon que j’ai la lettre. Voici les propres paroles: «Were he born in a free country, he would have display’d his whole genius, and given a full career to his own principles never known.»—Le Dictionnaire historique, etc., dont parle Voltaire, est celui de Barral et Guibaud: voyez tome XXVIII, page 348. B.

[334] Elles furent appuyées par les intrigues de la princesse des Ursins, qui, après avoir été long-temps l’amie du cardinal, s’était brouillée avec lui pour une ridicule querelle d’étiquette. K.

[335] Voyez tome XVII, page 73. B.

[336] 20 juin 1710. Voyez tome XXXI, page 524. B.

[337] Matthieu Ricci est mort au commencement du dix-septième siècle (le 11 mai 1610); mais ce fut sur la fin du seizième, en 1583, qu’il s’établit en Chine. Voyez, au reste, ma note, tome XVIII, page 189. B.

[338] Voyez ma note, tome XXVIII, page 40. B.

[339] Tome XV, page 257. B.

[340] Il mourut à la fin de 1722, comme Voltaire le dit ailleurs: voyez tome XXVIII, page 42; et, tome XLIV, la Relation du bannissement des jésuites de la Chine. B.

[341] Page 463. B.

[342] En 1768, date de cet alinéa, Voltaire avait fait l’éloge de Parennin dans le chapitre Iᵉʳ de l’Essai sur les mœurs (voyez tome XV, page 269), et dans une note du paragraphe XVIII de la Philosophie de l’histoire (voyez tome XV, page 87). Il en a parlé depuis dans les Questions sur l’Encyclopédie (voyez tome XXVIII, page 38); dans les Fragments sur l’Inde, chapitre V (voyez tome XLVII); et dans les première et septième Lettres chinoises (voyez tome XLVIII). B.

[343] Voyez l’Essai sur les mœurs (tome XVIII, page 464), chap. CXCV.

[344] Je pense que Voltaire veut parler de ce qu’il dit tome XVIII, au bas de la page 463. B.

[345] Avertissement du libraire (probablement de La Beaumelle lui-même), en tête de la Réponse au Supplément du Siècle de Louis XIV.

[346] En mai ou juin 1752, La Beaumelle avait fait imprimer à Gotha quatre feuilles de ses Remarques sur le Siècle de Louis XIV (voyez page 151 de la Réponse au Supplément), qu’il brûla cependant pour la comtesse de Bentink. Je ne sais si cette comtesse de Bentink est celle qui, après la mort de la duchesse de Saxe-Gotha, brûla, dit-on, la correspondance de Voltaire avec cette princesse.

[347] Voici ce qu’on lit dans les Mémoires historiques et authentiques sur la Bastille, tome II, page 330: «Au mois d’avril 1753, on fut informé que La Beaumelle était revenu à Paris avec des exemplaires d’une nouvelle édition qu’il avait fait faire du Siècle de Louis XIV, de Voltaire, dans laquelle il avait inséré des notes critiques offensantes pour la maison d’Orléans...... Au mois d’octobre de la même année, M. le duc d’Orléans lui pardonna, et il fut mis en liberté, avec un exil à cinquante lieues de Paris.»

On trouve des détails sur la détention de La Beaumelle au tome II (page 231 et suiv.) de l’Histoire de la détention des philosophes et des gens de lettres à la Bastille et à Vincennes, etc., par J. Delori. Paris, Firmin Didot, 1829, trois volumes in-8º.

[348] Manuscrits de D’Hemery, inspecteur de police pour la librairie.

[349] Jacques-Emmanuel-Roques de Maumont de La Rochefoucauld, né en 1727, mort le 16 mars 1805, a publié une Lettre sur la part qu’il a eue aux démêlés de MM. de Voltaire et La Beaumelle, Hanovre, 1755, in-8º, dont je ne parle toutefois que d’après Meusel.

[350] Mon séjour auprès de Voltaire, 1807, in-8º, pages 47 et 59.

[351] Le même à qui sont adressées plusieurs lettres de la Correspondance générale, années 1752 et 1753; voyez aussi ma note, page 479. B.

[352] Il n’y en a que trois: voyez ma préface, page 477. B.

[353] Ils sont nommés ci-après, page 536, dans la seconde partie du Supplément. B.

[354] Le roi de Prusse comble les gens de lettres de bienfaits, par les mêmes principes que les princes d’Allemagne comblent de bienfaits les nains et les bouffons, etc. Trait du Qu’en dira-t-on.—Dans Mes pensées (ouvrage de La Beaumelle), on lit sous le nº XLIX, éditions de 1752 et 1761; «Qu’on parcoure l’histoire ancienne et moderne, on ne trouvera point d’exemple de prince qui ait donné sept mille écus de pension à un homme de lettres, à titre d’homme de lettres. Il y a eu de plus grands poëtes que Voltaire; il n’y en eut jamais de si bien récompensés, parceque le goût ne met jamais de bornes à ses récompenses. Le roi de Prusse comble de bienfaits les hommes à talents, précisément par les mêmes raisons qui engagent un prince d’Allemagne à combler de bienfaits un bouffon ou un nain.» B.

[355] Voyez tome XXXIX, page 489. B.

[356] 1749, deux volumes in-8º. La Beaumelle dit n’en avoir fait qu’une partie. B.

[357] Dans quelques impressions que je ne crois pas authentiques, au lieu de cette dédicace ou lettre à M. Roques, on lit, en tête du Supplément au Siècle de Louis XIV, un Mémoire de M. F. de Voltaire, que La Beaumelle fit réimprimer avec des apostilles ou notes et que voici (sans les apostilles):

«Du jour que j’arrivai à Potsdam, Maupertuis m’a témoigné la plus mauvaise volonté. Elle éclata lorsque je le priai de mettre M. l’abbé Raynal de son académie: il me refusa avec hauteur, et traita l’abbé Raynal avec mépris. Je lui fis ordonner par le roi d’envoyer des patentes à M. l’abbé Raynal; on peut croire que Maupertuis ne me l’a pas pardonné.

«Un homme que je crois Génevois, ou du moins élevé à Genève, nommé La Beaumelle, ayant été chassé de Danemark, arrive à Berlin avec la première édition du Qu’en dira-t-on, ou de ses Pensées. Dans ce livre, devenu célèbre par l’excès d’insolences qui en fait le prix, voici ce qu’on trouve:

«Le roi de Prusse a comblé de bienfaits les gens de lettres par les mêmes principes que les princes allemands comblent de bienfaits un bouffon et un nain.»

«C’est cet homme proscrit dans tous les pays que Maupertuis recherche dés qu’il est arrivé, et qu’il va soulever contre moi: en voici la preuve dans une lettre écrite par La Beaumelle à M. le pasteur Roques, au pays de Hesse-Hombourg:

«Fragment de la lettre de La Beaumelle.»

«Maupertuis vient chez moi, ne me trouve pas; je vais chez lui. Il me dit qu’un jour, au souper des petits appartements, M. de Voltaire avait parlé d’une manière violente contre moi; qu’il avait dit au roi que je parlais de lui peu respectueusement dans mon livre; que je traitais sa cour philosophe de nains et de bouffons; que je le comparais aux petits princes allemands, et mille faussetés de cette force. M. de Maupertuis me conseilla d’envoyer mon livre au roi en droiture, avec une lettre qu’il vit et corrigea lui-même.»

«Le roi de Prusse, qui n’a su cette anecdote que depuis quelques jours, doit être convaincu de la méchanceté atroce de Maupertuis, puisque sa majesté sait très bien que je n’ai jamais dit à ses soupers ce qu’il m’impute. Elle me rend cette justice; et quand je l’aurais dit, ce serait toujours un crime à Maupertuis d’avoir manqué au secret qu’il doit sur tout ce qui s’est dit aux soupers particuliers du roi.

«On sait quelle violence inouïe il a exercée depuis contre M. Kœnig, bibliothécaire de madame la princesse d’Orange: on connaît les lettres qu’il a fait imprimer, dans lesquelles il outrage tous les philosophes d’Allemagne, et fait dire à M. Wolf ce qu’il n’a point dit, afin de le décrier.

«On n’ignore pas par quelles affreuses manœuvres il est parvenu à m’opprimer. J’ai remis à sa majesté ma clef de chambellan, mon cordon, tout ce qui m’est dû de mes pensions. Elle a eu la bonté de me rendre tout, et a daigné m’inviter à la suivre à Potsdam, où j’aurais l’honneur de la suivre si ma santé me le permettait.»

Ce Mémoire est daté du 27 janvier 1753, dans la réimpression (avec apostilles) qu’en donna La Beaumelle, à la suite de la Réponse au supplément. B.

[358] Dans quelques unes des premières éditions, cette partie est intitulée: Réfutation des notes critiques que M. de La Beaumelle a faites sur le Siècle de Louis XIV. Le début, tel qu’on le lit ici, a été ajouté depuis. B.

[359] Voyez ma note, tome XIX, page 347. B.

[360] L’édition dont Voltaire parle ici est celle qui fut publiée chez G.-C. Walther, 1753, deux volumes petit in-8º. B.

[361] Voyez page 130. B.

[362] Dans les éditions du Siècle de Louis XIV, antérieures à 1768, c’était à la fin de l’ouvrage qu’était placé le Catalogue de la plupart des écrivains, etc., qu’on a vu tome XIX, page 47. Depuis 1753, année où Voltaire publia le Supplément, il a fait d’autres augmentations au Catalogue. J’en ai désigné quelques unes. B.

[363] La Beaumelle dit avoir eu pour ses Lettres et ses Remarques cent cinquante florins, cinquante exemplaires de l’édition, et quarante rames de papier d’impression. Voltaire, dans la dix-septième de ses Honnêtetés littéraires (voyez tome XLII), parle de dix-sept louis d’or: voyez aussi tome XXX, page 218. B.

[364] Chapitre II, tome XIX, page 265. B.

[365] Ils ont été imprimés: voyez le Catalogue des écrivains, tome XIX, page 83. B.

[366] Istoria delle guerre avvenute in Europa et particolarmente in Italia, por la successione alla monarchia delle Spagne, dall’ anno 1696 all’ anno 1725, dal conte e marchese Francesco Maria Ottieri; Rome, 1728 et années suivantes, huit volumes in-4º. On lit dans la Méthode pour étudier l’histoire (qui ne donne que deux volumes à l’ouvrage, page 414 du tome XI de l’édition de 1772), que l’auteur étant mort en 1742, ce fut son fils qui publia le second volume en 1753. Le tome II est daté de 1752; le tome III de 1753, etc. B.

[367] Voyez ma note, tome XIX, page 529. B.

[368] Voyez page 497 du présent volume. B.

[369] Les Mémoires secrets pour servir à l’histoire de Perse donnent, sous des noms persans, l’histoire de la cour de Louis XV jusqu’en 1744. La première édition est de 1745, in-12; l’édition in-18, de 1759, contient une Liste, ou clef des noms propres. On attribue cet ouvrage à Resseguier; d’autres, à Pecquet, premier commis des affaires étrangères, qui a place dans un vers du Pauvre diable (voyez tome XIV); d’autres, à La Beaumelle. Une note ou lettre publiée à la suite du Journal de madame Du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour, est de madame de Vieux-Maison. B.

[370] En 1703, comme Voltaire l’a dit depuis en se corrigeant: voyez ma note, tome XXVI, page 311. B.

[371] Elle se trouve dans une édition datée de 1752, que j’ai déjà citée plusieurs fois. B.

[372] Ce que Voltaire disait du cardinal de Fleury, en 1751, 1752 et 1753, dans le chapitre XXIII (alors à la fin du tome Iᵉʳ, et fesant aujourd’hui le chapitre XXIV) du Siècle de Louis XIV, a été depuis reporté par l’auteur dans le chapitre III du Précis du Siècle de Louis XV: voyez tome XXI. B.

[373] Voltaire parle de l’Histoire de la guerre de mil sept cent quarante et un. Voyez ce que je dis de cet ouvrage dans ma préface du tome XXI. B.

[374] Par Du Ryer. Voyez tome XIX, page 296. B.

[375] Sur ce mot, voyez tome XVI, page 484; tome XLV, le dialogue A B C, premier entretien; tome XLVIII, Un chrétien contre six Juifs, vingt et unième niaiserie; tome L, le paragraphe III du Commentaire sur l’Esprit des lois. B.

[376] C’est de Montesquieu que parle Voltaire: voyez tome XXXIX, page 431. B.

[377] Montesquieu, Esprit des lois, livre V, chap., XIV. B.

[378] Id., livre VIII, chap. XXI. B.

[379] Voyez, dans le Siècle de Louis XIV, une note des éditeurs sur les Milices, chap. XXIX (p. 257). K.

[380] Son livre est intitulé: Histoire du fanatisme de notre temps, 1692, in-12, dont une Suite parut en 1709, in-12, et une nouvelle suite en 1713, deux volumes in-12. L’ouvrage entier a été réimprimé en 1737, trois volumes in-12, et 1755, trois volumes in-12. B.

[381] Ces jugements furent presque toujours rendus par des commissaires, et, par conséquent, on peut les regarder comme injustes, même dans la forme. K.

[382] Voyez ci-dessus, page 109. B.

[383] Voyez tome XIX, page 122. B.

[384] Le président Hénault n’a mis aucun correctif à sa phrase dans les éditions de 1756 et de 1768. Voyez l’Abrégé chronologique, à l’année 1714. B.

[385] Voyez page 398. R.

[386] C’est à la page 109 du tome II de l’édition du Siècle de Louis XIV, avec des notes de M. de La B**, que Villars est appelé ainsi. B.

[387] Dans quelques éditions, cette seconde partie portait le titre de Réfutation plus directe. B.

[388] Voyez ce que Voltaire dit sur les portraits, tome XXX, page 215. B.

[389] Voyez tome XIX, page 428; et, ci-dessus, page 51. B.

[390] Voyez page 136. B.

[391] Voyez la variante, page 214. B.

[392] Voyez ci-dessus, page 212. B.

[393] Le prince de Condé: voyez tome XXXII, page 77; tome XIX, page 219. Au reste, Voltaire lui-même dit que l’accusation contre le prince de Condé était le cri de tout Paris; voyez, tome X, le second alinéa de la Dissertation sur la mort de Henri IV. B.

[394] Mort en 1775: voyez, dans la Correspondance, la lettre du roi de Prusse du 13 auguste 1775. B.

[395] Voyez cette note tout entière, page 397. B.

[396] Mademoiselle Olympe Dunoyer, à qui sont adressées les premières lettres de la Correspondance de Voltaire, en 1713 et 1714, et qu’on appelait Pimpette, épousa le baron de Winterfeld, qui fut tué, en 1757, à la bataille de Kollin. B.

[397] A la fin de 1713. B.

[398] Constant d’Aubigné, grand-père de la maréchale de Noailles. B.

[399] La princesse Ulrique de Prusse, depuis reine de Suède: voyez ma note, page 175. B.

[400] Voyez tome XXIX, pages 133 et 145; tome IX, l’épître dédicatoire des Lois de Minos; et, tome XIV, une des notes de la satire intitulée: Les Cabales. B.

[401] Voyez le texte de La Beaumelle, dans ma note, page 483. B.

[402] Collini raconte que, dix jours après la brûlure de la Diatribe du docteur Akakia (conséquemment le 3 janvier 1753: voyez ma note 4, page 474 du tome XXXIX), Voltaire avait renvoyé au roi de Prusse sa clef de chambellan et la croix de l’ordre du mérite; mais que, le même jour après midi, le roi les fit reporter à Voltaire. Voltaire dit aussi que le roi eut la bonté de lui rendre tout: voyez, dans la Correspondance, la lettre à M. de La Virotte, du 28 janvier 1753. B.

[403] La critique de Barbier d’Aucour, dans la sixième lettre des Sentiments de Cléante sur le quatrième Entretien d’Ariste et d’Eugène, me semble minutieuse et peu exacte en cette circonstance. Eugène dit bien que «c’est une chose singulière qu’un bel esprit allemand ou moscovite;» mais il est réfuté par Ariste, qui soutient que le bel esprit est de tous les pays, et n’est étranger nulle part; et de l’aveu même de Barbier d’Aucour, son critique, le P. Bouhours est représenté par Ariste. Il y a des écrivains qui ont été plus loin, et qui ont dit qu’il mettait en question si un Allemand peut avoir de l’esprit. Bouhours n’a point écrit cette impertinence. Cl.

[404] La dixième édition de cet ouvrage de Paul Barry est de 1643, in-12. Pascal en parle dans la neuvième de ses Lettres provinciales. B.

[405] Le parlement de Provence est le seul qui ait condamné les Lettres provinciales; voyez ma note, page 415; mais ces Lettres ont aussi été condamnées par un arrêt du conseil d’état du 23 septembre 1660. Leur condamnation à Rome est du 6 septembre 1657. Une traduction italienne fut condamnée à Rome le 27 mars 1762. B.

[406] Pluche, auteur du Spectacle de la nature; voyez tome XXXVIII, page 73. B.

[407] Dans quelques éditions, cette troisième partie était intitulée: Suite et conclusion de cette réfutation. B.

[408] Cartouche était un malheureux voleur très ordinaire, associé avec quelques scélérats comme lui. Le hasard fit qu’on donna son nom à la bande de brigands dont il était. Il fut le ridicule objet de l’attention de Paris, parcequ’on fut quelque temps sans pouvoir le prendre. Il avait été ramoneur de cheminée, et fesait servir souvent son ancien métier à se sauver quand on le guettait. Un soldat aux gardes avertit enfin qu’il était couché dans un cabaret à la Courtille: on le trouva sur une paillasse avec un méchant habit, sans chemise, sans argent, et couvert de vermine. Son nom était Bourguignon: Il avait pris celui de Cartouche, comme les voleurs et les écrivains de livres scandaleux changent de nom. Il plut au comédien Legrand de faire une comédie sur ce malheureux; elle fut jouée le jour qu’il fut roué. Un autre homme s’avisa ensuite de faire un poème épique de Cartouche, et de parodier la Henriade sur un si vil sujet; tant il est vrai qu’il n’y a point d’extravagance qui ne passe par la tête des hommes! Toutes ces circonstances rassemblées ont perpétué le nom de ce gueux: et c’est lui que La Beaumelle préfère à Solon, et égale au grand Condé.—Voltaire a rapporté, page 500, la passage où La Beaumelle parle de Cartouche et de Condé. Quant au poëme sur Cartouche, que Voltaire dit être une parodie de la Henriade, il s’agit de l’ouvrage de Grandval père, intitulé: Le vice puni, ou Cartouche, 1725, in-8º. L’auteur dit qu’il a «affecté de prendre quantité de vers des meilleures pièces de théâtre et autres ouvrages,» et il imprime ces vers en italique. B.

[409] Il n’était que son cousin: voyez ma note, page 196. B.

[410] Bajazet, II, 1. B.

[411] Lebrun traduit ainsi ces deux vers du chant VII de la Jérusalem délivrée, octave 12: «Simple intendant des jardins, je vis, je connus la cour et ses injustices.» B.

[412] Voyez le texte de Cicéron, dans ma note, tome XXX, page 216. B.

[413] Voyez ci-dessus, page 4. B.

[414] Montesquieu, Esprit des lois, III, 5: voyez ci-dessus, page 79. B.

[415] Voyez page 454. B.

[416] Cirey. B.


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