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Variétés Historiques et Littéraires (03/10): Recueil de pièces volantes rares et curieuses en prose et en vers

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1: Nous n'avons trouvé ce curieux placet et la réponse qui le suivit que dans le Recueil de quelques pièces nouvelles et galantes tant en prose qu'en vers, nouvelle édition, à Cologne, chez P. du Marteau, MDCLXXXIV, 2e partie, p. 125-128.

2: La police étoit alors fort mal faite. Le guet, à peu près désorganisé, étoit impuissant à garder la ville contre les voleurs, dont tous les jours le nombre augmentoit. (V. Corresp. admin. de Louis XIV, t. 2, p. 605, 691.) L'établissement des lanternes publiques pour l'éclairage de Paris devoit tarder trois ans encore. (V. notre brochure les lanternes, histoire de l'ancien éclairage de Paris, Jannet, 1854, in-8, p. 24.) Enfin tout ce qu'entreprit M. de La Reynie, à partir de 1667, pour la sûreté de la ville, étoit on ne peut plus nécessaire.

3: Cette initiale doit certainement désigner l'abbé Bétoulaud, l'un des beaux-esprits des samedis de Mlle de Scudéry. Tout ce qu'il écrivit donne raison à notre opinion. Nous ne connoissons, en effet, de lui, que des vers adressés à Mlle de Scudéry: Epistre à Mlle de Scudéri sur la mort de Pellisson; le Parnasse, la Victoire, l'Anneau d'Horace, pièces adressées à Mlle de Scudéri, par M. Bétoulaud, avec les Réponses de Mlle de Scudéri auxdites pièces, in-4. Il fit aussi sur le Caméléon de la nouvelle Sapho un poème en 4 chants, inséré presque en entier dans la Bibliothèque poétique. «On sait à peu près la date de la mort du Caméléon, mais on ignore complétement celle de la naissance et de la mort de l'abbé Bétoulaud.» (Annales poétiques, t. 27, p. 154.)

4: Ce mot commençoit à avoir cours, témoin le conte de La Fontaine: A femme avare galant escroc. On disoit aussi croc. (Journal de Barbier, t. 2, p. 209.)

5: Mot alors assez nouveau dans la langue. Il ne remontoit pas plus loin que le temps de Catherine de Médicis, de l'aveu de Mlle de Scudéry elle-même. (Nouvelles conversations de morale, t. 2, p. 755; Hist. de la coquetterie.)

6: Cette pièce, fort rare, nous a été communiquée par notre ami P. Chéron, de la Bibliothèque impériale, qui l'avoit acquise à la vente Coste.

7: Gui Patin parle de ce sacrilége dans sa lettre à Spon du 11 juin 1649: «Un jeune père de l'Oratoire, qui est de la maison depuis huit jours, s'est aujourd'hui jetté sur celui qui disoit la messe, et lui a voulu arracher l'hostie. Le prestre s'est deffendu, mais l'autre a été le plus fort, l'a fait choir et lui a cassé les dents. L'hostie cheute, grand désordre dans l'église, etc. On dit que ce jeune homme est fol: je le crois ainsi. Un laquais fit autant, il y a quinze jours, au curé de Sannois, village près de Saint-Denis, le jour de la Pentecoste. Il a été condamné à avoir le poing coupé, être pendu, etranglé et brûlé, par le bailli de Montmorency. Il est encore à la Conciergerie par appel.» Gui Patin devoit être bien renseigné. Il avoit à Cormeille, près de Sannois, une maison qu'il tenoit de sa mère, et dont il ne reste plus qu'une allée de tilleuls.

8: Ce bourgeois avoit une maison de campagne à Cormeille. Nous tenons ce fait de M. Chéron, qui prépare une histoire de la commune de Sannois.

9: Cette pièce est très rare «ou même inconnue», lisons-nous dans le Catalogue d'une curieuse collection de livres... concernant l'histoire de Paris... composant la bibliothèque de M. F... Paris, Delion, 1853, in-8, p. 107, no 763.

10: Ce lieu, ainsi que le carrefour de la Croix-de-Berny, qui en est proche, fut souvent choisi pour les duels. Son nom lui viendroit même, selon quelques auteurs, d'un combat livré entre deux princes, et dont la main d'une reine à obtenir auroit été la cause et le prix. (P. Villiers, Manuel du voyageur aux environs de Paris, 1804, in-12, t. 1er, p. 127.)

11: «Au temps que j'estudiois à l'escole de Tolette, dit Panurge, le reverend père en diable Picatris, recteur de la faculté diabologique, nous disoit que naturellement les diables craignent la splendeur des espées aussi bien que la lueur du soleil. De faict Hercules, descendant en enfer à touts les diables, ne leur feit tant de paour, ayant seullement sa peau de lion et sa massue, comme après feit Eneas estant couvert d'un harnois resplendissant et guarny de son bragmard bien appoinct, fourby et desrouillé à l'ayde et conseil de la sibylle Cumane. C'estoit peult-estre la cause pourquoy le seigneur Jean-Jacques Trivolse, mourant à Chartres, demanda son espée et mourut l'espée nue au poing, s'escrimant tout autour du lict, comme vaillant et chevalereux, et par ceste escrime mettant en fuitte tous les diables qui le guettoient au passage de la mort.» Pantagruel, liv. 3, ch. 23.

12: V. Sancti Hieronymi opera, Paris, 1706, in-fol., t. 4, 2e partie, col. 76, Vita S. Hilarionis Eremitæ.

13: Au temps des raffinés, il n'en falloit pas davantage pour qu'un duel s'ensuivît. Ecoutez ce que dit, par exemple, Mercutio à Benvolio: «Tu ressembles à ces hommes qui, en entrant dans une taverne, prennent leur épée et la posent sur la table en disant: «Dieu me fasse la grâce de n'avoir pas aujourd'hui besoin de toi!» Et bientôt, au second verre de vin qu'ils avalent, les voilà aux prises avec le premier venu, sans motif et sans nécessité... Tu te prendrois de querelle avec un homme pour un poil de plus ou de moins que toi au menton, ou parcequ'il casseroit des noix et que tu as les yeux couleur de noisette. N'as-tu pas cherché querelle à un homme parce qu'il toussoit dans la rue, et que cela éveilloit ton chien, qui dormoit au soleil? à un artisan, parcequ'il portoit son habit neuf avant les fêtes de Pâques? à un autre encore, parcequ'il nouoit d'un vieux ruban ses souliers neufs?» (Shakspeare, Roméo et Juliette, acte 3, scène 1re.)

14: Louis XIII, né le 27 septembre 1601, avoit vingt-un ans, et non dix-huit ans, en 1622, ce qui prouveroit que l'édition reproduite ici n'est pas la première qui eût paru de ce livret, mais qu'une autre, dont celle-ci est la copie textuelle, l'avoit précédée de trois ans.

15: Tout le monde sait ce qu'étoit cette sorte d'épée courte et à large lame, dont le nom, selon Fauchet, n'est que les mots grecs βραχεἶα μαχαἰρα francisé; mais ce qu'on sait moins, c'est que le diminutif du mot braquemart étoit braquet, que nous trouvons dans Francion, 1673, in-8, p. 299, et qui, sauf une très légère altération, est encore le nom donné au sabre de nos soldats d'infanterie.

16: Ces six provinces plus ou moins revenues à l'obéissance du roi sont la Guienne, le Languedoc, le Poitou, la Saintonge, qui s'étoient soulevées pour cause de religion, puis l'Anjou ainsi que l'Angoumois, où la disgrâce de la reine-mère avoit excité des troubles.

17: Le château du Coq ou des Porcherons ne fut jamais une résidence royale. Les rois s'y arrêtoient seulement, comme fit Louis XI avant son entrée à Paris le 15 août 1461. (Chron. de Jehan de Troyes, coll. Petitot, 1re série, t. 13, p. 260.)—C'est lors d'une halte semblable que furent sans doute signées les lettres-patentes dont il est parlé ici, et que nous n'avons pu retrouver.

18: Saint-Ouen, en effet, se trouvoit, dès l'époque mérovingienne, un château royal, qu'au moyen âge on appeloit la Noble-Maison. Les chevaliers de l'Etoile, dont l'ordre y fut institué en 1351 par le roi Jean, se nommoient pour cela chevaliers de l'Etoile de la Noble-Maison.

19: Le château de l'évêque de Wincester, dont le nom n'est guère reconnoissable dans celui qu'il a conservé, appartint, il est vrai, à un fils de France, Jean, duc de Berry, mais ne fut jamais pourtant une résidence royale.

20: Le château du Val-Vert ou Vauvert, dont le séjour de Philippe-Auguste, après son excommunication, avoit fait un lieu maudit et voué aux démons, fut donné aux Chartreux, en 1257, par saint Louis, qui pensoit ainsi le désensorceler. (Du Breul, le Théâtre des antiq. de Paris, Paris, 1639, in-4, p. 345.) Le souvenir diabolique a toutefois tenu bon: il se retrouve dans le nom de la rue d'Enfer, voisine du manoir damné, et le diable Vauvert est encore fameux.

21: C'était alors l'admiration de tout le monde. On parloit partout du «magnifique palais» de Marie de Médicis, lequel, «commencé dès l'an 1612, est, dit Du Breul (Id., Suppl., p. 43), l'un des plus beaux hôtels de Paris, contenant entre le carré de ses grands bastiments un grand jardin, bois, allées, parterres, fontaines, cabinets et reposoirs.» V. l'éloge qu'en fait aussi J. Du Lorens dans sa 3e satire, Paris, 1624, in-8, p. 17.

22: On connoît l'aventure à laquelle il est fait allusion ici, et qui a donné lieu au proverbe: Charbonnier est maître chez lui. Nous nous contenterons donc de renvoyer au livre 7 des Commentaires de Blaise de Montluc, où elle se trouve pour la première fois racontée.

23: Gardes du corps, ainsi appelés parcequ'ils portoient les casaques les plus riches en broderies. Il n'étoit pas rare que les soldats dussent le nom par lequel on les désignoit à quelque partie de leur équipement ou de leurs armes. Ainsi les soldats bourguignons étoient appelés Bourguignons salés, à cause de la salade bourguignotte ou du morion salé, comme dit Rabelais (liv. 4, ch. 29), dont ils étoient coiffés.

24: C'est d'un des premiers comptes de l'épargne qu'il est parlé ici, puisque la création de ce «trésor central, où les receveurs devoient verser, dans le délai d'un mois, les deniers perçus sur chaque province», date seulement de cette époque. (Cheruel, Hist. de l'administr. monarch. en France, Paris, 1855, in-8, t. 1er, p. 156.)

25: Ceci est une erreur évidente, si, comme il faut le croire, l'auteur entend par «revenu de la France» toutes les sommes que produisoient les divers impôts. Pour la taille seule, sous François Ier, on percevoit neuf millions. (Cheruel, ibid., p. 154.)

26: Cette date, qui semble être vraiment celle du livret, donne raison à l'une de nos précédentes notes.

27: Ce chiffre doit être exact. Dans le Sommaire traicté du revenu et despence des finances de France... par Nicolas Remond, Paris, 1622, in-8, nous trouvons indiqués, pour les revenus de l'Etat en l'année 1620, d'une part, 36,926,638 livres, et, d'autre part, pour «la creüe extraordinaire, autrement dite grande creüe des garnisons», 4,400,000 livres, ce qui forme un total assez bien d'accord avec les sommes indiquées ici comme formant le revenu de l'année 1618.

28: Le détail de ces dons et liberalitez se trouve dans la brochure de Nicolas Remond citée tout à l'heure.

29: Bonnet s'attachant sous le menton, comme les béguins, et ayant la plume de coq plantée sur le côté, où l'on mit plus tard la cocarde. Les coquarts ou coquardeaux, comme ils sont appelés dans le Blazon des faulces amours, avoient été les jeunes gens à la mode de la fin du XVe siècle. V., sur le premier de ces mots, Biblioth. de l'école des chartes, 2e série, t. 1er, p. 369.—Les bonnets à la coquarde nommés par Rabelais (liv. 4, ch. 30) étoient fort pesants. Dans le rebras doublé de frise qui se trouvoit derrière, il entroit jusqu'à une demi-aune de drap. Louis Guyon (Div. leçons, liv. 2, ch. 6) dit qu'il en vit un à Paris qui pesoit quatre livres dix onces.

30: C'étoit le justaucorps ou hoqueton, comme on disoit à l'armée.

31: Tout le monde connoît, par les images et les tableaux du temps et par la description qu'a faite Rabelais de la magnifique braguette de Panurge, ce qu'étoit cette partie saillante du haut de chausses.

32: Ce sont ces souliers échancrés, fort à la mode du temps de François Ier et de Henri II, dont Calvin fit proscrire l'usage à Genève en 1555.

33: Pour ces «grands chaperons destroussés à la mode ancienne», dont les bourgeoises gardèrent l'usage jusqu'au temps de Louis XIII, et que les dames nobles du XVIIe siècle portaient encore pendant le deuil de leur mari, V. une note de notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 21.

34: Pour drap d'Usseau, petit village de Languedoc près de Carcassonne, où un certain de Varennes en avoit établi les premières manufactures. On disoit ordinairement drap du sceau, comme fait Regnard dans le Joueur (acte 1er, sc. 1re). Ménage lui-même admit cette mauvaise orthographe, pensant qu'on appeloit ainsi ce drap grossier à cause du sceau royal qu'on y apposoit autrefois. Furetière rétablit la vérité dans son Dictionnaire (art. Draps), et, ayant lui-même à employer le mot dans sa satire les Marchands, il ne manqua pas d'écrire:

On se vêt aussi bien avec du drap d'Usseau...

35: Le cremesin, dont le nom francisé est devenu notre mot cramoisi, étoit une étoffe italienne, rouge d'ordinaire, qui avoit eu une grande réputation en France à la fin du XVe et pendant la plus grande partie du XVIe siècle. V. le Vasari de M. Le Monnier, Florence, 1852, in-12, t. 8, p. 73, note.

36: V. sur ce demi-ceint d'argent, qui resta l'une des parures les plus enviées des chambrières, une note de notre tome 1er, p. 317.

37: Le pain bénit étoit un merveilleux talisman, surtout pour empêcher les chiens de devenir enragés. (Les Evangiles des Quenouilles, édit. Jannet, p. 75.) Celui de la messe de minuit avoit encore d'autres vertus. Dans quelques provinces, il est encore d'usage de garder dans un tiroir les morceaux de pain bénit donnés à la messe le dimanche.

38: C'est-à-dire ébréchés et polis par le frottement, fricassé, dans ce sens, venant du latin frixus.

39: C'est-à-dire avec deux bandes pendantes sur le côté, comme les portoit Henry Estienne, dont il est dit dans le Scaligerana: «erat vestitus à la parisienne avec des bandes de velours pendantes.»

40: «C'étoit une petite balance fort juste et fort délicate, que le moindre poids faisoit trébucher.» De là l'expression de pistoles bien trébuchantes employée par Molière.

41: Je crois qu'il faut lire ici mustabe ou mistabe. C'étoit une sorte d'étoffe de laine dont le nom étoit arabe, et qui se fabriquoit en Espagne et dans le midi de la France. Elle fut surtout en usage au moyen âge. (Fr. Michel, Recherches sur le commerce... des étoffes de soie, t. 1er, p. 258, 259.)

42: Elles avoient cessé d'être à la mode vers 1563. V. une note de notre tome 2, p. 190.

43: Chapelet à grains plats.

44: «Pour ce qui est de Mademoiselle sa femme, lisons-nous dans un passage de Francion excellent à rapprocher de celui-ci, elle avoit une juppe de satin jaune toute grasse et une robbe à l'ange si bien mise et un collet si bien monté, que je ne la puis mieux comparer qu'à la pucelle sainct George qui est dans les églises, ou à ces poupées que les atourneresses ont à leurs portes.» (La Vraye histoire comique de Francion, etc., 1673, in-8, p. 248.)—Cette Pucelle Saint Georges ne seroit-elle pas la figure de la Cappadoce qui se trouve dans toutes les représentations de saint Georges combattant le dragon? La province de l'Asie Mineure y est toujours personnifiée sous les traits d'une jeune fille richement parée.

45: C'est l'ornement qui doit de s'appeler encore une ferronnière à la croyance où l'on a été long-temps que le portrait peint par Léonard de Vinci, aujourd'hui au Musée du Louvre, représentoit la maîtresse de François Ier connue sous le nom de la belle Ferronnière. On sait maintenant que cette figure, qui porte en effet au front un joyau semblable à celui dont on parle ici, est celle de Lucrezia Crivelli.

46: V., sur cette mode des manteaux de pluche au commencement du XVIIe siècle, Francion, p. 219.

47: Il n'y a rien ici d'exagéré; aussi les gens de cour s'accommodoient fort bien, à ce prix, des filles de financiers. «Le comte de Lude, gouverneur de la personne de Gaston, duc d'Orléans, étant blâmé d'avoir épousé une Feydeau, qui lui avoit apporté cent mille pistoles: «Je ne pouvois pas mieux faire, disoit-il; poursuivi nuit et jour par mes créanciers, je me suis sauvé dans une boutique pour n'être pas traîné à l'hôpital.» (Amelot de La Houssaye, Mémoires hist., t. 3, p. 8.)—V., sur ce même mariage, notre t. 2, p. 140.

48: Le limestre étoit une sorte de serge drapée qui se fabriquoit à Rouen et à Darnetal. Selon quelques uns, entre autres Furetière, cette serge fut ainsi appelée du nom de celui qui en fabriqua le premier; mais Brossette et Le Duchat y voient une altération de Licestre ou Leicester, comté d'Angleterre, d'où venoient en effet de bonnes serges, «ces balles de Lucestre» dont parle Rabelais, liv. 2, chap. 12. Regnier (sat. 13, v. 114) dit dans le même sens qu'ici:

Combien, pour avoir mis leur honneur en sequestre,
Ont-elles en velours eschaugé leur limestre!

49: Ce luxe gastronomique avoit commencé sous le règne de Henri III: «On ne se contente plus, à un dîner ordinaire, de trois services, consistant en bouilli, rôti et fruit; il faut, d'une viande, en avoir de cinq ou six façons: des hachis, pâtisserie, salmigondis. Chacun veut aller dîner chez le Môre, chez Samson, chez Innocent, chez Havart.» Pièce citée par De Mayer, Galerie philosophique du XVIe siècle, in-8, t. 2, p. 362.

50: V., sur ces écots si coûteux, une note de notre édit. des Caquets de l'Accouchée, p. 28, et notre t. 2, p. 202.

51: Le Huleu, dont le nom altéré se retrouve dans celui des rues du Grand et du Petit-Hurleur, venoit déboucher, en effet, rue Saint-Martin, assez près de Saint-Nicolas-des-Champs.—Un arrêt du 15 février 1565, rendu «sur la remontrance d'aucuns voisins habitant aux rues voisines de Hulleu, à Paris, fit vuider le bordeau accoutumé de tenir en laditte rue.» (Isambert, Recueil de Lois, t. 14, p. 176.)

52: Cette rue du Champgaillard, qui se trouvoit en dehors de l'enceinte de Philippe-Auguste, alloit de la rue Saint-Victor à la rue des Fossés du même nom. La partie voisine de Saint-Victor s'appeloit rue d'Arras, nom qui lui venoit du collége d'Arras, et qu'elle a gardé; l'autre partie s'appeloit, comme aujourd'hui encore, rue Clopin, à cause de la grande maison Clopin, qui y avoit été construite au milieu du XIIIe siècle.—Le Huleu et le Champgaillard sont nommés par Rabelais, entre autres mauvais lieux (liv. 2, chap. 6), dans les Après-disnées du seigneur de Cholières (Paris, 1588, in-12, fol. 43, recto); le second est nommé Champgaillard des bordeleries.—En se trouvant placés, comme nous venons de le voir, l'un près de Saint-Nicolas, l'autre près de Saint-Victor, le Huleu et le Champgaillard contrevenoient à l'ordonnance de décembre 1254, par laquelle saint Louis avoit déclaré (art. 11) que les filles de joie ne pourroient se loger que «loin des lieux saints et des cimetières.» Ordonn. des roys de France de la troisième race, t. 1, p. 79, 105.

53: On trouve racontée, dans le Ménagier de Paris, t. 3, p. 116, et Additions et corrections, p. 75, une affaire de ce genre.

54: Peu à peu les priviléges de ces lieux infâmes furent abolis. (Sauval, Antiq. de Paris, t. 2, p. 108.) Une ordonnance de 1697 en fit disparoître les dernières traces. V. notre livre Paris démoli, 2e édit., p. 36.

55: Dans les Statuts de la reine Jeanne sur la discipline d'un lieu de débauche dont elle permettoit l'établissement à Avignon, statuts publiés par Astruc, De morbis venereis, on lit, art. 2: «Si quelque fille a déjà fait faute et veut continuer de se prostituer, le porte-clef ou capitaine des sergents, l'ayant prise par le bras, la mènera par la ville, le tambour battant et avec l'aiguillette rouge sur l'épaule, et la placera dans la maison, avec les autres; lui défendra de se trouver dans la ville, à peine du fouet en particulier pour la première fois, et du fouet public et du bannissement la seconde fois.» Ce passage, rapproché de ce qu'on lit ici, prouve au moins que, dans ces statuts, tout n'est pas, de la part du médecin Astruc, pure invention et pure mystification, comme M. Jules Courtet l'a voulu prouver dans un article de la Revue archéologique, t. 2, p. 158-164.

56: Le chaperon rouge porté sur l'épaule, depuis qu'il n'étoit plus à la mode de s'en coiffer, étoit l'insigne de la magistrature.

57: «Les procureurs étoient logés autrefois en petite porte ronde; maintenant, ils ont de grandes portes cochères.» (Dict. de Trévoux.) V. notre édit. du Roman bourgeois, p. 264, et notre t. 2, p. 283.

58: V., sur ce mot, notre t. 2, p. 279, note.

59: Allusion à ces ventes d'offices que Chalange et les autres partisans faisoient décréter, et dont ils partageoient les profits avec les ministres. V. notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 183, 241, 258.

60: Allusion à la conférence publique qui eut lieu à Fontainebleau, le 4 mai 1600, entre Du Plessis Mornay et Du Perron, dans laquelle celui-ci combattit avec avantage les cinq cents erreurs qu'il avoit découvertes dans le livre du premier sur l'Eucharistie.

61: Il s'agit ici, soit du P. Ange de Raconis, qui publia vers cette époque le Petit Anti-Huguenot (Paris, 1618), soit plutôt encore de Ch. Fr. Abra de Raconis, plus tard évêque de Lavaur, qui venoit de faire paroître Traité pour se trouver en conférence avec les hérétiques, Paris, 1618, in-12. V. Mémoires de l'abbé d'Artigny, t. 7, p. 259.

62: C'est le fameux ministre de Charenton dont il fut tant question alors. V. notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 88.

63: Comme théologien et controversiste, il s'étoit mêlé à la dispute de Du Perron et de Du Plessis Mornay; ses réponses à celui-ci comptent parmi ses bons ouvrages.

64: C'est Durand de Saint-Pourçain, fameux dominicain du XIVe siècle, qui, dans ses livres de théologie, avoit souvent combattu saint Thomas d'Aquin. Ses opinions contraires à la transsubstantiation avoient été foiblement réfutées par Du Perron, dans la conférence citée tout à l'heure. (Longueruana, p. 11-12.) Coeffeteau les combattit avec plus d'avantage.

65: L'Instruction catholique, Paris, 1610, 2 vol. in-fol.

66: Maurice Bressieu. Ce qu'on en dit ici semble d'autant plus surprenant qu'il s'occupoit des sciences plus encore que de l'histoire et de la littérature. Il finit par être professeur royal en mathématiques. Il mourut après 1608. V. Goujet, Mém. sur le Collége royal, in-12, t. 2, p. 95.

67: Allusion aux assemblées dites colloques de Poissy, qui eurent lieu du 9 au 26 septembre 1561, entre les catholiques et les réformés, mais qui n'amenèrent aucun résultat pacifique.

68: Grande maison située au faubourg Saint-Marcel, qui devoit son nom à Bertrand de Chanac, patriarche de Jérusalem, et à Simon de Chamault, cardinal et patriarche d'Alexandrie, qui l'avoient possédée au XIIIe et au XIVe siècle. Les Huguenots y avoient tenu quelques unes de leurs premières assemblées. En 1562, la populace catholique s'y rua, et chaires, bancs, etc., tout y fut brûlé. (Pasquier, Recherches de la France, liv. 3, chap. 49, et Lettres, édit. in-fol., t. 2, p. 451)—Il existe encore un passage et un marché des Patriarches, qui vont de la rue d'Orléans-Saint-Marcel à la rue Mouffetard.

69: Pasquier parle aussi (loc. cit.) des assemblées de Calvinistes qui se tenoient à Popincourt ou Pincourt, alors hors des murs de Paris, et qui furent envahies et troublées comme celles du Patriarche.

70: Le mystère de la Vie de sainte Catherine, divisé en trois journées. Il fut joué en 1434. C'est un notaire nommé Jean Didier qui jouoit le rôle de la sainte.

71: C'est le maitre farceur qui égaya si bien la cour de François Ier. Brantôme raconte plusieurs de ses tours (Hommes illustres, édit. in-12, t. 3, p. 383). Son petit-fils, qui vivoit sous Charles IX, fit le même métier, mais il l'enjoliva de certaines adresses qui le menèrent tout droit à la potence, en 1570. «Là, dit Delrio, il fit si bien par son art magique, que le bourreau, croyant le pendre, pendit à sa place la mule du premier président.» (Diquisit. magiq., liv. 3.)

72: C'étoit en effet l'usage, et l'on sait l'histoire de la grande émeute soulevée à Sens, du temps de Louis XI, par un apothicaire qui, après s'être mêlé dans la rue à l'une de ces parties de main-chaude ou de taquemain, comme on disoit aussi, ne voulut pas consentir à prendre la place du patient. V. Almanach de Sens pour les années 1763, 1764 et an III (1795).

73: Il étoit plus cher déjà sous Henri lit: il se vendoit deux sols la pinte. L'ordonnance sur le faict de la police générale du royaume, qui en régloit ainsi le tarif, fut mise en chanson:

Le plus cher vin vendu la pinte
Partout ne sera que deux sols;
Qui le vendra plus cher, sans feinte,
Payera l'amende tout son saoul.

(La Fleur des chansons nouvelles, édit. Techener, p. 6-11.)

74: Sur la teneur de l'ordonnance somptuaire de 1294, où se trouvent les prescriptions indiquées ici, Voy. une note de notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 32.

75: Ils alloient aussi, en robe et en bonnet carré, sur le quai des Augustins. Tiraqueau et Michel de l'Hospital s'y rendoient chaque soir d'été, et, ayant le dos tourné vers la rivière, ils devisoient familièrement avec les passants. V. notre Histoire du Pont-Neuf, Rev. françoise, 1er oct. 1855, p. 543.

76: C'étoit le prix de la course. L'expression jouer, gagner une poule, en vient.

77: Les Bretons étoient les meilleurs sauteurs parmi les écoliers. Le saut breton étoit célèbre. V. notre t. 2, p. 186.

78: Celles de l'Etat n'y étoient pas oubliées. Tous s'en mêloient, jusqu'au savetier. «Quand le savetier a gagné, par son travail du matin, de quoi se donner un oignon pour le reste du jour, il prend sa longue épée, sa petite cotille et son grand manteau noir, et s'en va sur la place décider des intérêts d'Etat.» (Entretiens du Diable boiteux et du Diable borgne, p. 26.)

79: Le mail du quai des Ormes, près les Célestins. Celui qui étoit proche de la porte Montmartre, et dont la rue qui en a gardé le nom ne prit la place que de 1633 à 1636, étoit aussi très fréquenté.

80: V., pour une description à peu près semblable à celle qui est faite ici, et la complétant en quelques détails, De Mayer, Galerie du XVIe siècle, t. 2, p. 363.

81: Comme celle du barbier de Pezenas, dans laquelle on prétend que s'étoit assis Molière, qui se trouve représentée avec son siége et son haut dossier de bois dans le Magasin pittoresque, t. 1er.

82: Il étoit d'usage de se servir, le jour des Rois, de chandelles bariollées (riolées) ou seulement mi-parties (piolées), comme le plumage d'une pie. «Voilà qui est riolé, piolé, comme la chandelle des Rois», lit-on dans la Comédie des proverbes, acte 2, scène 5.

83: Ce sont à peu près les mêmes livres qui sont indiqués par Antoine de Saix (1532) dans son Esperon de discipline:

..... le livre des Quenoilles,
Le Testament maistre Françoys Villon,
Jehan de Paris, Godefroy de Bouillon,
Artus le Preux, et Fierabras le Quin,
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Roland, Maugis d'Ardennes la forest...

84: Sur ce roman, dont Pulci fit son poème en vingt-huit chants, V. Biblioth. de Du Verdier, p. 899.

85: André Thevet, de qui l'on a, entre autres ouvrages, une Histoire des hommes illustres, dont l'édition donnée en 1671 a 8 vol. in-12.

86: Mesquinement, chichement. «J'en sais, dit Montaigne (liv. 3, ch. 9), qui donnent plutôt qu'ils ne rendent, prestent plutôt qu'ils ne payent, font plus escharsement bien à celuy à qui ils en sont tenuz.»

87: Monteil, analysant un manuscrit fait avec des extraits des registres du Châtelet des XIVe et XVe siècles, etc., dit: «Je vois, en suivant successivement les feuillets de ce manuscrit, que, sous Charles VI et Charles VII, plusieurs quartiers avoient été abandonnés, que les maisons crouloient ou bien étoient écroulées, et que les propriétaires s'en disputoient le sol et les ruines.» (Traité de matériaux manuscrits, t. 2, p. 306.)—Comme les maisons inhabitées devenoient des repaires de voleurs, on forçoit le propriétaire d'y mettre un gardien. V. notre brochure les Lanternes, hist. de l'ancien éclairage de Paris, Jannet, in-8, p. 19.

88: Sur les Irlandais qui encombroient Paris et y bélistroient de la plus dangereuse manière à la fin du XVIe siècle, V. notre Histoire du Pont-Neuf, Revue franç., 1er octobre 1855.

89: Les chanceliers Poyet et de l'Hôpital avoient essayé de supprimer les confréries; mais ils n'y étoient pas parvenus. De leur tentative, toutefois, étoient restés quelques abus, que signale De Mayer dans sa Galerie du XVIe siècle, t. 2, p. 363. Celui dont il est parlé ici, et qui tendoit à exempter du chef-d'œuvre et des autres épreuves l'artisan voulant devenir maître, étoit du nombre. Les maîtrises, comme on le voit, pouvoient s'obtenir par simples lettres.

90: Au XVIIe siècle, nous trouvons un trafic de la même espèce, une façon pareille de se tenir à la mode par abonnement, à tant par année. «Le sieur Fournerat, marchand fripier sous les piliers des halles, est-il dit dans le Livre commode des adresses (1691), entretient bourgeoisement et honnêtement d'habits pour quatre pistoles par an.»

91: Sorte de caleçons ou hauts de chausses à pieds auxquels tenoient les pantoufles. Le Pantalon des farces vénitiennes avoit mis cet habillement à la mode. Il étoit suranné alors, mais nous l'avons remis en usage avec son premier nom. Furetière se moque des procureurs qui y étoient fidèles de son temps. Il dit, dans sa satire le Jeu de boule des procureurs:

Je vois dans leurs habits les modes surannées.
..............
Tel a le chapeau plat, tel autre l'a trop haut;
Tel a talon de bois, tel soulier de pitaut;
Tel haut de chausse bouffe, et tel serre la cuisse;
L'un tient du Pantalon, et l'antre tient du Suisse.

92: Cette pièce, qui est moins, je pense, la relation satirique d'un fait véritable qu'une imitation de la charmante pièce de Gilles Durant: A Mademoiselle ma Commère, sur le trépas de son asne, regret funèbre, a déjà été donnée par Sautereau de Marsy dans le Nouveau siècle de Louis XIV, t. 1er, p. 229. Elle en inspira une autre, qui est détestable: l'Asne du procureur ressuscité, en vers burlesques, Paris, 1649, 11 pages. (V. Moreau, Bibliogr. des Mazarinades, no 84.)

93: Peut-être faut-il voir ici le moulin des religieuses de Montmartre, qui, ayant en effet la forme d'une tour, avoit fait donner, dès cette époque, à l'une des rues près desquelles il se trouvoit, le nom de rue de la Tour-des-Dames. Il existoit déjà à la fin du XVe siècle, et en 1816, selon la Tynna, on en voyoit encore les restes. Le nom cité tout à l'heure se déplaça vers 1769; il passa de la rue, qui s'appela, dès lors, rue de La Rochefoucauld, à la ruelle Baudin, qui l'a gardé. V. le singulier mais très curieux livre de M. de Fortia d'Urban, Recueil des titres de propriété d'une maison et terrain sis à Paris... rue de La Rochefoucauld, 1812, in-12, passim.

94: Les sacs de procès que les gens de palais portoient toujours à leur ceinture, et d'où est venue la locution que nous avons déjà fait remarquer dans le Roman bourgeois de Furetière: J'ai votre affaire dans le sac.

95: Les plâtriers de Montmartre.

96: C'étoient les plus estimés. Dans le conte de Voltaire, c'est à vendre des mulets que le père de Jeannot fait une si belle fortune.

97: Bazacle ou Bazadois, le pays de Bazas, en Guienne.

98: Ceci fait souvenir des vers de Gilles Durant dans la pièce citée tout à l'heure:

Au surplus, un asne bien faict,
Bien membru, bien gras, bien refaict;
Un asne doux et debonnaire.
Qui n'avoit rien de l'ordinaire,
Mais qui sentoit avec raison
Son asne de bonne maison.

99: Cette pièce est de la fin de l'année 1620, comme nous le prouverons dans les notes.

100: C'est encore la Massette de la 13e satire de Régnier:

La fameuse Macette, à la cour si connue,
Qui s'est aux lieux d'honneur en credit maintenue...

101: V. une note de notre édition du Roman bourgeois, p. 222-223, sur la situation de ce puits banal au mont Saint-Hilaire.

102: Il étoit très loin du Puits-Certain, à l'extrémité de la rue Frépillon. On en retrouve un souvenir dans le nom du cul-de-sac de Rome, qui dépend de la même rue. Une vieille enseigne placée près de la rue des Gravilliers représente encorece puits de Rome.

103: Les carrières servoient, en effet, de refuges aux filles, alors nombreuses dans le faubourg Montmartre, et surtout dans le faubourg Saint-Jacques. Le nom argotique de pierreuses leur en étoit venu. Dès le XVIe siècle, les mauvais garçons s'étoient donné les mêmes repaires. V. notre brochure les Lanternes, etc., page 17.

104: Le roi étoit parti en mars 1620 pour aller jusqu'à Tours au devant de sa mère, avec laquelle on le réconcilioit.

105: Lors de ce séjour du roi dans la capitale de la Touraine, il avoit paru un pasquil dans lequel Paris, abandonné de la cour, recevoit les condoléances de la ville favorisée. (Lettre de la ville de Tours à celle de Paris, Recueil A-Z, E, p. 130.)

106: Les filles de joie affluoient le soir autour de la Samaritaine du Pont-Neuf, comme on peut le voir dans le Tracas de Paris de Fr. Colletet. Dans une chanson qui se fit à propos de l'un des embarquements, si fréquents au XVIIe siècle, des filles de joie pour l'Amérique, on ne manque pas de leur faire adresser de tristes adieux à ce rendez-vous de leurs plaisirs:

Adieu, Pont-Neuf, Samaritaine,
Butte Saint-Roch, Petits-Carreaux,
Où nous coulions des jours si beaux.

(Bussy-Rabutin, Amours des Dames illustres de notre siècle, Cologne, 1681, in-12, p. 374.)

107: C'est de cette chasse donnée aux filles de joie que veut sans doute parler Saint-Amant, quand il dit, dans le Poëte crotté:

Adieu, maquerelles et garces;
Je vous prévois bien d'autres farces
(Poëtes sont vaticinateurs):
Dans peu, vous et vos protecteurs,
Serez hors de France bannies,
Pour aller planter colonies
En quelque Canada lointain.
Le temps est près et tout certain:
Ce n'est pas un conte pour rire.

108: Los, louange. Ce mot, qui est purement latin, avec une différence d'orthographe, est l'un de ceux que regrettoit le plus Ménage.

109: Pour moyennant.

110: Espèce de hotte ou de grand panier dans laquelle le verrier portoit sa marchandise. On n'appelle plus ainsi qu'une sorte de filet.

111: Du verbe demener, qui se prenoit alors comme ici dans le sens actif, on avoit fait le mot demaine, mouvement, agitation. Ce mot, qui s'emploie encore à Orléans, se trouve au premier vers du blason en acrostiche de la ville de Paris, par P. Grognet:

Paisible demaine.....

112: Ce duel eut lieu en 1537, le 14 janvier. (Vulson de la Colombière, le Vray théâtre d'honneur et de chevalerie, t. 2, p. 409.) Il eut alors un long retentissement, parceque c'est un des derniers qui furent faits par ordonnance du roi. (Allier et Batissier, Bourbonnois ancien et moderne, t. 2, p. 46.) Brantôme en a parlé dans son Discours sur les duels.

113: Hélyon de Barbançois II, seigneur de Sarzay. Il étoit d'une famille originaire de la Marche, qui, dès le XIIe siècle, étoit venue habiter, dans le Berry, la terre de Sarzay, dont elle avoit pris le nom. (La Thaumassière, Hist. du Berry, p. 602.)

114: La Colombière l'appelle de Veniers, et c'est, en effet, son véritable nom.

115: Le seigneur de Villeban ou de Villebon.

116: Anne de Montmorency, qui venoit d'être fait connétable.

117: Le comte de Saint-Pol, duc d'Estouteville.

118: Messire Jean de La Tour, seigneur de Châteauroux.

119: «L'occasion de leur combat, dit La Colombière, fut que Sarzay, parlant du sieur de La Tour, avoit dit qu'il s'en estoit fuy de la bataille de Pavie; sur quoy, La Tour l'a fait appeler devant le roy, et luy demande s'il a tenu ce discours. Il répond que ouy, et qu'il l'avoit ouy dire à Gaucourt. Il semble donc que c'estoit à La Tour à s'en esclaircir avec Gaucourt; neantmoins, Gaucourt appelé, ce fut Sarzay qui luy demanda s'il n'estoit pas vray qu'il luy avoit dit que La Tour s'en estoit fui de la bataille. A quoy La Tour respondit sans l'advouer ni desadvouer: «Vous avez dit vous-mesme que vous le teniez de Veniers.»—«Il est vray, repartit Sarzay; Veniers me l'a dit.» Alors Gaucourt, ayant remonstré que, puisque Sarzay advouoit le tenir de Veniers, il n'estoit plus tenu de respondre, fut renvoyé, et Veniers incontinent appelé, qui donna un dementy à Sarzay.

«Pour en connoistre la verité et sçavoir entre eux qui estoit le faux accusateur, le roy ordonna que Veniers et Sarzay combattroient en champ clos; et ce qui obligea ce brave et vaillant prince à leur donner si facilement le combat, fut qu'aucun de ces trois accusateurs ne s'estoient trouvés à la bataille de Pavie, mais estoient demeurez à leurs maisons bien à leur aise et bien esloignez des coups. Pourtant ils s'émancipoient de blasmer ceux qui s'y estoient trouvés, quoiqu'ils ne pussent pas bien juger de ceux qui avoient fuy ou combattu.»

120: Corselet léger fait de mailles.

121: Les tassettes étoient le rebord de l'armure, rabattus sur les cuissards. Plus tard on appela ainsi les basques du pourpoint.

122: «Veniers, est-il dit dans le Vray théâtre d'honneur, porta les armes dont on estoit demeuré d'accord, à sçavoir: un corcelet à longues tassettes, avec les manches de mailles et des gantelets, le morion en teste, une espée bien trenchante à la main droite, et une autre plus courte à la gauche.»

123: Sorte de casque ou de heaume.

124: C'est Veniers qui reçut ce coup. On ne put étancher la plaie, et il en mourut.

125: «Ils s'abordèrent très courageusement, dit Vulson de La Colombière, et combattirent avec leurs deux espées; mais avec si peu d'adresse, comme gens qui n'estoient pas fort usitez à se servir de telles armes; ce qui les obligea enfin à les quitter pour se prendre au corps, et alors, Veniers ayant déjà le poignard au poing, et Sarzay aussi tirant le sien, le roy, ne voulant qu'ils passassent plus avant, jeta son baston entre les deux combattans, et tout incontinent ils furent separez par les gardes du camp.»

126: «Ils furent menez devant le roy, qui les mit d'accord, remettant en son honneur le sieur de La Tour, Sa Majesté affirmant devant tous les courtisans qu'il l'avoit vu le jour de la bataille faire son devoir près de lui.» (La Colombière, id.)

127: Ce combat, selon La Colombière, se voyoit encore, au XVIIe siècle, représenté dans une galerie de l'hôtel de Montmorency.

128: C'étoit une camisole à longues basques, comme celle que portent les Hongroises.

129: Sans doute le Pont-Rouge ou Pont-Barbier, qui se trouvoit en face de la rue de Beaune. En 1636, il n'étoit établi que depuis quatre ans. Sa frêle charpente ne résista pas plus d'un demi-siècle. Après avoir été souvent ébranlé, et même à demi détruit, il fut emporté par la débâcle de 1684. V. Lettres de Sévigné, 1er mars 1684.

130: Sans doute un petit manchon s'attachant par une boucle à la ceinture.

131: Quereller, disputer. Je croirois plutôt qu'il faut lire rioller, c'est-à-dire se mettre en joie. Les ouvriers disent encore être en riolle dans le même sens.

132: Par ce mot on entendoit l'ostentation dans les habits:

Le peu qu'ils ont est pour la bonne chère;
Vaine piaffe emporte le meilleur,
Et le fripier fait tort aux rôtisseurs.

(Du Cerceau, les Bottes de foin, conte.)

133: Toute servante un peu huppée s'attachoit ses ciseaux sur le côté avec une chaînette d'argent. De plus pauvres, comme Marinette, se contentoient de la chaîne de laiton que leur donnoit Gros-Réné.

134: V., sur cette parure des servantes, notre tome 1er, p. 317-318. «C'étoit, dit Cotgrave, une sorte de ceinture dont tout le devant étoit d'or ou d'argent et dont l'autre partie étoit de soie.» On l'enjolivoit encore, comme on le voit ici, de chaînes et de brimborions. C'étoient les premières choses vendues dans les temps de détresse.

135: V., sur ce mot, notre tome 2, p. 237-238.

136: C'est-à-dire à coques bouffantes.

137: Ce sont toujours les mêmes parties fines où s'en va la servante, donnant le bras à quelque soudard, comme on le voit dans l'Apologie des chambrières qui ont perdu leur mariage à la blanque:

Pour danser pavane et vert gay,
Le mois de may, au vert boscage,
Escoutant le pinson ramage
Et cueillant le gentil muguet.

138: Alors la France produisoit assez de blé pour en pouvoir exporter à l'étranger. On en a la preuve non seulement par ce passage, mais par plusieurs autres écrits du temps. Palma Cayet, dans sa Chronologie septennaire (1602, édit. Michaud et Poujoulat, p. 208), nous montre la France abondant «en blés, vins, huiles, fruits, légumes, guèdes ou pastels, outre les grandes et foisonneuses nourritures de bétail et haras.» Isaac de Laffemas, dans son Histoire du commerce de France, est plus explicite: «Il me semble, quant à moy, dit-il, que nous avons icy quantité de fer, de papier, de pastel, de bleds et de vins pour envoyer aux pays estranges, et que cela nous peut apporter un grand revenu.» (Archives curieuses, 1re série, tome 14, page 429.)

139: La culture du pastel étoit une immense richesse pour les environs de Toulouse, et surtout pour le pays de Lauraguais. On exportoit chaque année deux cent mille balles de ces coques par le seul port de Bordeaux. «Les étrangers en éprouvoient un si pressant besoin, que, pendant les guerres que nous avions à soutenir, il étoit constamment convenu que ce commerce seroit libre et protégé, et que les vaisseaux étrangers arriveroient désarmés dans nos ports pour y venir chercher ce produit. Les plus beaux établissements de Toulouse ont été fondés par des fabricants de pastel.

Lorsqu'il fallut assurer la rançon de François Ier, prisonnier en Espagne, Charles-Quint exigea que le riche Beruni, fabricant de coques, donnât sa caution.» (Chapsal, Chimie appliquée à l'agriculture, t. 2, p. 352.)—Le pays de la richesse par excellence, le pays de Cocagne, n'étoit autre que le Lauraguais, l'opulente contrée des coques de pastel. (Crapelet, Dictons du moyen âge, 1re édit., p. 47.) Quand on vouloit montrer qu'un homme étoit riche et cossu, on disoit qu'il étoit bien guédé, c'est-à-dire semblable à quelque marchand de guède ou pastel. Peu à peu l'indigo finit par détrôner ce riche produit. (Savary, Dict. du commerce, aux mots Cocaigne, Pastel.)

140: Malheureusement, l'exportation des draps étoit interdite. «Il ne nous est permis, dit Montchrestien, de porter en Angleterre aucune draperie, à peine de confiscation; au contraire, les Anglois, en pleine liberté, apportent en France toutes telles draperies qu'il leur plaist, voire en si grande quantité, que nos ouvriers sont maintenant contraints pour la plupart de prendre un autre mestier, et bien souvent de mendier leur pain.» (Traicté de l'économie politique, s. d., in-4, 2e partie, p. 92.)

141: Sous Louis XIV, nous manquions tellement d'ouvriers cordiers, dans nos ports, que Colbert fut obligé d'en faire venir, ainsi que des tisserands, de Hambourg, Dantzig et Riga. (Cheruel, Hist. de l'administr. monarch. en France, t. 2, p. 235.)

142: V., dans l'avant-dernière note, ce que dit Montchrestien de cette misère des ouvriers sans travail.

143-144: Dès le règne de Henri II, des fabriques de draps d'or et de soie avoient été établies à Lyon. (Anc. lois franç., t. 13, p. 374.)—Mais sous Henri IV, à Paris même, cette industrie avoit pris une bien plus grande extension: «L'establissement de filer l'or, façon de Milan, qui se void introduit en la perfection et en grande quantité dans l'hôtel de la Maque, soubz le sieur Tirato, Milanois, qui faict espargner et fournir dans le royaume plus de douze cent mille escus par an, qui se transportoient pour avoir dudit fil d'or de Milan, pour ce qu'il est plus beau et à meilleur marché que celui qui se faisoit en France, en ce qu'on y employé la moitié moins d'or.» (Recueil présenté au roy de ce qui se passe en l'assemblée du commerce, au Palais, à Paris, faict par Laffemas, contrôleur général dudit commerce, Paris, 1604, in-8, § 6.) Palma Cayet (Chronol. septennaire, 1603, édit. Michaud, p. 253) parle aussi des sieurs Dubourg père et fils, établis comme Tirato, et pour la même industrie, dans la Maque. Cette immense manufacture étoit rue de la Tixeranderie (voy. notre Paris démoli, 2e édit., p. 333), et c'est sans doute avec intention qu'on avoit établi dans ce quartier de la misère une industrie capable, dit Laffemas le fils, «de faire vivre un nombre infini de pauvres.» (Hist. du commerce, loc. cit., p. 420.)—La serge de Florence étoit une sorte d'étoffe de soie épaisse dont on faisoit de grands manteaux et des mantelets. Elle étoit fort employée sous Henri III. V. L'Estoille, Journ. de Henri III, 24 juin 1584.

145: On y fabriquoit, dès 1603, toute espèce d'étoffes de soie, mais surtout des satins, façon de Gênes. (Laffemas, Lettres et exemples de la feue royne mère, Archiv. cur., 1re série, t. 9, p. 131.) Quant aux villes de Tours et de Lyon, on sait de reste que la fabrication des soieries y étoit, dès lors, très florissante.

146: C'est vers 1592 qu'on avoit commencé d'y fabriquer «des velours, satins, taffetas, et autres marchandises de soie.» (Laffemas, Règlement général pour dresser des manufactures en ce royaume, etc., Paris, 1597, in-8, fol. 25.)

147: On faisoit avec le buffle tanné d'excellents justaucorps de guerre. On connoît la chanson de Bussy:

Buffle à manches de velours noir
Portoit le grand comte de More.

148: Les meilleures se faisoient, en effet, en France. «Et, quant aux futaines et autres manufactures de cotton, dit Laffemas le fils (loc. cit.), nous ne devons point permettre que les estrangers nous en fournissent.» Montchrestien dit d'une façon plus ferme encore: «Toutes les futaines et camelots se doivent fabriquer en ce royaume, où l'industrie en est fabriquée aussi bien et mieux qu'ailleurs, où la commodité est pareille et possible plus grande... On parle parmy nous de futaines d'Angleterre et de camelots de l'Isle; mais on nous impose le plus souvent par l'estrangeté, car toutes ou la plupart de ces estoffes sont de la façon de France, et n'en sont pas pires.» (Traicté de l'œconomie polit., in-4, 1re partie, p. 102-103.)

149: C'étoit une espèce de camelot, ordinairement noir, qu'on employoit comme doublure des manteaux de soie. Cette étoffe étoit déjà connue au moyen âge. (Fr. Michel, Recherches sur le commerce..... des étoffes de soie, in-4, t. 2, p. 47.)

150: «Un homme de Nerac, écrit Laffemas le fils, a endurcy les buffles et chamois a l'espreuve de la pique et de l'espée.» (Hist. du commerce, p. 419.)

151: Ce n'est pas seulement à Poitiers, mais aussi à Niort, qu'on faisoit d'excellents chamois. V. Savary, Dict. du commerce, à ce mot.

152: Laffemas le fils se plaint fort de ce que les cuirs de France «ont esté altérez de leur bonté.» Montchrestien s'en montre plus satisfait: «J'oubliois à parler de la tannerie, dit-il, art aussi necessaire que commun, lequel, pour le grand profit qu'il apporte, ne seroit point demeuré entier, comme il a fait jusqu'à present, en la main des François, si ceux qui l'exercent n'en avoient retenu, principalement dans les principales villes, la propriété libre et franche par le moyen de leurs exactes visitations sur les apprests des cuirs estrangers.» (Loc. cit., p. 107.)

153: Les Espagnols emportaient des cargaisons de cette quincaillerie du Forez, dont le bon marché fut toujours proverbial, pour faire des échanges avec les nègres du Sénégal et des côtes d'Afrique.

154: «Les marchands de Flandre faisoient avec nous de si gros profits que Henri IV avoit defendu, sous peines corporelles, toutes relations commerciales avec eux.» (Palma Cayet, 1604, loc. cit., p. 285-287.) Il paroît que Louis XIII avoit maintenu cette prohibition rigoureuse. C'est surtout à l'occasion de l'établissement à Paris de la fabrique de tapisserie des sieurs Laplanche et Comans que Henri IV prit de sévères mesures contre les importations flamandes. (Extraits des registres de l'Hôtel-de-Ville, Biblioth. imp., fonds Colbert, vol. 252, p. 533-534.) On menaça d'expulsion «les tuisliers et tapissiers flamands qui ne vouloient laisser le secret de leur industrie en France.» Ceux qui se soumirent obtinrent seuls des lettres de naturalité. (Laffemas, Recueil présenté au roy, etc., § 10.)

155: Ce passage prouve que ce que Laffemas ne faisoit qu'espérer en 1604 s'étoit réalisé. «La manufacture nouvelle de toilles fines et façon d'Hollande, et autres semblables, qui sont si chères, dit-il, ne s'est faite jusqu'à present en France, et sommes contraints de les achepter des estrangers, où il se transporte une grande quantité d'or et d'argent, combien que nous en ayons les lins et autres principales étoffes abondamment en France plus que lesdits estrangers, qui les viennent prendre et achepter de nous pour les nous remettre manufacturés incontinent après, et y gagnent le quadruple et plus; ce qui ne procède que de la seule industrie de les blanchir, façonner et polir. Mais il s'est trouvé deux riches marchandz qui ont entrepris de les faire filer, manufacturer, blanchir et façonner dans les faubourgs de la ville de Rouen, en telle quantité qu'ils en fourniront la France. Leurs memoires et propositions ont esté examinés et deliberés en la compagnie desditz sieurs commissaires par commandement et renvoy à eux faict par Sa Majesté. Ils en ont donné leur advis soubz le bon plaisir de sa dite Majesté, duquel ils espèrent qu'il parviendra un grand tresor à la France quand il sera executé.» (Recueil présenté au roi... § 24.)

156: C'étoient des passements de fil très délicatement travaillés et fort chers, pour lesquels nous étions encore tributaires de la Flandre. (P. Paris, Manuscrits françois de la Biblioth. du roi, t. 4, p. 379.)

157: Laffemas (Règlement général, etc.) évalue à huit cent mille écus la dépense annuelle de ces passements de toutes sortes, des bas de soie, etc. Monchrestien l'estime plus d'un million. (Traicté d'œconomie polit., 1re partie, p. 102.)

158: C'est un édit dans le genre de celui précédemment rendu (voy. Caquets de l'Accouchée, édit. Jannet, p. 181-182) et de cet autre qui donna lieu à la Révolte des passements, pièce que nous avons publiée dans notre tome 1er, p. 224.

159: Il y en avoit surtout un grand nombre à Paris même, dans le faubourg Saint-Antoine. (V. Révolte des passements, loc. cit., p. 240.) Sous Louis XIV, cette colonie s'augmenta beaucoup encore lorsque la nourrice du comte d'Harcourt, Mme Dumont, arrivant de Bruxelles avec ses quatre filles, eut obtenu par privilége le droit d'établir dans le même faubourg des ateliers de dentelles. «Seize cents filles, dit Voltaire, furent occupées des ouvrages de dentelles. On fit venir trente principales ouvrières de Venise et deux cents de Flandre, et on leur donna trente-six mille livres pour les encourager.» (Siècle de Louis XIV, ch. 19.)—A Louvres-en-Parisis, à Villiers-le-Bel, on faisoit des dentelles de soie. (Savary, Dict. du commerce, au mot Dentelle.)

160: Les Espagnols, on l'a déjà vu, se fournissoient de beaucoup de choses en France. Les magnifiques pannes dont les plus riches se faisoient des manteaux, ils les achetoient à Tours. (Richelieu, Maximes d'Etat, chap. 9, sect. 6.)

161: Les camelins d'Amiens étoient déjà célèbres au moyen âge. (Ducange, au mot Camelinum; le Roman du Renart, édit. Méon, t. 4, p. 56.)

162: Il y avoit aussi d'excellents tisserands et musquiniers. V. leurs statuts (1502), Aug. Thierry, Hist. du tiers-état, t. 2, p. 490-493.

163: C'est à peu près ce que dit Laffemas le fils pour tous les cuirs en général. «Nous avons, écrit-il, s'adressant au roi, nous avons encore les cuirs, qui s'offrent (si on remet les tanneries en leur ancien estat) de rendre une incroyable richesse à vos sujets.» (Hist. du commerce, Arch. curieuses, 1re série, t. 14, p. 419.)

164: Il a déjà été parlé plus, haut de ces futaines d'Angleterre. Nous ajouterons ici ce qu'es dit Laffemas: «Les futaines d'Angleterre sont ainsi appelées, combien qu'elles soient manufacturées en France, en Italie et en Allemagne en bien plus grande perfection qu'audit pays d'Anglelerre, où il ne s'en fait quasi point; mais elles y sont toutes portées pour un secret qu'ils avoient seuls au pays d'Angleterre de les sçavoir teindre, apprester et friser en perfection; mais ce secret est descouvert et introduit en France...» (Recueil présenté au roi..., § 23.)

165: Buraux, bures.

166: Il n'y avoit guère que la moire qu'on ne faisoit pas encore aussi belle qu'en Angleterre. (Richelieu, Maximes d'Etat, chap. 9, sect. 6.)

167: A Bourges, avec les laines du Berry, «fines et luisantes comme de la soye» (J. Toubeau, les Institutes du droit consulaire, 1678), on fabriquoit de fort bon drap, façon d'Elbeuf. V. Dict. de Savary, art. Drap.

168: La réputation des draps d'Elbeuf et de Louviers étoit déjà commencée.

169: On y fabriquoit de belle écarlate. Monteil possédoit l'original d'une ordonnance de l'intendant Baville, commandant à Fraisse, fabricant de draps à Nîmes, deux pièces de drap écarlate pour Louis XIV. (Hist des Français des divers états, 3e édit., XVIIe siècle, notes, p. 61, no 43.)

170: Laffemas, dans le Règlement général four dresser les manufactures en ce royaume... (1597), parle de ces fabriques de bas de soie et d'estame, qui, depuis quelques années, s'étoient établies à Dourdan.—Dans le Recueil présenté au roi..., § 5, il rappelle aussi «les statutz et reglements faictz sur la manufacture des bas d'estame et de soye pour arrester les abbus et malversations qui s'y commettoient, et donner ordre à l'advenir que le public en soit mieux servy, et qu'elle se puisse continuer en la France en telle perfection que nous en puissions fournir aux pays estrangers.»

171: Laffemas avoit déjà parlé, dans son Recueil présenté au roi... (1604), § 20, des moyens à prendre contre «les frauduleuses banqueroutes qui se font et desseingnent si communement aujourd'hui par la France.»

172: L'assemblée du commerce de 1604 avoit été saisie par «homme qualifié et bien cautionné» du projet «d'establir en Provence... l'art de la soye avec cent atelliers des principalles manufactures d'icelle.» (Laffemas, Recueil présenté au roy..., § 19.) Nous ignorons quelle suite eut ce projet.

173: Avignon, en digne ville papale, avoit fabriqué de tout temps des ornements d'église. (J. Chartier, Hist. de Charles VII, in-fol., p. 83 [1435].)—Sous Henri III, on y fabriquoit du velours commun. V. Archives curieuses, 1re série, t. 9, p. 211.

174: Cette pièce, de Guillaume Colletet, se trouve dans les Poésies diverses..., que son fils publia en 1656, Paris, in-12, p. 60-67. Elle y est intitulée le Banquet des poètes, titre que l'auteur lui avoit déjà donné quand il l'avoit réimprimée à Paris en 1646, chez Nicolas Boisset, in-8. L'édition que nous reproduisons ici est de la plus grande rareté. Le texte y est tout à fait différent de celui des autres, à ce point que, désespérant de pouvoir relever toutes les variantes, nous avons pris le parti de n'en donner aucune. Le plus court eût été non pas de remarquer les différences, mais les très rares similitudes de texte. Nous tenons là, en pleine verve de jeunesse, la première pensée d'un poète qui ne se permit pas souvent, et surtout avec autant de bonheur, de pareilles fougues et fantaisies bachiques. Quand il fit ce morceau, il étoit de la coterie littéraire de Salomon Certon, du sieur de la Charnaye, etc. (voy. Viollet-Leduc, Biblioth. poétique, p. 452), et ce dut être le contingent poétique auquel il étoit tenu comme membre de cette assemblée.

175: Faire débauche. Rabelais écrit faire carous. C'est une expression qui vient de l'allemand gar-auss, tout vidé, que le Celtophile d'Henry Estienne (Dial. du nouv. lang. franç. italian.) nous reproche d'avoir introduit dans notre langue à une époque où l'on se plaisoit non seulement à italianiser, mais aussi à «hespagnolizer, voire germaniser, ou, si vous aimez mieux un autre mot, alemanizer.» V. aussi Régnier, édit. elzevir., satire 2, vers 174.

176: Allusion à l'assemblée des notables qui s'étoit tenue à Fontainebleau à la fin du mois de septembre 1625.

177: Le poète veut parler de l'incendie du Palais en 1618. V. notre tome 2, p. 159.

178: Par opposition à la fameuse table ronde, qu'à cette époque même un cabaretier de Paris prétendoit encore posséder. Il avoit appelé pour cela son cabaret la Table du valeureux Roland (voy. notre tome 1er, p. 195), et il montroit avec orgueil, parmi les titres de noblesse de sa taverne, le dernier écot des douze pairs de Charlemagne. V. les Visions admirables du pèlerin du Parnasse..., Paris, 1635, in-12.

179: C'étoit l'usage antique de boire à la santé d'une maîtresse autant de fois qu'il y avoit de lettres dans son nom. Ronsard et toute la Pléiade, dont Colletet suivoit la tradition, avoient repris cette galante coutume:

Neuf fois, au nom de Cassandre,
Je vois prendre
Neuf fois du vin du flacon.
Affin de neuf fois le boire
En memoire
Des neuf lettres de son nom.

(Ronsard, les Bacchanales, ou le folatrissime voyage d'Hercueil, strophe 89e)

180: On lui avoit fait la réputation de buveur d'eau; mais, dans sa préface des Œuvres de M. de Saint-Amant (édit elzevirienne, t. 1er, p. 10), Faret prétend que c'est un tort, aussi bien que de le faire passer, lui, pour un ivrogne: «Et combien, dit-il de Saint-Amant, qu'il m'ait fait passer pour vieux et grand beuveur dans ses vers, avec la mesme injustice qu'on a escrit dans tous les cabarets le nom de Chaudière, qu'on dit qui ne beut jamais que de l'eau.»

181: Belleau avoit donné en 1556 une traduction en vers d'Anacréon. Ronsard le berna quelque peu à ce sujet:

Tu es trop sec biberon
Pour un tourneur d'Anacréon.
Belleau...

«Belleau, comme qui diroit Boileau, par opposition au chantre divin, ainsi que l'a remarqué spirituellement M. Sainte-Beuve, ce n'est qu'un jeu de mots; mais à la manière dont Ronsard refit plus d'une de ces petites traductions, on peut croire qu'il ne jugeoit pas celles de son ami définitives.» (Tableau historique et critique de la poésie française... au XVIe siècle, Paris, Charpentier, 1843, in-18, p. 444.)

182: Les Triétérides étoient les fêtes licencieuses qui se célébroient tous les ans dans la Béotie et dans la Thrace en souvenir de l'expédition de Bacchus dans les Indes.

183: Il faut dire, à la gloire de ces buveurs, qu'il ne s'agit point ici du vin de Suresnes près Paris, mais d'un autre, à peu près du même nom, dont le Vendômois Musset-Patay a expliqué ainsi la faveur assez passagère dans une note de sa Bibliographie agronomique, 1810, in-8: «Il y a, dit-il, aux environs de Vendôme, dans l'ancien patrimoine de Henri IV, une espèce de raisin que, dans le pays, on nomme suren. Il produit un vin blanc très agréable à boire, et que les gourmets conservent avec soin, parcequ'il devient meilleur en vieillissant. Henri IV faisoit venir de ce vin à sa cour, et le trouvoit très bon. C'en fut assez pour qu'il parût excellent aux courtisans, et l'on but, pendant son règne, du vin de suren. Il existe encore, près de Vendôme, un clos de vigne qu'on appelle la Closerie de Henri IV. Louis XIII n'ayant pas pour ce vin la prédilection de son père, ce vin passa de mode...» Un des Annuaires statistiques du département de Loir-et-Cher a confirmé le fait. Ronsard, en bon Vendômois, avoit sans doute aidé à la renommée de ce vin de suren, lui qui, dans l'ode 21e de son livre 3, a chanté ainsi le vin de Prépatour, qui se récolte à peu près dans les mêmes vignobles:

Que celui dans une coupe
Toute d'or boive à la troupe
De son vin de Prépatour,
A qui la vigne succède,
Et près Vendôme en possède
Cinquante arpents en un tour.

Il convenoit bien à Colletet, cet idolâtre de Ronsard, de vanter comme il le fait ici un vin de son pays, et qu'il avoit aimé.

184: Ces Gayetez se trouvent aussi dans l'édition des Poésies de Colletet donnée par son fils.

185: Guide étoit alors du féminin. Théophile a dit, adressant sa Requeste à Monsieur le premier président:

Saincte guide de tant de Dieux,
Qui sur le modèle des cieux
Donnez des règles à la terre.

186: Fameux cabaretier dont Saint-Amant a dit, dans sa pièce des Cabarets:

Paris, qui possède un cormier
Qui des arbres est le premier.

Sa maison, qui avoit pour enseigne parlante l'arbre dont il portoit le nom, se trouvoit près de Saint-Eustache. V. notre Histoire des hôtelleries et cabarets, t. 2, p. 322-324.

187: Les personnages dont les noms suivent figurent, pour la plupart, dans la farce de Gringore, le Jeu du prince des Sots. V. l'analyse que le V. Menestrier a faite de cette pièce, dans son traité des Représentations en musique, p. 56, etc.

188: Maistre Jean du Pontalais, «dont il y a bien peu de gens qui n'aient ouï parler», comme dit Bonaventure Des Periers (Nouvelles XXII). Il étoit, selon Du Verdier (voy. sa Biblioth., in-fol., p. 749), chef et maistre des joueurs de moralitez et farces. Sans répéter tous les contes débités à son sujet, et auxquels La Monnoye a été l'un des premiers à ne pas ajouter foi, nous nous contenterons de dire qu'il devoit son nom au petit pont des Alles (pont Alais) jeté sur l'égout près de la pointe Saint-Eustache, et à deux pas duquel il dressoit ses tréteaux, et faisoit tapage de paroles grasses et de tambourins, à la grande indignation des prêcheurs de l'église voisine (voy. Des Periers, id.). Marot, dans son Coq-à-l'âne, Bèze, dans son Passavant (p. 19), ont parlé de lui, et Regnier a signé de son nom son épistre IIIe.—La pierre nommée le Pont-Alais n'a disparu des halles qu'en 1719.

189: Les dénominations de ce genre étoient alors très populaires. Dans le livre d'Henri Estienne, Dialogues du nouveau langage françoys italianisé, etc., se trouvent déjà des plaisanteries sur M. d'Argencourt, et M. Arnold Morel Fatio a très ingénieusement découvert que le nom de seigneur de Neri en Verbos, pris par l'auteur des Excellents traits de vérité, n'étoit que l'anagramme d'une dénomination pareille: seigneur de rien en bourse.

190: Sur ce chef d'une des confréries joyeuses les plus célèbres alors, surtout à Rouen et à Evreux, voy. le Mercure de France, avril et juin 1725, Thiers, Traité des superstitions, t. 4, p. 546. Brantôme nomme les Conards de Rouen. V. Œuvres, édit. du Panthéon, I, pag. 301.

191: Soliman menaçoit la Hongrie et la flotte de Barberousse tenoit la Méditerranée. C'est en France, toutefois, qu'on devoit avoir le moins de peur des Turcs, puisqu'à cette époque même François Ier avoit fait alliance avec eux contre Charles-Quint.

192: Sainte misère. Borel écrit souffreté avec le même sens.

193: Pour Darolon ou Dariolon, sans doute. Ce seroit ainsi le diminutif de Daron, mot qui conserva jusqu'au XVIIIe siècle (voy. le Tableau parlant d'Anseaume) un sens assez deshonnête, et d'accord d'ailleurs avec celui qu'on donnoit à dariolette, son dérivé féminin. Regnier même emploie ce mot au masculin avec une acception peu équivoque dans le vers 200 de sa 5e satyre:

Doncq' la mesme vertu, le dressant au poulet,
De vertueux qu'il fut le rend dariolet.

194: Le verbe noiser, souvent employé dans les fabliaux et dans le Roman de la Rose, commençoit à vieillir. V. Barbazan, Fabliaux, t. 2, Glossaire.

195: Dans le sens de courroucer ou bien encore de poursuivre. Dans l'Orléanois, ce mot s'emploie encore ainsi.

196: On sait que les abords de la Samaritaine étoient le quartier général des tire-laine et coupe-bourse. Maynard a dit, dans un de ses sonnets:

Paul, vous êtes le capitaine
Des voleurs qui toute la nuit
Courtisent la Samaritaine
Et font plus de mal que de bruit.

Et on lit dans la satire 9e de Du Lorens:

Mon manteau, dieu merci, ne craint pas le serein.
Je passe hardiment près la Samaritaine
Lorsque les assassins courent la tirelaine.

197: Le capitaine Carrefour, fameux voleur de ce temps-là, sur les exploits et la prinse duquel nous publierons quelques pièces curieuses dans nos prochains volumes.

198: Ce n'est point au hasard que ce nom de Gueulle-Noire est donné au fripier. Il fait allusion à ces huis des caves par lesquels les voleurs, de connivence avec leurs recéleurs des halles, jetoient «ce qu'ils avoient butiné par la ville.» V. notre tome 1er, p. 198.

199: On disoit d'un homme mort en peu de temps qu'il avoit été troussé en malle. (Dict. de Furetière.) L'expression être vite troussé en est restée.

200: La punition des filous étoit d'avoir les oreilles coupées, ou, comme on disoit alors, d'être essorillés. Ces exécutions se faisoient près la Grève, au carrefour qui s'appeloit pour cela Guigne-Oreille, et par altération Guillori. Brantôme nous dit que, de son temps, l'armée étoit pleine de vagabonds «essorillés, et qui cachoient les oreilles, à vray dire, par de longs cheveux hérissés.» (Edit. du Panthéon, t. 1er, p. 580.)

201: En vertu d'un édit rendu en 1604, à l'instigation du secrétaire du roi Charles Paulet, et nommé à cause de lui la Paulette, les officiers de judicature ou de finance étoient frappés d'une taxe considérable, payable au commencement de chaque année. Faute de l'acquitter, ils perdoient le droit de conserver leur charge à leurs veuves et à leurs héritiers. Sitôt qu'ils étoient morts, elle devenoit vacante au profit du roi.

202: En argot, la guillotine est encore appelée la veuve.

203: C'est ce qu'on appeloit obtenir un brevet d'espalier. Regnard n'a pas craint d'employer cette expression tout argotique:

... Et l'on ne vous a pas fait présent en galère
D'un brevet d'espalier...

(Le Joueur, acte I, sc. 10.)

204: Genre de vol pratiqué encore aujourd'hui avec succès.

205: Cette plaisanterie a été reprise bien des fois à propos des ministres concussionnaires. M. Scribe ne l'a pas oubliée dans sa comédie de l'Ambitieux, à propos de Walpole, qui peut fort bien se passer de manchon, puisqu'il a ses mains dans les poches de tout le monde.

206: V., sur ces diverses bandes de voleurs, notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 71, et notre tome 1er, p. 122, 200.

207: La bourse, la poche, en argot. Rabelais s'est plusieurs fois servi de ce mot.

208: Locutions trop connues pour qu'on prenne la peine de dire ici à propos de quel mal on les employoit. Sorel, dans son Francion, donne une variante de la dernière: «C'est assez de vous apprendre, fait-il dire par un de ses héros, que j'allois à Bavières voir sacrer l'empereur.» (Edit. de 1673, in-8, p. 91.)

209: La fameuse foire de l'Indict annuel, ou, par altération, du Landit, qui se tenoit, comme on sait, à Saint-Denis.

210: «Mercadent, terme de mépris qui signifie un marchand de petites merceries, un marchand ruiné. Il est pris de l'italien, un povero mercadente.» (Dict. de Trévoux.)

211: Par raillerie, les montreurs de bêtes savantes habilloient leurs chiens et leurs singes à l'espagnole, avec larges fraises gaudronnées (voy., sur ce mot, notre tome 1er, p. 163). Une vieille enseigne de Paris représentoit un de ces magots ainsi accoutré, avec cet affreux calembour pour légende: Au singe en batiste.

212: V. sur ce joueur de farces, qui faisoit partie de la sequelle de l'hôtel de Bourgogne, notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 281-282.

213: Il ne s'agit point ici des Enfants sans soucy, joyeux compères et joueurs de farces du XVIe siècle, pour lesquels Marot écrivit en vers un cri resté célèbre; dans cette pièce, du XVIIe siècle, ce nom n'est pris que par souvenir.

214: Ou plutôt Port-à-Port, nom francisé de la ville de Porto.

215: Nous n'avons pas trouvé d'autres traces de cet ordre bachique, constitué, sans doute, comme celui de la Grappe, que Damas de Gravaison établit à Arles à la fin du XVIIe siècle, et dont les statuts et ordonnances furent publiés en 1697, in-12. On peut trouver, dans le Glossaire du Rabelais de de l'Aulnaye, la liste des ordres bachiques institués du XVIe au XVIIIe siècle, et dont l'ordre de la Boisson, fondé en 1700 à Avignon par de Pesquière, fut l'un des plus célèbres.

216: Rabelais appelle tous ces mets aiguillons de vin.

217: Ces noms rappellent ceux que prirent les membres de l'Ordre de la Boisson. La Gazette qu'ils publioient, et qui étoit rédigée en partie par Mogier et l'abbé de Charnes, avoit pour titre les Nouvelles de l'Ordre de la Boisson, chez Museau-Cramoisi, au Papier Raisin. Les noms des bachiques rédacteurs étoient à l'avenant: Frère des Vignes, frère Mortadelle, natif de Saint-Jean-Pied-de-Porc; dom Barriquez Caraffa y Fuentez Vinosas, M. de Flaconville, le sieur Villebrequin...

218: C'est aussi un frère Béquillard, et l'on sait ce que ce mot signifie en argot, qui rédigea en 1724 les statuts d'un autre ordre bachique, dit la Société de la Culotte.

219: Le jubilé d'Orléans est de 1600. Henri IV y vint en personne. L'argent qu'il produisit servit à la reconstruction de la cathédrale, à moitié renversée par les calvinistes. Un an après, le roi put venir en poser la première pierre, réparant, comme roi catholique, le dommage que les huguenots avoient fait lorsqu'il étoit l'un de leurs chefs. V. notre histoire d'Orléans dans l'Histoire des villes de France, t. 2, p. 598.

220: L'un des compagnons du commandeur de Chaste et de Champlain qui allèrent en 1603 fonder les premiers établissements françois sur les bords du fleuve Saint-Laurent.—De Mouts eut grande part à la découverte des côtes de l'Acadie en 1604, puis, en 1605, à l'expédition du cap Malebarre.

221: La nouvelle colonie ne s'étoit formée que de gens sans aveu, et entre autres de marchands ayant fait banqueroute, ou safraniers, comme on disoit alors, le jaune étant la couleur infamante aussi bien pour les banqueroutiers que pour les traîtres.

222: Ce juron se trouve souvent dans Rabelais. Nous ne savons pourquoi le patron breton saint Quenet ou saint Kent y est invoqué de préférence. On juroit aussi par la dive oye Guenet.

223: Jeu de mot sur la sebille de bois dans laquelle s'égoutte le pressoir.

224: On avoit d'abord dit forcé, comme on lit dans les premières éditions de Rabelais, puis on dit indifféremment forsaires et forsats. «Nous appelons ces pauvres gens attachez à la rame forsats, parcequ'ils rament par force.» (Vincent de La Loupe, Origine des dignitez et magistrats de France, Paris, 1573.)

225: Il étoit conseiller au Châtelet. «Le dimanche 29 (septembre 1596), dit L'Estoille, Du Lac, conseiller en Chastelet, mourut à Paris de la maladie qu'on disoit qu'une garce avec qui il avoit couché lui avoit donnée.»

226: Il régnoit alors à Paris une dangereuse contagion que Malherbe appelle peste à la gorge. (V. lettre à Peiresc du 10 octobre 1606.) C'étoit une maladie semblable à celle qui ravagea Barcelone en 1822. V. Journal de l'Estoille édit. Lenglet, t. 3, p. 378, 385.

227: Un grand nombre de François s'étoient enrôlés sous M. de Mercœur pour combattre les Turcs en Hongrie. V. Journal de l'Estoille, 3 mars 1601.

228: Le O Sapientia étoit, avec O Adonaï, O Radix, un des O de Noël, c'est-à-dire l'une des antiennes ou prières ainsi nommées à cause de l'interjection qui en étoit le commencement.—Il y a ici une équivoque évidente sur le nom du marquis d'O, qui, de 1578 à 1594, c'est-à-dire jusqu'à sa mort, fut surintendant des finances. Il fut, fameux par ses exactions. Piedaigrette devoit donc rechercher un enrôlement chez lui.

229: C'est le docteur en théologie Chevignard ou Chevigny, le même au sujet duquel s'est trompé Du Verdier quand il en a fait deux personnes, Jean de Chavigny et Jean-Aimé de Chavigny. Il semble qu'il est fait allusion ici au livre qu'il fit sur l'avénement de Henri IV, Henrici IV fata, Lyon, 1594. Il mourut en 1604, âgé de plus de 80 ans.

230: Mamert Patisson l'imprimeur.

231: Sans doute le capitaine Saint-Paul, qui commandoit à Reims, et fut tué par M. de Guise pour quelques paroles trop hautaines. V. l'Estoille, 28 avril 1594.

232: Ce mot, d'où est venu celui de mouchard, s'employoit depuis long-temps déjà, et même bien avant l'entrée en fonctions de l'inquisiteur de Mouchy (Democharès), pour lequel, selon Ménage et le président Hénault, on l'auroit d'abord créé en équivoquant sur son nom. Il se trouve déjà dans le poème d'Antoine du Saix, l'Esperon de discipline pour inciter les humains aux bonnes lettres..., Paris, 1539, in-16.—Selon le Martyrologe des protestants (1619, in-8, p. 530), les espions de l'inquisition d'Espagne s'étoient d'abord appelés mouches. «Plusieurs de ces mousches, y est-il dit, volent si haut et si loin que, passant la mer, ils iront en estranges et loingtains pays espier ceux qui, se bannissants eux-mesmes d'Espagne, se seront à seureté retirez en quelque part.»

233: Il faut lire Ruccellaï. C'est un de ces Italiens qui faisoient alors les grosses affaires de finances. V. notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 40-41.

234: Scipion Sardin fut le plus fameux de ces Italiens enrichis. V., sur lui, le Journal de l'Estoille, édit. Lenglet-Dufresnoy, t. 1er, p. 102, 485, et t. 2, p. 5.—Il possédoit une fort belle maison au faubourg Saint-Marcel, dans une rue qui s'appelle encore, à cause de lui, rue Scipion. Sa maison, devenue la manutention des hospices de Paris, porte aussi ce nom.

235: La cochenille du Mexique étoit alors l'objet d'un très grand trafic.

236: C'est-à-dire en temps de moisson.

237: C'est «ce grand fermier Louvet» dont il est parlé dans la première journée des Caquets de l'Accouchée. (V. notre édition, p. 40-41.) Il n'en est nulle part ailleurs parlé aussi longuement qu'ici.

238: Le pied fourché étoit la ferme d'un impôt établi aux portes de quelques villes sur les animaux ayant, comme le bœuf, le mouton, le porc, la chèvre, le pied fourché.

239: Les crocheteurs de la place de Grève. Le nom qu'on leur donne ici leur venoit de leurs crochets, simulant des ailes sur leur dos. On lit à la scène 3 de l'acte 3 de l'Eugène de Jodelle:

Florimond.

Laquais, trouve des crocheteurs.

Pierre.

J'y vais, monsieur; et, quant à eux,
Ils voleront bien tost icy:
N'ont-ils pas des aisles aussy?

240: Le quai ou plutôt le port Malaquest, ainsi qu'on l'appeloit alors. (Registres de l'Hôtel de Ville pendant la Fronde, t. 1er, p. 107.) Ce nom de Malaquest, qui n'a jamais été expliqué d'une façon satisfaisante, pourroit bien trouver son origine dans les assemblées de contrebandiers qui se tenoient, comme on le voit ici, sur ce port alors désert, et d'autant plus propice à cacher ces bandes et à recéler leurs vols qu'il étoit couvert de piles de bois de chauffage. (Registres de l'Hôtel de Ville..., t. 1er, p. 184.)

241: Le financier Sébastien Zamet, seigneur de trois cent mille écus de rente, comme il s'appeloit lui-même.

242: G. L'Argentier, administ. du bail des fermes sous Henri IV. V. Grosley, Œuvres posthumes, 1, p. 14-19.

243: Moysset, dit Montauban, du nom de sa ville natale, étoit trésorier de l'épargne. V., sur lui et sur ses manœuvres financières faites de connivence avec M. de Luynes, notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 184, 241.—V. sur sa querelle avec l'Argentier, qu'il fit arrêter en 1609, Grosley, ibid.

244: C'étoit une invention qui commençoit à être en usage. Quand Henri III, la veille de l'assassinat du duc de Guise, eut commandé à du Halde de le réveiller à quatre heures, celui-ci régla son réveil pour cette heure, et fut exact.

245: Nous connoissons plusieurs éditions de cette pièce, qui, toutefois, n'en est pas restée moins rare. Une seule porte une date: c'est celle où notre pièce, ayant pour titre les Bailleurs des ordures du monde, se trouve à la suite de la Gazette..., Paris, jouxte la coppie imprimée à Rouen par Jean Petit, 1609, in-12. (V. Viollet-Leduc, Biblioth. poétique, p. 349-350.) Nous n'avons pu retrouver l'édition originale de Jean Petit. En revanche, nous en avons trouvé une autre qui avoit échappé à tous les bibliographes. Elle a pour titre: le Donnez-vous garde du temps qui court, s. l. n. d., et est, en plusieurs parties, beaucoup plus correcte que celle donnée par Abraham Cousturier et reproduite ici. Elle nous a donc été fort utile pour les corrections. Nous n'indiquerons que les principales variantes. On a donné à Chartres, chez Garnier fils, en 1833, une réimpression à 32 exemplaires de l'édition d'Abraham Cousturier.

246: On désignoit ainsi les espions. Plus tard, on n'appela porte-paquets que les personnes qui rapportent à d'autres le mal qu'on dit d'eux. V. Dict. de Furetière.

247: Diseurs de bonjours inutiles, bona dies; grands faiseurs de protestations, comme le sont les Italiens, auxquels ce mot de bonadié est emprunté.

248: Gourmand. Le peuple dit encore frippe-sauce. Leroux Dict. com., donne à ce mot un sens obscène.

249: Le Franca-Trippa des farces italiennes. Son nom se trouve déjà francisé dans la 18e Serée de G. Bouchet.

250: Flâneuses, coureuses. Pour toute femme prenant du plaisir, on disoit qu'elle étoit flanière. V. la 132e lettre de Voiture, à Mlle de Rambouillet.

251: Simon le Magicien, fameux hérésiarque du premier siècle, fut le chef de la secte dite des Simoniaques. V., sur lui, les Actes des Apôtres, liv. 8, ch. 4, et le mémoire de M. H. Schlurick, De Simonis magi fatis Romanis commentatio historica et critica (Meissen, Klinkicht, 1844, in-4).

252: Festin, ripaille. Pour une bombance on disoit une carrelure, un bon carrelage de ventre.

253: Coureuses de nuit, le lampron, petite lampe de deux sols en main. V. Richelet.

254: Hauts-de-chausses à l'ancienne mode, qui avoient fait donner aux beaux de l'autre siècle le nom de braguards. Dans le patois gascon, ce mot désigne le pis d'une vache.

255: Depuis le milieu du XVIe siècle, les inventeurs de mnémonique avoient été nombreux. Sous François Ier, Giulio Camillo Delminio ne demandoit que trois mois pour rendre un homme capable de traiter en latin quelque matière que ce fût, avec une éloquence toute cicéronienne. Il reçut du roi trois cents écus pour rédiger son invention en principes, ce qu'il n'exécuta qu'imparfaitement dans ses deux petits traités: Idea del teatro et Discorso in materia di esso teatro. Etienne Dolet, dans ses lettres et dans ses poésies, parle de lui comme d'un escroc dont le roi avoit été la dupe. Sous Louis XIII, autre système: on apprit la grammaire à Gaston d'Orléans à l'aide d'une méthode qui mettoit en action noms, adjectifs, adverbes, etc., et en faisoit comme autant de régiments, de bataillons, s'accordant ou guerroyant entre eux. (V. de Meyer, Galerie du XVIe siècle, t. 2, p. 177.) Un peu plus tard, Sivestius, chanoine de Louvain, enseignoit l'espagnol en huit jours au vice-chancelier d'Anne d'Autriche, et en dix au P. Oliva, à Rome. Il s'en vante, du moins, dans une lettre écrite en 1671, et conservée à Mons dans la correspondance de Arnould Lewaitte. V. Nouv. arch. histor. des Pays-Bas, t. 6, p. 444.

256: On écrivoit cageols. C'étoient de petits piéges en forme de cages pour prendre les oiseaux. Son dérivé cajolerie n'a pas fait beaucoup dévier le mot de son premier sens.

257: La racine de cette plante passoit pour un aphrodisiaque énergique.

258: Les zigannes ou zingari, bohémiens.

259: On sait qu'il y a un philosophe sceptique de ce nom.

260: Variante: rigistre.

261: Variante: pitié.

262: Variante: égarées.

263: Variante: mantes deschirées.

264: Sainte Eustochie ou Eustochium, qui, comme sainte Paule, avec laquelle elle se voua à la retraite, et comme les autres saintes femmes nommées ici, fut disciple de saint Jérôme.

265: Ce mot, qui vient du latin hamus et signifie hameçon, est encore très en usage dans quelques provinces.

266: Var.: un connétable négligent.

267: Sage-femme. C'est le mot latin obstetrix.

268: Les pâtissiers tenoient cabaret dans leur arrière-boutique, et le bordeau n'étoit jamais loin du cabaret. Il n'y avoit donc que la femme tarée qui s'aventurât chez le pâtissier, et qui même osât passer sans rougir devant sa porte. De là, selon l'abbé Tuet, dans ses Matinées sénonoises, de là le proverbe: Elle a honte bue, elle a passé pardevant l'huis du pâtissier. V. notre Hist. des hôtelleries et cabarets, t. 2, p. 279.

269: C'est-à-dire qui dévore tout ce qu'il trouve.

270: Le mot barguigneur ou barquineur, qui, comme le verbe dont il est le dérivé, venoit d'une métaphore empruntée au jeu de l'oie (voy. Biblioth. de l'école des chartes, 2e série, t. 2. p. 304), signifioit marchander à outrance. Il étoit ancien dans la langue. (V. Ducatiana, t. 2, p. 458-459.) Parmi les ordonnances que Monteil possédoit manuscrites, il s'en trouvoit une du XVe siècle sur la taxe du blé, par laquelle défense est faite aux barguigneurs de barguigner, c'est-à-dire de marchander avant l'ouverture du marché. V. Monteil, Traité des matériaux manuscrits, t. 2, p. 306-307.

271: La profession très méditative des cordonniers, qui produit aujourd'hui tant de socialistes et envoie tant de recrues en Icarie, avoit fourni alors un grand nombre d'adeptes à toutes les sectes de nouvelle invention. Le New-York-State-Herald du mois de septembre 1842 a donné de ces savetiers mystiques une longue liste, en tête de laquelle se trouvent: Fox, le fondateur de la secte des Quakers; Davis Parens, théologien allemand; Roger Sherman, homme d'Etat américain, etc. On nous signale une dissertation publiée en Allemagne au XVIIIe siècle sous le titre: De Sutoribus fanaticis. Les livres de religion se ressentaient par leur titre du premier métier de ceux qui les avoient écrits: c'étoient les Pantoufles d'humilité, les Souliers à hauts talons pour ceux qui ne sont que des nains dans la sainteté. V. Lud. Lalanne, Curios. bibliogr., p. 251, 254.

272: Gants. V. sur ce mot une curieuse anecdote dans les Variétés de Sablier, 3, 200.

273: Le détroit de Messine, qui s'appelle le phare.

274: Var.: tissier.

275: Var.: fe de fe. C'est le par ma foi italien.

276: Var.: d'un flamand.

277: Var.: du sacramenn. Juron des Allemands.

278: A Paris, on disoit encore, dans la litanie: A furore Normanorum libera nos, Domine. V. notre tome 1er, p. 97.

279: Un proverbe disoit: Vérolle de Rouen et crotte de Paris ne s'en vont jamais qu'avec la pièce. (Francion, 1663, in-8, p. 557.)

280: Ces deux vers manquent dans le Donnez-vous garde.

281: C'est l'ancien nom du perroquet. Il étoit resté pour désigner ces petits oiseaux de carte ou de bois qu'on mettoit au sommet d'une perche pour servir de but aux tireurs d'arquebuse.

282: Lâche, paresseux.

283: Cette fin manque dans le Donnez-vous garde, etc.

284: C'est Amurat III, successeur de Sélim II, son père, et le même qui, par l'un des épisodes de son règne, inspira à Racine sa tragédie de Bajazet. Il régna de 1574 à 1595.

285: Loin de se relâcher de la rigueur des sultans ses prédécesseurs contre les chrétiens, et d'avoir les velléités de conversion qu'on lui prête ici, Amurat fut l'un de ceux qui déployèrent le plus de sévérité. Il alla jusqu'à vouloir changer en mosquées quelques unes des églises encore consacrées au culte: Saint-François à Galata, Sainte-Anne et Saint-Sébastien. Il en avoit déjà donné l'ordre, quand l'ambassadeur de France, M. de Germigny, intervint et le fit retirer à force de démarches et d'instances. V. Hammer, Hist. de l'empire ottoman, t. 7, p. 139.

286: Il est certain qu'alors déjà il couroit chez les Turcs des prédictions qui leur donnoient beaucoup à craindre de la part des peuples chrétiens, et surtout des François. On le sait par un très curieux passage du Journal de l'Estoille, qui jusqu'ici n'a pas été assez remarqué. Il y est dit, sous la date de mars 1601: «En ce mois arriva à Paris, de la part de Mahomet, empereur des Turcs, le nommé Barthélemy de Cuœur, natif de Marseille, chrétien renié et médecin de Sa Altesse et son envoyé, sans pourtant avoir ni la suite ni le titre d'ambassadeur. Il présenta au roy un cimeterre et un poignard dont les gardes et les fourreaux estoient d'or garnis de rubis, avec un pennache de plumes de héron dont le tuyau estoit couvert de turquoises et autres pierres précieuses. Entre autres choses que cet envoyé demanda au roi, fut de rappeler le duc de Mercœur de la Hongrie, qui estoit général des troupes de l'empereur. Le roy lui demanda pourquoy les Turcs craignoient tant ce duc. C'est, respondit-il, qu'entre les prophéties que les Turcs croyent, il y en a une qui porte que l'épée des François chassera les Turcs de l'Europe et renversera leur empire, et que, depuis que le duc de Mercœur combattoit contre les Turcs, tous les bachas l'appréhendoient. Le roy luy dit alors que le duc de Mercœur estoit à la vérité son sujet, mais qu'il estoit prince du sang de la maison de Lorraine, qui n'appartient pas à la couronne de France, et que les troupes qu'il a en Hongrie n'ont pas été levées en France, mais en Lorraine, et qu'il ne fait la guerre que comme vassal de l'empire, et qu'estant chrestien, il ne peut pas empescher qu'il ne serve l'empereur...» (Supplément au Journal du règne de Henri IV, 1736, in-8, t. 2, p. 271.)—D'autres prédictions, non moins bien démenties que celle-ci par ce qui se passe depuis deux ans, annonçoient, au contraire, l'expulsion des Turcs par les Russes. La plus curieuse, due à l'astrologue arabe Mousta-Eddin, fut imprimée a Saint-Pétersbourg en 1789, puis à Moscou en 1828. On peut consulter, sur les prophéties contre les Turcs, le Télégraphe de Moscou (juin 1828, p. 510) et un curieux article de M. Alph. Bonneau (Presse, 21 mai 1854). Nous en finirons avec ces prédictions par celle qui est la plus singulière, en raison de ce qui se passe aujourd'hui; nous devons de la connoître à M. L. Lacour: «Articulus quartus. Hoc regnum (Mahometistarum) et secta penitus destructa et abolita erunt anno domini 1854 (sic) vel 1856.» (Fr. Francisci Quaresmii Elucidatio terræ sanctæ historica, theologica, moralis, Antverpiæ, ex officina Balt. Moreti, 2 vol. in-fol., MDCXXXIX, t. 1er, p. 265.)

287: On voit que l'expression des lutteurs, tomber quelqu'un, n'est pas nouvelle.

288: Route ou roupte, pour déroute, de ruptus, rompu. Pasquier et Cl. Fauchet employent souvent ce mot dans ce sens.

289: Philippe II avoit en effet alors un ambassadeur près d'Amurat pour nouer avec lui des relations qui aboutirent à une longue trève, puis à une paix définitive. V. Hammer, Hist. de l'empire ottoman, t. 7, p. 52, 140.

290: Ce mot, comme doute et quelques autres, fut du masculin jusqu'à La Fontaine, qui a dit dans son conte de Richard Minutolo:

. . . . . . . . Et les dieux
En ce rencontre ont tout fait pour le mieux.

291: Dans le Catalogue de l'histoire de France (t. 1er, p. 544), cette pièce est mise sous le no 2165, avec la date de 1623, et se trouve ainsi rangée dans la catégorie de celles qui furent faites cette année-là au sujet d'un assez long séjour de Louis XIII à Fontainebleau. V. notre tome 2, p. 134, note.

292: On croyoit, d'après Aristote, que la huppe ne faisoit pas de nid et alloit pondre dans celui des autres oiseaux. Pline avoit fait au coucou la même réputation, et de là étoit venu le mot de cocu, pris, bien entendu, dans l'acception active, et non dans le sens passif, qui lui est indûment resté. Du temps de Henri Estienne, le cocuant, aussi bien que le cocufié, étoit appelé cocu. Le dernier même ne prenoit ce nom que par pure antiphrase. V. Dial. du nouv. lang. franç. italianisé, 1579, in-8, p. 93; les Epithètes de De La Porte, Paris, 1571, p. 69; et la brochure de M. de Pétigny, Dissertation étymologique, historique et critique, sur les diverses origines du mot cocu... Blois, 1835, in-18.

293: Puput est le nom onomatopique de la huppe. V. Dict. de Trévoux.

294: Argent, en argot. Il ne se trouve pas dans le dictionnaire argot-françois mis à la suite du poème de Grandval, le Vice puni, 1725, in-8, p. 106.—Foncer pour donner s'y trouve.

295: Il ne faut nous soucier de rien. L'expression il ne m'en chaut est long-temps restée dans le peuple.

296: Nous ne savons quel est ce mot, qui désigne certainement ici une soubrette complaisante, une dariolette.

297: Monsieur, maître. Il se trouve dans le Dictionnaire de Grandval. Sorel s'en est servi une fois dans Francion, édit. de 1663, in-8, p. 490.

298: C'est-à-dire les étriller, les gronder pour leur peine. Avoir l'endosse, jeter l'endosse sur quelqu'un, pour dire qu'on le fait responsable d'une chose, sont des locutions qui restèrent dans la langue populaire. Marivaux s'est servi de la dernière à la scène 15 de l'Épreuve.

299: Dans l'argot moderne, riffle signifie feu; mais, dans celui du XVIIe siècle, il avoit un sens plus étendu, comme on le voit ici. Il s'entendoit pour rebuffade, coup, etc.

300: La tête. D'où le mot timbré, dans le sens de fou. V., dans le Th. italien de Gherardi, la Précaution inutile.

301: Nez.Renifler est un dérivé de ce mot, plus populaire encore qu'argotique. La mornifle étoit un revers de main sur le niffle.

302: S'en aller. Dans le petit glossaire de Grandval, bier signifie aller.

303: Le taudis, la maison.

304: Far l'atto venereo.

305: On appeloit ainsi l'argot ou jargon des voleurs. «Un jour qu'on disoit à feu Armentières que M. d'Angoulême savoit je ne sais combien de langues: «Ma foi, dit-il, je croyois qu'il ne savoit que le narquois.» (Tallemant, Historiettes, édit. in-12, t. 1er, p. 220.)

306: Matois s'entendoit alors pour mauvais garnement, filou, enfant perdu. «Mais, lit-on dans les Contes d'Eutrapel (Disputes entre Leupolde et Eutrapel), depuis que j'eus hanté les lieux d'honneur, la place Maubert, les Hales..., couru tous les basteleurs de la ville et assemblées des enfants perdus et Matois, je fus un maistre galant.» V. encore L'Estoille, Journal de Henri IV, 4 juin 1596. Une pièce publiée par notre ami M. de Montaiglon, dans son recueil de Poésies du XVe et du XVIe siècle, sous le titre de le Valet à tout faire, est intitulée, dans une autre édition, le Mathois ou marchand meslé. V. Ch. Nodier, Nouv. mélanges d'une petite bibliothèque, no 583.—On appeloit aussi les matois enfants de la mate. V. Cotgrave, Moizant de Brieux, Origine de quelques coutumes et façons de parler, p. 15, et les Aventures du baron de Fæneste, liv. 3, ch. 1er.

307: Laisser-passer que les douaniers donnent aux marchands et voituriers.

308: Pour le quidam.

309: Le Jupiter Amoun étoit, en effet, représenté sous la forme d'un homme criocéphale, ou à tête de bélier. V. Jacobi, Dict. mythologique.

310: Entre autres faits racontés d'après Pline au sujet de l'escarboucle, on disoit que cette pierre lumineuse se ternissoit à l'air malsain.

311: Accablées par le poids. (Dict. de Furetière.) C'étoit, au XVIIe siècle, un mot très suranné.

312: La petite place qui se trouvoit à la jonction de la rue Saint-Honoré et de la rue de l'Arbre-Sec, devant la croix dite du trahoir ou du tiroir, par altération, servoit souvent de lieu de supplice; mais on y pendoit seulement. C'est par exception qu'on y décapitoit, comme en cette circonstance. Ce supplice des condamnés de qualité étoit réservé à la place de Grève.

313: L'Estoille, qui est d'ordinaire si bien au courant de toutes ces exécutions, ne parle pas de celle-ci. Malherbe n'en fait pas non plus mention dans ses lettres à Peiresc.

314: Vieux mot qui s'employoit pour occasion, et qui dérivoit aussi d'occasio, selon Huet. V. un article de M. Littré, Revue des Deux-Mondes, 15 juillet 1855, p. 372.

315: L'épée de Denys le Tyran au dessus de la tête de Damoclès.

316: Ce mot est plus rare que vergogne, dont il est dérivé. On le trouve pourtant dans Montaigne et dans ce passage du 1er livre des Poèmes de Ronsard:

Ils faisoient bien souvent, sans nulle autre poursuite,
Tourner les ennemis en vergogneuse fuite.

317: «Inquiétudes d'esprit, passions véhémentes.» (Dict. de Furetière.) Ce mot étoit déjà vieux.

318: Montaigne s'est servi du même mot à peu près dans le même sens: «Il faut, dit-il, oster à la mort son estrangeté et la domestiquer à force d'y penser.»

319: V., sur cette locution, une note de la pièce précédente.

320: Elle avoit encore certain pouvoir sur l'esprit de Henri IV, son époux divorcé. V. notre tome 1er, p. 207.—Au mois de juin de cette même année, le roi lui avoit encore accordé une grâce. V. L'Estoille, à cette date.

321: Ce n'est qu'une réimpression du Discours nouveau sur la mode, Paris, Pierre Ramier, rue des Carmes, à l'Image Saint-Martin, 1613, in-8, reproduit en 1850 par M. Eus. Castaigne dans le t. 4 du Bulletin archéologique et historique de la Charente, et tiré à part à 100 exemplaires.—Le Pasquil de la cour, mis à la suite de l'édition reproduite ici, ne se trouve pas dans la première. Il avoit d'abord été publié à part sous le même titre, Paris, 1623, in-8 de 11 pages.

322: Henri Estienne, dans ses Deux dialogues du nouveau langage françois italianisé, à propos d'une discussion de son Celtophile et de son Philausone sur la mobilité perpétuelle de la mode, raconte l'anecdote de ce peintre qui, ayant à représenter tous les peuples de l'Europe avec leur costume national, n'imagina rien de mieux, pour figurer le François, que de le peindre nu avec une pièce d'étoffe sous le bras et une paire de ciseaux à la main. C'est certainement à ce tableau, ou plutôt à cette caricature, que l'auteur fait allusion ici. Une autre pièce du temps, le Courtisan à la mode, etc. (1625), p. 9, en parle d'une façon plus directe et avec plus de détails: «Il ne faut s'estonner, y est-il dit, si dans Rome, dans la gallerie du cardinal Fernèze (sic), que l'on estime estre l'une des plus admirables pour les peintures et autres singularitez qui s'en puissent trouver dans l'Europe, où, entre autres choses, l'on voit toutes les nations despeintes en leur naturel, avec leurs habits à la mode des pays, hormis le François, qui est despeint tout nud, ayant un roulleau d'estoffe soubs l'un de ses bras et en la main droicte des cizeaux, pour demonstrer que, de toutes les diversitez de l'univers, il n'y a que le François qui est seul à changer journellement de mode et façon pour se vestir et habiller, ce que les autres nations ne font jamais.»

323: On sait qu'on appeloit moustaches les cheveux tombant sur les côtés. Dans la Mode qui court, pièce du même temps (p. 3), il est parlé d'une «perruque acheptée au Palais, garnie de sa moustache derrière l'oreille.»

324: Les Juifs portoient toujours les cheveux pendants.

325: Ce fut la mode jusqu'au jour où Louis XIII, s'étant ingéré du métier de barbier barbant, «coupa, dit Tallemant, la barbe à tous les officiers de sa maison, et ne leur laissa qu'un petit toupet au menton.» Richelieu, à qui l'on ne faisoit pas si facilement la barbe, conserva seul la royale pointue. Une chanson faite alors, et conservée par Tallemant, disoit:

Helas! ma pauvre barbe,
Qu'est-ce qui t'a faite ainsi?
C'est le grand roi Louis
Treizième de ce nom,
Qui toute a ebarbé sa maison.
..........
Laissons la barbe en pointe
Au cousin de Richelieu,
Car, par la vertudieu!
Ce seroit trop oser
Que de la lui pretendre raser.

Tallemant, Historiettes, édit. in-12, t. 3, p. 68.

326: C'étoient ces moustaches en croc ou recroquillées en cerceau dont se moque Naudé dans le Mascurat, p. 187. La mode en venoit des Espagnols. Les courtisans s'en faisoient gloire: «Ils vous respondront que leur habit, leur desmarche et leur barbe est à l'espagnolle.» (Le Courtisan à la mode, p. 8.)

327: On trouve dans une pièce déjà citée, la Mode qui court (ibid.), des détails sur ces diverses formes de chapeaux, ronds, pointus, hauts de forme, en pot à beurre, comme dit G. Naudé, ou à l'albanoise, comme on dit ici; sur les cordons, les panaches, etc. «Les chapeliers, y est-il dit, se plaignent que tant de chouses (modes) nouvelles leur font perdre l'escrime en la fabrique des chappeaux. L'un les veut pointus en pyramide, à la façon des pains de sucre, qui dansent en cheminant sur la perruque...; d'autres les veulent plats à la cordelière, retroussez, en mauvais garçon (par signe seulement), avec un pennache cousu tout autour, de peur que le vent l'emporte; d'autres en veulent en façon de turban, ronds et peu de bords...» Le Courtisan à la mode (p. 5) parle aussi de ces diverses formes, chapeaux en preneurs de taupes, chapeaux hors d'escalade, c'est-à-dire très pointus, très à pic. Dans les Loix de la galanterie, la même expression est employée, et il y est dit en outre: «L'on a porté des chapeaux fort hauts, et si pointus qu'un teston les eût couverts.» M. Castaigne cite en note sur ces hauts chapeaux d'Albanois un passage des Œuvres morales, etc., de Jean des Caurres, fol. 602, verso.

328: Repli, revers, parement.

329: Le point-couppé étoit une dentelle à jour qu'on faisoit en collant du filet sur du quintin, et en perçant et emportant la toile qui étoit entre deux. V., sur le commerce du point-couppé, les notes d'une des pièces précédentes.

330: Rondache, bouclier rond.

331: «Chouse (la mode) a encore fait ceci de bon, qu'elle a ramené l'antique origine des François, descendus de la belliqueuse nation d'Allemagne; car les hommes s'accoustument à porter chausses bouffantes de taffetas ou velours sortant par fentes dehors.» (La Mode qui court, etc., p. 6.)

332: Ces gants à franges étoient depuis long-temps à la mode. Dans une très curieuse pièce parue en 1588, le Gan de Jean Godard, Parisien..., nous lisons (ad finem):

Les hommes d'à present, qui connoissent combien
Ils (les gants) nous font de profit, de plaisir et de bien,
Les honorent aussi de mainte broderie
Faite subtilement de riche orfevrerie,
De senteurs, de parfums: les uns sont chiquetés
De toutes parts à jour, les autres mouchetés
D'artifice mignard; quelques autres de franges
Bordent leur riche cuir, qui vient des lieux estranges.

333: Soutane.

334: Furetière, dans sa satire le Jeu de boule des procureurs, renvoie le haut de chausses à la suisse aux petits praticiens; la braguette y étoit très saillante. V. Montaigne, Essais, liv. 3, chap. 5, et Vers à la Fronde sur la mode des hommes... 1650.

335: Cette manière de crinoline non tissue étoit depuis long-temps en usage, surtout pour la toilette des femmes:

Deça des dames plus fines,
Pour leur grossesse cacher.
On voit la rue empescher,
Portant de larges vasquines;
Là marchent à graves pas.
Renforcées par le bas,
Celles qui deux culs supportent
Sous les robes qu'elles portent.
Desquels l'un, de chair, la nuit
Leur sert à prendre deduict;
L'autre, de crins et de bourre,
Autour leurs fesses embourre.

(P. Le Loyer, la Nephelococugie, ou la Nuée des Cocus, comédie. Abel Langelier, 1579, in-12.)

336: Il n'appartenoit qu'aux lourdauds de province de paroître au bal avec des bas d'étame. «Le bal, dit Scarron, se donnoit tous les soirs, ou de très méchants danseurs dansèrent de très mauvaises courantes, et où plusieurs jeunes gens de la ville dansèrent en bas de drap de Hollande ou d'Ussaa et en souliers cirés.» (Le Roman comique, 2e partie, chap. 17.)

337: «Après ce que dessus, Chouse (la mode), a inventé l'usage des jarretières chasse-mouches, larges, à grandes franges, pour défendre à la crotte de toucher au bas, etc.» (La Mode qui court, etc.)

338: Ces souliers camus sont ce que Scarron, dans son Epistre burlesque à madame de Hautefort, appelle avec tant d'esprit:

Galoches à dormir debout.

339: «Mais voicy un autre tintamarre: tous se plaignent que les laitues pommées et roses sont fort renchéries depuis peu de temps. Les jardiniers n'en sont pas marris; ils en rient tant qu'ils peuvent, car elles n'estoient en usage il y a environ deux ou trois mois qu'en salade; maintenant Chouse (la mode) les fait servir en souliers, voire des laquais, palfreniers et gens de néant. Je croy que c'est pour tenir le soulier ferme, selon l'ordonnance:

Ne vagus in laxa pes tibi pelle natet,

afin que le soulier ne branle dans le pied.» (La Mode qui court, etc.)

340: Les bottes en cuir de Russie étoient alors à la mode. Tout le monde en vouloit, vieilles ou neuves, avec éperons rouillés ou fourbis: «Les maistres cordonniers sont sur le poinct de se battre (quoi qu'il soit defendu) avec les savetiers de la Savaterie et de la Potterie, vers les halles; car il n'y a qu'eux qui vendent des bottes frippées et des vieux esperons de la dernière guerre de Perpignan. Encore une aultre grande question s'esmeut entre les maquignons, vendeurs de chevaulx, avec les susdits savetiers; car ils veulent savoir sive jure, sive injuria, d'estoc et de taille en un besoing, pourquoy ils vendent tant de bottes, et qu'eux ne vendent point de chevaux. La chose ayant esté desbattue, in utramque partem, pro et contra, les savatiers ont fanatiquement représenté que l'incommodité des boues étoit vrayement cause d'une telle confusion de bottes, mais qu'ils n'en estoient cause; mais qu'un homme avoit plus tost trouvé vingt sols ou demy-escu pour une paire de bottes que vingt escus pour un cheval, joinct que les bottes sont fort propres pour espargner les souliers..., se garentir de crottes, espargner le foin, l'avoine, qu'il fauldroit pour un cheval; et ce qui est plus considérable, c'est que, par ce moyen, un homme botté et esperonné est estimé homme d'honneur et presque gentil homme. Quoy qu'il n'ait pas de cheval, c'est tout un; n'importe, l'estable en est plus nette.» (La Mode qui court, etc.) V. dans Francion, 1663, in-8, p. 557-559, l'éloge des bottes.

341: «Ceste meschante Chouse fait porter aujourd'huy...... l'escharpe sur l'espaule, à grandes franges pendantes en bas, sortant soubs le manteau, qui sert pour porter un petit coutelas de paix, à la façon des Arabes et Levantins.» (La mode qui court...)

342: Hommes et femmes s'enfarinoient les cheveux de poudre de Chypre parfumée. V. la Dispute et interrogatoire faicte par deux poètes françois, 1610, in-12, p. 15; Francion, p. 267; Vers à la Fronde, sur la Mode des hommes..... Scarron, dans l'épistre citée, reproche aux jouvençaux:

Trop de gallons dessus les reins,
A la tête de trop longs crins,
Crins où, nonobstant la farine,
L'humide graisse trop domine.

343: Les perruques commençoient d'être à la mode pour les hommes comme pour les femmes. Les hommes qui les vouloient longues et tombantes se les faisoient faire avec des cheveux de femme. (Mézeray, Abrégé de l'Hist. de France, 1698, in-12, t. 1, p. 253.) Une perruque blonde du bon faiseur se vendoit jusqu'à mille écus. Les cheveux propres aux perruques des dames valoient 150 livres l'once.

344: C'est-à-dire assorti à la figure, ce qui étoit un grand point. L'assortiment des diverses parties de la toilette fut une question non seulement de goût, mais de bienséance, pendant tout le XVIIe siècle. V. l'Extraordinaire du Mercure, janvier 1698, art. Garde-robe des femmes.

345: V. sur cet usage des masques notre t. 1, p. 307, note, et notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 105. Scarron, dans l'épistre citée, parle ainsi des masques à dentelle qu'on portoit de son temps:

Dirai-je comme ces fantasques
Qui portent dentelle à leurs masques
En chamarrent les trous des yeux,
Croyant que le masque en est mieux?

346: Les affiquets, qu'on trouve appelés affiques dans le Blason des faulses amours, étoient les longues épingles fichées (affixæ) dans les cheveux ou la coiffure. «Les affiquets, dit Nicot, s'affichent aux bonnets, aux chapeaux et choses semblables.» V. aussi Jacq. Bourgoing, De origine et usu vulgarium linguarum.

347: V. sur ces collets notre édition des Caquets, p. 49 et passim. Ce qui est dit ici se retrouve en prose dans la Mode qui court, etc., page 8. «Le col garny d'affiquet, de collet à quatre ou cinq estages, d'un pied et demy pour monter au donjon de folie, voire telles qui n'ont un seul denier de rente; danger même que les porteuses de laict n'en prennent envie, comme elles ont faict autrefois sur le vin muscat; je n'en dy mot, puisqu'on en aura toujours des nouvelles à la pierre au laict.»

348: Parmi les poésies qui accompagnent l'Adonis, tragédie de Guillaume Le Breton, Nivernois, Paris, Ab. L'Angelier, 1597, p.   in-12, s'en trouve une qui a pour titre: Paradoxe que les femmes doivent marcher avec le sein découvert. «Chouse, est-il dit aussi dans la Mode qui court, p. 8, a encore inventé de représenter le teton bondissant et relevé par engins au dehors, à la vue de quy voudra, pour donner passe-temps aux alterez, et suivant cela on dit:

Jeanne qui faict de son teton parure
Faict voir à tous que Jeanne veut pasture.»

D'après une autre pièce du temps, on voit qu'à l'église même la décence dans la parure n'étoit pas mieux observée: «Mais encore le pire, si vous entrez dans une église pour ouyr le sermon, vous voyrez ces poupines dames le tetin descouvert jusqu'au nombril, lequel en vous amusant à regarder, vous perdrez la sainte parole.» (La dispute et interrogatoire faicte par deux poëtes françois... Paris, 1610, ad finem.)

349: Ces aislerons, qui n'étoient que de gros nœuds de ruban largement étalés, avoient fait donner à l'ensemble de la garniture le nom de petite oie. V. une note de notre édition du Roman bourgeois, p. 70. C'est pour continuer la comparaison qu'on avoit appelé jabot «l'ouverture de la chemise sur l'estomach, laquelle il faut toujours voir avec ses ornements de dentelle.» (Les Loix de la galanterie, édit. Aug. Aubry, p. 16.)

350: «Ceste Chouse a apporté aussy du pays des Bottonières la façon des botons sans usage sur les manches, sur les chausses, devant, derrière, de costé et d'aultre, et n'y a moyen de paroistre autrement.» (La Mode qui court,... etc., p. 7.)

351: La bure ou bureau. V. plus haut, pag. 120.

352: Les vertugales, passées de mode, ainsi que les vasquines, dans la seconde moitié du XVIe siècle (voy. notre tome 2, p. 190), avoient reparu sous Louis XIII, agrandies et perfectionnées, avec le nouveau nom de vertugadin.

353: C'est-à-dire exhaussés d'un talon qui leur donnoit, posés à terre, la forme d'une arche de pont. Scarron, dans son Épistre déjà citée, parlant de la chaussure des dames, nous représente

Leur pied, que grand pont-levis hausse.

354: M. Castaigne a remarqué qu'il s'agit ici de la parure de tête dont a parlé d'Aubigné dans ses Tragiques, lorsqu'il nous a représenté Henri III

De cordons emperlez la chevelure pleine.

355: «Entre les femmes, il y a bien d'autres niveleries, j'entends entre les bourgeoises: celles qui ont les cheveux tirez ou la chaisne sur la robbe sont estimées davantage que les autres qui ne sont pas ainsi parées.» (Hist. de Francion, 1663, in-8, p. 260.)

356: «...Plusieurs de ce siècle... disent à tout propos chouse, souleil, etc.» (Le Courtisan à la mode,... Paris, 1625, in-8, p. 4.) V., sur cette prononciation à la mode du temps de Louis XIII, le Banquet des Muses... du sieur Auvray (les Nonpareils), et notre Essai historique sur l'orthographe, Paris, 1849, in-8, p. 52-53.

357: Dans l'édition qu'a reproduite M. Cassaigne la pièce se termine par les mots: A Dieu.

358: V. notre tome 2, p. 341, note.

359: V. sur ces offices de l'Oratoire, dont l'église venoit d'être bâtie, notre édition des Caquets de l'Accouchée, p. 82, note.

360: Les Ursulines s'étoient établies rue Saint-Jacques en 1612. On achevoit alors de bâtir leur église. C'est là que fut élevée Mlle d'Aubigné. V. Fragm. des mémoires du P. Laguille, Archiv. litt. de l'Europe, no XXXV, p. 370.

361: Fondateur de l'Oratoire en France. V. notre édit. des Caquets, p. 79-80.

362: Nous n'avons pu trouver de renseignements sur le P. Athanase ni sur cette marquise, dont le nom doit être de Maignelay et non Menelé.

363: Prières publiques et continuelles faites pendant trois jours devant le Saint-Sacrement en des circonstances importantes. Il manque un vers à la suite de celui-ci.

364: Les Carmélites de la rue du Bouloi, chez lesquelles se faisoient les retraites des dames de la cour. V. Lettres de Sévigné, 15 octobre 1677 et 25 mai 1680.

365: Femme d'Adrien de Bréauté, gentilhomme de la chambre, mort en 1610. V. le P. Le Long, t. 3, no 31,885.

366: Le Pape.

367: Le P. Seguirand, confesseur du roi. V. notre tome 2, p. 134. Le père Arnoux l'étoit aussi.

368: V. plus haut une note de la Chasse au vieil grognard de l'antiquité.

369: C'est-à-dire à la manière de Bocan, le fameux maître de danse. V. sur lui une note de notre tome 1, p. 135.

370: Autre maître de danse, dont le nom est resté consacré par l'air encore si populaire de Dupont, mon ami, sur lequel se dansoit, au commencement du XVIIe siècle, cette fameuse danse de la guimbarde que ce Dupont avoit peut-être réglée et mise à la mode. V. notre édit. des Caquets, p. 59.

371: Poudre d'iris, dont on se blanchissoit et parfumoit les cheveux «pour corrompre une plus mauvaise odeur...» (La Mode qui court, p. 7.)

372: Gomme.

373: Espèce de devineresse dans le genre de celle dont nous avons parlé dans notre tome 1er, p. 29, note. Il paroît, d'après ce qui suit, qu'elle avoit rapporté d'Italie, entre autres philtres, de la poudre romanesque et des reliques du comte Jean-Louis de Fiesque, dont elle se servoit pour ses enchantements. Ce comte de Fiesque est celui qui mourut en 1547, à Gênes, dans le plein succès de cette fameuse conspiration dont le cardinal de Retz s'est fait l'historien.

374: La culebutte étoit un nœud de rubans rejeté derrière la coiffe-cornette. (Dict. de Furetière.)

375: V. sur cette mode des mouches, qui faisoit alors fureur, une pièce du Recueil de pièces en prose de Ch. Sercy, 1661, in-12, t. 4, p. 54-55. V. aussi une longue pièce de M. L. de Laborde, Palais-Mazarin, p. 318, note 368.

376: Tous ces mots (gants à la Cadenet, mouchoirs à la connestable, perles à la Branthe) prouvent à quel point le connétable de Luynes et ses deux frères Cadenet et Branthe étoient alors les rois de la mode.—Sur le luxe des mouchoirs parfumés, à glands, à franges, etc., V. Vers à la fronde sur la Mode des hommes.

377: V. une note de notre édition des Caquets, p. 59.

378: Petite étoffe de laine à poil frisé, dont la meilleure venoit de Florence, et qui servoit à doubler les habits d'hiver.

379: C'est-à-dire de couleur rouge clair, comme la flamme.

380: Il manque ici un vers.

381: V. plus haut, sur cette étoffe commune, une note de la Chasse au vieil grognard de l'antiquité.

382: Saint-Jean-d'Angely, que M. de Soubise avoit rendu au roi le 25 juin 1621.

383: A cause de ce mot du titre, M. Leber a placé cette pièce dans un portefeuille de facéties anciennes sur les plaideurs (voy. son Catalogue, no 2405), bien que rien ne s'y rapporte à des affaires de palais, comme on le verra.

384: Samaritaine. L'auteur fait exprès mal prononcer par son provincial ce nom si connu des Parisiens.

385: Meyer donne ainsi l'origine de l'expression entendre le pair, qui s'introduisit dans la langue commerciale vers le milieu du XVIe siècle: «Un si grand concours d'étrangers, dit-il, et surtout d'Italiens nés dans des souverainetés différentes, dont chacune et même chaque ville avoit son marc différent, devoit produire une confusion dans les monnoies en France, où tout avoit cours, même les fausses monnoies. De là vint ce proverbe: Il entend le pair, quand on vouloit annoncer un homme rompu aux affaires et habile; car rien n'étoit plus difficile que de suivre le cours des changes de toutes les monnoies...» (Galerie du XVIe siècle, t. 1er, p. 147.)—Le mot la preze ajouté ici, et qui doit venir de l'italien prezzo, prix, valeur, ne dément pas cette explication.

386: C'étoit une manœuvre de ces fourbes de commencer par perdre. Le petit suisse qui gagna tant d'argent au chevalier de Grammont se donna aux premières parties une veine d'autant plus déplorable qu'il savoit bien qu'il auroit sa revanche. V. Mém. de Grammont, chap. 3.

387: Il faut ajouter: dont la fonte ne réussit pas. Ce proverbe se trouve dans tous les écrivains du XVIe siècle. Au lieu de étonné, on disoit souvent ébahi, penaud, ou bien encore matté, comme un fondeur de cloches.

388: On y jouoit avec un dé sexagone nommé filou, qui, roulé sur une table bien unie, gagnoit lorsqu'il ne se posoit pas sur celui de ses six pans qui n'étoit pas marqué de noir. Son nom lui venoit de ce qu'il étoit très facile de tromper à ce jeu, «soit en chargeant de plomb quelqu'un des endroits du dé, soit en inclinant un peu le plan sur lequel on le poussoit.» (Dict. de Furetière.)

389: Etienne Carneau, né à Chartres en 1610, entré dans l'ordre des Célestins en 1630, mort en 1671. Ayant été-guéri de la fièvre par le vin émétique d'antimoine, il composa en faveur de cette panacée, et contre ses ennemis, la Stimmimachie, ou le grand combat des médecins modernes touchant l'usage de l'anti-moine, poème histori-comique, dédié à Messieurs les médecins de la faculté de Paris, par le sieur C. C. Paris, Jean Paslé, 1656, in-8. M. Viollet-Leduc possédoit un exemplaire de la Stimmimachie. Il en a parlé dans sa Bibliothèque poétique, p. 545; mais il ne semble pas avoir connu la pièce reproduite ici, et qui est une preuve que le goût du bon Célestin pour le vin ne s'arrêtoit pas au vin émétique. Quand il mourut, le P. Carneau étoit revenu aux idées pieuses. On le voit par l'épitaphe qu'il se composa lui-même en latin et en françois. Nous ne l'avons trouvée que dans le petit volume de Bordelon: le Livre à la mode, ou Diversitez nouvelles, Paris, 1696, in-8, p. 241, où elle est donnée d'après une histoire manuscrite des Célestins. Voici l'épitaphe françoise; nous vous ferons grâce de la latine, dont celle-ci, du reste, n'est que la traduction:

Ci-gît qui, s'occupant et de vers et de prose,
A pu quelque renom dans le monde acquérir:
Il aima les beaux-arts; mais, sur toute autre chose,
Il médita de plus celui de bien mourir.

390:

Narratur et prisci Catonis
Sæpe mero caluisse virtus.

(Horat.)

Ce que J.-B. Rousseau paraphrase ainsi, dans son ode à l'abbé Courtin:

La vertu du vieux Caton,
Par les Romains tant prônée,
Etoit souvent, nous dit-on,
De salerne enluminée.

391: Cette métaphore nous rappelle un amusant lazzi d'Arlequin. «Mezetin vient sur le théâtre, portant quelque chose sous son manteau. Arlequin lui demande: Que portes-tu?—Un poignard, dit Mezetin. Arlequin cherche, et voit que c'est une bouteille; il la boit, et la rend ensuite à Mezetin en lui disant: Je te fais grâce du fourreau...» (Biblioth. de cour, 1746, in-8, t. 2, p. 177.)

392: Pour fatigué, harassé. Ce mot commençoit à vieillir. Racine l'a souligné comme suranné dans l'exemplaire du Quinte-Curce de Vaugelas (1653, in-4, p. 248) qu'il possédoit, et qui est aujourd'hui à la Bibliothèque impériale.

393: On sait qu'Horace avoit les yeux malades, lippi oculi.

394: Ce trait a peut-être été inspiré par cette jolie épigramme de Marot:

Le vin, qui trop cher m'est vendu,
M'a la force des yeux ravie;
Pour autant il m'est défendu,
Dont tous les jours m'en croist l'envie;
Mais, puisque luy seul est ma vie,
Maugré des fortunes senestres!
Les yeux ne seront pas les maistres:
J'aime mieux perdre les fenêtres
Que perdre toute la maison.

395: Plusieurs stances et sonnets de Malherbe sont adressés à cette Caliste, qui n'étoit autre que la vicomtesse d'Auchy. V. Tallemant, édit. in-12, t. 1er, p. 169; et notre t. 1er, p. 128.

396: Le fameux Metel de Boisrobert, le poète et le bouffon de Richelieu.

397: Charles Beys, le poète ami de Molière.

398: Antoine Maréchal, de qui l'on a un grand nombre d'œuvres dramatiques données de 1638 à 1645. V. Catal. de la bibliothèque de M. de Soleinne, nos 1045-1048.

399: Ch. Robinet, auteur de Momus et le Nouvelliste, et continuateur de la Muse historique de Loret.

400: Pierre Le Pelletier, dont s'est tant moqué Boileau.

401: Scarron buvoit bien, en effet. On trouve dans ses œuvres un grand nombre de vers de remercîments pour les vins fins dont on lui faisoit envoi. Aucun présent ne lui agréoit davantage. V., dans notre Paris démoli, le chapitre, les Maisons de Scarron, p. 338-339.

402: L'auteur, du moins, y met de la franchise. Il ne dissimule rien, ni son goût bachique, ni son état. Plus loin il médit de son cher antimoine, et dément sa Stimmimachie.

403: Nous dirons, pour en finir avec ce livret, qu'il a été mis en prose, sous le titre de la Pièce charmante du cabinet découverte. (Moreau, Bibliographie des Mazarinades, t. 1, p. 15.)

404: C'est-à-dire émouchées, d'où l'on a chassé les mouches, les idées noires. Comme trace de l'existence de cette confrérie, nous n'avons trouvé que cette seule pièce, qui suffit du reste pour témoigner de l'esprit qui y présidoit. Quant au nom de ratiers, que se donnoient les membres, il est bon de dire qu'au XVIIe siècle ce mot s'entendoit pour un homme de folle gaîté, d'imagination plaisamment extravagante. L'expression avoir des rats, c'est-à-dire des idées folles, est restée. Elle avoit été consacrée sous la Régence par une chanson dont le refrain, encore connu, étoit:

Oui ce sont les rats
Qui font que vous ne dormez guères, etc...

et sur l'air de laquelle avoit été réglée la fameuse contredanse nommée, à cause d'elle, contredanse des Rats.

405: Ces mots de Capitouls et Jurats, qui n'appartiennent qu'aux municipalités du midi, de Toulouse, Bordeaux, etc., nous indiquent au moins, faute d'autres indications locales, dans quelle partie de la France se tenoient les assises de la folle confrérie.

406: Timbre, cloche. L'auteur joue sur les mots timbre, timbré, à cause de leur sens figuré, qui convenoit à son sujet.

407: Celui qui avoit le soin de la police des marchés. Il y avoit dix magistrats de ce nom à Athènes; leurs fonctions correspondoient, pour la plupart des attributions, à celles des édiles curules chez les Romains.

408: Agaces, pies.

409: Lisez goguier, homme toujours de belle humeur, et en ses gogues, comme on lit en la 29e des Cent Nouvelles nouvelles, toujours goguelu, comme dit Rabelais, liv. 5, chap. 13.

410: Saint-André, petite ville du Bas-Languedoc, à peu de distance de Clermont, entre Montpellier et Lodève.

411: Moucherons.

412: Ce mot commençoit alors à s'employer pour désigner un homme ayant dans l'esprit quelque chose de ridicule et d'extravagant. (Dict. de Furetières.) V. aussi, sur cette expression, un article philologique de l'académicien Arnault, Revue de Paris, 1re série, t. 9, p. 187.

413: On eût pu trouver lecture plus attrayante, comme, par exemple, ces contes de haulte gresse, dont certain prêtre du XVIe siècle disoit en soupirant, après les avoir lus seulement deux ou trois fois: Que n'est-ce breviaire?

414: Sorte d'eau-de-vie de fenouil, dont la meilleure se faisoit avec du fenouil de Florence.

415: Le rossoli se faisoit avec de l'eau-de-vie brûlée, du sucre et de la cannelle. Les Italiens de la cour de Marie de Médicis l'avoient mis à la mode. Le meilleur est celui dont le Dictionnaire de Trévoux donne la recette d'après Dionis. On l'appeloit rossoli du roy, parceque Louis XIV en usa pendant un temps considérable, et s'en trouva toujours fort bien.

416: Ce mot étoit alors bien nouveau chez nous. Il y étoit venu de la Flandre espagnole, où il désignoit une réunion, un cercle, une assemblée, de même que le mot estamiente, dont il étoit le dérivé. V. notre Histoire des Hôtelleries et Cabarets, t. 2, p. 166.

417: Pour se faire une idée de l'abondance gastronomique des villæ monastiques, il faut lire ce que dit, dans ses Mémoires, l'abbé Blache, des immenses provisions entassées dans les caves de Montlouis, alors maison de campagne du P. La Chaise, aujourd'hui le cimetière auquel le fameux jésuite a donné son nom. V. Revue rétrospect., 1re série, t. 1, et Journal des Débats, 8 juillet 1836.

418: Ce mot, d'où dérive directement l'adjectif séculier, se disoit pour monde en morale, par opposition à céleste et à spirituel. (Dict. de Trévoux.)—Cette expression étoit déjà employée au XVe siècle. «Celle bonne dame, lit-on au chapitre 25e du Livre du chevalier de la Tour-Landry, estoit jeune et avoit bien le cuer au siècle, et chantoist et dansoyt voulentiers.» (Edition elzevirienne, donnée par M. de Montaiglon, Paris, 1854, p. 55.)

419: On sait que, dans les colléges de jésuites, il étoit d'usage de donner, à certaines occasions, des représentations dramatiques, des tragédies, des comédies, même des opéras, puisque celui de Jonathas fut écrit par Carpentier pour le collége des jésuites de Paris. C'étaient les élèves qui jouoient et qui chantoient les rôles; à chaque distribution, il y avoit un prix pour celui qui avoit le mieux fait son personnage. Le livre donné en récompense portoit cette mention: Alumnus... pro bene actam personam... præmium feret. Il en résulta que ces colléges de jésuites furent ce qu'est à peu près aujourd'hui notre Conservatoire. Une foule de bons chanteurs et de bons comédiens en sortirent, notamment Molière, Dancourt, Tribou de l'Opéra, et beaucoup d'autres dont les jésuites du collége de Clermont, à Paris, préparèrent la vocation, sauf à les faire excommunier lorsqu'ils prouvèrent trop bien qu'ils étoient leurs dignes élèves.—Il est dit ici que les religieux avoient droit de dresser théâtre, etc., et c'est à tort. La comédie n'étoit permise chez eux que par tolérance, en depit même de l'article 80 d'une ordonnance rendue à Blois en 1579, par laquelle toute espèce de comédies, même les petites représentations des bucoliques et des églogues, leur étoient interdites. Il est vrai que l'ordonnance ne fut jamais exécutée. On peut voir, sur ces spectacles des colléges, les Mémoires de Bassompierre, sous la date du lundi 7 septembre 1619; les Aventures de Francion, liv. 4; Lémontey, Hist. de la régence, t. 2, p. 350.

420: La science troisième ou moyenne, selon les théologiens, celle, disent-ils, par laquelle Dieu connoît ce que les anges et les hommes feroient en certains cas, en certaines circonstances, s'il avoit résolu de les y mettre.

421: le fameux jésuite espagnol Louis Molina, dont le livre De la concorde de la grâce et du libre arbitre (Lisbonne, 1588, in-4) suscita les fameuses disputes sur la grâce et sur la prédestination. Molina, apôtre des Molinistes, étoit mort à Madrid le 12 octobre 1600.

422: Le coutre ou coustre étoit celui qui avoit le soin de sonner les cloches et qui étoit gardien (custos, d'où son nom) des clefs de l'église. V. Ménage, Hist. de Sablé, liv. 2, chap. 3.

423: On déployoit une très grande pompe pour la réception des docteurs en toutes sortes de sciences, médecine, théologie, etc. On peut voir par le Journal du voyage de Locke en France (18 mars 1676) que l'appareil dont Molière entoure la réception d'Argan comme docteur n'a rien d'exagéré. (Revue de Paris, 1re série, t. 14, p. 13-14.) La thèse si pompeusement soutenue étoit elle-même illustrée d'une magnifique gravure. Elle étoit toujours bonne à prendre pour l'image, comme dit Toinette du Malade imaginaire.

424: V. une des notes précédentes.

425: La lutte avoit d'abord eu lieu entre les dominicains Thomistes et les jésuites Molinistes, tant à cause du livre de Molina cité tout à l'heure qu'au sujet de ses Commentaires sur la première partie de la Somme de saint Thomas.

426: Les priseurs râpoient encore leur tabac à chaque prise. M. du Sommerard possédoit une de ces râpes-tabatières, sur laquelle le Sganarelle du Festin de Pierre étoit représenté frottant sur sa râpe la carotte de tabac, au moment où il entre en scène sur ces vers:

Quoi qu'en dise Aristote et sa docte cabale
Le tabac est divin, il n'est rien qui l'égale.

427: Ou patagon, monnoie d'argent qui de 48 sols finit par monter à 58. L'orthographe employée ici donneroit raison à Ménage, qui pense que ce mot venoit de patac, ancienne petite monnoie d'Avignon.

428: Nom de haute folie consacré par le livre de Gringore, les Contreditz de Songecreux; par un passage de Rabelais (liv. 1er, ch. 20), et aussi par la Prenostication de maître Albert Songecreux Biscain (1527), fameux almanach dont a parlé H. Estienne au chapitre 39 de son Apologie pour Hérodote.

429: Nous ne savons quel est ce règlement de police concernant la boucherie; peut-être est-ce celui du 30 mai 1618. V. Traité de la police, t. 2, liv. 5.—Nous n'en trouvons pas qui se rapproche davantage de la date de cette pièce.

430: C'est-à-dire à la puissance.

431: En 1600, le prix d'un beau mouton étoit de 4 livres. (Dupré de Saint-Maur, Essai sur les monnaies, année 1600.)

432: Taxe.

433: Partisans italiens qui alors accaparoient toutes les affaires. V. la pièce précédente, Rencontre de maître Gaillaume et de Piedaigrette. Jamet n'est autre que le fameux Zamet, mort en 1614.

434: On voit que l'idée de demander la liberté du commerce de la boucherie n'est pas chose nouvelle.

435: C'est le nom qu'on donnoit à la partie de l'Espagne chrétienne placée sous la domination des Arabes.

436: L'établissement des tueries sur la rivière, au dessous de Paris, avoit souvent été demandé. On l'avoit même ordonné par arrêt du 7 septembre 1366 (Traité de la police, t. 2, liv. 5); mais jamais l'ordonnance n'avoit pu avoir d'exécution. (Mélanges d'une grande bibliothèque, Hh., p. 16-17.)

437: Charles IX en 1563, Henri III en 1577, avoient fait défense de vendre la chair des agneaux; mais leurs ordonnances ne furent pas exécutées, et il fallut les faire revivre en 1714, après beaucoup de réclamations du genre de celle qu'on formule ici.

438: Ce discours est celui de Lysias contre les marchands de blé. V., sur cette très intéressante oraison, le livre d'Auguste Bœckh, Economie politique des Athéniens, trad. par Laligant, t. 1, p. 138-141.

439: Les blastiers étoient ces marchands qui alloient acheter du blé dans les greniers de la campagne et qui le revendoient aux marchés des villes. Il y avoit à Paris une communauté de marchands blastiers sous saint Louis, qui leur donna des statuts. (Traité de la police, t. 2, liv. 5, ch. 2.) Plus tard, leur commerce déchut, et ils ne furent plus considérés que comme simples regrattiers et grainiers. (Id., t. 6, liv. 5.) On agita même la question de l'utilité de leur commerce, et l'on fut sur le point de le défendre. (Id., ibid.)

440: Chez les Chinois il y a une table pareille dressée sur la place publique, et indiquant, en outre du prix des vivres, celui des remèdes qui se vendent chez les apothicaires.

441: On trouve le commencement d'exécution d'un projet pareil dans l'ordonnance de mars 1577, par laquelle il étoit ordonné à l'hôtelier d'écrire sur la principale porte de son auberge le taux de tout ce qui se prenoit chez lui, le manger, le boire et le coucher. Deux ans après, une ordonnance du 21 mars compléta la première en réglant le tarif de toutes les denrées à consommer. C'est cette ordonnance qui se trouve mise en chanson dans la Fleur des chansons nouvelles (édit. Techener, p. 6-11).

442: Bois merrain, bon surtout pour les tonneliers, les treillageurs et les menuisiers.

443: Si la vigne donne.

444: C'étoit le droit des cabaretiers et taverniers «de vendre vin, donner à manger ou souffrir qu'on mange dans leur maison.» Colbert lui-même n'osa l'enfreindre: V. sa lettre à M. de Miromesnil du 16 octobre 1681, Correspondance administrative de Louis XIV.

445: On connoît la célébrité du cabaret de la Pomme-de-Pin, situé dans la Cité, près de l'église de la Madeleine et presqu'à l'entrée du pont Notre-Dame. Celui de la Croix blanche se trouvoit près du cimetière Saint-Jean, dans la petite rue, aujourd'hui détruite, à laquelle il avoit donné son nom. Le cabaret du Petit-Saint-Antoine s'appeloit ainsi à cause de la maison de chanoines près de laquelle, il étoit situé dans la rue Saint-Antoine. V.; notre Histoire des hôtelleries et cabarets, t. 2, p. 304, 333.

446: Messire Nicolas de Verdun avoit succédé en 1616 à M. Achille du Harlay dans la charge de premier président du parlement de Paris, qu'il occupa jusqu'en 1627. V. Blanchard, Eloges de tous les premiers présidents, 1645, in-8, p. 81.

447: Il faut lire 1621.

448: Je serois tenté de croire que pour cette pièce, où il est tant question du commerce de la boucherie, le nom de Guillaume de la Porte a été pris en souvenir de Guheri de la Porte, qui au XIIIe siècle fit don aux religieux de Saint-Martin de la maison où fut établie la grande boucherie de l'Apport-Paris.

449: Cette madame Liébaut, dont les talents poétiques nous sont ici révélés, est Nicole Estienne, fille de l'imprimeur Charles Estienne, et femme du médecin Jean Liébaut, dont on a plusieurs ouvrages importants pour l'agriculture et la médecine. Elle étoit, dit-on, fort savante; ce qui suit prouve qu'elle avoit aussi beaucoup de sens et d'esprit. M. Brunet, dans son Manuel, t. 3, p. 131, parlant de cette pièce, dont il cite une autre édition publiée à Rouen, donne à l'auteur le nom grec d'Olympe, qui convenait assez à la fille d'un Estienne.

450: Ces stances semblent avoir été faites pour être la contrepartie de celles de Desportes contre le mariage.

451: Du latin cautus, prenant ses précautions, prévoyant.

452: Ce mot, qui correspond, et, comme dit Henri Estienne (Traicté de la conformité du langage françois avec le grec, Paris, 1569, p. 46), qui «a convenance avec le latin domina», n'étoit pas d'un usage très ancien dans le langage des amoureux. Brantôme, en faisant remarquer que «ce mot de maistresse ne s'usoit» du temps du petit Jean de Saintré, semble indiquer, ce qui est probable, qu'il datoit de son temps à lui. (Dames galantes, disc. 4.)—Il est employé ici dans le vrai sens qu'il dut d'abord avoir.

453: Ce vieux mot, dont la perte est très regrettable, se trouve dans Montaigne (Essais, liv. 1, ch. 29). Desportes l'a employé dans les stances citées plus haut, ainsi que Ronsard dans son 49e sonnet:

Ni ses beautés, en mille cœurs écrites
N'ont esclavé ma libre affection.

454: C'est-à-dire bon accueil, bon visage. Chère, qui vient de l'italien chiera (mine), ne s'employoit pas alors dans un autre sens.

455: Il s'agit ici de quelque sentence burlesque du genre de celle-ci: Arrest notable donné au profit des femmes contre l'impuissance des maris.... Paris, 1626, in-8o; ou bien même d'une sentence sérieuse, comme celle qui fut rendue le 8 février 1659 dans le procès si fameux de Mme de Langey contre son mari. V. Tallemant, édit. in-12, t. 10, p. 201.

456: C'est-à-dire quai de l'École de Saint-Germain-l'Auxerrois.

457: Cette pièce est curieuse et rare, selon M. Moreau. (Bibliographie des Mazarinades, t. 2, p. 364, no 2819.)

458: Revendeuse des halles qu'on produisoit «comme une femme mystérieuse, parcequ'elle étoit la plus insolente et la plus hardie de son quartier.» (Advis desinteressé sur la conduite de M. le coadjuteur... (6 juillet 1651,) ad finem.) Dans une mazarinade portant la même date: Lettre d'un marguillier de Paris à son curé sur la conduite de monseigneur le coadjuteur, dame Anne et un nommé Pesche, son compère en rébellion, sont représentés comme étant «des enfans de chœur elevez par monseigneur le coadjuteur..., l'un et l'autre chantant les leçons du bréviaire qu'il leur avoit enseignées.» Les leçons de ce bréviaire, selon Mme de Motteville, étoient des «chansons infâmes contre le respect qui étoit dû à la reine.» Dame Anne, cette coureuse qui les chantoit, fut arrêtée. «Je le dis à la reine, continue Mme de Motteville, à la prière de Mme de Brienne, qui ne voulut pas lui en parler, par quelque motif que je ne pus savoir. Cette princesse ne me répondit rien, et je ne lui en parlai plus. Quelques jours après, la même Mme de Brienne me dit qu'elle avoit été voir cette dame Anne et qu'elle ne l'avoit plus trouvée dans sa prison, qu'elle étoit alors dans une chambre voisine, bien servie, bien couchée et bien nourrie, et qu'on ne savoit pas d'où pouvoit procéder cette merveille. Nous sûmes alors que la reine seule avoit fait cette belle action, et, quand nous lui en parlâmes, elle ne voulut pas nous écouter. Et l'histoire finit ainsi.» (Mémoires de Mme de Motteville, coll. Michaud, 2e série, X, 422.)

459: Cette vive algarade faite à M. de Brancas eut lieu, en effet, sur le Pont-Neuf, dans la semaine de Pâques 1652, au moment où tout ce qu'il y avoit de noblesse dans Paris se rendoit au devant de M. le Prince, qui revenoit après sa victoire de Bleneau. Brancas ne fut pas le seul maltraité: la duchesse de Châtillon, Fontrailles, le marquis de Mouy, le commandeur de Saint-Simon, le prince de Tarente, le commandeur de Mercé, Mme de Bonnelle, la fille de Bullion, furent aussi insultés. Mme d'Ornano, comme on va le voir avec plus de détail, fut injuriée et volée. C'étoit un coup de main dont l'auteur de l'Avis important et necessaire donné aux Parisiens, qui entre à ce sujet dans quelques détails, accuse tout ensemble Mazarin et le coadjuteur.

460: Catherine Henriette, fille légitimée de Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, et femme du duc d'Elbœuf, étoit en Angleterre depuis que ses intrigues contre Richelieu l'avoient fait exiler de la cour.

461: V., sur ces connivences d'amour des maîtres et des chambrières, notre t. 1, p. 315 et suiv., et t. 2, p. 237-247.

462: Recherchée, coquette. Furetière veut que ce mot vienne du mot breton affet, baiser, «ce que les femmes coquettes cherchent.»

463: Corps de jupe sans manches, que portoient surtout les paysannes. Les plus coquettes les vouloient, comme celle-ci, en drap fin, en satin ou en damas.

464: Ce mot signifie inquiétudes, et ne doit pas être pris ici dans le sens que lui donne Rabelais (liv. 1, chap. 23).

465: Fait avec des menues branches de saule. Jusqu'au XVIIe siècle on dit saux pour saule; mais l'Académie réforma tout à fait la première orthographe. Voiture pourtant écrit encore à Costar: «On dit quelquefois au pluriel des saux en poésie.» (Voiture, lettre 125e.)

466: On sait que c'est l'un des personnages allégoriques du Roman de la Rose.

467: Legs. «Il ne se dit guère en ce sens que dans les pays de droit écrit.» (Dict. de Furetière.)

468: On a de ce maître Claude Dacreigne plusieurs pièces en faveur du parti du roi contre celui des princes: Tombeau des Malcontents, dédié aux bons et fidèles François..., 1615, in-8; la Félicité des victoires et triomphes du roi pour l'accomplissement de son très auguste mariage..., par M. D.; Paris, in-8; Stratagème et valeureuse entreprise du marquis de Spinola pour reconnoître les forteresses de la ville de Sedan..., Paris, 1615, in-8.

469: Comédien de l'hôtel de Bourgogne. Nous ne le connoissons que par cette phrase de Tallemant, qui est la première de la 349e historiette, Mondory, ou l'histoire des principaux comédiens françois: «Agnan est le premier qui ait eu de la réputation à Paris.» (Éd. in-12, t. 10, p. 39.)

470: Expression qui n'avoit cours que dans le peuple de Paris, selon le Dictionnaire de Trévoux, et qui correspondoit à celle-ci: en bloc et en tas.

471: Faiseur d'éloges, du mot grec έγκώμιον, louange.

472: Mauvais poète grec qui vivoit au temps d'Alexandre, et dont Horace a parlé dans l'Art poétique et dans la 1re épître du liv. 2.

473: Nous n'avons pu retrouver le passage de la Batrachomyomachie auquel ceci semble faire allusion. Crocodile doit être mis ici pour Craugaside.

474: Le collége du Mans, moins célèbre que celui de Lisieux, étoit alors situé rue de Reims. C'est en 1683 seulement qu'il fut transporté rue d'Enfer, sur l'emplacement de l'hôtel Marillac. Il avoit été fondé en 1519 par Philippe de Luxembourg, évêque du Mans.

475: On appeloit capettes, à cause de leur petite cape étriquée, les écoliers du pauvre collége de Montaigu. V. notre Paris démoli, 2e édit., p. 74-75.

476: Il nous a été impossible de découvrir la pièce dont il s'agit, et que Cl. Dacreigne auroit faite à propos de quelque avantage, à peu près imaginaire, du duc de Guise, alors à la tête de l'armée royale, contre les troupes du prince de Condé. Nous ne connoissons, comme se rapportant aux faits dont il semble être ici question, qu'un livret sans nom d'auteur: la Défaite des reitres et autres troupes de M. le prince de Condé, faite par monseigneur le duc de Guise devant la ville de Sainte-Foy, assiégée par les troupes du dit sieur prince, Paris, 1615, in-8.

477: Régal de pauvres gens dont parle Rabelais, et qui se faisoit de blé vert et d'oseille pilée.

478: C'est le premier nom du collége de Louis-le-Grand, tenu par les jésuites.

479: On disoit indifféremment jésuite ou jesuiste, «jésuite toutefois plus communément», selon Voiture (lettre citée). Richelet, qui proscrit la seconde de ces deux orthographes, donne, pour prouver qu'on doit préférer l'autre, des exemples assez singuliers. V. la première édition de son Dictionnaire, si plein, comme on sait, d'allusions et d'équivoques satiriques.

480: Ce passage, qui est un spécimen du galimatias du sieur Dacreigne, doit avoir trait aux écrits qu'il publia pour célébrer le mariage du roi avec une princesse espagnole. (V. une des notes précédentes.) Il s'y trouve aussi peut-être quelque allusion à la singulière pièce qu'il publia vers le même temps, et dans laquelle il est fort question de Turcs, de Saladin et de Jérusalem: Conclusion de la dernière assemblée faite par ceux de la religion pretendue reformée dans la ville de Montauban, au pays de Quercy, où est contenue la genereuse response de M. de Vic, conseiller d'Estat y desputé par Sa Majesté, avec deux predictions qui nous assurent la ruine de l'empire des Turcs en l'année 1616, moyennant une bonne intelligence entre les princes chrestiens, par M. C. D. (M. C. D'Acraigne)..., Paris, 1615, in-8.—Nous ajouterons qu'en 1651 parut une pièce où il étoit dit que l'empire ottoman seroit détruit par un roi de France. (Moreau), Bibliog. des Mazarin. II, no 1100.

481: Cette pièce est très curieuse en ce qu'elle est, avec un siècle tout entier de priorité, complétement semblable à ces calottes ou brevets de folie et de sottise que Aymon, et après lui M. de Torsac, envoyoient à tout personnage de leur temps qui s'étoit rendu digne, par actions, paroles ou écrits, d'être incorporé dans le régiment de la calotte. Ces brevets étaient en vers, et c'est une de leurs différences avec cette pièce. Gacon les a rimés pour la plupart. On en a fait un recueil considérable et fort difficile à compléter. V. les premières livraisons du Journal de l'Amateur de livres, le Magasin pittoresque, t. 9, p. 289-290, et les Mémoires de Maurepas, t. 3, p. 18-90.

482: C'est-à-dire melons d'Angers, Andardois dérivant du mot Andes, ancien nom des Angevins. Les melons de l'Anjou étoient célèbres au moyen âge, à une époque où cette province eût mérité de partager le titre de jardin de la France, donné à la Touraine à cause des progrès qu'y avoit faits l'horticulture. V. Théâtre d'agriculture, in-4, t. 1, p. 151.—De tout temps on avoit pris le mot melon dans le sens burlesque qui lui est donné ici. Thersite, se moquant des Grecs, les appelle ρερώνες, melons (Iliade, chant 2, vers 235), et Tertullien reproche à Marcion d'avoir un melon à la place du cœur, puponem loco cordis habere. Notre expression avoir un cœur de citrouille vient de là.

483: Non seulement les ivrognes se faisoient un aiguillon de vin avec ces langues salées et fumées, mais aussi avec de longues tranches de bœuf salé «nommé communément brésil», qu'on apprêtoit à la vinaigrette. V. un passage du De re cibaria de Symphorien Champier, cité par Legrand d'Aussy, Vie privée des François, chap. 2, sect. 1re, et Théâtre d'agriculture, t. 2, p. 624.

484: C'est ainsi qu'on appeloit la morue au XVIe siècle. «C'estoient moulues au beurre frais», dit Rabelais, liv. 4, chap. 32. Le Martinet de la 65e nouvelle de Des Perriers prononce aussi de cette manière: «Depuis, dit la Monnoye, commentant ce passage, on a dit molue, et enfin morue, qui est aujourd'hui le mot d'usage.»

485: Long poisson de mer dont la chair est très mauvaise à manger, et le même qui passoit alors pour produire l'encre nommée sépia. V. Lemery, Traité des alimens, p. 411.

486: Momons, sorte de mascarade qui, par son nom, est un souvenir évident du dieu Momus. Quelquefois c'étoit une idole burlesque ou obscène, comme dans le Balet des andouilles porté (sic) en guise de momon, 1628, in-8.

487: Gros chenet de fer. Le vrai mot est andier; mais, ainsi qu'il arrive souvent, l'article se fondit avec le mot, et l'on dit landier, de même que des deux mots li hardit, le hardit (monnoie valant trois deniers), on a fait le seul mot liard, et de l'hierre on a fait lierre.

488: Mot qui s'emploie encore à Orléans pour une sorte de marmite à anse et sans pieds. Casserole n'en est que le diminutif.

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