À propos de Nous autres, shanghaïés…

Autrefois, on "shanghaïait" les marins en les forçant à embarquer contre leur gré pour compléter les équipages. À sa manière, le diabolique coronavirus qui s'est propagé dans le monde de manière soudaine et implacable à la fin de 2019 nous a tous "shanghaïés". Nous nous sommes soudainement retrouvés à bord de notre propre bateau, isolés au sein d'une vaste flottille à la dérive, ignorant notre destination et la durée du voyage. Nous pouvions nous apercevoir de loin, nous entendre, mais sans pouvoir nous approcher ou quitter notre embarcation. La vie pendant ces mois de mars, avril et mai 2020 est devenue comme une lente traversée en voilier d'un vaste océan. L'incertitude, l'adoption d'un nouveau mode de vie, la vie au jour le jour, l'adaptation à un rythme différent, et même l'inquiétude quant aux provisions ! Les mouvements sur le pont étant limités ou réglementés par les armateurs restés à terre, nous avons dû apprendre à nous occuper : occuper notre corps, notre esprit et notre temps.