Chroniques de J. Froissart, tome 06/13 : $b 1360-1366 (Depuis les préliminaires du traité de Brétigny jusqu'aux préparatifs de l'expédition du Prince de Galles en Espagne)
P. 74, l. 14: herrièrent.—Mss. A 8, 15: guerrioient.—Ms. A 17: herioient.
P. 74, l. 20: Melans.—Mss. A 8, 15 à 17: Milan, Millan.
P. 74, l. 26: menroit.—Mss. A 7, 8: enmenroit. Fº 240.
P. 74, l. 30: ordonna.—Mss. A: donna.
P. 75, l. 10: cose.—Ms. A 8: paix. Fº 235 vº.
P. 75, l. 14: Pieumont.—Mss. A 8, 17: Piemont.
P. 75, l. 18: à sen... pourfit.—Ms. B 4 et mss. A: à l’onneur et prouffit de lui. Fº 237.—Ms. A 17: à l’onneur et prouffit d’eulx et de lui. Fº 297.
P. 75, l. 30: esciella.—Ms. A 8: exilla.
P. 76, l. 5: l’Arsis.—Ms. A 17: l’Assis.—Ms. A 8: Laisis.—Ms. A 6: Lasis.—Mss. B 3, 4: Darsis.
P. 76, l. 10: grant tresor.—Ms. B 6: et avoit bien de finanche chil messire Seghins trois cens mille frans. Fº 624.
P. 76, l. 11: dont il... issus.—Mss. A: dont il s’estoit partis et issus.
P. 76, l. 14: meffais.—Le ms. A 15 ajoute: se il lui plaist. Fº 258.
§ 499. En ce temps.—Ms. d’Amiens: En ce tamps trespassa li dus de Lancastre.
En ce tamps trespassa li jones dus de Bourgoingne, qui s’apelloit messires Phelippes, par laquelle mort vaqièrent pluisseur pays, car il estoit grans sirez durement: premierement, ducs de Bourgoingne, comtes de Bourgongne, comtes d’Artois et de Boulongne, palatins de Brie et sirez des foires de Campaingne, et avoit à femme une jone dammoiselle, fille au comte Loeys de Flandrez, de l’une des filles le duc Jehan de Braibant. Dont il avint que, par proïsmeté, madamme Margerite, mère au comte de Flandrez dessus dit, se traist à le comté d’Artois et à le comté de Bourgoingne, et en fist foy et hoummaige au roy de France. Ossi messires Jehans de Bouloingue se traist par droite hoirie à le comté de Bouloingne et en devint homs au roy de Franche.
Avoecq tout ce, li roys Jehans de Franche, par proimetet, retint et prist le duché de Bourgoingne et tous les drois de Campaingne. Dont il avint que li roys Charles de Navarre se traist avant par mannierre de callenge, et dist et proposa que la ducé de Bourgoingne par proïsmeté li estoit esceuweet devolue, mès ses moustranches ne peurent y estre de nulle valleur: dont il et si frerre deffiièrent le roy de Franche et le royaumme, et le coummenchièrent à gueriier fortement et durement, et missent à Mantes et à Meulent grans garnisons qui guerioient et travilloient malement le Normendie. Et n’osoit nuls aller entre Paris et Roem, ne entre Roem et Kem, ne entre Kem et Ewrues, ne entre Ewrues et Chierebourcq, ne partout sus le marinne. Et d’autre part li rois de France tenoit contre lui, sus le marce de Normendie et d’Ewrues, grant fuison de gens d’armes qui deffendoient le pays contre les Navarrois. Fº 127.
P. 76, l. 19: Mehaut.—Mss. A: Mahaut, Mahault.
P. 76, l. 22: Haynau.—Le ms. A 17 ajoute: sa femme.—Ms. A 7: sa fame.
P. 76, l. 22: la mainsnée.—Ms. A 8: l’autre. Fº 235 vº.
P. 76, l. 26 et 27: et monsigneur... poursievir.—Ms. A 17: d’ore en avant entendrons à poursuivir le traittié.
P. 77, l. 5: vaghièrent.—Ms. A 8: escheirent. Fº 236.
P. 77, l. 9: et.—Ms. A 8: lequel.
P. 77, l. 10: damoiselle.—Ms. A 8: dame.
P. 77, l. 19: proismeté.—Mss. A 8, 15: prouchaineté.—Ms. A 17: proximité.
P. 77, l. 20: Campagne.—Ms. A 8: Champagne.
P. 77, l. 20 et 21: desplaisi.—Mss. A: despleut.
P. 77, l. 24: nulle cose.—Mss. A: riens.
§ 500. En ce temps.—Ms. d’Amiens: En ce tamps vint en pourpos et en devotion au roy Jehan de Franche qu’il yroit en Auvignon veoir le pappe et les cardinaux, tout jeuant et esbatant et visetant le ducé de Bourgoingne, qui nouvellement li estoit esceue. Et fist li dis roys faire ses pourveanches, et se parti de Paris environ le Saint Jehan l’an mil trois cens soissante deus, et laissa monseigneur Charlle, son aisnet fil, le ducq de Normendie, regent et gouvrenneur dou royaumme de Franche. Si enmena li dis rois avoecq lui monseigneur Jehan d’Artois, comte [d’Eu[482]], son cousin, et que moult amoit, le comte de Tamkarville, le comte de Dammartin, monsigneur Bouciqau, monsigneur Ernoul d’Audrehen, monseigneur Tristran de Maignelers, le grant prieur de Franche et pluisseurs autres. Et chemina li roys à petittes journées et à grans sejours, de bonne ville en bonne ville, et vint environ le Nostre Damme en Auvignon, où il fu grandement conjoïs et festiiés dou pappe et de tout le collège. Si se tenoit li roys et tous ses hostelx à Villenove dallés Auvignon. Là fu li roys de Franche tout le temps de l’ivier enssuiwant et le quaremme.
Car le Noël, li pappes Ynocens trespassa. Si furent li cardinal en grant discort de faire un pappe entre yaux et ne l’i peurent trouver ne acorder; car il en y avoit pluisseur de quoy chacuns tiroit à estre papes. Par cel discort fu esleus li abbes de Saint Victor de Marselle, qui estoit moult sains homs et de belle vie, grans clers, et qui moult avoit travilliet pour l’Eglise en Lombardie et ailleurs. Si eut à nom cilz papes Urbains li cinqimes, et regna noblement et puissamment tant qu’il vesqui, et tint l’Eglize en bonne prospérité.
Assés tost apriès se creation, entendi li roys de France que messires Pierres de Luzegnem, rois de Cippre et de Jherusalem, devoit venir en Auvignon. Si dist li roys de France qu’il atenderoit sa venue, car moult grant desir avoit de lui veoir, pour les biens qu’il en avoit oy recorder et le guerre qu’il avoit faite as Sarrazins; car voirement avoit li roys de Cippre pris nouvellement le forte chité de Satalie sus les ennemis de Dieu, et ochis tous ceux et celles qui dedens furent trouvet. Fº 127.
P. 78, l. 8: regent... de France.—Mss. A 8, 15: et le fist son lieutenant par tout le royaume de France. Fº 236.
P. 78, l. 10: germain.—Ms. A 8: bien prouchain.
P. 78, l. 14: Maignelers.—Ms. A 8: Maglers.
P. 78, l. 18: [la feste de Noël]. Cette bonne leçon est fournie par le ms. A 8, fº 236, et par le ms. A 15, fº 258 vº. On lit dans les mss. B et les mss. A 1 à 7, 11 à 14, 17 à 19, 23: la Saint Michiel.
P. 78, l. 22: pape.—Le ms. A 8 ajoute: Urbain.
P. 78, l. 26: le.—Ms. A 8: ce.
P. 78, l. 32: se misent et arrestèrent.—Ms. A 8: se mist et arresta.
P. 79, l. 5: eslisirent.—Mss. A 8, 15 à 17: esleurent.
P. 79, l. 7: travilliet.—Mss. A 7, 15 à 17: traveillié. Fº 241.—Ms. A 8: travaillié.
P. 79, l. 9: vint.—Les mss. A 7, 8 ajoutent: en Avignon.
P. 79, l. 15: Lusegnon.—Ms. A 8: Lusignen.—Ms. A 17: Lunon.
P. 79, l. 16: apassé.—Mss. A: passé.
P. 79, l, 23: y.—Mss. A: dedens.
§ 501. En ce mesme.—Ms. d’Amiens: En ce meysme tamps et en cel yvier, eult grant parlement en Engleterre sur les ordonnances dou pays et especialment sur les enfants du dit roy englès, car on regarda que li princhez de Ghalles tenoit grant estat et noble; et bien le pooit faire, car il estoit vaillans homs durement, mès il laissoit ce bel et grant hiretaige d’Aquitaine où tous biens et toutte plenté estoit. Se lui fu remoustret et dit que il volsist traire celle part, car il y avoit bien terre en la duché pour tenir si grant estat qu’il vorroit. Ossi li baron et li seigneur dou pays le volloient avoir dallés yaux, et bien appertenoit qu’il y fuist et qu’il en ewist les prouffis, car il avoit rendut graint painne à gaegnier.
Li prinches s’i acorda assés legierement, et fist faire ses pourveanches et ordounna son arroy pour venir en Gascoingne. Encorres fu ordounné en Engleterre que messires Lions, frères secons dou prince, qui s’appelloit et escripsoit comtes de Lunester, de par madamme sa femme, laquelle avoit grant droit au royaumme d’Irlande, fust dus de Clarenche noummés en avant. Adonc fu ossi ordonnés et creés messires Jehans, li tiers des enfans apriès, à estre dus de Lancastre, qui devant s’appelloit comtes de Richemont; car la ditte duché lui estoit esceuwe l’année devant par le mort dou duc Henry de Lancastre, qui fu pères à madamme Blanche, femme au ducq Jehan dessus dit, et ossi à madamme Mehaut, qui fu comtesse de Haynnau et eult à mari le comte Guillaumme, filz à le comtesse Margerite et frères à monsigneur le duc Aubert et à monsigneur le duc Oste.
Et encorres fu adonc proposet entre les sages d’Engleterre et regardé que, se messires Ainmons, quars filz dou roy d’Engleterre, pooit venir ad ce grant marriaige de le fille dou comte de Flandres, qui estoit atendant de très grant hiretaige, ce seroit ungs grans sires et dont li Englès poroient avoir ung grans confors par dechà le mer, s’il leur besongnoit. Mais, quoy qu’il le proposaissent, il n’en traitièrent mies si trestost. Ains regardèrent li roys et ses conssaux couvertement coumment ne par qui il en poroient faire traitier et atraire le conte de Flandres à amour. Si laissièrent ceste cose reposer encorres un petit.
Si entendirent à faire l’obsecque de madamme la royne Ysabiel, mère dou roy englès, qui estoit nouvellement trespassée. Et fu ensevelie as Cordeliers, à Londres, et ses obsèques fais moult honnorablement. Et là furent tout li baron de Franche qui ostagier estoient pour le roy de Franche, avoecques les seigneurs et les prelas d’Engleterre. Fº 127 vº.
P. 79, l. 30: laioit.—Ms. A 6: laissoit. Fº 240 vº.—Ms. A 7: leuoit. Fº 241 vº.—Mss. A 8, 15: avoit. Fº 236 vº.—Ms. A 17: aroit. Fº 298 vº.
P. 80, l. 15: le Rocelle.—Mss. A: la Rochelle.
P. 80, l. 16: Nous.—Les mss. A 8, 15 à 17 ajoutent: nous.
P. 80, l. 20: Lyonniaus.—Ms. A 7: Leonniel.—Mss. A 8, 15 à 17: Leonnel.
P. 80, l. 22: de Dulnestre.—Mss. A 8, 15: de Duluestre.—Ms. A 17: de Luestre. Fº 299.
P. 80, l. 32: veve.—Ms. A 7: veuve.—Mss. A 8, 15 à 17: vesve.
P. 81, l. 12: ains.—Ms. A 8: avant. Fº 237.
§ 502. Sitost que.—Ms. d’Amiens: Assés tost apriès, se departi d’Engleterre li prinches de Galles et de son hostel de Berkamestede, à vingt lieuwes de Londres, où il s’estoit tenus tout le temps en grant reviel avoecquez madamme la princhesse sa femme, qu’il avoit par amours prise à espeuse et à compaigne, de se vollenté, sans le sceu dou roy son père, laquelle damme avoit estet fille dou comte Ainmon de Kent, oncle dou roy englès. Et avoit la ditte damme estet mariée en devant à che bon chevalier monsigneur Thummas de Hollande, de qui elle avoit des biaus enfans. Si vint madamme la roynne d’Engleterre, environ le Noël, à Berkamestede prendre congiet à son fil le prinche et à sa fille le princesse, et fu layens avoecq yaux environ cinq jours, puis s’en retourna à Windesore et tint là son Noël. Et tantost après les festes, li princes et li princesse et tous leurs arois vinrent à Hantonne et entrèrent là ens ès vaissiaux appareillés pour yaux. Si nagièrent tant et singlèrent avoecq le conffort dou vent qu’il arivèrent à le bonne ville de le Rocelle, où il furent recheu à grant joie, moult festiiet et bien honneré; et leur dounna on et presenta grans dons et biaux jewiaux.
Si tost que messires Jehans Cambdos, qui grant tamps avoit gouvrenné le duché d’Acquittainne et touttes les terres appertenans et respondans à celle, sceut la venue dou prinche et de la princesse, qu’il estoient avenut et arivet à le Rocelle, il en fu durement joieans et se parti de Niorth, où il se tenoit, et s’en vint à belle compaignie de chevaliers et d’escuiers deviers monseigneur le prinche. Si se conjoïrent et festiièrent grandement, quant il se trouvèrent et encontrèrent. Assés tost apriès, vinrent veoir et conjoïr le prinche li signeur de Poito et de Saintonge qui estoient ou pays, et par especial chilx bons chevaliers messires Guichars d’Angle, qui avoit juret et voet, ou kas que li roys de Franche l’avoit rendu au roy d’Engleterre et quitté de foy et d’oummaige, qu’il seroit ossi loyaux au roy d’Engleterre qu’il avoit estet au roy de France; et bien le moustra depuis voirement, si comme vous orés avant en l’istoire.
Je ne vous puis mies tout dire, ne recorder les festez, les honneurs, les gistes, les sejours, les alers ne les venirs dou prinche, qu’il fist et c’on li fist ossi, à ce donc, quant venu fu en Acquittainne, comme sires et souverains, pour mettre et pour oster senescaux, bailliux et tous offisciiers à se vollenté, car trop y fauroit de parolles; mès ad ce commencement, il y fu durement ammés d’uns et d’autres, et aprist à connoistre les gentilz hommes et le pays. Si s’esbatoit et jewoit avoecq yaux, et petit acroissoit et montoit son estat, et le tint dedens l’année si grant, si noble et si puissant que on se pooit esmervillier où on prendroit ce que on fretioit en son hostel, tant de par lui que de par madamme la princesse. Et fist monseigneur Jehan Cambdos connestable et regart souverain apriès lui de toutte la duché d’Acquittainne, liquelx tenoit ossi grant estat et bien estoffet. Et avoit li princes, pour son hostel et à se delivrance, toudis dou mains vingt huit chevaliers et bien troix tans d’escuiers. D’autre part, la princesse estoit bien acompaignie de dammes et de dammoiselles.
Si venoient veoir le prinche en Angouloime, où il se tenoit le plus, li baron et li chevalier de Gascoingne, li comtes d’Ermignach, li sires de Labreth, li sires de Pummiers, li sires de la Barde, li sires de Courton, li comtes de Pieregorth, li comtes de Cominignez, li viscomtes de Quarmaing, li captaux de Beus, li sirez de Muchident et li autre, dont grant fuison en y avoit qui tout estoient si homme de foi et d’ommaige parmy le tretiet de le pais. Et il les conjoïssoit et requeilloit liement et doucement, et faisoit tant à che coummenchement que tout l’amoient et honnouroient comme leur seigneur, et li disoient que sans royaumme c’estoit li plus grans du monde, et qui plus pooit mettre de bonnes gens d’armes enssamble. Or lairons dou prince et revenrons au roy de Franche. Fos 127 vº et 128.
P. 81, l. 19: et.—Mss. A 7, 15 à 17: de.—Ms. A 8: a.
P. 81, l. 23: ilz.—Mss. A 8, 15: eulx.
P. 81, l. 24: se.—Ms. A 17: le.
P. 81, l. 24: se cognissoient.—Ms. A 15: s’entrecognoissoient.
P. 81, l. 26: chevalier.—Les mss. A 8, 15 ajoutent: et escuiers.
P. 81, l. 30: dou.—Ms. A 8: de.
P. 82, l. 1: tout dis.—Mss. A 8, 15 à 17: tousjours.
P. 82, l. 3 et 4: s’acointa.—Mss. B 3, 4 et mss. A: s’acquitta.
P. 82, l. 8: fais.—Le ms. A 8 ajoute: capitaine. Fº 237.
P. 82, l. 10: Guiçars.—Ms. A 15: Guichart. Fº 259 vº.
P. 82, l. 13 et 14: ces seneschaudies.—Mss. A 8, 15 à 17: ses seneschaucées, ses seneschaucies.
P. 82, l. 17: aloit.—Mss. A: ala.
§ 503. Environ le Candeler.—Ms. d’Amiens: Environ le Candeler, l’an de grasce mil trois cens et soissante deus, vint li roys de Cippre en Auvignon, de laquelle venue li cours fu durement resjoïe, et allèrent pluisseurs cardinaux contre lui et l’amenèrent au palais deviers le pappe Urbain, qui liement et doucement le rechupt. Ossi fist li roys Jehans de Franche, qui là estoit presens. Et quant il eurent là estet une espasse et pris vin et espisses, li doy roy se partirent dou pappe, et se retraist chacuns à son hostel. Che tierme pendant, se fist uns gages de bataille devant le roy de Franche à Villenove, dehors Auvignon, de monsigneur Ainmenion de Pumiers et de monsigneur Fouque d’Archiac. Quant il se furent combatu bien et chevalereusement assés enssamble, li roys de Franche fist tretier de le pès et les acorda. Or se tinrent chil doy roy dessus noummet tout ce quaresme en Auvignon, et visetoient souvent le pappe.
Si avint pluisseurs fois en ces visitations que li roys de Chippre remoustra au pappe, present le roy de Franche et les cardinaux, coumment, pour sainte chrestienneté, che seroit noble cose et digne, qui ouveroit le saint voiaige d’outre mer et qui iroit sour les ennemis de Dieu. Dont sachiés que li roys de Franche y entendoit vollentiers, et en conssienche s’en sentoit chargiés et tenus pour le cause que li roys Phelippes, ses pères, emprist et encharga jadis le crois, et voa à faire le voage, et point ne le fist; car les gherres d’Engleterre li vinrent si sur le main qu’il lui couvint cesser sa devotion. Or à maintenant che proposoit li roys Jehans de Franche pais au roys englez, et li seroit chilx voiaiges bien seans pour acquitter l’ame dou roy son père et pour aidier à sauver le sienne, et ossi pour delivrer la sainte chrestienneté de ces mannierres de gens d’armes qui s’appelloient Compaingnes, qui destruisent, gastent et des robent tout sans droit et sans raison; et, se chilx voiages estoit ouvers, touttes mannierrez de gens le sievroient et yroient.
Che bon pourpos garda et reserva li roys de Franche jusquez au jour du Saint Venredi, que pappes Urbains precha en sa cappelle en Auvignon, present les deus roys de Franche et de Cippre et le saint collège. Apriès le predication faite, qui fu moult humle et moult devote de le souffrance Nostre Signeur, li roys Jehans de Franche emprist le croix et le voa, et requist au pappe que il li volsist confremer et acorder, et li pappes li comfremma. Ossi là presentement le prissent messires Talerans li cardinaulx de Pieregorth, messires Jehans d’Artois, comtes d’Eu, li comtes de Tankarville, li comtes de Dammartin, li grans prieux de Franche, messires Ernoulx d’Audrehen, messires Bouchicau et pluisseur bon chevalier qui là estoient. Dont li roys de Cippre fu moult liez, et en regracia grandement Nostre Signeur de ce qu’il avoit si grant conffort que dou roy de France et de ses barons pour aller en Surrie. Fº 128.
P. 82, l. 21: le Candeler.—Mss. A: la Chandeleur.—Ms. B 4: le Chandelier. Fº 238 vº.
P. 82, l. 23: moult.—Mss. A 7, 8: durement.
P. 83, l. 2: Fouque.—On lit dans le ms. B 1: Huge.
P. 83, l. 5: rihote.—Mss. A: riote.
P. 83, l. 8: recueilloit.—Mss. A: recevoit.—Le ms. A 17 ajoute: et liement.
P. 83, l. 29: moult.—Les mss. A 8, 15 ajoutent: douce et. Fº 237 vº.
P. 84, l. 8: regratia.—Ms. A 8: remercia.
P. 84, l. 9: mistère.—Le ms. A 15 ajoute: divin. Fº 260.
§ 504. Tout ensi.—Ms. d’Amiens: Tout enssi que vous me poés oïr recorder, emprissent et enchargièrent, dessus le deseurain vestement, le vremeille croix li roys Jehans de France et li dessus noummet. Avoecq tout chou, nos Sains Pères li pappez le comfremma et l’envoica prechier par universe monde là où Dieux est servis et creus. Si l’emprissent et enchargièrent pluisseur seigneur, baron, chevalier et escuier, de grant vollenté.
Tantost apriès Pasques, li roys de Cippre parti d’Auvignon et dist qu’il volloit aller veoir l’empereur et lez seigneurs de l’Empire, et puis revenroit par Braibant, par Flandrez et par Haynnau en France. Et ordonneroient et regarderoient adonc li roy enssamble, à son retour, quant il se partiroient, et de leurs pourveanches coumment il en useroient, et auquel lés en mer il monteroient. Si se partirent chil doy roy auques en un tierme: li roys de France prist le chemin de Montpellier pour venir en le Langhe d’Ock, et li roys de Cippre le chemin de l’Empire, liquelx chemina tant par ses journées qu’il vint en Alemaigne, où il trouva monseigneur Charle de Behaingne, empereur de Romme, à Convalence, qui le rechupt liement et grandement. Et paya li dis emperères tous les frès et despens dou roy de Cippre, enssi que ses empirez estendoit, et li donna encorres grans dons et grans jewiaux pour lui plus honnourer et festiier. Et quant il se parti de lui, il le fist conduire et acompaignier par les plus grans de se court.
Si vint li roys de Cippre en Jullers, où li dus le rechupt et festia liement, et de là en Braibant, où il trouva à Brouxellez monseigneur Winchelin de Behaingne, duch de Luxembourc et de Braibant et frère à l’empereour dessus noummet, et madamme la duçoise, sa femme, qui le rechuprent et festiièrent grandement et honnerablement en disners, en souppers, en joustez, en festez et en reviaux, car bien le savoient faire; et li donnèrent au departement grans dons et biaux jewiaux. Puis s’en parti li rois de Cippre et s’en alla en Flandres veoir le comte Loeys, qui ossi le festia mout grandement. Et trouva à ce donc le roy de Dannemarche, qui estoit nouvellement venus à Bruges et apassés le mer pour lui veoir. Si y eut à Bruges grans festes et grans joustez à le venue dou roy de Cippre. Che fu environ le Madelainne l’an mil trois cens soissante trois.
Enssi en celle saison, ala veant et visetant li roys de Cippre les seigneurs de l’empire dessus noummés. Fº 128.
P. 84, l. 11: leur deseurain vestement.—Ms. A 8: leur derrain vestement. Fº 237 vº.—Ms. A 17: leurs souverains vestemens. Fº 300.—Ms. A 6: leur souverain vestement.—Ms. A 15: leur derrenier vestement. Fº 260.
P. 84, l. 13: nos.—Mss. A: nostre.
P. 84, l. 15: universe.—Mss. A 8, 15 à 17: universel.
P. 84, l. 16: istance.—Mss. A 8, 17.—Mss. A 7, 15: entencion.
P. 84, l. 19: signeurs.—Mss. A 8, 15 à 17: barons.
P. 84, l. 20: les.—Le ms. A 8 ajoute: haulx. Fº 238.
P. 84, l. 20: des.—Les mss. A ajoutent: grans.
P. 84, l. 28: travel.—Ms. A 8: travail.
P. 84, l. 29 et 30: avanceroit... coers.—Ms. A 17: il auroit plus tost les cuers.
P. 84, l. 31: hors dou.—Ms. A 8: ou.
P. 85, l. 7: cas.—On lit dans le ms. B 1: estas.
P. 85, l. 12 et 13: il... esté.—Ms. A 8: il de grant temps n’avoit point esté.
P. 85, l. 13: grant.—Ms. A 17: trop grant.
P. 85, l. 15: Il chemina.—Ms. A 8: et chemina. Il erra.
P. 85, l. 23: deffretiier.—Mss. A 8, 15 à 17: deffrayer.
P. 85, l. 24: li dus.—Les mss. A ajoutent: le conjoy et.
P. 85, l. 32: à ce donc.—Ms. A 8: lors.
P. 86, l. 13: fesist.—Les mss. A 8, 15 ajoutent: et acompleist.
§ 505. En ce temps.—Ms. d’Amiens: En ce tamps avoit li roys d’Engleterre fait grasce à quatre dus qui estoient hostagier en Engleterre pour le roy de France, c’est assavoir: le duc d’Ango, le duc de Berri, le duc d’Orliiens et le ducq de Bourbon. Et se tenoient chil quatre seigneur à Callais, et pooient chevauchier quel part qu’il volloient, trois jours hors de Callais, et au quatrimme, dedens soleil esconssant, retourner. Et l’avoit fait li roys englès en espesse de chou qu’il fuissent plus prochain dou consseil de Franche, et qu’il mesissent cure et dilligensce à leur delivranche, enssi qu’il faisoient, car il envoiièrent pluisseurs fois souflissans messaigez deviers le roy de Franche et le ducq de Normendie qu’il vosissent entendre à yaux et on leur tenist les couvens telx c’on leur avoit proummis, ou il ne se tenroient mies pour prisonniers ne hostagiiers, mès se deliveroient au plus tost qu’il poroient.
Or estoit adonc li royaummes et li conssaux dou roy et dou ducq de Normendie durement cargiés et ensonniiés, tant pour le croix que li rois de Franche avoit encargie, que pour le gerre dou roy de Navarre, qui guerioit et herioit fortement le royaumme de Franche, et avoit remandé les Compaingnez en Lombardie pour mieux faire se guerre. Se n’estoient mies respondu ne delivret li messagier des quatre dus deseure dis, qui se tenoient à Callais à leur vollenté, dont moult leur en desplaisoit et plus à leurs seigneurs, quant il ooient conter le deluement dou consseil le roy et des ordonnanches de Franche, mès amender ne le pooient. Si leur couvenoit atendre et souffrir que aucune bonne aventure et grasce dou roy englès leur venist. Fº 128 vº.
P. 86, l. 19: quel part qu’il.—Mss. A 8, 15: quelque part qu’ilz. Fº 238 vº.
P. 86, l. 22: en istance de bien.—Mss. A 8, 15: en bonne entencion.
P. 86, l. 24: songnassent.—Le ms. A 8 ajoute: et entendeissent.
P. 87, l. 2: quoique.—Mss. A 8, 15: combien que.
P. 87, l. 4: promoteur.—Mss. A 8, 17: prometteurs.
P. 87, l. 4: n’estoient.—Mss. A 8, 15: ne povoient estre.
P. 87, l. 7 et 8: s’en presist.—Ms. A 8: en peust avenir.—Ms. A 15: en deust advenir. Fº 261.
P. 87, l. 10: ensonniiés.—Mss. A 8, 15: embesoingniez.
P. 87, l. 11: encargiet.—Mss. A 8, 15: prise et enchargiée.
P. 87, l. 13: avoit.—Les mss. A ajoutent: adonc.
P. 87, l. 16: entendre.—Ms. A 17: mettre remède, c’est assavoir. Fº 301.
§ 506. Quant li rois.—Ms. d’Amiens: Quant li roys de Cippre eut visetés et veus les seigneurs et le pays dessus noummés, il retourna en Franche et trouva à Paris le roy Jehan et le duc de Normendie et grans fuison des seigneurs, barons et chevaliers de France, que li roys y avoit mandés pour lui mieux festiier et honnourer. Si y eut grans festes, grans reviaux et grans esbatemens, et ossi grans parlemens et grans conssaux comment ceste croiserie se poroit parfurnir à l’honneur dou roy de Franche et de son royaumme. Et li sage homme de Franche veoient encorres le royaumme durement grevé et pressé de guerres et de compaignez de pilleurs et de robeurs qui y descendoient et venoient de tous pays. Si ne sambloit mies bon as pluisseurs que chilx voiaiges se fesist jusquez à tant que li royaummes fuist en milleur estat ou à tout le mains on ewist pais au roy de Navarre. Non obstant ce et touttez guerres, nulx ne pooit abrissier ne oster le devotion dou roy Jehan qu’il ne fesist le pellerinage, et l’acorda et jura au roy de Cippre à estre à Marselle dou march qui venoit en ung an, que on compteroit l’an mil trois cens soissante quatre, et que, sans faulte, il passeroit et liveroit passage et pourveanches à tous ciaus qui passer vorroient.
Sus cel estat se parti li roys de Cippre dou roy de France, et dist qu’il avoit bon terme de retraire encorres en son pais et de faire ses pourveanches. Si volloit aller veoir le roy de Navarre, son cousin, et mettre pès, s’il pooit, entre lui et le roy de Franche. Si se parti de Paris et aqueilla son chemin vers Normendie, et fist tant par ses journées qu’il vint à Chierebourch, où li roys de Navarre se tenoit et messires Loeys, ses frerres; car messires Phelippes, leurs frerrez, estoit nouvellement trespassés. Chil seigneur de Navarre rechurent le roy de Cippre liement et grandement et le festiièrent moult honnerablement, car bien le pooient et savoient faire. Et quant li roys de Cippre eut estet, ne say deux jours ou trois, avoecq yaux, il coumencha à traitiier moult gratieusement et à parler de le pais entre les roys dessus dis; car, au veoir dire, il estoit sages sirez et bien enlangagiés. Si l’oy li roys de Navarre parler moult volentiers, mès oncques à nulle pès ne se vot descendre ne encheir, pour cose que li roys de Cippre seuist faire ne priier, non s’il n’avoit tout plainnement se demande, et il n’en estoit mies dou roy de France cargiés si avant. Si demoura la cause sus cel estat enssi que devant. Et se parti li rois de Cippre dou roy de Navarre, et dist qu’il s’en iroit en Engleterre veoir le roy englès et madamme la roynne et leurs enffans, et ossi lez seigneurs de Franche qui là estoient ostagiier.
Li roys de Cippre prist congiet dou roy de Navarre et de monseigneur Loeis, son frère, liquel li donnèrent bellement et courtoisement, et le convoiièrent plus de trois lieuwes, puis s’en retournèrent il en Chierebourch. Et li rois de Cippre esploita tant par ses journées qu’il vint au Pont de l’Arche, et là passa le Sainne et puis chevaucha deviers Pontieu, et vint passer le Somme à Abbeville où li senescaux de Ponthieu, messires Gerars de Baudresen, estoit de par le roy englès: si le festia et honnoura dou mieux qu’il peut. Puis s’en parti li roys, et chevaucha che jour à Saint Esperit de Rue et puis à Moustroeil et puis à Bouloingne. Là fu il un jour, et l’endemain il vint à Callais. Si y trouva encorrez le duc d’Orliiens, le ducq de Berri et le duc de Bourbon, qui le rechurent liement, enssi que seigneur qui sont en prison et en hostage. Fº 128 vº.
P. 87, l. 23: li rois.—Les mss. A ajoutent: Jehans.—Le ms. A 15 ajoute: qui nagaires estoit venu d’Avignon et de Languedoc son pais visiter, si comme j’ay devant dit. Fº 261.
P. 87, l. 27: croiserie.—Ms. A 17: croisée. Fº 301 vº.
P. 87, l. 27: poroit.—Le ms. A 8 ajoute: perseverer et.
P. 87, l. 31: reubeurs.—Mss. A: robeurs.
P. 88, l. 5: nulz.—Ms. A 8: on.
P. 88, l. 6: abrisier.—Mss. A 8, 15 à 17: brisier.
P. 88, l. 8: dou march.—Ms. A 8: du moys de mars.
P. 88, l. 20: Roem.—Mss. A: Rouen.
P. 88, l. 32: termine.—Mss. A: terme.
P. 89, l. 5: enlangagiés.—Le ms. A 8 ajoute: et moult amez. Fº 239.—Les mss. A 6, 7, 15 à 17 ajoutent: et moult amez de tous. Fº 242 vº.
P. 89, l. 13: trettiés.--Ms. A 17: traitteurs. Fº 302.
P. 89, l. 28: estat.—Le ms. A 15 ajoute: ou quèle condicion. Fº 262.
§ 507. Cil troi duch.—Ms. d’Amiens: Et sejourna li dis roys à Calais bien quinze jours, atendans bon vent, car li mers estoit adonc moult tempestée par heurez. Au seizime jour, ses nefs furent cargies. Si entra en son vaissiel et touttez ses gens ens ès autrez, che fu environ heure de mienuit et demy, [et demoura] à l’ancre devant Callais toutte le nuit. A l’endemain, à heure de nonne, il ariva à Douvrez. Si se reposa et rafreschi là par deus jours, entroes que on descarga tout bellement ses vaissiaux, et mist hors les chevaux. Puis chevaucha li roys de Cippre à petittes journées et à sen aise deviers Londres. Quant il y vint, il y fu durement bien festiiés et conjoïs des seigneurs de Franche et d’Engleterre qui chevauchièrent contre lui, et fu à grant solempnité de trompes et de tous autres instrummens amenés et aconvoiiés à son hostel.
Je ne vous poroie mie compter en un jour les nobles disners, les souppers, les festiiemens et les conjoïssemens, les dons, les presens, les jouiaus c’on fist, dounna et presenta, especialment li roys d’Engleterre et medamme le roinne Phelippe, au jentil roy de Cippre. Et bien le devoient faire, car il les estoit venus veoir de loing et à grant fret, et tout pour enhorter et enditer le roy que il volsist prendre le vremeil crois et aidier à ouvrir ce passaige sus les mescreans. Mès li roys s’escuza bellement et sagement et dist qu’il estoit mès trop viés et trop foibles pour aller gueriier si lonch, et qu’il avoit assés affaire à garder son pays et tenir en pès; mès il n’escu[s]oit mie jones chevaliers et escuiers de sa terre, s’il y volloient aller. Si demoura la cose enssi. Pluisseurs parlemens, le tierme d’un mois que li roys de Cippre fu en Engleterre, eut entre le roy englès et le roy de Cippre et leurs conssaux sus l’estat de le croisserie et dou voiaige qui se devoit faire; mès toudis trouvoit il les Englès auques sus uns pourpos si sagement dis et moustrés, qu’il en estoit tous comptens.
Quant il vit qu’il n’en aroit autre cose, il prist congiet au roy, à madamme la roynne et à leurs enffans, qui bellement et doucement li dounnèrent. Et fist li roys englès, par ses offisciiers, paiier et deffretiier le roy de Cippre de tout ce que il et ses gens en menus frès avoient despendut à Londrez; et li dounna une très grosse nef c’on appelloit Catelinne, qui estoit ou havene de Zandvich, et avoit cousté au roy englès plus de dix mil florins au faire: dont li roys de Cippre l’en remercia grandement. On ne sai de ceste nef qu’il en avint, car, depuis, deux ans apriès le departement dou roy de Cippre, je le vi à Zandvich. Si croy mieux que li roys de Cippre le laissa pour l’ensonniement qu’il ewist eut dou mener c’autre cose. J’en demanday, quand je fui là, pourquoy c’estoit, mès nulx ne m’en savoit le voir à dire. Fº 129.
P. 89, l. 31: s’acointa.—Mss. B 3, 4 et mss. A: s’acquitta.
P. 90, l. 11: d’Engleterre.—Mss. A: Edouart.
P. 90, l. 25: enditter.—Ms. A 8: enduire. Fº 232 vº.—Ms. A 15: induire.
P. 90, l. 30: en avant.—Mss. A 8, 15: d’ores en avant.
P. 91, l. 6: traveillent.—Mss. A 8, 15: travaillent.
P. 91, l. 18: se prist.—Mss. A 8, 15: se pena.
P. 91, l. 29: edefiier.—Mss. A 2, 18, 19: crestienner.
P. 91, l. 31: douze mil.—Ms. B 6: dix mille. Fº 629.
P. 91, l. 31: havene.—Mss. A 6, 8, 15 à 17: havre.
P. 92, l. 4: deffretia.—Mss. A 8, 15 à 17: deffraia, deffrea.
P. 92, l. 8: Zanduic.—Ms. B 6 ajoute: et le rendy à madame la royne d’Engleterre. Fº 629.
P. 92, l. 9: à l’ancre.—Mss. A 6, 17: et ancré.
§ 508. Or se parti.—Ms. d’Amiens: Or se parti li roys Pières de Cippre, d’Engleterre, et rappassa le mer à Bouloingne. Si entendi que li roys de Franche, li dus de Normendie, li dus d’Ango, messires Phelippes leurs frères et tous li grans conssaux de Franche devoient y estre à Amiens. Si tira li roys de Cippre celle part et y trouva le roy de Franche nouvellement venu et une partie des seigneurs dessus dis. Si en fu grandement conjoïs et festiiés et leur compta une partie de son voiaige, et ossi il leur dist qu’il s’en yroit en Poito deviers le prince de Gallez son cousin, pour mieux acomplir son voiaige. Si fu là, ne say quans jours avoecq le roy et ses enffans, et puis s’en parti et prist son chemin deviers Paris, et s’adrecha pour aller en la duché d’Acquittainne et deviers le prinche qui se tenoit à Niorth. Et devoit avoir dedens bref terme, en le chité d’Angouloime, une très grosse et noble feste de jouste de quarante chevaliers de dedens et de quarante escuiers, que li prinches y devoit tenir à le relevée de madamme la princesse sa femme qui estoit acouchie d’un biau fil que on appelloit, enssi que son père, Edouwart, à laquelle feste li roys de Cippre volloit y estre, s’il plaisoit à Dieu.
Or revenrons au roy de Franche et à ce grant parlement qui fu à Amiens. Je fui adonc enfourmés, et voirs estoit, que li rois Jehans avoit proupos et affection de aler en Engleterre veoir le roy englès, son frère, et madamme la roynne, sa soer, enssi s’appeloient il par le tretiet de le pès, et ordounnoit touttes ses pourveances et ses besoingnes à Boulloingne. Se li consseilloient bien li aucun de Franche qu’il n’y volsist mie aller, et que c’estoit ungs grans perils sus le veu et proummesse qu’il a fait, et que on le poroit là detenir, pour le somme de se redemtion qui estoit encorres à parpaiier. Mès li roys Jehans respondoit qu’il avoit trouvet ou roy d’Engleterre, en madamme le roynne, en tous leurs enffans et ens ès barons d’Engleterre tant d’onneur, d’amour, de courtoisie et de loyaulté, qu’il ne s’en doubtoit en riens et qu’il ne cesseroit jammais, si y aroit esté et yaux veus, et ossi ses amis qui là estoient ostagiier pour lui. Quant on vit que chilx pourpos li demouroit, se li fu demandé qui garderoit Franche jusqu’à son retour, et il ordounna Carlon, son ainsnet fil, regent et souverain deseure tous. En apriès, monseigneur Loeys, dus d’Ango et du Mainne, son autre fil, il l’estaubli à aller en Normendie contre le roy de Navarre, car bien savoit qu’il ne l’ainmoit point. Et monseigneur Phelippe, comte adonc de Tourainne, il l’ordounna à aller en Bourgoingne, pour bouter hors les Compaingnes qui y estaient et qui gastoient et essilloient le pays.
Quant il eut tout fet et ordounné, il prist congiet à ses enffans et à son consseil, et se parti d’Amiens et s’avalla vers Hedin, le comte d’Eu avoecq lui, le comte de Tankarville, le comte de Dammartin, le grant prieur de Franche, monseigneur Bouchighau, monseigneur Tristran de Magnelers, monseigneur Jehan d’Anville, messire Pierre de Villers: che sont chiaux qu’il en mena avoecq lui pour aler en Engleterre. Si vint li roys de Franche à Hedin trois jours devant le feste dou Noël. Si y sejourna et demoura là, et dist qu’il y tenroit sa feste. Se vint là à lui li comtes Loeis de Flandres, ses cousins, qui durement l’ainmoit, et que li roys vit vollentiers, et le rechupt liement, et tinrent là leur Noël enssamble. Le jour des Innocens, s’en parti li roys et prist son chemin vers Bouloingne, et li comtez de Flandre vers Saint Ommer, pour revenir arrierre en son pays. Fº 129.
P. 92, l. 13: ses mainsnés frères.—Mss. A 8, 15: ses enfans. Fº 240.—Ms. A 17: le mainsné filz du dit roy de France. Fº 303.
P. 92, l. 28: couvent.—Mss. A 8, 15 à 17: couvenant.
P. 92, l. 29 à p. 93, l. 14: Si se parti... voiage.—Ms. B 6: Sy se departy le dit roy de Calais et vint à Boulongne, et puis à Monstreul et puis à Rue, et passa le Somme à Abeville et entra en Vimmeu et vint passer la Saine au Pont de l’Arche et s’en alla tout droit en Constentin et à Chierbourc veoir le roy de Navarre qui le rechut liement. Et euist adonc le dit roy de Chippre vollentiers accordé le roy de Navarre au roy de Franche, se il peuist; mais il n’en peult à chief venir. Sy passa oultre et fist tant par ses journées qu’il vint en Poito et droit en Angolesme où il trouva le prinche et madame la princhesse qui nouvellement estoit relevée d’un biel filz qui s’appelloit Edouart: à laquelle relevée de madame la princhesse eult, en la chité d’Angolesme, moult grant feste et grans joustes de plus de deux cens chevaliers, et fut la dite feste moult renforchie pour l’amour du roy de Chippre. Fos 629 et 630.
P. 93, l. 4: que... devoit.—Ms. A 17: qui debvoient.
P. 93, l. 13: nulle part.—Ms. A 17: nullement.
P. 93, l. 13: sus.—Mss. A 8, 15 à 17: en.
P. 93, l. 16 et 17: en quel istance.—Mss. A 8, 15: pour quelle cause.—Ms. A 17: à quelle instance.
P. 93, l. 23: ce.—Mss. A 8, 15: son.
P. 93, l. 26: ou.—Ms. A 8: en.
P. 93, l. 32: loyal.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: doulx.
P. 93, l. 32: ami.—Mss. A 8, 15: aimables.
P. 94, l. 10: ahireteroit.—Mss. A 8, 15: heriteroit.
P. 94, l. 20: en son pays.—Ms. A 17: en Flandres. Fº 304.
§ 509. Tant esploita.—Ms. d’Amiens: Quant li roys de Franche fu venus à Bouloingne, il y sejourna tant qu’il eult vent à vollenté, et entra en son vaissiel le jour devant le nuit de l’Apparition des Trois Roys. Si y fu ce jour toutte jour jusques au soir, car il y faisoit mout quoit et mout cler, et avoit vingt vaissiaux parmy ses pourveanches. Si ariva à Douvrez, et y fu deus jours, tant c’on eut descargiet tous ses vaissiaux et que li cheval furent rafresci, puis s’en parti et vint à Cantorbie. Là fu il ossi deus jours, et dounna à monseigneur saint Thumas un mout riche jeuiel et de grant pris. Et là vint ses filz li dus de Berri contre lui, et li dus d’Orliiens ses frères. Et ossi y envoiea li roys englès, pour lui festiier et requeillier à l’entrée de son pays, quatre de ses chevaliers: monseigneur Bietremieu de Bruech, monseigneur Gautier de Mauny, monseigneur Richart de Pennebruge, monseigneur Alain de Boukesel.
Chil vinrent deviers le roy de Franche à Cantorbie de par le roy d’Engleterre, et le conjoïrent et bienvegnièrent grandement, et li dissent que li roys, leurs sires, estoit moult liés de sa venue. De tout chou le crut li roys de Franche moult bien. Si les fist disner dallés lui, et apriès disner il montèrent et s’en retournèrent deviers le roy englès qui se tenoit à Eltem, et madamme le roynne, à sept lieuwes de Londres, pour là atendre le roy de Franche, liquelx se partit de Cantorbie et vint à petittes journées celle part. Et quant il fu venus à Eltem, en l’ostel dou roy englès, il y fu rechups à grant joie, che puet on mout bien croire, et tout chil qui avoecq lui estoient, pour l’amour de lui. Là eult grans festes, grans sollas, grans esbatemens, belles dansses et belles carolles de signeurs, de dammes et de dammoiselles, et s’efforchoit chacuns de festiier et de jeuer pour le cause dou roy de Franche.
Quant il eut là estet, je croy deux jours, il s’en parti et vint à Londrez, où il fu requeilliés mout honnourablement et menés et aconvoiiés de ses cousins les enfans dou roy englès, jusques à l’ostel de Savoie qui estoit ordonnés pour lui, qui siet sus le Tamise au dehors Londres: là le laissièrent il. Et là se tint li roys Jehans et tout son hostel. Si avoit dallés lui chiaux de son sanch, le ducq de Berri, son fil, le ducq d’Orliiens, son frère, le comte d’Allenchon, Robert d’Alençon et Ghui de Blois, ses cousins, qui adonc estoient jone damoisel, ossi le ducq de Bourbon et le comte de Saint Pol et les seigneurs qu’il avoit là amenés de Franche. Si tenoit là li dis roys, et tint là l’ivier grant estat et grant hostel, et estoit souvent visetés dou roy englès et de ses enffans.
Si donnoient chil roy grans disner et grans convys li un à l’autre, et jewoient et esbatoient enssamble et parloient et conssilloient de leurs besoingnez. Et regretoit souvent li roys englès monsigneur Jaquemon de Bourbon, son cousin, car moult l’avoit amet. Et disoit au roy de Franche que c’estoit grans dammaiges de lui; car bien affreoit à estre entre telx seigneurs qu’il estoient, et mieux s’i avoit sceu avoir que nulx autres. Li roys de Franche li acordoit et disoit que c’estoit verités, et que moult li avoit despleut la mort et l’aventure de lui. Enssi passoient li roy le temps, et veoient souvent l’un l’autre, et donnoient et envoioient li uns à l’autre grans dons, biaux jewiaux et riches presens, pour nourir entr’iaux plus grant amour. Fº 129 vº.
P. 94, l. 22: l’abbeye.—Les mss. A 8, 15 ajoutent: en la ditte ville. Fº 240 vº.
P. 94, l. 27: Tristrans.—Mss. A 8, 15: Tristan.
P. 94, l. 28: Pierres.—Les mss. A 11 à 14 ajoutent: et messire Jehan.
P. 94, l. 29: de Ainville.—Mss. A: Dainville.
P. 94, l. 31: maronnier.—Mss. A: mariniers.
P. 95, l. 2: ens ès.—Mss. A 8, 15: dedens les.
P. 95, l. 17 et 18: bienvegnièrent.—Mss. A 8, 15: honnourèrent.
P. 96, l. 2: caroles.—Mss. A 8, 15: esbatemens.
P. 96, l. 6: affreoit... faisoit.—Ms. A 8: afferoit à faire tout ce qu’il faisoit.
P. 96, l. 8: com.—Mss. A 8, 15: comment.
P. 96, l. 10: vuidièrent.—Mss. A 6, 8, 17: vindrent, vinrent.
P. 96, l. 13: en.—Mss. A 15 à 17: à.
P. 96, l. 16: ostagier.—Ms. A 17: hostages.
P. 96, l. 18: si.—Mss. A 7, 15: son. Fº 245.—Mss. A 8, 17: ses. Fº 241.
P. 96, l. 32: affreoit.—Ms. A 15: lui advenoit. Fº 264.
§ 510. Nous lairons.—Ms. d’Amiens: Entroelx que li roys Jehans reposoit en Engleterre, si comme vous poés oyr, fist li roys de Cippre son voiaige et vint en Poito et droit en Angouloime deviers le prinche de Galles, son cousin, qui le rechupt liement. Ossi fissent tout li baron et li chevalier de Poito et de Saintonge qui dallés le prinche estoient, li viscontes de Touwars, li jones sires de Pons, li sires de Partenay, messires Loeys de Halcourt, messires Ghuichars d’Angle; et ossi des Englès: messires Jehans Camdos, messires Thummas de Felleton, messires Noël Lorinch, messires Richars de Pontchardon, messires Simons de Burlé, messires Bauduins de Fraiville, messires d’Agorisses et li autre. Si fu li roys de Cippre moult festés et bien honnourés dou prinche, de le princhesse, des barons et des chevaliers dessus dis, et se tint illuecques plus d’un mois. Et puis le mena messires Jehans Camdos jewer et esbattre parmy Poito, parmy Saintonge et en le Rocelle et tout sus le marinne.
Et quant il eut là estet ung grant temps et qu’il eut remoustré au prinche et as chevaliers de son hostel et as autres pourquoy il estoit venus et sour quel estat il avoit empris le croix, et que li signeur li eurent respondut moult courtoisement que c’estoit ungs voiaiges où tout gentil homme par raison devoient vollentiers entendre, et que, s’il plaisoit à Dieu, il ne le feroit mies seux, mès en aroit de chiaux qui se desirent à avanchier, il prist congiet dou prinche, de madamme la princesse et de tous les seigneurs. Si s’en revint à petittez journées et à grans despens arrierre par deviers Franche, atendans qu’il oyst nouvelles dou roy Jehan qu’il fust rapassés le mer, et qu’il pewist encorres parler à lui et puis si se retraire viers Lombardie et à Venisse pour raller en Cippre. Bien entendi sus son chemin que li roys de Franche estoit acouchiés malades en l’ostel de Savoie en Engleterre, et empiroit tous les jours, et estoient repasset le mer et revenu en Franche li comtes de Tankarville et messires Bouchicaus, marescaux de Franche. Fº 129 vº.
P. 97, l. 6: Touwars.—Mss. A: Touars, Thouars.
P. 97, l. 12: Fraiville.—Mss. A 8, 15: Frainville.
P. 97, l. 18: fist.—Les mss. A 8, 15 ajoutent: grant chière et.
P. 97, l. 25: pourquoi especialment il portoit.—Ms. B 4 et mss. A: sus quel estat il avoit empris à porter... qu’il portoit.
P. 98, l. 12: istance.—Mss. A 8, 15: entencion.
P. 98, l. 13: ce que.—Ms. A 6: cuidier. Fº 244 vº.
P. 98, l. 13: pour.—Ms. B 4: de. Fº 242.
P. 99, l. 19: moustré.—Le ms. B 6 ajoute: sy fu le corps du roy Jehan de Franche enbausmé et mis en ung sarcus et convoiés des signeurs de Franche jusques à Douvres et là fu mis en ung batiel. Fº 631.
P. 99, l. 23: se tenoit à Paris.—Mss. A 8, 15: estoit au Goulet lez Vernon. Fº 241 vº.
P. 99, l. 26: se.—Les mss. A 8, 15 ajoutent: se tenoit et.
P. 99, l. 26: successères.—Mss. A 8, 15: heritier.
P. 100, l. 1 et 2: françois.—Ms. A 17: pour la couronne de France.
P. 100, l. 2: uns.—Le ms. A 15 ajoute: vaillant. Fº 264 vº.
P. 100, l. 3: li.—Le ms. A 15 ajoute: grant.
P. 100, l. 6: l’antoient.—Ms. A 7: l’avoient. Fº 245 vº.—Mss. A 8, 15: le hantoient.—Ms. A 17: qui se tenoient entour lui.
P. 100, l. 9 et 10: ewireus.—Mss. A 6, 15: eureux. Fº 245.—Ms. A 8: envieux. Fº 242.—Ms. A 17: entr’eulx.
P. 100, l. 11: le grasce.—Ms. A 15: l’amour et grace.
P. 100, l. 12: ooit.—Le ms. A 15 ajoute: souvent. Fº 265.
P. 100, l. 19: prendés.—Mss. A 8, 15: tenez.
P. 100, l. 29: manière de.—Ms. A 17: certaines. Fº 306.
§ 511. Roleboise.—Ms. d’Amiens: En ce tamps seoient devant le castiel de Rolleboisse li dus d’Ango, messires Bertrans de Claieckin et li comtes d’Auçoire et grant fuison de bonne gent d’armes, et constraindoient moult chiaus qui dedens se tenoient. Or avint, che siège pendant, que monsigneur Bertrans de Claiekin, li comtez d’Auchoire, messires Boucighaus, qui nouvellement estoit revenus d’Engleterre, li sires de Biaugeu, qui s’appelloit messires Anthonnes, et pluisseur aultre chevalier et escuier de Franche fissent sus un jour deus chevauchies et moult pourfitables pour le royaumme de Franche; car il prissent le ville de Mantes et le ville de Meulent, qui se tenoient pour le roy de Navarre, et dedens grant fuison des ennemis au royaumme de Franche: dont li dus de Normendie, qui se tenoit à Paris, fu moult resjoys, car ces deux villes sont clefs de Normendie. Fos 129 vº et 130.
P. 100, l. 31: biaus.—Mss. A: bon.
P. 101, l. 7: retenoit.—Ms. A 8: recevoir. Fº 242.
P. 101, l. 14 et 15: otant bien... ruoient il jus.—Mss. A 8, 15: autant chier... à ruer jus.
P. 101, l. 17: constraindoient.—Mss. A 8, 15: contraingnoient.
P, 101, l. 24: le cité.—Mss. A 8, 15: la ville.
P. 101, l. 32: certain lieu.—Mss. A: chemin.
P. 102, l. 12: porte.—Mss. A 8, 15: ville.
P. 102, l. 24: desroutèrent.—Ms. A 8: deffrontèrent. Fº 242 vº.
P. 103, l. 1: mourdreours.—Mss. A 8, 15: murtriers.
P. 103, l. 1: pillars.—Ms. A 17: larrons.
P. 103, l. 2: encaucent.—Ms. A 8: enchacent.—Mss. A 15 à 17: chacent.
P. 103, l. 7: li larron.—Ms. A 8: les barons.
P. 103, l. 9 et 10: remanant.—Mss. A 8, 15: demourant.
P. 103, l. 10: le.—Mss. A: vostre.
P. 103, l. 20: entente.—Mss. A 8, 15: entencion.
P. 103, l. 21: comment.—Mss. A 8, 15: combien.
P. 103, l. 24: ens.—Mss. A 8, 15: dedens.
P. 103, l. 31: apaisier.—Ms. A 8: asseurer.—Ms. A 15: decevoir. Fº 266.
P. 104, l. 6 à 9: Dont... assés.—Mss. A 11 à 14: Dont entrèrent Bretons par ces hostelz, et se saisirent de la ville sans riens piller, mais ilz pristrent des prisonniers desquelz qu’ilz vouldrent qui depuis furent delivrez sans riens paier, car messire Boucicaut et messire Bertran ne le vouldrent point souffrir, car depuis le dit messire Boucicaut fut capitaine et garde de Mante.
P. 104, l. 22 et 23: portes.—Les mss. A 6 à 8 ajoutent: tost et apertement.
P. 104, l. 24: saint Yve.—Ms. A 17: Nostre Dame. Fº 307.
P. 104, l. 25: occire.—Mss. A 8, 15: tuer.
P. 104, l. 31: joians.—Mss. A: joyeux.
P. 105, l. 2: partout.—Mss. A: par toutes.
P. 105, l. 3 à 5: Mantes... France.—Ms. A 15: la perte qu’il avoit faicte de Mante et de Meulant. Fº 266.
§ 512. En celle.—Ms. d’Amiens: Quant li roys de Navarre entendi ces nouvelles qu’il avoit perdu Mantes et Meulent et grant fuison de ses gens par dedens, si en fu durement courouchiés, et regarda et avisa coumment il se poroit contrevengier et grever le royaumme de Franche. Si escripsi et pria moult chierement et amiablement devers che hardi chevalier monsigneur le captal de Beus, que il volsist venir parler à lui en Normendie et qu’il amenast chou qu’il poroit avoir de gens d’armes, et que moult bien les paieroit. Li captaus se pourvei de compaignons et vint deviers le roy de Navarre, et se mist et otria dou tout en son service, dont li roys de Navarre fu moult liés. Se le fist souverain et gouvreneur deseure tous ses chevaliers et escuiers, et lui delivra touttes ses gens d’armes.
Li dus de Normendie fu emfourmés de ceste armée que li roys de Navarre mettoit sus, et si entendi d’autre part que li roys, ses pères, agrevoit durement de se maladie, et que li saige fusisiien n’y retenoient point de retour. Si ne volloit point li dus, en se nouveleté, qu’il receuvist blamme ne dammaige contre les Navarois. Si se pourveoit grandement de gens d’armes à l’autre lés, et avoit mandés et retenus grant fuison de bons chevaliers et escuiers de Gascoingne, et si largement les paioit, qu’il le servoient vollentiers; car c’est bien chou qu’il aimment, large et secq paiement. Si avoit li dis dus atrait deviers lui et mis en se chevauchie sus les camps, une partie des gens le seigneur de Labreth, dont li sires de Mouchident estoit chiés et conduisièrez, et encorres monsigneur Ainmon de Pumiers et monsigneur le soudich de Lestrade; chil estoient bien six vingt lanches de Gascons.
Encorres avoit li dus de Normendie remandé son frerre monsigneur Phelippe en Bourgoingne, et monsigneur Regnaut c’on dist l’Arceprestre, qui se tenoit en Bourgoingne, car il estoit sires de Castielvillain de par le damme se femme, qui avoit estet femme du signeur de Castielvillain, mort à le bataille de Poitiers. Et l’avoit messires Phelippes, qui bien esperoit à estre dus de Bourgoingne, car li roys ses pères li avoit proummis, retenu de son conseil, et estoit ses compères, et li avoit tenut à fons ung biau fil qui eut nom Phelippes contre lui. Fº 130.
P. 105, l. 11: on.—Mss. A 8, 15 à 17: il. Fº 243.
P. 105, l. 16 à 19: li rois... painne.—Ms. A 15: le duc de Normandie ira briefment à Reims pour lui fere couronner du royaume de France; si lui yrons à rencontre et lui porterons et ferons ennui et dommaige. Fº 266.
P. 105, l. 17 à 19: est mors... painne.—Mss. A 7, 8: ira temprement à Rains; se l’irons à l’encontre et li porterons et ferons anoy. Fº 246 vº.—Ms. A 6: se ira couronner à Reims; si lui yrons à l’encontre et luy porterons et ferons dommaige et ennuy. Fº 246.
P. 105, l. 21: temprement.—Mss. A 8, 15: briefment.—Ms. A 17: tantost.
P. 105, l. 23: pooit.—Les mss. A 8, 15 ajoutent: trouver et.
P. 105, l. 28: deux cens ou trois cens.—Ms. A 17: quatre cens.
P. 105, l. 30: remeriroit.—Mss. A 8, 15: reguerredonneroit.
P. 106, l. 1 et 2: apertement.—Mss. A 6, 7, 15: hastivement.
P. 106, l. 15 et 16: Bertrans.—Le ms. A 17 ajoute: et monseigneur Olivier de Mauny son nepveu. Fº 307 vº.
P. 106, l. 16: Bretons.—Les mss. A 11 à 14 ajoutent: qui estoient hardiz et courageux.
P. 107, l. 11: A ce donc.—Mss. A 8, 15 à 17: A ce temps, en cellui temps.
P. 107, l. 19: Evous venu.—Ms. A 15: Atant va venir. Fº 267.
P. 107, l. 28 et 29: se consievirent.—Ms. A 8: se aconsuivirent.—Mss. A 15 à 17: s’aconsuirent. Fº 308.
P. 107, l. 29: ravine.—Mss. A 15 à 17: manière.
P. 108, l. 2: tamaint.—Mss. A: maint, mains.
P. 108, l. 14: d’Evrues.—Le ms. A 15 ajoute: Et, au voir dire, les Bretons se portèrent vaillamment, car ilz n’estoient que une poignie de gens au regart des Navarrois qui tousjours croissoient. Fº 267.
§ 513. Auques en ce temps.—Ms. d’Amiens: En ce tamps que ces semonsces et ces assamblées se faisoient, tant de l’un lés comme de l’autre, les nouvellez vinrent au duc de Normendie que li roys, ses pères, estoit trespassés de ce siècle, et l’en escripsoit le verité messires Jehans, ses frères, dus de Berri.
Quant li dus de Normendie entendi chou, que li roys ses pères estoit mors, si en fu moult courouchiés: che fu bien raisons. Si le senefia tantost au duch d’Angho et as pers et as barons de France. Si se traissent à Paris deviers le duc de Normendie, enssi que drois estoit, et s’ordonnèrent pour aller contre le corps dou roy, leur seigneur, que li comtes d’Eu et li comtes de Dammartin et li grans prieux de Franche ramenoient et raconduisoient. Si fu li corps dou roy Jehan embaummés et, mis en ung sarku, raportés à Paris. Assés tost apriès, li dus de Normendie li fist faire son obsèque en l’abbeie de Saint Denis, et fu portés mout solempnelment parmy le chité de Paris à grant pourcession et à plus de mil torsses, à viaire descouvert, si troi fil derierre lui, vesti de noir, et li roy de Cippre ossi. Et fu enssi aportés moult bellement à le grant abbeie de Saint Denis en Franche. Si en chanta la messe et fist l’offisce li arcevesques de Sens, ungs moult doulx prelas, et fu ensepvelis li dis roys Jehans en le ditte abbeie de Saint Denis, où grant fuison de ses ancisseurs gissoient.
Apriès le obsèque fait et le disner qui fu moult grans et moult nobles, li signeur et li prelat retournèrent tout à Paris. Si eurent parlement et consseil enssamble que on se trairoit vers Rains pour courounner le ducq de Normendie, car c’estoit ses drois, et que on s’en deliveroit. Si y fist on appareillier moult grans pourveanchez et moult grosses, et fu li certains jours arestés, que ce devoit estre droit au jour de le Trinité. Si le segnefia li dus et en escripsi as pluisseurs grans seigneurs, les uns prioit et les autres mandoit, et par especial il en pria son bel oncle le ducq de Braibant, liquelx s’ordounna et appareilla pour estre y en grant arroy et bien accompaigniés de chevaliers de Braibant et de Luxembourch dont il estoit sirez. Fº 130.
P. 108, l. 18: A ce donc.—Mss. A 8, 15: Pour lors. Fº 244.
P. 108, l. 25: arrierés.—Ms. A 8: arrestez.—Ms. A 15: rompu et arresté.
P. 108, l. 27: embausumés et mis en un sarcu.—Ms. A 15: enbasmé et mis en un sarcueil.
P. 108, l. 29: Dammartin.—Le ms. B 6 ajoute: le conte de Tancarville. Fº 631.
P. 109, l. 1: vuidièrent.—Ms. A 8: vindrent.
P. 109, l. 2: Cipre.—Le ms. B 6 ajoute: vestus de noir avoecq les enfans du roy et les prochains du linage. Fº 631.
P. 109, l. 8: retournèrent.—Ms. A 8: vindrent.
P. 109, l. 24: Entrues.—Mss. A 8, 15: Pendant.
P. 109, l. 31: qu’il eurent.—Mss. A: qui fu.
P. 110, l. 2: l’eglise cathedral de Rains.—Ms. A 15: la grant eglise cathedral de Nostre Dame de Reins. Fº 267 vº.
§ 514. Quant messires.—Ms. d’Amiens: Entroez que ces besoingnes s’ordounnoient et aprochoient, envoyoit toudis li dus de Normendie gens d’armes deviers le comte d’Auçoire et monsigneur Bertran de Claiekin, et bien besongnoit, si comme vous orés chy apriès. Si y furent envoiiet li Arceprestrez et messires Loeys de Chalon et leur routtes.
Messire Jehans de Ghailli, qui s’appelloit captaus de Beus, qui pour le temps estoit conduisièrez et souverains de touttes les gens le roy de Navarre, dont il y avoit bien huit cens lanches, trois cens archiers et cinq cens autrez hommes aidablez, et tous les jours li croissoient gens, chevauchoit en Normendie et desiroit moult à trouver lez Franchois, car on lui avoit dit qu’il estoient sour les camps. Si estoient de le routte le dit captal uns bons chevaliers englès et fors guerrières, qui s’appelloit messires Jehans Jeuil, messires li bascles de Maruel, messires Pierres de Sakenville et pluisseur autre, pour leurs saudées gaegnier et leurs corps avanchier, et s’en venoient droitement vers le Pont de l’Arche, car bien penssoient que li Franchois passeroient là le Sainne, ensi qu’il fissent.
Et advint que, droitement le merquedi de le Pentecouste, si comme li captaux et se routte chevauchoient au dehors d’un bois, il encontrèrent le Roy Faucon, un hiraut qui s’estoit au matin partis de l’ost des Franchois. Si trestost que li captaus de Beus le vit, bien le recongnut et li fist grant chière, car il estoit hiraus au roy d’Engleterre, et li demanda tantost dont il venoit et s’il savoit nulles nouvellez des Franchois: «En nom Dieu, monsigneur, dist il, oil. Je me parti hui matin d’iaux et de leur routte, et vous quèrent ossi et ont grant desir de vous trouver.»—«Et quel part sont il? ce dist li captaux; sont il dechà le Pont de l’Arche?»—«En nom Dieu, sire, dist Faucons, oil. Il ont passet le Pont de l’Arche et Vrenon, et sont maintenant, je croy, assés priès de Passci.»
«Et quelx gens sont il, dist li captaux, et quelx cappittainnes? Ja di le moy, je t’en pri.»—«En nom Dieu, sire, il sont bien mil et cinq cens combatans et toutte bonne gens d’armes. Si y sont: messires Bertrans de Claiequin, li comtez d’Auchoire, li viscomtes de Biaumont, messires Loeys de Chalon, li sirez de Biaugeu, li mestres des arbalestriers messires Bauduins d’Annekins, messires Loeys de Haweskierkes, messires Oudars de Renti, messires li Arceprestrez, messires Engherans d’Uedins. Et si y sont de Gascoingne: les gens le seigneur de Labreth, li sires de Mouchident, messires Ammenions de Pumiers, li soudis de Lestrade.»
Quant li captaux oy noummer les Gascons, si fu trop durement esmervilliés, et dist si comme en lui ariant: «Par le cap saint Anthonne, Gascons à Gascons s’espourveront.» Or le disoit il pour lui, car il estoit gascons. Adonc appella il de rechief Faucon et li demanda s’il ne savoit plus nullez nouvellez, et Faucons li respondi: «Oil, sire, li dus de Normendie se devoit partir ier ou huy pour aller vers Rains; car, à dimence qui vient, doit il y estre couronnés.» Adonc dist li captaux: «Faucon, se Dieux et saint Jorge nous volloient aidier, je poroie bien estre au devant de son couronnement.»
Adonc parla Faucons pour Prie, un hiraut que li Archeprestres envoyea là avoecq lui, et li dist: «Sire, assés près de chy m’atent ungs hiraux franchois que li Arceprestrez envoie deviers vous, liquelx Arceprestrez, che dist Prie li hiraux, parleroit vollentiers à vous.» Dont respondi li captaux et dist: «Faucon, dittes au hiraut qu’il n’a que faire plus avant et qu’il die à l’Arceprestre que je ne voeil nul parlement à lui.» Adonc li demanda messires Jehans Jeuiel et dist: «Sire, pourquoy? Espoir es chou pour vo prouffit.»—«Jehan, Jehan, non est, mès est li Arceprestres si grans bartères, que, s’il venoit jusquez à nous, en nous comptant gengles et bourdes, il aviserait et ymagineroit no force et nos gens; si nous porroit tourner à grant contraire. Si n’ay cure de ses parlemens.»
Adonc retourna Faucons li hiraux deviers Prie, son compaignon, qui l’atendoit au coron d’une haie, et escuza le captal bien et sagement, tant que li hiraux en fu tous comptens, et raporta arrierre à l’Arceprestre chou que Faucons li eut dit de par le captal; mès, dou couvenant des Navarois, ne quel somme de gens d’armes il estoient, ne seut il nient recorder à ses mestres, car il n’avoit mies esté jusqu’yaux. Fº 130 vº.
P. 110, l. 7: cité.—Mss. A 6, 7: ville et cité.—Mss. A 8, 15 à 17: ville.
P. 110, l. 8: Legiers.—Mss. A: Michiel.
P. 110, l. 13: combatre.—Mss. A: trouver.
P. 110, l. 18: li sires de Saus.—Ms. A 17: monseigneur Jehan de Saulx. Fº 308.
P. 110, l. 25: d’encontrer.—Mss. A 8, 15 à 17: de rencontrer.
P. 111, l. 23: Renti.—Le ms. B 6 ajoute: le Bèghes de Velaines. Fº 633.
P. 111, l. 26: Aymenions.—Ms. A 8: Aymons.
P. 111, l. 29: rougia tous de felonnie.—Ms. A 15: rougit tout de grant felonnie. Fº 268.
P. 112, l. 9: cap.—Mss. A 8, 15 à 17: chief.
P. 112, l. 11: Prie.—Mss. A 8, 15: Pierre. Fº 245.—Ms. A 17: Henrri. Fº 309.
P. 112, l. 23: baretères.—Mss. A 7, 15 à 17: barateur.
P. 112, l. 24: bourdes.—Le ms. A 15 ajoute: dont il est bon ouvrier. Fº 268 vº.
P. 112, l. 26: contraire.—Mss. A 8, 15 à 17: dommage.—Le ms. A 15 ajoute: et à moult grant contraire.
P. 112, l. 27: ses.—Les mss. A 8, 15 à 17 ajoutent: grans.
P. 112, l. 28: Prie.—Mss. A 8, 15 à 17: Pierre.
P. 112, l. 28: coron.—Ms. A 17: bout.—Ms. A 15: coing.
§ 515. Ensi eurent.—Ms. d’Amiens: Enssi eurent li Franchois et li Navarrois connissance li ung de l’autre par le raport des deus hiraus. Si eurent avis et consseil li Franchois que ce merqedi, pour ce qu’il estoit tart, il se logeraient illuecq. Et se logièrent seloncq une rivierre, ensus un village que on appielle Koceriel, ens uns biaux plains, et ossi li Navarois se tinrent assés priès de là.
Quant ce vint le joedi au matin, que solaus fu levés et que li jours estoit appairans d’estre biaux et clers et sieris, li Navarois et li Englès, tous d’une alianche, chevauchièrent enssi que Franchois; li hiraus les menoit tout serré et tout rengiet. Si vinrent environ primme sus les plains de Koceriel, et virent les Franchois devant yaux qui ordonnoient leurs batailles, et estoient par samblant bien tant et demy plus qu’il ne fuissent. Si s’arestèrent tout quoy au dehors d’un bosquetiel qui là estoit, et puis se traissent avant les cappittainnes et se missent en ordounnance. Premierement, il fissent trois batailles bien et feticement tout à piet, et envoiièrent les chevaux, leurs males et les gharchons ens ung bois qui estoit dallés yaux, et establirent monseigneur Jehan Jeuiel en la premierre, et li ordounnèrent tous les Englès, hommes d’armez et archiers. La seconde eut li captaux, et pooient estre en se bataille environ quatre cens combatans, uns c’autres. La tierche eurent troy autre chevalier: li bascles de Maroel, messires Pières de Saquenville et messires Bertrans dou Franch, uns bons chevaliers prouvenchiaux, et estoient ossi environ quatre cens armures de fier.
Quant il eurent ordonné leur bataille, il ne s’eslongièrent point trop loing de l’un l’autre, et prissent l’avantaige d’une montagne qui estoit à le droite main entre le bos et yaux, et se rengièrent tout de froncq sus celle montagne par devant leurs ennemis, et missent le pignon dou captal en ung fort buisson espinerech, et ordonnèrent soissante armures de fier autour pour le garder et deffendre, car tout se devoient là raloiier et affiier bien entre yaus les cappittainnes, que de là ne se partiroient nullement, pour cose qui avenist, se seroient leurs ennemis tous desconfis et mis en cache. Et tout ce veoient li Franchois coumment il s’ordonnoient, et ossi coumment il avoient pris le montaingne: se ne les en prisoient mies mains. Tout enssi ordounné et rengiés se tenoient Navarois et Englès sus le montaingne que je vous di. Fº 130 vº.
P. 113, l. 3 et 4: se radrecièrent.—Mss. A: s’adrecièrent.
P. 113, l. 7: quinze cens.—Le ms. A 15 ajoute: combatans.
P. 113, l. 23: une.—Le ms. A 17 ajoute: petite.
P. 113, l. 26: uns biaus prés.—Mss. A 8, 17: deux beaux prez. Fº 245.
P. 114, l. 4 et 5: heure de prime.—Ms. A 17: midi.
P. 114, l. 5: Coceriel.—Ms. A 8: Coucherel.—Mss. A 15 à 17: Cocherel.
P. 114, l. 18: li captaus.—Les mss. A ajoutent: de Beuch.
P. 114, l. 22: banière.—Le ms. A 15 ajoute: devant lui. Fº 269.
P. 115, l. 1: espinerés.—Mss. A 8, 15 à 17: espineux.
P. 115, l. 2: armeures de fier.—Ms. A 15: hommes d’armes.
P. 115, l. 8: querre.—Mss. A 8, 15 à 17: querir.
§ 516. Tout ensi.—Ms. d’Amiens: Endementroes, li Franchois ordonnèrent ossi leurs batailles, et en fissent trois et une arrierre garde. La premierre eut messires Bertrans de Claiequin à tous les Bretons, et fu ordonnés pour assambler à le bataille dou captal. La seconde eult li comtez d’Auçoire et li viscomtes de Biaumont et messires Bauduins d’Enekins, et eurent avoecq yaux les Franchois, les Normans et les Pickars, monsigneur Oudart de Renti, monsigneur Engherant du Edin, monsigneur Loeis d’Aveskierke et les autres. La tierce eut li Arceprestres et les Bourghignons avoecq lui, monseigneur Loeys de Chalon, le seigneur de Biaugeu, monsigneur Jehan de Vianne, monsigneur Gui de Frelay, monsigneur Huge de Vianne et pluisseurs autres. Et devoit s’asambler ceste bataille au bascle de Marueil et à se routte. Et l’autre bataille, qui estoit pour arrierre garde, fu des Gascons: monsigneur Aimmenion de Pumiers, le soudich de Lestrade, le signeur de Mucident et pluisseur aultre. Et pour ce quil veoient le pignon le captaul mis et assis en ung buisson et en faisoient li Navarois leur estandart, il ordonnèrent leur bataille des Gascons à adrechier ceste part. Fº 130 vº.
P. 115, l. 11: Entrues.—Ms. A 6: Entrementres. Fº 248 vº.—Mss. A 8, 15 à 17: Pendant ce.
P. 115, l. 14: Bretons.—Le ms. A 15 ajoute: dont je vous en nommeray aucuns chevaliers et escuiers: premierement monseigneur Olivier de Mauny et monseigneur Hervé de Mauny, monseigneur Eon de Mauny, frères, et nepveux du dit monseigneur Bertran, monseigneur Geffroy Ferron, monseigneur Allain de Saint Paul, monseigneur Robin de Guité, monseigneur Eustace et monseigneur Allain de la Houssoye, monseigneur Robert de Saint Pern, monseigneur Jehan le Voier, monseigneur Guillaume Bodin, Olivier de Quoyquen, Lucas de Maillechat, Gieffroy de Quedillac, Gieffroy Paien, Guillaume du Hallay, Jehan de Parrigny, Sevestre Budes, Berthelot d’Angoullevent, Olivier Ferron, Jehan Ferron son frère et pluseurs autres bons chevaliers et escuiers que je ne puis mie tous nommer. Fº 269.
P. 115, l. 17 et 18: d’Anekins.—Mss. A 18, 19: de Meleun.
P. 115, l. 18 à 21: mestres... Haveskierkes.—Ces lignes manquent dans les mss. A 15 à 17.
P. 115, l. 20: d’Uedin.—Mss. A 7, 18, 19: de Hedin. Fº 249.
P. 115, l. 26: Hughe.—Mss. A 15 à 17: Jehan.
P. 116, l. 1: purainne.—Ms. A 6: entière. Fº 248 vº.—Mss. A 8, 15: pure. Fº 245 vº.
P. 116, l. 7: lés.—Mss. A 8, 15 à 17: costé.
P. 116, l. 8: un.—Le ms. A 15 ajoute: hault. Fº 269 vº.
§ 517. Assés tost.—Ms. d’Amiens: Et (ordonnèrent les Gascons) trente hommes des leurs, fors et appers, montez chacuns sus bons fors courssiers et delivrés, et aler concquerre ce pignon et combattre au captaul, et rompre se bataille quant elle seroit entamée, et à riens entendre fors tant seullement au captaul, et lui prendre par forche et toursser sur leurs chevaux et porter ent à sauveté; car qui l’aroit pris, fust li journée pour yaux ou non fust, il aroit bien esploitiet, et tenroient leurs ennemis pour tous desconffis. Fº 131.
P. 117, l. 3: entrues.—Ms. A 7: entrementres.—Mss. A 6, 15 à 17: pendant.
P. 117, l. 7: tourseront.—Mss. A: trousseront.
P. 117, l. 8 et 9: où que soit.—Mss. A 6, 15 à 17: quelque part.
P. 117, l. 20: rades.—Mss. A: roides.
P. 117, l. 24: estre.—Le ms. A 15 ajoute: pour faire et acomplir l’entreprinse que tous ces seigneurs de France et de Gascongne avoient parlé et ordonné entr’eulx. Fº 269 vº.
§ 518. Quant cil.—Ms. d’Amiens: Quant li Franchois se furent enssi ordonné, ainchois que li signeur se trayssent en leurs bataillez où il estoient estaubli, il regardèrent entre yaux et pourparlèrent à lequelle bannierre ou pignon il se retrairoient et quel crit il criroient. Si fu de premiers acordé entre yaux qu’il criroient: «Nostre Damme! Auchoire!» Mès li comtez, qui là estoit presens, y refuza et s’escuza et dist que il estoit li ungs des jonnes chevaliers qui là fust, et la premierre besoingne arestée où il avoit estet, si ne volloit mies que on lui fesist celle honneur, mes fust baillie à un autre où elle fuist mieux emploiiée c’à lui. Dont fu regardé d’un coumun acord c’on crieroit: «Saint Yve! Claiequin!» et pour yaux mieux recongnoistre: «Nostre Damme! Claiequin!»
Ensi tout rengiet et ordonné et avisé quel cose il devoient faire et yaux maintenir, se tenoient tout quoy sus les camps et regardoient leurs ennemis, qui nul samblant ne faisoient dou descendre. Si se traissent enssamble li chief des routtes environ yaux vingt cinq, et parlementèrent ung grant temps. Et volloient li aucun, especialment messires Bertrans de Claiequin, que on les allast combattre. Et li aucun, mieux avisés, le debatoient et disoient que, se il faisoient enssi, il feroient ung grant outraige, mès souffresissent encorres et regardaissent le couvenant de leurs ennemis: «Sachiés, disoient messires Oudars de Renti et messires Bauduins d’Ennekins, que, se nous avons grant desir d’iaux combattre, ossi ont il nous: si nous tenons en nos batailles bellement et quoiement. S’il descendent, bien nous les combaterons; et s’il ne descendent dedens le soir, nous arons autre advis.»
Chilx conssaux fu tenus, et se tinrent li Franchois tout quoy, chacuns sirez desoubs se bannierre ou desoubs se pignon, enssi qu’il estoit ordounnés. Et tant atendirent qu’il fu haux midi et que li jours estoit si escauffés que li pluisseur en estoient tout afoibli, car il n’avoient avoecq yaux nulles pourveanches pour boire ne pour mengier, se petit non. Et toudis se tenoient li Navarrois et li Englès en leur fort, sans yaux bougier ne faire samblant de descendre. Quant ce vint sus l’eure de nonne et que li sollaux tourna dou tout au contraire des Franchois, et que de trop junner li pluisseur estoient mout foullé, si se coummenchièrent enssi que tout à descoragier, et dissent li aucun que li heure passoit pour combattre. Si se fuissent par samblant volentiers retret, et fu priesque tout conssilliet dou retraire et dou niens combattre.
Or vous di qu’il y avoit là aucuns gentilz hommes de Normendie qui cevauchoient de l’un à l’autre, sans get et sans regard, qui ne se pooient armer, car il estoient prisonnier as Navarois et recreus sus leurs fois. Si disoient bien as chevaliers franchois: «Signeur, advisés vous, car, se li journée se depart sans bataille, vostre ennemy seront demain deus tans qu’il ne sont hui, et toudis mouteplieront en puissanche; car messires Loeis de Navarre doit venir à plus de mil combatans.» Si que ces parolles atraioient durement les Franchois à combattre. Fº 131.
P. 118, l. 25: eurent.—Les mss. A 6, 17 ajoutent: tout.
P. 118, l. 6: dou.—Le ms. A 17 ajoute: noble.
P. 118, l. 8: bellement.—Mss. A 8, 15 à 17: doucement.
P. 118, l. 12: journée.—Ms. A 15: besongne. Fº 270.
P. 118, l. 13: de.—Ms. A 8, 15 à 17: que.
P. 118, l. 16: le Mestre.—Ms. A 15: Baudequin d’Annequins, maistre des arbalestriers.
P. 118, l. 27: vos compains.—Mss. A 6, 7, 15 à 17: vostre compaignon.
P. 119, l. 13: tierne.—Mss. A: tertre.
P. 119, l. 21: vin.—Le ms. A 17 ajoute: ne baril.
P. 119, l. 23: flaconciaus.—Ms. A 7: flaconniaus. Fº 249 vº.—Mss. A 8, 15 à 17: flacons, petiz flacons.
P. 119, l. 28: soutilleté.—Ms. A 17: subtilité. Fº 311 vº.
P. 119, l. 29: remontière.—Mss. A: remontée.
P. 120, l. 1 et 2: couvenant.—Mss. A 8, 15 à 17: couvine.
P. 120, l. 6: requerre.—Mss. A 8, 15: requerir.
P. 120, l. 16: frefel.—Ms. B 3: desir.—Ms. B 4: frestel.—Ms. A 6: fresel.
P. 120, l. 20: paisieulement.—Mss. A: paisiblement.
P. 120, l. 24: nostre.—Mss. A: vos.
P. 120, l. 27: trois cens.—Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19: quatre cens.
P. 120, l. 30: ahati.—Ms. A 17: hastiz.—Ms. A 15: atiz.
P. 121, l. 15: diverses.—Le ms. A 17 ajoute: et contraires.
§ 519. Quant li.—Ms. d’Amiens: Quant li chevalier de Franche virent que li Navarois et li Englès ne partiroient point de leur fort et qu’il estoit ja haulte nonne, et si ooient les parolles que li prisonnier franchois leur disoient, si se retraissent à consseil enssamble, et conssillièrent qu’il feroient passer le pont tous leurs chevaux et leurs harnas et leurs varlès et les plus foullés par samblant de leur routte, et puis petit à petit il passeroient et se logeroient bellement, chascuns sires par lui et entre ses gens, ce soir sus le rivierre, et l’endemain il aroient nouviel consseil et avis, car voirement estoient il durement mesaisiet dou chault et de trop junner. Et se, en yaux retrayant, il avenoit ensi que leur ennemy, qui sont chaut et hastieu, descendoient de leur montaingne, il retourroient tout à ung fès sus yaux, et criroient leur cri, et chacuns sires et hommes d’armes se trairoit à se bataille: il savoient bien quel consseil il devoient faire. Che consseil donnèrent li Gascon messires Ainmenion [de Pummiers], messires li soudis [de Lestrade] et li sires de Moucident. Dont sonnèrent il leur trompettes, et fissent mout grant signe d’iaux retraire, et fissent passer oultre le pont et le rivierre leurs harnois et leurs pourveanches, les varlès et tous leurs chevaux, excepté les trente qui se devoient adrechier au captal. Et quant il furent enssi que tout passet, gens d’armes coummenchièrent ossi à passer.
Quant messires Jehans Jeuiaux, qui estoit appers chevaliers et vighereux durement et qui avoit grant desir des Franchois combattre, perchupt le mannierre et coumment il se retraioient, se dist au captal: «Sire, sire, descendons appertement; ne veés vous pas coumment li Franchois s’enfuient?» Dont respondi li captax et dist: «Messires Jehan, messire Jehan, ne creés ja que si vaillant homme qu’il sont, s’enfuient ensi: ils ne le font, fors par malisse et pour nous atraire.» Adonc s’avancha messires Jehans Jeuiaux, qui moult engerans estoit de combattre, et dist à chiaux de se routte: «Passés avant! Qui m’aimme, se me sieuwèce!» Dont s’avança en sallant devant touttes les battailles en descendant dou mont, son glaive en son poing, en escriant: «Lez les Franchois!» et «Saint Gorge! Giane!» Quant li captaux en vit le mannierre, si le tint en soy meysmes à grant desdaing, et dist à sa bataille: «Avant! Avant! messires Jehans Jeuiaux ne se combatera point sans my.» Dont descendirent il tout coummunement dou fort où il s’estoient tenu, et se missent au plain.
Quant li Franchois, qui estoient en aguet de ceste ordounnanche, les virent descendre, si s’arestèrent tout à ung fès et dissent entr’iaux: «Vesci chou que nous demandions.» Si huièrent et jupèrent apriès leurs gens qui le pont passoient, et furent tantost remis en bon arroy, leurs bannièrez et pignons devant yaux, en criant: «Nostre Dame! Claiekin!» Evous monsigneur Jehan Jeuiel, qui de grant vollenté s’en venoit tout devant, et se vient ferir, son glaive en son poing, en le bataille des Bretons et combattre mout vassaument, et ossi il fu moult bien recheu de monsigneur Bertran de Claiequin et de chiaux de se routte. D’autre part, li comtes d’Auchoire, li viscomtez de Biaumont, messires Bauduins d’Ennekins, messires Oudars de Renti et li autre chevalier et leur bataille s’en viennent adrechier à le bataille des Bourgignons, li sires de Biaugeu, messires Loeis de Chalons et les gens de l’Arceprestre s’en vont adrechier à le bataille monsigneur Pière de Sakenville et monsigneur Joffroy de Roussellon. Et pour chou que en armes on ne doit mies mentir, mès dire le verité à son loyal pooir, bien est voirs que li Arceprestres, si trestost qu’il vit c’on se combateroit et que les batailles s’asambloient, il se parti et ungs siens escuiers seullement, et issi de se bataille, mès il dist à ses gens: «Demorés et si vous acquittés à vostre loyal pooir: je me pars, car je ne me puis combattre.» Dont monta à cheval et rapassa le Pont de l’Arche, et cil qui se combattoient, le quidoient dallés yaux, pour ce qu’il veoient se bannierre, et si n’avoit pris congiet à nullui, fors à ses gens. Fº 131.
P. 121, l. 17: sus.—Mss. A 8, 15 à 17: pour.
P. 121, l. 29: l’espoir.—Mss. A 8, 15 à 17: pense.
P. 122, l. 25: Jeuiel.—Ms. B 6: de Pipes. Fº 631.
P. 123, l. 9 et 10: li captaus.—Ms. A 8: le capitaine. Fº 250 vº.—Mss. A 8, 17: les capitaines. Fº 247 vº.
P. 123, l. 15: mi.—Mss. A: moi.
P. 123, l. 24: assambler.—Ms. A 8: assaillir.
P. 123, l. 25: Evous.—Mss. A 8, 15 à 17: Et va venir.
P. 123, l. 28: Bertrans.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: du Guesclin.
P. 123, l. 29: malement.—Le ms. A 17 ajoute: Et d’aventure il encontra monseigneur Olivier de Mauny, nepveu de monseigneur Bertran, fort chevalier et asseuré durement. Là se combatirent ces deux vaillans chevaliers ensemble moult longuement, main à main, et tant que le dit monseigneur Olivier cheit de la presse. Et adonc monseigneur Jehan Jouel fut sur lui la dague ou poing, pour lui occire, en lui disant: «Rendez vous tantost, ou vous estes mort.» Adonc respondit le dit monseigneur Olivier: «A Dieu le veu, monseigneur Jehan, non suis encore; mais je vueil que vous essaiez vostre fois comment ceste terre est dure.» Et lors il le prant par le camail et à force de braz il mist monseigneur Jehan Jouel dessoubz lui, et fut monseigneur Olivier dessus. Et lors il bleça et navra à mort le dit monseigneur Jehan Jouel, et le laissa à un sien escuier qui estoit delez lui, qui avoit nom Guion de Saint Pers, lequel le fiança prinsonnier; mais il mourut cellui jour des plaies qu’il avoit receues la journée. Fº 313 vº.
P. 124, l. 6: Claiekin.—Le ms. A 15 ajoute: monseigneur Olivier de Mauny son nepveu. Fº 271 vº.
P. 124, l. 8 et 9: li... Anthones.—Ms. A 17: monseigneur de Beaugieu et monseigneur Anthoine de Beaugieu.
P. 124, l. 13: Aymenions.—Mss. A 8, 17: Aymons.
P. 124, l. 30: fourfraire.—Mss. A 8, 15 à 17: meffaire.
P. 125, l. 5: rivière.—Le ms. A 17 ajoute: en plourant moult tendrement de ce qu’il ne povoit demourer à la bataille. Fº 314.
§ 520. Au commencement.—Ms. d’Amiens: Quant li Navarois et chil de leur costé virent le couvenant des Franchois, si se reculèrent tout en combatant un petit, et fissent leurs archiers voie pour traire. Si se missent en bon aroy chil qui devoient traire, mès li Franchois estoient si fort armet et si bien pavesciet, que oncques li trais ne les greva noyent, ne pour chou n’en laissièrent il point à combattre. Si tost que li trais fu passés, les batailles entrèrent l’une dedens l’autre, en boutant et en estechant des glaives. Là veoit on les plus apers et les plus bachelereus coumment il s’avanchoient et rompoient par bien combattre les routtes, et prendoient et fianchoient prisonniers, ou il se faissoient prendre par appertisses d’armes, ou navrer, ou ochire. Là avoit grant cliquetis d’espées, de daghes et de bastons d’armes, et s’aprochoient et se tenoient main à main, et se combatoient si vaillamment que nulle gens mieux, et point ne s’espargnoient, et nul mot ne parloient que leur cris à cief de fois il crioient pour yaux raloiier.
Or vous diray des trente qui esleu estoient pour yaulx adrechier au captal et trop bien monté par especial. Il s’en vinrent tout serré là où li captaux se combatoit moult vassaument, piet avant autre, tenant une hache en sen poing, dont il donnoit si grans horions que nulx ne l’osoit aprochier; car il estoit grans chevaliers, fors et durs malement et resongniés de ses ennemis. Chil trente, qui estoient moult bien monté sus courssiers fors et puissans, et ossi appert, fort et dur hommes d’armes et bachelereus durement, ne veurent mies resongnier le paine ne le peril; mès brochièrent chevaux des esperons et rompirent par forche toutte le bataille et les gens le captal, et fissent voie au comte d’Auchoire, au viscomte de Beaumont, à monsigneur Bauduin d’Auekin, à monsigneur Engherant du Edin, à monsigneur Oudart de Renti, à monsigneur Loeys de Haveskerke et as bons chevaliers de leur routtez et escuiers ossi. Là eult très fort bouteis et grans abateis, et moult de bons hommes d’armes mis à grant mesaise. Avoecq tout chou, chil trente, qui n’entendoient à autre cose fors toudis à aller avant et faire leur emprise, s’arestèrent droitement sus le captal et coummenchièrent à lanchier et à ferir à lui grans horions de leurs roides espées et des bastons de guerre qu’il portoient, et à derompre gens et à abattre entour li et mettre à grant meschief; car chil courssier, qui estoient fort et puissant et tous couvert de fers et bien brochiet sans espargnier des esperons, confondoient tout devant et entour yaux.
Et quant li captaux, qui estoit hardis et saiges chevaliers durement, en vit le manierre et que on entendoit trop parfaitement à lui prendre, si s’esvertua et fist trop plus d’armes sans comparison que nuls autres, et se tint ung grant temps que nulx ne l’osoit aprochier, tant lançoit il les cops grans et perilleux. Mès il n’est force d’omme ne de lion que, au haster et au continuer, on ne foulast et afoiblesist. Là fu il si bien combatus des ungs et des autres à tous lés, qu’il ne savoit auquel entendre. Si fu pris et ahers par forche et tirés de ces hommes d’armez à cheval hors de le presse, et si menés par force d’armes qu’il fiancha prison à yaux, et le cargièrent et portèrent et ravirent hors des bataillez maugret touttes ses gens, et passèrent oultre le pont et le rivière et le missent à sauveté. Enssi fu pris li captaux de Beus, si comme je l’oy recorder le Roy Faucon, qui fu toudis enmy le bataille et qui en vit tout le couvenant et pluisseurs bellez appertisses d’armes des autres bons chevaliers et escuiers, tant d’un lés comme de l’autre. Fº 131 vº.
P. 125, l. 19: fourfet.—Le ms. A 17 ajoute: grandement.
P. 126, l. 1 et 2: luitier.—Mss. A 15 à 17: luite.
P. 126, l. 12: emprise.—Mss. A 8, 17: entreprise. Fº 248.
P. 126, l. 14: pas.—Ms. A 6: pays. Fº 251.
P. 126, l. 16: li Breton.—Mss. A 8, 15 à 17: les Picars.
P. 127, l. 6: grant.—Le ms. A 8 ajoute: grant debat et.
P. 127, l. 6: puigneis.—Mss. A 8, 15 à 17: hustin.
P. 127, l. 9: foursené.—Ms. A 8: forcennez. Fº 248 vº.
P. 127, l. 9: crioient.—Le ms. A 17 ajoute: tous à haulte voix. Fº 315.
§ 521. En ce toueil.—Ms. d’Amiens: Pour ataindre le juste matère et parler de tout vivement, voir est que, entroes que chi trente homme à cheval et li bataille dou comte d’Auchoire et dou viscomte de Biaumont, avoecq les Franchois et les Pickars, entendoient au prendre le captal et à combattre ses gens, messires Ainmenions de Pumiers, li soudis de Lestrade, li sirez de Mucident et leur bataille s’adrecièrent droitement au penon du captal qui estoit enclos en un buisson espinerech, enssi que dessus est dit, et à ciaux qui le gardoient, qui estoient ossi toutte gens d’eslite. Là eut dur hustin et bien combatu, car cil gardoient leur pennon, qui estaubli y estoient sus leur honneur, car il estoit resors et raloieanche d’iaux tous: si avoient plus chier à morir qu’il leur fust hostés. Si dura moult longement li bouteis et li estekeis entr’iaux de lanches, de haches, d’espées, d’espois et de daghes. Endementroes, se combatoient les autres batailles chascune à sa chascune, et estoient assés loyaument parti.
Si vous di que, quant les gens dou captal en virent par force porter et mener leur mestre, enssi que tout fourssené, il le poursiewirent vistement et corageusement et s’abandonnèrent de grant vollenté, et requissent leurs ennemis si dur et si fierement qu’il les reculèrent. Là couvint il maint homme morir, cheir et trebuchier l’un parmy l’autre; et sachiés, qui estoit cheus, s’il n’avoit bon secours et hastieu, jammais depuis ne se relevoit, car li presse et li enchaus y estoit si grans que chascuns estoit tous ensonniiés dou deffendre et de lui garder. Et par especial les gens dou captal se combatirent trop vaillamment, et ne demora mies en yaux ne en leur emprise qu’il ne desconfirent le bataille dou comte d’Auchoire, car il fu rués par terre et navrés mout durement et se bannierre abatue, quant messires Bertrans de Claiequin et une grosse routte de Bretons vinrent celle part, et le rescoussirent par forche d’armes et relevèrent se bannierre et reculèrent leurs ennemis. Et adonc en celle presse et en cel estekis fu ochis li viscontes de Biaumont, dont che fu dammaiges, car il estoit jonnes chevaliers, hardis et appers durement et de grant vollenté.
Or vous diray des Gascons et de chiaux qui estoient adrechiet vers le pennon le captal. Il fissent tant par forche d’armes qu’il rompirent le presse et delivrèrent le place de tous chiaux qui le gardoient, et furent, comme vaillant gent, tout mort ou tout pris; ne oncques ne daignièrent fuir, mès se vendirent si vaillamment que nule gens mieux. Touteffoix, li pennons fu conquestés et ostés de là où il estoit, abatus et deschirés, et li hanste coppée. Mès en celle presse, li sires de Muchident fu moult navrés, et y eut mors trois de ses escuiers, et li soudis de Lestrade i eut le brach romput. Non obstant ce, messires Ainmenions requeilla touttes ses gens apriès le desconfiture de chiaux qui le pennon avoient gardé, et s’en vinrent en criant: «Nostre Damme! Claiequin!» sus les gens dou captal, qui trop bien se tenoient et se combatoient. Là eut de rechief grant hustin et dur et bien combatu.
Li sires de Biaugeu, messires Loeys de Chalon et les gens l’Arceprestre, avoecq grant fuisson de bons chevaliers et escuiers de Bourgoingne, se combatoient d’autre part moult vaillamment à monsigneur le bascle de Maruel et à se route, à monsigneur Pière de Sakenville, à monsigneur Joffroy de Roussellon, à monsigneur Bertran dou Franch et à leur routte. Et vous di que là eult fait mainte belle appertisse d’armes, mainte prise et mainte rescousse; car chascuns, endroit de lui, se prendroit mout priès de bien faire le besoingne pour sen onneur.
D’autre part, li Pickart et leur routtes se combatoient à monsigneur Jeuiel et à se bataille, où il y eut fait ossi mainte belle appertisse d’armes, car chils messires Jehans Jeuiel estoit bons chevaliers, durs, fors, hardis et appers et bien combatans. Si ne l’avoit on point d’avantaige contre lui. Là furent très bon chevalier messires Bauduins d’Enekins, messires Oudars de Renti, messires Engherans du Edins, messires Renars de Bassentin, messires Jehans de Bergette et pluisseurs autres chevaliers de Picardie, que je ne say mies tous noummer, et ossi maint bon escuier. Là fu li bataille de monsigneur Jehan Jeuiel trop vassaument rencontrée et combatue, et fu par forche d’armes reboutée et rompue, et li dis chevaliers messires Jehans Jeuiel mallement navrés, pris et fianchés prissons et tirés hors de le presse, et tout li sien mort ou pris et mis en cache. Mès trop cousta as Franchois, car il perdirent des leurs, mors sus le plache, monsigneur Bauduin d’Ennekins, mestres pour le temps des arbalestriers de Franche, et monseigneur Loeys de Haveskerkes et des autres chevaliers et escuiers. Si en y eult des navrés, des blechiés et des bien batus grant fuisson.
Encorres se combatoient moult vaillamment li sires de Biaugeu, messires Loeys de Chalon et li Bourgignon au bascle de Maruel et as autres Navarrois, et eut en celle bataille fait moult de belles appertisses d’armes.
Touttes fois, quant li Pickart eurent romput et mis en cache chiaux de le bataille monsigneur Jehan Jeuiel, il se radrechièrent celle part en escriant: «Nostre Damme! Claiequin!» et se boutèrent avoecq leurs gens sus les dessus dis Navarois et les reculèrent par forche d’armes.
Or se quidièrent retraire chil chevalier de Navarre et de Normendie deviers le penon dou captal, et riens ne savoient de se prise. Si commencièrent petit à petit à reculler, en escriant: «Nostre Damme! Navarre!», et moult bien se combatoient. Mès quant il virent qu’il en avoient perdu le veue et le ressort et que leurs gens se desroutoient et fuioient et n’ooient mès crier leur cri, mès: «Nostre Damme! Claiequin!», et veoient les bannierres des Franchois venteler sour les camps et tout premierement celle de monsigneur Bertran Claiekin, si se coummenchièrent à esbahir et à desconfire et à retraire vers le bois pour venir à leurs chevaux. Mès li plus des garchons qui les gardoient, quant il virent le desconfiture sus leurs mestres, il se partirent et sauvèrent et en menèrent plentet de leurs males et de leurs harnas, et se retraissent deviers une fortrèce que on nomme d’Akegni, qui estoit navaroise.
Quant li bascles de Maruel vit le desconfiture sus ses gens, il ne daigna fuir, mès s’aresta et requeilla ce de gens qu’il peult avoir, chevaliers et escuiers, qui ne le veurent mies laissier. Là se combatirent moult longement et moult vaillamment, et y fissent, au voir dire, merveilles d’armes; mès finablement il furent desconfit, et li bascles de Maruel, chils hardis chevaliers, mors sus le place, et pris messires Pières de Saquenville, messires Joffrois de Roussellon, messires Bertrans dou Franc, et tout li autre; petit s’en sauvèrent qu’il ne fuissent tout mort ou pris. Ceste bataille fu assés priès de Coceriel en Normendie, le quatorzime jour de may l’an mil trois cens soissante quatre. Fos 131 vº et 132.
P. 127, l. 15: toueil.—Mss. A 8, 15 à 17: touillis, toulleis.
P. 127, l. 16: sievir.—Mss. A 8, 15 à 17: suir.
P. 128, l. 14: besongnoit.—Mss. A 8, 15 à 17: estoit besoing.
P. 128, l. 20: ensus.—Mss. A 8, 15: arrière. Fº 249.
P. 129, l. 2 et 3: commença.—Le ms. A 17 ajoute: mourut ce jour des coups que monseigneur Olivier de Mauny lui donna, lui estant prisonnier d’un sien escuier breton dessoubz monseigneur Bertran du Guesclin. Fº 315 vº.
P. 129, l. 6: se embati si avant.—Ms. A 8: se combaty si vaillanment. Fº 249.—Ms. A 17: ala tousjours avant comme vaillant chevalier que il estoit.
P. 129, l. 11: Loeis.—Ms. A 15: Jehan. Fº 273.
P. 129, l. 17 et 18: dures gens mervilleusement.—Mss. A 15 à 17: bonnes gens d’armes durement.
P. 129, l. 22: très le.—Ms. A 8: dès le.—Mss. A 15 à 17: du.
P. 129, l. 24: Les François.—Le ms. A 17 ajoute: et les Bretons.
P. 129, l. 32: bascles.—Mss. A 15 à 17: bascon.
P. 130, l. 2: Jeuiel.—Le ms. A 15 ajoute: De laquèle mort l’escuier de Bretaingne qui l’avoit prins fut durement courrocié, car il en eust eu voluntiers cent mille frans. Et vous di que ce vaillant chevalier, monseigneur Jehan Jouel, avoit fait mettre et entaillier lettres entour son bacinet qui disoient ainsi: «Qui Jehan Jouel prandra cent mille frans aura, et autant lui en demourra pour s’armer que s’amie lui donrra.» Fº 273.
P. 130, l. 5: aultre.—Le ms. B 6 ajoute: Oncques nuls n’en escapa. Tout furent mors ou pris, et rapassèrent che soir les Franchois l’aige, et vinrent logier à Pasci et à Vernon, et l’endemain à Roem. Fº 634.
P. 130, l. 8: seizime.—Mss. A: vingt quatrième.
§ 522. Apriès.—Ms. d’Amiens: Apriès celle desconfiture et que tout il mort estoient desvesti et que chacuns entendoit à ses prisonniers, s’il les avoit, et que là li moitiés des leurs et plus avoient rapasset l’aighe et rapassoient pour yaux retraire à leurs logeis, car il estoient durement lasset et foullet de combattre et ossi pour le calleur qu’il avoit fait ce jour, avint que, sus le vespre, environ quarante lanches des Navarois vinrent tout à brochant, et riens ne savoient de le desconfiture, mès quidoient que li leur ewissent le journée pour yaux. Si venoient esperonnant moult radement, en escriant: «Nostre Damme! Navarre!»
Quant messires Ainmenion de Pummiers, qui estoit à l’arrière garde, les perchupt venir, il s’aresta tous quoys, et fist arester ses gens et mettre son pennon en un buisson et yaux tenir en bon couvenant, les espées et les haces devant yaux. Evous venus ces Navarois au cours des esperons, et entrèrent au camp où li bataille avoit estet. Si perchurent tantost que li leur estoient desconfit, et conneurent le pennon monsigneur Ainmenion de Pumiers. Si n’eurent mie consseil dou demourer, mès se traissent au plus tost qu’il peurent, sans lanchier ne ferir ne riens faire d’armes. Depuis ni eut point d’aparant que nulx se traisist avant pour combattre, ne [pour] rescoure le captal ne les autres qui estoient pris. Si rapassèrent li Francois le rivierre, et se logièrent celle nuit seloncq le rivierre et se aisièrent de chou qu’il eurent. Ce propre soir, mourut messires Jehans Jeuiel des plaies qu’il avoit.
Quant ce vint au matin, li signeur de Franche donnèrent par les bons hommes dou pays des mors à ensevelir. Et puis cevaucièrent par deviers Vrenon pour venir deviers Roem. S’en menoient leur gaaing et leur prisonniers, tous joyans, c’estoit bien raisons, car il avoient euv une moult belle journée pour yaux et moult pourfitable pour le royaumme; car, se li contraires ewist esté, li captaux de Beus ewist fait un grant escart en Franche et avoit empris de venir à Rains au devant dou duc de Normendie, qui y estoit venus pour lui faire courounner et consacrer, et la duçoise sa femme ossi, fille qui fu à monsigneur Pière, le duc de Bourgoingne. Fº 132 vº.
P. 130, l. 12: qui les avoit.—Ms. B 4 et mss. A: se il les avoit.
P. 130, l. 20: Konces.—Mss. A: Conches.
P. 130, l. 28: les grans eslais.—Ms. A 6: des esperons. Fº 251 vº.—Mss. A 8, 15: les grans galoz. Fº 149 vº.—Ms. B 3: les lances baissées. Fº 262 vº.
P. 131, l. 3: la friente.—Ms. B 3: la force.—Ms. A 8: l’effroy des chevaux.—Mss. A 15 à 17: la frainte des chevaulx. Fº 273 vº.
P. 131, l. 13: ralloiier.—Mss. A 8, 15 à 17: rassembler.
P. 132, l. 13: joiant.—Mss. A: joieux.
P. 132, l. 17: escars.—Ms. B 3: eschec. Fº 263.—Ms. B 4: estat. Fº 250.—Mss. A: essart.
§ 523. Ces nouvelles.—Ms. d’Amiens: Ces nouvelles s’espardirent en pluisseurs lieux que li captaux de Beus estoit pris et toutte se routte ruée jus. Si en acquist messire Bertran de Claiequin grant grasce et grant renommée de touttes mannierrez de gens dou royaumme de Franche, et ossi tout li chevalier qui avoecq lui avoient esté. Si vinrent les nouvelles jusques au ducq de Normendie qui estoit à Rains: si en fu durement joians et en regracia Dieu humblement, quant en se nouvelleté une si belle aventure d’armez estoit avenue à ses gens. Si en fu de tant la feste plus noble et plus lie.
Che fu le jour de le Trenité l’an mil trois cens soissante quatre que li roys Carles, ainnés filx dou roy Jehan de Franche, fu courounnés et consacrez à roy en le grant eglise de Nostre Damme de Rains, et ossi madamme la roynne, sa femme, de l’arcevesque reverend père en Dieu monsigneur Jehan de Craam, arcevesque de Rains. Là furent li roys de Cippre, li dus d’Ango, li dus de Bourgoingne, frère germain au dessus dit roy de Franche, et messires Wincelans de Boesme, dus de Luxembourcq et de Braibant, leur oncles, et grant fuisson de comtes, de barons et de tous autres chevaliers et de prelas et d’arcevesques et d’evesques. Si furent les festez et les solempnitez grandes. Et dounna li roys de Franche grans dons et biaux jewiaux as seigneurs estragniers et là où il le tenoit à bien emploiiet.
Si furent de tout en tout ces festez et ces solemnités bien poursiewies et bien achievées. Et demoura li jone roys de Franche et madamme la roynne, sa femme, cinq jours en le chité de Rains. Si se partirent li dus de Braibant et aucun signeur qui prissent congiet à lui, et s’en revinrent viers leurs maisons. Et li jones roys Carles de Franche et madamme la roynne se retraissent à petittes journées et à grans reviaux et esbatemens deviers Paris. Et vinrent à Laon, et de Laon à Soissons, et puis à Compiègne, et puis à Senlis et puis à Saint Denis. Et partout estoient il recheu liement et honnerablement, et par especial, quant il entrèrent en le chité de Paris, che fu à très grant solempnité.
Je ne vous puis mies recorder les dons, les presens, les esbatemens et les reviaux qui furent fais, dounnet et presentet à le nouvelleté dou roy, mès m’en vorray briefment passer. Voirs est que, à le revenue dou roy, messires Bertrans de Claiequin vint à Paris, et li sires de Biaugeu, li comtes d’Auchoire, messires Loeis de Calon, messires Thieubaux de Chantemelle, messires Oudars de Renti et li chevalier qui avoient esté à le besoingne de Koceriel. Se le vit li roys Carles moult volentiers, et les rechupt liement, et festia chascun par li et par especial monsigneur Bertran de Claiequin et les chevaliers de Gascoingne, monsigneur Ainmenion de Pumiers et les autres, car li vois alloit que par yaulx avoit esté li bataille desconfite et li captaux pris. Fº 132 vº.
P. 133, l. 2: plus liet et plus joiant.—Mss. A 8, 15: plus liées et plus joyeuses. Fº 250.
P. 133, l. 14 et 15: Wedimont.—Mss. A 8, 15: Vaudemont.
P. 133, l. 15: d’Alençon.—Le ms. A 15 ajoute: arcevesque de Rouen. Fº 274. Mauvaise leçon.
P. 134, l. 5 et 6: car... couronnement.—Mss. A 15: car monseigneur de Labreth n’avoit point esté à la besongne, mais ses gens y furent, mais il avoit esté à Reins au couronnement du roy Charles.
§ 524. A le revenue.—Ms. d’Amiens: Assés tost apriès le revenue dou roy Carle de Franche à Paris, fu ordonnés et denommez, presens les pers et les barons dou royaumme qui à chou furent appiellet, messires Phelippez, mainnés frèrez dou roy, dus de Bourgoingne. Et se parti de Paris à grans gens, et en vint prendre le possession de la ditte duché, et prist le foy et hoummage des barons, des chevaliers, des chités, des castiaux et des bonnes villes de Bourgoingne. Si estoient avoecq lui li sires de Biaugeu, qui s’apelloit messires Anthonnez, messires Phelippez de Bourgoingne, messires Loeis de Chalon, li Arceprestres, que li dessus dis dus avoit rappaisiet au roy de Franche, son frerre, parmy escuzance assés raisonnable qu’il li avoit moustret; car li Arceprestres avoit dit enssi qu’il ne se pooit armer ne combattre, tant c’aucun chevalier, qui estoient avoecq le dit captal, fuissent encorres, pour se prise et pour se raenchon de le bataille de Brinai, dont il ne s’estoit mies encorres tous acquités. Se li avoit li roys de Franche pardounné son mautalent, parmy tant que li Arceprestrez avoit proummis et juret qu’il seroit en avant bons et loyaus au roiaumme de Franche et n’y feroit ne pensseroit jammès nulle lasqueté.
A che donc estoient encorres les Compaignes en Bourgoingne, Guis dou Pin, le Petit Meschin, Tieuaubs de Chaufour Jehans de Chaufour, Tallebart Tallebardon, qui gastoient et essilloient tout le pays. Mès li dus Phelippez y mist consseil et y pourvei de remède, car il furent une fois ruet jus au dehors de Digon, et furent tout mort et tout pris, excepté le Petit Meschin, qui s’enfui et se sauva. Si en fist li dus de Bourgoingne pendre, noiier et mettre à fin plus de quatre cens. Assés tost apriès, le remanda li roys de Franche pour chevauchier en Normendie, en le comté d’Ewrues, contre grant fuisson de Navarois qui là estoient, qui couroient, ardoient et essilloient toutte le Normendie environ Roem et en Kaus, au title le roy de Navare.
Vous avés bien oy chy dessus coumment li captaux de Beus fu pris et amenés par l’ordounnance dou roy à Miaux en Brie, et fu là tenus en prison environ six sepmainnes. Là en dedens il eut bons moiiens qui parlèrent au roy pour lui. Et le manda li roys à Paris et li fist mout courtoise prison, car il le recrut sur sa foy, et le laissoit aller et venir, jeuer et esbattre partout à se plaisanche. Et meysmement li roys le mandoit bien souvent au disner et au soupper, et le laissoit esbattre dallés lui.
Entroes estoient les guerres en Kaus et en Normendie. Et vint li dus de Bourgoingne à bien six mil combatans devant le fort castiel de Macherenville, et y mist le siège et y fist livrer tamaint grant assault. Et avoit fait amener huit grans enghiens de le chité de Cartres, qui nuit et jour jettoient à le fortrèche et moult l’empiroient et cuvrioient; mès par dedens avoit très bonne gent d’armes qui trop bien le gardoient et deffendoient. Avoecques le ducq de Bourgoingne estoient li comtes d’Auchoire, messires Loeys d’Auchoire, ses frèrez, messires Bertrans de Claiekin, li sirez de Biaugeu, messires Loeys de Chalon, li sires de Rainneval, messires Raoulx de Couchy, li sires de Chantemerle, li sires de Montsaut, li Bèghes de Velainnes, Robers d’Allenchon, li Bèghes de Villers, li sires de Chamremi et pluisseur baron et chevalier de Franche, de Bourgoingne et de Normendie. Fos 132 vº et 133.
P. 134, l. 8: dou duçainné.—Ms. A 8: de la duchié. Fº 250.
P. 134, l. 16: escusances.—Mss. A 8, 15 à 17: excusacions.
P. 134, l. 23 et 24: et les... partie.—Ms. A 15: et aussi les chevaliers de France qui vaillamment parloient sur sa partie. Fº 274 vº.
P. 134, l. 28: Digon.—Ms. A 15: Dijon.
P. 134, l. 28 à 31: desquelz... chapitainne.—Ms. A 15: desquelz Guiot du Pin et Tallebart Tallebardon estoient meneurs et conduiseurs; et aussi y estoit et les conduisoit un escuier du pais qui s’appelloit Jehan de Chaufour. Fº 274 vº.
P. 135, l. 8: son père nulle griefté.—Ms. A 8: mourir son père ne autres griefz.
P. 135, l. 17: entrues.—Mss. A 8, 15: pendant.
P. 135, l. 17: prison.—Le ms. B 6 ajoute: Et là fu une espasse de tamps. Et puis ly fist le roy Charles grace, et fu recrut sur sa foy et amenés à Paris, et là alloit et venoit à se volenté. Et fu en chelle saison, de par le roy de Franche, envoiiet en Engleterre pour traitier le delivranche du duc de Berry, que il peuist passer parmy luy. Mais le roy d’Engleterre n’en volt riens faire en chelle saison, combien que il amast moult le captal, et respondy au captal que il n’avoit pas esté pris pour luy. Sy retourna le captaus en Franche, sans riens faire. Fos 635 et 636.
P. 135, l. 23: six.—Ms. A 15: sept.
P. 136, l. 6: Macheranville.—Mss. A 8, 15: Marceranville, Marcerainville.
P. 136, l. 15: Ligne.—Ms. A 15: Ligny. Fº 275.
P. 136, l. 17: du Edins.—Mss. A 3, 7: de Hedin.
P. 136, l. 25: mil.—Mss. A 8, 9, 15: trois mil. Fº 251.
P. 136, l. 31: Joni.—Ms. A 6: Joygny. Fº 252 vº.—Ms. A 15: Joingny.
P. 137, l. 12: constraindoient.—Ms. A 15: contraingnoient et malmenoient.
§ 525. Entrues.—Ms. d’Amiens: En ce tamps estoit messires Loeys de Navarre sus les marches d’Auviergne à tout bien trois mil combatans, et tous les jours li croissoient gens. Si ardoient et essilloient et gastoient tout le pais de Bourbonnois environ Saint Poursain et Saint Pierre le Moustier et Moulins en Auvergne. Si passèrent une routte de ses gens le rivière d’Aillier au desoubs des montaingnes d’Auvergne, et puis vinrent passer le Loire au desoubz de Marcelli les Nonnains. Et chevauchièrent tant, de nuit et par embusces, qu’il vinrent à un ajournement à le Carité sus Loire, et l’eschiellèrent et le prissent par un dimence au matin. Et pour ce que la ville estoit grande et moult wuide entre le fremmeté et les maisons, il ne s’osèrent aventurer de traire avant jusquez à heure de tierce. Si avoient il estet percheu d’aucuns de chiaux de le ville qui avoient retret leurs biens, leurs femmes et leurs enffans ens ès nefs et ens ès batiaux qui estoient en le rivière de Loire: par chou se sauvèrent chil de le Carité et s’en vinrent à le chité de Nevers, à sept lieuwes d’iluecq. Et ne concquissent les Compaingnes et li Navarois, qui estoient par eschiellement entré en le Charité, nulle cose fors que pourveanches; mès de chou eurent il à grant fuisson, et fissent de le ditte ville une bonne garnison et le tinrent contre tous venans l’estet enssuivant, et grevèrent moult chiaux dou pays environ. Fº 133.
P. 137, l. 24: depuis le.—Ms. A 15: le demourant de la. Fº 275 vº.
P. 138, l. 2: Ceni.—Ms. A 8: Ceri. Fº 251.
P. 138, l. 3: et Carsuelle.—Ms. A 15: et monseigneur Jehan Cressueile.
P. 138, l. 10: menoit.—Ms. A 8: conduisoit.
P. 138, l. 11: quatre cens.—Mss. A: trois cens.
P. 138, l. 13: au dehors.—Ms. B 3: au dessoubz. Fº 264 vº.—Ms. B 4 et mss. A: au dessus. Fº 251.
P. 138, l. 13: Marcelly.—Ms. B 3: Marcilly.
P. 138, l. 13: Nonnains.—Ms. A 7: Nonniaux. Fº 253 vº.
P. 138, l. 15: amoustrer.—Mss. B 3, 4, A 6, 8: moustrer.
P. 138, l, 17: estri.—Ms. A 17: delay. Fº 316 vº.
P. 138, l. 20: femmes.—Le ms. A 15 ajoute: et enfans.
P. 138, l. 25: gens.—Le ms. A 15 ajoute: de la ville.
P. 138, l. 26 et 27: attendesissent.—Le ms. A 15 ajoute: illec.
P. 139, l. 13: et Carsuelle.—Ms. A 15: et monseigneur Jehan Cressuelle.
§ 526. Tant sist.—Ms. d’Amiens: Tant fist li dus de Bourgoingne devant Macherainville, et si les constraindi par assault et par les enghiens qui y jettoient nuit et jour, que chil qui dedens estoient se rendirent, sauve leurs corps et leurs biens. Si s’en partirent, et li dus envoiia prendre le possession par ses marescaux monsigneur Bouchicau et monsigneur Jehan de Vianne, marescal de Bourgoingne. Apriès y mist et ordounna li dus à castellain ung bon escuier qui s’appelloit Phelippos de Chartres. Puis s’en parti li dus et toutte sen host et s’en vint devant Chamerolles, et l’assega tout environ, et y fist amenner et achariier les grans enghiens qui avoient estet devant Marcheranville, qui y jettoient nuit et jour et travilloient mout chiaux de le fortrèche.
Entroes que li sièges estoit devant Chamerolles, tenoit le siège messires Jehans de le Rivierre devant le castiel d’Akegny, assés priès de Passi, en le comté d’Ewrues, et avoit des compaignons dont il estoit souverains, plus de deux mil combatans. Si avoit par dedens Navarois et Englès, qui là s’estoient retrais depuis le bataille de Koceriel. Tant fist messires Jehans de le Rivierre devant Akegni, que chil de dens se rendirent sauve leurs corps et leurs biens. Enssi les prist li dis messire Jehans, et puis dounna le castiel à un sien escuier et mist dedens archiers et compaignons pour le garder. Si s’en parti et s’en vint o toutte sa gent mettre le siège devant le cité d’Ewrues. Et encorres estoit li dus de Bourgoingne devant le castiel de Chamerolles, qui fortement le faisoit asaillir. Et entroes se tenoient en Constentin, par le doubte des Navarois qu’il ne venissent lever cez sièges, messires Bertrans de Claiequin, à plus de mil combatans bretons, pickars et franchois, messires Loeys de Sanssoire, li comtez de Joni et messirex Ernouls d’Audrehen avoecq li. Fº 133.
P. 139, l. 30: Phelippos.—Mss. B 3, 4: Phelippes.—Ms. A 6: Guillaume. Fº 253.—Ms. A 7: Grenoullart. Fº 254.—Ms. A 15: Hector. Fº 276.
P. 139, l. 31: quarante.—Mss. A 8, 11 à 15, 18, 19: soixante. Fº 251 vº.
P. 140, l. 8: le forterèce.—Ms. A 8: la ville.
P. 140, l. 10: Akegni.—Ms. A 15: Aquigny.
P. 140, l. 14: Ens ou.—Ms. A 8: Dedens le. Fº 252.
P. 140, l. 21: apressé.—Ms. A 15: oppressez. Fº 276.
P. 140, l. 28: Hues.—Ms. A 8: Hugues.
P. 140, l. 30: Saintpi.—Mss. A 6, 15: Sempy. Fº 253.
P. 140, l. 31 et 32: du Edins.—Mss. A 3, 6, 7, 20 à 23: Hedin, Hesdin.
P. 141, l. 3: songnièrent.—Mss. A 8, 15: pensèrent.
§ 527. Entrues.—Ms. d’Amiens: Entroes que messires Jehans de le Rivierre, messires Hughes de Chastellon, messires Oudars de Renti, messires Engherans du Edins et li chevalier de Franche se tenoient devant le cité d’Euwrues et moult le constraindroient, apressa li dus de Bourgoingne si fort chiaux dou fort chastiel de Chamerolle, qu’il ne peurent plus durer et se rendirent simplement en le vollenté dou dit duc: autrement il ne peurent finner ne marchander. Si furent li Englès et li Navarois et li saudoiier estrainge pris prisounniers, et tout li Franchois qui layens furent trouvet, mis à mort sans merchy. Et encorres dounna et abandounna li dis dus le castiel de Chamerollez à chiaux de Chartres et dou pays de Biausse, liquel l’abatirent et arasèrent toutte à l’ounie terre, pour tant qu’il leur avoit fais trop de contraires.
Puis se departi li dus et toutte li hos de là, et s’en vint devant Drue, un castiel seant en Biausse. Si le prist par forche et par assault et mist à fin le plus grant partie de chiaux de dens, et puis s’en vinrent devant Preus. Si l’asegièrent et l’environnèrent, et y livrèrent pluisseurs assaux ainschois que il le pewissent avoir. Finablement, chil de dens se rendirent, sauve leurs corps, et riens dou leur n’en portèrent. Et quant li dus eut le saisinne dou dit castiel de Preus, il le dounna à un chevalier c’on noummoit dou Bos Ruffin, qui le fist remparer et ordounner bien et à point, et en fist une bonne garnison pour le tenir et garder bien et à point contre les ennemis.
Depuis le concquès dou castiel de Preux, s’en vint li dus de Bourgoingne à Chartres pour lui rafreschir et ses gens, et regarder quel part il se trairoient. Quant il eurent là estet environ cinq jours, si se traissent devant le castiel de Couvay, qui estoit tous plains de Navarois et de pillars. Et jura li dis dus de Bourgoingne qu’il ne s’en partiroit, si l’aroit concquis, et fist lever et drechier par devant huit grans enghiens qui nuit et jour jettoient à le fortrèche, et travilloit ciaux de dedens.
En ce tamps que li dus de Bourgoingne faisoit ces sièges et ces chevauchies en Biausse contre et sus les Navarois et, d’autre part, que messires Bertrans de Claiequin, à toutte une grande route de Bretons et de Pickars, se tenoit viers Chierebourch et vers Constentin, en le cité de Coustansse, par quoy nulle assamblée de Navarrois ne se pewist là faire, qui empeçassent le dit duc de Bourgoingne à faire ses sièges et ses cevauchies, que il n’alaissent au devant, estoit messires Loeis de Navarre en le basse Auvergne et sus les marches de Berri, qui essilloit et travilloit le pais malement. D’autre part, chil qui estoient en le Charité sus Loire, couroient, enssi qu’il leur plaisoit, une heure par delà le Loire, l’autre jour par de dechà, et faisoient moult de destourbiers au pays. Ensi estoit li royaummes gueriiés de pluisseurs lés, ne nuls n’osoit aller adonc pour les pilleurs qui se nommoient Navarois, entre le Charité et Bourghes, ne entre Bourges et Orliiens, ne entre Orliiens et Blois, ne entre Blois et Thours, ne tout sus celle marche.
Et vous di que, dedens le comté de Blois, avoit si grant fuison de pilleurs et de robeurs, qu’il couroient tous les jours jusques as portes de Blois, quant ungs bons escuiers de Haynnau, qui s’appelloit Allars de Donscievène, y vint de par le comte Loeys de Blois. Chils emprist le gouviernement dou pays et le trouva durement empeschiet, quant il y vint premierement. Si y fist sus les ennemis dou pays maintes belles chevauchies et maintes appertisses d’armes. Et eut mainte belle aventure sus yaux et en fist tammaint morir par ses hardies emprises, et en delivra toutte la ditte comté de Blois. Et fist tant par ses proèches, que il en chei grandement en le grasce et en l’amour dou roy de Franche, et y devint chevaliers.
Or nous retrairons au siège de Couvay, que li dus de Bourgoingne avoit assis. Et tant le constraindi par assaux d’enghien et d’autres instrummens qu’il desrompi les murs et les tours. Et se coummenchièrent chil dedens durement à esbahir, et vinrent deviers leur cappittainne c’on appelloit Jaquefort, et estoit englès. Si le priièrent qu’il volsist traitier au duc de Bourgoingne que courtoisement les laisast passer, sauve leurs corps seullement. Chilx en traita as marescaux de l’ost, monsigneur Boucicau et monsigneur Jehan de Vianne; mès li dus ne volt point faire, s’il ne se rendoient simplement. Quant chil de Couvay virent qu’il ne poroient finner au duc de Bourgoingne, si n’en furent mie plus aise. Toutesfois, il se tinrent depuis ung grant temps.
Or avint que li roys de Franche escripsi deviers son frère le duc de Bourgoingne, que, ces lettres veuwes, il se delivrast dou plus tost qu’il pewist, et s’en revenist arière en Franche et en Bourgoingne, à tout che que il avoit de gens d’armes, car li comtes de Montbliart estoit entrés en Bourgoingne à plus de douze cens lanches, et li ardoit et destruisoit son pays. Quant li dus de Bourgoingne entendi ces nouvelles, si fu mout courouchiez, che fu bien raisons et laissa, parmy tant c’on le remandoit, chiaux de Couvay finer plus douchement, et se partirent sauve leurs corps, enssi que premiers avoient tretiet, et rendirent le fortrèce, mès riens n’en portèrent. Quant li dus en eut pris le saisinne et le possession, il s’en parti et s’en revint o toutte son ost à Chartres, et assés tost apriès, à Paris. Et carga ses gens au comte d’Auchoire, au signeur de Biaugeu et à monsigneur Loeys de Chalon, et puis s’en vint en Brie deviers le roy, son frère, qui le rechupt liement, à Vaus la Comtesse où il se tenoit adonc.
Si ne sejourna gairez là li dus, mès s’en parti et s’achemina vers Troiez, et fist une especiaux priière à touttes gens d’armes, chevaliers et escuiers, que il volsissent venir et traire deviers Digon. Si en assambla et eut li dus grant fuisson. Quant li comtes de Montbliart entendi les nouvellez que li dus de Bourgoingne venoit si efforciement contre lui, si n’eut mie consseil de l’atendre, et se retraist à touttes ses gens en Alemaigne, dont il estoit. Et quant li dus de Bourgoingne le sceult, si chevauça avant et delivra son pays d’aucuns pilleurs et robeurs qui s’i tenoient, dont messires Jehans de Caufour estoit chiés. Si y laissa monsigneur Oede de Grantsi à gouvreneur, et puis si s’en revint en Franche. Fos 133 vº et 134.
P. 141, l. 17: cuvriiés.—Mss. A 6, 7: ennuyez.—Mss. A 8, 15: guerroiez.
P. 141, l. 21: sur aultre.—Ms. A 8: l’une sur l’autre.
P. 141, l. 23: Drue[s].—Ms. A 8: Druez.—Ms. A 15: Dreux. Fº 276 vº.
P. 141, l. 31: corps.—Mss. A 8, 15: vies.
P. 142, l. 6: remparer.—Ms. A 8: reparer.
P. 142, l. 8: souffissamment.—Ms. A 8: à point.—Ms. A 15: seurement.
P. 142, l. 13: Couvai.—Mss. A 7, 8: Connay.—Ms. A 17: Cougnay. Fº 316.
P. 142, l. 15: pour tant se prendoit.—Mss. A 8, 15: pour ce se penoit. Fº 252 vº.
P. 142, l. 27: cil siège.—Ms. A 8: cil sage siège.
P. 143, l. 4: Montbliar.—Mss. A 8, 15: Montbeliart.
P. 143, l. 5: par devers.—Le ms. A 15 ajoute: Othun et. Fº 277.
P. 143, l. 10: y besongnoit.—Mss. A 8, 15: lui estoit mestier.
P. 143, l. 14 et 15: pensieus.—Mss. A 8, 15: pensis.—Ms. A 17: melancolieux.
P. 143, l. 30: d’Arcies.—Mss. A 2, 11 à 14, 17 à 19: d’Acières.—Ms. A 23: d’Artres.—Ms. A 15: d’Orties.
P. 144, l. 4: Sansoirre.—Ms. A 8: Sancerre.
P. 144, l. 19: Vregi... Grantsi.—Ms.P3 Mss.] A 8, 15: Vergy... Grancée... Grancy.
P. 144, l. 21: Bourgongne.—Mss. A: Boulongne.
§ 528. Entrues.—Ms. d’Amiens: Quant li dus de Bourgoingne fu revenus en Franche avoecq ses gens d’armes, si fu ordounnés de par le roy qu’il s’en alast par devant le Charité sus Loire et y mesist le siège; car li Navarrois qui dedens estoient en garnison, faisoient trop de maux ou pays. Si se traist li dus de Bourgoingne de celle part à grant fuison de gens d’armes, et mist le siège par devant le Carité sus Loire. Là estoient avoecq lui li comtes d’Auchoire et Loeis d’Auchoire qui fu là fès chevaliers, et messires Robiers d’Allenchon qui fu ossi là fez chevaliers à une escarmuche qui fu devant les baillez, li sires de Fiennes, connestables de Franche, messires Loeys de Sanssoire, messires Ernoulx d’Audrehen, marescal de Franche, monseigneur Bouchicau, le seigneur de Cran, le seigneur de Sulli, le Bèghe de Villainnez, le castellain de Biauvais, le seigneur de Montagut, d’Auvergne, et monseigneur Robert Dauffin, le seigneur de Villars et de Roussellon, le seigneur de Calenchon, le seigneur de Tournon et grant fuisson d’autres. Là eult par devant le Charité sus Loire grant siège et bel, et grant fuison de bonne chevalerie. Et y avoit souvent assaut et escarmuches, car chil de dedens se tenoient et deffendoient vaillamment.
Encorrez se tenoient messires Jehans de le Rivierre et li sires de Castellon et li autre chevalier par devant Ewrues, et estoient tenu tout le temps; et l’avoient souvent fait assaillir, mès petit y avoient conquis, car la chité estoit durement remforchie. Si les remanda li roys de Franche qu’il se partesissent d’illuecq et venissent devant le Carité. Si obeirent au roy, et fu deffais li sièges de devant Ewrues. Ossi messires Bertrans de Claiekin, qui se tenoit en Constentin à grant fuison de gens d’armes, se parti d’illuec par l’ordonnance dou roy de France et s’en vint devant le Carité. Si se logièrent tout chil seigneur avoecq le duc de Bourgoingne, et y avoit bel host et grant. Si y assaillirent li Franchois par pluisseurs fois, et y fissent maintes bellez appertisses d’armes, tant par le rivierre comme par le terre, et furent là tout l’aoust et le mois de septembre ou priès. Finablement, chil qui estoient dedens regardèrent que leurs pourveanches estoient admenries grandement, et n’estoit mies apparant qu’il fuissent comforté de nul costé, car messires Loeys de Navarre s’estoit retrais. Pour chou traitièrent il au duc de Bourgoingne que de rendre le Charité, sauve leurs corps et leurs biens. Li dus ne s’i volloit assentir s’il ne se rendoient simplement, et segnefia le traitiet au roy de Franche, assavoir qu’il en volloit dire et faire. Fº 134.
P. 145, l. 3: Moriel.—Ms. A 15: Moreau. Fº 277.
P. 145, l. 23: lances.—Le ms. A 15 ajoute: tous.
P. 146, l. 10: deux mil.—Ms. A 15: trois mil.
P. 146, l. 15: prendre priès.—Mss. A 8, 15 à 17: pener. Fº 253 vº.
P. 146, l. 27: ces.—Le ms. A 17 ajoute: bons. Fº 317.
P. 146, l. 28: besongne.—Mss. A 8, 15 à 17: besoing.—Ms. A 7: besoigne.
§ 529. On voet.—Ms. d’Amiens: Or estoit adonc en Franche et dallés le roy messires Charles de Blois, qui avoit relevet le ducé de Bretaingne et fait ent hoummaige au roy, et requeroit et prioit au roy et à son consseil qu’il fuist aidiez et confortés de gens d’armes à l’encontre dou jonne comte de Montfort, qui li faisoit grant guerre en Bretaingne et seoit devant le bon et le bel castiel d’Auroy, à grant fuisson de gens d’armes, englès et bretons. Et par raison bien estoit li roys de Franche tenus de lui aidier, ens ou kas qu’il le tenoit en foy et en hoummaige de lui. Et ossi jadis li roys Phelippes, ses tayons, et li roys Jehans, ses pères, li avoient toudis aidiet à faire sa guerre. Dont li roys Carles eut consseil et vollenté que d’aidier monsigneur Carle de Blois, son cousin, qui bellement l’en prioit et requeroit, et li dist qu’il se traisist en son pays de Bretaingne et semonsist et assamblast tous les barons et chevaliers de Bretaingne, car temprement il li envoieroit grant fuison de gens d’armes pour estre fors assés contre le comte de Montfort. Si se parti messires Carles de Blois dou dit roy et s’en vint à Nantes, et fist là son mandement de tous les barons et les chevaliers de Bretaingne dont il avoit l’amour et l’acord. Entroes seoit on devant le Carité sus Loire, siques, pour monseigneur Carlon de Blois aidier et comforter de gens d’armes, li roys laissa passer che tretiet de le Charité. Et s’en partirent chil qui dedens estoient, sans dammaige de leurs corps et de leurs biens, et se deffist li sièges, et s’en revint li dus de Bourgoingne deviers le roy. Fº 134.
P. 147, l. 1: voet.—Ms. B 3: peut. Fº 266 vº.—Ms. B 4: veult. Fº 253.—Mss. A: vouloit.
P. 147, l. 5: apressés.—Mss. A 15 à 17: oppressez. Fº 317.
P. 147, l. 5: rivière.—Le ms. A 17 ajoute: en tèle manière.
P. 147, l. 10: dou roy.—Le ms. A 17 ajoute: de Navarre.
P. 147, l. 24: Navare.—Le ms. A 17 ajoute: point.
P. 147, l. 25: li dus.—Le ms. A 17 ajoute: de Bourgongne.
§ 530. Li rois de France.—Ms. d’Amiens: Adonc ordounna li roys [de Franche] que messires Bertrans de Claiequin s’en alla[st] en Bretaingne à tout une grant armée de combatans, et aidast monseigneur Carlon de Blois à lever le siège de devant Auroy et à reconcquerre le pays que li comtes de Montfort tenoit. Che voiaige emprist li dis messires Bertrans moult vollentiers, et se traist deviers Bretaingne au plus tost qu’il peult, à grant fuisson de gens d’armes de Franche, de Normendie et de Pikardie. Ces nouvelles vinrent en l’ost le comte de Montfort, que messires Carles de Blois faisoit un grant amas de gens d’armes et en menoit grant fuison de Franche, que li roys li envoieoit et desquels messires Bertrans de Claiequin et li comtes d’Auchoire et li comtes de Joni estoient chief.
Si tost que li comtes de Montfort entendi ces nouvelles, il les senefia fiablement en la ducé d’Acquitainne, especialment devers monsigneur Jehan Cambdos, en li priant chierement que à ce grant besoing il le vosist venir comforter et conssillier, et qu’il apparoit en Bretaingne uns biaux fais d’armes auquel tout signeur, chevalier et escuier, pour leur honneur avanchier, devoient vollentiers entendre. Quant messires Jehans Camdos se vit priiés si affectueusement dou comte de Montfort, si s’avisa qu’il ne li faudroit mie et que ce seroit bien li acors et li vollentés dou roy d’Engleterre et dou prinche de Galles, ses seigneurs, qui ont toudis fait partie pour le dit comte à l’encontre de monseigneur Carle de Blois et des Franchois. Si se pourvey messire Jehans Cambdos bien et grandement, et queilla tous les compaignons qu’il peut avoir, Englès et autres, et vint en Bretaingne devant Auroy à plus de trois cens combatans. D’autre part, revint messires Ustasses d’Aubrecicourt, qui en estoit ossi priiés, ad ce qu’il peut avoir de gens. Et ossi revint messires Gautiers Hués en l’ayde dou comte de Montfort. Si vinrent pluisseur autre chevalier et escuier englès, qui tiroient et desiroient leurs corps à avancier et à yaulx combattre as Franchois; car il estoient povre et avoient tout despendut. Si en vint plus de cinq cens, sus le fianche de ce que on se combateroit, et se presentèrent ou service le comte de Montfort, de bonne vollenté, qui les rechupt liement et vit mout vollentiers. Et ossi li revenoient tous les jours gens d’Angleterre, où li dis comtes avoit envoiiet ses messaiges et estendus ses priières. Quant Englès et Breton en l’ayde dou comte de Montfort furent tout assamblet, il estoient bien seize cens combatans et sept cens archiers, sans l’autre ribaudaille qui vont à piet entre les batailles et qui ochient chiaux que les gens d’armes abatent. Fº 134.
P. 148, l. 19: Normendie.—Le ms. A 17 ajoute: contre Anglois et Navarois. Fº 317 vº.
P. 148, l. 20: et.—Mss. A 6, 8, 15 à 17: à. Fº 254.
P. 148, l. 23: moult.—Ms. A. 8: grandement.—Ms. A 15 ajoute: grandement.—Ms. A 17: tout.
P. 148, l. 24: son.—Le ms. A 17 ajoute: vray et.
P. 148, l. 25: Bretons.—Mss. A: gens.
P. 148, l. 26: devers.—Le ms. A 17 ajoute: la bonne ville de.
P. 148, l. 29: frontière.—Ms. A 8: siège. Fº 254.
P. 149, l. 4: venus.—Le ms. A 17 ajoute: à son aide.
P. 149, l. 6: li grigneur.—Mss. A 8, 15 à 17: la meilleur.
P. 149, l. 7: tout.—Mss. A 8, 15 à 17: en.
P. 149, l. 9: pour.—Ms. A 17: ordonnèrent.
P. 149, l. 11: Montfort.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: qui se tenoit devant.
P. 149, l. 11: ne demorèrent lons jours.—Mss. A 8, 15 à 17: ne demoura guerres. Fº 254.
P. 149, l. 13: d’Auçoirre.—Le ms. B 6 ajoute: qui pour che tamps estoit en grant fleur. Fº 637.
P. 149, l. 13: Joni.—Mss. A 15 à 17: Joingny.
P. 149, l. 14: Friauville.—Ms. A 8: Freauville.—Ms. A 15: Frainville.
P. 149, l. 21: l’ayde.—Ms. A 17: le grant aide.
P. 149, l. 22: des.—Le ms. A 17 ajoute: grans.
P. 149, l. 29: apparoit.—Mss. A 6, 8, 15 à 17: esperoit. Fº 254.
P. 150, l. 6: l’ocquison.—Ms. A 7: l’occoison. Fº 256.—Mss. A 8, 15 à 17: l’occasion. Fº 254 vº.
P. 150, l. 10 et 11: d’Acquitainnes.—Le ms. A 17 ajoute: moult aimablement.
P. 150, l. 13: otant.—Ms. A 17: quatre cens.
P. 150, l. 21 et 22: compagnie.—Le ms. B 6 ajoute: Sy i vinrent messire Robert Canolle en grant compaignie, ossy Hues de Cavrelée, messire Gautier Hués, messire Mahieu de Gournay, messire Jehan le Boursier, messire Symon Burlé et pluiseurs aultres, et s’en vinrent tout au siège devant Auroy, et tous les jours leur croissoient gens. Fº 638.
P. 150, l. 27 à 30: Si estoient... arciers.—Ms. B 6: et tant que il (les partisans de Charles de Blois) estoient bien dix huit cens lanches de très bonnes gens, et le conte de Montfort en avoit bien onze cens lanches. Fº 639.
P. 150, l. 28: combatans.—Mss. A 15 à 17: lances.
§ 531. Nous revenrons.—Ms. d’Amiens: Or revenrons à monsigneur Carlon de Blois qui se tenoit en le bonne cité de Nantes, et faisoit son amas et sen assamblée de chevaliers et d’escuiers de tous lés là où il les pooit avoir, car bien avoit oy recorder que li comtes de Montfort estoit durement fors et bien comfortés d’Englès. Si prioit les barons, les chevaliers et les escuiers de Bretaingne, dont il avoit euv et recheu les hoummaiges, qu’il li volsissent aidier à deffendre et garder son hiretaige contre ses ennemis. Si vinrent des barons de Bretaingne, pour lui servir et à son mandement: li viscomtez de Rohen, li sirez de Lyon, messires Carles de Dignant, li sires de Rays, li sires de Rieus, li sires de Tournemine, li sires de Malatrait, li sires de Rochefort, li sires d’Ansenis, li sires de Gargoulé, li sires de Lohiac, li sires d’Avaugor et li sires de Qui[n]tin. Tout chil baron de Bretaigne estoient avoecq monsigneur Carlon de Blois, et le tenoient à duc et à seigneur de par medamme se femme, et li avoient tout fait fealté et hoummaige. Encorres y avoit grant fuisson de chevaliers bachelers et d’escuiers, qui estoient là venu pour servir leur seigneur et leurs cors advanchier. Si se logièrent tout chil seigneur à Nantez. Assés tost apriès, vint messires Bertrans de Claiequin, li comtez d’Auchoire, li comtes de Joni, li sires de Prie et grant fuison de bons chevaliers et escuiers de Franche. Et estoient plus de mil combatans, toutte gens d’eslite, lesquelx messires Carles de Blois vit très vollentiers, et les rechupt liement, et conjoy grandement messire Bertran de Claiequin et les corps des seigneurs.
Quant les hos et les gens monsigneur Carlon de Blois furent touttes assamblées, il ne veurent point faire trop lointaing sejour à Nantes ne illuecq environ; mès prisent congiet à madamme la femme monsigneur Carlon de Blois, qui leur donna liement et dist à son marit, present les barons de Bretaigne: «Monsigneur, vous allés deffendre et garder mon hiretaige et le vostre, car ce qui est mien est vostre, lequel messires Jehans de Montfort nous empèce et a empechiet ung grant temps à tort et sans cause, che scet Dieux et li baron de Bretaingne qui chy sont, coumment j’en sui droiturière hiretière. Si vous pri chierement que, sus nulle composition ne tretiet d’acort, ne voeilliés descendre que li corps de la duché ne nous demeure.» Et li chevaliers messires Carles de Blois li eut en couvent que ossi ne feroit il. Adonc le baisa il et prist congiet, et le damme moult bellement li donna congiet et à tous les barons de Bretaingne ossi, l’un après l’autre. Si se departirent de Nantes et de là environ touttes mannierres de gens, et prissent le chemin de Rennes. Tant s’esploita li hos monseigneur Charlon de Blois qu’il vinrent à Rennes, et là se reposèrent et rafreschirent deus jours. Fº 134 vº.
P. 151, l. 1: revenrons.—Mss. A 6, 8, 15 à 17: retournerons.
P. 151, l. 10: son.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: droit.
P. 151, l. 15: Malatrait.—Mss. A 15 à 17: Malestroit. Fº 279.
P. 151, l. 16: li sires de Rocefort.—Ms. A 15: monseigneur de Loheac.
P. 151, l. 17: Gargoulé.—Mss. A 15 à 17: Gargolay.
P. 151, l. 17: dou Pont.—Ms. A 15: le seigneur de Viezpont.—Le ms. A 17 ajoute: monseigneur Olivier de Mauny. Fº 318 vº.
P. 151, l. 18: d’aultres.—Le ms. A 17 ajoute: bons chevaliers.
P. 151, l. 21: vingt cinq cens lances.—Ms. B 6: neuf cens lanches et cinq cens archiers et mille hommes de piet parmy les pillars. Fº 640.
P. 151, l. 23: lontain.—Mss. A: long.
P. 151, l. 30: hiretage.—Le ms. A 17 ajoute: de Bretaingne.
P. 152, l. 3 et 4: sus nulle... descendre.—Ms. A 7: à nulle... descendre. Fº 256 vº.—Mss. A 6, 8: nulle... faire ne descendre. Fº 254 vº.—Mss. A 15 à 17: faire ne condescendre.
P. 152, l. 5: ducé.—Le ms. A 8 ajoute: de Bretaingne. Fº 255.
P. 152, l. 6: couvent.—Mss. A 8, 15 à 17: convenant.
P. 152, l. 6 à 14: Adonc se parti... ennemis.—Ms. B 6: Che samedy se partirent de le ville de Dignant en Bretaigne messire Charle de Blois et sa route, et chevauchèrent vers Auroy et se vinrent logier as plains camps de haulte nonne à une petitte lieuwe d’Auroy et de leurs ennemis. Fº 640.
P. 152, l. 11: Rennes.—Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22: Vennes.
P. 152, l. 13: couvenant.—Mss. A 8, 15 à 18: couvine.
P. 152, l. 14: ennemis.—Les mss. A 11 à 14 ajoutent: et aviser aucun lieu souffisant pour combatre leurs ennemis, ou cas qu’ilz trouveroient tant ne quant de leur avantage sur eulx. Et là furent dites et pourparlées pluseurs paroles et langages, à cause de ce, des chevaliers et escuiers de France et de Bretaigne qui là estoient venus pour aidier et conforter messire Charles de Blois qui estoit moult doulz et moult courtois, et qui par adventure se feust voulentiers condescendu à paix et eust esté content d’une partie de Bretaigne à peu de plait. Mais, en nom Dieu, il estoit si boutez de sa femme et des chevaliers de son cousté, qu’il ne s’en povoit retraire ne dissimuler.
§ 532. Entre Rennes.—Ms. d’Amiens: Entre Rennes et Auroi, où li sièges des Englès estoit, a huit lieuwes. Les nouvelles en l’ost englesce vinrent que messire Carles de Blois aprochoit durement et amenoit droite fleur de gens d’armes, et estoient bien vingt cinq cens lanches, chevaliers et escuiers, et plus de trois mil d’autres gens à mannierre de bringans. Si tost que ces nouvelles furent venues en l’ost, elles s’espardirent partout. Si coummenchièrent chil compaignon à remettre leurs armures à point et à reparer et ordounner tout leur harnas, car bien savoient qu’il se combateroient, et li pluisseur ossi en avoient grant desir. Adonc se traissent à consseil les cappittainnes de l’host: li comtes de Montfort premierement, messires Jehans Camdos, par qui tout s’ordonnoit, messires Robers Canolles, messires Oliviers de Clichon, messires Ustasses d’Aubrecicourt, messires Gautiers Huet et messires Hues de Cavrelée. Si regardèrent chil chevalier, par le consseil et avis li uns de l’autre, qu’il se trairoient au matin hors de leurs logeis et prenderoient tierre et place sour les camps, et l’aviseroient de tous asens, pour mieux avoir ent le connissanche. Si fu enssi segnefiiet parmy leur host que chacun fust à l’endemain appareilliés et mis en aroy, si comme pour combattre. Ceste nuit passa. L’endemain vint, qui fu par un samedi, que Englès et Bretons yssirent hors de leurs logeis et s’en vinrent moult faiticement et moult ordonneement enssus dou castel, et prissent place et terre, et dissent que là atenderioent il leurs ennemis. Droitement enssi que environ primme, messires Carles de Blois et toutte sen host vinrent, qui s’estoient parti le venredi de le cité de Rennes, et avoient celle nuit jut à troix lieuwes priès d’Auroi. Si estoient les gens monsigneur Charlon de Blois le mieux ordounné et le plus faiticement que on peuist veoir ne deviser, et chevauchoient ossi serré que on ne pewist jetter ung estuef qu’il ne cheist sus pointe de glave ou sur bachinet. Et venoient en cel estat tout le pas, chacuns sires avoecq ses gens et desoubz se bannierre. Si trestost qu’il virent les gens le comte de Montfort, il s’arestèrent tout quoy et regardèrent et advisèrent terre et place à l’avantage, pour yaux traire. Si se missent de ce costé, le visaige viers les ennemis et tout à piet, car il veoient ossi leurs ennemis en tel estat, et ordonnèrent leurs batailles li ung et li autre, enssi que pour tantost combattre. Fos 134 vº et 135.
P. 152, l. 15: Rennes.—Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22: Vennes.
P. 152, l. 22: joiant.—Mss. A: joyeux.
P. 152, l. 30: conseil.—Le ms. A 17 ajoute: les Anglois et Bretons et aussi le dit conte.
P. 153, l. 1: Cavrelée.—Mss. A 15 à 17: Carvalay.
P. 153, l. 2: Hués.—Ms. A 17: de Manny.
P. 153, l. 8: avoir ent.—Mss. A 8, 15 à 17: en avoir.
P. 153, l. 14: logeis.—Mss. A 6, 8, 15 à 17: boys. Fº 255.
P. 153, l. 15: ensus.—Mss. A 6, 8, 15 à 17: arrière.
P. 153, l. 18: que entours.—Mss. A 15 à 17: comme à.
P. 153, l. 22: [d’Auroy].—Ms. B 1, t. II, fº 195 vº: d’yaus. Mauvaise leçon.
P. 153, l. 24: couvenant.—Mss. A 8, 15 à 17: couvine.
P. 153, l. 26: estuef.—Les mss. A ajoutent: entre eulz. Fº 257.
P. 153, l. 30 et 31: desroyer.—Mss. A 8, 17: desreer.
P. 154, l. 4: couvenant.—Mss. A 8, 15 à 17: couvine.
§ 533. Messires.—Ms. d’Amiens: Messires Carles de Blois, par le consseil de monseigneur Bertran de Claiequin, qui estoit là ungs grans chiés et mout creus et alosés des barons de Bretaingne, ordounna ses batailles et en fist troix et une arieregarde. Si me samble que messires Bertrans eult la première, avoecq grant fuison de bons chevaliers et escuiers de Bretaingne. La seconde eut li comtes d’Auçoire, li comtes de Joni, avoecq grant fuison de bons chevaliers et escuiers de Franche. La tierce eut messires Carlez de Blois, avoecq pluisseurs haux barons de Bretaingne, le viscomte de Rohem, le seigneur de Lion, monseigneur Carle de Dinant et des autres qui se tenoient dallés lui. En l’arieregarde estoient li sires de Rais, li sires d’Avaugor, li sires dou Pont et li sirez de Tournemine. Si avoit en chacune bataille bien mil combatans. Là alloit messires Carles de Blois, de bataille en bataille, priier et amonester chacun moult bellement qu’ils volsissent y estre loyal et preudomme et bon combatant, et retenoit que c’estoit sus son droit qu’il se combatoient. Si liement et si doucement les prioit et amonestoit, que chacuns en estoit tous recomfortés. Et li disoient de grant vollenté: «Monseigneur, ne vous doutés, car nous demorrons dallés vous.» Or vous parlerons dou couvenant des Englès et des Bretons de l’autre costet, et comment il ordonnèrent leurs batailles. Fº 135.
P. 154, l. 8: chiés.—Ms. A 17: capitaine.
P. 154, l. 8: alosés.—Mss. A 6, 8, 15 à 17: louez.
P. 154, l. 15: grigneur.—Mss. A 8, 15 à 17: meilleur.
P. 154, l. 19: Malatrait.—Le ms. A 15 ajoute: monseigneur de Tournemine. Fº 280.
P. 154, l. 20: aultre.—Le ms. A 17 ajoute: barons, chevaliers et escuiers que je ne sçay pas touz nommer.
P. 154, l. 21: Rieus.—Le ms. A 15 ajoute: le sire de Quintin, le sire de Combour, le seigneur de Rochefort et plusieurs autres. Fº 280.
P. 154, l. 27: retenoit.—Ms. A 17: prenoit.
P. 154, l. 30: avoient tout en couvent.—Ms. A 8: avoient promis.—Mss. A 15 à 17: promistrent.
§ 534. Messires Jehans.—Ms. d’Amiens: Messires Jehans Camdos, qui estoit cappitainnes et regars et souverains dessus yaux tous, quoyque li comtez de Montfort en fuist chiés, car li roys englès li avoit enssi escript et mandet que souverainnement il entendesist à son fil le comte de Montfort, prisoit durement en coer et à ses gens ossi l’ordounnance et l’aroy des Franchois, et veoit bien, se combattre les couvenoit, enssi qu’il esperoit bien que che feroit, qu’il ne l’aroient mies d’avantaige. Et disoit enssi messires Jehans Camdos que oncques en sa vie il n’avoit veu gens mieux arés, ne en si couvignable couvenant que li Franchois estoient. Si se vot ordounner seloncq chou et fist trois batailles et une arieregarde, et mist en le premierre monseigneur Robert Canolle, monseigneur Gautier Huet et monseigneur Richart Burlé; en le seconde, monseigneur Olivier de Clichon, monseigneur Mahieu de Gournay et monseigneur Ustasse d’Aubrecicourt. La tierce, il ordounna au comte de Montfort, et demoura dallés lui. Et avoit en chacune bataille cinq cens hommes d’armes et trois cens archiers.
Quant ce vint sus l’arrierregarde, il appella monseigneur Hue de Cavrelée et li dist ensi: «Messire Hues, vous ferés l’arrieregarde et arés cinq cens combatans, et vous tenrés sus elle et recomforterés nos batailles là où vous les verrés branler: et ne vous partirés ne bougerez de vostre establissement pour cose qui aviegne, s’il ne besoingne, fors en l’estat que je vous ai dit.» Quant li chevaliers entendi messire Jehan Camdos, si fu mout courouchiés et respondi en tel manière: «Sire, sire, bailliés ceste arrieregarde à ung autre c’à moy, car je ne m’en quier ja à ensonniier; mès en quelle manierre m’avés vous desveu que je ne soie ossi bien tailliés de moy combattre tout devant et des premiers ossi bien c’uns autrez?» Dont respondi messires Jehans Camdos moult aviseement et dist: «Messire Hue, messire Hue, je ne vous estaublis mie en l’arrieregarde pour cose que vous ne soiiés ossi bons chevaliers et ossi seurs que nulx qui soit sour le place. Et say bien que très vollentiers vous vos combateriés des premiers; mès je vous y ordounne pour tant que vous estez ungs sages et avisés chevaliers, et se couvient que li ungs y soit et le face. Si vous pri chierement que vous le voeilliés faire, et je vous ay en couvent, se vous le faittez, nous en vaurons mieux et y acquerrons haute honneur. Et le première priière et requeste, quelle qu’elle soit, je le vous acorderay.» Encorres s’escuza li chevaliers et dist: «Sire, ordounnés y ung autre, car je me voeil combattre tout des premiers.» De ceste responsce fu messires Jehans Camdos moult courouchiés, et le reprist et dist: «Messire Hue, or regardés et eslisiés. Ou il couvient que vous y allés et le fachiés, ou il couvient que je y voise et le fache. Et par ma teste, se je ne quidoie que honneurs et prouffis ne nous en deuist venir de vous plus que d’un aultre, je ne vous en requerroie ja.» Quant messire Hue de Cavrelée se vit si constrains et apressés de monsigneur Jehan Camdos, si ne l’oza courouchier ne plus escondire, et dist: «Sire, sire, ce soit ou nom de Dieu et de saint Jorge, et je l’emprench volentiers.» Dont prist messires Hues de Cavrelée ceste bataille, et se traist tout enssus des autres sus elle et se mist en bonne ordounnanche. Fº 135.
P. 155, l. 5: quoique.—Ms. A 17: non contrestant que Fº 320.
P. 155, l. 9: il.—Ms. A 17: le comte de Montfort.
P. 155, l. 11: aucuns.—Les mss. A 8, 15 à 17 ajoutent: bons.
P. 155, l. 13: couvenant.—Ms. A 15: couvine.
P. 155, l. 15: hui.—Ms. A 17: aujourd’ui.
P. 155, l. 23: entente.—Mss. A 1 à 6, 8, 15 à 17: entencion.
P. 155, l. 30: Richart Burlé.—Ms. A 17: Thomas Brulé. Fº 320 vº.
P. 156, l. 4: trois cens.—Ms. A 17: quatre cens.
P. 156, l. 5: Cavrelée.—Ms. A 15 à 17: Carvallay.
P. 156, l. 7: cinq cens.—Ms. B 6: trois mille. Fº 644.
P. 156, l. 8: vo.—Mss. A: vostre.
P. 156, l. 10: besongne.—Mss. A 8, 15 à 17: besoing.
P. 156, l. 10: ouvrent.—Mss. A 8, 15 à 17: euvrent.
P. 156, l. 17 et 18: ensonniier.—Mss. A 8, 15 à 17: embesoingnier.
P. 156, l. 18: chiers.—Mss. A 15 à 17: beau.
P. 156, l. 19: estat.—Le ms. A 17 ajoute: ne en quel lieu ou place. Fº 321.
P. 156, l. 19: desveu.—Ms. A 17: veu deffaillir.
P. 156, l. 25: bons.—Ms. A 17: meilleurs.
P. 156, l. 29: li uns.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: de nous deux.
P. 157, l. 8: ces.—Les mss. A 8, 15 à 17 ajoutent: nouvelles.
§ 535. Enssi.—Ms. d’Amiens: Ensi ce samedi au matin, qui fu le huitime jour dou mois d’octembre l’an mil trois cens soissante quatre, furent ces batailles ordounnées l’une devant l’autre, en ung biau plain, assés priès d’Auroy en Bretaingne. Si vous di que c’estoit moult belle cose à veoir et à comsiderer, car on y veoit bannières, pennons parés et armoiiés moult ricement de tous costés. Et par especial li Franchois estoient si faiticement et si souffisamment ordonné, que c’estoit ungs grans deduis dou regarder.
Or vous di que, entroes qu’il ordonnoient et advisoient leurs batailles et leurs besoingnes, li sires de Biaumanoir, ungs grans barons et rices de Bretaingne, aloit de l’un à l’autre, traitant et pourparlant de le pais, car vollentiers l’i euist veut, s’il pewist, et s’en ensonnioit en bonne manière. Et le laissoient li Englès et li Breton de Montfort aller et venir et parlementer à monseigneur Jehan Camdos et au comte de Montfort, pour tant qu’il estoit prisounniers par deviers yaux et qu’il ne se pooit armer. Si mist, che samedi, maint pourpos et tamainte parchon avant, pour venir à pès, mès nulle ne s’en fist. Et tint les batailles en cel estat jusquez à nonne, et prist une souffrance à durer tout le jour et toutte le nuit et l’endemain jusques soleil levant entre les deus hos. Si se retraist chacuns à son logeis bellement et faiticement, et se aisièrent de ce qu’il eurent. Che samedi au soir, yssi li cappittainne d’Auroy hors dou castiel et de le ville à quarante armurez de fer, liquels s’appelloit Henris de Sauternelle, et estoit ungs bons escuiers et qui loyaument s’estoit acquités enviers monsigneur Carlon de Blois de garder le forterèce d’Auroy. Si le rechupt li dis messires Carles moult liement, et li demanda de l’estat dou castiel: «En nom Dieu, monsigneur, dist li escuiers, Dieu merchi, si sommez encorrez bien pourveu pour le tenir deus mois, s’il besoigne.»—«Henry, Henry, respondi messires Carlez, demain, se il plaist à Dieu, serés vous delivrés dou siège ou par accord ou par bataille.»—«Sire, ce dist li escuiers, Dieux y ait part, qui vous doinst victore contre vos ennemis!»
Enssi se passa chilx samedis toutte nuit. Et menèrent li Franchois grant joie et grant revel, et d’autre part ossi fissent li Englès. Et requissent li aucun compaignon et priièrent moult especialment à monsigneur Jehan Camdos qu’il ne volsist mie consentir que nus tretiés ne nulx acors de pès se fesist, car il avoient tout despendu et aleuwet et estoient povre: si volloient par le bataille ou tout parperdre ou recouvrer, et messires Jehans Camdos leur eut en couvent. Fº 135.
P. 157, l. 25: plains.—Le ms. A 17 ajoute: les autres, en une grant lande et longue. Fº 321 vº.
P. 158, l. 4: de l’un.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: host.
P. 158, l. 5: l’i euist veu.—Ms. A 17: il eust veu certain acord entr’eulx.
P. 158, l. 23: Sauternelle.--Mss. A 3, 15 à 17: Hauternelle, Hanternelle. Fº 256 vº.—Ms. B 6: Sautrelle. Fº 640.
P. 158, l. 25: lanches.—Mss. A 15 à 17: hommes d’armes.
P. 158, l. 29: li chastelains.—Mss. A 8, 15 à 17: li escuiers.
P. 159, l. 18: à ce Henri.—Ms. A 17: à son escuier.
P. 159, l. 19: nuitie.—Mss. A 8, 15 à 17: nuit.
P. 159, l. 24: tout aleuet et.—Mss. A 8, 15 à 17: tout le leur.
P. 159, l. 25: parperdre ou recouvrer.—Ms. A 17: tout perdre ou tout gainnier ou au moins aucune chose recouvrer. Fº 322.
P. 159, l. 25: ou.—Le ms. A 15 ajoute: aucune chose.
P. 159, l. 26: en couvent.—Ms. A 15: en couvenant.—Ms. A 17: encouvenancié.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: et le leur promist ainsi.
§ 536. Quant ce vint.—Ms. d’Amiens: Quant ce vint le diemenche au matin, chacuns en sen host s’appareilla, vesti et arma. Si dist on pluisseurs messes en l’ost le dit monsigneur Carle de Blois, et s’acumenia qui acumeniier vot, et ossi fissent il en l’ost le comte de Montfort. Ung petit après soleil levant, se retraist chacuns en se bataille et en son arroy, enssi qu’il avoient estet le jour devant. Assés tost apriès, revint li sirez de Biaumanoir, qui portoit lez tretiez et qui vollentiers les ewist acordés, s’il peuist, et s’en vint premier à chevauchant deviers monsigneur Jehan Camdos, qui yssi de se bataille et laissa le comte de Montfort, et vint sus les camps contre le dit seigneur de Biaumanoir pour li faire une briefve response et pour son corps garder, car il avoit oy dire et jurer les Englès que, se il venoit plus avant pour tretier ne porter pès ne acort, il l’ociroient.
Siques, si tost que messires Jehans Camdos peut venir jusques à lui, il li dist: «Sire de Biaumanoir, sire de Biaumanoir, je vous avisse que vous ne venés meshui plus avant; car nos gens dient qu’il voellent combattre et qu’il vous ochiront, s’il vous puevent enclore entre yaulx. Et dittes à monsigneur Carle de Blois que messires se voelt combattre et qu’il ne voelt oyr ne entendre à nul tretiet, s’il n’est plainement dus de Bretagne.» Quant li sires de Biaumanoir entendi Camdos enssi parler, si fu mout courouchiez et dist: «Camdos, Camdos, ce n’est mie li entente de monseigneur qu’il n’ait plus grant desir de combattre, et touttez ses gens, que vous n’aiiés, et ont toudis eu. Et che que je m’en sui ensonniiés jusc’à ores, je l’ay fait en espèce de bien et pour tant que je voy, d’un lez et de l’autre, grant fuison de bonne chevalerie de ce pais qui ne se poront combattre que grans meschief n’en viegne; et puisqu’il faut qu’il aviegne, Dieus voeille aidier le droit, car li ungs des deux chiés demourra hui dus de Bretaigne.»
Adonc s’en retourna il vistement deviers monsigneur Carlon de Blois, et Camdos deviers le comte de Montfort, qui li demanda tantost quel cose li sires de Biaumanoir disoit. Et Camdos respondi tout au contraire, pour li enflammer et courouchier: «Quel cose? Sire, je le vous diray. Messires Carlez de Blois vous mande que sans raison on tretie ne parolle de nulle pès; car il demourra ducs de Bretaingne, et n’y arés riens: ossi nul droit n’y avés de riens avoir, et tout ce vous remoustr[er]a il tantost par force d’armes. Or en regardez que vous en voullés faire, se vous vous voullés combattre.»—«Par me foy, dist li comtes de Montfort, Camdos, oil. Faittez passer avant nos bannières, ou nom de Dieu et de saint Gorge.» Depuis n’y eut riens tretiet ne parlementet entre les deux hos; car li sirez de Biaumanoir revint tantost deviers monseigneur de Blois, et li dist le responce de Camdos telle que vous avez oye. Dont messires Carles tendi ses mains vers le chiel, en regraciant Dieu de le belle gent et de le grande chevalerie qu’il veoit dallés lui, et puis dist: «Passés avant, bannierrez, ou nom de Dieu et de monsigneur saint Yve.» Fº 135 vº.
P. 160, l. 1: se acumenia... veult.—Ms. A 8: se commenièrent ceulx qui vouldrent. Fº 257.—Ms. A 15: s’accommunièrent ceulx qui vouldrent. Fº 281 vº.—Ms. A 17: se acommissèrent tous ceuls qui vouldrent.—Le ms. B 6 ajoute: et puis burent un cop et s’armèrent. Et se tirèrent tout sur les camps au devant de leurs ennemis ossy serreement comme on povoit, les lanches contremont et grandes haches forgies à Paris et ailleurs pendant à leur costé. Et s’en vinrent ensy tout à piet en une plache au trait de trois arbalestres près de leurs ennemis. Fº 641.