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Chroniques de J. Froissart, tome 06/13 : $b 1360-1366 (Depuis les préliminaires du traité de Brétigny jusqu'aux préparatifs de l'expédition du Prince de Galles en Espagne)

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P. 160, l. 8: à.—Mss. A: en.

P. 160, l. 10: vei.—Les mss. A 8, 15 à 17 ajoutent: venir.

P. 160, l. 21: pri.—Ms. A 15: avise.

P. 160, l. 29: le painne.—Mss. A: la place.

P. 161, l. 2: s’enfelleni.—Mss. A 8, 15: s’enfelonni.—Ms. A 17: s’afelonnit.

P. 161, l. 2: courouciés.—Le ms. A 17 ajoute: et tant que, se il eust esté armé comme monseigneur Chandos estoit, pour certain ilz eussent commencé la bataille. Fº 322 vº.

P. 161, l. 3: monsigneur.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: Charles de Blois.

P. 161, l. 15: Bretagne.—Les mss. A 8, 15 à 17 ajoutent: aujour d’uy.

P. 161, l. 16: le painne.—Mss. A 8, 15 à 17: la place.

P. 161, l. 25: si fisent.—Mss. A 8, 15 à 17: se passèrent.

P. 161, l. 28: grosse.—Mss. A 8, 15 à 17: orguilleuse.

P. 162, l. 2: hui.—Mss. A 8, 15 à 17: au jour d’ui.

P. 162, l. 2: font.—Mss. A 6, 8: distrent.—Ms. A 17: le scèvent bien. Fº 323.

P. 162, l. 4: banières.—Ms. A 15: et pennons et toutes manières de. Fº 282.

§ 537. Un petit.—Ms. d’Amiens: Ung petit devant l’eure de primme, s’aprocièrent les batailles. Dont ce fu très belle cose à regarder, si comme je l’oy dire à chiaux qui y furent et qui veu les avoient, car li Franchois estoient ossi serré et ossi joint que on ne pewist mies jetter une pomme que elle ne cheyst sus un bachinet ou sus une lanche. Et portoit chacuns hommes d’armes son glaive droite devant lui, retaillie enssi que de cinq piés, et une hace forte et dure et bien acerée, chacuns sus son col ou sus sen espalle. Et s’en venoient enssi tout bellement le pas, chacuns sirez en son arroi et entre ses gens, et se bannierre ou se pennon devant lui, enfourmés de savoir quel cose il devoit faire. Et, d’autre part, li Englès estoient très bien et très faiticement ordonné.

Si s’asamblèrent premierement li bataille monseigneur Bertran de Claiequin et li Breton de son lés, à le bataille monseigneur Robert Canolle et monseigneur Gautier Huet. Et missent li seigneur de Bretaingne, cil qui estoient d’un lés et de l’autre, les bannierrez des deus dus l’un contre l’autre, et les autres batailles s’asamblèrent enssi l’un contre l’autre. Là eut des premiers encontres grans bouteis des lanches et fort estour et dur. Bien est voirs que li arcier trayrent de coummenchement, mès leurs très ne greva noyent as Franchois, car il estoient trop bien armet et fort et ossi bien pavesciet contre le tret. Si jettèrent cil archier leurs ars jus, qui estoient fort compaignon et legier, et se boutèrent entre ces gens d’armes de leur costé, et puis s’en vinrent à ces Franchois qui portoient ces haces. Si s’aherdoient à yaux de grant vollenté et tolloient as pluisseurs leurs haces, de quoy depuis se combatirent. Là eut fait mainte belle appertise d’armes, mainte luite, mainte prise et mainte rescousse. Et sachiés qui estoit cëus à terre, il estoit fort dou relever, se il n’estoit trop bien aidiés.

La bataille monseigneur Charle de Blois s’adrecha droitement à le bataille le comte de Montfort qui estoit forte et espesse. Dallés monseigneur Carlon de Blois estoient li sires de Lion, messires Carles de Dinant, li viscomtez de Rohem, li sirez de Qui[n]tin, li sirez d’Ansenis et li sires de Rocefort, et chacun sires se bannierre devant lui. Là eut, je vous di, dure bataille et grosse et bien combatue. Et furent chil de Montfort de coummenchement durement reboutet; mès messires Hues de Cavrelée, qui estoit desus èle et qui avoit une belle bataille et de bonne gent, venoit à cel endroit où il veoit ses gens branller, ouvrir ou desclore, et les reboutoit et metoit sus par force d’armes. Et ceste ordounnance leur valli trop grandement; car, si tost qu’il avoit les foullés remis sus et il veoit une autre bataille ouvrir ne branler, il se traioit de celle part, et les recomfortoit par telle mannierre comme il est dit devant. Fos 135 vº et 136.

P. 162, l. 6: § 537.—Le ms. A 15 ajoute: Mais tantost.

P. 162, l. 14: courtes mances.—Ms. A 8: petis manches. Fº 257 vº.—Ms. A 15: à bien court manche.—Ms. A 17: un petit manche.

P. 162, l. 17: lui.—Le ms. A 17 ajoute: chascun tout.

P. 162, l. 20: assamblèrent.—Le ms. A 15 ajoute: ces batailles. Fº 282.

P. 162, l. 21: Claiekin.—Le ms. A 17 ajoute: et de monseigneur Olivier de Mauni son nepveu. Fº 323.

P. 162, l. 21: de son lés.—Ms. A 17: de leur costé.

P. 162, l. 27 et 28: premiers encontres.—Mss. A 8, 15 à 17: première rencontre.

P. 162, l. 29: estour.—Mss. A 8, 15 à 17: estrif.

P. 163, l. 5: se aherdirent.—Mss. A 8, 15 à 17: s’adrecèrent.

P. 163, l. 7: haces.—Le ms. B 6 ajoute: Et en y eurent plus de cinq cens, et che parfist le desconfiture, car il ochioient les Franchois et les Bretons de leurs haches. Fº 647.

P. 163, l. 8: faiticement.—Mss. A 8, 15 à 17: hardiement.

P. 163, l. 10 et 11: c’estoit fort dou.—Ms. A 15: il ne se povoit.

§ 538. D’autre part.—Ms. d’Amiens: D’autre part, se combatoient messires Olivier de Clichon, messires Ustasses d’Aubrecicourt, messires Richars Burlé, messires Jehans Bourssiers, messire Mahieux de Gournay, à le bataille le comte d’Auchoire et dou comte de Joni, qui estoit moult grande et moult grosse et bien estoffée de bonne gens. Là eut fait ossi mainte belle appertise d’armes et mainte prise et mainte rescousse. Là se combatoient Franchois et Bretons, d’un lés, mout vaillamment et mout hardiement, des haces qu’il portaient et qu’il tenoient.

Là fu messires Carles de Blois durement bons chevaliers, et qui vaillamment et hardiement se combati et assambla à ses ennemis, et ossi fist ses adversaires le comte de Montfort: chacuns y entendoit enssi que pour lui. Là estoit messires Jehans Camdos, qui y faisoit merveilles d’armes de son corps, car il estoit fors chevaliers et hardis durement; si conssilloit et comfortoit le comte de Montfort en touttes manierrez, et le faisoit passer avant et arester, quant il veoit que tamps estoit.

D’autre part, messires Bertrans de Claiekin, li sires de Tournemine, li sirez d’Avaugor, li sires de Rays, li sires de Lohiac, li sires d’Ansenis et li autre bon chevalier de Bretaingne se combatoient mout vaillamment et y fissent maintes belles apertises d’armes. Et tant se combatirent que touttes ces batailles se requeillirent enssamble, excepté li arrieregarde des Englès, dont messires Hues de Cavrelée estoit souverains. Ceste bataille se tenoit toutdis sus costière, et ne servoit d’autre cose fors de redrechier et mettre en conroy les leurs qui branloient ou qui se desconfissoient.

Entre les autres chevaliers bretons et englès, messires Oliviers de Clichon fu bien veus et avisés qu’il y fist merveillez d’armes de son corps, et tenoit une hache, mès il rompoit ces presses, et ne l’osoit nus aprochier. Et s’enbati telle fois si avant qu’il fu en grant peril, et eut mout affaire de sen corps en le bataille dou comte d’Auchoire et dou comte de Joni, et trouva durement fort encontre sus lui, tant que dou cop d’une hace il fu navrés desous et parmy le visierre de sen bachinet au travers de l’oeil, et l’eut crevet, mès depuis fu il rescous et remis entre ses gens en bon couvenant; et, durement aïrés et enflammés, il se combati et y fist de le main pluisseurs belles appertises d’armes. Là se recouvroient bataillez et bannières, qui une heure estoient tout au bas, et tantost par bien combattre recouvroient et estoient remis sus.

Entre les autres chevaliers, fu messires Jehans Camdos très bons chevaliers, et vaillamment se combati, et tenoit une hace dont il donnoit les horions si grans que nulx ne l’osoit aprochier, car il estoit grans chevaliers et fors et bien fourmés de tous membres: si s’en vint combattre à le bataille le comte d’Auchoire et des Franchois. Et là eut fait maintes belles appertises d’armes. Et, par force de bien combattre, il rompirent et reboutèrent ceste bataille bien avant et le missent à tel meschief que briefment elle fu desconfite et touttez les bannierrez et les pennons de ceste bataille jettés par terre, rompus et deschirés, et li seigneur mis et contourné en grant meschief; car il n’estoient aidiet ne comfortet de nul costé, mès estoient leurs gens tous ensonniiés d’iaux deffendre et combattre. Là crioient chil seigneur et leurs gens qui estoient dallés yaux, leurs ensaignes et leurs cris, dont li aucun estoient oy et reconforté, et li autre, non, enssi que telz besoingnes aviennent et que li cas le requiert.

Touttes fois, li comtes d’Auchoire, par force d’armes, fu durement navrés et pris desoubs le pennon monseigneur Jehan Camdos et fianciés prison, et li comtez de Joni ossi, et mors li sires de Prie, uns grans bannerès de Normendie, et pluisseurs bons chevaliers de Franche et de Normendie. Fº 136.

P. 164, l. 6: Joni.—Mss. A 15 à 17: Joingny.

P. 164, l. 20 et 21: ressongnies.—Mss. A 8, 15 à 17: redoubtez. Fº 258.

P. 164, l. 30 et 31: Gargoulé.—Mss. A 15 à 17: Gargolay. Fº 324.

P. 164, l. 31: Malatrait.—Mss. A 15 à 17: Malestroit.

P. 164, l. 31: dou Pont.—Mss. A 15 à 17: de Viez Pont.

P. 165, l. 8: s’ensonnioit.—Mss. A 8, 15 à 17: s’embesongnoit.

P. 165, l. 9: conroy.—Mss. A 15 à 17: arroy.

P. 165, l. 19 et 20: en travers.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: du visaige.

P. 166, l. 18: en sus.—Mss. A 15 à 17: arrière.

P. 166, l. 21: prisons.—Mss. A 8, 15 à 17: prisonnier.

P. 166, l. 22: [T]rie.—Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19: Prier.—Mss. A 8, 9: Pie.—Mss. B et A 7, 15 à 17: Prie.

§ 539. Encores.—Ms. d’Amiens: Encorres se combatoient les autres batailles moult vaillamment, et se tenoient li baron en bon couvenant. Et touttesfois, à parler loiaument d’armes, il ne tinrent mies si bien leur pas ne leur arroy, enssi qu’il apparut, que fissent li Englès et li Breton dou costé le comte de Montfort; et trop leur valli celle bataille sus elle de messire Hue de Cavrelée. Quant li Englès et li Breton de Montfort virent ouvrir et branler les Franchois, si se confortèrent entre yaux moult grandement. Et demandèrent li pluiseur leurs chevaux que leur garchon tenoient enssus d’iaux. Tantost il furent monté, pourveu de haces et d’espées de Bourdiaux et en grant vollenté de envaïr, d’ochir et de mehaignier leurs ennemis.

Et se parti adonc messires Jehans Camdos à toutte une grosse routte des siens, et s’en vint adrechier sus le bataille monsigneur Bertran de Claiequin, où on faisoit merveillez d’armes, mès elle estoit ja ouverte et pluisseur chevalier et escuier mis en grant meschief. Et encorres furent il plus, quant messires Jehans Camdos et une grosse routte d’Englès s’i embatirent. Là eut donnet tamaint pesant horion de ces haces, maint bachinet fendu et maint homme mort. Touttesfois, messires Bertrans ne li sien ne peurent porter che fès. Si fu là pris messires Bertrans d’un escuier englès desoubs le pennon monsigneur Jehan Camdos et qui estoit de ses gens et de son hostel. Et entendi ensi que messires Jehans Camdos prist et fiancha de sa main un baron de Bretaingne que on appelloit le seigneur de Rays, hardi chevalier durement.

Apriès ceste grosse bataille des Bretons rompue, li bataille fu enssi que desconfite, et perdirent li autre tout leur arroy et se missent en fuite, qui mieux mieux chacuns, exceté li vaillant chevalier et escuier de Bretaingne, qui ne volloient mies laissier leur signeur, monsigneur Carlon de Blois, mès avoient plus chier à morir que reprochiet leur fust fuitte. Si se combatirent, chacuns desoubz se bannierre et se pennon, depuis moult vaillamment et très asprement, et se rekeillirent en pluisseurs lieux et par tropiaux chil bon chevalier et escuier de Bretaingne, qui estoient avoecq monseigneur Carlon de Blois, et qui, par force d’armes, volloient recouvrer le meschief qu’il leur apparroit; mès il ne peurent.

Là fu messires Carles de Blois et chil qui dallés lui estoient, enclos d’une grosse routte d’Englès qui tout se tiroient de celle part pour aidier le bannierre monsigneur Carle à desrompre et desconfire. Si i eut fait mainte belle appertise d’armes, et mout vaillamment se combatirent messires Carles de Blois et chil qui dallés lui estoient. Et ne l’eurent mies li Englès d’avantaige, mès il estoient trop mieus parti à ce donc que li Franchois ne fuissent. Là fu ochis, en bon couvenant et le viaire sus ses ennemis, messire Carlles de Blois, et dallés lui et sus son corps ungs siens filx bastars qui s’appelloit messires Jehans de Blois, et pluisseurs autres chevaliers et escuiers qui ne volloient mies laissier leur mestre et leur seigneur, mès avoient plus chier à morir.

Depuis que les bannierres monseigneur Carle de Blois furent atierées, n’y eut riens retenu, mès furent les desconfitures moult grandes de tous costés sus les Franchois et les Bretons. Et se missent tous li Englès à cheval, et coummenchièrent à cachier et à encauchier leurs ennemis. Là eult, quant à le cache et à le fuitte, grant mortalité, grant ocision et grant desconfiture, et tamaint bon chevalier et escuier pris et mis en grant mescief. Là fu toutte li fleur de le bonne chevalerie de Bretaigne, pour le temps et pour le journée, morte ou prise; car peu de chevaliers ne d’escuiers d’onneur escapèrent, qu’il ne fuissent mort ou pris.

Et par especial des banerès de Bretaingne y furent mort messires Carles de Dignant, li sires de Lion, li sires d’Ansenis, li sirez d’Avaugor, li sires de Lohiach, li sires de Gargoulé, li sires de Malatrait et li sires dou Pont; et pris: li viscomtes de Rohem, li sires de Lion, li sires de Rochefort, li sires de Rays, li sires de Rieus, li sires de Tournemine, messires Henris de Malatrait, messires Oliviers de Mauni et pluisseur autre bon chevalier et escuier de Bretaingne et grant signeur; et ossi dou royaumme de France, maint bon chevalier et escuier: li comtes d’Auchoire premierement, li comtes de Joni et tamaint autre qui y estoient venu desous le comfort monsigneur Bertran de Claiequin, qui y fu pris ossi.

Briefment à parler, ceste desconfiture fu moult grande et mout grosse, et grant fuisson de bonnes gens y eut mors, tant sus les camps comme en le cache, car elle dura huit grans lieuwes et tout le jour jusques à le nuit. Si poés bien croire que là en dedens y avinrent pluisseur mescief, et y eut maint chevalier et maint escuier mort et pris. Ceste bataille, qui fu assés priès d’Auroi en Bretaingne, fu l’an de grasce Nostre Seigneur mil trois cens soissante quatre, par un dimenche en octembre, le jour Saint Denis et Saint Gislain. Fº 136 vº.

P. 166, l. 27: couvenant.—Mss. A 8, 15 à 17: couvine. Fº 258 vº.

P. 166, l. 29: li Englès et li Breton.—Ms. A 17: les Bretons et Anglois. Fº 324 vº.

P. 167, l. 1: li Englès et li Breton.—Ms. A 17: les Bretons et Anglois.

P. 167, l. 7: des siens.—Mss. A 8, 15 à 17: de ses gens.

P. 167, l. 8: Claiekin.—Le ms. A 17 ajoute: et de monseigneur Olivier de Mauni son nepveu. Fº 325.

P. 167, l. 13: tamaint.—Mss. A 8, 15 à 17: maint.

P. 167, l. 18: desous.—Le ms. A 17 ajoute: la bannière ou.

P. 167, l. 20: un.—Le ms. A 15 ajoute: grant. Fº 283 vº.

P. 167, l. 22: durement.—Le ms. A 15 ajoute: et qui moult longuement se combatit à monseigneur Jehan Chandos.

P. 167, l. 24: que.—Ms. A 17: comme du tout.

P. 167, l. 30: fuite.—Le ms. A 15 ajoute: vilaine.—Le ms. A 17: vilaine ne honteuse.

P. 167, l. 32: très asprement.—Ms. A 17: appertement.

P. 168, l. 13: Blois.—Les mss. A 11 à 14 ajoutent: qui tua celui qui tué avoit monseigneur Charle de Blois.

P. 168, l. 21: fin.—Les mss. A 8, 15 à 17 ajoutent: de bataille et.

P. 168, l. 31: Gargoulé.—Mss. A 15 à 17: Cargolay.—Ms. A 7: Guergorlay.

P. 168, l. 32: dou Pont.—Ms. A 15: de Vielpont.

P. 169, l. 4: Tournemine.—Le ms. A 2 ajoute: le conte de Tonnoirre.—Mss. A 1, 3 à 6, 8: le conte de Tonnoirre.

P. 169, l. 5: Mauni.—Le ms. A 15 ajoute: fort chevalier et hardi durement.

P. 169, l. 5 et 6: Riville.—Ms. A 17: Regneville.

P. 169, l. 6: Friauville.—Ms. A 8: Frauville. Fº 259.—Mss. A 15 à 17: Frianville.

P. 169, l. 6: d’Ainneval.—Mss. A 1 à 8: Rainneval.—Mss. A 15 à 17: Rayneval.

P. 169, l. 9: le.—Le ms. A 15 ajoute: vaillant.

P. 169, l. 12 et 13: en le cache.—Ms. A 8: sur la place. Fº 259 vº.

P. 169, l. 13: huit.—Le ms. A 8 ajoute: grosses.

P. 169, l. 14: Rennes.—Mss. A 11 à 14: Vannes.

P. 169, l. 13 à 22: cache... octembre.—Ms. B 6: Et dura la chache huit lieues jusques ens ès portes de la chité de Rennes, car ly Englès montèrent à cheval qui les poursievirent jusques au vespre. Et là eult messire Jehan Candos, par l’aide de ses gens, pour trois cens mille frans de bons prisonniers; car il eult messire Bertran de Claykin, le conte d’Auchoire, le conte de Joni et plus de quarante chevaliers. Ceste belle aventure avint au conte Jehan de Montfort en Bretaigne, assés priès du castiel d’Auroy, en l’an de grace mil trois cens soissante quatre, le lundy devant le Saint Mikiel. Fº 648.

P. 169, l. 20: d’Auroy.—Ms. A 17: du noble chasteau d’Aurroy que le vaillant roy Artur fist jadis faire et fonder. Fº 325.

§ 540. Apriès.—Ms. d’Amiens: Apriès le grant desconfiture, si comme vous avés oy, et le place toutte delivrée, li chief des seigneurs englès et bretons d’un lés retournèrent et n’entendirent plus au cachier, mès en laissièrent couvenir leurs gens. Si se traissent d’un lés li comtes de Montfort, messires Jehans Camdos, messires Robers Canolles, messires Ustasses d’Aubrecicourt, messires Mahieux de Gournay, messires Gautiers Hués, messires Hues de Cavrelée, messires Jehans Bourssier et li autre chevalier. Et s’en vinrent ombriier desoubs une longhe haye, un petit enssus de là où li bataille avoit estet, et missent touttes leurs bannierres et pennons en celle haie, pour leurs gens requeillier et radrechier. Et coummenchièrent leur menestrel à corner et à piper, et li signeur se desarmèrent et esventèrent ung petit, car moult avoient chaut pour le traveil de combattre et de cachier. Et burent li aucun qui avoient vin en bouteilles et en flascons. Entroes qu’il estoient en cel estat, li sires de Clichon revint, se bannierre devant lui, qui le plus avoit poursieuwois ses ennemis. A painnes s’en estoit il pous partir, tant avoit estet aïrés et enflammés sus yaulx. Et ramenèrent ses gens grant fuison de prisonniers et par especial son oncle le viscomte de Rohem. Si se traist erramment li dis messires Oliviers de Clichon deviers le comte de Montfort, qu’il tenoit pour seigneur et pour chief, et descendi à piet avoecq les autres.

A ce donc ne savoient il riens encorres que messires Carles de Blois fust mors; mes il avoient envoiiet leurs hiraux par le campaingne regarder as ungs et as autres, et pour triier les seigneurs hors des autres et savoir liquel y estoient mort. Si fu là raporté au comte de Montfort, et dist ensi li chevaliers qui l’en raporta les nouvelles: «Monseigneur, loés Dieu et regraciés de le belle journée que vous avés, car messires Carles de Blois, vostres adverssaires, est demourés mors sur les camps.» Et quant li comtes de Montfort l’entendi, si dist qu’il volloit venir de ceste part et [le] veoir ossi bien mort que vif. Si vint là où messires Carles gisoit, et vinrent avoecq lui pluisseur des seigneurs et chevaliers qui là estoient. Si le trouvèrent environnet de grant fuisson de mors, chevaliers et escuiers, et une hace desoubs lui, dont il s’estoit combatus, et ossi de ses ennemis englès et bretons mors aucuns. Se le fist li comtes de Montfort retourner le viaire dessus, car il gisoit en dens. Et quant il le vit ou viaire, si fu tous penssieux et prist à larmiier et dist: «Ha! monseigneur Carle, monseigneur Carle, biaus cousins, com par vostre opinion maintenir sont grant meschief avenu en Bretaigne! Se Dieux m’aït, il me desplaist que je vous treuve enssi, se estre pewist autrement.» Adonc le tira arière messires Jehans Camdos et li dist: «Sire, sire, partons de chy et regraciiés Dieu de le belle aventure que vous avés; car, sans le mort de cesti, ne poyés vous venir à l’iretaige de Bretaingne.» Adonc ordounna là li comtes de Montfort que il fust tantost mis en un sarqu et aportés à Rennes, et il fu fait presentement si comme il le coumanda. Fos 136 vº et 137.

P. 170, l. 1: Tanton.—Mss. A 1 à 6, 15, 18, 19: Tancon.

P. 170, l. 2: aultre.—Le ms. A 17 ajoute: seigneurs et chevaliers. Fº 326.

P. 170, l. 2: ombriier.—Ms. A 17: umbraier.

P. 170, l. 2 et 3: dou lonch d’une.—Ms. A 6: delez une. Fº 258 vº.—Mss. A 8, 15 à 17: devant une.

P. 170, l. 12: l’iretage.—Ms. A 15: le bel hiretaige.—Ms. A 17: le noble heritaige.

P. 170, l. 20: plus de gré.—Mss. A: plus grant gré.

P. 170, l. 21: En.—Ms. A 15: A.—Ms. A 17: Entre.

P. 170, l. 22: enflamés.—Le ms. A 17 ajoute: d’ire et de mautalent.

P. 170, l. 24: partir.—Le ms. B 6 ajoute: et voelt on dire que en chest jour de se propre main il en ochist et abaty plus de soixante. Fº 649.

P. 170, l. 25: se retraist.—Mss. A 7, 8, 15 à 17: se traisent.

P. 171, l. 1: chercié.—Mss. A 8, 15 à 17: cerchié.

P. 171, l. 11: d’une.—Ms. A 8: à. Fº 260.

P. 171, l. 20: regracions.—Ms. B 4 et mss. A: regraciés.

P. 171, l. 21: avés.—Le ms. A 15 ajoute: qu’il vous a hui donnée—Le ms. A 17 ajoute: aujourd’ui eue.

P. 171, l. 21: poiés.—Mss. A: poviez.

P. 171, l. 28: en.—Mss. A: ou pays de.

P. 171, l. 29: maint grant et biel.—Ms. A 8: pluseurs.—Ms. A 15: pluseurs beaus.—Ms. A 17: moult de beaus.

P. 171, l. 29: miracle.—Le ms. B 6 ajoute: et cante on de luy ensy que d’un martir, car il morut vaillanment en defendant et gardant son hiretaige. Fos 649 et 650.

§ 541. Apriès.—Ms. d’Amiens: Apriès ceste ordounnanche et que tout li mort furent desvesti et que leurs gens furent repairiet de le cache, il se traissent vers leurs logis dont au matin il s’estoient parti. Si se desarmèrent et aisièrent de chou qu’il eurent, il avoient assés de quoy, et entendirent à leurs prisonniers et fissent appareillier les navrés et les blechiez; et les leurs meysmement qui estoient navret et blechiet, fissent il remettre à point. Quant ce vint le lundi au matin, li comtes de Montfort fist assavoir sus le pays et à chiaux de Rennes et des villes environ, qu’il leur dounnoit trieuwez troix jours, pour ensepvelir les mors et venir querre les corps des gentilz hommes: laquelle ordounnanche on le tint à belle et à bonne, et se tint par devant Auroy et dist que point ne s’en partiroit, se l’aroit.

Ces nouvellez s’espardirent en pluisseurs lieux et en pluisseurs pays, coumment li comtez de Montfort, par le consseil et confort des Englès, avoit obtenu le place contre monseigneur Carlon de Blois, et li mort et desconfi, et mort et pris toutte le fleur de Bretaingne. Si en avoient messires Jehans Camdos et messires Oliviers de Clichon grant huée. Et disoit li coumune renoumée que par leur fait, avoecques le reconfort de l’arrieregarde monseigneur Hue de Cavrelée, avoit estet la besoingne achievée. De ces nouvellez furent tout li amit et li comfortant monseigneur Carlon de Blois courouchiet, che fu bien raisons, et tout cil de par le comte de Montfort, resjoy...

Bien est voirs que li roys Carles de Franche fu mout courouchiés de le desconfiture qui fu devant Auroy et bien y eut cause, car ses royaummes en fu grandement afoiblis, et par especial il regreta grandement le mort de monseigneur Carlon de Blois, son cousin, le prise de monseigneur Bertran de Claiequin, le mort et le prise des bons chevaliers qui là avoient estet. Si envoiea tantost li roys le duc d’Ango, son frère, deviers les marches de Bretaingne, pour recomforter et conssillier le pays, qui moult estoit desolés et esbahis, et par especial celle qui s’appelloit duçoise et hiretière de Bretaingne; car elle veoit son marit monseigneur Carle de Blois mort et ses deus fils emprisonnés en Engleterre, Jehan et Ghui. Si vint li dus d’Ango, qui avoit sa fille à femme, par deviers lui, et le recomforta et consseilla che qu’il peult, et li proummist qu’il se feroit cause et chiés de le guerre contre le comte de Montfort. Encorres avoit la damme un petit fil qui estoit appellés Henris, c’estoit tous ses recomfors; mès quant la damme examinoit bien touttes ses besoingnes, elle se veoit bien en dur parti. Si ploroit et regretoit ses amis, et bien avoit cause, enssi comme vous orés chy apriès. Fº 137 rº et vº.

P. 171, l. 31: que.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: tous.

P. 172, l. 3: eurent.—Mss. A 15 à 17: avoient.

P. 172, l. 14: le.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: fort.

P. 172, l. 15: d’Auroy.—Le ms. A 15 ajoute: que le roy Artur fist jadis faire et fonder. Fº 285.

P. 172, l. 19: par le... Englès.—Les mss. A ajoutent ces mots qui manquent dans le ms. B 1.

P. 172, l. 22: fleur.—Les mss. A 1 à 6, 8, 15 à 17 ajoutent: de la chevalerie.

P. 172, l. 27: li Breton.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: et les Anglois.

P. 172, l. 30: li rois.—Le ms. A 17 ajoute: Charles. Fº 327.

P. 173, l. 2: chevalier.—Les mss. A 8, 15 à 17 ajoutent: et escuiers.

P. 173, l. 28: Douvres.—Le ms. B 6 ajoute: et vinrent si à point que le roy d’Engleterre et ses trois filz, le duc de Clarenche, le duc de Lenclastre, le conte de Canterbruge, estoient à Douves pour festier le conte Loys de Flandres qui là estoit arivés pour le cause de ung mariage aidier à parfaire, qui estoit commenchiet entre monsigneur Aimmon, conte de Cantbruge, et le fille du conte de Flandres. Fº 651.

P. 173, l. 30: hiraut.—Les mss. B 3, 4 et les mss. A ajoutent: et li donna le nom de Windesore et moult grant pourfit.

P. 173, l. 32: je fui.—Le ms. A 17 ajoute: depuis moult suffisanment informé.

§ 542. Il est bien voirs.—Ms. d’Amiens: Si escripsi li comtes de Montfort ceste avenue en pluisseurs lieux et par especial au roy Edouwart d’Engleterre, qu’il tenoit et appelloit père, car il avoit euv sa fille en mariaige. Si vinrent ces nouvelles au dit roy au cinqime jour de le bataille à Douvres. Et emporta lettres de creanche ungs varlès poursiewans armes, qui avoit estet à le bataille et que li roys englès fist tantost hiraut, et li dounna le nom de Windesore, et moult grant prouffit: par lequel hiraut noummet Windesore je fui enfourmés de ceste bataille et de l’ordounnanche, si comme vous avés oy chy dessus recorder, car j’estoie à Douvres au jour qu’il y vint et que les nouvellez y furent premierement sceuwes. Et le cause pourquoy li roys englès estoit adonc là et grant fuison des seigneurs d’Engleterre, je le vous diray.

En ce tamps que chilx hiraux Windesore ariva là à Douvres, estoit là venus li roys d’Engleterre, avoecq lui li dus de Lancastre et messires Aimmons, comtes de Cambruge, si doi fil, et grant fuison de seigneurs d’Engleterre, telz que le comte d’Arondel, le comte de Salebrin, le comte de Herfort, le jone comte de Pennebrucq, le jone comte de le Marce, monseigneur Gautier de Mauny, le seigneur Despenssier, le seigneur de le Ware, monseigneur Ricart de Pennebruge, monseigneur Alain de Boukesele, monseigneur Richart Sturi, le seigneur de Ferières, monseigneur Thummas de Grantson et pluisseurs autres seigneurs, barons et chevaliers, pour festiier le comte Loeys de Flandres, je vous diray cause pourquoy.

A che donc assés nouvellement avoit estet tretiez li mariaiges de monseigneur Ainmon, comte de Cantbruge, filz au roy d’Engleterre, et de madamme Marie, fille au comte Loeys de Flandres, qui estoit veve dou jone duc de Bourgoingne, si comme chy dessus est registré. Si estoient là assamblé cil seigneur pour ordounner mariaige et assigner ce que chacuns devoit avoir. Li roys d’Engleterre donnoit à son fil le comté de Pontieu, le comté de Ghines, le terre de Melch et de Oye, et telz drois qu’il entendoit à avoir en le comté de Haynnau, de Hollande et de Zellandez, qu’il ne faisoit mies adonc petis, de par madamme la roynne Phelippe, sa femme, qui fille avoit estet au comte de Haynnau, enssi que vous savés. Si furent là chil seigneur d’Engleterre et de Flandres en grans reviaux et en grans esbatemens l’espasse de quatre jours, et y eut grans disners et biaux et bien ordounnés. Et leur vinrent ces nouvelles certaines de Bretaingne, dont ils furent mout resjoy, especialment li roys englès et li comtes de Flandres, li roys englès pour ce qu’il avoit toudis fait chief et partie de ceste gerre avoecq le comte de Montfort, liquelx comtes avoit eu sa fille espousée, et li comtes de Flandrez, pour tant que il est cousins germains au comte de Montfort.

Apriès ces festes et ces reviaux qui furent à Douvres, prist li comtes Loeis de Flandres congiet au roy et as barons d’Engleterre, et rapassa le mer et vint à Calais. Si le raconvoiièrent li dus de Lancastre et li comtes de Cantbruges et les en mena li comtes de Flandres avoecq lui en Flandres pour jewer et esbattre, et furent à Yppre, à Brughes et à Ghand, et partout si bien venu et si bien recheu. Endementroes ordounna li roys englès grans messaiges pour envoiier deviers le pappe Urbain [cinqime[483]] pour dispensser che mariaige, car il estoient moult prochain de linaige; car autrement sans dispenssations n’avoit li comtes de Flandres acordé sa fille au roy d’Engleterre. Or nous soufferons nous à parler de ceste matère, et revenrons au comte de Montfort et dirons coumment il persevera.

P. 174, l. 7: devant.—Le ms. A 17 ajoute: de la ditte bataille d’Aurroy.

P. 174, l. 17: conseil.—Le ms. A 17 ajoute: qui illecques se tenoient, lesquelz le reçurent moult grandement et moult honorablement, ainsi qu’il appartenoit à un tel prince et si grant seigneur. Fº 327 vº.

P. 174, l. 18: l’avoit.—Mss. B 3, A 1 à 6, 8 à 14, 18 à 23: l’avoient.

P. 174, l. 20: besongne.—Ms. A 17: grant bataille.

P. 174, l. 26 à 28: Et donna... pourfit.—Ces lignes manquent dans les mss. B 3, B 4 et dans les mss. A.

P. 174, l. 30: trois.—Ms. A 17: quatre ou cinq.

P. 175, l. 3: Aymons.—Le ms. A 17 ajoute: son frère.

P. 175, l. 6: Bruges.—Le ms. B 6 ajoute: et à Gand et en pluiseurs bonnes villes et s’y tinrent bien ung mois, et puis s’en retournèrent en Engleterre. Fº 652.

§ 543. Li contes.—Ms. d’Amiens: Apriès le bataille et le grant desconfiture qui fu devant Auroy, où toutte li fleur de Bretaingne fu morte et prise, li comtes de Montfort se tint à son siège, et dist qu’il ne s’en partiroit jusques à tant qu’il l’aroit. Et envoiea dire à chiaux dou castiel que, se il se volloient rendre bellement à lui et recepvoir à seigneur, il leur pardonroit son mautalent et les lairoit joïr et possesser de tout chou qu’il avoient en le fortrèche. Chil d’Auroy se conssillièrent et regardèrent coumment leurs sirez estoit mors, et tout li baron de Bretaingne de leur costé, mort et pris, meysmement pris leur capittainne, Henris de le Sauternelle, et grant fuisson de bons compaignons qui le fortrèce avoient aidiet à deffendre et à garder en avant. Si ne veoient nul apparant de comfort de nul costé, siques, tout examinet et consideré le bien et le mal, il se rendirent et rechurent le comte de Montfort à seigneur et à souverain. Et entra li dis comtes en le ville et ou castiel d’Auroy à grant solempnité, et li fissent tout feaulté et houmage.

Quant il eut pris le possession dou castiel et de toutte le terre, il eut consseil qu’il se trairoit devant le bonne ville de Jugon à touttes ses hos, et pria affectueusement à monseigneur Jehan Cambdos qu’il volsist demourer avoecq lui; car de son consseil et de sen ayde avoit il grant mestier. Messires Jehans Camdos li otria, et ossi fissent tout li Englès pour l’amour de lui. Si s’en vinrent li comtes de Montfort et touttes ses hos devant Jugon et l’environnèrent tout autour, et dissent qu’il ne s’en partiroit, si l’aroient. Et ordonnèrent li seigneur d’Engleterre qu’il ne ranchonneroient nuls de leurs prisonniers jusques à tant que leur guerre seroit achievée. Si furent envoiiet messires Bertran de Claiequin, li comtes d’Auchoire, li comtes de Joni, li sirez de Rays, li sires de Rieus, li sirez de Tournemine et bien soissante chevaliers tous prisounniers, à monseigneur Jehan Camdos et à ses gens, en Poito, et espars en pluisseurs lieux, les ungs à Plasac, les autres à Niort, les autres à Pons ou à Saintes ou à Lusegnon ou en le Rocelle ou à Saint Jehan l’Angelier. Enssi fissent tout li autre de leurs prisonniers, mes il leur faisoient courtoise prison et les recreoient sus leurs fois bellement sans tenir enfremés, ne loiier en fers ne en buies, et toudis se tenoit li sièges devant Jugon.

Quant chil de Jugon virent le puissanche et l’effort dou comte de Montfort et que nul ayde ne leur apparoit, si n’eurent mies consseil d’iaux longement tenir, mès se rendirent, et tinrent le dit comte à seigneur et li fissent feaulté et hoummaige. Si entra li dis comtez en le [ville de Jugon] et souverains: enssi se faisoit il noummer et escripre. Et remua tous offisciiers et y mist gens à sen ordounnanche, et puis se parti de Jugon. Quant il s’i furent rafresci environ cinq jours, il s’en vinrent devant le bonne ville de Dignant. Là mist il grant siège et qui dura bien avant en l’ivier, car la ville est forte et estoit adonc bien garnie. Et ossi li dus d’Ango leur mandoit qu’il les recomforteroit sans faulte. Ceste esperanche les fist tenir moult longement et endurer et souffrir tamaint assault. Finablement, quant il virent qu’il n’aroient point de secours et que leurs pourveanches amenrissoient, il se composèrent et acordèrent as tretiés dou comte de Montfort. Et se rendirent par composition que, se dedens deux mois en avant, plus fors de lui apparoit en Bretaigne, qui le boutast huers par forche d’armes ou autrement, de le partie monseigneur Carlon de Blois à qui il avoient fait feaulté et houmaige, il estoient quitte et absols de leur tretiet; autrement, les deux mois acomplis, il le tenoient à duch et à seigneur.

Li comtes de Montfort leur acorda vollentiers, et envoiea douze hommes de le ville de Dignant, tous des plus riches, qui furent cran et hostaiges pour aemplir ces couvens, en le cité de Vennes, et puis chevaucha avant et vint droit devant le ville et le cité de Campercorrentin. Et i ariva toutte sen host où il avoit plus de quinze mil hommes, et tous les jours li croissoient gens qui li venoient d’Engleterre et d’autres pays, qui queroient et demandoient les armes, et il ne les savoient bonnement où avoir fors en Bretaingne. Enssi asega li comtes de Montfort le chité de Campercorrentin, qui est moult belle et mout forte. Et y avoit adonc très bonne gens et qui bien s’aquitèrent de le garder, car li sièges y fu mout longement, et petit y fissent de leur prouffit, tant qu’il y sissent, en assallant et en escarmuchant chiaux de dedens. Fos 137 vº et 138.

P. 175, l. 10: Auroy.—Ms. A 17: le fort chasteau d’Auroy que le vaillant roy Artur fit faire et fonder jadis. Fº 328.

P. 175, l. 13: de le Sauternèle.—Mss. A 6, 8, 15 à 17: de Sautemelle.

P. 175, l. 14: et toute le fleur.—Ms. B 6: et plus de quarante. Fº 650.

P. 175, l. 24: le.—Le ms. A 17 ajoute: belle.

P. 175, l. 30: vinrent.—Mss. A: vint.

P. 176, l. 1: trois.—Ms. A 15: quatre. Fº 286.

P. 176, l. 6: herriier.—Mss. A 15 à 17: harier.

P. 176, l. 11: chemina.—Mss. A: chevaucha.

P. 176, l. 11 et 12: Dignant.—Mss. A 15 à 17: Dinan.

P. 176, l. 14 à 16: li dus... faire.—Ms. A 17: le duc Charles de Blois si leur avoit moult bien dit que ilz se tenissent ainsi comme bonnes gens devoient faire.

P. 176, l. 16 et 17: conforteroit.—Ms. A 17 ajoute: tantost.

P. 176, l. 17: fist.—Le ms. A 17 ajoute: longuement.

P. 177, l. 4: nesun.—Mss. A: nul.

P. 177, l. 10: le pays de Bretagne.—Ms. A 15: le bon pais de Bretaingne.—Ms. A 17: tout le demourant du bon pais de Bretaingne.

§ 544. Entrues.—Ms. d’Amiens: Or avint enssi, entroes que on seoit devant Campercorrentin, que li roys de Franche avoit eus pluisseurs conssaux, pourpos et ymaginations depuis le bataille d’Auroy et le mort son cousin monseigneur Carle de Blois, je vous diray sus quel estat. Li conssaux dou roy de Franche regardoient que li comtez de Montfort avoit mort et desconffit celi qui se tenoit et escripsoit dus de Bretaingne, et que tous li pays avoit ossi ou li plus et tenoit à seigneur, et avoecq lui tous les barons, chevaliers et escuiers de Bretaingne, et estoit maintenant durement fors ens ou pays, car il avoit l’acord et l’ayde des Englès qui lui faisoient sa guerre, et prendoit villes, chités et castiaux en Bretaingne, et estoit bien tailliés dou prendre, car nulx n’aloit au devant: lesquelles villes, chités et castiaux vorroit tenir par concquès et mettre hors du demainne, ressort et hoummaige de Franche. Dont, pour ce peril escieuwer, il fu regardé et avisé en Franche et remoustré au roy Carle finablement qu’il n’avoit que faire de gueriier contre le comte de Montfort pour la duché de Bretaingne, ne de perdre le serviche et l’oummaige d’un si grant pays comme Bretaingne est; car telle estoit li entention dou comte de Montfort que, se il le conqueroit par forche, il le voroit tenir à tousjours mès sans houmage et sans resort. Ossi il avoit et tenoit bonne pais au roy d’Engleterre: si ne pooit y estre que haynne, mautalens et dissentions ne s’esmeuissent entre leurs gens, ens en cas que chacuns voroit faire partie pour son amy, enssi que devant avoit esté; et, se fortune avoit comforté et eslevet le comte de Montfort, on li souffresist.

Si furent tretiet de pès mis avant, et regardé quelx gens s’en ensonnieroient. Or m’est advis que li arcevesques de Rains, li sires de Craan et messires Boucicaux, marescaux de Franche, en furent cargiet de par le roy et le consseil de Franche. Et vinrent chil seigneur en Bretaingne deviers le comte de Montfort, monseigneur Jehan Camdos et les autres de son consseil, qui se tenoient à siège devant Campercorrentin, et li remoustrèrent bellement et sagement sus quel estat li roys de France les envoyeoit là et coumment c’estoit li vollentés dou roy de Franche que li comtes de Montfort demourast dus de Bretaingne à perpetuelité, parmi tant qu’il le tenist en foy et en hoummage dou dit roy, enssi que li autre duc en avant l’ont tenu de le courounne de Franche. Avoecq tout ce, messires Oliviers de Clichon devoit ravoir toutte se terre entierement, et tout chil qui de l’acort le comte de Montfort avoient esté, et leur estoient pardounné tout mautalent. Chilx tretiés se coummencha à entamer, mès il ne fu mies si tost conclus, quoyque li comtez de Montfort y entendesist vollentiers; car il avoit si grans alianches au roy englès, qu’il n’en vot riens faire sans son acord, et lui segnefia tout l’estat dou tretiet, et li envoiea par deux de ses chevaliers où il avoit moult grant fianche. Quant li roys d’Engleterre l’entendi, se s’i acorda assés legierement et le loa bien au comte de Montfort qu’il le fesist. Se retournèrent li chevalier qui envoieyet avoient estet en Engleterre, et dissent à leur seigneur tout ce que li roys englès en avoit respondut.

Si fu assés tost apriès li pais acordée et confremmée devant Campercorrentin. Et entra li comtes de Montfort en le ditte chité comme dus, et fu en avant tenus et noummés dus de Bretaingne, et rechupt les fois et les hoummaiges des gentils hommes de Bretaingne, barons, chevaliers et escuiers, et de toutte la ducé entirement. Et s’en parti la femme monseigneur Carle de Blois et vint à Paris, et eut, par l’ordounnanche de le pès environ vingt mil florins bien assignés par an en Bretaingne, une comté et terre c’on dist de Pentèvre. Et dubt, avoecques tout chou, li comtes de Montfort mettre grant painne à le delivrance de ses cousins, les enfans monseigneur Carle de Blois, qui estoient prisonnier en Engleterre. Et, se li comtes de Montfort, noumés dus de Bretaingne, moroit sans avoir hoir de loial mariaige, la duché devoit retourner as hoirs monseigneur Carlon de Blois. Enssi vint li comtes Jehans de Montfort à l’iretaige de Bretaingne pour quoy il avoit tant gueriiet, et li comtes ses pères et madamme sa mère et messires [Oliviers] de Clichon ossi. Et tout li autre chevalier et escuier ossi qui avoient estet de son acord, tout leur fu rendu et restitué, et encorres grans nombre d’argens pour leur arrierages. Fº 138.

P. 177, l. 12 et 13: abstraint.—Ms. A 8: estraindi. Fº 251 vº.—Mss. A 15 à 17: contraingnit, contraingnoit.

P. 177, l. 28: taions.—Mss. A 8, 15 à 17: ayeul.

P. 178, l. 22: moiiens.—Mss. A: messages.

P. 181, l. 1: laiier.—Mss. A 8, 15 à 17: laissier.

P. 181, l. 16: de.—Le ms. A 17 ajoute: la noble conté de.

P. 181, l. 17: frans.—Ms. B 6: florins. Fº 656.

§ 545. Avoech.—Ms. d’Amiens: Assés tost apriès, se maria li dus de Bretaingne à l’ainnée fille madamme la princesse de Galles, que elle avoit eue de monseigneur Thummas de Hollandes.

Si se coummenchièrent li baron, li chevalier et li escuier, qui avoient estet pris à le bataille d’Auroy, à ranchounner et a yaulx delivrer petit à petit; mès messires Bertrans de Claiequin ne le fu mies si trestost, car on lui demandoit plus de cent mille frans. Toutteffois, quant il se mist à finanche, messires Jehans Camdos en eult cent mille tous appareilliés.

Encorres avint, en cel yvier que li paix de Bretaingne fu ordonné[e] et confremmée, de quoy tous li pays looit Dieu à jointes mains, car il avoient eu et porté le guerre le tierme de vingt trois ans continuelx, que li roynne Jehanne, ante au roy de Navare, et li roynne Blanche, soer au dit roy, et li captaus de Beus, qui estoit prisounniers à Paris, enssi que vous savés, avoecq aucuns bons seigneurs de Franche, s’ensonniièrent de le pais entre le roy de Franche et le roy de Navare. Si fu tant pourparlée et demenée que elle se fist. Et fu li captaus de Beus quittes de se prison, et demourèrent au roy de Franche Mantes et Meulent. Si eut li rois de Navarre, par le composition de le pais, soissante mil francs, et messires Loeys de Navarre, quarante mil, pour aucuns castiaux qu’il avoit en Normendie, qu’il vendi et rendi au roy de Franche. Et se parti assés tost apriès pour aller ent à Naples et pour espouser le fille à le roynne de Napples. Si se mist li dis messires Loeis de Navare hors dou royaumme de Franche en grant aroy, mès il mourut sus le voiaige. Dieux en ait l’ame, car il fu moult gentil et courtois chevaliers. Fº 138.

P. 182, l. 23: Nemouses.—Mss. A: Nemox, Nemoux.

P. 183, l. 6: virgonda.—Ms. A 8: vergoingna. Fº 262 vº.

P. 183, l. 9: chevalier.—Mss. A 8, 15 à 17: escuier.

P. 183, l. 14: li rois.—Le ms. A 17 ajoute: de France.

P. 183, l. 14 et 15: aultres chastiaus en Normendie.—Ms. B 6: aultres hiretaiges et le baronnie de Montpellier qui depuis luy fu retollue. Fº 657.

P. 183, l. 19: France.—Le ms. A 17 ajoute: son cousin.

P. 183, l. 20: florins.—Mss. A: frans.

P. 183, l. 22: dame.—Mss. A: royne.

P. 183, l. 23: pechiés.—Mss. A: deffautes.

P. 183, l. 23: car.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: il fut moult vaillant homme d’armes à son temps et. Ms. A 17, fº 331.

P. 183, l. 23: moult.—Le ms. A 15 ajoute: vaillant et.

P. 183, l. 16 à 23: En ce temps... chevaliers.—Ms. B 6: En che tamps, fu fait le mariaige du jonne sire de Couchy [avecques madame Ysabel, fille au roy Edouart], et fu quite de sa foy et de se prison et s’en alla en chelle année en Pruse, et l’esté après il retourna en Engleterre et espousa ens ou castiel de Windesore la dessus dite damme. Sy vous dy que as noches il y eult grant feste et grant solempnité. Fº 657.

§ 546. En ce temps.—Ms. d’Amiens: En ce temps estoient les Compaignies si grandes en Franche que on ne savoit que faire; car les guerres dou roy de Navarre et de Bretaingne estoient fallies. Si avoient apris chil compaignon qui poursieuwoient les armes, à pillier et à vivre d’avantaige sus le plat pays, et ne s’en pooient ne volloient detenir ne astenir. Et tous leurs retours estoient en Franche, car il n’osoient demorer en la duché d’Acquittainne, la terre dou prinche, ne on ne leur euist mies souffert.

Et ossi li plus grant partie des cappitainnes estoient gascon et englès, homme tenant dou roy d’Engleterre et dou prinche. De quoy li roys de Franche et tous li royaummes se contentoit mal. Et si ne le pooient autrement amender, car ces Compaignes estoient si fort et si esrami de mal faire, que on ne savoit auquel entendre, pour yaux bouter hors dou royaumme de Franche. Fº 138 vº.

P. 184, l. 12: Nequedent.—Mss. A 8, 15 à 17: Neantmoins.

P. 184, l. 13: ensus.—Mss. A 8, 15 à 17: arrière.

P. 184, l. 19: un.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: vaillant.

P. 184, l. 20 et 21: ensonniiés.—Mss. A 8, 15 à 17: embesoigniez.

P. 184, l. 28: assentir.—Mss. A 8, 15 à 17: consentir.

§ 547. Quant li papes.—Ms. d’Amiens: Si regardèrent li papes et li cardinal qu’il y avoit ung roy en Espaigne qui s’appeloit damps Pierres, plains de mervilleuses oppinions, et estoit durement rebelles as coummandemens et ordounnanches de l’Eglise et volloit sousmettre tous ses voisins crestiens, especialement le roy d’Arragon, qui estoit bons et catoliques, et li avoit tolut grant partie de se terre. Avoecq tout chou, chils roys dans Pierres d’Espaingne avoit trois frerres bastars dou bon roy Alphons, qui fu si vaillans homs, dont li uns avoit nom Henris; li secons, dan Tilles; et li tiers, Sanssez. Chils roys Pierres les hayoit durement et ne les pooit veoir dallés lui, mès vollentiers par pluiseurs fois les ewist mis à fin et decollés, se il les ewist tenus. Si estoient il moult grant gentilhomme de par leur mère, mieux de par leur père. Et avoit mis chilx roys Pierres leur mère à mort diviersement et sans cause: dont moult desplaisoit as enffans et à pluisseurs haus barons et chevaliers de leur linage et dou royaumme de Castille. Et estoit si crueux et si plains d’oreur et d’austereté, que tout si homme le cremoient et resongnoient et le hayoient, se moustrer il l’osassent. Et avoit, si comme famme couroit, fait morir une très bonne damme qu’il avoit eue à femme, fille au duc Pierre de Bourbon qui demoura à Poitiers, et sereur à le roynne de Franche et as autrez: celles de Savoie, de Halcourt et de Labreth, dont moult il depslaisoit à tous le linage de le damme, qui est uns des plus nobles dou monde.

Encorres couroit famme sus ce roy d’Espaingne, de ses gens meysmes, que il s’estoit amiablement composés au roy de Grenade et au roy de Bellemarine, qui estoient ennemy de Dieu et incredule. Et se doubtoient ses gens que il ne fesist aucuns griefs et molestés en son pays et ne violast les eglises, car ja retolloit et prendoit les biens de l’Eglise et constraindoit les prelas et les varlès de Dieu par mannierre de tirandise. Dont, quant li papes et li collèges de Romme oïrent ces complaintes et furent enssi enfourmé sour lui, si ne le veurent mies conssentir, que trop grant meschief n’en avenist. Si fu, à le requeste de ses frerres et des nobles de son pays, amonesté qu’il venist en court de Romme, pour lui laver de ses pechiés et excuzer de ses oribles fais dont il estoit amis. Mès il, comme orgilleus et presumsieux, n’y daigna ne vot venir, mès persevera toudis en son peciés. Si fu publicquement excumeniiés en court de Romme comme incredules, et mist li Sains Pères tout le royaumme d’Espagne en le main de Henry, frère bastart à ce roy Pière, et le legitima à tenir royaumme et hiretaige, et li proummist grandement à lui aidier. Ossi fist li roys de Franche, qui moult amoit che Henri; car il l’avoit toudis vollentiers servi loyaument en ses guerres, par terre et par mer.

Si fu en ce tamps mandés li roys Pières d’Arragon en Avignon, et li fu remoustret en quel vollenté on estoit de confondre et exilier che roy dan Pière d’Espaigne, qu’il rebutoient pour bougre et mauvais crestiien. Li roys d’Arragon y entendi vollentiers, car il le haioit durement, et offri à ouvrir son pays et tous les destrois d’Arragon pour entrer en Espaingne sans dangier. Ceste offre rechuprent en grant gré li Eglise et Henris li Bastars d’Espaingne. Si fu adonc regardé et advisé, pour mettre hors les Compaignes dou royaumme de Franche, que on y aideroit à delivrer monseigneur Bertran de Claiequin. Chils avoit bien tous les Bretons de son acord et les menroit là où il voroit. Et li comtes Jehans de le Marche, filz jadis à ce gentil chevalier monseigneur Jaquemon de Bourbon, se feroit ungs grans chiés en ce voiaige, pour contrevengier le mort de se cousine germainne la roynne d’Espaingne, que li roys Pières, si comme fammes couroit, avoit estainte et fait morir. Et ossi messires Anthonnes, sirez de Biaugeu, uns moult appers chevaliers et assés grans sires, s’en feroit chiés avoecques les deux dessus dis. Adonc fu traitie li redemption de monseigneur Bertran de Claiequin, et fu ranchounnés à cent mil frans. Et en paiièrent li pappes et li collèges, li roys de Franche et Henris li Bastars qui s’appelloit adonc comtes d’Esturges, chacun se part. Si fu ossi chilx voiaiges segnefiiés à monseigneur Jehan Camdos, et en fu grandement priiés qu’il en volsist y estre l’un des chiés; mès il s’escuza et n’y vot mies adonc aller.

Si en furent priiet et mandet aucun bon chevalier dou prinche, dont li aucun y alèrent et li autre s’escusèrent. Toutteffois, messires Ustasses d’Aubrecicourt, messires Hues [de] Cavrelée, messires Gautiers Huet, messires Robers Ceni et messires Perducas de Labret s’i acordèrent à aller. Et furent adonc mandet touttes les capitainnes des Compaignes, c’est assavoir: Briqet, Carsuelle, Naudon de Bagerant, Aimmenon de l’Ortige, Ouri l’Alemant, Batillier, Espiote, le bourch Kamus, le bourc de Bretuel, le bourc de Lespare et pluisseurs autres qui vinrent en Auvignon. Et furent si bien prechiet et tant priiet qu’il s’acordèrent à aller en ce voiaige et amener avoecq yaux touttes leurs routtez, où il avoit plus de trente mil hommes, parmy grant argent qu’il eurent et que Henris ossi leur proummist, se il pooit venir à sen entente et qu’il fust roys de Castille. Adonc, quant tout fu acordé, ces cappittainnes, pour encoulourer et enbellir leur guerre, envoiièrent de par yaulx tous certains messaiges deviers le roy dan Pière d’Espaingne, que il volsist ouvrir les pas de son royaumme et aministrer vivrez et pourveancez as pelerins de Dieu qui avoient empris et par devotion d’entrer et aller en Grenade sur les incredullez. Quant li roys dams Pières oy les nouvelles, si n’en fist que rire et respondi qu’il n’en feroit riens.

Dont s’esmurent cil seigneur, ces gens d’armes et touttes ces Compaignes environ le Toussains l’an mil trois cens soissante cinq. Et se dubrent tout trouver à Montpellier, à Besiers et à Nerbonne et sus le pays de Franche là environ qui leur estoit ouvers et appareilliés. Et passèrent petit à petit le royaumme de Franche et parmy Parpegnant, qui est la première chité dou royaumme d’Aragon, et partout trouvoient il vivres à grant fuison. Si en avoient pour leurs deniers grant marchié; mès les routtes de Compaignes ne se pooient tenir de toudis pillier et rober, car il n’avoient point apris à paiier leurs menus frès par les hostelx où il logoient. Si fissent mout de maux partout où il converssoient. Tant esploitièrent cil seigneur de Franche: premierement messires Jehans de le Marche, fils qui fu à monseigneur Jaque de Bourbon, messires Bertrans de Claiequin, li sires de Biaugeu, messires Ernoulx d’Audrehen, li Bèghes de Vellainnes, messires Jehans de Noefville, li Bèghes de Villers, li Alemans de Saint Venant, messires Gauvains de Bailloel, messires Jehans de Bergettes et pluisseur autre bon chevalier et escuier de Franche, de Bourgoingne, d’Artois et de Picardie; et de le prinçauté: messires Ustasses d’Aubrecicourt, messires Mahieux de Gournay, messires Hues de Cavrelée, messires Jehans de Brues, messires Robers Ceni et tout cil qui conduisoient les Compaignes, qui passèrent tout le royaume d’Arragon et les pors outre Arragon et le grosse aige qui depart Castille et Arragon, et reconquisent toutte le terre que li roys dans Pières de Castille avoit de jadis concquis sus le royaumme d’Aragon.

Quant li roys d’Espaingne entendi ces nouvelles, que Franchois, Englès, Gascon et Breton estoient entré en son pays si efforceement que riens ne duroit devant yaux, si en fu durement courouchiez, et dist qu’il y meteroit remède et en chaceroit hors tous chiaux qui entré y estoient. Si fist ung moult grant mandement par tout son royaumme; mès il estoit si hays des frans et des villains que trop peu de gens y obeirent. Encorres plus avant, quant il dubt chevauchier contre ses ennemis, il trouva que tout le relenquirent et se traissent deviers le bastart son frère Henri, et le couvint partir et fuir à virgongne, ou il ewist estet pris à mains, et s’en vint à Seville, le milleur chité de toutte Espaingne. Quant il y fu venus, il ne se senti mies trop asseur, mès fist toursser et mettre en nefs et en kalans tout son grant tresor qu’il avoit de lonch tamps là assamblé, et mist ens ès nefs sa femme et ses enfans, et se parti à privée mesnée, tous desbaretez et descomfortés, avoecques lui un grant baron d’Espaigne qui oncques ne se vot desloyauter enviers lui, que on appelloit dan Ferrant de Castres, sage chevalier et hardi durement. Si ariva enssi li roys dans Pières, à privée mesnée et comme ungs hommes desconfis et desbaretés, en Galisse, à ung port c’on dist le Caloigne, où il y a fort castiel durement. Si se bouta laiens à sauveté, son tresor, sa femme et ses enffans et dan Ferrant de Castres tant seullement avoecques lui. Or vous dirons de Henry son frère, qui entrés estoit en Espaigne à tout grant puissanche, coumment il persevera. Fos 138 vº et 139.

P. 185, l. 6: mouteplioient.—Mss. A: multiplioient.

P. 185, l. 9: un.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: mauvais.

P. 185, l. 10: opinions.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: faulses et mauvèses.

P. 185, l. 12: sousmettre.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: et subjuguer.

P. 185, l. 14: estoit.—Le ms. A 17 ajoute: moult vaillant prince et.

P. 185, l. 17: cilz.—Le ms. A 17 ajoute: mauvais.

P. 185, l. 21: Sanses.—Le ms. A 17 ajoute: ou Sanson.

P. 185, l. 25: dou.—Le ms. A 17 ajoute: vaillant.

P. 185, l. 25: très.—Mss. A 8, 15 à 17: dès.

P. 186, l. 4: fames.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: et commune renommée.

P. 186, l. 9: de austerité.—Mss. A 8, 15 à 17: d’auctorité. Ms. A 17, fº 332 vº.

P. 186, l. 10: cremoient.—Mss. A 8, 15: doubtoient. Fº 263 vº.—Ms. A 17: craingnoient.

P. 186, l. 21: Tramesainnes.—Ms. A 8: Tresmesaines.

P. 186, l. 25: prelas.—Les mss. A ajoutent: de sainte eglise.—Le ms. B 6 ajoute: car il tenoit que evesques, que prelas, que abbés, plus de six vingt prisonniers. Fº 658.

P. 187, l. 5: amis.—Mss. A 8, 15: encoulpez.—Ms. A 17: à court encoulpez.

P. 187, l. 14: concitore.—Mss. A: consistoire.

P. 187, l. 23: de bouche de.—Mss. A 15 à 17: debouté du.

P. 188, l. 3: li Bastars.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: de Castelle.

P. 188, l. 4: delivrance.—Ms. B 6 ajoute: il s’en ala en Avignon, et là ly fu remoustré quelle cose il avoit à faire: se s’y acorda legierement et vollentiers. Fº 660.

P. 188, l. 14: si y alèrent... dou prince.—Ms. B 6: encore revinrent à ches gens d’armes grant confort de la terre du prinche, plus de trois cens lanches. Fº 663.

P. 188, l. 17: Huet.—Le ms. B 6 ajoute: messire Hues de Hastinghes, messire Gaillars Vighier et Gaillart de le Mote, messire Robert Cheni, messire Robert Brickés et Jehan Carsuelle, Bernart de le Salle, David Hollegrave et moult d’autres bonnes gens. Sy se trouvèrent en la chité de Nerbonne et là environ. Sy passèrent oultre devers Parpignant, le première chité à che costé du roialme d’Aragon. Fº 663.

P. 188, l. 20: le Marce.—Le ms. A 15 ajoute: avoit adonc assez pou veu et.—Le ms. B 6 ajoute: aisnés filz de jadis de monsigneur Jacques de Bourbon. Fº 661.

P. 188, l. 29: Villers.—Mss. A: Villiers.

P. 189, l. 5: nommer.—Le ms. B 6 ajoute: Tous les Bretons estoient avecques messire Bertran de Claikin. Là estoient messire Olivier de Mauny, messire Jehans de Malatrait, Pierres d’Ansenis, Guillames du Bruel, Aliet de Thalay et Thiebaut du Pont. Fº 661.

P. 189, l. 12 à 16: messires Robers Briquet... Perrot de Savoie.—Le ms. B 6 ajoute: messire Perducas de Labreth, Richars Tanton,... le sire d’Aubeterre, Guiot dou Pin et Perrot de Bray.

P. 189, l. 13: Carsuelle.—Mss. A 15 à 17: Cressuelle.

P. 189, l. 13: Lamit.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: Maleterre, breton. Fº 289 vº.—Le ms. A 17 ajoute: de Saint Melair. Fº 333 vº.

P. 189, l. 15: Batillier.—Mss. A 15 à 17: Bataillié, breton.

P. 189, l. 15: Espiote.—Mss. A 15 à 17: Lespiote.

P. 190, l. 10 et 11: et se hastèrent... peurent.—Ms. B 6: sy se commenchèrent à esmouvoir environ Noel et à prendre le chemin devers Parpignant et Arragon. Fº 662.

P. 190, l. 19: de force.—Ms. B 6: Tant esploitèrent ches gens d’armes, qui bien estoient quarante mille, que il passèrent à Vallenche le Grant.

P. 190, l. 30 et 31: Bourghegnon.—Le ms. B 6 ajoute: Thiois, Flament, Gascon et gens de toutes nations. Fº 664.

P. 191, l. 14: Henri.—Le ms. B 6 ajoute: et l’avoient couronné roy en le chité de Burges. Fº 665.

P. 191, l. 20: la milleur cité.—Ms. B 6: la darenière et le plus lontaigne [ville] de son royalme. Fº 664.

P. 191, l. 22: calans.—Mss. A 8, 15 à 17: coffres. Fº 265.

P. 191, l. 22: tresor.—Le ms. B 6 ajoute: mais il en perdy plus trois fois qu’il n’en peuist rassambler, car il avoit son grant tresor en pluiseurs villes et castiaulx parmi le royalme de Castille. Fº 664.

P. 191, l. 25: homs.—Mss. A 15 à 17: chevalier.

P. 191, l. 27: durement.—Le ms. B 6 ajoute: Et entrues concquist le roy Henry à pau de fait tout le royalme de Castille et le royalme d’Espaigne, de Lion, de Toullette, de Corduan et de Seville, et devinrent tous si homme et ly jurèrent foy et obeisanche à tousjours mais. Fº 665.

P. 192, l. 1: comment.—Le ms. A 15 ajoute: comment il se maintint et comment il persevera après. Fº 290.

§ 548. Ensi que.—Ms. d’Amiens: Enssi que j’ay dit devant, chilx roys dans Pières estoit si hays par tout le royaume de Castille que, si tost que li comte, li baron et li chevalier virent Henri, son frère, là venir à tout si grant puissanche, tout se traissent par deviers lui et le rechuprent à seigneur, et chevaucièrent par tout avoecq lui, et fissent ouvrir chités, villes, bours et castiaux et touttes mannierres de gens faire hoummaiges et criier: «Vive Henri, et muire dans Pières qui nous a esté si cruels et si pervers!» Et amenèrent li seigneur d’Espaingne le dit bastart Henry, c’est assavoir: messires Gomès Garille, li grans maistrez de Caletrave et li maistrez de Saint Jaqueme, à Asturghes, et le couronnèrent à roy et li fissent tout feaulté et hoummaige, et le tinrent à seigneur, et li jurèrent, present les chevaliers de Franche et d’Engleterre, que jammais il ne li fauroient, ne pour à morir ne le relenquiroient. Fº 139.

P. 192, l. 5: en cor.—Mss. A 8, 15 à 17: en chief.

P. 192, l. 17: hausters.—Ms. A 8: mal. Fº 265.—Ms. A 15: et nous a fait tant de maulx.—Ms. A 17: très mauvais.

P. 192, l. 26: morroient.—Le ms. A 17 ajoute: et vivroient avecques lui.

P. 193, l. 5: Bretons.—Le ms. A 17 ajoute: Picars et Bourgongnons. Fº 335.

§ 549. Quant li rois.—Ms. d’Amiens: Si se tinrent en Asturges environ quinze jours. Et puis chevaucièrent viers Burs, qui s’ouvri tantost contre le roy Henri, et puis s’en allèrent viers Seville. Mais il s’adrecièrent parmy le royaumme de Portingal, conquerant villes, chités et castiaux, ne nus ne se tenoit contre yaux, car il estoient plus de soissante mil hommes, tous armés et bien montés. Et avoient bien entention ces gens, mès que il ewissent soubmis le royaume de Castille en le vollenté dou roy Henri, que de passer oultre et aller ou royaumme de Grenade et de Bellemarine, et moult s’en doubtoient li Sarrazin et li royaummes de Tramesainnes.

Entroes que li roys Henris chevauchoit parmy Castille et concqueroit tout le pays par le puissanche des bonnes gens d’armes qu’il avoit amenés, dont messires Jehans de Bourbon, comtez de le Marche, messires Bertrans de Claiequin, li sires de Biaugeu, messires Ernouls d’Audrehen, li sires de Cavrelée, messires Ustasses d’Aubrecicourt estoient chief avoecq chiaux des Compaignes, li rois dans Pierres qui se tenoit à le Caloigne sus mer ou royaumme de Galisse, tous esbahis et desconfortés, s’avisa, par l’enort de son chevalier Ferrant de Castres, qu’il envoieroit lettrez et messages deviers son cousin le prinche de Galles, qui se tenoit en le duché d’Acquitainne, en lui segnefiant et priant que, pour Dieu, par aumone et par pité et ossi par linage, il le volsist aidier et conforter contre son frère le bastart et les mauvais traïteurs de son royaumme d’Espaingne qui l’avoient deshiretet. Ces lettrez furent mout humblement et piteusement escriptes et envoiiées deviers le prinche de Galles, qui se tenoit à Bourdiaux. Quant li prinches vit les messages qui li presentèrent en jenoulx les lettres de par son cousin le roy d’Espaingne, il les fist lever et les rechupt mout doucement, et puis ouvri les lettres et les lisi, de chief en cor, pour mieux entendre, par trois fois.

Quant il eut ces lettres bien leuwes et entendues, il appella monseigneur Jehan Camdos et monseigneur Thumas de Felleton. Chil estoient compaignon et de son consseil li plus secret. Si leur lisi de rechief les lettres et leur en demanda consseil. Adonc chil doi chevalier, qui mout estoient sage et vaillant homme, regardèrent l’un l’autre sans mot dire, et li prinches les rappella et pria qu’il l’en volsissent conssillier. Lors respondi messires Jehans Candos et dist: «Monseigneur, qui trop embrache mal estraint. Il est bien voirs que vous estes li uns des prinches du monde li plus prisiés, li plus doubtez et li plus honnourés, et tenés par dechà le mer grant seignourie et noble hiretaige, Dieu merchi, bien et en pais; ne il n’est nuls roys, tant soit puissans, qui vous osast courouchier, tant estes vous renommés de bonne chevalerie, de grace et de fortunne: si vous deveroit par raison souffire ce que vous avés et non acquerre nul ennemy. Il est bien voirs que chils roys dans Pières de Castille, qui maintenant est boutés hors de son royaumme, a esté tousjours ungs rois crueux et hausters et plains de mervilleuses senvelles, et par lui ont estet fait et eslevé tamaint mal en son royaumme, et tamains gentilz hommes decollés et mors sans raison, pourquoy il s’en troeuve ores decheus. Avoecq tout ce, il est ennemis à l’Eglise et excumeniiés dou Saint Père, et est reputés comme ungs tirans. Si vous pri, monseigneur, voeilliés le laissier couvenir et hostés ent vostre argu, et emploiiés le ailleurs, car en cesti ne voi ge pas de raisonnable emprise pour vous: autrement je ne vous saroie consillier.»

Quant li prinches de Galles eut oy monseigneur Jehan Camdos enssi parler, si crolla le chief et dist: «Camdos, Camdos, j’ay bien veu le tamps, fust à tort, fust à droit, que vous m’ewissiés autrement conssilliet.» Adonc se retourna il deviers monseigneur Thummas de Felleton et li demanda: «Messire Thummas, et vous, qu’en dittes?» Adonc fu messires Thummas de Felleton, qui estoit grans senescaux d’Acquittainne, tous honteux, et ne vot mies desdire Camdos, ne ossi courouchier le prinche oultre se vollenté; si respondi bien et à point et dist: «Monseigneur, vos coers est si grans et si nobles, qu’il ne tent fors à toutte honneur et à haute parfection. Et ceste emprise dont vous nos mouvés maintenant, est si grande et si noble que, se nous tant seullement le vous conssillons et acordions à faire, espoir ne seroit ce mei li acors dou roy d’Engleterre, vostre père, ne de son consseil, ne li acors ne li conssaux des barons et des chevaliers d’Acquittainne. Si voeilliés ces coses mettre en souffranche et mander le comte d’Ermignach, le seigneur de Labreth, le seigneur de Pummiers, le seigneur de Lespare, cesti de Courton, cesti de la Barde, le comte de Pierregorch et les barons de Gascoingne, qui sont vo feable chevalier, par lesquelx il appertient assés que ceste cose soit demenée, et seloncq ce qu’il vous consseilleront, vous ouverés.»—«En nom Dieu, respondi li prinches, enssi sera fait.» Si fu ordonné de par le prinche d’escripre et de mander tous les barons et les saiges [hommes] de la duché d’Acquitainne, et de y estre à Bourdiaux dedens un jour qui y fu mis, et furent tenu li messagier dou roy d’Espaigne tout aise, et leur fu respondu qu’il ne pooient avoir responsce.

A che consseil, qui fu assignés en le bonne chité de Bourdiaux, vinrent tout li comte, li viscomte, li baron et li sage chevalier d’Acquittainne, tant de Poito, de Saintonge comme de Gascoingne. Là eult grant consseil et grant parlement. Et là remoustra li prinches, qui fu moult sages chevaliers et bien enlangagiés, coumment li rois d’Espaigne li prioit et requeroit, pour Dieu et par pité, qu’il le volsist conforter contre son frère le bastart, qui l’avoit deshireté. Or dist li prinches de Galles là plus avant, en coulourant les besoingnes dou roy dan Pière, car il dist enssi: «Biau seigneur, il est bien voirs que tout roy et enfant de roy doient legierement descendre à tels priières, ou kas qu’il en sont priiés et requis; car c’est contre droit et raison d’un bastart courounner et tenir terre et royaumme, et que nuls sirez ne s’i devoit assentir, et qui le fait ou a fait, il erre maisement. Et est tout vray, dist li prinches, que monseigneur mon père et li roys dans Pières ont certainnes aloieanches et confirmations enssamble, pour quoy nous y sommes mout tenu à adrechier et ce roy deshireté conssillier. Si vous pri que vous en voeilliés dire vostre entente, car nous avons bonne vollenté de lui aidier, se nous le veons ne trouvons en vous.»

Adonc respondi li comtes d’Ermignach, qui estoit li plus grans de toutte Gascoingne et dist: «Monseigneur, nous ne voulions mie ne poons, se il plaist à Dieu, vostre bon pourpos brisier ne estaindre; et moult honnourablement vous nous moustrés et parlés de cesti voiaige. Si consseille, mès que ce soit li acors et li conssaux des barons qui sont chy, que vous envoiiés querre le roy dant Pière par aucuns de vos chevaliers, à le Caloigne là où il se tient, et, lui venu deviers vous, si nous remandés: nous orons et verons quel cose il volra dire, ossi toutte vostre bonne vollenté et la besoingne enssi que elle se porte. Maintenant, voeilliés le escripre et cargier à deux ou trois chevaliers de vostre consseil, qui s’en voissent en Engleterre et qui le remoustrent au roy vostre père et à son consseil. Si sarons qu’il en voront respondre; car, monseigneur, qui voelt emprendre un si grant fait que d’un roy couronnet deshireter, et [un roy] hay et escachiet de ses hommes remettre par force en son pays, et en si grant royaumme comme celi d’Espaigne, et bouter hors celi qui en tient le possession par l’acort et consentement de tout le pays et de ses voisins le roy d’Aragon et le roy de Navarre, il ne se puet trop bien fonder ne enfourmer, ne avoir bon consseil, ne examiner touttes besoingnes, ne quel fin elles puevent prendre.»

Li conssaux le comte d’Ermihnach fu vollentiers oys et creus, et dist chacuns plainnement: «Il parolle bien.» Meismement li prinches dist qu’il le feroit enssi. Là furent ordonné liquel yroient en Galisse pour querre le roy dan Pière. Si y furent noummet messires Thumas de Feleton, messires Richars de Pontcardon, messires Noel Lorink, messires Simons de Burlé et messires Guillaummes Toursiaus, et devoient estre douze nefs cargies de gens d’armes et d’archiers. Et chil qui yroient en Engleterre, che furent: li sires de le Ware, messires Jehans de Pumiers et li sires de Muchident. Si se ordonna et appareilla chacuns au plus tost qu’il peut, et vinrent li Englès qui devoient aller en Espaingne, à Bayone, et ordonnèrent leurs vaissiaux et leurs gens et les cargièrent de touttes pourveanches, et li autre s’en alèrent en Engleterre.

Endementroes que ces ordounnanches, chil voiaige et chil parlement se faisoient, concquist li roys Henris toutte Castile; et n’y demoura bourcq, chité, ville, castiel ne maison, qui ne fuist obeissans à lui, et tout li comte, li baron et li chevalier de Portingal, de Corduan, de Seville, de Galisse et de Castille. Et n’osa li roys dans Pières plus demourer à le Caloingne, mès carga ses vaissiaux de son tresor et de ses enffans, et s’en vint sus l’aventure de Dieu à Baïone, et ariva au port de Bayone droitement quant cil, qui le devoient aler querre, devoient partir. Si furent mout resjoy de se venue et le requeillièrent mout liement, et le segnefiièrent tantost au prinche. Fos 139 vº et 140.

P. 194, l. 4: en istance.—Mss. A 8, 15 à 17: en entencion.

P. 194, l. 12 et 13: messires Oliviers de Mauni.—Ms. A 15: et son nepveu monseigneur Olivier de Mauny. Fº 291.

P. 194, l. 17: pays.—Le ms. A 17 ajoute: par grant assentement et comme le plus digne et suffisant de tous ceuls qui là estoient. Fº 335 vº.

P. 194, l. 21: ens ou.—Mss. A 8, 15 à 17: dedens le.

P. 194, l. 23: seulement.—Le ms. A 17 ajoute: qui onques, pour nulle fortune qui lui advenist, ne le voult onques laissier.

P. 195, l. 23: cremus.—Mss. A 8, 15 à 17: crains.

P. 196, l. 1 et 2: demandèrent.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: nouvelles.

P. 196, l. 6: Saint Andrieu.—Ms. A 17: Saint André.

P. 197, l. 6: aise.—Le ms. A 11 ajoute: et furent de vins et de viandes moult grandement servis.

P. 197, l. 8: busioit.—Ms. A 8, 15 à 17: pensoit.

P. 198, l. 4: le Calongne.—Mss. A 8, 15 à 17: la Colongne, la Coulongne.

P. 198, l. 29: cremeur.—Mss. A 8, 15 à 17: doubte.

P. 199, l. 10 et 11: se il besongnoit.—Mss. A 8, 15 à 17: se mestier estoit.

§ 550. La venue.—Ms. d’Amiens: Quant li prinches sceut que li roys dans Pières estoit descendus à Bayonne, si en fu moult resjoys, et monta tantost à ceval à belle compaignie des siens, car il tenoit grant estat et noble et fuison de chevaliers de son hostel. Si s’en vint en le bonne chité de Baïonne, et trouva le roy dan Pière qu’il desiroit mout à veoir, et monseigneur Ferrant de Castres. Si y eut entre yaux grans recongnissanches et grans aprocemens d’amours. Et honnouroit li prinches, qui moult bien le savoit faire, mout grandement le roy dant Pière. Et li roys dans Pières s’umelioit ossi très benignement deviers lui, et li remoustroit moult piteusement ses besoingnes et en quel dangier il estoit encheus. Li prinches le recomfortoit bellement et sagement, et li proumetoit comfort et ayde contre ses malvoeillans: «Sire et biaux cousins, disoit li roys d’Espaigne, je say bien que vous estes li sire ou monde par qui je puis avoir le plus grant comfort. Et se vous me remetés en mon hiretaige, je vous proumeth que je vous en donray si bonne part que vous en serés tous comptens, et feray vostre fil Edouwart, roy de Galisce, et departiray mon grant tresor, que j’ay encorres par de delà, si avant à tous vos hommes, que je demourray leurs amis.» Fº 140.

P. 199, l. 23: vuida hors.—Mss. A 15 à 17: issit hors, issit. Fº 267.

P. 200, l. 10: relenqui.—Le ms. B 6 ajoute: et par especial d’un traitre de Castille qui tout avoit pourcachiet, qui s’apelloit Gomès Garils. Fº 669.

P. 201, l. 7: rusé.—Mss. A: bourde.

P. 201, l. 9: trop.—Ms. A 17: tout. Fº 338 vº.

P. 201, l. 10: mal.—Ms. A 15: pou. Fº 292 vº.

P. 201, l. 22: austères.—Mss. A 8, 15 à 17: hautains.

P. 201, l. 23: mervilleuses.—Ms. A 17: mauvaises.

P. 202, l. 20 et 21: derrière.—Mss. A 8, 15 à 17: deceus.

P. 203, l. 10: en un.—Ms. A 15: en une oppinion. Fº 293.—Ms. A 17: en un propos.

P. 203, l. 19: repus.—Mss. A 8, 15 à 17: cachiez.

P. 203, l. 19: enfermés.—Ms. A 15: mucié.

P. 204, l. 10: conseil.—Le ms. A 15 ajoute: qui l’excusa bien et saigement envers le prince.

§ 551. A ce parlement.—Ms. d’Amiens: Enssi furent il à Baïonne tant que li prinches oy nouvelles dou roy d’Engleterre, son père, et que li chevalier revinrent, que là envoiiés y avoit. Si estoit bien li acors dou roy d’Engleterre et de tous les Englès que li prinches, ou nom de Dieu, empresist ce voiaige et remesist le roy d’Espaigne en son royaumme. Et li mandoient encorres li roys englès et ses conssaux qu’il n’espargnast mies or ne argent ne gens d’armes, pour bien et honnourablement parfurnir son voiaige, car il l’en liveroient assés. De ces nouvelles fu li prinches de Galles, qui estoit adonc en le fleur de se jonèce, durement liés, et ossi furent tout li chevallier d’Engleterre qui estoient dallés li, messires Jehans Camdos, messires Thumas de Felleton, messires Richars de Pontchardon et tout li autres. Fº 140.

P. 204, l. 14: Quersin.—Mss. A 15 à 17: Caoursin.

P. 205, l. 9: Assés tost.—Mss. A 8, 17: Adonques.

P. 205, l. 16: montèrent.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: à cheval.

P. 205, l. 18: demandèrent.—Les mss. A 15 à 17 ajoutent: nouvelles.

P. 205, l. 28: sages.—Les mss. A 8, 15 à 17 ajoutent: hommes.

P. 206, l. 3: vint à.—Le ms. A 17 ajoute: à Londres et se loga à.

P. 206, l. 6: li sires.—Ms. A 17: monseigneur Gautier.

P. 206, l. 7: li sires.—Ms. A 17: monseigneur Thomas.

P. 206, l. 8: li sires.—Ms. A 17: monseigneur Jehan.

P. 206, l. 14: emprendre.—Mss. A 8, 15 à 17: entreprendre.

P. 206, l. 20: aporté les avoient.—Mss. A 15 à 17: les autres portées avoient.

P. 208, l. 21 à 30 et p. 209, l. 1 à 9: Et là... ces nouvelles.—Ms. A 17: Si furent ordenez à aler devers lui, de par le prince, monseigneur Jehan Chandos et monseigneur Thomas de Felleton, comme saiges et bien enlangaigiez, pour sçavoir son entencion, et se il leur voulroit ouvrir les pas et destroiz et donner passaige parmi son pais. Si exploictièrent tant par leurs journées qu’ilz vindrent à Pampelune où ilz trouvèrent le roy de Navarre qui les reçut moult liement par semblant et festoia grandement. Si firent tantost leur messaige, de par leur seigneur le prince, qu’il leur ot en couvenant et par son seellé qu’il leur livreroit passaige et habandonneroit vivres, parmi iceulx payant raisonnablement; mais il devait avoir six vins mille frans, pour les maulx et dommaiges que le roy dam Piètre lui avoit pieça faiz en son pais et osté par force pluseurs villes, chasteaulx appartenens à son royaume. Et sur ce retournèrent les diz chevaliers devers le prince auquel ilz comptèrent toutes ces nouvelles. Fº 341.

§ 552. A ce parlement.—Ms. d’Amiens: Tantost apriès le revenue des chevaliers qui envoiiet avoient estet en Engleterre, fu ordounnés et assignés ungs grans parlemens à Bayonne, de tous les barons et chevaliers de Poito, de Saintonge, de Roerghe, de Quersin, de Pieregorth, de Limozin et de le terre dou prinche. Si y fu pryés li roys de Navarre dou prinche, qu’il y volsist y estre, par l’infourmation de monseigneur Jehan Camdos qui li dist et consseilla qu’il le mandast, car nullement il ne pooit faire ce voiaige sans l’acort dou roy de Navarre: liquelx roys y vint en bon arroy et amena une partie de son conseil avoecq lui. Là furent li comtes d’Ermignach, li sires de Labreth, ses nepveux, li comtes de Pieregorth, li comtes de Commignes, li viscontes de Quarmaing, li sires de la Barde, li sires de Pumiers, li sires de Courton, li captaux de Beus, li viscomtez de Rochuwart, li sires de Lespare, messires Loeys de Halcourt, messires Ghuichars d’Angle, li sirez de Pons, li sires de Partenay et tout li baron d’Acquittainne.

Là eut à Bayonne grans parlemens et lons, et durèrent huit jours tous entiers. Finablement, il fu ordounné et acordé au roy dant Pière que li prinches de Galles feroit se puissance de lui remettre en son royaumme. Et furent là à che parlement escript tout li baron et li chevalier de Gascoingne, de Poito et de Saintonge, à quelle cantité de gens d’armes, de lanches et de brigans il le serviroient. Et s’obliga li prinches enviers tous de telz sommes d’argent que leurs gages pooient valloir et monter. Et li roys dans Pières de Castille se robliga et jura par se foy de paiier et acquitter ent le prinche, et dou premier paiement paiier ent aucune cose et prester ent si avant que li siens poroit estendre, et le demorant rendre et paiier de deniers appareilliez si tost que on l’aroit remis en Espaigne.

Et fu sceu et marchandé au roy de Navarre pour quelle quantité de florins il ouveroit le passage parmy son pays et laisseroit passer paisiulement touttes mannierres de gens d’armes pour entrer en Espaingne, et leur feroit aministrer vivres et pourveanches pour vivre, leurs deniers payans. Si me samble qu’il dubt avoir pour ceste grasce qu’il feroit au prinche et au roy dan Pière, six vingt mil frans franchois, et devoit tenir à tousjours mès pour son bon hiretaige et paisieullement toutte le terre de Raincevaus et de Saint Jehan dou Piet des Pors, qui marcist à Espaingne et à Galisse, et que li roys dans Pières li avoit tolue de jadis. Tout chil couvent et ces ordounnanches furent escriptes, jurées et seellées, et se parti chacuns à l’entente de lui pourveir et apparillier pour mouvoir, quant li prinches les semonroit, et s’en ralla chacuns sires en son pays.

Si envoiea tantost li prinches ses hiraux en Espaigne pour mander ses chevaliers qui là estoient avoecq le roy Henri, monseigneur Ustasse d’Aubrechicourt, monseigneur Hue de Cavrelée, monseigneur Mahieu de Gournay, monseigneur Gautier Huet, monseigneur Jehan d’Ewrues, monseigneur Robert Cheni et les autres, qu’il revenissent, et qu’il avoit grand besoing d’iaux, et se partesissent bellement et sagement de che roy bastart.

Avoecques tout chou, li prinches s’en revint à Bourdiaux et y amena le roy dant Pière avoecq lui, et là fu il recheu moult honnourablement et bien festiiés. Che fu environ le Saint Jehan Baptiste, l’an de grâce Nostre Seigneur mil trois cens soissante six. Et quant li roys dans Pières eut estet plus de quinze jours dallés monseigneur le prinche et madamme le princesse, il prist congiet d’iaux et se parti de Bourdiaux, et s’en revint à Bayone. Là se tint il tout le tamps, entendans à ses besoingnes, mès il ooit souvent nouvelles dou prinche, et li prinches de lui. Fº 140 vº.

P. 210, l. 8: six mil.—Ms. B 6: six vingt mille frans, lesquelz on li devoit envoier à Panpelune, dedens le terme que le prinche volloit partir de Bourdiaux pour aller en che voiage. Fº 672.

P. 210, l. 18 et p. 211, l. 13: Quant toutes... prince.—Ms. A 17: Quant le prince eut toutes ses choses confermées et ordonnées à Baïonne où lors il estoit et le roy dam Piètre avecques lui, et que chascun sceut qu’il devoit faire et avoir, il donna congiet à tous ces seigneurs qui là estoient et retourna chascun en son lieu. Et meismement monseigneur le prince s’en revint à Bourdeaulx, et le roy dam Piètre demoura à Bayonne.

Tantost après ce, les Compaingnes qui estoient en Castelle ouïrent les heraulx du prince et comment il les mandoit, si ne vouldrent point longuement illec sejourner. Et prindrent tantost congié au roy Henrri, au plus courtoisement qu’ilz porent, sanz eulx descouvrir l’entencion du prince. Fº 341 vº.

P. 210, l. 21: douze.—Ms. A 15: quatorze. Fº 295.

P. 211, l. 21: d’Evrues.—Mss. A 8, 15 à 17: d’Evreux.

P. 212, l. 2: dou Chastiel.—Ms. A 15: du Chasteau.

P. 212, l. 16: ce.—Le ms. A 15 ajoute: mauvais.

P. 212, l. 20: pooir.—Le ms. A 15 ajoute: car sur tous les princes qui vivent aujourd’ui est il hardi chevalier et entreprenant.

§ 553. Quant les certainnes.—Ms. d’Amiens: Quant les nouvelles certainnes vinrent en Espaingne que li prinches de Galles volloit aidier le roy dant Pière et ramenner en son pays, si en furent touttes mannierres de gens bien esmervilliet. Nonpourquant, par samblant, li roys Henris n’en fist nul compte; car il se sentoit fors assés de misse et de gens, parmy chiaux qu’il prieroit et manderoit en Franche et en Arragon, pour resister contre le prinche. Quant li chevalier du prinche, qui remandet estoient, oïrent ces nouvelles, et qui là sejournoient pour atendre le passaige qui se devoit faire en Grenade et sus le royaumme de Bellemarine, dont li apparans et li coummenchemens estoit si grans et si biaux c’à merveilles, et que, passet avoit trente ans, on ne le vit si bien appareilliet ne si bien estoffet de touttes coses, si en furent mout courouchiet. Nonpourquant, il n’osèrent ne veurent mies demourer oultre le vollenté de leur seigneur le prinche; mès prissent congiet au roy Henry, et s’escusèrent si bellement que li roys Henris en fu tous contens, et leur dounna congiet moult vollentiers et liement et grant fuison de biaux jeuiaux deseure tous leurs paiemens. Et fist tant que moult amiablement se partirent de li, et li jurèrent et proummissent, au partir, que contre tous seigneurs et hommes il le serviroient, excepté le roy d’Engleterre et ses enfans. Et li roys Henris dist à tous grans merchis. Si se partirent li dessus noummet chevalier et leurs gens, et s’en revinrent, au mieux qu’il peurent, en le prinçauté.

Devant ces nouvelles que li prinches volsist aidier le roy dan Pière, estoient ja une partie des Compaignes yssues d’Espaigne, et leur avoit li roys Henris dounnet congiet et paiiet les cappittainnes bien et largement. Et ossi estoient revenus en Franche messires Jehans de Bourbon, comtes de le Marche, et li sires de Biaugeu, mès messires Bertrans de Claiequin et li marescaux d’Audrehen et messires Jehans de Noefville, li Bèghes de Vellaines et pluisseurs aultres chevaliers de Franche, estoient demouret dallés lui, et n’en volloient mies partir jusques à tant qu’il aroient veu une partie de l’emprise dou prinche; car petit prisoient leur concquest, se il ne le pooient deffendre et garder contre le prinche. Fos 140 vº et 141.

P. 213, l. 10 et 11: s’espardirent.—Mss. A 8, 15 à 17: s’espandirent.

P. 213, l. 3 à 9: où li rois... grant joie.—Ms. B 6: où le roy li fist grant chière, et de là à Toulouse où le duc d’Ango se tenoit, qui ossi li fist bonne chière et le rechut moult amiablement, car moult l’amoit. Et s’en vint avecques luy par compaignie en Avignon veoir le pappe et le colliège. Et puis vint il en Franche où le roy le rechut à grant joie. Et là enforma messire Bertran tous chevaliers et escuiers, qui demandoient les armes et qui desiroient à avanchier leur honneur, que il se volsissent traire vers Castille pour mouvoir et partir quant il se partiroit, et il aroient honneur et grant proufit. Et pluiseurs chevaliers et escuiers, à le infourmacion de monseigneur Bertran, descendirent et ordonnèrent leur besoigne et se partirent de leur hostel et se mirent au chemin devers Espaigne, et ly pluiseur ossy atendirent le dit messire Bertran. Fº 682.

P. 213, l. 14: esmervilliet.—Ms. A 17: moult esbahiz. Fº 342.

P. 213, l. 16: emprendoit.—Mss. A 8, 15 à 17: entreprenoit.

P. 213, l. 26: d’Arragon.—Le ms. A 17 ajoute: son compère et grant ami.

P. 214, l. 3: auster.—Ms. A 8: hautain. Fº 270.—Ms. A 15: orgueilleus.

P. 214, l. 3 et p. 215, l. 7: assegura,... contre lui.—Ce passage manque dans le ms. A 17.

P. 214, l. 18: geniteurs.—Mss. A 11 à 14: guetteurs.—Ms. A 15: genneteurs. Fº 296.

P. 215, l. 12: leur renderoit.—Ms. A 7: li responderoit. Fº 269 vº.

P. 215, l. 19 et 20: couvignablement.—Mss. A: couvenablement.

P. 216, l. 1: corons.—Mss. A 8, 15: bous. Fº 270 vº.

§ 554. En ce temps.—Ms. d’Amiens: En ce tamps, estoit li prinches de Galles en le droite fleur de se jonèche et ne fu oncques soelés ne lassés, depuis qu’il se coummencha premierement à armer, de gueriier ne de tendre et emprendre tous fais honnourablez d’armes. Et encorres, à ceste emprise dou voiaige d’Espaingne et de remettre che roy escachiet par force d’armes en son royaumme, honneurs et pités l’en esmurent. Et bien li remoustroit et disoit messires Jehans Camdos en requoys, qui estoit li chevaliers dou monde que li prinches amoit et creoit le plus, et bien le devoit faire, car il avoit grandement aidiet à faire le prinche telx qu’il estoit, que chilx voiaiges d’Espaingne estoit une outrageuse emprise et se metoit en aventure de perdre son pays par deux conditions: li une si estoit que, se il estoit desconffis dou roy Henry, enssi que les fortunnes sont mervilleuses, il avoit tant d’ennemis de tous costés que ses pays en seroit tous perdus; au mieux venir, il desconfesist le roy Henri et remesist che roy Pière en son royaumme, si se trouveroit il si endebtés enviers touttes mannierres de gens et especiaument ces Compaignes, lesquelx on ne paie mies à sen aise, qu’il li poroient, à son retour, faire une très grande guerre et moult adammagier sen pays. Non obstant ce, li prinches, qui conchevoit bien toutes ces raisons, ne s’en volloit mies refroidier. Et ossi ne li conssilloit mies messires Jehans Camdos, puisqu’il l’avoit empris, mès li conssilloit à rompre les deux pars de se vaissiellemenche d’or et d’argent et de tous ses jeuiaux de che metal, et faire ent forgier florins et deniers et paiier largement les compaignons: si en seroit mieux servis et plus vollentiers. Che consseil tint li prinches, et fist ensi, qui mout l’avancha; car il tint, plus de sept mois, douze mil hommes à ses gaiges, ainschois qu’il entrast en Espaigne, si comme vous orés chy apriès. Se li couvenoit grant or et grant argent, pour tel peuple deffretiier. En ce temps, estoit connestables de toutte la duché d’Acquittainne et avoit esté ungs grans temps devant, messires Jehans Camdos, et grans senescaux de tout ce pays messires Thummas de Felleton, et marescal messires Guichars d’Angle, chils gentilx chevaliers, et messires Estievenes de Cousenton. Fº 141.

P. 216, l. 16: soelés.—Ms. A 7: saoulé. Fº 270.—Mss. A 8, 15 à 17: saoulz. Fº 270 vº.

P. 216, l. 21 et 22: l’en esmeurent.—Ms. A 8: l’esmouvoient.

P. 217, l. 5: prende.—Mss. A 8, 15: soit. Fº 271.

P. 218, l. 3: d’armes.—Les §§ 555 à 559 manquent dans le ms. A 17, fº 343.

§ 555. Une fois.—Ms. d’Amiens: Une fois, estoit à Bourdiaux en recreation li prinches de Galles, avoecq pluisseurs chevaliers de Gascoingne, de Poito et de Saintonge et ossi dou royaumme d’Engleterre, car il n’en estoit oncques si sevreth qu’il n’en ewist plus de quarante dallés lui. Si tourna son chief dessus le seigneur de Labreth et li dist: «Sire de Labreth, à quelle cantité de gens d’armes me porés vous bien servir en ce voiaige d’Espaingne?» Li sires de Labreth fu tous appareilliés de respondre et li dist: «Monseigneur, se je volloie priier tous mes feables et mes amis, j’en fineroie bien jusques à mil lanches, et toutte ma terre gardée.»—«Par mon chief, dist li prinches, sire de Labret, c’est moult belle cose, et je doy bien aimer le terre où j’ay un tel baron qui me puet à un besoing servir à mil lanches, et je les retiengs tous,» dist li prinches.—«Che soit, ou nom de Dieu! ce respondi li sires de Labreth, qui s’enclina vers lui, et tout vostre soient.» De ceste retenue dubt depuis estre avenus grans maux, si comme vous orés avant en l’istoire.

Or retourons nous as Compaignes qui se partirent d’Espaigne par fous et par tropiaux, quant il seurent que li prinches les remandoit et qu’il volloit gueriier. Si vous di qu’il eurent mout de maux et moult d’encontres, tant en Espaigne, en Arragon qu’en Kateloingne, par gens que on nomme geniteurs, qui fuient plus tost par ces montagnes sus cevaux, que on appelle genès, que on ne feroit en Franche ou en Picardie, à plainne terre, sus bons ronchins. Et gettent et lanchent chil geniteur, en fuiant et en cachant, dardes et gavrelos, dont ils sont trop bien ouvrier. Touttesfois, en painne, en perils et en pluisseurs mesaises qu’il eurent, il rappassèrent les montaignes d’Arragon et de Kateloingne. Et se missent en trois parties: les unes s’en allèrent en costiant Fois et Berne; les autres, Kateloigne et Hermignach; et li tierche, Arragon; et descendirent deviers Toulouse pour mieux trouver à vivre. De celle routte estoient cappittainne messires Robers Cheni, Carsuele et Briqés.

A ce donc avoit un bon cevalier à Toulouse, qui en estoit senescaux de par le roy de Franche, et de tous le pays toulouzain, et s’apelloit messire Gui d’Auzai. Quant il entendi que ces Compaignes aprochoient, et qu’il n’i avoit que une routte, espoir de trois mil combatans, et qui encorres estoient foullet et lasset, mal vesti, mal armet, mal montet et pis kauchiet, si dist qu’il ne volloit mies que telx gens aproçaissent Toulouse ne le royaumme de Franche, pour yaux recouvrer, et que il les combateroit, s’il plaisoit à Dieu. Et segnefia sen entente à monseigneur Ammery, comte de Nerbonne, au senescal de Karkassonne, au senescal de Biauquaire, au tresorier de Nimes et à tous les chevaliers et escuiers de là environ, en yaux priant que il volsissent venir aidier à deffendre le royaumme de Franche contre ces Compaingnes qui aprochoient, ainchois qu’il moutepliassent plus ne courussent sus leur pays. Seigneur, chevalier et escuier furent adonc tout appareilliet de traire avant, car autrement c’ewist esté contre leur honneur, et se queillièrent et amassèrent à Thoulouse, et bien furent cinq cens lanches, chevaliers et escuiers, et quatre mil bidaus. Et se missent tantost as camps par deviers Montalben, à sept lieuwes de Bourdiaux, où ces gens se tenoient, et n’estoient non plus de deux cens lanches, mès de l’autre pietaille avoient il assés. Fº 141.

P. 218, l. 21: a.—Ms. A 8: treuve. Fº 271.

P. 218, l. 27: maulz.—Mss. A 8, 15: meschief.

P. 218, l. 28: retournons.—Mss. A 8, 15: retournerons.

P. 218, l. 28 à p. 219, l. 12: Or retournons... Montalben.—Ms. B 6: Quant le plus des capitaines des Compaignies, qui estoient Englès et Gascon, entendirent que le prinche volloit aidier le roy dan Piètre et faire ung voiaige en Espaigne pour luy remettre en possession du royalme de Castille, sy prirent congiet le plus courtoisement qu’il porent au roy Henry qui moult envis leur donna; mais messire Bertran de Claikin, qui estoit connestable de Castille, luy consilia que il les laissast en aller en nom de Dieu, car ja faisoient il moult de mauls en Castille. Sy eurent congiet et se departirent les Englès et les Gascons et les Allemans, et se mirent ensamble les Franchois et les Bretons et demorèrent avec le roy Henry. Sy vous dy que ches gens de Compaigne, qui se departirent du roy Henry pour raler devers le prinche de Gallez, eurent moult dur tamps entre Aragon et Castelongne et en Gorre, car le roy d’Arragon par geniteurs et par villains as destrois passaiges leur fist faire pluiseurs contraires. Touttez fois, il retournèrent et se trouvèrent tout en Bigore: là atendirent ilz l’un l’autre en une chité du prinche qui s’apelle Baniers. Et là fu envoiet parler à yauls messire Jehan Candos, de par le prinche, qui fist à yauls certains traitiés et acors, et se mirent tous en l’obeissanche du prinche. Sy se deurent ces Compaignes partir et retraire en la terre de Bourdelois, assés tost après che que messire Jehan Candos fu revenus à Bourdiaus. Ces Compaignes estoient environ quatre mille combatans, tous gens d’eslite. Fos 674 et 675.

P. 218, l. 29: ahers.—Mss. A 6, 7: aliées. Fº 269.

P. 219, l. 4: s’avalèrent.—Ms. A 6: s’en ala.—Ms. A 8: s’avala. Fº 271 vº.

P. 219, l. 23: au conte de Nerbonne.—Ms. A 8: à monseigneur Aymery, conte de Nerbonne.

P. 219, l. 31 et 32: cinq cens lances et quatre mil bidaus.—Ms. B 6: bien douze mille combatans. Fº 675.

P. 219, l. 32: bidaus.—Ms. A 15: petaulx nommez bidaus. Fº 297 vº.

P. 220, l. 3: trouvoient.—Mss. A 8, 15: trouvèrent. Fº 271 vº.

§ 556. Quant li contes.—Ms. d’Amiens: Quant li comtes de Nerbonne et messires Guis d’Azay, qui se faisoit souverain et meneur de touttes ces gens d’armes, furent parti de Toulouze, il s’en vinrent logier assés priès de Montalben, qui adonc se tenoit dou prinche; et estoit adonc cappittaine, de par le prinche, ungs chevaliers englès qui s’appelloit messires Jehans Trivés. Si envoiièrent chil seigneur de Franche leurs coureurs devant Montalben, pour atraire hors ces Compaignes qui s’i tenoient. Quant li cappitainne de Montalbain entendi que li Franchois estoient venu à main armée et à ost devant se fortrèche, si en fu durement esmervilliet, pour tant que la terre estoit dou prinche. Si vint as barrières dou castiel et fist tant que, sus trieuwes, il parla à ces coureurs et leur demanda qui là les envoioit, et pourquoy il s’avanchoient de courir sus le terre dou prinche, qui estoit amie et voisinne avoecq le corps dou seigneur au royaume et au roy de Franche. Chil respondirent et dissent: «Nous ne sommes mies cargiet si avant de vous respondre; mès, pour vous soeler, se vous vollés venir ou envoiier deviers nos seigneurs, vous en arés bien responsce.»—«Oil, dist li cappitainnes de Montalben, je vous pri que vous vos retriés deviers yaux, et leur dittes qu’il m’envoient dire plus plainnement pourquoy, sans nous deffiier, il nous guerient, et quel cose nous leur avons fourfait, ou vous m’empetrés un sauf conduit tant que j’aie estet deviers yaux et parlé à yaux.» Et chil dissent: «Vollentiers.» Il retournèrent. Li sauf conduis fu acordés et aportés.

Li chevaliers vint parler au comte de Nerbonne et à monseigneur Gui d’Azai, et leur demanda pourquoi ne à quel title il le queroient. Chil respondirent que à lui ne à le terre dou prinche ne volloient il, fors pais et amour: «Mès nous vollons nos ennemis cachier, où que nous les savons.»—«Et quel sont vos ennemis ne où sont il?» respondi li chevaliers.—«En nom Dieu, dist li comtes de Nerbonne, il sont dedens Montalben, et se sont pilleur et robeur qui ont pilliet et robet sus le royaumme de France. Ce ne fait mie à souffrir, ne ossi tels gens vous ne les deveriés mies soustenir, qui pillent et robent les bonnes gens, sans nul title de guerre. Si les metés hors de vostre fortrèche, ou autrement vous n’estes mies amis au royaumme de France.»—«Seigneur, dist li cappittainne de Montalben, il est bien voirs qu’il y a laiens gens d’armes, que monseigneur le prinche a mandés et tient à lui pour ses gens; si n’est mies en me puissanche que d’iaux faire partir ne wuidier. Et, se cil vous ont fait aucun desplaisir, je ne puis mie veoir bonnement qui droit vous en fache; car ce sont gens d’armes: se les couvient vivre où qu’il le prengent.» Dont respondi li comtes de Nerbonne et messires Guis d’Azay: «Ce sont gens d’armes voirement telx et quelx, qui ne sèvent vivre fors de pillage et de roberie, et qui mal courtoisement ont chevauchiet sus nos mettes, tant que les plaintes en sont venues jusques à nous. Si desplaist au roy de Franche que tel pilleur et robeur keurent et ont courut en son pays; et puisque nous savons où il se logent et herbegent, jammais ne retourons arrière, si l’aront amendé.» Quant li cappittainnes de Montalben vit qu’il n’en aroit autre responce, il prist congiet et se parti d’iaux, et s’en revint arrière en le ville et dist bien as Compaignez qu’il fuissent tout pourveu et avisé, car il ne pooit veoir nullement que li Franchois ne les asaillissent et combatesissent hasteement. Fº 141.

P. 220, l. 12: Jehans Trivés.—Ms. B 6: Thumas de Wellefare, vaillant homme. Fº 676.

P. 221, l. 7: mestres.—Mss. A: seigneurs.

P. 222, l. 11 et 12: la prinçauté.—Ms. A 8: le prince. Fº 272.—Ms. A 15: la terre du prince. Fº 298.

P. 222, l. 19: le senescaudie.—Mss. A 8, 15: la seneschaucie.

P. 222, l. 22: traitte.—Mss. A 8, 15: traitres.

P. 222, l. 26: l’arons.—Ms. A 8: l’auront.

P. 223, l. 1: sen entente.—Mss. A 8, 15: son entencion.

§ 557. Quant li compagnon.—Ms. d’Amiens: Quant li compaignon entendirent che langage, si ne furent mies bien asseuret, car il n’estoient mies bien à jeu parti contre les Franchois. Si se tinrent sus leur garde dou mieux qu’il peurent. Or avint que, droit au cinqime jour que ces parolles eurent esté, messires Perducas de Labreth, à toutte une grant routte de compaignons, dubt passer par Montalben, car li passaiges estoit par là pour entrer en la prinçauté. Si le fist asavoir à chiaux de le ville. Quant messires Robers Ceni et li autre compaignon qui là se tenoient pour enclos, entendirent ces nouvelles, si en furent mout recomforté, et mandèrent tout secretement à monseigneur Perducas de Labreth le couvenant des Franchois, et coumment il les avoient assegiés et les manechoient durement, et quelx gens il estoient, et quelx capitainnes ilz avoient.

Quant messires Perdukas de Labret entendi chou, si n’en fu de noient effraés, mès requeilla ses compaignons de tous lés et s’en vint bouter par dedens Montalben, où il fu rechups à grant joie; et encorres l’enfourmèrent il plus plainnement dou fait, si comme vous avés oy chy dessus. Lors eurent il d’acort que l’endemain il s’armeroient tout à cheval, et se metteroient hors de la ville et s’adrecheroient vers l’ost des Franchois, et leur prieroient que paisieulement les laisseroient passer; et, s’il ne voulloient chou faire et que combattre les couvenist, il saventu[re]roient et venderoient chierement. Tout enssi qu’il ordonnèrent, il fissent. A l’endemain, il s’armèrent et sonnèrent leurs trompettes, et montèrent tout à cheval et wuidièrent hors de Montalben. Ja estoient armé li Franchois pour l’effroy qu’il avoient veu et oy, et tous rengiés et mis devant le ville, et ne pooient passer les Compaignes fors parmy yaux. Adonc se missent tout devant messires Perducas de Labreth et messires Robers Cheni, et veurent parlementer as Franchois et priier que on les laissast passer paisieulement; mès il respondirent qu’il n’avoient cure de leurs parlemens, et qu’il ne passeroient fors parmy les pointez de leurs glaives et de leurs espées, et escriièrent tantost leurs cris, et dissent: «Avant! Avant à ces pilleurs qui pillent et robent le monde et vivent sans raison!»

Quant les Compaignes virent que c’estoit à certes, et que combattre les couvenoit ou mourir à honte, si descendirent tantost jus de leurs chevaux, et se rengièrent et ordonnèrent tout à piet moult faiticement, et atendirent les Franchois, qui vinrent sus yaux moult hardiement, et se missent ossi devant yaux tout à piet. Là commencièrent à traire, à lanchier et à estechier li ung à l’autre grans cops et appers, et en y eut pluisseurs abatus des uns et des autres, de premières venues. Là eut grant bataille, forte et dure et bien combatue, et tamaintes appertises d’armes faittes, tamaint chevalier et tamaint escuier reverssé et jetté par terre. Touttesfois, li Franchois estoient trop plus que les Compaignes, bien troy contre ung: si n’en avoient mie le pieur parchon. Et reboutèrent à ce coummenchement les Compaignes bien avant jusques dedens le fort de Montalben, où, au rentrer dedens, eut maint homme mis à meschief. Et ewissent eu là les Compaignes, ce c’adonc en y avoit, trop fort temps; mès messires Jehans Trivés, qui cappitainnes estoit de le ville, fist armer touttes mannierres de gens, et coummanda sus le hart que chacuns, à son loyal pooir, aidast les compaignons et qu’il estoient homme au prinche. Dont s’armèrent tout chil de le ville, et missent en conroy avoecques les Compaignes, et se boutèrent en l’escarmuche. Et meysmement les femmes de le ville montèrent en leurs logez et en leurs solliers, pourveuwes de pièrez et de caillaux, et coummenchièrent à jetter sus ces Franchois si fort et si royt, qu’il estoient tout ensonniiet d’iaux targier pour le get dez pièrez, et en blechièrent pluisseurs et reculèrent par forche. Dont se resvigurèrent li compaignon qui furent ung grant temps en grant peril, et envaïrent fierement les François. Si vous di qu’il y eut là fait otant de belles appertises d’armes, de prisses et de rescousses, que on n’avoit veu en grant temps, car les Compaignes n’estoient c’un petit. Si se prendoient si priès de bien faire que c’estoit merveillez, et reboutèrent leurs ennemis, par force d’armes, tous hors de le ville.

Et avint, entroes que on se combatoit, que une routte de Compaingnes, que li bours de Breteul et Naudon de Bagerant menoient, où il avoit bien quatre cens combatans, se boutèrent par derière en le ville; et avoient cevauchiet toutte le nuit en grant haste pour là estre, car on leur avoit donnet à sentir que li Franchois avoient assegiet leurs compaignons dedens Montalben. Si vinrent tout à point à le bataille. Là eut de rechief grant hustin et dur, et furent li Franchois, par ces nouvelles gens, fierement assailli et combatu. Si dura chils puigneis et chils estours, de l’eure de tierce jusques à basse nonne. Finalement, li Franchois furent desconfi et mis en cache, et chil tout euwireux, qui peurent partir, monter à cheval et aller leur voie. Là furent pris li comtes de Nerbonne, messires Guis d’Azay, li sires de Montmorillon, messire Renaus des Huttez, messires Guillaumes Brandins, messires Jehans Rollans, li senescaus de Carcasonne, li senescaux de Biauquaire et plus de cent chevaliers, que de Franche, que de Prouvenche, que des marches là environ, et mains bons escuiers et mains riches bourgois de Toulouse, de Montpellier, de Nerbonne et de Carcasonne. Et encorres en ewissent il plus pris, se il ewissent cachiet, mès il n’estoient q’un peu de gens ens ou regart dez Franchois, et tout mal monté et foiblement. Si ne s’osèrent aventurer plus avant, mès se tinrent à chou qu’il eurent. Celle bataille de Montalben fu le vegille Nostre Damme, en le moiienné d’aoust, l’an de grasce mil trois cens soissante six. Fº 141.

P. 223, l. 4: li compagnon.—Ms. A 8: les Compaignes. Fº 272 vº.

P. 223, l. 5: asseguret.—Mss. A: asseurez.

P. 223, l. 10: parmi.—Ms. A 8: par.

P. 223, l. 25: eurent.—Mss. A 6, 8, 15: furent.

P. 224, l. 8 et 9: les Compagnes.—Ms. A 8: ces compaignons.

P. 224, l. 19: les Compagnes.—Ms. A 8: ces compaignons.

P. 224, l. 26: estechier.—Mss. A 8, 15: chacier.

P. 225, l. 11: conroy.—Mss. A 8, 15: arroy. Fº 273.

P. 225, l. 13: loges.—Mss. A 8, 15: logis.

P. 225, l. 15: roit.—Mss. A 8, 15: roidement.

P. 225, l. 16: ensonniet.—Mss. A 8, 15: embesoingniez.

P. 225, l. 18: se resvigurèrent.—Mss. A 6, 8, 15: se rasseurèrent. Fº 260 vº.

P. 225, l. 24 et 25: Si se prendoient priès.—Mss. A 6, 8, 15: Sy se penoit chascun.

P. 226, l. 3: sentir.—Mss. A: entendre.

P. 226, l. 4: dedens.—Mss. A 6, 8, 15: de.

P. 226, l. 7: cilz puigneis et cilz estours.—Ms. A 6: ces batailles. Fº 261.—Mss. A 8, 15: celle bataille.

P. 226, l. 10: ewireus.—Mss. A 6, 8, 15: eureux.

P. 226, l. 11 à 14: li contes... Biaukaire.—Ms. B 6: le visconte de Narbonne, le visconte de Thalar, le visconte de Villaine, le visconte d’Uzez, messire Guy d’Azay et plus de cent et cinquante chevaliers furent prins. Fº 677.

P. 226, l. 22: en le mi aoust.—Mss. A 6, 8: en aoust.

§ 558. Apriès la desconfiture.—Ms. d’Amiens: Apriès le desconfiture et le prise des dessus dis, messires Perducas de Labret, messires Robers Ceni, messires Jehans Trivés, messires Robers d’Aubetière, li bours de Bretuel, Naudon de Bagerant et leur routtes departirent leur butin et tout leur gaaing, dont il eurent grant fuison. Et tout chil qui prisonnier avoient, il leur demouroit et en pooient faire leur prouffit, ranchonner ou quitter, si les volloient, dont il leur fissent très bonne compagnie, et les ranchonnèrent courtoisement, chacun seloncq son estat et son affaire, et encorres plus doucement par tant que ceste avenue leur estoit venu soudainement par biau fait d’armez. Et les recrurent tous, petit s’en falli, et leur donnèrent terme de raporter leur raenchon à Bourdiaux et ailleurs, où bon leur sambla. Et se parti chacuns et revint en son pays, et les Compaignes s’en allèrent deviers monseigneur le prinche, qui les rechupt liement et les vit vollentiers, et les envoyea logier en ung pays c’on apelle Bascle, entre lez montaignes.

Or vous diray qu’il avint de leurs prisonniers qu’il avoient ranchonnés et recrus. Li pappes Urbains fu emfourmés de le besoingne et coumment li comtes de Nerbonne, li senescaux de Toulouse, chilx de Biauquaire et de Carcasonne, et li bon chevalier et escuier et les gens d’armes de ces senescaudies avoient estet ruet jus par les Compaignes, que li pappes tenoit en sentensce et excumeniiés et pour mauvais crestiiens, car il destruisoient sainte crestieneté sans raison. Si deffendi à tous chiaux qui pris avoient esté et qui raenchon devoient, sus à estre excumeniiés, remforchiet et ragrevet et sans pardon, que de leurs compositions il n’en payassent riens, et les dispenssa de leurs fois et de leurs sieremens. Enssi furent quittes cil seigneur, chevalier et escuier, qui avoient estet pris à Montalben, et n’osèrent brisier le coummandement dou pappe. Si vint as pluisseurs bien à point, et as Compaignes moult mal, qui s’estoient atendu à avoir argent et le quidoient avoir pour faire leurs besoingnes, yaux armer, monter et appareillier enssi que compaignon de gherre. Se leur vint moult à contraire ceste ordounnanche dou pappe, et s’en complaindirent par pluisseurs foix à monseigneur Jehan Camdos, qui estoit connestablez d’Acquittainne et regars dessus touttez les gens d’armes, et li priièrent qu’il leur en volsist faire avoir raison; mès il s’en excuzoit bellement deviers yaux, et disoit que ses seignouries n’estoit mies si avant que d’arguer ne constraindre le chief de l’Eglise, le Saint Père qui est Dieu en terre. Enssi furent li compaignon trompet de leurs prisounniers, mès bien leur proumetoient, se jammès resceoient en leurs dangiers, qu’il leur feroient paiier double raenchon de deniers appareilliés, encorres, se pour tant il pooient finner. Fos 141 et 142.

P. 227, l. 6: avenue.—Ms. A 7: aventure. Fº 272.

P. 227, l. 8: petit s’en fallirent.—Ms. A 6: partie s’en ralèrent. Fº 261.—Les mss. A 6, 8, 15 ajoutent: sur leurs foys.

P. 228, l. 14: touchoit.—Mss. A 6, 8, 15: tournoient Fº 271 vº.

P. 228, l. 14: pillerie.—Le ms. A 15 ajoute: et à villenie. Fº 300.

P. 228, l. 15: aultre cose.—Le ms. B 6 ajoute: Sy s’en vinrent logier et rafreschir sur le rivière de Dourdonne et se tinrent là ung grant tamps, du mois d’auoust jusques à l’entrée de jenvier. Fº 678.

§ 559. Nous parlerons.—Ms. d’Amiens: Moult fist li prinches de Galles grant appareil et grosses pourveanches pour aller en ce voiaige, car il savoit bien et entendoit assés que li roys Henris se pourveoit grandement de l’autre lés.

Or vint en celle saison à Bourdiaux, par deviers le prinche, James, li roys de Mayogres: enssi se faisoit il nommer, mès riens n’y tenoit, quoyqu’il en ewist estet filx dou roy, car li roys d’Aragon tenoit et avoit tenu de loncq tamps le royaumme de Mayogres, et avoit jadis par force conquis le pays et pris le père de ce roy et fait morir, et son fil tenut en prison. Si en estoit escappés et allés à Naples, et [avoit] espousé la roynne de Naples. Dont, quant il oy dire que li prinches s’esmouvoit pour aller en Espaigne sus le roy Henry, qui estoit d’acort au roy d’Arragon, son ennemy, si s’avisa qu’il se trairoit deviers lui et li remousteroit ses besoingnes, et à quel tort li roys d’Arragon li avoit ochis son père et tenoit son royaumme. Et sentoit le prinche si grant, si noble et si puissant, que par lui recouveroit il sen hiretaige, siques, quant il fu venus à Bourdiaux, li prinches li fist grant chière et le rechut bellement et liement, et li proummist qu’il feroit son plain pooir de reconcquerre le royaumme de Mayogrez sus le roy d’Arragon, tantost apriès le voiaige d’Espaingne. Et le retint li princhez dallés lui à une grant somme de gens, et li asigna certainne revenue sus ses coffres pour aidier à paiier ses menus frès, et li fist très bonne compaignie en tous estas. Fº 142 vº.

P. 229, l. 1: Selevestre.—Mss. A 8, 15: Sevestre. Fº 273 vº.

P. 229, l. 2: dou Bruel.—Ms. A 15: de Bueil. Fº 300.

P. 229, l. 2: Lakonet.—Ms. A 15: Lacouet et monseigneur Eustace de la Houssoie.

P. 229, l. 8 à 16: Ossi il... sur ce.—Ms. B 6: En che tamps que li parlement sont en Engleterre par usaige, et toudis à le Saint Miquiel, envoia le prinche de Galles lettres au roy son père et à son consail que jusques à quatre cens lanches et mil archiers on luy fesist envoiier, pour renforchier son armée. Le roy d’Engleterre et son consail le firent très vollentiers, car ilz sentoient que il estoit vaillans et bien fortuné chevalier. Sy ordonna que le frère du prinche yroit, nommé Jehan de Lenclastre, et en prist la cherge des gens d’armes et des archiers, et dist que il volloit aller en che voiage aveeques son frère le prinche. De che ly seurent le roy et la roynne et les barons d’Engleterre moult grant gré, et se ordonna et fist ses pourveanches pour monter au havre de Hantonne et ariver en Bretaigne. Fº 681.

P. 229, l. 13: une.—Le ms. A 8 ajoute: grant. Fº 274.

P. 229, l. 21: ce dit.—Ms. A 8: du dit.

P. 229, l. 25 et 26: moullier.—Mss. A: femme. Ms. A 7, fº 272 vº.

P. 229, l. 31: avoit son père mort.—Mss. A 8, 15: avoit fait morir son père.

P. 230, l. 4: plaisirent.—Mss. A 6, 8, 15: pleurent.

P. 230, l. 5: en le cité de Bourdiaus.—Ms. B 6: en l’eglise des Augustins dehors les murs de Bourdiauls. Fº 680.

P. 230, l. 30: pluiseurs.—Le ms. A 8 ajoute: consaulx et.

P. 231, l. 4: Dieu.—Les mss. A 8, 15 ajoutent: entreprendre et.

P. 231, l. 11: poeent.—Mss. B 4, A 15: pevent. Fº 272.—Ms. A 7: povoient. Fº 273.—Mss. A 6, 8: pourroient.

P. 231, l. 15: faire.—Les mss. A 6, 8, 15 ajoutent: leur exploit et.

P. 232, l. 1: aïr.—Mss. A 6, 8, 15: courroux.

P. 232, l. 4: le.—Mss. B 3, 4 et mss. A: lui, li.

P. 232, l. 13: manières.—Mss. A: estas.

P. 232, l. 22: ce sace.—Mss. A 6, 8, 15: ce scay je.

P. 233, l. 5: le ponée.—Mss. A 1 à 7: la pensée.—Ms. B 3: la manière. Fº 286.—Ms. B 4: l’estat. Fº 272 vº.—Ms. A 15: les posnées. Fº 301.

P. 233, l. 6: amirent... ont amiré.—Ms. B 4 et mss. A: aiment, ont aimé.—Ms. B 3: prisent... ont prisé.

P. 233, l. 28 et 29: grignes.—Ms. B 3: haynes. Fº 286.

P. 234, l. 5: ne chierirent.—Mss. A 1 à 6, 8, 11 à 29: n’amèrent.

P. 234, l. 8: cose.—Le ms. A 15 ajoute: pour lors. Fº 301 vº.

FIN DES VARIANTES DU TOME SIXIÈME.

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