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Dictionnaire de nos fautes contre la langue française

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The Project Gutenberg eBook of Dictionnaire de nos fautes contre la langue française

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Title: Dictionnaire de nos fautes contre la langue française

Author: Raoul Rinfret

Release date: December 5, 2013 [eBook #44354]
Most recently updated: October 23, 2024

Language: French

Credits: Produced by Leslie Tomlinson, Bibimbop, Hugo Voisard and
the Online Distributed Proofreading Team at
http://www.pgdp.net (This book was created from images
provided by Bibliothèque et Archives nationales du Québec
(http://www.banq.qc.ca/).)

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE DE NOS FAUTES CONTRE LA LANGUE FRANÇAISE ***

— Note de transcription —

Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. Il y a une note plus détaillée à la fin de ce livre.

DICTIONNAIRE

DE

NOS FAUTES

CONTRE

La Langue Française

PAR

RAOUL RINFRET


MONTREAL
CADIEUX & DEROME
EDITEURS

DICTIONNAIRE
DE
NOS FAUTES
CONTRE
La Langue Française


CONTENANT

PAR

RAOUL RINFRET


MONTREAL
CADIEUX & DEROME
EDITEURS

Enregistré conformément à l’Acte du Parlement du Canada, l’an mil huit cent quatre-vingt-seize, par Raoul Rinfret, au Ministère de l’Agriculture.

Typ. John Lovell & Son.

PREFACE.


Le livre que je publie est, en grande partie, un résumé de tout ce qui a été écrit au Canada relativement à nos fautes contre la langue française (la liste des ouvrages mis à contribution est donnée plus bas). Quelques ouvrages français, qui traitent des locutions vicieuses en usage en France, ont été consultés. J’ai ajouté un assez grand nombre de termes locaux, que j’avais commencé à recueillir il y a quelques années.

Afin de ne pas surcharger ce dictionnaire, je ne corrige pas les fautes que font seules les personnes sans instruction, ni les fautes qui se commettent dans l’emploi des mots techniques des professions et des métiers; à moins que ces mots n’appartiennent au domaine public.

Il nous faut apprendre le français tel qu’il existe en France. Il ne peut être question pour nous de créer une langue spéciale. Je suis forcé de condamner, bien à regret, une foule d’expressions employées ici tous les jours, mais qui ne sont plus correctes parce qu’elles ont vieilli ou changé de signification. Si nous commençons à nous écarter, de propos délibéré, du véritable français, tel qu’il est parlé et compris de nos jours, en conservant nos archaïsmes, où nous arrêterons-nous?

Il est inutile d’ajouter que je ne condamne pas les mots de la langue canadienne qui n’ont pas d’équivalents en France.

Nous somme obligés d’apprendre l’anglais. Apprenons-le bien. Mais quand nous parlons le français, évitons d’y mêler des mots à moitié anglais. Je signale avec soin les anglicismes, cette plaie de notre langue.

Le génie d’une langue ne peut s’apprendre dans les dictionnaires, a-t-on dit. C’est vrai. Mais avant d’essayer de nous pénétrer du génie de la langue française par la lecture des bons auteurs, débarrassons-nous au moins des fautes grossières que nous commettons contre elle. Ce petit dictionnaire nous aidera, j’espère, à atteindre ce but.

M. Fréchette a recueilli des notes très complètes sur notre langue canadienne. Je le remercie de tout cœur de me les avoir communiquées. Elles m’ont été bien utiles. Elles contiennent un grand nombre d’expressions vicieuses qui ne sont pas mentionnées dans les autres ouvrages.

Le dictionnaire est divisé en plusieurs parties. Il s’est glissé quelques erreurs dans la disposition des articles. Il a été difficile, dans certains cas, d’établir une ligne de démarcation entre la première et la deuxième partie.

La première partie contient nos fautes contre la langue française, et leurs corrections.

La deuxième partie contient les mots dont le genre est douteux ou quelquefois changé; la définition des mots qu’on peut confondre à cause de leur synonymie ou de leur paronymie; les difficultés et les règles relatives à nos fautes contre la langue. J’ai ajouté quelques articles oubliés dans la première partie, préférant les donner hors de leur place, plutôt que de ne les pas donner du tout.

La troisième partie traite de la prononciation. Je ne cite que les mots que nous prononçons mal, et nos principaux défauts de prononciation. Ces défauts sont: 1o de faire ordinairement a trop grave (V. A); 2o de ne pas prononcer g assez de la gorge (V. G); 3o de ne pas faire sentir les consonnes d, l, m, n, r, lorsqu’elles sont doubles; 4o de mal prononcer les diphthongues oi, un. (V. Oi, Un).

Nous commettons beaucoup de fautes de prononciation par une négligence inexcusable.

Quatrième partie. Nous nous servons tous les jours de la langue anglaise; ce qui nous fait parfois mal épeler un mot français parce que son orthographe ressemble à celle du mot anglais correspondant. J’ai recueilli ces termes paronymes, retranchant ceux qui sont employés rarement.

La cinquième partie donne les mots dont l’accent circonflexe est quelquefois oublié.


LISTES DES OUVRAGES CONSULTÉS.

OUVRAGES CANADIENS.

Manuel des Difficultés les plus communes de la Langue Française, suivi d’un Recueil de Locutions Vicieuses.

Québec, 1841; l’Abbé T. Maguire, V. G.

Recueil des Expressions Vicieuses et des Anglicismes les plus fréquents.

Québec, 1860; par un membre de la Société Typographique de Québec.

Le Mémorial des Vicissitudes et des Progrès de la Langue Française en Canada.

Montréal, 1879; Bibaud.

L’Anglicisme, voilà l’Ennemi.

Québec, 1880; J. P. Tardivel.

Glossaire Franco-Canadien et Vocabulaire de Locutions Vicieuses usitées au Canada.

Québec, 1880; Oscar Dunn.

Petit Vocabulaire à l’usage des Canadiens-Français.

Trois-Rivières, 1880; l’Abbé N. Caron.

Manuel des Expressions Vicieuses les plus fréquentes.

Ottawa, 1880; J. F. Gingras.

Dictionnaire des Locutions Vicieuses du Canada (lettre A).

Québec, 1881; J. A. Manseau.

Anglicismes et Canadianismes.

Québec, 1888; A. Buies.

Fautes à Corriger.

Québec, 1890; Alphonse Lusignan.

La Langue Française au Canada.

Québec, 1890; Napoléon Legendre.

A propos d’Education.

Montréal, 1893; Louis Fréchette.

Notre Langue Technique (Conférences).

Québec, 1890; C. E. Gauvin.

Dictionnaire Canadien-Français.

Montréal et Boston, 1894; Sylva Clapin.

“Corrigeons-nous” de “La Patrie.”

Montréal, du 18 juillet 1893 au 6 juillet 1895; Louis Fréchette.

Notes, contenant environ 4500 mots, recueillies par M. Fréchette, et mises à la disposition de l’auteur.

OUVRAGES FRANÇAIS.

Du Bon Langage, et des Termes et des Locutions Vicieuses à éviter.

Paris, 1876; comtesse Drohojowska.

Les Omnibus du Langage avec le Corrigé des Locutions Vicieuses.

Paris; D. Lévi Alvarès, père.

2000 Locutions et Fautes à corriger.

Paris. Collection “Cent Bons Livres.”

Petit Dictionnaire raisonné des Difficultés et Exceptions de la Langue Française.

Paris, 1886; Soulice et Sardou.

R. R.

Montreal, juillet 1896.

DICTIONNAIRE
— DE —
NOS FAUTES
CONTRE
La Langue Française.


A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W Y Z

A

A.—On entend souvent l’expression: Sept à huit personnes. C’est une faute. Il faut dire: Sept ou huit personnes. Voici la règle: entre deux nombres consécutifs, il faut employer la conjonction ou lorsque le substantif qui suit est indivisible, et à s’il est divisible: Il y avait sept ou huit personnes. Il y a cinq à six lieues. Dans cette dernière phrase, on devra dire: cinq ou six lieues, si l’on veut spécifier que c’est l’une ou l’autre de ces deux quantités.

Ne dites pas: j’ai plusieurs endroits à aller; mais: il me faut aller à plusieurs endroits.

à matin, à soir, sont des expressions fautives que l’on entend tous les jours pour ce matin, ce soir.

On doit dire: cent bottes de foin par et non à l’arpent.

C’est une faute d’employer à, aux, pour de lorsqu’il s’agit de désigner la substance qui compose un mets. Il faudra dire: compote de pommes; marmelade de pêches; confitures d’abricots; fricassée de poulet; gelée de veau, pâté de lièvre, salade de homard, etc. L’emploi de à indique que la substance mentionnée n’est qu’un accessoire, ou désigne la manière dont un mets est apprêté: omelette aux fines herbes, gelée au rhum, macaroni au gratin.

Cette laitue monte à graine, à la graine, sont des expressions fautives. Il faut dire: Cette laitue monte en graine.

On ne doit pas dire: il insiste, il demande, il consent à ce que vous veniez; mais: il insiste que ou pour que, il demande que, il consent que vous veniez.

A ne saurait être employé pour de exprimant un rapport de possession. Le pré d’un tel, et non: le pré à un tel. L’Académie fait une exception pour la locution populaire: La barque à Caron. On emploie aussi quelquefois à, dans ce cas, par plaisanterie.

Il faut dire: ne servir de rien, et non: ne servir à rien. Cela ne sert de rien d’essayer de le convaincre.

Ne dites pas: Il est parti à Québec, mais pour Québec.

AA1, A1.—Ces expressions anglaises peuvent se traduire par marqué à l’A. Larousse dit: “Proverbe. C’est un homme marqué à l’A. Se dit d’un individu d’une haute probité, d’un noble caractère, d’une intelligence distinguée. Ce proverbe a été emprunté des monnaies fabriquées à Paris et qui sont marquées de la lettre A. Il est des bons, il est marqué à l’A (H. Estienne).”

Abandonner une poursuite.—Expression vicieuse, en termes de procédure. Dites: Renoncer à une poursuite, se désister d’une poursuite. D’après Bescherelle, il est préférable de spécifier et de dire: Se désister d’une demande, d’une plainte, d’un appel.

Abord.—De premier abord n’est pas français. Dites: de prime abord, au premier abord, tout d’abord.

D’abord que signifie en français aussitôt que. C’est une faute de lui donner le sens de pourvu que, puisque, du moment que, comme dans ces phrases: d’abord qu’il le dit (puisqu’il le dit); d’abord qu’il viendra (pourvu qu’il vienne).

Aboutant.—Est le part. prés. d’abouter. Il faut se servir d’aboutissant, et non d’aboutant, pour désigner les parcelles de terre voisines dans le sens de la longueur. Mentionner les tenants et les aboutissants.

Abrier, s’Abrier.—Signifient: mettre quelque chose, se mettre à l’abri du vent. Ne sont plus français dans le sens d’envelopper quelqu’un, de s’envelopper de couvertures; il faut dire: Couvrir quelqu’un, se couvrir. Couvrez l’enfant comme il faut, et non Abriez... Couvrez-vous en vous couchant, et non: Abriez-vous...

Abuser quelqu’un.—Signifie en français le tromper. Abuser les esprits faibles. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’insulter, d’injurier, comme dans cette phrase: Il l’a abusé. Dites: Il l’a insulté, injurié; il l’a abreuvé, accablé d’injures.

Accaparer (s’).—Signifie: être accaparé: Les blés s’accaparent en ce moment. Il ne faut pas dire: Il s’est accaparé tout le blé du marché, mais: Il a accaparé...

Accent.—V. Circonflexe.

Acceptance.—Mot anglais. Dites: acceptation (d’une lettre de change, etc.), et non acceptance.

Accommodation.—N’est guère employé qu’en termes de philosophie, de linguistique, de physiologie et de théologie. C’est un anglicisme de lui donner le sens de confort, commodité, espace. Au lieu de: Ce bateau manque d’accommodation, il faut dire: Ce bateau manque de confort; ou bien manque de cabines, si l’on veut parler de l’aménagement, de la grandeur.

Billet d’accommodation est un anglicisme. En français, on dit billet de complaisance (terme de commerce).

Accomplissement.—Anglicisme dans le sens de talent, mérite, qualités. (Il avait autrefois ce sens.) Signifie, en français, exécution, réalisation d’une chose projetée, promise ou souhaitée. Accomplissement d’un vœu.

Acconnaître.—N’est plus français. Dites: Connaître, savoir. On le trouve dans les vieilles formules du droit: Lui fait acconnaître et assavoir.

Accord.—Mettre d’accord signifie concilier. Le juge les mit d’accord (c-à-d., les concilia). En parlant d’un instrument de musique, dites: Accorder et non mettre d’accord; accorder un violon, un piano.

Accorder un contrat.—V. Contrat.

Accoster.—Est un verbe actif. Ne dites pas: accoster au quai, contre le quai, mais accoster le quai: Ce navire a accosté le quai.

Accoter (s’).—V. Appuyer (s’).

Accouder (s’).—V. Appuyer (s’).

Accoupler.—Il faut dire: attacher des wagons, et non accoupler. Accoupler signifie: réunir deux à deux.

Accoupleur.—N’est pas français. Celui qui attache ensemble les wagons n’a pas, en France, de nom particulier. Il s’appelle homme d’équipe.

Accrochoir.—N’est pas français. Dites portemanteau (morceau de bois ou de fer fixé au mur pour suspendre des habits), crochet, patère.

Acculer.—Signifie: pousser quelqu’un dans un coin où il ne puisse plus reculer. Il ne faut pas donner à ce mot le sens d’éculer (rabattre en marchant le quartier de sa chaussure). Souliers éculés, et non acculés.

Acculoir.—N’est pas français. Dites avaloire, subst. fém. (pièce de harnais), ou reculement.

Achalant.—N’est pas français. V. Achaler.

Achaler.—N’est pas français. Dites: Il m’ennuie, il me fatigue, il m’importune, et non il m’achale.

Acompte.—Dites: J’ai reçu cent dollars à compte et non en acompte. Ou bien: J’ai reçu un acompte de cent dollars sur ce qu’il me doit.

Acoustique.—Le cylindre évasé qu’on se met à l’oreille pour communiquer par le téléphone ne s’appelle pas acoustique, mais récepteur.

Est du féminin. L’acoustique de cette église est bonne.

Acquêt.—Terme de jurisprudence. Dans ce genre de phrase: Vous avez autant d’acquêt, pour signifier gain, profit, acquêt n’est plus employé.

Acter.—Signifie: signer des actes, ou les faire rédiger (peu usité). N’est pas français dans le sens de tenir un rôle (dans une pièce de théâtre). C’est un anglicisme très usité et très condamnable: Ce jeune homme joue très bien, et non acte très bien.

Addition.—On dit additions en parlant de ce qu’on ajoute à un livre, à un document. C’est un anglicisme de lui donner le sens étendu qu’il a dans les phrases de ce genre: addition à une bibliothèque, pour désigner de nouveaux livres;—addition à une salle, pour un ou des meubles ajoutés; de l’employer pour signifier un agrandissement quelconque fait à une maison; pour signifier une annexe.

Additionnel.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de supplémentaire. Ne dites pas: Employé additionnel, mais: Employé supplémentaire. Signifie, en français: qui doit être ajouté. Ordonnance additionnelle.

Adjectif.—On emploie quelquefois à tort, comme adverbes, certains adjectifs qui ne peuvent l’être. Ne dites pas: moi pareil, pour moi pareillement; il viendra sûr, pour sûrement; j’y serai certain, pour certainement.

Admission.—Signifie: action d’admettre ou d’être admis. Admission aux ordres sacrés. N’est pas français dans le sens d’aveu. Ne pas dire: admission d’un crime, mais aveu d’un crime. Au lieu de: Pas d’admission, dites: Entrée interdite. Au lieu de: L’admission de Terre-Neuve dans la Confédération, dites: l’entrée...

Carte d’admission doit se dire: Billet d’entrée.

Adon.—N’est pas français. Dites hasard, bonne chance.

Adonner (s’).—Le verbe s’adonner veut dire: s’attacher particulièrement à une chose, s’y complaire avec passion: s’adonner à l’étude, à la boisson. Il signifie en outre: se convenir, s’unir, sympathiser, en parlant des choses morales: Deux caractères s’adonnent. C’est une faute de dire: Je m’adonnais à passer, lorsqu’il s’est mis à la fenêtre. Dites: Je passais, lorsqu’il... Autre faute: Vous voilà? cela s’adonne bien; j’avais affaire à vous. Dites: Cela tombe bien...

On entend dire souvent aussi: Je m’adonne bien avec cette personne. Ce n’est pas français. Dites: Je sympathise bien avec cette personne; nos caractères s’accordent bien.

Adosser (s’).—V. Appuyer (s’).

Adresse.—Quand on écrit à un avocat, à un médecin, à un notaire, etc., on adresse la lettre: Monsieur Un Tel, avocat, et non: Monsieur l’Avocat Un Tel.

Ne dites pas: Cette petite fille a lu une adresse à son père à l’occasion de sa fête, mais: Cette petite fille a souhaité la fête à son père. Il est cependant correct de dire: L’adresse de la Chambre des députés, en réponse au discours du trône (Acad.)

Adresser un auditoire.—Est un anglicisme. Il faut: S’adresser à un auditoire, adresser la parole à un auditoire, ou haranguer un auditoire.

Adverse.—On dit bien: la partie adverse, fortune adverse; mais il vaut mieux dire: opinion opposée, contraire, plutôt que: opinion adverse.

Affaire.—Il faut dire: J’ai affaire à lui parler, et non de lui parler, si c’est dans le sens d’avoir besoin de.

Faire son affaire, en parlant de quelqu’un, c’est, en français, le châtier ou même le tuer: Il lui a fait son affaire. Faire son affaire d’une chose c’est s’en charger. Faire son affaire ne veut pas dire en français, gagner de l’argent. Au lieu de: Il fait son affaire, dites: Il fait bien ses affaires, il réussit bien.

On dit en français: un homme d’affaires, un agent d’affaires, mais on ne peut faire un qualificatif de ce terme et dire: Il est d’affaires, pour signifier: habile en affaires. C’est un anglicisme.

Affecter.—C’est une faute de donner à ce mot le sens d’influencer, et de dire affecter un vote, affecter la majorité, au lieu de: Influencer un vote, la majorité.

Affiquiot.—Corruption d’affûtiau. Signifie tout l’attirail dont on a besoin pour faire une chose.

S’emploie, mais aussi à tort, dans le sens d’affiquet (ornement de femme, etc.); affiquet est français, mais populaire.

Affirmative.—Ne dites pas: Répondre dans l’affirmative. C’est un anglicisme (to answer in the affirmative); mais: répondre affirmativement.

Affronter quelqu’un.—Signifie: braver avec audace sa colère, ses menaces. N’est pas français dans le sens de faire un affront. Ne dites pas: il l’a affronté devant tout le monde, mais: il lui a fait un affront...

Agacer.—On dit: agacer les dents, les nerfs, un chien, etc., mais c’est une faute d’employer ce mot dans le sens d’émousser, et de dire: agacer un instrument tranchant.

Agate.—Nom anglais de la parisienne ou sédanoise, caractère d’imprimerie plus petit que la nonpareille. En français agate, désigne une pierre précieuse. Ne pas confondre ce mot avec le nom propre Agathe.

Âge.—Etre en âge de... signifie: être assez âgé pour... Etre en âge, employé pour signifier être majeur, n’est pas français. Ne dites pas: Il est en age, mais il est majeur.

Agent de station.—Anglicisme. Dites: Chef de gare.

Agir.—De ce qu’agir, dans un grand nombre de cas, est synonyme d’en user, il ne faut pas croire qu’il est permis de dire aussi en agir. Cette manière de s’exprimer est condamnée par tous les grammairiens. Au lieu de: Il en a mal agi dans cette affaire, dites: Il a mal agi dans cette affaire.

Agoniser.—Signifie: être à l’agonie. Ne dites pas: agoniser quelqu’un d’injures, mais: agonir d’injures (c’est-à-dire, accabler d’injures); ou simplement agonir: Il a agoni son adversaire.

Agrafe.—Dites fermoir, pour désigner cette agrafe qui sert à tenir un livre fermé.

Agrain.—Signifie en français: amas de grains en gerbe pour attirer le gibier. Il faut dire du farrago, si l’on veut désigner un mélange de diverses sortes de grains, et non des agrains.

Agrès.—On dit les agrès d’un vaisseau, d’un gymnase; mais il faut dire engins de pêche, et non agrès.

Aigrefin.—Signifie en français souple, adroit, et parfois même escroc (è-skro). C’est une faute de lui donner le sens de faible de constitution.

Aigrette.—Désigne la huppe des oiseaux. N’est pas français dans le sens de chènevotte (partie ligneuse du lin et du chanvre quand elle est dépouillée de la filasse).

Air.—Substantif masculin. On fait souvent la faute de le mettre au féminin, comme dans cette phrase: Que l’air est bonne! il faut dire: Que l’air est bon!

Air de vent, pour brise, souffle du vent, est une locution vicieuse. Ne dites pas: Il n’y a pas un air de vent, mais, Il n’y a pas un souffle, pas la moindre brise. Mais aire de vent est français, pour désigner la trente-deuxième partie de la boussole dont les divisions représentent tout l’horizon.

Ne dites pas: je connais les airs de la maison, mais les aîtres ou les êtres de la maison; c’est-à-dire ses différentes parties, la distribution des pièces dont elle se compose.

Avoir l’air à, expression vicieuse. Au lieu de: Il a l’air à vouloir se corriger, dites: Il a l’air de vouloir se corriger.

Aléner.—V. Enclaver.

Alentour.—Est adverbe, et ne doit donc pas être suivi de la préposition de. Dites: Les enfants jouent autour de la maison, et non alentour de la maison. Alentour peut être suivi de de, si ce dernier mot ne lui sert pas de complément: il y avait alentour des soldats étrangers. C’est-à-dire: Il y avait des soldats...

Ne dites pas aux alentours de, dans les alentours de, dans le sens d’à peu près, d’environ: Il lui doit environ, à peu près cent dollars.

Alise.—Fruit de l’alisier. On donne à tort, en certains endroits, ce nom à la bourdaine, au fruit de la bourdaine, qui croît dans les lieux humides, et atteint une hauteur de douze à quinze pieds. Ce fruit est une baie successivement verte, rouge et noire.

Alitré.—N’est pas français. Dites: avivé. Plaie, peau avivée.

Allége.—Désigne en français une espèce de barque; est aussi un terme d’architecture et de chemin de fer. Ce mot n’est pas un adjectif, et l’on ne peut dire: Une voiture allége, pour: une voiture non chargée. Ce doit être une corruption du terme de marine lége, qui signifie: n’ayant pas son chargement complet. Navire lége.

Allégué.—Est un participe et non un substantif. Ne dites pas: Un allégué, mais: Une allégation.

Aller.—C’est un anglicisme de dire: Il est allé pour vous voir (he has been to see you). Dites: Il a été vous voir, ou: Il a été chez vous pour vous voir.

Une rumeur allant à dire (going to say) est un anglicisme. Il faut: On dit que, on rapporte que, le bruit court que.

Ne dites pas: aller en procès, mais intenter, faire un procès.

Alley.—Terme anglais. Se traduit par boulet: espèce de bille en verre de couleur; ou par calot: grosse bille de pierre dont les enfants se servent au jeu.

Allouance.—Signifie allocation (d’une somme). Est peu usité. Ne dites pas: allouance des chemins, mais réserve pour chemins (espace qui est réservé pour les chemins lorsqu’un terrain est subdivisé en terres pour la culture).

Allumer.—Ne peut s’employer absolument pour signifier allumer sa pipe. Dites: Je vais allumer ma pipe, et non: je vais allumer, tout court.

Allusion.—Faire allusion à quelque chose signifie: en éveiller le souvenir. Mais dans une de ses acceptions anglaises, ce mot signifie mention. Dites: Le procès dont il a été fait mention, et non: auquel il a été fait allusion.

Alsphate.—Il faut dire asphalte et non alsphate.

Est du masculin. L’asphalte est plus pesant que l’eau.

Allumelles.—N’est plus français dans le sens de lame de couteau.

Aluminum.—Il ne faut pas dire, comme les Anglais: aluminum, mais aluminium (masculin).

Amais.—N’est pas français. Dites point de repère: marque, signe par lequel on reconnaît sa position dans une forêt.

Amais s’emploie aussi à tort pour direction d’une ligne. Ce mot est une corruption d’amers, terme de marine qui signifie: marques apparentes sur les côtes, telles que les moulins, les clochers, etc., propres à guider les navigateurs.

Amalgamation.—En français signifie: la séparation de l’or et de l’argent de leur minerai à l’aide du mercure. C’est un anglicisme de s’en servir pour exprimer la fusion de deux sociétés commerciales, de deux entreprises industrielles, de deux intérêts. Au lieu de: L’amalgamation de ces deux banques, dites: La fusion de ces deux banques.

Amancher.—N’est pas français. Corruption de emmancher (an-mancher): munir d’un manche. Au lieu de amancher des tuyaux, dites: aboucher des tuyaux.

Amarinage.—V. Amariner.

Amariner.—Ce mot signifie: habituer quelqu’un à la mer, fournir un vaisseau de son équipage. Par conséquent, on ne peut pas amariner des cornichons.

Amarinage est l’action d’amariner un navire. Il s’en suit que les amarinages n’ont guère de rapport avec le hors-d’œuvre auquel on donne ce nom ici. Ce hors-d’œuvre doit s’appeler cornichons confits au vinaigre, ou simplement cornichons: Veuillez me passer les cornichons, et non les amarinages.

D’autres disent les marinages: ce qui n’est pas plus correct. Marinage est l’action de mariner des vivres.

D’autres enfin disent marinade. Ce qui est une faute encore. Marinade se dit de la viande marinée; d’une sauce particulière; d’une saumure pour la conservation des viandes. Le mot anglais pickles s’emploie maintenant en France.

Amarrer.—Terme de marine. Signifie: lier, attacher avec des amarres. Par extension, il veut dire attacher avec des cordes. Mais on ne peut dire amarrer des souliers, une coiffure, un cheval, pour attacher des souliers, une coiffure, un cheval.

Ambigu.—Employé comme substantif ou comme adjectif masculin, il s’écrit sans tréma; mais employé comme adjectif féminin, il en prend un sur l’e: Réponse ambiguë. Ambiguïté: prend un tréma sur l’i.

Ambitionner.—Est actif, et exige un complément: ambitionner les honneurs. Il ne peut être neutre. Il ne faut donc pas dire: vous ne devez pas ambitionner, mais vous ne devez pas avoir trop d’ambition, d’exigences.

Ameer.—Mot anglais. Se traduit par Emir: chef arabe d’un gouvernement ou d’une tribu.

Amendement.—C’est un anglicisme que de dire: Proposer quelque chose en amendement. Dites: Proposer un amendement, ou faire une proposition par voie, ou sous forme d’amendement.

Amender.—Signifie corriger, modifier, etc. Il est vieux et peu usité dans le sens de ramender (diminuer de prix). Dites: La farine a ramendé, et non amendé.

Amener.—Amener des preuves, anglicisme (to bring proof); dites: donner, produire des preuves.

Amicablement.—N’est pas français. Dites: amicalement, à l’amiable, selon le cas.

Amont.—Terme dont on se sert pour indiquer le côté d’où vient un fleuve, une rivière. Ne s’emploie guère qu’avec la préposition de. Le vent est d’amont, il souffle d’amont. En amont de la ville, du pont. Mais on ne doit pas dire: Amont la côte, pour en haut de la côte.

Amour.—Etre en amour, tomber en amour. Ces deux expressions doivent être évitées à tout prix comme choquantes. Elles n’ont pas du tout en français le sens qu’on leur donne ici et ne s’appliquent qu’aux animaux. Ne dites donc pas: Il est en amour, ils sont tombés en amour, mais: Il est amoureux, ils s’aiment. Etre en amour, tomber en amour, dans le sens qu’on leur donne ici, sont des anglicismes.

Amourettes.—Terme populaire. Moelle que l’on détache des reins du veau et du mouton, et dont on fait des plats recherchés. Ne pas confondre ce mot avec animelles.

Ampas.—Corruption de lampas: engorgement ou allongement de la membrane qui tapisse le palais du cheval près des dents incisives.

Amunition.—Dites: munition (pour la chasse, l’armée, etc.). Ce mot s’emploie surtout au pluriel. Des munitions. Amunition était français autrefois, mais n’est plus employé.

Amusard.—Corruption du mot musard: qui perd son temps à des bagatelles.

Anguille brûle (l’).—Se dit en bon français cache-tampon: jeu d’enfants dans lequel on cache un mouchoir roulé en tampon; celui qui le trouve s’en sert pour frapper ses camarades en les poursuivant.

Animaux.—On appelle animaux, tous les êtres vivants et animés qui ne sont pas doués de raison. Le moustique comme l’éléphant est un animal. Les bestiaux sont l’ensemble des animaux domestiques faisant partie d’une ferme ou d’une exploitation agricole. C’est donc une faute d’employer animaux pour bestiaux. Dites: Le commerce de bestiaux.

On doit employer les verbes suivants pour désigner le cri de certains animaux: pour abeille, bourdon, frelon, guêpe, hanneton, mouche, bourdonner; âne, braire; dindon, glouglouter; colombe, gémir; corbeau, croasser; grenouille, coasser; rossignol, gazouiller; serpent, merle, serin, siffler; lion, rugir; loup, hurler; pie, babiller, causer, jacasser; pigeon, roucouler; poule, glousser, caqueter; renard, glapir, aboyer; cheval, hennir (ha-nir); mouton, bêler; bœuf, mugir, meugler, beugler.

Anneau.—On dit: coulant de serviette, rond de serviette, et non anneau de serviette.

Annonce.—V. Réclame.

Annoncer.—Ne dites pas: ce jeune homme annonce bien, pour signifier: il se fait connaître sous un rapport favorable, mais: ce jeune homme s’annonce bien.

Anticiper.—Signifie devancer, prévenir. Mais c’est un anglicisme que de dire: J’anticipe quelque malheur, quelque difficulté. Il faut: je pressens, je prévois quelque malheur, etc.

Antiquités.—Signifie entre autres: les objets anciens qui nous restent d’une nation: peinture, inscriptions, ustensiles, etc. Il ne faut pas confondre cette expression avec antiquailles, qui signifie vieux objets sans valeur, et qui comporte une idée de mépris: Ramasseur, chercheur d’antiquailles.

Anvaler.—Corruption d’avaler.

Anxieux.—Est un anglicisme dans le sens de désireux, impatient. Il signifie en français: inquiet, alarmé, perplexe. Ne dites pas: Je suis anxieux d’arriver; mais: Je suis impatient, désireux d’arriver.

Aplomb.—Ecrivez d’aplomb ou à plomb, et non aplomb d’un seul mot, lorsque vous voulez dire verticalement. Cette colonne est posée à plomb ou d’aplomb. Aplomb est substantif. Mur qui conserve son aplomb, l’aplomb.

Apologie.—Signifie: discours, écrit pour défendre, justifier. C’est un anglicisme de l’employer dans le sens d’excuse, comme dans faire apologie; dites: présenter des excuses, avouer son erreur.

Apothicaire.—Vieux mot. On emploie de préférence aujourd’hui le mot pharmacien.

Appareiller.—Veut dire: mettre ensemble des choses pareilles: appareiller des tableaux. Est aussi un terme d’architecture et un terme de marine. C’est une faute de lui donner le sens de préparer (un dîner, une chambre); habiller (des enfants); dresser (une table, un lit), etc. Il ne faut pas lui donner le sens d’apparier, qui veut dire: réunir la paire, en parlant de gants, bas, etc.

S’appareiller signifie: se joindre à un pareil à soi; s’accoupler, surtout en parlant des oiseaux. C’est donc une faute de lui donner le sens de se préparer; s’apprêter à sortir; c’est une faute encore de lui donner le sens d’appareiller, c’est-à-dire mettre à la voile.

Appartement.—Veut dire en français: logement composé de plusieurs pièces de plain-pied, au même étage, de grandeurs diverses, et propres chacune à un usage particulier. Est généralement composé d’une antichambre, d’une salle à manger, d’un salon et de plusieurs chambres à coucher. Appartement ne peut donc désigner une seule chambre, une seule pièce.

Appelable.—En parlant des personnes, le mot anglais appealable se traduit par: pouvant être accusé de.... pouvant être mis en accusation. Ne dites pas: Il est appelable pour ce crime; mais: il peut être mis en accusation pour ce crime.

Appeler des noms.—V. Noms.

Appétit.—Est du masculin: Un grand appétit. Pour l’appétit de, n’est pas français. Dites: par le désir de s’approprier, d’obtenir, etc. Ne dites donc pas: Pour l’appétit de quelques sous, il expose sa vie; mais: Pour l’appât de, par le désir d’obtenir quelques sous....

Applicant.—On dira d’un ouvrage qu’il est applicant; c’est-à-dire, qu’il demande une grande attention. Cette locution est française, mais populaire. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de pétitionnaire, solliciteur, qui sollicite. Au lieu de: Il y a beaucoup d’applicants pour cet emploi, dites: il y a beaucoup de personnes qui sollicitent cet emploi.

Application.—Faire application pour une place est un anglicisme. Dites: adresser une demande, une requête, une supplique dans le but d’obtenir un emploi, une position. Demander une position; solliciter un emploi.

Appoint.—Signifie: le solde d’un compte. N’est pas français dans ces phrases: Je ne veux pas attendre ses appoints, être à tous ses appoints; c’est-à-dire: être le jouet de ses caprices.

Appointement.—Au singulier, est un terme de jurisprudence. C’est un anglicisme de l’employer dans le sens de nomination, de rendez-vous, etc. (V. Salaire); et de dire: c’est un bon appointement (pour une nomination heureuse); j’ai un appointement avec lui pour telle heure pour: je dois le rencontrer à telle heure, j’ai un rendez-vous avec lui à telle heure.

Appointer quelqu’un.—A un poste, à une situation, est un anglicisme. Il faut dire nommer. Il a été nommé caissier, et non: appointé caissier. Appointer un commis, un intendant, signifie, en français, donner des appointements à ce commis, à cet intendant; et non: le nommer à une position.

Approbation (En).—N’est pas français dans le sens qu’on lui donne ici. Au lieu de: Donner un ouvrage en approbation (avant de le faire imprimer), dites: le soumettre à l’approbation de quelqu’un, à la critique de quelqu’un. Ne dites pas qu’un marchand envoie des marchandises en approbation, mais qu’il les envoie pour que l’acheteur fasse son choix; qu’il les envoie à l’essai, au choix.

Approcher quelqu’un.—Signifie: avoir un accès libre, facile, auprès de lui. C’est un anglicisme de donner à cette locution le sens de: faire des propositions à quelqu’un; chercher à l’entraîner, en lui proposant quelque avantage, à se faire aider dans une chose secrète et peu honorable.

Appropriation.—Signifie: action de s’approprier; de rendre propre à un usage un objet quelconque.—Approprier signifie: rendre propre à une destination, etc. C’est donc une faute de donner à appropriation le sens de crédit, somme votée par la législature ou par des corporations pour certaines fins. Ne dites pas: Une somme appropriée, mais: affectée, destinée à telle fin.

Approprié.—On dit en français: Expression appropriée à la pensée de l’auteur, c’est-à-dire adaptée à la pensée. C’est un anglicisme d’employer ce mot absolument et de lui donner le sens de conforme, propre, juste. Ne dites pas: Ses remarques étaient appropriées, mais ses remarques étaient justes. Au lieu de: C’est le mot approprié, dites: C’est le mot propre.

Approprier.—V. Appropriation.

Approvisionné.—Veut dire muni de provisions. Au lieu de: approvisionné d’argent, dites: muni, pourvu d’argent.

Appuyer (s’).—Si l’on s’appuie sur le côté, c’est s’accoter; sur le coude, c’est s’accouder; sur le dos, c’est s’adosser. On emploie souvent, par erreur, s’accoter, pour s’adosser, s’accouder.

Après.—Ne doit jamais être employé pour exprimer un rapport de position ou de jonction; on doit dire: la clef est sur la porte, et non: est après la porte. J’écris, et non je suis après écrire; attacher un cheval à un poteau, et non: après un poteau; il a une tache à son habit, et non: après son habit.

Arasage.—N’est pas français. Dites: Arasement (d’un mur).

Arcade.—Ne dites pas les arcades d’une église, mais les galeries d’une église. V. Jubé.

Arche.—On dira en français l’arche d’un pont; arche d’assemblage (terme de construction); mais il faut dire arc, en parlant de cette construction élevée sur un chemin, une rue, par laquelle doit passer une procession, un cortège: L’arc était rond, et non pas: l’arche....

Archevêque.—Dites archevêque et non archévêque.

Archidiocèse.—N’est pas français, bien qu’archidiocésain le soit. Dites: archevêché (diocèse d’un archevêque).

Aréolithe, Aréostat.—Dites: Aérolithe, aérostat, et non aréolithe, aréostat.

Argent.—Est du masculin. Ce qui n’empêche pas la plupart des gens de dire: De l’argent neuve, de la bonne argent, pour: De l’argent neuf, de bon argent.

Argent de papier doit se dire: papier monnaie, billet de banque; argent dur, doit se dire: monnaie d’argent, argent monnayé, espèces.

Les argents, expression que l’on entend dire souvent, dans le sens de somme d’argent, est un anglicisme. Argent ne s’emploie au pluriel que lorsqu’on veut désigner un fragment ou échantillon de minerai: De tous ces argents, celui-ci est le plus pur.

Argenté.—N’est pas français dans le sens de pourvu, muni d’argent. On peut dire dans le langage populaire, argenteux, mais il vaut mieux dire pourvu d’argent, muni d’argent.

Argenteries.—Dans le sens de vaisselle d’argent, argenterie n’a pas de pluriel. Par conséquent, c’est une faute de dire: acheter des argenteries, vendre ses argenteries, au lieu d’acheter de l’argenterie, vendre son argenterie.

Arguer.—Signifie en français: contredire, accuser, tirer une conséquence. C’est un anglicisme de dire: Arguer une cause, une question. L’avocat doit dire: j’ai plaidé ma cause, discuté la question, fait valoir mes arguments, etc.

Argumenter.—Est ordinairement neutre. En l’employant activement, on ne doit pas dire: argumenter une cause, bien qu’on dise argumenter quelqu’un (lui adresser des arguments). Dans ce dernier sens, il est peu usité. Dites: prouver une cause par arguments.

Armette, armède germain.—Corruption de l’expression souvent usitée en France dans le langage populaire: remué de germains. Dites: cousin issu de germain, et non cousin armette germain, armède germain.

Armoire.—Armoire montante n’est pas français; dites: monte-plats.

Armoiries.—Anglicisme (armory). Dites: Arsenal: lieu où l’on met les armes. Armoiries est synonyme, en français, d’armes, en terme de blason.

Arome.—C’est une faute d’écrire arôme (avec un accent circonflexe).

Arpentage.—Strictement parlant, l’arpentage consiste à mesurer les terrains, à en calculer la superficie et à en dresser le plan. Au lieu d’arpentage de rivière, de chemin, il faut dire: Lever de rivière, de chemin, etc., ou lever des plans de...; au lieu d’arpentage préliminaire d’un chemin de fer, dites: Etude du tracé d’un chemin de fer; au lieu d’arpentage définitif d’une voie ferrée, dites tracé définitif...; au lieu d’arpentage d’un lac, d’une ville, dites: Lever du plan, ou lever d’un lac, d’une ville.

Arpenteur.—Désigne celui qui mesure la superficie des terres. Dites arpenteuse et non arpenteur, pour désigner une certaine chenille. On dit une arpenteuse, ou une chenille arpenteuse.

Arrangements d’hiver, d’été.—Dites: Service d’hiver, d’été, d’un chemin de fer.

Au lieu de: C’est un homme d’arrangement, dites: c’est un homme facile en affaires, d’humeur conciliante.

Arranger.—Ne pas employer ce mot dans le sens de raccommoder, réparer. On dira: Réparer une voiture, une machine; raccommoder une robe, une chaussure, et non arranger.

Arrangeur.—Désigne, en français, celui qui donne une forme définitive à un canevas, à une ébauche, à une idée. C’est une faute de désigner par ce mot celui qui répare, comme dans arrangeur de montres (dites: horloger); arrangeur de parapluies (dites: qui répare...).

Arrestation.—Ne dites pas: mandat d’arrestation, mais: mandat d’arrêt.

Arrière.—Ne dites pas: Cette montre, cette horloge est en arrière, prend de l’arrière; ce sont des expressions vicieuses. Dites: Cette montre, ou cette horloge retarde, elle est en retard. On peut dire aussi: je retarde de vingt minutes, pour indiquer que ma montre retarde de vingt minutes. V. Avant.

Arrimer.—N’est qu’un terme de marine. Il est toujours actif. Il ne faut pas lui donner le sens d’arranger, disposer; ni l’employer absolument, en disant; allez-vous venir à bout d’arrimer? C’est-à-dire: allez-vous réussir, allez vous terminer?

Artichoux.—Corruption d’artichaut. Ce que nous appelons ici, à tort, artichaut, se nomme en français bardane.

Article.—C’est une faute d’employer l’article dans ce genre de phrases: donnez-moi du bon lait; vous avez du bon argent; voilà des jolis enfants; il vend du bon vin. Il faut: donnez-moi de bon lait; vous avez de bon argent; voilà de jolis enfants; il vend de bon vin. Voici la règle de l’Académie: On fait usage des articles du, des, etc., devant un nom auquel on veut donner un sens partitif: Voilà du pain, de l’eau, des cerises, etc.; c’est-à-dire, une certaine quantité de pain, d’eau, etc. Cependant, si le nom ayant un sens partitif est précédé d’un adjectif, l’article se remplace par de: Voilà de jolis fruits, de beaux jardins, etc. Si l’adjectif fait partie d’un nom composé, comme dans belle-mère, beau-père, petit pois, ou si l’adjectif joint à un nom en fait une sorte de nom composé, comme dans jeunes gens, jeunes personnes, grand homme, etc., il faut maintenir l’article: il y a des beaux-pères, des belles-mères, qui valent de véritables parents; voilà des jeunes gens passionnés pour l’étude.

Dites: La rose est la fleur que j’aime le mieux, et non la mieux. Voici la règle: L’article, placé devant plus, mieux, moins, varie si l’adjectif est au comparatif. L’article est invariable lorsque l’adjectif est au superlatif: C’est auprès de ses enfants que cette mère est le plus heureuse; ou lorsque plus, mieux, moins modifient un verbe ou un adverbe: ce sont les travailleurs que l’on estime le plus.

Artistiquement.—Est un néologisme. Il signifie artistement.

Aspect de la moisson, etc.—Désigne le coup d’œil qu’elle présente. Mais si l’on veut parler de ce qu’elle laisse espérer, il faut dire: les apparences, les promesses de la moisson. Aspect n’a pas cette signification.

Assaut et batterie.—Sont des anglicismes (assault and battery). Assaut, en français, signifie: attaque de vive force contre une ville, une place de guerre, etc. Le mot anglais assault peut se traduire par: voies de fait; et par coups et blessures pour une attaque plus sérieuse. Batterie, en français, signifie bien, entre autres choses, querelle de gens qui se battent; mais n’est pas fort usité en ce sens. Au lieu de: Il a été arrêté pour assaut et batterie, dites: il a été arrêté pour voies de fait ou pour coups et blessures. Assaut simple se dit en français voies de fait, et assaut grave se dit coups et blessures.

Assaut indécent est un autre anglicisme. Dites: Attentat à la pudeur.

Assavoir.—N’est plus français; est remplacé par savoir, connaître. Ne s’emploie que par plaisanterie ou dans les formules juridiques.

Assermenter.—On assermente quelqu’un, jamais quelque chose. Un fonctionnaire, un témoin, peuvent être assermentés, mais non un document, une déposition. Dites: Attester, certifier un document, etc., sous serment; attester un fait avec serment.

Assessment roll.—Expression anglaise. Se traduit par rôle des impôts, ou rôle des contributions.

Assesseur.—Signifie: magistrat suppléant. N’est pas français dans le sens d’estimateur. C’est un anglicisme (assessor).

Assez.—N’a pas le sens de tant. Ainsi l’on ne doit pas dire: il a assez ri qu’il en a été malade, pour: il a tant ri... Assez ne peut non plus signifier tellement.

Assez ne peut modifier un nom. Il ne faut pas dire: il est assez orateur, pour assez bon orateur.

Assistance.—N’est pas français dans le sens de présence. Dites: le livre de présence; la moyenne, la régularité de la présence des enfants à l’école, et non: le livre, la moyenne, etc., de l’assistance. C’est une faute qu’on trouve même dans les rapports des écoles de la Province.

Associer.—On dit associer une chose à une autre, et non avec. On emploie à ou avec lorsqu’il s’agit de société, d’union commerciale: il s’est associé à ou avec son frère dans cette entreprise.

Associé signifie: compagnon dans une entreprise, dans un travail, etc., mais n’a pas le sens d’ami. Ce terme est fréquemment usité, par erreur, dans ce sens, et aussi dans le sens de compagnon de voyage.

Assumer.—On dit: assumer une responsabilité, assumer sur sa tête des haines: mais l’expression assumer une dette est un anglicisme (to assume a debt). Dites: Se charger d’une dette.

Assureur.—Désigne la compagnie d’assurance considérée dans ses rapports avec l’assuré. C’est une faute de donner à ce mot le sens d’agent d’assurances, comme on le fait souvent.

Astérique, Astérisque.—Ne pas confondre ces deux mots quant à l’orthographe. Astérique est adjectif, et a rapport à l’astronomie.—Astérisque, masculin, signe en forme d’étoile (*). L’astérisque est employé pour indiquer un renvoi.

Atome.—Est du genre masculin: L’air est rempli d’atomes malsains. C’est une faute d’écrire ce mot: atôme (avec l’accent circonflexe).

Attaqué.—Ce mot ne doit se dire d’un fruit que lorsqu’on veut indiquer qu’il est rongé par des vers. Alors on dit: Cette pomme est attaquée par les vers, et non simplement est attaquée. C’est une faute d’employer attaqué en parlant d’un fruit pour dire qu’il est meurtri, blet, qu’il commence à se gâter.

Attelage.—Ne doit pas être pris dans le sens de harnais. Signifie en français: action ou manière d’atteler; bêtes de somme employées ensemble à tirer la charrue; une ou plusieurs paires de chevaux. L’attelage suait, soufflait, était rendu. Ces deux chevaux font un bel attelage.

Atteler.—Signifie: attacher un cheval à une voiture, et non mettre le harnais au cheval. Dites: harnacher. On attelle un cheval à une voiture, et non sur une voiture. On dit aussi: atteler une voiture.

Attendre.—Peut être suivi de pour, lorsque vient ensuite un infinitif: Attendez pour lui donner des conseils. Mais attendre pour quelqu’un, quelque chose, est un anglicisme (to wait for). Dites: attendre quelqu’un, quelque chose. On dit: Attendre après quelqu’un, après quelque chose, dans le sens d’avoir un besoin pressant, souhaiter avec impatience: Attendre après le médecin, attendre après son salaire.

Attraper.—Ne dites pas: Attraper un but, mais Atteindre un but. Cette faute se fait souvent en parlant du tir.

Aubelle.—N’est pas français. Dites aubier pour désigner la partie tendre et blanchâtre qui est sous l’écorce de l’arbre.

Aucun.—Dans les phrases suivantes, l’emploi d’aucun est un anglicisme: En aucun temps (at any time) (pour: en quelque temps que ce soit, en n’importe quel temps, en tout temps, à toute heure); aucune personne (any person) (pour: toute personne).

Auditer, Auditeur, Audition.—Auditer n’est pas français. Au lieu de: auditer un compte, dites: vérifier, apurer, contrôler.

Auditeur de comptes, audition de comptes, sont des expressions françaises, mais seulement en termes d’administration de l’Etat. Il faut dire: Expert comptable, au lieu de: Auditeur de comptes; et: vérification de comptes, d’écritures, au lieu de: Audition de comptes.

Augurer.—Bescherelle dit: “Nous augurons, mais les choses n’augurent pas. Les choses présagent, et nous présageons.” Dites: Je n’augure rien de bon de cette affaire, et non: Cette affaire augure mal.

Aussi.—Ne dites pas: Je n’ai pas aussi tort que vous le pensez, mais aussi grand tort. Au lieu de: aussi grand comme, dites: aussi grand que: Il n’est pas aussi grand que vous le dites.

Aussi, autant, doivent être suivis de que et non de comme: aussi grand que vous, autant que vous. V. Si.

Autant, En autant que.—En autant que, très employé, n’est pas français. Dites: pourvu que. Je le questionnerai, pourvu qu’il veuille répondre; et non: Je le questionnerai en autant qu’il voudra répondre.

Autant comme autant. Vieille expression dans le sens de même quantité. N’est pas français dans le sens de souvent, plusieurs fois: Je te l’ai dit autant comme autant; dites: Je te l’ai dit souvent, ou plusieurs fois. V. Aussi.

Autographe.—Dites testament olographe (du grec olos, entier; graphô, j’écris) pour désigner le testament écrit en entier de la main du testateur, et non autographe.

Avalange.—Vieille forme d’avalanche: masse de neige qui se détache des montagnes.

Avance, Rabat.—Se disent à tort pour avant-toit, saillie au bord d’un toit.

Avance (d’). Ne dites pas: Cet ouvrier est d’avance; cet ouvrage n’est pas d’avance, mais: cet ouvrier est vif; cet ouvrage ne se fait pas vite, ne peut se faire vite.

Avancé.—Est, en français, un terme de droit. C’est l’ordonnance du président qui a pour objet de faire passer un procès avant son tour de rôle. Donner un avancé sur le rôle. Ce mot est employé ici, à tort, dans le sens d’assertion, d’allégation. Je nie vos allégations, et non vos avancés.

Avancer.—On dit: Faire avancer une voiture, et non: l’avancer.

Avancer à quelqu’un ne peut s’employer absolument. Dites: avancer des marchandises, etc. à quelqu’un.

Avant.—Ne dites pas: Cette montre est en avant, prend de l’avant, mais: cette montre est en avance, elle avance. Avance, substantif, désigne le côté vers lequel il faut pousser une aiguille spéciale (le retard), pour accélérer le mouvement de certaines horloges et des montres. V. Arrière.

Avant longtemps est un anglicisme (before long). Dites: Avant peu, sous peu.

Avarie.—Dites: Ma voiture a subi un accident; et non une avarie. Avarie ne se dit que pour les vaisseaux, les embarcations.

Avec.—Dites: Quitte envers quelqu’un, et non avec quelqu’un.

Aveindre.—Mot français peu usité. Tirer un objet, une chose, du lieu où ils sont. Participe passé: aveint, et non: aveindu. Nous aveignons, ils aveignent, et non nous aveindons, ils aveindent.

Avenir.—Verbe qui a vieilli. Il a le sens d’advenir, qui est plutôt employé. Ne sert qu’à la troisième personne. Il avient que; quoi qu’il avienne. C’est une faute de lui donner le sens de convenir. On ne doit pas dire: Cela vous avient bien, mais: vous convient bien, vous sied bien.

Average, Averager.—Average, mot anglais qu’on emploie à tort dans le sens de moyenne; au lieu de: l’average de ses dépenses par jour, dites: la moyenne de ses dépenses par jour.

De ce mot, on a fait le verbe averager. Ne dites pas: Ces pieux averagent dix pieds, mais ont une moyenne de dix pieds.

Aviron.—Terme générique pour désigner la rame. Ce que nous appelons aviron est une pagaie: petite rame dont on se sert sans l’appuyer sur le bord du bateau.

Aviseur.—Corruption de l’anglais (adviser); n’est pas français. Dites: conseiller.

Avoir.—Plusieurs mettent un accent circonflexe sur ait, troisième personne du singulier du subjonctif; c’est une faute.

Avoir, auxiliaire, exprime plutôt l’action, et être, l’état: Il a passé par là hier soir, et non il est passé par là hier soir. Ces fautes sont très communes.

Awning.—Toile qu’on tend sur l’auvent d’une boutique, d’un magasin. Se traduit par banne, auvent, ou simplement par toile.

Banne désigne aussi les toiles qui servent à couvrir les marchandises sur les voitures, ou celles qui sont exposées à l’air. On dit aussi bâche, prélart, dans ce dernier sens de banne.

B

Babiche.—Désigne, en français, une petite chienne au poil long et soyeux. Se dit ici à tort pour signifier une lanière, une courroie étroite de cuir. Dans nos campagnes on dit, à tort, coudre avec de la babiche, pour désigner l’opération consistant à assembler deux pièces de cuir avec des lanières au lieu de fil: ce qui en français s’appelle bredir.

Backer.—Verbe français. Terme technique, venant de l’anglais (to back), usité dans le service des chemins de fer et des bateaux à vapeur, pour reculer. C’est une faute de donner à ce mot le sens d’appuyer quelqu’un; lui fournir l’argent nécessaire pour mener à bonne fin une entreprise; reculer, retirer sa parole, manquer à un engagement; et de dire: ce marchand est backé par un tel. Il avait promis de fournir telle somme, mais il a backé. Dites: Un tel fournit l’argent à ce marchand. Il avait promis de fournir telle somme, mais il a manqué à sa promesse.

Backgammon.—Terme anglais. Se traduit par jacquet.

Bâdrant, Bâdreux.—Anglicismes très usités et nullement français. Dites: importun, ennuyeux. V. Bâdrer.

Bâdrer, Bâdrement.—Bâdrer, de l’anglais to bother. Expression absolument incorrecte. Dites: ennuyer, fatiguer, importuner, déranger. Bâdrement n’est pas plus français. On peut dire: ennui, embarras, dérangement.

Bagages (Chambre de).—Est un anglicisme. Dites: consigne (endroit d’une gare de chemin de fer où l’on dépose les bagages). V. Chèquer.

Bagoulard.—N’est pas français, bien que bagoulage et bagouler le soient. Dites bavard, vantard, fanfaron. Bagouler signifie: bavarder avec volubilité et assurance, et bagoulage signifie bavardage.

Bagpipe.—On a le tort d’employer souvent ce mot anglais pour désigner la cornemuse.

Bague.—Ne dites pas: bague d’engagement (ce qui est un affreux anglicisme), mais anneau des fiançailles. V. Engagement.

Dites manchon et non bague pour désigner la virole qui couvre le joint des tuyaux de fonte, de fer.

Baguette.—Ne dites pas baguette (en termes d’arpentage) mais jalon (bâton pour prendre des alignements afin de tracer une ligne).

Baie.—N’est pas français dans le sens de savane telle qu’on l’entend au Canada; c’est-à-dire, un espace de terrain plat, sans arbres ou presque sans arbres, et généralement d’un sol humide.

Bâiller, Bayer.—Il ne faut pas confondre ces deux verbes. C’est une faute de dire: bâiller aux corneilles (regarder niaisement en l’air). Dites: bayer (ba-ié ou bé-ié) aux corneilles.

Bailleur de fonds.—Terme de commerce. En français, celui qui fournit les fonds dans une entreprise. Pas français pour désigner celui qui a l’hypothèque du vendeur.

Bailli.—Vieux mot. Le bailli était un magistrat, et non un huissier. C’est un anglicisme (bailiff) de lui donner le sens d’huissier.

Ne pas oublier que dans huissier l’h n’est pas aspirée.

Balai (petit).—N’existe pas en France. Est français pour nous.

Balancé.—Esprit bien balancé, anglicisme. Dites: esprit bien équilibré, ou simplement équilibré.

Balancine.—Est un terme de marine; c’est le nom des cordages qui supportent l’extrémité des vergues. Il n’a aucune autre signification.

Ce que nous appelons ici balancine, c’est-à-dire cette pièce de bois mise en équilibre sur un point d’appui élevé, et à chaque extrémité de laquelle des personnes peuvent s’asseoir pour se balancer, se nomme en français balançoire. La balançoire est aussi une sorte d’escarpolette, qui consiste en cordes volantes soutenant un siège sur lequel peuvent s’asseoir et se balancer une ou plusieurs personnes.

Balanciner.—N’est pas français. Dites: Se balancer.

Ballant.—Ne dites pas: Etre en ballant, mais: être en balance (en suspens, dans l’indécision). En français, ballant est adjectif: s’en aller les bras ballants; ou substantif: Donner du ballant à un grappin qu’on veut lancer.

Banc.—Dites gradin, et non banc, pour désigner une série de tablettes superposées sur lesquelles on met des plantes.

Au lieu de petit banc dites tabouret (petit escabeau sur lequel on pose les pieds).

Dites escabeau et non banc, si vous voulez parler d’un siège de bois élevé sur quatre pieds, sans bras ni dossier.

Banc n’est pas français dans le sens de magistrature.

Au lieu de monter sur le banc, dites: Entrer dans la magistrature, ou siéger, selon le cas.

Au lieu de banc des juges, dites siège des juges.

Bandage.—Désigne en français la bande de fer ou d’autre métal qui entoure une roue. Il faut dire embatage pour signifier l’action de poser un bandage à une roue. L’embatage des roues est une opération difficile, et non le bandage. V. Bander.

Bande.—Expression vicieuse employée pour désigner un groupe de musiciens. Dites fanfare, corps de musique. La fanfare n’est formée que d’instruments de cuivre. Dans le corps de musique il y a en outre d’autres instruments.

Bander.—L’expression bander un fusil ne s’emploie plus. Dites: armer un fusil.

Bander une roue est une expression fautive. Dites: Embatre une roue; des roues embatues. V. Bandage.

Bandeur.—Anglicisme (binder). N’est pas français. Il faut dire tortoir, moulinet ou garrot (bâton sur lequel on passe une corde pour la serrer en tordant).

Banque (petite).—Dites tirelire: petit tronc avec une fente en haut par laquelle on fait entrer les pièces de monnaie.

Banquettes ministérielles.—Expression baroque qui s’emploie à tort pour désigner les sièges du parlement qu’occupent les partisans du pouvoir, les amis du gouvernement.

Bar.—Est français dans le sens de buvette, débit de boissons. Il est du masculin: Un bar spacieux.

Barauder.—N’est pas français. Le mot employé en France est fringaler, pour désigner le mouvement d’une voiture à deux ou à quatre roues, qui est renvoyée d’un côté et de l’autre, mouvement dû, soit à la vitesse du cheval, soit à l’état glissant du chemin, soit à ce que les roues ne sont pas bien fixées.

Barbot.—On appelle ainsi, à tort, un insecte du genre des scarabées. Dites escarbot. Barbot volant est un terme impropre pour désigner le hanneton.

Barbot. Presque tous les écoliers appellent ainsi, mais à tort, une tache d’encre, un pâté.

Bargain.—Terme anglais de commerce qui peut se traduire par occasion.

Barkeeper.—Ce mot anglais se traduit par garçon de buvette, de salle, débitant de boissons.

Barley.—Mot anglais. Se traduit par orge. Soupe à l’orge.

Barre.—Prisonnier à la barre (anglicisme); se dit en bon français, inculpé, prévenu, accusé.

Barre du jour n’est pas français: dites aurore, aube.

Il ne faut pas écrire: La barre à Plouffe, mais l’abord, endroit où l’on aborde, où l’on prend terre.

Dites paratonnerre et non barre à tonnerre.

Barreau.—Se dit à tort pour désigner une barre de châssis, entre deux vitres. Dites croisillon.

Barrène ou Marraine.—Mots par lesquels on désigne à tort le jeu d’enfants qui consiste à pousser, à cloche-pied, un palet entre des lignes tracées sur le sol. Dites marelle ou mérelle.

Barrer, Bâcler.—une porte signifie la fermer en mettant une barre ou bâcle par derrière; et la débarrer ou débâcler, ôter cette barre ou bâcle. C’est une faute de se servir de l’expression barrer ou bâcler pour fermer à clef, et de débarrer pour ouvrir une serrure.

Barrure.—C’est une faute d’appeler barrure ce qui sert à barrer, à assujétir une porte. (V. Barrer.) Il faut dire barre, bâcle, ou verrou, selon le cas.

Bas.—On confond toujours, ici, les bas, les chaussettes, les chaussons. En France, les bas montent jusqu’aux genoux au moins; les chaussettes ne montent qu’à mi-jambe; les chaussons couvrent le pied seulement. V. Chaussons.

Le bas d’une porte désigne la partie inférieure de la partie mobile de la porte. Il ne faut pas dire le bas, mais le pas de la porte, si l’on veut parler de la pierre que l’on met au bas d’une porte, et qui diffère du seuil en ce qu’elle avance au delà du mur, en manière de marche: Etre sur le pas de la porte. Le seuil est la pièce de bois ou de pierre qui est au bas de l’ouverture de la porte. Cette distinction n’est pas observée dans la pratique, et l’on peut indifféremment dire le pas ou le seuil de la porte.

Bascul.—(Ba-cu). Désigne, en français, une pièce du harnais. Est une faute dans le sens de palonnier: pièce du train d’une voiture à laquelle sont attachés les traits.

Basement.—Le mot soubassement est souvent employé ici comme traduction du mot anglais basement. La vraie traduction de basement est sous-sol. Quant au soubassement, c’est la partie inférieure d’une construction sur laquelle semble porter tout l’édifice.

Bâtiment.—A chaque instant, on voit dans les journaux ce mot employé dans le sens de dépendances. C’est une faute.

Bâtiment est un terme générique désignant tous les édifices publics et privés, plus particulièrement ceux qui servent à l’habitation. On dit bâtiments de service pour désigner les écuries, les granges, les hangars et les communs.

Bâtir.—On ne doit pas employer le mot se bâtir, d’une façon absolue, dans le sens de se construire une demeure, et dire: Il va se bâtir, au lieu de: Il va se construire une maison, une demeure. On ne doit pas dire non plus: C’est lui qui va bâtir un tel, bâtir les Frères, etc.; mais: C’est lui qui va construire une maison, une grange, une école (selon le cas), pour un tel, pour les Frères; etc. C’est encore une faute de dire: Bâtir une terre, dans le sens d’y élever les constructions nécessaires à son exploitation.

Bâtisse.—Ici, on prend bâtisse comme synonyme de construction, édifice. C’est un anglicisme, la traduction littérale de building.

Bâtisse est tout ce qui concerne la maçonnerie d’un bâtiment. Bâtisse en bois pour maison en bois est donc un contresens, parce que bâtisse n’est pas une construction, et de plus ne saurait être en bois.

Bâtisses parlementaires. V. Parlementaire.

Batiste.—Il ne faut pas confondre la batiste et la lustrine. La batiste est une espèce de toile de lin très fine et très serrée: mouchoir de batiste. La lustrine est un tissu de coton apprêté et lustré, qui est généralement employé comme doublure. On donne souvent, mais à tort, le nom de batiste à la lustrine.

Bâton de chaise.—N’est pas cette petite barre qui va d’un montant à l’autre dans une chaise. Il faut dire barreau. Le bâton est un des quatre montants d’une chaise.

Il faut dire hampe, et non bâton, pour désigner le morceau de bois auquel est attaché un drapeau, une bannière.

Batte-feu.—N’est pas français. Dites: briquet (petite pièce d’acier dont on se sert pour tirer une étincelle d’un caillou).

Batterie.—N’est pas français dans le sens d’aire, place préparée pour battre le blé. Batterie désigne un certain nombre de pièces de canon. Est aussi un terme de marine, de physique, etc. V. Assaut.

Batteux.—V. Moulin.

Battu.—Ne dites pas: Etre battu de l’asthme, du mal de tête, de la goutte; mais: être sujet aux attaques de l’asthme, ou être asthmatique; être sujet au mal de tête, à la goutte.

Bauche.—Est en français une espèce de mortier. N’est pas français dans le sens de course. Au lieu de: Prendre une bauche, dites: Faire une course.

On donne aussi à ce mot, mais à tort, le sens d’allure rapide, surtout en parlant de celle du cheval: Cet homme a fait le voyage rien que d’une bauche, pour dire qu’il a fait le voyage aussi vite que l’allure de son cheval le lui a permis.

Baudet.—Pas français dans le sens de lit. Il faut dire Lit de sangle.

Bavaloise, Bavaroise.—On emploie à tort ces deux mots pour désigner la pièce de pantalon qu’on appelle en français pont. Bavaloise n’est pas français; bavaroise, substantif, désigne une espèce de boisson; est aussi adjectif, et signifie: de Bavière.

Bavassement.—Il y a bien le mot bavasser, qui veut dire: babiller; mais bavassement n’est pas français. Dites des bavardages, et non des bavassements.

Bec.—Ne signifie baiser que dans le langage très familier. V. Gueule.

Béchée.—Se disait autrefois pour becquée: la quantité de nourriture qu’un oiseau prend avec le bec. N’a pas d’autre sens. C’est donc une faute de l’employer pour désigner ce qu’on peut enlever avec une bêche.

Bêcher.—Signifie: remuer, creuser la terre avec la bêche. N’est pas français dans le sens de piquer une tête, tomber par terre la tête la première, comme dans cette phrase: En courant il a bêché. Dites: En courant il est tombé la tête la première.

Bedeau.—Dites bedeau et non bédeau.

Beef-Steak.—V. Steak.

Béguer.—Corruption de bégayer.

Beigne, Beignet, Croquignole.—Beigne n’est pas français. Beignet, en France, est une sorte de pâte frite à la poêle, enveloppant le plus souvent un fruit coupé par tranches: beignets de pomme, beignets d’abricot, de pêche. C’est un mets très employé surtout aux fêtes du carnaval. Le beignet se fait aussi sans fruit, et alors s’appelle soufflé. Les pets de nonne ou pains d’orange sont une variété de ce genre de soufflés: ils sont faits assez fréquemment à la fleur d’oranger. Ce nom pet de nonne paraît venir de ce que ces soufflés sont parfois fabriqués dans les communautés religieuses. Croquignole est une pâte sèche et très dure. Beignet et croquignole ne désignent donc pas, en français, la pâtisserie à laquelle nous donnons ces noms. Cette pâtisserie, dans laquelle entre du beurre, des œufs, du sucre, est de forme ronde; le centre est découpé en branches auxquelles on donne des formes fantaisistes. On la fait cuire dans un bain de graisse bouillante. C’est un mets national; il n’y a pas de mot français pour la désigner. Beignet et croquignole, désignant déjà des pâtisseries, peuvent prêter à l’erreur pour les Français, si nous nous en servons pour notre mets national; ce qui n’arriverait pas si nous nous en tenions exclusivement au mot beigne.

Beignet, corruption de benêt. En français niais, sot.

Béloné.—Corruption de l’anglais Bologna (sausage). En français, on dit mortadelle. Espèce de gros saucisson.

Béquille.—On donne à tort ce nom aux échasses (longs bâtons garnis d’étriers pour marcher à une certaine hauteur du sol). La béquille est un bâton surmonté d’une petite traverse que les vieillards et les infirmes placent sous l’aisselle ou sous la main, pour s’aider à marcher.

Berda.—N’est pas français. Au lieu de: Faire le berda, dites: Faire le ménage. Au lieu de: Faire le grand berda, dites: faire le grand nettoyage de la maison.

Ne dites pas: qui mène ce berda? mais: qui fait ce bruit?

Ne dites pas non plus: Quel berda dans cette chambre! pour: quel désordre!

Berdasser.—N’est pas français. S’emploie à tort pour faire du bruit: qui berdasse? ou pour agiter: berdasser les plats, etc., ou pour bouleverser les meubles, dans une chambre etc.

Berne.—Il ne faut pas confondre, comme il arrive souvent, pavillon en berne avec pavillon à mi-mât. Un pavillon en berne est hissé, mais roulé sur lui-même. Le pavillon à mi-mât est toujours déployé.

Bêtises.—Dans le sens d’insultes, injures, invectives, n’est pas français. Au lieu de: Il lui a dit des bêtises, dites: Il lui a dit des injures, il l’a injurié, etc.

Bêtiseux.—N’est pas français. Dites: sottisier.

Bette.—Se dit à tort pour betterave. Le genre bette renferme six ou huit espèces; la betterave est une de ces espèces.

Beurrée.—Une beurrée est, en français, une tranche de pain sur laquelle on a étendu du beurre. La tartine est une tranche de pain recouverte de beurre ou de quelque autre substance facile à étendre. Ainsi, lorsque la tranche de pain est recouverte de beurre, vous pouvez tout aussi bien l’appeler une tartine ou une beurrée; mais si elle est recouverte de miel, de confiture, de crème, il faut dire une tartine, et non une beurrée.

Beurrer.—N’est pas français, dans le sens de: enjôler, tromper par des paroles flatteuses. C’est une corruption de leurrer. Ne dites pas: Il l’a bien beurré! mais: il l’a bien trompé, ou bien leurré!

Bic (de) en blanc.—Dites: de but en blanc. Signifie: sans mesure, sans précaution: On ne parle pas comme cela de but en blanc.

Bien.—Etre bien, pour être à l’aise, avoir de la fortune, n’est pas français, quoique souvent employé.

Au lieu de: Etes-vous bien? dites plutôt: Comment vous portez-vous? comment allez-vous?

Bill.—Est français dans le sens de projet de loi, pour l’Angleterre et ses colonies. C’est une faute de donner à ce mot le sens de mémoire, facture, lettre d’envoi, compte, note, addition (dans un restaurant), affiche.

Bill of fare se traduit par menu, carte du menu.

Bill of lading se traduit par connaissement (déclaration contenant un état des marchandises chargées sur un navire).

No bill se traduit par ordonnance de non lieu.

Bille.—On ne doit pas dire bille, mais boule quand il s’agit du jeu de quilles, et qu’on veut désigner la boule qui sert à les abattre.

Billot.—Ce mot n’est pas français dans le sens que nous lui donnons au Canada. C’est, ici, une pièce de bois rond ordinairement de douze pieds de long, destinée à être équarrie ou sciée en planches. Nos traducteurs la désignent par les mots bois en grume: ce n’est pas tout à fait cela. Bois en grume est un terme générique qui désigne tout bois encore revêtu de son écorce, tandis que notre billot n’est pas seulement un tronc brut, mais a surtout pour caractéristique le fait d’être coupé d’une longueur déterminée. Le mot français est bille: Une bille de douze pieds; une bille de pin.

Biner.—C’est une faute de donner à ce verbe le sens de: reculer, retourner, abandonner, comme dans ce genre de phrase: Je l’ai fait biner, il a biné. Se dit, en français, d’un prêtre, qui, lorsque la nécessité l’exige, dit deux messes le même jour.

Biscuit de matelot.—Doit se dire: biscuit de mer, ou simplement biscuit.

Bisque.—N’est pas français dans les expressions: de bisque en coin, de bisque et de coin. Il faut dire: de biais, en biais, diagonalement, de travers.

Bitters.—Ne dites pas bitters, mais bitter (prononcez: bitère): liqueur amère à laquelle on attribue des vertus apéritives.

Black and tan.—Expression anglaise. Se traduit par noir et feu, pour désigner un genre de couleur du chien. Dites: Un chien noir et feu, et non un chien black and tan.

Blackeye.—Terme anglais trop usité. Dites œil poché, ou œil au beurre noir.

Blacking, Blackball.—Termes anglais. Dites cirage.

Blaguer quelqu’un.—Signifie en français: le tourner en dérision, s’en moquer: Il l’a spirituellement blagué. C’est une faute de lui donner le sens d’enjôler ou de tromper quelqu’un.

Blanc de Cyrus.—Expression impropre pour blanc de céruse.

Blanc-mange.—Corruption de blanc-manger.

Blasphème.—S’écrit avec un accent grave, et non blasphême.

Blette, Belette.—Blette, substantif, désigne en français une plante potagère; est aussi adjectif féminin et signifie trop mûre en parlant d’une pomme, etc. Poire blette.

Belette est un petit animal du genre putois. Il faut le prononcer comme il est écrit: be-lette, et non blette.

Blé-d’Inde.—Est un mot français, et signifie maïs, mais ne s’emploie plus en France pour désigner le maïs (ma-iss).

Bloc.—Un bloc de maisons est un anglicisme. Dites un pâté de maisons, un îlot.

Blond.—C’est une faute d’employer ce mot pour désigner la couleur d’un cheval. Il faut dire: bai-clair: Cheval bai-clair; ou alezan-clair: cheval alezan-clair; ou un alezan-clair.

Blonde.—N’est pas français dans le sens d’amie, d’amoureuse, de fiancée, comme on l’emploie journellement ici, mais à tort: Il est allé voir sa blonde.

Bloqué.—On dit ici qu’un étudiant a bloqué quand il a manqué ses examens. Ce n’est pas français. Dites qu’il a été refusé, ou même qu’il a été blacboulé. Retoqué a le même sens, mais est par trop populaire.

Bloquer.—Ne dites pas bloquer, mais enrayer une roue (l’empêcher de tourner au moyen d’un sabot, ou d’un bâton placé entre les rais).

Blouse.—Est, en France, un vêtement commun, ordinairement de couleur bleue, qui a la forme d’une chemise, et que les ouvriers et les paysans portent en guise d’habit, la laissant pendre pardessus le pantalon. Il faut dire veston pour désigner le vêtement qu’on appelle ici à tort blouse.

Bluff.—Mot anglais. Dites poker, substantif masculin: jeu de cartes originaire d’Amérique et qui tient de l’écarté et de la bouillotte.

Bœuf.—Le bœuf mis au pot-au-feu s’appelle ici, à tort, bœuf de la soupe. Le véritable terme est bœuf nature, ou, dans le langage usuel, bouilli.

Bois.—Il ne faut pas appeler petits-bois, mais jonchets, les petites fiches fort menues que l’on jette confusément les unes sur les autres pour jouer à qui en retirera le plus, à l’aide d’un crochet, sans en faire remuer d’autres que celle qu’on cherche à dégager: Des jonchets d’os, de bois; jouer aux jonchets. Le crochet s’appelle touche (substantif féminin).

Au lieu de terre en bois debout, dites: terre boisée.

Boisson.—Etre en boisson, en fête, sont des expressions vicieuses pour dire qu’un homme est pris de boisson, est sous l’effet de l’alcool.

C’est une faute d’employer le mot boisson seul pour désigner les boissons alcooliques ou spiritueuses, et de dire: Il vend de la boisson, il a pris de la boisson. Mais il est français de dire: excès de boisson, adonné à la boisson.

Boisure.—N’est plus employé en français pour désigner la menuiserie en bois plat dont on revêt les murs d’une salle, d’un appartement. Il faut dire boiserie.

Boîte.—Ne dites pas boîte de pipe, mais fourreau de pipe, ou mieux étui de pipe.

Dites chenil, et non boîte à chiens.

Boîte d’alarme est une expression vicieuse. Il faut dire appareil d’alarme, avertisseur d’incendie, ou simplement avertisseur.

Dites: nécessaire à ouvrage, panier à ouvrage, ou boîte à ouvrage, mais sans confondre ces expressions.

Les boîtes en carton dans lesquelles se mettent les chapeaux s’appellent en français étuis à chapeaux, cartons à chapeaux, et non boîtes à chapeaux, qui est un terme populaire.

Il ne faut pas dire boîte des témoins (witness box), mais banc des témoins. Au lieu de l’expression: Le témoin qui est dans la boîte, dites: qui est à la barre du tribunal, ou simplement, à la barre.

Au lieu de boîte aux accusés, dites: banc des accusés.

Boiter.—Boiter, boiteux s’écrivent sans accent circonflexe. N’écrivez pas boîter, boîteux.

Boitte.—Ce qu’on appelle ici, à tort, boette, boitte ou bouette c’est-à-dire cette nourriture que l’on prépare avec du son et des herbes pour les bestiaux et les porcs, se nomme en français, branée, brenée, brenade. Boitte ou bouette se dit, en français, d’un petit poisson que les pêcheurs de morue emploient comme appât.

Bol.—Est du masculin: Un grand bol. Dites: bassin ou cuvette lorsque vous voulez désigner le vase dans lequel on se lave, et non bol.

Bolée.—Est une espèce de plante. N’est pas français pour désigner le contenu d’un bol. Au lieu d’une bolée de lait, dites: un bol de lait. Bolée est un terme usité en Bretagne et en Normandie, dans le langage populaire. Une bolée de cidre.

Bolt.—Mot anglais. Se traduit par boulon à vis, ou par boulon tout court. (Cheville de fer dont un bout est taraudé et l’autre a une tête).

Bombarde.—N’est plus usité. Dites Guimbarde.

Bombe.—Ne dites pas bombe, mais: bonde d’un tonneau: trou rond pour y verser le liquide. On appelle aussi bonde le bouchon qui sert à fermer ce trou.

Il ne faut pas dire bombe, ni canard, mais bouilloire, ou coquemar, ou bouillotte pour désigner le vase dans lequel on fait bouillir l’eau.

Bôme.—Corruption du mot anglais boom. En français, on dit: estacade flottante (servant à retenir le bois flottant).

Bommer.—N’est pas français. Dites: flâner; passer son temps à boire, à courir les buvettes; mener une vie dissipée.

Bon.—L’expression être bon pour ne peut s’employer dans le sens qu’on lui donne ici. On dit en français: Ce commerçant, ce négociant est bon, vous pouvez lui prêter de l’argent, lui avancer des marchandises. Mais on ne peut dire: il est bon pour telle somme.

Il ne faut pas confondre, comme il arrive souvent, les locutions Homme bon et Bon homme. Homme bon signifie: homme serviable, obligeant.—Bon homme, signifie: homme simple, d’un caractère droit et candide. V. Homme.

Bonhomme.—Mot impropre pour désigner l’épouvantail: mannequin grossièrement fait que l’on place dans un champ, dans un jardin pour effrayer les oiseaux. Au pluriel, ce mot se prononce bon-zomme et non bon homme. Il dessine des petits bonshommes sur son ardoise.

Bonne, Borne.—Ne sont pas français pour désigner un bateau plat. Il faut dire bachot (petit bac).

Bonnement.—On ne doit pas dire: je ne sais pas bonnement. Ce mot ne s’emploie plus dans le sens de précisément, au juste. Bonnement signifie de bonne foi, naïvement, avec simplicité. Dites: Je ne sais pas précisément.

Bonnet.—On dit: la mitre d’un évêque; la toque d’un juge, d’un avocat; la barrette d’un cardinal; et non le bonnet.

Boodlage.—Du mot anglais boodle; n’est pas français. Il faut dire concussion, pour désigner l’action d’un fonctionnaire public qui reçoit des pots-de-vin pour prix de son influence. Boodlage s’emploie aussi à tort pour le pot-de-vin lui-même.

Boodler.—Verbe, du mot anglais to boodle. Se dit, à tort, de l’action du fonctionnaire public recevant des pots-de-vin pour prix de son influence, ou de la personne qui donne ces pots-de-vin, pour acheter l’influence du fonctionnaire public. Faire de la concussion est l’expression française.

Boodleur.—Tiré de l’anglais boodler, (V. les deux mots précédents). Se dit à tort de celui qui fait du boodlage.

Boom.—Mot américain; n’est pas français. Plus-value subite et factice dans les valeurs immobilières d’une localité, d’un pays, par suite d’agiotage ou de spéculation. Le boom peut aussi s’appliquer aux actions de chemins de fer, de banques, etc.

Boomer.—Barbarisme, tiré du verbe anglais to boom. Se dit des spéculateurs qui manœuvrent de telle sorte, qu’ils créent subitement une hausse factice soit sur des valeurs immobilières, soit sur des actions de chemins de fer, de banques, etc. Boomer une ville signifie la lancer, créer une hausse formidable sur les terrains à bâtir.

Bord.—Ne dites pas: Venez de mon bord, il est allé de ce bord, mais: venez de mon côté, il est allé dans cette direction. Au figuré, bord signifie, entre autres choses, avis, parti: Soyez de mon bord, c’est-à-dire, de mon parti. Ne dites pas: de bord en bord, pour de part en part: L’épée le traversa de part en part.

Ouvriers de bord, expression impropre pour désigner les débardeurs, chargeurs et déchargeurs, selon le cas.

A bord est un terme de marine. Au lieu d’à bord du tramway, dites: dans le tramway; dans une, ou dans la voiture du tramway. V. Chars.

Borne.—V. Bonne.

Boss.—Expression anglaise qui se traduit par maître, bourgeois, maître d’atelier, patron, selon le cas.

Bosser.—Est un terme de marine. Dites bossuer, pour signifier: déformer par des bosses; bossuer un plat, un chapeau. Ne pas confondre avec bosseler, terme d’orfévrerie.

Botter.—On peut dire qu’un cheval s’est botté, lorsqu’il a de la neige, de la terre attachée aux pieds; mais il est incorrect de dire que la neige botte, lorsqu’elle est un peu humide, qu’on en fait facilement une boule.

Botter est aussi une corruption de l’anglais to butt; dites rogner, en parlant des pièces de bois.

Boucane.—Le mot boucane dans le sens de fumée n’est pas du tout français. On dit bien: de la viande boucanée pour de la viande fumée; mais, dans ce cas, le verbe boucaner ne vient pas de boucane, mais de boucan, qui est le lieu où les sauvages faisaient fumer leurs viandes, et le gril de bois dont ils se servaient pour cette opération.

Boucané.—Au lieu de hareng boucané, dites: hareng saur, ou hareng sauret.

Boucherie (Faire).—N’est pas français pour désigner l’action de tuer un bœuf, un mouton, un cochon. Boucherie signifie: le commerce de boucher, l’étal où se vend la viande en détail.

Boucle.—Ne pas dire: Une boucle de cravate, mais un nœud de cravate. Une boucle est un nœud simple: Ce nœud est à deux boucles.

Bouffie.—N’est pas français. Dites bulle de savon; boursouflure, enflure, bouffissure de la peau, suivant le cas.

Bougie.—V. Chandelle.

Bougon.—Désigne en français celui ou celle qui aime à gronder, qui en a l’habitude. Mais bougon de pipe n’est pas français; dites brûle-gueule.

Bougon est encore une faute dans le sens d’homme très petit, petit garçon qui se donne de l’importance: Regardez donc ce bougon!

Bougrine.—N’est pas français. On lui donne à tort le sens de vareuse, ou bourgeron, ou veston, selon les endroits où ce mot est employé.

Bouillir.—Dites: Je bous, tu bous, il bout, nous bouillons, et non: je bouille, tu bouilles, il bouille; dites: je bouillirai, je bouillirais, et non; je bouillerai, je bouillerais.

Bouilloire.—Est un anglicisme (boiler) dans le sens de chaudière de machine à vapeur. La bouilloire, en français, est un vase de cuisine destiné à faire bouillir l’eau.

Boulevari.—Quelques-uns disent à tort boulevari, au lieu de hourvari, pour signifier un grand tapage.

Bouncer.—Du mot anglais to bounce, n’est pas français. Dites berner.

Bouquet.—N’est pas synonyme de fleur. Au lieu de: Un jardin plein de bouquets, dites: plein de fleurs.

Bouquet jaune, nom donné à tort à la renoncule âcre qui infeste les champs. Donné à tort également à une sorte de laiteron, ornant les jardins.

Bouragan.—Corruption de bouracan (sorte de grosse étoffe).

Bourasser.—N’est pas français. Dites: malmener, traiter durement, bourrer.

Bourguignon.—Signifie en français: glaçons isolés en mer. On donne à tort ce nom de bourguignons aux grumeaux de glace qui se forment quelquefois dans un chemin ou sur la glace d’une rivière, après une pluie en hiver.

Bourreur.—N’est pas français. Dites bourrelier (fabricant de harnais).

Bourrure.—N’est pas français. Dites rembourrement d’un collier, d’une selle, d’un fauteuil, et non bourrure.

Au lieu de bourrure, dites bourre; amas de poils de certains animaux pour bourrer ou rembourrer. Le foin sert de bourre, et non de bourrure.

Bouscaud.—N’est pas français. Dites courtaud, e; celui, celle qui a la taille courte, grosse et ramassée.

Bout de temps (un).—Dites: Il y a quelque temps qu’il est parti, et non un bout de temps; Attendez un moment, et non un bout de temps; Dans l’espace d’un instant, et non dans un petit bout de temps.

Bouteille.—Ne dites pas: La bouteille à l’huile, au vinaigre, d’un huilier; mais la burette à l’huile, au vinaigre.

Dites plutôt flacon d’odeur, de parfum, que bouteille d’odeur.

Il faut dire isoloir et non bouteille, si l’on veut désigner le morceau de verre qui supporte le fil du télégraphe ou du téléphone.

Boyard.—Ecrivez boïard, et non boyard, sorte de civière.

En France, on dit plutôt bard, ou bayard, ou bayart; mais plus couramment civière, ou brancard.

Bracket.—Mot anglais. Il faut dire en français petite console (sur laquelle on pose des statuettes, etc.), applique.

Brai.—Dites poix (des cordonniers), et non brai.

Braid.—Terme anglais. En français on dit soutache, galon ou passementerie, selon le cas. V. Miret.

Brailler.—Signifie: crier très haut, chanter faux. Dans le sens de pleurer, c’est un terme populaire à éviter. Dites plutôt pleurer.

Brancard.—N’est pas français pour désigner ce qui reste de cartes après la distribution faite à chaque joueur. Il faut dire talon. Brancard est en français une espèce de civière; la limonière d’une charrette, etc.

Branche.—Anglicisme (branch), dans les expressions suivantes: branche des arpentages, des douanes. Dites: division des arpentages, des douanes.

Brancher.—Dites: Cet arbre (qu’on abat) s’est encroué, et non s’est branché: c’est-à-dire, s’est embarrassé dans les branches d’un arbre debout.

Braquer.—Signifie: tourner, placer dans une direction déterminée une pièce d’artillerie. Les expressions braquer des lunettes, braquer les yeux sur quelqu’un, sont françaises; mais on ne peut dire: Il m’a braqué, dans le sens de: il m’a planté là.

Se braquer n’est pas français: Il a été se braquer devant moi, pour: se placer...

Braquette, Brequette.—Corruption de broquette: petit clou à tête plate. Dites: Acheter de la broquette, et non des broquettes; clouer avec de la broquette, et non avec des broquettes.

Bras d’escalier.—N’est pas français. C’est rampe qu’il faut dire. La main courante est une pièce de bois qui est placée sur toute la longueur d’une rampe en fer. Rampe se dit aussi en français pour main courante.

Brasse-corps (à).—Corruption d’à bras-le-corps. Saisir à bras-le-corps, et non à brasse-corps.

Brassée.—Brassée de savon, de sucre. Expression vicieuse. Dites: brassin de savon, de sucre: quantité que l’on cuit à la fois.

Brasser les cartes.—C’est battre, mêler, faire les cartes qu’il faut dire, et non brasser. Ne dites pas: brasser la salade, mais remuer la salade. Ne dites pas: Il s’est fait brasser comme il faut, mais secouer.

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