Dictionnaire de nos fautes contre la langue française
Infliger.—Signifie en français: ordonner, prescrire une peine, une punition, pour quelque transgression, quelque faute. Infliger une pénitence, un supplice, un châtiment. Ce sont des anglicismes de dire: Coup infligé par une main inconnue; blessure infligée à la tête, par des glaçons tombés d’un toit; pour coup reçu... blessure faite, reçue...
S’infliger signifie s’imposer: s’infliger des privations. Ne dites pas: Il s’est infligé des blessures en tombant, mais: Il s’est fait, il a reçu des blessures...
Informalité.—N’est pas français. C’est un anglicisme (informality). Dites: manque de forme, vice de forme.
Informé.—C’est un anglicisme de donner à l’expression bien informé le sens d’instruit, bien renseigné, possédant des connaissances variées.
Informeur.—Est un anglicisme (informer). Dites: dénonciateur, délateur.
Infraction.—Signifie en français: transgression, violation, action d’enfreindre. On ne peut dire: Infraction à la langue, pour: fautes contre la langue.
Ingénieur.—Celui qui conduit une locomotive, une machine, n’est pas un ingénieur, mais un mécanicien, un machiniste. Dans ces acceptions, ingénieur est un anglicisme (engineer). L’ingénieur, à proprement parler, est celui qui trace, conduit les travaux de fortifications, chemins de fer, aqueducs, etc. Il y a les ingénieurs civils, militaires, des mines, des ponts et chaussées, géographes, etc.
Ingénieur sanitaire. Il vaudrait mieux dire ingénieur du bureau d’hygiène.
Ingérer (s’).—Signifie en français, entre autres choses: se mêler de choses qui ne nous regardent pas. On donne à tort à ce mot le sens de: se charger de la gérance de, de la conduite de, etc. C’est lui qui voit à cette affaire, qui dirige cette affaire, etc., et non qui s’ingère de cette affaire.
Injurier.—Anglicisme dans le sens de faire du mal à, blesser. Il s’est blessé, il s’est fait mal en descendant du tramway, et non il s’est injurié.
Inrassasiable.—N’est pas français. Dites: Insatiable.
Insécrable.—N’est pas français. Dites: Exécrable. Tyran exécrable.
Inserviable.—Signifie en français: qui n’est pas serviable, c’est à-dire: qui n’aime pas à rendre service. Ne se dit que des personnes. Dites: Outil hors de service, qui ne peut plus servir, impropre à tout usage, et non, inserviable.
Instalement.—Pas français. De l’anglais instalment. Il faut dire versement ou terme. On dit aussi tempérament pour l’achat de marchandises. Acheter à tempérament.
Intention.—L’expression: Dans l’intention de la loi est un anglicisme. Dites: D’après l’esprit de la loi.
Interbolisé.—N’est pas français. Dites: Il demeura interdit (et non interbolisé) en entendant ces paroles. Quelques-uns donnent, à tort, à interboliser le sens d’ennuyer, de déranger.
Interjeter.—La lettre t se double devant une syllabe muette: j’interjette, il interjette.
C’est une faute de dire: Ce jugement va être interjeté en appel, ou devant le conseil privé d’Angleterre. On n’interjette pas un jugement. Il faut dire: Appel de ce jugement va être interjeté, ou bien: X... va interjeter appel de ce jugement devant le....
Intermission.—Signifie en français: interruption, discontinuation: Il travaille sans intermission. C’est un anglicisme de lui donner le sens d’entr’acte (masculin).
Introduction.—Signifie, en français, entre autres choses: action d’introduire quelqu’un. Son introduction dans leur société ne doit pas vous surprendre. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de: présentation d’une personne à une autre; action de faire connaître deux personnes l’une à l’autre en indiquant leurs noms et qualités.
Introduire.—Signifie, entre autres choses: faire admettre une personne dans une société, auprès de quelqu’un: Introduire quelqu’un à la cour. Mais c’est un anglicisme d’employer ce mot pour signifier présenter une personne à une autre.
Ne dites pas: introduire, mais présenter un bill (à la chambre).
Inventionner (s’).—N’est pas français. Dites: S’aviser (de traverser une rivière dans une mauvaise embarcation), et non s’inventionner; s’aviser (de monter sur un toit), et non s’inventionner.
Investir.—En français, signifie: cerner avec des troupes ou mettre solennellement quelqu’un en possession d’une dignité. Investir de l’argent dans une entreprise, est un anglicisme (to invest). Dites: Placer de l’argent, faire un placement dans une entreprise.
Investissement.—Signifie: action d’investir, de cerner: Investissement d’une ville. N’est pas français dans le sens de placement. C’est un anglicisme (investment.) Ses placements n’ont pas été heureux, et non ses investissements.
Iste.—Corruption du mot anglais yeast. Dites levure: écume que fait la bière quand elle bout, et dont les boulangers et les pâtissiers se servent quelquefois au lieu de levain.
Item.—Au pluriel ce mot ne prend pas d’s. Des item. C’est un anglicisme de mettre une s au pluriel.
Jaconet.—Corruption de Jaconas (Ja-co-na). Espèce de mousseline demi-claire.
Jambe.—Ne dites pas: Jambe de botte, mais tige de botte.
Au lieu de: Cet homme a les jambes croches, dites: a les jambes tortues, contrefaites, arquées, ou cet homme est bancal ou bancroche.
Jambette.—Signifie en français: petite jambe, petit couteau de poche. Donner une jambette se dit à tort pour donner un croc-en-jambe: passer le pied entre les jambes de quelqu’un pour le faire tomber. Le dictionnaire cite l’expression: donner la jambette, signifiant: donner un croc-en-jambe. Cette expression est inusitée.
Jap.—N’est pas français. Dites jappement. Entendre le jappement d’un chien.
Jaquette.—C’est une faute d’appeler jaquette, la chemise de nuit. La jaquette, en français, est un vêtement à taille qui descend jusqu’aux genoux, et qu’on appelle ici, à tort: morning coat.
Jardinages.—Il faut employer ce mot au singulier. Mener une voiture de jardinage au marché. (Acad.). Terrain en jardinage.
Jauge.—Le mot anglais gauge, qui est un terme de chemin de fer, ne se traduit pas par jauge, mais par: largeur de la voie.
Job.—Mot anglais, dont il est fait un grand abus. Au lieu de dire: Il a obtenu une telle job, l’on peut dire: Il a obtenu une telle entreprise.
Job, selon le cas, se traduit par entreprise véreuse, tâche, travaux d’impression, petits ouvrages, etc.
Ouvrage fait à la job se dit à tort pour ouvrage à forfait: ouvrage fait pour un prix déterminé, à perte ou à gain; ou pour ouvrage fait à la pièce.
Job lot. Expression anglaise. Désigne: une quantité de marchandises défraîchies ou passées de mode, existant encore en magasin à la fin de la saison et qu’on vend en bloc et au rabais. Ces marchandises s’appellent, en français, solde. Un solde de marchandises.
Jobbing express.—V. Express.
Johnny cake.—Expression anglaise. Se traduit par gâteau de maïs.
Joindre.—C’est un anglicisme de dire: Joindre une société, un syndicat pour: devenir membre d’une société, d’un syndicat.
Jonction.—Dites raccordement et non jonction, en parlant de deux lignes de chemin de fer qui se raccordent. Voie de raccordement signifie en français: voie qui réunit deux lignes ou deux voies entre elles.
Jongler.—Signifie en français: faire des tours d’adresse. Au lieu de: Jongler à une affaire, expression qui n’est pas française, dites: méditer une affaire. On donne à tort à jongler le sens d’être pensif, rêveur.
Jongleur.—Signifie en français: faiseur de tours de passe passe. C’est une faute de lui donner le sens de songeur.
Jouc, Jouquois.—Ne sont pas français: dites juchoir. Juc était français autrefois, mais ne s’emploie plus. C’est une perche préparée pour faire jucher les oiseaux. Juchoir signifie aussi l’endroit où se juchent les poules, etc. On dit aussi perchoir dans ce dernier sens.
Jouer.—Ne dites pas jouer à l’argent, mais jouer de l’argent.
Joug.—Dites gorge, et non joug, pour désigner le morceau de bois échancré que se mettent sur les épaules les porteurs d’eau.
Jouir.—Signifie: avoir un usage avantageux. C’est une faute de dire: Jouir d’une mauvaise réputation, d’une mauvaise santé, pour: avoir une mauvaise réputation, une mauvaise santé. On dira: Jouir d’une bonne santé, d’un privilège.
Jour.—Ce jour signifie: en ce jour, ce jour-là, et non aujourd’hui.
Jour juridique. Cette expression n’est pas française. C’est jour plaidable, jour utile, jour d’audience, ou jour où l’on peut plaider, qu’il faut dire. Jour plaidoyable a vieilli. Jour d’audience doit être employé de préférence.
Jour ne doit pas s’employer pour journée, lorsqu’on veut désigner le travail d’un jour. Cet homme gagne un dollar par journée d’ouvrage, et non par jour d’ouvrage. Il a fait cinq journées cette semaine.
Dites: Voyager, partir, arriver de jour, de nuit, et non, le jour, la nuit.
Journalistique.—N’est pas français. Anglicisme (journalistic). Dites article de journal, carrière du journalisme, et non article, carrière journalistique.
Jubé.—Désigne en français: un lieu élevé dans une église, en forme de galerie, entre la nef et le chœur, et où l’on monte, les jours de fête solennelle, pour chanter l’épître et l’évangile. C’est une faute de donner ce nom à la galerie, qui est une espèce de tribune construite avec une balustrade, dans le pourtour, ou sur les bas côtés d’une église.
Jugement renversé.—Anglicisme; dites: Jugement réformé.
Juger.—Ne dites pas: Il a jugé de faire cela, mais: il a jugé à propos de faire cela.
Junior.—Terme anglais. Se traduit par cadet (son frère cadet); et par fils (lorsque le père et le fils portent les mêmes noms de baptême).
Jury.—Prononcez juri, et non à l’anglaise, juré. Ne pas confondre jury et juré. Le jury est le corps des jurés, et aussi l’ensemble de tous les citoyens qui peuvent être jurés. Un juré est un membre du jury.
Grand jury et petit jury sont des anglicismes. On devrait dire, au lieu du grand jury, le jury d’accusation (qui décide s’il y a lieu à accusation); et, au lieu du petit jury, le jury de jugement (qui déclare si l’accusé est coupable des faits qu’on lui impute).
Kid.—Mot anglais. Dites gants de chevreau, et non gants de kid.
Kiosque.—Est, selon Littré, un belvédère situé dans un jardin, sur une terrasse; un pavillon turc ouvert de tous côtés, dont on décore les parcs, les jardins; une petite boutique sur les boulevards de Paris ou des grandes villes où l’on vend les journaux aux passants. Mais il faut dire pavillon pour désigner le logement où se mettent à l’abri de l’intempérie des saisons, les cochers de place. On dit abri pour signifier la construction qui protège de la pluie, du soleil, les gens qui attendent que le tramway passe, ceux que surprend un orage.
Kiss.—Ce mot anglais, en terme de billard, se traduit par contre. Rencontre fortuite de deux billes.
Lacrosse.—Il ne faut pas dire: une partie de lacrosse, le jeu de lacrosse (ce sont des anglicismes); mais: le jeu de crosse, une partie de crosse.
Lady’s fingers.—Expression anglaise. Se traduit par biscuits à la cuiller: biscuits, longs et minces, et fort légers.
Laise.—Corruption de laize. Une laize de satin. C’est la largeur d’une étoffe entre les deux lisières. On dit aussi: un lé (d’étoffe, etc.).
Laisser.—Ce mot s’emploie souvent, mais à tort, pour quitter, partir. Dites: J’ai quitté Montréal lundi (et non j’ai laissé); il vient de quitter son ami au coin de la rue (et non il vient de laisser); l’orateur a quitté son siège (et non laissé); le convoi part à trois heures (et non laisse). Quand nous quittez-vous? (et non quand nous laissez-vous?) Il a quitté sa femme, c’est-à-dire a abandonné (et non laissé). Il a quitté la ville pour aller demeurer à la campagne (et non il a laissé). Ce malade est assez fort pour quitter le lit (et non pour laisser).
Mais il faut dire laisser si l’on se sépare d’une personne qui reste dans l’endroit dont on s’éloigne: J’ai laissé mon frère chez lui. On dira d’un homme qui meurt qu’il quitte sa femme et ses enfants, et qu’il laisse une femme et des enfants.
Lambre.—N’est pas français. Dites: amble (masculin): allure d’un cheval dans laquelle il lève ensemble les deux jambes du même côté. (V. les deux mots suivants.)
Lambrer.—Lambrer, aller sur le lambre, sont des expressions vicieuses. Il faut dire: ce cheval va à l’amble, ou va l’amble. Le verbe ambler ne s’emploie plus. V. Lambre.
Lambreur.—N’est pas français. Ambleur, adjectif, se dit d’un animal qui va l’amble. Cheval ambleur. (V. les deux mots précédents.)
Lancette.—Ne dites pas: la lancette d’une abeille, d’une guêpe, mais l’aiguillon, le dard.
Languette.—La tringle sur laquelle glisse un tiroir s’appelle coulisseau, et non languette. Dites marchette, et non languette, pour désigner la planchette ou toute autre machine qui tient un piège tendu et que l’oiseau fait détendre lorsqu’il se pose dessus.
Laundry.—Mot anglais. Se traduit par buanderie, blanchisserie, lavoir.
Lave-main.—Est, en français, un vase dans lequel on se lave les mains. Peu usité. Dites: lavabo, pour désigner le meuble sur lequel on se lave les mains, et non lave-main.
Laveuse.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de planche à laver. Laveuse est, en français, entre autres, une machine à laver.
Lavier, Lévier.—Corruption d’évier. C’est une pierre creusée ou un vase de métal qui a un conduit pour l’écoulement des eaux de la cuisine.
Lecture.—Est un anglicisme dans le sens de conférence. Donner une conférence sur l’agriculture, et non une lecture.
Lecturer.—Anglicisme. Dites: donner, faire une conférence, des conférences.
Lectureur.—Anglicisme (lecturer). Dites: conférencier.
Ledger.—Terme anglais. Se traduit par grand-livre: le plus grand des livres ou registres dont le commerce fait usage, et qui est destiné à recevoir et à classer les articles du journal.
Légal.—Légal veut dire: qui est conforme à la loi, qui est établi par la loi, qui résulte de la loi. La carrière légale, la profession légale, sont des anglicismes. Dites: la profession d’avocat, la carrière du barreau. Au lieu de: des gens de la profession légale, dites: les gens de la robe, de robe.
Leghorn.—Nom anglais de Livourne, ville d’Italie.
Chapeau leghorn se dit en français: chapeau de paille d’Italie.
Législater.—Dites plutôt légiférer. Législater, d’après Bescherelle, s’emploie ironiquement. Dites: Je légifèrerai, et non légiférerai. Signifie: faire des lois.
Lendroit.—N’écrivez pas: lendroit, mais l’endroit (d’une étoffe).
Lenvers.—N’écrivez pas: lenvers, mais l’envers (d’une étoffe): côté qui ne doit pas être exposé à la vue.
Lessi.—N’est pas français. Dites: lessive, eau de lessive. Eau chaude avec de la cendre de bois ou de la potasse pour laver le linge.
Lettre morte.—Anglicisme (dead letter). Dites: lettre en rebut ou tombée en rebut. Dead letter office se traduit par: Bureau des rebuts. Lettre morte est, en français, un écrit sans valeur. Cette loi est une lettre morte.
Lever.—C’est un anglicisme de donner à lever le sens de réception (de l’évêque, du gouverneur). Se disait du moment où le roi recevait dans sa chambre après son lever.
Lévier.—V. Lavier.
Libèche, Rubandelle.—Ces mots ne sont pas français. Dites: bande de cuir, de drap, etc. Courroie désigne spécialement une bande de cuir. Dites bande, lisière (de drap); lanière (de cuir), courroie.
Libérale.—L’expression conditions libérales est un anglicisme. Dites: conditions avantageuses. Vendre à des conditions avantageuses.
Licencié.—On dit en français: soldat licencié (qui a été congédié); licencié en droit, etc. (qui a pris ses degrés de licence dans une faculté). C’est un anglicisme d’appeler licencié celui qui a une licence pour la vente des spiritueux, de la poudre.
Licher.—Corruption de lécher.
Life-preserver.—Terme anglais. Se traduit par bouée de sauvetage ou ceinture de sauvetage.
Ligne.—Les expressions: ligne centrale, ligne du centre (d’un chemin de fer) sont des anglicismes (centre line); dites: L’axe d’un chemin de fer.
C’est un anglicisme de donner à ligne le sens de branche de commerce, de partie d’industrie. Dites: Cet homme est dans la nouveauté, dans telle branche de commerce, dans l’industrie du chemin de fer; et non dans la ligne des marchandises sèches, dans telle ligne de commerce, dans la ligne du chemin de fer. On dira aussi: Il est épicier, et son fils embrassera la même partie, et non: la même ligne.
Ligneux.—Adjectif. Signifie en français: de la nature, de la consistance du bois. Mais dites ligneul pour désigner le fil enduit de poix dont se servent les cordonniers.
Lime-juice.—Expression anglaise. Se traduit par eau de cédrat. Le cédrat est une espèce de citronnier.
Limite.—Anglicisme (du mot anglais limit) dans le sens de: terrain où l’on peut couper du bois en vertu d’une autorisation du gouvernement. Dites: Vente (coupe qui se fait dans un bois à des époques réglées). Ventier est celui qui achète une coupe de bois.
Limitée.—Anglicisme pour désigner: une société en commandite, à responsabilité limitée pour chacun de ses membres. Il faut dire en français: société, compagnie anonyme, et non société, compagnie limitée.
Linceuil.—Corruption de linceul. L’on prononce linceul ou linceuil.
Liquor-stand.—Terme anglais. Se traduit par cave à liqueurs: petit meuble dans lequel on met des liqueurs.
Lisable.—N’est pas français. Dites lisible.
Lisse.—Ne dites pas lisse de chemin de fer, mais rail, qui se prononce à l’anglaise rêle, ou à la française raille (ll mouillées).
Lisse est aussi une corruption du mot anglais yeast. V. Iste.
L.L.B.—Il faut écrire LL.B. et non L.L.B. (legum baccalaureus). L’abréviation d’un mot pluriel se fait souvent en doublant la première lettre de ce mot et sans mettre de point entre les deux lettres. MM. (messieurs); mmss. (manuscrits). C’est pourquoi il faut écrire LL. qui est l’abréviation de legum, mot latin pluriel. Cette abréviation n’est pas employée en France. L’expression française est bachelier en droit.
Loafer.—Ce verbe n’est pas français. Anglicisme. Dites: flâner, baguenauder, passer son temps à boire; mener une vie de bohême.
Local.—Au lieu de local, qui est un anglicisme dans les expressions suivantes, dites: provincial. Parlement, Gouvernement provincial; Chambre, Législature provinciale, et non Parlement, Gouvernement local.
Localisation.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de Tracé définitif d’un chemin de fer.
Localiser.—Est un anglicisme dans le sens de tracer un chemin de fer, faire le tracé définitif d’un chemin de fer.
Lock-jaw.—Se traduit par: tétanos.
Locre.—Dites ocre, de l’ocre, et non du locre. Terre argileuse, rouge ou jaune.
Logement.—On dit très souvent: Il y a beaucoup de logement dans cette maison, pour indiquer qu’elle est grande, qu’il y a de l’espace. Ce n’est pas français. Dites: cette maison a plusieurs logements; elle peut contenir bon nombre de personnes, plusieurs ménages, etc.
Logement est synonyme d’appartement; cependant il présente généralement l’idée d’un local moins vaste, moins riche et moins cher.
Loger.—Loger une plainte est un anglicisme (to lodge a complaint). Dites: porter plainte, déposer une plainte.
Il ne faut pas donner au mot loger le sens de contenir. Dites: Cette maison peut contenir trois familles, et non: loger.
Loquet.—Un loquet sert à fermer une porte. C’est un anglicisme de lui donner le sens de médaillon (locket) que l’on pend à une chaîne de montre ou à un collier.
Lorgnon.—Le lorgnon n’a qu’un seul verre qui est serti dans un cercle de métal, de corne, etc. C’est une faute d’appeler lorgnon, le pince-nez qui a deux verres et se tient sur le nez au moyen d’un ressort.
Lot.—C’est une faute de donner à ce mot le sens de terre, de lopin de terre, de parcelle de terre. Je possède dans ce rang deux lopins de terre, et non deux lots.
Loyer.—Etre à loyer est une expression vicieuse. Dites: être locataire, n’être pas propriétaire. Mais on peut dire prendre quelqu’un à loyer.
Lumière.—Ne dites pas lumière, mais phare, pour désigner la tour surmontée d’un fanal, qu’on établit le long des côtes, pour éclairer les navigateurs pendant la nuit.
Lunette.—Lunettes d’opéra ne s’emploie plus. Dites: jumelles, lunette de spectacle. On dit surtout, en français: lorgnette.
Cette espèce de lunette dont les dames se servent, et qui se tient à la main par une tige, s’appelle, en français, face à main.
Lutte.—L’expression faire la lutte, en parlant d’une candidature, n’est pas française. Au lieu de: X... fait la lutte dans tel comté, dites X... est candidat dans tel comté. On dira: X... est l’adversaire de Z..., et non fait la lutte à Z...
Lyre.—Est, en français, un instrument de musique. C’est une faute de donner à ce mot le sens de lubie, caprice, fantaisie.
Lyreux.—N’est pas français. Dites capricieux, fantasque, difficile à satisfaire.
Machinerie.—Ne dites pas la machinerie d’un steamer, d’un bateau à vapeur, mais la machine. S’il s’agit d’une filature, d’une manufacture, on dira outillage ou machinerie pour désigner l’ensemble de toutes les machines autres que celles du pouvoir moteur.
Mâchouiller.—N’est pas français. Dites: Mâchiller (mâcher lentement et sans effort.)
Maçonne.—N’est pas français. Il faut dire maçonnerie, ou maçonnage, suivant le cas. La maçonnerie est l’ouvrage fait par le maçon. Un mur qui contient dix verges cubes de maçonnerie. Le maçonnage est le travail du maçon. Il est dû cinq dollars pour le maçonnage. Maçonnage mal fait.
Maganer.—N’est pas français. Dites: malmener, maltraiter une personne; friper, salir un habit.
Magasin.—L’expression magasin de seconde main est vicieuse. Dites: magasin de revendeur.
Magasin et boutique ne sont pas synonymes. Le magasin est plus important, plus considérable que la boutique.
Mahogany.—Terme anglais. Se traduit par acajou, bois d’acajou. Des meubles en acajou. Arbre d’Amérique dont le bois est rougeâtre et fort dur. Les mots mahogon, mahogani, mahogoni sont français, mais sont peu usités.
Main.—Main est un anglicisme dans le sens d’ouvrier. Manufacture qui emploie cent ouvriers, et non cent mains.
Ne dites pas: être à main, mais être à la main (obligeant). Il est vraiment aimable et fort à la main (P.L. Courrier).
En mains. Dites: tenir, vendre, avoir une certaine marchandise, et non avoir en mains. Au lieu de: Nous avons en mains un assortiment complet de dentelles, dites: nous avons, nous tenons, etc. Ne dites pas: nous avons en mains ce que vous demandez, mais nous vendons, nous tenons, nous avons ce que, etc.
Mais.—Mais que. Cette locution a vieilli. Dites lorsque, quand. Quand il viendra, et non: mais qu’il vienne.
Maison.—Maison de pension est un anglicisme (boarding-house). Dites pension: maison où l’on est logé et nourri, ou bien, où l’on est nourri seulement.
Maître.—L’expression maître de station est un anglicisme (station master). Dites: Chef de gare.
Majuscules.—Les anglais écrivent avec des majuscules les noms de jour et de mois. C’est une faute de les imiter. Ecrivez: C’est mardi, le vingt-un janvier, et non, c’est Mardi, le vingt-un Janvier.
Mal.—Mal à main n’est pas français. Dites: Désobligeant.
Mal engueulé n’est pas français. Dites: Égueulé, mal embouché. Egueulé s’emploie substantivement, et se dit d’une personne qui dit des grossièretés: C’est un égueulé. Etre mal embouché, signifie: être grossier, mal appris dans son langage; avoir l’habitude de dire ou des injures ou des paroles indécentes. Un homme mal embouché. Embouché est plus usité qu’égueulé.
Maladif.—Être maladif signifie en français: être sujet à de fréquentes maladies. C’est un état passif. Une température variable peut engendrer des maladies, mais elle ne saurait en avoir. Il ne faut donc pas dire: Nous avons un temps maladif.
Mal-appris.—Est une faute. Ecrivez, mal appris en deux mots, ou malappris, en un seul; s’emploie adjectivement ou substantivement. Etre malappris, mal appris; être un malappris.
Malchanceux.—Est un néologisme. Signifie: malheureux, qui n’a pas de veine, de chance.
Malcommode.—N’est pas français. Dites: incommode.
Malentente.—N’est pas français. Dites: malentendu.
Malgré.—Malgré que ne s’emploie que suivi du verbe avoir, comme dans l’expression: malgré qu’il en ait, c’est-à-dire: quelque mauvais gré qu’il en ait. Ainsi ne dites pas: malgré qu’il ait promis de venir, mais: bien qu’il ait promis de venir.
Maline.—Le féminin de malin est maligne, et non maline.
Malle.—La malle de Québec arrive à telle heure. Malle est correct dans ce sens, mais courrier est préférable. Malle désigne plutôt les sacs renfermant les lettres: les malles d’Europe.
Ne dites pas: dépouiller sa malle, faire sa malle, mais dépouiller son courrier, faire son courrier.
Maller.—Signifie, en français: couvrir d’engrais. Maller un pré. C’est un anglicisme (to mail) de se servir de ce mot pour vouloir dire: mettre à la poste.
Manche.—Ne dites pas: manche de pipe, mais tuyau de pipe. Ne dites pas: manche de plume, mais porte-plume; ni le manche de la pompe, mais la brimbale. Au lieu de manche de ligne, dites: perche de ligne, canne à pêche.
Fausse manche. V. Faux.
Manchette.—Dites garde-manche, et non manchette, pour désigner la manche mise sur celle de l’habit ou de la chemise pour la garantir. On dit aussi fausse manche.
Manchon.—Ne dites pas les manchons de la charrue, mais les mancherons.
Manchonnier.—Est, en français, un ouvrier qui fait les ouvrages de verre. Dites: fourreur, marchand de fourrures, et non manchonnier, pour désigner celui qui vend, qui apprête les fourrures.
Manger.—Au jeu de dames, ne dites pas manger, mais prendre. Prendre un pion.
Manquer.—Dans le sens d’être sur le point de, faillir, est français: J’ai manqué me noyer (et non de me noyer). Manquer quelqu’un, dans le sens de souffrir de son absence, est un anglicisme.
Mantelet.—Désigne, en français, une sorte de manteau de soie, de velours ou de drap que les femmes portent sur leurs épaules et sur les bras. Il ne faut pas le confondre avec le casaquin, qui est un vêtement de femme qui se plisse autour de la taille, dont la jupe est très courte, et qu’on appelle, à tort, mantelet.
Manufacture.—V. Facterie.
Mappe.—N’est plus usité dans le sens de carte géographique. La carte du Canada, et non la mappe. Mappemonde est une carte géographique qui représente la surface de tout le globe terrestre.
Marabout.—Désigne en français, en terme populaire, un homme grossier, laid, sale, mal bâti; mais n’a pas le sens, qu’on lui donne à tort, de désagréable, grondeur, désobligeant, bourru.
Marbre.—Ne dites pas marbre, mais coussinet, pour désigner la pièce sur laquelle s’appuient les tourillons d’arbres de couche animés d’un mouvement circulaire.
Marchand.—L’expression marchand général est un anglicisme. On désigne ainsi, mais à tort, le marchand qui vend de la quincaillerie, des nouveautés et des épiceries. Il n’y a pas d’expression correspondante en français. En France, on appelle ordinairement épicier celui qui, à la campagne, tient toutes ces choses. Au lieu de marchand général, on peut simplement dire marchand.
Ne dites pas petit marchand pour désigner celui qui va dans les villages vendre des marchandises de menue mercerie, de bijouterie, etc., mais dites: colporteur ou porteballe.
Ne dites pas marchand de seconde main, mais fripier, revendeur, marchand à la toilette, ou marchand de friperie: marchand qui achète et vend de vieux habits, de vieux meubles.
Marchandises.—Marchandises sèches n’est pas français. Anglicisme (dry goods). Dites: nouveautés. Magasin, marchand de nouveautés, et non magasin, marchand de marchandises sèches.
Marche.—N’est pas français dans le sens de promenade. Au lieu de prendre une marche, qui est un anglicisme (to take a walk), dites: faire une promenade, se promener.
Marché.—N’écrivez pas marché, mais marcher, pour signifier démarche, allure, manière de marcher.
Marchepied.—N’est pas le mot propre pour désigner la pierre qu’on met sur les trottoirs et qui sert à monter à cheval ou en voiture. Il faut dire montoir.
Marcher.—Ne dites pas: les trains, le moulin marche, mais les trains circulent, le moulin fonctionne.
C’est une faute d’employer marcher absolument, comme dans cette phrase-ci: ça marche mal pour dire que le chemin est difficile, que l’on y marche mal.
Marcher au catéchisme n’est pas français. Dites: suivre les exercices du catéchisme pour la première communion.
Mardi gras.—Ne dites pas mardi gras, mais bien masqué pour désigner une personne masquée et déguisée qui court les rues, les chemins pendant les jours gras, qui court le mardi gras.
Marguerite.—Marguerite jaune désigne en français une fleur. Ce qu’on appelle ici, à tort, marguerite jaune est la renoncule âcre.
Marguiller.—Ecrivez marguillier et non marguiller.
Marier.—Le prêtre marie un homme et une femme; un père marie sa fille à un bon parti; mais c’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’épouser. Il va épouser une jeune fille de Québec, et non il va marier. Faute très commune.
Marinade, Marinage.—V. Amariner.
Marmoussin.—Corruption de marmouset. Petit garçon; petit homme mal fait.
Marque.—L’expression faire sa marque est un anglicisme. Dites: fournir une belle carrière; compter pour quelqu’un.
Marquer.—Ne pas donner à ce mot le sens d’entrer, d’inscrire un achat dans un livre de compte. Ce que j’ai acheté est-il entré, inscrit? et non: est-il marqué?
Marraine.—V. Barrène.
Masse.—En masse signifie en français: tous ensemble, en totalité. Se porter en masse; faire une levée en masse. On fait un abus de cette locution adverbiale. Les expressions suivantes sont vicieuses: Il pleut en masse (à verse, abondamment); nous avons eu du plaisir en masse (beaucoup de plaisir); il a des amis en masse (un grand nombre d’amis); il y a de la terre en masse (tant qu’il faut) pour remplir cette dépression du terrain.
Matcher.—Tiré de l’anglais (to match), n’est pas français. Dites: assortir des couleurs l’une avec l’autre, et non les matcher; appareiller les chevaux d’un attelage, et non les matcher; mariage bien assorti, et non bien matché; X... ne peut lutter avec N... et non ne peut le matcher.
Matériel.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de notable, essentiel, considérable, important. On dira: changement notable, essentiel; progrès considérable, important, et non matériel.
Matins, Soirs.—C’est une faute d’écrire: Nous paierons nos employés les vendredis soirs, les samedis matins. Soir et matin, en ce cas, ne prennent pas la marque du pluriel. On doit écrire: les vendredis soir, les samedis matin, comme si l’on disait: les vendredis au soir, les samedis au matin. Cette dernière formule est, du reste, considérée comme la plus correcte.
Maturité.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’échéance. On doit dire: Ce billet sera payé à son échéance, et non à sa maturité.
Mauvaiseté.—Vieux mot. Il est préférable de dire méchanceté.
M. D.—Cette abréviation est anglaise. Il faut écrire en français: D. M. (Docteur médecin).
Mean.—Ce mot anglais est employé par une foule de personnes qui savent cependant qu’il n’est pas français. Dites, suivant le cas: bas, vil, méprisable, mesquin, chiche, etc.
Méchant.—On emploie souvent, à tort, méchant dans le sens de mauvais. Ainsi les expressions suivantes sont vicieuses: méchant chemin, méchant temps, méchante santé, méchante habitude, méchante cause, méchante foi, méchants bruits, méchante compagnie. Dites: Mauvais chemin, mauvais temps, mauvaise santé, etc.
Mèche.—L’expression: en avoir pour une mèche n’est pas française. Dites: en avoir pour longtemps.
La mèche d’un fouet est, en français, le bout de ficelle qui termine le fouet. C’est une faute d’appeler mèche la lanière du fouet.
C’est encore une faute d’écrire ce mot avec un accent circonflexe. Mèche, et non mêche.
Médecin.—Ne dites pas le médecin de santé, mais le médecin hygiéniste de la ville.
Meeting.—Ce mot est francisé dans le sens d’assemblée politique, en Angleterre. Ne dites pas: meeting, mais prêche (masculin), pour désigner l’assemblée religieuse des protestants.
Mégard (par).—N’est pas français. Dites: par mégarde. Il a brisé ce verre par mégarde.
Meilleur.—L’expression au meilleur de ma connaissance est un anglicisme (to the best of my knowledge). Au lieu de: au meilleur de ma connaissance, il n’est pas arrivé; au meilleur de ma connaissance, il y a deux ans. Dites: il n’est pas arrivé, que je sache; il y a deux ans, si je me rappelle bien. Ou bien servez-vous de quelque autre tournure de phrase.
Melleton.—Corruption de molleton: étoffe tirée à poil, douce, chaude et mollette.
Membre.—On dit en français: Il est membre du Parlement; mais il ne faut pas dire: Il est membre de ou pour tel comté; c’est un anglicisme. L’expression française est: Il est député, ou représentant de tel comté; il fait partie de la Chambre des députés pour tel comté. V. Député.
Menoire.—V. Travail.
Menoque.—Corruption de manoque: petite botte de feuilles de tabac sèches et triées qu’on lie ensemble.
Menotte.—Signifie en français: un lien de fer ou de corde avec lequel on attache ensemble les mains d’un prisonnier. Dites mitaine, et non menotte, pour désigner le gant qui n’a qu’une division pour le pouce et ne couvre que la première phalange des doigts.
Mépris.—L’expression mépris de cour est un anglicisme (contempt of court). Il faut dire, suivant le cas, résistance ou injure au tribunal.
Merci.—C’est l’usage en France de répondre au mot merci par: Il n’y a pas de quoi. C’est un anglicisme de répondre: vous êtes bienvenu.
Mère.—Ne dites pas: Une mère d’ours, une mère moutonne, mais une ourse, une moutonne, ou plutôt une brebis.
Meris.—N’est pas français. Dites merisier pour désigner l’arbre qui produit la merise.
Mérite.—Plaidoyer, plaider au mérite sont des anglicismes; c’est plaidoyer, plaider au fond qu’il faut dire.
Messager.—Ne dites pas: Messager du bureau du gouvernement, mais: huissier du contingent administratif. Messager pris dans ce sens est un anglicisme.
Messire.—Ce titre qui s’appliquait autrefois aux médecins, aux avocats, aux prêtres, ne s’emploie plus que par ironie. Dites: Monsieur l’abbé A. C., si vous parlez d’un prêtre séculier; et le Révérend Père A. C., si vous parlez d’un membre d’un ordre religieux, ou d’un ministre protestant.
Mesure.—Ne dites pas: à la mesure que, mais à mesure que. A mesure que l’un avançait, l’autre reculait.
C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de projet de loi. Au lieu de: Introduire une mesure, dites: soumettre à la Chambre un projet de loi.
Métail.—Désigne une composition formée de la combinaison de plusieurs métaux. Une porte de métail. (V. Hugo). C’est une faute d’employer le mot métail pour métal. Il avait autrefois ce sens.
Metre.—Terme anglais. Se traduit par compteur (à gaz, à eau, à électricité).
Meublier.—N’est pas français. Dites ébéniste pour désigner l’ouvrier qui fait des meubles; et marchand de meubles, pour celui qui les vend. On dit aussi: ouvrier ébéniste.
Midi.—Midi ne s’emploie point au pluriel. On doit dire: Je m’y rendrai sur le midi, et non sur les midi. Quoique midi soit l’équivalent de douze heures, on ne peut pas dire: Midi sont sonnés, car midi signifie plutôt le milieu du jour que le nombre d’heures écoulées depuis minuit. On dit: Midi est sonné. Au lieu de: Je sors tous les midis; dites: Je sors tous les jours à midi. Ne dites pas: Ce midi, mais à midi.
L’usage veut qu’on écrive midi et demi, et non midi et demie.
Mingler.—N’est pas français. Corruption de l’anglais (to mangle). Dites: calandrer, passer à la calandre (les draps, les étoffes), c’est-à-dire les presser, les lustrer.
Minoucheries.—N’est pas français. Dites: minauderies: mines et manières affectées dans l’intention de plaire.
Miret.—N’est pas français. Dites: milleret: agrément pour les bordures de robes de femmes.
Misdeal.—Terme anglais. Se traduit par maldonne: action de se tromper en donnant les cartes. Faire maldonne.
Mise.—Ne dites pas la mise, mais la lanière d’un fouet. V. Mèche.
Misère.—Il ne faut pas donner à misère le sens de peine, difficulté. Ne dites pas: J’ai eu beaucoup de misère à me rendre ici, mais: J’ai eu beaucoup de difficulté, de peine...
Mode.—Ne dites pas: Il est le médecin à la mode, c’est le jeu à la mode; mais le médecin en vogue, le jeu en vogue. Un homme fort à la mode, une femme fort à la mode signifient en français: un homme fort recherché, une femme beaucoup fêtée.
Modeuse.—Signifie en français: Ouvrière en dentelles d’Alençon. Ne pas lui donner le sens de modiste: ouvrière en modes; qui s’occupe principalement de tout ce qui concerne les ornements superficiels de l’habillement des femmes, et spécialement des chapeaux.
Modiste.—C’est à tort que l’on donne à ce mot le sens de tailleuse, couturière. Modiste signifie: qui fait ou vend des articles de mode, qui s’occupe surtout de faire et vendre des chapeaux. Tailleuse signifie: qui coupe les vêtements de femme; couturière: ouvrière en couture.
Moi.—L’expression: Moi pour un est un anglicisme (I for one). Dites: pour moi, quant à moi, en ce qui me regarde, en tant que ceci me concerne, etc.
Ne dites pas: donnez-moi-le, menez-moi z’y, mais donnez-le-moi, menez-y-moi.
Moindrement.—Dites: le moindrement, et non la moindrement. Pas le moindrement du monde, terme populaire.
Moine.—Dites: Toupie, et non moine, pour désigner le jouet en forme de poire que les enfants font tourner. On appelle aussi toupie, le jouet de forme à peu près semblable, mais qui est creux et percé de trous, et fait du bruit en tournant. Moine s’emploie en France, mais dans quelques départements seulement, pour toupie.
Moins.—Dites: Vous ne l’aurez pas à un sou, ou pour un sou de moins; et non: pas un sou à moins.
Money order.—Expression anglaise, qui se traduit par mandat de poste.
Monopoliseur.—N’est pas français. Anglicisme (monopolizer). Dites: monopoleur. Le verbe cependant est monopoliser, et non monopoler.
Montant.—Signifie en français: total d’un compte, d’une recette, d’une dépense. Montant de la recette, de la dépense. Il ne faut pas donner à ce mot le sens de somme. Dites: Il a reçu une forte somme; j’ai besoin d’une certaine somme; voici la somme qu’il doit; voilà le montant des sommes dépensées, et non: Il a reçu un fort montant; j’ai besoin d’un certain montant. Le montant qu’il doit, etc.
En montant. Ne dites pas: Un dollar en montant, mais un dollar et au-dessus.
Montrer.—Cela montre bien est un anglicisme (it shows well). Dites: cela paraît bien.
Monument national.—Est une expression ridicule pour désigner le grand édifice construit à Montréal par la Société Saint-Jean-Baptiste. Pourquoi ne pas se servir de Salle Saint-Jean-Baptiste, comme cela a déjà été suggéré plusieurs fois?
Mop.—Mot anglais, qui se traduit par balai à laver ou par tête de loup (balai a long manche), ou par flaubert.
Morfondu.—Signifie en français: qui a été saisi de froid après avoir eu chaud (en parlant des hommes, des chevaux). C’est une faute de donner à morfondu le sens de rendu, fourbu.
Morning coat.—Expression anglaise, qui se traduit par jaquette (vêtement qui descend jusqu’aux genoux).
Mortalité.—Est, en français, la condition de tous les êtres organisés d’être sujets à la cessation définitive de la vie. Ce mot signifie aussi: mort d’un grand nombre d’hommes ou d’animaux. Mais c’est une faute de dire: Il y a de la mortalité dans cette maison, pour indiquer que quelqu’un y est mort.
Morvaillon, Morvasson.—Ne sont pas français. Dites: morveux. Terme de mépris donné à un petit garçon ou à un jeune homme.
Moteur.—N’est pas français dans le sens d’auteur d’une proposition, de proposant, de proposeur.
Motivé.—Ne dites pas: le motivé d’un jugement, mais les motifs d’un jugement. Motivé est un participe passé seulement, et non un substantif.
Motor-man.—Terme anglais. Se traduit par mécanicien. Homme qui conduit un tramway électrique.
Motonné.—Corruption de moutonné (adj.): frisé et annelé comme la laine d’un mouton. Est aussi substantif. Du moutonné, et non du motonné.
Motto.—Mot anglais. Se traduit par papillote: dragée enveloppée d’un papier frisé. On dit aussi devise.
Cracking mottoes se traduit par papillotes à pétard.
Mou.—Bois mou opposé à bois dur, n’est pas français. Bois tendre est le mot employé par quelques auteurs et par la législation, en France.
Mouche.—Ne dites pas mouche à patate, mais punaise à pomme de terre.
Mouillasser.—N’est pas français. Dites: Il tombe une pluie fine, une petite pluie. Pluviner avait autrefois ce sens, mais n’est plus usité que dans quelques départements, en France.
Mouiller.—Signifie, en français, tremper, aussi jeter l’ancre, etc., mais n’a pas le sens de pleuvoir. Il pleut, et non il mouille. On dira: Il tombe une petite pluie qui mouille, fort; être mouillé par l’orage.
Ne dites pas pierre mouillée, mais pierre moyée (qui contient des couches tendres qui la font se déliter).
Moulange.—N’est pas français. Dites: meule de moulin, ou simplement meule.
Moulée.—Moulée de scie est une faute. Dites: bran de scie, ou sciure de bois. Moulée en français désigne, entre autres choses, le dépôt qui se trouve au fond de l’auge de la meule.
Moulin.—On dit bien: moulin à café, à fouler l’étoffe, à écosser, mais il faut dire, machine à coudre (et non moulin à coudre); faucheuse (et non moulin à faucher); moissonneuse (et non moulin à couper); machine à scier, ou scierie mécanique ou scierie de bois (et non moulin à scies).
Ne dites pas moulin à battre, mais batteuse ou machine à battre. La batteuse comprend le moteur, qu’il ne faut pas appeler horse-power, et le batteur, qu’il ne faut pas appeler batteux. V. Silon.
Ne dites pas moulin à cardes, mais moulin à carder. Dites: machine à tricoter, machine à laver ou laveuse, et non moulin à tricoter, à laver. Au lieu de moulin à farine, dites minoterie.
Mouver.—Est français. Signifie: remuer un liquide, un corps en fusion; remuer la terre d’un pot, etc.; mais ne signifie pas déménager. C’est un anglicisme de lui donner ce dernier sens.
Mule.—Ne dites pas mule, mais meule de foin, de paille. Mettre du foin en meule. Mulon est français, et signifie: grand tas de foin.
Mûre.—Désigne, en français, le fruit du mûrier. Il faut appeler meuron ou mûre sauvage le fruit de la ronce. C’est le seul que l’on trouve dans nos campagnes.
Musique.—Ce qu’on appelle à tort musique à bouche se nomme, en français, harmonica.
Naveau.—Larousse dit à ce mot: “nom vulgaire des navets dans quelques provinces.” Dites plutôt navet que naveau.
Navelure.—Corruption de nervure: petite bande de soie, de drap qui règne sur la couture d’un habit.
Neau.—Corruption de noue (féminin): entrailles, foie et langue d’une morue.
Net.—Mot anglais. Se traduit par résille (ré-zille, ll mouillées). Filet qui enveloppe les cheveux.
Niagara.—Dites la chute du Niagara, c’est-à-dire du fleuve Niagara, plutôt que la chute Niagara.
Nippe.—Signifie populairement, en France comme ici: vêtements vieux, sans valeur. Mais le sens propre est: L’ensemble des vêtements, des meubles, et de tout ce qui sert à l’ajustement et à la parure. Avoir de belles nippes.
Nom.—Ne dites pas: Donner des noms, mais donner des sobriquets.
Nombrer.—Est un verbe actif. Signifie: trouver le nombre, compter, relater, énumérer. C’est un anglicisme de dire: Les Acadiens nombrent (number) 108,655 âmes; Dites: sont au nombre de; la population des Acadiens est de, etc.
Non-résident.—Est un anglicisme. Désigne, en termes de répartition de taxes, etc.: celui qui ne demeure pas sur sa propriété. Il n’y a pas en français de mot équivalent. On peut donc se servir du mot non-résident. Le terme non-résidence est français, et signifie: absence du lieu où l’on devrait résider.
Notice.—Signifie en français: extrait raisonné d’un livre; courte description. Notice biographique, etc. C’est un anglicisme de donner à notice le sens d’avis public.
Notifier.—On notifie quelque chose à quelqu’un; on ne notifie jamais quelqu’un de quelque chose; c’est là un anglicisme.
Noyade.—Signifie: l’action de noyer une ou plusieurs personnes: le supplice de la noyade. Noyade ne signifie pas du tout le fait de se noyer accidentellement ou volontairement.
Nuage.—N’est pas français dans le sens de fichu de laine, qui sert aux femmes à s’envelopper le cou, la tête.
Nuit.—Dites: Partir, arriver, voyager, etc., de nuit, et non la nuit.
Nul.—Nul doute est un anglicisme (no doubt). Dites: Sans aucun doute. C’est un homme qui, sans aucun doute, atteindra son but; et non qui, nul doute, atteindra son but.
Obituaire.—Désigne, en français, le registre où l’on inscrit le nom des morts et la date de leur sépulture. C’est une faute de donner à ce mot le sens de nécrologie, comme en le voit quelquefois dans les journaux.
Objecter (s’).—On dit en français: Je me suis objecté la difficulté de l’entreprise. C’est-à-dire: Je me suis opposé, représenté à moi-même... mais s’objecter à une chose, est un anglicisme. Dites: s’opposer à une chose, se prononcer contre une chose.
Obtenir.—Ne dites pas: obtenir, mais atteindre un but.
Occuper.—L’emploi de ce mot donne lieu à des expressions vicieuses. Ne dites pas: Ce que je lui ai dit l’occupe, mais l’inquiète. Ne dites pas: Cela ne m’occupe pas, mais cela m’importe peu; m’est égal, indifférent.
Octroi.—Désigne en français: les taxes qui se perçoivent sur les objets de consommation à l’entrée des villes et à leur profit. C’est une faute de donner à octroi le sens de subvention, allocation faite par une ville, un gouvernement, pour favoriser une entreprise.
Office.—Ne dites pas l’office d’un notaire, mais l’étude; ni l’office d’un avocat, mais le cabinet. Office se dit quelquefois correctement, par imitation de l’anglais, pour bureau. Office de publicité, de correspondance. Ce mot est toujours du masculin; excepté lorsqu’il désigne une pièce généralement placée auprès de la salle à manger, où se prépare le service du dessert, où se gardent le linge de la table et la vaisselle. Ainsi office est du masculin dans le sens de service (rendre un bon office); de devoir (il s’acquitte bien de son office); de fonction (un office lucratif); de destination spéciale (le remède a fait son office); etc.
Officier.—Ce titre se donne bien, il est vrai, à toute personne qui a un service à remplir, une charge, une fonction à exercer; mais en français, pour désigner le président, le secrétaire et le trésorier d’une compagnie ou association, on dit le bureau, les membres du bureau, et non les officiers, qui est un anglicisme.
Officier rapporteur signifie, en français: rapporteur d’un conseil de guerre. L’expression, en termes d’élection, officier rapporteur, est une traduction littérale de l’anglais (returning officer). Président d’élection ferait mieux. Au lieu de sous-officier rapporteur, dites: président du scrutin.
Olivette.—Il faut dire godet, et non olivette, pour désigner l’auget qui est attaché à la noria, dans une minoterie, et qui sert à remonter le son, la farine. Olivette est en français un champ d’olives, un terme de joaillerie, etc.
Ombrageux.—Se dit, au propre, des animaux craintifs qu’effraye jusqu’à l’ombre des objets. Au figuré, signifie: soupçonneux, défiant: cheval ombrageux, caractère ombrageux. Il ne faut pas donner à ombrageux le sens d’ombreux: qui donne de l’ombre. Forêt ombreuse. Ombreux signifie aussi: qui est couvert d’un ombrage épais. Vallée ombreuse.
On.—On s’emploie constamment ici, mais à tort, pour nous. C’est peut-être la faute qui se commet le plus souvent. Ce sera peut-être aussi celle qui disparaîtra le plus difficilement. On va s’amuser ce soir signifie en français: certaines gens (dont vous parlez) vont s’amuser. On va s’amuser au carnaval de Québec, c’est-à-dire: les gens vont s’amuser, le monde va s’amuser. Mais c’est une faute de donner à cette phrase le sens de: nous allons nous amuser. On ne doit jamais être employé dans le sens de nous.
Il est vrai que la nuance entre les deux pronoms est tellement vague quelquefois, qu’ils peuvent s’employer indistinctement.
Ondain.—Dites andain, et non ondain, pour désigner le foin fauché en longues rangées. Laisser le foin en andain (ne pas l’étendre).
Opérateur.—L’expression opérateur de télégraphe est un anglicisme. On dit en français: un télégraphiste.
Opération (en).—L’expression en opération est vicieuse. Au lieu de dire que la loi, la fabrique, le chemin de fer, la banque, la compagnie d’assurance, la mine, la scierie, etc., sont en opération, dites: La loi est en vigueur; la fabrique est en activité; le chemin de fer marche, fait le service; la banque, la compagnie d’assurance commence, continue ses opérations; la scierie fonctionne; la mine est en exploitation. Le verbe fonctionner peut souvent remplacer cette expression impropre en opération.
Opinion.—L’expression: Je suis de votre opinion est française; mais c’est un anglicisme de dire: Je suis d’opinion que. Il faut: Je suis d’avis que.
Opposer.—On commet un anglicisme quand on dit: opposer un homme, un candidat, dans le sens de le combattre. On peut dire: opposer un candidat à un autre, pour signifier: susciter un adversaire à ce dernier; mais on ne peut pas dire: opposer une candidature, dans le sens de s’y opposer.
Opposer quelqu’un de faire quelque chose, dans le sens de l’en empêcher, est encore un anglicisme.
Opposition.—Est un anglicisme dans le sens de concurrence. Ces deux marchands se font une forte concurrence, et non une forte opposition. Les vins de Malte font concurrence aux spiritueux, et non font opposition.
Oppressé.—Ce mot ne s’emploie plus dans le sens d’opprimé. Prendre la défense des opprimés, et non des oppressés.
Ordonner.—Ordonner le dîner veut dire en français: prescrire l’ordre du dîner. Pour signifier faire servir, dites commander le dîner, et non ordonner, qui est un anglicisme. Commander un habit, et non ordonner un habit.
Ordre.—Est du masculin. Ne dites pas: J’ai ordre de... mais J’ai reçu ordre de...
C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de commande. Au lieu de: J’ai donné l’ordre pour un pantalon dites: J’ai donné la commande pour un pantalon, je me suis commandé un pantalon.
Ordre en conseil est une expression vicieuse. C’est la traduction littérale de l’anglais (order in council). Il faut dire: arrêté du conseil, ou arrêté du conseil des ministres, ou arrêté de l’exécutif.
Il faut dire: l’ordre du jour, et non les ordres du jour qui est un anglicisme (orders of the day): travaux d’une assemblée délibérante réglés d’avance pour un jour déterminé.
Oreiller.—Est du masculin. Un oreiller blanc. Dites: coussin de voiture, de fauteuil, et non oreiller.
Orgueilleux.—N’est pas français pour désigner l’orgelet: petite tumeur inflammatoire, de la nature du furoncle, qui se développe près du bord libre des paupières, particulièrement vers l’angle interne, et qui a la forme d’un grain d’orge. Orgelet aigu, orgelet chronique. On dit aussi orgeolet.
Originer.—N’est pas français. C’est un anglicisme (to originate). Dites: Cette histoire a pris naissance, a commencé, et non a originé. On donne aussi, mais à tort, à ce barbarisme originer le sens de tirer son origine.
Oripiaux.—N’est pas français. Dites: oreillons (inflammation des glandes voisines de l’oreille).
Os.—C’est une faute d’appeler os, la cliquette: instrument fait de deux os, de deux morceaux de bois, etc., qu’on met entre les doigts et dont on tire des sons en les faisant frapper l’un contre l’autre. Elle diffère de la castagnette, qui est composée de deux petites pièces de bois en forme de coquille.
Ostination.—Corruption d’obstination. Ce mot signifie en français: opiniâtreté, entêtement. Il ne faut pas lui donner le sens d’affirmation ou de dénégation persistante en opposition aux assertions d’une autre personne; ni le sens de discussion, de prise de bec.
Ostiner.—Corruption d’obstiner. Il ne faut pas employer obstiner absolument. Au lieu de: Il obstine toujours, dites: Il contredit toujours; il ne veut jamais se rendre à l’opinion des autres.
Où.—Dites: C’est à Québec que Champlain est mort, et non où Champlain est mort. Cette expression: c’est à X... où, c’est là où, ne s’emploie plus.
Ouillé.—Se dit, en français, d’une barrique, d’un tonneau rempli jusqu’à la bonde. N’est pas français pour désigner un animal que l’on engraisse pour la boucherie, et qui ne peut plus manger parce qu’on lui a donné une trop grande quantité de nourriture.
Ouillé se dit encore, mais à tort, d’une personne fatiguée de la même nourriture.
Outrage.—Est du masculin. Signifie en français: violente injustice, grave injure. C’est un anglicisme de l’employer absolument comme dans cette phrase, cette transaction est un outrage. Pour que la phrase soit correcte, il faut dire: cette transaction est un outrage au bon sens, à la morale publique, etc.
Outre.—En outre de est une expression vicieuse. Ne dites pas: en outre de cela, en outre du rapport, mais: outre cela, outre le rapport. En outre doit toujours s’employer sans complément.
Ouvrier.—V. Bord.
Overall.—Mot anglais. Désigne une étoffe brune; s’emploie à tort pour salopette: pantalon que les ouvriers, et notamment les peintres en bâtiments, passent par-dessus leur pantalon ordinaire pour le protéger pendant les heures de travail.
Pad.—Mot anglais. Ce qu’on appelle à tort papier en pad, se nomme en français bloc-notes (assemblage de petites feuilles de papier réunies en bloc, et faciles à détacher, servant à prendre des notes). Ecrire sur un bloc-notes.
Pagée.—N’est pas français. Dites une travée de clôture, et non une pagée.
Paillasse.—L’expression: Paillasse à ressort est un anglicisme (spring mattress). Dites: sommier élastique, ou simplement sommier.
Pain.—L’expression: Pain brun est un anglicisme (brown bread); dites: pain bis.
L’expression: prendre, se prendre en pain n’est pas française. On peut dire: se coller; se coller ensemble; se prendre en une masse, former une masse, se réunir en une masse, se joindre en une masse, en parlant des grains, de la terre, des abeilles, du tabac, du sel, des atacas gelés, etc; et se coaguler, se figer, se cailler, en parlant du sang et de certaines autres matières liquides.
Pair.—Ne dites pas le pair, mais le pis d’une vache, d’une chèvre, etc.
Paire.—Ne dites pas: une paire de pantalons, de culottes, des pantalons, des culottes, si vous ne voulez désigner qu’un seul vêtement, mais un pantalon, une culotte. La culotte ne descend qu’au genou. Cependant l’usage permet d’appeler le pantalon, culotte.
Palette.—Ne dites pas: palette de casque, mais visière. (V. Casque.) Dites: garde-vue (masculin) ou abat-jour, et non palette, pour désigner l’espèce de visière qui sert à garantir la vue.
Dites: une tablette de chocolat, de sucre, de gomme, et non une palette. La partie de la rame et de l’aviron qui trempe dans l’eau s’appelle pale (féminin), et non palette.
Palissade.—Désigne en français: une clôture faite de pieux ou palis, ou d’arbustes taillés. C’est une faute d’appeler palissade la clôture ordinaire.
Palot.—Désigne en français: un villageois fort grossier. C’est une faute de donner à ce mot le sens de: lourd, au physique; qui manque d’agilité.
Panage.—Signifie en français: droit que l’on paie pour mettre dans une forêt les porcs qui s’y nourrissent de glands. Panage est une corruption de panache dans le sens de: cornes rameuses des bêtes fauves. Dites: bois, panache d’un cerf, d’un daim, d’un caribou, d’un orignal, d’un élan, d’un renne, etc., et non panage.
Panneau.—Ne dites pas panneau, mais abattant, pour désigner la partie mobile d’une table qui se lève et s’abaisse.
Le morceau détaché qui s’ajoute à une table pour l’allonger ne s’appelle pas un panneau, mais une rallonge.
Pantalon.—V. Paire.
Pantomine.—Corruption de pantomime: acteur qui exprime par des gestes les passions, les idées, sans recourir à la parole. On peut dire indifféremment un pantomime ou une pantomime, en parlant de cet acteur.
Pantomime est du féminin lorsqu’il désigne l’art d’exprimer par des gestes les passions, etc.
Pantry.—V. Dépense.
Pape.—Ne dites pas: les Etats du pape, mais les Etats de l’Eglise, ou Etats pontificaux, ou Etats romains.
Paper-clip.—Cette expression anglaise se traduit par pince-notes: pince à ressort servant à retenir ensemble des feuilles de papier.
Papier.—Ne dites pas: du papier sablé, qui est un anglicisme (sand paper), mais du papier de verre: papier enduit de poudre de verre, dont on se sert pour polir les pièces de bois ou de métal.
Paquet.—V. Poste.
Par.—Par ici signifie en français: par cet endroit-ci, vers cet endroit-ci, en parlant du lieu où l’on est. Passez par ici; venez par ici. C’est une faute de donner à cette locution adverbiale le sens de: dans cette localité. Ne pas dire: Les gens de par ici, mais les gens de l’endroit, de la localité, de cette localité.
Dites: Cinq pour cent, dix pour cent, et non cinq par cent.
Paraître.—Je l’ai paru belle est une expression vicieuse. C’est la corruption de: Je l’ai paré belle. Je l’ai échappé belle a le même sens.
Parapel.—N’est pas français. Corruption de parapet. Parapet est un terme de fortification, et veut aussi dire muraille ou garde-fou à hauteur d’appui sur les côtés d’un pont, d’un quai, etc. C’est donc une faute de donner à ce mot le sens de trottoir, perron, véranda. V. Galerie.
Parc.—Prononcé à tort por. Dites: porcherie, soue, et non parc aux cochons; dites stalle, box (masc.) et non parc d’une étable. Un parc aux cochons est, en français, un enclos à découvert.
Parcel delivery.—Expression anglaise qui se traduit par factage: action de transporter les paquets, les marchandises d’un endroit à un autre dans une ville. Factage désigne aussi la compagnie de transport qui fait le factage. Le factage parisien.
Pardessus.—La sous-chaussure, qu’on appelle à tort pardessus, se nomme en France snow-boot. Les pardessus sont, en français, des caoutchoucs bas.
Ne pas confondre, quant à l’orthographe, pardessus en un seul mot, qui est le vêtement, et par-dessus, avec un trait d’union, qui est une locution adverbiale et un terme de commerce. Le treizième exemplaire pour le par-dessus. (Peu usité dans ce dernier sens.)
Paré.—Signifie en français orné. Autel magnifiquement paré. C’est une faute de donner à ce mot le sens de prêt: Je suis prêt, et non je suis paré. Cependant paré a, en français, la signification de prêt dans certaines locutions de marine.
Parent.—Il ne faut pas dire: Etre parent avec quelqu’un, mais être le parent de quelqu’un. Il est mon parent, et non il est parent avec moi.
Parfait.—Au parfait est une ancienne locution adverbiale. Dites: d’une manière parfaite, parfaitement, parfaitement bien. Elle a joué du piano d’une manière parfaite, parfaitement bien.
Parlement.—Le temps légal d’existence d’une Chambre élue n’est pas un parlement, mais une législature. Sixième session de la septième législature.
Il ne faut pas donner le nom de Parlement à la Chambre prise comme réunion délibérante. Dites: La Chambre a voté une certaine loi, et non le Parlement.
Parlementaire.—L’adjectif parlementaire signifie: qui a rapport au parlement. Régime, discussion, éloquence, usages, procédures, discours parlementaires. C’est une faute de dire: édifices parlementaires; une double faute de se servir de l’expression bâtisses parlementaires. (V. Bâtisse.) On doit dire: Le palais législatif, les édifices du parlement. Dites: L’enceinte du parlement ou du palais législatif, et non l’enceinte des édifices parlementaires.
Parler.—Entendre parler que est une expression vicieuse. Dites: J’ai entendu dire qu’il est arrivé un accident, et non j’ai entendu parler qu’il....
Parler du bout de la langue est une expression vicieuse. Dites: zézayer, bléser. (V. Temps.)
Paroisse.—La paroisse est une expression impropre pour désigner l’église de Notre-Dame, à Montréal. Il y avait lieu autrefois d’appeler cette église la paroisse, lorsqu’elle était seule à Montréal, puisque, en français, paroisse désigne l’église de la paroisse.
Part.—Ne dites pas: à part de lui, de moi; mais: à part lui, à part moi. Personne n’y est allé à part lui.
Ne dites pas: en quelque part qu’il se trouve, mais quelque part qu’il se trouve. Quelque part où il se trouve se disait autrefois, mais n’est plus employé.
C’est une faute de donner à part le sens d’action de banque, de chemin de fer, d’une compagnie quelconque. Au lieu de part payée, qui est un anglicisme (paid up share), dites: action acquittée.
Parti.—Ne dites pas: Un parti d’arpenteur est à tracer certaines lignes, mais une brigade d’arpenteur.
Particulier.—Il ne faut pas donner à ce mot le sens de minutieux, soigneux, attentif, exigeant, délicat, susceptible. C’est un anglicisme.
Partir.—Prend l’auxiliaire être dans ses temps composés, dans toutes ses acceptions, excepté lorsqu’il s’agit d’une arme à feu. Le fusil a parti tout à coup.
Partir est employé ici à tort dans une foule de phrases comme celles-ci: Partir un journal (fonder un journal); partir un magasin (ouvrir un magasin); partir une ligne de tel point (terme d’arpentage: partir une ligne en partant de tel point, ou en commençant à tel point); partir quelqu’un (commanditer quelqu’un dans un commerce, aider quelqu’un à débuter dans une profession). Ce sont tous là des anglicismes.
Partisannerie.—N’est pas français. Remplacez ce barbarisme par: préjugés de partisan, ou esprit de parti.
Partner.—Mot anglais. Il y a le mot correspondant français: partenaire. Dites mon cavalier, mon danseur, ma danseuse, et non mon, ma partenaire, pour désigner la personne qui danse avec vous.
Pas.—L’expression pas mal exige la négative. Il n’y a pas mal de monde. Je ne me porte pas mal; il ne s’est pas mal amusé. Mais on dira: vingt-cinq mille hommes pas trop mal équipés; il a essuyé pas mal de déboires; parce qu’il est impossible de mettre ne dans ces phrases. V. Bas.
Passable.—C’est une faute de dire: chemin passable (dans lequel on peut passer sans trop de difficultés.) Dites: chemin praticable.
Passage.—Ne dites pas: le passage d’une loi, mais la votation, l’adoption d’une loi.
Le passage dans une maison est un corridor court et étroit. Il ne faut pas le confondre avec le vestibule, qui est la pièce par laquelle on entre dans une maison, qui s’offre la première, et qui sert de passage pour aller aux autres pièces. Grand vestibule.
Passager.—Ne se dit que des personnes qui prennent passage sur un navire. C’est un terme de marine. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de voyageur (en chemin de fer, en tramway, en omnibus).
Passation.—L’on dit bien: la passation d’un acte, d’un contrat; mais il faut dire: la votation, l’adoption d’une loi, et non la passation.
Passe.—Ne dites pas une passe, mais un permis de circulation: autorisation pour voyager gratuitement sur une ligne de chemin de fer, accordée par la compagnie. Quand il ne s’agit que d’un passage gratuit, on dit un permis, tout simplement.
Passe-galon.—N’est pas français. Dites passe-lacet: espèce d’aiguille au moyen de laquelle on passe un lacet dans la coulisse d’un vêtement, dans les œillets d’une bottine.
Passe-partout.—On appelle ici, à tort, passe-partout une scie à chantourner.
Passeport.—Dites faire des tours de passe-passe, et non de passeport.
Quelques-uns font la faute d’écrire passe-port au lieu de passeport.
Passer.—Ne dites pas: Passer une loi, un règlement, passer des remarques (ce sont des anglicismes); mais: adopter, voter une loi, un règlement, faire des remarques.
Au lieu de: Il passe une heure, dites: il est une heure passée.
Passer un billet à l’ordre de quelqu’un signifie, en français: lui en transmettre la propriété par endossement. C’est une faute de donner à cette expression le sens de souscrire un billet à quelqu’un. Un débiteur souscrit un billet à son créancier pour ce qu’il doit à ce créancier, et non: passe un billet à l’ordre de son créancier.
Passer au feu. V. Feu.
Passerelle.—C’est à tort que l’on donne le nom de passerelle à la planche volante ou planche de débarquement. (V. Gangway.) La passerelle est une sorte de pont étroit qui ne sert qu’aux piétons; et un petit pont léger, dans la partie centrale d’un bâtiment à vapeur, où se tient l’officier de quart.
Patate.—La patate, en français, désigne une espèce d’igname, aux racines tuberculeuses, telle que la patate sucrée. C’est une faute d’appeler patate la pomme de terre.
Patente.—C’est un anglicisme d’appeler patente, le brevet d’invention. Obtenir, prendre un brevet, et non une patente.
Patenter.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de breveter. Faire breveter une invention, et non faire patenter. On peut écrire: Je brevète, tu brevètes, il brevète, ou je brevette, tu brevettes, il brevette.
Patriotique.—Dites patriotique en parlant des choses: but, chant patriotique; mais patriote en parlant des personnes. C’est un homme patriote, et non un homme patriotique.
Patronage.—Est en français la protection qu’un homme puissant accorde à un inférieur; que certaines associations donnent aux pauvres. N’est pas français dans le sens de pratique, clientèle. Un marchand qui désire avoir la pratique, la clientèle de quelqu’un, et non le patronage.
Patroniser.—Ce sont des anglicismes de dire: Patroniser une entreprise (pour: la favoriser); patroniser quelqu’un (pour: le seconder, l’appuyer). Dites: Patronner quelqu’un, et non le patroniser (l’introduire dans le monde, dans la haute société). Patroniser, en français, signifie protéger, en parlant d’un homme puissant: Le ministre patronise cette institution.
Patte.—Ne dites pas: la patte, mais le pied d’une table, d’un banc, d’une brouette.
Il faut dire le pied, la jambe, et non la patte, pour l’âne, la biche, le bœuf, le cheval, le chameau, la chèvre, le cochon, l’éléphant, le mouton, et pour tous les animaux chez lesquels cette partie est de corne. Patte, c’est le pied des quadrupèdes qui ont des doigts, des ongles ou des griffes, comme les singes, les lièvres, les chats, les chiens, les crapauds, les lions, les loups, les ours, les rats, etc. Patte se dit encore des oiseaux autres que les oiseaux de proie (pour ceux-ci on dit serre), et de certains animaux aquatiques, comme l’écrevisse, le homard, etc., et de certains insectes, comme le hanneton, l’araignée, la mouche, etc.
Il faut dire: Un cheval qui se cabre, se dresse sur les pieds de derrière; ce cheval s’est cassé la jambe. Dites aussi: Ragoût de pieds de cochon.
Ne dites pas: marcher sur une patte, mais marcher à cloche-pied.
Patté.—Ne dites pas: ces volailles sont pattées, mais pattues, c’est-à-dire qu’elles ont de la plume aux pattes.
Paver.—Ne dites pas: paver mais joncher de branches, d’herbes, de fleurs. L’église était jonchée de fleurs. On dit paver quand il s’agit de cailloux, de grès, de briques.
Pawner.—Anglicisme. Au lieu de pawner sa montre, dites: la mettre au mont-de-piété, l’engager.
Payant.—C’est un anglicisme de dire: emploi, commerce, ouvrage payant. Dites: lucratif.
Payer.—Ce sont des anglicismes de dire: payer une visite (pour: faire ou rendre une visite, suivant le cas): payer un compliment (pour: faire, adresser un compliment); cette affaire va payer beaucoup (pour: va rapporter beaucoup, va donner beaucoup de profit).
Payer pour, signifie entre autres choses, en français: expier en place de. Cette victoire publique qui doit payer pour tout le monde. C’est un anglicisme de dire: payer pour un achat, payer pour son loyer, etc., au lieu de: payer un achat, son loyer. Au lieu de la menace: tu vas payer pour, dites: tu vas payer cela.
Ne dites pas: une lettre payée, payer une lettre (c’est un anglicisme), mais une lettre affranchie, affranchir une lettre.
Le présent de l’indicatif est: nous payons, l’imparfait de l’indicatif et le présent du subjonctif: payions.
Paylist.—Terme anglais. Se traduit par bordereau (d’appointements, de salaires, de gages, etc., selon le cas).
Paymaster.—Mot anglais employé par nombre de personnes qui savent pourtant qu’elles font une faute. Se traduit par payeur.
Pea-nut.—Expression anglaise. Se traduit par arachide ou pistache de terre: plante de la famille des légumineuses, originaire de l’Amérique.
Pêche.—C’est à tort que l’on appelle pêche, la bordigue: enceinte formée avec des claies, des perches, etc., sur le bord de la mer pour prendre du poisson, ou pour retenir et garder du poisson vivant.
Peigne.—Peigne de corne désigne, en français, un peigne fait de corne, qu’il soit petit ou gros. C’est à tort que l’on appelle ainsi le démêloir (peigne à grosses dents).
Peigne n’est pas français pour avare, pingre. C’est une corruption de pingre.
Pelote.—On dit: une pelote de laine, de toilette (pour épingles), de neige; mais au lieu de: jeu de pelote à la main, dites: jeu de paume.
Peloter (se).—Signifie en français: être mis en peloton. Cet écheveau de fil se pelote aisément. Aussi, en terme populaire, signifie: Se battre, se maltraiter de coups. C’est une faute de donner à ce mot le sens de: se jeter des boules de neige.
Pénalité.—N’a pas en français le sens d’amende. C’est un anglicisme de dire: Sous une pénalité de, pour: sous peine d’une amende de. Dites: L’amende imposée par la loi est de... et non: la pénalité imposée...
Pendant.—V. Durant.
Pendriloque.—Corruption de pendeloque: pierre ordinairement en forme de poire, ajoutée aux boucles d’oreilles, à une chaîne de montre; morceau de cristal taillé en poire; morceau d’étoffe qui pend d’un habit déchiré. On dit aussi, mais à tort, pendrioche pour pendeloque.
Pension.—Signifie en français, entre autres choses: le prix que l’on paie pour la nourriture et le logement, ou pour la nourriture seulement; et aussi désigne l’endroit où l’on mange et couche, ou bien où l’on mange seulement. C’est une faute de donner à pension le sens de qualité de la nourriture, et de dire: As-tu une bonne pension? pour demander si la nourriture est bonne. Dites: as-tu une bonne table?
On ne doit pas dire, maison de pension, mais simplement pension. Maison de pension privée est un anglicisme baroque (private boarding house). Il faut simplement dire pension.
Maîtresse de pension désigne en français: celle qui dirige une maison d’éducation appelée pension. C’est une faute d’appeler maîtresse de pension celle qui tient une pension pour la nourriture et le logement, ou pour la nourriture seulement.
Pensionner.—Signifie en français: donner, faire une pension à quelqu’un. Pension est pris ici dans le sens de somme d’argent donnée à des intervalles fixes et périodiques. Pensionner un soldat. C’est une faute de donner à ce mot le sens de prendre sa pension, d’avoir en pension. Dites: Je prends ma pension à tel endroit; ces gens ont plusieurs personnes en pension, et non, je pensionne à..., ces gens pensionnent plusieurs personnes.
Peppermint.—Terme anglais, se traduit par menthe poivrée. L’article de commerce qui consiste en une pâte sucrée contenant de la menthe se nomme pastille de menthe, et non peppermint.
Percentage.—Signifie en français: droit de tant pour cent. Le percentage prélevé par la douane sur les marchandises venues de l’étranger. C’est un anglicisme de lui donner le sens de taux, remise, commission. On dira: Je vous donnerai une commission de tant pour cent; une remise de dix pour cent, faite par un marchand, et non un percentage de tant pour cent, de dix pour cent.
Perdre.—L’expression: Perdre une motion est vicieuse. Dites: la motion de X... a été rejetée, et non: X... a perdu sa motion.
Perron.—Est, en français, un escalier extérieur composé de plusieurs marches avec plate-forme. C’est une faute d’appeler perron le balcon, la véranda, le péridrome. (V. Galerie.)
Personnel.—Ami personnel voudrait dire à la rigueur: ami égoïste. C’est un anglicisme condamnable de donner à l’expression ami personnel le sens d’ami intime.
Pesant.—Ne dites pas: avoir le pesant, mais avoir un cauchemar. Pesant, substantif, signifie entre autres: poids. Cet homme vaut son pesant d’or.
Pétaque, pataque.—Corruption de patraque: machine usée, ou de peu de valeur. Cette montre n’est qu’une patraque, et non qu’une pétaque.
Pétard.—Il ne faut pas appeler pétard le claque qui est un jouet d’enfant. C’est un papier plié de telle sorte qu’un mouvement rapide de la main le fait ouvrir avec un bruit rappelant celui d’un coup de fouet.
Péter.—On dira en français: Ce vin mousseux a fait péter toutes les bouteilles, c’est-à-dire: les a fait crever avec détonation, rompre avec bruit. Au lieu de: Ce verre est pété, dites: est fêlé, cassé, fendillé.
Pétiller.—Signifie: éclater avec un petit bruit réitéré (le feu pétille); étinceler (ses yeux pétillent). C’est une faute de donner à ce mot le sens de fendillé (vernis fendillé), fêlé (vase fêlé); crevassé (terre crevassée).
Philippina.—C’est philippine, et non philippina, qui est correct. Faire philippine est une sorte de jeu qui consiste à partager avec quelqu’un une amande contenant deux fruits. Celui des joueurs qui, à la première rencontre, dit à l’autre: Bonjour Philippine, ou Philippine tout court, a gagné l’enjeu ou un cadeau, suivant ce qu’on a convenu.
Philippine est du féminin: Perdre une philippine.
Piastre.—M. Fréchette s’exprime ainsi: “A propos du dollar, je ne dirai pas que c’est un péché d’appeler piastre notre monnaie de cent sous; mais pour l’uniformité du langage, il vaudrait mieux nous servir du mot dollar, qui est adopté par tous les lexicographes français, et en particulier par l’Académie. Le mot piastre ne désigne pas une monnaie française, mais une monnaie turque ou espagnole.” Il ne peut cependant y avoir de faute à se servir du mot piastre qui, comme cent (V. Centin), a été récemment adopté dans les colonies françaises de l’Asie, en vertu d’une décision ministérielle.
Picasse, Picouille.—Ces mots ne sont pas français, et s’emploient à tort pour désigner un mauvais cheval, une rosse, une haridelle, une bourrique.
Picosser.—N’est pas français. Dites: becqueter (donner des coups de bec) en parlant des oiseaux. Fruits becquetés par les poules. Je becquète, je becquetais, je becquèterai.
Picot.—On dit en français: picot de dentelle. Picot désigne aussi une sorte de filet. C’est une faute de dire: couvert de picots, pour désigner un patron d’étoffe, ou la couleur d’un animal. On peut se servir des expressions: Oiseau tacheté, moucheté de gris (au lieu de: couvert de picots gris); étoffe à fond noir avec points blancs, avec pois blancs, et non picots blancs.
Picote.—Quelques-uns font la faute d’écrire ce mot avec deux t. Ecrivez picote, et non picotte.
Pied.—L’expression aux pieds (au pluriel) ne doit s’employer que pour les personnes. C’est donc une faute d’écrire: aux pieds de l’autel, du balustre, de l’escalier, de la montagne, pour au pied de.....
Pierre.—Ne dites pas: Pierre à moulange, mais pierre meulière (espèce de silex propre à faire les meules de moulin).
Ce qu’on appelle à tort simplement pierre (qui est l’objet placé devant les maisons et qui sert à monter à cheval ou en voiture) se nomme en français montoir.
Dites bouteroue, chasse-roue, et non pierre ou poteau, pour désigner ce qui empêche que les essieux de voiture ne brisent les angles des bâtiments, les garde-fous, les parapets, etc.
Pierre de sable est un anglicisme (sandstone). Dites: grès (pierre formée de petits grains de quartz agglomérés et agglutinés par une substance insaisissable).
Pierroter.—N’est pas français. Dites: empierrer, macadamiser, caillouter (un chemin, une route).
Pigeon-hole.—Terme anglais. Se traduit par trou-madame: sorte de jeu qui consiste à faire passer des billes par des ouvertures marquées de chiffres.
Piger.—En français, est un terme du jeu de bouchon. C’est une faute de donner à ce mot le sens de choisir (dans un plat en se servant), de prendre des cartes au talon.
Piler.—Veut dire en français broyer, écraser. C’est une faute de donner à ce mot le sens de: mettre en pile. Au lieu de piler, dites empiler (du bois) (V. Corder); ameuloner (des gerbes), emmeuler (les foins).
Au lieu de piler sur les pieds de quelqu’un, dites: lui marcher sur les pieds.
Pilier.—Ne dites pas les piliers, mais les piles d’un pont. Pilier en français est entre autres une colonne, un poteau.
Pilot.—Pilot signifie en français: pieu de pilotis, tas de sel en forme de cône, etc. Ce sont des anglicismes de dire pilot (qui est le terme anglais) au lieu de pilote; et pilot branché (branch-pilot) au lieu de pilote lamaneur: pilote reçu et commissionné, après des études spéciales, pour entrer et sortir des rades, havres, toute espèce de bâtiment.
Piloter.—Signifie en français: conduire en qualité de pilote (piloter un bâtiment); établir un pilotis; mais n’est pas français dans le sens de fouler avec les pieds (la neige, la terre, etc).
Pincée.—Ne dites pas donner une pincée, mais une pince ou une pinçade, faire un pinçon (action de pincer). Pincée désigne en français la quantité que l’on peut prendre avec deux ou trois doigts. Une pincée de sel.
Pintocher.—N’est pas français. Dites: pinter, boire avec excès.
Pioche.—N’est pas français dans le sens de houe, bêchoir. Pioche désigne l’outil qui s’emmanche par le milieu, dont le fer est d’un côté terminé en pointe comme celui d’un pic, et de l’autre en un tranchant semblable à celui de la houe, mais d’une largeur très variable, suivant l’usage auquel on destine l’outil. Le pic diffère de la pioche, en ce qu’il a les deux côtés terminés en pointe.
Piocher.—Signifie en français: remuer avec la pioche: piocher la terre. C’est une faute de donner à ce mot le sens de piaffer: frapper du pied la terre, en parlant du cheval.
C’est encore une faute de donner à piocher le sens de prendre des cartes au talon.
Pipe.—Il faut appeler lance, et non pipe, la partie en cuivre qui termine le boyau d’incendie. Porte-lance est le nom de l’homme qui porte la lance.
Quelques-uns appellent à tort pipes, les tuyaux, les conduits pour l’eau et le gaz (de l’anglais pipe).
Pipée.—Est, en français, un terme de chasse. C’est une faute d’employer ce mot pour désigner la quantité de tabac que peut contenir une pipe.
Piquée.—N’est pas français. Au lieu de piquée d’une charrue, dites entrure: profondeur plus ou moins grande à laquelle le soc pénètre dans le sol.
Piquer.—Ne dites pas: piquer au plus court, mais prendre au plus court. Au lieu de suivre le chemin, il a pris au plus court.
Au lieu de piquer à travers les champs, dites: passer à travers. Mais on dira d’un cavalier: qu’il a piqué (son cheval sous-entendu) vers tel endroit.
Piquet.—Signifie en français: jalon pour prendre un alignement; petit pieu pour retenir les cordes d’une tente, etc. Mais il faut dire pieu de clôture, et non piquet.
Piton.—Est en français un fer tourné en anneau et ayant une queue à vis ou à pointe. C’est une faute d’appeler piton le clou qui est un morceau de métal (fer, cuivre, etc.) formé d’une tête qui affecte différentes formes, et d’une queue à pointe. Le clou en cuivre se plante dans les murs d’une salle et sert à y suspendre les tableaux, etc.
Pivelé.—N’est pas français. Dites: moucheté (satin moucheté); aussi tacheté: oiseau tacheté de points blancs, gris. V. Picot.
Place.—C’est une faute de dire: C’est une belle place pour y construire une maison de campagne (au lieu de: bel endroit); c’est une bonne place pour un moulin (un bon endroit). Au lieu de: les gens de la place, dites les gens de l’endroit.
Place n’est pas français dans le sens de plancher, parquet; ni pour signifier à terre, par terre (dans une maison). Qui a jeté mon chapeau à terre? et non dans la place. J’ai trouvé mon ami par terre sans connaissance, et non: dans la place.
Place d’eau est un anglicisme. Dites ville d’eau. Le mot ville dans ce cas s’applique aux moindres endroits. On dit aussi station d’été.
S’il s’agit d’un endroit où l’on prend des bains d’eaux minérales, on l’appelle station balnéaire. Si les eaux sont chaudes, il faut dire station thermale. Aller aux eaux signifie se rendre dans une localité où il existe des sources d’eaux minérales naturelles, afin d’y suivre un traitement.
Plaider.—Plaider coupable, plaider non coupable sont des anglicismes (to plead guilty, to plead not guilty). Au lieu de plaider coupable, dites: faire des aveux; avouer sa culpabilité, son crime; se reconnaître coupable. Au lieu de plaider non coupable, dites: nier sa culpabilité, protester de son innocence.
Ne dites pas: plaider des circonstances atténuantes, mais invoquer des... Au lieu de: plaider au mérite, dites: plaider au fond. Ces deux dernières expressions vicieuses sont des anglicismes.
C’est un anglicisme de donner à plaider le sens de: fournir, par écrit, ses moyens de défense dans une cause.
Plan.—L’oiseau qui sert pour appeler les autres et les faire venir dans les filets ou à portée de fusil, s’appelle, en français, un oiseau appelant, et non un plan.
L’original d’un plan qui demeure chez l’arpenteur s’appelle en français plan-minute, et non plan-brouillon.
Planche.—Etre sur les planches est une expression incorrecte. Dites: Etre exposé. (Lit de parade: sur lequel on expose un mort).
Ne dites pas: un terrain planche, mais plan, égal, c’est-à-dire plat, uni, sans inégalités. Une terre plane, égale, d’un bout à l’autre.
Au lieu de planche de couchette, dites goberge, fonçaille.
Plancher.—Ne dites pas le plancher de bas et le plancher de haut, mais le plancher et le plafond.
Un plancher en pierre n’est pas français; c’est dallage qu’il faut dire. Le pavement en briques s’appelle carrelage. Quand il est en pièces de bois de petites dimensions, il se nomme parquet. S’il est en ciment, en mosaïque, en marbre, on dit tout simplement: pavement en ciment, en mosaïque, en marbre.
Plançon.—En français, plançon désigne un grand corps d’arbre qu’on refend à la scie pour en faire du bois de charpente. Dites: bois refait, et non plançon, pour désigner le bois de charpente équarri et dressé sur toutes ses faces.
Plaque.—Ne dites pas la plaque mais la platine d’un fusil: pièce à laquelle sont attachées toutes celles qui servent au ressort d’une arme à feu.
Plaquer.—Signifie, en français: appliquer une chose mince et plate sur une autre. Plaquer un meuble. L’expression plaquer un arbre est incorrecte. Dites: faire une plaque à un arbre. La plaque est faite en enlevant l’écorce au moyen d’une hache.
Plarine.—Corruption de praline: amende rissolée dans du sucre.
Plastrage.—N’est pas français. De l’anglais plastering. Dites plâtrage: ouvrage fait de plâtre, etc.
Plaster.—Mot anglais. Dites: taffetas d’Angleterre ou taffetas gommé: espèce de sparadrap préparé qu’on applique sur une coupure pour tenir les chairs rapprochées.
Plastereur.—N’est pas français. De l’anglais plasterer. Dites: plâtrier.
Platine.—Ne dites pas platine, mais torquette de tabac: feuille de tabac roulée très serré et pressée.
Pleumer.—N’est pas français. C’est une corruption de plumer: arracher les plumes de. Plumer une oie. Pour signifier enlever la peau, il faut dire écorcher, et non plumer. Ecorcher une vache, une anguille. Dites: peler, écorcer un arbre, et non le pleumer. Ne dites pas: bois pleumé, mais bois pelard (écorcé, pelé).
Plomber.—L’expression: le soleil plombe, signifiant qu’il est ardent, brûlant, n’est pas dans le dictionnaire, mais ne peut cependant être condamnée.
Plombeur.—Est un anglicisme (plumber) pour désigner le plombier. Plombeur est français, mais désigne celui qui plombe les marchandises, les étoffes, en appliquant un sceau de plomb, pour marquer qu’elles ont payé les droits.
Plonge.—Est, en français, un terme technique. Chandelle à la plonge. C’est une faute de donner à ce mot le sens de plongeon. Faire un plongeon, et non faire ou prendre une plonge.
Plug.—Terme anglais. Dites torquette de tabac et non plug: feuille de tabac roulée très serré et pressée.
Plumat.—N’est pas français. Dites plumail ou plumet pour signifier la plume servant d’ornement à un chapeau; mais pour désigner un balai de plumes, dites plumail, plumasseau, plumard ou plumeau, et non plumat.
Poche.—Ne dites pas: Etre à la poche, mais être à la besace (être ruiné).
Dites plutôt un sac de farine qu’une poche de farine. Poche s’emploie peu dans ce sens et est un terme populaire.
En termes de billard on dit une blouse, et non une poche.
Ne dites pas: la poche sent toujours le hareng, mais la caque sent toujours le hareng (proverbe): on se sent toujours de la bassesse de son extraction.
Pochetée.—N’est pas français; on dit une pochée, c’est-à-dire: le contenu d’une poche.
Poêle.—Désigne, en français: le fourneau de fonte, de terre, servant à chauffer un appartement. Au lieu de poêle de cuisine, dites fourneau de cuisine, fourneau domestique, ou simplement fourneau. Ne dites pas poêle à gaz, poêle à pétrole, mais fourneau à gaz, fourneau à pétrole.
Poignée.—Ne dites pas poignée de porte, mais bouton, pour désigner la partie que l’on tourne à la main pour ouvrir la porte. Dites de même, bouton de tiroir et non poignée. On dira poignée de porte, lorsque cette partie est faite en forme de crampon et est fixée à la porte.
Poigner.—N’est pas français. Dites empoigner, saisir (quelqu’un par le bras, au collet), attraper (quelqu’un en courant), attraper (un rhume), prendre (un poisson), etc.
Poignet.—Le poignet en français est la bande plate dans laquelle on resserre l’ampleur de la manche d’une chemise, d’une robe. Dites manchette pour désigner l’article de toilette qui se porte aux poignets de la chemise.
Poil.—Poil de chèvre. A cette expression, Bescherelle dit: “Nom donné assez improprement à une étoffe dont la trame est en laine peignée et la chaîne de coton.” Pour désigner la soie à coudre, il faut dire cordonnet, et non poil de chèvre.
Poinçon.—Est, en français, un outil de fer ou d’autre métal qui se termine en pointe. Sert à graver, etc. Dites: chasse-pointe, chasse-clou, repoussoir, et non poinçon, pour désigner l’outil qui sert à chasser les pointes ou clous plus loin que ne peut le faire le marteau.
Pointe.—Dites chardons, et non pointes, pour désigner les crocs dont on garnit une clôture, un mur, pour empêcher de passer, d’escalader.
Pôle.—Au lieu de pôle (à rideaux), qui est un anglicisme, dites tringle, si l’objet est en fer, et bâton à rideaux s’il est en bois. C’est encore un anglicisme de dire pôle pour désigner la pièce de bois aux deux côtés de laquelle on attelle les chevaux. Le nom français est timon.
Police.—Ne dites pas: Le poste de la police, mais: le poste des gardiens de la paix, ou simplement le poste; le bureau de police.
L’expression police riveraine est vicieuse. Dites: gendarmerie maritime. Au lieu de: police montée, qui est un anglicisme (mounted police), dites gendarmerie à cheval; et gendarme à cheval au lieu d’homme de la police montée.
Dites: un agent de la police, un sergent de ville, un gardien de la paix, et non un homme de police.
Polka.—Beaucoup de personnes semblent ignorer que ce mot est du féminin. Je viens de danser une polka.
Poll.—En français signifie: constatation des votes au moyen des registres. Dépouillement du poll. Demander le poll. Mais il faut dire: bureau de vote, du scrutin, et non maison du poll. Prononcez polle.
Pollué.—Signifie en français: profané, souillé, violé: Temple pollué. Mais on ne peut pas dire une eau polluée; c’est un anglicisme (polluted). Employez les mots: contaminée, corrompue, infectée.