Dictionnaire de nos fautes contre la langue française
Pomme.—Ne dites pas: la pomme de la main, mais la paume (prononcez pôme). Au lieu de pomme de choux, dites tête de choux. Mais on peut dire en français: un chou pommé (formé en pomme).
Ponce.—En français désigne une pierre. De la ponce, ou de la pierre ponce. C’est une faute d’appeler ponce un punch ou un grog: boisson faite d’eau-de-vie, d’eau chaude ou froide, et de sucre. V. Hot-scotch.
Pontage.—Signifie en français: construction d’un pont. C’est une faute de donner à ce mot le sens de pavage en bois (d’une étable, d’un chemin); de tablier (d’un pont).
Ponter.—Terme de marine: mettre un pont à un navire. Ne dites pas: Ponter un chemin, chemin ponté, mais paver un chemin, chemin pavé en bois.
Pop-corn.—Ce terme anglais désigne un mets inconnu en France. M. Fréchette suggère maïs grillé, comme traduction; et pour corn-popper, grilleur de maïs.
Populacerie.—En français, ce mot veut dire mœurs, habitudes de la populace. Nous avons donc tort de l’employer comme synonyme de popularisme: cour basse et servile faite au peuple. C’est grâce à son popularisme qu’il a été élu. Il ne faut pas non plus donner à populacerie le sens de démagogie; moyens, menées que l’on emploie pour devenir influent parmi le peuple, pour se concilier la faveur populaire.
Poque.—Désigne en français un jeu de cartes qui n’est plus joué. C’est une faute de donner à ce mot le sens de marque, impression, petite cavité faite à un objet (telle qu’à un meuble, un plancher). Les enfants désignent à tort par poque, la marque que fait la pointe d’une toupie à une autre toupie; il faut dire gniole. La poque est plus courte et plus profonde que l’éraflure.
Porridge.—L’espèce de bouillie qu’on appelle en anglais porridge, et en canadien soupane, s’appelle en France potage américain, ou potage à l’américaine, ou oatmeal.
Port.—L’expression vin de Port est un anglicisme. Dites: vin de Porto (ville du Portugal).
Porte.—Ne dites pas: la petite porte d’un poêle, mais la tirette, pour désigner le morceau de fonte qui se glisse sur la petite ouverture pratiquée dans la porte d’un poêle pour en régler le tirage.
Dites la portière d’un carrosse, d’une voiture, et non la porte.
Porte-chapeau.—Est, en français, une plante. Dites patère pour désigner l’ornement dont on se sert pour accrocher les chapeaux.
Portefaix.—Désigne en français un homme dont le métier est de porter des fardeaux. Dites porte-brancard ou anse, et non portefaix, pour désigner la partie du harnais en forme d’anneau dans laquelle entre le brancard ou le limon.
Portefeuille.—Est, en français, une enveloppe servant à mettre des papiers, composée ordinairement de deux feuilles de carton ou de cuir réunies ensemble par un de leurs côtés. C’est une faute d’appeler portefeuille, le porte-monnaie. Des porte-monnaie.
Porte-ordure.—N’est pas français. La petite pelle dont on se sert pour enlever les balayures se nomme pelle à main, ou simplement main.
Porte-panier, Porte-paquet.—Ne sont pas français; dites: rapporteur, cancanier, médisant, suivant le cas.
Porte-queue.—Désigne, en français, l’individu chargé de porter la queue de la robe d’une dame ou d’un grand personnage. Dites: trousse-queue ou culeron, pour désigner la lanière qui passe sous le haut de la queue d’un cheval. Croupière désigne toute la pièce qui part de la selle ou du bât du harnais, et qui vient passer sous la queue.
Porte-voix.—Désigne en français un instrument destiné à porter la voix au loin. Si l’on veut parler des tubes destinés dans les maisons à transmettre la voix d’un point à un autre, il faut dire: tubes, ou tuyaux acoustiques, et non porte-voix. Le porte-voix désigne en termes de marine, entre autres choses, les longs tuyaux servant à transmettre les commandements à bord des vaisseaux.
Positif à, Positif de.—Sont des anglicismes d’un emploi continuel. Au lieu de: Il est positif à dire cela, je suis positif de cela, il faut: Il dit cela d’une manière positive, formelle; il dit la vérité, j’en suis sûr, certain.
Possible.—L’expression si possible est un anglicisme (if possible). On peut dire: S’il y a possibilité, si c’est possible.
Postage.—Est en français un terme technique de faïencerie fort peu employé. C’est un anglicisme de lui donner le sens de port: prix qu’on paie pour le transport des lettres.
Poste.—Le maître de poste désigne en français celui qui fournit les relais de la poste. L’expression maître de poste est un anglicisme (post-master) pour désigner celui qui administre un bureau de poste. Dites: Directeur de la poste. Le directeur général des postes sont les termes corrects pour: maître général des postes. Ne dites pas homme de la poste (autre anglicisme, postman), mais facteur: celui qui distribue les lettres et journaux à domicile.
L’expression: Poste aux paquets est un anglicisme (parcel post). Dites: Département des colis postaux; et au lieu de paquet, dites: colis postal.
Poste-carte.—De l’anglais post-card. Dites: carte postale.
Poster.—On dit en français: Poster un chasseur à l’affût, poster des troupes, une sentinelle, etc., mais c’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de mettre à la poste.
Se pôster, terme venant de l’anglais, doit se dire en français: se mettre au courant. Au lieu de: C’est un homme bien pôsté, dites: bien renseigné, bien au courant.
Posthume.—Signifie en français: enfant né après la mort du père. N’est pas français dans le sens de pus, sanie, matière purulente.
Postillon.—Est, en français, un homme attaché au service de la poste aux chevaux pour conduire les voyageurs. Dites, au lieu de postillon, courrier pour désigner celui qui conduit la malle ou la malle-poste (voiture pour le service de la poste aux lettres qui prend aussi des voyageurs). C’est encore une faute d’appeler postillon, le facteur qui distribue les correspondances à domicile.
Post-office.—Anglicisme. Dites: bureau de poste. Lorsque l’édifice est important, comme dans une grande ville, on dit aussi l’hôtel de la poste, des postes.
Pot.—Au jeu de cartes, pot est un terme anglais. Dites une poule, et non un pot. Gagner une poule.
Poteau.—V. Pierre.
Potence.—Ne dites pas: monter sur la potence, mais subir la peine de la potence. Le condamné monte sur l’échafaud, mais demeure sous la potence, à laquelle est attachée la corde qui le suspend.
Pour.—Pour, joint à un mot qui exprime le temps, signifie pendant, mais avec le sens du futur. Je pars pour quinze jours, je vous interromps pour un instant, je vous quitte pour une minute. Mais c’est un anglicisme de dire: Il est resté à Paris pour un mois; il s’est absenté pour une heure.
L’expression: Cruauté pour les animaux est un anglicisme baroque (cruelty for animals). Dites cruauté envers les animaux.
Ne dites pas: Acheter pour le meilleur marché; mais au meilleur marché.
Pourvoir.—C’est un anglicisme (provided) de dire: il est pourvu par la loi. Il faut dire: prévu, statué, réglé.
Poussailler.—Poussailler, se poussailler ne sont pas français. Dites: pousser, bousculer; se pousser, se bousculer.
Pousser.—Ne dites pas qu’un champ pousse du grain, mais qu’il produit du grain; bien que l’on dise d’un arbre qu’il pousse des feuilles, des fleurs.
Poussière.—V. Coal-dust.
Poutine.—Corruption de pouding: mets composé de mie de pain, de moelle de bœuf, de raisin, etc.
Pouvoir.—Pouvoir d’eau n’est pas français. C’est un anglicisme (water power). Se dit: force ou puissance hydraulique. Cette chute d’eau a une force hydraulique de cent chevaux.
Praline.—Ecrivez sans accent circonflexe, et non prâline: amande rissolée dans du sucre. La saucisse plate qu’on appelle ici, à tort, praline se nomme en français crépinette.
Prêche.—Signifie en français: sermon prononcé dans une église protestante. Aller au prêche. N’a pas le sens de réprimande. On ne peut donc pas dire: Il lui a fait un prêche, pour: il l’a réprimandé.
Préférentiel.—N’est pas français. Dites: créance privilégiée, actions privilégiées, et non dette préférentielle, actions préférentielles, qui sont des anglicismes.
Préjugé.—Signifie, en français, dans cette expression: question, affaire préjugée: décidée avant d’avoir été approfondie. C’est un anglicisme de lui donner le sens de prévenu (contre quelqu’un).
Prélart.—Est, en français, une toile goudronnée qui sert à recouvrir les marchandises, une construction, etc., qu’on veut garantir de la pluie. Dites linoléum, et non prélart, pour désigner le tapis fait de jute et enduit d’huile. Dites toile cirée pour les prélarts en général.
Prélat.—Est, en français, un dignitaire ecclésiastique, aussi une espèce de toile cirée servant dans l’artillerie. C’est une faute d’appeler du prélat, ou un prélat, le linoléum. V. le mot précédent.
Prémisses.—Anglicisme (premises) pour: maison, demeure, lieux, local. Nous avons examiné les lieux, la maison, le local, et non les prémisses.
Il ne faut pas confondre prémisses et prémices. Le premier désigne les propositions d’un syllogisme. Prémices signifie: les premiers produits de la terre ou du bétail. Ces deux mots s’emploient surtout au pluriel.
Premier.—C’est un anglicisme d’employer ce mot seul pour désigner le premier ministre.
Ne dites pas: Son premier nom est Jean. C’est un anglicisme (first name); mais son prénom, son nom de baptême est Jean.
Prendre.—Ne dites pas: Prendre commerce, mais ouvrir un magasin. Au lieu de prendre les chars, dites prendre le train, le chemin de fer, ou monter en chemin de fer. Dites: L’idée lui est venue, et non: l’idée lui a pris. Ne dites pas: Ces allumettes ont pris en feu, mais ont pris feu, se sont enflammées. La maison a pris feu ce matin, et non a pris en feu.
Prendre en considération, en parlant d’un projet de loi, dans le sens de l’examiner, de le discuter, de le mettre à l’étude, est un anglicisme. En français prendre quelque chose en considération, c’est, dans une décision quelconque, y avoir égard, la faire entrer dans la balance, en tenir compte.
En termes parlementaires, en français, la prise en considération est un vote par lequel une assemblée politique, après avoir entendu le développement d’une proposition par son auteur, décide si elle doit être examinée dans les bureaux et soumise de nouveau à la discussion pour être convertie en loi.
On dit bien: s’emparer d’un morceau de terre, s’en assurer la possession; mais se prendre une terre est une locution vicieuse.
Prénom.—En français, il est d’habitude presque générale d’écrire au long le prénom que l’on porte, sans ajouter l’initiale d’un autre prénom, quand même il y en a plusieurs autres. Victor Hugo s’appelait Victor-Marie-Hugo, et il ne signait pas Victor M. Hugo. Alphonse Karr portait les prénoms de Jean-Alphonse-Karr, mais signait Alphonse Karr, et non Alphonse J. Karr. C’est une habitude anglaise de signer en donnant un prénom et l’initiale d’un autre, comme John H. Taylor.
Préparation.—Préparation aux diplômes est une expression vicieuse. On peut dire: Préparation aux examens pour obtenir un diplôme d’instituteur, de bachelier, etc.
Préserves.—N’est pas français. De l’anglais (preserves). Dites: confitures.
Presquement.—N’est pas français. Dites: Presque.
Presse.—Signifie en français: travail pressé. Dans cet atelier, il y a de la presse. Ne dites pas: Il n’y a pas de presse, mais il n’y a rien qui presse; il n’y a pas lieu de se presser.
Presser.—On peut dire: Le temps presse, mais c’est une faute de se servir de l’expression j’en presse, en parlant de quelque chose, pour signifier: j’en ai un besoin pressant.
Preuve (en).—Il est en preuve que, tel fait est en preuve sont des anglicismes. Dites: Les témoignages établissent que; il est prouvé que; la preuve de telle chose est faite.
Privé.—Ne dites pas le secrétaire privé d’un ministre, d’un gérant, d’un administrateur, mais le secrétaire particulier. Secrétaire particulier signifie: secrétaire attache à une personne, et ne dépendant pas de l’administration que cette personne dirige.
Prix.—Prix de départ est une expression vicieuse. Dites: mise à prix. Signifie, dans une vente à l’enchère: déclaration du prix d’un objet par le commissaire priseur.
Procédé, Procédure.—On emploie souvent, mais à tort, procédé pour procédure. Procédure est une forme, une manière de procéder en justice, et procédé est une manière d’agir à l’égard de quelqu’un. Un avocat peut dire à son confrère: Vos procédés sont charmants, mais vos procédures ne valent absolument rien.
Ne dites pas: les procédés d’une séance, mais le procès-verbal.
Processionniste.—N’est pas français. C’est un anglicisme. Il ne semble pas y avoir de mot dans la langue française pour désigner la personne qui suit une procession. Il y a bien processionneur, euse, mais il signifie: personne très assidue à suivre les processions; et est, du reste, fort peu employé.
Profession.—C’est une faute de dire: Homme de profession pour désigner un avocat, un médecin, un ingénieur, etc. Dites: Un homme de profession libérale.
Programme.—Est un anglicisme dans le sens de carnet de bal: petit cahier dans lequel les danseurs et les danseuses inscrivent le nom des personnes avec lesquelles ils ou elles ont promis de danser.
Prolongation.—Signifie en français: action de prolonger, d’accorder un délai, un surcroît de temps, de durée. Désigne aussi le temps ajouté à la durée d’une chose. Prolongation de congé. C’est un anglicisme de dire: prolongation d’une ligne, dites: prolongement. Ce dernier mot s’applique à l’étendue, tandis que prolongation s’applique au temps.
Prometteur.—En français désigne celui qui promet légèrement. C’est un anglicisme d’appeler prometteur le souscripteur d’un billet.
Promettre.—Dites: Je vous assure que c’est la vérité, et non je vous promets.... Promettre ne peut avoir le sens d’assurer, certifier.
Promissoire.—Est en français un terme de jurisprudence et de théologie, et ne s’emploie que dans l’expression serment promissoire. C’est un anglicisme de dire billet promissoire. Dites simplement billet. Souscrire un billet à son créancier, et non souscrire un billet promissoire à..
Promoteur.—Celui qui fait une proposition, une motion dans une assemblée délibérante se nomme le proposant, le proposeur, et non le promoteur. Ce mot-ci désigne en français celui qui prend le soin principal d’une affaire, qui lui donne la première impulsion. V. Moteur.
Promouvoir.—Promouvoir quelqu’un signifie en français: le porter, l’élever à une dignité. C’est un anglicisme de dire promouvoir les intérêts. Dites favoriser les intérêts.
Propriétaire.—Propriétaire de limite à bois. V. Limite.
Provision.—L’expression: provision d’une loi est un anglicisme. Dites: disposition d’une loi. Dites: marchand de comestibles, et non, marchand de provisions. Provisions, en termes de marine, désigne les vivres consommés par les officiers de l’équipage.
Public.—L’expression notaire public n’est plus usitée en français. Dites simplement notaire.
Publier.—C’est une faute d’employer ce mot sans complément et de dire: Il va publier dimanche prochain, pour signifier: le premier, le second ban de son mariage va être lu... Le premier et dernier ban (de son mariage) sera lu le...
Puissance du Canada.—M. Fréchette dit: “En donnant le nom de Puissance du Canada à la Confédération canadienne, non seulement nous commettons une faute de français, mais encore nous nous rendons ridicules.
“Les géographes français, tout en riant de nos bévues, sont bien forcés de nous appeler comme nous nous appelons nous-mêmes. Est-ce qu’ils ne disent pas le Céleste Empire en parlant de la Chine?”
Puissance se dit d’un pays considéré dans ses rapports avec les autres pays. La France est une des grandes puissances européennes. Mais c’est une faute de dire: les chemins de fer, les canaux de la Puissance, pour: les chemins de fer, etc., de la Confédération, de l’Etat. Il serait moins incorrect de dire: les canaux du Dominion, que les canaux de la Puissance.
Pullman.—Dites: wagon-salon, wagon-dortoir, sleeping car, wagon-lit, wagon de luxe, et non pullman. (Prononcez vagon.)
Punch.—Mot anglais. Dites chasse-pointe, chasse-clou, et non punch. Instrument qui sert à chasser les clous plus loin que ne peut le faire le marteau seul.
Quai.—Ne dites pas les quais, mais les piles, les culées d’un pont: massifs de maçonnerie, ou constructions en bois remplies de pierre, qui servent à soutenir les arches, les travées d’un pont.
La muraille qui borde un bassin, une rivière, et contre laquelle se placent les bâtiments pour recevoir ou livrer leur cargaison, s’appelle en français quai, mais il faut dire jetée, et non quai, pour désigner la construction qui s’avance dans l’eau et qui est affectée au même usage que les quais.
Qualification.—Est, en français, l’attribution d’un titre. Qualification de faussaire. Est aussi un terme de jurisprudence, de turf, etc. C’est un anglicisme de donner à ce mot la signification de cens électoral, de cens d’éligibilité.
C’est encore un anglicisme de donner à l’expression avoir la qualification pour, le sens de: posséder les qualités requises pour; être apte à, capable de.
Qualifier.—On dira en français: qualifier quelqu’un de hautain; conduite que l’on s’abstient de qualifier, etc. Mais c’est un anglicisme de donner à ce mot la signification de: donner le cens d’éligibilité.
Qualifié signifie en français: qui est de qualité; est aussi un terme de jurisprudence, de turf, etc.; mais c’est un anglicisme dans le sens de: propre à; possédant les qualités requises pour; apte à, capable, en état de; possédant le cens d’éligibilité.
Question.—L’expression: comme question de fait est un anglicisme (as a matter of fact). Dites: au reste, du reste, de fait.
Quêter.—Signifie, en français: faire une quête (dans une église, etc.). A quelquefois la signification de mendier, mais est peu usité dans ce sens. Dites plutôt mendier, que quêter, pour désigner l’action du mendiant qui va de porte en porte, demandant l’aumône.
Quêteux.—Corruption de quêteur: celui qui quête, c’est-à-dire qui demande des aumônes dans une église ou de porte en porte, dans un but de charité ou pour un autre; mais il faut dire mendiant pour désigner celui qui demande l’aumône pour lui-même, de porte en porte.
Queue.—Le jeu qui consiste à marcher en file les uns devant les autres ne s’appelle pas à la queue du loup, mais à la queue leu leu.
Queue de chemise. V. Chemise.
Ne dites pas la queue d’une pipe, mais le talon d’une pipe.
L’expression queue d’éronde est une corruption de queue d’aronde. Tenon taillé en queue d’aronde.
Qui perd gagne.—Il faut dire: Jouer à qui perd gagne, et non au qui perd gagne. On appelle coquimbat le jeu de dames à qui perd gagne.
Quotation.—N’est pas français; au lieu de quotations de la bourse, qui est un anglicisme, dites les cotes de la bourse. Dites citation (d’un auteur, etc.), et non quotation, qui est le mot anglais.
Rabat.—C’est une faute d’appeler rabat la banne: toile que l’on étend devant une vitrine, une fenêtre, pour garantir du soleil. V. Awning.
Rabâter.—N’est pas français. Au lieu de: Il s’est fait rabâter, dites: il s’est fait gronder, corriger d’importance, battre, etc.
Que me contes-tu là? Que me rabâches-tu là? et non: Qu’est-ce que tu me rabâtes là?
Raboudiner.—N’est pas français. Dites: grommeler; parler d’une manière peu intelligible; mal rapiécer, suivant le cas.
Raccord.—Signifie, entre autres choses: accord que l’on établit entre deux pièces contiguës d’un ouvrage. Le raccord de deux planches. C’est une faute de lui donner le sens de réconciliation, de raccommodement entre personnes qui étaient brouillées.
Raccordement.—On dit en français: le raccordement de deux bâtiments (réunion et ajustement convenable); de deux voies de chemin de fer; de deux terrains inégaux (par une pente, etc.). Mais ce mot n’a pas en français le sens de réconciliation, de raccommodement.
Raccorder, se Raccorder.—N’ont pas, en français, le sens de se réconcilier, se raccommoder.
Raccourci.—Signifie en français: abrégé (raccourci d’un chant); aussi: qualité de ce qui est rendu plus court. Chemin de raccourci n’est pas français; dites: chemin de traverse.
Raccroc.—Signifie en français: coup inattendu. Faire un raccroc au billard. C’est une faute de lui donner le sens de détour, coude. Le chemin, la rivière fait un coude, un détour à cet endroit, et non un raccroc.
Race.—Il ne faut pas dire: la race ovine, bovine, etc., mais l’espèce. On dit, en français, race pour désigner une partie de l’espèce: la race des (vaches) Durham, la race des (chevaux) percherons. Toutes les races de chiens composent l’espèce du chien.
Racérer.—N’est pas français. Corruption d’acérer: mettre de l’acier au taillant d’un outil tranchant. Acérer une hache. Quelques-uns disent, mais aussi à tort, resserrer, pour acérer.
Racinage.—Ce mot sert quelquefois pour désigner l’ensemble des racines alimentaires. Est aussi un terme de reliure. C’est une faute de lui donner le sens de racines, ou de plantes médicinales.
Racoin.—N’est pas français. Corruption de recoin: coin plus caché, moins exposé à la vue. Les recoins des rochers.
Racoquiller, Racotiller.—Corruption de recoquiller: retrousser en forme de coquille. Feuille recoquillée. Si l’on veut signifier: se retirer et se replier à l’action d’une chaleur trop vive, il faut dire: se recroqueviller, et non se recoquiller. Le parchemin, la peau se recroquevillent auprès du feu.
Radouer.—Corruption de radouber. Terme de marine. Radouber un navire. Dites: réparer une voiture, un meuble, et non les radouer, les radouber.
Rafle.—On dit en français: faire rafle de tout (tout enlever). Se dit au jeu de dés, quand les dés amènent chacun le même point. Rafle de six. Au lieu de: rafle d’une montre, etc., dites: Mise en loterie d’une montre.
Rafler.—Signifie en français: enlever très promptement. Les ennemis ont tout raflé. C’est une faute dans le sens de: mettre en loterie. V. Rafle.
Ragoton.—N’est pas français. Corruption de rogaton. Restes de viandes ramassées. Besace pleine de rogatons.
Ne dites pas ragoton, mais ragot: gros et court. Femme ragote. Ragotin signifie homme ridicule et contrefait.
Raie.—Ne dites pas une raie, mais un rai de roue. Rais, substantif masculin pluriel, désigne les pièces qui entrent par un bout dans le moyeu de la roue et par l’autre dans les jantes. Remettre des rais à des roues. Les rais d’une roue. Dans ce sens, il a un singulier, rai. Il y a un rai rompu à cette roue (Acad.). Remettre un rai à une roue (id.).
Rail.—Est français; se prononce ra-i, ou comme en anglais rêle. Est du masculin. Un rail et non une rail.
Railing.—Terme anglais. Au lieu de railing, que l’on entend souvent, dites: garde-corps, garde-fou (d’un pont, d’une terrasse); balustrade (d’un balcon, d’une véranda); rampe, main courante (d’un escalier).
Rain de vent.—Corruption de rumb ou rhumb de vent (chacune des trente-deux aires du vent). Est employé à tort dans le sens de direction. Ces deux lignes ont la même direction, et non le même rhumb de vent.
Rajuster.—On dit bien en français, rajuster un habit, des gens brouillés, des poids, etc., mais c’est un anglicisme de se servir de l’expression rajuster un tarif (readjust). Dites: remanier un tarif.
Rallonger.—Dites: Les jours allongent, et non rallongent. Rallonger signifie en français: rendre une chose plus longue en y ajoutant une pièce.
Ramancher.—N’est pas français. V. Remmancher.
Ramancheur.—N’est pas français. Dites: rebouteur: celui qui fait le métier de remettre les membres disloqués, les fractures. V. Remmancher.
Ramer.—Il ne faut pas dire: faire ramer des pois, des haricots, etc., mais: ramer des pois, etc., c’est-à-dire: les faire grimper à une petite perche, (qui s’appelle rame) fichée en terre.
Rance.—Est, en français, une pièce de bois qu’on place sur les côtés d’un vieux bâtiment pour le consolider, ou qui sert de chantier pour les futailles. Prendre en rance est une expression vicieuse. Au lieu de: Prendre une bille en rance, on peut dire: lever, pousser une bille au moyen d’un levier.
Rapailler.—Est en français un substantif (mauvais bois de peu de valeur; espèces de broussailles); n’a pas d’autre sens. Dites: Rassembler des choses éparses, et non les rapailler.
Rappel.—Ne dites pas le rappel (repeal) d’une loi, ce qui est un anglicisme, mais l’abrogation, la révocation, l’abolition d’une loi.
Rappeler.—Ne pas dire: rappeler une loi (c’est un anglicisme), mais abroger, abolir, rapporter, annuler une loi. Ne dites pas: rappeler d’un jugement, mais appeler d’un jugement, interjeter appel d’un jugement.
Se rappeler. Dites: je me rappelle un tel, telle chose, et non je me rappelle de.... Rappelez-vous votre promesse, et non de votre promesse. Vous le rappelez-vous? et non vous en rappelez-vous?
Rapport.—L’expression par rapport que n’est pas française. Dites: parce que, à cause que, pour la raison que.
En rapport avec. Monsieur X..., avocat de Québec, est en cette ville en rapport avec des affaires professionnelles, est une phrase incorrecte. Dites: pour affaires professionnelles. En rapport avec signifie, en français: en proportion de, en accord avec. Le style n’est pas en rapport avec le sujet; sa dépense n’est pas en rapport avec sa fortune. En rapport avec ne doit donc jamais remplacer relativement à, pour, concernant, par suite de, à la suite de, au sujet de.
C’est une faute d’élider par dans la locution prépositive par rapport, et de dire: Il a fait ce voyage rapport à lui.
Rapport est un anglicisme (report) dans le sens de compte rendu, procès-verbal d’une assemblée.
Rapportable, Retournable.—Le jour auquel une ordonnance d’exécution doit être produite est celui de l’échéance. Ainsi au lieu de l’anglicisme: L’ordonnance est rapportable, retournable le 15 mai, on devra dire: L’ordonnance, échoit le 15 mai. Ordonnance échéant le 5 juin.
Rapportée.—C’est reportée, et non rapportée qu’il faut dire, lorsqu’il s’agit d’une somme transportée d’une page à une autre, dans un livre de compte. Report signifie en français: action de reporter une somme, un total; aussi la somme, le total même qu’on a reporté.
Rase, Raser.—Rase est en français une composition pour enduire les navires afin de les préserver des vers. Dites: racloire ou radoire, et non rase, pour signifier l’instrument que le mesureur passe sur le bord de la mesure et qui fait tomber tout ce qui excède la mesure rase.
Ne dites pas raser; mais rader une mesure de grains.
Ratatouille.—Signifie en français: râgout mal préparé. Ne dites pas d’un homme qu’il est une ratatouille, mais qu’il est méprisable, vil, coquin, etc.
Râtelier.—Est, en français, l’ensemble des dents naturelles d’une personne. Ce mot râtelier a aussi le sens de dentier: série de dents artificielles.
Ratelle.—Corruption de l’anglais rat-tail; mèche de mineur. Ratelle en français est un terme de l’art vétérinaire.
Ratour.—N’est pas français. Corruption de retour (ruse, artifice). Etre plein de retours.
Ratoureur.—N’est pas français. Signifie: Qui est rusé, retors.
Ratteler.—N’est pas français. Dites, atteler de nouveau, ou atteler, suivant le cas.
Raugmenter.—N’est pas français. Corruption d’augmenter.
Ravages.—N’est pas français dans le sens de pistes, erres, traces, foulée, foulure, menées, randonnée, voies, etc. (des caribous, orignaux, chevreuils, etc.).
Ravaud.—N’est pas français. Au lieu de faire le ravaud, on peut dire: faire du tapage. Ravauder, en français, signifie, entre autres choses: tracasser dans une maison, s’occuper à ranger les meubles, etc. Il n’a fait que ravauder durant toute la journée (Acad.). Ravauder est peu usité dans ce sens.
Rave.—L’expression rave de cheval est un anglicisme (horse radish). Raifort est le nom français de cette racine.
Raveindre.—N’est pas français. Dites: retirer, aveindre.
Ravoir.—S’emploie surtout à l’infinitif, et quelquefois au futur, et aux temps qui en dérivent. Ne dites pas: j’avais prêté un livre et je l’ai reu, mais je l’ai eu.
Rayé.—On dit du papier réglé, et non du papier rayé.
Réaliser.—On dit en français: réaliser une promesse, sa fortune, etc., mais c’est un anglicisme de donner à ce mot le sens: d’être ramené à la réalité, de se rendre compte de... Il reconnut, il se rendit compte de sa triste position, et non il réalisa sa...
Rebattre (se).—C’est une faute de donner à se rebattre, le sens de se corriger, se réformer. Il faut se corriger de ses mauvaises habitudes, et non: se rebattre de... Rebattre signifie: battre de nouveau, répéter inutilement et d’une manière ennuyeuse.
Rebours.—Est du masculin. Il faut dire au rebours, ou à rebours. Au rebours, à rebours du bon sens, et non à la rebours.
Rebrasser.—Rebrasser les cartes n’est pas français. Dites: battre les cartes de nouveau, les remêler, les refaire. Vous ayez oublié une carte; remêlez, refaites.
Rechange.—Ne dites pas un rechange, mais un habit de rechange. Bescherelle dit: “Les matelots appellent de rechange, toutes les hardes, tous les vêtements qu’ils possèdent en sus de ce qu’ils portent habituellement.”
Réclame.—V. à la Deuxième Partie.
Reconsoler.—Signifie en français: consoler de nouveau. On lui donne souvent, mais à tort, le sens de consoler. Se reconsoler n’est pas français; dites: se consoler.
Record.—Est un ancien mot de jurisprudence. C’est un anglicisme de lui donner le sens de registre, archives, dossier. Au lieu de demeurer de record, dites: rester dans les archives. Au lieu de mettre de record, dites: consigner aux archives. Ne dites pas: Avocat de record, ni avocat du dossier; mais: procureur en titre.
Recouvrer, Recouvrir.—Recouvrer signifie: acquérir de nouveau ce qu’on avait perdu. Recouvrir signifie: couvrir de nouveau, cacher. C’est donc une faute de dire: Il a recouvert la vue, pour: il a recouvré la vue.
Recueillement.—Est en français l’action de se recueillir. Profond recueillement. Ne dites pas le recueillement, mais la perception des impôts.
Reculons.—Dites à reculons, et non de reculons.
Rédacteur.—Ecrivez: Rédacteur en chef, sans traits d’union, et non rédacteur-en-chef, comme on le voit souvent.
Redouble.—N’est pas français, bien que redoubler, redoublement le soient. Quatre est le double de deux, et non le redouble.
Redresser.—Dites: ça fait dresser les cheveux, et non redresser les cheveux.
Reel.—Terme anglais. Se traduit par touret (de canne à pêche ou perche de ligne).
Réfection.—Dites: manger, dormir sa réfection, et non à sa réfection. En certains endroits, on prononce, à tort, rafection. Réfection est peu usité en français.
Référer.—Ce verbe, en français, s’emploie dans le sens de: faire rapport, de rapporter une chose à une autre; et de: s’en rapporter à quelqu’un ou à un ouvrage pour décider sur quelque matière. Référer à la Chambre; référer un passage d’un livre à un autre passage; en référer à quelqu’un pour la décision de quelque chose. Mais on fait un anglicisme lorsqu’on dit: Je vous réfère à un tel, je référerai à tel document. Dites: Je vous renvoie à un tel; je consulterai tel document.
Regagner.—Regagner du terrain signifie: reprendre le terrain perdu, repousser l’ennemi après avoir été forcé par lui de reculer. S’emploie souvent, à tort, pour gagner. On dira: gagner du terrain, le feu gagne, la faim nous gagne; et non regagner du terrain, le feu regagne, la faim nous regagne.
Regarder.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de paraître, sembler. Au lieu de: cela regarde mal, dites: cela paraît mal.
Régistrateur.—Le fonctionnaire que nous appelons le régistrateur s’appelle en France conservateur des hypothèques. Régistrateur désigne, en français, certain officier de la chancellerie romaine.
Régler.—On dit en français régler une affaire (la terminer); régler un compte (s’assurer qu’il est exact, ou l’acquitter); mais on ne peut employer régler absolument, et dire: c’est un débiteur qui vient régler, qui a réglé, pour: qui vient acquitter son compte, qui a acquitté son compte.
Le futur: je réglerai, et non je règlerai.
Regricher.—N’est pas français. Au lieu de cheveux regrichés, dites: relevés sans ordre, ou dressés. Cela fait dresser les cheveux, et non regricher les cheveux.
Reinche.—N’est pas français. Dites rumination: action par laquelle certains animaux font revenir à leur bouche, pour les mâcher une seconde fois, les aliments qu’ils avaient déjà avalés et introduits dans leur estomac.
Relais.—Ne dites pas: travailler sans relais, dans le sens de: travailler sans interruption, sans repos; mais travailler sans relâche. Relâche dans ce sens est du masculin. Il n’est du féminin qu’en termes de marine: Faire une relâche.
Relance.—N’est pas français. Dites relan (masculin): action de relancer, de renvier au jeu. Renvi à le sens de relan, et est plutôt employé. Un renvi de quatre fiches.
Relève.—Désigne, en français, l’action de relever des ouvriers au travail. C’est une faute d’appeler relève la personne qui, à certains jeux de cartes, prend la place des perdants.
Relever.—Relever quelqu’un signifie, entre autres choses: le reprendre avec aigreur, etc. Ne dites pas: Il va relever son père (ce qui n’est pas français), mais il va remplacer son père; il va lui succéder dignement.
Relever n’est pas français dans le sens de: prendre la place des perdants, à certains jeux de cartes.
Rembarrer.—Rembarrer quelqu’un signifie en français: rejeter avec fermeté les propositions qu’il fait. C’est une faute de donner à cette locution le sens de: lui répondre de manière qu’il ne puisse répliquer; le mettre à quia; ou le sens de l’embarrasser au point qu’il ne réponde que difficilement.
Rembrisser.—Corruption de lambrisser: couvrir d’un lambris.
Remercier.—On peut dire en français: Je vous remercie pour mon ami; mais ce sont des anglicismes de dire: Je vous remercie pour votre bonté, pour le livre que vous m’avez prêté, pour vous être occupé de moi. Il faut remplacer pour par de. Je vous remercie de votre bonté, du livre,... de vous être.........
Je vous remercierai pour du pain est un anglicisme plus condamnable que ceux qui précèdent. Dites simplement: Veuillez me passer le pain.
Remettre.—Dites: Se remettre quelque chose, quelqu’un (dans le sens de: se le rappeler), et non se remettre de quelque chose, de quelqu’un. Je me remets ce fait, son nom, et non je me remets de ce fait, de son nom. V. Rappeler.—S’en remettre de quelque chose à quelqu’un, signifie, en français: s’en rapporter à lui, à ce qu’il dira, ou fera.
Remmancher.—Prononcez ran-man-ché. Signifie: emmancher de nouveau. S’emploie à tort pour: remettre les membres disloqués, réduire une fracture.
Rempirer.—Signifie en français: empirer de nouveau. Est souvent employé, mais à tort, dans le sens d’empirer. Ce malade empire. Mais on dira: son état s’était amélioré un peu, mais voilà qu’il rempire.
Remplir.—Ne dites pas remplir un but, mais atteindre un but.
Renard.—Ne dites pas: Faire le renard, mais faire l’école buissonnière: aller jouer ou se promener au lieu de se rendre à l’école, renarder.
Renchaussage, Renchausser.—Corruption de rechaussement, rechausser. Rechaussement: action de rechausser (remettre de la terre au pied de). Rechausser des pommes de terre; avoir fini le rechaussement. Renchaussage, renchausser, s’emploient en France, mais sont populaires. Ils ne sont pas donnés par Bescherelle.
Rencontrer.—Voici des anglicismes à éviter. Il faut dire: faire un payement, et non rencontrer un payement; faire face, subvenir aux dépenses, et non rencontrer les dépenses; combler un déficit, et non rencontrer un déficit; combattre une objection, et non rencontrer une objection; avoir, recevoir l’approbation, et non rencontrer l’approbation.
Rendre.—Un chemin peut se rendre jusqu’à tel endroit, mais il faut percer, ouvrir un chemin jusqu’à tel endroit, et non rendre un chemin jusqu’à......
Renfort.—Il faut dire contrefort, et non renfort, pour désigner la pièce de cuir qui sert à renforcer l’arrière d’une chaussure.
Renfroidir.—Corruption de refroidir. Le temps se refroidit.
Renoter.—Signifie en français: noter de nouveau. C’est une faute de lui donner le sens de rebattre, de rabâcher: répéter inutilement et d’une manière ennuyeuse; revenir sur ce qu’on a déjà dit.
Rénumérer.—Corruption de rémunérer, qui vient du latin re et munus. Signifie récompenser.
Renverser.—L’expression: Renverser un jugement est un anglicisme (to reverse a judgment). Dites: casser un jugement.
Renvoi d’eau.—Cette expression n’est pas française. Dites larmier, jet d’eau, et non renvoi d’eau, pour désigner la pièce de bois, mise en saillie au bas d’un châssis, d’une croisée, d’une porte, pour empêcher l’eau de pénétrer dans l’intérieur.
Réouvrir.—On dit en français réouverture, mais il faut dire rouvrir, et non réouvrir.
Réparage.—Réparage, en français, est l’action de réparer, de déguiser les défauts d’un ouvrage qui sort du moule; de réparer ou achever un ouvrage ébauché, etc. C’est une faute de donner à ce mot le sens de réparation, de raccommodage, dans l’habillement, la cordonnerie, la menuiserie, la charpente, la maçonnerie.
Réparer.—On dit en français: réparer une maison, un mur, une voiture, mais il faut dire, suivant le cas: raccommoder, repriser, rapiécer un habit, et non réparer.
On dit bien: le temps perdu ne se répare jamais, mais on ne peut dire: Le temps se répare, dans le sens de s’éclaircit, se met au beau.
Il ne faut pas donner à réparer le sens d’orner. Cette maison neuve orne le village, et non le répare.
Réponse.—Dites les répons de la messe, et non les réponses.
Repoussis.—N’est pas français. Dites rejet: nouvelle pousse, rejeton, nouveau jet, que pousse par le pied une plante, un arbre.
Reprendre (se).—C’est une faute de donner à ce verbe le sens de prendre sa revanche (au jeu de cartes, de dames, etc.). Nous allons reprendre la partie; je vais prendre ma revanche, et non nous allons nous reprendre, je vais me reprendre.
Réservé.—Reserved seat ticket ne se traduit pas par billet de siège réservé, mais par billet de location.
Résidence.—V. Demeure.
Résident.—Signifie en français: envoyé qui réside auprès d’un gouvernement étranger, et qui est moins qu’un ambassadeur. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de citoyen, habitant. Les citoyens, les habitants de Lévis, et non les résidents, qui est un terme vieilli.
Résidant est le participe présent du verbe résider. Il est résidant à Terrebonne cet été.
Résignation.—Au lieu de résignation, dites démission (d’une charge, d’un emploi): action de prendre sa retraite. Résignation a vieilli dans ce sens.
Résine.—Dites colophane (fém.), ou arcanson (masc.), et non résine, pour désigner ce qui sert à frotter l’archet des instruments de musique à cordes.
Résolu.—Signifie déterminé, etc. Mais c’est une faute de lui donner le sens de robuste, gros, etc.
Au lieu de: Il est résolu que, dites plutôt: Il est arrêté que...
Résolution.—“Proposition adoptée, projet de loi qui a reçu l’approbation de l’une des deux chambres” (Littré). Dans notre langue parlementaire, nous lui donnons, comme en anglais, mais à tort, le sens de: Proposition soumise à la chambre basse, et destinée, après un vote favorable, à servir de base ou de charpente à un bill ou projet de loi dont seront saisies les deux chambres du parlement. Le mot français est proposition de loi.
Au lieu de résolution (d’une assemblée délibérante), dites: décision.
Dites adopter, rejeter une proposition, et non passer, rejeter une résolution. Tous ces emplois fautifs de résolution sont des anglicismes.
Respect.—L’expression porter respect à quelqu’un signifie, en français: avoir du respect pour lui, le respecter. Elle n’est pas l’antonyme (l’opposé) de tutoyer. Dites: dire vous à quelqu’un, lorsque vous voulez désigner l’action d’user du mot vous en lui parlant.
Respir.—N’est pas français. Dites respiration, souffle. Vent qui coupe la respiration.
Responsabilité.—N’est pas français dans le sens de solvabilité. C’est un anglicisme. On dira: c’est la solvabilité de l’endosseur qui donne de la valeur à ce billet, et non: c’est la responsabilité.
Responsable.—Signifie, en français, entre autres choses: qui est garant, qui répond de quelque chose. Mais c’est un anglicisme de lui donner le sens de solvable.
Ressayer.—N’est pas français. Dites: essayer de nouveau.
Ressorer.—N’est pas français. Corruption d’essorer: exposer à l’air pour faire sécher.
Ressource.—S’emploie à tort pour source, dans l’expression: eau de ressource. Dites: eau de source.
Ressoudre.—N’est pas français. Corruption de sourdre. L’eau sourd près d’un rocher. Quelques secondes après être tombé à l’eau, il est revenu à la surface, il a émergé, et non il a ressous.
Dites: Il est arrivé inopinément, et non il a ressous tout d’un coup. Cette expression vient du terme de marine: nuage qui sourd à l’horizon, c’est-à-dire qui s’élève, qui surgit à l’horizon.
Restant.—Ce mot est souvent employé, à tort, pour reste. Restant ne se dit absolument que des choses matérielles, que de ce qui reste d’une quantité ou d’une somme exacte. Reste s’emploie au moral et dans le sens abstrait, comme au propre. Un reste de lumière, d’honnêteté, de sensibilité, et non un restant. Le reste des hommes, et non le restant des hommes. Le reste, et non le restant du troupeau.
Restaurant.—Lorsque vous voulez désigner l’endroit où l’on s’arrête pour manger, en voyageant en chemin de fer, dites buffet, et non restaurant (qui désigne l’endroit où l’on donne des repas à des prix convenus).
Rester.—Au lieu de rester bête, dites: demeurer sot, abasourdi, à quia, déconcerté, interdit.
On emploie très souvent ici le mot rester dans le sens de demeurer, habiter: il reste dans telle rue, à tel étage. Ce n’est pas français. Rester a bien le sens de demeurer, par opposition à s’en aller (nous sommes restés trois mois à Montréal), mais il ne doit jamais s’employer dans le sens de résider.
Resté dans le sens de fourbu, rendu, exténué, las, n’est pas français.
Restituer.—N’a pas, en français, le sens de vomir, rendre.
Résumer.—Signifie en français: faire un résumé de. Résumer un débat. C’est un anglicisme (to resume) de donner a ce mot le sens de reprendre, continuer (un débat, un travail, etc.).
Retaper.—Retaper un chapeau, une robe signifie en français: remettre à neuf. C’est une faute de donner à ce mot le sens de duper, flouer, rouler. Il s’est fait flouer, duper, etc., dans ce marché-là, et non il s’est fait retaper.
Réticent.—N’est pas français. De l’anglais reticent. Dites: circonspect, muet; qui ne veut pas parler, pas desserrer les dents.
Retirer.—Ne dites pas: Je me retire à l’hôtel de.... mais je loge, je suis descendu à l’hôtel de....
Retiré. C’est une faute de donner à ce mot le sens de pâle, changé, blême, livide, amaigri. Dites visage, traits tirés, ou étirés, et non retirés.
Retontir.—N’est pas français. Corruption de retentir. Le tonnerre retentit dans la montagne. S’emploie aussi, mais à tort, pour rebondir: sa tête a rebondi sur la glace, et non retonti.
Retournable.—V. Rapportable.
Retracer.—Signifie en français: tracer de nouveau, décrire un événement, etc. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de remonter à la source, à l’origine (d’une erreur, etc.).
Rétraction.—Veut dire en français: raccourcissement, contraction d’une partie rétractile. Rétraction des muscles. Ne pas employer ce mot pour rétractation, qui est l’action de se rétracter.
Réussi.—Est adjectif verbal. Ne dites pas: un réussi, mais une réussite (aux cartes). Faire une réussite. Je vous souhaite du succès, et non du réussi.
Rêver.—Signifiant faire des songes, rêver demande la préposition de. J’ai rêvé de vous la nuit dernière, et non j’ai rêvé à vous. Rêver à signifie: réfléchir à. Rêver à une affaire. A quoi rêvez-vous? Rêver sur signifie: méditer profondément. Rêver longtemps sur une affaire. Cette dernière expression est peu usitée.
Révérend.—Ce titre est réservé aux pasteurs protestants et aux membres des différents ordres religieux. Quand il s’agit des prêtres séculiers, il faut dire M. l’abbé X..., et non le Révérend M. X...
Revire.—N’est pas français. Dites retourne: carte qu’on retourne à certains jeux.
Revirer.—Est un terme de marine, et veut dire: tourner d’un autre côté. Il ne faut pas l’employer pour rétrograder, retourner.
Au lieu de: revirer quelqu’un, dites: lui refuser net ce qu’il demande, le mal recevoir, suivant le cas.
Revise.—Dites: la revision d’un compte, des listes électorales, etc., et non la revise.
L’expression revise d’une épreuve (pour revision) n’est pas dans le dictionnaire, mais est d’un usage fréquent en France; ce n’est donc pas une faute de s’en servir.
Revoler.—Signifie en français: voler de nouveau. N’a pas le sens d’être jeté violemment ou au loin. Son chapeau a été emporté au loin, et non a revolé. Cet homme a été jeté violemment par terre, et non a revolé à terre.
Revolin.—Signifie en français: effet du vent lorsqu’il est réfléchi, renvoyé par un objet quelconque. Dites embrun, et non revolin, pour désigner l’espèce de brume que les vagues forment en se brisant. Quelques-uns disent, à tort revolis (qui n’est pas français) pour embrun.
Révoquer.—On dit en français: révoquer un employé, un ordre, un testament. Mais au lieu de révoquer une loi, dites annuler, abroger, abolir, rapporter une loi.
Revue.—Ne dites pas: à la revue, mais au revoir.
Rideau.—L’expression rideau en net, n’est pas française; dites rideau de dentelle; et quand celle-ci est à mailles, dites: rideau en filet.
Rien.—Dites: cela ne sert de rien, et non: cela ne sert à rien; ne faire semblant de rien, et non faire semblant de rien.
Rif, Rifle.—N’est pas français. C’est une espèce de dartre. Le nom technique est impetigo larvé.
Ripe.—La ripe est en français un outil dont se servent les tailleurs de pierre pour terminer la taille des pierres calcaires dures. Pour désigner le bois qui est retranché par les outils du menuisier, il faut dire planures, rabotures, copeaux, et non ripes.
Ripousse, Ripouste.—Ne sont pas français. Dites rejetoir: piège qui sert à prendre des lièvres. Il consiste en un arbrisseau courbé, au bout duquel est un collet. L’arbrisseau, en se relevant, tient le lièvre suspendu.
Au lieu de: son cheval est parti, est venu comme une ripousse (ou ripouste), dites: son cheval est parti soudainement, est venu très vite.
Risée.—Signifie, en termes de marine: augmentation subite et de peu de durée dans la force du vent. C’est une faute d’appeler risée, l’allure rapide d’un cheval. Aller vite, filer rapidement, et non aller sur la risée.
Roast-beef.—Terme anglais. Il faut, en français, écrire et prononcer Rosbif.
Robe de cariole.—Cette expression n’est pas française. Dites: couverture de voyage. Peau de bison doublée, servant à garantir du froid en voyage.
Rod-man.—Terme anglais. Se dit en français porte-mire. Homme chargé de porter la mire qui sert au nivellement.
Rogne.—Est en français une espèce de gale. C’est une faute de lui donner le sens de vaurien, chenapan.
Rognon.—Ne dites pas: Rognon de peau, mais oreillon de peau, rognure de peau. S’emploient surtout au pluriel.
Romaine.—Est en français une balance à levier, à bras inégaux. Dites: une balance à ressort, un peson à ressort, ou, plus techniquement, un dynamomètre, pour désigner la balance appelée ici, à, tort, romaine.
Romanesque.—Est souvent employé à tort pour romantique. Romanesque se dit de tout ce qui peut figurer à bon droit dans un roman. Les aventures romanesques de Robinson Crusoé.
Romantique se dit de lieux champêtres et de sites comparables à ceux que décrivent les poètes et que représentent les peintres. Le lac de Belœil est un des sites les plus romantiques qu’on puisse voir.
Rond.—Ce que nous appelons rond à patiner, pavillon des patineurs se nomme en France skating-rink, ou simplement rink. Alphonse Lusignan propose patinoir au lieu de skating-rink.
Ne dites pas le rond, mais la piste (où courent les chevaux).
Dites nez aquilin, busqué, et non nez rond.
Ronde.—Dites: rouelle de bœuf, et non ronde (partie tranchée qui est ronde).
Ronde de lait. Cette expression n’est pas française. Elle désigne l’ensemble des clients d’un laitier. C’est un anglicisme (milk run). Dites: tournée d’un laitier.
Rondousse.—N’est pas français. De l’anglais (round house). S’emploie à tort pour timonerie: petite construction souvent de forme ronde, avec vitrage, où se trouve la roue du gouvernail. Rondousse s’emploie encore à tort pour tambour (qui couvre les roues d’un bateau à vapeur).
Ronge.—Est en français un terme de vénerie: N’est employé que dans cette locution: le cerf fait le ronge (il rumine). C’est une faute d’appeler ronge, le frein. Cheval qui ronge son frein, et non qui mâche son ronge.
Rouâpe.—N’est pas français. Dites: râble. Instrument de fer à long manche de bois, espèce de râteau qui sert à remuer les tisons du four, à retirer la braise.
Roue de fortune.—Est, en français, un tambour en forme de roue où l’on enferme les numéros d’une loterie, pour les tirer au sort. Ce qu’on appelle ici, à tort, roue de fortune se nomme en français tourniquet, lorsque la roue est verticale. Quand la roue est horizontale, il faut dire roulette.
Roue d’erre n’est pas français. Dites volant, régulateur: sorte de grande roue, ordinairement en fonte, qui sert à corriger les écarts de vitesse d’un mécanisme.
Rouge.—C’est une faute de se servir du mot rouge pour désigner la couleur d’un cheval. Il faut dire bai (bai brun, bai cerise, bai châtain, bai marron, etc., selon le cas).
Rough.—Terme anglais, employé par grand nombre de personnes qui savent que ce mot n’est pas français. Dites: rude (au toucher, ou de caractère), bourru, grossier, mal élevé, trivial.
Roulant.—Le substantif roulant désigne, en français: un homme qui parcourt les campagnes, où il fait un petit commerce. C’est une faute de donner à ce mot le sens de matériel: ensemble des machines, ustensiles, outils et moyens d’exécution de toute sorte qui sont nécessaires à une fabrique, à une usine, à une exploitation quelconque, soit agricole, soit industrielle. Le matériel d’une imprimerie, d’une fabrique, d’un chemin de fer, etc. (Acad.). L’expression matériel roulant désigne, en français, les wagons, les machines d’une exploitation de chemin de fer.
Roulette.—Dites rondelle, et non roulette, pour désigner les pièces rondes, de métal, de cuir, percées par le milieu et qu’on place entre l’écrou et le bois.
Roulif.—N’est pas français. Corruption de roulé. Bois roulé; bois dont les crues annuelles n’adhèrent pas entre elles.
Round robin.—Expression anglaise. Le Round robin existe en France, dans les grands ateliers; on l’appelle pétition en rond. C’est une pétition où les signatures sont disposées en cercle, allant du centre à la circonférence, moyen adopté pour ne pas faire connaître celui qui a signé le premier.
Roupie.—La roupie est, en français, une monnaie, un oiseau, etc. Ne dites pas la roupie d’un dindon, etc., mais la caroncule: excroissance charnue, molle, dénuée de plumes, qui sert d’ornement au front, (ou vertex,) à la gorge et aux sourcils de certains oiseaux.
Il faut dire: qu’un paon, qu’un coq d’Inde fait la roue, et non fait la roupie.
Rousselé.—N’est pas français. Dites: avoir des rousseurs, des taches de rousseur, et non être rousselé.
Route.—Ne dites pas: Un cheval de route, mais un cheval de voyage: cheval qui est bon marcheur, capable de fournir une longue traite.
Rubandelle.—V. Libêche.
Rug.—Terme anglais. Se traduit par: 1o paillasson (natte de paille ou de jonc pour essuyer les pieds); 2o moquette (étoffe à chaîne et à trame de fil, veloutée en laine, et dont on couvre les sièges); 3o descente de lit; 4o tapis de foyer; 5o carpette (tapis presque carré qui se place au milieu d’une pièce).
Rumeur.—L’expression: Il est rumeur est un anglicisme. Dites: Le bruit court, on dit....
Run.—Terme anglais. Au billard, se traduit par série. J’ai fait une série de trente points, c’est-à-dire: une suite ininterrompue de trente points.
Au lieu de run (sur une banque) dites: demande de remboursement.
Rupturer.—N’est pas français. De l’anglais (to rupture). Dites: Rompre, casser, fracturer. Il s’est fracturé, cassé, rompu un bras.
Saboter.—Veut dire en français: jouer au sabot (espèce de toupie), etc.; mais n’a pas le sens qu’on lui donne: secouer rudement, cahoter. Nous nous sommes fait cahoter, secouer dans ce chemin, et non saboter.
Sac.—Le petit sac qu’on remplit d’avoine, et qu’on attache à la tête des chevaux pour les faire manger, s’appelle musette, et non sac.
Sacre.—Est, en français, une cérémonie religieuse dans laquelle on procède à la consécration d’un évêque, d’un roi. Mais ce mot n’est pas français dans le sens de juron, jurement, blasphème. Pas de jurons ici! et non: Pas de sacres!
Safe.—Terme anglais, employé par nombre de personnes qui savent cependant qu’il est anglais. En français on dit: coffre-fort, armoire de sûreté.
Safreté.—N’est pas français. Dites: Safrerie (populaire), avidité à manger.
Sago.—Terme anglais (se prononce ségo). Se traduit par sagou (fécule retirée de la moelle de certains palmiers).
Sagou.—Corruption de sagouin: homme malpropre et sans soins.
Salaire.—Est, en français, le payement pour le travail de l’ouvrier. Ce mot est employé, bien à tort, pour la plupart des termes suivants: Gages (pour les domestiques); appointements et traitement (pour les employés publics, les hommes en place); solde (pour les soldats et les officiers); honoraires (pour les magistrats et les hommes de profession libérale); vacation (pour chaque dérangement des hommes de loi); pension (pour les fonctionnaires retirés du service); feux (pour les acteurs chaque fois qu’ils jouent); courtage (pour les courtiers); indemnité (pour les députés), et liste civile (pour le souverain).
Salle.—On peut dire, en français, qu’un acteur fait salle comble, mais c’est un anglicisme de traduire a good house par une bonne salle. Dites: la salle (du concert, de l’opéra) était pleine; l’auditoire était nombreux.
Salle à dîner est un anglicisme (dining room ou dining hall). Dites: Salle à manger.
Salon.—Anglicisme (saloon) dans le sens de: buvette, auberge, bar, débit de boisson, cabaret, estaminet, taverne.
Salop.—N’est pas français. Dites: salaud, ou salope (adjectif des deux genres). Ce dernier mot n’est plus guère employé qu’au féminin.
Saloperie.—Désigne, en français: une grande malpropreté, une dégoûtante saleté. C’est une faute d’appeler saloperie, un fétu, un grain de poussière et de dire: j’ai une saloperie dans l’œil.
Sang.—Ne dites pas tourner les sangs, mais tourner le sang: causer tout à coup une frayeur extrême.
Saoulade.—N’est pas français, bien que saoul, saouler (ou soûl, soûler) le soient. Dites: orgie, soulaison.
Sapinage.—Désigne, en français, l’opération qui consiste à humecter d’huile les poils des fourrures que l’on prépare. Ce mot est employé à tort pour désigner un lieu planté d’arbres résineux petits et rapprochés.
Sapoudrer, Soupoudrer.—Ne sont pas français. Corruptions de saupoudrer: couvrir légèrement de poudre. Saupoudrer de farine, de sel, de sucre.
Satchel.—Terme anglais. Dans le sens de sac de cuir ou d’étoffe qu’on porte avec soi en voyage, satchel peut être traduit à la rigueur par sac de voyage, valise, portemanteau; mais on dit généralement sac de nuit.
Satisfait.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de convaincu, persuadé. Je suis convaincu, persuadé de la culpabilité de l’accusé, et non je suis satisfait.
Saucée.—Signifie en français: averse, forte pluie. Dites: plumée, et non saucée, pour désigner la quantité d’encre que peut contenir une plume. Une plumée d’encre.
Sassepanne, sassepinte, chassepinte.—Ne sont pas français. Tirés de l’anglais sauce-pan. Se disent en français casserole: ustensile de cuisine.
Saucier.—Désigne, en français, celui qui compose ou qui vend des sauces; mais le vase dans lequel on met les sauces se nomme saucière, et non saucier.
Sault.—Ancienne orthographe de saut: chute d’eau. Sault-au-Recollet.
Sautereau.—Est, en français, une partie de certains instruments de musique. N’est pas français dans le sens de vison.
Sauver.—On sauve un malade, les débris d’une armée, un navire, son honneur, son âme, les apparences, etc.; mais on ne sauve pas de l’argent, on l’économise; on ne sauve pas tant (dans une transaction commerciale), mais on fait un profit de tant; on ne sauve pas du temps, mais on l’épargne. Tous ces emplois fautifs de sauver sont des anglicismes.
Savaneux.—N’est pas français. Au lieu de: Terrain savaneux, dites: terrain marécageux, humide.
Savater.—N’est pas français. Corruption de saveter: gâter un ouvrage en le faisant ou le raccommodant malproprement. Il ne faut pas donner à ce mot le sens de gâter, friper (un habit, etc.).
Scarfer.—De l’anglais (to scarf). Dites: abouter (assembler deux pièces de bois par leurs extrémités).
Scène.—Ce qu’on appelle ici, à tort, scènes d’un théâtre, se nomment en français décors, c’est-à-dire: les toiles qui garnissent la scène et qui représentent tantôt une rue, tantôt une forêt, tantôt un intérieur, etc. Les décorations sont les dorures et les peintures d’une salle, et enfin tout ce qui sert à la décorer.
Scie.—Ne dites pas scie à raser, ni scie de rase, mais scie à araser (petite égohine).
Scrap-book.—Terme anglais. Se traduit par album à découpures, ou album à collection.
Scraper.—Terme anglais. Se prononce scré-peur. Désigne, en termes de chemin de fer, une espèce d’excavateur de la forme d’une grande pelle à laquelle sont adaptés des mancherons, et qui est tirée par un cheval ou plusieurs chevaux.
Sec.—Dites: pommes tapées, et non pommes sèches, qui est un anglicisme (dried apples).
Section.—Anglicisme dans le sens d’article de loi (chaque prescription distincte).
Sécurité.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de garantie. Donner des garanties d’un payement, et non des sécurités.
Ségo.—V. Sago.
Seine.—Dites trouble ou truble (féminin), et non seine, pour désigner un filet en forme de poche, dont la partie inférieure, en ligne droite, repose sur le sol, et dont la partie supérieure est montée sur un demi-cercle; il est traversé par un bâton terminé en fourche qui sert de manche. La seine est un autre genre de filet.
Semblance.—N’est plus employé. Dites: un semblant d’amitié, et non semblance.
Semblant.—Dites: Il ne fait semblant de rien, et non il fait semblant de rien.
Semelle.—Etre en semelle de bas est une expression vicieuse. Dites: n’avoir que ses bas.
Semence.—Le temps des semences est une expression incorrecte. Dites: Le temps des semailles. La semence c’est le grain qu’on sème; la semaille, c’est l’opération de l’ensemencement du grain.
Semer.—On ne sème pas les pommes de terre, on les plante.
On appelle planter (par extension): mettre en terre, avec la main, un noyau, un pépin, une amande, une noix, et généralement toute graine qui ne se sème pas confusément. On plante des oignons, des fèves, des citrouilles, etc.; on sème des grains (blé, orge, avoine, etc.), des pavots, du sainfoin, etc.
Séminariste.—On appelle souvent, ici, séminaristes les élèves des petits séminaires; c’est une erreur. Les séminaristes sont les élèves en théologie (que l’on appelle à tort ecclésiastiques. V. ce mot).
Senior.—Mot latin anglicisé. Se traduit par père, lorsque le père et le fils portent le même nom de baptême: Alexandre Dumas père. Il se traduit par aîné, en parlant de deux frères, ou de l’oncle et du neveu. Coquelin aîné.
Sens.—L’expression d’un sens est vicieuse, pour signifier: A un certain point de vue, sous un certain jour, d’une certaine manière, etc.
Sentence.—Ne dites pas: recevoir une sentence, c’est un anglicisme. Au lieu de: ce prisonnier a reçu sa sentence hier, on peut dire: a entendu sa sentence hier; la sentence de ce prisonnier lui a été donnée hier, a été prononcée hier.
Sentiment.—C’est une faute de donner à ce mot le sens d’odorat. Le chien a l’odorat développé, et non le sentiment. Il avait autrefois cette signification.
Série.—Est, en français, une suite, une succession: une série de biographies. Si des biographies sont publiées séparément, on ne doit pas dire, à chaque biographie, première série, deuxième série, mais première biographie, deuxième biographie.
Sérieux.—L’expression: Etes-vous sérieux? n’a pas, en français, la signification que nous lui donnons ici. En disant: Etes-vous sérieux, nous voulons dire: Est-ce sérieux? En France, cette question: Etes-vous sérieux? laisse supposer que l’on considère comme frivole la personne à qui l’on parle. Cette expression, avec le sens que nous lui donnons ici à tort, est un anglicisme. On peut dire: Parlez-vous sérieusement, est-ce sérieux?
Serper.—Signifie en français: lever l’ancre d’une galère, etc., sans cabestan. Serper une ancre. C’est une faute de donner à ce mot le sens de couper avec la serpe. La serpe est un instrument tranchant, recourbé vers la pointe, servant à émonder les arbres.
Servante.—L’expression servante générale est un anglicisme. Il faut dire: Une bonne à tout faire.
Serviable.—Signifie en français: qui est prompt, zélé à rendre service; qui est officieux. C’est une faute de donner à ce mot le sens d’en état de servir, en parlant d’une chose. Meuble, outil encore bon, qui peut encore servir, et non encore serviable.
Service civil.—Anglicisme. Ce qu’on appelle ici, à tort, service civil, se nomme en français: les administrations publiques.
Être de service signifie, en français: exercer actuellement les fonctions de sa charge. C’est une faute de donner à cette expression le sens de serviable, qui aime à rendre service.
Servir.—C’est un anglicisme de traduire to serve a summons par servir une sommation. Dites: signifier une sommation.
Servir un terme d’emprisonnement est un anglicisme. Il faut dire: purger une sentence.
Set.—Mot anglais; s’emploie à tort pour les mots suivants: Un meuble de salon (l’ensemble des meubles qui garnissent un salon); un service de vaisselle; une bande ou une clique dangereuse; un cercle d’amis; une parure de diamants; plusieurs couples de danseurs; un jeu de boutons. Ne pas dire: un set de salon, de vaisselle, de gens dangereux, d’amis, de diamants, de danseurs, de boutons.
Seul.—Caractère seul est une expression vicieuse. Dites: C’est une personne qui aime à être seule, qui n’est pas expansive, pas communicative, et non c’est un caractère seul.
Shaft.—Terme anglais. Se traduit par arbre de couche (d’un bateau à vapeur); puits (d’une mine); arbre moteur (dans une usine), etc.; puisard (d’un égout).
Shampoo.—Terme anglais. Ne dites pas un shampoo, mais un schampooing (Larousse), ou shampooing (Bescherelle). Nettoyage de la tête au moyen d’un liquide particulier, employé par les coiffeurs.
Shaver.—Se prononce chévé. N’est pas français. Verbe tiré de l’anglais to shave. Dites: Tel marchand surfait ses marchandises, et non shave. Cet homme prête à usure, et non shave.
Shaver.—Terme anglais, qui se prononce chéveur. Est employé à tort pour usurier: qui prête à des gros intérêts.
Shed.—Mot anglais. Se traduit par appentis, hangar, remise. (Freight shed, v. Freight).
Sherry, Xérès.—Il ne faut pas confondre le sherry, qui est une sorte de madère alcoolisé, et le xérès (se prononce quérèss) qui est un vin d’Espagne.
Shipper.—N’est pas français. De l’anglais to ship. Expédier des marchandises, et non les shipper. Chiper est français, mais populaire. Il signifie voler. Chiper des marchandises.
Shirting.—Terme anglais. Se traduit par calicot. Toile de coton qui sert entre autres choses à faire des chemises.
Short.—Terme anglais. Acheter short, vendre short, veulent dire: acheter des titres ou des marchandises sans en déposer la valeur, ou vendre des titres ou des marchandises qu’on ne possède pas encore. Cela s’appelle en français, acheter, vendre à découvert.
Si.—Ne dites pas: Il n’a pas si tort, il est si en colère, mais, il n’a pas si grand tort, il est si fort en colère, dans une telle colère. V. Aussi.
Side-board.—Est un mot anglais; on dit buffet en français.
Siding.—Terme anglais. Se traduit par voie d’évitement ou de garage.
Siège.—Il ne faut pas dire que le député X... a été maintenu dans son siège; mais que: l’élection du député X... a été validée; ni que: le député X... a abandonné son siège, a résigné son siège, mais: qu’il a remis son mandat. Toutes ces fautes sont des anglicismes.
Ne dites pas siège de bicyclette, mais selle.
Siffler.—Ne dites pas siffler, mais souffler, au jeu de dames. (Siffler s’écrit avec deux f, et persifler avec une seule).
Siffleux.—Corruption de siffleur. Nom vulgaire de la marmotte.
Siler.—Est un terme de botanique (se prononce si-lerr). Siler, verbe, n’est pas français. Dites: Les oreilles me tintent, et non me silent; ce chien se plaint, et non sile; j’ai entendu siffler la balle, et non siler.
Silon.—Ne dites pas le silon (d’une batteuse), mais le tambour batteur. Silon n’est pas français. V. Moulin.
Simples.—Est, en français, le nom générique des herbes et des plantes médicinales. Ce médecin soigne avec des simples. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’échantillons (samples).
Sink.—Terme anglais. Dites évier. V. Lavier.
Siroteux.—N’est pas français. Dites sirupeux: qui est de la nature et de la consistance du sirop. Liqueur sirupeuse.
Sirouenne.—N’est pas français; de l’anglais sirloin. Se dit en français surlonge: la partie du bœuf qui reste après qu’on a levé l’épaule et la cuisse, et où l’on prend les aloyaux.
Site.—Signifie en français: partie de paysage considérée relativement à l’aspect qu’elle présente: site pittoresque. Ne dites pas: Chicago a été le site d’une grande exposition (c’est un anglicisme), mais le siège, le théâtre d’une...
Sky-light.—Ce mot anglais se traduit par abat-jour, lorsqu’on veut désigner l’ouverture pratiquée dans un toit pour donner de la lumière. Quand c’est tout simplement une ouverture vitrée, pratiquée dans la déclivité d’un toit, pour éclairer une mansarde, le sky-light se traduit par fenêtre à tabatière.
Slab.—Terme anglais. Se traduit par dosse. Première et dernière planche qu’on lève, en refendant un arbre, laquelle est sciée d’un côté, tandis que l’écorce reste presque toujours entière de l’autre. V. Croûte.
Slack.—Ce qu’on appelle slack ici s’appelle mou en français. Raidir une amarre se dit embraquer. Ainsi au lieu de: haler le slack, il faut dire: embraquer le mou.
Slaquer.—N’est pas français; de l’anglais (to slacken). Dites: larguer, lâcher, relâcher une amarre; se détendre, mollir, faiblir, suivant le cas.
Sleigh.—Terme anglais, se traduit par traîneau. Le répertoire, en France, de noms de voitures d’hiver est très restreint.
Slip.—Mot anglais. Se traduit par cale: partie inclinée d’un quai ménagée pour faciliter le chargement et le déchargement des bateaux.
Smart.—Ce mot, que l’on sait être anglais, s’emploie à chaque instant, à tort, pour habile, entendu, industrieux, adroit, etc.
Smoking cap.—Expression anglaise. On dit en français: bonnet grec, fez, et même toque.
Snack.—Terme anglais. Dites: régal, repas somptueux, festin.
Snap.—Terme anglais. Se traduit par agrafe: espèce de boucle ou crochet à ressort qui entre dans certaines parties du harnais.
Snoque.—N’est pas français. Ne dites pas: Jouer à la snoque, mais à la tapette: jeu dans lequel les enfants lancent, tour à tour contre un mur, une bille qui retombe à terre et roule par contre-coup à une certaine distance; le gagnant est celui dont la bille, en roulant, touche une de celles qui sont déjà sur le jeu.
Soc.—Ne dites pas le soc d’un cochon, mais l’échinée: l’échine avec la viande qui y est attachée.
Soin.—V. Embarras.
Soirs.—V. Matins.
Solage.—Est en français un vieux mot qui signifiait sol. Solage bien fumé. Dites fondements, fondations, et non solage, pour désigner l’ensemble des constructions qui sont au-dessous du rez-de-chaussée, et qui supportent le reste de l’édifice.
Solide.—Ne dites pas: ce bijou est en or, en argent solide, mais en or, en argent massif.
Solider.—N’est pas français. Il faut dire: consolider, fortifier (une charpente, un édifice, un mur).
Somerset.—Mot anglais. Se traduit par culbute: sorte de saut consistant en une révolution complète sur soi-même, accomplie la tête en bas et les jambes en l’air, et à la suite de laquelle on se retrouve sur ses pieds. Faire la culbute, et non: faire une somerset.
Sonnant.—Dites: à six heures sonnantes, et non sonnant.
Sorcière.—L’expression sorcière de vent est fautive. Dites: bourrasque, coup de vent, cyclone, tourmente, ouragan, suivant le cas.
Sortir.—Ne dites pas: Le journal est sorti, (anglicisme the paper is out); mais: le journal a paru, est publié.
Au lieu de: Le candidat N... a sorti une lettre aux électeurs, va sortir un journal; une brochure va sortir; dites: Le candidat N... a écrit une lettre à ses électeurs, va publier, lancer un journal; une brochure va être publiée.
Ne dites pas: je sors de le voir, mais je viens de le voir; je l’ai vu, il y a un instant.
Soubassement.—V. Basement.
Souccer.—V. Chouler.
Souffle.—On ne doit pas dire qu’un cheval a le souffle, mais qu’il a la pousse, ou qu’il est poussif.
Souffrant.—On dira bien en français: une personne souffrante, une mine, un air souffrant, mais il faut dire: une maladie douloureuse, et non souffrante.
Souhaiter.—Ne dites pas: souhaitez-vous du thé, etc.? mais, désirez-vous du thé, etc.?...
Souincer.—N’est pas français. Dites: morigéner, châtier, corriger (un enfant), réprimander fortement, suivant le cas.
Soumissionner.—C’est un anglicisme de dire: soumissionner pour un marché, pour un emprunt. Il faut dire: soumissionner un marché, un emprunt. Soumissionner peut s’employer absolument en français: Soumissionner pour une telle somme (une fourniture, etc.; sous-entendu).
Soupane.—V. Porridge.
Souquer.—V. Chouler.
Sourd et muet.—Dites: sourd-muet, et non sourd et muet. Au pluriel des sourds-muets. Une sourde-muette.
Souris-chaude.—Dites: chauve-souris.
Sous.—Ne dites pas: Le gouvernement a pris cette proposition sous considération, mais en considération; c’est-à-dire: le gouvernement a déclaré par un vote que cette proposition mérite d’être étudiée, et qu’il y a lieu d’en délibérer.
Dites: sauf votre respect, et non sous votre respect.
Ne dites pas: sous ces circonstances, c’est un anglicisme, mais dans ces circonstances.
Au lieu de l’anglicisme: sous le plus court délai, dites: dans le plus court délai; et au lieu de dire: sous un avis de dix jours, dites: à dix jours d’avis.
Sous-contracteur.—N’est pas français. Dites: sous-entrepreneur ou tâcheron. V. Contracteur.
Souscrire.—Ne dites pas souscrire à, mais souscrire pour (l’érection d’une statue, pour une œuvre de bienfaisance, pour un livre). Souscrire à signifie, en français, approuver. Souscrire à un arrangement; je souscris aveuglément à ce que vous déciderez.
Span.—Mot angl. Ne dites pas une span, mais une paire de chevaux; une travée, une arche (de pont) suiv. le cas.
Spécification.—Signifie en français: expression, détermination des choses particulières en les spécifiant. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de devis, (description détaillée et circonstanciée de toutes les parties d’un travail projeté).
Spoke-shève.—Terme tiré de l’anglais spoke-shave. Se dit en français: plane allemande.
Spot.—Terme anglais. Se traduit par mouche (au billard): petite marque circulaire que l’on fait sur le tapis pour indiquer où doivent se placer certaines billes.
Stand.—Ce mot s’emploie en France en termes de sport, et désigne la tribune où prennent place les spectateurs des courses. Au lieu de stand de charretiers, il faut dire: station de voitures.
Station.—V. Feu.
Steak.—Terme anglais qui se traduit par bifteck.
Steam-roller.—Terme anglais. Se traduit par rouleau compresseur: cylindre de fer de grande dimension mû soit par des chevaux, soit par la vapeur, dont on se sert pour comprimer la couche de cailloutis des chaussées empierrées.
Steam-shovel.—Terme anglais. Se traduit par excavateur: machine mue par la vapeur, destinée à faciliter les déblais et les remblais dans les travaux de chemin de fer, de canaux, etc.
Store.—Est, en français, un rideau qui se lève et se baisse, au moyen d’un ressort ou autrement. C’est un anglicisme d’employer ce mot pour magasin, boutique.
Strap.—Terme anglais. Traduisez 1o par courroie, ou courroie de transmission, pour désigner une bande de cuir ou d’autre matière dont les deux bouts sont cousus ensemble, et qui sert à communiquer à distance un mouvement circulaire; 2o par sous-pieds, lorsqu’on parle de bandes de cuir ou d’étoffe qui passent sous les pieds et qui s’attachent des deux côtés au bas du pantalon; 3o par lanière, pour désigner une bande de cuir.
Straper.—N’est pas français. Tiré de l’anglais strap. Dites au lieu de straper: attacher avec une lanière, une courroie. V. Strap.
Stripper.—Terme anglais. Se traduit tilleur (ll mouillées): certain ouvrier qui travaille dans les fabriques de drap.
Stud.—Terme anglais. Traduisez par bouton de faux col, bouton de plastron, bouton de manchette, suivant le cas. Une garniture de chemise est l’assemblage du bouton de faux col, des boutons de chemise et des boutons de manchettes.
Stuff.—Terme anglais. Dites: étoffe. En français, étoffe n’a pas la signification restreinte et spéciale qu’on lui donne ici. Il veut dire toute espèce de tissu de lin, de soie, de coton, de laine, etc., et non seulement un tissu de laine épais, employé à la confection du pantalon, du veston, du pardessus.
Subir.—Ne dites pas: le projet de loi a subi sa première, sa deuxième lecture, mais a subi l’épreuve d’une première, d’une deuxième lecture.
Subir un refus est une expression vicieuse; dites: essuyer un refus.
Subpoena.—Est une expression anglaise dérivée du latin. Un subpoena s’appelle, en français, assignation quand c’est pour faire comparaître un témoin devant les cours civiles. En affaires criminelles, correctionnelles ou de police, on dit citation. Donner, notifier une citation à un prévenu.
Suce.—N’est pas français; dites biberon: appareil employé pour l’allaitement artificiel des enfants, et qui se compose dans son état le plus simple, d’une fiole bouchée par une éponge recouverte de linge. On substitue souvent à l’éponge un bout de sein ou mamelon artificiel fait de gomme élastique. Dites sucette, et non suce, pour désigner l’éponge ou le tampon donné à l’enfant pour sucer.
Sucrage.—Désigne en français l’action de sucrer, d’introduire du sucre dans. Corriger par le sucrage un vin trop âcre. C’est une faute d’appeler sucrage, les bonbons.
Suggestion.—Signifie en français: instigation, insinuation. Se prend presque toujours en mauvaise part. Suggestion pernicieuse. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’avis, de conseil.
Suite.—De suite veut dire: l’un après l’autre, sans interruption. Ils marchaient de suite. Il ne peut dire deux mots de suite. Il n’a pas la signification de tout de suite (immédiatement, sans délai, sur le champ, aussitôt). Dans le langage familier de suite est employé avec le sens de tout de suite, comme: j’y vais de suite.
Sujet.—Ce mot est employé à tort pour objet, but, occasion. L’objet, le but d’un voyage, et non le sujet. Un beau cheval est souvent une occasion de dépense, et non un sujet.
Sulky.—Terme anglais. Se traduit par araignée: voiture légère à deux roues, servant dans les courses.
Supporter.—Signifie, en français: souffrir, endurer (supporter le froid); souffrir avec patience (supporter l’infortune); mais est loin de vouloir dire: donner son appui à, appuyer. Il est correct de dire: l’opposition supporte le gouvernement, c’est-à-dire l’endure, parce qu’elle ne peut pas faire autrement.
Dites: appuyer une proposition, et non la supporter. Ne dites pas: Cet homme supporte sa famille, mais subvient aux dépenses de sa famille, entretient sa famille.
Sur.—On dit, en français: avoir quelqu’un à sa charge, et non sur ses charges (prendre soin de, entretenir quelqu’un).
Lire quelque chose sur un journal est un anglicisme; dites: Lire quelque chose dans un journal.
C’est encore un anglicisme de dire: agir sur sa propre responsabilité (on one’s own responsibility). Dites: agir sous sa propre responsabilité.
Dites: avoir deux, quatre chevaux à la voiture, et non sur la, sur une voiture.
On dit en français: je demeure sur la rue Notre-Dame, ou rue Notre-Dame; mais: j’ai vu quelqu’un dans la rue, et non sur la rue Notre-Dame, qui est un anglicisme.
Dites: Vers onze heures, vers minuit, et non sur les onze heures, sur les minuits.
Surplus.—Signifie en français: ce qui est au-delà d’une certaine quantité, d’un certain prix. Abandonner le surplus. C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens d’excédent: ce qu’il y a dans un nombre, une quantité, de plus que ce qu’il doit y avoir. L’excédent du budget, et non le surplus.
Surtout.—Le vêtement que l’on appelle, à tort, surtout se nomme en français redingote. Le surtout est un pardessus.
Suspect.—Signifie en français: qui est soupçonné, qui inspire de la défiance. C’est une faute de donner à ce mot le sens de susceptible: qui est facile à blesser, qui s’offense aisément.
Swell.—Terme anglais; a le sens que l’on donne ici à Dude. V. ce mot.
Swell s’emploie aussi, mais à tort, dans le sens de bien mis, habillé richement, avec recherche.
Switch.—Terme anglais. Se traduit par aiguille: mécanisme composé de rails mobiles autour d’un point fixe, servant à faire passer les voitures d’une voie sur une autre.
Switcheur, Switchman.—Au lieu de ces deux mots, dont le premier n’est ni français, ni anglais, et le second est anglais; il faut dire: aiguilleur. V. Switch.
Tabaconiste.—Est un anglicisme (tobacconist). Dites: marchand de tabac.
Table.—C’est une faute de donner le nom de petite table à la console (sur laquelle on pose des bronzes, dans un salon); au guéridon (petite table ronde à un seul pied); à la crédence (petite table de salle à manger où l’on met une cave à liqueur et des verres); au somno (petite table de nuit qui se place au chevet du lit, et qui sert en même temps d’armoire). Somno est peu usité.
Table tournante est un anglicisme (turn table) en termes de chemin de fer. Dites: plaque tournante: portion de voie posée sur un plateau circulaire, mobile sur un pivot, et dont on se sert pour tourner les locomotives.
Tag, Tacque.—Tag est un mot anglais. Tacque est en français un terme du jeu de mail. Dans le sens que nous donnons à tacque, il est tiré de tag. Jouer à la tag ou tacque est une expression vicieuse. Dites: Jouer au chat. Le dernier qui a été atteint emporte le chat.
Talle.—Désigne en français une branche enracinée qui croît au pied d’un arbre et qu’on peut couper et planter ailleurs. Il ne faut pas employer ce mot pour bosquet d’arbres; touffe, bouquet (d’arbres, de fraises, etc.).
Tambourine.—Terme anglais. Se traduit par tambour de basque.
Tamponne.—N’est pas français. S’emploie, à tort, pour désigner une grosse femme, une enfant très grasse.
Tank.—Terme anglais de chemin de fer. Se traduit par réservoir.
Tant qu’à.—Corr. de quant à. Quant à moi, et non tant...
Taper.—Ça tape, ça va taper. Ces expressions sont vicieuses dans le sens de: Il s’en faut, il va s’en falloir de peu; il ne manque pas, il ne manquera pas grand’chose.
Tapis.—Ne dites pas: tapis de piano, mais housse ou couverture de piano. Au lieu de tapis de Bruxelles, dites: tapis de moquette, ou simplement moquette.
Tapisseur.—N’est pas français. Corruption de tapissier.
Tapocher.—N’est pas français. Dites: battre, rosser, maltraiter de coups, etc.
Taquet.—Est, en français, en termes de menuiserie, un petit morceau de bois dont les ébénistes se servent pour maintenir l’encoignure d’une armoire, d’un meuble, ou pour tenir un objet qu’on est occupé à fixer. Ne dites pas taquet, mais tourniquet, pour désigner la pièce de métal ou de bois, mobile autour d’un axe, et servant à maintenir fermés un châssis, une porte d’armoire, etc.
Taraud.—Désigne, en français, l’instrument dont on se sert pour tarauder. V. ce mot. C’est une faute d’appeler taraud, l’écrou (pièce mobile dans laquelle entre la vis d’un boulon, etc.).
Tarauder.—Est, en français, l’action de creuser en spirale les parois d’un trou fait dans une pièce de bois, de métal, pour qu’elles puissent recevoir une vis. On emploie à tort ce mot pour signifier: poser un écrou, le visser.
Taupin.—Désigne, en français, un genre d’insecte auquel appartient la mouche à feu. C’est une faute d’appeler taupin un homme gros et grand, bien pris dans sa taille.
Tauraille.—Est, en français, un assemblage de jeunes taureaux ou un troupeau de bœufs. Peu usité. C’est une faute de donner à ce mot le sens de jeune taure.
Taux.—On dit en français; le taux de l’intérêt, mais c’est une faute de dire: le taux de la mortalité pour le chiffre de la mortalité, ou simplement la mortalité. La mortalité a été de cinq cents durant le mois dernier.
Teatotaler.—Terme anglais. Se traduit par teetotaliste: qui s’abstient absolument de toute boisson alcoolique.
Tel.—Il se commet souvent des anglicismes dans l’emploi de ce mot. Au lieu de: Toutes telles déclarations, aucune telle proposition, dites: Toute déclaration de ce genre, aucune proposition semblable, de cette nature.
Télescope.—Désigne surtout, en français, les instruments d’optique à miroir. C’est une faute d’appeler télescope la lunette des instruments d’arpentage.
Temps.—Parler contre le temps est un anglicisme. Signifie: faire de longs discours plus ou moins utiles, au parlement, soit pour retarder ou empêcher un vote, soit pour faire de l’obstruction, soit pour gagner du temps.
En temps est un anglicisme (on time) en parlant d’un train de chemin de fer. Dites à l’heure. Arriver à l’heure. Le train est à l’heure.
C’est une faute de donner à temps le sens de journées d’ouvrage. Au lieu de: Voici votre temps, dites: Voici vos journées d’ouvrage, la liste, le nombre des journées d’ouvrage que vous avez faites.
Dites: Son salaire, ses gages courent, et non son temps...
Tendresse.—Ne dites pas la tendresse, mais la tendreté d’un fruit, d’une plante, d’un gigot. Tendresse ne se dit que de choses morales.
Tendron.—Désigne, en français, un bourgeon, un rejeton tendre d’un arbre, d’une plante. C’est une faute d’appeler tendron, le tendon (cordon fibreux qui termine les muscles et sert à les attacher aux os ou à d’autres parties).
Tenir.—Ne dites pas: tenir le temps des ouvriers, mais pointer les heures de travail des ouvriers (tenir compte du nombre d’heures pendant lesquelles ils travaillent).
Terme.—C’est un anglicisme de donner à ce mot le sens de session de la cour. Au lieu de dire: Le terme de la cour est clos, il sera jugé au prochain terme, dites: la session de la cour est close, il sera jugé à la prochaine session.
C’est encore un anglicisme de donner à ce mot le sens de durée d’office.
Parler dans les termes est une expression vicieuse. Signifie parler correctement; aussi: avoir un langage affecté.
Terre.—Au lieu de: Faire de la terre neuve, qui est une expression vicieuse, dites: défricher, essoucher, essarter.
Ne dites pas terre neuve, mais terre nouvellement défrichée.
Terrien.—Ne dites pas: Le livre terrien, mais le livre terrier, ou mieux le terrier: registre contenant les noms de ceux qui relevaient d’une seigneurie, les droits, cens et rentes qu’ils devaient. On retrouve ce livre dans les seigneuries de la province de Québec. Terrien, en français, désigne celui qui possède beaucoup de terres. (Peu usité).
Tête.—Tête-bêche. Cette expression signifie, en français: la tête ou la partie supérieure de l’un étant auprès des pieds ou de la partie inférieure de l’autre. Se coucher tête-bêche. C’est donc une erreur de dire: livre tête-bêche pour: livre la tête en bas.
Ne dites pas tête d’oreiller, mais taie d’oreiller.
Il faut dire: fromage de cochon, et non tête en fromage.
Thébord.—N’est pas français. De l’anglais tea-board. Dites plateau.
Thépot.—N’est pas français. De l’anglais tea-pot. Dites théière.
Tie.—Terme anglais de chemin de fer; se traduit par longuerine (ou longrine) ou traverse.
Aux dés, quand les joueurs font ce que les Anglais appellent un tie, on dit en français qu’ils sont points à points, ou tant à tant.
Détailler n’est pas français dans le sens de briser le tie, ce qui amène les joueurs à jeter les dés de nouveau, pour savoir à qui l’emportera.
Tignon.—V. Chignon.
Time-keeper.—Terme anglais. Celui qui marque les heures de travail des ouvriers s’appelle, en français, pointeur ou piqueur.
Time-table.—Terme anglais. Se traduit par indicateur ou horaire: livret ou tableau qui sert à renseigner les voyageurs relativement aux heures de départ et d’arrivée des trains de chemin de fer.
Tinton.—N’est pas français. Dites: tintement (de la cloche).
Au lieu de: Il nous donne bien du tinton, dites: tintouin ou tintoin (de l’embarras, de l’inquiétude).
Tip.—Mot anglais. En termes de jeu de billard, se traduit par procédé: petit rond de cuir collé au bout de la queue de billard.
Tiraille.—Désigne, en français, une espèce de balancier dans une machine d’épuisement. Dites: tirant, et non tiraille, pour désigner certains tendons jaunâtres qui se trouvent dans la viande de boucherie.
Tirant.—Ne dites pas les tirants, mais les traits, pour désigner les courroies qui relient le collier du cheval aux limons de la voiture.
Tire.—Ne dites pas la tire, mais le tirage, (d’une cheminée, d’un poêle).
La locution adverbiale: à tire-d’aile s’écrit avec un trait d’union après tire.
Tire-pois.—N’est pas français. Dites sarbacane: tube dont se servent les enfants pour lancer des pois, etc.