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Glossaire du patois normand

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Je les vois mettre hors du coffre

Et les deniers et le cuiret.

CUISSE (s. f.): cuisson de pain. Le pain de cuisse est celui que l'on fait cuire soi-même. A.

CUISSON (de pain): fournée de pain.

CUISSOT (s. m.): petite cuisse. De coxa.

CULES (s. f. pl.): jeu pour lequel on pousse le palet avec le pied.

CULIER (boyau): le rectum.

CULOINER (v. n.): différer trop long-temps.

CULOUPE (s. f.): femme laide et de mauvaise conduite. Ce mot a quelque rapport avec la charoupa de Grenoble, terme patois que M. J.-J. Champollion-Figeac définit simplement: expression injurieuse. L.

CUMBLET (s. m.): culbute, cabriole. Voyez CORBICHÉE et SAUCUBLETTE. B.

CUREAU: enfant de chœur.

CUROT: emplâtre. De cura, soin, ou plutôt de cuir, parce que c'est souvent sur un morceau de cuir que l'on étend les emplâtres.

CURURE d'un fossé, d'une mare: produit de son curage.

CUSSER: gémir long-temps, se plaindre beaucoup. Du grec κυων, chien, parce que parfois les chiens poussent de longs hurlements. A.

CUSTAUD: sacristain. Du latin custos, gardien. En roman, custode.

CUT. Voyez GUT.

CUVE: cuvier pour faire la lessive.

D.

DABÉE: averse, forte pluie. Du verbe dauber.

DACER (v. a.): donner de gré ou de force. De daces, sommes levées comme contributions; restituer. L.

DADA: cheval. Terme enfantin.

DAILOT et DAILLOT (LL mouillées): doigtier, espèce de calotte dont on enveloppe un doigt malade.

DAIT: doigt. Id. dans le patois du Jura.

DALE (s. f.): vallée. Roman.

DALLE: table de pierre creusée, ou construction en briques et ciment, pour laver la vaisselle. Roquefort dit que «en Normandie la dalle est un évier, un égout, trou par où les eaux s'écoulent». Cet égout est ce que l'on appelle le dallot, le trou de la dalle.

DALLÉE: flaque d'eau, eau répandue; puis, comme disent MM. Du Méril, «urine d'un animal, assez abondante pour remplir une dalle.»

DALLER: pisser à terre. A.

DALLOT: petit conduit pour diriger au-dehors les eaux de la dalle.

DANS. On emploie souvent à contre-sens cette préposition. Ainsi l'on dit: mettre ses bas dans ses jambes, ses souliers dans ses pieds, ses gants dans ses mains, etc.; au lieu de: mettre ses jambes dans ses bas, ses pieds dans ses souliers, ses mains dans ses gants. A.

DANS: sur. Grimper dans un arbre: grimper sur un arbre.

DANSE: volée de coups. Donner une danse. On dit aussi faire danser la malaisée.

DANSPAROU (locut. adv.). Arr. de Valognes. On ne l'emploie que dans la phrase: Tout laisser dansparou, qui signifie: laisser un ouvrage dans l'état où il se trouve, sans rien achever. MM. Du Méril.

DARD: petit poisson blanc, un peu plus gros que le goujon.

DARDÈNE (s. f.): pièce de 2 liards (deux centimes et demi) en cuivre jaune. B.

DARNE (s. f.): pièce, tranche, morceau. Du celtique-breton, darn.

DARRE ou DARE (s. f.): bedaine. D'où est venu daron, ventru.

DARSELET: petit dard. Sorte de petit poisson d'eau douce.

DARRER (SE): se heurter.

DASÉE (s. f.): tas, monceau. B.

DATE (s. m.): urine humaine. Roman. L.

DÉBACLER: ouvrir, en parlant d'une clôture. Voyez BACLER. A.

DÉBAGAGER: débarrasser. Débagagez la table: débarrassez-la des objets qui l'encombrent. Dans le patois Lorrain, débagager signifie déménager.

DÉBAGOULER (v. n.): crier, bavarder. S.-I.

DÉBALTAFRISER: voyez DÉBISLOQUER. (Manche).

DÉBARBELOTTER: débarbouiller. Le Drapier dit dans l'Avocat pathelin, p. 71:

Par le corps bieu! il barbelote

Ses mots, tant qu'on n'y entend rien.

DÉBARRAS: délivrance d'embarras. Du mot Roman baras: obstacle; d'où est venu embarras. Rutebeuf dit dans le fabliau de Charlot-le-Juif:

Qui baras quiert, baras li vient.

DÉBAUCHER (SE): se désespérer, se désoler. Voyez DÉBAUT.

DÉBAUT: désespoir. Il s'est pendu de débaut, de désespoir. Du substantif débauche.

DÉBERNÊQUER: débarrasser, dépêtrer. Voyez DÉPATOUILLER. B.

DÉBERRIONNER (SE): se débarrasser. A.

DÉBESAILLÉ: débraillé, en désordre.

DÉBET: dégel (Manche).

DÉBÉTER (v. n.): dégeler.

DÉBÉTILLER: débarrasser, dépétrer; «tirer, disent MM. Du Méril, d'une position qui rendait bête.»

DÉBIAIS: biais.

DÉBINE (s. f.): détérioration, ruine. Argot récent.

DÉBINER: décrier, avilir, détériorer. Vire. Tomber en débine; s'en aller. St.-Lo.

DÉBISLOQUER: disloquer, démonter, défaire.

DÉBLAI (s. m.): déconvenue.

DÉBOULER: partir, décamper. Usité dans le patois Walon. L.

DEBOUT (DE): debout. L.

DÉBRAGUÉ: mari séparé civilement, qui au figuré a remis sa brague (sa culotte) à sa femme.

Du côté de la brague est la toute-puissance.

DÉBRAGUER: déculotter.

DÉBRAGUER (v. n.): se développer, sortir de son enveloppe. Arr. de Bayeux. Brag signifie, en breton: qui germe, qui fait saillie. Ce mot ne se dit que d'un écusson qui commence à pousser. MM. Du Méril.

DÉBRAIGER: débarrasser, dépouiller. De braie. On dit déberger dans le département de la Mayenne.

DÉBRAILLÉ: qui a ses vêtements en désordre. De braie. Le Dictionnaire de l'Académie n'emploie le verbe se débrailler que comme signifiant «se découvrir la gorge, l'estomac avec quelque indécence.»

DÉBRENÊQUER: en désordre. De bren. S.-I.

DÉBREULER: débricoler. Voyez BREULE.

DÉBRIDER (v. n.): manger avidement. Du celtique-breton dibri. Voyez BRIFFONNIER.

DÉBUCHE: fausse couche.

DÉCABOCHER: marcher lourdement, de manière à arracher les caboches (têtes de clous) de ses chaussures.

DÉCADUIRE (SE): tomber en ruines. Du verbe latin cadere, tomber.

DÉCADUIT, ITE: délabré. L.

DÉCALENGER: calomnier. Voyez CALENGER. B.

DÉCALOPPER: découvrir de sa couverture ou enveloppe. Décalopper une noix, un bouton qui s'use.

DÉCANILLER. Voyez DÉQUENILLER.

DÉCAPITER (SE): se dépiter au point d'en perdre la tête (caput). L.

DÉCARÊMER (SE): manger de la viande pour se refaire des privations du carême.

DÉCASSER (SE): se dépêtrer.

DÉCESSER: cesser. Se trouve dans le patois Lorrain et dans le patois Troyen. L.

DÉCHAFRE: gourmand. Voyez SAFRE.

DÉCHAIRER: retirer à quelqu'un le siège sur lequel il est assis. De chaire. L.

DÉCHAOLER: traîner çà et là, calomnier. Cherbourg.

DÉCHARBOUILLIR: débarbouiller.

DÉCHARGEAGE (s. m.): action de décharger une voiture ou une bête de somme. Patois Lorrain.

DÉCHAUBERTÉ: désenrhumé. Voyez CHAUBERT. A.

DÉCHIBOLER. Voyez CHIBOLER.

DÉCHILER: tomber du ciel. B.

DÉCHIPLÉ: couvert de haillons, déguenillé. L.

DÉCHIPLE-PENDU: mauvais sujet déguenillé, qui déshabillerait les pendus pour se vêtir. Peut-être disciple de pendu; car, en Roman, déciple signifie disciple.

DÉCLAINCHE (s. f.): diarrhée.

DÉCLAINCHER: lever la clinche. Voyez CLANCHE.

DÉCOCTION: maladie imprévue. L.

DÉCOMMANDER: contremander. L.

DÉCONNAITRE (SE): être présomptueux, affecter un mérite qu'on n'a pas. L.

DÉCORSE (s. f.): diarrhée.

DÉCORSER: donner la diarrhée. En parlant des bestiaux, dire qu'ils sont décorsés, c'est souvent exprimer l'idée qu'ils ont le ventre vide; qu'ils n'ont plus le corps rempli.

DÉCRAPITER (v, a.): déchirer, égratigner. Au figuré, calomnier. A.

DÉCROUER: tomber de haut, dégringoler.

DÉCULER (v. n.): quitter enfin son siége. L.

DEDANS: mettre quelqu'un dedans, le tromper. Id., patois Lorrain.

DÉDIRE (SE): se détériorer; ne pas conserver la bonne apparence qu'on avait donnée.

DÉDRAGEONNER (v. a.): détacher les drageons, les rejets de l'artichaut ou d'une autre plante. L.

DÉDUIT: espiègle. Voyez INVECTIF. Manche.

DÉFAÇON. Voyez FAÇON.

DÉFAIRE: délayer. Défaire de la farine dans du lait pour faire de la bouillie. L.

DÉFENSABLE (en parlant des bois et des arbres): qui, par sa force de résistance, est en état de se défendre contre les attaques des bestiaux.

DÉFELER: jeter son fiel, décharger sa colère.

DÉFERMER: déchoir. A.

DÉFICELER: délier, ôter la ficelle. Patois Lorrain.

DÉFINER: finir.

DÉFLUXION: fluxion. Du verbe defluere, donné par Nicot.

DÉFRANER: diminuer, dépérir.

DÉFRIPER (v. a.): rendre uni un linge ou un vêtement fripé.

DÉFUBLER; DÉSAFUBLER: enlever un vêtement dont on était affublé.

DÉGAIEUX: difficile, dégoûté. Voyez GAIEUX.

DÉGALONNER: mettre à mal. Que le diable te dégalonne!

DÉGANNER: contrefaire quelqu'un dans sa parole ou dans ses gestes. De regeminare, ou plutôt de regannire. On dit, en patois Bourguignon, rejanner.

DÉGELÉE: volée. Dégelée de coups de bâton.

DÉGESTÉ: qui gesticule, étourdi.

DÉGOINER (SE): se contrarier, se disputer. A.

DÉGOIS: caquet. Roman.

DÉGOSILLER: vomir, rendre gorge, rejeter par le gosier.

DÉGOTTÉ: spirituel, avisé, rusé. B.

DÉGOTTER (v. a.): supplanter. Patois Lorrain. Ce verbe signifie aussi en Normandie désappointer.

DÉGOTTER (SE): se dégourdir, perdre de sa gaucherie et de sa timidité.

DÉGOUGINER: déniaiser. En Roman, desgougener, ôter les chevilles ou goujons de fer d'une porte.

DÉGOULINER: couler goutte à goutte. MM. Du Méril.

DÉGOUT: point où l'eau tombe goutte à goutte. Du latin gutta. En Roman, dégoust signifie le suc de la viande qui rôtit. On lit les vers suivants dans un mystère, ou tragédie de madame Sainte-Barbe (c'est le bourreau qui s'adresse à son valet, en parlant des seins de cette martyre):

Fais les rostir, toi Godifer;

Trempe ton pain dans le dégoust.

DÉGOUTATION: objet de dégoût.

DÉGRABOLISER: médire de quelqu'un. B.

DÉGRAMIR (SE): souffrir à l'aspect d'une chose qu'on désire et dont on est privé. L.

DÉGRAVINER (v. a.): dégraper l'enduit d'un mur. Voyez RAVINE.

DÉGRÊLER (SE): se disposer à chanter; chanter, en parlant des oiseaux. Au figuré, en parlant des personnes, chanter avec prétention.

DÉGRÊLER ou DÉGRÊLIR (SE): s'égayer, se divertir. A.

DÉGRIOLER ou DÉGRILLOLER: glisser sur une surface polie comme la glace. Voyez GRILLER.

DÉGROUER: dégeler. Voyez GROUE. A.

DÉGROULER: dégringoler. Du verbe crouler.

DEHAIT: affliction. Du roman deshet; du celtique-breton dihet.

DEHAUMER: décoiffer, battre. De heaume, casque.

DEILLOT: doigtier. Voyez DAILOT.

DÉJETER (v. a.): jeter, repousser çà et là.

DÉJUQUER: descendre du juchoir. Voyez JUC.

DÉLABRE (s. m.): mauvais sujet, qui aime à mettre les choses en délabrement. B.

DÉLAITER: enlever du beurre frais, par plusieurs lotions successives, le babeurre dont il recèle encore une partie. Ce babeurre s'appelle lait de beurre, parce qu'en effet il a la couleur du lait.

DELANDOUX: éteignoir.

DÉLÉCHER (SE): se lécher les lèvres avec délectation, quand on a mangé ou bu quelque chose qui flatte le goût.

DÉLIER: délayer.

DÉLIGENCE: diligence.

DELLAGE (s. m.): réunion de plusieurs delles.

DELLE (s. f.): portion de terre labourable. De l'anglais deal, partie.

DÉLOUSER (SE): se plaindre avec amertume. Du verbe latin dolere. S.-I.

DÉLURÉ: luron, madré. Id. en patois Lorrain.

DÉLURER: déniaiser. L.

DÉMAIN (A). Être à démain, c'est être mal placé pour l'exercice de la main. A main et à démain: de tous côtés, à tort et à travers. Voyez AMAIN.

DÉMANICLAQUER: disloquer. L.

DÉMARCHER (SE): marcher avec affectation de belles manières. De démarche.

DÉMARRER (v. a.): faire quitter un lieu. Démarrer les bestiaux d'un herbage, c'est les en faire sortir. Il se prend aussi dans le sens neutre, et signifie partir.

DEMAUNE: demi-aune. L.

DÉMENCE: ruine. Ce pont est tombé en démence.

DÉMENÉ ou DÉMENET: travaux du ménage.

DÉMENEURES (s. f.): promenoir de petit enfant auquel on veut apprendre à marcher.

DÉMEN: démenti. S.-I.

DÉMENTER (SE): s'occuper de, se mêler de. En Roman, se démenter signifiait se tourmenter. Roman.

DEMEURÉ: paralysé. Demeuré d'un bras, etc. L.

DÉMION (s. m.): moitié de la chopine. Roman. Du mot français demi.

DEMOISELLE (s. f.): petite mesure d'eau-de-vie. A peu près le seizième d'un litre. L.

DEMOISELLE (s. f.): le grèbe huppé. B.

DEMOISILLON (s. m.): jeune fille de peu de conséquence, qui affecte les manières d'une demoiselle.

DÉMON: éteignoir d'église pour les cierges.

DÉMUCHER: mettre au jour ce qui était muché, caché. En roman, démusser: cacher, couvrir. Voyez MUCHER.

DÉPARTEMENT: départ. On disait autrefois dans le même sens départie, comme dans ces vers de Henri IV:

Cruelle départie!

Malheureux jour!

Que ne suis-je sans vie,

Ou sans amour!

DÉPATOUILLER: tirer de la boue une personne qui y a enfoncé ses pieds, ses pattes. Se dépatouiller.

DÉPERSUADER: dissuader.

DÉPÉTRAILLER: découvrir sa poitrine avec indécence. Roman. De pectus.

DÉPÉTRASSER. Même sens que le verbe dépétrailler. On dit à Rennes, être dépétraillé; se dépétrasser y signifie tomber de son long.

DÉPÉTRONNER un arbre: extirper les rejetons qui ont poussé à son pied. A.

DÉPIAUTRER: enlever la peau, écorcher.

DÉPICHER: mettre en pièces.

DÉPIT: mépris. Du verbe latin despicere.

DÉPITER: défier. Je t'en dépite: je te défie.

DÉPITEUX, EUSE: méprisant, dédaigneux. Basselin dit p. 54:

La belle alors me respond, despiteuse.

DÉPOTER: vendre pot à pot du cidre ou du poiré; faire passer du cidre d'un fût dans un autre.

DÉPOTÉYER. Même sens que dépoter.

DÉPOTÉYEUR: celui dont le commerce consiste à dépoter ou dépotéyer.

DEPUIS (DU): depuis. S.-I.

DÉQUENILLER: sortir en hâte, partir au plus vite, comme les chiens qui quittent le chenil. En Roman, décaniller: décamper. Dans le patois Lorrain, dégueniller.

DÉRACLÉE. Voyez DÉRATELÉE.

DÉRACLER: développer. Même sens que dérangler.

DÉRAIN; DERIN; DRIN: le dernier.

DÉRANGLER: détailler, développer. S.-I.

DÉRAT; DÉRAIL: portions de graisse qui tiennent aux boyaux, et qu'on râcle pour les employer.

DÉRATELÉE: grande quantité rassemblée comme avec un râteau. Se prend en mauvaise part.

DÉRÊNER (v. n.): ne cesser de parler, raconter. Ce verbe, dans la Coutume de Normandie, signifie se défendre en justice.

DÉRÊTILLER: agiter les membres en mourant, s'étendre convulsivement. L.

DÉREUNGER (v. n.): ruminer.

DÉRI: en dérive. Du latin rivus, ruisseau. A.

DÉRIS (s. m.): ce que laissent en se retirant les eaux débordées.

DERLINGUER: faire du bruit, comme la sonnette: derlin, derlin. On dit, en patois Berruyer, derliner, qui vient aussi de l'onomatopée.

DÉROMPRE: cesser, discontinuer.

DÉROUTER (SE): se déranger, en parlant soit du temps qui devient mauvais, soit de personnes dont la conduite se déprave. De route, déroute.

DERRAIN. Voyez DÉRAIN. S.-I.

DERRAINEMENT: dernièrement, S.-I.

DERRUNER: déranger. C'est l'opposé d'ARRUNER. Voyez ce mot.

DÉRUSIONNÉ: fin, espiègle, rusé (Vire).

DERTRE: dartre. L.

DÉSERTER: essarter. Du celtique eyssart, lieu inculte. En Roman, asserter.

DÉSHABILLÉ: sorte de robe de femme.

DÉSOREILLER: enlever l'oreille, essoriller.

DESPUIS; DÉCEPUIS: depuis. On dit aussi du depuis. En Roman, dendespey: depuis le temps.

DESSAISINE (s. f.): grand nombre, troupe. D'essaim.

DESSAISONNER: changer l'assolement d'un champ; faire hors de saison.

DESSAIVER: désaltérer, étancher la soif. A.

DESSERGER: décharger.

DESSEULER: isoler, rester seul. Patois Rouchi.

DESSOIVER. Voyez DESSAIVER. A.

DESSOULER: cesser d'être ivre, ou saoul. En patois Walon, d'sôlé.

DESSOUR: sous, dessous. A.

DESSUR: dessus.

DÉTAMER: perdre son étamure par l'usage ou accidentellement. Ce vase est détamé; il faut le faire rétamer. Ce vase a perdu son étamure; il faut lui en faire appliquer une nouvelle. Id. patois Lorrain.

DÉTÉ; DÉTEUL: fruits tombés avant terme, et qui, peu loin de leur maturité, sont recueillis pour le pressoir. Voyez QUIS. MM. Du Méril écrivent detteuses (sans doute en sous-entendant pommes).

DÉTEINDRE (v. a.): éteindre. En Roman, desteindre.

DÉTEUNER (SE): sortir de sa maison pour prendre l'air. Voyez TEUNE. A.

DÉTEURD (s. m.): entorse. Déteurd de reins, effort dans les reins. A.

DÉTEURDRE: détordre, tordre. A.

DÉTIÉDIR: tiédir. L.

DÉTOURBER: déranger, troubler dans le travail. En Roman, destourber: troubler, empêcher. Dans le Roman de Rou, Wace dit:

Por çon se doit li rois pener

Del dur Willaume destorber:

Qu'il ne puisse plus haut monter,

Ne en Angleterre passer.

Du verbe latin turbare, disturbare. L.

DÉTOURBIER (s. m.): empêchement. On trouve dans Nicot, destourber et destourbier.

DÉTRAT (s. m.): sentier. Des substantifs latins stratum et tractus. A.

DÉTRE (A): à droite. Du vieux mot français dextre; en latin, dextra.

DÉTRUIRE (SE): se suicider. L.

DEUL: peine. Faire deul: attrister, faire peine. En Roman, doeul. En celtique-breton, dol. Du latin dolor.

DEUMET. Voyez DUMET.

DEVALLÉE: pente, descente. Roman. Du celtique-breton deval. Du latin vallis, vallée.

DÉVALLER: descendre d'un point élevé vers une vallée. En Roman, adevaler. Devaller, en patois Walon. Avaller, en patois du Jura. Regnier (sat. XI) employait le verbe devaller:

Ils contrefont le guet et de voix magistrale:

«Ouvrez de par le roi!» Au diable un qui dévalle!

DEVANT QUE: avant que. Encore usité au XVIIe siècle.

DEVANTEAU; DEVANTIAU; DEVANTET: tablier;--parce que ce vêtement se place devant la personne. Devantie, devanté, en patois du Jura. En patois Walon, devaintri.

DEVANTÉE; DEVANTELÉE (s. f.): plein un tablier, ou devanteau.

DEVANTELIÈRE (s. f.): sorte de jupon ample et long, que les femmes portent à cheval pour ne pas recevoir d'éclaboussures. De DEVANTEAU. B.

DEVANTIÈRE. Voyez DEVANTELIÈRE. L.

DÉVARUBLE; DÉVORABLE: qui déchire, use et détruit ses vêtements. De varou. Voyez DEVOURER et VAROU.

DÉVÊLER (v. a.): seconder une vache qui vêle. L.

DEVIGNON: dessein, projet.

DEVINADE (s. f.): énigme. En langue romane, devignaille, adevinaille, advinal. En patois Walon, advinat. Du latin divinatio.

DEVINAILLE (s. f.). Voyez DEVINADE.

DEVISE (s. f.): borne de champ. Roman. Du latin divisio. B.

DEVOURER: dévorer, mettre en pièces. M.

DIA: mot dont on se sert pour faire tourner à gauche les chevaux ou les bœufs de trait. Roman. En patois du Jura, guia. Du grec δια, de côté.

DIABLE: poisson de mer, d'un aspect hideux, lequel porte en Normandie divers noms, tels que lièvre-de-mer, mollet, et seigneur. B.

DIABLE: le Cyclopterus lumpus. B.

DIAIBLE ou DIÈBLE: diable. S.-I.

DICHENAVANT: désormais, dorénavant.

DIDASSER ou DIDACER: redire, rabâcher. De dicere.

DIEULEVERD. Voyez BADOCHET. Orne.

DIFFAMER: gâter, salir. A.

DIGARD: petit poisson de mer, appartenant au genre Gastérostées.

DIGOURE (s. f.): instrument pointu, épée; mot pris en mauvaise part. En Roman, digoire. Voyez DIGUER.

DIGUE; VIEILLE DIGUE: vieille femme désagréable.

DIGUER: se servir du diguet, piquer, aiguillonner. En Roman et en Français, donner de l'éperon.

DIGUET: morceau de bois pointu, pour aiguillonner. L.

DINANT (DÉJEUNER) ou DÉJEUNER DINATOIRE: déjeûner de précaution qui tient lieu de dîner. Id. en patois Lorrain.

DINDANDERIE (s. f.): dinanderie.

DINDEAU ou DINDOT: dindonneau.

DIOLEVERD ou DIOLEVÈRE. Voyez BADOCHET.

DIRE: jouer. Faire dire une flûte ou autre instrument de musique. Roman.

DISPUTER (v. a): gronder vivement. M.

DO: avec. Voyez O.

DOBICHE (s. f.): vieille femme désagréable.

DOBICHER (SE): s'habiller de haillons.

DOCHE (s. f.): patience (Rumex patientia). De l'anglais dock.

DODEIGNE (s. f.): tête qui branle.

DODINER (de la tête): branler la tête légèrement et fréquemment. On trouve dans Rabelais (l. I, ch. 8): «Lui-mesme se bersoit en dodelinant de la teste.» Le Duchat fait venir dodeliner de l'italien dondolare, ou de notre mot dodo, parce que, dit-il, «on remue le berceau des enfants, afin qu'ils fassent dodo.» Dans plus d'un canton normand, dodiner signifie dorloter. Id. dans le patois Walon.

DODO: lit, terme enfantin. Faire dodo: dormir. Du latin dormire.

DODO: lambin, paresseux, qui a l'air de faire dodo, de dormir. En Roman, dodin.

DOGUE (s. f.). Voyez DOCHE.

DOGUER. Voyez TOQUER. Roman.

DOLE-LA-BOISE: flatteur.

DONA; DONAS: homme sans esprit, imbécile.

DONAISON (s. f.): donation. En Roman, donazon.

DONDON (s. f.): grosse fille. Du qualificatif roman dondé: gros et gras.

DONE: poupée. Au figuré, fille de mauvaise vie. Du latin domina; de l'italien donna, femme.

DONNEUR D'ANTIENNES: homme qui manque souvent à sa parole.

DONRAI (JE): je donnerai. Tu donras, il donrait.

Et je vous donray, par ma foy!

dit Pathelin, dans son Testament.

DORÉE (de beurre, de confitures, de miel, etc.): tartine ou morceau de pain doré (métaphoriquement) de beurre, de confitures, etc. En Roman, dorée: tarte, pâtisserie. L.

DORER: étendre sur une tartine de pain, soit des confitures, soit du miel, soit du beurre. Ces deux dernières substances sont de couleur d'or. L.

DOUCIEUX: doucereux, fade.

DOUDOUX: dragées, bonbons. Redoublement de l'adjectif doux. M.

DOUELLE (s. f.): douve de tonneau; petite douve. Contraction de douvelle, par syncope. De dolium.

DOUET: ruisseau, lavoir, lieu où on lave le linge; conduit, aquéduc. Du latin ductus, ou du celtique-breton douvez et douez: fossé rempli d'eau.

DOUILLANT: douloureux, très-sensible à la douleur. De dolens. B.

DOUI: doué ou douet, lavoir. M.

DOUILLARD: doucereux, fade.

DOUILLETER: dorloter.

DOUILLON: Voyez BOURDIN. Roman.

DOULIANCHE (s. f.): plainte amère, doléance. S.-I.

DOURDÉE (s. f.): volée de coups.

DOURDER: frapper rudement quelqu'un.

DOUTANCE (s. f.): doute.

DOUVE (s. f.): étang, fossé plein d'eau autour d'une habitation. Roman.

DRAGLER: godailler. S.-I.

DRAGONNER: transporter de colère. S.-I.

DRAINER: parler lentement. Du verbe traîner. B.

DRAIT, E: droit, e. Dret: c'est cela.--Tout fin drait: c'est tout-à-fait cela. Patois du Jura. De directus.

DROIT (AU): vis-à-vis, en comparaison de. S.-I.

DRAMER: battre. De ramus, branche, verge, ou du breton dramen, poignée de ce que l'on coupe avec la faucille.

DRANGÉE: dragée, bonbon.

DRAS: vêtement. Wace dit (Etablissement de la Conception):

Dras de dolor et de plor prist.

DRAPET; DRAPEL; DRAPEAU; DRAPIAU: linge. De drap.

DRENŒUD; DRENOU: double ou triple nœud. Ce cordon est noué à drenou. Dans quelques cantons de la Manche, un nœud à drenou est un nœud mal fait, et qui se dénoue parfois de lui-même. Voyez NOU.

DRÈS: dès. Roman.

DRETTEMENT: directement. S.-I.

DRIÈRE: derrière; le derrière.

DRIGAN: petite toupie. B.

DROGUER: faire droguer quelqu'un; le faire attendre ennuyeusement; croquer le marmot. Id. Patois Lorrain.

DROIT EN GOUT: d'un goût net et sans mélange, en parlant des boissons dont la saveur est irréprochable. B.

DROUE (s. f.): espèce d'avoine. A.

DRUGER: s'amuser bruyamment; cabrioler; courir çà et là. Du vieux français druges; avoir les druges: faire des mouvements désordonnés.

DRUGIR. Voyez DRUGER.

D'S: des. D's asperges; d's hommes: des asperges, des hommes. C'est une syncope. Patois Lorrain.

DUMER: perdre son poil; muer.

DUMET ou DEUMET: duvet. Du latin dumatum. Roman.

DURCEUR (dans le corps): obstruction.

DURER: endurer l'ennui, patienter. De la basse latinité, durare. Il faut durer: il faut patienter.

E.

É: elle, elles. Ne s'emploie que devant les consonnes. É dit; é disent: elle dit; elles disent.

ÉANSER; ÉHANSER: briser l'anse d'un vase.

ÉBARE (s. f.): cri; faire ébare: jeter un cri.

ÉBAUBIR: étonner; surprendre, au point de faire balbutier ou bégayer. Voyez BAUBE.

EBBE: flot montant. Dans les langues du Nord, ebb. Moisant de Brieux rapporte ce vieux proverbe normand: tout ce qui vient d'ebbe s'en retournera de flot.

ÉBÉLUER: troubler la vue, donner la berlue. B.

ÉBERLUETTE; ÉBERLOUETTE: berlue, éblouissement.

ÉBLAQUER: écraser comme une poire bléche. Voyez BLEC.

ÉBLÉTER: rompre les mottes de terre. Voyez BLÊTES.

ÉBLÉTEUX: sorte de petit maillet à long manche pour pulvériser les mottes.

ÉBLINER: écobuer.

ÉBLOUIR. Voyez ÉGALIR. O.

ÉBOÊTER; ÉBOUDINER; ÉBOUINER: écraser; étriper; faire sortir les boyaux.

ÉBOGUILLER (et non ÉBOQUILLER): éblouir, empêcher de voir. Voyez BOGUES et BOGUÉYE.

ÉBOUQUETER: épointer; casser le bout. L.

ÉBOUSSER ou plutôt ÉBROUSSER: enlever les feuilles, les fleurs ou les graines d'une plante ou d'un rameau, en les pressant dans la main que l'on tire. Du vieux mot brou, feuillage. A.

ÉBOUTER. Voyez ÉBOUQUETER.

ÉBRAI: cri aigre et fort. Du verbe braire.

ÉBRAIRE (S'): pousser des cris aigres et hauts.

ÉBRAYER (S'): Même sens.

ÉBRÉCHÉ: privé d'une ou de plusieurs dents incisives, dont l'absence fait une brèche dans la bouche.

ÉBRÉSILLER. Voyez BRÉSILLER.

ÉBRITER: ébruiter, divulguer.

ÉBROTTÉ: ÉBROSTÉ, ébréché. (Manche.)

ÉBROYER: broyer, écraser.

ÉCACHER: écraser. De l'ancien français esquacher. En patois Walon, écasser: fouler. S.-I.

ÉCAILLOUER: enlever les cailloux sur des terrains cultivés.

ÉCALE (s. f.): écaille d'huître, de moule; coquille d'œuf. Œuf à l'écale: œuf à la mouillette. En patois Troyen, écale signifie brou de noix.

ÉCALER: ouvrir des huîtres, etc. Par extension, écosser. Eichallier, en patois de Grenoble, c'est dépouiller les noix de leur brou.

ÉCALER (v. n.): éclater, se briser avec bruit, avec éclat.

ÉCALOPPER. Voyez DÉCALOPPER.

ÉCALOTTER, ou DÉCALOTTER. Voyez DÉCALOPPER.

ÉCAME: barrière de cimetière, souvent ayant la forme d'un échalier, servant d'une espèce de banc où l'on s'assied pour causer en attendant l'office de l'église. Du latin scamnum.

ÉCAMION: camion, petite épingle.

ÉCANCHON. Voyez CANJON.

ÉCAPPER: échapper. De l'italien scappare.

ÉCARBOTTER; ÉQUERBOTTER (en parlant du feu de la cheminée): éparpiller mal à propos les charbons. En patois de Grenoble, eicharbota: éparpiller. Rabelais dit (Garg., liv. I, ch. 28), que «Grandgousier avoit au foier un baston dont on escharbotte le feu».

ÉCARBOUILLER: écraser et réduire en bouillie. Roman. Dans la Mayenne, on dit écabouir.

ÉCARER: impatienter. B.

ÉCAUCHER. Voyez ÉCACHER.

ÉCAUCHETTE (s. f.): casse-noisette. B.

ÉCAUPÉRER (S'): regagner ce que l'on avait perdu. Ce verbe signifie aussi se goberger, prendre trop ses aises, se donner des airs. De récupérer. A.

ÉCHAFOURÉE: échaufourée.

ÉCHALARD: échalas pour soutenir et protéger de jeunes arbres.

ÉCHALARDER: placer des échalas.

ÉCHALER: écorcer, écosser. Voyez ÉCALER. A.

ÉCHALIER: sorte de petit escalier, pratiqué dans une haie pour aller d'une pièce dans une autre. C'est à tort que La Monnoye dérive ce mot du substantif échalas; échalier vient du latin scala. L.

ÉCHALOURÉ ou ÉCHALOURI: échauffé. De calor, chaleur. A.

ÉCHAMPIR: se débarrasser.

ÉCHANGER (en parlant du linge): le laver avant de le mettre à la lessive.

ÉCHANTILLON: déversoir d'un moulin.

ÉCHARDE (s. f.): écaille de poisson; petit éclat de bois. Dans cette dernière acception, ce mot est roman. Du grec εσχαρα.

ÉCHARDER: enlever les écailles du poisson. Eichaca, dans le patois de Grenoble.

ÉCHAUBOUILLER (S'): s'exténuer de chaleur et de fatigue. C'est, à proprement parler, bouillir de chaleur. A.

ÉCHAUFFAISON; ÉCHAUFFURE, (s. f.): maladie provenant de froid après s'être échauffé 14.

Note 14: (retour) Ce mot se trouve, ainsi que quelques autres, dans le Dictionnaire de l'Académie; il n'en appartient pas moins au patois Normand, puisqu'il y est pris dans un sens différent, spécial, particulier. J. T.

ÉCHAUGUETTE: guérite, sentinelle. On fondit en 1818, à Lisieux, une vieille cloche, fondue pour la première fois en 1285 pour le clocher de la cathédrale, et connue sous le nom d'Echauguette, parce qu'elle avait été destinée aux cas d'alarmes. De l'islandais gaeti: épier, surveiller.

ÉCHAUGUETTER: surveiller, espionner. Du roman échauguette, poste d'observation (en latin, escubiæ). On lit dans le Roman d'Auberi:

Car les eschargaites le voient

Qui l'est eschargaiter dévoient;

et dans le Roman de Rou:

Aillors deust on hebergier

Et faire tous eschargaitier. A.

ÉCHAUMETRER; ÉCHAUMITRER: effaroucher à force de coups. A.

ÉCHELETTES, (s.f.): sorte de petites échelles à échelons saillants et pointus d'un bout, que l'on fixe momentanément au bât d'un cheval pour transporter des bottes de foin, ou des bourrées. L.

ÉCHERDANT, E: envieux, jaloux.

ÉCHÉRE: jalousie. Avoir échère sur quelqu'un: en être jaloux.

ÉCHERPILLER: mettre en pièces. De charpie.

ÉCHINEUX: sorte de couperet, pour dépecer la viande. «Il signifie aussi un homme qui a une longue échine.» MM. Du Méril.

ÉCHOIR ou ÉCHOUER: assommer.

ÉCHOITE: ce qui échoit par succession ou par acquisition. Eschoites dans les Établissement de Normandie, p. 9.

ÉCLAME, (s. m.): homme chétif et de mauvaise mine, grand et flandrin.

ÉCLICHE: esquille; éclat. Voyez ÉCLIPE.

ÉCLINCHER: écliper, éclabousser; faire jaillir.

ÉCLIPE (s. f.): petite seringue de sureau. Du verbe cliper. L.

ÉCLIPÈQUE; ÉCLIPET: tiroir latéral dans les vieux coffres. B.

ÉCLIQUETTE (s. f.): batte dont se servent les masques en carnaval. De cliquetis: bruit d'armes.

ÉCLOCU: culot, oiseau dernier éclos. Ce mot est employé aussi dans la Mayenne. En Roman, clocu, éclocu. Ce substantif semble avoir quelque rapport avec le mot du patois Vitréen, équerbiton: avorton.

ECMICHER: excommunier. S.-I.

ÉCOCHE (s. f.): grand couteau de bois pour détacher les menues chenevottes qui sont restées dans le chanvre que l'on vient de broyer.

ÉCOCHER (v. a.): détacher les débris de chenevottes avec l'écoche.

ÉCŒURANT: dégoûtant

ÉCŒURER: décourager, dégoûter. En Roman, acueurer. Dans le patois Troyen, écœur signifie dégoût. L.

ÉCOFFIR. Voyez ESCOFFIER.

ÉCOINCETER; ÉCOINTER: ébrécher, casser le coin d'un vase ou de tout autre meuble.

ÉCOMANT: affadissant.

ÉCOPIR: cracher, vomir. Voyez RÉCOPIT.

ÉCOQUETÉ, E: rouge comme la crête d'un coq. L.

ÉCORNIFLER (v. a): voler. D'écorner; le sens du français est bien plus restreint. MM. Du Méril.

ÉCOTUAU: oiseau qui a éclos le dernier de la couvée. Voyez ÉCLOCU. A.

ÉCOUDRER: sécher à demi. Voyez BÊNIR. L.

ÉCOUÊMELER: ébrécher, écorner. L.

ÉCOUER: couper la queue. Du vieux mot coue.

ÉCOUESSIN: fourrage composé de paille, d'herbes et de quelques épis de céréales. B.

ÉCOUFFE; ÉCOUFLE (s. f.): cerf-volant. L'écoufle est un gros oiseau avec lequel a de la ressemblance, pour le vol, ce cerf-volant L.

ÉCOUPÈLE (s. f.): cime d'arbre que l'on abat. De coupeau, tête.

ÉCOUPELER: couper la cime, le coupeau. En terme de jardinage, escoupeler: tailler les branches. L.

ÉCOURRE; ÉCOUTRE: secouer. Du latin succutere. En ancien français, escousser signifiait battre le blé; escoussoir, escoussour, fléau.

ÉCOUSSE (PAR): par intervalle.

ÉCOUSSIN: moitié de la botte de foin, laquelle se forme de deux écoussins.

ÉCOUTER: attendre.

ÉCRABOUILLER. Voyez ÉCARBOUILLER.

ÉCRASE (s. f.): abondance excessive. Il pleut à toute écrase. Voyez CRAC (A). L.

ÉCREUTÉ: à demi-cuit Voyez GROISELÉ. B.

ÉCRIÈRE; ÉCRELLE: petit crustacé des ruisseaux, plus petit que l'écrevisse.

ÉCRILLER: glisser en marchant.

ÉCRIVACHER; ÉCRIVASSER: écrire très-mal; écrire sans raison.

ÉCRIVAILLER: écrire à tort et à travers.

ÉCRIVIN: sorte de crabe. B.

ÉCUIRIE: écurie. Du latin equus, d'où est venu aussi le mot écuyer. A.

ÉCUISSETER: arracher la cuisse. Au figuré, ôter une branche.

ÉDUCHIR: adoucir, en parlant d'un outil qu'on affile.

ÉFANT: enfant. Roman, ainsi que le mot afant. Patois Forésien. Patois Walon. Patois d'Alais.

ÉFESTOUI: enjoué, gai. De fête, qu'autrefois on écrivait et prononçait feste. A.

EFFABI: pâle, déconcerté, effronté. Vire.

EFFORBIR: reprendre des forces.

ÉFLOQUETER (en parlant de la laine): l'étirer et la nettoyer. Du latin floccus, flocon, anciennement floc. Floket, en patois Walon, signifie nœud, enlacement de choses flexibles.

EFFONDRER: enfoncer. Effondrer une volaille, c'est la vider. Effondrer une maison, c'est en enfoncer les portes ou les fenêtres. Roman.

EFFOUCAS (s. m.): homme ou femme évaporés, dont l'air est propre à effoucher.

EFFOUCHER: effaroucher, effrayer. Syncope. L.

EFFOUDRER: foudroyer. Au figuré, écraser. S.-I.

EFFOUILLE (s. f.): bestiaux produits ou engraissés durant l'année, dans une ferme, et dont on fait la vente. Cette année, l'effouille n'a presque rien produit A.

EFFOUQUETER: effaroucher, battre. L.

EFFRAISER (en parlant du pain): émier. Du roman effrester; du latin effringere.

EFFRITER: effrayer. Du mot effroi. B.

EFFRITÉ: décomposé, tout blême, tout défait.

ÉGACHIR: écraser, faire en quelque sorte du gâchis. A.

ÉGAILLER: éparpiller. «Egaillez-vous, mes gars!» C'était une locution familière aux chouans, en présence d'un danger, et qui signifiait: «Dispersez-vous, mes garçons!» Aiguaïer s'employait autrefois dans le sens de tremper dans l'eau. D'aqua, eau; aigue, en vieux français, et encore aujourd'hui aiguière: vase à contenir de l'eau. Ainsi s'égailler doit signifier se répandre comme l'eau d'un vase renversé.

ÉGALIR: faire éprouver un engourdissement momentané par l'effet d'un coup. C'est ce que produit le toucher de la torpille, ainsi que la fracture d'une branche de certains bois, tels que l'érable.

ÉGALUER: éblouir. Valognes.

ÉGAMELER; ÉGAMELIR: écraser.

ÉGAUGER: jauger, échantillonner; vérifier un poids, une mesure. D'æqualis, égal.

ÉGLAVÉ: mort de faim. M.

ÉGLU: glu. L

ÉGOHINER: égorger, couper le cou; blesser gravement. Au figuré, maltraiter de propos. D'égohine, petite scie. A.

ÉGOULER (S'): s'égosiller. Voyez ÉGUEULER (S').

ÉGRAT: petit endroit dont on a gratté la neige, pour y attirer les oiseaux.

ÉGRILLAS: déversoir d'un moulin.

ÉGRIMER; ÉGRINFLER: égratigner. En patois du Jura: égraffiner. On dit aussi, en patois Normand, égrincher, égrinfer, griffer. Voyez GRIN.

ÉGRINFLURE: égratignure. M.

ÉGRIPILLONNER: débarrasser un arbre de son gripillon. Voyez ce mot. L.

ÉGROUGE (s. f.): instrument à un rang de dents, qui sert à séparer de sa tige la graine de lin. Du verbe gruger. A.

ÉGRUGETTE (s. f.): égrugeoir.

ÉGUENÉ: avare; qui est ou a l'apparence d'être pauvre. D'egenus.

ÉGUEULER (S'): s'égosiller. Voyez ÉGOULER (S'). S.-I.

ÉHERNER: éreinter. Couteau éherné: qui a perdu son ressort. De rein. A Bayeux, un homme éherné ou érené est un homme insolvable. C'est le mot pris au figuré.

ÉJAPPER: aboyer, japper. Onomatopée. (Coutances).

ÉLAVARE: petite digue pour élever le niveau de l'eau.

ÉLÉNU: homme mal bâti, décharné, déguenillé.

ÉLEXIR: élixir.

ÉLIANÇOURE; ÉLIENÇOURE (s. f.): tube de sureau pour lancer de l'eau. Voyez CLIFOIRE.

ÉLIGNER: élaguer. Du mot ligne.

ÉLIMER: user, en parlant du linge.

ÉLINDER: glisser sur la glace, sur le feu. Voyez RINGLER. A.

ÉLINGUE: fronde. De l'anglais sling. L.

ÉLINGUER: lancer, jeter au loin. Des vieux mots eslingueur, eslinguir.

ÉLOQUETER: mettre en pièces, en loques.

ÉLOSSER: ébranler, secouer. Voyez LOCHER. A.

ÉLUGEMENT: ennui causé par de sots propos.

ÉLUGER: ennuyer. Du latin lugere. En roman, élugir, être troublé.

ÉLUITE: élite, choix.

ÉLUITER: éliter, choisir.

ÉLUNÉ: privé de la vue.

ÉMAQUER: écraser. En patois du Jura, émacher.

ÉMAYER (S). Voyez ÉMOYER.

EMBABOUINÉ: mal tenu; dont les vêtements sont en désordre et de mauvais goût. De babouin. A.

EMBAQUETER: mettre une sorte de bâton ou de carcan aux animaux, pour les empêcher de passer à travers les clôtures. B.

EMBARLIFICOTER; EMBERLIFICOTER: embarrasser. Du verbe roman emberlucoquer ou embureliquoquer: couvrir la tête, et, au figuré, amuser de vaines paroles. C'est à peu près l'emberlicoquer ou emberlucoquer du patois Lorrain, verbe qui signifie coiffer de: par exemple, au figuré: coiffer d'une idée ridicule; au propre: embarrasser la tête d'affiquets.

EMBARNIR (S') (v. n): prendre de l'embonpoint.

EMBARRAS (FAIRE SON): se donner de l'importance. Patois Lorrain. On dit aussi: faire de ses embarras.

EMBATÉE: ce que l'on place sur un bât. L.

EMBÉRIONNÉ: embarrassé. A.

EMBERNOUSER: salir avec des excréments. En Roman, embresner. Voyez BERNOUSER. A.

EMBERON: embarras. A.-M. Du Méril écrit embront, et le traduit par essor.

EMBÊTANT: ennuyeux.

EMBÊTER: ennuyer.

EMBLAIER: emblaver. Semer du blé.

EMBLER: dérober, enlever.

EMBOBELINER: envelopper avec grand soin. Suivant Cotgrave, ce verbe, en Roman, signifie séduire par des mensonges. Dans ce cas, c'est une expression figurée.

EMBOFETER: emboîter; faire entrer dans une rainure ou une entaille.

EMBRÊLER ou EMBREULER: embricoler.

EMBRENINQUER: envelopper et embarrasser.

EMBROQUER: embrocher. S.-I.

EMBROUILLIAMINI; BROUILLIAMINI: confusion, embrouillement.

EMBRUNCHIR (S'): s'assombrir, devenir brun.

EMEILLÉ, adj. (Orne): inquiet, qui est en émoi; en vieux français émoie. MM. Du Méril.

EMENER: agiter. A.

ÉMERAS: joyeux, B.

ÉMET: tablier du pressoir, sur lequel on dresse la motte de marc B.

ÉMEULETER ou DÉMOULETER: déboîter une articulation, la luxer. V. et L.

ENCONTRE; A L'ENCONTRE: contre. Je ne vas pas à l'encontre: je ne dis pas le contraire. Dans la langue romane, la préposition alencontre signifie envers, à l'égard.

ENCOVIR: convoiter.

ENCRÉPI: invétéré. Mains encrépies: mains calleuses, comme si elles étaient enduites d'un crépi.

ENCRÉTINÉ (moulin encrétiné): qui ne peut fonctionner à cause de la crétine, grande crue des eaux. Voy. CRÉTINE. A.

ENCROUER: accrocher. Rester encroué: rester accroché. Roman.

ENCRUCHER: accrocher. Du Roman encrouer. A.

ENDAGNÉ: invétéré. A.

ENDAGNER: inviter. B.

ENDÉMENÉ: turbulent, désordonné, évaporé. Brantôme s'est servi de ce qualificatif pour désigner les femmes dont la conduite est reprochable. (Dam. Gal., t. II). Du latin demens. A.

ENDÊVER: endiabler. De l'italien diavolo; de l'anglais devil, mots qui signifient diable. On trouve desvé pour fâché dans les chansons de Thibaut, roi de Navarre; et le vers suivant dans la Farce de Pathelin, p. 63:

Il semble qu'il doye desver.

Dans la langue romane, endesver, c'est enrager, être égaré. Roquefort dérive ce verbe du latin deviare.

ENDEVERS: vers, devers.

ENDITER: indiquer, annoncer, faire connaître. Du Roman addicter, désigner; ou d'endicter, faire savoir. Enditier dans Joinville. L.

ENDORMOIR (s. m.): grande tasse de grès, qui tient le milieu entre la tasse ordinaire et l'écuelle. A.

ENDREIT; ENDREIT DE: envers, à l'égard de.

ENDREIT; ENDRET: endroit, lieu.

ENFALÉ se dit des volailles qui n'ont pu digérer les aliments contenus dans leur fale, leur jabot. L.

ENFANTOMER: ensorceler. B.

ENFLE (s. f.): tumeur, enflure. L.

ENFLUME: enflure. Du roman enfleume, que Borel tire du latin inflatio.

ENFONCER: tromper, faire dupe.

ENFONTUME. Voyez MORFONTURE.

ENFOUILLER: enfouir.

ENFOURSURE: enfonçure, fonçailles; fond de sangles d'un châlit.

ENFROIDURÉ: refroidi, frileux; qui grelotte. Roman. D'infrigescere, selon Monet. L.

ENFRONTER: affronter. S.-I.

ENGAGNER: irriter, mettre en colère. S.-I.

ENGALU: goulu. Du latin gula.

ENGASER (S'): s'embourber. De vase.

ENGAVER (S'): se bourrer d'aliments jusqu'au gavion. Voyez GAVION.

ENGELÉ: qui éprouve l'effet de la gelée. L.

ENGELEAU, et non pas ANGELOT: fromage engelé, c'est-à-dire dont le froid, la gelée, a empêché le sérum ou petit-lait de s'égoutter suffisamment.

ENGIGNIER: tromper, user d'engin.

ENGIN: moyen de ruse. Dans la vieille langue française, il signifiait industrie.

ENGOULER: saisir avec sa gueule, en parlant d'un animal. De gula. L.

ENGROULIR: engourdir de froid.

ENGRUGER: se passionner pour. Roman.

ENGUEUSER: duper.

ENHAIR: haïr, fuir, abandonner: en parlant d'oiseaux qui quittent leur nid, lorsqu'ils s'aperçoivent qu'on l'a visité. Dans le patois Roman, ce verbe signifie haïr fortement. L.

ENHANNER: ahanner. De la basse latinité, ahannare, anhelare.

ENHASÉ: affairé, pris en mauvaise part. Par extension, homme qui fait l'important; enflé d'orgueil. On trouve ce mot dans Henri Estienne. Nicot dit qu'il signifie affairé. De la particule en et du substantif hâte. Ainsi l'enhâsé serait un homme qui affecte de l'empressement pour faire croire qu'il a de grandes affaires. A.

ENHATER: hâter, presser. Du Roman enhâtir.

ENHARSÉ: enraciné, invétéré. B.

ENHEUDÉ: fixé par des heudes, liens pour empêtrer. Valognes.

ENHIEU; ENNIEU; ENGNEU: aujourd'hui. Voyez ENHUI. B.

ENHUI: aujourd'hui. Roman, ainsi qu'ennuia. Des mots latins in hoc die, hodie. Dans le Testament de Pathelin, ce mot est écrit ennuict (dans cette nuit), quoiqu'il y signifie simplement aujourd'hui:

Fauldray-je ennuict? Las! quel reproche!

ENLARGIR: élargir. En Roman, enlarger signifie étendre, augmenter. L.

ENLEUDER (S'): s'embarrasser, s'empêtrer. Voyez HEUDES. A.

ENLEUGIR: alléger. S.-I.

ENLISER: embourber. Voyez GLISE.

ENMITOUFLER (v. réfl.): s'envelopper la tête comme avec un amict; on dit aussi amitoufler. MM. Du Méril.

ENORDIR. Voyez ORDRE (Mettre en). L.

ENOSSER (S'): avaler un os qui embarrasse le gosier.

ÉNOTER: ôter les feuilles, les nœuds d'une branche.

ÉNOULER: moudre grossièrement.

ENQUÉRAUDER: ensorceler. Du Roman caraude, sortilége.

ENQUERCAUCHÉ; ENCARCAUCHI: empêtré. Vent encarcauché ou encarcauchi: vent qui souffle sourdement dans les arbres comme à l'approche d'un orage, et qui y semble arrêté, enchevêtré.

ENQUERVOISER: accrocher.

ENRAUDER (v. a.): ranger en raude les émondes que l'on a coupées. L.

ENROUSER: arroser. L.

ENRUBISQUEUX, SE: amoureux. De rut. A.

ENS: céans, dans, dedans. Alain Chartier dit (Œuv., p. 532):

Je pleure ens et me ry par dehors.

ENSANGMÊLER (Faire): irriter, mettre en colère. Voyez SANG-MÊLER. B.

ENSAQUER (v. a.): mettre dans un sac. L.

ENSASINEMENT: assassinat.

ENSASINER: assassiner.

ENSEMBLÉE: assemblée. L.

ENTEL: tel. MM. Du Méril.

ENTENTE: intelligence, faculté de bien entendre, de bien saisir; jugement. S.-I.

ENTEUNÉ: enfermé chez soi. Voyez TEUNE. A.

ENTEURI. Voyez ENTURI.

ENTICULÉ: articulé. S.-I.

ENTOMBIR. «Mot encore en usage en Normandie», dit Roquefort, qui assure que ce verbe signifie étonner, surprendre.

ENTORS: tortu. A.

ENTOUR: environ, à peu près. Roman.

ENTREBAT: la partie du bât qui est entre ses deux atelles.

ENTRE-CI-ET: entre ce moment-ci et tel autre; d'ici à.

ENTRETENANT (de bâtiments): bâtiments réunis qui s'entretiennent. L.

ENTRETRIPLER (S'): se battre à triple outrance. En Roman, atribler signifie accabler de coups. Dans le patois Walon, triplé, c'est «battre les terres afin qu'elles s'affaissent moins», dit l'abbé Cambresier dans son Dict. walon-français. A.

ENTROMPER: mettre le soc en terre; l'y enfoncer.

ENTROUBLIER (S'): perdre la mémoire; oublier. Dans les Chansons du roi de Navarre, entrobli signifie étourdi, troublé. En Roman, entroblier, entroblir: suspendre, troubler. On lit dans le Roman de Troye:

Ki set, et n'ensoigne et ne dit,

Ne peut estre ne s'entroblit:

Science, qui est bien oïe,

Germe, florist et fructifie.

ENTURI: gâté par un long séjour dans la saleté. M.

ENVELIMER: envenimer. Voyez VELIN. Roman. Un ancien proverbe disait:

Paroles rapportées

Sont envelimées.

ENVIER: envoyer. En patois Walon, invier.

ENVIRON: à. Il est environ son ouvrage: il est occupé à son ouvrage. Des Perriers (Nouvelle 129, intitulée: D'une jeune fille surnommée Peau-d'Ane) dit: «Comme elle était environ ces grains d'orge, ses père et mère fesoient soigneuse garde.»

ÉPAMI: absorbé, interloqué. S.-I.

ÉPANTABLE: épouvantable, monstrueux, très-gros. En patois Bourguignon, éponter; dans le patois Troyen, épanter signifie épouvanter. Molinet, dans ses poésies, semble avoir tiré de l'espagnol espantar le verbe français épanter, qu'il emploie pour épouvanter.

ÉPAPLOURDIR: étourdir, éblouir d'un coup inattendu.

ÉPARÉ: clair, serein. Le temps est éparé. L.

ÉPARTIR: répandre, éparpiller, repartir. Guil. Guiart dit:

Ribaces qui de l'ost se partent

Par les champs ça et là s'épartent. L.

ÉPASSE ou ESPACE (s. f.): pièce de la maison au rez-de-chaussée, et qui a une porte de communication avec le chauffe-pied. Voyez CHAUFFE-PIED.

ÉPATER: détacher un drageon du pied d'un arbre.

ÉPATTE: étoupe. Vire.

ÉPAVILLER: disperser, éparpiller. D'épave.

ÉPÉ; EPEC; EPEU: pivert. Du latin picus.

ÉPELLIR: démêler. En parlant de la laine.

ÉPERNE-MAILLE (s. f.): tire-lire. En patois Walon, spâgn'mâ. D'épargne et de maille, petite monnaie. A.

ÉPESTOUI: qui court çà et là; étourdi. Voyez PESTER.

ÉPÉTER: éclore, en parlant des éruptions cutanées. L.

ÉPEUFIR: ébouriffer. L.

ÉPICOCURE DES PRÉS: Cynosurus cristatus.

ÉPIETTER (S'): se meurtrir les pieds en marchant, au point de ne pouvoir s'en servir. B.

ÉPIFRA (s. m.) (Orne): éclat de bois. MM. Du Méril.

ÉPIGNOCHE; ÉPINOCHE (s. f.): faucet, brochette de bois. Voyez PIGNETTE, PIGNOCHE. B.

ÉPILER: extirper les broussailles, comme du poil (pilum).

ÉPINE (NOBLE): aubépine, épine-blanche. B.

ÉPINE-NOIRE: prunellier.

ÉPINETTE: guimbarde.

ÉRINFLURE: égratignure. L.

ÉRIVIÈRES: étrennes. S.-I.

ERJU (s. m.): ennui. L.

ERJUER: ennuyer, vexer,

ERLIGION: religion.

ERLISER; ERLUISER: briller, reluire.

ERMÉNA: almanach.

ÉRONCE: ronce. Id. en patois Troyen.

ÉRONCER: extirper les ronces.

ERQUEMANDER: recommander. S.-I.

ERRENÉ: éreinté. On lit dans la Satire Ménippée: «Le sort tomba sur un pauvre malotru, meneur d'âne, qui, pour hâter son misérable baudet, tout errené de coups et du fardeau, dit tout haut: Allons, Gros-Jean, aux États!»

ERREUR: différence.

ERRIÉE (s. f.): accès, abondance. Il a été pris d'une erriée de toux. B.

ERRIÈRE: arrière.

ERRUSÉE; ÉRUSÉE: essor, volée. Prendre son errusée. Du vieux substantif erre, course, venant d'errare: errer, divaguer. A.

ERSAI ou ERSEI: hier au soir. En Roman, erseir.

ERSE: facilité, espace. Avoir l'erse de.

ERSINCHER: fripier. S.-I.

ERSOURCE: source d'eau. Ressource.

ÉRU; ÊRU: lierre. De hedera. L.

ÉRUSSER: effeuiller une branche à pleine main, comme lorsque l'on cueille les feuilles de l'éru, lierre. A.

ÈS: aux, dans les. Roman.

ESBIGNER: tuer. S'esbigner: disparaître, fuir.

ESBROUF: embarras, affectation. Faire esbrouf, de l'esbrouf. Voyez EMBARRAS.

ESCACHETTE: casse-noisette. Voyez ÉCAUCHETTE. Manche.

ESCANDIE (Sucre D'): sucre candi. Voyez SCANDI.

ESCARGAITE ou ESCARGUETTE: sentinelle. Voyez ÉCHAUGUETTE.

ESCARBILLARD: étourdi, éventé. Cette fille est coiffée à l'escarbillard. En Roman, escarbillard signifie gai, plaisant, rusé. Dans le patois Toulousain, escarbilhat, dispos. En espagnol, escarapela se traduit par dispute et par nœud de ruban à la coiffure. On trouve escarbilhat dans la Nouvelle 52 de Des Perriers. En patois Lorrain, escarbouillette, étourderie.

ESCARBOUILLER. Voyez ÈCARBOUILLER.

ESCOFFIER (v. a.): égorger. De l'italien scuffia, coëffe. C'est une sorte de litote. Escoffier: décoiffer, pour ôter la tête.

ESCOFFION: nippes de femmes. De scuffia.

ESCORNIFLER: écornifler. Id. en patois Lorrain.

ESCOT: promenade; espace que parcourt une sentinelle.

ESCOUER: secouer. Du latin excutere. S.-I.

ESCOURRE. Voyez ÉCOURRE.

ESCOUSSE. Voyez ÉCOUSSE.

ÉSERAIS: esquille, éclat.

ÉSERGOTER: blesser le pied, les ergots; arracher les ergots. Esergoter un bœuf, c'est lui blesser le pied, au point de lui faire perdre un ou plusieurs ergots. Voyez ÉRIGOT. A.

ÉSIQUIÉ: chétif, exigu. Du latin exiguus.

ESPADRON: espadon.

ESPADRONNER: espadonner.

ESPAIGNER: épargner. Employé par Basselin.

ESPÊCHE: épingle. De l'islandais spick; du latin spiculum.

ESPÉCIAUTÉ: belle apparence. (Valognes.)

ESPÉRER: attendre. Patois du Midi. L.

ESPRANGNER: détruire, briser. De l'islandais sprangia.

ESPRITÉ: spirituel. L'Académie admet le verbe familier espriter pour donner de l'esprit. On lit, dans le Vogage de Chapelle et de Bachaumont, ce vers sur Mme d'Osneville:

Elle est jeune, riche, espritée.

ESQUAINTER: tuer; mettre en pièces.

ESQUÈLETTE (s. f.): squelette.

ESQUIPOT: enjeu. Dans l'Académie, l'esquipot est la tire-lire.

ESSAIMAGE: action d'essaimer en parlant des abeilles.

ESSART: terrain inculte. Voyez DÉSERTER.

ESSAVER: écorcher l'épiderme.

ESSEMER: essaimer.

ESSENILLER (v. a.): disperser, éparpiller. A.

ESSENTE: bardeau, petit ais mince dont on couvre les maisons.

ESSERBER; ESSERPER: élaguer au moyen de la serpe. (Vire.)

ESSIAUX ou ESSAUX: digue par laquelle le trop plein du bief prend son cours. Du vieux verbe issir, sortir; ou bien d'ais, planches, parce que la digue admet dans sa construction plusieurs madriers.

ESSOINE: excuse. MM. Du Méril.

ESSOUDRE ou ESSOURDRE: élever en l'air; s'élever. De surgere.

ESSUI ou ESSUYEUX: torchon.

ESTAMPER: fouler, écraser. De l'islandais stappa.

ESTOMAQUER: fâcher. Du verbe anglais to stomach, qui vient du latin stomachor, se dépiter. B.

ESTORER. Voyez ÉTORER.

ESTRAGAUCHINES: hypothèques. MM. Du Méril. O.

ET PIEUS: et puis, ensuite.

ÉTAMPIR: suffoquer.

ÉTAQUER: peler le gazon.

ÉTAU. Voyez ÉTOUBLE.

ÉTAUDIR: assommer. Voyez ATOUT.

ÉTAUPINER: rabattre la terre des taupinières.

ÉTEI: aussi. Du latin item. Voyez ITOU. S.-I.

ÉTÉLET: hirondelle de mer (Sterna hirundo).

ÉTERCELET: tiercelet.

ÉTERMINE; ÉTERMAIGNE (s. f.): état de dépérissement. Ce mot vient de ce que le malade, qui est ordinairement un enfant, reste indéterminé, c'est-à-dire ne croît pas, n'obtient pas de guérison, et de ce que sa maladie n'augmente pas.

ÉTERSE (s. f.): brosse. Du verbe latin extergere, nettoyer.

ÉTEURDRE: manier la pâte, la tordre. Tordre, en patois, teurdre.

ÉTIBOQUER: agacer comme avec un étibot. Voyez ASTICOTER.

ÉTIBOT: petit éclat de bois. Arbre rabougri.

ÉTIPE: somme ou pièce de monnaie restant au-delà d'un paiement effectué, ou d'une somme ronde. Un liard d'étipe. Voyez SUBRÉCOT.

ÉTIQUENARD: sorte de canard sauvage (Anas acuta). B.

ÉTIQUER: éplucher. Voyez EFFLOQUETER.

ÉTOCURE (s. f.): grosse pierre ou maçonnerie employée pour étoquer une construction. Voyez ÉTOQUER.

ÉTOMIE (s. f.): squelette. D'anatomie. Dans le patois Walon, atomeie.

ÉTOQUER (v. a.): soutenir une construction par une forte pierre, ou par de la maçonnerie.

ÉTOQUER: attacher. S.-I.

ÉTORER (en parlant des noix, des châtaignes: leur enlever leur brou, leur hérisson). Voyez ÉCALER.

ÉTORER: pourvoir. Dans l'ancien français, estorement signifiait provisions, meubles. De l'anglais stord.

ÉTOT: racine du chaume.

ÉTOU: aussi. Voyez ITOU.

ÉTOUBLE; ÉTEULE; ÉTAU: chaume laissé debout et dans lequel il se trouve des herbes réservées aux bestiaux. Dans le patois de Grenoble, on dit eitoublo, chaume. Du latin stipula. Etouble appartient au patois Lorrain; en patois Walon, steûle. A.

ÉTOUPAS: bouchoir de four. Ce mot vient, par corruption, d'étouffer le four, ou de ce que le bouchoir le ferme comme ferait un bouchon d'étoupes sur toute autre ouverture. En patois Walon, ristopé signifie boucher, fermer.

ÉTOUPER: mettre l'étoupas. Ce verbe signifie aussi essarter, couper les broussailles.

ÉTRAIN: paille. Du latin stramen.

ÉTRALLER: étaler.

ÉTRAMILLER: éparpiller, disperser.

ÉTRAQUER: suivre l'étrat, la trace.

ÉTRASE: ombre qui ne laisse pas de trace; objet chétif.

ÉTRAT: sentier tracé et frayé dans la neige. Du latin stratum.

ÊTRE (s. m.): bâtiment. Autrefois on écrivait aitres, ce qui se rapprochait davantage de l'étymologie, puisque ce substantif vient du latin atrium, maison, logis.

ÉTREULER: entasser confusément, écraser.

ÉTRILLER (v. a.): arracher en déchirant.

ÉTRIPER: éventrer.

ÉTRIVARD: hargneux. L.

ÉTRIVER: débattre. Faire étriver: taquiner, faire endiabler. Cretin l'emploie dans le sens de disputer (p. 47):

A quoi tient-il qu'aujourd'hui n'estrivez

Contre la Mort?

Du vieux mot français étrif, débat. Martin Franc, auteur du Champion des Dames, a composé un traité, en vers et en prose, intitulé: L'étrif ou le débat de Fortune et de Vertu.

ÉTROGNER: émonder. Voyez ÉPROGNE.

EU: heure. Jusqu'à ç't'eu: jusqu'à cette heure. L.

ÉU (pour eu): participe du verbe avoir. ÉUT; ÉUSSENT, etc. En Roman éhu. En parlant des Géants renversés par Jupiter, Jean Regnier, poète du XVe siècle, dit:

Se ne fust Jupiter, à la foudre bruyant,

Qui tous les desrocha, ja n'eussent garant.

EUCRIRE: écrire. S.-I.

EUNE: une. En général on dit, en patois: auqueune pour aucune; preune, pour prune; pleume pour plume; feumer, il feume, pour fumer, il fume, etc. Id. Patois lorrain. L.

EURE (rivière): il devrait se prononcer Ure, comme dans gageure, nous eûmes; c'est ce que nous avons dit dans nos Archives normandes de 1824, p. 247 et 248.

EURIBLE. Voyez AORIBLE.

ÉVACHÉ: déformé, habillé négligemment. Du verbe s'avachir.

ÉVALINGUER (v. a.) (arr. de Valognes): jeter, lancer, élinguer. De af, en islandais. MM. Du Méril.

ÉVAR: mouvement d'impatience. B.

ÉVARER: épouvanter, rendre effaré.

ÉVELISÉ: à demi-usé, râpé en parlant d'une étoffe. Voyez ÉLIMÉ.

ÉVESTOUI, même sens qu'ÉPESTOUI.

ÉVIPILLON. Voyez VIPILLON.

ÉVRASQUER: arracher en déchirant (Valognes).

EXEMPLE (PAR): vraiment (employé souvent dans le sens d'une opposition ou d'une réclamation ironiques).

EXPERTISER: procéder à une expertise.

EXPOSITION: péril, accident fâcheux auquel on est exposé.

EXPOSOIR: reposoir.

EXPRÈS (PAR): exprès.

F.

FABIN: espion, rapporteur. Du latin fari, fabula.

FACE: boucle de cheveux tortillée sur les tempes et que les hommes fixaient avec de longues épingles noires. Cette mode de la coiffure a cessé, en 1792, d'être en usage, ainsi que la pommade et la poudre.

FACHON: façon. S.-I.

FACILISER: faciliter.

FAFELU: bouffi, dodu. Employé en ce sens par Des Periers, dans sa 29e. Nouvelle.

FAFIGNER: hésiter, tergiverser. S.-I.

FAGUELIN: faible de complexion. A.

FAGULTÉ: faculté. Le g pour le c, comme dans ganif pour canif.

FAIGNIANT, TE: fainéant, te. Du vieux mot nyent; niente, en italien: néant, rien. Dans les actes rapportés par Lobineau (Hist. de Bretagne, t. II, p. 769), on trouve souvent nyent pour néant. L'auteur du Testament de Pathelin, p. 121, dit:

Fut present Mathelin le sourt,

Attourné de Gaultier faict nyent.

FAILLERA (IL); IL FAILLERAIT; IL FAILLIRA; IL FAILLIRAIT: il faudra; il faudrait. L.

FAILLETTE: feinte.

FAILLIR. Voyez FIAILLIR.

FAIMVALIER: qui a la faimvalle. L.

FAIMVALLE: fringalle, appétit désordonné. Dans le français actuel, la faimvalle est une maladie des chevaux.

FAIS (s. f.): fois.

FAIT: avoir, affaire, effets. Du latin factum.

FAIT: faîte.

FAITELAIT: lait caillé.

FAITIER: faîtière, tuile creuse pour couvrir le haut du toit.

FAITURIER: syndic d'une confrérie.

FALE (s. f.): jabot des oiseaux. L.

FALLIPOUX: homme décharné et de mauvaise apparence.

FALMÊCHE (s. f.): flammèche, étincelle.

FALU: oiseau qui a un gros jabot. Au figuré, orgueilleux qui se rengorge. L.

FALUE (s. f.): sorte de gâteau plat, cuit rapidement à l'entrée du four, pendant qu'on le chauffe. De fale, parce que cette galette gonfle l'estomac (la fale, au figuré). C'est ce qu'on appelle ailleurs galette à la fouée. B.

FALUMÈCHE. Voyez FALMÊCHE.

FAMEUSEMENT: beaucoup.

FAMINOT: pain de sarrasin, pain grossier qu'on n'emploie qu'en temps de famine. O.

FAMULER: devenir familier. O.

FANFLUE: berlue.

FANGUE: boue, fange. Du Roman fanc.

FANIL: fenil, grenier à foin.

FAQUIN: celui qui affecte de s'habiller avec élégance. L.

FARACHE ou FARAGE (s. m.): communauté d'une chose entre deux personnes qui en usent comme frères. Farage est la corruption de frérage. A.

FARAUD, E: celui ou celle qui affecte avec recherche une mise élégante et prétentieuse. En patois du Jura, farot.

FARAUDER: faire le faraud.

FARBALAS: falbalas.

FARCER: se moquer de. Employé dans la Dance aux Aveugles.

FARETTE: moisissure sur le cidre ou le vin dans un fût en baissière. B. Ailleurs, on dit fleurette, mot dont farette est la corruption.

FARS (s. m.): farce pour les préparations culinaires. On trouve ce mot dans le poème de Pibrac, intitulé Les plaisirs de la vie rustique:

Et d'un fars bien menu lui fait un autre ventre,

dit-il, en parlant d'une oie préparée pour la table. Du verbe farcir. En celtique, fars signifiait pâte de farine, soit de blé, soit d'autres céréales. En latin, far. A.

FATIQUE: fatigue. L.

FATIQUER: fatiguer.

FATRAIN: chanvre chétif. Du français fretin.

FAU; FOUTEAU; FOUTIAU: hêtre. En celtique-breton, fao.

FAUCHARD; FAUCHET: sorte de serpe pourvue d'un crochet pour enfoncer les affiches dans les haies sèches. En français, le fauchet est un râteau. L.

FAUCILLON, synonyme de fauchard. L.

FAUQUET; FAUCHET: sorte de serpe. Du latin, falx.

FAUQUET: croc en jambe qui fait porter à faux le pied de l'adversaire et le fait tomber comme d'un coup de fauchet.

FAUTER: manquer, faire une faute.

FAUTIBLE: coupable d'une faute. L.

FAUTOISET: émouchet, oiseau de proie.

FAVAT: tige sèche des fèves. De faba.

FEILLURE: feuillure.

FEIN: foin. De fenum. Ancien français.

FEINDRE: fléchir, s'affaisser.

FEL, E: faible, rude, méchant. A Bayeux, ce qualificatif signifie courageux. De fallene; de félon. Dans les Chansons du roi de Navarre, fel est synonyme d'aigre et de dur.

FÉLER: palpiter dans un membre malade. L.

FÉNAISON: fanaison.

FÉNER: faner. Id. patois Walon.--Ce verbe, en parlant du chat, signifie faire ses ordures. De fienter.

FÉNEUX: faneur.

FERLAMPIER, FRELAMPIER: vaurien, fainéant. B.

FERLANDE: mauvaise pièce de monnaie. A.

FERLUCHES: copeau léger qu'enlève la varlope. Objet de peu de valeur, d'où on a formé le mot fanfreluches.

FERLUQUET: freluquet. Id. dans le patois Walon.

FERMAIGNE (s. f.): meuble propre à renfermer quelques effets. Par extension, des meubles. A.

FERMINE, synonyme de fermaigne.

FÉROUESSES; FÉROUSSES: jambes; terme de mépris comme croches, flûtes, triques. A.

FERRER (v. a.): carder, en parlant du chanvre et du lin.

FERRET: sorte de tonneau.

FERREUX: cardeur de chanvre et de lin.

FERRIER: grande tonne à cidre.

FERSIR (v. n.): trembloter, transir, frémir. A.

FERTILLON; FEURTILLON: frétillon. Du verbe frétiller. A.

FÉRU: fort et fier. Du celtique-breton.

FERZAIE: fresaie. Belon a dit:

Le hideux cri de la fresaie effraie.

FESTAMPER: battre, fesser. O.

FESSE-LARRON: houx fragon (Ruscus aculeatus). B.

FÊTRE: espèce de panaris. B.

FEUGÈRE: fougère (Polypodium filix). L.

FEUILLON: frêlon. B.

FEUILLOT: feuillet. L.

FEUILLOTER: feuilleter.

FEUPERIE: friperie. Voyez PEUFE.

FEUPES: guenilles, propres au fripier.

FEURRER: empailler. Feurrer une chaise, c'est la rempailler. De feurre.

FEUVE: fève.

FÈVE (petite): haricot (Phaseolus). On désigne, en Normandie, la véritable fève (Vicia faba) sous les noms de grosse fève, et de gourgane. Voyez POIS. Dans le patois Walon, fève signifie haricot.

FIAH: fi!

FIAILLIR (v. n.): se faner, se flétrir. En patois Walon, flawi: faillir, tomber en défaillance. Dans le patois Rennais, faillir signifie maigrir, se faner. A.

FIAMBÉE; FLAMBÉE: feu brillant et de peu de durée.

FIAMME: flamme. Patois Walon. B.

FIANCE: confiance. L.

FIANCHAILLES: fiançailles. S.-I.

FIANT: mouillé.

FIARACHE; FIARAGE: communauté; frérage. A.

FIAT: confiance, foi. B.

FIAU: fléau à battre le grain. Voyez FLOIS.

FIAUTÉ: foi, confiance.

FICET (diminutif de fils): fils chéri. Manche.

FICHANT: désolant, ou du moins très-contrariant.

FICHER et FICHIER: donner, placer. Dans l'ancien Argot, ficher signifie donner.--Ficher le camp: décamper.

FICHER (SE) de: se moquer de.

FICHTRE! juron. Patois du Jura.

FICHU: détruit, perdu. Fichu pour: fait pour, capable de. M.

FIDÈLE: sensible. A.

FIDÉLION (Faire un): faire un cadeau.

FIÉE: multitude, abondance. Fiée de monde: affluence de monde. B.

FIÉGE: roseau pour empailler les sièges. Voyez LAICHE.

FIELLU: fort, puissant, courageux. C'est le synonyme de fêle. B.

FIENT (s. m.): fumier. De fiente, qui vient du latin fimus. Patois Troyen.

FIÉRISER: irriter. S.-I.

FIEUR: fleur. A.

FIEUX: fils. Patois Picard. S.-I.

FIFOLLET. Voyez FOLLOT, et FOURLORE.

FIFOTTE (s. f.): frai de poissons agglutiné, que la mer laisse parfois sur la grève. B.

FIGNOLER (v. n.): s'habiller avec recherche; affecter des airs gracieux. Voyez FION.

FIGNOLEUR: recherché dans sa parure.

FIL (Avoir le): avoir de la ruse, de la finesse. C'est être comme un outil bien affilé. Voyez TRUC.

FIL-EN-TROIS: eau-de-vie. L.

FILANDRE: filament.

FILEBERT, ou plutôt PHILBERT: noisette, aveline. Peut-être du nom de quelque anachorète, qui faisait de ce fruit sa nourriture; d'où probablement vient, par ironie, la dénomination de pâté d'ermite.

FILETTE (du jour): point du jour.

FILEUX: épervier (Falco nisus).

FILOIRE: fileuse, ouvrière que l'on emploie à filer le chanvre. A.

FILOTIER: tisserand, fabricant de toile. Du mot fil. A.

FILTER: tiercer ou repiler pour la troisième fois un marc de pommes.

FIN dans A LA FIN DES FINS: enfin.

FINARÉ: astucieux, fin.

FINASSIER: finasseur, qui finasse, rusé, dissimulé.

FINER: trouver. De l'islandais finna.

FINGUE: foi. Par ma fingue: par ma foi. On dit aussi: par ma finguette.

FINOT: fin-or, sorte de poire d'été, jaune comme de l'or fin.

FIOLER (v. n.): boire au point de s'enivrer. Fioula, en patois de Grenoble. De fiole.

FIOLER. Voyez FÉLER.

FION: tournure, bonne façon. Id. en patois Lorrain.

FIQUER: mettre. De ficher. Fiqu'ous là: mettez-vous là. Fiquer un clou: l'enfoncer.

FIRLIT: petit poisson, fretin de mer, dont on se sert pour appât. B.

FIROU (Noblesse à Martin): va te coucher, tu souperas demain: noblesse indigente, pauvres hobereaux.

FISSET; FISSIA; FISSIAU: petite barre qui sert à fixer (Manche).

FISTEAU: barre de treillage. Fuseau. C.

FISTON (diminutif de fils): petit enfant chéri.

FLAFLA: entretien, fréquentation. S.-I. Dans d'autres départements, on dit: faire du flafla, pour faire des embarras.

FLAGEOLET: sorte de haricot. Corruption du vieux français faseols. De faseolus.

FLAINDRE. Voyez FEINDRE.

FLAIS; FLAIT; FLET: fléau pour battre les céréales. Patois Troyen.

FLAMBE: flamme. Roman.

FLAMBÉE; FLAMBINE: feu brillant de courte durée. L.

FLAMMICHE: pain ou miche mal cuit, comme à une simple flamme. O.

FLANCHET; FLANCHIN (de mouton): pièce de cet animal, coupée entre l'épaule et le flanc. L.

FLANER: perdre un temps considérable en causeries, en bavardages.

FLANIER: avare.

FLANIER, ÈRE: qui va flaner.

FLANNER (v. a.): flatter bassement. A.

FLANNEUR: bas flatteur. A.

FLANQUER: donner, appliquer.

FLAQUET: petite flaque d'eau. S.-I.

FLAQUET: digitale dont les fleurs claquent, pressées d'une certaine façon. FLAQUET se dit, dans la Manche, pour CLAQUET. Voy. ce mot.

FLAQUIN: maigre. D'efflanqué. A.

FLARIES: réjouissances prolongées. De frairie. A.

FLAS. Voyez FLAIS.

FLÉLER (v. n.): faire du bruit, en parlant d'une porte ou d'un auvent qui bat avec force. «Dans l'arrondissement de Rouen, disent MM. Duméril, ce verbe est aussi actif; fléler des fruits y signifie les agiter avec violence, et par suite les abattre

FLET. Voy. FLAIS.

FLEU: farine; pour fleur de farine. Fleu de pois, fleu de blé. En anglais, flour.

FLEUMES. Voyez FLUMES. B.

FLEURER: flairer.

FLEURETTE: première crême qui s'élève sur le lait; fleur de crême. L.

FLEURETTE: moisissure sur la baissière d'un tonneau. De fleur, efflorescence. Voyez FARETTE. L.

FLEURIE: confrairie. S.-I.

FLEUTRIR: flétrir.

FLIAIS: fléau à battre le blé. (Manche.)

FLIE; FLION: petit coquillage univalve; la patelle commune.

FLIGER: figer. L.

FLIPE (s. m.): cidre doux, chauffé avec un mélange d'eau-de-vie et de sucre, et dans lequel on met des tartines ou rôties. De l'anglais flip, boisson cordiale. Une note sur le Redgauntlet de Walter Scott, ch. XIII, trad. de M. de Montemont, définit ainsi le flip: «Boisson composée de bière, d'eau-de-vie et de sucre, en usage parmi les gens de mer.»

FLIPSAUCER: manger avec voracité.

FLO; FLIO: multitude (Manche). B. L.

FLON: diarrhée épidémique. Vire.

FLONDRE: poisson de la Basse-Seine, et que, dans la mer Baltique, on appelle flunder et flundra. C'est le flez (Flessus). S.-I.

FLONER (SE): se pâmer de colère ou de surprise. Du Roman enfelonnir: s'irriter. L.

FLONER (v. n.): flaner. A.

FLONEUR: flaneur. De l'islandais flanni: désordonné, débauché.

FLONISE (s. f.): pamoison par l'effet d'une grande colère ou d'une surprise excessive. L.

FLOPER, ou plutôt FLAUPER: frapper, battre. Fipla: battre. En Roman, flauber. A.

FLOQUER (v. n.): vaciller, chanceler, en parlant d'une chose mal fixée. Onomatopée. B.

FLOQUET: incertain, vacillant, indécis. De flot. S.-I.

FLOUEUR: trompeur, escroc, fripon. De l'ancien Argot, afluer: tromper; et de l'Argot nouveau, flouer: voler.

FLOUER: voler. Du verbe latin fraudare.

FLOUETTE: girouette. Du latin fluctuare.

FLUBER: agiter les épaules pour les frotter. Voyez FRIPER.

FLUMES: flegmes; glaires; pituite. L'apothicaire Aliborum s'exprime ainsi dans le Testament de Pathelin, p. 133:

User vous fault de sucre fin,

Pour faire en aller tout ce flume.

Du grec φλεγμα; en latin, phlegma.

FLUTER: boire avec excès.

FO: fou. Du Celtique fol.

FOCHE: fouace, gâteau salé et poivré sans autre assaisonnement. Voyez FOUÉE. B.

FOCHETTE (s. f.): (Lotus Corniculatus). B.

FOICELLE, ou FOISSELLE (s. f.): forme en terre cuite, percée de beaucoup de petits trous, pour faire égoutter le fromage. En patois de Grenoble, faicella signifie un «vase pour faire cailler le lait»; en patois du Jura, «moule de bois à faire des fromages.» Faisselle, en français. Voyez CLICHE. A.

FOIS: moment. Il y a des fois où j'en perds la tête. Patois Lorrain.

FOISIL: briquet, fusil avec lequel on battait un morceau de silex pour en obtenir du feu. Le fuisill, dans Partonopeus de Blois. L.

FOISILLER: remuer la cendre mal à propos. Par extension, déranger. Du latin focus, foyer. A.

FOITER (v. a.): donner, appliquer. «Je li foiterais le fouet.» Ce mot semble un adoucissement du mot foutre employé dans le même sens par les gens grossiers.

FOLE: filet dont on se sert en haute mer, principalement pour prendre les raies. B.

FOLE, ou FOLLE: trombe. De follis, soufflet de foyer.

FOLIER: être atteint de folie. Foloier, dans les Chansons du roi de Navarre. L.

FOLIO: habillements surannés et ridicules. Elle a l'air d'un folio. De folle, ou d'un volume in-folio devenu bouquin. A.

FOLLOT: feu-follet.

FOLUMÈQUE. Voyez FALMÊCHE.

FONCÉE: gestation, portée d'une femelle. Voyez FORCÉE.

FONCER: entrer de force; se jeter brusquement sur. Il a foncé dans la maison: il a foncé sur moi. L.

FONDELER: brûler la terre et la disposer pour l'ensemencement du sarrasin. C'est, à proprement parler, préparer le fonds. A.

FONDELERIE: action de fondeler. A.

FONDRILLE (s. f.): effondrilles, dépôt ou sédiment au fond d'un vase.

FONDRILLON (s. m.): petite fondrille.

FONGE ou FONGUE (PAR MA): par ma foi.

FONTAISIE: fantaisie, caprice.

FORANGUE (s. f.): croûte sur les lèvres d'un malade. B.

FORBAITURE: fourbure.

FORBANNIR: exiler, bannir. De foras, dehors, et de bannir. Employé par Basselin.

FORBU: fourbu.

FORCÉE: portée d'une femelle qui produit plusieurs petits. Une forcée de lapins. De foras, dehors. L.

FORCIR (v. n.): acquérir de la force. L.

FORIÈRE: portion de terre en dehors de la partie labourée. De foris.

FORMAGE: fromage.

FORMAT: furoncle, anthrax, bouton, mal extérieur. De foris.

FORTAN (fort temps): mauvais temps. Faire avoir fortan à quelqu'un: le faire vexer. On dit aussi: faire porter mauvais temps à quelqu'un.

FOU: enragé. Chien fou, chien attaqué de la rage.

FOU (en parlant du lait): lait fou, lait caillé.

FOUADRAILLER: fouailler; faire claquer le fouet à tort et à travers.

FOUAH! fi. Cri de huée et de dégoût. B.

FOUAILLE: feu brillant sans durée.

FOUAILLÉE: fustigation complète.

FOUAILLEUR: libertin.

FOUATIN: tâton, qui s'occupe de riens. Voyez NIGON. L.

FOUATINE. Voyez FOUAILLE, FLAMBINE.

FOUATINER (v. n.): s'occuper de riens, de vétilles. Voyez NIGONNER.

FOUATINES: verges. Du verbe fouetter.

FOUATINER (v. n.), se dit de quelque chose que le vent enlève (Orne). MM. Duméril.

FOUCADE: fougade, emportement fougueux.

FOUCADER (v. n.): éprouver une foucade.

FOUCARAS; FOUGARAS: écervelé.

FOUCHIBLE: facile à effaroucher.

FOUDRER: écraser, en parlant du corps, du buste surtout. En patois du Jura, effoudrai: froissé, moulu.

FOUDRER: s'emporter. S.-I.

FOUÉE (s. f.): feu clair et brillant, fait de branches menues ou de pailles; feu de la bouche du four. Une galette à la fouée est un petit gâteau que l'on fait cuire à la bouche du four pendant qu'on le chauffe. Des mots feu, foyer.

FOUÈNE, FOUINE (s. f.): instrument de pêche. Funa, en patois de Grenoble.

FOUETTER LE CHAT: donner un repas des restes d'un festin. A.

FOUI: four, fournil. O.

FOUILLARD: feuillage.

FOUILLIS: confusion, désordre d'objets. C'est le farrago des Latins.

FOUINER (v. n.): fuir lâchement.

FOUINER, FOUINETER: fureter. A.

FOUINILLARD: qui fouine, rôdeur malfaisant.

FOULON: frelon. L.

FOUR: fournil, pièce dans laquelle ouvre le four et se trouve la boulangerie.

FOURBANCER: toucher à tout, comme pour fourbir.

FOURC: fourchet. Le fourc (dont on ne prononce pas le c) est, suivant Nicot, «toute chose qui fait un angle aigu. Ainsi dit-on le fourc d'un arbre, des doigts, du chemin, des rues: d'où vient ce mot quarre-fourc par composition de quarré et fourc. De ce mot sont dérivés fourches, et semblables». On ne l'emploie, en patois, que dans ces locutions: le fourc du derrière, le fourc d'une culotte. On dit le fourchet d'un arbre. Du substantif latin furca, fourche. A.

FOURCELLE: estomac. En Roman, forcel. Sur ce mot, nous avons donné une note détaillée dans notre édition de Basselin, p. 50.

FOURE (s. f.): foire. L.

FOURÉE ou FOURRÉE: filet attaché sur les bancs de sable, pour y former un parc où le poisson puisse venir se fourrer.

FOURÉE; POIRE-FOURÉE: poire molle. Au figuré, qui a la foure, la foire. Voyez BLET.

FOURER: foirer.

FOURET, TE: petit foireux; petite foireuse. L.

FOURFIÈRE (s. f.): fourche de fer à deux fourchons ou dents, longuement emmanchée. L.

FOURGOTTER, FOURGOUÊNER: remuer avec bruit sans utilité. Dans la Mayenne, on dit fourgâner pour fureter. De fourgon.

FOURLORE (s. f.): sorte de revenant qu'on croit apparaître la nuit le long des eaux, sous la forme d'une flamme errante, qui cherche à égarer les passants pour les perdre. Peut-être de l'ancien mot frelore: vicieux, méchant. Dans Pathelin, p. 60, sa femme lui dit:

Notre fait seroit tout frelore.

FOURNAQUER: c'est, comme fourgouêner, remuer en désordre et avec un bruit importun. L.

FOURNIT: babillard.

FOUROLLE: torche. Voyez COULINE.

FOUROUX, SE: foireux, se. L.

FOURQUE: fourche. Altération d'un juron très-commun dans la bouche des gens grossiers.

FOURRAIGNE (s. f.): fourrage. A.

FOUTAISE: bagatelle.

FOUTEAU: hêtre. Patois Rouchi.

FOUTELAIE: lieu planté de hêtres.

FOUTILLE (s. f.): faine, fruit du fouteau. O.

FOUTIMASSER: faire des niaiseries. Voyez NIGONNER. De fou.

FOUTINER. Voyez FOUATINER.

FOUTINETTE: chose de peu de valeur; bagatelle.

FOUYER: âtre, foyer. Marot dit, dans l'Épitaphe d'Ortis, le more du roi:

Aussi gris qu'un fouyer cendreux

Et noir comme un beau diable ou deux.

FRAINVALE (s. f.): boulimie. Voyez FAIMVALE et FRINGALE. B.

FRAINVALIER: qui éprouve la frainvale.

FRAISER. Voyez EFFRAISER.

FRAMBÉYER (v. a.): nettoyer, en parlant des étables; les débarrasser de fumier. Nettoyer les petits enfants.

FRAMBIER; FRAMBISSEUX: qui touche à tout.

FRAMBIR, v. n.: fureter. A.

FRAMBOYER. Voyez FRAMBÉYER. A.

FRANC-LIARD: franc-réal, sorte de poire.

FRARIN: piteux, chétif.

FRÉ ou FREI, FRÈDE: froid, froide. En patois Walon, freu.

FRÉDURE: froidure.

FREMAILLES: affaires.

FREMEUR: peur, motif de frémir.

FRÉMI (s. f.): fourmi. Patois Bourguignon. Frumihe, en patois Walon.

FRÉNAILLER: faire un bruit agaçant.

FRÉRAGE: association étroite. MM. Duméril.

FRÉREUX (cousin): cousin germain.

FRÉSER: émier. De fresus, moulu.

FRETTE (s. f.): long bâton. De fretus, appuyé. A.

FRETTE (s. f.): bande de toile pour emmailloter un enfant. L.

FRETTER (v. a.): fixer un enfant dans le maillot. L.

FREULÉE: volée de coups (Vire).

FREULER: froler, battre.

FREULIER: garnement. B.

FREUMENT: durement, rudement. B.

FRICAMPOÊLER: mal préparer un mets. De fricasser en poêle.

FRICOT: plat de viande, apprêté pour un repas.

FRICOTER: faire bombance.

FRICOTEUR: celui qui fricote.

FRIGOUSSE (s. f.): mauvais mets. Du mot populaire fricot.

FRIME. C'est bon pour la frime: c'est bon pour l'apparence.

FRIMOUSE; FRIMOUSSE: grosse figure. Du vieux mot flimouse. Patois Lorrain. Patois Troyen.

FRINGALE: boulimie. L.

FRINGALIER: qui a la fringale. L.

FRINOT: garçon meunier. Du latin farina, farinarius.

FRIOLER: affrioler; et, dans le sens neutre, avoir grande envie.

FRIOLET: haricot prédome. De phaseolus.

FRIPE (s. f.): vêtement en mauvais état, bon pour la friperie. Au figuré, le corps. Donner sur la fripe: battre.

FRIPER (SE): se frotter, s'agiter comme les gens qui ont des poux.

FRIPERIE. Voyez FRIPE.

FRIQUENELLE: jeune fille friande et fringante.

FRISDU: terre en friche.

FRISON (s. m.): ruban frisé que produit la varlope. L.

FRISON (s. m.): boucle de cheveux qui frisent par art.

FRŒ (s. f.): sciure de bois. Frou ou froux, en patois Lorrain.

FROLÉE: pain émié dans du cidre ou du poiré.

FROMER; FRUMER: fermer.

FRONTEAU: bandeau ou bourrelet d'enfant. De front.

FROU-FROU (Madame): femme ou fille prétentieuse. Frou-frou est une onomatopée comme taffetas (autrefois tafe-tafe), tirée du bruit que produisent les robes de soie. Id. Patois du Jura. L.

FRU, E: avide. A.

FRUSQUIN. Voyez SAINT-FRUSQUIN.

FULON; FAILON; FOULON; FURON: frelon.

FUMELLE: femelle. L.

FUMELLIER: coureur de femelles, de filles.

FUMER (v. n.): être contrarié. Voyez BISQUER.

FURIEUSEMENT: beaucoup, très.

FURIEUX: gros et fort. On dit d'un enfant qui est fort et gros: il est furieux et grossier. En patois Rouchi, furieux signifie fort. L.

FURLUCHÉ: hérissé, furieux, comme un coq en colère.

FURLUFFER (v. a.) (arr. de Rouen): fâcher, pousser à bout:

Chest pour nous faire furluffer.

FERNAND, Muse normande, p. 26.

Peut-être le même mot que le précédent. MM. Duméril.

FUT: bélier du pressoir à cidre. Tonneau, barrique.

FUTANT: ennuyant. L.

FUTÉ: rassasié, qui en a son soûl. Il signifie aussi avisé, rusé.

FUTER: fatiguer, ennuyer, rassasier, blaser.

G.

GABASSER: sautiller. Du vieux verbe gaber: rire, se moquer. A.

GABEGIE: manœuvre secrète et astucieuse; intelligence avec quelqu'un dans un but coupable. On dit aussi capegie. Dans le patois Lorrain, gabgie signifie un profit illicite. Du Celtique-Breton guap: moquerie, et du Roman gaber. B.

GABELOU: employé des gabelles, maltôtier; sobriquet des douaniers au bord de la mer.

GABERIEN: moqueur, trompeur de femmes. De gaber: plaisanter, se moquer. B.

GABLE (s. m.) (arr. de Vire): pan de mur, pignon; gafl, en islandais. MM. Duméril.

GABOTTER: se balancer en dansant. De l'ancien mot gambe, jambe. On a dit d'abord gambotter: agiter les jambes. A.

GACHARD: sale, malpropre (Manche).

GACHE: pain grossier, gâché.--Gâteau improvisé, cuit à la bouche du four.

GADE (s. f.): jatte. De l'islandais jata. A.

GADE; GARDE; GRADE: groseille à grappes (Ribes rubrum). L.

GADELLE (s. f.): groseille à grappes. L.

GADELIER; GARDELIER; GRADEILLIER: groseiller à grappes. L.

GADEUIL: celui qui, sans être précisément borgne, ne voit, ne regarde que d'un œil; qui a un œil vairon. L.

GADOLIER: garnement, vaurien. B.

GAFFÉE (s. f.): morsure de chien. S.-I.

GAFFER, en parlant d'un chien: saisir brutalement et mordre; manger avidement.

GAGE: avoir, propriété.

GAGIER: gager, parier.

GAGNE (s. f.): gain. L.

GAI: geai.

GAIEUX, SE: trop délicat, dégoûté. Dans le patois de Grenoble, gaillosa signifie glouton. Voyez DÉGAIEUX. L.

GAIL: geai.

GALAFRE. Voyez GOULAFRE.

GALAIGNIE (s. f.): ce que peuvent contenir les deux mains réunies. Voyez JOINTÉE. B.

GALAPIAN ou GALOPIAN: vagabond, galopin. B.

GALAPIAS; GALOPIAS: galopin. B.

GALATINE (Être en): garder la chambre, garder le lit.--Dans la Manche, être en galatine signifie fort endolori, même en état de pourriture, ressemblant, en quelque sorte, à la gélatine. B.

GALER: contraindre, forcer, maltraiter.

GALES: joie, divertissement. J'ai donné, sur ce mot, une note dans mon édition de Basselin (Vau-de-Vire LIII).

GALETER (v. n.): trembler de froid; carillonner avec une ou plusieurs cloches. B.

GALETOIRE: galetière, sorte de poêle à frire, sur laquelle on fait cuire les galettes ou crêpes de sarrasin.

GALETTE: sorte de crêpe, ordinairement de sarrasin, mal à propos nommée galette par ceux qui en font usage. La galette proprement dite est un gâteau cuit au four.

GALFRETIER: gourmand, gorge à tout grain. S.-I.

GALIFRE: gourmand, vorace. S.-I.

GALIMOT: crêpe de sarrasin. O.

GALIR, en parlant du sarrasin: le jeter sous le fléau, pour le battre. Du Celtique-Breton gwalen: fléau (Manche).

GALLET: levier. De gwalen.

GALLINE (s. f.): jeu d'enfants. Voyez QUILLEBOCHE.

GALLOCHE (s. f.): même jeu.

GALLOIS, SE: gaillard. De l'islandais gala, se divertir.

GALLON: ancien vase ou cruche à large ouverture, contenant environ 4 litres. Porté en Angleterre par les Normands dans le XIe siècle. De la basse latinité galo. Voy. Du Cange.

GALLONNÉE: plein un gallon.

GALMIN: petit valet. De gamin. Voyez GOUGEARD.

GALON ou plutôt GALOP: réprimande. Donner un galop.

GALOT: tourte aux pommes. Voyez BOURDIN.

GALOTTER: carillonner.

GALUE: louche. Voyez BICLE, ÉGALUER.

GALVADAIRE: vagabond. B.

GALVAUDER (v. a): tripoter, ne pas ménager une chose; gâcher de l'ouvrage. L'Académie définit ce verbe: réprimander durement.

GAMACHE (s. f.): sorte de guêtre de coutil ou de toile, assujettie ordinairement autour de chaque jambe par des cordons. Du Cange dérive ce mot de campagus. En italien, gamascia: c'est de là que vient gamache. Les Languedociens disent gamacho. Je préfère considérer ce substantif comme une altération de gambache, vêtement des gambes, jambes.

GAMBE: jambe.

GAMBÊLER: agiter les jambes presque convulsivement. Voyez GAMBILLER. B.

GAMBET: croc-en-jambe.

GAMBETTE: petit couteau, dont la forme était primitivement celle d'une petite jambe.

GAMBIER: pièce de bois à laquelle les bouchers suspendent la viande. B.

GAMBILLER (v. n.): remuer désagréablement les jambes en marchant.

GAMBU: qui a de longues jambes.

GAME (s. f.): écume de la bouche d'un animal. Voyez BROUE. A.

GAME: soufflet sur la joue.

GAN (s. m): gain, bénéfice. Voyez GAGNE. A.

GANDOLER: balancer, remuer désagréablement B.

GANIPION: garnement. En patois de Grenoble, on appelle ganippa une personne couverte de haillons. Voyez GALAPIAN.

GAPAS: balle d'avoine.

GARCE; GARSE: fille. C'est le féminin de gars. Patois du Jura.

GARCETTE: petite fille, fillette. En patois du Jura, garçotte, gachotte.

GARCHONN: garçon. S.-I.

GARÇONNIÈRE: fille qui court après les garçons et les fréquente trop. Du verbe garçonner: hanter les garçons.

GARCU ou plutôt GARE-CU: jupe, cotillon.

GARDE-HEURT: borne, appui. De garder, préserver, et de heurt.

GARDE-ROBE: aurone (Artemisia abrotanum); parce qu'on croit que cette plante éloigne les teignes d'une garde-robe. B.

GARDE; GARDELLE. Voyez GADE. S.-I.

GARDIN: jardin.

GARDINIER: jardinier.

GARE: de couleur bigarrée. Bœuf gare, vache gare. Du latin varius, varié.

GAREAU: bœuf ou taureau gare ou bigarré.

GARGACHE: culotte. Du vieux mot gargaisse. V. mes Chansons normandes, p. 233.

GARGOTIER: ouvrier employé au blanchissage des toiles. De gargote, mauvais cabaret, dans lequel ces ouvriers vivent trop souvent.

GARIR; GUARIR: guérir. Ancien français.

GARISON (s. f.): guérison.

GARREAU: sorte de pain de froment, de qualité supérieure. A.

GARROT: levier. L'Académie définit ce mot: un bâton pour serrer. Le garrot de nos vieux auteurs est à peu près le pedum ou la houlette du berger. A.

GARROUAGE: vagabondage. Ces bestiaux sont en garrouage: sont errants et causant du dommage. Du vieux mot garrou, loup-garrou (loup errant). Voyez VAROU.

GARSAILLES (s. f.): enfants. P.

GAS: garçon. De l'ancien mot gars, conservé en Bretagne et en Franche-Comté. A.

GASE (s. f.): vase, bourbier. C'est le g pour le v. Voyez ENGASER.

GASPIL (s. m.): gaspillage. A Valognes, on dit gaspille (s. f.); jeter à la gaspille.

GASTOUSER: couper mal les cheveux. De gast, dévastation, et de touser, tondre. L.

GATER: répandre, en parlant des liquides. Gâter de l'eau: uriner.

GATON: levier court.

GATONNER: se servir du gaton pour serrer la corde sur une charrette.

GATTE: jatte. Voyez GADE.

GATTE: marelle, sorte de jeu.

GATTECOFVE: sorte de gâteau, autrefois en usage à Dieppe, suivant Moisant de Brieux (Orig. de quelques Cout. anc., p. 65).

GAU: coq. De gallus. Dans l'ancien Argot, gau signifie pou. B.

GAUBERGER; GOBERGER (SE): se carrer.

GAUD: niais. De nigaud, par aphérèse.

GAUDENCES: contes réjouissants. De gaudere, se réjouir.

GAUNE: jaune. S.-I.

GAUNETER: perdre son temps à babiller. O.

GAUPAILLER: avaler avec voracité.

GAUPLUMÉ: celui dont les cheveux sont ébouriffés comme les plumes d'un gau (coq); chiffonné. L.

GAURE: grosse femme désagréable; truie. Les ennemis d'Isabeau de Bavière l'appelaient la grande Gaure.

GAURER: se pavaner avec orgueil. Du grec γαυρος.

GAUSANT: dégoûtant. O.

GAUT: bois, forêt.

GAUTIER: oison, le mâle de l'oie. A.

GAVAILLER: gaspiller. B.

GAVAS: brutal. En espagnol, gavacho signifie lâche, et gavasa, fille publique. B.

GAVER: gorger. S.-I.

GAVIAU; GAVION: gosier. S.-I.

GAVIGNOLE (s. f.): gaîté désordonnée, provenant d'une ivresse enjouée. Du latin gavisus, réjoui.

GAVIGNON; GAVIGNOLLE: ivresse folle. Du latin gavisus.

GAVILLEUX, SE: mauvais, dangereux. Du celtique-breton gwall (Vire).

GEALE (s. f.): engelure. Dans le Roman, enjallé signifie gelé. Ejallé, dans le patois Walon. Du latin gelu, gelée. A.

GEALLEUX, SE: qui a des engelures.

GEARSE (s. f.): brebis pleine. Du verbe latin gerere, d'où notre substantif gestation. Voyez GERSE. A.

GÈBE: gale du chat. B.

GÉGIGNE (s. f.): ventre. De gésine. A.

GENCER (v. a.): arranger, disposer. D'agencer, par aphérèse.

GÉNISSON (s. m.): génisse. L.

GENISSON: seneçon (Senecio vulgaris). B.

GÊNOTTE (s. f.) (Bunium denudatum). B.

GENOTTE (s. f.) (Œnanthus pimpinelloïdes). Voyez JANOTTE. A.

GENOUILLET (Veronica hederæfolia). B.

GENOUILLONS (A): sur les genoux, comme à ventrillons: sur le ventre.

GENS; NOS GENS: mon père et ma mère. Les gens par excellence. L.

GÉOTE: arroche (Atriplex hortensis). A.

GERGAUD (s. m.): fille qui folâtre avec les garçons. Voyez SERGAUD.

GERGAUDER: folâtrer en gergaud.

GÉROFLÉE: giroflée (Hesperis violaria).

GERQUE: brebis. Du latin vervex.

GERSE: brebis dans l'état de gestation. Voyez GEARSE. A Bayeux, gerse: vieille brebis. A.

GERZIAU (s. m.): espèce de lentille sauvage, qui croît dans les blés et infeste les sillons. A.

GESTÉ: arrangé. Il se prend en mauvaise part.

GESTÉE (s. f.): quantité, abondance. Du verbe latin gerere. Voyez VESTÉE.

GHÉROUÉSELLE (s. f.): groseille à maquereau (Ribes uva crispa).

GIBLOU. Le bon Dieu de Giblou: divinité dérisoire. On appelait la Chronique de Sigebert de Gemblours Chronique de Sigebert de Giblou. L.

GIÈVRE: harle hupé. Voyez VIAR. B.

GIFE; GIFLE: soufflet. Voyez JAFE.

GIGALER. Voyez GINGLER.

GIGNOSSÉS: curiosités introuvables. L.

GIGORGNE; GIGORNE: pièce de bois très-noueuse. De gigot et du latin cornu.

GILER; GILOIRE. Voyez JILER, JILOIRE. A.

GIMER: pleurer, gémir. Du latin gemere.

GINGEOLE (LA): étourdi qui saute et gingue. L.

GINGLER; GINGUER: sauter, folâtrer. De gigue, gigot.

GINGUETTE: jeune fille qui aime à ginguer.

GIPOUTRER, ou plutôt JIPOUTRER. Voyez JIFER.

GIRIE: farce, fausseté, supercherie.

GIRONNÉE (s. f.): plein un tablier. Voyez GRONNÉE.

GIROT, pour GILOT: sot, grimacier. De Gilles; Gire.

GISIER: gésier. Id. patois du Jura. A.

GITRE; GIÈTE; GITE: madrier, solive, poutrelle.

GLAM (Frutercula arctica). B.

GLAM: crêpe, carême-prenant. Eure.

GLAM: Guillaume. Contraction du latin Willelmus ou de l'anglais Williams. B.

GLAMET; GLAUMET: logette pyramidale de menues branches pour prendre les oiseaux. Du nom de quelque individu nommé Guillaume, qui l'aura inventé.

GLAMOT: Guillaume. B.

GLANE (s. f.): sorte de bouquet d'ognons, de tiges de blé, recueillis et liés ensemble. Du verbe glaner.

GLATIR: japer, hurler. Du verbe glapir.

GLAUDE: dupe, imbécille. De l'empereur romain Claude. Dans le patois du Jura, englauder: duper.

GLEU; GLU: glui, paille de seigle. En Champagne, on dit: glu. On lit, dans une chanson anonyme du XIIIe siècle:

Robin a d'autruy de mi

Pris chapel de glui.

GLEUMER: engloutir. S.-I.

GLISE: glaise.

GLONDAT: ajonc (Ulex europæus). Manche.

GLORER: sommeiller, dormir en ronflant. Onomatopée. A.

GLOT: ver blanc, qui attaque la viande et le fromage. Voyez GUILLOT.

GLOT, TE; TERRE GLOTTE: terre mal brisée par le labourage. De glu.

GLOUTE (qual.): gâté. De l'islandais glata, perdre.

GNIAF: mauvais cordonnier.

GNIAGNIAN: lambin, tâton. De fainéant prononcé faigniant. Dans le patois Berruyer, gniogniot.

GNIAQUÉE (s. f.): morsure de chien. Voyez GAFFÉE. Du Roman, gnac: coup de dent. B.

GNIAS: enfant à la mamelle.

GNIEU: œuf laissé dans le nid pour y rappeler la pondeuse. Voyez NICHET.

GNIOLLE. Voyez NIOLLE.

GNIOLLER: niaiser; faire ou dire des riens. De nihil, rien.

GNIOT: nigaud. Voyez GNIAGNIAN.

GO: essor, élan. Tout de go: d'emblée. En anglais, go signifie aller.

GOBANT: gourmand. De gober, manger avec avidité. MM. Duméril.

GOBELIN; GOBLIN; GOUBELIN: sorte de revenant ou d'esprit follet, plus espiègle que malveillant. Du celtique-breton gobilin: feu-follet, lutin, etc. Orderic Vital parle du Gobelin dans le livre V de son Histoire, et le cite comme un démon qui apparaissait à Evreux. MM. Duméril dérivent le mot gobelin du grec κοβαλος, ou de l'allemand kobold. Je croirais plutôt que, comme notre vieux verbe gaber, il pourrait venir de la basse latinité gabbatina, plaisanterie. Gobelin serait tout simplement l'altération de ce mot ou du gobilin celto-breton. Nous avons parlé du gobelin avec quelque détail dans le t. I de nos Archives normandes.

GOBELOTER: faire les froncements ou plis que les blanchisseuses impriment au linge fin. Froncer. L.

GOBET: petit morceau de pain, de bois, etc.

GOBINE (s. f.): repas de gourmands. Du verbe gober. Voyez GUEULETON. A.

GOBINER: manger avec friandise. Diminutif de gober. Il signifie aussi se rengorger.

GOBINETTE (s. f.): petit régal entre enfants.

GOBINONNER (v. a.): se moquer de. S.-I.

GOCE: aise, aisance. De l'islandais gots, richesse. B.

GODAILLER: s'enivrer dans un mauvais cabaret, et en mauvaise compagnie. L'Académie définit ce verbe: boire avec excès. De godet, vase pour boire. Peut-être (comme le pense M. Bastide, de l'Académie de Prusse) godailler vient du mot goodale (good ale), bonne bière. Il arrive souvent qu'en passant d'une langue dans une autre, les mots changent d'acception et prennent un sens de mépris: c'est ainsi que nous employons en mauvaise part le substantif hère, qui vient du latin herus, et de l'allemand herr, maître; et le mot rosse, quoiqu'en allemand, d'où nous l'avons tiré, il signifie un cheval. L.

GODAN: discours ennuyeux et rebattu; bavardage inintelligible. De God dem, juron anglais qui choquait tant nos aïeux, pendant l'occupation du XVe siècle. Godan signifie raillerie, en patois Lorrain, et vient probablement du mot latin gaudium. Il paraît que, dans l'arrondissement de Valognes, on dit: donner dans le godan, pour donner dans le guêpier.

GODANDARD: très-grande scie dont se servent les charpentiers.

GODE: gade, genre de poissons jugulaires de la famille des Auchénoptères.

GODICHE: nigaud, emprunté. De gauche.

GODIONNER: arranger avec beaucoup de soin. Du patois Vitréen godin, gentil, lequel emploie godinement: doucement, avec mignardise. M. de Montmerqué, dans une de ses notes sur les Lettres de Mme de Sévigné (Lettre du 22 juillet 1685), s'est trompé lorsqu'il a dit que godinement signifiait gaîment.

GODON: ventru. Dans son XLe sermon de l'Avent, Olivier Maillart crie beaucoup contre les gros godons, et, dans son XXIVe sermon, il dit: «Le mauvais riche erat unus grossus godon, qui non curabat nisi du ventre.»

GODONNER: jurer. De goddam.

GODRON: goudron.

GOGAIL: niais, sot. B.

GOGAILLE (s. f.): repas de gourmands, où l'on se met en goguette. L.

GOGON: doux, mignon. Voyez AGOGONNER. A.

GOGUE (EN), expr. adv. (arr. de Mortagne): être en joie, de jocus, comme goguette. MM. Duméril.

GOGUER: folâtrer, en parlant des animaux. De jocare.

GOHANNIER: valet qui apporte dans le champ les aliments des moissonneurs. De l'anglais go: aller, et d'ahan: peine, fatigue.

GOHÉE: grande joie, rires bruyants. De gaudium. Voyez AGOHÉE.

GOLEAU: ivrogne goulu.

GOMER (s. m.): palais de la bouche; gorge.

GOMION: gourmand, vorace. Dans le patois Troyen, un régomion est le reste d'un bon repas. L.

GOMIONNER: manger en gourmand.

GOMIONNERIE: gourmandise.

GORE (s. f.): truie. Du latin gorretus. On disait autrefois une gorrière pour une truie. Court de Gebelin dérive ce mot du celtique gawri, crier. Dans le patois du Jura, gouri signifie un petit cochon, un goret. A.

GOREAU: ulcère. De gore, mal vénérien. B.

GORER: languir. MM. Duméril lui donnent aussi le sens de regarder manger avec envie d'en faire autant.

GORGE (GROSSE): goître.

GORGE-ROUGE: rouge-gorge. Voyez ROUGE-POUQUE.

GORGÈRE; GORGERETTE; GORGETTE: ce qui sert à attacher la coiffure à ou sous la gorge.

GORIN: goret, jeune porc. De gore, truie.

GORNINFLER (v. n.): écornifler. L.

GORRHE; GORE (s. f.): mal vénérien. S.-I.

GOSER: gaver, soûler. Au figuré, ennuyer.

GOSILLER: éprouver des nausées; vomir. L.

GOSSE, ou GAUSSE: mensonge plaisant. Du verbe gausser.

GOSSER, ou GAUSSER (v. n.): jouer ensemble, en parlant des enfants. Il signifie aussi donner des gosses. A.

GOSSIER: paille de sarrasin.

GOTTON: Margotton, qui signifie Marguerite, par aphérèse. L.

GOUAILLE (s. f.): raillerie de mauvais ton. Patois Troyen.

GOUAILLER: se moquer, railler. Patois du Jura. Patois Lorrain.

GOUAILLERIE. Voyez GOUAILLE.

GOUAILLEUR: plaisant, facétieux, goguenard. En patois du Jura, gouailloux.

GOUAPER: jaser, plaisanter (Valognes).

GOUBELIN. Voyez GOBELIN.

GOUBELINÉ: qui a des visions; qui croit voir le Goubelin ou Gobelin. (Valognes).

GOUGEARD; GOUJARD: gamin. Petit valet de ferme. De goujat.

GOULAFRE; GOULAFRIER; GOULIAFRE: gourmand. De gulafer, dans la basse latinité.

GOULARD. Voyez GOULIBAN.

GOULE: mâchoire; gueule. Du latin gula. Dans le département de l'Orne, le mot goule n'a rien d'offensant. Les nourrices appellent les enfants: chère goule; ma petite goule. On dit d'une personne friande: c'est une goule fine. A.

GOULER: vomir; rendre gorge.

GOULÉYANT: appétissant. A.

GOULIAS: goguenard, bavard.

GOULIBAN: gourmand. B.

GOULICHONNER: baiser indécemment sur la bouche. A.

GOULIMAUD. Voyez GOULIBAN.

GOULINE: sorte de bonnet de femme, qui enveloppe le bas de la figure, la goule. A.

GOUNELLE: cotte, jupe. De l'ancien français gonelle, et gone: robe.

GOUORFOULER: meurtrir. Voyez GOURFOULER. B.

GOURAS: gourmand. L.

GOURCIR: écraser. De gourd. Gourcir, c'est engourdir à force de coups, ou par une violente pression.

GOURER: tromper. C'est le verbe dont le substantif goureur est dans le Dictionnaire de l'Académie.

GOURFOULER: presser; fouler au point de meurtrir. B.

GOURGOUSSER: faire du bruit dans la gorge; gargariser. Par extension, bouillir à bouillons gros et sourds.

GOURMACHER: mâcher malproprement, en gourmand. A.

GOURMAND; GOURMAS: goéland. B.

GOURMELER (v. n.): grommeler.

GOURMITON: gourmand.

GOUROUFE; GOUROUFLE: sorte d'insecte (Blatta orientalis). B.

GOUSPILLER: houspiller, maltraiter. L.

GOUSPIN: gamin.

GOUSSON: gousset.

GOUSSON: gratte-cul, fruit de l'églantier.

GOUVILLER (v. n.): se moquer de quelqu'un en face.

GOUVILLON: sorte d'anneau, de bague. Du Roman govion.

GOUYÈRE: petite mesure pour la crême. (Pont-Audemer).

GRAANTER: accorder. De la basse latinité graantare. Roman.

GRABOTTE: tête du silique de graine de lin. A.

GRACIER: remercier, rendre grâces.

GRADE: petite groseille. S.-I. M.

GRADÈLE: petite groseille. B.

GRADELIER: groseillier à grappes. B.

GRADILLE: petite groseille.--A St.-Lo, gradille signifie oseille, selon MM. Duméril.

GRADILLIER: groseillier à grappes.

GRAFFINER: gratter légèrement. On trouve ce verbe dans Rabelais.

GRAILLONNÉ: sal, malpropre; qui sent le graillon. MM. Duméril.

GRAILLOT: miette, reste.

GRAINIR: grener; monter en graine.

GRAISSET: sorte de lampe en fer. Ferrand dit, dans sa Muse normande:

De malheur je n'avions ni graisset ni candèle.

GRANCHE: grange. Du latin barbare granchia, dans une charte latine de 1294, rapportée par Vallois (Notit. Gall., Præf., p. 17).

GRAND, E: grand-père; grand'mère. Mon grand, pour mon grand-père.

GRANMENT: grandement, beaucoup.

GRANGE (s. f.): pièce de toile, sur laquelle on bat le sarrasin, dans le canton de Carrouges. A.

GRANGETTE: sorte de cage ou de piége pour prendre des oiseaux.

GRAPE FRANCHE: crabe de la meilleure qualité. B.

GRAPE ENRAGÉE: crabe commun. B.

GRAPPER (SE): s'attacher à. B.

GRASSE-POULETTE (Chenopodium album). B.

GRAU (s. m.): boue liquide. Voyez BOUILLON. B.

GRAVÉ, en parlant des effets de la petite vérole: marqué de petite vérole.

GRAVOIS: gros gravier.

GREC, QUE: avare, rusé. B.

GRECQUERIE: trait d'avarice. B.

GREDIL: gril. Du latin craticula. S.-I.

GREDIR: frissonner. Voyez CRÉTIR.

GREDIN: avare, ladre.

GREDINER: faire les choses avec une excessive mesquinerie. Gredinerie en est le substantif.

GRÉDOLE: branche sèche tombée d'un arbre. M.

GRÈGE (s. f.): affinoir. (Manche.)

GRÉGIR: froncer.

GRÊLAIRE: malheureux. De grêle, gracilis. S.-I.

GRÊLÉ (de petite vérole). Voyez GRAVÉ.

GRÊLÉ: ruiné comme un champ que la grêle a dévasté.

GREMIR: écraser. Peut-être de grain. Alors l'origine de ce verbe serait la même que celle d'un Lithospermon qu'on appelle gremil, et que Ménage dérive de granum milii: grain de mil ou de millet. En effet, gremir c'est, pour ainsi dire, réduire en grains aussi petits que ceux du mil. En patois du Jura, gremer. A.

GRENONS; GUERNONS: moustaches. De crinis.

GRESILLE (s. f.): grésil; petite grêle. A.

GRESILLÉ DE: tout couvert de.

GRÉSILLON: grillon.

GRÉSIR (v. n.): grelotter de froid. L.

GRESSET: petite grenouille verte, qui monte sur les arbres.

GRETTE (s. f.): chenevotte. De cannabis, chanvre. A.

GRÈVE: grive. B.

GRIAU (s. m.): ce qui reste du lard, dont on a fait fondre et extrait la graisse. Voyez CRETON et RILE.

GRIBICHE (s. f.): grigou féminin. Voyez GRIPI. L.

GRIBICHON: même sens que GRIBICHE.

GRICHE (s. f.): grimace de mécontentement. Du verbe grincer. B.

GRICHER: faire la griche; témoigner du mécontentement par une attitude boudeuse.

GRICHET; GRINCHET: grincement de dents, pour exprimer la moquerie.

GRICHEUX: grondeur.

GRICHIR: pleurer. (Manche.)

GRICHU, E: dont la figure exprime la mauvaise humeur. B.

GRIFFER: égratigner. De griffe. Voyez ÉGRIMER; ÉGRINFLER.

GRIGER: froncer. Voyez GRÉGIR.

GRIGNE (s. f.): partie de la croûte du pain qui est la plus brisée et la plus savoureuse. En patois du Jura, gregnon: croûton. Voyez BAISEUL.

GRIGNER: grincer.

GRILLER (v. n.): glisser.

GRIMAUD: refrogné, e; de mauvaise humeur. Dans notre français actuel, grimaud est un terme de mépris, que l'on applique ordinairement aux écoliers paresseux. Furetière le dérive de grammaticus, élève de grammaire. Ménage, qui ne s'arrête pas en si beau chemin, dit que l'italien grimaldo, qui vient du latin rimari, chercher, est la source du mot français grimaud. Je ne partage pas ces opinions. Comme le grimaud est refrogné, se ride le front, je pense qu'il faut en chercher l'étymologie dans le substantif italien grimo, ride, d'où vient aussi grimace, etc.

GRIMELIS: mélange, fouillis.

GRIMELOTÉE (s. f.): œufs brouillés. On dit aussi des œufs à la grimelotée.

GRIMELU, E: marqueté de petite vérole. C'est ce qu'en Suisse on appelle cretu (voir la Nouvelle-Héloïse, part. IV, lettre 8). Grimm, en celtique-breton, signifie grimace, et a donné naissance au grimo des Italiens. C'est de grimm que nous avons tiré notre vieux mot grimelin, qui voulait dire un polisson; mais, comme notre mot patois grimelu ne se prend pas en mauvaise part, il y a lieu de présumer qu'il vient du celtique-écossais gram (en composition, grim), qui signifie raboteux: tel est, en effet, le visage marqué de petite vérole. En patois du Jura, gremoulu: raboteux, couvert d'aspérités. A.

GRIMER: égratigner. De grin, ci-après.

GRIN: griffe; ongle. Enfoncer ses grins dans: enfoncer ses ongles dans.

GRINCHER: égratigner; donner des coups de grin.

GRINDEAU: tourne-pierre (Strepsilus interpres). B.

GRINGALET: homme chétif de corps et d'esprit. Patois du Jura.

GRIPER: grimper. Par syncope. Patois Walon.

GRIPI: la femme du Diable; méchante femme. De grip, l'une des filles du géant Géirrod, dans la mythologie scandinave.

GRIPILLON (s. m.): touffe de petites branches provenant d'une végétation extravasée; branches chiffonnées qui se forment en bouquet dans le poirier et dans le pommier, à peu près comme fait le gui.

GRIPONNER: voler, dérober. S.-I.

GRISON: quartz; caillou d'une excessive dureté.

GRIVELOTÉ: grivelé, tacheté de blanc et de roux ou de noir, comme la grive. L.

GROBIS: important, fier (bis grossus). MM. Duméril.

GROC; GROG (s. m.): aspérités que présente la boue durcie par la gelée, qui rendent le chemin raboteux et la marche difficile. A.

GROISELÉ: demi-cuit, en parlant d'un fruit. A.

GROISELLE: groseille, fruit du groseillier épineux; groseille à maquereau. Marot a dit:

De ses traités non valant deux groiselles.

GROISELIER: groseillier épineux.

GROLLE (s. f.): corneille; corbeau. Grailli, dans le patois de Grenoble.

GROLLER: tousser; expectorer; remuer.

GROLLES (s. f.): mauvais souliers. Ce mot est usité en Savoie.

GROMACHER; GROMENCHIER; GROMENCHER: grommeler.

GRONNÉE: plein un tablier. De giron. En patois Lorrain, on dit gironnée. Syncope. L.

GROS, en parlant du cidre: pur, sans addition d'eau. L.

GROSSET: rondin.

GROSSIER: gros et fort.

GROU: eau fétide, eau bourbeuse. Du bas latin groua, marais.

GROUAIGE. Voyez GARROUAGE. A.

GROUCER: réprimander;--remuer légèrement Groa, disent MM. Duméril, signifie à la fois mettre en mouvement et se mettre en colère.

GROUE: gelée, glace. Voyez GROC. A.

GROUÉ; GUÉROUÉ: gelé en parlant de linge mouillé qu'a frappé la gelée. On dit aussi la boue est grouée.

GROUÉE (s. f.): fruits à pressurer, tombés avant leur maturité et que l'on recueille. Voyez DÉTÉ et TUIS. S.-I.

GROUER: égrainer; faire tomber les fruits d'un arbre. De crouler.

GROUET; GROUETTE: gros gravier. Terre de grouette: terre mêlée d'une grande quantité de gros gravier.

GROULONNER: renâcler. (Manche.)

GROUSSER; GROUCER: murmurer, gronder. C'est dans ce dernier sens que l'emploie l'auteur de la Danse aux aveugles. Du latin glocitare, glousser. L.

GROUSSER: remuer légèrement B. 15

Note 15: (retour) C'est le même mot que nous avons mis plus haut: GROUCER. MM. Duméril et Louis Du Bois diffèrent ainsi quelquefois par l'orthographe. J. T.

GRULÉE: bouillie de gruau d'avoine. A.

GUAI: grivois. S.-I.

GUAI: glui. Voyez GLEU.

GUAITER: soigner, s'occuper de. S.-I.

GUANCHER (v. n.): dévier; aller de travers; broncher.

GUÉ, E: ruiné, e. De gueux. A.

GUÉDÉ: farci, rempli de, gonflé. B.

GUÉDER (SE): se mouiller et se crotter. Voyez BODER, GUÉNÉ, VADELER.

GUÉDINER, ou plutôt, GRÉDINER: frissonner de froid. Voyez CRÉTIR.

GUÉDOT: porc; qui aime à être guédé de nourriture.

GUÉNÉ: crotté et mouillé. Voyez GUÉDÉ.

GUÉNER (SE): se crotter et se mouiller. A.

GUENETTE: femme ou fille de mauvaise vie. Du français gouine.

GUENIPPE: femme déguenillée. De guenon.

GUÉNONNER (v. n.): se morfondre; croquer le marmot. L.

GUERBIÈRE: bouche démesurément grande, dans laquelle on pourrait faire entrer une gerbe.

GUERDONNER: récompenser. Joinville écrit guertedonner. Basselin (Vau-de-Vire IV de mon édition) dit:

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