Glossaire du patois normand
J'avonn d'qué sifler deux pots d'cidre
Nà la santé d'not parlemann. S.-I.
NA (particule comme da). Je n'en veux pas, na! C'est moi, na! L.
NAFLARD: nasillard.
NAFRE; NAFREURE: blessure considérable. Du verbe roman navrer: blesser. Wace se sert du mot nafre dans le Roman de Rou (t. II, p. 257). Nafra, dans le patois de Grenoble. B.
NAGRE: traître.
NAH! juron affirmatif, susceptible de bien des nuances par le ton et par l'accent.
NAITÉ: nativité, naissance, origine.
NAIER (un lit, quand on le dresse): le border par le repli de la couverture pour le contenir avec les draps.
NAIN. Voyez HAIM. L.
NAMPS (m. pl.): gage, nantissement.
NAN PUS: non plus; pas plus. S.-I.
NANAN (s. m.): bonbon, friandise, etc.
NANETTE; NANNON (s. f.): Anne. L.
NAPERON: essuie-main. De nappe. L.
NAPIN: petit garçon.
NAQUETER (v. n.): grelotter; claqueter des dents; frissonner de froid. Onomatopée. Naques, en patois Remois, signifie les dents.
NAQUETS: yeux.
NAR (A): à cru. Monter un cheval à nar.
NARÉ: rusé. Voyez FINARÉ. L.
NARER (v. n.): se morfondre dans l'attente.
NARIAU: mouchoir. De nares, les narines.
NARREUR, SE: parleur prolixe.
NAS (s. f.): fourgon; torchon attaché au bout d'un long bâton pour nettoyer le four. Au figuré, fille de mauvaise vie. En patois Walon, nahi signifie fouiller, et fourgon.
NASIAUX: naseaux; narines des chevaux, des bœufs, etc.
NATER: nettoyer.
NATRE: avare. Voyez NAGRE.
NAU: feuille de plomb ou de zinc, qui se place à l'angle rentrant d'une couverture en ardoises, pour servir de gouttière. M. l'abbé Decorde.
NAU: partie centrale de la portion du pressoir qu'enceint l'auge circulaire dans laquelle sont écrasés les fruits, sous les meules que soutient un rayon, partant d'un pilier dressé au milieu du nau. C'est dans le nau que l'on dépose les fruits pour les verser dans l'auge, au fur et à mesure du pilage. M. Lepingard.
NAUNON: Nanette, Anne.
NAVÉE: charge d'un navire, d'un bateau. Ce mot est fort employé, sur les bords de la Vire, pour la charge de tangue que porte une gabare.
NAVIAU: navet. S.-I.
NAVIÈRE: champ de navets.
NAYER: noyer.
NE TOUT: non plus. De non et d'itout.
NÉ; NÈCHE; NER: noir. De niger, ou de l'italien nero.
NÉFILE; NEUFILE (s. f.): ruban de fil.
NELLER (v. a.): calfeutrer.
NENNIN: nenni, non.
NENTILLE (s. f.): lentille (Ervum lens). Patois Lorrain.
NÉQUIER; NÉTIER; NÉTIR: nettoyer.
NERCHIBOT: moricaud.
NÉRET (s. m.): ordure noire.
NÉRET: légèrement noir; noirâtre.
NERFIL: cordonnet. Dans les chansons anciennes que j'ai recueillies à la fin de mon édition de Basselin, p. 233, on trouve ce couplet:
J'avais une belle gargache (culotte)
D'un fin coutil,
Passementée avaud les gambes
D'un biau nerfil.
NERPIN, E: désagréablement noir, moricaud. L.
NERVENT: vent froid par un temps couvert. De noir et de vent.
NET: et.
NÉTIER; NÉTIR: nettoyer. Nêttie, en patois Walon. L.
NEU: neuf.
NEUCHE; NEUCHER; NEUCHIER: noce, nocer. S.-I.
NEUCHERON: le personnage principal de la neuche; le nouveau-marié.
NEUCHOUX: noceur, dissipateur.
NIACOTER: mâchonner; presser avec les dents sans broyer.
NIAFFE: savetier.
NIAN: rien. De néant.
NIANMOINS; NIANMAINS: néanmoins.
NIAU. Voyez NICHET.
NIC: nid. Nic-à-rats: mauvaise habitation. L.
NICHET; NICHEUX; NICHOT: mauvais œuf, ou pain de craie en forme d'œuf, ou même un bout d'os arrondi, que l'on place dans le nid de la poule ou des autres oiseaux de basse-cour, pour les engager à venir pondre dans le même endroit. En patois Walon, niau.
NICHOT: nigaud.
NIÉMAINS: néanmoins.
NIER (v. a.): noyer.
NIET; NIEU. Voyez NICHET.
NIEUCHE: nièce. S.-I.
NIEULE (s. f.): nielle. B.
NIEUT: nuit L.
NIFE: clair. Cidre nife; vin nife.
NIGAISE: Nicaise. S.-I.
NIGE (s. f.): neige. De nix.
NIGEOTTER: s'occuper de bagatelles. De nugari.
NIGER: nicher, cacher comme dans une niche.
NIGON, NE: qui s'amuse à des niaiseries; lambin, tâtillon. Dans l'Orne et en Bretagne, on dit nigeon. Du latin nuga. Autrefois, niger: badiner. Nige, nigeon, niger, dans la Mayenne. L.
NIGONNAGE: travail minutieux. L.
NIGONNER: s'amuser à des riens; niaiser.
NIGUE A NIGUE: but à but A.
NIGUEDOUILLE: niais, nigaud. Nicdouille, en patois Troyen; niquedouille, dans le patois des Vosges.
NIJOTER: vétiller, nigonner. Voir ce mot.
NIO; NIOLE: niais, timide, nonchalant.
NIOLLE ou GNIOLLE: niaiserie. Au figuré, taloche, tape. Aphérèse de tourniolle. Voyez ce mot.
NIOT: nigaud.
NIQUET: délicat.
NITOUT: non plus.
NIVELER: niaiser; faire des nivelleries.
NIVELLERIE: travail minutieux, consacré à des bagatelles.
NIVELOTER: s'amuser à des riens.
NIXE: non pas!
NO: nous; nos; notre. Les paysans disaient autrefois: «Noblesse no blesse». Nos, en patois Walon.
NO: on. No dit: on dit; no-s a: on a.
NOBLE (s. m.): porc. Ancienne expression moqueuse des paysans, parce que le porc n'est bon qu'après sa mort. On disait aussi: Notre gentilhomme; notre vêtu de saies.
NOBLIAU: pauvre noble; gentillâtre.
NOC (s. m.): conduit pour l'écoulement de l'eau. Suivant Pluquet, le noc, dans le Bessin, est «un espace formé par l'auge circulaire des pressoirs à cidre». Noc signifie encore pale d'un moulin.
NOCE: morceau. Couper son pain par petites noces.
NOCER: faire des bombances.
NOCEUR: qui fait des bombances.
NOE; NOUE: sorte de gouttière, formée par la rencontre de deux pans de couverture, et par laquelle s'écoulent les eaux des toits de bâtiments situés dans des directions différentes. M. Lepingard.
NŒUD GABRIET: le cartilage tyroïde, que quelques personnes appellent la pomme d'Adam, avec autant de fondement qu'elles prétendent que l'homme a une côte de moins que la femme.
NOIRCHIBOT: petit homme moricaud. Chibot: ciboule. Voyez NERCHIBOT. B.
NOIRET; NOIROT: tirant sur le noir.
NOIRQUIN: celui dont le teint est un peu noir.
NOLÉE (Avena precatoria). B.
NOMBLE (s. f.): ventre des bêtes à cornes. Du latin ombilicus, nombril. Par épenthèse. L'Académie entend par nomble la proéminence qui se trouve entre les cuisses du cerf. A.
NOMBLET: filet de porc. A.
NOM-DES-OS! Juron. M. l'abbé Decorde.
NOMMANCE: baptême d'un enfant. De nom.
NON FAIT; NON FERA: non pas. Locutions elliptiques.
NOQUE (s. f.): flèche du timon d'une charrette; entaille à un bâton; coche.
NOROLE; NUROLE (s. f.): sorte de petite brioche. L.
NORRETURE: nourriture. De nutritio. A.
NORRETURIAU: jeune porc sevré et qu'on nourrit avec soin. Dans le Berry, nourrin. V. GOURIN, au Supplément.
NOSTRUM (PERDRE LE): ne plus savoir où l'on en est de ce qu'on fait. M. Decorde.
NOT'E: notre.--NOT'E: ma. Not'e mari; not'e femme.
NOU: on. Nou fera: on fera.
NOU; NOUC; NOUD: nœud. Nouk, en patois Walon.
NOUE; NOE: rigole, vallon étroit. Du Celtique-Breton naoz: canal. Du latin navis.
NOUETTE (DRAPS A LA): draps d'un lé et demi.
NOUIS: noix.
NOULER. Voyez ANNELER.
NOUQUE; NONQUE: impair. Pair ou nouque: pair ou non.
NOURRITURE: bétail que l'on élève.
NOURTIER: veau qu'on achète pour l'engraisser.
NOURTURE: nourriture.
NOUSILLARD: espèce excellente de châtaigne, qui n'est guère plus grosse qu'une noisette (nousille). A.
NOUSILLE (s. f.): noisette. En patois Walon, nésille.
NOUTE: notre. A.
NOUVELLIÈRE: femme qui fait et répand des nouvelles.
NOUVIAU: nouveau.
NU (FIN FRAIS): complètement nu. Il est tout fin frais nu.
NU: nul. L.
NUEURE: nuire; NUEUSIBLE: nuisible.
NUILE; NEUEULE; NIEULE: charbon du blé; nielle.
NUILÉ; BLÉ NUILÉ: blé niellé.
NUISANCE: ce qui peut nuire.
NUIT (SE METTRE A LA): s'anuiter. L.
NUNNE PART: nulle part.
NU-NU (s. m.): niaiserie; bagatelle insignifiante. Il ne s'emploie guère qu'au pluriel. De nuga.
NUNUE: chose nulle; riens dont on s'occupe par absence ou bizarrerie d'esprit.
NYANT: néant, rien.
O.
O; OL: elle. O devant une consonne, ol devant une voyelle.
O: avec. On lit dans plusieurs vieux auteurs o pour avec; les deux vers qui suivent sont tirés d'une romance du XIIIe siècle:
Dont moult me tarde
Qu'il m'ait o soi.
O: où. O allez-vous?
OBICHE: habileté, intelligence.
OBLIER: oublier.
OCCIS: gauchi, en parlant d'un vase de terre cuite. Dans l'ancien français, occire, occis signifiaient tuer, et tué. L.
OCHE (s. f.): coche, entaille, brèche faite à un outil. Du Roman ouche, pris du Celtique ask. L.
OCHER: ébrécher, en parlant d'un outil. L.
OCHETTE: bossette de fil sur le fuseau. Voyez BOCHET.
OCORE: encore.
OCQUER; OQUER: tuer. Du vieux verbe occire, tiré du latin occidere.
ŒCONOMIQUE (s. f.): quart de tasse de café. L.
ŒILLÉE; ŒILLIE: coup-d'œil à la dérobée.
ŒU: œuf.
ŒUVRE: tissu en lin, chanvre ou coton; habillement travaillé; pièce de table fabriquée en haute ou basse-lice.
OHI: défaut. B.--OHIN. L.
OHIER: souffrir de; être contraint à; supporter. La femme est obligée d'ohier des défauts de son mari, et le mari de ceux de sa femme.
OIE BUNETTE: espèce d'oie sauvage. B.
OIGNE. Voyez HOIGNE.
OIN: oui.
OINSIGNOLEMENT: bruit que produit l'agitation de pièces mal assemblées, mal jointes ensemble.
OINSIGNOLER: produire l'oinsignolement.
OIR: oie mâle;--OIRESSE: oie femelle.
OISEAU DE SAINT-MARTIN: martin-pêcheur.
OISET: oiseau. C'est aussi le nom d'une planche sur laquelle les maçons mettent leur mortier.
OISIAS; OISIAX: oiseaux.
OLIBRIUS: bavard, vantard, orateur fanfaron. Du nom d'un personnage de Mystère, ou souvenir de l'empereur Olybrius.
OLUE; OLUS: subterfuge, délai. Il me mène d'olus en olus. De dolus.
OMBRETTE: ombrelle. De l'italien ombrella.
OMES pour ONS, à la première personne du pluriel de quelques verbes, comme j'aviomes: nous avions. A.
OMOBILE: immobile.
ONBLIER: oublier.
ONCHE: once.
ONCHET: bout de paille qui sert à jouer au jeu des onchets ou jonchets.
ONCORE: encore. S.-I.
ONDIN: andain; rangée d'herbe, de froment, de trèfle, etc., coupée avec la faux. Du latin unda, onde. Voyez ANDAIN. L.
ONGLET: onglée; grand froid aux mains ou aux pieds.
ONGUES: ongles.
ONIÈRE; OSNIÈRE: ornière. L.
ONNI: uni.
ONS: nous. Ons allîmes: nous aliâmes. Voyez JE.
ONZIN: réunion de onze gerbes.
O Q'C'ET: quelque part; où que c'est. Je l'ai mis o q'c'et, mais je ne le trouve pas. M. Decorde.
ORBIAU (s. m.): planchette attachée devant les yeux d'un animal pour l'empêcher de voir devant lui, et de faire du mal. Du latin orbus.
ORBILLON (s. m.): bouton sur la peau. Du latin orbis, à cause de sa forme arrondie.
ORD, E: sale. Les reptiles surtout sont appelés ordes bêtes. De sordes, par aphérèse.
ORDEMENT: salement.
ORDIR: salir. Le substantif ordure est resté.
ORÉE: crête de sillon; entrée. De ora. Voyez ARRIE.
ORFANTÉ: moulu de fatigue.
ORGAGNE: récalcitrant, difficile. L.
ORGERI: champ où l'on récolte de l'orge.
ORGUEIL (TENIR EN): tenir à distance; interdire. Appliqué aux objets matériels, le mot orgueil signifie arc-boutant.
ORGUYEUX: orgueilleux.
ORIBUS (s. m.): chandelle de résine de mélèze. Ménage dit que poudre d'oribus se dit, par raillerie, au lieu de poudre d'or. Chandelle d'oribus pourrait bien avoir la même signification railleuse, à cause de sa couleur d'or terne et de son peu de valeur. Voyez PÉTOCHE. A.
ORIÈRE: bord; lisière d'un champ, d'un bois.
ORIGNE: sorte, espèce. Crâse d'origine.
ORILLER: oreiller.
ORINER: prêter l'oreille; écouter.
ORIPEAUX; ORIPIAS; OUÊPIAUX: maladie des oreilles; oreillons. Voyez LOUÊPIAUX.
ORMOIRE: armoire. Patois Rouchi.
ORO (N'AVOIR NI REPOS NI): n'avoir ni repos ni trève. Oro, de hora: heure de relâche.
ORTHOGRAPHER: orthographier.
ORTILLER: frotter avec des orties.
ORTILLONS: doigts des pieds. Diminutif d'orteil.
ORVÈRE: orvet (ophidien homoderme).
OS: vous. Os êtes bien curieux. M. Decorde.
OSCUR; OSCURITÉ: obscur; obscurité.
OSQUIN (s. m.): argent, monnaie. A.
OSSAILLES: os de rebut. L.
OSSET: osselet.
OSTELLER; HOSTELLER: loger; héberger.
OSTINATION; OSTINÉ: obstination; obstiné.
OSTOGRAPHE: orthographe.
OT: eut--OT; OIE: écoute.
OTOUT: avec. Il est parti otout ou dotou un tel.
OTURE (s. f.): espèce, acabit, nature.
OU: elle.
OUAICHE: aille. Il faut que j'ouaiche: il faut que j'aille.
OUBLIANCE: oubli.
OUÉLET: ourlet.
OUÊTCHE: où est-ce?
OU QUE C'EST: où c'est; où est-ce?
OU QUE C'EST QUE: où est-ce que? L.
OU SINON: sinon. L.
OUICHE: oui, par dérision; par étonnement, etc.
OUIN: non; oui ironique et négatif.
OUINCHER: grommeler.
OUINER: crier, en parlant d'un chien. Au figuré, se plaindre; gémir.
OUIVETTE; OUYVETTE: jeune fille étourdie. De huvet, sorte de coiffure recherchée.
OUL: elle, devant les voyelles, comme ou devant les consonnes. Ou mange; oul arrive: elle mange; elle arrive.
OUS: vous. Vl'ous: voulez-vous? parl'ous: parlez-vous? part'ous: partez-vous? L.
OUSQUE: où. Ousque v's allez: où allez-vous? L.
OZ ou OS: eus. Oz-je grand poux: j'eus grand peur.
P.
PACADET (s. f.): sorte de pigeon dont les yeux sont bordés de rouge. De bagdadala.
PACAMMENT: en pacant, lourdement.
PACAN: paysan grossier. De paganus. Patois Walon. L.
PACHOT: pas des gros bestiaux empreint profondément dans le gazon L.
PAER: balayer (Cherbourg). C'est le p pour le b.
PAGÉE; PAGIE: espace entre deux colombes, que l'on remplit d'argile, dans les constructions en bois.
PAGNE (adj.): bête à cornes, à poil blanc et fauve.
PAGNIANT: lourdaud. Voyez PACAN.
PAGNOLÉE: luzerne (Medicago sativa). B.
PAHOUR: lourdaud.
PAICRE: aigre.
PAIE (s. f.): débiteur. D'une mauvaise paie on tire ce qu'on peut.
PAILLE: balle des céréales. Balle d'avoine.
PAILLETOT; PAILLOT: petite paillasse remplie de balle d'avoine, à l'usage des petits enfants. En patois de Grenoble, suivant Champollion-Figeac, la paillassière est un «lange dont on enveloppe un enfant nouveau-né».
PAIMPALETTE (EN) (locution adverbiale). Lorsqu'un enfant est placé sur le dos d'une personne, de manière que ses mains entourent le cou de cette personne, et que les mains de celle-ci, tournées en arrière, retiennent, en se croisant, les jambes de l'enfant, l'enfant est porté en pimpalette. Feu Lamarche.
PAIN DE COUCOU: Alléluia (Oxalis acetosella). Patois Walon.
PAIN DE CRAPAUD: sorte de champignon. B.
PAIN-M'NIT: pain bénit. M. l'abbé Decorde.
PAINE (s. m.): quartier de lard qu'assez généralement on suspend au plancher, et dont on coupe des morceaux au fur et à mesure du besoin.
PAIR (s. m.): pis de la mamelle. Pé, en patois Walon.
PAIRE: poire. L.
PAIRER: égaliser. L. De pair, qui vient de par.
PAIRIER; PÉRIER: poirier. Perî, en patois Walon. L.
PAIROTTER (v. a.): pairer minutieusement; arranger avec une symétrie recherchée.
PAIS: pays. Le bas-pais: le bas-pays.
PAISSER: poisser; enduire de poix, de résine, etc.
PAISSON: poisson.
PAISSU: pu. Du verbe paître.
PAITER: bouger. O.
PAITIS: pâtis. Du latin pascere.
PALEDI (interj.): parle, dis! pardieu!
PALÉE: plein une palle; pelletée.
PALER: parler. En Roman, ampallerie signifiait fonction d'avocat; action de parler. S.-I.
PALET (s. m.): petite pièce de bois d'environ 30 centimètres de longueur sur 3 centimètres de diamètre, qu'on place sur les rouis pour supporter le massais ou la massée dont on garnit les planchers. M. Lepingard.
PALETTE: petite pelle; pelle à feu.
PALLE (s. f.); PALIS (s. m.): pelle.
PALEUX: parleur. Biau paleux: orateur. S.-I.
PALMAN: empan (Cherbourg). De palma, paume.
PALME; LAURIER-PALME (s. m.): laurier-cerise (Cerasus, Lauro-Cerasus). A.
PALOT: ami, camarade. S.-I.
PAMI: flétri par défaut d'eau, en parlant des fleurs et des plantes. Dans le patois de Grenoble, paimo signifie accablé de fatigue. A.
PAN! (interj.). Onomatopée. Se dit à propos d'une explosion bruyante, ou d'un coup appliqué.
PANAGER: négliger; soigner mal. C'est le contraire d'apanager.
PANCHE: panse.
PANCHÉE (S'en donner une): manger avec excès.
PANCHU: qui a une grosse panche.
PANÉE: pan d'un habit. H.-N.
PANÉE (s. f.): foie de porc. Peut-être parce que ce foie, étant cuit, s'émie comme le pain; peut-être parce qu'il offre la forme d'un petit pain; peut-être aussi cette expression vient-elle d'offa penita, qui était un ragoût de porc, mentionné dans Festus. A.
PANETTE: tache de rousseur.
PANI. Le bois pâni est le bois mort, arrivé à une sorte de pourriture sèche. En cet état, il projette dans l'obscurité une lueur phosphorescente.
PANLAIRE; PANLÈRE: fainéant, lâche. M. Duméril définit ainsi ce qualificatif: «double voleur; du vieux français pan: vol, et lère (latro): voleur». Ajoutons qu'en Celtique-Breton laër signifie larron.
PANNAS; PENNAS: plumeau, penne de volaille. Ce mot se retrouve dans les divers patois de la France.
PANNÉ: ruiné.
PANNET; PANNEAU: sorte de bât ou de selle. Du vieux français pennel; du latin panellus.
PANNETÉE: plein un panier.
PANTOISE (s. f.): terrain marécageux dont la surface paraît solide. A.
PAPER: ouvrir la bouche pour respirer, en parlant des poissons. Onomatopée.
PAPI: coquelicot (Papaver rhæas). B.
PAPIN: bouillie pour les enfants.
PAPOT: groin de cochon. De l'onomatopée pap pap, bruit que fait cet animal quand il prend quelque liquide.
PAPOTER: donner un baiser bruyant, d'une manière désagréable. Mimologisme qui exprime bien cette action. Le simple mouvement des lèvres rend le son: pap pap. C'est pour cela que le premier mot qu'articulent les enfants est papa; cette expression purement labiale n'exige l'emploi que du plus agile des instruments vocaux. A.
PAPOUTE (s. f.): soupe bouillie que l'enfant reçoit en faisant pap pap. La pâpoute se nomme pana, en patois Bourguignon. Nonnius, citant Varron, se sert du mot papa.
PARTIR: expédier; envoyer. L.
PARTIR (EN): venir de faire. J'en pars: j'en viens.
PAS: marche d'escalier. A Valognes, on dit: pâret ou pasret.
PASCARADE: carotte, panais. De pastinago. Du Celtique-Breton pastounadez.
PASCRIRE: prescrire; frapper de prescription. Au figuré, pascrit: perdu, anéanti, mort. L.
PAS-DE-CAT: lierre terrestre;--gaffe à trois dents.
PAS-DE-LION (Ranunculus repens). R.
PAS-FILS: fils d'un premier lit. Expression dont se servent le beau-père et la belle-mère. Jacques est le pas-fils de Louis: Jacques est sorti d'un premier lit de la veuve que Louis a épousée. Ailleurs on dit fillâtre. A.
PAS GUÈRE: fort peu.
PAS MOINS: cependant. L.
PAS PLUTOT: au contraire.
PASQUENADES: carottes. L'expression: tirer des carottes mène de pasquenades à pasquinades.
PASSAGER, ÈRE: où l'on passe fréquemment. Rue passagère.
PASSE (s. f.): moineau. Du latin passer. Apocope de passereau.
PASSE-DIABLE: espiègle; malin; qui surpasse le Diable en malice. L.
PASSÉE (s. f.): passage.
PASSÉE (s. f.): cellier près de la cuisine.
PASSER (v. n.), en parlant du fromage: se parfaire. En patois Lorrain, on dit, dans le même sens, que des fruits sont passés, pour signifier qu'ils sont mûrs et bons à manger.
PASSIER (s. m.): passage devant la maison.
PASSIER: paille pourrie et devenue fumier devant la maison et les bâtiments d'exploitation.
PASTOU; PATOUR: pâtre, berger.
PATAFIOLER. On dit proverbialement: Que le bon Dieu vous patafiole! C'est à peu près, mais ironiquement: Que le bon Dieu vous bénisse!
PATARAPHE (s. f.): paraphe.
PATARAUD: vaurien, coureur.
PATARD: sou. Grospatard: deux sous. Ancienne monnaie.
PATARER: marcher; courir dans l'eau, dans la boue.
PATARET (s. m.): espèce de soupe faite avec des pommes. Dans la Manche, c'est une soupe de pain et de lait caillé, bouillis ensemble.
PATAST: pataud, lourdaud.
PATATRAS! PATACLAN! Cette interjection est une onomatopée pour exprimer le bruit d'une chute avec fracas. On dit, dans le Midi, pataflasc! et, dans le patois des Vosges, patafrô et patatra! Regnard, dans ses Folies amoureuses, fait dire par Lisette à Albert:
Je n'y fus pas longtems qu'aussitôt, patatras!
Avec un fort grand bruit voilà l'esprit à bas.
PATAUDÉE: mélange d'aliments réunis sans plus de façon que pour un chien.
PATAUDER (SE): s'enivrer ignoblement, comme un pataud.
PATAUT ou PATAUD: pied. De patte. Au figuré, lourdaud. Les Chouans donnaient aux patriotes le sobriquet de patauds par une sorte de calembourg. Au surplus, pris dans son acception usitée, ce sobriquet appartenait plus exactement aux Chouans, généralement lourdauds, grossiers et brutaux. A.
PATEGAUD; PATIGAUD: secret. VENDRE LE PATIGAUD. On dit ailleurs: vendre la calebasse. C'est à peu près la même chose que: découvrir le pot aux roses. A.
PATENOTES: patenôtres. De Pater noster.
PATENOTRICE: amas d'objets sans valeur.
PATERONNER: manier malproprement. De patte.
PATICHON: qui aime à patichonner.
PATICHONNER: porter sans cesse la main à; caresser incessamment.
PATIGOUSSER: patauger. Voyez PATOUILLER. O.
PATIRAS (s. m.): souffre-douleur. Du latin pati. A.
PATOCHER. Voyez PATERONNER.
PATOIRE (s. f.): pâtis. Du latin pascere, paître.
PATOUF: pataud, lourdaud.
PATOUILLAGE (s. m.): action de patouiller.
PATOUILLE; PATROUILLE: torchon mouillé, fixé au bout d'un long manche, et qui sert à nettoyer le four.
PATOUILLER: patauger; marcher dans la boue liquide. Pag'dié, en patois Walon. Voyez CLAPOTTER. L.
PATOUILLIS (s. m.): boue liquide.
PATRAFIAS: bruit d'une chute. Voyez PATATRAS.
PATRAILLÉE: quantité surabondante.
PATRAILLER (v. n.): travailler péniblement; se donner beaucoup de peine. C'est peut-être une altération de batailler, dans les luttes de la vie.
PATRAQUES: paperasses.
PATRASSER: tomber bruyamment. De patatras.
PATRÉE: farine délayée dans de l'eau pour garnir le viquet d'un tonneau, et empêcher le liquide de fuir.
PATTE-D'OIE (Heracleum Spondilium). B.
PATTE DE RAINE (Ranunculus repens). On l'appelle aussi pied-de-chat. L.
PATTÉ: pattu, dont les pattes sont garnies de plumes.
PATURE: entrave qu'on met au pâturon des animaux, pour les retenir.
PAUCHE: chaussée.
PAULE (s. f.): longe de cuir, forte courroie pour contenir une charge.
PAUPER (v. n.): perdre son temps à attendre; tomber de fatigue.
PAUPILLES: cils, paupières.
PAUPILLER: agiter les paupilles.
PAURE: pauvre.
PAUT ou POT: pôteau. Id., en patois Walon.
PAUTONNER: manger avec gloutonnerie, en réservant toutefois des aliments pour le lendemain; en emporter même chez soi. M. Lepingard.
PAUVERTÉ: pauvreté.
PAVAT: collier de harnais fait de glaïeul, ou iris des marais.
PAVE (Iris pseudo-acarus).
PAVOT: nénuphar (Nymphæa alba). A.
PAYS D'AMONT: la plaine de Caen et la Haute-Normandie. B.
PAYS DE BAS: le Bocage et le Cotentin. Voyez BAISSIN. L.
PEC: but; point de départ. B.
PEC; PECQUE: acariâtre, qui a bec et ongles.
PÊCAILLE (s. f.): mauvais petit poisson. Du Celtique pesk: poisson. Du latin piscis. L.
PÉCANCIÈRE. Voyez BÉCANCIÈRE. L.
PÉCAUDER, ou plutôt PATAUDER: mettre les mains (les pattes) dans le plat.
PÊCHARD: gris tirant sur la couleur de la fleur du pêcher.
PECQUE: cheval de rebut.--Vieille brebis;--vieille femme de mauvaises mœurs.
PECQUIER: mesurer; se mettre au point, à la distance déterminée. As-tu pecquié: as-tu mesuré? Pecque-toi: mets-toi à la distance voulue.
PÉCUN (s. m.); PÉCUNE (s. f.): argent, monnaie. Du latin pecunia. On lit, dans une ballade du XVe siècle:
Or est ainsy que, durant ma pécune,
Je fus traité comme amy précieux. A.
PÉELE: poêle de cuisine.
PÉELIER: fabricant de péeles.
PÉELON: petite péele; poêlon.
PEIGNE (s. m.): cardiaire des prés (Dipsacus pratensis).
PEIGNÉE (s. f.): coups donnés à quelqu'un; batterie. Patois Lorrain. L.
PEIGNER (v. a.): battre; maltraiter. L.
PEINE. J'ai eu peine de: j'ai été obligé de. L.
PEINER: donner la peine de faire; affliger.
PÉIOT (s. m.): ligne dormante. B.
PEISSON; PEISSONNERIE: poisson; poissonnerie. L.
PEISSONNIER, ÈRE: poissonnier, poissonnière.
PELAUDER; PELOTTER: battre; secouer la peau. De pellis.
PELÉE: ce qu'on peut porter sur une pelle.
PÈLERON (de l'épaule): l'omoplate.
PELETTE, ou PELLETTE (s. f.): morceau de peau de mouton, garnie de sa laine, que l'on place sur les sabots pour garantir le coude-pied, et tenir les pieds chauds. L.
PELEURE: pelure.
PELEUTRE. Voyez PLEUTRE.
PELICHE: petite peau; portion de gazon. Enlevez c't'e peliche de terre.
PELICHON: petite pelette pour le sabot.
PELLE: bêche; parce qu'en effet la bêche est une sorte de pelle. Pale, en patois Walon. A.
PELLE-FERRÉE: pelle de bois, garnie de fer. Voyez TRUBLE. L.
PELLE-FRUTIÈRE; PELLE A MARC: pelle en bois d'une seule pièce, qui sert à remuer les grains, les fruits et le marc du pressoir. L.
PELLERESSE: la forbicine, insecte qui ronge le papier.
PELOTTER (FAIRE) une chienne: la faire couvrir.
PELOT: palet.
PELOUQUE (s. f.): perruque de laine.
PELLOUE: sorte de houe; écobue pour peler le gazon.
PELUET (s. m.): le derrière, les fesses. A.
PELUNE: légère chiquenaude sur le nez.
PELURER: peler; enlever la pelure d'un fruit, d'une branche.
PENDANTÉE. Voyez EMPANDANTÉE.
PENDRE QUE DE (NE): rester à faire. Exemple: La table est servie, il ne pend que de dîner. M. Decorde.
PENTECOTE (s. f.): orchis fleurissant vers la fête de la Pentecôte.
PENT'OREILLES: pendants d'oreilles; boucles d'oreilles. En patois Lorrain, pend'oreilles. L.
PENTOIR (s. m.): perche fixée à une fenêtre pour y attacher du linge à sécher. L.
PEPIN-FAVART: pomme à couteau, espèce de Calville.
PÉPINIER: pépiniériste.
PÉPION: excroissance de chair fongueuse.
PÉQUE (s. f.): bec.
PÊQUE; PÊQUER; PÊQUEUX: pêche; pêcher; pêcheur.
PÊQUE (s. f.): chiffon.
PÉQUENCER: bavarder.
PÉQUER; PÉQUIER. Voyez PECQUER.
PÊQUIÈRE (s. f.): femme qui ramasse les chiffons. B.
PÉRANCUNE (s. f.) (Hypericum androsæmum). B.
PERCE: trou dans le linge. Ce vêtement n'a ni trou, ni perce. Du verbe percer. On dit aussi: il y a de la perce pour il y a des trous.
PERCE-POUQUE (s. f.) (Scandix pecten). B.
PERCETTE: vrille. De percer.
PERCHOUX: fainéant; immobile comme l'oiseau sur son perchoir.
PERCIES (s. f. pl.): grand dîner, donné à tous ceux qui ont aidé à faire la moisson.
PERCOT: petit perchoir.
PERDRIAS (s. m. pl.): pertes de jeu et autres.
PERDROLE (s. f.): perdrix. A.
PÈRE: poire.
PERÉ, ou PRÉ: poiré.
PÉRÉMONIE; PERMONIE: pulmonie. L.
PÉRÉMONIQUE; PERMONIQUE: pulmonique. L.
PERFAIT: parfait. De perfectus. S.-I.
PÉRI: péril.
PERICAUCHÉE: paresse. B.
PERJOU! Juron. C'est un reste de paganisme. Per Jovem: par Jupiter. B.
PERMINS: permis. S.-I.
PERLICOQUET: objet placé sur un point élevé et détaché, où il se balance à la moindre secousse, et semble y être placé par coquetterie. Le vais-tu là-hât, affouorqui su c'te branque, comme un perlicoquet? M. Lepingard.
PERLIFICOQUET. C'est le superlatif de perlicoquet.
PERNE: perle. C'est l'n pour l'l, comme dans nentille au lieu de lentille.
PERNE-MAILLE (s. f.): tire-lire. D'épargne maille. A.
PEROSINE: poix-résine. B.
PERQUE: perche.
PERRÉ; PERREI; PERREY: lieu plein de pierres; chaussée pavée de pierres. Beaucoup de voies romaines ont conservé le nom de chemin perré.
PERRETTE: femelle de l'oie.
PERRETTE: femme dont saint Pierre est le patron. Perronelle.
PERRÉYEUR: ouvrier qui extrait de la pierre et qui la taille.
PERRIÈRE (s. f.): carrière de pierre. Peréiro, dans le patois de Grenoble.
PERROQUET-DE-HAIE: le dur-bec.
PERSIR: presser. Déplacement de consonnes. Persir, c'est pressir pour presser.
PERSIN: persil.
PERSONNERIE (s. f.): association, communauté de personnes. A.
PERSOU; PERSOUX: pressoir. Par métathèse. (Vire.)
PERTU: trou, pertuis. Pertuisier, en patois de Grenoble, signifie percer.
PÉSACHIS: semailles et récoltes de pois, vesce, etc.
PÉSAS; PÉSAT: tige sèche des pois. De pisum. L.
PÉSERI: champ où l'on a récolté des pois.
PESROUETTE: fillette évaporée. (Vire.)
PESTER (v. n.): courir sans raison.
PÉTEPETUN (s. m.): cri et nom de la caille.
PÉTER: mesurer. S.-I. MM. Duméril.
PÉTERELLE: étincelle qui jaillit du feu qui pétille.
PÉTÉRIAS (s. m. pl.): sauts et gambades des animaux dans les herbages.
PÉTÉRIAU; PÉTERON: rejetons du pied d'un arbre.
PÉTEUX: péteur; mal élevé; poltron.
PETIOT; PETIOTE: petit, petite;--peu.
PETIOTIN, E: tout petit, toute petite. On dit même: PETIOTINET, et PETIOTINETTE.
PETIT (UN): un peu.
PETIT-HOUX (Ruscus aculeatus). Voyez VERGANDIER.
PETOCHE (s. f.): chandelle de résine de mélèze. Se dit métaphoriquement de toute lumière qui éclaire mal. De la basse latinité petiuncula: futilité; peu de chose. En effet, la petoche est un objet de peu de valeur. Voyez ORIBUS, et ROUSINE. A.
PÉTOIRE. Voyez CANNE-PÉTOIRE.
PÉTONNIÈRE. Voyez CANNE-PÉTOIRE.
PÉTOUIN: cause de souci, d'inquiétude. On dit: Un bon pétouin donne un bon tintouin.--PÉTOUINER: être agité d'inquiétude.
PÉTOUIN: écarrisseur, écorcheur.
PÉTRA; PÉTRAS; PÉTRAT: villageois grossier. Pétra est le nom d'une ancienne ouverture à la partie postérieure de la ceinture des culottes et des pantalons, ouverture munie d'un cordon qui permettait de l'agrandir ou de la diminuer.
PÈTRE: paresseux; qui ne se meut, ni ne s'émeut. De piger. Peut-être de petra, pierre.
PÉTRON-JACQUET; PÉTRON-MINET: aube du jour.
PÉTRO; PÉTROT; PRÊTROT: rossignol de muraille. Ce sont aussi les noms du pistil, fait comme le battant d'une cloche, du pied-de-veau (Arum maculatum). L.
PETUN: tabac. C'est l'ancien nom de la Nicotiana tabacum. A.
PEU: moins. Un liard peu de 2 sous: 2 sous moins 1 liard. Un écu peu de 100 fr.: 97 fr. Un petit peu: très-peu.
PEUFFE; PEUFFRE: friperie; boutique de fripier. De l'islandais pelf: dépouilles.
PEUFI: flétri, fripé.
PEUFIER; PEUFRIER: fripier. L.
PEUFRIE; PEUFERIE: commerce de la peuffre.
PEULIE: gauche, maladroit, décontenancé. De peu et de lie (lætus): joyeux.
PEUPLE: peuplier. H.-N.
PEUS; PEUX; POUX (s. f.): peur. L.
PEZET: étoupe.
PHÉBÉ (s. m.): pécule, bien. Peut-être de l'islandais fé: troupeau, qui avait pris la signification d'argent, parce qu'on ne connaissait pas d'autre richesse. MM. Duméril.
PHILOMIE: physionomie. L.
PHLIPOT (s. m.): bouton d'or champêtre;--Philippe.
PHLIPS (s. m.): sorte de punch, composé d'eau-de-vie, de cidre et de sucre, bouillis ensemble.
PHORMACIEN: pharmacien, apothicaire. L.
PIACRAS: aliments mal apprêtés, indigestes; boue épaisse. De plâtras.
PIAFFEUR, SE: qui se pare avec recherche.
PIANCHE; PIANCHON: enfant, fillette.
PIANER: crier, en parlant des dindons. Onomatopée.
PIANOPIAN: piane-piane, lentement.
PIANT; PIANTEUR; PIANTIR: puant; puanteur; devenir puant.
PIAR (s. m.): précipité rouge de mercure pour tuer les poux. Rouge comme piar.
PIARD (cheval): blanc et noir, comme la pie.
PIAU: peau.
PIAUCÉ: couché. MM. Duméril.
PIAUCER: pleurer; piailler; crier;--écorcher; enlever la piau d'un animal.
PIAUCER (v. n.): embrasser avec force accolades.
PIAULARD; PIAULER: pleurnicheur; pleurnicher;--glousser.
PIAUME; PIOMME: pivoine.
PIAUSSER (SE): se mettre au lit. De piau ou piot, lit, dans l'ancien Argot. A.
PIAUTER (en parlant d'une fleur): l'effeuiller pétale à pétale. A.
PIAUTRE: chenil. Va-t-en aux piautres: va te coucher.
PIC (PAR) ET PAR MIC: par petites pièces données à regret. De mica, miette. B.
PIC (ŒUFS AU): œufs à la mouillette. L.
PIC. Voyez PIQUETTE et PIQUOIS.
PICANE (s. f.): bruyère, lande. (Pont-Audemer)
PICANIÈRE (s. f.): mauvais terrain inculte. L.
PICARDE: espèce de coiffure de femme.
PICAUDÉE (s. f.): mauvais mets mal préparé, bon pour la pie. Du latin pica.
PICHET: petite cruche de terre cuite pour servir le cidre ou le poiré. Du Celtique picher. Pitcher, en anglais. A.
PICHETER: boire à coups redoublés. A.
PICLER: parler aigu. Voyez VIPER.
PICOT: coq-dinde. De son cri piau! piau! L.
PICOT: espèce de pholade, qui pique dans la pierre calcaire pour s'y creuser un trou. B.
PICOT: filet pour prendre les poissons plats.
PICOT: poisson plat, du genre des plies. De quelques points colorés dont la peau de son dos est tachetée, picotée.
PICOT-DINDON: imbécille; bête comme un dindon, un picot. L.
PICOTTE (s. f.): femelle du picot;--imbécille.
PICTRIE (s. f.). Ce mot ne s'emploie que dans la phrase: être dans la pictrie, qui signifie être ivre. MM. Duméril.
PIE (s. f.): tourte aux fruits. Voyez BOURDIN.
PIEÇA: depuis cela, depuis long-temps.
PIE-CRUELLE: pie-grièche. B.
PIÈCE; PIÈCHE: nul, aucun;--point. L.
PIEDSENTE: sentier par lequel on ne passe qu'à pied.
PIÉGNER; PIÉGNIER; PIÉGNIR: peigner. L.
PIENCE; PIENCHE: fille ou femme maligne, hargneuse, etc., que l'on qualifie par cette épithète, souvent renforcée d'une seconde.
PIÉRE; PIÈRE: pire.
PIERRER (v. a.): jeter des pierres à.
PIERROT: espèce de coiffure de femme.
PIÉTÉ: pourvu de pieds. Malpiété: qui a de mauvais pieds. Épiété: dont les pieds ne peuvent continuer de marcher.
PIÈTRE; PIÉTRESSE: boiteux; boiteuse. De l'ancien français piètre; mesquin. Il s'entend ici d'un individu qui a le pied contrefait au point d'être forcé de boiter. Argot. A.
PIF; PIFE (s. m.). Voyez PIFRE.
PIFFET, TE: qui aime trop la parure. De piaffe. A.
PIFFETER (SE): piaffer; s'habiller avec prétention.
PIFFETEUSE ou PIFFETTE. Voyez PIFFET. A.
PIFRE (s. m.): gros nez désagréable.
PIFUS; PIPHUS: troëne.
PIGACHE (s. f.): pointe de terre. B.
PIGACER; PIGACHIER: écrire en formant des lettres maigres, allongées, enchevêtrées, peu lisibles.
PIGE (s. f.): oie, femelle du jars. Voyez PIROTE.
PIGEONNER: germer; pousser; pulluler;--faire l'aimable auprès d'une femme;--convoiter. B.
PIGLER: pousser des cris perçants. Voyez PIGNER.
PIGNARD: celui qui pigne; qui pleure et se plaint.
PIGNER: geindre; se plaindre à petits cris comme font les enfants. De plangere. Dans le patois Rennais, pigner signifie grogner. Voyez CUSSER. A.
PIGNETTE (s. f.): fausset au propre et au figuré. L.
PIGNEUX: peigneur de laine. S.-I.
PIGNOCHE. Voyez ÉPIGNOCHE. L.
PIGNOLE (TOURNER): tourner le dos; fuir. On dit, à Bayeux: retrousser pignole.
PIGNONNER: percer.
PIGNOTER; PIGNOCHER: manger peu, à petits morceaux, avec dégoût.
PIGRAS; PIGRAT (s. m.): boue visqueuse. De pied et gras; gras au pied.--A PIGRAS: en grand nombre. O.
PIGUENETTE: fillette acariâtre, méchante.
PIHOUE: femme débauchée.
PILAGE: brassage du cidre.
PILAUDER: marcher sur; fouler sans précaution. A.
PILE (s. f.): volée de coups. Patois Berruyer. L.
PILÉCHE; PILÈGE: farine d'avoine torréfiée; gruau; grain pilé et grué. (Manche.)
PILER SUR: marcher sur; effacer avec les pieds.
PILER: pressurer des fruits au pressoir.
PILETTE: ancienne pièce de billon de 10 centimes.
PILORI: lieu où l'on a long-temps stationné, où l'on a long-temps marché, pilé.
PILTETE: pistil de la fleur de l'Arum ou pied-de-veau. Ce pistil ressemble à un pilon.
PIMAILLER: chicaner; s'agacer comme des pies qui ont maille à partir.
PIMENT (s. m.): mélisse ou citronnelle (Melissa officinalis). L.
PIMPERLOTTÉ: tacheté de points divers. Ce mot vient de pimpant. O.
PINCES; PINCHES: pincettes de cheminée. L.
PINCHARD: pinson.
PINCHÉE: pincée;--PINCHIER: pincer.
PINELLES: bas, chausses. S.-I.
PINGE: propre, lisse. A.
PINGER: plonger; mouiller; puiser. A.
PINGEON: pigeon. H.-N.
PINGET; PINGEOT: sillage circulaire que fait la chute d'un corps sur la surface de l'eau.
PINGRE: avare sordide. En patois des Vosges, pingre signifie acariâtre, sournois, railleur. A.
PINGUIER: étui pour déposer les épingues (épingles).
PINGUIER: plonger. PINGUET: plongeon.
PINTON: sorte de cruche à cidre. Du mot pinte. Du grec πινειν: boire. Du latin potus. L.
PINVOLE (s. m.): hanneton. Les enfants, en faisant voltiger un hanneton attaché, chantent:
Pinvole,
Vole, vole!
Fais trois tours, et puis t'envole,
Tintaribaud! L.
PION: ivre. De potus.
PIONE (s. f.): pivoine (Pœonia officinalis). On dit en anglais piony. Voyez PIAUME.
PIOT: ivre;--boisson. De potus. A.
PIOT: pivot d'un dévidoir.
PIOTER (SE): s'enivrer.
PIOU: poussin, le plus petit de la couvée.
PIPER: aspirer avec un chalumeau; boire; aimer à boire.
PIPERNEAU; PIMPERNEAU; PIPERNET: anguille de mer.
PIPET: chalumeau employé pour aspirer un liquide;--sorte de sifflet. C'est dans ce dernier sens qu'en patois Walon, on dit: pipé pour siffler.
PIPIE: pépie.
PIQUÉ: debout comme un piquet. A.
PIQUER: planter non avec la bêche, mais en faisant des trous pour planter avec un piquet.
PIQUERAI: terrain couvert de galets roulés.
PIQUERÉE: ce qu'enlève une fourchette en s'enfonçant dans un plat de comestibles.
PIQUEREULE; PIQUEROLE: petite vérole.
PIQUET: dard de l'épine du rosier, etc.; pieu.
PIQUETONNER: raccommoder une vieille étoffe qui l'a déjà été plusieurs fois. Voyez RABOUÊNER. A.
PIQUETTE: lait caillé et séparé du sérum, dans lequel on met du lait frais et de la crême. Voyez BATTU (LAIT).
PIQUETTE: mouillette. Œufs à la piquette ou œufs au pic: œufs à la mouillette.--PIQUETS, dans la Haute-Normandie.
PIQUETTES (s. f. pl.): dettes criardes, qui font l'effet des piquets enfoncés dans les chairs.
PIQUOIR: outil pour piquer ou mettre en terre les plantes qui ne peuvent pas y être placées à la bêche.
PIQUOUX: celui qui pique les plantes. Voyez PIQUER.
PIRE: pis. Tant pire: tant pis. Aussi pire: aussi mal; aussi mauvais.
PIRETTE: jeune oie. A.
PIRIPI: marionnette. A.
PIRLI: petit bâton pour jouer. A.
PIRO: petite lessive. MM. Duméril.
PIROT: jeune oison. A.
PIROT: eau ou sang qui coule à gros filets. Suer à pirots: suer excessivement. Le sang lui coule du nez à pirots: comme le lait du pis de la vache.
PIROTON: petit oison. A.
PIROTTE: oie. Dans la Mayenne, on dit pire et pirette. A.
PIRVIRE (s. f.): sorte de tabatière longue, en forme de poire. A.
PIS; PITS: puits.--PIS: puis. DU DEPIS: depuis.
PISCALE (s. f.): terme de mépris, en parlant d'une femme.
PISCANTINE. Voyez BISCANTINE et CLACASSE.
PISQUE: puisque. L.
PISSAT; PISSON; PISSOT: urine. On dit proverbialement: rouge comme pissat d'âne. L.
PISSE (s. f.): urine humaine. A.
PISSE-VINAIGRE: acariâtre, aigre. De vinaigre, liqueur sure. Voyez MARIE-SURELLE. L.
PISSOUIN (s. m.): urine humaine. L.
PITANCHIER: s'impatienter. De dépit. B.
PITER. Le fil ou la toile se pitent quand ils blanchissent inégalement. O.
PITIEUX: qui excite la pitié; sensible. A.
PITOIS; PITOU: putois. Patois Lorrain. L.
PITONNER: piétiner;--vêtir; orner; rechercher les moyens de fixer l'attention d'autrui.
PIVAT: boue liquide. S.-I.--Urine. Voyez PISSAT.
PIVELLIER: fourreau du penis d'un verrat. A.
PIVOLETTE (s. f.): papillon. Voyez BAVOLETTE. M.
PLACE (s. f.): le plancher, l'aire d'un appartement. Balayer la place. L.
PLACHE; PLACHER: place; placer.
PLACHEUX: offrant des places où il n'y a rien. Ce blé est placheux. M. Decorde.
PLAFIER; PLAFRIER: celui qui prépare les peaux de mouton, les tanne, les blanchit, etc.
PLAIDEUX: plaideur.
PLAISI (AU): au plaisir (sous-entendu: de vous revoir)!
PLANCHE DU PIED: plante du pied. H.-N.
PLANCHÉ: planchéié.
PLANCHET; PLANTIAU: coquelicot (Papaver rhæas).
PLANCHON: sauvageon; branche de saule ou de peuplier propre à pousser de bouture. De plant.
PLANITRE: place où l'on s'assemble; esplanade; lieu plane en avant d'une église, d'un château, etc.
PLANQUE; PLIANQUE: planche; pont de bois. On dit aussi PLANQUETTE.
PLANTE (s. f.): haie vive.
PLANTÉ (A): en abondance.
PLANTIÈRE: nœuds coulants, en crin pour prendre les oiseaux.
PLAQUE (s. f.): pièce de 2 liards. Je n'en donnerais pas une plaque.
PLAQUER: mettre; placer. S.-I.
PLATÈNE: patène.
PLATINE: langue qui ne cesse de parler.
PLAUDE; PLAUDER. Voyez BLAUDE; PIAUCER.
PLEIGER: protéger; excuser; faire fort pour.
PLEIN (TOUT): beaucoup.
PLESSE: branche à moitié coupée et que l'on garnit de terre pour faire épaissir une haie, ou boucher une brèche.
PLESSER: entrelacer des branches pour faire une clôture. Du latin plexus. A.
PLESSIS (s. m.); PLESSE (s. f.): clôture faite de branches entrelacées;--bois taillis; forêt.
PLEU-PLEU (s. m.): pivert, parce qu'on prétend que son cri annonce des pluies prochaines. L.
PLEURE; PLEUVER; PLOUVER: pleuvoir.
PLEURMICHE. Voyez PLEURNICHE.
PLEURMICHER: pleurnicher. Voyez MICHER.
PLEURNICHE: pleurnicheur; qui fait semblant de pleurer, ou qui pleure pour peu de chose.
PLEUROUX, SE: pleureur, se. A.
PLEUTRE: homme de mauvaise mine; misérable sans considération; indigne d'égards. De pelé.
PLIACOUX: sol humide.
PLIE: pluie. S.-I.
PLIÈCHE: place. L'l se mouille et fait entendre le son de l'i, et même d'ie dans quelques mots dont nous citerons les suivants: plien pour plein; plieume pour plume; plieurer pour pleurer; pliomb pour plomb.
PLIÉCHERON: ouvrier qui se loue, sur la place, pour la journée, principalement au temps de la moisson.
PLION: pièce de bois qui sert à maintenir le coutre d'une charrue dans la position nécessaire. On change le plion de côté à chaque sillon. M. Decorde.
PLOMBÉE, PLOMMÉE: machine pour peser, composée d'une verge en bois, d'anneaux, d'un crochet et d'un plomb mobile;--instrument où se trouve une balle de plomb suspendue à un fil pour déterminer l'aplomb.
PLOQUER (en parlant d'une fleur): la fatiguer au point de l'effeuiller. A.
PLOUFRE: bouffi. S.-I.
PLOUTRE: pêne d'une serrure.
PLUC: ce que l'on peut éplucher. On dit aussi: pluquette pour épluchure; plucoter, pluchoter pour éplucher. MM. Duméril.
PLUMAS: plumeau. A.
PLUMÉE. Voyez PLOMBÉE.
PLUQUETTE. Voyez ÉPLUQUETTE.
PLURER pour PELURER: ôter la pelure; peler.
POCANE (s. f.): mot pour rire. L.
POCHARD (s. m.): pâté d'encre sur le papier;--ivrogne.
POCHARDER (SE): s'enivrer habituellement d'une manière ignoble.
POCHAS: pâté d'encre. A.
POCHER (v. n.): faire un pâté d'encre. L.
POCHER: espèce de jeu de pair ou non, où l'on gagne des noix et du pain d'épice aux fêtes de village. M. Decorde.
POCHET: pâté d'encre. L.
POÇONNET: petit pot. Possinet, en patois Walon.
POCRAS: gâchis.
POCRASSER: manier avec des mains crasseuses. Voyez POQUE. A.
POCRASSIER: qui pocrasse. A.
POE; PO: peur. Autrefois, paour.
POETÉ: puissance, autorité.
POÈLE A LAIT: terrine où on le verse pour l'y laisser élaborer sa crême. L.
POGNAFLER; POGNASSER; POIGNASSER: manier salement à poignée; pétrir avec les poings.
POGNE; POIGNE (s. f.): poignet; main; main qui serre. Patois Walon.
POGNÉE; POGNIE: poignée.
POICRINIER; POUCRINIER (v. a.): coiffer mal; mêler les cheveux.
POIGEAT; POUGEAT. Voyez POUJAS.
POINE: peine.
POINTE DE COTÉ: point de côté. L.
POIRE DE TERRE: topinambour (Helianthus tuberosus).
POIRETTE; PORETTE: poireau; jeunes poireaux à repiquer.
POIRIONS: verrues.
POIS. On confond généralement sous ce mot unique les pois (Pisum sativum) et les haricots (Phaseolus). On appelle les haricots pois blancs, et plus communément pois de mai (à Alençon, pois de mer); on les nomme encore petites fèves. Confusion fâcheuse et ridicule, tandis qu'il est si simple de désigner par leur véritable nom les fèves, les haricots et les pois. Voyez FÈVES.
POIS ANGLAIS: haricot grimpant ou à rames. En Dauphiné, on appelle les haricots pois lombards. B.
POIS CHAUD: pois Michaux. Par aphérèse.
POIS DE MAI; POIS DE MER: haricot, soit nain, soit grimpant. Mai est le mois où on les sème.
POIS DE PIED: haricot nain. L.
POIS A RAMES: haricot grimpant.
POIS ROND: pois.
POISON (s. f.): chose ou personne mauvaise, capable de produire les pernicieux effets du poison. C'est de la poison: ce mets, cette boisson est détestable. C'est une poison: c'est une femme dont le contact est dangereux.
POISSON DE St.-PIERRE: dorade commune. B.
POITIT, E: petit, e. A.
POITRINER: vêtir, habiller sans goût
POIVRIER (Daphne mezereon): parce que ses fruits ont le piquant du poivre.
POLACRE (s. f.): gilet.
POLETTE: courroie de cuir, servant à maintenir le chargement d'une bête de somme.
POLITEMENT: poliment, proprement. S.-I.
POLITIQUE: dissimulé. L.
POLON: Napoléon. POLYTE: Hippolyte.
POMMAGE: espèce, nature, qualité de pommes ou de poires à pressurer. Ces fruits sont d'un même pommage: sont d'une même variété. Voyez SOLAGE.
POMMELIÈRE (s. f.): ellébore noir, pied-de-griffon (Elleborus niger).
POMMEAU; POMMET; POMMIAU: gras de jambe; mollet. Cet homme n'a joué de pommiau: cet homme n'a guère de mollet. A.
POMMEROLLE; POMEROLE: primevère jaune, non rameuse. Voyez COUCOU. L.
POMON: poumon.--POMONIQUE: pulmonique.
PONCEL; PONCHET: coquelicot. De ponceau.
PONCER; PONSER: presser; exprimer. Poncez ce citron dans l'eau pour en obtenir le jus.
PONCEUX: sorte de petit pressoir en plein air.
POND: pondu. La poule a pond pour a pondu.
PONE: ventre, bedaine.
PONICHER: ajuster sans goût.
PONNELÉE: fumier de poule, et, par extension, des autres volailles.
PONNELER: pouliner.
PONNENT: pondent;--PONNU: pondu. Au figuré ironiquement: bien ponnu pour mal inventé, mal arrangé! On dit: Les poules ponnent pour pondent. Ponnu est dans Rabelais; ponnent, dans Amyot.
PONSOUX: petit pressoir facile à changer de place.
POPOT: poupon; petit garçon. Féminin, popote.
POQUARD, E; POQUET; POQUETON: celui ou celle qui a la main estropiée; qui se sert difficilement de ses mains. De poque.
POQUE (s. f.): grosse et vilaine main. Pocre, dans la Mayenne et dans l'Ille-et-Vilaine. A.
POQUER: pocheter (Valognes.)
POQUETON: qui a des pocres, de grosses mains maladroites.
POR: pour.
PORCHET: morceau de porc frais, ou récemment salé. Pourchet, dans le patois de Grenoble. L.
PORCHIN; PORCHAIN: cochon d'un an.
PORE (qualif.): pauvre. Ce pore éfant: ce pauvre enfant. Du Celtique paur. L.
PORÉE (s. f.): légumes. Jardin à porée: potager. A.
PORÉSINE: poix-résine.
PORFRIRE: enduire de mortier. Voyez POULFRIR.
PORICHINEL: polichinel. De l'italien pulchinello.
PORIE: bouquet de porions.
PORION: narcisse jaune. Du latin porrum, poireau; parce que cette plante ressemble par sa feuille à celle des poireaux.
PORJET; PORGET: revêtement, avec du mortier, des interstices d'un mur.
PORJOLER (SE): prendre ses aises, ses ébats.
PORMAIS QUE: lorsque, après que.
PORQUER; PORCHER: celui qui garde les porcs.
PORQUERIE: porcherie, étable à porcs. Voyez SOU.
PORRETTE (s. f.): jeune porreau pour transplanter. L.
PORSUIVRE: poursuivre. D'où porsuisi, porsueusi: poursuivi.
PORTAIL: porte-cochère. Patois Rouchi. A.
PORTE-COS: espèce de joug qui sert aux servantes de ferme à porter des seaux. M. l'abbé Decorde.
PORTEMENT: manière dont on se porte; état de la santé. Il lui a demandé le portement.
PORTER A: ressembler à. L.
PORTEUX: porteur. Porteux de lettres: facteur.
POT: pièce de charpente qui supporte les sommiers. H.-N.
POT, TE: engourdi de froid. Main potte: main qui a l'onglée. Il a la goule potte: il ne sait que dire. L.
POT-BOUILLE (s. f.): petite et mauvaise cuisine, composée ordinairement d'un chétif pot-au-feu et de quelques légumes. C'est là que je fais ma pot-bouille: c'est là que je prépare mes aliments. L.
POTABLE: praticable, en parlant d'un chemin.
POTARÉE; POTICHE (s. f.): potage fait sans soin; cuisine de pauvres gens; mauvaise bouillie. L.
POTAYE: potée.
POTIN (s. m.): fonte de fer pour ustensiles de cuisine, etc.
POTIN (s. m.): babil, rabâchage. L.
POTINE: pot de terre à bords rentrants, qui sert de chaufferette. De poterie.
POTINER (v. n.): rabâcher; faire des remontrances à contre-temps. L.
POTINIER, ÈRE: qui potine. L.
POTONNER (v. a.): manier salement. A.
POTS: trous que les pieds des gros animaux font, d'enjambée en enjambée, dans les mauvais chemins.
POTTE (s. f.): sorte de chaufferette en terre cuite comme les pots;--petite fosse. O.
POTUIT: porte d'une cour placée entre deux pots, et surmontée d'une petite couverture par laquelle on ne passe qu'à pied. M. Decorde.
POU: peur. Pour, dans les Chansons du roi de Navarre. Du Latin pavor; du Roman paour. Poü, dans le patois de Grenoble. L.
POU: pour. S.-I.;--élévation. De podium.
POUACRE: sale, dégoûtant Patois Lorrain. De pouah.
POUAMMENT: puissamment.
POUANT: puant; faiseur d'embarras; malpropre.
POUAS: noyau, parce qu'il est souvent rond comme un pois. B.
POUCEROT: doigtier de cuir pour contenir un pouce malade.
POUCHE (s. f.): sac. Du vieux mot poucha: pou-d'avoine. Pouch, en anglais.
POUCHIN: poussin. Puzi, piouzi, à Grenoble.
POUCHINÉE (s. f.): couvée d'une poule; poussinière. L.
POU-D'AVOINE (s. m.): balle d'avoine. De poucha, qui, dans les anciens monuments de notre langue, signifie une poche. En effet, le pou dont il s'agit ici est une sorte de petit sac ou poche qui renferme le grain d'avoine. A.
POUEIL (s. m.): poil. A.
POUEILLU: poilu, velu. A.
POUFFI: bouffi. C'est le p pour le b, comme dans pénancière, pèque et piscantine. L.
POUI, IS: pou, poux. L. On disait autrefois pouils; on a retranché l'i, et l'on a dit pouls; enfin on a retranché l'l, et l'on a trop arbitrairement substitué l'x à l's.
POUILLARD, E: pouilleux; misérable; vaurien:--perdreau trop jeune pour être tué.
POUILLER: vêtir. A.
POUILLERIE: misère profonde, sale et dégoûtante. De pou, insecte. On appelle aussi pouillerie un taudis habité par des pouilleux, et, par extension, tout logement pauvre et sale.--Pouillerie de gueux: objets de nulle valeur.
POUILLES: injures. Chanter pouilles, comme il arrive dans un pouillis ou pouillier (mauvais cabaret).
POUILLOT: petit vêtement de laine pour enfant; sorte de corset;--l'oiseau troglodyte.
POUILLU: nonchalant, fainéant. Voyez POUILLARD.
POUJAS (s. m.): poix noire, non épurée.
POULAILLES: volailles.
POULAIN. On nomme ainsi ce qui s'échappe d'un œuf cuit dans les cendres, quand la chaleur fait crever la coque. M. Decorde.
POULAIN: châssis en bois, sur lequel on fait glisser les tonneaux pour les changer de place.
POULENÉE (s. f.). Voyez PONNELÉE.
POULET: noyau; amande du noyau; pepin. M.
POULETTE AU BON DIEU: roitelet. Voyez REBETTE.
POULETTE: petite ampoule. L.
POULETTE (GRASSE-): arroche sauvage; arroche puante (Chenopodium vulvaria).
POULFRI: enduit d'argile, de chaux, etc. De poul-pri (fosse d'argile), mots bretons, cités par Lobineau, dans son Hist. de Bret., t. II, p. 1814.
POULFRIR: enduire. De poulfri, ou du verbe latin perfricare.
POULFRISSEUR: plafonneur.
POULGINÉE (s. f.): poussinière. De poule et de génération: famille de poulets; ou de l'italien pulcinello: poulet.
POULIER: poulailler.
POULIER (v. a.): élever au moyen d'une poulie.
POULIER (v. a.): promener mal à propos. Voyez CHIBOLLER.
POULINÉE: fiente des poules. H.-N.
POULIOT: pièce de bois mobile, placée à l'extrémité d'un chariot ou d'une charette, sur laquelle s'enroule la liache. M. Decorde. Voyez LIACHE et COMBLE, au Supplément.
POULOT, TE: jeune enfant. De pullus.
POULS; POULCES; POUSSES (s. m. pl.). Dans l'arrondissement de Cherbourg, on appelle de ce nom la bouillie faite avec de la farine de sarrasin et cuite à l'eau; et, dans les environs de St-Lo, surtout vers Torigny, une bouillie faite avec de la farine d'avoine et cuite à l'eau ou au lait. On donne aussi à cette dernière bouillie le nom de craolle. Feu Lamarche.
POULTON: poltron. S.-I.
POULTRAIT: portrait. L.
POULTRE (s. f.): pouliche qui n'a pas encore porté.
POULTRON: poltron. Du Celtique-Breton, pouilltron: lâche. L.
POULVAISÉ: couvert de pustules.
POUMON: terrain fangeux, mou comme le poumon.
POUMONIQUE: pulmonique; malade du poumon. L.
POUPÉE (s. f.): chanvre peigné et préparé en cordons pour être filé.
POUPINEMENT (adv.): avec affectation. La Fresnaye disait, dans ses Foresteries:
Et frisé par devant assez poupinement
POUPINER (v. a.): attifer comme un poupin, caresser comme un poupon.
POUPRE: humide.
POUQUE (s. f.): sac. Dans le XIIIe siècle, on appelait pouqueteurs les marchands de sacs.--Faire la pouque (en parlant des oiseaux): laisser tomber et traîner les ailes et hausser le dos; ce qui annonce la maladie, le dépérissement de l'animal. De l'islandais poki: sac, poche. L.
POUQUET: petit sac.
POUQUETTE: petite poche; poche d'un vêtement. Faire pouquette: cacher dans sa poche.
POUQUIE: le contenu d'une poche.
POURCACHER: poursuivre. En français, pourchasser signifie rechercher ardemment. Il se dit, dans la S.-I., des animaux qui poursuivent les autres pour les empêcher de manger.
POURE. Voyez PORE.
POUREUX: peureux. Autrefois, paoureux.
POURFRIS. Voyez POULFRI.
POURGUILLER: promener un enfant. O.
POURJET: bûcher. O.
POURJOLER: porter mal à propos quelque chose d'un lieu dans un autre. Voyez CHIBOLLER et POULIER. L.
POURLÉQUER (SE): se lécher les lèvres, après avoir mangé quelque chose de bon. M. Decorde.
POURPE: pourpre, suette miliaire.
POURPORTE (SE): se comporte; se trouve; est ou existe.
POURVANNE (s. f.): ration d'avoine ou de son pour un animal. De l'ancien mot provende, employé dans une ordonnance royale de 1317: «Deux provendes d'avoine».
POUS (s. m. pl.): bouillie. Pous lavés: gruau et coulis d'avoine. Du latin puls; de l'italien pulta. A.
POUS: balle sèche du sarrasin.
POUSSÉE: épouvante. Donner une poussée: inspirer de l'épouvante. A.
POUSSIER (s. m.): poussière; ordures sèches.
POUTRAIT: portrait. S.-I.
POYER; POUIER: payer. Ancien français.
PRAE: proie; charogne; personne très-dégoûtante. Terme d'extrême mépris.
PRANNE; PRANNEZ: prenne; prenez. L.
PRANSEU: pressoir.
PRASSE (s. f.): mauvais poiré. A.
PRATÉ; PRATON: petit pré.
PRATICIEN, NE: laborieux, se. L.
PRÉ: poiré. Chenu pré: excellent poiré.
PRÊCHEUX: prédicateur.
PRÊCHIER: prêcher;--parler.
PRÉCI (en parlant du bois): gâté, pourri. B.
PRÉFÉRER: être plus élevé en naissance, en dignité, etc.
PREMIER: avant, auparavant.--PREMIER QUE: avant que.
PRENRE: prendre.
PRÈS A PRÈS: rapprochés. Ces arbres sont trop près à près: trop près, trop rapprochés les uns des autres.
PRESSES; PAIRE DE PRESSES: espèce d'armoire, pourvue d'un tiroir au-dessus de chacune de ses deux portes.
PRESSEUX; PRESSOUX; PRINSEUX; PRINSSEUX: pressoir.
PRESSIMÉ, ou PRINCIMI: très-près, bientôt. Du latin proxime. O.
PRÉSUMER (SE): s'enorgueillir.
PRÊTE: prêtre.
PRÊTROT: rossignol de muraille.
PREUCHE: proche, voisin, parent.--PREUCHE: près, auprès.
PREUMIER: premier. S.-I.
PREUNE; PREUNIER: prune; prunier. L.
PREUX: près.--AUPREUX: auprès.
PRIMEROLLE; PROMEROLLE; PRUMEROLLE: primevère des prés. Voyez COUCOU et POMMEROLLE.
PRINRENT: prirent.
PRINS, E: pris, e. On dit qu'une fille est prinse, quand elle est enceinte. M. l'abbé Decorde.
PRINSE: écluse. De prise d'eau.--PRINSE: prise (de tabac).
PRINZURE (s. f.): rhume. A.
PROCULTEUX: procureur. H.-N.
PROGNER; ÉPROGNER: élaguer. Voyez ÉPROGNE.
PROMETTRE: assurer. Je vous promets: je vous assure.
PRONONCHIER: prononcer.
PROUSTER: péter. A.
PROUVABLE: probable. B.
PRUNELLE; PUNELLE: petite prune sauvage.
PRULER. Voyez PELURER.
P'TÊTRE: peut-être. En réponse à quelqu'un qui annonce son doute par ce mot, celui qui affirme dit, pour confirmer son allégation: C'est tout p'têtré.
P'TIOT; PETIOT; PIOT: enfant.
PU: plus. Pu ché (plus cher): beaucoup plus. L.
PU: pour. S.-I.
PUANT, E: d'une avarice sordide; que l'on fuit à cause de l'odeur détestable que sa passion répand autour de lui.
PUCETIER: qui a des puces et ne s'en débarrasse pas. A.
PUCHER; PUCHIER: puiser. Pucher la lessive: verser de l'eau bouillante sur le linge placé avec ordre dans une cuve, et sur lequel on a mis une couche de cendre.
PUCHE: puce.
PUCHERIE: lieu où l'on puche.
PUCHET; PUCET: pot de terre contenant un à deux litres. Voyez PICHET.
PUCHOIR: lavoir; partie des pièces d'eau où l'on puise.
PUCHOT: lieu où l'on puise de l'eau dans une mare;--altise, coléoptère funeste au colza. L.
PUERVE: poulpe. Au figuré, femme méprisable.
PUET (s. m.); PUETTE (s. f.): fausset de tonneau. A.
PUETTE: chandelle de résine; lampe qui éclaire mal. Voyez ORIBUS; PÉTOCHE. B.
PUFINE (s. f.): excréments humains. L.
PUINE (s. m.): troëne (Ligustrum vulgare). L.
PULENTIN: petit puant. Du Roman pulent. A.
PUMEROLE (s. f.): primevère des prés. Voyez POMMEROLE. B.
PUPU (s. f.): huppe, oiseau. Onomatopée, comme dans le latin upupa. En patois Walon, boud-boud. A.
PUR: pus d'une plaie. L.
PUR; PURE: peur.
PURÉE (PORTER LA): être grondé pour un autre, sans l'avoir mérité. M. Decorde.
PURER (v. a.): presser pour faire égoutter;--(v. n.): couler doucement, goutte à goutte.
PURIN: suint.
PURIN, E. On appelle, à Rouen et à Lisieux, purins les ouvriers en laine.
PURINERIE (s. f.): corps des ouvriers en laine. S.-I.
PUROTER (v. n.): s'écouler par gouttes dont l'intervalle annonce un complet épuisement.
PUS: plus. Patois Bourguignon, et autres.
PUTEAU; PUTET: mare qui reçoit l'égoût du fumier.
PUTEL (s. m.): petite mare, formée par le liquide écoulé d'un fumier. S.-I.
PUTIER: homme débauché. M. l'abbé Decorde.
PUTOT: plus tôt; plutôt. L.
PUTTE-PUTTE: huppe. Du cri de cet oiseau.
Q.
QUAI: quoi; quelque chose. J'ai de quai. V. QUÉ.
QUAILOQUE (s. f.) (Sinapis arvensis). V. SANVRIN.
QUAIRE; QUERRE (s. f.): cordeau servant à attacher les bestiaux au piquet dans les pâtures. B.
QUAIRE: chaise, chaire. De cathedra.
QUAIRE: tomber; choir. S.-I.
QUAIS: chu. De quaire. Nous trouvons dans le ms. de M. Lepingard cette phrase singulière, dont le sens est difficile à saisir quand on l'entend prononcer pour la première fois: Qu'est qu'est quais?--Ch'est l'ais qu'était quais, qui r'est aco quais: Qu'est-ce qui est tombé?--C'est l'ais qui était tombé, qui est encore tombé de nouveau.
QUANT ET QUANT: en même temps. On trouve cette locution dans Amyot. En Roman, catacan signifiait incontinent. L.
QUANTE: quand, lorsque.
QUANT ET: avec. On dit aussi: A quant et moi: avec moi. Voir les auteurs du XVIe siècle.
QUAPENDU: espèce de poire;--espèce de pomme grosse, un peu plate et de couleur vert foncé.
QUARQUELOT: maigre; de mauvaise mine. O.
QUARSONNIER: mesure pour les grains. Du vieux mot quartonnier: quart de boisseau.
QUART-D'HEURE: un moment quelconque. Pour le quart-d'heure: pour le moment.
QUARTE (s. f.): mesure de six verres. B.
QUART-MOINS. Le quart-moins de minuit, de deux heures: minuit moins un quart, deux heures moins un quart.
QUAS. Voyez CAS.
QUASIMENT: presque. De quasi. Patois Walon.
QUATE: quatre.
QUATRE FERS D'UN CHIEN (NE PAS VALOIR LES): ne rien valoir.
QUATRE-VINGT-DIX-NEUF COUPS (AVOIR FAIT LES): avoir mené une vie bruyante et déréglée.
QUÉ: quoi.--GRAND QUÉ: beaucoup. Qué qu'ous avez: qu'avez-vous? Qué qu'o dites: que dites-vous?
QUÉDOLE (s. f.): horloge.
QUÉLETTE: petite queue.
QUÉLOT: moutarde (Sinapis arvensis).
QUÉMAND: mendiant L'Académie admet quémandeur.
QUEMENCER; QUÉMENCHER: commencer.
QUEMIN; Q'MIN: chemin.--QUEMINER: cheminer. Q'MINAYE: cheminée.
QUEMINEL: chemineau, sorte de pâtisserie. Voyez CHEMINEAU. S.-I.
QUÊNAIE: chênaie. S.-I.
QUENAILLE: canaille. L.--QUENAILLES: enfants. M.
QUENAILLEAU; QUENAILLON: enfant. L.
QUENASSES (s. f.): troupe d'enfants pauvres, mal élevés; mauvais sujets. Quenasse s'emploie aussi comme substantif singulier: c'est de la quenasse: c'est de la populace. Feu Lamarche.
QUÊNE: chêne.--QUÊNEAU; QUÊNOT: jeune chêne. QUÊNÉE: chênaie, lieu planté de chênes.
QUÉNEAU; QUÉNOT; QUENAU; Q'NAU ou Q'NOT: jeune chien. L.
QUENELLE: cannelle en bois pour tirer les liquides. L.
QUENET: chenet.
QUENOLLE: gosier. Voyez CHENOLLE, et CAGNOLLE.
QUENOTTER: faire ses quenots (chiens); mettre bas.
QUENOTTES: petites dents d'enfant;--oreilles de quenot ou chien.
QUENOUILLETTES (s. f. pl.): palets entourés de torchis, en forme de quenouilles, qu'on place en travers sur les chevrons pour l'établissement d'une aire ou d'un plancher. M. Lepingard.
QUÉOLLES; QUIOLES: jambes contrefaites.
QUÉQUE; QUÉQU'UN; QUÉQUEFOIS: quelque; quelqu'un; quelquefois. Dans le XIIIe siècle, queque signifiait quoique. L.
QUERAS: guignon.
QUERAUT: résine.
QUERBON (Chrysomica tenebrica), insecte. B.
QUERBON: charbon.--QUERBONNIER: charbonnier.
QUERBONNETTE: charbonnette.
QUERCAN: carcan.
QUÉRÉE: personne ou animal maigre ou sale. MM. Duméril.
QUERELLOUX: querelleur.
QUÉRÉMONIES: monitoires. L.
QUÉRIATURE: créature; femme ou fille. Elle est en effet la créature par excellence. L.
QUÉRIER: charrier.
QUERIR: trépaner. (Vire.)
QUERMINE: mauvaise viande. Au figuré, canaille.
QUERPENTIER: charpentier.
QUERQUE (s. f.): torchis composé d'argile et de foin, pour la construction des maisons en bois. B.
QUERRAI: trace que laissent les roues des charrettes.
QUERRETERIE; QUERTRIE: charretterie; lieu où l'on remise les charrettes.
QUERRETIER; QUERTIER: charretier.
QUERRETTE: charrette.--QUERRETÉE; QUERTÉE: charretée.
QUERRIAGE: charriage.
QUERRIER: tranche de bœuf dans le haut de la fesse. On dit ailleurs: talon de queue. De queue.
QUERRIÈRE: chemin que suivent pour aller aux champs d'une même ferme les querrettes, querrues, etc.
QUERRUE; QUIÉRUE: charrue.
QUERTER: attifer; parer. Voyez CRETÉ. O.
QUÉRU: vigoureux; capable de faire un travail très-pénible.
QU'EST-CE QUE C'EST: qui est-ce? qu'est-ce?
QUÉTER: ruiner; ne rien laisser; mettre à sec par le jeu. D'où QUETTE: qui a tout perdu au jeu. Il est à quette.
QUETILLER ou CATILLER: rosser; frapper. Du latin quassare.
QUÊTINES (s. f.): fruits à pressurer, recueillis sous les arbres où ils sont tombés avant leur maturité.
QUÉTONNER: bégayer. A.
QUETOU: porc.--QUETOUS! QUETOUS: cri pour appeler les porcs.
QUETTE: jambe; partie inférieure d'un animal.
QUETTES: point, nullement. Je n'entends quettes.
QUEU: quel, quelle. Au pluriel, queus, queues: quels, quelles.
QUEU; QUEUX: chez. S.-I.
QUEUE: pierre à affiler. Du latin cos.
QUEUE AU LOUP (A LA): l'un derrière l'autre.
QUEUE DE COQ (Lolium multiflorum). B.
QUEUE DE RENARD: prêle (Equisetum fluviatile). L.
QUEUE DE RENARD (Amaranthus rubens).
QUEULÉE: assemblée de gens qui font queue; famille.
QUEUQUE: quelque. L. QUEUQU'UN: quelqu'un.
QUEUQUEFOIS: quelquefois. L.
QUEURIE (s. f.): proie, curée; personne très-dégoûtante.
QUEUSSE: cuisse. L.
QUEUTINER: remuer de la queue.
QUEUTRE (s. m.): mauvais couteau. De culter. O.
QUEVEU: cheveu.--QUEVÈS; QU'VÈS: cheveux.
QUÈVRE; QUIÈVRE: chèvre.
QUÉVRON: chevron.
QUI: qu'il, qu'ils.
QUIACHE: chiasse; scories. S.-I.
QUIAFFE (s. f.): mauvaise chaussure. A.
QUIAULÉE, qui se prononce t'chiaulée. V. AQUIAULÉE.
QUIAULOGIE; QUIOLOGIE: généalogie.
QUIBOLLE: jambe mal faite. De quille.
QUIEN, QUIENNE: chien, chienne. S.-I.
QUIENQUIEN: pinçon. B.
QUIENS DE TERRE: mans, larves des hannetons.
QUIÉ QUE CÉ; QUI QUE CÉ ou QUI QUE SÉ: quoi que ce soit; quelque chose.
QUIEU: cuir. L.
QUIEUS: quel? lequel?
QUIGNON DE PAIN: morceau du coin du pain. Du Roman cuin, cuignet: coin. Voyez CHIGNON.
QUILLEBOCHE: jeu d'enfants, qui se joue avec un bouchon et une grosse pièce de monnaie. De quille et de bouchon. Voyez GALLINE.
QUILLERÉE: cuillerée.
QUINJOURS: quinze jours. L.
QUINOCHE (s. f.): béquille. Voyez CRIOCHE.
QUINQUEUX (mot normand, suivant Roquefort): déguenillé. Du Roman chincheux. De quinqueux vient requinquer.
QUIOLE: diarrhée. H.-N.
QUIOLLE (s. f.): jambe mal faite. De quille, pris, comme flûte, pour jambe sans mollet.
QUIORON (s. m.): chose chétive. S.-I.
QUIOT, QUIOTE. Voyez PIOT.
QUIQUAMPOIX (sorte d'adverbe). Altération de quoi qu'en poie (paie): quoi qu'il en coûte.
QUIS: fruits tombés avant leur maturité, mais déjà bons à recueillir pour le pressoir, et qu'on va quérir sous les arbres. Du verbe latin quærere. On trouve l'expression quis dans les Chansons du roi de Navarre. L.
QU'O: que vous. Je veux qu'o partiez. Où qu'o-z-allez? La conjonction est régulière. Toute la contraction est dans o, qui aurait dû être placé à l'article O avec la signification de vous qu'il a ici.
QUOI: quelque chose; quelque fortune; quelque argent.
QUOI (s. m.): poignée de filasse peignée.
QUOIQUE-ÇA: malgré cela. L.
QUOUANE (s. f.): galon. C'est le mot français couenne, pris au figuré. Quant à quouanne: imbécile, nigaud, usité à Caen, ce mot est l'altération de coion. Coglione, en italien.
QU'VA; Q'VA: cheval.--QU'VAS: chevaux.
Q'VEUX: cheveux.--Q'VILLE: cheville.
R.
RABABOUINER (v. a.): frotter la figure à contre-sens; rabattre le babouin;--rabâcher. Du mot babouin, employé par Marot dans le sens de sot babillard. L.
RABAUBINER: répéter dérisoirement les paroles de quelqu'un. De balbus. Voyez DÉGANNER.
RABETTE (s. f.): espèce de choux dont la graine contient de l'huile; littéralement, petite rave. MM. Duméril.
RABIBOCHER: rajuster; rétablir la concorde.
RABIENNER: réconcilier.
RABILLEUX: rabâcheur.
RABIS (s. m. pl.): révérences et compliments affectés et exagérés.
RABISTOQUER: raccommoder.
RABLET: petit couteau.
RABOTER: répéter les mêmes choses à satiété.
RABOTTE (s. f.): masse d'un bâton.
RABOUDINER (v. n.): se recoquiller; se recroqueviller.
RABOUÊNER: raccommoder grossièrement. En patois Rennais, dabonner. C'est toujours rendre à peu près bon. A.
RABOUÊNEUSE (s. f.): mauvaise couturière. A Rennes, dabonneuse. A.
RABOULER: renvoyer une boule vers son point de départ.
RABUQUER: remuer une chose mal à propos et la heurter. Au figuré, traiter quelqu'un rudement. L.
RABUSQUIER; RABUSCHIER: gronder vertement et ouvertement.
RACACHÉE; RACACHIE: bande nombreuse et sans ordre.
RACACHER; RACACHIER: faire revenir un animal au point de départ, en le chassant devant soi; rechasser.
RACATER: racheter; acheter de nouveau.
RACCOURCI; RACCOURCHI: chemin qui accourcit. Prenez par le raccourci.
RACCROC; RECROC: repas à la suite d'un plus grand, et presque toujours composé des restes de celui-ci. Faire le raccroc des noces; des repas de confrérie.
RACE (s. f.): canaille. Petite race: enfant.
RACHICOT (s. m.): grosse racine sortant de terre et donnant des rejets.
RACHINE: racine.
RACLÉE; DÉRACLÉE: volée de coups.
RACLER (v. a.): rosser; battre. L.
RAC'MODER: raccommoder.
RACOIN: coin, recoin. L.
RACOQUILLER (SE): se resserrer comme certains animaux dans leur coquille.
RACOUET: chaume.
RACRAMACHI, E (en parlant d'un visage): chiffonné, disgracieux et difforme.
RACRAMPIR. Voyez CRAMPIR (SE). L.
RACRO (s. m.): coude d'un chemin, détour, circuit, crochet. Ce chemin fait un racro à tel endroit. Ce lièvre a fait un racro, c'est-à-dire un circuit; il est revenu près du lieu d'où il était parti. Feu Lamarche.
RADAS (s. m. pl.): chiffons, guenilles. O.
RADOUBLER: redoubler; revenir sur ses pas; parcourir de nouveau le même chemin. O.
RADRECHER; RADRESSER: redresser;--recommencer.
RADRESSES: endroits qu'il faut connaître dans la distribution d'une maison ou d'une localité; ses êtres. L.
RAFAITS: objets vieux, usés et gardés en tas. Voyez RAFUT.
RAFALER: ravaler; ruiner.
RAFFILER: redonner le fil; aiguiser de nouveau.
RAFISTOLER: raccommoder à la hâte. En Roman, affistoler signifiait tromper; plus tard, ce verbe a été employé pour se parer. L.
RAFOURÉE: portion de fourrage pour un repas.
RAFOURER: donner à manger aux vaches et aux moutons dans l'étable. M. Decorde.
RAFULER: coiffer; donner un soufflet. H.-N.
RAFLIER: râfler.
RAGEUR, EUSE: qui fait rage; qui est d'un caractère difficile.
RAFECILLER: chercher parmi les rafaits; fureter.
RAFOI: Raphaël.
RAFOUER: chasser; gronder. C.
RAFOUET: feu follet. Voyez FOURLORE.
RAFOUGUER: examiner minutieusement.
RAFREUX: objet de rebut. B.
RAFUT: vieux meuble. Presque toujours employé au pluriel pour des vieilleries de toute espèce, restes de linge, d'habits, etc.
RAFUTER: raccommoder.
RAGACHE: qui agace, menace, provoque.
RAGACHER: agacer. S.-I.
RAGOT: bavardage; balivernes; propos; conte sans suite.
RAGOT; RAGOTE: cheval, jument, aux jambes courtes, à la taille moyenne, au cou fort, à la croupe large, très-capable d'un bon service.
RAGOTTER: rabâcher; dire des sornettes.
RAGOUASSE (s. f.): mauvais ragoût. A.
RAGRIBONNER (SE): se rassembler; se raccourcir en boule.
RAGUCER; RAGUCHER: ragoûter; exciter l'appétit, l'aiguiser. En langue romane, agucher, aigucher: aiguiser.
RAGUÊNER. Voyez RAGUÊNUCHER.
RAGUÊNU (s. m.): fruits restés aux arbres après la récolte. Du substantif regain. A.
RAGUÊNUCHER: recueillir les fruits restés aux arbres après la cueillette.
RAGUIN: insolent; emporté; vif, fort, portant au cerveau. Cidre raguin: qui enivre promptement.
RAGUISER: aiguiser.
RAHOUER (SE): se rendormir.
RAICHER. Voyez RÊQUER.
RAIDILLON (s. m.): partie de terrain difficile à gravir, raide à monter. L.
RAILE: raie; sillon de charrue.--RAILE DU DOS: épine dorsale.
RAILER: faire des raies; rayer.
RAILES (s. f. pl.): branches disposées pour former une clôture sèche. De l'anglais rail: barrière. B.
RAILETTE: raie des cheveux séparés sur la tête.
RAIMBINIER: fainéant; mauvais ouvrier; littéralement qui s'amuse avec des bâtons; rains, en vieux français. MM. Duméril.
RAINCÉE; RAINCHÉE: rossée.--RAINCER; RAINCHER: rosser.
RAINCIE: collation, goûter.
RAINE; RENNE (s. f.): grenouille. Une commune de l'arrondissement de Domfront s'appelle Raines-en-Grenouilles. Du latin rana.
RAISONNER: gronder; mettre à la raison.
RAISONNERIE: mauvais raisonnement. S.-I.
RAISONS: propos déplacés; altercations. Patois Lorrain. L.
RAITON (s. m.): petite raie;--poisson de rebut. L.
RALE: rare. L.
R'ALLER: aller de nouveau. H.-N. Je r'vais; je r'allais; j'ai r'été; je r'irai, etc. M. Decorde.
RALLIAS: réunion de plaisir entre gens qui se conviennent.
RALLONGE (s. f.): allonge.
RAMACHARD (s. m.): sorte de chasse aux oiseaux, qui se fait la nuit, à deux personnes ordinairement, avec une couline ou brandon de glui enflammé. Celle qui porte la couline va le long de la haie où sont juchés les oiseaux, et les effraie par du bruit et par la flamme de la couline. Les oiseaux s'enfuient du côté opposé; mais ils y trouvent l'autre chasseur, armé d'une rame ou ramée, qui les machacre, c'est-à-dire les assomme et les tue. Ramachard vient de l'acte et de l'instrument. M. Lepingard.
RAMARRER: rejoindre par un nœud les deux bouts d'une corde;--réconcilier; rapatrier.
RAMASSE (s. f.): volée de coups. Du verbe ramasser.
RAMBU: Rambures, sorte de grosse pomme acide qu'à Paris on appelle Rambour, mal à propos, puisque ce fruit tire son nom de la commune de Rambures. (Somme.)
RAMENDER (v. n.): amender; s'améliorer; se mieux porter; diminuer de prix.
RAMENDEVER: rappeler. Même sens que ramentevoir.
RAMENER: mettre à sa place un arrogant. V. REMENER. L.
RAMENTIR: remémorer.
RAMERRA: ramènera. H.-N.
RAMIAULER: amadouer. Se ramiauler: se refaire; réparer ses pertes; se raccommoder avec quelqu'un. Du verbe rendre et du substantif ami. L.
RAMICHER: regagner au jeu ce qu'on y avait perdu.
RAMIR: brandir. Ramir son bâton sur: lever son bâton sur; menacer de son bâton.
RAMON: grondeur; rabâcheur;--RAMON: fracas; tapage. C.
RAMONER (v. a.): traiter quelqu'un rudement, comme la cheminée qu'on ramone; gronder. L.
RAMOUCHELER: mettre de nouveau en mouchet.
RAMOUDRE: ramoner;--aiguiser.
RAMOULEUX: émouleur;--ramoneur.
RAMPONER (SE): se vêtir sans grâce, à la Ramponeau.
RAMPOS: rameaux.
RAMPRONER. Voyez RAPRONER.
RAMUCRIR: rendre mucre.
RAN: bélier. Du Celtique-Basque arra: mâle, ou mieux du grec αρρην, qui a la même signification.
RANCANGNÉ: qui regarde en dessous.
RANCE. Voyez RAUDE.
RANCER; RANSER: avoir la respiration gênée;--fléchir sous un fardeau.
RANCLE (s. m.): fièvre occasionnée par un rhume, accompagnée de mal de gorge.
RANCŒURIR: être presque pourri par la salissure, en parlant du linge à blanchir. De rancœur. C'est ce qu'on appelle, en Lorraine, du linge encueugné.
RANDIR: rôder; tourner autour.
RANDOIN; RANDOUIN: randon.
RANDON: babil qui a toujours le même objet;--graillon brûlé, gratiné par l'excès de la cuisson.
RANDONNAGE: action de randonner.
RANDONNÉE (s. f.): abondance. L'auteur du Vocabulaire, à la fin de la Danse aux aveugles, dérive avec raison ce substantif du mot randon. A grand randon: avec violence, avec impétuosité, «Se plaindre à fière randonnée, c'est-à-dire hautement et avec aigreur». Randonnée signifie aussi tournée, petit voyage.
RANDONNER: aller et venir dans le même lieu;--bouillir jusqu'à l'épuisement;--prendre goût de randon.
RANDOUILLER; RANDOUINER; RANTOUINER. V. RANDONNER.
RANGAIS (s. m.): terre, champ, sillon, où les lignes des charrues sont mal rangées, mal rabattues.
RANGER; RANGEAIS: labour préparatoire.
RANGUIE: rangée.
RANIÈRE: masure; vieille maison habitée par les rats.
RANQUEUX: animal de rebut.
RAPAPILLOTER: rajuster des papillottes; raccommoder ses affaires.
RAPAPIOLE (s. f.): passage rapide de la main sur un visage, en montant et en descendant. C'est une sorte de pénitence que l'on inflige, dans les petits jeux innocents. V. RABABOUINER.
RAPARAT: fantôme qui apparaît. B.
RAPAREILLER; RAPARILLER: trouver un objet pareil à un autre; assortir.
RAPARPOINTER: réparer; remettre bien en point. B.
RAPASSER A (SE): se borner à. L.
RAPENSER (SE): se rappeler; se souvenir.
RAPIAMUS (FAIRE): emporter tout ce qu'on veut enlever. De rapere, ravir.
RAPIN: homme qui vit de rapine, Du latin rapere.
RAPINEUX. Voyez RAPIN.
RAPOILER: s'occuper de choses de la valeur d'un poil; de riens, de bagatelles.
RAPOUSSER: rendre ce qu'on avait reçu. M. Decorde.
RAPPORT A: par rapport à; à cause de.
RAPRONAGE: rabâchage.
RAPRONER: blâmer; gronder; rabâcher. De l'ancien verbe ramposner, ou remprosner: injurier; blâmer; quereller.
RAPSAUDER: rapsoder.
RAPTI: tiges de colza dont on a enlevé la graine. M. l'abbé Decorde.
RAQUILLON: reste d'herbe, rebut des bestiaux; trognon de poire ou de pomme.
RASE: rez. A rase de terre. L.
RASEUX: rasoir.
RASI (qual.): curé; nettoyé.
RASIÈRE: sorte de boisseau; mesure d'un demi-hectolitre.
RASSEROTER: réconcilier; rapatrier.
RASSIER; RASSIR: rasseoir.
RASSOTER: raffoler.
RASSOAUTER: rapetasser. O.
RATABEU; RATANBEU: arrête-bœuf (Ononis spinosa).
RAT-A-RAT: rez. Coupez cette branche rat-à-rat du tronc: rez le tronc. L.
RATATIBOUÊNER: raccommoder grossièrement.
RATATOUILLE (s. f.): viande de rebut, telle que la rate, les poumons, etc. A.
RAT-BAILLOT: lérot.
RATELLE: rateau pour recueillir les épis perdus.
RATER: mesurer ras. C'est le contraire de COMBLER.
RATIER: ruisseau des rues. Corruption de radier. B.
RATIER: qui fait métier de détruire les rats.
RATIER: radier, ligne du chemin que suivent les animaux et qui est la plus sûre.
RATILLON. Voyez RAQUILLON. B.
RATIMITI: ras; rasé de très-près. (Valognes.)
RATIRE (s. f.): lieu où l'on serre, où l'on cache;--lieu où l'on se retire, où l'on est dans la retraite.
RATIRER: attirer chez soi. Presque toujours en mauvaise part.
RATOIRE (s. f.): ratière. On ne trouve ce mot ni dans Nicot, ni dans Monet; mais il a été admis dans le Dictionnaire des rimes de La Noue, et dans le Dictionnaire espagnol d'Oudin. L.
RATOUR: détour, au propre et au figuré.
RATROTTER: revenir sans cesse sur ce qu'on a dit ou fait; rabâcher. (Manche.)
RATROTTOUX: ratrotteur, celui qui ratrotte. La vieillesse est ratrottouse.
RATRUCHE: ratissoire.--RATRUCHER: ratisser.
RATUANGE (s. f.): rabâchage; redites ennuyeuses. A.
RAT-VAIRET: sorte de mulot, de couleur brune et fauve.
RAUCHER: hausser; rehausser. S.-I.
RAUCOUER: rôder;--observer avec une indifférence qui n'est qu'apparente.
RAUDE (s. f.): amas de branches, rangées en attendant qu'on les emploie. L.
RAUT (s. m.): rut des chats. L.
RAVALER: ruiner. Voyez RAFALER.
RAVAT: gaule ou long bâton avec lequel on ravage, on agite la vase, on trouble l'eau, etc.
RAVAUDER: fouiller; remuer une chose sans utilité et désagréablement. L.--Travailler. H.-N.
RAVEIGNE (s. f.): la tête. Ce mot se prend en mauvaise part. A.
RAVEINDRE: ratteindre; retirer de.
RAVELUCHE: rave sauvage, qui croît surtout dans le sarrasin.
RAVENELLE (s. f.): violier ou giroflée jaune. De rave, parce que la feuille et les tiges de la ravenelle ont la saveur des raves. Dans le patois de Grenoble, ravenella signifie radis et petites raves.
RAVENET: filet pour prendre les oiseaux.
RAVER: sauver; retirer. H.-N.
RAVEUGLER: confondre; bouleverser en cherchant.
RAVEUGUIER: ravauder; ennuyer par les mêmes propos; revenir sur le passé, etc.
RAVIGOUREY: remise, consolidée. M. Chassant, dans son Glossaire de la Muse Normande de Louis Petit.
RAVILER (v. n.): baisser de prix. Voyez RAMENDER.
RAVILLER: brouiller; mettre sens dessus dessous. De ravager. (Manche.)
RAVINÉ-COQUIN: coquin consommé. Corruption de raffiné. A.
RAVIRÉES (PAR LES): de temps en temps.
RAVIRER: se raviser; revenir sur son assertion. De virer. O.
RAVISION: changement d'avis; action de se raviser.
RAVOIR. Ce verbe n'a que l'infinitif. Le patois Normand le conjugue dans tous ses temps: je rai, je ravais, j'ai reu ou ru, je rerai, je rerais, que je raie, etc.
RAVOUER: réparer la voie, le chemin; remplir avec de la terre, des débris, etc.
RAYÉE (en parlant du soleil): apparition momentanée de quelques rayons de cet astre.
RAYONNOIR; RAYONNEUX; RAYONNOUX: sorte de petite houe on binette pour ouvrir les rayons qui doivent, dans le jardin, recevoir certaines semences. L.
RÉ; REY: roi.--RÉ: ruisseau.
RÉBARBARATIF: rébarbatif. Patois Lorrain.
REBARBER (v. réfl.): se montrer rébarbatif.
REBECCA (s. f.): femme revêche. Ce mot vient de bec, comme bécancière, et n'a nul rapport avec l'épouse d'Isaac.
REBETTE (s. f.): roitelet; troglodyte. L.
REBETTIN: petit roitelet L.
REBIFFER (SE): se défendre vivement; regimber.
REBINDER; REBLINDER (v. n.): recommencer. L.
REBINGER (v. réfl.): se venger.
REBLOT: roitelet.
REBOGNE (A): à tâtons. Voyez BONE-BONE.
REBOISSER: contredire; contrarier.
REBOUILLEUX: rejeton. C.
REBOULER: redonner, renvoyer une boule. Voyez ABOULER et RABOULER.
REBOUQUER: repousser; rebrousser. Il se dit d'un outil dont le tranchant rebrousse; puis de l'homme qui renonce à, qui cesse par satiété. On dit, en patois Troyen: à rebouque-nez: à satiété. Rebouquer signifie aussi céder; fléchir, dans la Seine-Inférieure.
REBOURS (A LA): à rebours.
REBOURS, E: revêche; rétif. Cheval rebours. Marot, dans ses Épigrammes:
Madame, je vous remercie
De m'avoir été si rebourse.
REBOUTER: réduire une fracture. L.
REBOUTEUR; REBOUTEUX: empirique qui remet les membres disloqués. De bouter: mettre. A.
REBRASSER: revêtir les bras.
REBROQUER: réparer un toit, un vêtement.
REBROUER: rabrouer; rudoyer.
REBULET: recoupes de farine. L.
REBUS (CHEMINS): raffermis après la pluie, rebus par le sol.
RECACHER: chasser; poursuivre. S.-I.
RECAT (s. f.): assemblée qui se tient dans la huitaine d'une fête. C'est en quelque sorte le réchauffé de cette fête.
RÉCART: écart, rebut. Mettre au récart.
RÉCAUFFER: réchauffer.
RECAUSER: parler de nouveau.
RÉCENT: qui a son bon sens; qui n'est point ivre. Reprendre son récent: reprendre connaissance après une syncope.
RECÉPER (v. a.) (Orne): scier un morceau de bois; littéralement recouper. On le dit ailleurs des arbres à moitié morts, qu'on est obligé de couper pour leur faire repousser des cépées. MM. Duméril.
RECHARGEAGE (s. m.): action de recharger. Patois Lorrain.
RÊCHER; RÊQUER: faire tomber les fruits à pressoir, à coups de gaule. Voy. RÊQUER; RÊQUET.
RECHEU: reçu, participe passé de RECHEVER: recevoir.
RECHEVEUX: grand cuvier qu'on place sous le canal de la faiselle, pour recevoir le cidre nouvellement brassé. M. Decorde.
RECHINCHER: revendeur.
RECHIPPER: pousser de nouveau en cépées.
RÉCIPER: recevoir. C'est le verbe latin recipere. O.
RÉCLER (v. n.): recueillir les fruits oubliés dans ou sous les arbres.
RÉCOMPÉRER: ne pas conserver le respect dû aux supérieurs; leur parler comme à un compère.
RÉCOPÉRER: récupérer.
RÉCOPILLÉ (TOUT): tout craché. Voyez RÉCOPI.
RÉCOPI; RÉCOPIT: peint trait pour trait; parfaitement ressemblant. Du verbe copier. Voyez ÉCOPIR.
RECOQUET: oiseau de la seconde ponte.
RÉCOQUILLER: rendre la santé. H.-N.
RECOUER (v. a.): sauver; conserver. A.
RECOUPER: mélanger. Recouper du cidre: y mettre moitié d'eau;--du blé: le remuer à la pelle pour l'empêcher de se gâter;--de la chaux: remuer, pelletée à pelletée, une masse de terre où l'on a mis de la chaux à s'éteindre pour former un bon engrais.
RECOUVRIR: recouvrer. Recouvrir la santé.
RECROCHILLER: rendre croche; courber; tordre.
RECUIT (BLÉ AU): blé qu'on n'a pu vendre et qu'on a mis dans un coin à l'écart.
RECULÉE (FEU DE): grand feu qui force à se reculer.
RÉCURER: curer; écurer; fourbir.
RÈDE (adv.): très; tout-à-fait; vite. Rède bon: très-bon. Courir rède: courir vite.
RÉDILLON: sentier escarpé. H.-N.
REDINGUER: rebondir. (Valognes.)
REDOT: enfant né long-temps après celui qui l'a précédé, et quand on ne s'y attendait plus.
REFAIRE: tromper; attraper.
REFAITS: récits sans importance. Voyez RAFAITS.
REFALX; REFAUX: regain, herbe de la première pousse après la fauchaison.
REFILER: refendre au moyen de la scie.
RÉFORCEMENT: renforcement. Cet homme est bête par réforcement, imbécile renforcé, bête à l'excès. L.
RÉFORCER; RÉFORCHER: engager à manger; presser avec instances réitérées de manger, de boire. Réforcez-vous: mangez donc; excitez-vous à manger. L.
RÉFOUI: usufruit. O.
REFREINDRE (v. n.): baisser de prix, en parlant des objets de commerce courant. Voyez RAMENDER. B.
REGADER: regarder. L.
RÉGALER: payer la goutte.
REGARDANT: intéressé, un peu avare. L.
REGAUDIR: réjouir. De gaudere. S.-I.
RÉGENCE: petit pain au levain de bière. H.-N.
REGENCER: rajuster. D'agencer. Voyez GENCER. L.
REGINGUER: regimber.
RÉGLER: avoir la respiration gênée et faire du bruit en respirant. M. l'abbé Decorde.
RÉGNON: léger bruit du chat avant de s'endormir. H.-N.
RÉGOLICE, ou RÉGOLISSE. Voyez RIGOLICE.
REGRACIER: rendre grâces; remercier. C'est l'ancien mot français.
REGUCER. Voyez RAGUCER.
RÉGUISER: aiguiser.
REHAUCHE (s. f.): accroissement de qualités; avantage. S.-I.
REIDERIE: engouement pour certaines choses.
REIDEUX: qui a des reideries.
REINE-BOITE (PORTER A LA): porter quelqu'un, à deux personnes, qui entrelacent leurs mains pour en faire un siége.
RELANNER: rosser. De lanière.
RELANQUIR: renoncer à. De relinquere. S.-I.
RÊLE (s. f.): raie tracée sur le papier, le bois. On appelle parfois l'arc-en-ciel la Rêle-St.-Martin.
RELICHÉE: rossée.--RELICHER: rosser.
RELICHER: lécher de nouveau; savourer en mangeant; chercher ce que les autres ont laissé; courir après un objet que l'on convoite.
RELIÉE: rossée.--RELIER: rosser.
RELINGUER: redresser; remettre quelqu'un à sa place, le rappeler à l'ordre.
RELIPPER: boire la part d'un autre.
RELIQUER; RELIQUIER. Voyez RELICHER.
RELIRE; RELURE: reluire.
RELUQUER: regarder en clignant les yeux. Du latin lux.
REMAIT (IL): il reste; il demeure.
REMANCER; REMANCHER; REMANCHIER; ROMANCHIER: gronder.
REMBRAILLER: donner suite à une fête le lendemain de cette fête ou le jour de l'octave; peut-être remettre ses braies de fête. M. l'abbé Decorde.
REMBRAILLER (SE): remettre ses braies. Id.
REMEMBRAME (s. m.): reste; petit morceau. O.
REMEMBRANCE: souvenir.
REMEMBRER: se souvenir.
REMENER: rabrouer. On dit à quelqu'un dont on a sujet de se plaindre: «D'où viens-tu, que je te remène?»
REMETTOUX: rebouteur. Voir ce mot.
REMEUIL: commencement de dégel. L.
REMEUILLER (v. n.): commencer à dégeler. L.
RÉMIAGE (s. m.): action de rémier, de pressurer un marc déjà travaillé et étreint. Le rémiage est aussi la liqueur qui provient de cette seconde pression. D'émier pour la deuxième fois. L.
RÉMIER (v. a.): exécuter l'opération du rémiage. L.
REMINER A: songer à. Du verbe ruminer. L.
RÉMIOUX: ouvrier qui rémie.
REMIRER: regarder avec attention. H.-N.
REMONTÉE: après-midi. H.-N.
REMONTER: reprendre son travail après midi.
REMOTTER: former une motte de terre au pied de certaines plantes, telles que la pomme de terre. H.-N.
REMOUDRE; REMOULER: repasser sur la meule.
REMOULETTE: petite meule pour émoudre. O.
REMOUTI (s. m.): miroton. L.
REMPIÈCETER: rapiécer.
REMPIÉTER: refaire le pied d'un bas.
REMPLI: repli.
REMPLIER: replier.
REMUCRE; REMUQUE: mucre. Sentir le remucre. V. MUCRE.
REMUÉ DE GERMAIN: issu de germain. Cousin remué de germain.
REMUER: replanter, en parlant de jeunes plantes.
RENAFLER: respirer bruyamment par le nez.
RENALLER (SE): s'en aller de nouveau.
RENARD: nausée, vomissement. Dans le patois Walon, on dit renardé pour vomir. De nasus. A.
RENARDER: vomir. Patois Berruyer.
RENARÉ: fin comme un renard. (Vire.) Être renaré: trouver plus rusé que soi. H.-N.
RENASELLE: grenouille. De rana, raine, dans l'ancien français. Patois Troyen. En patois Walon, rane, ranotte.
RENASQUER: renifler. En patois Walon, naque signifie excrétion du nez. A.
RENCEINT; RENCHEINT: ligne qu'on décrit en marchant, pour enceindre dans un espace de plus en plus resserré l'animal ou l'objet dont on veut se saisir.
RENCHAINT: surcroît. S.-I.
RENCHARGER: recommander.
RENCHIN: circuit de manière à revenir au point de départ. Faire un renchin.
RENCOIGNER: pousser un animal dans un coin, où il est plus facile de le saisir. L.
RENCONTRE: sorte de coiffe «dont les barbes, disent MM. Duméril, sont faites de dentelles, cousues par le pied, qui se rencontrent.»
RENCONTRÉ: pourvu. Cette fille, qui s'est mariée, est bien rencontrée. BIEN RENCONTRER: faire un mariage sortable.
RENDOUBLE; RENDOUBLÉ: double. Rendouble-coquin: double coquin. Rendoublée-catin: coureuse consommée. L.
RENDOUBLER (v. a.): redoubler; replier de manière à former un double. Ce linge, ce papier est rendoublé. L.
RENDUIRE: enduire.
RENDUIT: enduit. Voyez POULFRI. L.
RENELLE: ruelle d'un lit. H.-N.
RENEUCHIER: renouveler un repas de noce.
RENEUCHON: renouvellement du repas et des fêtes d'une noce. L.
RENÉTIR: nettoyer.
RENFILER: redonner le fil; affiler.
RENFRAICHIR: rafraîchir. De l'italien rinfrescare.
RENFRAICHISSEMENT: rafraîchissement.
RENGAGNE (s. m.): esprit irritant. Voyez ENGAGNER.
RENHAITER: exciter; encourager. H.-N.
RENLARGIR: élargir de nouveau.
RENMESSER: faire dire une messe d'actions de grâces, le lendemain de son mariage. M. l'abbé Decorde.
RENONCHER; RENONCHIER: renoncer.
RENOUVIAU: renouveau, printemps.
RENOUVELÉE (VACHE): vache qui vient de vêler.
RENTIQUÉES: reparties; répliques.
RENTRAITE: reprise des mailles d'un tissu percé.
RENTRAITÉ: effrayé. S.-I.--Vêtement rentraité: auquel on a fait des rentraites.
RENVERSER: vomir. (Mortain.)
REPAIRER (v. n.): habiter un lieu, s'y retirer habituellement. Le roi de Navarre fait usage de ce verbe, dans ses Chansons, et La Ravallière, dans le Glossaire qui les accompagne, cite ces vers d'un vieux poète anonyme: