Histoire de la Monarchie de Juillet (Volume 2 / 7)
1: Faut-il croire cependant qu'à certaines heures d'irritation, Périer était tenté de ne plus se contenter du droit commun? Louis-Philippe, après la mort de Périer, causant avec les chefs de la gauche, et cherchant un peu, il est vrai, à se faire valoir, aux dépens de son ministre, leur disait, après avoir rappelé la nécessité de la liberté de la presse et du jury: «Aussi me suis-je constamment opposé aux mesures d'exception que Périer me proposait souvent, quand il était dans ces accès de colère qui nous ont nui plus d'une fois.» (Mémoires d'Odilon Barrot, t. I, p. 607-608.)
2: Mars-avril 1831.
3: Périer estimait que l'organisation de la garde nationale et surtout l'élection de ses officiers présentaient de grands périls. «Cela ne peut pas durer, disait-il un jour à La Fayette;... il faut que ces anomalies disparaissent.»
4: On a calculé, par exemple, que, de la révolution de Juillet au 1er octobre 1832, il y avait eu 281 saisies de journaux et 251 jugements: 86 journaux avaient été condamnés, dont 41 à Paris. Le total des mois de prison s'était élevé à 1226, et celui des amendes à 347,550 francs. En juillet 1835, la Tribune se vantait d'être à son 114e procès et d'avoir subi 199,000 francs d'amende. Or, pendant toute la Restauration, il n'y avait eu que 181 condamnations pour délits de presse.
5: M. Degouve-Denunques, rédacteur du Progrès du Pas-de-Calais, se vantait, en 1838, d'avoir été 24 fois poursuivi et 24 fois acquitté. De même, l'Écho du peuple, journal républicain de Poitiers, en 1835, comptait 13 acquittements sur 13 poursuites. M. Anselme Petétin, rédacteur d'une feuille radicale de Lyon, poursuivi 13 fois en trois ans, n'avait été condamné qu'une fois, et encore disait-il que c'était faute d'avoir bien fait les récusations. En 1846, pour la première fois, le jury de Toulouse condamna une feuille légitimiste. Sur d'autres points, à Paris notamment, le jury se montrait sévère contre les «carlistes», pendant qu'il acquittait les républicains.
6: Le Constitutionnel, qui n'était cependant que centre gauche, déclarera, quelques années plus tard (3 janvier 1832), à propos d'un acquittement de journal, que les échecs parlementaires de l'opposition étaient plus que compensés par le succès judiciaire qu'elle venait d'obtenir; car, disait-il, le jury était le pays lui-même, tandis que la Chambre n'en était que la représentation. C'est à propos de ces déclamations sur le jury que M. Thiers, dans la discussion des lois de septembre, dénonçait «ces grands mots pédantesques que les partis aiment à créer, et avec lesquels ils veulent écraser la vérité».
7: Lettre du 26 octobre 1831. (Mémoires de La Fayette, t. VI.)
8: Le fait a été cité par M. Persil, à la tribune, le 9 avril 1833.
9: Lettre à M. de Barante en date du 13 janvier 1832. (Documents inédits.)
10: Le National disait, le 23 avril 1831: «Un seul journal soutient aujourd'hui avec chaleur le ministère du 13 mars: c'est le ci-devant journal de la légitimité, le Journal des Débats.» Le Temps, pourtant plutôt favorable au cabinet, disait, à la même époque, «qu'avec la presse périodique, telle que nos troubles l'avaient faite, le gouvernement n'avait qu'à choisir entre une existence assez mal assurée et neuf morts bien certaines».
11: Périer, en prenant le pouvoir, trouva une session en cours qui se prolongea jusqu'au 20 avril 1831. La nouvelle Chambre siégea ensuite d'une façon continue, du 23 juillet 1831 au 24 avril 1832.
12: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
13: Souvenirs du feu duc de Broglie.
14: Voir, au tome précédent, le chapitre Ier du livre II.
15: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
16: Documents inédits.
17: Ibid.
18: Ibid.
19: Ibid.
20: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
21: Lettre de M. de Rémusat à M. de Barante, en date du 28 octobre 1831. (Documents inédits.)
22: Documents inédits.
23: Documents inédits.
24: Ibid.
25: Discours du 9 août 1831.—Un autre jour, le 21 septembre de la même année, Périer demandait que «les amis du gouvernement se montrassent comme ses ennemis», car, ajoutait-il, «ce sont les incertitudes d'en haut qui font les inquiétudes d'en bas».
26: Expression de M. de Rémusat dans une lettre à M. de Barante. (Documents inédits.) M. Duvergier de Hauranne, naguère si sévère pour la Chambre, reconnaissait lui-même ce changement, non sans un certain étonnement. Il écrivait à ce propos: «Élue dans un temps de trouble et de désordre, bourrée de préjugés, étrangère, dans une forte portion de ses membres, aux lois les plus simples du mécanisme constitutionnel, avide enfin de popularité, la Chambre de 1831, par la seule force de son bon sens et de son honnêteté, par le seul besoin de rétablir l'ordre et de sauver la société menacée, a su, par degrés, vaincre ses préjugés.» (Notes inédites.)
27: Discours du 19 septembre 1831.
28: Journal des Débats, 1er mai 1832.
29: Discours de M. Mauguin, 19 et 20 septembre 1831; de M. Pagès, 9 avril 1832. Voyez aussi, dans le même sens, le National des 15, 30 mai et 16 juillet 1831.
30: Un peu plus tard, M. Barrot s'est-il fait une idée plus juste du parti républicain? Toujours est-il qu'en avril 1832, il crut devoir écrire une lettre publique pour se distinguer de ce parti. (O. Barrot, Mémoires, t. I, p. 213.)
31: Voyez la plaidoirie de M. Barrot pour le National, après l'émeute du 14 juillet 1831, ou son discours à la Chambre, dans le débat qui suivit les événements de Grenoble, 20 mars 1832.
32: M. Loève-Veimars, Lettres sur les hommes d'État de la France.
33: 21 décembre 1831.
34: Voyez le Parti libéral sous la Restauration, p. 421 à 424.
35: «J'aime tant le naturel, disait M. Thiers, qu'il n'est pas jusqu'à ce plat de Dupin à qui je ne pardonne toujours parce qu'il est naturel.» (Sainte-Beuve, Notes et Pensées, t. XI des Causeries du lundi.)
36: Dupin, Mémoires, t. II, p. 304.
37: Papiers inédits.
38: «La liberté, s'écriait alors M. Guizot, est née quelquefois après les révolutions, et je ne doute pas qu'elle ne vienne après la nôtre, de même que l'ordre est venu quelquefois après le despotisme; mais l'esprit de révolution, l'esprit d'insurrection est un esprit radicalement contraire à la liberté.» Il montrait la cause de cette «anarchie croissante de la société et des esprits» dans «ces restes d'idées, de passions et d'habitudes anarchiques, venues soit de la Révolution française, soit des tentatives continuelles de complots, de conspirations contre le gouvernement déchu». (Discours des 28 novembre, 29 décembre 1830 et 27 janvier 1831.) Quelques mois auparavant, le ministère dont M. Guizot était un des membres importants, s'était associé officiellement à une manifestation en place de Grève, qui était une réparation solennelle faite à la mémoire des «sergents de la Rochelle» condamnés, en 1822, pour conspiration.
39: La Démocratie en France, par M. Guizot (1849).
40: Discours du 5 octobre 1831.
41: M. Guizot définit ainsi ce parti: «Caput mortuum de ce qui s'est passé chez nous de 1789 à 1830, collection de toutes les idées fausses, de toutes les mauvaises passions, de tous les intérêts illégitimes qui se sont alliés à notre glorieuse révolution et qui l'ont corrompue quelque temps, pour la faire échouer aussi quelque temps.» (Discours du 11 août 1831.)
42: Discours du 20 septembre 1831.
43: Discours du 11 août 1831.
44: M. Guizot devait écrire plus tard: «Un peuple qui a fait une révolution n'en surmonte les périls et n'en recueille les fruits que lorsqu'il porte lui-même sur les principes, les intérêts, les passions, les mots qui ont présidé à cette révolution, la sentence du jugement dernier, séparant le bon grain de l'ivraie et le froment de la paille destinée au feu. Tant que ce jugement n'est pas rendu, c'est le chaos; et le chaos, s'il se prolongeait au sein d'un peuple, ce serait la mort.» (La Démocratie en France, 1849.)
45: Voyez notamment le discours du 21 décembre 1831.
46: Discours du 5 octobre 1831.
47: Discours du 21 décembre 1831.
48: Guizot, Mémoires, t. II, p. 237, 313.
49: Sur le rôle de M. Thiers avant 1830, voyez le Parti libéral sous la Restauration, p. 201, 457, 465, etc.
50: Il est difficile de prendre au sérieux ce regret de «ses chères études» que M. Thiers s'est plu à témoigner jusqu'au dernier jour. Il avait, au contraire, la passion de l'action. Un jour, en 1852, causant avec M. Senior, il se plaignait de n'être plus rien.—«Mais, interrompit son interlocuteur, n'est-ce donc rien, après avoir été l'un des deux premiers hommes d'État, d'être encore l'un des premiers écrivains du pays?—Écrire, répondit M. Thiers, est peu de chose, quand on a été habitué à agir. Je donnerais dix bonnes histoires pour une bonne session ou pour une bonne campagne militaire.» Il a dit un autre jour: «Que l'homme soit ou ne soit pas destiné au bonheur, il est certain, du moins, que jamais la vie ne lui est insupportable, lorsqu'il agit fortement; alors il s'oublie.»
51: Nous avons déjà eu occasion, en parlant de l'émeute des 14 et 15 février 1831, de signaler l'étrange attitude de M. Thiers en cette circonstance.
52: Loève-Veimars, Revue des Deux Mondes, 15 décembre 1835.—Le même écrivain a prétendu que M. Thiers recevait de Périer une somme de 2,000 francs par mois, prise sur les fonds secrets. Cette assertion, reproduite par d'autres, n'a pas été, à notre connaissance, démentie. Toutefois, ce témoignage n'a pas assez d'autorité pour que nous regardions le fait comme établi.
53: Cf. passim, dans la Monarchie de 1830, brochure publiée par M. Thiers, en novembre 1831.
54: Le National disait, le 10 août 1831: «M. Thiers a gagné incontestablement, comme orateur, depuis la dernière session; mais il fera bien de se défaire de la mauvaise habitude de traiter d'absurdes, d'insensées, de sottes toutes les opinions qui ne sont pas les siennes.»
55: National du 5 octobre 1831.
56: Les recettes ordinaires de 1830 avaient été évaluées par le projet de budget à 979,787,135 francs, les dépenses à 972,839,879 francs. Par suite de la révolution, les recettes ne s'élevèrent qu'à 968,236,623 francs, et au contraire les dépenses montèrent à 997,874,109 francs. De plus, sur le budget extraordinaire, il y eut un excédant de 34,097,625 francs, ce qui fit un excédant total de dépenses de 63,735,111 francs.
57: M. Dupin dit dans ses Mémoires (t. II, p. 544), que le Trésor avait à payer, du 20 au 21 mars, 65,500,000 francs; on n'avait que 14 millions; on était donc au-dessous des besoins de 51,500,000 francs.
58: Lettre de M. de Rémusat à M. de Barante. (Documents inédits.)
59: Ces ressources extraordinaires mises à la disposition du gouvernement, sauf réalisation, s'élevaient à 356,458,808 francs, savoir: 1o 3 millions de rente 3 pour 100, représentant un capital de 54 millions; 2o obligations, aliénations de bois et négociations de rente pour 200 millions; 3o addition au principal de la contribution foncière, 46,458,808 francs; 4o crédit en rentes jusqu'à concurrence de 50 millions; 5o retenues sur les traitements, 6 millions. Le ministère eût voulu moins demander à l'emprunt et plus à l'impôt; la Chambre s'y refusa. En 1831, l'excédant des dépenses sur les recettes fut de 266,007,933 francs, qui joint au déficit de 1830, formait un découvert total de 329,743,044 francs.
60: Le ministre des finances disait, le 19 août 1831, à la Chambre: «C'est un désordre grave, dans le gouvernement d'un peuple libre, que d'administrer sans budget.»
61: «Où mène l'esprit qui n'est que l'esprit?» disait encore le National à propos de M. Thiers, et il ajoutait: «Ce n'est pas sans douleur que nous le voyons s'égarer au service d'une politique basse, petite, misérable, à laquelle les inspirations du cœur, toujours si sûres, si fécondes, n'ont point de part.»
62: Voici quelques extraits de ce factum, publié en 1831: «Justice sévère, honte même à l'homme doué d'autant de talent que d'énergie, qui, grandi d'abord à l'ombre de la bannière que la France vient de reconquérir au prix de son sang, la renie ensuite avec scandale, fournit aux oppresseurs de la liberté l'appui d'un talent qu'il prêtait naguère à la liberté même!... Orateur loquace et superficiel, doué d'une facilité déplorable, M. Thiers occupe la tribune des heures entières, et fatigue, assourdit, éblouit ses auditeurs. Il a la conscience d'un charlatan et la volubilité d'une femme en colère. Il embrouille et noie les questions les plus simples dans la fluidité confuse de son langage, tourne, déplace, escamote les difficultés, s'embourbe dans le gâchis de ses sophismes, et finit par rire le premier de la crédulité de ceux qui l'entourent.»
63: À Tarascon, le 23 mai 1831, la troupe avait refusé de marcher contre les émeutiers.
64: Dans le procès d'avril, quelques années plus tard, l'un des accusés interpella M. Barthe, pour lui rappeler qu'ensemble ils avaient juré haine à la royauté sur le même poignard. M. Barthe était, du reste, bien revenu de ses entraînements révolutionnaires. Le roi Louis-Philippe disait de lui, un jour, à M. Guizot: «Bien peu d'avocats comprennent les conditions du gouvernement; Barthe y est arrivé. Ce n'est pas un transfuge, c'est un converti; il a vu la lumière.»
65: Jusqu'à la fin, l'opposition, avec la clairvoyance de la haine, se servira de cette origine pour rabaisser la monarchie. La veille de la crise de février 1848, M. Mauguin disait encore à la tribune: «Pourquoi prononcer de grands mots contre les révolutions? Mais notre gouvernement, nos Chambres, nos ministres, la couronne elle-même, est-ce que tout cela n'est pas révolutionnaire? Est-ce que vous n'avez pas ici jugé un roi? Est-ce que vous trouvez quelque chose de plus révolutionnaire que de prononcer la déchéance d'un roi, de déclarer la vacance d'un trône, de décerner une couronne? Vous êtes un gouvernement révolutionnaire.»
66: Souvenirs du feu duc de Broglie.
67: «Des bourgeois de province engendrer un roi de France! Cela, en effet, valait la peine d'être crié sur les toits, et ne se voit pas tous les jours; aussi n'entendis-je longtemps retentir à mes oreilles, à la Chambre et dans les couloirs, que ces mots ronflants et superbes: Le Roi que nous avons fait! Oui, le Roi que nous avons fait! Comme ils en remplissaient leur bouche!» (Cormenin, Livre des orateurs, Appendice, t. II, p. 375.)
68: Lettres de Doudan, t. II, p. 178-179.
69: Un observateur avisé, madame Émile de Girardin, dira, quelques années plus tard: «Nous sommes maintenant un peuple d'envieux qui voulons rire de nos maîtres.» (Lettres parisiennes du vicomte de Launay, t. III, p. 73.)
70: M. de Vigny écrivait dans son journal, le 21 août 1830, quelques jours après la révolution: «En politique, je n'ai plus de cœur. Je ne suis pas fâché qu'on me l'ait ôté: il gênait ma tête. Ma tête seule jugera dorénavant et avec sévérité. Hélas!»
71: C'est à M. Guizot que le Roi disait, un jour, en lui prenant tout à coup les mains avec effusion: «Je vous dis, mon cher ministre, que mes enfants n'auront pas de pain.»
72: A. Karr s'est amusé, dans ses Guêpes, à relever la phrase suivante de M. de Cormenin: «Le budget est un livre qui pétrit les larmes et les sueurs du peuple pour en tirer de l'or,... un livre qui chamarre d'or et de soie les manteaux des ministres, qui nourrit leurs coursiers fringants, et tapisse de coussins moelleux leurs boudoirs.»
73: Guizot, Mémoires, t. II, p. 224.
74: Le projet voté par la Chambre des députés portait: «La loi du 19 janvier 1816, relative à l'anniversaire du 21 janvier, est abrogée.» La Chambre des pairs le modifia ainsi: «Art. 1er. Le 21 janvier demeure un jour de deuil national.—Art. 2. Toutes les autres dispositions de la loi du 19 janvier 1816 sont abrogées.» La Chambre des députés ayant persisté dans son premier vote, la question revint, en 1833, à la Chambre des pairs, qui, cette fois, s'arrêta à la rédaction suivante: «La loi du 19 janvier 1816, relative à l'anniversaire du jour funeste et à jamais déplorable du 21 janvier 1793, est abrogée.» Cette rédaction fut adoptée par la Chambre des députés.
75: Nous avons dit ailleurs l'importance qu'a eue, dans la carrière politique et oratoire de M. Thiers, le discours qu'il a prononcé en cette circonstance.
76: J'ai eu plus d'une fois l'occasion de marquer l'action de M. Royer-Collard et d'esquisser sa puissante et originale figure dans mon étude sur le Parti libéral sous la Restauration. (Cf. notamment p. 80 et 418.)
77: Peu après l'avénement de Périer, l'Ami de la religion disait de lui: «On assure qu'il blâme les vexations exercées en tant de lieux contre le clergé, et qu'il s'est prononcé, entre autres, très-fortement contre les enlèvements et destructions de croix.»
78: Voyez entre autres les discours prononcés à Amiens, à Meaux, à Besançon, etc., etc. (Ami de la religion, passim.)
79: Vie de Mgr Devie, par l'abbé Cognat, t. II, p. 21.
80: Voyez notamment les lettres pastorales des archevêques ou évêques de Tours, Sens, Belley, Strasbourg, Troyes, Angers, des vicaires capitulaires d'Avignon. (Cf. passim, Ami de la religion de 1830 et 1831.)
81: Séance du 13 février 1822.
82: Vie de Mgr Devie, par l'abbé Cognat, t. II, p. 5.—Vie de Mgr de Quélen, par M. d'Exauvillez, t. II., p. 45-46.
83: Un homme politique qui s'est trouvé, en 1829, accompagner Périer aux bains de Louèche a remarqué qu'il ne manquait jamais la messe le dimanche, et que, le plus souvent même, il assistait aux vêpres.
84: Ces paroles sont rapportées dans une lettre écrite, en 1843, par Mgr Devie, au ministre des cultes. (Vie de Mgr Devie, par l'abbé Cognat, t. II, p. 225.)
85: Dans une circulaire, en date du 2 septembre 1831, relative à la surveillance à exercer sur les carlistes, Casimir Périer disait à ses préfets: «Recommandez aux maires de vous signaler avec exactitude le déplacement clandestin des ecclésiastiques, et faites-le-moi connaître.» Dans l'état des esprits et avec les dispositions de beaucoup de municipalités, on conçoit quels abus pouvait encourager une semblable recommandation. Faut-il s'étonner que, peu après, le 8 octobre, l'évêque de Saint-Dié fût réduit à engager ses prêtres «à se refuser la consolation de visiter leurs confrères», afin d'éviter «ce qui pourrait dégénérer en sujet de trouble, par la prévention maligne d'un œil qui, n'étant pas bon pour vous, ne voit jamais vos actions, même les plus simples, que sous un jour peu favorable»? «Les visites, dit-il, que les prêtres pourraient se faire mutuellement ne seraient pas sans désagrément pour leurs personnes et sans préjudice pour la religion.»
86: Lettre du 29 août 1831.
87: Moniteur du 13 septembre 1831.
88: M. Bérenger exprimait le regret que, «sous un gouvernement et après une révolution qui consacrent cette liberté, des citoyens ne pussent, sans opposition, se vêtir et prier Dieu comme ils l'entendaient, dans leur maison, alors surtout qu'on ne demandait à la loi d'autre protection que celle qui est due à tous les citoyens».
89: Séance du 31 décembre 1831.
90: Jugement du 20 janvier 1832.
91: Dans l'éloquente plaidoirie qu'il a prononcée, en 1884, devant le tribunal des conflits, pour d'autres religieux dispersés, Me Sabatier a noté, entre les exécutions de 1830 et celle de la Meilleraye, une différence importante, au point de vue juridique. À la Meilleraye, il y avait eu grand déploiement de force armée, sans doute parce qu'on se croyait sous la menace d'une insurrection carliste; mais cette force armée paraît n'avoir été mise en action contre la personne des religieux que lors de la seconde expédition et seulement contre les étrangers; dans ce cas, en effet, elle était brutale, mais n'avait rien d'illégal. Quant aux religieux français expulsés lors de la première expédition, ils avaient protesté, mais avaient fini par se disperser volontairement. Rien n'avait été fait contre eux qui pût être comparé aux portes crochetées et brisées, aux citoyens français arrachés de force de leurs domiciles, à toutes les violences scandaleusement illégales dont nous avons été témoins. Même, d'après les instructions du ministre de 1831, citées dans le rapport de M. Bérenger, le sous-préfet devait, en cas de refus des moines, «requérir immédiatement l'intervention du procureur du Roi», ce qui semble signifier un recours aux voies judiciaires.
92: Ami de la religion, t. LXIX, p. 102 et 117.
93: Ces statues ont été plus tard portées dans la chapelle du château de Versailles. Elles n'ont été replacées à Notre-Dame, derrière le maître-autel, que sous le second empire, lors de la restauration dirigée par M. Viollet-Leduc.
94: Dans ce même discours, Thibaudeau s'écriait, en s'adressant aux mânes de Grégoire: «Tant qu'un souffle de vie nous animera, à ton exemple, nous le consacrerons au culte de la liberté et de la patrie.» Est-ce pour tenir ce serment si solennel, qu'en 1852, au lendemain du coup d'État, ce dernier survivant des régicides se faisait porter sur la première liste des membres du Sénat impérial?
95: On lisait dans cet article, en date du 31 mai 1831: «Les obsèques de M. l'abbé Grégoire, ancien évêque de Blois, ont eu lieu aujourd'hui, 30 mai, avec toute la régularité et la décence qu'exigeait une cérémonie de ce genre... On savait que l'autorité ecclésiastique ne croyait pas pouvoir accorder les prières de la communion catholique à cet ancien évêque. Sans vouloir examiner jusqu'à quel point cette détermination était compatible avec de hautes considérations d'État, et sans oublier que les libertés religieuses font aussi partie des libertés françaises, le gouvernement ne dut s'appliquer qu'à prévenir les fâcheuses interprétations ou les prétextes de troubles qui pouvaient résulter de ce refus.» Puis, après avoir raconté comment s'était faite la cérémonie, le Moniteur ajoutait: «Les lieux ont été remis régulièrement à M. le curé de l'Abbaye-aux-Bois. Tout est calme. Nous voilà bien loin des scandales qui, il y a peu d'années, accompagnaient des conflits de ce genre. C'est un des fruits de la raison publique... On comprend mieux toutes les libertés; on les possède plus sûrement; on en jouit avec plus de sagesse.» Le lendemain, cependant, le Moniteur jugea nécessaire de protester contre le discours de Thibaudeau.
96: Journal des Débats, février 1832.
97: Vie du cardinal Mathieu, par Mgr Besson, t. I, p. 114 et 146.
98: Sur toutes ces petites persécutions des municipalités, cf. l'Ami de la religion de 1831 et de 1832, passim, notamment t. LXVII, p. 587; t. LXIX, p. 104, 134, 152, 169, 183; t. LXX, p. 215, 247, 281; t. LXXI, p. 596.
99: M. de Montalivet était alors ministre de l'instruction publique.
100: M. de Salvandy, Seize Mois, ou la Révolution et les révolutionnaires, p. 420.
101: Février 1832.
102: Séance du 22 décembre 1831.
103: Le rapporteur se pose cette question: La liberté d'enseignement n'est-elle pas dangereuse pour la liberté publique, en fournissant à ses ennemis des armes nouvelles, ardemment désirées par eux? Il répond: «Les ennemis de la révolution de Juillet auraient contre nous trop d'avantages s'il leur suffisait de réclamer les lois justes, les institutions sages qu'elle promettait, pour nous disposer à nous en priver, et s'il fallait nous refuser à nous-mêmes tous les biens dont ils se flattent de profiter. Ce sont, depuis quarante ans, des alarmes de cette espèce qui nous ont valu tant de lois funestes, et, de tous les maux que nous ont faits les partisans de l'ancien despotisme, le plus profond peut-être consiste dans l'injustice ou l'imprudence des résolutions législatives, dictées, à diverses époques, par les peurs qu'ils inspirèrent... La liberté publique jouit contre eux de toutes ses forces, quand ils jouissent eux-mêmes de tous ses bienfaits et quand elle ne leur refuse que des priviléges. Vous remplirez donc le vœu exprimé par l'article 69 de la Charte. Vous garantirez la liberté des écoles privées, et vous avouerez qu'elle serait chimérique, si le gouvernement intervenait dans leur régime intérieur, par des nominations, des injonctions, des prohibitions, par d'autres actes enfin que ceux qui tiendraient à l'exécution des dispositions précises de la loi. Vous affranchirez surtout les écoles particulières de l'empire d'un corps enseignant qui, jusqu'en 1830, ne leur a laissé ni permis aucune indépendance.»
104: Un député, M. Aug. Giraud, disait, aux applaudissements de ses collègues: «Jamais je n'ai redouté le parti républicain: il est si peu nombreux, qu'il est impuissant à faire le mal. Il n'en est pas de même du parti carliste et du parti prêtre. C'est sur ce parti que nous devons fixer nos regards.»
105: M. Guizot avait écrit, à ce propos, dans la Revue de Paris du 6 mars 1831, les réflexions suivantes, qui contrastent singulièrement avec tout ce qu'on disait alors autour de lui: «La liberté religieuse a été violée, les croix insultées, brisées; tout ce que nos pères adoraient, tout ce que nous vénérons a été livré à la destruction et à l'outrage; une église antique n'a été protégée qu'en devenant une mairie, et il a fallu la déguiser pour la sauver. Les catholiques,—et ils sont plus nombreux aujourd'hui qu'avant le 14 février, parce que tout honnête homme se souvient de sa religion quand il la voit outragée,—les catholiques sont inquiets dans toute la France. Les députés belges ont pu conter dans la Flandre catholique comment, à Paris, on traite les églises. La capitale de la France a pu passer aux yeux des étrangers pour une ville d'irréligion fanatique, et, ce qu'il y a de pis, c'est que tous ces maux, vous ne pourrez pas les réparer. Il n'est pas en votre pouvoir de faire remettre une croix abattue sur une église chrétienne.»
106: National du 25 novembre 1831.
107: Cette conversation eut lieu avec M. Vitet. (Mémoires de M. Guizot, t. II, p. 312-313.)
108: La Monarchie de 1830, passim. Cette brochure a été publiée à la fin de 1831.
109: Carrel prévoit l'objection: N'est-ce pas la complète justification de la politique de résistance qu'il a de tout temps combattue?—«Oui, répond-il, aux yeux de ceux qui voulaient faire sortir une monarchie de la révolution de 1830.» Mais, ajoute-t-il, «ce qui a pu être fort avantageux à la dynastie a pu être fort mauvais au pays». C'est le point de vue républicain. (National, article du 7 novembre 1834.)
110: Expression de M. Guizot.—Le Journal des Débats disait aussi, le 29 octobre 1831: «Le grand danger des époques révolutionnaires, c'est que les esprits ne savent plus à quoi se rattacher, et que cette incertitude peut les livrer aux expérimentateurs politiques. L'homme ou le principe qui les tire de cette incertitude et qui a su deviner, au fond de leurs hésitations, vers quelle pensée ou quel intérêt ils penchaient le plus généralement, a trouvé le plus sûr moyen d'influence et souvent de succès. C'est ce qu'a su faire le ministre de la Charte et de la paix.»
111: Le Journal des Débats pouvait écrire, le 13 mars 1832, sans que personne l'accusât d'adulation exagérée: «...Dès aujourd'hui, nous le disons hautement, M. Casimir Périer trouve la récompense de son courage et de ses nobles efforts dans la confiance sans bornes que la France lui accorde... Cette confiance, l'Europe la partage. Le nom de M. Périer est une garantie de paix pour l'Europe.»
112: «Il y a des bonnes gens à qui M. Périer a réussi à persuader qu'il n'y a plus d'ordre, plus de liberté, plus de gouvernement possible en France, s'il venait à quitter le ministère.» (National du 25 juillet 1831.)
113: Mémoires du vicomte de la Rochefoucauld, t. XIII, p. 183.
114: Henri Heine, De la France.
115: Expression de M. Vitet.
116: Guizot, Mémoires, t. II, p. 311-312.
117: C'est ainsi que Henri Heine le représentait alors, «le cœur dévoré par tous les serpents du remords et la tête chargée de toutes les malédictions de l'humanité». Et il ajoutait: «Les damnés de l'enfer se consoleraient entre eux, en se racontant les tourments de cet homme.»
118: On a évalué à environ vingt mille le chiffre des victimes du choléra à Paris. Il faudrait y ajouter les décès survenus dans les vingt-deux départements que le fléau visita.
119: La session fut close le 21 avril.
120: Heine écrivait alors: «Je n'ai jamais vu l'Église représentée, ni par ses ministres, ni par ses symboles, dans aucun des milliers de cortéges de deuil qui ont passé devant moi pendant la période du choléra.»
121: Ce fut le 15 août suivant que Mgr de Quélen officia, pour la première fois depuis la révolution, dans l'église Notre-Dame.
122: Le National disait, le 4 avril 1832: «Nous avons la douleur d'annoncer qu'il n'est que trop vrai que des tentatives d'empoisonnement sur le vin des débitants et la viande de boucherie ont été pratiquées par une bande de misérables dont l'atroce manie ne peut être comparée qu'à celle des incendiaires qui désolèrent, il y a deux ans, les départements de l'Ouest.» Le lendemain, à la vérité, ce journal déclarait que la nouvelle lui paraissait douteuse.
123: Lettre du 19 avril 1832, écrite par Henri Heine à la Gazette d'Augsbourg.—De la France, p. 139-140.
124: Philarète Chasles, Mémoires.
125: Le National racontait, avec une sorte de joie sauvage, que le ministre était «aliéné» et «entre les mains du médecin en chef de Charenton». Il parlait de «ce malheureux privé de sa raison qui, depuis huit jours, n'a retrouvé de courts intervalles lucides que pour maudire l'instant qui lui fit prêter son nom et l'énergie maladive de son tempérament au système personnel du Roi». (Article du 29 avril.) La Tribune disait de Périer que c'était un «malheureux se débattant dans sa camisole de force».
126: La Fayette, dans une lettre intime du 28 avril 1831, exprimait une douloureuse sympathie pour Périer. Il ajoutait: «Les journaux sont durs à son égard, je l'ai dit à ceux de ma connaissance qui y travaillent.»
127: Henri Heine, De la France, p. 153.
128: Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. XII, p. 95.
129: C'est vers la fin d'avril que le choléra commença à diminuer d'intensité. Il y eut, en juillet, une assez forte recrudescence, et le fléau ne disparut complétement qu'à la fin de septembre.
130: Voici le document que publiait la Tribune du 17 mai: «À la nouvelle de la mort du président du conseil, les détenus politiques soussignés, carlistes et républicains, ont unanimement résolu qu'une illumination générale aurait lieu ce soir à l'intérieur de leurs humides cabanons. Signé: Baron de Schauenbourg, Roger, Toutain, Lemestre, henriquinquistes; Pelvillain, Considère, Degaune, républicains.»
131: Notes biographiques inédites du duc de Broglie.
132: Ordonnances du 27 et du 30 avril 1832.
133: Rappelons quelle se trouvait être alors la composition du cabinet: Montalivet, Intérieur; Sébastiani, Affaires étrangères; Barthe, garde des Sceaux; baron Louis, Finances; d'Argout, Commerce et Travaux publics; Girod de l'Ain, Instruction publique; maréchal Souk, Guerre; amiral de Rigny, Marine.
134: Dans les controverses de cette époque, on faisait grand abus de ce mot de «système». Peu de jours après que Périer avait pris le pouvoir, le 15 mars 1831, le Journal des Débats avait écrit: «Depuis plus de quatre mois, le gouvernement semble ne pas avoir de système... C'est ce défaut de système qui fait ses tiraillements. L'avénement du nouveau ministère est un système. Quel est ce système?...» Depuis lors, on ne parlait plus que du «système»: on était pour ou contre «le système». Ce langage devait persister longtemps. En 1839, le Roi, causant avec M. Dupin qu'il pressait d'entrer au ministère, s'écriait: «Pourvu qu'on ne s'écarte pas du système!» et M. Dupin protestait. «Pour mon compte, disait-il, ne croyez pas que je veuille entreprendre ce que le Journal des Débats appelait dernièrement la glorification du système.» (Mémoires de M. Dupin, t. IV, p. 6.)
135: Moniteur du 17 mai 1832.
136: Journal des Débats, 15 mai 1832.
137: Le Roi, a dit M. Guizot, «manifestait trop d'avis et de désirs dans de petites questions et de petites affaires qui ne méritaient pas son intervention. L'indifférence et le silence sont souvent d'utiles et convenables habiletés royales; Louis-Philippe n'en faisait pas assez d'usage.» C'est ce qui faisait dire à Béranger avec plus de méchanceté que de vérité: «Le Roi veut goûter à toutes les sauces et fait tourner toutes celles où il trempe le bout du doigt.»
138: À cette époque même, en juin 1832, le Roi, causant avec les chefs de la gauche, ne trahissait-il pas son regret, quand il leur disait: «Un roi constitutionnel ne peut malheureusement pas s'expliquer à la tribune: je ne puis faire connaître personnellement mes sentiments que quand je voyage, et vous aurez remarqué que je ne laisse jamais échapper ces occasions sans en profiter.» (Mémoires d'Odilon Barrot, t. I, p. 610.)
139: Il ne convient d'accueillir qu'avec méfiance l'assertion de M. Odilon Barrot qui prétend qu'à la nouvelle de la mort de Périer, le Roi se serait contenté de cette froide réflexion: «Est-ce un bien? est-ce un mal?...»
140: M. Guizot raconte, à ce propos, dans ses Mémoires (t. II, p. 329): «Peu de jours après la mort de M. Casimir Périer, j'étais aux Tuileries, dans le salon de la Reine; un membre de la Chambre des députés, homme de sens et très-dévoué au Roi, dit à l'un des officiers intimes de la Cour: «Quel fléau que le choléra, monsieur, et quelle perte que celle de M. Périer!—Oui, certainement, monsieur; et la fille de M. Molé, cette pauvre madame de Champlâtreux!» Comme pour atténuer, en le comparant à une douleur très-légitime, mais purement de famille, le deuil public pour la mort d'un grand ministre. Je ne doute pas que, si le roi Louis-Philippe eût entendu ce propos, il n'en eût senti l'inconvenance; mais les serviteurs ont des empressements qui vont fort au delà des désirs des rois, et celui-là croyait plaire en repoussant M. Casimir Périer dans la foule des morts que le choléra avait frappés.»
141: Lors du second ministère, M. Laffitte avait le titre de président du Conseil; mais son indolence laissait grande place à l'action et à la prépondérance royales.
142: Journal des Débats du 17 mai 1832.
143: Mémoires du général de Ségur, t. VII.
144: Sur cette agitation, cf. l'Histoire des sociétés secrètes et du parti républicain de 1830 à 1848, par Lucien de la Hodde. Ce dernier, membre actif des sociétés révolutionnaires pendant toute la monarchie de Juillet, rédacteur des journaux d'extrême gauche, était en réalité un habile et précieux agent de la police secrète. Quand Caussidière, lui-même ancien conspirateur, arriva à la préfecture de police en 1848, il découvrit le rôle joué par son camarade. Il réunit alors seize de ses amis chez Albert, au Luxembourg; de la Hodde avait été convoqué. Caussidière invita la réunion à se constituer en tribunal secret pour juger un traître, dénonça de la Hodde, et lui donnant à choisir entre un pistolet armé ou un verre de poison, le somma tragiquement de se donner la mort. L'ancien agent de la police s'y refusa. On n'osa le tuer, et Caussidière dut se contenter de le mettre arbitrairement au secret dans la prison de la Conciergerie. De la Hodde ne recouvra sa liberté qu'à la chute de Caussidière. Il publia son Histoire des sociétés secrètes en 1850.
145: Voici quelques fragments qui donneront une idée de ce document: «...Lors de la discussion de la liste civile, nous avons cru que la royauté nouvelle avait d'autres conditions de force et d'existence que le luxe et la corruption des vieilles monarchies...—Deux systèmes étaient présentés pour l'organisation de l'armée: l'un, qui demandait une puissante réserve composée de la garde nationale et des soldats libérés du service, aurait permis de diminuer la force et les dépenses de l'armée permanente.... Ce système, plus économique, plus favorable à la fusion de la garde nationale et de l'armée, était le nôtre...—Le gouvernement, abusé par de funestes doctrines et d'injustes préventions, n'a vu d'ennemis que dans ceux qui avaient combattu pour le fonder...—C'est la rougeur sur le front que nous avons entendu les agents du gouvernement parler de la crainte de déplaire aux cabinets étrangers; nous croyions que la France était à jamais affranchie de cette humiliante influence... Après le renversement d'une dynastie imposée par la Sainte-Alliance, le gouvernement devait surveiller avec inquiétude les mouvements des monarques étrangers. Il ne devait pas leur permettre surtout d'étendre et d'augmenter leur puissance... Et cependant, malgré ses promesses formelles, il a abandonné l'Italie à la domination de l'Autriche, et il a laissé périr la Pologne, cette Pologne que nous pouvions secourir, quoi qu'on en ait dit à la tribune, et que notre devoir était de sauver, etc., etc.»
146: Il ne faut pas confondre ce Garnier-Pagès, homme de talent, qui cachait dans un corps maladif une volonté froide et passionnée, avec son frère cadet, personnage bonasse, médiocre et un peu ridicule, qui dut seulement au renom laissé par son aîné de se trouver un moment en 1848 à la tête de la France. Le 24 février, on lisait, à la tribune de la Chambre envahie, les noms des membres du gouvernement provisoire; arrivé au nom de Garnier-Pagès, une voix du peuple cria: «Il est mort, le bon!»
147: O. Barrot, Mémoires, t. I, p. 268.
148: De la Hodde, Histoire des sociétés secrètes, p. 87.
149: Ainsi appelait-on ceux des combattants de Juillet qui prétendaient n'avoir pas été récompensés selon leur mérite.
150: On a raconté que, quand le cortége était arrivé à la place de la Bastille, un officier du 12e léger s'était avancé vers le premier groupe et avait dit au chef: «Je suis républicain, vous pouvez compter sur nous.» Aucune défection ne se produisit.
151: M. de Saint-Priest écrivait à M. de Barante: «Louis-Philippe a fait son devoir de roi avec un courage, une bonne grâce, un à-propos vraiment admirables; ni trop ni trop peu; du courage sans témérité, de la dignité dans le maintien, des mots heureux à la façon de Henri IV.» (Documents inédits.)
152: Louis Blanc, Histoire de dix ans, t. III, p. 286.
153: «Magistrats, députés, gardes nationaux ne peuvent se croire fidèles à leurs serments envers le pays, s'ils n'interviennent pas de la manière la plus énergique entre la population qu'on menace d'égorger, et un gouvernement qui veut forcer les soldats à égorger la population, les citoyens à s'armer contre les citoyens. Par son endurcissement à soutenir un fatal système, il s'est fait une nécessité du crime; il faut qu'il étouffe dans le sang nos patriotiques résistances..... La France veut un gouvernement qui la défende au lieu de l'assassiner.» (National du 6 juin 1832.)
154: Mémoires d'Odilon Barrot, t. I, p. 270.
155: Lettre du 20 juin 1832. (Mémoires de La Fayette, t. VI, p. 674.)
156: Louis Blanc, Histoire de dix ans, t. III, p. 286.
157: On trouve notamment le texte de ce procès-verbal dans les Mémoires de M. Odilon Barrot, t. I, p. 596 à 612.
158: C'est ainsi qu'on eût préféré ne pas le voir chercher à se faire une sorte de popularité libérale aux dépens de ses conseillers, notamment de Casimir Périer. «Dans le conseil des ministres dont on veut me tenir éloigné, disait le Roi, ce n'est certainement pas par mon influence qu'on prendra des déterminations illibérales. Ce matin, par exemple, il y avait des avis pour la mise en état de siége, et je m'y suis formellement opposé.» Cette déclaration était d'autant plus fâcheuse que, le lendemain, le ministère décidait cette mise en état de siége: on verra quelles polémiques et quelles difficultés devaient en résulter. Louis-Philippe se vantait également de s'être «opposé aux mesures d'exception, que Périer lui proposait souvent quand il était dans ces accès de colère qui, ajoutait-il, nous ont nui plusieurs fois». À un autre moment, il disait «n'avoir jamais deviné par quel caprice Périer s'était opposé obstinément» à une démarche demandée par M. Arago.
159: «Dès mon arrivée au trône, disait le Roi, j'adoptai une marche qui me parut bonne, qui me semble bonne encore aujourd'hui. Prouvez-moi que je me trompe, et je changerai. Jusque-là, je dois persister; je suis un homme de conscience et de conviction. On me hacherait comme chair à pâté dans un mortier, plutôt que de m'entraîner dans une voie dont on ne m'aurait pas démontré la convenance. Ce ne sont pas là les influences de ce prétendu entourage dont on parle tant. Je vous le dis avec franchise, un entourage, je ne m'en connais point. Peut-être est-ce l'effet de mon amour-propre, mais je crois pouvoir ajouter que personne n'a pris sur moi un ascendant qui, dans les grandes ou même dans les petites affaires, me soumette à ses volontés. Mon système de gouvernement, je le répète, me paraît excellent; je n'en changerai point, tant que vous ne m'aurez point prouvé qu'il est mauvais.» Et plus loin, dans le même ordre d'idées, le Roi prononçait, au sujet de Casimir Périer, des paroles que nous avons déjà citées.
160: La pensée de ce rapprochement entre les journées de juillet 1830 et celles de juin 1832 préoccupait alors tous les esprits. M. Guizot écrivait, le 14 juin, au duc de Broglie: «La parodie de la révolution de Juillet est jouée et tombée. Rien n'y a manqué: l'adresse des 221 sous le nom de Compte rendu, etc.» (Papiers inédits.)
161: Lettre de madame G*** à M. le duc de Broglie. (Papiers inédits.)
162: Les grands journaux légitimistes étaient déjà très-violents. Mais ce n'était rien à côté des petites feuilles satiriques d'extrême droite telles que le Bridoison ou les Cancans. La lecture en est singulièrement répugnante. Pour en avoir une idée, voyez les citations faites par M. Giraudeau, dans son livre sur la Presse périodique de 1789 à 1867, p. 76 à 87.
163: Cf. passim, discours à la Chambre des pairs, 7 août 1830; De la Restauration et de la Monarchie élective (1831); De la nouvelle proposition relative au bannissement de Charles X et de sa famille (1831); lettre à la duchesse de Berry (1832); lettre à Béranger (1832), etc., etc.
164: Il faut croire que cette tactique est la tentation naturelle de tout parti dans la situation des légitimistes après 1830; car les «cavaliers» anglais n'avaient pas agi autrement au dix-septième siècle. Lamartine cite à ce propos, dans une lettre à M. de Virieu, ce passage de Burnet: «Les cavaliers vaincus se firent les plus logiques des républicains. Personne ne poussait aussi loin qu'eux les conséquences de la révolution, et, quand on leur demandait pourquoi ils proclamaient, d'une façon si absolue, des principes contradictoires à leur ancienne nature, ils répondaient: «Nous avions une logique pour la monarchie, nous en avons une pour la république; elle est sincère; nous voulons l'extension indéfinie des principes que le pays a adoptés.» La restauration ayant eu lieu, ils revinrent à leurs anciens principes, mais ils avaient perdu toute autorité pour les faire de nouveau prévaloir. On leur opposait leurs paroles récentes, et de là vint le discrédit où ils tombèrent justement et la chute définitive de la dynastie.»
165: Gazette de France du 10 août 1830.
166: Voir, par exemple, l'article publié par Carrel, dans le National, à la date du 11 mars 1831.
167: Journal de M. de Guernon-Ranville, 1er août 1834.
168: C'est ainsi qu'en 1840, à l'occasion des affaires d'Orient, MM. Dupont de l'Eure, Odilon Barrot, Mauguin, Thomas du National, Isambert, Chambolle du Siècle, Louis Blanc se réunissaient chez M. Laffitte, avec MM. de Genoude de la Gazette de France, Laurentie de la Quotidienne, Lubis de la France et Walsh de la Mode. (Nettement, Histoire de la littérature sous le gouvernement de Juillet, t. II, p. 474.)
169: Revue des Deux Mondes, 1er novembre 1869, p. 100.
170: Discours de M. Guizot, du 12 mars 1834. Cf. aussi le discours du 9 août suivant.
171: De la Hodde, Histoire des sociétés secrètes, p. 79 et suivantes.
172: Mémoires d'outre-tombe, par Chateaubriand, t. X, p. 143.—Walter Scott ne tournait pas seulement la tête des princesses. Combien de petites bourgeoises rêvaient alors d'être Diana Vernon! Voir, à ce propos, dans les spirituels Mémoires de M. de Pontmartin, l'histoire de la fille du chocolatier marseillais. (Correspondant, 25 décembre 1881, p. 1046.)
173: Ordre du 27 janvier 1831.
174: Dépêches citées par Hillebrand, Geschichte Frankreichs (1830-1848), t. I, p. 355-358.
175: M. de Metternich déplorait alors «la malheureuse facilité de la duchesse de Berry à se laisser influencer par des flatteurs qui, en sachant caresser ses affections toutes naturelles, l'exaltent et l'entraînent». Le chancelier déclarait d'ailleurs que l'entreprise projetée «ne pouvait avoir que de fâcheux résultats». (Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 284, 340.)
176: C'est ce qui faisait dire, quelques mois plus tard, à M. Berryer, devant la cour d'assises de Loir-et-Cher: «C'est beaucoup pour moi d'avoir cette pensée, satisfaisante pour l'honneur et le courage français, que, depuis cinq ou six mois que madame la duchesse de Berry est entrée en France, elle a changé de demeure trois ou quatre fois par semaine, que, dans chacune de ses retraites, huit à dix personnes ont connu son secret, et que pas une seule n'ait été tentée de le trahir.»
177: Voir, sur ces faits et sur ceux dont nous parlons plus loin, le Journal militaire d'un chef de l'Ouest, par le baron de Charette. Celui-ci, l'un des amis les plus ardents de la duchesse de Berry, l'un de ceux qui la poussèrent le plus à l'action, déclare avoir écrit sa relation «pour ainsi dire sous les yeux de Son Altesse Royale».
178: On trouva plus tard, dans les papiers de la Duchesse, une note datée du 1er juin et écrite de la main de M. de Chateaubriand. On y lisait: «Les fidèles amis de la duchesse de Berry non-seulement pensent que la guerre civile est toujours une chose funeste et déplorable, mais que de plus elle est, en ce moment, impossible... Ils pensent que les personnes qui ont été conduites à conseiller des mouvements de cette nature ont été grossièrement trompées, ou par des traîtres, ou par des intrigants, ou par des gentilshommes de courage qui se sont plus abandonnés à la chaleur de leurs sentiments qu'ils n'ont consulté la réalité des faits.» La note concluait en déclarant formellement que la duchesse n'avait qu'une chose à faire: quitter la France au plus vite. (Documents inédits.)
179: Mémoires de Metternich, t. V, p. 349.
180: Mémoires de Metternich, t. V, p. 298-299.
181: Lettre du 14 juin, adressée au duc de Broglie. (Documents inédits.)
182: Le duc de Reichstadt succomba le 22 juillet 1832; mais dès le mois de juin, M. de Metternich annonçait qu'il était perdu.
183: Mémoires de Metternich, t. V, p. 288.
184: Documents inédits.
185: «L'effort est visible, écrivait à ce propos M. Guizot, le 23 juillet 1832, pour maintenir l'insolence; mais la confiance a disparu.» Et il ajoutait: «Carrel professe le découragement, le mépris des siens.» (Documents inédits.)
186: Cf. le Journal militaire d'un chef de l'Ouest, par le baron de Charette. «Il faut sauver madame la duchesse de Berry malgré elle, écrivait M. de Metternich, et l'on ne peut la sauver qu'en la faisant sortir de France.» (Mémoires de Metternich, t. V, p. 298.)
187: Charles X écrivait à la duchesse de Berry, le 28 août 1832: «J'ai besoin, ma chère enfant, de vous exprimer la parfaite inquiétude que j'éprouve de votre courageuse, mais inutile persévérance, dans une entreprise manquée, dès le principe, et qui ne peut plus être qu'aussi dangereuse pour vous qu'elle est funeste pour la cause que nous servons. Le vieux roi continuait en l'invitant, de la façon la plus pressante, à quitter la France. La duchesse d'Angoulême lui écrivait dans le même sens. (Papiers saisis lors de l'arrestation de la duchesse. Documents inédits.)—Dans une dépêche du 28 juillet, M. de Werther, ambassadeur de Prusse en France, parle des prières instantes que Charles X et la duchesse d'Angoulême avaient adressées à la duchesse de Berry, pour la déterminer à revenir auprès d'eux. L'ambassadeur croit que la répugnance que lui inspirait le séjour d'Holyrood était pour beaucoup dans la résistance de la princesse. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 399.)
188: C'était bien en effet le calcul de la duchesse de Berry; au mois d'août 1832, elle adressait à ses partisans une circulaire, où, pour se justifier d'être demeurée en France contrairement à leur avis, elle leur montrait l'état menaçant de l'Europe: «la question belge, sur le point d'amener un choc violent entre les puissances du Nord et la France; le vieux roi de Hollande, par sa persévérance, paraissant devoir entraîner dans la lice, en vertu des traités de 1815, cette vieille Europe qui semblait sommeiller depuis les grandes guerres de l'Empire»; et, tout en se défendant de vouloir rien faire par l'étranger, elle déclarait rester pour profiter de ces événements. M. de Charette, qui nous rapporte ce résumé de la circulaire, ajoute qu'elle avait convaincu beaucoup de Vendéens, qui dès lors ne conseillèrent plus à la duchesse de quitter la France.
189: Arrêté le 7 juin, M. Berryer ne fut jugé que le 16 octobre.
190: Mémoires de Metternich, t. V, p. 339.
191: Ibid., t. V, p. 239, 352 à 355.
192: Ce mariage fut célébré à Compiègne, le 9 août 1832.
193: Lettre du comte de Saint-Priest à M. de Barante, en date du 4 octobre 1832. (Documents inédits.)
194: Mémoires de Dupin, t. II, p. 445 et 551 à 553.
195: «C'est, a écrit M. de Cormenin, une espèce de paysan du Danube qui a chaussé les talons rouges..... Il est gauche à la cour et malappris. Il y offense, par ses lazzi, de princières susceptibilités. Les excursions de sa faconde importunent. Mais on ne l'empêche pas de courir à travers plaine, parce qu'on sait qu'il revient au gîte et se laisse prendre facilement par les deux oreilles. Dupin est le plus rustre des courtisans et le plus courtisan des rustres. Il ne faut pas s'y tromper: les courtisans de cette espèce ne sont pas les moins maniables. Le dessus de l'écorce est rude au toucher, mais le dessous en est lisse.«(Livre des orateurs, t. II, p. 85.)
196: Mémoires de M. Dupin, t. II, p. 441.
197: Article du 25 décembre 1832.
198: Où trouver d'ailleurs des natures plus dissemblables que celles de M. Guizot et de M. Dupin? Pour se rendre compte de cette dissemblance, il suffit de comparer les Mémoires des deux hommes. On connaît ceux de M. Guizot, moins confidences personnelles qu'histoire générale, regardée et racontée de haut. Les Mémoires de M. Dupin, plats et insipides, sans une vue large et élevée, ne sont en réalité qu'une série de petites notes, classées dans l'ordre chronologique, toutes rédigées au point de vue le plus mesquinement personnel, et coupées par les citations, soigneusement colligées, des articles de journaux où l'on avait fait l'éloge des discours et même des raouts de l'auteur.
199: Quelques semaines plus tard, M. Thiers, racontant ces pourparlers ministériels, écrivait au général Bugeaud: «Le Roi avait songé non à moi, non à M. Guizot, mais à M. Dupin seul. M. Dupin a voulu être chef absolu, faire et défaire à sa volonté, et surtout s'allier à la gauche, sous prétexte de transiger avec ses chefs les plus modérés.» (Cité par M. d'Ideville, dans son livre sur le Maréchal Bugeaud.)
200: Guizot, Mémoires, t. II, p. 359-60.
201: Lettre du 28 mai 1832. (Papiers inédits.)
202: M. de Barante, vers cette époque, écrivait de Turin à M. Guizot: «Vous avez contre vous cette fièvre d'égalité et d'envie, maladie endémique après nos révolutions. La Chambre m'en paraît envahie comme le public. Les succès qu'elle-même accorde sont presque un titre à sa malveillance... Vous êtes en butte à de violentes préventions populaires. Après les révolutions, il se manifeste, dans notre pays de vanité, une horreur des supériorités qui n'a plus d'aliment qu'en s'attaquant aux supériorités de l'esprit.» (Lettres du 8 et 19 octobre 1832.)
203: Souvenirs du feu duc de Broglie.
204: Le duc de Broglie, comme il l'a dit lui-même, «se tenait à distance et hors de portée de la cour, n'ayant nul goût pour cette faveur d'ancien régime dont toute restauration se trouve nécessairement assaisonnée», mais «ne se tenait pas à moindre distance, malgré ses liaisons politiques et domestiques, de tout complot républicain ou bonapartiste». Et il ajoutait: «Le roi d'Angleterre, Charles Ier, écrivait, dit-on, à la reine Henriette-Marie qu'il ne lui avait jamais été infidèle même en pensée; autant en aurais-je pu dire aux Bourbons de la branche aînée, mais sous condition, bien entendu, qu'entre nous la fidélité serait réciproque.» (Souvenirs.)
205: «Suivant de l'œil le cours précipité des événements, je ne me livrais pas aussi volontiers que bien d'autres à la perspective qui semblait s'ouvrir. La nécessité de traverser un état de transition révolutionnaire, et l'incertitude du résultat définitif, m'inspiraient plus de répugnance et d'anxiété que n'avait pour moi d'attrait l'espérance d'un état meilleur.» (Ibid.)
206: Souvenirs du feu duc de Broglie.
207: Life, Letters and Journals of George Ticknor.
208: Citons, par exemple, le beau portrait qu'en trace M. Guizot dans sa notice sur le duc de Broglie: «Née dans l'ardent foyer de la vie et de la société de madame de Staël, sa fille en avait gardé la flamme, en l'unissant à la lumière céleste, et elle en était sortie comme un beau métal sort de la fournaise, aussi pur que brillant, et fait pour les plus saintes comme pour les plus éclatantes destinations. La beauté de sa figure était l'image de son âme noble et franche, digne avec abandon, fière sans dédain, expansive et bonne jusqu'à la sympathie, pleine de grâce comme de liberté dans les mouvements de sa personne comme de son esprit, rarement en repos, jamais en trouble intérieur: créature du premier rang dans l'ordre intellectuel comme dans l'ordre moral, et en qui le don de plaire était le moindre de ceux qu'elle avait reçus de Dieu. Le duc de Broglie avait raison de porter à sa femme une affection si profonde et mêlée d'un tel respect qu'aucune parole ne le satisfaisait pour parler d'elle. Je suis tenté d'éprouver le même sentiment.»
209: Journal des Débats du 22 septembre 1832.
210: Lettre au général Bugeaud, du 12 octobre 1832.
211: Lettre du 12 octobre 1832. (Papiers inédits.)
212: 6 novembre 1832.
213: Le 11 octobre, jour même de la formation du ministère, l'ordonnance de convocation avait été publiée. À la même date, une autre ordonnance avait créé d'un coup soixante pairs. Une telle «fournée» n'était pas faite pour augmenter beaucoup l'autorité de la Chambre haute: mais c'était la conséquence nécessaire de la révolution qui avait dépeuplé cette Chambre et en avait arrêté le recrutement héréditaire.
214: Papiers inédits.
215: Cité par M. Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 509.
216: «On a vu, disait M. de Metternich dans une de ses dépêches, l'Europe entière misé en feu par suite d'une excitation bien moindre que celle qui sera nécessairement produite par celle d'Anvers.» (Mémoires, t. V, p. 298.)
217: Ibid., p. 398, 408. Le chancelier d'Autriche en venait à regretter ouvertement que la Prusse n'eût pas étouffé l'insurrection belge dès le début, fût-ce au prix d'une guerre avec la France. (Ibid., p. 411, 412.)
218: Ibid., p. 400, 401.
219: Papiers inédits.
220: M. Thiers se lassa, du reste, assez vite de ce rôle. «Je ne veux pas, dit-il, être le Fouché de ce régime», et, dès le 31 décembre 1832, il passa au ministère des travaux publics et du commerce. Le ministère de l'intérieur, rentré en possession de ses attributions administratives, fut alors confié à M. d'Argout.
221: Séance du 29 novembre 1832 et Journal des Débats du 14 novembre précédent.
222: Sur ce point les témoignages abondent. Cf. notamment la Captivité de madame la duchesse de Berry, à Blaye, Journal du docteur Ménière, t. 1, p. 187.
223: M. de Metternich écrivait à son ambassadeur en France, le 30 octobre 1832: «Tout ce que veut le roi des Français, à l'égard de madame la duchesse de Berry, est d'accord avec ce que doit vouloir l'Empereur..... Il faut la sauver malgré elle, et on ne peut la sauver qu'en la faisant sortir de France. Ce but une fois atteint, elle devra être remise à sa famille.»
224: Après une instruction laborieuse, on poursuivit de ce chef Bergeron, qui fut acquitté.
225: Le Constitutionnel raillait les ministériels qui présentaient M. Dupin comme leur candidat: «M. Dupin! disait-il, l'orateur bourgeois, l'éloquent plébéien qui ne s'est pas jugé d'assez bonne maison pour entrer dans un cabinet doctrinaire... Et vous avez beau, messieurs les doctrinaires, vous accrocher au pan de son habit, il saura bien le secouer, de manière à vous faire lâcher prise.» (13 novembre 1832.)
226: Mémoires de La Fayette, t. VI, p. 696.
227: M. Louis Blanc se plaignait précisément que l'expédition eût un caractère «diplomatique» au lieu d'être «révolutionnaire». (Histoire de dix ans, t. III, p. 408.)
228: Documents inédits.
229: Cf. sur ce sujet le Journal des Débats du 4 novembre 1832.
230: Documents inédits.
231: Telle apparaît la captive de Blaye, dans les écrits des personnes qui l'ont approchée à cette époque, notamment dans le Journal, récemment publié, du docteur Ménière.
232: Le commandement de la forteresse de Blaye et la garde de la duchesse de Berry avaient été confiés à un officier qui devait bientôt illustrer son nom par d'autres services, au général Bugeaud. Les journaux de droite voyaient alors en lui un geôlier barbare, une façon d'Hudson Lowe. Propos de parti. La vérité est que, dans une mission pénible que d'autres il est vrai, n'eussent peut-être pas acceptée, il fut droit et respectueux.
233: La Captivité de madame la duchesse de Berry, à Blaye, Journal du docteur Ménière, t. I, p. 185.
234: C'est à cette époque qu'il avait atteint l'âge de quarante ans, condition d'éligibilité sous la Restauration.
235: Lui rappelait-on Louis XVIII, déclarant qu'il devait sa couronne, après Dieu, au prince régent d'Angleterre, il répliquait: «Quelques paroles que l'on cite, fût-ce des paroles de roi, je ne les couvre pas de mon suffrage, j'en abjure la responsabilité.«Un autre jour, il allait jusqu'à louer la Convention: «Je sépare complétement de toutes nos querelles, disait-il, tout ce qui est relatif à la position de la France à l'égard de l'étranger. En tous temps et sous tous les régimes, je crois que je n'aurais pas eu un autre sentiment, et, pour me montrer à vous tel que Dieu m'a fait, si je disais ici toute ma pensée, je rappellerais une époque d'horreurs, de crimes, une assemblée vouée par ses actes antérieurs à l'exécration des gens de bien, dont le souvenir soulève encore tout cœur d'homme: eh bien! je la remercie d'avoir sauvé l'intégrité du territoire!»
236: Quelques années plus tard, en octobre 1836, il écrivait à la duchesse de Berry: «J'ai été opposé à presque tout ce qui s'est fait... Henri V sort maintenant de l'enfance; il va bientôt entrer dans le monde, avec une éducation qui ne lui a rien appris du siècle où nous vivons.»
237: «Après tout, écrit-il, c'est une monarchie tombée; il en tombera bien d'autres! Nous ne lui devons que notre fidélité: elle l'a.»
238: Chateaubriand écrivait à Louis-Napoléon, le 19 mai 1832: «En défendant la cause de la légitimité, je ne me fais aucune illusion, mais je pense que tout homme, qui tient à l'estime publique, doit rester fidèle à ses serments.»
239: Le nom de Périer était toujours celui sous lequel s'abritaient les ministres. M. Guizot disait, le 6 mars 1833: «Quel est le système de l'administration actuelle? C'est le système du 13 mars; système, je me fais honneur de le dire, implanté dans cette Chambre par mon honorable et illustre ami, M. Casimir Périer.»
240: Une partie de ces travaux comprenait l'achèvement de l'arc de triomphe de l'Étoile, de la Madeleine, de la place de la Concorde et du Panthéon.
241: M. Villemain dit, en cette occasion, à la Chambre des pairs: «Toutes les Chambres des députés et la Chambre des pairs doivent se souvenir à jamais que c'est à de telles insurrections que nous devons tous l'honneur de siéger dans cette Assemblée... Ne médisons pas de ces grands souvenirs... Oui, sans doute, comme dans tous les grands événements, comme dans toutes les commotions politiques, des crimes, des attentats, des violences individuelles ont suivi le développement soudain et nécessaire de l'énergie nationale. Le crime a été à côté de la grandeur. C'est la force et la fatalité des révolutions. C'est parce qu'elles sont si terribles qu'elles doivent être rares...»
242: Guizot, Mémoires, t. III, p. 218, 219.
243: Discours du 16 février 1833.
244: Documents inédits.
245: Journal des Débats du 20 décembre 1832 et du 8 juin 1833.
246: Lettre du 18 décembre. (Documents inédits.)
247: «À moins d'être aveugle ou sourd, disait le Journal des Débats, il faut bien reconnaître que le Roi n'a d'autre privilége que celui d'être injurié, outragé, calomnié de préférence à tout autre. S'il y a une ignoble plaisanterie à faire, sur qui tombe-t-elle? Sur le Roi. Qui désigne-t-on à la haine et aux vengeances du peuple? Le Roi. Qui arrache le pain à la misère, le vêtement à la nudité, la liberté à tous? Le Roi. Qui représente-t-on, sous les formes les plus grotesques ou les plus odieuses, à tous les coins de rue, sur tous les carreaux des boutiques, partout où s'arrêtent les oisifs? Le Roi... Le Roi, en un mot, est l'ennemi public.» (14 décembre 1833.)
248: Louis Blanc, Histoire de dix ans, t. IV, ch. II.
249: En 1841, à l'une de ces fêtes, un plaisant avait inscrit ce quatrain sur un transparent:
L'émeute est tour à tour défendue et permise;
Le gouvernement de Juillet,
Selon les temps, les lieux, et surtout l'intérêt,
La canonne ou la canonise.
250: Bientôt le gouvernement n'aspirera plus qu'à se débarrasser de ce gênant anniversaire; et Henri Heine écrira, par exemple, le 25 juillet 1840, à un journal allemand: «Vraiment nous sommes très-inquiétés par l'approche des Journées de Juillet, qui seront célébrées cette année avec une pompe toute particulière, mais, comme on pense, pour la dernière fois; le gouvernement ne peut pas, chaque année, se charger d'un pareil fardeau de terreurs.» (Lutèce, p. 97.)
251: Articles des 11, 13, 24, 25 juillet 1833.
252: La duchesse de Dino écrivait à ce propos à M. de Barante, le 3 août 1833: «De loin, je n'ai pu trop me faire à l'idée de cette scène de la place Vendôme, où mon petit ami Thiers a paru en tambour-major, où, pour la plus grande gloire de tous, on a crié à la fois: «Vive le Roi! Vive l'Empereur! Vive la Révolution!» (Documents inédits.)
253: Voici quelques extraits des publications faites alors par la Société des Droits de l'homme: «Nous avons bien moins en vue un changement politique qu'une refonte sociale. L'extension des droits politiques, le suffrage universel peuvent être d'excellentes choses, mais comme moyens seulement, non comme but. Ce qui est notre but, à nous, c'est la répartition égale des charges et des bénéfices de la société...»—«Sur trente-deux millions d'habitants, la France renferme cinq cent mille sybarites, un million d'esclaves heureux, et trente et un millions d'ilotes, de parias... Dites-leur que la monarchie n'est capable que de déplacer le bonheur et les souffrances, mais que la république seule peut tarir la source de celles-ci et rendre à chaque individu sa part de jouissances et de félicités...» D'autres fois, c'est une invitation brûlante «à extirper, jusque dans ses fondements même, l'aristocratie qui s'est reformée sous la dénomination de bourgeoisie».—«Ce que nous voulons, c'est l'égale somme de bien-être pour tous; le seul gouvernement qui puisse remplir cette condition, c'est le gouvernement du peuple par le peuple, c'est la république: avec elle, nivellement des fortunes, nivellement des conditions.»—«C'est le peuple qui garde et cultive le sol, écrivait M. Vignerte dans une lettre à Carrel; c'est lui qui féconde le commerce et l'industrie; c'est lui qui crée toutes les richesses: à lui donc appartient le droit d'organiser la propriété, de faire l'égale répartition des charges et des jouissances sociales.»—Enfin M. Charles Teste rédigeait un projet de constitution fondé sur le pur collectivisme.
254: Ce manifeste fut publié par la Tribune, le 23 octobre 1833.
255: M. Louis Blanc a écrit, à ce propos: «L'évocation de ce nom fameux et terrible fit scandale.»
256: Voir passim La Fayette, Mémoires, t. VI, notamment la lettre du 23 novembre 1833.
257: Lettre de J. Stuart Mill, racontant une entrevue qu'il avait eue avec Carrel, en 1833. (Dissertations and Discussions, t. I, p. 261.)
258: Lettre à M. Anselme Petétin, du 5 septembre 1833. Cette lettre tomba, peu après, dans une perquisition, aux mains de la justice. M. Petétin rédigeait alors, à Lyon, le Précurseur, journal républicain de la nuance du National. Il fut plus tard conseiller d'État, sous Napoléon III.
259: Correspondance de Béranger, lettres du 23 avril, du 10 août et du 14 novembre 1833.
260: Un banquier, auquel M. Guizot reprochait alors ses compromissions avec le parti révolutionnaire, lui répondait: «Que voulez-vous? vous autres, vous ne me ferez jamais de mal; mais ces gens-là seront quelque jour les maîtres, et ils ont des amis qui pourraient bien avoir la fantaisie de me prendre mon bien et de me couper la tête: je ne veux pas me brouiller avec eux.» (Mémoires de M. Guizot, t. III, p. 208.)
261: «Je sentais parfaitement, a dit Carrel, la faiblesse de cet écrit, qui témoigne plutôt des hésitations consciencieuses de son auteur, sur les points les plus importants de notre passé et de notre avenir révolutionnaires, que de cette fixité de vues et de projets qu'on est, en général, porté à nous demander.»
262: Ce document n'a été connu que plus tard, à la suite d'une saisie des papiers de Carrel.
263: Voir l'article du 10 janvier 1834, dans le National.
264: Notice de M. Lanfrey.
265: La Fayette n'était pas plus épargné que Carrel. Marrast avait un duel avec un républicain qui trouvait que ce n'était pas assez d'avoir traité La Fayette de «grand coupable». Un peu plus tard, lors de la mort du général, les détenus républicains illumineront à la prison de la Force.
266: Lettre à M. Sainte-Beuve.
267: Conversation déjà citée avec J. Stuart Mill.
268: Lettre du 5 septembre 1833.
269: Mémoires de La Fayette, t. VI.
270: Notice écrite, en 1837, par M. Nisard, qui avait été le collaborateur et l'ami de Carrel.
271: M. Cabet avait dit: «La royauté du 7 août est instituée par une charte usurpatrice et illégale; elle se maintient par les moyens les plus honteux; elle a trahi la révolution de Juillet, et la livrera, si besoin est, aux puissances étrangères. Mais la royauté doit être responsable, et la nation a su punir Louis XVI.» Acquitté, le 15 avril 1833.—La Tribune avait dit: «Où est la force de la royauté? La tire-t-elle de l'illustration de la maison d'Orléans?... Prenez son histoire: hommes et femmes, c'est à repousser de dégoût. Est-ce de la considération particulière de Louis-Philippe? Nous consentons à la faire apprécier par un jury, et nous le tirerons au sort parmi ceux qui ont vu l'homme de plus près.» Acquittée, le 3 juin 1833.—Un autre jour, ce journal avait publié des adresses appelant à l'insurrection. Acquitté, le 26 octobre 1833.—Carrel écrivait dans le National: «Comme il n'y a que le malheur qui rende les princes intéressants, on se surprend à souhaiter aux femmes accomplies qui composent la famille de Louis-Philippe ce je ne sais quoi d'achevé que Bossuet admirait dans la veuve de Charles 1er.» Acquitté, le 23 août 1834, etc., etc.—Du reste, nous recueillons dans les journaux du temps une statistique qui montre bien, et le nombre énorme des procès de presse à cette époque, et la proportion considérable des acquittements. Du 2 août 1830 au 1er octobre 1834, on compte, rien qu'à Paris, 520 procès et seulement 188 condamnations. Celles-ci s'élevaient ensemble à 106 ans de prison et à 44,000 francs d'amende.
272: 15 décembre 1832.
273: 12 avril 1833.
274: Séance du 23 mars 1823. Voici, du reste, le passage entier du discours de M. Viennet: «La masse de la population veut être protégée; elle ne sait pas se protéger elle-même... Ministres du Roi, assurez-lui le repos qu'elle vous demande. La légalité actuelle nous tue. Les factions s'en moquent. Elle est un bouclier pour elles, et ce sera bientôt une arme contre vous-mêmes. Provoquez des lois plus fortes, plus efficaces, et nous les voterons, aux applaudissements des populations rassurées.»
275: Journal des Débats, 7 mars 1834.
276: Mémoires de M. Guizot, t. III, p. 220.
277: Ce projet fut déposé le 25 janvier 1834.
278: 22 mars 1834.
279: Le Journal des Débats disait, le 25 mars 1834: «La Chambre ne fera pas la faute énorme d'énerver elle-même la loi, en la rejetant dans la classe des lois d'exception..... Tout ce qui aurait l'air d'une concession faite aux clubs, en ce moment, ne serait qu'une lâcheté devant des gens qui annoncent ouvertement l'intention de ne pas obéir à la loi.»—Voir, dans le même sens, le discours prononcé, le 25 mars, par M. de Salvandy.
280: Veut-on un spécimen de la façon dont les révolutionnaires traitaient les hommes au pouvoir? MM. Guinard, Cavaignac et autres, voulant protester contre certaines paroles prononcées à la tribune par MM. Guizot et d'Argout, au sujet de la Société des Droits de l'homme, parlaient dans une lettre publique de «deux hommes aussi justement et universellement méprisés que MM. Guizot et d'Argout», et ils les déclaraient «infâmes». Quelques jours après, un autre républicain, M. Landolphe, parlait de «l'ignoble Gisquet» et de «MM. Guizot et d'Argout dont les noms ne peuvent plus être accolés qu'à l'épithète de lâches».
281: Avant même que la discussion de la loi d'association ne fût complétement terminée, le 20 mars 1834, Carrel publiait, dans le National, un article intitulé: Comment on dégoûte une nation de l'ordre, et où se lisaient ces lignes: «On semble avoir pris à tâche de dégoûter la nation de cet ordre public qui s'adosse à la Sainte-Alliance, pour lever un ignoble gourdin sur la population de Paris..... Les deux camps se forment et se menacent. Dans le camp de l'ordre public, on proclame déjà que la suspension de la liberté pourrait bien devenir nécessaire au salut de l'ordre; mais, dans le camp de la liberté, on se compte, on se dit qu'on a fait, en juillet, une révolution, malgré le parti de l'ordre public; on se dit que cette révolution ne peut pas, ne doit pas être abandonnée, qu'elle ne le sera pas; on a assez de sens pour songer que, s'il y avait suspension de la liberté, il y faudrait répondre, comme en juillet, par la suspension de l'ordre public... Qui sera suspendu de la liberté telle que nous la voulons, ou de l'ordre public tel que le veut la faction doctrinaire? M. Jaubert parie contre la liberté; nous parierions, nous, contre son ordre public.»
282: M. Louis Blanc n'ira-t-il pas jusqu'à déclarer les prétendus massacres de Vaise plus horribles que ceux de septembre 1793?
283: On a calculé que les troupes avaient tiré 269,000 coups de fusil et 1,729 coups de canon.
284: En juillet 1834, M. Pasquier disait à un homme politique qu'il ressortait de l'instruction faite contre les insurgés d'avril, que la société des Droits de l'homme avait «travaillé à corrompre l'armée et y avait déjà obtenu quelques succès». «Il y aurait, ajoutait-il, moyen d'introduire en justice plus de 80 sous-officiers. Mais on ne le fera que pour quelques-uns.» (Documents inédits.)
285: Jusqu'au 10 août 1834, où ce journal reparaîtra, aussi violent que jamais.
286: Article du 21 mai 1834.
287: Béranger écrit, le 16 août 1834: «Carrel a été sur le point de quitter le National; il craint la prison, et peut-être aussi a-t-il quelques dégoûts.»
288: Septembre 1834.
289: Documents inédits.
290: Lettre de M. de Sainte-Aulaire, alors ambassadeur à Vienne. (Documents inédits.)
291: Lettre du 6 avril 1834. (Documents inédits.)
292: Mémoires d'Odilon Barrot, t. I, p. 284.
293: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
294: Documents inédits.
295: Voici un fragment plus étendu de cette lettre de M. de Barante: «Le maréchal sera prochainement un grand sujet d'embarras... Et pourtant pouvons-nous nous contenter d'un administrateur de l'armée? N'est-ce pas encore un chef de l'armée qui est indispensable? À l'étranger, où l'on ne comprend rien à la raison publique, à la force de l'opinion, le gouvernement paraît reposer sur le maréchal. Je prévois sa chute, et elle me fait peur.»
296: Aucun engagement cependant n'avait été pris envers l'Angleterre, relativement à l'Algérie, soit par la Restauration, soit par la monarchie de Juillet. M. de Broglie, pendant qu'il était ministre des affaires étrangères, fit faire des recherches sur ce point, et acquit ainsi la preuve que la France avait conservé son entière liberté. (Lettre inédite du duc de Broglie à M. de Talleyrand, du 18 mars 1833.)
297: Plus tard, quand les événements militaires et politiques d'Algérie auront pris plus d'importance, nous aurons occasion de revenir sur les débuts de notre grande colonie.
298: Mémoires de M. Guizot, t. III, p. 261.
299: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 583.
300: Dans la discussion de l'Adresse de 1834.
301: En 1835, la Revue des Deux Mondes, alors fort à gauche, définissait ainsi le tiers parti: «Le tiers parti appelle une forte répression, l'unité gouvernementale, l'ordre public, la paix au dehors, et, avec cela, il proclame tout ce qui n'est ni l'ordre au dedans, ni la paix à l'extérieur; il a un faible pour la propagande, un instinct pour la révolution; il n'a point de systèmes, mais des peurs. Lui parlez-vous de république? il s'indigne. Lui proposez-vous les garanties indispensables à tout système monarchique? il les repousse souvent encore. Ce parti semble n'être ni en dehors ni en dedans du système établi: il proclame la dynastie comme une nécessité, et, sans le vouloir, il contribua à la miner sourdement.»
302: Voir, sur le Constitutionnel avant 1830, le Parti libéral sous la Restauration, p. 69 et suiv.
303: De vingt-deux mille abonnés qu'il avait en 1830, le Constitutionnel était descendu à six mille. Il devait même bientôt tomber jusqu'à trois mille. M. Véron, devenu propriétaire de ce journal en 1844, le releva, en y publiant le Juif errant, d'Eugène Sue.
304: Expressions de M. Guizot.
305: Un des amis du ministère écrivait alors, sur son journal personnel: «Il est positif que les opinions juste milieu proprement dites, en d'autres termes les doctrines gouvernementales sur lesquelles s'appuie le ministère, ont, même indépendamment du tiers parti, une immense majorité dans la Chambre; mais un grand nombre de ceux qui les professent sont animés, contre tel ou tel ministre, d'un sentiment d'envie, de défiance, de mépris, qui les jette, presque à leur insu, dans les rangs du tiers parti, bien qu'ils ne partagent pas ses préjugés; d'autres, blessés de la suffisance et du ton tranchant et exclusif des jeunes doctrinaires, reportent sur leurs patrons le ressentiment qu'ils en éprouvent.» (Documents inédits.)
306: Lettre du 5 juillet 1834. (Documents inédits.)
307: C'est ce qui faisait dire au Journal des Débats, le 17 août: «L'Adresse de la Chambre des députés est une adresse palimpseste. Il y a au-dessus une première écriture faite pour le peuple: ce sont des phrases vagues, indécises, équivoques; mais sous cette écriture il y en a une autre, et c'est cette seconde que les initiés lisent et font lire. Le texte caché remplace le texte apparent. Le texte apparent était pour la Chambre que le texte caché eût rebutée. Une fois le vote obtenu, voilà tout le parti qui gratte à l'envi la première écriture et fait reparaître la seconde, en s'écriant que c'est là le véritable texte, le texte qui exprime la pensée de la Chambre et du pays.»
308: Quelques mois plus tard, le 5 décembre 1834, M. Guizot, revenant, à la tribune, sur ces incidents, disait: «Après le sens qu'on s'est efforcé de donner à l'Adresse, après les conséquences qu'on a voulu en tirer, après les incidents que tout ce travail des partis avait amenés, après la retraite de quelques-uns des membres du cabinet, nous avons trouvé le pouvoir faible entre nos mains, nous ne nous sommes pas reconnu la force dont nous avions besoin pour remplir notre tâche.»
309: Voir articles des 16 et 25 octobre 1834.
310: «Je joue, disait Louis-Philippe, la partie de l'État contre les anarchistes: voyons les enjeux. J'y mets ma vie, ma fortune, celle de mes enfants, et, ce qui est bien plus, j'y joue le repos et le bonheur de mon pays. Et qu'y mettent-ils? Bien qu'un peu d'audace. Ils essayent deux, trois, quatre fois de renverser le gouvernement. Le jour où ils réussissent, ils ont tout, et l'État perd tout. En attendant le succès, ils risquent la prison, où ils entrent à grand renfort de fanfares populaires. Ils ont l'appui des journaux, des partis, des hommes d'État de l'opposition, dont la politique consiste toujours à réclamer des amnisties, pour faire peur aux ministres pourvus de portefeuilles.»
311: L'un des ministres, l'amiral de Rigny, écrivait au comte de Sainte-Aulaire, le 25 octobre 1834: «... Ceci est le tonneau des Danaïdes. En ce moment il est prêt à déborder. Gérard veut s'en aller si on ne fait pas l'amnistie. Cette malheureuse question amenée par les journaux lui tourne la tête. S'il s'en va, qui prendre? Vous devriez bien me le dire, car je n'en sais rien.»
312: Documents inédits.
313: Le journal la Caricature représentait M. Thiers en «Mercure dieu de l'éloquence et d'autre chose»; il publiait des notes de ce genre: «Le nouveau préfet de police se prépare à ordonner une grande battue afin de faire une rafle générale de tous les voleurs de Paris. M. Thiers est fort content d'être à Rome.» Ou encore: «Le petit Foutriquet court les grandes routes. En voyage comme en politique, il ne marche pas, il vole.» Le Constitutionnel lui-même, qui avait compté autrefois M. Thiers parmi ses collaborateurs, déclarait que, par ses antécédents, il n'avait pas une réputation de désintéressement et de probité assez bien établie, pour qu'on pût lui confier le maniement des fonds secrets.
314: La Revue des Deux Mondes, à la suite d'un journal anglais, comparait M. Thiers «à ces matelots qui viennent de toucher leur part de prise et qui se promènent, dans les rues de Londres, avec une fille à chaque bras et suivis de deux violons».
315: Témoin ce qu'on appela alors «l'orgie de Grandvaux». On sait comment les journaux racontèrent cette scène qui relève de la chronique scandaleuse plus que de la grave histoire. Voir, notamment, l'article de la Quotidienne, du 19 octobre 1835. Des contemporains dignes de foi affirment que les faits avaient été exagérés ou dénaturés.
316: C'est ce qui fera écrire, un peu plus tard, à Henri Heine: «Que M. Thiers ait spéculé à la Bourse, c'est une calomnie aussi infâme que ridicule... Mais, par sa familiarité avec des chevaliers d'industrie sans convictions, il s'est lui-même attiré tous les bruits malicieux qui rongent sa bonne réputation... Pourquoi entretenait-il un commerce avec une semblable canaille? Qui se couche avec ses chiens se lève avec des puces.» (Lutèce, p. 130.) Le vicomte de Launay (madame de Girardin) disait de son côté, en 1836: «La seule chose qui nuise à M. Thiers, c'est son entourage politique. Il mériterait de plus dignes flatteurs.» (Lettres parisiennes, t. I, p. 43.)
317: Nous lisons dans le journal inédit d'un homme politique, à la date du 21 août 1834: «Les feuilles de l'opposition se sont beaucoup amusées de l'arrivée à Paris de M. Thiers père, accouru tout exprès, dit-on, pour obliger encore une fois son fils à acheter son départ à prix d'argent. Une lettre adressée par le vieillard à la Quotidienne n'est pas de nature à faire tomber cette version. Il commence, il est vrai, par la démentir, mais il ajoute qu'ayant d'autres enfants et des nièces, il est venu le rappeler à son fils le ministre. On dit au surplus que tout est arrangé,» Le frère de M. Thiers ne valait pas mieux.
318: Nous lisons, à la date du 5 septembre 1834, dans ce journal intime que nous avons déjà cité: «M. Thiers veut se retirer. Il paraît positif que les derniers esclandres de sa famille ont ébranlé très-fortement son crédit auprès du Roi, et qu'il ne se sent plus lui-même la force de surmonter ces dégoûts.»
319: Louis-Philippe a dit plus tard de M. Thiers: «Quand je ne l'aimais plus, toujours il me plaisait.» Ce mot a été raconté par M. Thiers à M. Senior. (Conversations with M. Thiers, M. Guizot, and other distinguished persons, by N. W. Senior.)
320: Dans une de ses conversations avec M. Senior, M. Thiers a dit du Roi: «Nous avions du goût l'un pour l'autre... Peut-être ma pétulance ne lui déplaisait-elle pas. Avec moi, il était absolument à son aise; il n'en était pas de même avec M. Guizot.» Ce dernier a dit, de son côté, toujours au même M. Senior: «Parmi les ministres, ceux que le Roi flattait le plus, comme Laffitte et ensuite Thiers, n'étaient pas ceux auxquels il accordait le plus de confiance et d'attachement. Il avait l'habitude de les appeler par leurs simples noms; il n'en fit jamais autant à l'égard de Casimir Périer, du duc de Broglie ou de moi-même. Il n'était pas familier avec ceux qu'il respectait, ou plutôt il cessait de respecter ceux qui semblaient rechercher sa familiarité.»
321: M. Thiers disait en souriant au Roi: «Sire, je suis bien fin.—Je le suis plus que vous, répondit Louis-Philippe, car je ne le dis pas.»
322: Cette opposition de M. Thiers et de M. Guizot frappait tous les esprits, et M. de Metternich écrivait, un peu plus tard, à M. d'Apponyi: «Il est possible que deux caractères comme ceux de Guizot et de Thiers puissent marcher ensemble; la fusion entre leurs natures me paraît cependant impossible. Guizot est un idéologue conservateur, et Thiers un révolutionnaire pratique. Leurs points de départ diffèrent ainsi essentiellement comme idéologues ou comme gens pratiques; s'ils étaient tous deux l'un ou l'autre, ils pourraient se rencontrer plus facilement que la chose n'est possible avec leurs points de départ différents. Tous deux veulent, sans aucun doute, conserver ce qui existe. Ils diffèrent et différeront toujours, soit aujourd'hui, soit demain, sur le choix des moyens pour arriver au même but.» (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 146.)
323: Discours du 4 janvier 1834.
324: Toujours dans le discours du 4 janvier 1834, M. Thiers disait: «Savez-vous de quoi nous sommes fiers?... Nous sommes fiers de ne nous être pas faits les parodistes d'un autre époque, de n'avoir pas été révolutionnaires.»
325: Lettre du 6 février 1848.—M. Doudan ajoutait: «Il y a toujours, entre une année et l'autre, assez de différence pour qu'en passant hardiment du blanc au noir, on puisse dire résolument: Aujourd'hui, c'est un autre jour! Même, d'un peu loin et pour des gens bienveillants, cette succession de mouvements contraires donne un assez bon air de souplesse et d'entente de la variété infinie des choses humaines.»
326: Plus tard, au contraire, que de traits M. Thiers se plaira à décocher contre M. Guizot: «M. Guizot, disait-il par exemple, est un grand orateur, mais, n'allez pas vous étonner! en politique, M. Guizot est bête.» Il est vrai qu'en revanche M. Guizot dira à M. Thiers: «Mon cher, vous devinez et vous ne voyez pas.» (Cahiers de Sainte-Beuve, p. 20.)
327: Documents inédits.—M. Doudan a écrit, peu de jours après, en parlant de M. de Bassano: «Quand il regardait derrière lui les jours de l'Empire, la différence devait lui sembler grande. Alors il courait de Vienne à Berlin, au milieu d'une escorte de cavalerie de la garde impériale, environné de courtisans empressés. L'autre jour, il est sorti de l'hôtel de l'Intérieur, dans un pauvre fiacre qui est venu le prendre à la brune, pour le conduire dans une maison dont il doit peut-être le loyer. C'est cruel de lui avoir offert le ministère, quand il n'était pour lui qu'une occasion de sentir plus durement les embarras de sa fortune.» (Lettre du 28 novembre 1834.)
328: Nous lisons, à la date du 22 novembre 1834, dans un journal intime que nous avons déjà plusieurs fois cité: «Le ton de la presse quotidienne atteste, de plus en plus, la coalition qui vient de se former, entre l'opposition et le tiers parti, contre le ministère. Il n'y a presque plus de différence entre les journaux de ces deux nuances. À la violence frénétique de leurs attaques, on sent qu'ils veulent, pour ainsi dire, emporter la place d'assaut.»
329: M. Guizot disait à ce propos: «Il y a des peurs viles et honteuses, et il y a des peurs sages, raisonnables, sans lesquelles on n'est pas digne, je ne dis pas de gouverner les affaires du pays, mais même de s'en mêler... Vous voudriez que nous adoptassions cette pratique pusillanime qui croit qu'en fermant les yeux sur les dangers, on les éloigne! Savez-vous pourquoi l'on ferme les yeux sur les dangers? C'est parce qu'on en a peur. On en a peur, lorsqu'on n'ose pas les déclarer tout haut, marcher droit à eux, faire ce qu'il faut pour les prévenir, pour leur résister. Savez-vous ce qu'on fait quand on a peur des passions populaires? On dit qu'elles n'existent pas, que cela passera. Et les passions populaires passent en effet, mais comme un torrent qui dévaste tout devant lui.» (Discours du 6 décembre.)
330: «Messieurs, disait M. Thiers, je ne veux pas de surprise, je veux que la Chambre sache, ainsi que le pays, que je suis ministre du gouvernement de Juillet pour résister à la révolution quand elle s'égare... Je le dis bien haut, pour que tout le monde l'entende... Si je me trompe, que l'on imite ma franchise; que l'on vienne dire qu'il ne faut pas résister à la révolution victorieuse, qu'il ne faut pas chercher à arrêter le char lancé avec toute sa rapidité, qu'il faut le laisser se précipiter dans l'abîme. Nous céderons la place à ceux qui soutiendront ces doctrines; nous la céderons, avec un sentiment de douleur pour le pays, à ceux qui diraient avec franchise qu'il faut céder, là où nous disons: Il faut résister. Je le répète, pour qu'il n'y ait pas de surprise, nous sommes des ministres de la résistance.» (Discours du 5 décembre.)
331: M. Henry Greville, secrétaire de l'ambassade anglaise, qui avait assisté à la séance, écrivait sur son journal: «J'ai été très-frappé du discours de M. Sauzet. Il a une belle tête, une bonne voix et une grande facilité d'élocution. On dit que sa manière ressemble à celle de Martignac.» (Leaves from the Diary of Henry Greville, p. 43.)
332: 16 décembre 1834. Ce procès fut marqué par un incident qui produisit alors une assez vive émotion. Carrel, qui défendait le prévenu, avait dans sa plaidoirie évoqué le souvenir de la condamnation du maréchal Ney et l'avait qualifie d' «abominable assassinat». Comme le chancelier Pasquier l'arrêtait, l'un des pairs, le général Exelmans, se leva et cria: «Je partage l'opinion du défenseur.» On put même craindre un épilogue plus grave. Le jeune duc d'Orléans, poussé, dit-on, par M. de Flahaut, eut, un moment, le projet de venir à la séance suivante et de demander la parole à propos du procès-verbal, pour adhérer à la protestation du général Exelmans. Il fallut l'intervention du Roi et même la menace de nombreuses démissions de pairs, pour faire renoncer le jeune prince à ce coup de tête. (Documents inédits.)
333: Une note insérée au Moniteur, le 6 janvier 1835, déclara que M. Guizot n'avait jamais participé à la rédaction du Moniteur de Gand.
334: Séances du 31 décembre 1834 et du 2 janvier 1835.
335: La Revue des Deux Mondes, alors assez à gauche et malveillante pour M. Thiers, disait de lui: «M. Thiers a joui, de toutes les façons possibles, du bonheur de l'autorité; il a parlé longuement dans les Chambres, il a parlé longuement dans les conseils; il s'est fait écouter des généraux, il leur a enseigné la guerre et la stratégie; il a donné des leçons de plastique et il a révélé les secrets de l'art aux sculpteurs et aux peintres; il a dominé dans les ateliers, dans les académies; il a inscrit son nom sur la colonne de la place Vendôme, au faite du temple de la Madeleine, sur des ponts, sur des arcs de triomphe; il a joui en maître des lions et des tigres du Jardin des Plantes, il a mandé dans son hôtel les autruches et les gazelles; M. Thiers s'est montré en public, à la cour, sous des habits chamarrés d'or et de croix; il a figuré sur un cheval blanc dans les revues. Assurément ce n'est pas pour s'instruire que M. Thiers se met en voyage. M. Thiers ne regarde et ne voit pas; il ne questionne jamais, il enseigne, et sa vive intelligence supplée à tout ce qu'il ignore et à tout ce qu'il n'apprend pas.»
336: Article du 25 janvier 1835.
337: Documents inédits.
338: Lettre de M. Bresson au duc de Broglie. (Documents inédits.)
339: Louis-Philippe était alors si animé contre les doctrinaires qu'il dénonçait leurs mauvais desseins à M. Dupin, qui n'avait pas cependant besoin d'être excité contre eux. Le président de la Chambre raconte dans ses Mémoires qu'à cette époque le Roi «avait eu la bonté de lui dévoiler lui-même le manége» de M. Guizot et de ses amis. «Ils veulent vous déloger de la présidence, lui avait-il dit, et comme ministre vous user, c'est leur expression. Nous en aurons pour trois mois, déclarent-ils, et nous en serons débarrassés.» Le Roi ajoutait qu'il «avait jugé indigne de lui de se prêter à cette machination dirigée contre le président de la Chambre». (Mémoires de M. Dupin, t. III, p. 148-149.) Il est vrai que le témoignage de M. Dupin ne doit être accepté qu'avec réserve.
340: Documents inédits.
341: Ibid.
342: 6 mars 1835.
343: Documents inédits.
344: Dépêche de Pralormo, 10 avril 1835, citée par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 461.
345: Documents inédits.
346: Séances des 14 et 16 mars 1835.
347: «Plusieurs votes politiques, disait le duc de Broglie, vont se présenter avant peu. Ils se succéderont presque sans interruption. L'épreuve sera tentée plusieurs fois. Si toutefois nos adversaires désiraient que l'épreuve fût plus prochaine, à eux permis; c'est un défi que nous ne leur portons pas, mais que nous accepterons de leur part.»
348: Cette insinuation ne se rencontra pas seulement dans la presse; elle devait être bientôt portée à la tribune, le 9 avril 1835, par le duc de Fitz-James.
349: Lettre du 14 avril 1835. (Documents inédits.)
350: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
351: Journal inédit de M. de Viel-Castel.
352: Le Journal des Débats disait le 5 avril 1835: «Nous n'avons pas cherché à dissimuler les vives préoccupations que cause au pays le grave procès que la Cour des pairs va bientôt juger.»
353: Le comité chargé de diriger cette prétendue défense avait adressé à chaque orateur choisi une lettre où l'on lisait: «Citoyen, les prévenus d'avril, convaincus que les plus graves questions d'avenir doivent s'agiter dans le procès qui va s'ouvrir devant la Cour des pairs, ont pensé qu'ils devaient faire appel au dévouement et aux lumières de tous les hommes de notre parti que leur moralité, leur capacité et leur influence désignent pour ce congrès républicain. Nous nous servons de ce mot pour bien caractériser la manière dont nous envisageons notre position vis-à-vis de nos accusateurs. Ce procès n'a rien de judiciaire. C'est une suite de la lutte que nous soutenons depuis cinq ans...»
354: Le duc de Broglie dira, un peu plus tard, à la tribune de la Chambre, en parlant des accusés d'avril: «Ils ont demandé que le sanctuaire de la justice devînt une arène où ils pussent soutenir leurs dogmes, établir, non point qu'ils n'avaient pas attaqué le gouvernement, mais qu'ils en avaient eu le droit; que ce droit, ils l'avaient encore aujourd'hui... Et ils se sont sérieusement étonnés que nous n'ayons pas permis ce tournoi entre le crime et la justice, que nous n'ayons pas permis à la révolte de combattre à armes égales contre le gouvernement.»
355: M. Molé fut de ceux qui se retirèrent.
356: Ces procès lui donnaient une connaissance particulière de toute une partie du personnel politique: «Je suis, disait-il en 1850, l'homme de France qui ai le plus connu les divers gouvernements qui se succèdent chez nous depuis 1848, je leur ai fait à tous leur procès.»
357: Ce fut le 12 mai 1835 que la Tribune cessa de paraître. Elle n'avait vécu que quatre ans; elle avait été saisie et poursuivie cent onze fois, condamnée vingt fois; le total des peines qu'elle avait encourues s'élevait à 157,630 francs d'amendes et quarante-neuf ans de prison.
358: Article du 11 mai 1835.
359: On sait ce que fut cette mystérieuse et dramatique affaire. La Roncière, lieutenant de cavalerie, était accusé de tentative de viol sur la fille du général commandant l'école de Saumur. Il fut condamné le 29 juin 1835.
360: Correspondance, lettres du 3 mai et du 25 juin 1835.—Quelques années après, M. Louis Blanc avouait que le parti républicain sortait de là dissous, dispersé et discrédité. (Histoire de dix ans, t. IV, p. 422-423.) Plus tard, M. Lanfrey a écrit: «Ce procès déplorable n'eut d'autre résultat que de dévoiler à tous les yeux les profondes dissidences qui divisaient le parti républicain. Après avoir commencé par le tragique, il eût fini par le ridicule, sans l'évasion qui lui apporta un dénoûment.» Puis il parle de l'impossibilité où avait été Carrel «de mettre un peu de sérieux, de dignité, de discipline et déraison dans ce chaos de résolutions contradictoires, d'emportements sans frein et de déclamations prescrites, dont le spectacle servit puissamment à discréditer la cause vaincue». (Notice sur Armand Carrel. Revue nationale, t. XII.) Lamartine écrivait à un de ses amis, pendant le procès d'avril: «On a vu que les républicains étaient des jacobins, c'est ce qui les perd.»
361: Au moment même de son arrestation, comme on lui demandait s'il avait été poussé par une passion politique: «Je n'ai pas d'opinion, répondit-il, je suis seulement un homme dérouté.»
362: L'affaire ne fut jugée qu'à la fin de janvier 1836.
363: Les Conspirateurs, extraits des Mémoires d'un montagnard, par A. Chenu, 2e partie, p. 53.
364: Cf. sur tous ces indices l'Attentat Fieschi, par M. Maxime du Camp, p. 235 à 238.]
365: Cet article, le dernier de Carrel, fut écrit le 15 juillet 1836, à l'occasion d'un nouvel attentat contre le Roi, celui d'Alibaud; Carrel y rappelait formellement Morey et Pépin. Cet article, poursuivi comme contenant l'apologie d'un fait qualifié crime, valut au National une condamnation à trois mois de prison et à 1,000 francs d'amende, condamnation prononcée après la mort de Carrel.
366: «Nous vous demandons, disait encore le duc de Broglie, de placer la personne du Roi sous la garantie d'un grand corps politique, voyant d'assez haut pour ne pas se méprendre sur la nature et la portée du crime; d'un tribunal permanent dont la jurisprudence invariable ne laisse pas au second crime plus de chances qu'au premier.»
367: Documents inédits.
368: Discours de M. Janvier.
369: Au moment de mourir, en 1845, M. Royer-Collard s'est réconcilié avec M. Guizot. Ce fut pour lui une vive et douce émotion.
370: Lettre à M. de Tocqueville, du 21 novembre 1837. Il écrivait un peu plus tard, toujours à M. de Tocqueville: «Désintéressez-vous des autres, mais ne vous désintéressez pas de vous-même; là sont vos meilleures et plus vives jouissances. Pensez, écrivez, comme si vous étiez seul, uniquement occupé de bien faire.» (Œuvres de Tocqueville, t. VII, p. 161, 169.)
371: Carrel disait, peu après, dans le National: «On a mis les journaux dans la nécessité de se censurer eux-mêmes. Ils s'y résignent; mais on n'écrit pas tout ce qu'on pense, et l'on ne publie pas même tout ce qu'on écrit. Pour avoir l'idée de la violence que se fait la presse à elle-même, en se présentant avec ces apparences de modération que le Journal des Débats célèbre comme le résultat des lois de septembre, il faudrait se faire apporter les épreuves et les manuscrits qui passent chaque soir sous les yeux des directeurs des feuilles opposantes... Imaginez les lois de septembre suspendues pendant deux fois vingt-quatre heures! Combien de choses qu'on croit oubliées recommenceraient à se dire!...» (1er juillet 1836.)
372: Dès le 30 novembre 1835, Carrel se plaint que «le jury n'ait pas su se préserver d'un entraînement trop général», et que, par suite, «cette partie de la presse, qui n'a point abdiqué toute mission révolutionnaire, n'ait pu, en s'appuyant sur le jury, soutenir le combat contre des adversaires armés de la terrible législation du 9 septembre». Il ajoutait: «Nous attendons une situation de l'esprit public qui nous présente des juges calmes, des juges rassurés.»
373: Un magistrat, M. de Marnay, écrivait, le 30 novembre 1835: «Quant aux procès politiques, tout leur intérêt est fini, et on les juge dans la solitude... La république laisse mourir le Réformateur après la Tribune, dans un abandon qui fait mal au cœur. Et si vous entendiez le ton obséquieux, patelin, des prévenus, des avocats: supplications qui ne les sauvent pas des condamnations impitoyables du jury maintenant rassuré. Jamais je n'aurais espéré, des lois d'intimidation du 9 septembre, un effet aussi radical. J'ignore s'il se relèvera, mais, pour le moment du moins, l'ennemi paraît bien abattu.»
374: Un écrivain républicain, M. Lanfrey, a écrit de l'état de son parti à cette époque: «Les défaites matérielles et plus encore les défaites morales du parti, le vague, l'incohérence ou la folie de ses doctrines, le désaccord de ses chefs, l'exaltation aveugle ou l'indisciplinable orgueil de ses adhérents le condamnaient à l'impuissance... Il fallait renoncer à toute action immédiate ou même prochaine.»
375: M. Lanfrey.
376: National du 30 novembre 1835 et du 11 janvier 1836.
377: Mémoires de M. d'Alton-Shée, t. I, p. 163.—Un autre jour, Carrel disait, en parlant de ses amis: «Vous ne les connaissez pas: des fous, des brouillons, des envieux, des impuissants!» Ou encore: «Leurs qualités ne servent que dans les cas tout à fait extraordinaires, leurs inconvénients sont de tous les jours.»
378: 8 janvier 1836.
379: Voir notamment un article du 23 juin 1836, où, à propos d'un écrit de M. de Chateaubriand, Carrel annonce et salue la prochaine «révolution sociale». M. Littré, qui a été l'éditeur des œuvres du rédacteur du National, a noté religieusement tous les indices qui révèlent le «progrès» de cet écrivain vers le socialisme. «Au début de sa carrière, dit-il, Carrel n'avait point d'engagement avec la république; au milieu, il se rangea sous le drapeau républicain; à la fin, il s'approchait du socialisme...» (Œuvres de Carrel, t. IV, p. 510.)
380: Nous avons déjà eu occasion de mentionner cet article du 15 juillet 1836, écrit à propos des attentats d'Alibaud; c'est, comme nous l'avons dit, le dernier qui soit sorti de la plume de Carrel.
381: Carrel appelait cette idée de la liberté américaine, de la liberté pour tous, la «théorie du droit commun». «Nous eûmes à ce sujet, lui et moi, raconte M. Nisard, une longue conversation, quelques mois avant sa mort, dans une promenade au bois de Boulogne. Je vis qu'il avait presque renoncé à cette théorie du droit commun, comme principe de politique applicable; tout au plus y tenait-il encore comme théorie... Ses doutes, sur ce point, furent une dernière défaite... Dans les derniers jours de sa vie, il n'en parlait plus que comme d'un progrès qu'il ne lui serait pas donné de voir de son vivant, et auquel ne doivent peut-être jamais arriver les sociétés humaines.»
382: Victor Hugo a écrit à M. d'Alton-Shée qui racontait avoir été détourné par Carrel de se faire républicain: «J'ai connu Carrel tel que vous le dépeignez. Il a fait aussi ce qu'il a pu pour m'éloigner de la république.»
383: On a raconté que Carrel disait lui-même, dans l'angoisse de ses derniers moments: «Ils m'ont enfermé dans une impasse.»
384: 22 juillet 1836.
385: M. de Chateaubriand, qui suivit le convoi civil de Carrel, a cherché à atténuer le scandale de cette mort sans religion. Il a raconté que M. Carrel père lui avait dit, à l'enterrement de son fils: «Armand aurait été chrétien comme son père, sa mère, ses frères et sœurs: l'aiguille n'avait plus que quelques heures à parcourir pour arriver au même point du cadran.» M. de Chateaubriand ajoutait: «Carrel n'était pas aussi antireligieux qu'on l'a supposé: il avait des doutes. Peu de jours avant sa mort, il disait: Je donnerais toute cette vie pour croire à l'autre.»
386: Lettre du 6 août 1836. (Correspondance d'Edgar Quinet.)
387: La Chambre n'affectait plus, comme au lendemain de 1830, d'ignorer l'existence même des fêtes du christianisme. En 1833, pour la première fois depuis la révolution de Juillet, elle suspendait ses séances le jour de l'Ascension. Le fait fut remarqué.
388: C'est M. Dupin lui-même qui le constate. (Mémoires, t. III, p. 22.)
389: «À ce compte, disait le Journal des Débats, la prêtrise serait une mise hors la loi. Sous la première race, quand on voulait dégrader un prince, on le tonsurait et on le faisait prêtre. Dès ce moment, il ne comptait plus: ce serait la même chose aujourd'hui. La tonsure ecclésiastique serait aussi une dégradation civile et politique. Ce n'est pas ainsi que nous entendons la liberté. Point de priviléges pour le clergé, c'est tout naturel, mais point d'exclusion non plus. Que le prêtre puisse être élu si ses concitoyens le trouvent digne de leurs suffrages.» Et ce même journal ajoutait, à l'adresse de M. Dupin: «Nous ne sommes plus en 1827. Les Jésuites de Saint-Acheul ne font plus de procession; le monogramme de la Société de Jésus et l'emblème du Sacré-Cœur ne sont plus étalés au front des reposoirs de la Chambre des députés; l'Église ne paraît pas prête à envahir l'État. Nous pouvons donc, ce nous semble, à l'heure qu'il est, être, les uns moins gallicans, les autres moins voltairiens que nous n'avons été, et appliquer, sans crainte et sans danger, les principes de la tolérance religieuse.» Le Journal du Commerce, quoique inféodé aux partis de gauche, n'était pas moins vif contre la thèse de M. Dupin et lui ripostait plaisamment: «Quand un avocat vient signaler, à la tribune, les habitudes envahissantes du parti prêtre, un prêtre pourrait, avec raison, lui opposer l'ubiquité des avocats dans les fonctions administratives.»
390: Cf. mon étude sur le Parti libéral sous la Restauration, p. 386 et suiv.
391: Juin à décembre 1833.
392: Vie du cardinal Mathieu, par Mgr Besson, t. I, p. 140 à 143.
393: Journal des Débats du 23 octobre 1833.
394: Janvier 1835.
395: Lettre écrite en mai 1835. (Correspondance inédite, t. II, p. 48.)
396: Voir les attaques du Constitutionnel du 9 août 1833 et du 12 octobre 1835.
397: Le Constitutionnel se distinguait parmi ceux qui s'opposaient à la réouverture de l'église. Il semblait n'avoir même pas l'intelligence de l'atteinte portée ainsi à la liberté religieuse. «L'église est debout, disait-il en septembre 1833, et rien n'y manque, sinon une croix ornée de trois fleurs de lys; rien n'y est changé, sinon que les portes n'en sont plus ouvertes. À quoi bon tant de clameurs, si ce n'est qu'on est charmé de crier?»
398: Moniteur de janvier et de mai 1833.
399: 18 octobre 1832.
400: Vie du cardinal Mathieu, par Mgr Besson, t. I, p. 146.
401: Circulaire du 18 juillet 1833.
402: Circulaire du 11 octobre 1834.
403: Circulaire du 13 août 1835.
404: Expression de M. Thiers dans les débats de la commission de 1849.
405: Les Débats de la Commission de 1849, par H. de Lacombe, p. 35, et 81 à 94.
406: Mémoires de M. Guizot, t. III, p. 70, 71 et 85.
407: Journal des Débats du 23 octobre 1883.—Ce journal exprimait d'ailleurs le sentiment de M. Guizot, quand il jugeait ainsi la conduite du conseil municipal de Beauvais: «C'est là ce que quelques gens, en petit nombre, il est vrai, appellent encore du libéralisme. Le vrai libéralisme, c'est de mettre à la portée du peuple tous les moyens d'instruction possibles,... c'est d'ouvrir des écoles pour toutes les croyances, j'allais presque dire pour tous les préjugés... Le reste n'est que de l'intolérance, de la tyrannie.»
408: Ami de la Religion du 25 novembre 1834.
409: 22 mai et 12 décembre 1833.
410: Novembre 1835.
411: Journal des Débats du 10 octobre 1835.
412: Discours du 18 mars 1834.
413: Notice sur M. Doudan.
414: De la réaction religieuse. (Variétés, t. II.)
415: Propos rapportés par M. A. de Margerie. (Correspondant du 25 juillet 1876.)
416: Le Christianisme présenté aux hommes du monde, Discours préliminaire, par M. l'abbé Dupanloup.
417: Lettre de mai 1835. (Correspondance inédite, t. II, p. 48.)
418: Journal des Débats du 28 avril 1834.
419: M. l'abbé Meignan, depuis évêque, a écrit, en rappelant les souvenirs de cette époque: «Le clergé triompha, par ce mélange de fermeté et de conciliation, de force et de douceur, par ce désintéressement, cette humilité, cette abnégation que la religion seule inspire. Il n'arracha point les armes à ses ennemis, mais ceux-ci les déposèrent eux-mêmes. On ne saurait dire combien le prêtre grandit promptement dans l'estime des populations calmées, par la déclaration qu'il fit de rester étranger à toute préoccupation politique, par le devoir qu'il s'imposa de pratiquer une franche neutralité, par l'activité, l'intelligence, la discrétion dont il fit preuve, en organisant, partout où il pouvait, des œuvres de charité, en ouvrant des asiles, des ateliers, des écoles, par le zèle qu'il déploya à instruire, à consoler, en un mot par le simple exercice de son pieux ministère.» (D'un mouvement antireligieux en France. Correspondant du 25 février 1860.)
420: Lacordaire, Notice sur Ozanam.
421: Voir plus haut, p. 247 et suiv.
422: Janvier 1834.
423: Louis Blanc, Histoire de dix ans, t. V, p. 397.
424: M. de Polignac paraît avoir caressé le projet de cet empire africain qu'il voulait étendre jusqu'à Alger; il avait pu l'idée de faire châtier le dey par Méhémet-Ali.
425: «Que m'importe l'empire? disait un jour Mahmoud à un conseiller qui cherchait à l'effrayer sur les desseins des Russes; que m'importe Constantinople? Je donnerais Constantinople et l'empire à celui qui m'apporterait la tête de Méhémet-Ali.»
426: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 490 à 500.
427: «Je crois,—écrivait confidentiellement le duc de Broglie à Talleyrand, le 21 janvier 1833,—que les intérêts du gouvernement anglais, sur ce point, sont identiques aux nôtres et que le temps presse. J'ai tout lieu de croire que, si nos deux gouvernements s'entendent bien, l'Autriche finira par se réunir à nous contre l'agrandissement éventuel de la Russie. C'est là l'œuvre que vous avez tentée au congrès de Vienne et que les Cent-Jours sont venus déranger. C'est à vous qu'il appartient de l'achever.» Un peu plus tard, le duc de Broglie se plaignait de «l'extrême froideur avec laquelle le gouvernement anglais avait accueilli, depuis trois mois, ses diverses ouvertures relativement à l'Orient». Et il ajoutait: «En vérité, ce n'est pas ma faute. Depuis mon entrée au ministère, je n'ai cessé de solliciter l'Angleterre d'envoyer un ambassadeur à Constantinople. J'ai communiqué, presque jour par jour, à lord Granville, toutes les dépêches que je recevais et que j'écrivais à ce sujet. Je l'ai averti, prié, pressé... Tout serait fin; à Alexandrie et à Constantinople, si le cabinet anglais avait voulu.» (Correspondance confidentielle du duc de Broglie et de M. de Talleyrand, Documents inédits.)
428: Lettre confidentielle du duc de Broglie à Talleyrand, du 22 mars 1833. (Documents inédits.)
429: Méhémet-Ali, dans ses conversations avec les consuls étrangers, se disait «étonné que le gouvernement français, qui, depuis deux ans, n'avait cessé de faire des démarches auprès de lui pour l'engager à déclarer la guerre à la Porte, osât maintenant lui proposer la paix à des conditions si peu avantageuses». (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 531.) Le pacha dénaturait évidemment les faits, pour exciter les autres puissances; néanmoins il est certain que le langage de notre consul à Alexandrie n'avait pu le préparer à la communication de l'amiral Roussin.
430: Mémoires de Gréville, t. II, p. 367.
431: Correspondance confidentielle du duc de Broglie et de M. de Talleyrand. (Documents inédits.)
432: M. de Metternich se plaignait, avec une extrême amertume, de l'«intolérable jalousie de l'amiral Roussin». (Mémoires, t. V, p. 502 à 508.)
433: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
434: Ibid.
435: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
436: Au premier abord, M. de Talleyrand eût été assez disposé à se laisser emporter à la suite du gouvernement anglais. (Correspondance confidentielle du duc de Broglie et de M. de Talleyrand. Documents inédits.)
437: M. de Metternich ne pouvait même se cacher qu'en cette circonstance il avait été complétement joué par le cabinet de Saint-Pétersbourg. En effet, pendant que le traité d'Unkiar-Skelessi se concluait, le chancelier autrichien assurait à M. de Sainte-Aulaire, alors ambassadeur de France à Vienne, «qu'un changement complet, inopiné, s'était opéré depuis peu dans la politique du cabinet russe». Il ajoutait, avec un air de mystère: «Je veux vous confier que dernièrement l'empereur Nicolas a fait venir dans son cabinet M. de Fiquelmont. Il est convenu que ses antécédents pouvaient nous inspirer de fâcheuses préventions, mais il a formellement abjuré son ancienne politique. Il a voulu que notre ambassadeur écrivît, sous sa dictée, l'engagement d'honneur de ne plus rien faire qu'avec nous et par nous dans les affaires d'Orient. Jugez si, après une déclaration si catégorique, envoyée par écrit directement à l'empereur François, nous sommes fondés à nous porter garants et des actes et des projets de l'empereur Nicolas.» Et M. de Metternich se plaisait à répéter «qu'il avait dompté le lion moscovite, et que désormais il ne craignait ni surprise ni résistance». Quelques jours après cette conversation, M. de Sainte-Aulaire ayant appris le traité d'Unkiar-Skelessi, se hâtait d'aller l'annoncer au chancelier, fort curieux de savoir si celui-ci avait été, en cette affaire, complice ou dupe. M. de Metternich resta aussi impassible que de coutume, se bornant à émettre des doutes sur l'existence même du traité. «Sur mon honneur et ma conscience, dit-il, si le traité existe, il a été conçu et accompli sans ma participation, sans qu'aucune circonstance ait pu éveiller ma prévision.» Toutefois, il ne voulut pas se laisser amener à témoigner une désapprobation de la conduite de la Russie. (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
438: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 596.
439: Cf. les dépêches citées par Hillebrand. (Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 542.)
440: Lettre à M. le duc de Broglie. (Documents inédits.)
441: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 543 à 545 et p. 558.—Le 8 juillet 1833, le Journal des Débats publiait, sur la situation de l'Allemagne, un article où il combattait la prétention de l'Autriche et de la Prusse d'annuler les petits États de la Confédération, et où il rappelait que le traité de Vienne avait consacré l'indépendance de ces États. Le gouvernement français observait aussi, avec une vigilance particulière, ce qui se passait en Luxembourg, et déclarait très-haut qu'il ne laisserait pas la diète allemande y mettre le pied, en cas de soulèvement populaire. Cette politique était plus prévoyante que celle qui devait plus tard laisser faire et même seconder l'unité allemande.
442: Le duc de Broglie était très-convaincu de cette hostilité de l'Autriche; il était même disposé à l'exagérer. On le voit par les instructions qu'il donna à M. de Sainte-Aulaire, en avril 1833, quand il l'envoya comme ambassadeur à Vienne. Il y présente l'Autriche comme ayant été dès la Restauration en antagonisme avec la France, et cela à raison de la «différence absolue des principes de leurs gouvernements»; seulement, avant 1830, cette hostilité était impuissante: la cour de Vienne était brouillée avec la Russie et n'avait pour elle que l'Angleterre. Notre ministre continuait en ces termes: «Par l'effet de la révolution de Juillet et surtout des événements qui l'ont suivie d'une extrémité à l'autre de l'Europe, cet état de choses a beaucoup changé. Autant la position de la Russie et de la Prusse s'est affaiblie, autant au contraire s'est améliorée celle de l'Autriche..... Le ressentiment que les événements de Turquie avaient laissé au gouvernement russe contre le cabinet de Vienne s'est effacé devant l'irritation bien plus grande encore que la révolution française et celle de Pologne ont inspirée à l'empereur Nicolas. La Prusse, toujours tremblante en présence des mouvements révolutionnaires, toujours disposée à sacrifier au besoin de s'en garantir les autres combinaisons de sa politique, s'est aussi rapprochée de sa puissante voisine; comme on 1819, elle s'est replacée sous sa direction, elle lui a laissé reprendre sur le corps germanique cette suprématie, objet constant de leur rivalité..... Enfin, les petits princes d'Italie, déjà atteints par l'incendie révolutionnaire, ont suivi cet exemple avec plus d'abandon encore, et deux interventions successives ont rétabli pour longtemps dans la Péninsule cette prépotence que l'Autriche n'a su, à aucune époque, y baser que sur la force matérielle..... L'hostilité morale existante entre la France et l'Autriche ne se rattachant pas à des motifs accidentels, mais au fond même de la situation, ce serait se faire une dangereuse illusion que de compter, pour la faire cesser, sur des motifs puisés dans les vicissitudes ordinaires de la politique. Cette hostilité durera tant que les deux pays continueront à marcher à la tête des deux ordres d'opinions et d'idées qui partagent aujourd'hui l'Europe en deux camps ennemis, ou du moins tant que ces opinions n'auront pas acquis assez de maturité et de calme pour pouvoir coexister sans aspirer continuellement à se détruire l'une l'autre. Un esprit aussi éclaire que le vôtre, monsieur le comte, déduira facilement de cet exposé la nature et l'objet de la mission que vous aurez à remplir. Il ne saurait être question pour longtemps, à moins de circonstances bien extraordinaires, de travailler à opérer un rapprochement intime entre deux pays séparés par des divisions aussi profondes. Toutes les démarches qu'on ferait dans ce but ne tendraient qu'à ménager au cabinet de Vienne un moyen de nous desservir auprès de nos alliés. Le rôle de l'ambassadeur du Roi auprès de la cour impériale est d'observer attentivement les manœuvres ténébreuses d'un cabinet où viendront toujours aboutir tous les fils des combinaisons dirigées contre la France.» (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
443: Dépêche confidentielle de M. de Metternich à M. de Bombelles, ministre d'Autriche à Turin, en date du 27 décembre 1832. (Mémoires, t. V, p. 420 à 423.)
444: Un peu plus tard, vers la fin de 1834, le ministre dirigeant de Prusse, M. Ancillon, dénonçait, dans une dépêche, le dessein, conçu par le duc de Broglie et le roi Louis-Philippe de séparer la Prusse de l'Autriche et de la Russie. «Mais, disait-il, nous ne sommes pas dupes des cajoleries et des douceurs que la France nous prodigue dans toutes les occasions. Son seul but est de séparer ce qui est fortement uni.» (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 555.)
445: Lettre de M. Bresson au duc de Broglie, en date du 17 janvier 1834. (Documents inédits.)
446: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 545.
447: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 537-538.
448: M. de Pralormo, ministre de Sardaigne à Vienne, observait que la tiédeur de la Prusse «permettait au chancelier Metternich un peu d'énergie, sans qu'il craignît d'être pris au mot». Dépêche confidentielle du 15 janvier 1833. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, p. 544.)
449: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. V, p. 548.
450: La princesse de Metternich écrivait dans son Journal, à la date du 10 octobre: «On ne sait pas encore si Ancillon a signé les conventions arrêtées à Münchengraetz. Dans l'intervalle, il a perdu un temps irréparable, un temps qui prouve aux Français et aux Anglais que les trois puissances ne sont pas entièrement d'accord.» (Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 453.)
451: Voir le texte du traité, dans les Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 542 à 544.
452: Lettre du 22 octobre 1833. (Mémoires de M. Metternich, t. V, p. 541, 542.)
453: M. de Metternich avait tout fait cependant pour se cacher du gouvernement français. Avant l'entrevue, quelques indices de ce qui se préparait étaient arrivés à la connaissance de M. de Sainte-Aulaire. Il avait su notamment qu'un tailleur de Saint-Pétersbourg était appelé à Vienne pour faire un uniforme russe à l'empereur François. Il interrogea M. de Metternich qui nia tout, et comme notre ambassadeur citait le fait du tailleur, le chancelier imagina une histoire de valet de chambre qui, en rangeant la garde-robe de son maître, aurait trouvé l'uniforme mangé aux vers; tout cela arrangé en scène de comédie, avec contrefaçon de la voix des interlocuteurs et invention d'une foule de détails. M. de Metternich professait cette maxime «qu'on ne doit pas la vérité à ceux qui n'ont pas le droit de nous la demander», et, en pareil cas, il mentait sans aucun embarras de conscience ou de physionomie. Ce fut seulement le 31 août qu'à Vienne on annonça à M. de Sainte-Aulaire la rencontre en Bohême des deux empereurs, mais avec assurance qu'aucun sujet de haute politique ne serait traité entre eux. À la même date, M. Pozzo fit à Paris une communication analogue. (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
454: Lettre confidentielle du 1er décembre 1833. (Documents inédits.)
455: L'irritation méprisante du duc de Broglie à l'endroit de la manifestation de Münchengraetz se manifestait dans sa correspondance confidentielle de cette époque. (Documents inédits.)
456: Cf. le texte de cette dépêche, Histoire de la politique extérieure du gouvernement français, 1830-1848, par M. d'Haussonville, t. I, p. 47 à 51.
457: Dans une lettre confidentielle du 17 décembre 1833, M. Bresson rapportait que M. Ancillon, tout en n'osant se séparer de Vienne et de Saint-Pétersbourg, était au fond très-mécontent de la mauvaise affaire où l'avait engagé M. de Metternich. Notre ambassadeur ajoutait: «Les entours du Roi, que votre énergie a intimidés, prodiguent des explications et des excuses qui équivalent à un désaveu... Tout cet entourage se compose d'excellentes gens, très-pacifiques, qui ne demandent qu'à finir leurs jours dans le calme.» (Documents inédits.)
458: Voir la correspondance de M. de Barante, alors ambassadeur à Turin. M. d'Haussonville, Histoire de la politique extérieure, t. I, p. 247 à 251.
459: Le duc de Broglie écrivait notamment à M. Bresson, en parlant du récit qu'il avait fait, dans sa dépêche circulaire, de l'entretien avec le chargé d'affaires autrichien: «Je serais prêt à prêter serment de l'exactitude de ce récit, et je porte défi à qui que ce soit de le contredire en ma présence.» Il disait encore dans une lettre à M. de Sainte-Aulaire: «Le son de ma voix articulant cette parole (sur le Piémont) retentit encore dans mon oreille.» (Documents inédits.)
460: Le Journal des Débats disait, le 9 septembre 1833: «Nous louons la France d'avoir porté d'abord sa sollicitude à ses frontières et d'avoir dit: «Il ne s'y fera rien sans moi.» La Belgique, la Suisse et le Piémont, question d'indépendance. La Pologne, l'Italie, l'Allemagne, question d'influence. Dans le premier cas, les armes; dans le second, les négociations.»
461: M. Hillebrand, dans l'ouvrage allemand que nous avons plusieurs fois eu l'occasion de citer, et où il se montre fort hostile à la France, sans doute pour la remercier de l'hospitalité et des faveurs qu'il en a longtemps reçues, tâche de reprendre l'accusation portée autrefois contre le duc de Broglie et lui reproche formellement d'avoir forgé, après coup, un faux récit de son entretien avec le chargé d'affaires autrichien. Ce que nous avons dit suffit à réfuter l'historien prussien. D'ailleurs, cette querelle, qui avait déjà peu d'intérêt sur le moment même, en a moins encore dans l'histoire: elle était vraiment indigne d'y être transportée.
462: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 562.
463: Le duc de Broglie écrivait, à la fin de 1833, à M. de Sainte-Aulaire: «En attendant, il n'y a sorte de coquetterie que le gouvernement russe ne cherche à nous faire.» (Documents inédits.)
464: À cette époque, Ferdinand venait de succéder, à Vienne, à l'empereur François. Du reste, M. de Metternich continuait à gouverner la diplomatie autrichienne.
465: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 51, 52 et 92.
466: Documents inédits.
467: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 590, 622, 643 à 646.
468: «Les ministres anglais, écrivait M. de Metternich, le 6 avril 1833, sont mille fois pires que le juste milieu pris en masse et en détail.» (Mémoires, t. V, p. 462.) Cf. aussi ibid., p. 481.
469: Le préambule de ce projet de traité disait: «Voulant, dans un esprit de conciliation et de paix, resserrer les liens étroits qui unissent déjà les deux peuples, et offrir à l'Europe, par cette alliance fondée sur la loi des traités, la justice et les principes conservateurs de l'indépendance des États et du repos des nations, un nouveau gage de sécurité et de confiance.....» L'article premier stipulait une «alliance défensive». L'article 2 disait que les deux parties «s'engageaient à se concerter, dans toutes les occasions où le repos de l'Europe et l'indépendance des États qui la composent leur paraîtraient compromis». (Dépêche confidentielle du 16 décembre 1833. Documents inédits.)
470: Documents inédits.—M. Guizot, dans ses Mémoires (t. III, p. 284 à 287), présente le duc de Broglie, comme étant opposé à ce projet d'alliance; M. Hillebrand (Geschichte Frankreichs, t. I, p. 561) prétend, de son côté, que M. de Talleyrand avait proposé cette alliance à l'Angleterre, sans avoir consulté le duc de Broglie. Ces deux assertions ne paraissent pas conciliables avec les faits que nous révèle la correspondance confidentielle du duc de Broglie et de M. de Talleyrand.
471: Lettre de M. de Talleyrand au duc de Broglie, en date du 3 janvier 1834. (Documents inédits.)
472: Le duc de Broglie écrivait à lord Brougham, le 25 octobre 1833: «Quant à nous, nous eussions fort préféré que don Carlos eût succédé naturellement à son frère, selon la loi de 1713. Cela était infiniment plus dans l'intérêt de la France. La succession féminine, qui menace de nous donner un jour pour voisin je ne sais qui, nous est au fond défavorable.» (Documents inédits.) Louis-Philippe développait la même idée dans une conversation qu'il avait avec le prince Esterhazy, le 23 mai 1834. (Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 600.) Cf. aussi, sur les sentiments de Louis-Philippe, relativement à don Carlos, Bulwer, Life of Palmerston, t. III, p. 24; et Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 597.
473: Que les légitimistes français affectassent de mettre sur le même rang le duc de Bordeaux, dont le titre héréditaire était incontestable, et don Carlos, dont le droit était au moins douteux, on peut en être surpris. Mais on comprend encore plus mal comment ils solidarisaient la cause de leurs princes avec celle de don Miguel, le moins «légitime» des prétendants. Jean VI, mort en 1826, avait laissé la couronne à son fils aîné don Pedro. Celui-ci, déjà empereur du Brésil, abdiqua la couronne du Portugal en faveur de sa fille encore mineure, dona Maria. Il confia la régence à son frère cadet don Miguel, et lui promit la main de la Reine. Mais, à peine cet arrangement pris, don Miguel usurpa la couronne de celle qui était à la fois sa nièce, sa pupille et sa fiancée (1827). En 1831, don Pedro, ayant cédé l'empire du Brésil à son fils, vint, en personne et les armes à la main, revendiquer les droits de sa fille. Après une guerre acharnée, il s'empara de Lisbonne, se trouva maître de presque tout le Portugal et put installer sa fille (1833). Don Miguel continuait cependant à tenir la campagne à la fin de 1833 et au commencement de 1834.
474: Un peu plus tard, le duc de Broglie disait dans une lettre confidentielle à M. Bresson: «Je ne saurais oublier que mon excellent ami Villiers (qui devait être lord Clarendon), passant par Paris pour se rendre en Espagne, et emportant, écrit de ma main, le plan d'une intervention simultanée entre la France, l'Angleterre et l'Espagne, pour la délivrance du Portugal, plan qui n'entrait pas dans ses instructions, mais qui lui a paru bon à mettre en œuvre, n'a rien eu de plus pressé, tout en l'adoptant, que de travailler à en exclure le gouvernement français qui l'avait suggéré.» (Lettre du 12 octobre 1835. Documents inédits.)
475: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 466, 467, 551 à 554, 611, 639 à 642.
476: «La reine Isabelle, écrivait M. de Metternich, le 17 septembre 1834, est la Révolution incarnée dans la forme la plus dangereuse; don Carlos représente le principe monarchique aux prises avec la Révolution pure. La question ainsi posée est claire, et les vues comme les vœux des puissances conservatrices ne sauraient former l'objet d'un doute.» (Mémoires, t. V, p. 640.)—M. Ancillon, ministre dirigeant de la Prusse, avait dit, de son côté, le 27 octobre 1833: «On ne saurait se déguiser que sous la question de la succession se cache une question bien autrement importante et vitale pour la politique européenne, savoir: l'Espagne restera-t-elle attachée au système conservateur et purement monarchique, et, dans le cas d'une guerre générale, sera-t-elle pour les défenseurs de ce système, au besoin, une alliée utile? ou bien l'Espagne entrera-t-elle dans le système révolutionnaire et constitutionnel, et s'attachera-t-elle au char de la France?... La première alternative aurait lieu si don Carlos montait sur le trône; la seconde se réaliserait infailliblement, tôt ou tard, par le triomphe de la cause de la Reine.» (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. Ier, p. 573-574.)—Le czar Nicolas était peut-être plus chaud encore pour don Carlos.
477: Les dépêches des ambassades ou des chancelleries étrangères montrent bien en effet qu'au moins, au premier moment, il n'y aurait eu aucun acte de guerre. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. Ier, p. 582-583.)
478: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 606.—Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. Ier, p. 578-588.
479: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 588.
480: Hillebrand, ibid., p. 588.
481: Documents inédits.
482: Correspondance du duc de Broglie. (Documents inédits.)
483: Dépêche du 8 juin 1835.
484: Dans une lettre écrite de Berlin, le 2 novembre 1835, M. Bresson disait de sir R. Adair, ministre anglais en Prusse, chez lequel il avait constaté peu de bienveillance envers la France, «Pendant cinquante ans, il a vu la lutte de l'Angleterre et de la France: il y a joué un rôle. Ses habitudes sont prises, ses inclinations formées. Il n'accepte qu'avec restriction l'alliance actuelle des deux pays.» Il indiquait comme «n'ayant pas d'autre manière de faire», lord Ponsomby, ambassadeur à Constantinople; sir Frédéric Lamb, ambassadeur à Vienne; M. Villiers, ambassadeur à Madrid. (Documents inédits.)
485: C'est en faisant allusion à cette diplomatie querelleuse que Robert Peel, à la veille même de sa mort, disait à lord Palmerston, en pleine Chambre des communes: «Si votre diplomatie n'est employée qu'à aviver chaque blessure, à envenimer les ressentiments au lieu de les amortir; si vous placez dans chaque cour de l'Europe un ministre, non point dans le dessein de prévenir des querelles ou d'y mettre un terme, mais afin d'entretenir d'irritantes correspondances, ou afin, dans tel intérêt supposé de l'Angleterre, de fomenter des dissensions avec les représentants des puissances étrangères, alors, non-seulement cette institution est maintenue à grands frais, par les peuples, en pure perte, mais une organisation adoptée par les sociétés civilisées pour assurer les bienfaits de la paix, est pervertie en une cause nouvelle de troubles et d'hostilités.»
486: Dépêche de M. de Sainte-Aulaire du 7 décembre 1835.
487: Lettre du 12 octobre 1835 à M. Bresson. (Documents inédits.)
488: À la fin de 1834, M. de Talleyrand, en alléguant son âge et sa santé, donna sa démission d'ambassadeur à Londres.
489: Lord Palmerston, comme le dit son biographe anglais, Bulwer, «n'avait pas la bosse de la vénération»; et puis il avait été fort mortifié des caricatures nombreuses qui, en Angleterre, le représentaient comme étant l'instrument et le jouet de M. de Talleyrand. (Lettre de M. de Talleyrand à M. de Broglie, du 17 décembre 1832. Documents inédits.)
490: Ce langage est rapporté dans une dépêche de M. de Werther, ambassadeur de Prusse à Paris, en date du 1er juin 1835. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 587-588.)
491: Cette citation et celles qui vont suivre sont tirées de la correspondance confidentielle du duc de Broglie avec ses ambassadeurs. (Documents inédits.)
492: La reine Victoria, quelle que fût sa correction parlementaire, a exercé cette action, et elle en a révélé elle-même l'étendue dans le livre qu'elle vient de faire écrire sur le prince Albert. L'auteur de ce livre, M. Théodore Martin, a résumé ainsi, sur ce sujet, la doctrine conservée par l'usage anglais: «Nos relations extérieures comprenant les questions vitales de paix et de guerre ont toujours été considérées comme exigeant, d'une manière spéciale, l'attention du souverain. Si quelqu'un doit tenir plus sérieusement que personne à rehausser la dignité, la puissance et le prestige de ce pays, on peut le présumer à bon droit, c'est le souverain qui préside à ses destinées et en qui sa majesté se personnifie. Si quelqu'un doit, plus que personne, aimer la paix et tous les biens qu'elle dispense, c'est le souverain. Aucun ministre, quel que soit son patriotisme, quelle que soit sa conscience, n'est homme à surveiller ce qui se passe sur le continent, à s'inquiéter de la constante prospérité du pays, avec plus de vigilance et plus de pénétration que le souverain, puisque, de toutes les personnes du royaume, il est le plus étroitement identifié avec ses intérêts et son honneur... C'est pour ce motif que la couronne a toujours eu l'éminente fonction de veiller exactement, continuellement sur l'état de nos relations extérieures, par conséquent de se tenir pleinement informée de la politique du gouvernement et de tout détail essentiel de cette politique pouvant influer sur les relations du dehors.» (Théodore Martin, The Life of the Prince-Consort, t. II, p. 300-301.)
493: C'est ce qui faisait dire à M. de Metternich: «Louis-Philippe est causeur; il faudrait lui envoyer un sourd-muet pour empêcher qu'on lui répondit.» (Mémoires, t. VI, p. 31.)
494: Le Roi déclarait à M. de Werther, au commencement de 1834, «n'avoir à essuyer, de la part de l'Angleterre, que méfiance et exigence». (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 564.)
495: Dépêches diverses des ambassadeurs ou des ministres étrangers, à la fin de 1833 ou au commencement de 1834. (Hillebrand, ibid., p. 562 à 564.) L'ambassadeur de Prusse prétend même qu'en janvier 1834, le Roi avait écrit, dans ce sens, au Czar, une lettre autographe que le duc de Broglie prit sur lui de supprimer. Le Roi n'aurait connu cette suppression qu'en avril, après la démission du duc, et aurait alors envoyé une copie de sa lettre au maréchal Maison, son ambassadeur à Saint-Pétersbourg.
496: Après avoir écouté, en cette occasion, les plaintes des ambassadeurs sur la «roideur» du duc de Broglie, Louis-Philippe ajoutait: «Mais vous savez: le Roi règne et ne gouverne pas. Cependant, au besoin, je saurai bien empêcher qu'on aille trop loin.» (Hillebrand, ibid., p. 556, 563.)
497: Hillebrand, ibid., p. 578; Mémoires de Metternich, t. V, p. 606, 607.
498: Cf. diverses dépêches des ambassadeurs étrangers, citées par Hillebrand (Geschichte Frankreichs, t. I, p. 612), notamment dépêches de Werther, des 25 mars, 1er et 21 avril 1835. Ces affaires de Suisse prendront beaucoup plus d'importance sous les ministères suivants: nous y reviendrons à ce moment.
499: Cf. les nombreuses dépêches des ambassadeurs étrangers, citées par Hillebrand dans les passages visés ci-dessus.
500: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 667.
501: Plus on allait, plus les puissances continentales ressentaient d'animosité contre le duc de Broglie. Leur irritation fut vive, quand, en mars 1835, elles le virent rentrer au ministère. «Nous aurons du fil à retordre avec cet homme», écrivait M. de Metternich. (Mémoires, t. VI, p. 32.)
502: Dépêches de janvier 1835. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 583.)
503: Ibid., p. 564.
504: Dépêche de Werther, du 14 novembre 1833. (Geschichte Frankreichs, t. I, p. 563.)
505: «Le fait de la non-intervention, écrivait M. de Metternich le 18 juin 1835, est d'une importance bien grande et bien générale. J'ai anticipé nos félicitations au roi Louis-Philippe, et, en effet, on ne peut que lui adresser des félicitations.» (Mémoires, t. VI, p. 36.)
506: Dépêche du 20 juin 1835. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 585.)
507: Plusieurs de ces lettres se trouvent publiées dans les Mémoires de M. de Metternich, au début du tome VI.
508: M. de Metternich disait, dans une de ses lettres: «Les explications confidentielles dans lesquelles le roi Louis-Philippe me permet d'entrer avec lui, la facilité que ce prince met à nous rendre compte de sa propre pensée, offrent, dans une situation qui généralement est difficile, de bien grands avantages à ce que je qualifie, sans hésitation, de cause générale et commune.» (Mémoires, t. VI, p. 33.) Plus tard, M. de Metternich faisait allusion au «désir qu'avait le Roi de connaître le sentiment» du chancelier d'Autriche. (Ibid., p. 137.)
509: Après avoir signalé les attaques de la presse ministérielle anglaise contre le gouvernement français et fait une sortie contre lord Palmerston, M. de Metternich s'écriait: «Quelle alliance, grand Dieu! que cette alliance pour le roi des Français! Lui qui, avant tout, aurait besoin de repos et d'appui, et qui ne recueille, de cette prétendue amitié, que de l'agitation et des menaces.» (Mémoires, t. VI, p. 134.)
510: Les autres chancelleries n'ignoraient pas les relations qui s'étaient ainsi établies entre M. de Metternich et Louis-Philippe. Le comte de Pralormo, représentant de la Sardaigne à Vienne, écrivait à sa cour le 3 juin 1834: «Le chancelier de cour et d'État a pris envers Louis-Philippe le rôle de pédagogue et de mentor politique. Il lui prodigue les conseils, les exhortations et les admonitions, le tout mêlé de quelques flagorneries sur la haute capacité et l'intelligence du Roi. De son côté, le Roi n'épargne au prince ni les compliments ni les flatteries.» (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 563.) Ces communications, comme nous le verrons plus tard, devaient continuer après la chute du ministère du 11 octobre.
511: Dépêche de Werther, novembre 1835. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 567.)
512: Dépêche de Brassier du 18 octobre 1835. (Hillebrand, ibid., p. 657.)
513: Mémoires de M. de Metternich, t. V, p. 620, 655 à 665; t. VI, p. 35.
514: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 40.
515: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 594.
516: À propos d'un incident de ce genre, M. de Broglie écrivait à M. de Sainte-Aulaire, le 11 juillet 1833: «Si M. de Metternich trouve cela dans une lettre qu'on lui confie et qu'il a la bassesse de décacheter, je ne vois pas que j'aie moralement à me reprocher de l'y avoir mis. Mais est-il à propos qu'on sache ce que nous avons dans l'âme? Je le crois. M. de Metternich ne nous en haïra pas davantage, cela ne peut se faire; mais je crois qu'il sera au fond assez troublé de se voir ainsi connu et jugé.» (Documents inédits.)
517: Ces reproches se trouvent notamment dans des lettres confidentielles du 28 juin 1833 et du 12 février 1834.
518: Un homme qui, lui, n'avait rien de candide, M. de Talleyrand, écrivait au duc de Broglie, le 20 janvier 1834: «Il y a une certaine candeur qui, pour être parfaitement vraie, n'en est pas moins habile. Votre excellente lettre du 16 en est la meilleure preuve.» (Documents inédits.)
519: M. Guizot a dit justement du duc de Broglie: «Loin de laisser ses agents dans le vague sur ses intentions, pour être moins responsable de leurs actes, il leur adressait toujours des instructions détaillées, précises, et prenait toujours, dans la conduite des négociations, la première et la plus forte part de responsabilité.»
520: Documents inédits. Le 13 février suivant, il exposait les mêmes idées à M. de Sainte-Aulaire.
521: Correspondance confidentielle du général Sébastiani, alors ambassadeur à Londres, et du duc de Broglie. Il y eut d'assez nombreuses lettres échangées sur ce sujet en décembre 1835. (Documents inédits.)
522: Dépêche de M. de Sales, ambassadeur de Sardaigne à Paris, du 29 janvier 1836. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 598.)
523: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 40.
524: Lettre du 28 juin 1833 et du 12 février 1834. (Documents inédits.)
525: Documents inédits. Le même ambassadeur écrivait, un peu plus tard: «Les formes extérieures sont plus amicales, et nous avons gagné notablement dans l'opinion de la société. Nulle différence, aujourd'hui, entre l'attitude de cette société envers nous et celle qu'elle avait il y a dix ans. Cela vaut ce que cela vaut.»
526: Documents inédits.
527: M. de Sainte-Aulaire écrivait en effet à M. Guizot le 1er décembre 1840: «Au début de l'affaire d'Orient (mai 1839), M. de Metternich s'est uni à nous, de très-bonne foi, contre la Russie. Il a suivi, avec plus de résolution que ne le permettait sa circonspection habituelle, une politique indépendante, et, pour continuer dans les même voies, il ne nous demandait que de rester unis à l'Angleterre. Quand notre dissentiment avec cette puissance a éclaté, il n'a pas hésité à me déclarer qu'il se rangeait du côté de l'Angleterre... Dans tous les cas, d'ailleurs, on ne pouvait raisonnablement espérer que l'Autriche fît face à la Russie et à l'Angleterre... Il ne serait donc pas équitable de garder rancune à M. de Metternich pour son adhésion au traité de Londres; il l'a donnée avec regret, après de longues hésitations.»
528: Un Anglais, M. Croker, disait à M. Guizot, en 1848: «Après l'attentat Fieschi, quand je vis par quelle fortune le roi Louis-Philippe y avait échappé, et avec quelle vigueur son gouvernement défendait la société menacée, je le crus, pour la première fois, destiné à fonder en France le régime constitutionnel et sa dynastie. Même sentiment se manifestait à Berlin et à Vienne.
529: C'est ce qui fera dire tout à l'heure à M. Odilon Barrot, dans la discussion de l'Adresse: «Je n'ai pris aucune part à la discussion sur la politique intérieure; je sais accepter des faits accomplis, je sais prendre en politique un point de départ, et ne pas continuellement recommencer le passé et renouveler des luttes qui sont terminées.»
530: Novembre et décembre 1835.
531: Un des orateurs de l'opposition, M. Bignon, a reconnu l'existence de cette grande prospérité, dans la discussion de l'Adresse de janvier 1836.
532: Lettre du 27 janvier 1836.
533: Journal des Débats du 14 janvier 1836.
534: «Il aurait fallu beaucoup d'art au duc de Broglie, écrivait à cette époque un de ses amis, pour se faire pardonner, tout à la fois, sa haute position aristocratique, son irréprochable probité, son désintéressement, son talent. Cet art, qui n'est autre que celui de ménager les amours-propres, M. de Broglie ne l'a jamais eu.» (Documents inédits.)
535: M. Molé écrivait à M. de Barante, le 22 février 1836: «La devise de M. de Talleyrand est: «Tout plutôt que M. de Broglie.» (Documents inédits.)
536: «Sa vocation est de n'être pas ministre des affaires étrangères», disait M. de Talleyrand du duc de Broglie. Ou bien encore: «Je ne sais comment a fait M. de Broglie, mais il a trouvé moyen de se rendre désagréable tout à la fois à Londres, à Vienne et à Saint-Pétersbourg; c'est jouer de malheur.» M. de Talleyrand se trompait, au moins en ce qui regarde Londres. Les hommes d'État anglais ne cachaient pas combien ils eussent désiré le maintien du duc de Broglie. Le fait est constaté par une dépêche de M. de Werther, ambassadeur de Prusse à Paris. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 598.)
537: «C'est un fait que le Roi, préparé à ce changement, en attendait l'occasion.» (Mémoires du général de Ségur, t. VII, p. 443.) Le général de Ségur raconte au même endroit de ses Mémoires qu'ayant exprimé au duc de Broglie son étonnement de la susceptibilité qu'il avait montrée dans l'affaire de la conversion, ce dernier lui «expliqua qu'il cédait bien moins à cet incident, qu'à une incompatibilité très-prononcée entre lui et Louis-Philippe».
538: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1870, t. I, p. 598.
539: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 48.
540: Documents inédits.
541: M. Thiers se rappelait-il ce que lui avait dit peu auparavant Rossini, un jour que le musicien avait deviné chez le jeune ministre le désir de se séparer de ses collègues? «Mon cher monsieur Thiers, avait dit Rossini, vous avez tort. Quand, nous autres musiciens, nous voulons former une bonne troupe, nous ne nous contentons pas d'un seul chanteur: il nous faut une basse, un baryton, un ténor. Rubini n'exclut ni Lablache, ni Tamburini. Vous, mon cher monsieur, vous êtes le Rubini de la bande.»
542: M. Guizot a reproduit dans ses Mémoires les lettres qui s'échangèrent entre lui et M Thiers, au moment de la formation du cabinet présidé par ce dernier. Sous la froide politesse, on entrevoit les hostilités qui se préparent. M. Thiers écrivait: «Mon cher Monsieur Guizot, je n'ai pas eu le temps d'aller vous annoncer, hier soir, notre constitution définitive, car nous sommes sortis fort tard des Tuileries. Les événements nous ont séparés; mais ils laisseront subsister, je l'espère, les sentiments qu'avaient fait naître tant d'années passées ensemble dans les mêmes périls. S'il dépend de moi, il restera beaucoup de notre union, car nous avons encore beaucoup de services à rendre à la même cause, quoique placés dans des situations diverses. Je ferai de mon mieux pour qu'il en soit ainsi. J'irai vous voir dès que j'aurai suffi aux nécessités du premier moment.» M. Guizot répondit: «Mon cher ami, vous avez raison de croire à la durée des sentiments qu'a fait naître entre nous une si longue communauté de travaux et de périls. J'appartiens à la cause que nous avons soutenue ensemble. J'irai où elle me mènera, et je compte bien vous y retrouver toujours. Adieu. J'irai vous voir dès que je vous supposerai un peu de loisir.»
543: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.