Histoire de la Monarchie de Juillet (Volume 3 / 7)
1: Rappelons la composition du cabinet: M. Thiers, président du conseil et ministre des affaires étrangères; M. Sauzet, garde des sceaux; M. de Montalivet, ministre de l'intérieur; M. d'Argout, ministre des finances; M. Passy, ministre du commerce et des travaux publics; M. Pelet de la Lozère, ministre de l'instruction publique; le maréchal Maison, ministre de la guerre; l'amiral Duperré, ministre de la marine.
2: La duchesse de Broglie écrivait, le 25 février, à M. de Barante, au sujet de son mari: «Nous retrouvons notre rôle tranquille plus et mieux que l'année dernière. Personne n'a besoin de nous pour rentier, et nous ne serons sur le chemin de personne. J'admire avec quelle sérénité Victor reprend sa vie régulière. Il y a une grande leçon sur les vanités du monde à avoir été placé plus haut pour les bien voir.» (Documents inédits.)
3: Quelques années plus tard, Henri Heine écrivait de M. Thiers: «La facilité avec laquelle il se meut a quelque chose d'effrayant; elle nous inspire des inquiétudes étranges. Mais elle est toujours extraordinaire et admirable, cette facilité, et, quelque légers et agiles que soient les autres Français, en les comparant à Thiers, on les prendrait pour des lourdauds allemands.» (Lettre du 20 mai 1840, Lutèce, p. 63 et 64.)
4: «On vous aura sûrement mandé, écrivait encore la duchesse de Dino, que c'est cette maison-ci qui a tout fait: inspiré à M. Humann la conversion, dicté à M. de Broglie l'âpre gaucherie de ses discours, à la Chambre l'humeur qu'elle a prise, aux ministres la taquinerie téméraire d'avoir fait d'une question incidente une question de cabinet, au dernier cabinet la volonté de ne pas affronter la session quand le Roi les priait de rester tous, et s'y refusant par l'organe de M. de Broglie sous le prétexte assez cavalier que leurs convenances personnelles s'y opposaient. C'est cette maison-ci qui a donc aussi provoqué tous les refus qu'a essuyés M. Dupin, l'impossibilité pour M. Molé de marcher sans Thiers, et la volonté de celui-ci d'aller tout seul. Il faut convenir, en effet, que si nous avions fait tout cela, nous serions des gens bien habiles, et je suis fâchée de devoir dire, en l'honneur de la vérité, que nous ne sommes ni si coupables, ni si sorciers.» (Documents inédits.)
5: Faut-il croire d'ailleurs que, rue Saint-Florentin, on avait un moment pensé à un autre président du conseil? Nous lisons, en effet, dans une lettre écrite par le duc Decazes, le 29 février 1836, à M. de Barante: «M. de Talleyrand avait rêvé la présidence du conseil sans portefeuille. Royer-Collard a fait manquer l'affaire, en en faisant honte à madame de Dino. «Y pensez-vous, madame? lui dit-il, vous voulez donc déshonorer les derniers moments de M. de Talleyrand? Ne voyez-vous pas qu'il peut à peine soutenir une conversation? Lui faire gouverner la France, dans un tel état, mais c'est une dérision!» (Documents inédits.)
6: Le duc de Broglie lui-même, bien qu'il fût personnellement désintéressé du pouvoir et supérieur aux petites rancunes, ne s'exprimait pas sans amertume sur la formation du nouveau cabinet; il écrivait à un de ses amis, le 1er mars 1836: «Vous connaissez le dénoûment de notre crise ministérielle. Jugez-en. Vous aurez quelque peine à le concilier avec les notions les plus élémentaires du gouvernement représentatif. Je ne me charge ni d'excuser ni d'expliquer la conduite de personne. Il faudrait une bien longue narration pour vous expliquer la série d'intrigues dont ceci est le malheureux résultat.» (Documents inédits.)
7: Documents inédits.
8: Le Constitutionnel disait, le 23 février 1836: «Le fait très-grave, c'est l'exclusion des doctrinaires. Le personnel du cabinet nouveau ne fût-il pas satisfaisant, le pays l'accueillerait avec faveur, seulement à cause de ce qui ne s'y trouve pas.»
9: Pendant la crise même d'où était sorti le ministère, un jour que M. Thiers, au milieu d'un groupe, s'égayait sur le tiers parti en masse, et en détail sur MM. Dupin, Sauzet et Passy, un ami de ce dernier, M. Legrand de l'Oise, s'approcha de lui: «Et pourtant, lui dit-il, le tiers parti est à vos pieds.—Je l'y laisse», répondit brusquement M. Thiers. À la même époque, comme il était question d'un ministère Dupin, où M. Sauzet prendrait le ministère de la justice, M. Thiers s'était écrié: «M. Sauzet garde des sceaux, quelle délicieuse bouffonnerie!» Or ce fut précisément le poste que M. Sauzet occupa dans le cabinet du 22 février. (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)
10: Lettre de M. Bresson à M. de Barante, du 7 mars 1836. (Documents inédits).
11: Un contemporain décomposait ainsi la Chambre: 150 députés dévoués à l'ancien cabinet, 50 faisant partie de la réunion Ganneron, 70 du tiers parti proprement dit se réunissant rue de Choiseul, 70 de la gauche Odilon Barrot, 25 de l'extrême gauche, 20 légitimistes.
12: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
13: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
14: 3 mars 1836.
15: Journal des Débats du 4 mars 1836.
16: Séance du 24 mars.
17: «Les huit ministres avaient l'air, sur leurs bancs, de huit criminels attachés au carcan. On ne peut en effet, si l'on n'a été présent, se figurer, et l'accent de M. Guizot, et l'enthousiasme de la majorité.» (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)
18: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
19: 28 mars 1836.
20: Lettre du 15 avril 1836. (Documents inédits.)
21: Dans cette discussion, qui s'ouvrit le 21 avril, M. de Tascher rappela la contradiction qui avait apparu entre le langage de M. Thiers et celui de M. Sauzet. «Prenant au sérieux, dit-il, le gouvernement représentatif, la présidence du conseil et les paroles du chef du cabinet, je déclare devant la Chambre, qui peut-être ne me désavouera pas, que je vote le crédit demandé, dans la confiance que la marche du ministère, moins vacillante que ses paroles, restera fidèle au système auquel la Chambre des pairs s'est constamment associée depuis cinq ans.» Loin de repousser une confiance ainsi motivée, M. de Montalivet déclara que le cabinet suivrait avec fermeté, avec énergie, les principes qui avaient dirigé le gouvernement depuis le 13 mars 1831; il affirma qu'il s'était mis en mesure, non-seulement de maintenir les lois de défense sociale, mais encore de les exécuter avec cette constance qui est la meilleure alliée de la modération. À l'entendre, le discours de M. Sauzet avait différé par la forme, non par le fond, de celui de M. Thiers; le garde des sceaux avait voulu dire seulement que l'apaisement des esprits n'exigeait plus autant d'énergie dans l'application des mêmes principes. Faisant allusion à la façon dont ce discours avait paru proclamer une politique nouvelle, datant du 22 février: «Acceptons, dit-il, la date indiquée par mon éloquent ami, M. le garde des sceaux, non comme une date de scission ou de reproche, mais comme une date d'espérance et d'avenir.» Puis il ajoutait: «Si la révolte venait de nouveau à éclater sur nos places publiques, nous retrouverions toute l'énergie qui a signalé le ministère du 13 mars et celui du 11 octobre.»
22: «L'opposition dynastique,—écrivait Carrel dans le National, à la date du 31 mais 1836,—ressemble à une bande de déserteurs qui se seraient introduits dans une ville assiégée, en jetant leurs armes à la porte, et qui, reçus par la garnison comme transfuges, crieraient aux gens du dehors qu'ils sont maîtres de la place. Oui, la gauche dynastique s'est fait recevoir dans la ville assiégée, mais elle y est entrée désarmée, elle a courbé la tête sous les lois de septembre, sous la censure, sous les violations du pacte fondamental qu'elle avait dénoncées avec fureur; elle a passé sous les Fourches Caudines de la Doctrine, portant au dos son Compte rendu comme un écriteau infâme. Elle a l'honneur insigne de manger aujourd'hui le pain des vainqueurs; elle a ramassé les os de leur table... Elle a pitié de nous, pauvres esprits qui consentons à nous morfondre encore dans une opposition systématique... On ne sait ce qui doit inspirer le plus de pitié de cette morgue ou de cette niaiserie.» Carrel terminait en raillant ces «hommes habiles du tiers parti et de la gauche dynastique» qui ont pris «pour général en chef M. Thiers, leur plus insultant adversaire». Quelques semaines plus tard, le 6 mai, il disait encore: «Doctrinaires, tiers parti, gauche dynastique, tant que l'œuvre législative des six ans demeure, tout nous est indifférent.»
23: M. Léon Faucher, rédacteur d'un journal de gauche, écrivait alors à un de ses amis: «On dirait que la presse a fait peau neuve. Le Journal des Débats a des velléités d'opposition; le Temps et le Constitutionnel accourent à l'appui du ministère. M. Barrot fréquente le salon de M. Sauzet et celui de M. Thiers; M. Guizot n'y paraît plus. Le monde politique est à moitié renversé.» (Léon Faucher, Biographie et Correspondance, t. I, p. 44.)
24: 13 mars 1836.
25: 12 mai 1836.
26: «Guizot se plaint de ce que Thiers aurait cherché à séparer Broglie de lui.» Lettre du duc Decazes à M. de Barante, du 12 mai 1838. (Documents inédits.)
27: Lettre de la duchesse de Dino à M. de Barante, 28 février 1836. (Documents inédits.)
28: Séance du 16 mars 1836.
29: C'est ce qui faisait dire à M. Thiers: «Mes anciens collègues sont mieux pour moi que leurs amis. Ceux-ci sont aigres et tracassiers.» Lettre particulière à M. de Barante, 15 avril 1836. (Documents inédits.)
30: Pendant la crise qui avait précédé la formation du ministère, M. Thiers avait témoigné de sa rivalité jalouse à l'égard de M. Guizot, et celui-ci y avait été sensible. Un incident, entre autres, l'avait particulièrement irrité. Au moment où le ministère Dupin paraissait fait, la question de la présidence de la Chambre s'était trouvée posée, et le nom de M. Guizot avait été prononcé. M. Thiers sembla d'abord admettre cette candidature, disant que quant à lui, il n'était pas fait pour ce poste. Mais, dès le lendemain, poussé par son entourage et soucieux de ne pas laisser arriver M. Guizot avant lui, il fit poser sa candidature par ses amis, sans même en avertir les doctrinaires: «C'est moi, disait-il, qui dois être le chef du ministère prochain: il faut donc que la Chambre, en m'investissant d'avance de sa confiance, me désigne elle-même au choix du Roi. Nommer Guizot plutôt que moi, ce serait le faire premier ministre, et je ne dois pas le souffrir.» M. Guizot ne voulut pas lutter, mais il fut blessé et s'en exprima avec beaucoup d'amertume. En fin de compte, M. Dupin ayant refusé le ministère et gardé la présidence, la question se trouva supprimée, mais le ressentiment n'en subsista pas moins. (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)
31: 10 juin 1836.
32: Nous lisons, à la date du 12 mai 1836, dans le journal de M. de Viel-Castel: «M. Thiers, dont l'esprit mobile accepte, avec une facilité surprenante, toutes les impressions qu'on essaye de produire sur sa vive imagination, est, en ce moment, saisi d'un véritable enthousiasme pour Alger. Au fond, il connaît très-peu la question. Mais on lui a monté la tête... Il trouve que jusqu'à présent, les affaires d'Alger ont été très-mal conduites; il veut désormais se charger de les diriger.» M. Guizot écrivait de son côté à M. de Barante, à la date du 14 juin: «Thiers a eu un moment l'esprit très-échauffé sur l'Afrique et quelque vague désir de faire là, en personne peut-être, une seconde expédition d'Égypte.» (Documents inédits.)
33: Journal inédit de M. le baron de Viel-Castel.
34: La Revue des Deux Mondes prétendant faire, en 1837, le dénombrement des doctrinaires, membres de la Chambre des députés, n'en comptait que treize: MM. Guizot, Duchâtel, Duvergier de Hauranne, Dumon, d'Haubersaert, Guizard, Janvier, Jaubert, Piscatory, de Rémusat, Renouard, Vitet, Saint-Marc Girardin. Encore ce dernier ne nous paraît-il pas pouvoir être compris dans ce groupe. Par contre, on eût pu ajouter d'autres personnages ne faisant pas partie de la Chambre des députés, comme le duc de Broglie.
35: Journal inédit de M. de Viel-Castel, 23 juin 1836.
36: Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, recueillies par madame de Witt, p. 160.
37: Non-seulement M. Thiers avait combattu à la tribune la conversion, quand il faisait partie du ministère du 11 octobre; mais, ce ministère une fois dissous, il disait tout haut dans les couloirs de la Chambre: «Maintenant que je ne suis plus ministre, je pourrai du moins dire tout ce que je pense de cette absurde conversion. Croyez-moi, c'est la mesure la plus inepte, la plus folle, la plus funeste qu'on puisse imaginer.» (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)
38: Séances du 21 et du 22 mars 1836.
39: Cette loi stipulait que toutes les maisons de jeu seraient fermées le 1er janvier 1838. Le 31 décembre 1837, les habitués furent donc prévenus que les jeux s'arrêteraient à minuit précis. Ils se pressèrent nombreux à cette suprême veillée de la roulette. Le jeu continua jusqu'à la dernière seconde, avec une intensité fiévreuse. Un ouvrier qui avait perdu tout ce qu'il avait se tua en sortant de l'un des tripots du Palais-Royal. À l'instant fixé par la loi, la police fit évacuer toutes les maisons, et la foule assista, gouailleuse et méprisante, à la dispersion des joueurs et surtout des joueuses.
40: Avril et mai 1836.
41: Cf. pour les renseignements plus détaillés sur cette question spéciale l'ouvrage de M. Amé sur les Tarifs des douanes.
42: Nous avons déjà parlé et nous parlerons encore de la politique financière si honorable et si féconde des dix premières années de la monarchie de Juillet. Quant à la Restauration, quelques chiffres suffiront à donner une idée de ce que fut sa bienfaisante action. Elle trouva, à son début, le crédit de la France en un tel état, qu'elle dut négocier à 52 fr. 50 ses premiers emprunts à 5 pour 100. En 1830, un emprunt à 4 pour 100 était adjugé au-dessus du pair à 102 fr. 7 c. et demi, fait sans analogue dans notre histoire financière. Bien loin d'avoir augmenté la dette que lui avaient imposée les invasions de 1814 et de 1815, elle l'avait réduite d'environ 29 millions de rente, soit de 600 millions en capital, et M. Roy, lors de son dernier passage au ministère des finances, pouvait annoncer, pour un avenir prochain, l'extinction de la dette par le seul jeu de l'amortissement. Elle avait dégrevé la propriété foncière. Enfin les revenus indirects étaient montés de 397 millions à 583. Aussi tous les auteurs spéciaux ont-ils rendu hommage à l'envi, sur ce point, à la vieille monarchie, et l'un des plus compétents, M. Paul Leroy-Beaulieu, a-t-il écrit: «Jamais nos finances n'ont été conduites avec autant de prévoyance, de rigueur, d'honorable et nécessaire parcimonie, que par MM. Louis, Corvetto et de Villèle.»
43: Voici, pour les années 1815 à 1819, les chiffres officiels et définitifs des dépenses donnés par le Compte de l'administration des finances pour l'année 1869:
| 1815, | 913 | millions | 1820, | 906 | millions | 1825, | 981 | millions | ||
| 1816, | 1055 | — | 1821, | 908 | — | 1826, | 976 | — | ||
| 1817, | 1189 | — | 1822, | 949 | — | 1827, | 986 | — | ||
| 1818, | 1433 | — | 1823, | 1118 | — | 1828, | 1024 | — | ||
| 1819, | 896 | — | 1824, | 986 | — | 1829, | 1014 | — |
Voici maintenant le chiffre des dépenses de 1830 à 1836:
| 1830, | 1095 | millions | 1833, | 1134 | millions | 1835, | 1047 | millions | ||
| 1831, | 1219 | — | 1834, | 1063 | — | 1836, | 1065 | — | ||
| 1832, | 1174 | — | ||||||||
44: Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, p. 159.
45: La Revue des Deux Mondes exprimait, vers cette époque, l'effet produit sur une partie des spectateurs par cette personnalité excessive de M. Thiers, quand elle disait de lui: «Il se flatte, il se mire; s'il veut vous convaincre, il en appelle à lui; s'il combat l'aristocratie, il vous dit qu'il n'a pas de penchant pour elle, parce que moins qu'un autre il voudrait la trouver sur son chemin; s'il veut vous effrayer de la guerre, il vous déclare que, pour lui, il a plus besoin de la paix que tout autre, car elle convient à ses études, à ses loisirs et à ses goûts. Tout part de sa personne, tout y revient aboutir.»
46: C'est ce qui faisait écrire à M. Sainte-Beuve: «Thiers juge trop sévèrement les hommes, ou du moins trop exclusivement: il est trop prompt à les déclarer bêtes.» (Cahiers de Sainte-Beuve, p. 106.)
47: Nous lisons dans le Journal de M. de Viel-Castel: «22 avril 1836. M. de Montalivet est peu satisfait de l'outrecuidance et du ton de supériorité du président du conseil.—12 juin. Montalivet, Duperré, Pelet de la Lozère sont blessés du ton de prépotence, de la légèreté dédaigneuse du président du conseil et de son ingérence perpétuelle dans les affaires de tous les départements.» (Documents inédits.)—M. Guizot écrivait, à la date du 18 juin: «Les difficultés intérieures et les bruits de désorganisation se renouvellent. M. Passy parle ouvertement de sa retraite, comme très-prochaine; il est dégoûté, ennuyé, malade. M. Sauzet réclame l'accomplissement de toutes les promesses qu'il a faites et va jusqu'à dire que, si on ne les tient pas, il sera contraint aussi de se retirer. Je ne crois pas à la fermeté de toutes ces exigences, cependant elles sont réelles.»
48: Correspondance de Béranger.
49: Arrêts du 30 juillet et du 8 août 1836.
50: Sur l'organisation de la Société des Familles, voyez l'ouvrage déjà cité de Lucien de la Hodde sur l'Histoire des sociétés secrètes de 1830 à 1848, p. 199 à 207.
51: Ledru-Rollin a dit de Blanqui: «Son âme est pétrie de fiel et de sang.»
52: Voici le détail: 12 janvier 1831, un an de prison, pour insulte aux magistrats; 12 janvier 1832, un an de prison, pour cris séditieux et complot; 11 août 1836, deux ans de prison, pour société secrète et fabrication clandestine de poudre; 31 janvier 1840, à la suite de l'émeute du 12 mai 1839, condamnation à mort, commuée en déportation perpétuelle; 2 avril 1849, dix ans de détention, à raison de l'attentat du 15 mai; 17 juillet 1861, quatre ans de prison, pour société secrète; 29 avril 1872, déportation dans une enceinte fortifiée, à raison de la tentative insurrectionnelle du 31 octobre 1870. Il avait été nommé membre de la Commune, mais se trouvait alors en prison hors de Paris.
53: Le 31 mars 1848, le premier numéro de la Revue rétrospective publiait un rapport secret, adressé, le 22 octobre 1839, à M. Duchâtel au sujet de la conspiration du 12 mai précédent. Barbès déclara aussitôt que Blanqui seul avait pu écrire ce rapport. Grand scandale dans le monde des clubs. Blanqui se défendit mal. Il paraît aujourd'hui avéré que, soit pour obtenir quelques adoucissements au régime de la détention, soit pour d'autres motifs, ce personnage rendit plusieurs services de ce genre à la police de Louis-Philippe.
54: Ces faits sont rapportés par Daniel Stern, dans son Histoire de la révolution de 1848, t. II, p. 5 à 7.
55: Cette pièce fut saisie en 1836, dans un logement que Barbès avait occupé à la fin de juillet 1835.
56: Louis Blanc a écrit que «Barbès unissait le courage du chevalier au dévouement du martyr», et Proudhon l'a proclamé le «Bayard de la démocratie».
57: M. d'Argout, alors ministre des finances, écrivait, quelques jours après, à M. Dupin: «De sinistres avis nous parvenaient de tous côtés. Si nous en arrivait d'Italie, de Suisse, d'Espagne et d'Angleterre, tous concordants et précis. Partout, nos contumaces, des réfugiés polonais et italiens, des gens de la jeune Italie annonçaient un nouvel attentat plus habilement combiné que les précédents, et dont le succès n'était pas mis en doute. La correspondance des départements en disait autant. Ajoutez l'arrivée à Paris d'une multitude de bandits et la découverte des traces de projets plus exécrables les uns que les autres.» (Mémoires de M. Dupin, t. III, p. 216.)
58: Dépêche de M. Thiers à M. de Barante, du 4 août 1836. (Documents inédits.)—Un autre ministre, M. d'Argout, dans la lettre où il rendait compte à M. Dupin de ce qui s'était passé, présentait aussi la décision comme ayant été prise en dehors du Roi et même malgré lui. (Mémoires de M. Dupin, t. III, p. 216.)—Cependant M. de Nouvion, ordinairement bien informé, affirme, sans nous dire d'après quel témoignage, que la décision avait été prise par le Roi, mais que le ministère avait résolu de la donner comme sienne, afin d'éviter les commentaires malveillants. (Histoire du règne de Louis-Philippe, t. IV, p. 50.) Cette version nous paraît difficilement conciliable avec le récit fort précis donné, sur le moment même, par M. Thiers.
59: Lettre du 3 juillet 1836 à la duchesse de Broglie.
60: Dépêche à M. de Barante, du 28 juin 1836.—M. Thiers ajoutait, deux jours plus tard, dans une lettre confidentielle au même M. de Barante: «Le dernier attentat a jeté une sombre tristesse dans les esprits. Cette persévérance du crime, même après Fieschi, cette persévérance atroce et inouïe a pénétré tout le monde d'une singulière anxiété. Elle nous agite surtout, nous gens responsables, qui ne savons guère de nouvelles précautions à prendre ni de mesures efficaces à demander aux Chambres.» (Documents inédits.)
61: Documents inédits.
62: Ibid.
63: Journal inédit de M. le baron de Viel-Castel.—Il paraît que, même avant l'attentat d'Alibaud, M. Thiers, inquiet des exigences du tiers parti, avait eu quelque velléité de se rapprocher des doctrinaires. Le duc Decazes écrivait à M. de Barante, le 16 juin 1836: «Thiers se loue de Broglie et de Duchâtel; il est bien loin de repousser une réconciliation avec Guizot. Nous avons dîné hier ensemble chez madame de Boigne, avec Rémusat et Dumon, auquel il a tendu la main en entrant dans le salon. Il me disait avec plaisir tout à l'heure que Duvergier de Hauranne était venu hier lui tendre la main et le complimenter après sa réponse à Laffitte. Il cherche, entre nous, et trouverait avec bonheur une manière de caser noblement et convenablement Guizot.»
64: Cf. notamment les instructions données, le 3 avril 1833, à M. de Sainte-Aulaire, quand il alla prendre possession de l'ambassade de Vienne. «L'antagonisme de la France et de l'Autriche, y lit-on, se rattache à la différence absolue des principes de leurs gouvernements, de l'esprit des populations, de tout ce qui constitue la force morale de l'un et de l'autre, de tout ce qui fait qu'indépendamment des accidents de la politique intérieure, la France en réalité n'a pas cessé, depuis un demi-siècle, d'être à la tête du mouvement des idées nouvelles, tandis que l'Autriche, au contraire, a constamment favorisé le maintien ou le rétablissement des anciennes institutions... L'hostilité morale, existant entre la France et l'Autriche, ne se rattachant pas à des motifs accidentels, mais au fond même de la situation, ce serait se faire une dangereuse illusion que de compter, pour la faire cesser, sur des motifs puisés dans les vicissitudes ordinaires de la politique. Cette hostilité durera tant que les deux pays continueront à marcher à la tête des deux ordres d'opinions et d'idées qui partagent aujourd'hui l'Europe en deux camps ennemis... Il ne saurait être question, pour longtemps à moins de circonstances bien extraordinaires, de travailler à opérer un rapprochement intime entre deux pays séparés par des divisions aussi profondes... Le rôle de l'ambassadeur du Roi auprès de la cour impériale est d'observer attentivement les manœuvres ténébreuses d'un cabinet où viendront toujours aboutir tous les fils des combinaisons dirigées contre la France...» (Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.)
65: Lettre particulière de M. Thiers à M. de Barante, ambassadeur à Saint-Pétersbourg, en date du 15 avril 1836. (Documents inédits.)
66: Lettre de M. Thiers à M. de Sainte-Aulaire, destinée à être communiquée à M. de Metternich. (Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.)
67: Dépêche d'Ancillon, du 3 avril 1836. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 590.)
68: Dépêche de M. Thiers, en date du 15 avril 1836. (Documents inédits.)
69: Dépêche de M. de Barante au duc de Broglie, en date du 20 décembre 1835. (Documents inédits.)—Il est vrai qu'en 1836, il y avait peu de chances d'opérer cette dissolution. Une dépêche de M. de Barante, adressée à M. Thiers, le 22 mars 1836, indiquait judicieusement d'où venait la difficulté: «Dans la situation présente, toutes choses restant ce qu'elles sont, en quoi pourrait servir à une des trois puissances de se détacher des deux autres? Si elle avait un dessein à exécuter, si elle entrevoyait un péril dont elle eût à se garder, je conçois qu'elle vînt chercher notre aide et notre appui. Mais il n'y a rien de pareil en ce moment, chacun veut le statu quo, chacun se trouve bien de l'équilibre européen et en souhaite la préservation actuelle. Or, rien, selon les cabinets de Berlin et de Vienne, ne peut mieux maintenir cet équilibre que l'union des trois cours du Nord, destinée à arrêter les invasions révolutionnaires, et l'alliance de la France avec l'Angleterre, qui retiendra la Russie dans ses projets d'invasion ou de conquête... Si nous faisions quelques tentatives, si l'on nous voyait quelque désir de dénouer les liens qui unissent les cabinets du Nord, ces liens en deviendraient plus serrés et plus intimes, car nous donnerions ainsi l'indice d'un esprit d'inquiétude ou de projets ultérieurs.» Rappelons-le, du reste, quand le duc de Broglie songeait à détacher l'Autriche des autres puissances, c'était seulement en vue de la question d'Orient et pour le jour où cette question se poserait. Il n'y avait donc pas contradiction entre lui et M. de Barante.
70: Lettre particulière de M. Thiers à M. de Barante, en date du 15 avril 1836. (Documents inédits.)
71: Dépêche précitée du 15 avril 1836.
72: Lettre précitée, en date du 15 avril 1836.
73: Cependant, quand il envisageait les choses au point de vue de la politique intérieure de la France, M. de Metternich regrettait qu'on eût fait de M. Thiers un président du conseil. Cela lui paraissait «un véritable danger pour la durée du nouveau ministère». «Je n'ai rien, ajoutait-il, contre l'homme personnellement; mes doutes ne portent pas sur ses facultés intellectuelles, mais il me semble avoir trop peu de poids. Aussi ne lui vois-je d'autre soutien que celui que lui prêtera la couronne, et les hommes qui vivent de fonds prêtés ne sont jamais forts par eux-mêmes... Mais tout en France est placé en dehors des calculs, j'accepte donc le nouveau président du conseil, et j'attends l'événement...» (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 137, 138.)
74: Lettre de M. Bresson à M. de Barante, en date du 7 mars 1836. (Documents inédits.)
75: Dépêches de M. de Barante, en date des 9 et 23 mars 1836. (Documents inédits.)—Cf. aussi Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-70, t. I, p. 606.—Il est vrai que le czar Nicolas, plus passionné que ses ministres, se plaignait au contraire qu'on montrât, à Vienne et à Berlin, trop de condescendance pour Paris.
76: «MM. d'Apponyi et de Werther ne se cachaient pas du plaisir que leur causait l'avénement de M. Thiers.» Lettre de M. Bresson du 7 mars. (Documents inédits.)—La duchesse de Dino, fort suspecte, il est vrai, et passionnée en cette affaire, écrivait à M. de Sainte-Aulaire, le 2 mars, que «les rapports du corps diplomatique avec M. de Broglie» étaient devenus «tellement désagréables, que tout autre ministre, quel qu'il fût, aurait paru aux ambassadeurs étrangers un ange du ciel». (Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.)—Plus tard, en 1842, M. de Metternich, causant avec M. de Flahaut, du duc de Broglie, lui disait: «Le duc de Broglie, ah! nous avons bien contribué dans le temps à le renverser. On nous avait persuadé que cela serait utile à notre politique.»
77: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
78: National, 3 mai 1836.—C'est ce qui fera dire plus tard au vicomte de Launay (madame de Girardin): «M. Thiers croit aux grands seigneurs; quand un lord daigne lui écrire pour le mystifier, cela le flatte.» (T. III, p. 76.)
79: Dépêches de Sales, du 29 janvier 1836, et de Werther, du 22 mars, citées par Hillebrand (Geschichte Frankreichs, t. I, p. 598).
80: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire, et aussi Mémoires de Metternich, t. VI, p. 137.
81: Documents inédits.—C'est sans doute à la suite de quelque protestation de ce genre que lord Palmerston écrivait, le 5 mars 1836: «Thiers est tout à fait pour l'alliance anglaise. Madame Lieven et Talleyrand seront désappointés. Ils se sont efforcés de se débarrasser de Broglie, comme ils ont tâché de me mettre dehors, dans l'espoir de briser ainsi l'alliance entre l'Angleterre et la France.» (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 16.) Cette confiance de Palmerston ne devait pas durer.
82: Interrogé sur la raison de ce traitement différent, un diplomate autrichien avait répondu «que cette communication était, non de droit, mais de pure confiance; que la confiance ne se commandait point; que le cabinet français s'était toujours montré bienveillant pour l'Autriche, que le Roi et ses ministres avaient toujours cru ce qui était vrai, et compris ce qui était nécessaire; tandis que lord Palmerston avait, en toute occasion, témoigné malveillance, méfiance, hauteur; qu'ainsi l'on avait cru devoir rendre procédés pour procédés.» Dépêche de M. de Barante à M. Thiers, du 20 avril 1836. (Documents inédits.)
83: Voir sur ces incidents, qui s'étaient produits à la fin de 1835 et au commencement de 1836, ce qui a été dit plus haut, t. II, p. 419 et 420.
84: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.—Cf. aussi dépêches de M. Thiers à M. de Barante et à M. de Sainte-Aulaire, en date des 3, 12 et 14 mars 1836. (Documents inédits.)
85: Dépêche de M. Thiers à M. de Barante, du 15 avril 1836. (Documents inédits.)
86: L'incident de Cracovie ne fut pas le seul où M. Thiers se montra disposé à faire passer son désir de plaire aux puissances continentales, même à la Russie, avant les sympathies alors si vives de l'opinion française pour la Pologne. Il écrivait, le 2 mai 1836, à notre ambassadeur à Saint-Pétersbourg: «J'ai provoqué, avant toute demande du comte Pahlen, la dispersion des Polonais qui avaient signé la grande confédération. J'ai agi spontanément, parce que je regarde commue une violation du droit des gens de laisser organiser sur son territoire des moyens d'insurrection contre les gouvernements avec lesquels on est en paix. Je serai attaqué à la tribune et je me défendrai sans embarras et sans crainte, sur ce sujet. Trente-deux Polonais ont été frappés; vingt-et-un ont voulu quitter la France; onze sont renvoyés de Paris dans des dépôts, et dans des dépôts différents. Nous ne leur laisserons jamais organiser l'insurrection chez nous.» (Documents inédits.)
87: M. Rossi, alors réfugié à Genève, fut le rapporteur d'un projet de révision dans ce sens. Ce fut même l'échec de ce projet qui le détermina à s'établir en France.
88: Dépêche de lord Palmerston du 9 juillet 1832. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 609.)
89: M. de Broglie avait eu, à Coppet, occasion de lier des rapports personnels avec plusieurs des libéraux de Genève, de Berne et de Lausanne. C'est pour cela que Louis-Philippe, causant, un peu plus tard, en 1835, avec des ambassadeurs étrangers, se plaignait de la «marotte suisse» de son ministre. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, p. 612.)
90: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
91: Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 417.
92: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. Ier p. 609-612.
93: Lettre au comte Apponyi, du 14 avril 1836. (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 142.)—M. Thiers écrivait à notre ambassadeur, le 25 juin 1836: «J'ai refusé toute démarche commune, faite en nom collectif. Si l'Autriche trouve notre conduite bonne et sensée, et veut l'imiter, soit! Mais il ne nous convient pas de faire avec elle un petit fragment de Sainte-Alliance.» (Documents inédits.)
94: Ces dépêches ne furent pas connues du public sur le moment. M. Guizot les apporta à la tribune, le 3 février 1848, pour se défendre contre M. Thiers redevenu l'avocat des radicaux suisses.
95: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire, et dépêche de M. Thiers à M. de Barante, du 15 août 1836. (Documents inédits.)
96: Dépêche de M. de Barante, du 21 mai 1836. (Documents inédits.)
97: Dépêche de M. Thiers à M. de Barante, 14 juillet 1836. (Documents inédits.)
98: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
99: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.—Cf. aussi les Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 149, 150.—Plus tard, après la chute du ministère du 22 février, Louis-Philippe plaisanta le comte Apponyi de la bonhomie avec laquelle il avait rendu le papier à M. Thiers. «Jamais, lui dit-il, à votre place, le ne me serais dessaisi d'une pièce originale de cette importance.»—«Profitez de la leçon, écrivit, à cette occasion, M. de Metternich à son ambassadeur; en suivant les conseils du roi Louis-Philippe, vous deviendrez un parfait diplomate.»
100: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 590, 596, 597, 673.
101: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, p. 673, et Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
102: Cf. passim les Mémoires de M. de Metternich, t. VI.—Voici un spécimen de cette correspondance: «Par mon expédition de ce jour, écrivait le prince de Metternich au comte Apponyi, le 28 mars 1836, je m'adresse de nouveau au Roi avec une grande franchise. Veuillez lui faire sentir que dans cette franchise même se trouve le gage de la confiance que j'ai dans la qualité de son esprit. Je crois lui fournir, par ce que je lui dis sur les questions de cabinet, un argument d'une grande force, qu'il pourra faire valoir pour arrêter ses ministres dans une direction essentiellement fautive et qui repose sur des éléments détestables, tels que la vanité et l'esprit de domination des individus. C'est dans un monde qui n'existe pas dans la réalité, que certains ministres ont été chercher leur utopie d'omnipotence ministérielle. Je sais bien que le modèle leur en a été fourni par l'Angleterre; mais s'ils avaient plus de pratique dans l'esprit, ils auraient découvert que les mœurs gouvernementales anglaises ne sont point et ne seront jamais véritablement applicables à la France. La cause que nous désirons servir aujourd'hui, c'est le rétablissement de l'autorité dans ce dernier pays, et Louis-Philippe doit, à cet égard, être de notre avis. La France a soif du pouvoir, et le pouvoir est un mot vide de sens s'il n'est fondé sur l'autorité. Qu'est-ce que l'autorité ministérielle, surtout sous le régime du représentatif moderne qui est l'ennemi de tout maintien des hommes en place?... Je raisonne beaucoup dans les dépêches que j'envoie à Paris, parce que je trouve le raisonnement à sa place dans nos relations avec Louis-Philippe et avec un pays où l'ordre public est redevenu un objet d'éducation.» (Ibid., p. 139, 140.) Il paraît que M. de Talleyrand avait encouragé M. de Metternich à faire campagne contre la «fantasmagorie représentative», et avait exprimé l'avis qu'il fallait faire en France une «Restauration épurée». «Je ne puis assez vous exprimer, écrivait M. de Metternich à son ambassadeur, combien les dernières confessions que M. de Talleyrand vous a faites sur la marche de l'opinion publique en France, m'ont intéressé. C'est une chose curieuse à suivre que le retour d'un vieux pécheur vers les bons principes.» (Ibid., p. 140, 144.)
103: Mémoires de M. de Metternich, p. 142.
104: Le National se plaignit, à ce propos, que le comte Apponyi s'exprimât au nom du corps diplomatique, «comme si la royauté du 7 août était placée sous sa tutelle et sa surveillance». «De quoi se mêle cet étranger? ajoutait-il. De quel front ce hussard hongrois ose-t-il se faire juge entre les partis et les opinions qui se disputent sur le sens, sur l'interprétation et la portée de la révolution de Juillet?» (3 août 1836.)
105: J'ai d'ailleurs, pour cet épisode, un guide excellent que je m'attacherai à suivre; c'est M. le comte de Sainte-Aulaire, qui fut acteur principal de cette négociation. Le récit détaillé qu'il en fait dans ses Mémoires inédits, et qui, sur plus d'un point, complète ou redresse ce qui a été jusqu'ici publié, n'est pas la partie la moins agréable ni la moins piquante de cet écrit. Peu avant sa mort, l'auteur en a lu, dans une des séances privées de l'Académie française, des fragments qui ont obtenu le plus vif succès. Les documents ou conversations qui seront cités, sans indication spéciale de source, au cours des pages qui vont suivre, sont tirés de ces Mémoires.
106: H. Heine, Lutèce, p. 264.
107: Revue rétrospective.
108: M. de Sainte-Aulaire raconte à ce sujet une anecdote intéressante. C'était dans les premiers jours d'août 1830. Le futur ambassadeur avait accepté à l'improviste de présider un banquet que les élèves de l'École polytechnique offraient au jeune duc d'Orléans. À peine celui-ci fut-il arrivé, qu'il attira M. de Sainte-Aulaire dans une embrasure et lui dit avec un ton d'autorité dont son interlocuteur fut frappé: «Puisque vous présidez le banquet, je suis bien sûr que vous avez tout prévu et qu'il ne s'y passera rien d'inconvenant.»—«Je ne pouvais en vérité, raconte M. de Sainte-Aulaire, lui donner cette assurance, et j'essayai de lui faire comprendre comment j'étais excusable de n'avoir rien prévu du tout. Coupant court à mon apologie, le prince reprit:—Les toasts, par exemple, quels seront-ils? Montrez-les-moi, je vous prie.—Sur ma réponse que je ne les avais point vus, le prince ne put contenir un mouvement d'impatience et m'enjoignit d'aller, en toute hâte, m'enquérir de ce qui avait été réglé à ce sujet par les commissaires.» M. de Sainte-Aulaire, au bout de quelques instants, rapporte au duc d'Orléans un papier sur lequel se trouvaient les toasts. Le jeune prince n'y eut pas plutôt jeté un coup d'œil, qu'il rougit et le rendit à M. de Sainte-Aulaire, avec un regard de reproche, lui indiquant du doigt cette phrase qui se trouvait dans le toast du général Gourgaud: «Le renversement des Bourbons a lavé l'affront que les étrangers ont fait à la France, en 1815.» «Je dois l'avouer à ma confusion, ajoute M. de Sainte-Aulaire, cette grosse inconvenance ne m'avait point frappé, tant j'étais étourdi du mouvement qui nous entraînait tous alors. Si l'on veut remarquer que cette même cause devait agir plus puissamment encore sur le prince royal et qu'il n'avait pas vingt ans, il faudra lui tenir compte d'avoir conservé à ce degré la possession de lui-même. Je lui en fis avec sincérité mon compliment.» M. de Sainte-Aulaire obtint, non sans peine, du général, la correction de sa phrase. Le banquet se passa donc convenablement. À la fin cependant, les têtes s'échauffaient, et peut-être aurait-on eu de la peine à mener la fête à fin sans scandale, si elle n'eût été interrompue par la nouvelle d'une émeute. La police demanda à quelques-uns des polytechniciens de se montrer au peuple pour le rappeler au sentiment de ses devoirs. Trois ou quatre de ces braves étourdis partirent aussitôt, ne doutant pas du succès. Ils furent bafoués par la populace.
109: H. L. Bulwer, The life of Palmerston, t. II, p. 137.
110: Cf. dépêche du comte de Sales du 19 août 1835. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 671.)
111: J'ai déjà eu occasion de parler de cette première partie des négociations et de faire connaître les sentiments de M. de Metternich en cette circonstance. Cf. t. II, p. 403-404.
112: M. de Sainte-Aulaire raconte, dans ses Mémoires, que l'empereur Ferdinand, recevant le ministre de Belgique, lui avait parlé tout le temps de la cour de Hollande et l'avait chargé d'assurer le roi Léopold de la part qu'il avait prise à la maladie du prince d'Orange. Du reste, il était bon et jouissait même, pour ce motif, d'une sorte de popularité.
113: Ce fait est rapporté dans une lettre de M. Bresson à M. de Sainte-Aulaire en date du 21 juin 1836. (Documents Inédits.)
114: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 670.
115: Lettre précitée de M. Bresson.
116: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 670.
117: Ibid., p. 669.
118: Lettre du 29 avril 1836. (Documents Inédits.)
119: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 670.
120: Lettre de M. Bresson à M. de Barante, du 12 mai 1836. (Documents inédits.)
121: Dépêche de M. Bresson à M. Thiers, du 23 mai 1836. (Documents inédits.)
122: Dépêche de M. de Barante à M. Thiers, du 28 mai 1836. (Documents inédits.)
123: «Nos ennemis, dit à ce propos M. de Sainte-Aulaire, s'étaient mis d'accord pour exalter le duc de Nemours aux dépens de son frère, espérant faire naître quelque mésintelligence entre les deux frères. Cet honnête calcul fut déjoué par la modestie noble et généreuse du jeune prince; dès son arrivée, il s'était placé comme le premier aide de camp de son frère, qui, de son côté, le prévenait constamment par les attentions les plus soigneuses.»
124: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 99 à 105 et p. 147.
125: Lettre de M. de Barante. (Documents inédits.)
126: L'un de ces jeunes princes était l'archiduc Albert, le futur vainqueur de Custozza et le meilleur homme de guerre de l'Autriche contemporaine.
127: Comme presque toujours, je m'attache au récit de M. de Sainte-Aulaire. Voici comment, de son côté, la princesse de Metternich rapporte, dans son journal, la conversation des deux archiducs: «9 juin. Clément est allé de bonne heure chez l'archiduc Louis, qui lui a dit qu'il avait parlé à son frère l'archiduc Charles. Ce dernier a déclaré qu'il partageait entièrement la manière de voir de l'archiduc Louis, et qu'il était résolu à refuser la main de sa fille au duc d'Orléans.» (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 104.)
128: Cet épisode paraît avoir été ignoré de la princesse de Metternich, qui, dans son journal, présente les faits sous un jour quelque peu différent. (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 103 à 105.) M. de Sainte-Aulaire était mieux placé pour savoir ce qui s'était passé.
129: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 161.
130: Dans une lettre à son père, lettre dont M. de Sainte-Aulaire a eu communication, l'archiduchesse, femme de l'archiduc Renier, a fait une peinture touchante de l'effet produit sur les jeunes princes par la nouvelle qui vint, dit-elle dans sa langue si vivement originale, «culbuter en tristesse les événements de la journée». «...Le duc d'Orléans, raconte la princesse, vient vite à moi: je le vois tout bouleversé, les yeux rouges, enflés; je lui dis:—Mon Dieu, qu'avez-vous donc?—Je viens, madame, pour vous annoncer un affreux malheur, mais qui heureusement se termine mieux qu'on pouvait le croire.—Et, disant cela, les larmes lui coulaient des yeux; moi, je pensai de suite: Oh! ci siamo, il y a eu du grabuge, comme on annonçait ces jours passés qu'il s'en préparait sous main pour avant les journées. Enfin, il me dit:—On a tiré presque à bout portant sur le Roi. Il n'est pas blessé heureusement, mais il est affreux pour nous de n'avoir pas été là; de n'avoir pas pu nous mettre devant lui, etc., etc.—Le voilà qui laisse un libre cours à ses idées et à ses larmes... Jamais vous ne concevrez à quel point ils furent touchants, dans le désespoir de n'avoir pas partagé le danger de leurs parents. Tous leurs messieurs aussi étaient bouleversés, chacun à sa manière, mais tous avec dévouement et prêts à faire tout au monde pour leurs princes... M. le duc d'Orléans aurait touché un marbre réellement. D... et R... disaient que l'avoir vu hier, c'était pour l'aimer et l'estimer toujours... Mon Dieu, mon Dieu! quelle affreuse position que la leur! et surtout celle de leur père! Certes, ils ne sont pas à envier, mais bien à louer et à plaindre... Cela rend triste et bête, car c'est toujours à recommencer de vouloir dire (sic) que ce n'est pas fini, et Dieu sait comment cela finira. À présent, sauf respect, je désire assez de bien au duc d'Orléans pour ne pas lui souhaiter de régner.»
131: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 673.
132: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 149. Cf. aussi p. 152-3.
133: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 152, 162 et 167.
134: Lettre du 30 juin 1836. (Documents inédits.)
135: Cette nouvelle fut d'autant plus pénible à la reine Marie-Amélie qu'elle avait espéré marier une de ses filles à son neveu, le roi de Naples, et que celui-ci, avec son habitude de mystifier les gens, venait, dans une visite récente à la cour de France, de se conduire de façon à encourager les espérances de la Reine. «Il n'y a rien de plus pénible, écrivait à ce sujet la pieuse princesse, que d'être trompée dans des sentiments d'affection et de confiance; mais j'offre à Dieu ma peine.»
136: «Tant pis pour qui n'a pas voulu de notre hypothèque, écrivait M. Thiers à l'ambassadeur de France à Vienne.» (Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.)
137: Dépêche de Werther, du 3 septembre 1836, citée par Hillebrand (Geschichte Frankreichs, t. I, p. 591).
138: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
139: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 591.
140: Le chancelier ajoutait à ce propos: «Ce n'est pas l'Autriche que, dans l'affaire de la Péninsule, nous voyons compromise en première ligne. Ce que je prêche, ce sont les conditions de la vie pour la France. Quand on me dit:—Si vous faites l'un, je ferai l'autre, c'est tout comme si l'on ne disait rien. Les enfants, pour punir leurs parents, disent souvent:—Je ne mangerai pas. Aussi souvent que j'entends une menace pareille, je dis à l'enfant:—Eh bien, ne mange pas!» (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 153.)
141: Ibid., p. 155.
142: Dépêche du 24 juillet 1836. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 633.)
143: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 636.
144: Mémoires de M. de Sainte-Aulaire.
145: Dépêche de M. Thiers à M. de Barante, du 15 août 1836. (Documents inédits.)
146: Lettre écrite, quelques jours plus tard, par Louis-Philippe à M. Dupin, pour lui rendre compte des causes de la crise. (Mémoires de Dupin, t. III, p. 223.)
147: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
148: Dépêche de M. de Bois-le-Comte, citée dans les Mémoires de M. Guizot, t. IV, p. 165.
149: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
150: «Eh bien, mon cher baron, disait le Roi à M. de Werther, j'ai été dans une nouvelle cuisson, depuis que je ne vous ai vu.» (Dépêche de Werther citée par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 593.)
151: Ibid., p. 596 et 636.
152: Dépêche de M. de Barante, des 8 et 22 octobre 1836. (Documents inédits.)
153: H. L. Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 24, 27, 28.
154: Tel est le sentiment de Bulwer lui-même, t. II, p. 218.
155: Lettre de M. Royer-Collard à M. Molé, en date du 2 septembre 1836. (Documents inédits.)
156: M. Sainte-Beuve a écrit de M. Molé et de M. Pasquier: «J'avoue, pour mon compte, avoir ignoré jusque-là, avant de l'avoir considéré dans leur exemple, ce que c'est que la justice d'esprit en elle-même, cette faculté modérée, prudente, vraiment politique, qui ne devance qu'autant qu'il est nécessaire, mais toujours prête à comprendre, à accepter sagement, à aviser, et qui, après tant d'années, se retrouve sans fatigue au pas de tous les événements, si accélérés qu'ils aient pu être.» (Portraits littéraires, t. III, p. 324.)
157: M. de Tocqueville a écrit, le 23 décembre 1855: «La mort de M. Molé fait disparaître un des derniers modèles de l'ancienne politesse et des grandes manières. Il était également un des derniers représentants de cet ancien goût français des plaisirs de l'esprit, qui semble, de plus en plus, se perdre parmi nous.»
158: Les doctrinaires allaient même plus loin; dans le propos que nous avons déjà cité, M. Bertin, après avoir rappelé que «personne ne surpassait M. Molé dans la grande intrigue politique»: «Il y a plaisir, disait-il, à s'en mêler avec lui»; mais il ajoutait, en riant malicieusement: «Plus de plaisir que de sûreté.»
159: M. Vitet, qui avait autrefois partagé les préventions de ses amis doctrinaires contre M. Molé, déclare avoir abjuré ces préventions quand, dans l'Assemblée législative de 1849, il se trouva en rapports plus fréquents avec lui. «À le voir ainsi tous les jours de près, dit-il, dans les incidents les plus divers et les plus imprévus, j'appris non-seulement à redoubler d'estime pour cette sagacité, cette élévation d'esprit, dont il avait donné de si vaillantes preuves en défendant son drapeau (en 1839), mais à connaître l'homme et sa vraie valeur dans l'intimité de son commerce, si bien qu'à des préventions qui n'étaient pas éteintes, ne tarda pas à succéder une affection respectueuse dont j'aime à produire ici l'expression.» (Revue des Deux Mondes du 1er décembre 1861.)—M. de Falloux, dans son discours de réception à l'Académie française, a rendu aussi un magnifique hommage au rôle de M. Molé après 1848.
160: Peu de causeurs avaient été aussi goûtés de Napoléon. Quand l'Empereur s'éloignait de Paris, le comte Molé avait ordre de prolonger, pour ainsi dire, l'entretien, en lui écrivant tous les jours.
161: Expression de M. Joubert.
162: Lettre à M. de Barante. (Documents inédits.)
163: Mémoires de M. Guizot, t. IV, p. 171.
164: Documents inédits.
165: Notes inédites de Duvergier de Hauranne.
166: M. Guizot disait du duc de Broglie, en janvier 1870: «Le duc de Broglie est peut-être l'homme le plus fier et le plus modeste que j'aie rencontré.»
167: Le duc de Broglie écrivait à M. Guizot: «Je conçois, sans les approuver, les motifs qui ont déterminé le Roi, en réunissant autour de lui tous les membres du ministère dont j'avais été le chef, à faire exception pour moi seul, à ne pas me demander mon avis sur la formation du cabinet actuel.» M. Guizot lui répondait: «Je comprends votre sentiment à l'égard du Roi, et je le trouve fondé. Il y a, si je ne me trompe, dans son silence avec vous, beaucoup d'inadvertance royale, et beaucoup aussi de cet embarras auquel on essaye de se soustraire en détournant la tête.» Un peu plus tard, M. de Broglie demandait à M. Guizot «de ne jamais prononcer son nom» pour «le faire rentrer dans les affaires»; il ajoutait que «la dignité de son caractère personnel y était engagée». (Documents inédits.)
168: Le duc de Broglie était, du reste, patriotiquement attristé de voir la division s'aggraver entre les anciens alliés du 11 octobre. Il écrivait, vers cette époque, à M. de Sainte-Aulaire, «qu'il ne consentirait pas à rentrer dans les affaires, tant qu'il s'agirait de servir de second en duel à un de ses amis contre un autre». (Documents inédits.)
169: «Il y avait là, a écrit M. Guizot lui-même, une apparence d'abandon et d'infidélité dont j'étais peiné et froissé.»
170: Peu après, l'un des doctrinaires, M. Duvergier de Hauranne, confessait la faute commise par son parti, en abandonnant trop facilement le duc de Broglie. «Après la chute du 11 octobre, écrivait-il, notre parti ne songeait qu'à remonter promptement au pouvoir. Or, M. de Broglie, désagréable au Roi et peu agréable à la Chambre, nous était un obstacle, nous nous en sommes débarrassés... Quand un parti possède un tel diamant, il est inexcusable de le jeter à la mer, parce qu'il y voit quelques taches.» (Notes inédites.)
171: Cf. mon livre sur le Parti libéral sous la Restauration, p. 246 et suiv.
172: M. de Rémusat ne prit part que deux fois au gouvernement, sous la monarchie de Juillet: d'abord, du 6 septembre 1836 au 15 avril 1837, comme sous-secrétaire d'État; ensuite, du 1er mars au 29 octobre 1840, comme ministre de l'intérieur. Ministre, il se serait fait volontiers de l'opposition à lui-même. Il dut un jour réprimer des coalitions d'ouvriers: tout en montant à cheval, il disait: «Je ne sais vraiment pas pourquoi nous dissipons ces rassemblements d'ouvriers; je me demande s'ils n'ont pas le droit de se réunir.»
173: M. Guizot écrivait au duc de Broglie, le 17 septembre 1836, au moment où il faisait nommer M. de Rémusat sous-secrétaire d'État: «J'espère un peu que les affaires et la nécessité le tireront de son état d'amateur blasé.» (Documents inédits.)—M. Royer-Collard disait encore de lui: «C'est le premier des amateur dans tous les genres.»
174: Lettre du 12 septembre 1836.
175: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
176: Ces journaux expliquaient que, pour être un «homme de Juillet», il fallait non-seulement ne pas avoir servi la Restauration, mais aussi l'avoir constamment combattue. Le Temps ajoutait qu'il fallait s'être rallié, pendant les Cent-Jours, à Napoléon.
177: M. O. Barrot, haranguant ses électeurs de l'Aisne, leur disait: «Voyez les hommes qui ont été successivement investis du pouvoir: Laffitte, Périer, Soult, Thiers, Guizot. C'est une chaîne qui part de la Révolution et va se perdre dans la Restauration.»
178: Documents inédits.
179: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
180: M. de Metternich disait à notre ambassadeur: «Je me sens aujourd'hui plus à mon aise que jamais pour soutenir Louis-Philippe en Suisse, pour le défendre envers et contre tous, s'il en était besoin. Je serais tout autrement empêché, si le mariage avait réussi.» Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Molé, du 27 novembre 1836. (Documents inédits.)
181: Lettre de M. de Barante à M. de Sainte-Aulaire, du 19 novembre 1836. (Documents inédits.)
182: Bulwer, The life of Palmerston, t. II, p. 210 à 217.
183: Dépêche à M. de Barante. (Documents inédits.)
184: Voir le récit des origines de l'affaire, plus haut, p. 67.
185: Mémoires de M. Guizot, t. IV, p. 199.
186: On sait en effet que l'Empereur avait indiqué comme ses successeurs, en cas d'extinction de sa descendance directe, les enfants de son frère Louis, qui n'était cependant, par rang d'âge, que le troisième de ses frères.
187: On se souvient que lors de la mort du duc de Reichstadt, M. de Metternich avait reproché au gouvernement français de ne pas assez se préoccuper du personnage qui succédait au fils de Napoléon Ier. (Voir plus haut, t. II, p. 153.)
188: Cet épisode a été vivement raconté par M. le duc d'Aumale, dans sa fameuse Lettre sur l'histoire de France.
189: Nous avons déjà eu occasion de parler des Rêveries politiques et du Projet de constitution, publiés en 1832. (Voir t. I, p. 450.)
190: Cf. t. I, p. 444 et suiv.
191: Documents inédits.
192: Nous lisons dans une dépêche de M. Molé à M. de Barante, en date du 5 novembre: «Cet acte insensé n'a excité ici d'autre sensation que celle d'un profond étonnement. On a peine à concevoir les illusions qui l'ont produit, et chacun se dit que, de tous les partis opposés au gouvernement du Roi, celui qui vient de signaler son hostilité est certainement le moins en état de lui susciter des dangers ou des embarras sérieux.» (Documents inédits.)—M. de Sainte-Aulaire constate, dans ses Mémoires, une impression analogue: «Ses prétentions, écrit-il en parlant du prince Louis, étaient un sujet de risée; je n'ai jamais rencontré personne qui prît la peine de les discuter.» Il ajoute que le duc d'Orléans, parlant des luttes qu'il aurait à soutenir, ne supposait jamais que le danger pût venir des Bonaparte; le prince royal croyait que les républicains eux-mêmes ne seraient jamais en mesure de disposer des destinées de la France; c'était ailleurs qu'il voyait le péril. «Je l'ai souvent entendu, continue M. de Sainte-Aulaire, prévoir, en la déplorant, la nécessité où il serait un jour de combattre, dans la Vendée, des parents qu'il aimait et respectait. Les serviteurs les plus dévoués de la maison d'Orléans ne voyaient de dangers sérieux que de ce côté.» (Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.)
193: Dépêches de Werther, du 18 novembre 1836 et du 16 février 1837. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 653.)
194: Le Roi raconta alors à M. de Brignoles-Sales, ambassadeur sarde, que le prince Louis avait été étonné de ne pas subir le sort du duc d'Enghien. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 652.)
195: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
196: Certains partisans du prince ont cherché à nier après coup l'expression de cette reconnaissance. Ils ont démenti l'authenticité d'une lettre au Roi qui fut alors publiée. Mais, dans une autre lettre écrite à son défenseur et terminée à Lorient, le 13 novembre, au moment de s'embarquer, lettre qui n'a pu être contestée, le prince parlait du Roi qui, «dans sa clémence, avait ordonné qu'il fût transporté en Amérique». Tout en regrettant de ne pas «partager le sort» des amis qu'il avait «entraînés à leur perte», il disait «apprécier, comme il le devait, la bonté du Roi», et ajoutait: «J'étais coupable contre le gouvernement: le gouvernement a été généreux envers moi.» C'est après avoir lu cette lettre devant le jury de Strasbourg, dans le procès des complices du prince, que Me Parquin, défenseur du commandant Parquin, s'écria: «Parmi les défauts de Louis-Napoléon, il ne faut pas du moins compter l'ingratitude.»
197: Abattue et humiliée, la duchesse de Berry finit, après avoir erré en Italie et en Autriche, par s'installer dans un château voisin de Prague.
198: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
199: Un ministre de la Restauration, le marquis de Clermont-Tonnerre, par M. Camille Rousset, p. 409 à 411.
200: Ibid., p. 411 et 412.
201: On trouve dans les Mémoires d'outre-tombe, de M. De Chateaubriand, notamment dans le célèbre récit du voyage à Prague, la trace des sentiments alors régnants dans une partie du monde royaliste. Seulement, l'illustre écrivain y a ajouté sa note personnelle d'amertume chagrine et dédaigneuse.
202: Le général des Jésuites, qui craignait, lui aussi, que son Ordre ne fût compromis, notamment en France, par une telle désignation, n'avait accédé qu'à regret et sur l'ordre formel du Pape à la demande de Charles X. Le provincial, en résidence à Paris, eut à cette occasion des conversations avec M. Thiers. Celui-ci le rassura, déclarant qu'il trouvait la conduite des Jésuites toute naturelle, et que le gouvernement ne voyait là aucune raison de se départir de sa tolérance à leur égard. (Histoire de la Compagnie de Jésus, par M. Crétineau-Joly, t. VI.)
203: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
204: Ibid.—Le gouvernement du roi Louis-Philippe devait du reste persister dans cette conduite, même après la mort de Charles X. On lit, à la date du 26 décembre 1839, dans le journal de la princesse de Metternich: «Clément (M. de Metternich) a reçu hier un courrier de Paris, qui lui annonce que Louis-Philippe est très-irrité contre M. de la Tour-Maubourg, son ambassadeur à Rome, parce que celui-ci se plaint de la présence du duc de Bordeaux. Il jouit, dit-il, des priviléges indiscutables d'un prince français, et M. de la Tour-Maubourg est tenu de le traiter avec le plus grand respect. Jamais on ne pourra reprocher à Louis-Philippe de manquer d'esprit.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 347.)
205: M. de Metternich dit alors à l'ambassadeur de France: «Charles X était roi, malgré son abdication, la royauté étant indélébile. Nous l'avons dès lors traité et dû traiter de Majesté. La maison de France comptait donc deux rois jusqu'à présent. Aujourd'hui, il n'y en a plus qu'un pour nous. Le duc d'Angoulême est Altesse royale. Personne, parmi nos employés, ne lui reconnaîtra et ne lui donnera par courtoisie un autre titre. C'est cependant à lui que nous reconnaîtrons le droit de décider toute question relative au duc de Bordeaux, mais seulement comme paterfamilias.» (Lettre particulière de M. de Sainte-Aulaire à M. Molé.)—Cf. aussi une dépêche du 1er décembre 1836, dans laquelle M. de Barante rapporte un langage analogue de M. de Nesselrode. (Documents inédits.)
206: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
207: M. Molé écrivait à M. de Barante, le 18 décembre 1836: «S'il faut juger du rôle que M. Thiers jouera dans la session, par sa conduite et son langage, ce rôle sera actif et celui d'une opposition à outrance.» (Documents inédits.)—Le vicomte de Launay (madame de Girardin) disait dans sa «lettre parisienne» du 30 novembre 1836: «On parle de la guerre que l'ancien président du conseil va déclarer au ministère d'aujourd'hui. Les grands exploiteurs de petites haines font leurs préparatifs. Déjà les hostilités commencent, grâce à leurs soins.»
208: Documents inédits.
209: Cette conduite n'était pas faite, d'ailleurs, pour surprendre ceux qui avaient pu pénétrer les sentiments de M. Thiers dans la crise qui avait mis fin à son ministère. Quelques-uns avaient pu alors l'entendre dire «qu'il attendait le nouveau ministère à la prochaine session; qu'il ne ferait pas une opposition de salon, mais de tribune; qu'il formerait un parti nouveau dans la gauche, et le renforcerait par le tiers parti; que, dans six mois, il serait de nouveau ministre, et qu'alors il conduirait la révolution de Juillet à ses fins». (Mémoires de M. du Metternich, t. VI, p. 155.)
210: Nous lisons, à la date du 8 décembre 1836, dans le journal intime d'un ami du duc de Broglie: «On parle beaucoup d'une apparition que M. de Broglie a faite, ces jours derniers, à une soirée de M. Thiers, à la suite d'une visite semblable qu'il avait reçue de ce dernier. Il est évident que M. Thiers voudrait établir, entre lui et son prédécesseur dans la présidence du conseil, une solidarité apparente qui lui donne l'espèce de force morale qui lui manque.» (Documents inédits.)
211: «Autre chose est pour moi, vous le comprenez, un cabinet formé par vous, dirigé par vous, autre un cabinet formé par M. Molé et dans lequel vous acceptez un poste à telles ou telles conditions; je ne puis être pour ce dernier ce que j'aurais vraisemblablement été pour l'autre; je ne puis placer dans ce dernier la confiance que l'autre m'avait inspirée... La position que je prendrai sera tout amicale; mais je suis forcé de réserver mon libre arbitre et mon franc parler.»
212: Documents inédits.—La duchesse de Broglie écrivait de son mari, le 12 novembre 1836: «Victor n'offusque personne et ne se mêle à aucune malveillance, en évitant toute solidarité. Je suis heureuse de le voir ainsi et très-serein.»
213: Journal inédit de M. de Viel-Castel.
214: Lettres parisiennes du vicomte de Launay, 29 décembre 1836, t. 1, p. 45.
215: 14, 16 et 17 janvier 1837.
216: «Je l'ai voulue, disait-il, cette politique du juste milieu, modérée, mais ferme, comme le jour où elle est allée à Ancône et à Anvers... C'est pourquoi j'attaque la politique du jour, parce que ce n'est pas celle qui serait allée à Anvers. Non, Messieurs, si Anvers n'était pas pris, ce n'est pas vous qui le prendriez.»
217: Cf. plus haut, p. 52.—Par une coïncidence piquante, dans cette même discussion, M. O. Barrot, voulant flétrir la politique de non-intervention, s'écriait: «Une telle politique d'égoïsme et d'indifférence conduirait la France là où elle était sous le cardinal Fleury...»
218: La même idée se retrouve dans une lettre de M. de Barante, à la date du 3 février 1837: «J'aurais voulu plus de gravité et de tenue à M. Thiers. Il a trop perdu le caractère ministériel, en quittant le ministère.» (Documents inédits.)
219: Documents inédits.
220: Dans la discussion même de l'Adresse, l'un des amis du cabinet, M. Duvergier de Hauranne, faisant, sous forme d'hypothèse, le tableau d'un mal qui n'était que trop présent et réel, disait: «Supposez qu'au lieu de deux armées rangées sous deux drapeaux, il y ait une multitude de petits corps indépendants et ennemis l'un de l'autre; supposez qu'au lieu de deux volontés clairement formulées, il se trouve une foule de demi-volontés fugitives ou opiniâtres, mais, dans tous les cas, aussi difficiles à saisir qu'à concilier; supposez même, pour épuiser toutes les hypothèses, que, chez quelques-uns, l'amour-propre blessé ou l'ambition déçue fasse oublier l'intérêt d'une cause commune, et que par degrés l'esprit de coterie se substitue à l'esprit d'association... alors, le gouvernement représentatif est faussé dans son principe, paralysé dans son action.» Il ajoutait: «Il n'y a que deux opinions sérieuses et puissantes», deux opinions qui ont lutté l'une contre l'autre depuis six ans: d'une part celle qui «voulait s'abandonner au courant populaire», d'autre part celle «qui sait que les révolutions, pour être sauvées, ont besoin d'être contenues».
221: Discours du 16 janvier 1837.
222: Lettre du 19 mars 1837.
223: M. Molé revient constamment, dans sa correspondance, sur ce vieux grief qui lui tenait évidemment très à cœur. «J'avais beaucoup à faire, écrit-il le 20 août 1837 à M. de Barante, pour qu'on revînt de l'idée que les doctrinaires, depuis 1818, avaient donnée de moi.» Et plus tard, le 25 avril 1840: «Vos anciens amis (les doctrinaires) avaient si bien établi que je ne savais ni parler ni écrire, que je leur dois quelquefois des louanges où il entre un peu de surprise.» (Documents inédits.)
224: Lettres de M. Molé à M. de Barante. (Documents inédits.)
225: Lettre de M. Molé à M. de Barante, du 2 octobre 1836. (Documents inédits.)
226: Mémoires de M. Guizot, t. IV, p. 223.
227: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
228: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
229: M. de Metternich écrivait au comte Apponyi, le 17 février 1837: «J'ai peur que S. M. Louis-Philippe ne se livre à des illusions, ou ne fasse semblant de s'y livrer à l'égard de l'existence solide du ministère, assurément le meilleur qu'il ait encore eu. Je regarde comme possible qu'il puisse résister aux attaques de l'opposition dans la Chambre; ce que je regarde comme moins probable, ce serait qu'il pût résister au manque d'homogénéité qui caractérise le cabinet.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 195.)
230: On fut alors assez scandalisé de la nomination à un poste diplomatique de M. Lœwe-Weimar, chroniqueur politique de la Revue, et écrivain peu considéré.
231: Cette discussion se prolongea à la Chambre des députés, du 26 janvier au 11 février 1837.
232: Le verdict était du 18 janvier 1837.
233: Histoire de dix ans, t. V, p. 124.—La façon dont cette histoire, publiée en 1840, raconte, et l'échauffourée de Strasbourg, et le procès qui suivit; les couleurs flatteuses sous lesquelles elle s'efforce de peindre le prince et ses complices, font bien connaître les sentiments du parti radical à cette époque.
234: Cf. dépêche de M. de Metternich au comte Apponyi, en date du 28 janvier 1837 (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 193), et dépêche de M. de Barante à M. Molé, en date du 3 février. (Documents inédits.)
235: Lettre particulière, du 14 mars 1837. (Documents inédits.)
236: La loi de 1832, sur la liste civile, avait stipulé qu'en cas d'insuffisance du domaine privé, il serait pourvu, par des lois spéciales, à la dotation des princes et princesses de la famille royale. Le revenu net de ce domaine ne s'élevait qu'à 1,006,490 francs, et les dépenses des princes et princesses dépassaient cette somme de plus de 2 millions de francs. De plus, au 31 décembre 1836, le domaine privé était endetté de 6,523,558 fr., et la liste civile de 11,534,870 fr.
237: De loin, M. de Metternich voyait clairement la faute commise en joignant les lois de dotation aux lois répressives. Il écrivait, à ce propos, le 7 février, en parlant de Louis-Philippe: «Comment un homme de la portée indubitable de son esprit peut-il se faire, sur sa position gouvernementale, une illusion assez grande pour engager à la fois, dans les Chambres, un combat sur des lois qui décideront de la vie ou de la mort de l'ordre de choses existant, et sur de misérables questions d'argent pour ses enfants? Louis-Philippe cherche des ministres qui sachent lui obéir, et en cela il a parfaitement raison; je sais obéir, et cependant, si j'étais ministre français, j'aurais mille fois préféré me retirer plutôt que de présenter la demande des dotations.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 194.)
238: M. Dupin était, dans ses conversations et même dans les boutades de ses harangues officielles, plus âpre que jamais contre les doctrinaires. Il est vrai que ce président, si prompt à porter des coups, ne supportait pas d'en recevoir. Malmené par une partie de la presse conservatrice, notamment par M. Henri Fonfrède, dans le Mémorial bordelais, il écrivait une longue lettre à Madame Adélaïde pour se plaindre. (Mémoires de M. Dupin, t. III, p. 256 et suiv.)
239: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
240: 16 mars 1837. Journal inédit de M. de Viel-Castel.
241: On sait aujourd'hui à quoi s'en tenir sur la légende, autrefois si généralement acceptée, du Louis-Philippe avare et thésauriseur. Les hommes du parti républicain qui avaient le plus contribué à la répandre en ont fait eux-mêmes éclatante, quoique tardive justice, en ordonnant, après 1848, la liquidation et l'examen publics des comptes de la liste civile et du domaine privé. Il en est résulté, en effet, que l'administration du Roi, bien loin d'avoir été parcimonieuse, avait été au contraire largement et généreusement dépensière. Il fut établi notamment que les revenus des châteaux, terres, forêts du domaine de la Couronne avaient été, pendant la durée du règne, inférieurs de plus de 55 millions aux dépenses de conservation, d'entretien et d'amélioration faites par Louis-Philippe, et que ces 55 millions avaient été payés sur la dotation pourtant si réduite de sa liste civile. Aussi le liquidateur général, nommé par le gouvernement provisoire de 1848, disait-il dans son rapport: «Louis-Philippe jouissait de sa liste civile en prince éclairé, protecteur des arts, propice aux classes ouvrières, bienfaisant pour les malheureux. La nation avait voulu que, sur le trône, il fût grand, digne et généreux; il fit ce que la nation attendait de lui, peut-être même un peu plus encore et un peu mieux... Il faut donc repousser le reproche de parcimonie qui lui fut adressé; il faut regretter ces accusations injustes qui furent élevées contre lui, et que dément aujourd'hui, que démentira dans la postérité le souvenir de ses actes et de ses œuvres, dont quelques-unes seront debout longtemps encore.»
242: Lettre sur la liste civile et l'apanage.
243: 2 avril 1837. Journal inédit de M. de Viel-Castel.
244: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
245: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
246: Expressions de M. Guizot dans ses Mémoires.
247: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
248: C'était surtout autour de M. Thiers et parmi les doctrinaires que ces ressentiments se manifestaient. (Documents inédits.)
249: Documents inédits.
250: 11 avril 1837. Documents inédits.
251: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 172, 174.
252: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
253: Lorsque M. Dupin, qui, par haine des doctrinaires, s'employait à faire réussir la combinaison Molé, vint plaider, auprès du Roi, l'abandon de la loi d'apanage, il se heurta tout d'abord à une vive résistance. Louis-Philippe lui dit ne pas attacher d'importance à ce que sa famille eût plus ou moins de biens et de revenus, mais tenir, comme père et comme souverain, au principe que l'État devait doter et apanager ses enfants. Il permit toutefois à M. Dupin de voir le duc de Nemours; celui-ci, avec la promptitude fière de son désintéressement, déclara aussitôt que personnellement il «désirait» le retrait de la loi. Alors seulement le Roi céda. (Mémoires de M. Dupin, t. III, p. 279 à 281.)
254: C'est M. de Sainte-Aulaire qui a parlé, à ce propos, de «ces princes de la tribune, de ces grands vassaux du gouvernement représentatif, qui se croient un droit acquis à diriger les affaires du pays et s'indignent qu'on ose contester leur légitimité». (Mémoires inédits.)
255: Notes inédites de Duvergier de Hauranne.
256: C'est dans ce sens que M. de Metternich écrivait alors à M. de Sainte-Aulaire: «Je suis à la lettre au bout de mon latin, et, s'il m'en reste un souvenir, il me conduit à la supposition que le Roi pourrait bien ne pas être fâché de voir les notabilités fournir à la France la preuve qu'elles ne savent pas se former en un corps suffisamment compacte pour représenter un cabinet, et bien moins encore pour en être un. Le Roi finira par nommer son monde.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 197.)
257: Le Journal de Paris, doctrinaire, racontait, à propos du nouveau cabinet, l'apologue suivant: «On sait qu'en 1814, les officiers éprouvés et vieillis dans les camps furent remplacés par des jeunes gens fraîchement sortis du collége et qui portaient leurs épaulettes pour la première fois. «Que pensez-vous de vos nouveaux officiers? demandait-on à un vieux soldat.—Ils sont bien gentils, et nous en sommes contents.—Oui, mais s'il y avait la guerre?—S'il y avait la guerre!... Oh! alors on nous rendrait les anciens.»
258: Quelques jours après, au cours de la discussion, M. Duvergier de Hauranne résumait ainsi les sentiments de la commission: «Elle est loin de penser que la politique du 13 mars ait fait son temps, et qu'il convienne de la remplacer par une autre politique qui tourne les difficultés au lieu de les aborder de front; elle pense que le moment n'est pas venu de traiter les lois de sûreté comme de vieilles armes qu'on met en magasin pendant la paix et que l'on conserve à condition de ne pas s'en servir; elle est profondément convaincue que la conciliation désirée par tout le monde doit être le résultat de la fermeté, et non de la faiblesse; de la persévérance, et non de la mobilité; d'une conduite droite et franche, et non d'une conduite équivoque et tortueuse.»
259: «M. Guizot, écrit un membre de cette majorité, venait d'expliquer et d'idéaliser tout son passé, tout son présent, le nôtre en même temps.» (Notes inédites de Duvergier de Hauranne.)
260: On criait ironiquement au ministère, dans les journaux: «Les coups se portent par-dessus votre tête; pour les éviter, baissez-la.»
261: La première fois qu'il prit la parole dans ce débat, M. Molé s'excusa en disant qu'il sortait de son lit.
262: Plus tard, quand sera fixé le système de construction et d'exploitation de nos chemins de fer, nous reviendrons, avec quelques détails, sur les tâtonnements du début.
263: Documents inédits.
264: L'année précédente, quand il avait fallu négocier le voyage des princes français à Berlin, les premiers pourparlers avaient été échangés par l'entremise du prince de Wittgenstein et à l'insu du premier ministre, M. Ancillon. Celui-ci ne fut mis au courant que quand toutes les difficultés étaient levées. Il vint alors donner connaissance à M. Bresson de l'invitation adressée par le roi de Prusse aux fils de Louis-Philippe, se félicitant avec quelque solennité d'être le premier à lui annoncer une aussi agréable nouvelle: notre ambassadeur était alors assis à une table de whist, en face du prince de Wittgenstein; celui-ci comprima à grand'peine un accès de fou rire, et les cartes faillirent lui échapper des mains.
265: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 195.—M. de Barante écrivait, peu après, à M. Bresson: «Vous seul, dans notre sphère diplomatique, avez été appelé à la bonne fortune de faire plus et mieux que regarder et juger.» (Documents inédits.)
266: Voir des extraits de cet écrit aux Pièces justificatives de l'Histoire de la politique extérieure du gouvernement français, 1830-1848, par M. d'Haussonville, t. I, p. 256 et suiv.
267: «L'exaspération de l'Empereur continue à être portée à un haut degré. Le langage qu'il tient dans son intérieur est étrangement passionné.» (Dépêche de M. de Barante à M. Molé, 11 avril 1837.)
268: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. de Barante, 9 mai 1837; Dépêche de M. Molé au même, 16 mai et 21 juin 1837. (Documents inédits.)
269: Voir le charmant volume intitulé: Madame la duchesse d'Orléans.
270: «Si intelligente qu'elle fût, dit son biographe, elle sentait plus qu'elle ne savait... Elle soutenait toujours la cause qui plaisait le plus à l'imagination, et l'on avait honte de lui parler sagesse, raison, quand de son côté était le point de vue le plus généreux, le plus fier, le plus libéral. Les événements contraires, ce qu'on nomme leçons de l'expérience, n'agissaient pas beaucoup sur elle.» (La Duchesse d'Orléans.)
271: Le prince de Metternich écrivait à son ambassadeur de Paris que «ce mariage avec une princesse d'une petite, mais bonne maison, n'avait aucune portée politique». (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 195.)
272: Lettre du 8 mai 1837, publiée dans la Revue rétrospective.
273: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. I, p. 678.
274: Vie du cardinal Mathieu, par Mgr Besson, t. I, p. 222.
275: Discours du 19 mai 1837.
276: Lettre du 22 mai 1837. (Documents inédits.)
277: La Duchesse d'Orléans.
278: Documents inédits.—Le charme qui séduisait alors les populations libérales de France s'était exercé peu de temps auparavant sur la duchesse d'Angoulême. Les deux princesses s'étaient rencontrées à Tœplitz. Plus tard, quand des Français venaient à Prague visiter Madame la Dauphine, elle les interrogeait, la première, sur la jeune duchesse d'Orléans dont ils avaient cru devoir éviter de prononcer le nom: «Est-elle heureuse? leur demandait-elle avec intérêt; je le désire, car je la connais, et je sais combien elle mérite de l'être.» (La Duchesse d'Orléans.)
279: La Duchesse d'Orléans.
280: Lettre de M. de Saint-Priest à M. de Barante. (Documents inédits.)
281: Lettre à M. de Barante, du 12 août 1837. (Documents inédits.)
282: Une année plus tard, la princesse, recueillant ses souvenirs, rappelait «ces mariages successifs sans recueillement, qui lui avaient fait du mal par l'esprit qui y régnait et qui cependant avaient fixé son bonheur». (La Duchesse d'Orléans.)
283: Lettre de M. de Saint-Priest à M. de Barante, du 9 juin 1837. (Documents inédits.)
284: Le Roi ne se bornait pas à restaurer le palais de Versailles, il voulait qu'une reproduction par la gravure fût comme le procès-verbal indestructible des travaux qu'il accomplissait. «Hâtez-vous», disait-il à M. Gavard, ancien officier d'état-major, auquel il avait confié la publication des Galeries historiques de Versailles, «le château et ses trésors peuvent disparaître un jour de révolution, mais vos volumes subsisteront et témoigneront de ce que j'ai fait pour conserver, en la transformant, l'ancienne demeure de Louis XIV». Le Roi avait bien placé sa confiance; l'ouvrage, dont l'exécution ne coûta pas moins de 1,800,000 fr., fut terminé, après la chute du trône, par l'éditeur, resté seul sur la brèche.
285: Lettre à M. de Barante du 27 juin 1837. (Documents inédits.)
286: Mémoires de M. Dupin, t. II, p. 297.
287: Au scrutin sur l'ensemble de la loi de finances, le 30 juin, sur 461 députés, il n'y eut que 242 votants.
288: Lettre à M. de Barante. (Documents inédits.)
289: Lettre du 12 août 1837. (Documents inédits.)
290: Lettre du 24 juin 1837. (Documents inédits.)
291: Lettre à M. Bresson. (Documents inédits.)
292: Lettre de M. de Barante à M. Molé, du 8 juillet 1837. (Documents inédits.)
293: Lettre de M. de Saint-Priest à M. de Barante, du 9 juin 1837. (Documents inédits.)
294: Lettre à M. de Barante. (Documents inédits.)—M. Molé aimait à revenir, dans ses lettres, sur l'état satisfaisant où il se flattait d'avoir amené le pays. Il écrivait, le 9 août: «Le mot: On n'a jamais été si bien depuis sept ans, est dans toutes les bouches»; le 20 août: «Notre position à l'intérieur est excellente, admirable, ce qu'elle n'a jamais été pour personne depuis sept ans»; le 5 octobre: «Depuis longues années, j'ose le dire, jamais la France n'a été si prospère.» (Documents inédits; Revue rétrospective, p. 500; Mémoires de M. Dupin, t. III, p. 525.)
295: Lettre à M. de Barante, du 16 novembre 1837. (Documents inédits.)
296: Correspondance du Roi avec M. Molé. (Documents inédits.)
297: Voir, pour le détail des événements, le récit d'ensemble que nous donnerons plus tard des affaires d'Algérie.
298: Documents inédits.—Cf. aussi diverses lettres de M. Molé au Roi, de juillet et août 1837, publiées dans la Revue rétrospective, p. 500 à 502.
299: Dans un article reproduit par le Moniteur, le journal la Charte de 1830 s'exprimait ainsi: «Il faut que les nuances diverses de la majorité prennent une origine nouvelle, où chacun puisse se dégager des antécédents qui gênent sa conscience; après un renouvellement électoral, toutes les positions parlementaires, affranchies de tout engagement de personne et de toute direction systématique, se rétablissent avec netteté.»
300: «Il y avait quelque chose à finir, quelque chose à commencer... Le cabinet du 13 avril recevait, des circonstances et du Roi, la mission de clore la première septennalité de la monarchie de 1830, septennalité de luttes, d'efforts et de sacrifice, et d'opérer, après cette longue résistance, toujours constitutionnelle et légale, une transition naturelle vers un système de douceur, de clémence et de générosité.» (Presse, 5 octobre 1837.)
301: «Au lieu du rappel des lois de septembre, contentez-vous de l'oubli de ce qu'elles ont de mauvais. Vous avez la chose, ne disputez pas sur les mots.» (Temps, septembre 1837.)
302: Une feuille ministérielle, la Presse, donnait, au lendemain du scrutin, la statistique suivante:
| 1834 | 1837 | 1834 | 1837 | |||
| — | — | — | — | |||
| Radicaux | 19 | 19 | Centre ministériel | 163 | 163 | |
| Gauche dynastique | 62 | 56 | Centre droit et doctrinaires | 83 | 64 | |
| Centre gauche | 114 | 142 | Légitimistes | 18 | 15 | |
303: 8 décembre 1837.
304: En mai 1838, après un procès où les accusés se livrèrent aux plus scandaleuses violences, Huber fut condamné à la déportation, ses complices à cinq et trois ans de détention. En prison, Steuble se coupa la gorge, et Laure Grouvelle devint folle.
305: Documents inédits.—M. Molé écrivait dans le même sens à M. Bresson.
306: Lettre à M. de Barante. (Documents inédits.)
307: 29 novembre 1837.
308: 28 décembre 1837.
309: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
310: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
311: L'Adresse fut discutée du 9 au 13 janvier.
312: Lettre de M. de Barante à M. Bresson, datée de Paris, le 31 janvier 1838. (Documents inédits.)
313: Journal inédit de M. le baron de Viel-Castel, février 1838.
314: Ibid., 12 janvier 1838.
315: Notice sur M. Duchâtel.
316: Sur les premiers rapports de M. Thiers et de M. de Rémusat, cf. mon étude sur le Parti libéral sous la Restauration, p. 251 et 252.
317: Sur tous ces faits et ceux qui suivront, j'ai trouvé beaucoup de renseignements dans les notes inédites de M. Duvergier de Hauranne, qui a été témoin et acteur de ces événements.
318: On se rappelle quelles furent, au lendemain de la révolution, les controverses sur le point de savoir si Louis-Philippe était appelé au trône parce que ou quoique Bourbon.
319: Lettre à M. Bresson, en date du 16 mars 1838. (Documents inédits.)—M. Guizot parlant de ce discours, dans ses Mémoires, dit qu'il ne «prit part au débat qu'avec froideur et embarras». Il ajoute: «On m'écoutait froidement, comme je parlais; mes anciens adversaires du côté gauche demandaient, en souriant, si je n'étais pas atteint d'affaiblissement et de décadence.» (T. IV, p. 282.)
320: Séances des 6 et 7 avril 1838.
321: Le ministère avait alors à son service le Journal des Débats, la Presse, la Charte de 1830, le Temps. Depuis peu, il avait en outre enlevé aux doctrinaires l'un de leurs organes, le Journal de Paris. En outre, M. Molé s'était assuré le concours personnel de certains rédacteurs des feuilles de gauche.
322: Journal inédit de M. de Viel-Castel, 18 mars 1838.
323: 16 mars 1838.
324: 15 mars 1838.
325: Journal inédit de M. de Viel-Castel, 18 mars 1838.
326: Lettre de M. Guizot au duc de Broglie, en date du 13 mai 1838. (Documents inédits.)
327: Les deux nominations de présidents de bureaux qui suivirent le vote des fonds secrets, le 17 mars et le 16 avril, donnèrent une forte majorité aux opposants. Sur 9 présidents, le 17 mars, il y en eut 5 du centre gauche, 3 doctrinaires et seulement 1 ministériel. Le 16 avril, il y eut 5 centre gauche, 2 doctrinaires et 2 ministériels.
328: Lettre de M. de Barante à M. Bresson, datée de Paris, le 7 février 1838. (Documents inédits.)
329: Votée le 5 février 1838 par la Chambre des pairs, le 24 avril par la Chambre des députés.
330: Votée le 14 février par la Chambre des pairs, le 13 avril par la Chambre des députés.
331: Votée le 5 avril par la Chambre des députés, le 14 mai par la Chambre des pairs.
332: Votée le 8 mars par la Chambre des députés, le 23 avril par la Chambre des pairs.
333: Journal inédit du baron de Viel-Castel.
334: Séance du 5 février 1838.
335: 15 février.
336: Le rapport fut déposé le 24 avril.
337: 7, 8, 9 et 10 mai.
338: Ainsi que j'ai eu déjà l'occasion de le dire, je reviendrai plus tard, avec détails, sur ces premiers tâtonnements dans la question des chemins de fer.
339: Du 17 au 20 avril et du 2 au 5 mai.
340: 20 au 26 juin.
341: Journal inédit de M. le baron de Viel-Castel, 6 mars 1838.
342: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
343: M. Molé lui-même faisait remarquer cette hostilité, avec une sorte de fierté triomphante. «Le fait est, écrivait-il à M. Bresson, le 27 mai 1838, que jamais un ministre dirigeant ne s'est trouvé aux prises avec tant de difficultés. J'avais, réunis contre moi, toutes les forces vives de la Chambre, tout ce qui parle et tout ce qui écrit.» (Documents inédits.)
344: «Je suis peu secondé; mes collègues ne prennent pas les affaires à cœur.» Lettre de M. Molé à M. de Barante, en date du 30 septembre 1838. (Documents inédits.)—Cette plainte se retrouve très-fréquemment dans sa correspondance.
345: M. Molé disait souvent, dans sa correspondance, qu'il ne dormait que cinq ou même trois heures par nuit. Il ajoutait, dans la lettre déjà citée plus haut: «Vous ne vous imaginez pas à quelle vie j'ai été condamné... Je ne puis m'empêcher de voir une volonté de la Providence dans la force de l'âme et du corps que j'ai eue pour la supporter.»
346: Cette action du duc d'Orléans était attaquée dans la presse de gauche. Le National fut même poursuivi, à cette époque, pour offense contre le prince, dont il avait violemment critiqué l'ingérence dans l'administration de la guerre.
347: Lettre de M. de Barante à M. Bresson, datée de Paris, le 16 mai 1838. (Documents inédits.)
348: Mémoires de M. Dupin, t. III, p. 311 à 315.
349: Documents inédits.
350: Lettre de M. Guizot au duc de Broglie. (Documents inédits.)
351: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
352: Le complot d'Huber, découvert en décembre 1837, n'avait reçu aucun commencement d'exécution.
353: Voici quelques extraits de ces publications: dans le numéro de décembre 1837: «Chacun de vous est sur un théâtre immense où il ne tient qu'à lui de jouer un grand rôle, ce théâtre où tant de Brutus et d'Alibaud ont déjà légué leur mémoire à tous les siècles du monde, en immolant ou cherchant à immoler la tyrannie.» Dans le numéro d'avril 1838: «Nous ne concevons rien de possible si l'on ne commence par tuer Louis-Philippe et les siens.» Dans le numéro de mai 1838: «Il n'y a qu'une seule ressource à employer, le régicide, le tyrannicide, l'assassinat, comme on voudra appeler cette action héroïque... Nous invitons, en conséquence, tous les républicains à ne prendre conseil que de leur courage et surtout de la prudence, et à courir sus, sans perdre un seul moment, contre Louis-Philippe et ceux de sa race.» En août 1838: «Guerre à mort entre vous qui jouissez d'une insolente oisiveté et nous qui souffrons depuis longtemps... Le temps approche où le peuple exigera, les armes à la main, que ses biens lui soient restitués.» C'est également peu de temps après l'amnistie qu'on répandit dans Paris une Ode au Roi, dont voici quelques vers:
Demain le régicide ira prendre sa place
Au Panthéon avec les dieux.
Oui, quel que soit l'élu pour le saint homicide,
..............
De vols, d'assassinats eût-il flétri sa vie,
Il redevient sans tache et vierge d'infamie,
Dès qu'il se lave au sang des rois.
..........
Louis-Philippe, tu mourras!
354: Il ne paraît pas que les Saisons aient jamais eu plus de six à huit cents adhérents.
355: Ces armements représentent la portion de beaucoup la plus considérable des accroissements de dépenses. Avant la révolution de Juillet, les dépenses de l'armée étaient calculées pour un effectif de 231,000 hommes et 46,000 chevaux. On dut le porter subitement à 434,000 hommes et 90,000 chevaux. Dans le budget présenté pour 1831, l'augmentation de dépenses de ce chef était évaluée à 115 millions, plus 65 millions pour approvisionnements: le budget de la guerre se trouvait ainsi porté de 187 millions à 373. Dans le budget de 1832, la dépense était calculée pour 412,000 hommes; inférieure d'environ 70 millions au chiffre de 1831, elle dépassait de plus de 100 millions le chiffre d'avant la révolution. Encore fallut-il y ajouter, en fin d'exercice, les frais de l'expédition d'Anvers, et y eut-il, pour le seul ministère de la guerre, plus de 34 millions de crédits supplémentaires. À partir de cette époque, les armements extraordinaires disparurent peu à peu, et les dépenses revinrent à un chiffre normal.
356: On distribua ainsi à la garde nationale, en 1830 et 1831, 860,000 fusils, 210,000 sabres, 600 canons avec affûts et caissons, 95,000 coups de canon, 1,700,000 cartouches, 225,000 kilogrammes de poudre.
357: Cette évaluation est celle d'un financier très-compétent et très-exact, M. d'Audiffret, ancien haut fonctionnaire du ministère des finances et pair de France. Voici comment il décompose cette somme: centimes additionnels en 1831, 46 millions; vente de bois, 114 millions; emprunts en capital, 545 millions; le reste provenait des réserves antérieures ou de la dette flottante. Il arrive à un total de 900,567,378 francs. (Cf. d'Audiffret, Système financier de la France.)
358: Il est vrai que les avantages de délais et d'intérêts accordés à l'adjudicataire, M. de Rothschild, réduisaient le taux nominal de 98 fr. à 93 fr.
359: Déjà nous avons eu occasion de citer quelques-uns de ces chiffres. Rappelons-les en les complétant. Voici le chiffre des dépenses de chaque année tel qu'il résulte des lois des comptes:
| 1829, | 1014 | millions | 1832, | 1174 | millions | 1835, | 1047 | millions | ||
| 1830, | 1095 | — | 1833, | 1134 | — | 1836, | 1065 | — | ||
| 1831, | 1219 | — | 1834, | 1063 | — | 1837, | 1078 | — |
En 1838 et 1839, on s'élève à 1136 et 1179 millions, mais c'est à cause des travaux publics que les excédants mêmes des budgets permettent d'entreprendre.
360: Spécialité des crédits législatifs appliquée à chaque chapitre du budget; suppression de la faculté de virement; restrictions apportées aux crédits supplémentaires, ce qui, du reste, ne les empêcha pas de se développer; obligation d'indiquer, dans toute demande de crédit extrabudgétaire, les ressources spéciales avec lesquelles il y sera fait face; publicité du rapport annuel de la Cour des comptes, etc. Enfin le régime des douzièmes provisoires, auquel on n'avait pu échapper dans les premiers exercices, prenait fin en 1833.
361: M. d'Audiffret proclamait ce résultat, le 20 juin 1838, à la Chambre des pairs.
362: C'était surtout à cause de l'Algérie. Le contingent annuel des jeunes soldats appelés sous les drapeaux devait être augmenté de 20,000 hommes à partir de 1839.
363: Depuis 1830, ce budget s'était élevé de 4 à 13 millions.
364: Sans doute, à voir le règlement de chaque budget, de 1830 à 1837, tous, sauf deux,—ceux de 1830 et de 1832, où ressortent des déficits de 63 et de 25 millions,—se soldent en excédants. Voici les chiffres de ces excédants: 1831, 86 millions; 1833, 28 millions; 1834, 3 millions; 1835, 24 millions; 1836, 30 millions; 1837, 12 millions. Seulement, on n'était arrivé à ce résultat qu'au moyen des 900 millions de ressources extraordinaires. À partir de 1838, le budget s'équilibre sans aucun emprunt à des ressources de ce genre.
365: En 1833, M. Thiers avait déjà fait voter un ensemble de travaux publics s'élevant à 93 millions; mais il n'y avait fait face qu'au moyen de ressources extraordinaires.
366: Disons, pour être absolument exact, que ce résultat ne fut complétement atteint que l'année suivante, en 1839.
367: Le 3 pour 100 allait atteindre en 1840 86 fr. 65: ce fut le taux le plus élevé du règne.
368: De 1831 à 1836, les importations générales étaient montées de 512,825,551 fr. à 905,575,359 fr.; les exportations générales, de 618,169,911 fr. à 961,284,756 fr.
369: De 1831 à 1836, la navigation à l'entrée s'était élevée de 794,410 tonneaux à 1,374,321; la navigation à la sortie, de 689,234 tonneaux à 997,090.
370: La Presse disait, le 14 mai 1838: «Partout, dans les familles, dans les manufactures, dans les ateliers, on cherche à se rendre compte des anomalies que présentent l'ordre public et les embarras parlementaires, le repos du pays et l'agitation de quelques personnes, la prospérité générale et ces alarmes factices.»
371: Documents inédits.
372: Documents inédits.—Dans cette lettre, M. Royer-Collard commençait par féliciter le président du conseil. «Comptez, lui disait-il, ces deux années, sinon comme les plus heureuses, du moins comme les meilleures de votre vie; vous y avez atteint le but, le seul but d'une légitime ambition: une considération unanime, avec l'estime des connaisseurs.»
373: Documents inédits.
374: Lettre de M. de Barante à M. Bresson, du 16 mars 1838. (Documents inédits.)
375: En 1840, notamment, M. Duvergier de Hauranne refusera à M. Thiers d'entrer dans le cabinet du 1er mars, et proposera à sa place M. le comte Jaubert, son beau-frère.
376: Lettre à M. Piscatory, du 3 juillet 1860. (Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, p. 368.)
377: «Louis-Philippe n'avait pas compris le sens véritable de la révolution de Juillet. Il blâmait Charles X, non d'avoir voulu gouverner, mais d'avoir méconnu et heurté de front les opinions, les sentiments, les préjugés même de la France, et surtout d'avoir eu recours à la violence là où l'habileté suffisait.» (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)
378: Ainsi en a-t-il été même sous la reine Victoria. Cette révélation ressort avec éclat, comme nous avons déjà eu l'occasion de le noter (cf. plus haut, t. II, p. 398), de l'ouvrage considérable que la Reine a fait écrire sur le prince Albert, par M. Théodore Martin. D'ailleurs, toutes les formules officielles de l'Angleterre ne semblent-elles pas la contradiction de la maxime: «Le roi règne et ne gouverne pas»? Ne dit-on pas: «la Reine qui nous gouverne (the Queen our governor), vaisseaux de la Reine, troupes de la Reine, service de la Reine, etc.»?
379: Carrel disait, à ce propos, dans le National, quelques années après 1830: «Ceux qui proclament cet axiome: Le roi règne et ne gouverne pas, ne croyaient pas, comme ils l'ont raconté depuis, qu'un roi pût régner sans gouverner, et nous ne le croyons pas non plus aujourd'hui; mais tout était bon pour renverser les Bourbons, imposés par l'étranger, du moment que la France révolutionnaire se sentait plus forte qu'eux et pouvait secouer leur joug.» (27 mars 1833.)
380: Sous le ministère du 11 octobre, les adversaires de M. Thiers prétendaient qu'il avait gagné la faveur de Louis-Philippe, en déclarant, à la tribune, «que toute la pensée gouvernementale résidait dans la tête du Roi, et que rien ne s'était fait que par cette pensée, depuis l'établissement de la monarchie».
381: Discours du 24 mars 1840.—Cette «fausse monnaie» avait cours partout, notamment parmi les jurés. Au commencement de 1837, le Courrier français et le Siècle avaient été déférés au jury, pour avoir fait remonter au Roi la responsabilité des actes de son gouvernement. Les avocats des deux journaux, Me Philippe Dupin et Me Odilon Barrot, soutinrent, pour justifier leurs clients, que le Roi avait eu le tort de gouverner. Le jury leur donna raison, en prononçant deux verdicts d'acquittement. (7 janvier et 10 février 1837.)
382: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
383: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
384: En février 1837, le Journal des Débats qualifiait de «politique révolutionnaire» la conduite que M. Fonfrède conseillait à la royauté.
385: Cf. plus haut, p. 122 et suiv.
386: Lettres de M. de Metternich au comte Apponyi, du 17 février 1837 et du 21 février 1838. Lettre du même à M. de Sainte-Aulaire, en date du 21 février 1838. (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 196, 271, 272.)—Le chancelier s'en prenait même aux légitimistes français de ce que Louis-Philippe hésitait encore. Le 25 juillet 1837, après avoir rappelé qu'il avait trouvé le roi de Prusse très-chaud pour don Carlos, il ajoutait: «Dites aussi à Alcudia que j'ai des nouvelles de Paris, qui me prouvent que tout irait à souhait sans les légitimistes français qui prennent à tâche de tout gâter, dans le but de créer des embarras à Louis-Philippe et de marier la Restauration en France avec le succès définitif de don Carlos. S'il y a moyen de gâter les affaires de celui-ci, c'est aux légitimistes français que le malheur sera dû. Ces braves gens sont tellement légers, et ils manquent si complétement de toute saine pratique, que l'abîme dans lequel ils sont tombés ne doit surprendre personne. L'événement prouve de nouveau que les amis sont ordinairement plus dangereux que les adversaires.» (Ibid., p. 211.)
387: M. de Barante notait et expliquait ainsi cette méprise des cabinets du continent: «J'ai pu observer constamment cette impossibilité d'entrer dans une opinion moyenne et de se mettre dans le vrai sur notre situation. Tantôt, c'est une conviction que nous sommes en voie de révolution, que nous nous laissons, par principe, par aveuglement ou par faiblesse, entraîner aux désordres de la république et de l'anarchie; tantôt, lorsque quelques actes de raison et de force ont manifesté la sagesse du Roi, le bon esprit du pays, l'énergie des ministres, les politiques du pouvoir absolu s'imaginent qu'enfin nous sommes des leurs, que nous revenons dans la bonne route et que nous allons, en commun et par les mêmes procédés, marcher au même but. De là, mécompte, étonnement, blâme de notre politique qu'on taxe d'inconséquence, de mobilité, ou qu'on déclare ne pouvoir comprendre.» (Dépêche de M. de Barante, en date du 15 octobre 1836. Documents inédits.)
388: Lettre du 8 décembre 1836. (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 161.)
389: «Il faut au gouvernement français des conseils, je ne les lui épargne pas; mais ce qui manque, c'est l'organe pour les suivre.» (Lettre de Metternich à Apponyi, du 14 octobre 1837. Mémoires de Metternich, t. VI, p. 199.)—«Aussi souvent que je signe une expédition comme celle de ce jour, je suis à me demander si je n'abuse pas des moments du Roi. Comme ma conscience m'absout, ne fût-ce que grâce à l'intention qui me guide, je me refuse à écouter mes scrupules.» (Lettre du 26 janvier 1837. Ibid., p. 191.)
390: «Ce que Sa Majesté vous a confié au sujet de la gêne qu'Elle éprouve dans l'adoption de mesures légales pour arrêter, en France, le mal le plus flagrant, me cause un chagrin profond, mais ne me surprend pas.» (Lettre du 28 janvier 1837. Ibid., p. 193.)
391: «Ce sentiment ne m'empêche pas de me livrer à de lourds travaux, et mon expédition de ce jour en renferme une preuve nouvelle.» (Lettre du 7 février 1837. Ibid., p. 194.)
392: «Le Roi vous ayant fait l'honneur de vous parler de l'attitude de Mgr le duc l'Orléans, je crois pouvoir supplier Sa Majesté de vouer tous ses efforts au soin de faire entrer Son Altesse Royale au conseil. Ce n'est pas là que les héritiers présomptifs du trône courent le risque de se compromettre: c'est dans les Chambres, ou quand ils se trouvent en pleine liberté d'appréciation. Circonscrire cette liberté, c'est rendre aux princes et à l'État qui vit du présent et de l'avenir, un service certain. Si les premiers restent exclus de la connaissance des affaires, ils deviennent, pour le moins, des critiques fort dangereux et la pâture des intrigants.» (Lettre du 28 janvier 1837. Ibid., p. 193, 194.)
393: M. de Metternich écrit, le 3 janvier 1838, au comte Apponyi, au sujet de M. de Sainte-Aulaire: «Il est, jusqu'à un certain point, dans le secret de mes rapports avec le roi Louis-Philippe, et il les regarde, aujourd'hui, comme un bienfait pour la France.»
394: Lettre du 26 janvier 1837. (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 189, 190.)
395: Documents inédits.
396: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 195; cf. aussi p. 276 à 279.
397: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Molé, du 11 septembre 1837. (Documents inédits.)
398: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 195, 276.
399: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Molé, du 9 septembre 1838.—Seulement notre spirituel ambassadeur, quelques semaines plus tard, après avoir transmis à M. Molé de nouveaux compliments de M. de Metternich, ajoutait: «Je vous garantis les paroles; mais quant aux sentiments, je vous prie de croire encore un peu plus à la sincérité de ceux que je vous porte.» Lettre du 22 décembre 1838. (Documents inédits.)
400: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 161, 162, 185.
401: Ibid., p. 347.
402: Documents inédits.
403: Ibid.
404: Lettre de M. de Barante à M. Bresson. (Ibid.)
405: Lettre du même à M. Molé, 30 décembre 1837. (Ibid.)
406: Dépêche de M. Molé à M. de Barante, du 17 novembre 1837, et lettre de M. Bresson à M. Molé, du 31 décembre 1837. (Documents inédits.)
407: Le Roi disait: «Toujours intimement uni avec le roi de la Grande-Bretagne, je continue à faire exécuter le traité de la Quadruple-Alliance...»
408: Le roi de la Grande-Bretagne se contentait de dire qu'il «continuait à recevoir de toutes les puissances étrangères les assurances les plus positives de leurs dispositions amicales...» L'année précédente, après une déclaration à peu près identique, il avait ajouté: «L'union intime qui existe entre ce pays et la France est une garantie pour l'Europe du maintien de la paix générale.»
409: Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 214, 215.
410: Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 213.
411: Dépêche de M. Molé à M. de Barante, du 17 novembre 1837. (Documents inédits.)
412: Le roi Léopold de Belgique écrivait à M. Molé, le 8 décembre 1837, au sujet de ces préventions de l'Angleterre: «Vous vous souviendrez que l'opinion a été assez généralement répandue, et surtout par les soins des diplomates du Nord, que le Roi ne serait pas fâché de voir réussir don Carlos. Vous comprendrez combien il est difficile de défendre la politique toute neutre qu'on désire conserver vis-à-vis de l'Espagne, quand on rencontre alors l'idée que, dans cette extrême modération, il pourrait bien y avoir un peu de faveur pour don Carlos.» (Ibid.)
413: «Le général Pozzo, écrivait M. Molé au Roi, le 15 août 1837, m'a confirmé, ce que je savais déjà, le mauvais vouloir de lord Palmerston pour moi personnellement. Tout le ministère anglais appelle M. Thiers de ses vœux.» (Revue rétrospective.)
414: Lord Palmerston écrivait, le 3 novembre 1837, à son ambassadeur à Paris, lord Granville: «Sébastiani (alors ambassadeur de France à Londres) m'a demandé comment allaient les choses entre vous et Molé. Bien et mal, lui ai-je dit. J'ajoutai qu'on ne peut rien imaginer de plus cordial que la façon dont il vous reçoit, dont il vous parle, toujours avec la plus grande ouverture et la plus grande confiance, du temps, des élections françaises, de ce qui se passe dans les Chambres et ainsi de suite; mais que, toutes les fois que vous portez la conversation sur les questions européennes où l'Angleterre et la France ont un intérêt commun, et où il y a à faire une chose ou l'autre, Molé se renferme aussitôt dans sa froide réserve, n'a pas d'opinion, n'est pas suffisamment informé des faits, veut réfléchir sur la matière, et en somme s'échappe sans donner aucune réponse.» (Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 215.)
415: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 362.
416: Lettre à Apponyi, du 2 janvier 1837. (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 186, 187.)
417: Dépêche du comte Sambuy, datée de Vienne, le 5 novembre 1838. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 288.)
418: 14 mars 1837.
419: Lettre à M. de Barante, en date du 14 mars 1837. (Documents inédits.)
420: Documents inédits.
421: Lettre de la duchesse de Broglie à M. de Barante, 17 juillet 1838. (Documents inédits.)
422: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Molé, du 27 novembre 1836. (Documents inédits.)
423: Lettre du 2 mai 1837. (Ibid.)
424: Louis-Philippe disait à M. de Werther, ambassadeur de Prusse: «Tant que j'aurai Molé, vous pouvez dormir tranquille.» (Dépêche d'Arnim, Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 288.)
425: «M. Thiers m'écrivait une fois: Ce n'est pas un cardinal de Richelieu qu'il nous faut, mais un cardinal Fleury.—Cela est encore plus vrai aujourd'hui qu'il y a trois ans. Cette ligne de conduite est non pas seulement nécessaire, mais habile. Si nous avons quelque chose à gagner, si nous voulons faire naître des occasions favorables et en profiter, c'est en évitant la jactance ambitieuse et les grands airs de Louis XIV et de Napoléon.» (Lettre de M. de Barante à sa famille. Documents inédits.)
426: 11 juillet 1838.
427: Cf. lettres du 7 et du 9 novembre 1836. (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 158, 159.)
428: Ibid., p. 282.—À ce conseil raisonnable, mais non désintéressé, M. de Metternich joignait de curieuses observations sur l'espèce de complicité inconsciente du gouvernement de 1830 dans la propagande bonapartiste. «Prenez-y garde, disait-il à M. de Sainte-Aulaire en parlant du prince Louis, ce jeune fou acquiert de l'importance par le tort qu'on a chez vous de caresser et d'exalter outre mesure tout ce qui se rattache à l'empereur Napoléon. On finira par faire croire à l'avenir d'une dynastie napoléonienne.» (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)—Le chancelier revenait souvent sur cette idée. (Cf. Mémoires de Metternich, t. VI, p. 280, 281, 283.)
429: Les bonapartistes avaient cependant tenté d'exploiter à leur profit la haine passionnée du Czar contre la monarchie de Juillet. Le jeune Jérôme Napoléon, fils de l'ex-roi de Westphalie, allié par sa mère à l'empereur de Russie, était allé trouver celui-ci à Friederichshafen et avait sollicité, pour son cousin, la faveur d'une audience. Le Czar la refusa sans compliments, et il ajouta que, «loin de porter aucun intérêt à cet insensé, il appuierait de tous ses moyens les rigueurs demandées contre lui».
430: L'ex-roi Louis vivait encore et était retiré à Florence. Il désirait vivement ne pas avoir la garde de son fils, et celui-ci ne songeait pas du reste à se rapprocher de son père. On peut juger de leurs rapports, par cette lettre que l'ancien roi de Hollande écrivait alors à son fils, par l'entremise de M. de Metternich: «Mon fils, lorsque je croyais avoir raccommodé vos affaires ou, pour mieux dire, réparé autant que possible vos graves torts, je vois que vous parlez de vous retirer en Angleterre. Cela me désole..... Vous ne pouvez ignorer que vous y serez le but et le jouet de tous les intrigants et de toutes les intrigues. Comment ne voyez-vous pas que vous êtes pris pour dupe et qu'on ne se sert de vous que comme d'un mannequin? Si vous voulez vivre tranquille, vous n'avez que l'Autriche..... Vous me dites que vous ne pourriez pas me rejoindre; loin de le désirer,... je m'y opposerais de toutes mes forces..... Je ne suis pas en état de vous rien donner de mon vivant; à ma mort, vous ferez valoir vos droits. Du reste, je n'ai plus rien à vous dire, c'est fini pour toujours.» Puis, après avoir de nouveau insisté pour que son fils se retirât en Autriche, il terminait ainsi: «Adieu. Puissiez-vous éviter les piéges qui vous entourent et profiter du seul refuge qui vous reste, asile dont a profité votre frère, durant plusieurs années, et dont les Bourbons de la branche aînée profitent depuis longtemps! Et vous êtes assez juste, je pense, pour reconnaître que ceux-ci avaient bien autant de droits et d'avantages à revendiquer que vous croyez en avoir.» (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 289 à 291.)
431: Ibid., p. 286, 287.
432: Cette conversation eut lieu à Venise. M. de Sainte-Aulaire s'y trouvait avec la cour impériale qu'il venait d'accompagner à Milan, pour le couronnement de l'empereur Ferdinand, en qualité de roi d'Italie. (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
433: Cf. plus haut, t. I, p. 404 et suiv.
434: Louis-Philippe écrivait peu après, sur ce sujet, à M. Molé: «Même en supposant la guerre, Ancône ne pourrait acquérir d'importance qu'après la conquête du nord de l'Italie et des nombreuses places dont elle est hérissée. Jusqu'à l'accomplissement de ce grand œuvre, aujourd'hui d'une difficulté immense, Ancône ne serait qu'un fardeau. Fût-il en état de défense, un simple blocus amènerait promptement la reddition de la place, et, dans son état actuel, elle ne pourrait même pas être défendue.» (Lettre du 12 janvier 1839. Documents inédits.)
435: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 228 et suiv.
436: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
437: Ibid.
438: Lettre particulière de M. de Sainte-Aulaire à M. Molé, du 11 octobre 1838. (Documents inédits.)
439: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 231, 285, 286.
440: Dépêche du 14 mars 1836.
441: Documents inédits.
442: Dès le 26 février 1832, c'est-à-dire au lendemain de l'occupation d'Ancône et à la veille de la convention qui devait la ratifier, le général Sébastiani écrivait à l'ambassadeur français à Rome: «Nous ne saurions trop le répéter, nous ne voulons en aucune façon intervenir par la force dans le régime intérieur des États de l'Église... Nous ne cherchons, dans l'occupation d'Ancône, qu'une garantie politique exigée par la dignité de la France.» Un an plus tard, M. de Broglie, voulant expliquer une phrase quelque peu comminatoire, prononcée au sujet du retard apporté aux réformes du l'administration romaine, écrivait à notre ambassadeur: «Cette phrase s'applique uniquement aux éventualités de l'avenir et ne saurait être interprétée comme un retour sur notre promesse d'évacuer Ancône, lorsque les troupes autrichiennes quitteront les Légations. Cet engagement subsiste toujours, et notre intention est de l'exécuter fidèlement, dès que la condition à laquelle il est subordonné se trouvera simultanément accomplie.» À la même époque, M. de Broglie disait encore à la tribune: «On vous a dit: Mais que sont devenues les promesses faites aux Légations romaines? Cette question est indépendante de la prise de possession d'Ancône.»
443: Ce propos est rapporté par M. de Metternich, qui disait le tenir «de source certaine». (Mémoires, t. VI, p. 291.)
444: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
445: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 284.
446: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
447: Lettres de M. de Latour-Maubourg, ambassadeur à Rome, à M. Molé, en date du 28 octobre au 23 novembre 1838. (Documents inédits.)
448: Le démantèlement de la place d'Huningue, imposé par les traités de 1815, avait vivement froissé le sentiment national.
449: Cet acte était du 15 octobre 1831, et l'adhésion de la Belgique, du 15 novembre suivant.
450: Mémoires inédits du comte de Saint-Aulaire.—Cf. aussi la correspondance de M. de Sainte-Aulaire et de M. Bresson. (Documents inédits.)
451: Lettre de M. Molé à M. Bresson, du 27 mai 1838. (Documents inédits.)
452: Lettre de M. de Langsdorff, alors chargé d'affaires à Vienne, en l'absence de son beau-père, le comte de Sainte-Aulaire. (Documents inédits.)
453: Louis-Philippe écrivait à M. Molé le 12 janvier 1839, en lui communiquant certaines nouvelles de Bruxelles: «Vous n'y verrez que trop d'indices de cette disposition de dégoût du roi Léopold qu'il est bien plus important d'arrêter qu'on ne le pense en général, parce qu'on n'y croit point, et c'est une erreur d'autant plus fâcheuse que s'il plantait là son affaire, les embarras seraient incalculables, et la paix serait bien gravement compromise. Son parti révolutionnaire lui donne avec raison beaucoup d'inquiétude, et il n'y a que lui qui puisse le mater. C'est très-sérieux, et je vous dirai sur cela des choses que je ne puis dire qu'à vous. Il faut donc nous attacher à le relever et à lui redonner la confiance qu'il perd.» (Documents inédits.)
454: Cette publication a été faite par la Revue rétrospective.
455: M. de Sainte-Aulaire, après avoir parlé de la tentative faite pour obtenir une diminution de dette pour la Belgique, ajoutait: «Les gens qui ne se contenteront pas à ces conditions n'auront guère d'idée des choses possibles en Europe.» (Lettre du 28 octobre 1838. Documents inédits.)
456: Correspondance de M. Bresson avec M. Molé. (Documents inédits.)
457: Lettre de M. de Barante à M. Molé, du 22 décembre 1838. (Documents inédits.)
458: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Molé, du 9 septembre 1838. (Documents inédits.)
459: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
460: Lettre de M. Desages à M. Molé. (Documents inédits.)
461: Revue rétrospective.
462: Février 1838.
463: 28 novembre et 5 décembre 1838.
464: La conclusion définitive de ce traité fut retardée quelque temps par les chicanes des Mexicains: les signatures furent échangées à la Vera-Cruz, le 9 mars 1839.
465: 7 janvier 1839.
466: Lettre de M. Molé à M. Bresson, du 19 mars 1839. (Documents inédits.) Lettre de M. de Metternich au comte Apponyi, du 25 janvier 1839. (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 351 à 353.)
467: Cf. plus haut, p. 58.
468: M. de Sainte-Aulaire, qui avait dû lire cette dépêche à M. de Metternich, la qualifiait de «très-verte».
469: Sur toute cette affaire de Cracovie, dépêche de M. Molé à M. de Barante, du 27 novembre 1838; lettre du même au même, du 3 décembre 1838; lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Molé, du 17 décembre 1838; lettres du même à M. de Barante, de décembre 1838, janvier et février 1839. (Documents inédits.)
470: Expression de M. Guizot dans ses Mémoires.
471: Correspondance de MM. de Sainte-Aulaire, de Barante et Bresson. (Documents inédits.)
472: Mémoires de M. O. Barrot, t. I, p. 321.
473: M. de Viel-Castel écrivait, le 6 décembre 1838: «On est résolu à renverser le cabinet; mais, loin qu'on soit tombé d'accord du ministère qu'on substituerait à celui qui existe, on n'entrevoit même pas comment on pourrait y faire entrer les éléments divers de la coalition.» (Journal inédit.)—M. Duvergier de Hauranne dit, de son côté, dans ses Notes inédites: «Quant aux arrangements ministériels, en cas de succès, il n'en fut question qu'en passant.»
474: Documents inédits.
475: 26-29 décembre 1838.
476: J'ai suivi principalement, pour ce récit, les Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne, peu favorable sans doute à M. Dupin, mais témoin de tous les faits. Dans ses Mémoires (t. III, p. 354 à 370), M. Dupin essaye de justifier sa conduite, en rapportant qu'il aurait plusieurs fois, à la fin de 1838, engagé le Roi et M. Molé à fortifier le cabinet. Ce fait, fût-il exact, ne suffirait pas à expliquer comment M. Dupin, après s'être laissé, le 18 décembre, quand il croyait au succès du ministère, soutenir par lui pour l'élection à la présidence, l'avait subitement abandonné et attaqué, le 3 janvier, quand il supposait sa défaite certaine.
477: Journal des Débats des 5, 6 et 10 janvier 1839.
478: C'est le chiffre même avoué par M. Duvergier de Hauranne. Un an auparavant, il évaluait à cent vingt le nombre des conservateurs qu'eût pu détacher M. Guizot; mais, à mesure qu'était apparu le véritable caractère de la campagne, ce chiffre avait diminué.
479: M. Guizot avait été le collègue de MM. Molé, Barthe, Martin du Nord, le général Bernard, l'amiral Rosamel, ou devait être celui de MM. de Salvandy et Lacave-Laplagne. M. Thiers avait été le collègue de MM. de Montalivet et Barthe.
480: Il paraît que, pour cette riposte, M. Molé a eu des collaborateurs. Après le discours de M. Guizot, la séance se trouva suspendue de fait, pendant une quinzaine de minutes; on vit alors M. Royer-Collard s'approcher vivement du président du conseil: c'était pour lui signaler la véritable portée du passage de Tacite; il alla même chercher à la bibliothèque les œuvres de l'historien romain. On ajoutait, dans ce temps-là, que l'attention de M. Royer-Collard avait été tout d'abord attirée sur ce point par M. Saint-Marc Girardin, partisan très-décidé du ministère.
481: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
482: 8, 9 et 10 janvier.
483: Les hommes de la gauche constataient en effet tout ce que M. Guizot avait fait pour se rapprocher d'eux. M. Léon Faucher, alors rédacteur du Courrier français, écrivait à M. H. Reeve, le 12 janvier 1839: «Entre M. Guizot et M. Barrot, la distance s'efface chaque jour. D'un autre côté, le parti de la Cour va si loin dans ses haines pour ceux qui l'ont abandonné, que les députés ministériels disent quotidiennement à Barrot: «Nous vous aimons mieux pour ministre que M. Guizot.» (Léon Faucher, Biographie et Correspondance, t. I, p. 77.)
484: «Nous ne saurions dire, écrivait un rédacteur du Journal des Débats au sortir de cette séance, combien d'art, d'éloquence M. Guizot a employés aujourd'hui, pour échapper au sens de l'Adresse et à l'approbation de la gauche. La protection de M. Barrot pesait durement sur cette noble et courageuse tête, et la courbait malgré elle. Nous, cependant, nous éprouvions une sorte de joie mêlée de tristesse, en reconnaissant du moins, dans cette lutte désespérée, tout l'ancien talent de M. Guizot, je ne sais quels cris de la conscience révoltée qui protestaient contre les nécessités d'une position fausse et, quelquefois encore, le langage du ministre du 11 octobre jusque dans le langage du coalisé. Nous étions émus au son du cette voix que nous avions si souvent entendue s'élever pour défendre l'ordre, au spectacle de ce vieil athlète de la majorité, obligé maintenant de blesser tous les sentiments de cette majorité et fatigué sous ses cris et ses murmures.» (10 janvier 1839.)
485: Journal inédit de M. le baron de Viel-Castel.
486: Lettre du 12 janvier 1839. (Documents inédits.)
487: Louis-Philippe écrivait à M. Molé, le 11 janvier au soir: «Il me semble qu'aujourd'hui, j'étais encore plus en cause que jamais, et que les insinuations sur l'affaire belge étaient aussi directes qu'étonnantes pour quiconque sait la vérité.» Le 12 janvier au matin: «Je suis trop heureux, quand je peux vous témoigner combien j'apprécie le courage, le talent et le dévouement que vous déployez dans cette inconcevable lutte. J'espère plus que jamais qu'elle se terminera heureusement.» Quelques heures après: «Quelle journée celle-ci va être pour vous, puisque c'est Ancône qu'ils vont exploiter! Je crois bien que c'est là ce qu'ils attaqueront le plus vivement, quoique, dans mon opinion et même dans ma conviction, ce soit la plus claire et la plus forte de toutes les questions que vous avez à défendre.» Le 12 janvier au soir: «Je vois avec une bien vive satisfaction que vos succès vont toujours crescendo...» (Documents inédits.)
488: M. Guizot écrit en effet dans ses Mémoires: «Quelques-uns de nos reproches à la politique extérieure de M. Molé étaient, au fond, très-contestables et avaient été efficacement contestés dans le débat.» (T. IV, p. 292.)
489: 16 janvier.
490: «Quelque révolution qui se fasse, dit-il, quelque gouvernement qui s'établisse, de quelque antipathie qu'on soit animé, on abdique sa nationalité, si l'on ne conserve pas le même sentiment sur nos affaires avec l'étranger, la même jalousie des intérêts de la France, de sa dignité.» Et, par un mouvement singulièrement hardi, mais qui produit un immense effet, il s'écrie: «En tout temps et sous tous les régimes, je crois que je n'aurais pas eu un autre sentiment, et, pour me montrer à vous tel que Dieu m'a fait, si je disais ici toute ma pensée, je rappellerais une époque d'horreur, de crimes, une assemblée vouée, pour ses actes intérieurs, à l'exécration des gens de bien, dont le souvenir soulève encore tout cœur d'homme: eh bien! je la remercie d'avoir sauvé l'intégrité du territoire.»
491: 17 janvier.
492: Nous avons cité plus haut, p. 319, le texte de ce paragraphe.
493: Mémoires de M. Guizot, t. IV, p. 296.
494: 19 janvier.
495: C'est ce qui faisait écrire, quelques jours après, au vicomte de Launay (madame de Girardin): «Écoutez ces belles harangues de la Chambre, qui disent toutes à la Couronne, avec plus ou moins d'éloquence: Cachez-vous donc, on vous voit.»
496: Lettre du 12 janvier 1839 à M. H. Reeve. (Léon Faucher, Biographie et Correspondance, t. I, p. 77.)
497: L'incident est rapporté par M. Dupin. (Mémoires, t. III, p. 376, 377.) M. Dupin ne nomme pas l'interrupteur: mais il dit que c'était l'homme dont, en d'autres circonstances, on eût le moins attendu un tel écart.
498: Documents inédits.
499: Lettre du 19 janvier 1839. (Documents inédits.)
500: Cf. notamment les Mémoires de M. Guizot (t. IV, p. 288), et la Notice du M. Vitet sur M. Duchâtel.
501: Les majorités du ministère avaient été successivement de 7 voix, de 4, de 29, de 13, de 7, de 9, et, au vote sur l'ensemble, de 13 voix. Pans le seul vote où elle l'avait emporté, la coalition avait eu une majorité de 9 voix.
502: Lettre de M. Molé à M. de Barante, du 22 février 1839. (Documents inédits.)
503: Documents inédits.
504: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
505: M. Molé, expliquant, quelques semaines plus tard, le 24 février, à M. de Barante, sa conduite, lui écrivait: «Si M. Thiers était rendu nécessaire par la composition de la nouvelle Chambre, du moins il ne pourrait plus dissoudre, et se trouverait obligé de marcher en présence d'une minorité si forte qu'elle lui rendrait impossible de se livrer aux caprices et aux témérités de son esprit.» Il écrivait de même à M. Bresson, le 26 février: «La dissolution épuisait ce moyen pour trois ans au moins. Le nouveau ministère serait obligé de vivre avec une Chambre qui le contiendrait et au sein de laquelle, s'il voulait dévier de la politique suivie depuis 1830, la Couronne trouverait un point d'appui pour lui résister.» M. de Barante avait d'ailleurs écrit à M. Molé, le 18 février: «La dissolution était devenue infaillible, et la faire de préférence à Thiers était un devoir.» (Documents inédits.)
506: M. Molé disait, dans la lettre à M. de Barante, déjà citée plus haut: «Il fallait faire le vide et que le Roi appelât, sur ma démission remise, le seul homme qui pût essayer de former un cabinet, sans livrer la Couronne et le pays à ceux que nous avions vaincus.» (Documents inédits.)
507: Dans une lettre du 7 février 1839, le Roi raconte à M. Molé qu'il vient de voir le maréchal Soult, et il précise ainsi l'impression qu'il a gardée de l'entretien: «Cette impression est que si les élections sont favorables,—et il m'a paru croire qu'elles le seraient,—il sera prêt à entrer dans votre ministère... Au surplus, je n'ai rien offert...» (Documents inédits.)
508: M. Molé écrivait à M. de Barante, le 24 février 1839: «Si je n'étais très-décidé à ne pas me croire assez de valeur ou d'importance pour supposer que la Providence m'a donné une mission, je verrais le doigt de Dieu dans la force et la santé qu'il m'envoie... Je vous dirai la vie que j'ai menée, et les inventions de mes adversaires pour avoir raison de mon âme ou de mon corps.» (Documents inédits.)
509: Lettre du 24 février 1839. (Documents inédits.)
510: Lettre de M. L. Faucher à M. H. Reeve, du 12 février 1839. (L. Faucher, Biographie et Correspondance, t. 1, p. 79.)
511: Journal des Débats du 7 février 1839.
512: M. O. Barrot dit, dans ses Mémoires, que cette manœuvre dut surtout son succès à la présence des doctrinaires dans l'opposition: c'étaient eux dont les menaces pouvaient le plus faire réfléchir les fonctionnaires; or, ajoute M. Barrot, «ces menaces ne contribuèrent pas peu à notre victoire». (T. I, p. 333.)
513: Journal des Débats du 18 février 1839.
514: «La cour, dit le Courrier français, ce ne sont pas les courtisans. La cour, c'est un gouvernement organisé, un État dans l'État... La cour règne, la cour gouverne, la cour administre..... Nous n'avons pas détruit la monarchie absolue pour en voir renaître les abus sous un autre régime et avec un autre nom. La royauté paraissait d'abord si débile et si exposée que l'on craignait, en résistant à des tentatives peu constitutionnelles, de détruire la constitution. Maintenant, il se trouve que la prérogative est trop forte et que nous sommes trop faibles. Rétablissons l'équilibre par des élections sincères.» Lisez aussi cet article du Siècle: «Si nous ne savions à quel degré de folie la cour a été conduite par l'orgueil de ses prétentions, nous resterions confondus devant un article publié, ce matin, dans le Journal des Débats; mais nous connaissons depuis longtemps les secrètes faiblesses de la politique personnelle, le besoin qu'elle a de se proclamer, la satisfaction qu'elle éprouve à se mettre au-dessus des règles, à divulguer sa ténacité, son omnipotence, et, par là même, malheureusement, à détruire, autant qu'il est en elle, les fictions salutaires sur lesquelles repose l'inviolabilité de la Couronne.»
515: Voyez, par exemple, cet article du Courrier français: «On prétend que la résistance de l'opposition ne s'arrête pas au ministère: c'est une calomnie intéressée; si la Couronne se trouve compromise dans cette lutte, c'est le ministère, et le ministère seul, qui la compromet. Quand nous disons que le ministère découvre la royauté, qu'il tolère l'intervention personnelle du Roi et des princes dans les affaires, qu'il dénature, au profit de la prérogative, le caractère des institutions, nous n'accusons pas la Couronne, nous accusons le ministère qui est responsable même des écarts du pouvoir royal........ Si on laissait faire les ministres du 15 avril, la direction des affaires étrangères serait le privilége du Roi, le duc d'Orléans disposerait souverainement du ministère de la guerre, le duc de Nemours mettrait sans doute la main sur le gouvernement de l'intérieur, et le prince de Joinville deviendrait l'arbitre des choses de la mer.»
516: Les coalisés eux-mêmes en avaient le sentiment: «On nous avait forcés, écrit M. Duvergier de Hauranne, à montrer les dangers du pouvoir personnel du Roi. De là résulta un mouvement d'opinion toujours croissant et qui, si le jour de l'élection ne fût venu l'arrêter, nous eût peut-être entraînés plus loin que nous ne voulions aller.» (Notes inédites.)
517: Outre l'indignation que lui causait la coalition en elle-même, M. Royer-Collard avait, à cette époque, une animosité un peu jalouse contre M. Guizot.
518: Journal inédit du baron de Viel-Castel.
519: Lettre du 10 février 1839. (Documents inédits.)
520: Le témoignage de la feuille ministérielle était confirmé par celui des journaux opposants. Le Constitutionnel disait: «Les entreprises du génie industriel sont suspendues; le commerce est en souffrance et s'alarme.» Et le Courrier français: «Le commerce et l'industrie souffrent. L'argent est rare. Le crédit se resserre. De nombreuses faillites ont éclaté.» Aucun doute donc sur la constatation du mal; seulement, on s'en renvoyait, d'un parti à l'autre, la responsabilité.
521: Dès le 25 janvier, M. de Metternich avait écrit à son ambassadeur à Paris: «Dans quelle position, grand Dieu! est la France! Vous autres, qui vous trouvez au milieu de ce gâchis moral et matériel, vous ne sauriez recevoir de débats tels que ceux qui viennent d'avoir lieu, au sujet de l'Adresse, une impression aussi forte,—je dirai même aussi nauséabonde—que celle qu'en ressentent ceux qui vivent dans une atmosphère plus pure.» Le chancelier estimait qu'après tout M. Berryer, M. Garnier-Pagès et même M. Thiers «jouaient leur jeu»; il s'en prenait à ceux «qui voulaient la conservation de l'ordre de choses existant et qui n'en voulaient pas les moyens». «Je ne trouve, disait-il, pour qualifier ces hommes que les substantifs niais, sots et méchants. Qu'ils choisissent! Je suis même prêt à leur accorder les trois défauts réunis.» Le spectacle de la lutte électorale n'était pas fait pour donner à M. de Metternich une impression meilleure: «La France, écrivait-il le 9 février, se trouve aujourd'hui à 1830, en partie avant et en partie après Juillet....L'avenir le plus rapproché nous offre la certitude de deux mois où toutes les passions seront mises en un mouvement extrême, et cela non-seulement en France, mais dans l'Europe entière. Par contre, que nous offre l'avenir le plus éloigné? Et tout cela, parce que MM. Thiers et Guizot veulent être ministres à tout prix, et—notez bien ceci,—l'un en dépit et aux dépens de l'autre! Vive donc le régime représentatif moderne!» Et le 15 février: «Je vous avouerai que je suis très-inquiet sur le prochain avenir de la France. Quand un pays est une fois placé comme celui-là, il est à la veille de grandes perturbations.» (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 309, 310, 353 à 359.)
522: Lettre du 13 février 1839. (Documents inédits.)
523: M. Bresson écrivait encore, le 3 février, à M. de Barante: «On est parfait à Berlin, de toutes parts, pour le Roi et M. Molé.» (Documents inédits.)
524: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 353, 358, 359.
525: Constitutionnel du 15 février 1839.
526: Documents inédits.
527: Documents inédits.—Dans une lettre du 21 janvier, M. de Barante écrivait: «Il paraît que les hommes de gouvernement sont capables de rendre le gouvernement impossible même pour eux.»
528: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
529: Documents inédits.
530: Documents inédits.
531: Ibid.
532: «Quand M. Guizot commença cette campagne, personne, excepté lui, ne pensait qu'il pût en sortir ministre. Quand il la finit, tout le monde reconnaissait qu'il était à peu près impossible de se passer de lui.» (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)
533: Ces détails et beaucoup de ceux qui suivent sont empruntés aux Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
534: Cette jalousie de M. Thiers est affirmée par M. O. Barrot, dans ses Mémoires.
535: M. Odilon Barrot témoigne lui-même que «M. Thiers ne fit rien pour vaincre les scrupules de la gauche». (Mémoires de M. Odilon Barrot, t. I, p. 333.)
536: Voici le passage même auquel il est fait allusion: «Que vont devenir les doctrinaires? Ils n'ont plus d'attitude dans la Chambre; ils n'ont plus de place dans le pays. Il faut qu'ils s'effacent et qu'on les oublie pour un temps. Un exil temporaire est le parti le plus sage qu'ils aient à prendre et que l'on puisse leur conseiller. Les ambassades leur offrent un asile convenable que l'on s'empressera sans doute de leur ouvrir.» (Constitutionnel du 17 mars.)
537: «Quel enseignement! disait le Journal des Débats... Hélas! à quoi donc leur a servi d'attaquer la prérogative royale à la tribune et dans leurs brochures? À quoi leur a servi le rôle de tribuns, pris avec tant d'ardeur et de violence? Aux yeux de la gauche, les tribuns n'ont pas cessé d'être des courtisans; seulement c'étaient des courtisans mécontents... Nous croyons bien que, d'ici à quelques jours, nous serons forcés de défendre les doctrinaires; mais, dans ce moment, abandonnés de leurs alliés d'hier, incertains sur la réception que leur feront leurs amis d'il y a deux ans après les déplorables égarements de la coalition, il est bien de les laisser à leur isolement et à leurs réflexions.»
538: C'est le 15 mars qu'on fut en mesure de présenter ces noms au Roi.
539: 21 mars.
540: «Le duc de Broglie sort du chez moi, écrivait le Roi à M. Molé, le 9 mars, mais il ne veut être de rien. Je lui ai bien manifesté combien je vous regrettais, mais que, dans la chance actuelle, et ne pouvant pas vous conserver, c'était lui que j'aurais préféré.» (Documents inédits.)
541: Lettre du 26 mars 1839. (Notes inédites.)
542: «Voilà, disait a ce propos le Journal des Débats, qu'on exige du Roi non-seulement qu'il cède, mais qu'il soit trop heureux de céder; non-seulement qu'il fasse abnégation de ses sentiments personnels, mais qu'il en change. Si l'on croit remarquer, à tort ou à raison, un peu de froideur, un peu de tristesse chez le Roi, au lieu de lui savoir gré du sacrifice qu'il fait, on le lui impute à crime... Vous vous vantez de l'avoir fait céder, acceptez sa résignation. Que voulez-vous de plus?»
543: Journal des Débats, 3 mai 1839.
544: Passim, dans la correspondance inédite du Roi avec M. Molé.—Dès le 2 février, Louis-Philippe avait écrit à son ministre: «Patience! Dieu m'en a abondamment pourvu, et il m'a fait une grande grâce par cette largesse, car j'en consomme beaucoup.»
545: Mémoires de M. Guizot, t. IV, p. 301.
546: À la fin de 1838, M. Molé, causant avec un ambassadeur étranger, lui disait: «La sensibilité et la vivacité du Roi augmentent d'année en année. Il s'est mis dans une grande colère; mais j'ai supporté l'orage, j'ai tenu bon, j'ai offert ma démission, et à la fin il s'est adouci.» (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p 315.)
547: Au moment où l'on croyait le ministère centre gauche fait, le Roi exprimait sa conviction que la Chambre ne le supporterait pas longtemps: «Ces messieurs, disait-il, sont comme des enfants: ils ne veulent des jouets que pour les casser après.» Il se résignait cependant «à avaler cette pilule, la plus amère de toutes». En parlant de M. Thiers, il le traitait d'«homme abominable» et ne tarissait pas sur la chimère de ses maximes de «toute-puissance parlementaire». Ces propos étaient tenus devant les diplomates étrangers. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 331.)
548: «Je suis bien affligé, écrivait le Roi à M. Molé le 29 mars, de voir se prolonger autant la situation pénible où vous êtes, et l'état violent où je suis. Je vous assure qu'il n'est pas d'efforts et de sacrifices que je ne fasse pour y mettre un terme, mais je n'y suis pas encore parvenu.» (Documents inédits.)
549: Le lendemain, la duchesse de Dino, écrivant à M. de Barante, lui parlait des «horribles figures qui barraient, la veille, les communications entre les deux faubourgs». «Ils injuriaient les voitures, ajoutait-elle, les gens bien mis, et les armes sur nos carrosses leur ont singulièrement déplu.» (Documents inédits.)
550: Documents inédits.
551: Le centre comptait 190 à 200 membres, les doctrinaires une trentaine, le centre gauche environ 80, la gauche à peu près autant, l'extrême gauche 30 à 40, les légitimistes 24. Encore tous ces chiffres n'avaient-ils rien de bien précis, car le nombre des flottants était considérable.
552: À la cour, on avait appelé, en cette occasion, M. Passy un «Roland sans sa femme».
553: Journal inédit de M. de Viel-Castel.
554: Documents inédits.
555: Ibid.
556: 30 avril.
557: Mémoires de M. Guizot, t. IV, p. 305-306.
558: Cf. passim le Constitutionnel, le Courrier français, le Siècle, le Temps et le Commerce, de la fin d'avril et du commencement de mai.
559: Cf. sur l'origine de cette société secrète, plus haut, p. 36 et suiv., et p. 245 et suiv.
560: De la Hodde, Histoire des sociétés secrètes, p. 233.
561: Le lendemain, il y eut encore quelques échauffourées: mais elles furent promptement réprimées.
562: Le maréchal tenait beaucoup à cette dernière condition. Il écrivait, à ce propos, le 13 mai 1839, à M. de Barante: «Il fallait de toute nécessité, pour que l'administration nouvelle se présentât avec quelque chance de force et de durée, que ses éléments représentassent, dans une certaine mesure, non-seulement les différentes nuances de la majorité nouvelle sortie du scrutin électoral, mais encore la masse considérable des opinions qui, après avoir eu la majorité dans la Chambre précédente, se trouvant former, encore aujourd'hui, une si importante minorité.»
563: «È una situazione molto terribile», disait, le 4 avril 1839, Grégoire XVI à Lacordaire, et, convaincu que nous entrions en révolution, il faisait retarder la prise d'habit du futur restaurateur de l'Ordre des Dominicains en France. À Vienne, M. de Metternich se plaisait, plus que jamais, dans de sombres pronostics. De Saint-Pétersbourg, M. de Barante écrivait, le 30 mars: «Le gros de la société russe, et, encore bien plus, le commerce de Saint-Pétersbourg, croient que la révolution est de nouveau déchaînée en France, que nous allons être en proie aux plus tristes désordres. Les bruits les plus exagérés, les plus absurdes, n'ont pas cessé de circuler pendant plusieurs semaines. Plus d'une fois, j'ai eu à rassurer des Français établis en Russie qui venaient, désolés, chercher à l'ambassade consolation et sécurité.» (Documents inédits.)
564: C'est encore M. de Barante qui écrivait de Saint-Pétersbourg, le 25 mai 1839: «Ce qui s'est passé chez nous, depuis quatre mois, a laissé des alarmes qui seront peut-être assez longtemps à se dissiper... On remarque que l'appel aux irritabilités nationales, l'excitation contre les puissances étrangères sont toujours un moyen de chercher la popularité et de l'obtenir, du moins par première impression; on suppose que cette habitude de représenter sans cesse la France comme offensée ou menacée indique l'espoir de toucher une fibre sensible et frémissante...» (Documents inédits.)
565: Mémoires inédits du comte de Sainte-Aulaire.
566: Documents inédits.
567: Vie de Mgr Mathieu, par Mgr Besson, p. 246-247.
568: Lettres du 2, du 8 et du 29 mars 1839. (Correspondance de Béranger.)
569: M. de Lamartine écrivait à la Saturday Review, le 6 juillet 1848. «Ce qui a fait la révolution, c'est la coalition parlementaire de 1839, ce sont les banquets d'agitation de 1847, c'est l'accusation des ministres.» M. de Montalembert disait, de son côté, en 1850: «Ce sont les coalitions qui ont tué, tour à tour, deux monarchies, en tuant le respect pour l'autorité. Ce n'est pas l'émeute de la rue, ce sont les hommes d'État qui ont fait les révolutions.»
570: M. Doudan écrivait plaisamment à ce propos: «C'est aujourd'hui surtout qu'on peut dire qu'il y a autant et plus d'avis que de personnes. On a tellement travaillé à disperser les groupes, dans la Chambre des députés, que, sauf la haine qui est changeante, il n'y a pas de cohésion entre quatre chats. Chacun se promène en liberté dans sa gouttière, l'air capable et impertinent, et vous voulez qu'on se mette à rallier cette grande dispersion! Il faut laisser faire cela aux temps et aux événements.» (Lettres de Doudan, t. I, p. 291.) Henri Heine écrivait aussi, vers la même époque: «Quand je considère, sous ce rapport, les Français d'aujourd'hui, je me rappelle les paroles de notre spirituel Adam Gurowski, qui refusait aux Allemands toute capacité d'action, vu que, sur douze Allemands, il y avait toujours vingt-quatre partis.»
571: Lettre à M. Guizot. (Documents inédits.)
572: Quelques années plus tard, M. de Tocqueville, dénonçant à la tribune «l'état d'anarchie morale et d'indifférence politique» dans lequel lui paraissait être le pays, déclarait que la coalition était pour beaucoup dans cette «perturbation», dans cette «espèce de négation du juste et de l'injuste, en politique, qui est le trait le plus distinctif et le plus déplorable de notre époque... On a fait croire au pays, ajoutait-il, qu'il n'y avait, dans le monde politique, que des intérêts, des passions, des ambitions, non des opinions.»
573: «Il n'y a plus aujourd'hui qu'une loi bien reconnue dans la conduite des affaires publiques, écrivait M. Doudan; chacun se tient pour un principe. Nous avions autrefois découvert ce beau sophisme que l'attachement aux mêmes personnes était la véritable vie des partis; que les personnes étaient des principes incarnés, etc. En conséquence, chacun a fait de soi son propre principe à soi-même, et ainsi nous avons gagné que tout homme qui se fait une bonne place croit combattre pour la bonne cause. C'est la grande conciliation de l'égoïsme avec la morale.» (Lettres, t. I, p. 286-7.)
574: Lettres du 16 mai, du 26 octobre et du 14 décembre 1839.
575: Sur le mouvement religieux depuis 1830, cf. t. I, p. 206 à 284; t. II, p. 62 à 90 et p. 327 à 353.
576: Allusion au libraire Touquet, ancien officier de l'Empire, éditeur, sous la Restauration, du Voltaire Touquet, des Évangiles Touquet, de la Charte Touquet, et autres publications de propagande «libérale» et irréligieuse.
577: 15 mars 1837.
578: Le propos est rapporté dans une lettre du jeune Pierre Olivaint, le futur Jésuite, alors élève de l'École normale. (Vie du Père Olivaint, par le Père Clair, p. 158.)
579: «Je sentais tout autour de moi, écrivait Lacordaire, une fureur concentrée qui cherchait quelque part une issue à son mauvais vouloir. Le Pape me mettrait la main sur la tête, pendant toute ma vie, que je ne perdrais pas une injure, une calomnie, pas une mise en suspicion souterraine.»
580: Sur toutes les contradictions que rencontra alors le prédicateur de Notre-Dame, cf. la Vie du Père Lacordaire, par M. Foisset, et celle qu'a écrite le Père Chocarne.
581: Quelques années plus tard, le 26 août 1839, Ozanam pourra écrire à Lacordaire: «Vous le savez, sans avoir besoin de l'entendre répéter encore, le mouvement auquel vous donnâtes, du haut de la chaire de Notre-Dame, une si puissante impulsion, n'a pas cessé de se propager parmi les multitudes intelligentes.»
582: Cf. les lettres citées par le Père de Pontlevoy, dans la Vie du Père de Ravignan.
583: La retraite devait être inaugurée en 1841, et la communion générale en 1842.
584: À cette date, M. Louis Veuillot n'était pas encore entré à l'Univers.
585: Discours du 14 avril 1845.
586: Les pairs admis par droit d'hérédité n'avaient voix délibérative qu'à trente ans; mais ils pouvaient siéger et parler dès vingt-cinq ans. C'est le 14 mai 1835 que M. de Montalembert prononça son maiden speech.
587: Discours du 19 mai 1837.
588: Expression du prince Albert de Broglie, dans son discours de réception à l'Académie française.
589: Discours prononcé le 20 septembre 1831, dans le «procès de l'école libre».
590: T. II, p. 62 à 90.
591: T. II, p. 327 à 344.
592: Rapport adressé à M. de Montalivet, ministre de l'intérieur, par M. de Gasparin, son sous-secrétaire d'État, sur les réformes à introduire dans les maisons centrales.—Le rapport insistait sur l'importance du «ressort religieux», se plaignait qu'il fût plus faible en France que dans d'autres pays, puis ajoutait: «Vous avez mesuré, Monsieur le ministre, toute l'étendue du mal, mais vous n'avez pas désespéré. En favorisant l'introduction des écoles dans la prison, en augmentant le salaire des aumôniers et en facilitant ainsi de bons choix, en applaudissant aux conférences de morale religieuse sur le modèle de celles qu'a ouvertes, avec tant de succès, le directeur d'une de nos maisons centrales, vous aplanissez les voies qui peuvent conduire au développement de tous les moyens de régénération employés chez nos voisins.»
593: Il s'agissait du sage et vertueux Mgr de Chevelus, archevêque de Bordeaux.
594: 29 mars 1836.
595: En 1848, il y avait un peu plus de trente établissements de plein exercice.
596: Cf. Mémoires de M. Guizot, t. III, p. 105, 106.
597: M. Guizot disait, dans son exposé des motifs: «Le principe de la liberté, appliqué à l'enseignement, est une des conséquences promises par la Charte. Nous voulons, dans leur plénitude et leur sincérité, les conséquences raisonnables de notre révolution... Aux maximes du monopole, nous substituons celles de la concurrence. Les établissements privés, les institutions et pensions subsistent au sein de l'Université; ils en sont les auxiliaires, les succursales. Désormais, ils seront les libres émules des établissements publics, colléges royaux et communaux. L'État accepte la nécessité, le devoir de soutenir aveu succès, avec éclat, une concurrence infatigable.»
598: De la pacification religieuse.—M. de Montalembert, lui aussi, a rappelé, après coup, dans un de ses discours, le bon accueil fait au projet de M. Guizot. Il disait, le 12 juin 1845: «Vous avez présenté, en 1836, une loi pleine de générosité, contre laquelle pas une voix ne s'est élevée au sein du clergé... Il fallait continuer dans cette voie, et tout aurait été sauvé.»
599: Sous la Restauration, Benjamin Constant revendiquait la liberté d'enseignement dans divers écrits. (Cf. notamment le Mercure d'octobre 1817.) Dès 1818, M. Dunoyer, dans le Censeur, combattait le monopole universitaire, comme «l'une des plus criantes usurpations» du despotisme impérial, et réclamait la pleine liberté, telle que l'ont revendiquée plus tard les catholiques. (Œuvres de Dunoyer, t. II, p. 46 et suiv.) M. Dubois et M. Duchâtel soutenaient la même thèse, dans le Globe: le 21 juin 1828, peu après les ordonnances sur les petits séminaires, M. Dubois invitait les amis des Jésuites a à se lever pour l'abolition du monopole». «Les amis de la liberté, disait-il, ne manqueront pas à l'appel.» Mais il ajoutait: «N'espérons pas d'eux cette preuve de loyauté; cette confiance dans la bonté de leur cause, ils se garderont bien de la donner.» (Cf. aussi le Globe des 17 mai, 5 juillet et 6 septembre 1828.) Ces écrivains étaient arrivés à la liberté d'enseignement, par logique et par sincérité de doctrine, par réaction contre le despotisme impérial, et aussi un peu par crainte que l'Université ne prît un caractère ecclésiastique, sous la direction de M. Frayssinous. Dans le barreau, MM. Renouard, O. Barrot, Dupin ne pensaient pas autrement. La Société de la morale chrétienne, dont les membres principaux étaient le duc de Broglie, M. Guizot et Benjamin Constant, mettait au concours, en 1830, un Mémoire en faveur de la liberté d'enseignement. À la même époque, dans le National, M. Thiers attaquait violemment le corps universitaire, auquel il reprochait d'être «monopoleur et inique». Au milieu de la révolution, le 31 juillet 1830, La Fayette, dans sa proclamation aux habitants de Paris, mettait la liberté d'enseignement au nombre des conquêtes populaires. C'était évidemment à raison de cette origine libérale, et non par égard pour les catholiques alors peu en faveur, que l'article 69 de la Charte revisée s'était trouve promettre, «dans le plus court délai possible», une loi sur la «liberté de l'enseignement».
600: Mémoires de M. Guizot, t. III, p. 108.
601: Mémoires de M. Guizot, t. III, p. 109.
602: Cf. plus haut, p. 197 et 198.
603: L'amnistie et la réouverture de Saint-Germain l'Auxerrois.
604: «J'ai connu, dans des temps difficiles, dit le ministre, toutes les tribulations qui peuvent s'attacher à la vie publique; mais il est des signatures à apposer sur certains actes qui font éprouver des joies qui effacent toutes ces tribulations.»
605: Articles divers, publiés en 1838 et au commencement de 1839.
606: De la religion dans les sociétés modernes (février 1838). Du catholicisme, du protestantisme et de la philosophie en France (juillet). De l'état des âmes (octobre).
607: Expressions d'un article de la Revue des Deux Mondes.
608: L'un de ces journaux, la Presse (28 juin 1838), constatant l'importance de la réaction catholique qui s'était produite après la secousse de 1830, saluait avec respect, presque avec reconnaissance, cette «pensée d'un Dieu s'élevant sur les ruines des illusions terrestres». Il ajoutait: «Le mouvement qui s'opère et qu'on a pu observer, depuis trois ans, dans les familles comme dans les églises, et à Paris comme dans les départements, est libre et spontané. Il monte d'en bas vers la religion; il ne descend pas du gouvernement dans les masses. On n'y remarque ni un mobile, ni un but politique... C'est un cri de conscience.» Puis, s'adressant à ceux qui affectaient de s'effrayer de ce mouvement, il s'écriait: «En laissant à part vos opinions politiques, vos passions de parti, dites-nous donc, vous qui propagez des alarmes imaginaires, à l'occasion de quelques rites religieux, de quelques démonstrations inoffensives, dites-nous donc votre véritable pensée comme pères de famille. En présence des inquiétudes d'une société dans le sein de laquelle vous voyez se multiplier, chaque jour, des actes de violence et de folie; à l'aspect de ces listes nombreuses de suicides, d'assassinats et de désordres de toute espère, excités par mille circonstances, au nombre desquelles il faut compter les appétits matériels sans cesse excités par les progrès indéfinis de la civilisation, dites-nous-le franchement, êtes-vous sérieusement affligés de voir qu'on cherche à calmer de jeunes imaginations, par des habitudes morales et religieuses?..... C'est vous qui, en repoussant l'invasion de l'Église dans l'État, faites invasion au nom de l'État dans l'Église. C'est vous qui cherchez à substituer une intolérance philosophique que vous ne réussirez pas à créer, à l'intolérance religieuse que le bon sens national et la sagesse du pouvoir ont su réprimer.»
609: Circulaire de M. Barthe, ministre des cultes, aux évêques, en date du 30 août 1838.
610: Rapport du même, sur le budget des dépenses des cultes, en date du 13 novembre 1838.
611: Lettre aux évêques, du 1er octobre 1838.—Le Courrier français écrivait, à ce propos: «Nous blâmons, de toutes les forces de notre conviction, l'esprit et le dispositif de la circulaire; elle nous paraît empreinte d'une déférence ou plutôt d'une obséquiosité qu'un ministre eût à peine avouée, dans les plus mauvais temps de la Restauration. M. d'Hermopolis n'eût probablement pas osé se permettre cela.»
612: Cette circulaire, d'octobre 1838, émanait de M. Aubernon, préfet de Seine-et-Oise. Mais il y était dit que la doctrine exprimée était celle du ministre, et elle reçut les honneurs de l'insertion au Moniteur officiel.
613: Le gouvernement était arrivé à une sorte de jurisprudence libérale, d'après laquelle les congrégations non autorisées n'étaient pas considérées comme interdites par les lois existantes. L'année suivante, le 28 juillet 1839, le préfet du Cantal ayant demandé des instructions au sujet de ces congrégations, le ministre des cultes, qui était alors M. Teste, lui répondit «qu'il devait les laisser vivre en paix; que c'était l'intention du gouvernement; que cette tolérance était la conséquence des lois sur la liberté individuelle et rentrait dans l'esprit de l'article 291 du code pénal».
614: La maison de Saint-Acheul était, avant 1828, l'un des plus célèbres colléges des Jésuites. M. Dupin y avait fait, en 1825, une visite dont les journaux s'occupèrent beaucoup. (Cf. mon livre sur le Parti libéral sous la Restauration, p. 378.) Saint-Acheul, envahi et saccagé en 1830, fut, peu après, réoccupé par les Jésuites.
615: Cf. sur cet incident, la Vie du R. P. Guidée, par le R. P. Grandidier, t. I, p. 174 à 190.
616: Sur le personnage et sur son œuvre, je ne puis que me référer à ce que j'en ai dit dans mon livre sur le Parti libéral sous la Restauration, p. 386 à 392.
617: M. de Montalembert, quelques jours après, disait, à la tribune de la Chambre des pairs: «Quant à la malheureuse affaire de Clermont, je ne crois pas que personne ait plus sincèrement, plus profondément regretté et déploré que moi la conduite de l'évêque, en cette circonstance.» (Discours du 27 décembre 1838.)
618: Ibid.
619: 26 décembre 1838.
620: Journal des Débats du 4 janvier 1839.
621: 17 et 18 janvier 1839.
622: National du 19 janvier 1839.
623: Cf. notamment t. II, p. 63 et suiv.
624: Il pourra dire, un peu plus tard, le 31 mars 1841: «Personne, à dater du jour où j'ai abordé pour la première fois cette tribune, n'a brisé plus complétement que moi avec les regrets et les espérances du parti légitimiste.
625: Il disait, le 19 mars 1837: «Toutes les fois que vous avez bien voulu m'entendre, j'ai assez montré, ce me semble, qu'il n'y avait pas, dans cette enceinte, un partisan plus sincère de notre révolution de Juillet, un ami plus loyal de la dynastie qui représente cette révolution.» Le 6 juillet 1838: «Je l'ai dit plus d'une fois, Messieurs, je suis le partisan dévoué et sincère de la révolution de Juillet, l'ami loyal, humble, mais surtout désintéresse, de la dynastie qu'elle a placée sur le trône.» Et le 27 décembre suivant: «Je puis dire que ce régime n'a pas d'ami plus sincère et plus désintéressé que moi.»
626: Cf., entre autres, les discours du 19 mai 1837 et du 27 décembre 1838.
627: Lacordaire n'allait-il pas, un jour, jusqu'à dire, dans une réunion de jeunes gens, au grand scandale des légitimistes: «Qui se souvient aujourd'hui des querelles anglaises de la rose rouge et de la rose blanche?»
628: Dès 1832, Lacordaire avait protesté contre l'espèce d'alliance que Lamennais paraissait vouloir conclure avec le parti républicain, et cette opposition avait été l'un des motifs de sa rupture avec le directeur de l'Avenir, «Je n'ai jamais écrit une ligne ni un mot, lit-on dans une de ses lettres, qui puisse autoriser la pensée que je suis un démocrate.»
629: Lacordaire écrivait, en 1834: «Quelques-uns au moins me comprennent; ils savent que je ne suis devenu ni républicain, ni juste milieu, ni légitimiste, mais que j'ai fait un pas vers ce noble caractère de prêtre, supérieur à tous les partis, quoique compatissant à toutes les misères.» Il se félicitait d'être sorti «du tourbillon fatal de la politique, pour ne plus se mêler que des choses de Dieu, et, par les choses de Dieu, travailler au bonheur lent et futur des peuples».
630: Montalembert, Notice sur le P. Lacordaire.
631: Passim dans la Correspondance d'Ozanam.
632: Le 7 octobre 1837, à l'occasion des élections générales, l'évêque du Puy écrivait aux prêtres de son diocèse: «Si vous êtes jaloux de conserver la paix de votre âme, l'affection et l'estime de vos ouailles, éloignez-vous des élections. Mettez une garde sur vos lèvres, pour ne pas dire un seul mot de blâme ou d'approbation sur les vues des candidats.» Il invitait même les prêtres électeurs à ne pas user de leur droit: «Votre politique n'est pas de ce monde», leur disait-il.
633: L'abbé Dupanloup, Première Lettre à M. le duc de Broglie.
634: Lettres du duc d'Orléans au maréchal Soult, alors président du conseil, en date du 17 septembre et du 13 novembre 1839. (Documents inédits.)
635: Cf. plus haut, p. 435.
636: Vie du R. P. Guidée, par le R. P. Grandidier, t. I, p. 181 à 185.
637: Cf. plus haut, t. II, p. 65, 66.
638: Notice sur Montalembert, par M. Foisset. (Correspondant du 10 septembre 1872, p. 813, 814.)
639: Cf. notamment la Quotidienne du 10 au 15 avril 1837.
640: Article déjà cité plus haut et inséré dans la France contemporaine du 15 mai 1838.
641: Des derniers actes du Saint-Siége, article inséré dans l'Univers du 7 octobre 1838.
642: À ceux qui voudraient trouver de ces événements un exposé plus détaillé et fait à un point de vue plus militaire, je ne puis que recommander le remarquable ouvrage de M. Camille Rousset: Les Commencements d'une conquête; l'Algérie de 1830 à 1840. C'est l'histoire, comme sait l'écrire M. Camille Rousset, des guerres soutenues par notre armée en Afrique, après la prise d'Alger. Cet ouvrage m'a beaucoup servi. L'auteur ne s'arrêtera pas en 1840, et dès maintenant il commence à raconter les luttes dirigées par le maréchal Bugeaud et par M. le duc d'Aumale. J'ai tiré aussi grand profit du beau livre des Campagnes de l'armée d'Afrique, ouvrage inachevé du duc d'Orléans, publié par ses deux fils, M. le comte de Paris et M. le duc de Chartres; les récits du duc d'Orléans ne commencent qu'en 1835; mais, dans une excellente introduction, M. le duc de Chartres a raconté les campagnes de 1830 à 1835. Je n'oublierai pas non plus un autre opuscule princier qui éclaire une face de cette histoire militaire; je veux parler de la brillante monographie écrite par M. le duc d'Aumale, sur les Zouaves et les Chasseurs à pied. Ce n'est pas sans émotion que l'on retrouve, ainsi groupés au premier rang des historiens de nos guerres d'Afrique, les membres de cette royale famille qui a fourni à cette même guerre tant de vaillants et habiles capitaines. Je me reprocherais enfin de ne pas indiquer, parmi les sources où l'on peut utilement puiser, les Annales algériennes, de M. Pélissier de Raynaud.
643: Expressions d'un rapport de M. de Clermont-Tonnerre, ministre de la guerre dans le cabinet de M. de Villèle.
644: Cité par M. Camille Rousset.
645: Dépêche du général Sébastiani, alors ministre des affaires étrangères, en date du 31 janvier 1831.
646: Séance de la Chambre des pairs du 1er mars 1831.
647: Id. du 20 mars 1832.
648: Id. du 21 mars 1832.
649: Une réforme administrative en Algérie, par le prince Albert de Broglie.
650: On appelait ainsi les métis nés de l'union des Turcs et des femmes indigènes.
651: On lui avait d'abord donné le titre de sultan; il préféra celui d'émir, par ménagement pour le sultan de Maroc.
652: Cf. t. II, p. 252 à 256.
653: Cité par M. Camille Rousset.
654: Campagnes de l'armée d'Afrique, p. 2.
655: Cité par M. Camille Rousset.
656: 19-27 mai 1835.
657: 10 et 11 juin 1836.—Nous avons déjà eu occasion de parler ailleurs de ce débat, qui fut l'une des premières manifestations de l'antagonisme de M. Thiers et de M. Guizot. (Cf. plus haut, p. 24 et 25.)
658: «Nous fûmes exposés là, a dit le maréchal Clauzel dans son rapport, à toutes les rigueurs d'un hiver de Saint-Pétersbourg, en même temps que les terres entièrement défoncées représentaient aux vieux officiers les boues de Varsovie.»
659: Récit d'un témoin, cité par M. Guizot, dans ses Mémoires.
660: Cf. dans les pièces justificatives des Mémoires de M. Guizot (t. IV, p. 428 et suiv.), une longue lettre, en date du 10 décembre 1836, écrite par le général Damrémont à M. Guizot.
661: «J'ai calculé, écrivait le général à un de ses amis, que quelques brillants combats n'avanceraient pas la question, parce que nous n'étions pas préparés pour occuper et soumettre le pays; qu'après deux ou trois mois de courses pénibles, après avoir brûlé force moissons, après avoir jeté 1,200 ou 1,500 hommes dans les hôpitaux, il faudrait rentrer et chercher de nouveau à traiter, et se contenter d'une paix à peu de chose près semblable à celle que je pensais faire avant tous ces désastres.» (Le Maréchal Bugeaud, par le comte d'Ideville, t. II, p. 82.)
662: Lettres des 24 et 29 juin 1836. (D'Ideville, t. II, p. 28 et 34.)
663: D'Ideville, t. II, p. 62, 63 et 72.
664: «Il n'est pas très-lourd», a dit plus tard le général, en racontant cet incident à la tribune. Dès le lendemain de la scène, il écrivait à M. Molé: «Sa main, qui est jolie, m'a paru faible; je sentais que je l'aurais brisée dans la mienne.» Le général était de taille athlétique; Abd-el-Kader, au contraire, était petit.
665: Cette affaire devait avoir un épilogue très-pénible pour le général Bugeaud. Le traité de la Tafna contenait un article secret, aux termes duquel l'émir s'engageait à verser 180,000 francs au général. M. Molé, consulté, avait paru d'abord autoriser la stipulation de ce «cadeau de chancellerie» que le général voulait employer à récompenser les officiers de son entourage et à subventionner les chemins vicinaux de son département. Le conseil des ministres, avec raison plus sévère, refusa d'approuver cette clause, qui ne fut pas exécutée. En cette circonstance, le général s'était, sans intention mauvaise, conformé à certaines habitudes prises par les généraux de l'Empire, et il ne s'était pas rendu compte que ces pratiques n'étaient plus de mise. L'année suivante, au cours d'un procès fait à un général de Brossard, pour faits d'indélicatesse découverts et dénoncés par le général Bugeaud, l'article secret du traité de la Tafna fut révélé par la défense, et ce même général Bugeaud, appelé comme témoin à s'expliquer, le fit avec un emportement si maladroit qu'il paraissait s'être mis en posture d'accusé. La presse opposante se jeta avec passion sur ce scandale, qui alimenta pendant longtemps sa polémique. Le général en souffrit beaucoup, et ses amis en furent fort embarrassés.
666: Sur le moment même, le duc d'Orléans a raconté cet incident au général Damrémont, dans une lettre qui fait singulièrement honneur à son caractère et à son cœur. Après avoir exposé comment il avait arraché le consentement du Roi, le prince fait discrètement allusion au chagrin et aux plaintes de son frère, au «désespoir» de son père et de sa famille; il rapporte comment devant cette preuve que «son départ compromettait l'union de sa famille, il était tombé dans un état d'angoisse inexprimable», et s'était décidé à remettre au duc de Nemours cette lettre pour le Roi: «Sire, j'ai reçu de votre main la plus grande faveur que je puisse espérer pour ma carrière; votre bonté m'est acquise. Plus elle a été grande, plus vous m'avez sacrifié vos scrupules, plus les miens s'élèvent, et j'éprouve maintenant, au-dessus du désir de mon propre avancement, le besoin de ne pas augmenter votre inquiétude et peut-être votre danger, et de ne pas fausser mes rapports avec mon frère Nemours. Vous consentirez que ce soit à moi qu'il doive le pas que je vous demande de lui faire faire, comme c'est à vous seul que j'ai voulu devoir le commandement de l'expédition de Constantine. J'y renonce pour que Nemours fasse la campagne. Dieu seul et moi saurons jamais ce que, depuis trente heures d'angoisses, ce sacrifice m'a coûté. Le monde dira que j'ai reculé devant le commandement de l'expédition, que j'ai été fort attrapé qu'on me l'ait accordé, et que, sous un faux prétexte de générosité, je me suis exempté de la corvée. Je supporterai cette cruelle humiliation avec la liberté de cœur et d'esprit d'un homme résigné à perdre un immense avantage personnel, si, à ce prix, il assure l'union de sa famille, le repos de son père qu'il sait être cruellement troublé, et s'il calme le cœur de sa mère... Je trouverai quelque consolation à ma tristesse si, dans la fermeté et le sang-froid avec lequel je supporterai tout, jusqu'aux propos qui viendront empoisonner cette blessure, vous voyez une garantie de ce que j'eusse fait dans la mission que vous m'aviez confiée. Mon frère Nemours ignore totalement ce que je vous écris; j'ai voulu que ce fût vous qui le lui apprissiez, Sire, et je vous demande de permettre que lui et moi nous gardions le silence sur ce qui s'est passé entre nous...» Le jeune prince terminait ainsi sa lettre au général Damrémont: «Maintenant, je succombe presque sous le poids de mon chagrin; car je n'ai pas changé d'opinion sur les IMMENSES avantages personnels que m'offrait le commandement de l'expédition, et je ne serai probablement récompensé d'un sacrifice qui laissera des traces profondes dans ma vie, que par la croyance généralement répandue que j'ai reculé, que je sais montrer de l'ardeur de loin, mais que quand il faut quitter ma patrie je n'y suis plus, que je suis un cheval qui piaffe sur place, qui hennit, mais qui n'avance pas! Je supporterai cette odieuse situation et je m'appuierai sur l'estime de ceux qui ont lu dans mon cœur et jugé les nobles motifs qui m'ont guidé. Puis, par mon travail et mon énergie, je reconquerrai peut-être dans plusieurs années d'efforts ce que j'aurais pu acquérir d'une seule fois...—Dix heures du soir. Je reçois la réponse du Roi. Mon premier soin est de vous recommander mon frère. Vous le connaissez déjà, vous serez content de lui, et ce sera mettre quelque baume sur mes plaies que de le placer dans les situations les plus propres à ce qu'il se distingue et à ce qu'il prouve ce qu'il y a en lui. Vous méconnaissez assez pour savoir qu'aucun sentiment d'envie ne trouve place dans mon cœur, et je me hâte d'aller au-devant de cette pensée: je vous souhaite toute la gloire possible...» (L'Algérie de 1830 à 1840, par M. Camille Rousset, t. II, p. 230 à 241.)
667: L'Algérie de 1830 à 1840, par Camille Rousset, t. II, p. 281 à 283.
668: Lettres du maréchal de Saint-Arnaud, t. I. Lettre du 14 octobre 1837.
669: On remarqua la proportion considérable des officiers frappés. Dans l'assaut, notamment, ils figurèrent pour un quart, et les sous-officiers pour un autre quart.
670: Éloge du maréchal Valée, prononcé à la Chambre des pairs par le comte Molé, dans la séance du 5 août 1847.
671: Revue des Deux Mondes, 1er juin 1838.
672: J'emprunte cette anecdote au livre de M. le duc d'Orléans. Le jeune prince devait être, peu après, témoin de ces misères, et la «violente amour» qu'il portait au soldat français ne lui permettait pas d'en parler sans une émotion indignée.
673: Avant-propos, écrit par M. le comte de Paris, en tête du livre du duc d'Orléans sur les Campagnes de l'armée d'Afrique.