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Histoire de Paris depuis le temps des Gaulois jusqu'à nos jours - II

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CHAPITRE VI.

LE FAUBOURG SAINT-GERMAIN, LES INVALIDES, ET LE CHAMP-DE-MARS.

§ Ier.

Le faubourg Saint-Germain [96].

L'abbaye Saint-Germain a été l'origine du quartier célèbre qui porte vulgairement son nom et qui ne se compose pas, comme les faubourgs Saint-Jacques, Saint-Antoine, Saint-Martin, d'une seule grande rue populeuse, sur laquelle s'embranchent de plus petites rues, mais d'un vaste quartier formé de trois grandes rues parallèles entre elles et à la Seine, ayant leur origine soit à l'enclos de la vieille abbaye, soit aux rues qui en étaient voisines. Ces grandes voies de communication sont les rues de l'Université, Saint-Dominique, de Grenelle, lesquelles vont, en traversant l'esplanade des Invalides, former les artères du quartier du Gros-Caillou et finir au Champ-de-Mars. Nous y ajouterons les rues de Lille et de Varennes, qui leur sont parallèles, ont la même origine et sont beaucoup moins longues.

Tout ce vaste espace était encore, au XIVe siècle, couvert de prairies, de marais, de vignobles: la plus grande partie s'appelait le petit et le grand Pré-aux-Clercs. Le petit Pré, situé entre la Seine et le mur septentrional de l'abbaye, était borné d'autre part par le mur de la ville, entre les portes de Nesle et de Bucy, et par la petite Seine, canal dérivé de la rivière dans les fossés de l'abbaye, qui occupait l'emplacement de la rue des Petits-Augustins. Au delà de la petite Seine était le grand Pré, qui s'étendait jusqu'à la rue du Bac. Ces deux prés appartenaient à l'Université; mais, comme ils avoisinaient les terres de l'abbaye, ils furent le théâtre de rixes innombrables entre les vassaux des religieux et les écoliers de l'Université. Le petit Pré renfermait d'ailleurs un champ clos pour les combats judiciaires, et il était le lieu d'assemblées populaires qui devinrent surtout fréquentes à l'époque où Charles-le-Mauvais y venait haranguer les Parisiens. En 1540, la petite Seine fut comblée, et le petit Pré concédé à cens et à rentes pour y bâtir. Alors furent ouvertes les rues Jacob et des Marais; mais elle se bâtirent lentement; les protestants seuls vinrent les habiter, et les Parisiens allaient par curiosité les entendre chanter en chœur, dans le petit Pré, les psaumes mis en vers par Marot. Ce lieu devint, pendant la Ligue et sous Henri IV, le rendez-vous des raffinés et des duellistes. En 1600, la reine Marguerite de Valois fit construire, dans la partie voisine de la Seine, un bel hôtel avec de grands jardins, et, vers la même époque, le couvent des Augustins ayant commencé à être bâti au delà de la petite Seine, l'Université vendit successivement ses terres du grand Pré, lesquelles furent acquises par des magistrats, Séguier, Tambonneau, Bérulle, Pithou, Lhuillier. Alors les rues de l'Université, des Saints-Pères, du Bac, etc., furent tracées, et l'on commença à y bâtir; mais elles ne furent d'abord habitées que par des gens de mauvaise vie ou qui fuyaient la justice et trouvaient sûreté dans leur isolement. «Le faubourg Saint-Germain, dit un contemporain, est comme l'égout et la sentine du royaume tout entier. Impies, libertins, athées, tout ce qu'il y a de plus mauvais semble avoir conspiré à y établir son domicile. Les coupables, à raison de leur grand nombre, y vivent dans l'impunité.» Sous le règne de Louis XIV, la noblesse commença à s'y bâtir de belles habitations, mais ce ne fut que sous Louis XV que se multiplièrent dans ce quartier ces maisons d'une architecture toute française, somptueuses et élégantes, imposantes et simples, qui ont un caractère saisissant de noblesse et d'agrément, qu'on ne retrouve nulle part, ni dans les incommodes palais d'Italie, ni dans les lourds châteaux allemands, ni dans les squares glacés de l'Angleterre; dignes demeures de l'aristocratie la plus civilisée, de la société la plus polie, la plus spirituelle qui fut jamais. La révolution n'a que faiblement modifié l'aspect de ce quartier, qui, avec ses rues droites, régulières, bien aérées, peu nombreuses, ne ressemble point aux autres parties de Paris: c'est toujours la ville de l'ancienne noblesse et des couvents, «le dernier boulevard de la vieille aristocratie, disait Napoléon, le refuge encroûté des vieux préjugés [97];» c'est seulement en plus la ville de la bureaucratie, les hôtels des ministères étant presque tous de ce côté de la Seine. Excepté dans la rue du Bac, qui est la grande voie de communication avec la rive droite, il s'y fait peu de commerce. Les révolutions qui ont agité Paris n'ont jamais pris pour théâtre ces rues solennelles et silencieuses, et tous les événements historiques de ce quartier se sont passés dans l'intérieur de ses hôtels et sur le tapis de ses salons.

I. Rue de Lille.--Elle a son origine à la rue des Saints-Pères et finit à la rue de Bourgogne. On l'appelait autrefois de Bourbon et elle a été nommée de Lille en 1792 en l'honneur du siége de cette ville. C'est une rue large et droite, remplie de beaux hôtels, où le commerce commence à prendre pied. On y trouve: l'hôtel de Montmorency, occupé longtemps par l'état-major de la première division militaire; les anciens hôtels de Lauraguais, de Valentinois, d'Ozembray, de Rouault; l'hôtel du maréchal Jourdan, qui y est mort en 1822; l'hôtel de Choiseul-Praslin, bâti en 1721 par le maréchal de Belle-Isle, l'une des plus magnifiques habitations de Paris; l'hôtel d'Eugène de Beauharnais (nº 86), qui fut habité par le roi de Prusse en 1814; l'hôtel qui servit de demeure au maréchal Mortier; l'hôtel Masséna, où est mort en 1817 le vainqueur de Zurich: les nouveaux hôtels de Noailles et de Mortemar; les anciens hôtels de Forcalquier, de Grammont, du Maine, d'Humières, de Bentheim, etc. Dans cette rue ont demeuré: au nº 34, le peintre Carle Vernet; au nº 60, le conventionnel Garnier de l'Aube; au nº 63, mademoiselle Clairon, qui y est morte en 1803; enfin, au nº 75, madame de Tencin: là se tenait ce cercle si redoutable par ses attaques satiriques et que fréquentaient Marmontel, Marivaux, Fontenelle, Helvétius, etc.

Les principales rues qui débouchent dans la rue de Lille sont:

1º Rue des Saints-Pères, dont l'ancien nom était Saint-Pierre: elle l'avait pris d'une chapelle qui servait de paroisse aux domestiques et vassaux de l'abbaye Saint-Germain, et près de laquelle les frères de Saint-Jean-de-Dieu ou de la Charité [98] fondèrent en 1606 un hôpital, qui a été agrandi et renferme cinq cents lits. Dans cette rue se trouve l'école des ponts et chaussées. Au nº 13 a demeuré Dupont de l'Eure, et au nº 46, Augereau.

2º Rue du Bac.--Son nom lui vient d'un bac établi vers l'an 1550 à la place où est aujourd'hui le pont des Tuileries. C'est une rue très-fréquentée et aussi commerçante que populeuse. On y trouve:

1º L'église et la communauté des Missions étrangères, fondées en 1663, par Bernard de Sainte-Thérèse, pour propager la religion chrétienne dans les contrées sauvages. Cet établissement, supprimé en 1792, fut rétabli en 1804; il envoie des missionnaires dans l'Inde, dans la Chine, dans l'Océanie. Nous avons parlé ailleurs [99] du rôle politique qu'a joué cette maison pendant la Restauration. L'église est une succursale du dixième arrondissement.

2º La communauté des sœurs de la Charité, qui occupe l'ancien hôtel de la Vallière. Cette institution, fondée par Saint-Vincent-de-Paul en 1633, est destinée aux soins des malades et des pauvres, et à l'instruction des jeunes filles; il n'en est pas de plus populaire et de plus respectée. Les sœurs de la Charité, au nombre de 2,500, desservent trois cents maisons en France, et, à Paris, douze hôpitaux et trente écoles.

On trouvait jadis dans la rue du Bac: les couvents des Filles de la Visitation, fondé en 1673; de l'Immaculée Conception ou des Récollettes, fondé en 1637; l'hôpital des Convalescents, fondé en 1628 par madame de Bullion et supprimé en 1792. «On y admettait, dit Piganiol, les convalescents sortis de la Charité, excepté les prêtres, les soldats et les laquais, exclusion bien singulière!»

Il serait trop long d'indiquer les grandes maisons de cette rue et les hommes historiques qui les ont habitées: nous dirons seulement qu'au nº 84 est l'hôtel Galiffet, où était le ministère des affaires étrangères sous l'Empire, et que, parmi ses habitants célèbres, on peut citer Lanjuinais, Chateaubriand, Labédoyère, M. Dupin, M. de Montalembert.

II. Rue de l'Université.--Elle commence à la rue de Seine sous le nom de rue Jacob et finit au Champ-de-Mars. Son nom lui vient de l'Université, à qui appartenait le grand Pré-aux-Clercs. On n'y trouve d'autre édifice remarquable que le palais du Corps législatif dont nous avons parlé ailleurs [100], et la place qui s'ouvre devant ce palais: cette place est ornée d'une statue de la loi.

Les anciens hôtels de cette rue étaient: hôtels de Guéménée, de Villeroy, d'Aligre, de Mortemart, de Montesquieu, de Soyecourt, de Mailly, de Périgord, qui appartient aujourd'hui au maréchal Soult; de Noailles, aujourd'hui occupé par le Dépôt de la guerre, etc. Au nº 17 demeurait en 1830 le maréchal de Bourmont; au nº 18 demeurait en 1808 Chauveau-Lagarde; au nº 82 a demeuré M. de Lamartine; au nº 90 M. le duc de Broglie, etc. Enfin, dans cette rue demeurait, en 1792, Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun, le général Arthur Dillon, le général Montesquiou, etc.

Dans la rue de l'Université aboutit la rue des Petits-Augustins, qu'on appelle aujourd'hui Bonaparte, et qui se prolonge sous ce nom jusqu'à la rue de Vaugirard.

Cette rue, ouverte en 1600 sur l'emplacement du canal de la petite Seine, a pris son nom des Augustins que Marguerite de Valois fit venir pour desservir une chapelle voisine de son palais. Cette princesse leur concéda six arpents de terre qu'elle avait acquis de l'Université dans le grand Pré, et sur lesquels ils bâtirent en 1625, avec le produit des quêtes faites dans Paris, un couvent et une église. Cette église renfermait les tombeaux du peintre Porbus, du favori de Gaston d'Orléans, Puylaurens, de la famille Leboulanger, etc. En 1791, on fit du couvent des Augustins un dépôt d'objets d'art enlevés aux églises détruites, et ce dépôt devint, sous la direction d'Alex. Lenoir, le Musée des monuments français, qui fut ouvert le 1er septembre 1795. Huit grandes salles renfermaient plus de cinq cents monuments, statues, tableaux, bas-reliefs, antiquités, curiosités; l'église, le cloître, les cours, les escaliers, les balcons, les façades, tout était plein de débris disposés avec art et dans l'ordre chronologique; enfin, les jardins, élégamment dessinés, étaient ornés de tombeaux d'hommes illustres, parmi lesquels Abeilard, Descartes, Turenne, Molière, La Fontaine, Boileau, etc. En 1816, on détruisit ce musée précieux, et les monuments qu'il renfermait furent donnés à l'abbaye Saint-Denis, à diverses églises et même à des cimetières; en même temps, l'on ordonna la construction d'un palais pour l'école des Beaux-Arts. Ce palais a été commencé en 1819 sur les dessins de M. Debret et continué par M. Duban. Dans la première cour est la façade du château d'Anet, œuvre de Philibert Delorme; elle sert de frontispice à l'ancienne église des Augustins, transformée en musée où l'on trouve des modèles en plâtre, des chefs-d'œuvre de sculpture et une copie du Jugement dernier de Michel-Ange. La première cour est séparée de la seconde par la porte du château de Gaillon et par d'autres fragments précieux de la sculpture française. La face principale du musée des études est décorée de colonnes, médaillons, fragments antiques, des portraits en relief de Philibert Delorme, Jean Goujon, Poussin et Lesueur. On trouve dans l'intérieur des galeries destinées à des expositions de peinture, de sculpture et d'architecture, une collection des empreintes des sceaux royaux depuis Clovis, des modèles de monuments antiques, un grand amphithéâtre dont l'hémicycle a été peint par Paul Delaroche, etc.

Dans la rue des Petits-Augustins ont demeuré Vicq d'Azyr, le général Beauharnais, le malheureux amiral Dumont d'Urville, etc.

III. Rue Saint-Dominique.--Elle commence à la rue Taranne, qui lui sert de prolongement jusqu'à la rue Saint-Benoît, et finit au Champ-de-Mars. On l'appelait jadis le Chemin aux Vaches, et elle a pris son nom actuel des Dominicains qui s'y établirent en 1632.

Les édifices publics qu'elle renferme sont:

1º L'église Saint-Thomas-d'Aquin, bâtie de 1682 à 1740 pour le couvent-noviciat des dominicains réformés, couvent qui avait été fondé par Richelieu et qui a produit des hommes célèbres, le peintre André, l'architecte du pont des Tuileries, Romain, etc. Cette église, qui est richement ornée, est la paroisse du dixième arrondissement.

2º Le Dépôt central d'artillerie, situé dans les bâtiments du couvent des Dominicains et comprenant des ateliers de précision et de modèles d'armes, des archives, plans et cartes, un musée d'artillerie, etc. Ce musée, fondé le 24 floréal an II, renferme une collection très-précieuse des armes de tous les temps et de tous les pays; il fut dévasté en 1815 par les alliés, et en 1830 par les insurgés parisiens, qui cherchaient des armes; mais ses pertes ont été réparées, et il renferme aujourd'hui plus de quatre mille armes, modèles, machines, etc.

3º Le ministère des travaux publics, établi dans l'ancien hôtel Molé, bâti par le maréchal de Roquelaure.

4º Le ministère de la guerre, établi dans les bâtiments du couvent des Filles Saint-Joseph. Ce couvent avait été fondé en 1640 «pour apprendre aux orphelines pauvres les ouvrages convenables à leur sexe jusqu'à ce qu'elles fussent en état d'être mariées, ou d'entrer en religion, ou de se mettre en service.» Il fut reconstruit en 1684 par les soins de madame de Montespan, qui s'y était réservé un appartement et y habita souvent. Cet appartement fut occupé, dans le siècle suivant, par madame du Deffant.

5º L'hôtel du ministre de la guerre, bâti en 1730 par la duchesse de Mazarin, qui le céda à la princesse de Conti, dont il prit le nom. Il était habité en 1788 par le cardinal de Brienne. Lorsque ce ministre donna sa démission, une foule de jeunes gens se porta devant son hôtel et y brûla un mannequin à son effigie; les troupes cernèrent la rue Saint-Dominique, tirèrent sur cette foule et firent un grand nombre de victimes. Sous l'Empire, cet hôtel fut habité d'abord par Lucien Bonaparte, ensuite par la mère de Napoléon.

6º L'église Sainte-Clotilde, église nouvelle presque achevée, de style gothique, sur la place Belle-Chasse. Cette place a été ouverte sur les jardins du couvent des chanoinesses du Saint-Sépulcre.

7º L'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, succursale du dixième arrondissement.

8º L'hôpital militaire du Gros-Caillou, fondé en 1765 par le duc de Biron pour les gardes-françaises.

Outre ces monuments, on trouve encore dans cette rue les hôtels de Luynes, bâti par la fameuse duchesse de Chevreuse; de Broglie, au coin de la rue Bellechasse, bâti en 1704 par le comte de Broglie, maréchal de France; de Châtillon, de Guerchy, de Poitiers, de Lignerac, de Comminges, de Seignelay, de Caraman, de Montpensier, etc. Le plus magnifique est l'ancien hôtel Monaco, depuis hôtel de Wagram, transformé récemment par le banquier Hope en un palais qui est l'habitation la plus somptueuse de Paris.

Au coin des rues Taranne et Saint-Benoît a demeuré Diderot pendant trente ans: au nº 12 de la rue Taranne était l'hôtel du baron d'Holbach; au nº 51 de la rue Saint-Dominique est mort en 1807 le baron de Breteuil; au nº 54, le maréchal Kellermann; au nº 105, le maréchal Davout, etc. Au nº 167 demeurait le conventionnel Goujon, qui se tua après les journées de prairial.

IV. Rue de Grenelle, qui commence au carrefour de la Croix-Rouge et finit au Champ-de-Mars. Son nom lui vient, d'une garenne (garanella) qu'y possédait l'abbaye Saint-Germain. «On peut regarder cette rue, dit Jaillot, comme une belle avenue qui conduit aux deux superbes monuments de la piété et de la munificence de Louis XIV et de Louis XV, l'hôtel des Invalides et l'École Militaire.»

Les édifices publics qu'on y trouve sont:

1º La mairie du dixième arrondissement, établie dans l'ancien hôtel de Feuquières. Cet hôtel était, sous Louis XIV, l'hôtel de Beauvais, où logea le doge de Gênes en 1685; on y établit en 1687 le couvent des Petits-Cordeliers, supprimé en 1749.

2º La fontaine de Grenelle, œuvre très-remarquable de Bouchardon, construite en 1739.

3º L'ancienne église de l'abbaye de Panthemont, aujourd'hui consacrée au culte protestant. Cette abbaye avait été fondée en 1672; une partie de ses bâtiments sert de caserne de cavalerie, et, sur ses jardins, qui touchaient à ceux des chanoinesses du Saint-Sépulcre, on a prolongé la rue Belle-chasse.

4º Le ministère de l'instruction publique, établi dans l'ancien hôtel de Brissac.

5º Le ministère de l'intérieur, établi dans l'ancien hôtel Conti.

6º L'école d'état-major, établie dans l'ancien hôtel de Sens, bâti par le duc de Noirmoutier.

Outre les hôtels que nous venons de nommer, on y trouvait encore les hôtels d'Estourmel, de la Mothe-Houdancourt, de Harcourt, de la Salle, de la Marche, du Châtelet. Les plus remarquables historiquement étaient: l'hôtel de Villars, bâti par le président Lecoigneux et qui fut habité par le vainqueur de Denain; l'hôtel de Maurepas, qui fut habité par le ministre de Louis XVI, etc.

V. Rues de la Planche et de Varenne, qui commencent à la rue de la Chaise et finissent au boulevard des Invalides. On y trouvait les hôtels de Novion, de Narbonne-Pelet, du Plessis-Châtillon, de Gouffier, de la Rochefoucauld, de Tingry-Montmorency ou de Matignon, de Castries qui fut dévasté par le peuple en 1790. Les plus remarquables sont: l'hôtel de Rohan-Chabot, qui fut habité par madame Tallien, dont le salon était fréquenté par toutes les célébrités de la révolution et de l'ancien régime, Barras, Bonaparte, Hoche, Talma, Boufflers, Boïeldieu, etc.; et qui plus tard devint l'hôtel de Montebello; l'hôtel de Broglie, habité par Lebrun, troisième consul et duc de Plaisance; l'hôtel de Biron, bâti par Peyrenc de Moras, fils d'un barbier enrichi par le système de Law, et qui passa à sa mort à la duchesse du Maine, puis au maréchal de Biron; il devint une maison de détention sous la révolution, puis des ateliers et forges pour la fabrication des armes; aujourd'hui c'est le couvent du Sacré-Cœur et l'une des plus vastes et des plus magnifiques propriétés de Paris.

§ II.

L'hôtel des Invalides et le Champ-de-Mars.

L'hôtel des Invalides fut fondé en 1671 par Louis XIV pour les soldats ou officiers blessés ou infirmes, et ce monarque en fit son institution de prédilection, celle où sa gloire est sans nuages. «Il est bien raisonnable, dit l'ordonnance de fondation, que ceux qui ont exposé librement leur vie et prodigué leur sang pour la défense et le soutien de cette monarchie jouissent du repos qu'ils ont assuré à nos sujets.» Ce vaste édifice se compose, outre l'église, de dix-huit corps de bâtiments occupant une superficie de cinq hectares et demi et renfermant plus de trois mille invalides. C'est l'œuvre de Libéral Bruant. L'église, qui est un des monuments les plus parfaits que possède la France, est l'œuvre de Hardouin Mansard: elle est surmontée d'un dôme magnifique, élevé de cent cinq mètres, qui est l'édifice le plus frappant du panorama de Paris; c'est le premier point qui attire les regards quand, du haut des collines environnantes, on contemple l'océan de maisons qu'il domine de sa coupole dorée. Ce dôme recouvre les restes de Napoléon, pour lesquels on a construit un magnifique tombeau. Ce tombeau est placé dans une crypte circulaire, profonde de 6 mètres, large de 23, dans laquelle on descend par un escalier situé près du grand autel. Le cercueil a 4 mètres de long sur 2 de large et 4 de hauteur. Les parois de la crypte sont ornées de bas-reliefs allégoriques, et le parvis est soutenu par des figures colossales en marbre. Au fond est une chambre souterraine où l'on a déposé l'épée que portait Napoléon à Austerlitz, et 60 drapeaux sauvés de la destruction en 1814. Dans l'église et des deux côtés de l'autel se trouvent les tombeaux de Turenne et de Vauban, qui y ont été placés sous le Consulat. De plus les caveaux renferment les sépultures des maréchaux de Coigny, Lobau, Moncey, Oudinot, Jourdan, Bussières, Duroc, Mortier, Molitor, Gérard, Valée, Bugeaud, Excelmans, de l'amiral Duperré; des généraux Éblé, Lariboissière, d'Hautpoul, Damrémont, Négrier, Duvivier, etc.; des victimes de l'attentat Fieschi, etc. Avant la révolution ils renfermaient un arsenal de réserve, qui fut livré au peuple le 13 juillet et servit à la prise de la Bastille. La voûte de l'église était autrefois tapissée de neuf cent soixante drapeaux ennemis: en 1814, ces glorieux trophées furent brûlés par ceux qui les avaient conquis au prix de leur sang, et ils commencent à être remplacés par les étendards enlevés à l'Afrique.

L'esplanade des Invalides a été construite sous Louis XV. En 1804, on y éleva une fontaine, qui était surmontée du lion de Saint-Marc enlevé à Venise. Cette fontaine, dépouillée depuis 1815 de ce trophée de nos victoires, a été détruite en 1840.

Les rues de l'Université, Saint-Dominique et de Grenelle, au delà de l'esplanade des Invalides, traversent un quartier pauvre et populeux qui ne présente rien de remarquable: c'est le Gros-Caillou. Au delà de ce quartier est le Champ-de-Mars.

Ce champ n'était, en 1770, qu'un terrain cultivé, dans lequel on traça un parallélogramme de mille mètres de long sur cinq cents de large pour les exercices de l'École Militaire. Cette école avait été fondée en 1751 pour l'éducation de cinq cents jeunes gentilshommes; elle fut supprimée en 1787. L'édifice, aussi vaste que magnifique, avait été achevé en 1762, sur les dessins de Gabriel, et il renfermait dix corps de bâtiment, quinze cours, une chapelle, un observatoire établi en 1768, où Lalande fit des observations, etc. Après la suppression de l'École Militaire, il fut destiné à l'Hôtel-Dieu; mais la révolution survint et fit de ce beau monument une caserne, qui servit d'abord à la garde constitutionnelle de Louis XVI, puis à la garde impériale, sous le nom de Quartier Napoléon. En 1810, cette garde y donna une grande fête aux autres corps de l'armée. C'est encore aujourd'hui une vaste caserne, dont la façade sur le Champ-de-Mars a été doublée d'étendue, et qui peut loger plus de douze mille hommes et un parc d'artillerie.

Cependant, le Champ-de-Mars était devenu le champ des fêtes de la révolution. On l'inaugura par la fédération du 14 juillet, journée d'enthousiasme et d'espérances si cruellement déçues. Là, le 17 juillet 1791, eurent lieu les rassemblements qui amenèrent la proclamation sanglante de la loi martiale; là furent célébrées toutes ces fêtes symboliques et païennes que nous avons racontées dans l'Histoire générale de Paris, commémorations du 10 août et du 21 septembre, du 21 janvier, du 9 thermidor, fêtes de la Constitution de l'an I, de l'Être suprême, de la Constitution de l'an III, etc. Là se firent les grandes revues, les fêtes triomphales de l'Empire, la revue du 14 juillet 1800 après la bataille de Marengo, la fête du 3 décembre 1804 pour la distribution des aigles, enfin la journée du Champ-de-Mai à la veille de Waterloo! Le Champ-de-Mars a été encore le théâtre de grandes cérémonies sous la Restauration et la monarchie de Juillet; mais il a surtout servi, pendant ces périodes de notre histoire, à des solennités hippiques empruntées à l'Angleterre, solennités destinées, dit-on, à améliorer nos races de chevaux, mais dont les résultats sont encore à espérer.

Les barrières voisines du Champ-de-Mars sont celles de l'École-Militaire et de Grenelle, qui communiquent avec la commune de Grenelle, commune bâtie et peuplée depuis trente ans et qui s'est établie dans une plaine tristement célèbre par les exécutions qui s'y sont faites: là ont été fusillés, pendant la révolution, des émigrés, des chouans, les conspirateurs babouvistes du 23 fructidor an IV; sous l'Empire, Mallet et ses compagnons; sous la Restauration, Labédoyère, Mietton, aide de camp du général Bonnaire, et plusieurs autres officiers de l'Empire.

FIN.

 

TABLE DES MATIÈRES.

 
 
 

SECONDE PARTIE.

 
 
 

HISTOIRE DES QUARTIERS DE PARIS.

 
-- Préliminaires. 1
 
 

LIVRE PREMIER.

 
 
 

LA SEINE, SES ÎLES, SES QUAIS, SES PONTS.

 
 
 

CHAPITRE PREMIER.

 
-- La Seine. 6
 
 

CHAPITRE II.

 
-- Les Îles. 7
 
 

CHAPITRE III.

 
-- Île Saint-Louis. 8
 
 

CHAPITRE IV.

 
-- Île de la Cité. 12
§ 1. Quais de la Cité. 14
§ 2. Rue d'Arcole et le Parvis Notre-Dame. 17
§ 3. L'église Notre-Dame. 18
§ 4. L'Hôtel-Dieu. 23
§ 5. Rue de la Cité. 27
§ 6. Rue de la Barillerie. 30
§ 7. Le Palais-de-justice et la Préfecture de police. 32
§ 8. Rue de Harlay et place Dauphine. 39
 
 

CHAPITRE V.

 
-- Les Quais.
(L'Arsenal.--La place du Châtelet.--La Halle-aux-Vins.--Le Couvent des Augustins.--L'hôtel de Nesle.--Le collége des Quatre-Nations.--Le quai Malaquais.--Le Palais de l'Assemblée nationale)
39 à 55
 
 

CHAPITRE VI.

 
--

Les Ponts.

55 à 61
 
 

LIVRE II.

 
 
 

PARIS SEPTENTRIONAL.

 
 
 

CHAPITRE PREMIER.

 
 

La place de Grève, la rue Saint-Antoine, la place de la Bastille, le faubourg Saint-Antoine.

 
§ 1. La place de Grève et l'Hôtel-de-Ville. 61
§ 2. La rue et le quartier Saint-Antoine.
(L'église Saint-Gervais.--L'hôtel Saint-Paul.--L'hôtel des Tournelles.--La place Royale. L'église Saint-Paul-Saint-Louis.--L'église Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers.--L'hôtel de la Force.--L'hôtel Lamoignon.--La rue Saint-Paul.--Le couvent des Célestins.--L'hôtel Lesdiguière, etc.)
70
§ 3. La place de la Bastille et les boulevards.
(La Bastille.--La colonne de Juillet.--Le boulevard Beaumarchais.)
89
§ 4. Le faubourg Saint-Antoine.
(La rue de Charenton.--La rue de Reuilly.--La rue de la Roquette.--Le cimetière du père Lachaise.--La rue de Charonne.)
94
 
 

CHAPITRE II.

 
-- La Vieille-rue-du-Temple, le Marais et la rue Ménilmontant.
(L'imprimerie impériale.--L'église de Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux.--Les archives nationales.--La rue Saint-Louis.--L'église des Minimes.--La rue Popincourt, etc.).
103
 
 

CHAPITRE III.

 
--

La rue et le faubourg du Temple.

114
§ 1. La rue du Temple et le Temple.
(Rue de la Verrerie.--Rue Rambuteau.--Les Madelonnettes.--L'église Sainte-Élisabeth, etc.).
 
§ 2. Le boulevard et le faubourg du Temple. 124
 
 

CHAPITRE IV.

 
--

La rue et le faubourg Saint-Martin.

127
§ 1. La rue Saint-Martin.
(L'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie.--L'église Saint-Merry.--L'église Saint-Nicolas-des-Champs.--Le prieuré Saint-Martin-des-Champs.--Les rues des Écrivains, des Lombards, des Vieilles-Étuves, aux Ours, Quincampoix, Bourg-l'Abbé, etc.)
 
§ 2. Le boulevard et le faubourg Saint-Martin.
(L'hospice des Incurables.--La foire Saint-Laurent.--La butte de Montfaucon.--Le canal Saint-Martin, etc.)
142
 
 

CHAPITRE V.

 
 

La rue et le faubourg Saint-Denis.

 
§ 1. La rue Saint-Denis.
(Les églises Sainte-Opportune, des Saints-Innocents, du Saint-Sépulcre, Saint-Leu-Saint-Gilles.--L'hôpital de la Trinité.--Le couvent des Filles-Dieu.--Rue Perrin-Gasselin.--Rue de la Ferronnerie.--Rue Mauconseil.--L'hôtel de Bourgogne.--La cour des Miracles).
148
§ 2. Le boulevard et le faubourg Saint-Denis. 172
 
 

CHAPITRE VI.

 
 

Les Halles, la rue Montorgueil et le faubourg Poissonnière.

 
§ 1. Les Halles. 178
§ 2. La rue Montorgueil et le faubourg Poissonnière. 183
 
 

CHAPITRE VII.

 
-- La rue et le faubourg Montmartre.
(L'église Saint-Eustache.--L'hôtel de Soissons.--Rue Jean-Jacques Rousseau.--Rue Grange-Batelière.--Rue Geoffroy-Marie.--Rue de la Victoire.)
188
 
 

CHAPITRE VIII.

 
--

Quartier du Palais-Royal, de la Bourse et de la place Vendôme.

198
I. Rue Croix-des-Petits-Champs, place des Victoires et rue Notre-Dame-des-Victoires. 200
II. Le Palais Royal, la rue Vivienne et la Bourse.  
§ 1. Le Palais-Royal. 203
§ 2. La rue Vivienne et la place de la Bourse. 214
III. La rue Richelieu.
(Le Théâtre-Français, la bibliothèque nationale, le boulevard des Italiens, la rue Neuve-Saint-Augustin, etc.)
218
IV. La butte Saint-Roch, les rues Sainte-Anne et de Grammont. 224
V. La place Vendôme et la rue de la Paix. 225
VI. La rue de la Concorde et l'église de la Madeleine. 230
 
 

CHAPITRE IX.

 
 

Le quartier de la Chaussée-d'Antin.

 
§ 1. Les rues de la Chaussée-d'Antin et de Clichy. 232
§ 2. La rue Saint-Lazare. 236
 
 

CHAPITRE X.

 
§ 1. La rue Saint-Honoré.
(L'Oratoire.--L'église Saint-Roch.--Les Jacobins.--Les Feuillants.--Les Capucins.--Les rues des Bourdonnais, de la Tonnellerie, de l'Arbre-Sec.--L'église Saint-Germain-l'Auxerrois.--L'hôtel des Fermes.--L'hôtel de Rambouillet.--La rue Saint-Nicaise.--Les rues de Castiglione et de Rivoli, etc.)
238
§ 2. Le faubourg Saint-Honoré. 254
 
 

CHAPITRE XI.

 
 

Le Louvre, les Tuileries, la place de la Concorde et les Champs-Élysées.

 
§ 1. La rue de Rivoli. 258
§ 2. Le Louvre. 259
§ 3. La place du Carrousel, le palais et le jardin des Tuileries. 265
§ 4. La place de la Concorde, les Champs-Élysées, l'arc de l'Étoile. 274
 
 

LIVRE III.

 
 
 

PARIS MÉRIDIONAL.

 
 
 

CHAPITRE PREMIER.

 
-- La place Maubert, la rue Saint-Victor, le Jardin-des-Plantes et la Salpétrière. 280
 
 

CHAPITRE II.

 
--

La Montagne-Sainte-Geneviève, la rue Mouffetard, les Gobelins.

294
§ 1. Rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.
(L'église et l'abbaye Sainte-Geneviève, le collége Montaigu, la rue Saint-Jean-de Beauvais, etc.)
297
§ 2. Rues Descarte et Mouffetard.
(L'église Saint-Médard, l'église Saint-Marcel, la manufacture des Gobelins, l'hôpital de Lourcine, etc.)
306
 
 

CHAPITRE III.

 
 

La rue et le faubourg Saint-Jacques.

 
§ 1. La rue Saint-Jacques.
(Le collége de France, le lycée Louis-le-Grand, l'hôtel Cluny, le Panthéon, etc.)
315
§ 2. Le faubourg Saint-Jacques.
(Les Carmélites, le Val-de-Grâce, Port-Royal, etc.)
330
 
 

CHAPITRE IV.

 
 

Les rues de la Harpe, d'Enfer et de Vaugirard.

 
§ 1. La rue de la Harpe. 338
§ 2. La rue d'Enfer. 345
§ 3. La rue de Vaugirard. 351
 
 

CHAPITRE V.

 
 

Les rues Saint-André-des-Arts, de Bussy, du Four, de Sèvres.

 
-- (L'Abbaye-aux-Bois, la rue Gît-le-Cœur, la rue de l'Ancienne-Comédie, l'abbaye Saint-Germain-des-Prés, la foire Saint-Germain, etc.). 359
 
 

CHAPITRE VI.

 
 

Le faubourg Saint-Germain, les Invalides et le Champ-de-Mars.

 
 
§ 1. Le faubourg Saint-Germain. 377
 
I. Rue de Lille. 380
II. Rue de l'Université. 382
III. Rue Saint-Dominique. 384
IV. Rue de Grenelle. 386
V. Rue de Varennes. 387
 
§ 2. L'Hôtel des Invalides et le Champ-de-Mars. 387
 
 

FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.

 

Note 1: Voyez Hist. gén. de Paris, p. 23. (retour)

Note 2: «L'île Saint-Louis présente le singulier phénomène d'être le seul quartier de Paris qui ne loge pas de filles publiques; toutes celles qui, à différentes reprises, ont voulu s'y établir n'ont pu y rester. Cette particularité peut s'expliquer par les mœurs et les habitudes de ce quartier. Tout le monde s'y connaît: c'est une petite ville au milieu d'une grande; les mœurs graves et austères de l'ancienne magistrature qui l'habitait autrefois s'y sont conservées. Chaque maison a les traditions de ses anciens maîtres; et l'ordre, le travail, ainsi que les vertus privées, font le caractère des négociants qui y habitent aujourd'hui; il n'est pas jusqu'aux ouvrières de toute espèce qui peuplent les combles qui ne se fassent remarquer par leur décence et leur vertu[A].» A: Parent-Duchâtelet, De la Prostitution, etc., t. I. p. 538. (retour)

Note 3: Voyez Hist. gén. de Paris, p. 173. (retour)

Note 4: Voyez Hist. gén. de Paris, p. 11. (retour)

Note 5: Hist. gén. de Paris, p. 5. (retour)

Note 6:

TIB. CÆSARE. AUG. JOVI. OPTUMO.
MAXUMO... M. NAUTÆ. PARISIAC.
PUBLICE. POSUERUNT.
(retour)

Note 7: Grég. de Tours, liv. VII, ch. VIII. (retour)

Note 8: Hist. gén. de Paris, p. 172. (retour)

Note 9: Les archevêques de Paris étaient seigneurs temporels d'une partie de la Cité, du bourg Saint-Marcel, de la Ville-l'Évêque et de neuf autres fiefs dans Paris: la Trémoille ou les Bourdonnais, le Roule, la Grange-Batélière, les Rosiers, Tirechappe, Thibault-aux-Dés, les Tombes, près l'Estrapade, et Poissy, près des Chartreux. Leur revenu s'élevait à 200,000 livres. Ils avaient, dans leur dépendance directe, ou, pour mieux dire, dans leur propriété, les trois églises collégiales de Saint-Marcel, de Sainte-Opportune et de Saint-Honoré, lesquelles étaient appelées les filles de l'archevêque. Leur diocèse comprenait 22 chapitres, 31 abbayes, 66 prieurés, 184 couvents, 472 cures, 256 chapelles, 34 maladreries. (retour)

Note 10: Le chapitre de Notre-Dame était presque aussi riche et puissant que l'archevêque: son revenu s'élevait à 180,000 livres, et il avait, dans sa dépendance, les quatre églises collégiales de Saint-Merry, du Saint-Sépulcre, de Saint-Benoît, de Saint-Étienne-des-Grés, lesquelles étaient appelées les filles de Notre-Dame. (retour)

Note 11: Auguet de Monthyon, conseiller d'état, mort en 1819, a laissé aux hôpitaux une somme de 5,312,000 francs. (retour)

Note 12: Piganiol de la Force, t. I, p. 436. (retour)

Note 13: Hist. gén. de Paris, p. 43 et 82. (retour)

Note 14: Fèvre, faber, ouvrier. Cette maison a donné son nom dénaturé à la rue aux Fèves. (retour)

Note 15: Voy. Hist. gén. de Paris, p. 4. (retour)

Note 16: Cette restauration, ainsi que celle de Notre-Dame, est l'œuvre de M. Lassus. (retour)

Note 17: Le Parlement de Paris avait dans son ressort 172 tribunaux inférieurs dits présidiaux, bailliages, sénéchaussées, châtellenies, et distribués dans l'Île-de-France, la Champagne, la Picardie, l'Orléanais, le Perche, le Maine, l'Anjou, la Touraine, le Berry et le Nivernais, ce qui mettait dans la juridiction du Parlement de Paris une population de dix millions d'âmes. Il se subdivisait en grand'chambre, trois chambres des enquêtes et requêtes, et chambre criminelle; et il était composé: 1º des princes du sang et des pairs de France; 2º d'un premier président, de 9 présidents à mortier, de 130 conseillers; 3º d'un procureur général, de 3 avocats généraux et de 18 substituts; 4º de 22 greffiers, de 27 huissiers, de 330 procureurs, et de 500 avocats. (retour)

Note 18: On y lit encore: «Aux fosseyeurs des Saints-Innocents, 20 livres, à eux ordonnées par les prévôt des marchands et échevins, par leur mandement du 13 septembre 1572, pour avoir enterré, depuis huit jours, onze cents corps morts, ès environs de Saint Cloud, Auteuil et Chaillot.» (retour)

Note 19: On vient de détruire toutes les maisons qui le bordaient, afin de l'élargir et de le mettre en harmonie avec les autres voies nouvelles qui avoisinent l'Hôtel-de-Ville. (retour)

Note 20: Voy. Hist. génér. de Paris, p. 40 et 85. (retour)

Note 21: Voy. Hist. gén. de Paris, p. 31. (retour)

Note 22: On doit le reconstruire pour le mettre dans l'alignement de la grande artère centrale, dite boulevard de Sébastopol. (retour)

Note 23: Aujourd'hui on le reconstruit pour le mettre dans l'alignement du boulevard de Sébastopol. (retour)

Note 24: Il y en avait un cinquième, qui n'existe plus, le Pont-aux-Meuniers, qui joignait le quai de la Mégisserie au quai de l'Horloge: il fut enlevé par les eaux en 1596, avec ses maisons et ses habitants, «par le mauvais gouvernement et la méchante police de Paris,» dit l'Estoile. Rétabli par un nommé Marchand, dont il prit le nom, il fut brûlé en 1621 et non reconstruit. (retour)

Note 25: Tabl. de Paris, t. I, p. 158. (retour)

Note 26: Voy. Hist. gén. de Paris, p. 12 et 20. (retour)

Note 27: Tableau de Paris, t. II, p. 38. (retour)

Note 28: En 1818, des fouilles faites dans cette rue ont amené la découverte d'un très-grand nombre de tombeaux en pierre dans lesquels les corps étaient entièrement réduits en poussière. (retour)

Note 29: Voy. Hist. gén. de Paris, p. 28. (retour)

Note 30: Depuis que la rue de Rivoli a été prolongée aux dépens de la rue Saint-Antoine, la rue Pavée n'aboutit plus directement dans la rue Saint-Antoine, mais dans la rue de Rivoli. (retour)

Note 31: La rue Malher; c'est le nom d'un jeune officier tué dans les journées de juin 1848. (retour)

Note 32: Mém. de Conrart, p. 133. (retour)

Note 33: Ce tombeau, qui est sans cesse orné de couronnes d'immortelles, n'est pas le tombeau du Paraclet, où furent enterrés les deux époux. Il a été composé de toutes pièces par Alex. Lenoir, avec les débris du cloître du Paraclet, et, lui-même, y a déposé les ossements des célèbres amants. Les figures couchées sur le tombeau sont des statues du XIIIe siècle, auxquelles le statuaire Desenne a ajouté des têtes modelées d'après les crânes des deux époux. (retour)

Note 34: «Jamais un homme n'a été regretté si sincèrement: tout ce quartier où il a logé, et tout Paris et tout le peuple étaient dans le trouble et dans l'émotion.» (Mme de Sévigné, Lettre du 31 juillet 1675.) (retour)

Note 35: On peut se figurer l'emplacement de la tour du Temple, en prolongeant les rues des Enfants-Rouges et du Forez: la tour était exactement à l'intersection de ces deux prolongements. (retour)

Note 36: On a fait récemment disparaître le vieux nom de cette rue fameuse, qui n'est plus, aujourd'hui, que la continuation de la rue Beaubourg. (retour)

Note 37: Cette école se signala par son ardeur révolutionnaire, et elle figura dans toutes les fêtes jacobines. Le jour de l'apothéose de Marat (1er vendémiaire an III), on la vit sur le théâtre de l'Égalité (Théâtre-Français) donner, dit le Moniteur, un spectacle aussi nouveau qu'intéressant: «Associant à leurs jeux le célèbre Préville, ils montraient au public quelle avait été l'éducation sous l'ancien régime et ce qu'elle pouvait être sous celui de la liberté. La pièce qu'ils ont jouée ou plutôt donnée, avait trois actes. Le premier est une parodie grotesque de l'éducation ancienne. Les deux derniers actes ont procuré un plaisir vrai. Avec quelle satisfaction le public a vu ces jeunes gens dans leur atelier, s'occupant de leurs travaux ordinaires. Comme il a applaudi à leurs jeux militaires exécutés avec autant de précision que pourraient le faire des hommes longtemps exercés!» (Moniteur du 4 vendémiaire.) (retour)

Note 38: Voir les lettres de Mme de Sévigné, a. 1655. (retour)

Note 39: Lettres, t. II, p. 514. (retour)

Note 40: Il y aurait lieu d'établir ici un nouveau chapitre pour la voie nouvelle dite Boulevard de Sébastopol, qu'on ouvre en ce moment entre les rues Saint-Martin et Saint-Denis et parallèlement à ces rues. Mais ce boulevard ne sera achevé que dans quelques années. Il part de la place du Châtelet, coupe successivement les rues des Lombards, Rambuteau, aux Ours, Grenetat, du Ponceau, Neuve-St-Denis, Sainte-Appoline et le boulevard Saint-Denis. Il est entièrement construit entre les faubourgs Saint-Martin et Saint-Denis, et aboutit à l'embarcadère du chemin de fer de Strasbourg; il doit être continué à travers la Cité, sur la rive gauche de la Seine, et ouvrir ainsi tout Paris du nord au sud. Il diminuera singulièrement l'importance des rues Saint-Martin et Saint-Denis, dont il ne sera séparé que par des plaquettes de maisons. (retour)

Note 41: Voir rue Saint-Victor, liv. III ch. i (retour)

Note 42: Voici une lettre de faire part d'un décès célébré à l'hôpital Sainte-Catherine: "Un de vos frères vient de perdre sa fille. "Conformément à la sixième et dernière section des pratiques des théophilanthropes, décrite dans leur Manuel, p. 50, un des lecteurs rappellera la défunte au souvenir des assistants dans la fête religieuse et morale qui sera célébrée dimanche prochain, 7 mai, octodi 18 floréal an V, à onze heures précises du matin, rue Denis, 34, près celle des Lombards. "Le père vous invite à venir avec lui attacher une fleur à l'urne de son enfant et prier le Créateur de la recevoir dans son sein paternel." (retour)

Note 43: Voir rue Saint-Jacques, liv. III, ch. III. (retour)

Note 44: Cette porte et l'enclos ont disparu récemment et sont absorbés dans le boulevard de Sébastopol. (retour)

Note 45: Il avait fait son étude d'une première chambre «fort grande et fort claire,» où ses dix mille volumes étaient «rangés en belle place et bel air.» «J'ai fait mettre, dit-il, sur le manteau de la cheminée un beau tableau d'un crucifix qu'un peintre me donna en 1627. Aux deux côtés du bon Dieu, nous y sommes tous deux en portrait, le maître et la maîtresse; au-dessous du crucifix sont les deux portraits de feu mon père et de feu ma mère; aux deux coins sont les deux portraits d'Erasme et de Scaliger. Vous savez bien le mérite de ces deux hommes divins. Outre les ornements qui sont à ma cheminée, il y a, au milieu de ma bibliothèque, une grande poutre qui passe par le milieu de la largeur, de bout en bout, sur laquelle il y a douze tableaux d'hommes illustres d'un côté et autant de l'autre; si bien que je suis, Dieu merci, en belle et bonne compagnie avec belle clarté.» (Lettres, t. II, p. 584.) (retour)

Note 46: Voyez chap. X. (retour)

Note 47: Sauval, t. I, p. 510. (retour)

Note 48: «Tout autour de ce jardin on a construit des loges en bois, ayant chacune une porte et une croisée, avec un numéro au-dessus de la porte. Il y en a 138, toutes égales, propres et peintes. Le jardin a deux entrées, l'une, dans la rue de Grenelle, et l'autre, dans la rue des Deux-Écus, avec des Suisses aux portes et des corps de garde. Une ordonnance du roi défend de laisser entrer ni artisans, ni laquais, ni ouvriers.» (Journal de Barbier, t. I, p. 45.) (retour)

Note 49: «Nous traversâmes une fort petite antichambre, où des ustensiles de ménage étaient proprement arrangés; de là, nous entrâmes dans une autre chambre où Jean-Jacques était assis en redingote et en bonnet blanc, occupé à copier de la musique... Près de lui était une épinette, sur laquelle il essayait de temps en temps quelques airs. Deux petits lits de cotonnade rayée de bleu et de blanc comme la tenture de sa chambre, une commode, une table et quelques chaises, faisaient tout son mobilier... Sa femme était assise, occupée à coudre du linge; un serin chantait dans sa cage suspendue au plafond; des moineaux venaient manger du pain sur les fenêtres ouvertes du côté de la rue, et, sur celle de l'antichambre, on voyait des caisses et des pots remplis de plantes telles qu'il plaît à la nature de les semer. Il y avait, dans l'ensemble de son petit ménage, un air de propreté, de paix, de simplicité, qui faisait plaisir.» (Oeuvres de Bernardin de Saint-Pierre, t. XII, p. 41.) (retour)

Note 50: C'est dans cet hôtel qu'a été composée une des meilleures descriptions de Paris, celle de Piganiol de la Force, gouverneur des pages du comte de Toulouse. (retour)

Note 51: Le corps de Colbert fut conduit la nuit, de son hôtel à l'église Saint-Eustache, de peur qu'il ne fût insulté par le peuple, qui attribuait au grand ministre la lourdeur des impôts. (retour)

Note 52: On lit dans le Journal de Dangeau, à l'année 1707, à propos de ce couvent: «On veut établir une grande réforme dans les Petits-Pères de Paris, et on en a chassé plusieurs qui menoient une vie un peu scandaleuse. Ces Petits-Pères avoient des portes par où ils entroient et sortoient sans être vus, et y faisoient entrer des femmes. Ils avoient des chambres et des lits où rien ne manquoit, jusqu'aux toilettes, et on y faisoit bonne chère: à la fin le roi y a mis la main.» (retour)

Note 53: La famille Rambouillet fit bâtir alors le fameux hôtel Rambouillet de la rue Saint-Thomas-du-Louvre. (retour)

Note 54: En 1641, une autre représentation de cette pièce y fut donnée pour célébrer le mariage de Clémence de Maillé, nièce du cardinal, avec le duc d'Enghien (le grand Condé): «La France, ni possible les pays estrengers, dit un contemporain, n'ont jamais veu un si magnifique théâtre, et dont la perspective apportât plus de ravissement aux yeux des spectateurs. La beauté de la grand'salle où se passoit l'action s'accordoit merveilleusement bien avec les majestueux ornements de ce superbe théâtre, sur lequel, avec un transport difficile à exprimer, paraissoient de fort délicieux jardins ornés de grottes, de statues, de fontaines et de grands parterres en terrasse sur la mer, avec des agitations qui sembloient naturelles aux vagues de ce vaste élément, et deux grandes flottes, dont l'une paroissoit éloignée de deux lieues, qui passèrent toutes deux à la vue des spectateurs, etc... Après la comédie, trente-deux pages vinrent apporter une collation magnifique à la reine et à toutes les dames, et peu après sortit de dessous la toile un pont doré conduit par deux grands paons, qui fut roulé depuis le théâtre jusque sur le bord de l'eschaffaud de la reine, et aussitôt la toile se leva, et au lieu de tout ce qui avoit été vu sur le théâtre, y parut une grande salle dorée et enrichie des plus magnifiques ornements, éclairée de seize chandeliers de cristal, au fond de laquelle étoit un throsne pour la reine, des siéges pour les princesses, et aux deux côtés de la salle des formes pour les dames. La reine passa sur ce pont pour aller s'assoir sur son throsne, laquelle dansa un grand branle avec les princes, les princesses, les seigneurs et dames... » (retour)

Note 55: A Ampudia Amanda. Elle a vécu dix-sept ans. Pithusa, sa mère, a fait ce monument. (retour)

Note 56: Riouffe, Mém. sur les prisons, p. 69. (retour)

Note 57: On lit dans ce privilége contre-signé Colbert: «Attendu que lesdits opéras et représentations sont des ouvrages de musique tout différents des Comédies récitées, voulons et nous plaît que tous les gentilshommes, damoiselles et autres personnes puissent chanter audit Opéra sans que pour ce ils ne dérogent aux titres de noblesse, ni à leurs priviléges, charges, droits et immunités...» (retour)

Note 58: Il y a vingt ans à peine que le dernier acacia de la dernière guinguette des Porcherons a disparu; il était au coin de la rue de Clichy, près du cabaret Ramponeau. (retour)

Note 59: La partie de la rue des Fossés comprise entre les rues de la Monnaie et de l'Arbre-Sec et qui aujourd'hui est absorbée dans la rue de Rivoli, s'appelait alors Béthizy. (retour)

Note 60: «Fils d'un riche marchand de vins des halles, qui n'avait rien épargné à le faire instruire.» (Guy Patin t. I, p. 505.) (retour)

Note 61: Voyez, dans le chapitre suivant, le palais des Tuileries et la place du Carrousel. (retour)

Note 62: Mém., t. II, p. 98. (retour)

Note 63: On détruisit alors en partie l'hôtel du Petit-Bourbon, qui était situé sur l'emplacement de la Colonnade entre la rivière et l'ancienne rue Jehan Everout. Cet hôtel, bâti sur les ruines d'une maison qui avait appartenu au surintendant Marigny, était la demeure du fameux connétable de Bourbon, sur lequel il fut confisqué. A sa mort, on fit peindre de jaune la porte, le seuil et les fenêtres: «C'était la coutume, dit le Dictionnaire de Trévoux, pour déclarer un homme traître à son roi.» Cet hôtel avait une vaste galerie où l'on établit un théâtre pour les ballets et les fêtes de la cour. Henri III donna ce théâtre à des bouffons italiens «qui avaient tel concours, dit l'Estoile, que les quatre meilleurs prédicateurs de Paris n'en avaient tous ensemble quand ils prêchaient.» Cette galerie fut le lieu d'assemblée des États-Généraux de 1614. En 1645, elle redevint un théâtre pour des comédiens italiens et fut donnée à Molière en 1658: c'est là qu'il fit jouer l'Étourdi et le Dépit amoureux. La partie conservée de l'hôtel du Petit-Bourbon a servi de garde-meuble jusqu'en 1758, où elle fut détruite. (retour)

Note 64: Poussin habita l'une de ces maisons: «Je fus conduit, le soir, raconte-t-il, dans l'appartement qui m'avait été destiné: c'est un petit palais, car il faut l'appeler ainsi. Il est situé au milieu du jardin des Tuileries. Il y a en outre un beau jardin rempli d'arbres à fruits, avec une quantité de fleurs, d'herbes et de légumes.... J'ai des points de vue de tous les côtés, et je crois que c'est un paradis pendant l'été....» (retour)

Note 65: Ce monolithe a 22 m. 83 c. de hauteur. Son poids total est de 220,528 kil. (retour)

Note 66: Voyez p. 49. (retour)

Note 67: «Les corps que l'Hôtel-Dieu vomit journellement sont portés à Clamart: c'est un vaste cimetière dont le gouffre est toujours béant. Ces corps n'ont point de bière; ils sont cousus dans une serpillière et mis dans un chariot traîné par douze hommes, qui part tous les jours de l'Hôtel-Dieu à quatre heures du matin; il roule dans le silence de la nuit; la cloche qui le précède éveille à son passage ceux qui dorment... Il peut contenir jusqu'à cinquante corps. On verse ces cadavres dans une fosse large et profonde: on y jette ensuite de la chaux vive. La populace ne manque pas, le jour de la fête des morts, d'aller visiter ce vaste cimetière, où elle pressent devoir bientôt se rendre à la suite de ses pères. Il n'y a là ni pyramides ni mausolées; la place est nue. Cette terre grasse de funérailles est le champ où les jeunes chirurgiens vont, la nuit, franchissant les murs, enlever les cadavres pour les soumettre à leur scalpel inexpérimenté.» (Mercier, t. III, page 232.) (retour)

Note 68: «Les plus pauvres, les chiffonniers par exemple, se réunissent par chambrées, couchent dans des espèces d'auges, sur des chiffons ou sur quelques poignées de paille. Chaque locataire garde auprès de lui sa hotte, quelquefois comble d'immondices, et quels immondices! Ces sauvages ne répugnent pas à comprendre dans leurs récoltes des animaux morts et à passer la nuit à côté de cette proie puante. Lorsque les agents de police arrivent chez les logeurs, ils éprouvent une suffocation qui tient de l'asphyxie; ils ordonnent l'ouverture des croisées, quand il y a moyen de les ouvrir, et les représentations sévères qu'ils adressent aux logeurs sur cet horrible mélange d'êtres humains et de matières animales en dissolution ne les émeuvent point: les logeurs répondent à cela que les locataires y sont accoutumés... La hotte du chiffonnier n'est pas seulement le réceptacle de son industrie, elle est encore le panier de son ménage. Il prend parmi les immondices tout ce qui peut servir à son usage, des racines, pour sa soupe, des morceaux de pain, des fruits et en général tout ce qui lui paraît mangeable.» (Frégier, Des classes dangereuses, t. II, p. 140, et t. I, p. 105.) (retour)

Note 69: Voyez page 85. (retour)

Note 70: A Clovis-le-Grand, fondateur de cette église. L'abbé et le couvent ont renouvelé d'un meilleur travail et d'une meilleure forme son tombeau, construit autrefois d'une pierre vulgaire et déformé par le temps. (retour)

Note 71: Voici comment madame de Sévigné raconte la procession de 1675: «Saint Marcel vint prendre sainte Geneviève jusque chez elle, sans cela on ne l'eût pas fait aller; c'étaient les orfèvres qui portaient la châsse du saint; il y avait pour deux millions de pierreries; c'était la plus belle chose du monde. La sainte allait après, portée par ses enfants, nu-pieds, avec une dévotion extrême. Au sortir de Notre-Dame, le bon saint alla reconduire la bonne sainte jusqu'à un certain endroit marqué, où ils se séparent toujours; mais savez-vous avec quelle violence? Il faut dix hommes de plus pour les porter, à cause de l'effort qu'ils font pour se rejoindre; et si par hasard, ils s'étaient approchés, puissance humaine ni force humaine ne pourraient les séparer: demandez aux meilleurs bourgeois et au peuple. Mais on les en empêche, et ils font seulement l'un à l'autre une douce inclination, et puis chacun s'en va chez soi.» (retour)

Note 72: Voici ce que dit Guy Patin de la procession de 1652: «Je ne vis jamais tant d'affluence de peuple par les rues qu'à cette procession. Je ne sais s'il s'y est fait quelque miracle; mais je tiens que c'en est un s'il n'y a eu plusieurs personnes d'étouffées. Si vous aviez vu tout cela, vous auriez appelé notre ville de Paris l'Abrégé de la dévotion.» (T. III, p. 5.) (retour)

Note 73: Voyez t. I, p. 173. (retour)

Note 74: Journal des Savants, oct. 1840, p. 647. (retour)

Note 75: «Je commence, écrivait-il en 1697 à M. Lepelletier, à sentir et à aimer plus que jamais la douceur de la vie. rustique, depuis que j'ai un petit jardin, qui me tient lieu de maison de campagne. Je n'ai point de longues allées à perte de vue, mais deux petites seulement, dont l'une me donne de l'ombre sous un berceau assez propre, et l'autre exposée au midi, me fournit du soleil pendant une bonne partie de la journée. Un petit espalier, couvert de cinq abricotiers et de dix pêchers, fait tout mon fruitier.» (retour)

Note 76: «Le nombre des malades, comparé à l'étendue des salles, est à peine croyable, écrivait Cullerier en 1787; dans les salles d'expectants, la moitié des malades se couchaient depuis huit heures du soir jusqu'à une heure après minuit, et les autres, depuis ce moment jusqu'à sept heures du matin; il n'y avait qu'un lit pour huit malades... Ce local était noir et tapissé de toute sorte de malpropretés; les croisées étaient clouées ou murées, ce qui avait transformé des salles de malades en cachots de criminels,» etc. (retour)

Note 77: La rue Saint-Jacques se terminait autrefois à la rue Saint-Hyacinthe: là commençait le faubourg Saint-Jacques. Depuis 1806, la rue Saint-Jacques se prolonge jusqu'à la rue de la Bourbe; là seulement commence le faubourg; mais l'ancienne division étant restée populaire et ayant d'ailleurs une importance historique, nous l'avons conservée. (retour)

Note 78: Cette voie ne suivait la rue Saint-Jacques que jusqu'à la hauteur de la Sorbonne; là, elle passait devant l'enceinte du palais des Thermes, sur la place Saint Michel, où était un camp romain, et s'en allait par Issy vers Orléans. (retour)

Note 79: La malice de nos pères racontait que lorsque saint Yves s'était présenté à la porte du paradis, saint Pierre l'avait repoussé, le confondant avec les hommes de sa profession. Le saint s'était alors fourré dans la foule et était parvenu à entrer; mais il avait été reconnu, et, saint Pierre voulant le chasser, il résista et dit qu'il resterait jusqu'à ce qu'on lui eût fait signifier par huissier de sortir. Saint Pierre fut embarrassé et chercha partout un huissier; mais, comme il n'en est jamais entré dans le paradis, il fut impossible d'en trouver un seul, et saint Yves resta ainsi au nombre des élus, à la grande confusion de saint Pierre. (retour)

Note 80: Voyez Hist. gén. de Paris, p. 80. (retour)

Note 81: On compte en effet parmi les Carmélites, des filles appartenant aux familles d'Épernon, de Brissac, de Biron, d'Arpajon, de la Rochefoucauld, de Bouillon, de Béthune, de Boufflers, etc. (retour)

Note 82: Dans cette demi-retraite, dit M. Sainte-Beuve, qui avait jour sur le couvent et une porte encore entr'ouverte au monde, cette ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, toujours active de pensée et s'intéressant à tout, continua de réunir autour d'elle, jusqu'à l'année 1678, où elle mourut, les noms les plus distingués et les plus divers, d'anciens amis restés fidèles, qui venaient de bien loin, de la ville ou de la cour, pour la visiter, des demi-solitaires, gens du monde comme elle, dont l'esprit n'avait fait que s'embellir et s'aiguiser dans la retraite, des solitaires de profession qu'elle arrachait par moments à force d'obsession gracieuse, à leur vœu de silence. (retour)

Note 83: Voir les lettres de Guy Patin, qui n'appelle jamais les chirurgiens que des laquais bottés. (retour)

Note 84: Le chevet de cette église était à peu près dans l'axe du palais du Luxembourg, et l'on y arrivait, ainsi qu'au couvent, par une ruelle partant de la rue d'Enfer. (retour)

Note 85: «Il y eut hier au soir une fête extrêmement enchantée à l'hôtel de Condé. Un théâtre bâti par les fées, des enfoncements, des orangers tout chargés de fleurs et de fruits, des festons, des perspectives, des pilastres; enfin, toute cette petite soirée coûte plus de deux mille louis.» (Lettre de madame de Sévigné du 9 février 1680.) (retour)

Note 86: Examen critique des Considérations sur la révolution française, par M. Bailleul, t. II, p. 275. (retour)

Note 87: Voy. Hist. gén. de Paris, p. 39.] (retour)

Note 88: Voy. p. 233. (retour)

Note 89: Le quai des Augustins s'arrêtait autrefois à la rue Gît-le-Cœur, et, pour aller au pont Saint-Michel, on suivait la rue de Hurepoix, dont le côté gauche bordait la Seine. Cette rue a été détruite pour continuer le quai. (retour)

Note 90: Mém., t. I, p. 92. (retour)

Note 91: Voy. p. 50. (retour)

Note 92: «Du règne de Louis-le-Grand, en l'année M. DCL. XXII, la porte Dauphine, qui estoit en cet endroit, a été démolie par l'ordre de MM. les prévost des marchands et eschevins, et la présente inscription apposée, en exécution de l'arrest du conseil du XXIIII septembre au dit an, pour marquer le lieu où estoit cette porte et servir de ce que raison.» (retour)

Note 93: Ce ne fut pas chose facile, si l'on en croit Racine, qui écrivait à Boileau: «La nouvelle qui fait ici le plus de bruit, c'est l'embarras des comédiens qui sont obligés de déloger de la rue Guénégaud, à cause que MM. de Sorbonne, en acceptant le collége des Quatre-Nations, ont demandé, pour première condition, qu'on les éloignât de ce collége. Ils ont déjà marchandé des places dans cinq ou six endroits; mais, partout où ils vont, c'est merveille d'entendre comme les curés crient; le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois a déjà obtenu qu'ils ne seraient point à l'hôtel de Sourdis, parce que de leur théâtre on aurait entendu tout à plein les orgues, et de l'église on aurait parfaitement entendu les violons. Enfin, ils en sont à la rue de Savoie, dans la paroisse de Saint-André: le curé a été tout aussitôt au roi représenter qu'il n'y a tantôt plus dans sa paroisse que des auberges et des coquetiers; si les comédiens y viennent, que son église sera déserte. Les Grands-Augustins ont aussi été au roi, et le père Lembrochons, provincial, a porté la parole; mais on prétend que les comédiens ont dit à Sa Majesté que ces mêmes Augustins qui ne veulent pas les avoir pour voisins sont fort assidus spectateurs de la comédie, et qu'ils ont même voulu vendre à la troupe des maisons qui leur appartiennent dans la rue d'Anjou, pour y bâtir un théâtre, et que le marché serait déjà conclu si le lieu eût été plus commode. M. de Louvois a ordonné à M. de la Chapelle de lui envoyer le plan du lieu où ils veulent bâtir dans la rue de Savoie; ainsi on attend ce que M. de Louvois décidera. Cependant l'alarme est grande dans le quartier: tous les bourgeois, qui sont gens de palais, trouvant fort étrange qu'on vienne leur embarrasser leurs rues. M. Billard, surtout, qui se trouvera vis-à-vis la porte du parterre, crie fort haut; et quand on lui a voulu dire qu'il en aurait plus de commodité pour s'aller divertir quelquefois, il a répondu fort tragiquement: Je ne veux point me divertir!» Si on continue à traiter les comédiens comme on fait, il faudra qu'ils s'aillent établir entre la Villette et la porte Saint-Martin; encore ne sais-je s'ils n'auront point sur les bras le curé de Saint-Laurent.» (retour)

Note 94: Voy. p. 174. (retour)

Note 95: Piganiol, t. VII, p. 200. (retour)

Note 96: Le mot faubourg Saint-Germain est une dénomination très-vague qu'on applique ordinairement à presque toute la partie sud-ouest de Paris; nous la restreignons, d'après la formation historique de ce quartier, à la partie comprise entre les rues de Seine, du Four, de Bussy, de Sèvres, le boulevard des Invalides et la Seine. (retour)

Note 97: Mémorial, t. I, p. 419 (retour)

Note 98: Les frères de la Charité étaient tous chirurgiens ou pharmaciens. «Leur établissement, le plus utile qu'il y ait pour l'humanité, dit Jaillot, avait été formé par un homme pauvre et d'une naissance commune, sans autres secours que ceux de la Providence.» (retour)

Note 99: Hist. gén. de Paris, p. 175. (retour)

Note 100: Voir les quais, p. 54. (retour)

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