← Retour

La femme au dix-huitième siècle

16px
100%

Qui veut avoir trait pour trait

De dame Imbault le portrait?

Elle est brune, elle est bien faite,

Et plaît sans être coquette,

Lampons, lampons, camarades, lampons!

Sans doute elle a de l'esprit:

Écoutez ce qu'elle dit:

Elle parle comme un livre

Composé par un homme ivre...

Lampons, lampons [705]!

Madame du Boccage donnait de certains jours à souper. Mais son salon ressemblait à sa politesse froide, triste, et n'attirant pas. C'était un cours sérieux jusqu'à l'ennui, entre des politiques, des savants, et quelques gens de lettres, sur les publications nouvelles, un cours présidé par le familier de Mme du Boccage, l'abbé Mably, qui faisait chez elle une si impitoyable exécution des livres de Necker [706]. Il y avait le salon et la société de Mme de Fourqueux égayés par les mystifications du fameux Goys jouant le personnage et le sexe de la chevalière d'Éon [707]. La veuve d'un médecin du duc de Choiseul, Mme de Vernage, tenait rue de Ménars un salon de littérateurs et de philosophes dont elle croyait avoir fait le premier salon de Paris, parce qu'il avait l'honneur des visites de l'archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne [708]. Puis c'était encore le salon de cette comtesse Turpin, «Minerve quand elle pense, Érato quand elle écrit [709],» disaient les poëtes du temps; salon que Voisenon charmait, qu'emplissaient ses amis. Venaient le salon d'une Mme Briffaut, fille d'une cuisinière, mariée à un marchand fait écuyer par Mme du Barry, citée comme une des plus jolies femmes de Paris, et qui, pour se décrasser, s'était formé une société d'écrivains, de gens à talents, et d'artistes [710]; le salon de Mme Pannelier, qui, avec sa petite coterie littéraire et ses dîners du mercredi, essayait de lutter avec le bureau d'esprit de Mme de Beauharnais [711]; le salon de Mme Élie de Beaumont, la femme auteur, qui donnait tous les soirs un souper dont le fond de société était le ménage la Harpe [712]; le salon de la vieille Quinault, retirée de la Comédie française depuis 1742 et morte à 83 ans, le salon de la spirituelle vieille femme, chez laquelle d'Alembert, après la mort de Mlle de Lespinasse et de Mme Geoffrin, avait finalement transporté ses habitudes et sa société familière. A ces centres d'art et de littérature, il faut ajouter les assemblées de gens de lettres tenues chez Mme Suard et chez Mme Saurin, à la sortie des spectacles [713], et enfin ce salon où les gens de la cour prétendaient s'amuser mieux qu'à Versailles, le salon de la sœur d'un petit écrivain, fort occupée à le grandir, ce bureau d'esprit, le seul tenu par une jeune femme, ce salon de Mme Lebrun, rempli d'auteurs et de critiques, et où se préparaient les battoirs pour les pièces de Vigée [714].

Un salon héritait des habitués et de l'influence de ces deux grands salons fermés par la mort, le salon de Mme Geoffrin, et le salon de Mlle de Lespinasse que d'Alembert essayait un moment de relever et de continuer; vaine entreprise, que le philosophe abandonnait bientôt, en reconnaissant la justesse de cette remarque de Mme Necker «que les femmes remplissent les intervalles de la conversation et de la vie, comme les duvets qu'on introduit dans les caisses de porcelaine [715].» A ces deux grands salons de lettres et de la philosophie succédait le salon de Mme la comtesse de Beauharnais, l'asile de tous les hommes de lettres gênés par le ton de réserve de la maison Necker. Et en peu de temps, le salon de cette femme sans jalousie, sans médisance, et toujours prête à louer, devenait le grand bureau, le bureau d'esprit le plus accrédité de Paris [716], où siégeaient tour à tour en maîtres de la maison les courtisans de Mme de Beauharnais, ses teinturiers, Dorat, Laus de Boissy et Cubières. Dans les années précédant la Révolution, toute la république des lettres s'assemblait chez la comtesse, accourait à ses vendredis, où la causerie menait la société jusqu'à onze heures et demie, l'heure du souper. A minuit l'on rentrait dans le salon où les invités étaient retenus jusqu'à cinq heures par la maîtresse de la maison. Des lectures menaient jusqu'à trois heures; lectures de tout genre et de toutes œuvres, vers, tragédies, fragments de confessions, chapitres de romans: Rétif de la Bretonne y lisait le commencement de Monsieur Nicolas. Puis tout ce monde animé, échauffé par ces lectures, se mettait à parler comme au sortir d'une première représentation; il laissait le jour venir en se renvoyant les nouvelles et les anecdotes, en faisant passer d'un bout du salon à l'autre les histoires échappées aux journaux secrets, en écoutant les curieux souvenirs du marquis de Lagrange, et ces mille récits de la maîtresse de la maison où Rétif allait puiser presque toutes les aventures des Posthumes [717].


Jeune et dans l'âge des plaisirs, nous avons vu la femme au dix-huitième siècle commencer à tourner ses grâces, son génie, et de singulières aptitudes vers la politique et les faveurs ministérielles. Nous l'avons vue imiter Mme de Prie, et faire comme elle «rouler les amants avec les affaires [718]». Nous l'avons entendue dire à chaque promotion, à chaque nomination: «Il faut que l'on fasse quelque chose pour ce jeune colonel; sa valeur m'est connue, j'en parlerai au ministre;» ou bien: «Il est surprenant que ce jeune abbé ait été oublié; il faut qu'il soit évêque; il est homme de naissance, et je pourrais répondre de ses mœurs [719].» Nous l'avons suivie dans ce patient et furieux travail de sollicitation, de protection, de patronage universel, à la cour, auprès des ministres, des maîtresses, de la société. Nous avons enfin montré la femme du temps dans ce rôle et ce règne actifs qui devaient faire de son sexe le premier pouvoir de la monarchie.

Que cette femme vieillisse, qu'elle arrive à quarante ans, qu'elle se refuse à la dévotion, que les distractions du bel esprit, les jeux de l'imagination, les hommages des lettres lui paraissent creux et insuffisants, elle fera des affaires l'occupation et l'intérêt de sa vie, sa vie même. Toutes les joies jeunes, toutes les belles passions d'illusion et d'étourdissement lui échappant une à une, l'enivrement du monde l'abandonnant avec l'enivrement de l'amour, elle se retourne vers l'ambition et vers la domination. Par ses amis, par ses protégés, par ses liaisons, par ses conseils, par ses idées, par ce qu'elle pousse et fait avancer en avant, elle veut se glisser au pouvoir. Il lui faut toucher à l'administration, au gouvernement, mettre la main au roman de l'histoire, tremper dans les plus grandes aventures, manier avec toutes les places un peu de l'État, en un mot jouer à l'influence, à la puissance, à la fortune, à la gloire même avec l'intrigue.

On trouve au commencement du siècle une sorte de patronne et de maîtresse de toutes les femmes d'intrigue dans cette Mme de Tencin, la grande intrigante dont nous avons déjà parlé, voilée d'ombre, si présente à tout, donnant audience, écoutant ses espions, assistant aux conciliabules des ministres, dictant, écrivant sans trêve des mémorandum, des rapports, des lettres de dix pages, enfonçant de tous côtés ses idées, donnant à Richelieu un plan, une conduite, une consistance, faisant du courtisan une personnalité, un instrument, et un danger pour Maurepas, ce Maurepas qu'elle sonde, qu'elle perce, et dont elle touche à fond l'endroit faible avec un mot: «La marine a recueilli cette année 14 millions, et n'a pas mis un vaisseau en mer, c'est là qu'il faut attaquer Maurepas [720].» Puis, au-dessous de Mme de Tencin, à sa suite, ce sont toutes sortes de grandes dames, au génie moins audacieux et moins large, à l'esprit plus pratique, plus appliqué au profit; ce sont des femmes qui intriguent, non parce que l'intrigue est la loi de leur caractère, une activité dont elles ont besoin, la fièvre qui les soutient et qui leur donne le sentiment de vivre, mais parce que l'intrigue est un chemin et un moyen. Non moins ardentes que Mme de Tencin, et plus âpres, elles sont infatigables, prêtes à tout, aux marches, aux contre-marches, toujours remplies de combinaisons, toujours remuantes, toujours debout pour mettre des places et des honneurs dans leur maison, pour y amasser de la grandeur et des enrichissements. Il semble qu'il y ait dans leurs veines du sang de cette famille qui ne laissait personne mourir la nuit à Versailles sans être sur pied, éveillée sur l'heure, dressant déjà ses batteries, la main sur la dépouille du mort. Et ne sont-elles point toutes représentées par la vieille maréchale de Noailles, née Bournonville, cette femme sans scrupule, qui avouait avoir usé également, presque indifféremment, du confesseur et de la maîtresse pour le gouvernement de la faveur des princes et l'avancement des siens? Souvent à cette aïeule, mère de onze filles et de dix fils, de tant de petits-enfants et d'arrière-petits-enfants, poussés par elle aux premiers emplois de l'État, on disait qu'elle était la mère des douze tribus d'Israël, et que sa race s'étendrait comme les étoiles du firmament; alors il échappait à la vieille maréchale inassouvie un soupir et parfois ce mot: «Et que diriez-vous si vous saviez les bons coups que j'ai manqués [721]

Cette vocation de l'intrigue devient avec le temps une vocation générale de la femme. Elle se répand dans le monde, elle descend jusqu'au bas de la société. Elle va des femmes qui sont le conseil et l'inspiration d'un ministre aux femmes qui sont les maîtresses d'un commis de ministère. Elle commence à une princesse de Brionne pour finir à une princesse de théâtre qui n'a pas de nom. On ne voit plus que femmes d'affaires ayant audience à l'antichambre, et dictant à des secrétaires des notes pour le prochain voyage de la cour. A côté de leur boudoir est un cabinet d'étude. Elles raisonnent, elles décident, elles se jettent dans la politique; elles rêvent essentiellement, en faisant des nœuds, aux abus de l'administration. Elles entretiennent leur société des dépêches qu'elles rédigent tous les matins, des intelligences qu'elles ont dans les bureaux. A les croire, point de ministre qui ne connaisse leur écriture, point de commis qui ne la respecte. Elles vous parlent d'idées qu'elles présentent, qu'on contrarie, qu'elles discutent, et qu'elles font passer: et elles vous quittent pour le travail qu'elles doivent avoir avec un personnage dont l'influence est connue [722]. Le Tableau du siècle a tracé de la femme d'intrigue une jolie caricature à la La Bruyère. «Araminte affecte d'aller souvent chez le ministre; elle demande des entretiens particuliers: on la voit passer dans le cabinet un papier à la main, elle en sort avec un air affairé dont elle voudrait bien que tout le monde s'aperçût. Rentrée chez elle, l'ordre est donné au suisse de ne la déclarer visible qu'à tous les gens à cabriolets de vernis de Martin, ou aux équipages armoriés et chargés de grande livrée. Trouve-t-on Araminte seule, elle demande mille pardons de ce qu'elle a fait attendre un moment. Comment suffire à une foule de lettres dont les bureaux l'accablent? On voit sur sa cheminée une douzaine d'épîtres tournées du côté du cachet: on y reconnaît les armes des plus grands seigneurs. Vous devez être obsédée d'affaires, lui dit un honnête homme de la meilleure foi du monde. Ha, Monsieur, je n'y puis suffire, je crois que toute la cour s'est donné le mot pour éprouver ma patience. Voilà des lettres d'une longueur qui ne finit pas. Il est vrai que les objets qu'elles renferment sont de la dernière conséquence. Un frère d'Araminte, capitaine de dragons, arrive sur ces entrefaites, et prend une de ces lettres pour donner des dragées à un petit enfant. Prenez garde, lui dit l'étranger, vous allez égarer des papiers très-importants. Bon, lui répond le capitaine, ce sont des réponses de bonne année.»

L'étrange manie des affaires est peinte plus sérieusement dans un autre livre, et personnifiée dans la baronne d'Ercy, un portrait où le temps a voulu voir un visage, la maîtresse d'un salon «au vrai ton de la cour», léger, sémillant, persiflant [723], une femme qui fit des ministres: madame Cassini.

Jolie, et charmante d'élégance, Mme Cassini avait commencé sa réputation de galanterie et d'intrigue sous Louis XV, en voyant les ministres, les généraux, les gens à la mode, en travaillant à placer des créatures, en jetant le discrédit sur le ministère, en donnant son blâme ou son approbation aux opérations du gouvernement. Puis, voulant prendre un vol plus haut, elle avait tenté une présentation à la cour, arrêtée par ce mot de Louis XV: «Il n'y a ici que trop d'intrigantes, Mme Cassini ne sera pas présentée [724].» Mais Louis XV mourait; et la fortune de Mme Cassini se levait avec le nouveau règne. Maîtresse de Maillebois, elle ouvrait à son frère, M. de Pezay, les portefeuilles de son amant, où M. de Pezay trouvait les plans, les mémoires de 1741 en Italie, dont il faisait un livre, les Campagnes de Maillebois, qui lui donnait une assiette dans le monde. Ce premier pas fait, Mme Cassini aidait son frère à se marier richement. Elle l'aidait encore, ce qui était plus utile à ses projets, à devenir l'amant de la princesse de Montbarrey. La princesse menait absolument Mme de Maurepas, Mme de Maurepas menait M. de Maurepas, M. de Maurepas menait le Roi, en sorte qu'être maître à ce moment de Mme de Montbarrey, c'était régner en France ou à peu près: aussi M. de Maurepas appelait-il M. de Pezay le Roi, le vrai Roi. Mais plus encore que de cette liaison, le salon de Mme Cassini, le joli salon de la rue de Babylone [725], tirait son influence d'une correspondance secrète concertée entre le frère et la sœur, adressée au jeune Roi pour guider son inexpérience, et qui faisait de Pezay le correspondant confidentiel, le conseiller intime de Louis XVI. Les coups de cette correspondance éclataient bientôt: Terray était chassé; Montbarrey devenait un directeur général de la guerre, et Pezay amenait au Contrôle général d'abord Clugny, puis Necker [726]. Mais, arrivé là, le salon Cassini dont l'ambition grossissait, voulait faire place nette dans le ministère: il tentait de renverser Maurepas, et Maurepas l'emportait. Maillebois livrait la correspondance secrète de Pezay que lui avait confiée Mme Cassini, et Pezay était exilé.

Ainsi croulait toute cette fortune, un rêve d'intrigue, dont rien ne restait debout, pas même le salon de Mme Cassini, ruiné par la disgrâce, bientôt discrédité par le scandale. Mme Cassini réclamait à M. Necker une pension de trois mille livres, comme sœur de M. de Pezay, sœur de l'auteur de son élévation, menaçant le ministre de publier les lettres qui prouvaient les intrigues et les manœuvres dont il avait usé pour arriver au ministère, par le secours de «cet enfant perdu de sa politique [727]».


En dehors de ces trois fins, la dévotion, les bureaux d'esprit, les intrigues de cour, une fin restait encore aux dernières années de la vieille femme du dix-huitième siècle. C'était la fin sans déchirement, sans effort, sans tracas, de la femme qui, à quarante-cinq ans, prenait la toilette et l'esprit de son âge, et, sans rompre avec l'habitude de ses pensées, le train de ses relations de monde et de famille, sans sortir du cadre de sa vie, se mettait tranquillement à vivre avec la vieillesse comme avec une amie. Beaucoup de vieilles femmes ne se donnaient ni à la dévotion, ni au bel esprit, ni à l'intrigue: ces femmes rares qui, selon l'expression du temps, «avaient eu un caractère et n'avaient pas négligé de nourrir leur raison,» échappaient au besoin de se trouver un nouvel état, et elles se contentaient de faire simplement et pour elles-mêmes ce personnage de vieille femme, le plus parfait, le plus accompli peut-être dont la société du dix-huitième siècle nous ait laissé le souvenir et l'exemple.

La façon dont la femme subit la vieillesse, ou plutôt l'accueil qu'elle lui fait, est un des plus grands signes de cette philosophie pratique, qui l'a déjà soutenue dans le mariage. Elle se résigne au temps, sans se débattre aux mains de l'âge, avec une aisance et une sérénité singulière, un courage gai, un héroïsme enjoué et qui ne laisse échapper de sa personne ni un murmure, ni une plainte, ni un soupir, ni un regret. Le beau rêve de son sexe est fini; mais il lui reste à devenir «un homme aimable», et la voilà consolée. On croirait qu'elle a trouvé du premier coup dans les vertus d'amabilité cette bonne humeur de l'âme, cette heureuse santé des idées, cet apaisement de la vie que la dévotion sincère cherche à trouver entre l'âge mur et la mort. La vieille femme se détache des Mémoires du temps, elle vient doucement à l'Histoire comme dans la fleur effacée d'un vieux pastel, figure de bonté et de malice, souriant à l'ombre des années entre l'Indulgence et l'Expérience. Elle a encore son passé dans les yeux, sur les lèvres, rayon venu du cœur, épargné par les rides: «L'amour a passé par là,» disait d'un mot qui dit tout le prince de Ligne en la voyant.

Et ne semblaient-elles pas en effet, les vieilles femmes, dans ce temps, les grand'mères de l'amour? Le tonneau, où elles s'enfermaient dans un coin d'appartement aux premiers froids, rappelait ce tonneau où la gravure nous montre la fille de Lépicié, corbeille d'osier aux anses de laquelle montent les rosiers et les fleurs: c'était le confessionnal où la jeunesse venait chercher les conseils charitables, la morale humaine, l'encouragement, le secours, l'absolution. La vieille femme liait les couples, elle faisait les fiançailles, elle se réchauffait en mettant dans ses mains les mains qui se cherchaient; et penchée sur le bruit, les chansons, les passions de tout ce qui était jeune autour d'elle, elle ne sentait en elle ni aigreur, ni amertume, ni jalousie: elle pardonnait au présent de vivre à son tour, à l'avenir d'être plus jeune qu'elle; sa jeunesse lui revenait dans la jeunesse des autres, et le rappel de ce passé, rapporté à son souvenir par toutes les voix, ne la rendait que plus douce aux joies du monde, plus compatissante à ses faiblesses. Elle allait et venait, encourageant la gaieté qui venait à elle, fêtant le plaisir qu'elle faisait naître, préparant le chemin aux débutants, prêtant à tous la bienveillance de son attention, animant les gais propos, nouant les danses touchant enfin et animant ce monde à toute heure avec cette béquille enchantée qui la portait, toute branlante, véritable baguette de bonne fée, dont la pomme, pleine d'or pour les pauvres, semait les charités sur son passage.

Celles qui avaient été les plus jolies, les plus galantes, dont la jeunesse avait eu le plus de triomphes et d'orages, se montraient souvent les plus faciles à la vieillesse, les plus séduisantes dans ce nouveau rôle. Accoutumées à recevoir des hommages, elles se les conservaient par les charmes du commerce, la discrétion, la facilité, l'agrément. Quittant l'amour, elles cherchaient des amis, jugeant qu'à leur âge c'était, comme elles disaient, «une bonne spéculation de se faire adorer.» A la connaissance du monde elles joignaient les trois qualités de l'esprit du monde: le trait, le tact et le goût. Leur parole à la fois hardie et caline, caressante et garçonnière, donnait à la causerie sa liberté piquante. Ces femmes étaient les maîtresses de salon de la France; elles présidaient à sa conversation, elles lui donnaient la mesure, la vive allure de leurs idées et de leurs jugements, un accord naturel et toujours juste. Par des liens invisibles, par mille grâces, par le charme de leur voix adoucie, de leur accent maternel, de leur raison rieuse, elles retenaient auprès des femmes, elles ralliaient ce monde d'hommes qui allait à la fin du siècle déserter la vie de la société pour la vie du club. Par l'intelligence qui était en elles comme une dernière coquetterie, elles régnaient, elles gouvernaient, elles ordonnaient; elles faisaient les réputations, elles dictaient les jugements, elles distribuaient ou excusaient les ridicules. Elles faisaient plus: elles modéraient les mœurs de la bonne compagnie, elles leur assignaient leur équilibre et leur milieu entre la décence et la bégueulerie. Elles représentaient la tradition tolérante et la convenance sans pruderie. Elles faisaient l'ordre, elles donnaient le ton, elles conservaient l'étiquette des façons, des manières, au milieu de cette société, dont elles étaient, selon le mot d'un contemporain, «les lieutenants de police» sous l'autorité de cette adorable doyenne: la maréchale de Luxembourg [728].

Arrêtons-nous un instant au portrait de celle-ci; car ce n'est pas une vieille femme, c'est la vieille femme d'alors, celle qui personnifie, dans son expression la plus aimable, la vieillesse du dix-huitième siècle. Rien ne lui manque de son temps: sa jeunesse a presque dépassé la légèreté, et il reste de ses anciennes amours une chanson fameuse qui voltige dans l'écho des salons. Depuis, elle s'était si bien rangée, elle a oublié son passé avec tant de naturel et tant d'aisance, que tout le monde autour d'elle l'oublie comme elle, et que personne ne s'avise de remarquer que sa dignité n'est faite qu'avec de la grâce. Un esprit piquant, un goût toujours sûr, lui ont acquis dans le monde une autorité qu'on respecte, qu'on aime et qu'on redoute. Elle prononce en dernier ressort sur tout ce qui entre dans la société, elle attribue ou ôte aux gens cette considération personnelle qui leur ouvre ou leur ferme les portes de l'intimité; d'un mot, elle les fait admettre ou refuser à ces petits soupers si recherchés où l'on n'admet que les hommes du bel air. Elle donne aux jeunes personnes et aux jeunes gens le baptême de ce jugement décisif qui est, de Paris à Versailles, comme le mot de passe de leur figure ou de leur esprit. Sans pédanterie, sans indignation, sans grandes phrases, elle fait justice des personnes, des sentiments, des façons, de la fatuité, du ton avantageux, de la confiance présomptueuse, de tout ce qui blesse la délicatesse, avec des épigrammes et des moqueries assez plaisantes pour être citées et demeurer au dos de ce qu'elle a voulu punir ou railler. Forçant les femmes à une coquetterie générale, commandant les égards aux hommes, elle est l'institutrice de toute la jeune cour, le grand juge de toutes les choses de la politesse, le dernier censeur de l'urbanité française, au milieu de l'anglomanie qui répand déjà la mode de ses fracs et de ses rudesses.

Le ton,—tout est là pour la maréchale: c'est l'homme, c'est la femme même. Elle juge qu'il n'est pas seulement une forme, mais un caractère, et comme une conscience extérieure de l'âme et des sentiments. Un mauvais ton accuse, à ses yeux, un manque de délicatesse; et elle est persuadée qu'il y a une correspondance exacte entre l'élégance des manières et l'élégance des pensées, du cœur même. Elle tient à la lettre des usages du monde; mais c'est qu'à force de les étudier et de les voir pratiquer, elle a cru y découvrir un sens, un bon sens et une finesse admirables. Pénétrant jusqu'à l'esprit de ces usages, elle s'est fait une telle idée de leur valeur morale, qu'elle n'est pas éloignée de croire qu'il y a quelque chose d'agréable à Dieu jusque dans les belles manières de le prier. Un jour, c'était à l'Isle-Adam, les dames, attendant pour la messe le prince de Conti, avaient posé dans le salon, sur une table ronde, leurs livres d'Heures; les feuilletant par passe-temps, Mme de Luxembourg s'arrêta à deux ou trois prières, et les trouvant de mauvais goût se mit à les critiquer furieusement; et comme une dame essayait de défendre les prières, disant qu'il suffisait qu'une prière fût dite avec piété, et que Dieu assurément ne faisait nulle attention à ce qu'on appelle un bon ou un mauvais ton: «Eh! bien, madame, dit vivement et très-sérieusement la maréchale, ne croyez pas cela [729].» N'y a-t-il pas dans ce mot toute la femme, et aussi la dernière superstition, je me trompe, la dernière religion de cette société polie?

Cette vieille fée de la politesse eut un ange pour bâton de vieillesse: appuyée d'une main sur sa canne, elle s'appuyait de l'autre sur le bras d'une jeune femme qui ne la quittait point, et que le monde voyait toujours à ses côtés; spectacle charmant qui semblait montrer l'Esprit soutenu par la Pudeur! Cette jeune femme était la petite-fille de la maréchale de Luxembourg, Mme de Lauzun, cette créature accomplie qui touchait tous les cœurs d'une si tendre émotion. La jeunesse était en elle comme une douce sainteté. La naïveté, la noblesse, une décence digne et séduisante, donnaient à son regard, à sa physionomie, une expression céleste. Ses paroles, ses mouvements, toute sa personne respiraient une sorte de vertu virginale; et l'on eût dit qu'en passant elle laissait se répandre autour d'elle la pureté de son âme. Vivant dans le monde, de la vie du monde, elle se gardait de toutes ses atteintes. Rougissant pour un regard, troublée pour un rien, elle plaisait sans coquetterie, elle charmait comme l'Innocence dont elle semblait le portrait imaginé [730].

Toutes ces femmes du dix-huitième siècle qui savaient si bien vieillir, mettaient à accepter l'âge plus que de la résignation, mais encore de l'esprit et du goût. Elles ne se prêtaient point seulement moralement à ce grand changement, par la patience de l'humeur, par le renoncement aux prétentions et aux exigences, par la sérénité, le détachement, l'apaisement d'une sorte d'indulgence maternelle: elles accommodaient leur corps aux modes de la vieillesse comme elles avaient accommodé leur âme à ses vertus. Elles savaient faire de leur toilette la toilette de leurs années. De toutes les coquetteries de leur passé de femmes, elles n'en gardaient qu'une, la plus simple, la plus sévère, la propreté, une propreté qui leur donnait tout à la fois une élégance et une dignité. Ce qu'elles montraient tout d'abord et à la première vue sur toute leur personne, leur seule parure affichée était ce que le temps appelait «une netteté recherchée». Par cette tenue toujours nette, par ce grand soin de la toilette auquel elles ne manquaient pas un jour [731], et dont rien ne les affranchissait, ni le malaise, ni les souffrances, ni les infirmités, elles échappaient sinon aux ravages, du moins aux laideurs et aux horreurs de l'âge: elles cédaient aux années, mais sans en subir l'injure, en secouant la poussière du temps. Leur costume était le plus simple et le plus noble. Elles excellaient à mettre une convenance dans chacun de ses détails, dans la façon de la robe aux manches larges, dans l'étoffe d'une couleur austère, toilette éteinte que relevait un seul luxe: le linge le plus uni et le plus fin. C'est ainsi que s'habillait la vieille femme, montrant cette singulière entente de sa mise, ce bon goût si sobre que Diderot admirait un jour au Grandval, en levant, après une partie de piquet, les yeux sur Mme Geoffrin [732]. A peine si la maladie la faisait manquer à ce devoir rigoureux qu'elle s'était imposé d'être avenante dans la simplicité et parfaitement correcte dans la propreté. Toute femme bien élevée gardait jusqu'au bout la décence de la vieillesse, et l'on en voyait qui se levaient héroïquement sur leur lit d'agonie pour faire une dernière toilette [733], comme si elles eussent craint de dégoûter la Mort!

XII
LA PHILOSOPHIE ET LA MORT DE LA FEMME

Lorsqu'on interroge jusqu'au fond l'âme de la femme du dix-huitième siècle et qu'on lui demande son principe, sa loi, la règle qui se laisse apercevoir dans la conscience de son sexe n'est point une règle religieuse, une règle divine, une règle consacrée par une foi: elle est cette règle absolument et entièrement humaine que la femme du temps appelle «une petite philosophie», c'est-à-dire un plan de conduite qui précède les actions, un dessin dans lequel il faut essayer de faire tenir la vie pour ne pas marcher à l'aventure, une façon de tirer parti de sa raison pour son bonheur.

Cette philosophie que la femme se crée pour son besoin, aussi bien que pour son excuse, met son premier et son dernier mot, son but et sa fin, dans le bonheur. Simple de formule, de pratique facile, légitimant toutes les aspirations naturelles de la femme, elle n'exige d'elle que la modération de l'égoïsme et le sacrifice des excès. Le plus haut point de perfection de cette sagesse épicurienne est d'atteindre à la ferme persuasion qu'il n'y a rien autre chose à faire en ce monde qu'à être heureux; et la recommandation qu'elle répète, le mode d'avancement qu'elle indique, est de ne tendre qu'aux sensations et aux sentiments agréables. Cette sagesse admet bien qu'il faut aimer la vertu, mais elle n'exige pas qu'on l'aime parce qu'elle est la vertu, qu'on l'aime pour elle-même; elle la conseille seulement comme une sorte de sobriété nécessaire au bonheur. Elle veut qu'on ait une bonne conscience, mais seulement pour être bien avec soi-même, par la même raison qu'il faut être logé commodément chez soi. C'est, d'un bout à l'autre et de précepte en précepte, une doctrine qui aime ses aises, qui cherche les commodités morales, un régime sans rigueur ressemblant à une douce et complaisante hygiène de l'âme, et qui ne vise qu'à tenir le cœur et l'esprit dans une assiette tranquille, et dans ces quatre grandes conditions de santé intérieure, de plénitude spirituelle, et de satisfaction physique: s'être défait des préjugés, c'est-à-dire de toute opinion reçue sans examen, être vertueux, se bien porter, avoir des goûts et des passions, être susceptible d'illusion; car ce sont là les quatre «grandes machines» du bonheur de la femme, représentées presque comme les quatre devoirs de sa vie par Mme du Châtelet dans son Traité du Bonheur.

A cette philosophie qui étouffait tous les généreux appétits de la femme, bornait son âme de tous côtés, abaissait tous les sens de son cœur, succédait la philosophie qui allait véritablement soutenir et consoler la femme dans l'irréligion, et lui conserver, dans le scepticisme, un appui moral. De l'observation des autres, de l'observation d'elle-même, d'une sorte d'examen de conscience fait avec sincérité, avec ingénuité, la femme tire la pensée et la volonté de se rendre plus heureuse, mais en se rendant meilleure. A l'aide de cette seule révélation, le sentiment du devoir, elle élargit l'image, l'action, et la pratique de la vertu: des devoirs envers elle-même, elle monte aux devoirs envers les autres. Développant, étendant, fixant les idées confuses de son esprit sur l'humanité, elle se fait une obligation indispensable de la justice envers tous les hommes, et la justice devient en elle une charité. Elle s'impose d'être indulgente à toutes les fautes dont le principe n'est pas vicieux, et de respecter tous les défauts qui ne peuvent nuire à personne. Elle tend, par tous les moyens et toutes les maximes, à la douceur, à la bonté, à l'agrément, à la facilité, à l'égalité d'humeur, à cette paix répandue tout autour de soi que donne le gouvernement absolu de la raison. Perfectionner sa raison pour assurer son repos, acquérir le courage de la patience pour diminuer de moitié les maux de la vie, élever son âme, en répandre la bonté, ce sont là les jouissances intérieures, supérieures aux circonstances, indépendantes des hommes, que se promet et auxquelles atteint cette philosophie de la femme, à la fois si pure et si tendre. Lisez le livre qui formule ce plan de sagesse, les Confessions de Mme de Fourqueux, née Monthyon, ce beau rêve de perfection n'est point couronné par la foi. Dieu est absent de cette grande leçon morale qui ne le nomme qu'une fois pour attester qu'elle ne le craint pas: «Quand on s'est appliqué à bien connaître ce qu'on doit à ses semblables, qu'on n'apprend que pour pratiquer, qu'on est devenu juste pour soi et bon pour les autres, on peut se rassurer sur les jugements de Dieu.» Dieu, ce n'était pas seulement un mot, c'était une idée qui manquait à cette philosophie; et ce n'est qu'après avoir trouvé, de cette philosophie, tous les grands principes et tous les nobles préceptes en elle-même, que l'on voit Mme de Fourqueux, reprenant son livre au bout de neuf ans, annoncer qu'elle a acquis, dans l'intervalle, la persuasion d'un Dieu [734].


Quelques âmes se montrent au dix-huitième siècle si belles, si hautes, si aimables, qu'on les prendrait pour le sourire et le rayon de cette philosophie. Quelques femmes apparaissent qui sont toute raison, toute sagesse et toute grâce, et dont le charme appelle autour d'elles une sorte de vénération. Elles semblent avoir reçu toutes les vertus qu'elles ont acquises, tant elles les portent sans orgueil et sans effort. Elles se prêtent au monde, et elles se plaisent avec elles-mêmes. Elles sont indulgentes aux misères des autres, comme à leurs misères propres. La résignation aux disgrâces, la sensibilité, la charité, la justice, la pureté, s'unissent en elles à toutes les corrections de l'expression et de la pensée, à tous les agréments aussi bien qu'à toutes les dignités du cœur. Leur âme en toute circonstance, et sans jamais se démentir, ressemble à la belle peinture qu'elles se font de la vertu: «Elle ne montre rien parce qu'elle ne croit avoir à s'enorgueillir de rien, elle ne cache rien parce qu'elle ne croit pas être regardée et ne s'attend pas à être louée; elle n'est ni vaine, ni modeste, parce qu'elle est simple, parce qu'elle est vraie.» Et ces créatures élues, qui ont comme une sainteté mondaine, n'ont point de piété. Elles suivent à la lettre la recommandation de l'Écriture, elles pratiquent la Vérité dans la Charité, ingénument, sans rien craindre, sans rien attendre, sans rien espérer, sans rien demander, sans rien prier. Dieu leur manque, et leurs mérites s'en passent. Toute leur religion n'est qu'une morale; et leur morale, qu'elles simplifient pour l'avoir toujours sous la main, se réduit à ce seul précepte, «ce vaste et grand précepte»: Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît. Une mère ne les a point formées, leur éducation a été nulle; c'est par une aspiration personnelle, par un essor naturel, qu'elles se sont élevées à l'intuition, au goût, à la passion de ce qui est bon, de ce qui est juste [735]. Elles se soutiennent à la hauteur de leur cœur, sans secours, par leurs forces propres. Elles ne recourent pas plus aux philosophes et à la théologie rationnelle qu'à la religion: tout ce qu'elles appellent «le galimatias des livres et des traités» ne leur sert de rien. Affranchies de tout dogme et de tout système, elles puisent au fond d'elles-mêmes leurs lumières aussi bien que leurs ressources. Et voilà que ces âmes admirables et sans tache, personnifiées dans un type angélique, Mme la duchesse de Choiseul, font éclater dans le dix-huitième siècle une vertu qui trouve son but, sa récompense, son aliment en elle-même; voilà que quelques femmes donnent dans ce siècle de légèreté le grand spectacle d'une conscience en équilibre dans le vide, spectacle oublié de l'humanité depuis les Antonins!


Cette philosophie sans système, sans orgueil, qui donne à la femme du dix-huitième siècle plus que la gaieté, le contentement, ne la soutient pas seulement contre les misères de la vie: elle semble la fortifier encore contre la mort, et lui donner comme une facile patience de son horreur. On voit, dans le siècle, les femmes s'éteindre doucement et sans révolte; on les voit mettre à mourir une grâce aisée et quitter le monde discrètement comme un salon rempli où elles ne voudraient rien interrompre. La femme en ce temps est plus que douce, elle est polie envers la mort.

Pour une présidente d'Aligre, qui par peur grise son agonie [736], que de femmes dans toutes les conditions, et les plus heureuses, le plus comblées de grandeurs, quittent la vie de sang-froid, avec convenance, avec une fermeté charmante et un courage aimable! «Je me regrette,» disait simplement l'une en se détachant de la terre [737]. Il en est qui pressent jusqu'au bout les mains de l'amitié et dont la mort ne semble qu'une dernière défaillance. D'autres s'entourent de monde pour mourir, et veulent que le bruit d'un loto installé contre leur lit couvre le bruit de leur dernier soupir. On compterait celles qui ne restent pas, à leurs dernières heures, fidèles à leur vie, à leurs principes, à leur rang, à leur incrédulité même [738]. A cette parole de la femme de chambre: «Madame la duchesse, le bon Dieu est là, permettez-vous qu'on le fasse entrer? il souhaiterait avoir l'honneur de vous administrer [739],» celles-ci trouvent la force de se soulever sur leur lit comme pour la visite d'un roi; celles-là ont encore assez de volonté pour renvoyer un Dieu dont elles n'ont pas besoin. Des femmes qui vont mourir appellent leur cuisinier, et lui recommandent de faire bonne chère pour que la société ne déserte pas leur table. Des femmes occupent les longueurs d'une maladie lente à écrire un testament où elles n'oublient pas un de leurs parents, de leurs amis, de leurs connaissances, de leurs pauvres, un chef-d'œuvre de netteté, une merveille de calcul proportionnel [740]! Celles-ci couronnent leur fin, l'entourent de fleurs, de danses, de comédies, de suprêmes amours; celles-là riment leur épitaphe et enterrent gaiement leur mémoire [741]. Quelques-unes, peu d'heures avant de mourir, arrangent des couplets satiriques, quelques-unes font antichambre au seuil de la mort en chantant des chansons sur l'air de Joconde [742]. C'est le siècle où l'agonie, dépassant l'insouciance, atteindra à l'épigramme, le siècle où une princesse moribonde appelant ses médecins, son confesseur et son intendant auprès de son lit, dira à ses médecins: «Messieurs, vous m'avez tuée, mais c'est en suivant vos règles et vos principes;» à son confesseur: «Vous avez fait votre devoir en me causant une grande terreur;» et à son intendant: «Vous vous trouvez ici à la sollicitation de mes gens qui désirent que je fasse mon testament; vous vous acquittez tous fort bien de votre rôle, mais convenez que je ne joue pas mal le mien.» L'âme de la femme va à la mort parée d'esprit, comme le corps de la princesse de Talmont va à la terre dans une robe bleue et argent [743].

Et cependant, c'est un hôte bien imprévu que la Mort au dix-huitième siècle. La vie n'a guère le temps d'y penser; et le tourbillon du monde, le bruit des fêtes, l'enivrement du mouvement, l'étourdissement, l'enchantement du moment, la distraction du jour, la jouissance absolue et presque unique du présent, en effacent l'image et presque la conscience dans l'âme de la femme. La mort traverse seulement son cœur; ainsi l'idée d'un lendemain traverserait un souper. Elle n'occupe plus ce monde, elle n'est plus la préoccupation de son imagination. Cette société, où elle frappe à l'improviste, est le contraire de ces sociétés qui vivaient dans son ombre et communiaient familièrement avec sa terreur. Au dix-huitième siècle, la mort paraît absente et n'est point attendue. Tout la repousse, tout la cache, tout la voile d'oubli: c'est à peine si sa figure paraît encore dans une église, sur un tombeau, où l'art du temps dore son squelette.

Dans tout le siècle, la femme renvoie loin d'elle cette idée de sa fin. Elle y échappe, elle l'écarte doucement: on dirait que sa grâce craint d'en être effleurée. Avec quel geste de répugnance, de pudeur presque antique, elle retire la main, sitôt qu'elle touche à ses dégoûts! «Si nous pouvions nous en aller en fumée, ce genre de destruction ne me déplairait pas, mais je n'aime pas l'enterrement.... Ah! fi! fi! parlons d'autre chose,» écrit dans une lettre Mme du Deffand à Mme de Choiseul. Cet éloignement de la mort se retrouve partout, dans tout ce qu'a écrit la femme. La pourriture effraye son élégance. L'ordure lui fait peur dans le néant.

Et ce ne sont pas seulement les femmes philosophes qui se dérobent à cette présence de la mort que fait la pensée de la mort: la religion du temps la défend encore à la femme comme si elle craignait que sa ferveur n'en fût découragée. Les femmes les plus pieuses, celles qui donnent l'exemple et la règle, ôtent de leurs devoirs la méditation de la mort; elles ne veulent pas qu'on s'attache à ses tristesses, elles détournent leur foi et la foi des autres de cet avertissement qui effraye, de cette leçon qui afflige. Et Mme de Lambert donne, dans son accent le plus délicat, ce sentiment de la femme chrétienne du temps sur l'idée de la mort, lorsqu'elle écrit ces lignes au milieu de son traité de la Vieillesse: «L'idée du dernier acte est toujours triste; quelque belle que soit la comédie, la toile tombe; les plus belles vies se terminent toutes de même, on jette de la terre, et en voilà pour une éternité...»

FIN

NOTES

[1] Conversations d'Émilie. Paris, 1784, vol. 2.

[2] Émile, par J.-J. Rousseau. Amsterdam, 1762, vol. 1.—Au mois de juillet 1722, le Mercure de France annonce que la duchesse d'Orléans vient de donner à l'Infante une poupée avec garde-robe variée et une toilette joujou montant à 22,000 livres.

[3] Voir les portraits d'enfants du musée de Versailles et la gravure de Joulain, d'après Ch. Coypel: O moments trop heureux où règne l'innocence.

[4] Mémoires de Mme de Genlis. Paris, 1825, vol. 1.

[5] Les Jeux de la petite Thalie, par de Moissy. Paris, Bailly, 1769. Le Menuet et l'Allemande.

[6] Théâtre à l'usage des jeunes personnes, par Mme de Genlis. Paris, 1779, vol. 2. La Colombe.

[7] Le livre à la mode. En Europe. 100070059.

[8] Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires (par le prince de Ligne). Dresde, 1795-1811, vol. 20.

[9] Lettres inédites de d'Aguesseau publiées par Rives. Paris, 1823, vol. 1.

[10] L'ami des femmes. 1758.—Essai sur l'éducation des demoiselles par Mlle de *. Paris, 1769.

[11] Mémoire pour messire de Courcelles de Cottebonne contre les supérieurs et prêtres de l'Oratoire de la maison et séminaire de Saint-Magloire.

[12] Mémoires du maréchal duc de Richelieu. Paris, 1793, vol. II.

[13] Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des lettres. Londres, 1781, vol. 29.

[14] Lettres de madame de Créqui. Préface par M. Sainte-Beuve. Paris, 1856.

[15] Mémoires du maréchal de Richelieu, vol. II.

[16] Correspondance secrète, politique et littéraire. Londres, 1787, vol. 18.

[17] Correspondance secrète, vol. 9.—Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV, par Barbier. Paris, 1819, vol. III.—Les Bijoux indiscrets disent que l'usage est de marier des enfants à qui l'on devrait donner des poupées. Cela est vrai d'une foule de mariages, et nous retrouvons au couvent la fille aînée de Mme de Genlis mariée à douze ans avec M. de la Wœstine, et la marquise de Mirabeau veuve du marquis de Sauvebœuf à l'âge de treize ans.

[18] Mémoires de Mme de Genlis, vol. 1.

[19] Les Maîtresses de Louis XV par Edmond et Jules de Goncourt.

[20] Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm, Paris, 1829, vol. 8.

[21] Correspondance de Grimm, vol. 6.

[22] Les jeux de la petite Thalie, par de Moissy, La petite vérole.

[23] Mémoires secrets de la République des lettres, vol. 23.

[24] Mémoires de Mme de Genlis, vol. 1.

[25] Le curé qui avait donné la bénédiction nuptiale, et qui un moment avait craint les galères, était condamné à l'amende honorable et au bannissement; la fille de chambre qui avait accompagné Mlle de Moras était condamnée au fouet, à la fleur de lys, à neuf ans de bannissement. (Barbier, vol. 2.)

[26] A propos de l'éducation de Mesdames de France à Fontevrault, il y a une jolie anecdote qui peint, dans ce couvent, la toute-puissance de leurs caprices. Le maître de danse faisait répéter à Mme Adélaïde un ballet qu'on nommait ballet couleur de rose; la jeune princesse voulait qu'il s'appelât le menuet bleu et ne voulait prendre sa leçon qu'à cette condition. Le maître disait rose, la princesse en frappant du pied répétait bleu: l'affaire devenait grave; on assembla la communauté, qui d'un commun accord décida que le menuet serait débaptisé et que le menuet s'appellerait le menuet bleu. (Madame Campan, vol. 1.)

[27] Mémoires de Mme de Genlis, vol. 2.

[28] Lettres de la marquise du Deffand. Paris, 1812, vol. 1.

[29] Dans l'État de la ville de Paris, en 1757, nous trouvons le prix des pensions dans les couvents de Paris; elles vont de 400 à 600 livres, mais il y avait la femme de chambre à payer, qui était de trois cents livres, outre le trousseau, le lit et la commode dans quelques couvents; l'éclairage et le chauffage n'étalent pas compris, et dans tous, le blanchissage du linge fin était à la charge des parents. Tous avaient la pension ordinaire et extraordinaire; à Panthémont, le plus cher de tous, la pension ordinaire était de 600 livres, la pension extraordinaire de 800 livres. A la fin du siècle, Thierry dit que la pension ordinaire était de 800 livres, et de 1,000 livres pour les pensionnaires admises à la table de madame l'abbesse.

[30] Lettres inédites de d'Aguesseau. Paris, 1823, vol. 2.

[31] Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs par Hurtaut et Magny. Paris, 1779, vol. 2.

[32] Lettres inédites de d'Aguesseau. Paris, 1823, vol. 2.

[33] Mémoires de Mme de Genlis, vol. 2.

[34] Lettres inédites de la marquise de Créqui à Sénac de Meilhan, publiées par Édouard Fournier. Potier, 1856.

[35] Les Parisiennes. Neufchâtel, 1787, vol. II. (Les Nouvelles Mariées)

[36] Théâtre de Marivaux. Le Petit-Maître corrigé.

[37] Lire dans les Tableaux des Mœurs du temps, par de la Popelinière, le récit d'une entrevue au parloir d'un couvent d'un homme présenté avec une jeune fille qui doit devenir sa femme sous huit jours. La mère dit à sa fille: «Tout est convenu entre lui et moi; il n'y a plus qu'à signer les articles, qu'à vous fiancer ensuite et vous mener à l'église. Je ne compte pas vous laisser plus de cinq à six jours dans ce couvent; pendant ce temps-là que je vous donne encore, il faut que vous trouviez bon que le comte de... vienne tous les jours dans ce parloir passer une heure avec vous afin que vous vous connaissiés.»

[38] Mémoires et Correspondance de Mme d'Épinay. Paris, 1818, vol. I.

[39] Mémoires, correspondance et ouvrages inédits de Diderot. Paris, 1841, vol. 1.

[40] Conseils à une amie, par madame de P... Paris, 1749.

[41] Mémoires de la République des lettres, vol. 26.

[42] La Bibliothèque nationale (Cabinet des estampes) a conservé les deux premiers billets imprimés envoyés à Paris en 1734 pour annoncer une célébration de mariage. Ce sont les billets de Mme de Pons, et de la marquise de Castellane. Jusque-là, dit Maurepas, on donnait avis aux parents par une visite ou par un billet manuscrit.

Je possède plusieurs lettres de faire part illustrées du dix-huitième siècle.

Le billet de faire part d'un mariage en même temps que l'invitation à la bénédiction nuptiale est encore, en 1760, écrit à la main. Il est entouré d'un encadrement de palmiers avec, en haut, un autel, où l'Hymen allume les cierges de l'époux et de l'épouse en tuniques; en bas, des Amours enchaînent le Temps avec des guirlandes de roses.

Quelquefois, il y a lettre de faire part du mariage et lettre d'invitation à la bénédiction nuptiale. Toutes deux sont imprimées.

La lettre de faire part est ornée en tête d'une vignette où deux fiancés, dans le goût des petites figures des Idylles de Berquin, se pressent au pied d'un autel où l'Amour tient une couronne.

Voici le texte de la lettre de faire part:

M.
M.
l'honneur de vous faire part du Mariage de M.
avec

L'invitation à la bénédiction nuptiale—sortant de chez le sieur Croisey, rue Saint-André-des-Arts, qui tient divers billets d'invitation et de visite,—est entourée d'un très-joli cadre rocaille, au haut duquel à une guirlande est attaché un médaillon où des colombes se becquètent. L'invitation porte:

M.
Vous êtes prié de la part de
M.

M.

faire l'honneur d'assister à la Bénédiction nuptiale de M.
avec M.

qui leur sera donnée ce 176 heures du matin en l'Église paroissiale.

Un billet de la fin du siècle, sortant de chez Demaisons, peintre, rue Galande, et où se voit en tête un enfant nu, un hochet à la main dans une corbeille de fleurs, annonce ainsi la naissance de l'enfant:

M.
J'ay l'honneur de vous faire part de l'heureux accouchement de mon épouse.
Le la Mère et l'Enfant se portent bien.
J'ay l'honneur d'être

[43] Adèle et Théodore ou Lettres sur l'éducation. Paris, 1782.

[44] L'Accord du mariage, par Eisen, gravé par Gaulard.

[45] Les Contemporaines ou Aventures des plus jolies femmes de l'âge présent. 1780, vol. VI. La jeune fille du grand monde ne se mariait pas toujours en blanc. La galerie des Modes et Costumes français, dessinés d'après nature et publiés chez Esnauts et Rapilly, nous montre une jeune mariée menée à l'autel dans une grande robe sur moyen panier, une robe en pékin bleu de ciel garnie de gaze et de fleurs blanches.

[46] Les Nouvelles Femmes. Genève, 1761.

[47] Journal historique de Barbier, vol. II.

[48] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[49] Dans le grand, le très-grand monde, peut-être seulement chez les princes, un usage conservé de l'ancienne galanterie exigeait du marié qu'il n'entrât dans le lit de sa femme que le corps complétement épilé; c'est ainsi que M. le duc d'Orléans, au témoignage de M. de Valencay qui lui donna la chemise, se présenta dans le lit de Mme de Montesson. Mémoires du règne de Louis XVI, vol. 2.

[50] Le Coucher de la Mariée, peint par Baudoin, gravé par Moreau.

[51] Œuvres de Diderot. Salons d'exposition de 1767. Belin, 1818.

[52] Journal historique de Barbier, vol. III.

[53] Mémoires de Mme de Genlis, vol. 1.

[54] Lettres de la marquise du Deffand, 1812, vol. 1.

[55] Bagatelles morales. Londres, 1755. Lettre à une dame anglaise.

[56] Œuvres complètes de Marivaux, 1781, vol. IX. Pièce détachée.

[57] Le Livre à la mode, nouvelle édition marquetée, polie et vernissée. En Europe, 100070060.

[58] Le livre des quatre couleurs. Aux quatre éléments. 4444.

[59] Le Papillotage, ouvrage comique et moral. A Rotterdam, 1767.—Le Grelot, ou les etc., etc. Londres, 1781.—Angola, histoire indienne avec privilége du Grand Mogol, 1741.

[60] Lettres récréatives et morales sur les mœurs du temps à M. le comte de ***, par l'auteur de la Conversation avec soi-même. Paris, 1768.

[61] Mémoires et Correspondance de Mme d'Épinay, vol. 1.

[62] L'Hiver, peint par N. Lancret, gravé par J.-P. le Bas.

[63] Le Bal paré, dessiné par A. de Saint-Aubin, gravé par Duclos.

[64] L'Assemblée au salon, peint par Lavreince, gravé par Dequevau Villiers.

[65] Mémoires du baron de Besenval. Baudoin, 1821, vol. 1.

[66] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II et vol. IX. (Souvenirs de Félicie.)

[67] Mémoires secrets de la République des lettres, vol. IX.

[68] Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm. Paris, 1829, vol. 9.

[69] Mémoires d'un voyageur qui se repose, par Dutens. Paris, 1806, passim.—Souvenirs de Félicie.

[70] Voyez à Versailles le souper du prince de Conti, par Olivier.

[71] Souvenirs de Félicie.

[72] Les Cinq Années littéraires, par Clément. Berlin, 1755, vol. 1.

[73] Mercure de France. Juillet 1720.

[74] Réflexions nouvelles sur les femmes, par une dame de la cour. Paris, 1727.

[75] Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon. Hachette, 1858, vol. 17.—Mémoires et Journal inédit du marquis d'Argenson. Jannet, vol. II.

[76] Mémoires du président Hénault. Dentu, 1855.

[77] Id.

[78] Revue rétrospective. Chronique du règne de Louis XV, 1743.

[79] Mémoires de Hénault.

[80] Mémoires du comte de Maurepas. Buisson, 1792.

[81] Mémoires de d'Argenson, vol. III.

[82] Lettres de Mme du Deffand, 1812, vol. II.—Correspondance de Grimm, vol. II.

[83] Mémoires de la République des lettres, vol. 18.

[84] Souvenirs de Félicie.

[85] Correspondance de Mme du Deffand avec d'Alembert, etc. Paris, 1809. Portrait par la marquise de G....

[86] Correspondance de Mme du Deffand, 1809.

[87] Correspondance littéraire, par la Harpe. Verdière, 1823, vol. I.

[88] Correspondance inédite de Mme du Deffand. Michel Lévy, 1859, vol I.

[89] Histoire générale du Pont-Neuf en six volumes in-fol. Londres, 1750.

[90] Lettres de la marquise du Deffand, vol. 2 et 3.

[91] Mémoires de Mme de Genlis, vol. 1.

[92] Walpole a tracé de Mme de Mirepoix ce portrait sévère dans sa vérité: «Elle a de la lecture, mais elle le montre rarement, et son goût est parfait. Elle a des manières froides, mais très-polies, et elle sait même dissimuler l'orgueil du sang lorrain, sans l'oublier jamais. Personne, en France, ne connaît mieux le monde et personne n'est si bien avec le roi. Elle est fausse, artificieuse et insinuante outre mesure quand son intérêt le demande, mais elle est aussi indolente et peureuse. Elle n'a jamais eu d'autres passions que le jeu et elle y perd toujours. Le seul fruit de son assiduité à la cour et de toute une vie d'artifice est l'argent qu'elle tire du roi pour payer ses dettes et en contracter de nouvelles dont elle se débarrasse aussitôt qu'elle peut. Elle a affiché la dévotion pour devenir dame du palais de la reine, et le lendemain cette princesse de Lorraine se laissait voir sur le devant du carrosse de Mme de Pompadour.»

[93] Souvenirs et Portraits par M. de Lévis. Boisson 1813.—Correspondance de Mme du Deffand, vol. II.

[94] Lettres de la marquise du Deffand, vol. III.

[95] Mémoires de Mme de Genlis, vol. 1.

[96] Galerie des dames françaises pour servir de suite à la Galerie des états généraux. Londres, 1790. Desdemona.

[97] Lettres inédites de la marquise de Créqui. Introduction par M. Sainte-Beuve.—Vie de la princesse de Poix née Beauvau, par la vicomtesse de Noailles. Lahure, 1855.

[98] Lettres nouvelles de Mlle de Lespinasse. Maradan, 1820.

[99] Lettres de Mlle de Lespinasse. Collin, 1809, vol. II.

[100] Correspondance de Voltaire. Lequien, 1823, vol. XIV.

[101] Mémoires de la République des lettres, vol. VII.

[102] Mémoires de la République des lettres, vol. VI.

[103] Correspondance de Mme du Deffand, vol. II.—Lettres, vol. I.

[104] Le Conseil des lanternes.

[105] Préface de la comédie des Philosophes.

[106] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[107] Paris, Versailles et les Provinces. Paris, 1823, vol. I.

[108] Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants, par Marmontel. Paris, an XIII, vol. II.

[109] La Galerie des dames françoises. Herminie.

[110] Mémoires de Marmontel, vol. II.

[111] Lettres de la marquise du Deffand, vol. II.

[112] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[113] Correspondance secrète, par Métra, vol. VII.

[114] Mémoires de la République des lettres, vol. VI.

[115] La duchesse de Mazarin laissa à sa mort un des plus riches mobiliers du siècle. Il fallut deux ventes pour le disperser. La première avait lieu le 10 décembre 1781 et était ainsi annoncée: «Catalogue raisonné des marbres, jaspes, agates, porcelaines enrichies, laques, beaux meubles... formant le cabinet de Mme la duchesse de Mazarin... par J.-D.-P. Lebrun.» La seconde avait lieu le 27 juillet 1784: «Notice d'objets rares et précieux provenant de la succession de Mme la duchesse de Mazarin.» Ce goût des choses de luxe, des riches jolités, était du reste héréditaire dans la famille. C'était la duchesse de Valentinois, la fille de la duchesse de Mazarin, qui paraissait en 1778 à Longchamps, dans un carrosse de porcelaine.

[116] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[117] L'énumération des contredanses du dix-huitième siècle ne finirait pas. Le Répertoire du bal ou Théorie pratique des contredanses, par le sieur de la Cuisse, maître de danse, 1762, donne, pour quelques années seulement: la Marquise,—la Mienne,—l'Originale,—l'Intime,—le Tambourin de Daquin,—la Bonne Foy,—les Moulinets brisés,—la Dubois,—les Amusements de Clichy,—la Fleury, ou Amusements de Nancy,—les Festes de Paphos,—la Bonne Année,—la Baudri,—les Babillardes,—la Belotte,—la Cocotte,—les Jolis Garçons,—la Strasbourgeoise,—la Nouvelle Cascade de Saint-Cloud,—la Trop Courte,—les Caprices,—les Plaisirs grecs,—la Clairon,—la Coaslin,—la Marseillaise,—la Rosalie,—les Échos de Passy,—la Roucouleuse,—les Quatre Vents,—la Gardel,—la Tigrée,—la Promenade de Mesdames, etc., etc., sans compter les nouvelles contredanses allemandes.

[118] Almanach dansant, ou Positions et Attitudes de l'Allemande, par Guillaume, maître de danse. Paris, 1770.—Principes d'Allemande, par M. Dubois de l'Opéra. Paris, à l'hôtel des Pompes.

[119] La Parisienne en province. Amsterdam, 1769.—Les Jeux de la petite Thalie, par de Moissy. Paris, 1769. Le Menuet et l'Allemande.

[120] La Galerie des dames françoises. Briséis.

[121] Les Petits Soupers et les Nuits de l'hôtel Bouillon au sujet des récréations de M. de Castries, ou de la danse de l'ours. A Bouillon, 1783.

[122] Mémoires de la République des lettres, vol. IV.

[123] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[124] Paris, Versailles, etc., vol. II.

[125] Mémoires de Marmontel, vol. II.

[126] Lettres de Mme du Deffand, vol. 1.

[127] Mémoires de la République des lettres, vol. III, V, XIX.

[128] La Galerie des dames françoises. Cléonice.

[129] Lettres de Mme du Deffand, vol. III.

[130] Mémoires de Mme du Hausset. Baudouin, 1824.

[131] Mémoires d'un voyageur qui se repose, vol. II.

[132] Mémoires du comte Alexandre de Tilly. Heideloff, 1830, vol. I. Préface.

[133] Portraits et Caractères, par Sénac de Meilhan. Dentu, 1813.

[134] Mélanges extraits des manuscrits de Mme Necker. Pougens, an VI, vol. II.

[135] Lettres de Mme de Deffand, vol. III.

[136] Correspondance de Grimm, vol. VII.

[137] Correspondance secrète, vol. X.

[138] Mémoires de Mme de Genlis, vol. I.

[139] Lettres de Mme de Créqui. Potier, 1856.

[140] Mémoires de la République des lettres. Lettre de feu Mme la comtesse de Tessé.

[141] Mémoires du maréchal duc de Richelieu. Buisson, 1793, vol. VIII.—Mémoires de Favart, 1808, vol. III.

[142] Lettres de Mme du Deffand, vol. IV.

[143] Lettres de Mme du Deffand, vol. II.

[144] Les Bijoux indiscrets. Au Monomotapa.

[145] Lettres de Mme du Deffand, vol. II.

[146] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[147] Correspondance secrète, vol. VI.

[148] Mémoires de Marmontel, vol. III.

[149] Revue rétrospective, vol. III.

[150] Lettres de Mme du Deffand, vol. I.

[151] La Comtesse de Rochefort et ses Amis, par Louis de Loménie, Paris, 1870.

[152] Mémoires de Marmontel, vol. III.

[153] Mémoires secrets de d'Allonville, vol. I.

[154] Mémoires de Mme d'Épinay, vol. III.

[155] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[156] Nouveaux Synonymes français. Moutard, 1785.

[157] Adèle et Théodore, vol. II.

[158] Souvenirs et portraits, par M. de Lévis.

[159] Portraits intimes du dix-huitième siècle, par Edmond et Jules de Goncourt. Charpentier, 1877.

[160] Mélanges de Mme Necker, vol. III.

[161] Mélanges de Mme de Necker, vol. II.

[162] Portraits et caractères, par Sénac de Meilhan.

[163] Mémoires de Hénault. La table de Bernard, d'après le témoignage de Barbier, coûtait par an, pour le dîner seulement, 150,000 livres.

[164] Les trois virtuoses de ce concert représentés par Watteau étaient le flûtiste Antoine, le chanteur italien Paccini, la chanteuse d'Argenon. Mathieu Marais nous apprend que Mlle d'Argenon, qui chantait d'une manière très-remarquable, était une nièce du peintre Lafosse qui habitait chez Crozat; c'était un concert de musique italienne établi par Mme de Prie, qui avait choisi soixante auditeurs qui devaient donner 400 livres par an.

[165] Notice sur les femmes illustres, 1769.

[166] L'Ami des femmes, 1758. Annotation manuscrite de Jamet.

[167] «Avez-vous lu les Deux Éloges?—Ah! mon Dieu! le petit Cossé est mort, c'est une désolation!—M. de Clermont qui vient de perdre sa femme!—Hé bien! madame, et M. Chambonneau qui doit reprendre la sienne; mais c'est affreux!—A propos, on dit qu'on vient de nommer deux dames à Mme Élisabeth. Si je le sais!—Bon! ne voilà-t-il pas que je viens de me faire écrire chez Mme de Boucherolles!—Soupez-vous par hasard chez Mme de la Reynière?» Telle était, d'après Walpole, la sténographie de la conversation du monde quintessencié de Paris, le 9 septembre 1775, à midi moins un quart.

[168] Mémoires d'un voyageur qui se repose, vol. II.—Mémoires de Mme de Genlis, vol. I.—Nini, le délicat mouleur de Chaumont, a fait, en 1769, du buste de Suzanne Jarente de la Reynière, le chef-d'œuvre de ses médaillons en terre cuite.

[169] Dans le monde de la finance Métra cite encore les fins dîners de Mme Herbert et de Mme Chanteclair, dîners que faisaient plus rares, en 1775, la résiliation de leurs baux de ferme et l'établissement des voitures publiques remplaçant les coches.

[170] Correspondance de Grimm, vol. XI.

[171] Galerie des dames françoises. Félicie.—Il y a un joli portrait de Mme Lecoulteux de Moley, gravé par Augustin de Saint-Aubin en 1776, d'après un dessin de Cochin. Le même Cochin a dessiné un portrait de l'ancienne chanteuse en tête d'un recueil de morceaux de musique, où son joli profil est enfermé dans un médaillon appuyé contre un forte-piano au-dessous duquel des Amours déchiffrent de la musique et jouent du violon et du basson. Ce dernier portrait a été gravé par Nicollet.

[172] Mémoires de Mme de Genlis, vol. I.—Mémoires de Marmontel, vol. I.

[173] Dans ce siècle où la toilette tient une si grande place dans la vie de la femme, où l'éclat du teint est en si grand honneur, où sa fraîcheur, la fraîcheur d'un teint de couvent est si appréciée, si recherchée, que la vieille maréchale de Clérambaut n'affronte jamais l'air extérieur sans un loup de velours sur le visage,—il existe, indépendamment du blanc et du rouge, mille pâtes, mille essences, toutes sortes d'eaux pour l'embellissement et la conservation du teint. C'est le baume blanc; c'est l'eau pour rendre la peau de la face vermeille, l'eau pour blanchir, l'eau pour les teints grossiers, l'eau pour nourrir et laver les teints corrodés, l'eau pour faire pâlir lorsqu'on est trop rouge, l'eau de chair admirable pour les teints jaunes et bilieux, l'eau pour conserver le teint fin des personnes maigres, enfin l'eau «pour rendre le visage comme à vingt ans». Viennent ensuite les eaux et les laits contre les rides, les tannes, les rousseurs, les rougeurs, les boutons, le hâle du soleil et du froid, puis les mouchoirs de Vénus, les bandeaux pénétrés de cire vierge qui lissent et purifient la peau du front; on va jusqu'à faire suer des feuilles d'or dans un limon exposé au feu pour donner au visage «un lustre surnaturel». N'oublions point la pommade pour effacer les marques de la petite vérole, et en remplir les creux, pommade qui succède à cette Eau de beauté, inventée par le parfumeur du roi d'Angleterre, donnant au teint, à la gorge un air de fraîcheur naturel, rendant le rouge couleur de chair et enlevant à la peau par le lavage toute trace de petite vérole (Mercure, 1722). Et pour les cheveux, pour les dents, pour les ongles, etc., c'étaient autant de recettes, autant de baumes, d'onguents, de petits pots, de flacons.—Voyez la Toilette de Vénus, extrait du Médecin des Dames ou l'Art de les conserver en santé. Paris, 1771, et la Toilette de Flore.

[174] Les Mille et Une Folies, par M. N... Londres, 1785.—Le Colporteur, histoire morale et critique par Chevrier. Londres, l'an de la Vérité 1774.—Le Nouvel Abailard, ou Lettres d'un singe, aux Indes, 1763.—Ces Messieurs et ces Dames à leur toilette.—Qu'en dit l'abbé! dessiné par Lavreince, gravé par Delaunay; la Toilette, peinte par Baudouin, gravée par Ponce; le Lever, gravé par Massard.—Tableau de Paris (par Mercier). Amsterdam, 1783, vol. VI.

[175] Les Lauriers ecclésiastiques, ou Campagnes de l'abbé T... à Luxuropolis, 1777.

[176] Correspondance secrète, par Métra, vol. II.

[177] Voyez les planches de Baudouin, les planches de Freudeberg, pour le Monument du costume physique et moral de la fin du dix-huitième siècle; la Femme de chambre, par Cochin, et la Jolie Femme de chambre, publiée chez Aveline.

[178] Les Contemporaines, vol. I.

[179] Les Illustres Françoises, vol. III.

[180] Angola, vol. I.

[181] Mémoires de Mme Roland, publiés par Barrière, vol. I.

[182] Correspondance secrète, vol. IX.

[183] Les Illustres Françoises, vol. III.

[184] Lettres de Mme du Deffand, vol. III.

[185] Lettres de Mlle Aïssé. Préface par M. Sainte-Beuve.

[186] Mélanges par le prince de Ligne, vol. XIII.

[187] Contes moraux de Marmontel. Merlin, 1765, vol. II.

[188] Cabinet des modes, 1786.

[189] L'heure du dîner remonte dans le dix-huitième siècle d'une heure à quatre. Cette dernière heure de quatre heures gêne les vieilles gens habitués aux heures du commencement du siècle et font refuser à Mme de Créqui les dîners de Mme Necker.

[190] Angola, vol. II.

[191] Le Livre des quatre couleurs.—Angola, vol. I.

[192] Lettres juives. La Haye, 1742, vol. I.

[193] Mercure de France, juillet 1721.

[194] Le Livre à la mode, en Europe, chez les libraires, 100070060.

[195] Tableau de Paris (par Mercier), vol. VII.

[196] Les Portraits à la mode, les Remparts de Paris, dessinés par Saint-Aubin, gravés par Courtois et Duclos.

[197] Déclaration de la mode portant règlement pour les promenades des boulevards.

[198] Mémoires de la République des lettres, vol. XXVI.

[199] Adèle et Théodore.

[200] Mémoires de la République des lettres, vol. XXX.

[201] Id., vol. XXVI.

[202] Abrégé du Journal de Paris, vol. III.

[203] Mémoires de la République des lettres, vol. II.

[204] Correspondance secrète, vol. XVI.

[205] Éloge philosophique de l'impertinence; ouvrage posthume de M. de Bractéole, à Abdère, 1788.

[206] Souvenirs par M. de Lévis.

[207] Les Numéros. Amsterdam, 1782, vol. I.

[208] Lettres de Mme du Deffand, vol. III.

[209] Mémoires et Journal du marquis d'Argenson. Jannet, 1857, vol. I.

[210] Les Dîners de M. Guillaume, 1788.

[211] Correspondance secrète, vol. XVIII.

[212] Mémoires du comte de Maurepas. Buisson, 1792, vol. I.

[213] Mémoires de Diderot. Paris, Garnier, 1841, vol. I.

[214] Lettres de Mlle Aïssé.—En 1777, le goût de l'enluminure et du vernissage des estampes reprenait aux femmes, et l'on ne faisait sa cour à la duchesse et à la présidente, dit Métra, qu'en lui apportant une boîte de couleurs.

[215] Journal historique de Barbier, vol. III.

[216] Déclaration de la mode.

[217] Lettres d'Horace Walpole, Paris, 1818.

[218] Journal de Collé. Paris, 1805, vol. III.

[219] Angola, vol. I.

[220] Cette mode n'était que renouvelée; car déjà en 1718 les carmélites offraient à la mère du Régent un sac à nœuds. (Lettres de la duchesse d'Orléans.)

[221] Lettres de Mme *** à une de ses amies sur les spectacles, 1745.

[222] Mémoires de Mme de Genlis, vol. X. Dictionnaire des étiquettes.

[223] Correspondance de Grimm, vol. VIII.

[224] Correspondance de Grimm, vol. IX.

[225] Id., vol. VIII.

[226] Les Dangers du monde. Théâtre de société, par Mme de Genlis.

[227] Ah! quel conte!

[228] Correspondance de Grimm, vol. XIII.

[229] Tableau de Paris (par Mercier), vol. II et X.

[230] Mémoires de la République des lettres, vol. VII.

[231] Le Babillard, chez Jean-François Bastien, 1778, vol. I.

[232] Correspondance de Grimm, vol. VII.

[233] Mémoires de la République des lettres, vol. XXI.

[234] Correspondance de Grimm, vol. X.

[235] Correspondance secrète, vol. II.

[236] Mémoires de la République des lettres, vol. III.

[237] Mémoires de la République des lettres, vol. II.

[238] Correspondance de Grimm, vol. IX et X.

[239] Mémoires de la République des lettres, vol. III.

[240] Id., vol. IV.

[241] Correspondance de Grimm, vol. XII.

[242] Id., vol. IV.

[243] Mémoires de la République des lettres, vol. XIII.

[244] Ibid., vol., I.

[245] Correspondance secrète, vol. II.

[246] Quelquefois les grandes dames et leurs tenants se donnaient le plaisir de jouer pour un petit public d'admirateurs, dans une salle louée, où l'on montait un théâtre. Je copie dans un recueil de pièces manuscrites qui m'a été communiqué par M. Claudin et qui porte l'ex libris de la bibliothèque du président Hénault, ce curieux compte-rendu écrit par le président en tête du Jaloux de soi-même:

«Cette pièce a été représentée le 20 août 1740. On choisit pour cela une salle aux Porcherons, où l'on construisit un théâtre tout à fait galant; il ne devoit y avoir qu'un très-petit nombre de spectateurs, et il n'y avoit, en effet, que Mme la duchesse de Saint-Pierre, Mme la maréchale de Villars, Mme de Flamarens, M. de Céreste et M. d'Argental.

«La pièce commença par une espèce de prologue fort court qui rouloit sur le secret que nous exigions de nos spectateurs. C'étoit M. de Pont-de-Veyle, habillé en Pythie, qui chantoit la parodie de la Pythie de Bellérophon, accompagné par Rebel et Francœur, qui composoient seuls notre orchestre; on y joignit depuis l'abbé pour jouer du violoncelle.»

A la fin de cette pièce: le Jaloux de lui-même, on lit:

«Après la comédie, il y eut un ballet composé par M. le marquis de Clermont d'Amboise et dansé par lui, par M. de Clermont son fils, et par Mme la duchesse de Luxembourg. Après le divertissement il y eut une parade exécutée par Mlle Quinault, M. de Pont-de-Veyle, M. d'Ussé et M. de Forcalquier. Cette même pièce fut jouée une seconde fois dans une salle que l'on avoit louée aux Porcherons; elle fut suivie d'une comédie composée par M. le comte de Forcalquier, intitulée l'Homme du bel air, en trois actes. MM. de Rupelmonde et de la Marche y jouèrent pour la première fois; la pièce est très-bien écrite et amusa beaucoup. Il y eut un ballet dans lequel on chanta le vaudeville suivant.....

«Après ce divertissement, M. de Pont-de-Veyle se présenta à la porte de la salle en habit d'opérateur et demanda qu'il lui fût permis d'étaler sa boutique et de vendre ses drogues. Il n'eut pas de peine à obtenir cette permission. Il monta sur le théâtre, et là, secondé par M. de Forcalquier, habillé en Arlequin et dont la figure et le jeu furent d'autant plus admirables qu'assurément ce n'est pas son genre, ils trouvèrent le secret d'amuser pendant plus d'une heure et demie, par le récit de tout ce qu'il y avoit de merveilleux dans le cours de ses voyages. Ensuite il distribua ses drogues à tout le monde, c'est-à-dire qu'il donna des petites boites dont chacune renfermoit un vaudeville applicable à la personne qui le recevoit. Cette scène fut extrêmement divertissante par la chaleur et le comique des deux acteurs; et M. de Pont-de-Veyle eut lieu d'être content de la joie et des rires continuels que l'on donna à tout ce que son imagination lui fournit. La fête fut terminée par des présents de rubans que M. de Pont-de-Veyle et M. de Forcalquier avoient enfermés dans des boites et qu'ils jetèrent à toutes les femmes de chambre et à tous les valets de chambre, et par des poignées de dragées qui volèrent dans la salle pour le peuple qui étoit en grande affluence; car les représentations, qui avoient commencé par un très-petit nombre de spectateurs, se trouvoient comblées de monde, quelques précautions qu'on eût prises pour l'empêcher. On s'étoit trop bien trouvé de cette espèce de fête pour ne pas demander aux acteurs de vouloir bien continuer à en donner de nouvelles. En effet, on représenta le Baron d'Albierac quinze jours après, suivi d'un divertissement et terminé par le Baron de la Crasse, où M. de Pont-de-Veyle joignit quelques scènes de sa façon. On se proposoit de donner bientôt après de nouvelles comédies; mais des incommodités survenues en firent différer la représentation, et ce ne fut qu'au bout d'un mois que l'on se rassembla pour jouer deux comédies, chacune en trois actes, l'une de M. Duchastel, intitulée Zayde et l'autre, la Petite Maison. La première pièce est prise d'un roman intitulé la Belle Grecque, qui venoit de paroistre, et M. Duchastel avoit su tirer du sujet un bien meilleur parti que dom Prévost, auteur du roman. Mme de Rochefort, dans le rôle de Zayde, fit répandre bien des larmes; Mme de Luxembourg fut charmante, habillée à la turque, dans le rôle de Fatime; M. de Forcalquier se surpassa dans le rôle de Florimond, amant de Zayde; et M. Duchastel, auteur de la pièce, représenta avec un très-grand succès le rôle d'Alcippe, rival de Florimond. Après cette pièce on joua la Petite Maison. Le succès du Jaloux de lui-même m'avoit porté à composer cette nouvelle comédie. Il y avoit une difficulté à surmonter: c'étoit le déguisement de Mme de Rochefort en homme. Cela suspendit quelque temps l'idée de la donner. Mais enfin on imagina une espèce d'habillement qui accorda la décence avec l'illusion nécessaire pour le plaisir des spectateurs.»

Acteurs représentant dans la Petite Maison:

Julie. Mme de Rochefort déguisée en homme.
Cidalise. Mme de Luxembourg.
Araminte. Mme du Deffand.
Phrosine.
Javotte.
Valère. M. de Forcalquier.
Clitandre. M. d'Ussé.
Mathurin. M. de Pont-de-Veyle.
La Montagne. M. de Clermont.

[247] Mélanges par le prince de Ligne, vol. XI et XII.

[248] Les bals de l'Opéra, qui commençaient alors à la fête de Saint-Martin, s'ouvraient à onze heures du soir et fermaient à six heures du matin. L'entrée était de six livres. Leur succès était tel à la fin du siècle que l'Opéra donnait l'été des après-soupers, bals masqués, précédés de sérénades. (Mémoires de la République des lettres, vol. XXIII.)

[249] Les Préparatifs du bal, peints par Detroy, gravés par Beauvariet.

[250] Angola.—Le Grelot.

[251] Le Babillard, vol. I.

[252] Correspondance secrète, vol XI.

[253] Mémoires de Mme d'Épinay, vol. I.

[254] Cabinet des modes.

[255] Angola.—Déclaration de la mode.

[256] Tableau de Paris (par Mercier). vol. V et VII.

[257] Les Dangers du monde. Théâtre à l'usage des jeunes personnes, par Mme de Genlis.

[258] Mémoires de Mme de Genlis, vol. I.

[259] Mémoires de Mme d'Épinay, vol. I.

[260] Angola, vol. I.

[261] Correspondance secrète, passim.

[262] Correspondance secrète, vol. VII.

[263] Choix de chansons mises en musique par M. de Laborde. Paris, Delormel, 1773.

[264] Correspondance secrète, vol. II.

[265] Entretiens du Palais-Royal. Paris, Buisson, 1786.

[266] Voyez la planche de Queverdo dédiée à M. le comte de Saint-Marc.

[267] Les Contemporaines, par Rétif, passim.

[268] Le Tailleur pour femmes, dessiné par Cochin.

[269] Voyez dans d'Argenson la façon dont il est reçu par Mme de Prie à sa toilette.

[270] Mémoires de Richelieu, vol. VIII.

[271] Correspondance inédite de Mme du Deffand. Michel Lévy, 1859, vol. I.

[272] Mémoires de Mme d'Épinay, vol. I.

[273] Mémoires de la République des lettres, vol. V.

[274] Correspondance secrète, vol. VIII.

[275] Mémoires de la République des lettres, vol. XXVI.

[276] Mémoires de Mme d'Épinay, vol. I.

[277] Souvenirs de Félicie.

[278] Correspondance inédite de Mme du Deffand. Paris, 1859, vol. II.

[279] Contes moraux de Marmontel. Merlin, 1765, vol. I. Le Scrupule.

[280] La Réunion des Amours, par Marivaux, 1731.

[281] La Nuit et le Moment, ou les Matines de Cythère. Collection complète des œuvres de Crébillon le fils. Londres, 1772, vol. I.

[282] Bibliothèque des petits maîtres pour servir à l'histoire du bon ton et de l'extrêmement bonne compagnie. Au Palais-Royal, chez la Petite Lolo, marchande de galanteries, à la Frivolité, 1742.

[283] Dialogue entre l'Amour et la Vérité. Mercure de France, mars 1720.

[284] Mémoires de Besenval.

[285] Les Égarements du cœur et de l'esprit, ou Mémoires de M. de Mellcourt. Œuvres de Crébillon le fils, vol. I.

[286] Contes moraux de Marmontel, 1765, vol. I. L'Heureux Divorce.

[287] Œuvres de Marivaux. Paris, 1830, vol. IX. Le Spectateur français.

[288] Correspondance de Mme du Deffand.—Mémoires d'un voyageur qui se repose, par Dutens.

[289] Œuvres de Marivaux, vol. IX. Pièces détachées. Première Lettre de M. de M. contenant une aventure.

[290] Œuvres de Marivaux, vol. IX.

[291] Les Confessions du comte de ***, par feu M. Duclos. Amsterdam, 1776, vol. I.

[292] Mémoires de M. le duc de Lauzun. Paris, 1822.

[293] Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires (par le prince de Ligne). Dresde, 1795-1811, vol. VIII.

[294] Contes moraux par Marmontel, 1765, vol. I. Tout ou rien.

[295] Le Sopha.—Œuvres complètes de Dorat. 1764-1789. Point de lendemain.

[296] Réflexions nouvelles sur les femmes, par une dame de la cour. Paris, 1727.

[297] Adèle et Théodore.

[298] Dialogues moraux d'un petit maître philosophe et d'une femme raisonnable. Londres, 1774.

[299] La Coterie des Antifaçonniers. A Bruxelles, 1739.—Histoire de la Félicité. Amsterdam, 1741.—L'Isle de la Félicité. A Babiole, 1746.—Formulaire du cérémonial en usage dans l'ordre de la Félicité, 1745.

[300] Mémoires de la République des lettres, vol. XIX.

[301] Mémoires de Mme de Genlis, vol. I.

[302] Mémoires de Tilly, vol. I.

[303] Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires (par le prince de Ligne), vol. XX.

[304] Mémoires de d'Argenson. Jannet, vol. I.

[305] Mémoires de Richelieu, vol. II.

[306] Mémoires de Richelieu, vol. VI.

[307] Mémoires de la République des lettres, vol. XVIII.

[308] Correspondance secrète, vol. X.

[309] Mémoires de Mme d'Épinay, vol. I.

[310] Mémoires de Tilly, vol. II.

[311] Œuvres complètes de Crébillon le fils. Le Hasard du coin du feu.La Nuit et le Moment.

[312] Œuvres complètes de Crébillon le fils, passim.

[313] Le Grelot ou les etc. Londres, 1781.

[314] Les Confessions du comte de ***, par Duclos.

[315] Œuvres complètes de M. de Chevrier. Londres, chez l'éternel Jean Nourse, l'an de la vérité, 1774.

[316] Œuvres de Crébillon le fils.

[317] C'est une curieuse histoire que ces amours de Crébillon et de Mlle de Stafford. Le succès des romans de Crébillon fils à Londres est tel qu'une jeune Anglaise, d'une naissance distinguée, vivant très-retirée et par là-dessus très-dévote, se monte la tête pour l'écrivain et que, pour le voir, elle fait le voyage de Paris. Elle rencontre l'auteur du Sopha chez Mme de Sainte-Maure, en tombe subitement amoureuse, l'épouse secrètement et renonce pour lui à son nom, à sa famille, à sa patrie. Crébillon vit à Paris dans la plus grande retraite en même temps que dans l'union la plus parfaite avec cette créature, douce, aimante, sensée, laide et louche, peu riche et vivant d'une pension de mille écus que lui faisait mylord Stafford et qu'il payait comme et quand il pouvait. Un garçon, l'unique enfant né de la liaison du romancier et de l'Anglaise, avant que les mauvais propos des parents de la demoiselle eussent fait déclarer le mariage, mourait en 1750, et la mère était morte avant l'année 1771. (Correspondance de Grimm, vol. VII. Journal et Mémoires de Collé, vol. I.)

[318] Lettres Mlle de Aïssé à Mme Calandrini. Paris, 1816.

[319] Lettres de Mlle de Lespinasse. Paris, Collin, 1809.—Nouvelles Lettres de Mlle de Lespinasse. Paris, Maradan, 1820.

[320] Un personnage ridicule, nommé Balot, et connu par ses comparaisons malheureuses, disait en 1748, en parlant de la guérison du cancer de Mme de la Popelinière: «Ces guérisons sont assez communes; j'ai connu des femmes qui avaient des glandes, enfin qui avaient le sein comme un sac de cavagnole.» Métra nous apprend que le médecin à la mode pour les maladies du sein des femmes était le bourreau de Paris.

[321] Lettres autographes de Mme de la Popelinière à Richelieu, conservées à la bibliothèque de Rouen. Collection Leber.

[322] A ces amours un livre tout nouvellement publié: Correspondance de la comtesse de Sabran avec le comte de Boufflers ajoute un tendre et passionné chapitre, un chapitre que raconte mieux que toute parole cet adieu de la fin d'une lettre: «Adieu, mon époux, mon amant, mon ami, mon univers, mon âme, mon Dieu!»

[323] Lettres écrites en 1786 et 1787. Paris, Benjamin Duprat, 1838.

[324] Souvenirs de Félicie.

[325] Mémoires de Mme Campan. Baudouin, 1822, vol. III.

[326] Mémoires du maréchal de Richelieu, vol III.

[327] Le Parallèle vivant des deux sexes. Dufour, 1769.

[328] Tableaux de la vie, ou les Mœurs du dix-huitième siècle. A Neuwied.

[329] Éloge de l'impertinence.

[330] Les Mœurs. 1755.

[331] Mémoires de Mme d'Epinay, vol. I.

[332] Dissertation sur ce qu'il convient de faire pour faire diminuer le lait des femmes de Paris. 1763.

[333] Mercure de France. Janvier, 1720.

[334] Du reste, l'allaitement par les parisiennes n'eut pas tout le succès que s'en étaient promis les partisans de Rousseau. Les femmes ne prenant que le plus aisé de leur rôle de nourrices, il arrivait qu'un grand nombre d'enfants nourris avec un sang âcre et échauffé périssaient, et que les médecins étaient obligés de défendre aux femmes de nourrir. Les Contemporaines, vol. VI. La belle laide.

[335] Mémoires d'un père, par Marmontel. Paris, an XIII.

[336] Éloges de Mme Geoffrin, par M. Morellet, Thomas et d'Alembert. Nicole, 1812.

[337] Mémoires de Mme de Genlis, passim.

[338] Mémoires de Mme de Genlis, vol. I.

[339] Œuvres complètes du M. de Chevrier. Londres, chez l'éternel Jean Nourse, l'an de la vérité 1774.

[340] Dialogues moraux d'un petit maître philosophe.

[341] Contes moraux de Marmontel. Merlin, vol. II.

[342] Tableaux de la bonne compagnie. Paris, 1787.

[343] Œuvres de Dancourt, 1742, vol. II. La Femme d'intrigue.

[344] Paris, Versailles et les Provinces. 1823, vol. III.

[345] Collection complète des œuvres de M. de Crébillon le fils. Londres, 1772, vol. VII. Lettres de la duchesse de *** au duc ***.

[346] Mémoires secrets de la République des lettres, vol. XIV.

[347] Revue rétrospective, vol. XIV. Journal de Paris.

[348] Journal de Barbier, vol. I.

[349] Contes moraux de Marmontel, vol. II. La Bonne Mère.

[350] Mémoires de Richelieu, vol. V.—Revue rétrospective, vol. XIII. Journal de Paris, 1722.

[351] Œuvres de Chevrier, vol. III.

[352] Id.

[353] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[354] Mémoire de Jean-Baptiste de Trémolet de Montpezat, marquis de Montmoirac, contre dame Olympe de Saint-Auban.

[355] Lettres de Mlle Aïssé.

[356] Œuvres de Chevrier, vol. II.

[357] Correspondance secrète, vol. II.

[358] Mémoires de la République des lettres, vol. V.

[359] Tableau de Paris, vol. XII.

[360] Mémoires de la République des lettres, vol. XXIX.

[361] Lettres juives, vol. I.

[362] Mémoires de Mme de Genlis. Dictionnaire des étiquettes.—Les deuils, diminués de moitié par l'ordonnance de 1716, étaient, pendant toute la durée du dix-huitième siècle, pour une femme qui perdait son mari, d'un an et six semaines; elle portait quatre mois et demi le manteau, la robe et le jupon d'étamine, quatre mois et demi la crêpe et la laine, trois mois la soie et la gaze et six semaines le demi-deuil. (Cabinet des modes, 1786.)

[363] Mémoires de la République des lettres, vol. VIII.

[364] Correspondance secrète, vol. IX.

[365] Revue rétrospective, vol. XV. Journal de Paris.

[366] Tableau de Paris, vol. XII.

[367] Les Illustres Françoises, vol. III.

[368] Voyez les gravures d'après Chardin: Le Benedicite, la Toilette du matin, la Bonne Éducation, la Maîtresse d'école, la Mère laborieuse, etc.

[369] Mémoires de Mme Roland publiés par Barrière, vol. I.—Le Catéchisme à Saint-Sulpice, peint par Baudouin, gravé par Moitte.

[370] État ou Tableau de la ville de Paris, par de Jèze. Paris, Prault, 1761.

[371] Mémoires de Maurepas, vol. II.—Mémoires de la République des lettres, vol. VI.

[372] Lettres inédites de Mlle Phlipon adressées aux demoiselles Cannet, de 1772 à 1780, publiées par Breuil, 1841.

[373] Journal historique de Barbier, vol. IV.

[374] Paris tel qu'il était avant la révolution, par M. Thiéry. Paris, an IV, vol. I.

[375] Œuvres de Chevrier, vol. III.

[376] Mémoires de Mme Roland, vol. I.

[377] Paris en miniature d'après les dessins d'un nouvel Argus. Londres, 1784.

[378] Lettres de Mlle Phlipon aux demoiselles Cannet.

[379] Mémoires de Mme Roland, vol. I.

[380] Les Illustres Françoises, vol. II.—Les Contemporaines, vol. VIII.

[381] Revue rétrospective, vol. IX.

[382] Les Illustres Françoises, vol. II.

[383] Les Illustres Françoises, vol. II.

[384] Mémoires de Mme Roland, vol. I.

[385] Lettres inédites de Mlle Phlipon.—Les Parisiennes, vol. II.

[386] Œuvres de d'Aguesseau, vol. I.

[387] L'Éducation sèche et rebutante, peinte par Ch. Coypel, gravée par Desplaces.

[388] Voici la peinture que tracent, des bourgeoises, les Bijoux indiscrets, «Je vis des bourgeoises que je trouvais dissimulées, fières de leur beauté, toutes grimpées sur le ton de l'honneur et toujours obsédées par des maris sauvages et brutaux ou par certains pieds plats de cousins qui faisaient des jours entiers les passionnés auprès de leurs cousines, survenant perpétuellement, dérangeant un rendez-vous, se fourrant dans la conversation.»

[389] Tableau de Paris, vol. III.—Les Nouvelles Femmes. Genève, 1761.

[390] Les Parisiennes, vol. I.

[391] Œuvres de Marivaux. Pièces détachées.

[392] Les Contemporaines, vol. XVIII.

[393] La Vie de Marianne, par Marivaux.

[394] Les Confessions du comte de ***, vol. I.

[395] Tableau de Paris, vol. I.

[396] Les Petits Soupers et les Nuits de l'hôtel de Bouillon.—Les Contemporaines, vol. XXVI.

[397] Rétif de la Bretonne, dans les Mariées de Paris, assure avoir vu rue Saint-Jacques la fille d'un boulanger, qui apportait quinze mille livres de dot à un mercier, en dépenser huit en robes et en bijoux. Il assure avoir connu rue Saint-Honoré la prétendue d'un bijoutier qui préleva sur la fortune de son mari vingt mille livres pour sa parure sous prétexte qu'il fallait briller dans sa boutique; elle alla à l'autel couverte de diamants. (Les Parisiennes, vol. II.)

[398] Dans ce mariage entre Mlle Jouanne et M. Trudon fils, possesseur de la manufacture de bougies au village d'Antoni, les présents faits à la demoiselle en bijoux consistaient en: 1o une montre d'or garnie en diamants; 2o un étui d'or garni en diamants; 3o une boîte à mouches garnie en diamants; 4o une tabatière de cristal de roche garnie en or; 5o deux couteaux à manche d'or dont un pour la viande et l'autre pour le fruit; 6o des boucles d'oreilles de diamants de la somme de six mille livres; 7o une applique de diamants avec la croix branlante; 8o une bague de diamants; 9o des bracelets, des boucles à souliers, des agrafes de corps, aussi de diamants; 10o un trousseau des plus complets, et de très-belles dentelles, et trois robes dont la première, qui était en gros de Tours, avait coûté quarante livres l'aune et la seconde trente. Elle recevait une bourse de mariage de deux cents louis. Le repas de noces coûtait trois mille livres, et l'on mettait à chacun des cierges de l'offrande quatre louis: Hardy fait la remarque qu'au mariage du duc de Chartres avec Mlle de Penthièvre il n'en avait été mis que cinq. (Journal de Hardy, Bibliothèque imp., M. S. F., 1886.)

[399] Procès d'adultère contre la femme Boudin.

[400] Les Parisiennes, vol. I.

[401] Les Nouvelles Femmes. Genève, 1761.—Éloge de l'Impertinence.—Tableau de Paris, vol. III.

[402] Vie privée du maréchal de Richelieu, contenant ses amours et ses intrigues. Paris, Buisson, 1791, vol. III.

[403] M. Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé, publié par lui-même, imprimé à la maison, 1779. Parties I à VI.

[404] Dans ses Mélanges militaires et sentimentaires le prince de Ligne dit que les femmes du peuple de Paris étaient la terreur des étrangers; et parmi ces femmes il cite surtout les poissardes pour l'engueulement desquelles la police avait alors une sorte de tolérance. Les poissardes tiraient de leur première place avec les charbonniers, dans les corporations de la populace, un orgueil qui, toujours un peu enflammé par une topette de sacré chien, se dépensait en un dégoisement d'injures qui ne finissait pas, et qui ne respectait aucun rang, aucune puissance dans la société. On connaît la phrase menaçante d'une harengère à la princesse Palatine, mère du régent, lors de l'agio de la rue Quincampoix: «Je ne mangeons pas de papier, que ton fils prenne garde à lui!» Ces femmes tiennent, pendant tout le siècle, à leur rudesse, à leurs habitudes canailles, à leurs vêtements peuple, et en 1783 trois cents poissardes ou femmes de la Halle attendaient à la sortie de Saint-Eustache une jeune mariée de leur classe, qui s'était permis la frisure et les rubans d'une bourgeoise.

[405] Tableau de Paris, vol. IX.

[406] Rétif nous a conservé la formule d'invitation d'une de ces noces: «Le festin aura lieu au Petit Gentilly, guinguette du Soleil d'Or; le lendemain sera à la générosité des convives.» Les Contemporaines, vol. XXVII.—L'on trouve dans le quatrième chant de la Pipe cassée une mise en scène assez vraie du repas des noces.

[407] Correspondance secrète, vol. IV.

[408] Journal historique de Barbier, vol. II.

[409] Chronique arétine, ou Recherches pour servir à l'histoire des mœurs du dix-huitième siècle. A Caprée, 1789.

[410] Les Bagatelles morales. Londres, 1755.

[411] Amusements rhapsodi-poétiques. Les Porcherons.

[412] Les Contemporaines, vol. XV. La Fille à la mode.

[413] Rétif de la Bretonne nous apprend que les maîtresses couturière ne donnaient à leurs ouvrières que de 10 à 12 sous par jour quand il était établi que leur nourriture, leur logement, leur entretien, montaient à 20 sous. Il y avait des journées de femmes, par exemple comme les journées d'une écosseuse de pois, qui étaient payées 8 sous.

[414] Causes du désordre public par un vrai citoyen. Avignon, 1784.

La même plainte se retrouve dans le Mariage de Figaro. «Marceline.... Est-il un seul état pour les malheureuses filles? Elles avaient un droit naturel à toute la parure des femmes: on y laisse former mille autres ouvriers de l'autre sexe.—Figaro: Ils font broder jusqu'aux soldats!»

[415] Les Etrennes morales utiles aux jeunes gens élèvent à 40,000 le nombre des filles que renfermait Paris; un autre livre porte à 60,000 ce nombre en y ajoutant 10,000 filles privilégiées, et parle de 22,000 contrats déposés chez les notaires en 1760, leur donnant un revenu annuel de dix millions.

[416] Les Contemporaines, vol. XXIII. La Jolie Fille tapissière.

[417] Deux estampes caricaturales du dix-huitième siècle nous représentent cette exécution si cruelle pour la femme. Dans l'une sur le pas d'une porte donnant dans une cour, un commissaire inflexible est imploré par une femme agenouillée pendant qu'un garçon perruquier, armé d'un rasoir, fait tomber ses grandes boucles à terre. Une brouette est déjà chargée des chevelures coupées. Sur les murs on lit des affiches portant: Ordonnance de police concernant les femmes débauchées. Nouveaux bonnets très-élégants pour les têtes rasées. Vente de cheveux.

La seconde qui porte pour titre: la Désolation des filles de joie, représente la comparution devant le commissaire dont le secrétaire assis à une petite table écrit sur un papier où on lit: Julie, Barbe, Louison. Des gardes françaises traînent devant le tribunal de suppliantes femmes à hautes coiffures. Dans le fond, un tombereau rempli de femmes à la tête rasée se dirige vers un vieux bâtiment au toit couvert de chouettes sur lequel il y a: Maison de santé.

[418] Mémoires de la République des lettres, vol. VII.

[419] Représentation à M. le lieutenant-général de police de Paris sur les courtisanes à la mode et les demoiselles du bon ton, à Paris. De l'imprimerie d'une société de gens ruinés par les femmes, 1762.

[420] Margot la ravaudeuse, par M. de M..... Hambourg, 1777.

[421] Étrennes morales utiles aux jeunes gens. A Lacédémone, pour la présente année.

[422] Correspondance secrète, vol. VIII.

[423] Mémoires de la République des lettres, vol. XV.

[424] Représentation à M. le lieutenant-général.

[425] Correspondance secrète, vol. XIV.—Mélanges (par le prince de Ligne), vol. XXVII.

[426] Lorsqu'une comédienne ou un comédien voulaient se marier, ils étaient obligés de renoncer au théâtre. Mais il arrivait que, la renonciation faite, le premier gentilhomme de la chambre envoyait à la nouvelle bénie un ordre du Roi de remonter sur le théâtre, et l'actrice obéissait à l'ordre du Roi. L'archevêque de Paris déclarait alors qu'il n'accorderait à aucun comédien ou comédienne la permission de se marier, à moins que le marié ou la mariée ne lui apportassent une déclaration signée par les quatre premiers gentilshommes de la chambre comme quoi ils ne lui donneraient plus un ordre du Roi de remonter sur le théâtre. La permission fut ainsi refusée à Molé et à Mlle d'Épinay, qui n'apportaient pas à l'archevêque la déclaration signée de quatre gentilshommes. Il est vrai que, par l'intermédiaire d'amis, cette permission, glissée au milieu d'autres, fut signée par l'archevêque de Paris sans défiance; mais, instruit de la supercherie, l'archevêque, ne pouvant retirer le sacrement, interdisait le prêtre qui avait donné la bénédiction nuptiale, pour qu'à l'avenir son clergé, dans les cas de cette importance, ne s'en rapportât pas à une permission signée. (Correspondance de Grimm, vol. VI.)

[427] Le Conservateur, ou Bibliothèque choisie. 1787, vol. I.

[428] Mercure de France. Août 1721.

[429] Mémoires de la République des lettres, vol. III.

[430] Portrait de mademoiselle... (Mazarelli) par elle-même. Mercure de France, mars 1751.

[431] Mémoire pour Mlle Claire Mazarelli, fille mineure, accusatrice contre le sieur Lhomme, écuyer, ancien échevin de la ville de Paris et ses fils et complices accusés.

[432] Portrait de Mlle Mazarelli.

[433] Correspondance secrète, vol. XVI.—Mémoires de Marmontel, vol. I.

[434] Voici le récit de Rétif dans M. Nicolas ou le Cœur humain dévoilé: «Je trouvai ma pauvre amie dans un profond accablement. Elle étouffait. Cependant elle sourit en me voyant: elle me prit la main, et me dit: «Ce n'est rien.» Je la crus..... Je l'embrassai. Elle me sourit encore. On m'apporta ce qu'elle devait prendre. Elle le reçut de ma main et le reçut avec une sorte d'avidité. Je dis que je ne la quitterais pas..... Zoé resta seule avec moi..... Dès que nous ne fûmes que nous trois, ma jeune amie voulut avoir sa tête sur mon cœur et elle dit qu'elle respirait mieux. Je me découvris la poitrine et je l'y plaçai... Elle parut s'endormir. Peut-être s'assoupit-elle. Elle m'aimait si tendrement que son âme comblée ne sentait plus la souffrance. Je restais ainsi; j'étais immobile, craignant de faire le plus léger mouvement. Vers les trois heures du matin, nous voulûmes lui faire prendre quelque chose. Elle ne put avaler. Alors Zoé, qui se connaissait en agonie, m'embrassa vivement et voulut m'obliger à poser la tête de mon amie sur l'oreiller. «Non! non!» répondis-je vivement. La malade me regarda. Ce fut son dernier regard..... Elle me baisa la main. Je collai ma bouche sur ses lèvres décolorées. Elle poussa un grand soupir... que je reçus... C'était son âme... Elle me la donna tout entière.»

[435] Le Transport des filles de joye à l'hôpital, par Jeaurat, gravé par Le Vasseur.

[436] Il y a des plaintes très-vives dans ce temps sur ce qu'il ne restait plus rien d'afflictif dans la peine, et que la police, par l'adoucissement des punitions, semblait faire elle-même tout ce qu'il fallait pour ôter la honte inséparable du châtiment; on s'indignait de ce que les condamnées à l'hôpital, qui avaient autrefois la tête rasée, qui étaient habillées d'une robe de serge, qui étalent logées dans la chambre commune, qui étaient presque au pain et à l'eau, qui étaient assujetties à un travail manuel, trouvaient la plupart le moyen de s'exempter de la coupe des cheveux, obtenaient des chambres particulières, se nourrissaient comme elles voulaient, échappaient au travail forcé. (Représentations au lieutenant général de police.)

[437] Correspondance inédite de Mme du Deffand, vol. I.

[438] Journal manuscrit de la Régence. Bibliothèque impériale. S. F. 1886. Le manuscrit dit qu'en une seule fois on mariait, dans l'église du Prieuré de Saint-Martin-des-Champs, 180 filles avec autant de voleurs tirés des prisons.

[439] Théâtre de Marivaux.

[440] Essai sur le caractère et les mœurs des François comparés à celles des Anglois. A Londres, 1776.

[441] Correspondance de Mme du Deffand avec d'Alembert, etc. Paris, 1809, vol. II.

[442] Portraits intimes du dix-huitième siècle, par Edmond et Jules de Goncourt.

[443] Mélanges par le prince de Ligne, vol. XX.

[444] Lettres récréatives et morales sur les mœurs du temps, par Caraccioli. Paris, 1767.

[445] Les Bijoux indiscrets, vol. II.—L'Ami des femmes, 1758.

[446] Mémoires de Tilly, vol. II.

[447] Les Mille et une Folies nous apprennent que les femmes mettaient un demi-rouge pour la nuit.

[448] Bibliothèque des Petits-Maîtres.

[449] Tableau de Paris, par Mercier, vol. IX.

[450] Correspondance inédite de Mme du Deffand. Michel Lévy, 1859, vol. I.—Une lettre de Voltaire atteste toute la peine qu'eut Marie Leczinska lors de son arrivée en France à prendre l'habitude de cette enluminure. Une page de Bachaumont raconte toute la répugnance que l'usage du rouge vif de Versailles inspira à Mme de Provence. (Mémoires de la République des lettres, vol. V.)

[451] Dans sa brochure, le chevalier d'Elbée disait qu'un marchand de rouge de la rue Saint-Honoré, nommé Montclar, lui avait déclaré fournir au sieur Dugazon trois douzaines de pots de rouge par an, six douzaines à sa femme, autant à Mlle Bellioni, autant à Mme Trial. «Voilà entre un acteur et trois actrices seulement deux cent cinquante-deux pots chaque année; encore est-ce six francs le pot.....»

[452] Bibliothèque des Petits-Maîtres.

[453] Abrégé du Journal de Paris, vol. I.—Magasin des modes nouvelles, françoises et angloises, 1787.

[454] Bibliothèque des Petits-Maîtres.—La Toilette de Vénus, 1771.

[455] Souvenirs de Félicie.

[456] Mémoires de d'Argenson, vol. II.

[457] Mémoires du maréchal de Richelieu, vol. VIII.

[458] Tableau de Paris, par Mercier, vol. VII. Voir dans le Diable au corps une curieuse exaltation de la femme rousse.

[459] Ah! Quel conte!

[460] Mémoires de Mme de Genlis, vol. I.

[461] Les Chiffons, ou Mélanges de raison et de folie, par Mlle Javotte. Premier paquet. Paris, 1787.

[462] Paris. Surugue, 1725.

[463] «A présent la commodité paraît être le seul but que les dames parisiennes ont en s'habillant: on ne voit guères dans les promenades publiques celles qui sont d'un rang un peu distingué qu'en corset et en pantoufles; elles portent toutes sur elles, comme des arlequins, un air de bonne fortune prochaine... Paris est devenu, contre la nature du terroir, fécond en tailles épaisses et massives, aussi bien qu'en gorges grosses et pendantes. Il ne faut pas s'en étonner; le déshabillé, qui est la parure ordinaire de ces dames, donne à leurs membres toute la liberté remarquable de s'étendre et de grossir.» La Bagatelle, 11 juillet 1718.

[464] Les Maîtresses du Régent, par M. de Lescure. Dentu, 1860.

[465] Journal historique de Barbier, vol. I.

[466] Cabinet des Estampes, Histoire de France, vol. 53. Marché aux paniers et cerceaux rétably par arrest de Vénus en faveur des filles et des femmes, rendu en 1719.

[467] Bibliothèque de l'Arsenal. Manuscrits, B. L. F. 77 bis.—Une calotine du temps, Ordonnance burlesque de la reyne des modes au sujet des paniers et cerceaux, et vertugadins et autres ajustements des femmes, s'élevant contre l'usage pernicieux des dames de courir les rues et promenades publiques en robe détroussée, la gorge et les épaules découvertes, voulait et ordonnait que le collet monté de Quentin, l'Agrafe, le Lacet, la Fraise, les anciens vertugadins, les souliers à la Pontlevis, les Steinkerques fussent rétablis dans leur forme, usages de modes et façons à peine de 3,000 livres d'amende. Une ordonnance faite au Palais du plaisir, le 16 octobre 1719, signé de Vénus, attaquant l'ordonnance burlesque, voulait et ordonnait que les femmes et les filles continuassent à courir les rues et les promenades publiques en robe détroussée et portant paniers, cerceaux, criardes. Un petit écrit prenait plus sérieusement la défense des pretintailles, des falbalas, des paniers si rudement maltraités; il attaquait les modes masculines, les culottes des hommes en fourreau de pistolet, les casaques de laquais, faites en houppelandes avec le grand collet pendant, dont les hommes du temps se paraient, les chapeaux pliés en oublies, les perruques en toupet avec quatre cheveux par devant. Il terminait en disant qu'avec la nouvelle mode, les femmes étaient habillées en peu de temps sans secours, et habillées pour ainsi dire en déshabillé (Apologie ou la Défense des paniers. A Paris, de l'imprimerie de Valeyre, 1727).

[468] Discours sur les femmes, par Achille de Barbantane. Avignon, 1754.—Entretien d'une dame de qualité avec son directeur sur les paniers.

[469] Satire sur les cerceaux, paniers, criardes et manteaux volants des femmes et sur les autres ajustements. Paris, Thiboust, 1827.

[470] Petite Bibliothèque amusante. Londres, 1781. Deuxième partie.

[471] Cabinet des Estampes, Histoire de France, vol. LVIII.

[472] Histoire générale du Pont-Neuf en six volumes in-fol. Londres, 1750.

[473] La Feuille nécessaire. 3 septembre 1759.

[474] Histoire de la régence, par Lemontey.—Mémoires de Saint-Simon, vol. XVIII.

[475] Le Rhinocéros, poëme en prose divisé en six chants, 1750, dit l'affluence du public emplissant le parquet, l'enceinte, les balustrades de tout ce que Paris avait d'aimable. Il fait l'énumération des berlingots de coquettes, des carrosses-coupés, des voluptueux vis-à-vis, des remises de provinciales, des demi-fortunes de messieurs, des soupirs assiégeant la porte de la baraque.

[476] L'Europe française, par Caraccioli. Paris, 1778.

[477] Le Livre à la mode.

[478] Galerie des modes et Costumes françois dessinés d'après nature et coloriés avec le plus grand soin par Mme Le Beau. A Paris, chez les sieurs Esnauts et Rapilly, rue Saint-Jacques, à la ville de Coutances, avec privilége du Roi.

[479] Correspondance de Grimm, vol. III.

[480] Correspondance littéraire de la Harpe, vol. I.

[481] Correspondance secrète, vol. I.

[482] Mémoires de la république des lettres, vol. XVIII.

[483] Id., vol. XXVII.

[484] Les Entretiens du Palais Royal, 1786. Deuxième partie.—La vogue de la chanson de Malborough avait fait naître des rubans, des coiffures, des chapeaux à la Malborough.

[485] Le Cabinet des modes, 1786.

[486] On alla jusqu'à faire des robes d'étoffe d'or sans couture que Marie Leczinska refusa à cause de la cherté du prix. (Revue rétrospective, vol. V).

[487] On appelait physionomie et coque la partie de la coiffure qui s'élevait du front; confident, la boucle lâche qui descendait et venait se dénouer sur le cou.

[488] Les Maîtresses de Louis XV, par Edmond et Jules de Goncourt (sous-presse).

[489] Mémoires de la République des lettres, vol. XX.

[490] Lettres d'Horace Walpole. Janet, 1818.

[491] Il semble que cette mode des toiles peintes est encore excitée, irritée, avivée par la sévérité de ses arrêts prohibitifs, par les lois de protection en faveur des manufactures de laine et de soie, par la rigueur des ordres donnés aux commis et gardes de barrière d'arracher ces toiles sur le dos des femmes, par les amendes atteignant les comédiennes qui en portent sur le théâtre; et c'est un goût général, protégé par la cour, autorisé par l'exemple de Mme de Pompadour, qui n'aura pas dans son château de Bellevue un seul meuble qui ne soit de contrebande. (Correspondance de Grimm, vol. XVI.)

[492] Œuvres de Marivaux, passim.

[493] Le Grelot.

[494] Les soucis d'hanneton faisaient presque naître le corps des agriministes, appelés d'abord modestement découpeurs, et qui par la vogue qu'obtenait ce travail de passementerie, par les inventions, les perfectionnements que la mode générale lui imposait, arrivaient à occuper un grand nombre d'ouvriers, d'ouvrières des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin. Outre la chenille, le cordonnet, la milanèse, l'argent, les perles, ils fabriquaient des aigrettes, des pompons, des bouquets de côté, des bouquets à mettre dans les cheveux, etc., et ces agréments nommés fougères, à cause de leur parfaite ressemblance avec la plante de ce nom. (Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs, par Hurtaut et Magny. 1779, vol. I.)

[495] «Petite oie se dit fréquemment des rubans et garnitures et ornements qui rendent un habillement complet. Ornatus adjectus. La petite oie coûte souvent plus que l'habit. La petite oie consiste dans les rubans pour garnir le chapeau, le nœud d'épée, les bas, les gants, etc. Que vous semble de ma petite oie? Molière.» (Dictionnaire de Trévoux.)

[496] Les Contemporaines, vol. I.

[497] Galerie des modes chez Esnauts et Rapilly.

[498] Les fourrures ont été un grand luxe des Parisiennes, au temps où la mode était d'arriver à l'Opéra vêtue des plus superbes et des plus rares, et de les dépouiller peu à peu, avec un art de coquetterie. La vogue de la martre zibeline, de l'hermine, du petit gris, du loup cervier, de la loutre, est indiquée dans les Étrennes fourrées dédiées aux jeunes frileuses, Genève, 1770. Les manchons ont toute une histoire, depuis ceux que déconsidère un fourreur, en en faisant porter un par le bourreau, un jour d'exécution,—ce devait être des manchons à la jésuite, des manchons qui n'étaient pas en fourrure et contre lesquels une plaisanterie du commencement du siècle, Requête présentée au pape par les maîtres fourreurs, sollicite l'excommunication,—jusqu'aux manchons en poils de chèvres d'Angora, immenses manchons qui tombaient à terre, jusqu'aux petits manchons de la fin du siècle, baptisés petit baril, comme la palatine était appelée chat. La mode des traîneaux, alors fort répandue, ajoutait encore à la mode des fourrures. Une eau-forte de Caylus, d'après un dessin de Coypel fait vers le milieu du siècle, nous montre dans un traîneau posé sur des dauphins,—un de ces traîneaux que l'on payait dix mille écus,—une jolie dame toute habillée de fourrure, la tête coiffée d'un petit bonnet de fourrure à aigrette, emportée dans un traîneau que conduit, hissé par derrière, un cocher costumé à la Moscovite. A propos de fourrures apprenons que la palatine doit sa fortune et son nom à la duchesse d'Orléans, mère du régent, connue sous le nom de la princesse Palatine.

[499] Galerie des modes.

[500] Tableau de Paris, par Mercier, vol. II.

[501] Mémoires de la République des lettres, vol. XVII.

[502] Correspondance secrète, vol. XIV.

[503] Tableau de Paris, vol. II.

[504] Les Modes. Épître à Beaulard.

[505] Angola, vol. II.

[506] Cabinet des modes, année 1786.

[507] Mémoires de la République des lettres, vol. XVII.

[508] Mélanges de Mme Necker, vol. III.

[509] Mémoires de la République des lettres, vol. XXXII.

[510] M. Nicolas, par Rétif de la Bretonne, vol. XV.

[511] Les Modes.—Le Venez-y-voir était la couture du talon. Les souliers, comme les robes, comme les chapeaux, recevaient leur ornementation des choses et des événements politiques. C'est ainsi qu'en 1781, lors de la naissance du dauphin, en même temps que des dauphins remplaçaient au cou des femmes les Jeannettes enrichies de diamants, leurs souliers étaient décorés d'un nœud à quatre rosettes surmontées d'une couronne dans le centre de laquelle était un dauphin.

[512] Mémoires d'un voyageur qui se repose, par Dutens, vol. II.

[513] Les Contemporaines, vol. XII.—Tableau de Paris, vol. XI.

[514] Mémoires de Maurepas, vol. III. Saint-Simon nous apprend qu'en 1719 les femmes portaient des coiffures qu'on appelait commodes, qui ne s'attachaient point et qui se mettaient comme des bonnets de nuit d'hommes.

[515] Mémoires de Maurepas, vol. II.

[516] Mémoires historiques et politiques du règne de Louis XVI, par Soulavie. Paris, an X, vol. I.

[517] Une de ces rares gravures de modes gravées par Caylus, d'après Coypel, nous montre cependant, à la date de mai 1726, une femme entourée de têtes à perruques, coiffées différemment et étiquetées Dormeuse, Grande Coiffure, Papillon, Équivoque, Vergette, Maron. (Cabinet des Estampes. Histoire de France.)—Les Causeries d'un curieux, de M. Feuillet de Conches, disent que, vers 1740, la Française se prit de passion pour les cheveux coupés courts et roulés en boucle, autour de la tête, en façon de perruque: une coiffure appelée par les plaisants mirliton.

[518] Dans le Recueil de coiffures du costume actuel françois nous trouvons comme coiffure, de 1740 à 1750, des cheveux roulés sous un petit bonnet à barbes pendantes. Caraccioli nomme en 1759 des coiffures qui s'appelaient des lézardes et des séduisantes.

[519] Tableau de Paris par Mercier.

[520] Livre d'estampes de l'art de la coëffure des dames françoises gravées sur les dessins originaux, d'après mes accommodages, par Legros, coëffeur de dames. Paris, 1765. Il a paru des suppléments.

[521] Correspondance de Grimm, vol. IX.

[522] Galerie des modes, par Esnauts et Rapilly.

[523] Mémoires de la République des lettres, vol. IV.—Le Parfait ouvrage ou Essai sur la coëffure, traduit du persan par le sieur l'Allemand, coëffeur, neveu du sieur André, perruquier..... A Césarée, 1776.

[524] Mémoires de la République des lettres, vol. X.

[525] En 1772, dans l'Éloge des coiffures adressé aux dames, le chevalier de l'ordre de Saint-Michel, après une longue énumération de coiffures, dit n'avoir fait usage que du trente-neuvième cahier des coiffures à la mode «qui contient seul 6 estampes, et chaque estampe 16 figures: total pour un seul cahier, 96 manières de se coiffer et pour les trente-neuf cahiers, 3,744 modes, seulement pour la tête».

[526] Correspondance de Grimm, vol. V.

[527] Correspondance secrète, vol. I.—Les Modes.

[528] Les Panaches ou les Coiffures à la mode. Comédie en un acte représentée sur le grand théâtre du monde. Londres, 1778.

[529] Mémoires de la République des lettres, vol. VII.

[530] Correspondance secrète, vol. I.

[531] Mémoires de la République des lettres, vol. X.

[532] Galerie des modes, chez Esnauts et Rapilly.—Manuel des toilettes.—Éloge des coiffures adressé aux dames par un chevalier de l'ordre de Saint-Michel, 1782.

[533] Mémoires, Correspondance et Ouvrages inédits de Diderot. Garnier, 1841, vol. II.

[534] Correspondance secrète, vol. IV.

[535] Revue rétrospective, vol. VIII.

[536] Tableau de Paris, par Mercier, vol IX.

[537] Mémoires de la République des lettres, vol. IX.

[538] Id., vol. XXIV.

[539] Les Modes. Épître à Beaulard.

[540] Les Modes.—Les Numéros, troisième partie.—La Matinée, la Soirée, la Nuit des boulevards. Ambigu de scènes épisodiques. 1776.

[541] Correspondance secrète, vol. X.

[542] Les Numéros. Troisième partie.—Voir dans l'Almanach svelte, 1779, l'origine de la mode de cette couleur, dans l'exclamation de cette femme considérant «sur son ongle d'un blanc animé, bordé d'incarnat plus vif,» le cadavre de la bestiole sans vie: «Voyez, mesdames, la couleur de cette puce! C'est un noir qui n'est pas noir, c'est un brun qui est trop brun, mais voilà en vérité une couleur délicieuse.....»

[543] Mémoires de la République des lettres, vol. VIII.

[544] Manuel des toilettes.

[545] Recueil des coiffures.—En 1781, après ses couches, elle mettra encore à la mode, avec ses cheveux coupés, la coiffure à l'enfant.

[546] Galerie des modes, chez Esnauts et Rapilly.

[547] Galerie des modes, chez Esnauts et Rapilly.

[548] Mémoires sur le règne de Louis XVI, par Soulavie, vol. VI.

[549] La maréchale de Luxembourg envoyait à sa petite fille la duchesse de Lauzun, pour étrennes et comme un persiflage de son engouement de cette mode, un tablier en toile d'emballage, garni d'une superbe dentelle.

[550] Correspondance secrète, vol. XII.—Mémoires de la République des lettres, vol. XX.

[551] Mémoires de Mme de Genlis, vol. X. Dictionnaire des étiquettes.

[552] Revue rétrospective, vol. XV.

[553] Lettres persanes. Amsterdam, 1731.

[554] Les Bagatelles morales.

[555] Mélanges de littérature et d'histoire recueillis et publiés par la Société des Bibliophiles français. Paris, Techener, 1856.—Mémoires du maréchal de Richelieu, par Soulavie, 1793, vol. VIII.

[556] Correspondance du cardinal de Tencin et de Mme de Tencin, sa sœur, sur les intrigues de la cour de France, 1790.—Lettres de Mmes de Villars, la Fayette, de Tencin, 1823.

[557] Mémoires de Mme du Hausset.

[558] Mémoires de Mme d'Épinay, vol. I.

[559] Essai sur le caractère, les mœurs et l'esprit des femmes dans les différents siècles, par Thomas. Paris, 1772.

[560] Mémoires de Marmontel, vol. II.

[561] Mémoires de Mme d'Épinay, vol. I.

[562] Journal de Collé, vol. I.

[563] Correspondance de Grimm, vol. X.

[564] Mélanges de littérature, par Suard. Paris, 1805, vol. I.

[565] Julie, ou la Nouvelle Héloïse.

[566] Lettre autographe de la duchesse de Chaulnes. Portraits intimes du dix-huitième siècle, par Edmond et Jules de Goncourt. (Sous presse).

[567] Mme Necker assure que Mme Geoffrin s'était imposé la loi d'écrire tous les jours deux lettres et que Mme du Deffand faisait plusieurs brouillons du plus insignifiant billet du matin. (Mélanges de Mme Necker, vol. II.)

[568] Correspondance de Voltaire, vol. XII.

[569] Essai sur le caractère et les mœurs des François comparés à ceux des Anglois. Londres, 1776.

[570] Mémoires de Mme d'Épinay.—Mémoires du président Hénault.

[571] Mémoires de la République des lettres, vol. XXI.

[572] Mme Ferrand donna, dit-on, à Condillac l'idée de sa statue animée. (Mémoires de la République des lettres, vol. XVI.)

[573] Julie, ou la Nouvelle Héloïse.

[574] Correspondance de Grimm, vol. IV.—Mémoires de Mme d'Épinay, vol. II.

[575] L'Espion anglois. Londres, 1784, vol. IV.

[576] Lettres inédites de Mme du Châtelet. Paris, 1806.

[577] Mémoires de la République des lettres, passim.

[578] Mémoires de Marmontel. Paris, 1805, vol. III.

[579] Correspondance littéraire de la Harpe. Paris, an IX, vol. III.

[580] Cabinet des estampes. Bibliothèque impériale. Portefeuille d'amateurs.—Catalogue des gravures du baron de Vèze.

[581] Correspondance secrète, vol. X.

[582] Le Papillotage, ouvrage comique et moral. Rotterdam, 1768.

[583] Les Maîtresses de Louis XV, par Edmond et Jules de Goncourt. Sous presse.

[584] Correspondance inédite de Mme du Deffand. Michel Lévy, 1859, vol. I.

[585] Lettres de la marquise du Deffand à Horace Walpole. Paris, 1812, passim.

[586] Parmi les vaporeuses les plus sérieusement atteintes, il faut citer Mme de Lamballe, qui avait de fréquents évanouissements de deux heures, que l'odeur d'un bouquet de violettes faisait trouver mal, à laquelle la vue d'un homard, d'une écrevisse, même en peinture, donnait une crise de nerfs. Mme de Genlis (Mémoires, vol. II), avec sa rancune contre la cour, ne voit dans ces scènes que de jolies comédies. Malheureusement, Mme de Genlis se trompe; la maladie du système nerveux de Mme de Lamballe, ébranlé non par la cause qu'indique le docteur Saiffert, mais par les profonds chagrins que lui avait donnés le prince son mari, cette maladie, dégénérée en mélancolie profonde et en vapeurs convulsives, est si réelle qu'elle cherche pendant tout le siècle son remède près des médecins, des empiriques, des charlatans, depuis Pittara qui guérissait avec des emplâtres sur le nombril, jusqu'à Mesmer, Deslon et leur baquet. (Mémoires de la République des lettres, vol. XVIII.)

[587] Tout le siècle s'est élevé contre cette mode du corps que les femmes ne veulent abandonner à aucun prix. C'est une véritable croisade, depuis les remarques de l'Arétin moderne jusqu'aux observations de l'anatomiste Winslow, depuis les objurgations du bonhomme Métra, jusqu'à l'Avis de Reisser sur les corps baleinés, jusqu'aux plaintes du chevalier de Jaucourt, dans l'Encyclopédie. Pendant tout le siècle on attaque le corps, on le fait responsable de la mort d'un grand nombre d'enfants, de la mort de la duchesse de Mazarin. Les corps les plus à la mode étaient les corps à la grecque, d'abord à cause de leur nom, puis pour leur bon marché, quoiqu'ils fussent très-dangereux, parce que les baleines ne montaient qu'au-dessous de la gorge et pouvaient la blesser.

[588] Lettre sur plusieurs maladies des yeux causées par l'usage du rouge et du blanc, par Gendron. Paris, 1760.

[589] Éloge de l'impertinence.

[590] Les Bijoux Indiscrets.

[591] Traité des affections vaporeuses des deux sexes. Nouvelle édition, augmentée et publiée par ordre du gouvernement. Paris, de l'Imprimerie royale, 1782.

[592] Duclos dans les Confessions du comte de *** dit d'une femme: «Il n'y avait rien qu'elle ne préférât au chagrin de se coucher.»

[593] Correspondance secrète, vol. VIII.

[594] Lettres de la marquise du Deffand. Paris, 1812, vol. I.

[595] Correspondance de Grimm, vol. V.

[596] Mémoires de la République des lettres, vol. IX.

[597] L'Ami des femmes, 1758.

[598] Le Monument du costume. Première série. Texte des planches de Freudeberg.—Dans ces maladies qu'au fond les médecins considèrent comme des maladies morales, Roussel (Système physique et moral de la femme) s'élevait contre la promenade, le remède par excellence de Tronchin, attaquant l'intempérance d'idées que la promenade procure aux femmes, idées qui, tout en les charmant, fatiguent les ressorts de leur esprit.

[599] Mémoires de la République des lettres, vol. III.

[600] Les Masques. S. l. n. d.

[601] Mémoires de la République des lettres, vol. XXI.

[602] Lettres inédites de Mme du Deffand. Paris, Michel Lévy, 1859, vol. I.

[603] Lettres écrites en 1743 et en 1744, au chevalier de Luzeincour, par une jeune veuve. Londres, 1769.

[604] L'almanach historico-physique, ou physiosophie des dames sur les quarante-huit cabinets d'histoire naturelle de Paris, en cite sept appartenant à des femmes parmi lesquelles figurent Mlles Clairon et Ibus.

[605] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[606] Catalogue des tableaux de feu M. Blondel de Gagny, par Remy, 1776. Portrait de Mme de Gontaut par Charlier. Je possède un dessin de Gabriel de Saint-Aubin représentant une expérience dans une chambre de physique où, parmi des seigneurs à cordon bleu et des abbés, sont assises d'élégantes femmes.

[607] Correspondance de Grimm, vol. VII.

[608] Journal polytypique.

[609] Correspondance secrète, vol. XVI.—Mémoires de la République des lettres, vol. XX.

[610] Correspondance secrète, vol. X.

[611] Mémoires de la République des lettres, vol. XXXIII.

[612] L'Espion anglais, vol. II.

[613] Correspondance de Grimm, vol. XIV.

[614] Mémoires de Mme de Genlis, vol. I.

[615] Mélanges de Mme Necker, vol. II.

[616] Lettres de Mlle de Lespinasse, vol. I.

[617] Mémoires du président Hénault.

[618] Correspondance de Grimm, vol. XIV.

[619] Correspondance de Grimm, vol. X.

[620] Mémoires de Mme de Genlis, vol. II.

[621] Mélanges du prince de Ligne, vol. XXIII.

[622] Tableau historique de la Révolution, par d'Escherny, Paris, 1815.

[623] Lettres sur les ouvrages et le caractère de Rousseau, par Mme de Staël. Paris, 1820.

[624] Portraits et Caractères, par Sénac de Meilhan, 1813.

[625] Souvenirs de Félicie.

[626] Essai sur les caractères, les mœurs et l'esprit des femmes dans les différents siècles, par Thomas. Paris, an XII.

[627] Variétés littéraires, par Suard. 1804, vol. I.

[628] Correspondance secrète, vol. XIV.

[629] Id., vol. II et XII.

[630] Œuvres complètes de Mme de Staël. 1820, vol. I.

[631] Journal historique de Collé. 1805, vol. III.

[632] Mémoires de la République des lettres, vol. IV.

[633] Correspondance secrète, vol. VII.

[634] Id., vol. I.

[635] Lettres de Mlle Phlipon aux demoiselles Canet.

[636] Correspondance inédite de Mme du Deffand. Paris, 1859, vol. I.

[637] Réflexions nouvelles sur les femmes par une dame de la cour. Paris, 1727.—Mme Necker donne une autre explication: elle trouve les esprits de son temps trop métaphysiques, trop occupés d'abstractions, trop distants et trop séparés des objets réels et extérieurs, pour qu'ils puissent en tirer des jouissances. (Mélanges, vol. I.)

[638] Lettres récréatives, par Caraccioli, vol. I.

[639] Le Mercure de France, peint par Lavreince, gravé par Guttemberg le jeune.

[640] Causeries du lundi, par M. Sainte-Beuve, vol. III.

[641] Lettres de Mlle Phlipon aux demoiselles Canet.

[642] Chevrier y ajoute une quatrième fin: le jeu et l'habitude de donner à jouer.

[643] Mélanges de Mme Necker, vol. III.

[644] Œuvres de Chevrier, vol. I.

[645] Tableau de Paris, par Mercier, vol. III.

[646] Revue rétrospective, vol. V.

[647] Bibliothèque des petits-maîtres.—Le Papillotage.

[648] Œuvres de Saint-Foix. Lettres de Nedim Coggia.—Les Sottises du temps, ou Mémoires pour servir à l'histoire générale et particulière du genre humain. La Haye, 1754.

[649] Correspondance de Grimm, vol. XI.

[650] Mémoires de Mme d'Épinay, vol. I.

[651] Thémidore. A la Haye, aux dépens de la Compagnie, 1745.

[652] Les Liaisons dangereuses, par C... de L.... Londres, 1796, vol. I.

[653] Mémoires de Mme d'Epinay. Passim.

[654] Correspondance de Grimm, vol. IX.

[655] Lettres de Mme de Créqui. Introduction par M. Sainte-Beuve.

[656] Abrégé du Journal de Paris. 1789, vol. IV.

[657] Mémoires de la République des lettres, vol. XVII.—Correspondance secrète, vol. IX.

[658] Correspondance secrète, vol. I.

[659] Mercure de France. Avril 1722.

[660] Paris, Versailles et les Provinces, vol. I.

[661] Mémoires de d'Argenson, vol. II.

[662] Mémoires de Mme du Hausset.

[663] Lettres de Mlle de Lespinasse, vol. I et II.

[664] Mémoires de Richelieu, vol. VII.

[665] Mémoires de d'Argenson, vol. IV.

[666] Mémoires de Richelieu, vol. II.

[667] Mémoires de la République des lettres, vol. XXV et XXVII.

[668] Correspondance secrète, vol. XVII.

[669] Id., vol. XVIII.

[670] Essai sur le caractère, les mœurs et l'esprit des femmes, par Thomas. Paris, an XII.

[671] Avis d'une mère à son fils, par Mme de Lambert.

[672] Mémoires du président Hénault.

[673] Mémoires de d'Argenson, vol. I.

[674] Id., vol. II.

[675] Mémoires de Marmontel, vol I.

[676] Portraits intimes du dix-huitième siècle, par Edmond et Jules de Goncourt. Première série, 1857.

[677] La Police de Paris dévoilée, par Pierre Manuel. Paris, l'an second de la Liberté, vol. I.

[678] Mémoires de la République des lettres, vol. IV.—Correspondance littéraire de Grimm, vol. VI.

[679] Mélanges de Suard, vol. I.—Mémoires de Marmontel, vol. I.

[680] Veut-on avoir la chambre de Mme du Deffand, cette chambre qui, les jours de souffrance et de malaise de l'aveugle, devenait un salon pour les intimes: la voici dans cette planche intitulée dans le catalogue de Cochin: Les Chats angola de Mme la marquise du Deffand. «Un coin de cheminée à côté duquel s'évase une ample bergère aux pieds de bois, aux bras rustiques, aux larges coussins mollets; sous la bergère un panier à laine en osier, à l'apparence de charpagne; contre la cheminée une servante, au-dessous une petite étagère-bibliothèque à trois planchettes de livres; dans l'angle de la pièce une encoignure avec quelques porcelaines; au fond, dans la boiserie unie et plate, sans ornement et sans moulure, une porte vitrée donnant sur le noir d'un cabinet, et dans l'alcôve qui suit, la tête d'un lit qui paraît recouvert d'une perse à ramages, garnissant également le mur où l'on aperçoit un petit cartel: tel est la chambre de Mme du Deffand. Et pour tous habitants la tranquille pièce n'a que deux chats, deux chats ayant au cou l'énorme collier de faveurs, qu'ils portent gravé en or sur le dos des livres possédés par la marquise.» (L'Art du dix-huitième siècle, par Edmond et Jules de Goncourt. 1874, vol. II.)

[681] Correspondance inédite de Mme du Deffand.

[682] Mémoires de Marmontel, vol. II.

[683] Correspondance littéraire de la Harpe, vol. I.—Correspondance de Grimm, vol. IX et X.—Mémoires de d'Argenson, vol. V.—Éloges de Mme Geoffrin, 1812.

[684] Walpole a donné de Mme Geoffrin, je crois, le portrait le plus ressemblant qui ait été fait de cette bourgeoise illustre: «Mme Geoffrin est une femme extraordinaire qui possède plus de sens commun que je n'en ai jamais rencontré, une promptitude extrême pour découvrir les caractères et les pénétrer jusqu'aux derniers replis, et un crayon qui n'a jamais manqué un portrait, ordinairement peu flatté; elle exige et elle conserve en dépit de sa naissance et des préjugés absurdes d'ici sur la noblesse une véritable cour et beaucoup d'attentions. Elle y réussit par mille petites manœuvres et par des services d'amitié en même temps que par une franchise et une sévérité qui semblent être son seul moyen pour attirer chez elle un concours de monde: car elle ne cesse de gronder ceux qu'elle veut s'attacher. Elle a peu de goût et encore moins de savoir, mais elle protège les artistes et les auteurs et elle courtise un petit nombre de personnes pour avoir le crédit nécessaire à ses protégés. Elle a fait son éducation sous la fameuse Mme de Tencin qui lui a conseillé de ne jamais rebuter aucun homme, parce que, disait son institutrice, quand même neuf sur dix ne se soucieraient pas plus de vous qu'un sol, le dixième peut devenir un ami utile.»

[685] Portraits intimes du dix-huitième siècle, par Edmond et Jules de Goncourt. Deuxième série. Lettres de Caylus à Paciaudi.

[686] Mémoires de Marmontel, vol. II.

[687] Correspondance de Grimm, vol. IX.

[688] Correspondance de Grimm, vol. IV.

[689] Correspondance littéraire de la Harpe, vol. I.

[690] Correspondance de Grimm, vol. IX.

[691] Mémoires historiques sur Suard, sur ses écrits et sur le dix-huitième siècle, par Garat. Belin, 1820, vol. I.

[692] Mélanges de Mme Necker, vol. II.

[693] Mémoires de Marmontel, vol. II.

[694] Essai sur les femmes, par Thomas.

[695] Souvenirs de M. de Lévis.

[696] Lettres de Mme du Deffand, vol. III.

[697] Correspondance de la Harpe, vol. XI.

[698] Mémoires de Garat, vol. I.—Mémoires de Marmontel, vol. II.

[699] Mémoires et Correspondance de Diderot, vol. II.

[700] Mémoires de la République des lettres, vol. XVI.

[701] Les dîners de Mme Necker, célèbres par la mauvaise chère qu'on y faisait, avaient lieu tous les vendredis. L'érection d'une statue de Voltaire, dont l'exécution était confiée à Pigalle, sortit d'un de ces dîners où les dix-huit convives étaient: Diderot, Suard, Chastellux, Grimm, le comte de Schomberg, Marmontel, d'Alembert, Thomas, Necker, Saint-Lambert, Saurin, Raynal, Helvétius, Bernard, les abbés Arnaud et Morellet, le sculpteur Pigalle.

[702] Galerie des États généraux. Statira.

[703] Mémoires de la République des lettres, vol. XXIV.

[704] Nouveaux Mélanges de Mme Necker, vol. II.

[705] Correspondance de Grimm, vol. IX et XII.

[706] Mémoires de Marmontel, vol. II.—Mémoires de la République des lettres, vol. XXVIII.

[707] Mémoires de la République des lettres, vol. XI.

[708] Mémoires secrets, par M. d'Allonville, vol. I.

[709] Abrégé du Journal de Paris, vol. I.

[710] Mémoires de la République des lettres, vol. X.

[711] Mémoires de la République des lettres, vol. XVIII.

[712] Id., vol. XXII.

[713] Mémoires de Garat, vol. I.

[714] Mémoires de la République des lettres, vol. XXII, XXIV, XXVI.

[715] Mélanges de Mme Necker, vol. I.

[716] La comédie du Cercle avait légèrement caricaturé, en 1764, les familiers de ce salon à son début. Le médecin c'était: le médecin Lorry, l'Esculape des femmes à la mode; le musicien: l'abbé de la Croix; le poëte: le poëtereau Durosoy.

[717] M. Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé, publié par lui-même. Imprimé à la maison. Neuvième époque.

[718] Mémoires de Hénault.

[719] Lettres persanes, 1740.

[720] Correspondance du cardinal de Tencin et de Mme de Tencin, sa sœur, sur les intrigues de la cour de France, 1790.

[721] Mémoires de Richelieu, par Soulavie, vol. V.

[722] Les Sacrifices de l'amour, ou Lettres de la vicomtesse de Senanges et du chevalier Versenay. Paris, 1771.

[723] Mémoires de la République des lettres, vol. XI.

[724] Mémoires du règne de Louis XVI, par Soulavie, vol. IV.

[725] Je possède les plans, coupes, dessins de l'hôtel Cassini, exécutés par Bellisard en 1768, un album qui, dans sa reliure de maroquin rouge primitive, est un curieux et rare spécimen de l'album que les seigneurs bâtisseurs du dix-huitième siècle faisaient exécuter de leur demeure. Attenant à un cabinet de musique, il y a un charmant petit salon demi-circulaire, au plafond peint d'amours, aux boiseries délicates, aux grands lampadaires. C'est peut-être dans ce cabinet de musique qu'avait lieu, en 1772, la représentation, où Mme Cassini jouait le rôle de Mélanie dans la Religieuse de la Harpe; représentation à la suite de laquelle se firent la réconciliation et l'embrassade solennelle de la Harpe et de Dorat, connus par leur illustre inimitié.

[726] Mémoires de Besenval. Baudouin, 1821, vol. I.—Mémoires de règne de Louis XVI, vol. IV.

[727] Mémoires de la République des lettres, vol. XVII.—Mémoires de Tilly, vol. III.

[728] Mélanges du prince de Ligne, passim.—Souvenirs et Portraits, par M. de Lévis.

[729] Souvenirs de Félicie.

[730] Mélanges de Mme Necker. 1798, vol. I.

[731] Correspondance de Grimm, vol. XI.

[732] Mémoires et Correspondance de Diderot. 1841, vol. I.

[733] Correspondance de Grimm, vol. XII.

[734] Confessions de Mme *** principes de morale pour se conduire dans le monde. Paris, Maradan, 1817.

[735] Correspondance inédite de Mme du Deffand. Paris, Michel Lévy, 1859.

[736] Lettres de la marquise du Deffand à Horace Walpole. Paris, 1812, vol. I.

[737] Nouveaux Mélanges, par Mme Necker, vol. II.

[738] Voyez dans la délicate notice intitulée: Vie de la princesse de Poix, née Beauvau, par la vicomtesse de Noailles (Lahure, 1855), si précieuse comme accent d'une société qui n'est plus, la note si juste que donne sur l'attitude dernière des femmes du temps le récit de la mort de Mme de Beauvau: «Cette imposante personne finit sans douleur, sans agonie; elle s'éteignit comme elle avait vécu, en adorant son mari, en honorant Voltaire. Ses derniers moments furent d'une paix toute philosophique. Les cérémonies religieuses n'y tinrent point leur place, mais les apparences furent assez heureusement conservées pour qu'il fût dit, jusqu'au dernier jour, que l'indépendance des idées s'était alliée chez elle à la convenance des formes...»

[739] Journal de Collé. Paris, 1805, vol. I.

[740] Mémoires de la République des lettres, vol. VI.

[741] Correspondance littéraire de la Harpe, vol. II.

[742] L'Espion anglois, vol. I.

[743] Lettres de Mme du Deffand. 1812, vol. III.

Chargement de la publicité...