Légendes et curiosités des métiers
On donnait le nom de «Bonnet» à une espèce de ligue offensive et défensive que formaient quelques compositeurs employés depuis longtemps dans une maison, et qui avaient tous, pour ainsi dire, la tête sous le même bonnet. Rien de moins fraternel que le bonnet, dit Boutmy: il fait la pluie et le beau temps dans un atelier, distribue les mises en pages et les travaux les plus avantageux à ceux qui en font partie d'abord, et, s'il en reste, aux ouvriers plus récemment entrés qui ne lui inspirent pas de crainte. Le bonnet est tyrannique, injuste et égoïste comme toute coterie: il tend à disparaître.
* * * * *
Certaines des amendes qui existaient au temps des chapelles sont encore aujourd'hui en pleine vigueur: on en a ajouté d'autres. C'est ainsi qu'on astreint à une redevance le compagnon qui néglige de fermer une porte à la clôture de laquelle l'atelier est intéressé; celui qui s'en va sans achever une ligne commencée; celui qui oublie, en s'en allant, d'éteindre le bec de gaz ou la lampe de sa place. Un confrère s'empresse alors de l'éteindre et emmanche aussitôt dans le verre un long cornet de papier, que le compagnon oublieux trouve le lendemain matin et qui lui annonce ce qu'il a à payer.
[Illustration: L'imprimerie]
Lorsqu'un confrère reste longtemps absent et qu'on ne craint pas la visite du prote, on fait un catafalque sur sa casse: on place ses outils en croix, on étend sa blouse, s'il a une chandelle on l'allume: enfin on tâche de figurer quelque chose de lugubre. On a surtout soin d'empiler un grand nombre d'objets lourds et difficiles à manier, de façon que lorsque le malheureux veut reprendre possession de sa place, il soit très longtemps à la débarrasser. Un apprenti est placé en vedette pour signaler son arrivée; aussitôt qu'il paraît on se met à psalmodier quelque chose de traînant sur un mode grave, une espèce de scie à faire fuir les plus intrépides:
C'pauvre monsieur Chicard est mort (bis),
Il est mort, on n'en parlera plus!
Hue! Hue!
Tous n'ont pas le caractère à prendre la chose du bon côté; il y en a qui sortent furieux; alors à la psalmodie funèbre succède un véritable choeur de bacchanal qui ébranle les solives de l'atelier et fait bondir le prote:
Tu t'en vas et tu nous quittes.
Tu nous quittes et tu t'en vas.
L'imprimerie représentait autrefois, alors que l'accès des ateliers était sévèrement interdit aux profanes, une sorte de lieu mystérieux et qui paraissait quelque peu diabolique aux gens qui n'avaient fait qu'entrevoir le travail des compositeurs et le mouvement des presses; les mains et les vêtements noircis par l'encre grasse pouvaient aussi suggérer des comparaisons, et il est même assez curieux de ne rencontrer aucun proverbe qui rentre dans cet ordre d'idées.
L'auteur des Fariboles saintongheaises, petite revue patoise humoristique qui paraissait à Royan vers 1877, a mis dans la bouche d'un paysan la description suivante d'une imprimerie qu'il était censé avoir visitée: «Y ai vu la machine oure qu'on met les Fariboles en emolé. A semble in moulin à venter, s'rment a l'est pu grand, toute en fer et graissée de ciraghe d'in bout à l'autre. O l'y a t'in gars, qu'a in bonnet de papé, qui l'a fait marcher et qu'a du virer la broche dans sa j'henesse, parce qu'au j'hour d'anneut o ly sied trop ben. In aut'e gars, qu'est rond comme un tonquin, se promenait tout autour, mettait d'au ciraghe, brassait d'au popé, chantusait, parlait de mangh'er d'au gighot avec des châtagnes. Dans le bout, o l'y avait trois ou quatre Monsieux qui preniant d'aux p'tites lettres an fer dans des boites et les mettions à coté des ines des autres; n'on voyait pas marcher zeux mains. In aut'e faisait virer un' g'huillotine qui copait mais d'in cent de feuilles de papé à la foué.»
Une habitude assez répandue consiste à installer des musées fantaisistes sur les murs de l'atelier de composition. Concurremment avec les affiches et autres impressions voyantes «réussies» de la maison, on voit des collections pêle-mêle ou méthodiquement alignées sur le mur. Toutes sortes de débris disparates s'y coudoient, avec des inscriptions abracadabrantes, où l'esprit ne fait pus toujours défaut. Tel vieux clou servit à fixer Jésus-Christ sur la croix, telle poignée de filasse fut la chevelure de Sarah Bernhardt, telle savate sans forme, raccommodée avec des ficelles et des porte-pages, fut la pantoufle de Cendrillon. On y trouve aussi de petits souvenirs d'atelier: la pipe d'un camarade «qui a cassé la sienne»; la carte d'un repas pris en commun, etc.
Au siècle dernier, les imprimeurs appelaient leur Saint-Jean, à l'instar des cordonniers qui donnaient à leur sac à outils le nom de Saint-Crépin, les objets dont ils devaient se munir à leurs frais: en 1791, les ouvriers de la casse devaient se procurer le chandelier, le composteur et les pointes; les pressiers des ciseaux, un peloton, une lime, un couteau à ratisser les balles, un ébauchoir.
De tout temps les ouvriers imprimeurs avaient employé entre eux un langage et des signes particuliers qu'ils appelaient le tric, signal de quitter le travail pour aller boire ou quelquefois pour se mettre en grève. Plusieurs ordonnances l'avaient interdit sans beaucoup de succès.
Ce mot a disparu de la langue des typographes; mais ils ont conservé des coutumes analogues et un vocabulaire spécial, qui n'est pas très étendu, si l'on considère comme à peu près complet le Dictionnaire de l'argot des typographes, publié par Eugène Boutmy, en 1878 et en 1883.
Dans quelques ateliers, au coup de quatre heures, les imprimeurs et compositeurs altérés poussent le cri d'appel: Bé! Bé! imitant le bêlement du mouton.
La «taquance» se fait pour signifier que l'on ne croit pas ce que vient de dire un confrère. Elle consiste à frapper trois coups sur le bord de la casse ou même partout ailleurs. À Troyes, celui dont les paroles sont ainsi mises en doute s'écrie alors: Celui qui taque n'a pas de chemise.
Quand un sarrasin, ouvrier non syndiqué, pénètre dans une galerie, quand un compositeur est vu d'un mauvais oeil, qu'il est ridicule ou ivre, qu'il a émis une idée baroque et inacceptable, les typographes manifestent bruyamment leur déplaisir par une roulance. C'est un tapage assourdissant, que les ouvriers d'un atelier font tous ensemble, en frappant avec leur composteur sur leur galée ou sur les compartiments qui divisent les casses en cassetins, sur les taquoirs avec les marteaux; en même temps ils frappent le sol avec les pieds. Ce charivari ne respecte rien: les protes, les patrons eux-mêmes n'en sont pas à l'abri.
L'exclamation il pleut! a pour but d'avertir les camarades de l'irruption intempestive dans la galerie du prote, du patron ou d'un étranger. Dans quelques maisons, elle est remplacée par: Vingt-deux!
La composition demandant une attention soutenue amène une fatigue de tête, qui doit avoir quelque analogie avec celle des écrivains; c'est là vraisemblablement la cause du besoin que les compositeurs éprouvent de laisser un moment la casse, pour ne plus penser pendant quelque temps à lever la lettre. Ils ont imaginé plusieurs façons ingénieuses de se distraire sans quitter l'atelier.
Le jeu des cadratins est assez usité: l'enjeu est toujours une chopine, un litre ou toute autre consommation. Les cadratins sont de petits parallélipipèdes de même métal et de même force que les caractères d'imprimerie, mais moins hauts que les lettres de diverses sortes. Ils servent à renfoncer les lignes pour marquer les alinéas, et portent sur une de leurs faces un, deux ou trois crans. Ce sont ces marques qui ont donné l'idée aux typographes de s'en servir comme de dés à jouer. Les compositeurs qui calent, c'est-à-dire qui n'ont pas d'ouvrages pour le moment, s'amusent parfois à ce jeu sur le coin d'un marbre. Le coup nul, celui où les cadratins n'ont montré que leur face unie, est dit «faire blèche»; lorsque par hasard l'un d'eux reste debout, on a fait «bonhomme». Ce coup merveilleux annule le coup de blèche.
[Illustration: L'Imprimerie, figure allégorique de Gravelot.]
Parfois le baquet à tremper le papier est transformé par les apprentis en un billard aquatique, sur lequel roulent légèrement trois boules à peu près sphériques, taillées dans des morceaux de pierre ponce; des biseaux, ou, à défaut, de fortes réglettes, tiennent lieu de queues, ou bien un grand châssis, posé sur le marbre et dans lequel trois billes sont emprisonnées, forme un billard sec. Les biseaux servent aussi d'épées aux jeunes escrimeurs. Ils confectionnent encore des lampes primitives à l'aide de gros cadrats de 60 ou 80, remplis d'huile à machines et surmontées d'un filet posé à plat et percé d'un trou, dans lequel s'emmanche un petit tube formé d'une interligne roulée, garni de filasse; des papiers de couleur, disposés autour, en font des lanternes vénitiennes.
Jusqu'à la Révolution, les imprimeurs eurent leur fête du mai. Partout, elle était célébrée avec pompe et allégresse; mais c'est surtout à Lyon qu'il faut la chercher pour la retrouver dans toute sa splendeur. Les imprimeurs de cette ville faisaient ordinairement planter un mai devant l'hôtel du gouverneur.
Un autre mai des imprimeurs était un placard en vers, assez médiocrement payé sans doute à quelque poète famélique, et que les membres de la corporation affichaient dans leur boutique, auprès du rameau de verdure détaché du mai annuel et votif de la confrérie.
Les imprimeurs de Paris et ceux des autres villes de France avaient, dit l'Histoire de l'Imprimeur, la permission de se réunir aux jours de fêtes solennelles et religieuses sous la bannière de Saint-Jean-Porte-Latine. À ce patron orthodoxe, les imprimeurs de Lyon en joignaient un burlesque, dont ils célébraient non moins exactement la fête: c'était le momon ou mannequin bizarre qu'ils appelaient le seigneur de la Coquille, et qui n'était sans doute autre chose que la très étrange personnification des fautes typographiques ou coquilles. S'il en était ainsi, l'impénitence des imprimeurs à l'égard des erreurs de leur métier aurait été complète, puisqu'ils en riaient au lieu de s'en corriger. Voici ce qu'on lit dans une pièce rarissime de ce temps intitulée: Recueil faict au vray de la Chevauchée de l'Asne faicte en la ville de Lyon: et commencée le premier jour du moys de septembre mil cinq cent soixante six avec tout l'ordre tenu en icelle. Lyon, Guillaume Testefort: Un drôle ou masque tenoit une lance en main où estoit le guidon du seigneur de la Coquille, estant iceluy de taffetas rouge et au milieu d'iceluy un grand V verd, et au dedans d'iceluy V estoit escrit en lettres d'or: Espoir de mieux. Quant à la présence du V sur cette bannière du patron des bandes typographiques, par préférence à toute autre lettre, il faut vraisemblablement l'attribuer à ce que cette lettre, qui était alors notre u actuel, pouvant aisément être retournée et ainsi passer pour un n, se trouvait être de toutes celles de l'alphabet la plus favorable aux coquilles.
Cette mascarade solennelle se maintint longtemps à Lyon. Chaque année elle recevait, avec des rites nouveaux, des chants burlesques et des discours à l'avenant, dont le seigneur de la Coquille faisait naturellement les frais d'impression. Ils portaient des titres dans le genre de celui-ci: Plaisants devis… extraits la plupart des Oct. de AZ recitez publiquement le dimanche 6 mars 1591, imprimée à Lyon par le seigneur de la Coquille.
Vers 1840, d'après la Physiologie de l'imprimerie, voici comme se passaient les fêtes de l'imprimerie: Le 6 mai, jour de la Saint-Jean-Porte-Latine, est la fête des compositeurs; le singe fait ce qu'il appelle ses frais. Tous les compagnons du même atelier se réunissent pour aller dîner aux Vendanges de Bourgogne, et cet illustre restaurant devient alors le théâtre des débauches les plus désordonnées. Cette délicieuse noce dure au moins trois jours, jusqu'à ce qu'enfin les eaux soient devenues tellement basses qu'il faille retourner à ce maudit atelier. Quand vient la Saint-Martin, patron des ouvriers imprimeurs, les ours se partagent le boni, ou si vous aimez mieux toutes les amendes de l'année, et au lieu, à l'exemple des singes, d'employer leur argent à faire un fameux dîner, ils dissipent leur Saint-Jean en bourgogne ou en gris de Suresnes.
Les imprimeurs sont trop modernes et vivent trop à l'écart des ouvriers ordinaires pour jouer un rôle quelconque dans les contes populaires, ils ne figurent même pas, à ma connaissance, dans ceux qui appartiennent à la série comique ou satirique. Les chansons populaires n'en parlent pas davantage, et s'ils ont été quelquefois mis sur la scène de nos jours, l'ancien théâtre ne les connaît pas. Des artistes d'un grand mérite nous ont laissé des intérieurs d'imprimerie (p. 5, 9) ou ont gravé des compositions où l'art de la typographie est surtout un caractère emblématique (p. 21, 25); mais l'imagerie proprement dite des typos est assez pauvre. Les caricatures, se bornent presque toujours à représenter l'ouvrier, ou l'apprenti coiffé du bonnet de papier qui fut, pendant la première moitié de ce siècle, un des attributs de la profession, mais qui appartient maintenant à l'archéologie. Le surnom de singe, appliqué aux compositeurs, n'a guère tenté que les caricaturistes américains (p. 31).
En revanche, il existe un certain nombre d'historiettes ou d'ana, plus ou moins amusants, dont les typographes sont les héros.
On sait qu'un typographe «met en pâte» ou «fait de la pâte» quand il laisse tomber une poignée de lettres composées; le résultat de cet accident se nomme pâté, de même que l'assemblage sans ordre des lettres ainsi mélangées dans une composition postérieure. Au siècle dernier, «Des compagnons imprimeurs s'étaient avisés de former une affiche avec deux paquets de «pâté» recomposé. Ce texte était établi sur deux colonnes, précédé du titre AVIS AU PUBLIC et d'une initiale ornée, et terminé par une défense au public de déchirer ledit placard, ainsi qu'aux afficheurs de le couvrir avec d'autres. Une enquête ouverte pour rechercher les auteurs de cette gaminerie amena leur découverte; on reconnut qu'ils avaient tiré de leur oeuvre une douzaine d'exemplaires, dont un est joint à la note d'enquête, pour s'amuser à l'occasion du Carnaval.»
[Illustration: Printer devil d'après Les Anglais peints par eux-mêmes.]
Mercier donne une version plus plaisante: «Un apprentif, un jour de fête, seul dans l'imprimerie, s'avisa, pour s'amuser, d'imprimer un exemplaire du pâté, et puis examinant l'ouvrage indéchiffrable, il lui vint dans l'idée de faire une affiche au coin d'une vue. C'étoit dans un temps où les placards tenoient toute la police en mouvement. La multitude s'arrête, veut lire, et ne pouvant rien comprendre, s'attroupe pour deviner ce que cela pouvoit être. On invoque le Cicéron du quartier qui y perd son latin; le commissaire arrive, et n'y comprenant rien lui-même, imagine la satyre la plus effrénée. Il couvre respectueusement du pan de sa robe l'affiche présumée scandaleuse. On la détache avec le plus grand soin, pour la porter au lieutenant de police. L'inspecteur et les exempts forment un rempart et empêchent les regards de la multitude de se porter sur l'engin. Ils arrivent en tremblant chez le magistrat, déposent l'imprimé. Tous les déchiffreurs, les algébristes sont mandés. On épuise les combinaisons. Oh! c'est la langue du diable; mais cette langue dit beaucoup. Chacun hasarde ses conjectures; il y a une infernale malice sous ces mots, car enfin ce sont des lettres françoises. L'imagination enfante vite un libelle diffamatoire contre des personnes sacrées et pis encore. À force de soins et de recherches on découvre le petit apprentif, on l'arrête; on le mène devant le lieutenant de police qui l'interroge: Eh! Monseigneur, répondit l'autre, c'est un pâté d'imprimerie.»
On a parodié, à l'usage de divers métiers, les Commandements de l'Église. Voici les commandements du compositeur typographe:
La casse où tu composeras,
Tu dois la tenir proprement.
Du manuscrit ne lèveras
Jamais les yeux en travaillant.
Point de fautes tu ne feras,
S'il est possible, en composant.
De l'auteur ne retrancheras,
Ni mot, ni ligne, absolument.
Le même espace tu mettras
Entre les mots également.
Et surtout tu t'appliqueras
A justifier justement.
Chaque paquet ficelleras
Avec soin, bien solidement.
Les épreuves tu tireras
Chaque fois bien lisiblement.
Les corrections n'omettras
De faire très exactement.
Toute copie enfermeras
Dans ton tiroir soigneusement.
Les coquilles t'efforceras
D'éviter en distribuant.
De ton patron écouteras
Les avis attentivement.
A l'atelier tu te rendras
Aux heures régulièrement.
Et des travaux tu garderas
Le secret scrupuleusement.
[Illustration: Singe compositeur, caricature américaine.]
SOURCES
Revue d'Alsace, mai 1836.—Jacob, Curiosités de l'Histoire des Arts, 91—P.-L. Lacroix et E. Fournier, Histoire de l'Imprimerie, 83, 152, 149—Revue des Arts graphiques, 9 mars 1895.—Communications de M. Edmond Morin.—Magasin pittoresque, 1846, 281.—Communications de M. Louis Morin (surtout pour ce qui a rapport à Troyes).—Moisand, Physiologie de l'Imprimeur, 38, 57, 73, 75.—Boutmy, Dictionnaire de l'argot des typographes.—Les Anglais peints par eux-mêmes, 394.—Albert de Saillet, Les Enfants peints par eux-mêmes, 293.—Salvador Landi, Il Ragazzo di stamperia di cinquant' anni, 8, 13.—E. Blavignac, l'Empro genevois, 365.—Lorédan Larchey, Dictionnaire d'argot.—Décembre-Alonnier, Typographes et Gens de lettres, 67, 133, 214.—Intermédiaire des Imprimeurs, septembre 1890.—E. Lemarié, Fariboles saintongheaises (Royan), nos 25, 99.—Bouland, Manuel de l'Imprimeur.—E. Fournier, Variétés historiques et littéraires, V. 235; VII, 133.—Revue des Traditions populaires, IX, 630.—Mercier, Tableau de Paris, IX, 177.
[Illustration: L'Imprimerie, vignette de B. Picart.]