Les confessions d'un converti
CHAPITRE IV
LES PROGRÈS DE LA CRISE
Et, ainsi donc, je demeurai pendant près de deux ans un membre avéré de la communauté. Pendant l’une de ces deux années, je me sentis très heureux et confiant, sauf un ou deux cas où, brusquement, mes anciens troubles reparaissaient, et puis m’abandonnaient de nouveau. J’avais trouvé autour de moi, comme je l’ai dit déjà, une fraternité et une amitié inappréciables. Maintenant encore, dans mes rêves, il m’arrive de revenir à Mierfield, — mais jamais, Dieu merci, en qualité d’anglican ! Dans un de ces rêves, je me rappelle que le cardinal Merry del Val venait d’être élu supérieur de la communauté, et avait reçu notre soumission. J’étais là, moi aussi, tout rayonnant de joie, éclatant de rire à force de bonheur. Une autre fois, je revenais à Mierfield comme prêtre catholique, et m’étonnais de voir qu’il n’existât aucune barrière de gêne entre mes anciens frères et moi : nous nous tenions ensemble, dans le grand hall, et causions fraternellement comme autrefois. En réalité, cependant, je ne suis jamais revenu à Mierfield, malgré tout le plaisir que j’aurais à y retourner, même sans la compagnie de Mgr Merry del Val : la communauté n’a point cru pouvoir m’y autoriser.
C’est là, aussi, que j’ai commencé pour la première fois à ordonner en système mes pratiques de dévotion, et aussi à m’essayer dans l’art de la méditation ; et c’est là également que Dieu m’a récompensé avec abondance de mes pauvres efforts. Déjà il me préparait, comme je le vois bien à présent, pour la résolution décisive qu’il allait bientôt proposer à mon libre choix.