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Les confessions d'un converti

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CHAPITRE VII
L’ARRIVÉE

I

Je ne crois pas que personne soit jamais entré dans la Cité de Dieu avec aussi peu d’émotion que moi. J’avais l’impression d’être devenu absolument insensible ; et je n’éprouvais ni joie ni tristesse, ni crainte ni exaltation. Je voyais devant moi la Vérité, se dressant là comme un pic neigeux, et j’avais à me rendre vers elle. Jamais, fût-ce une seule minute, jamais je n’avais douté de cela depuis le moment où je m’en étais convaincu ; et je n’ai pas besoin de dire que jamais, non plus, je n’en ai douté dans la suite. J’essayais bien de réchauffer cette froideur qui m’avait envahi : mais tous mes efforts échouaient à plat. J’étais comme quelqu’un qui abandonnerait l’éclat d’une lumière artificielle — au sortir d’un salon illuminé et chaud, merveilleusement agréable et commode — pour pénétrer désormais dans un monde de pâle lumière naturelle. J’avais échangé une erreur qui m’était familière et douce contre une certitude qui n’avait pour moi que d’être ce qu’elle était. En un mot, j’étais profondément apathique, et sans ombre d’une illusion sentimentale.

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